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Linguistique Cours Magistral I - Introduction à l’analyse du discours 1.1) Caractérisation de l’objet d’étude L’analyse du discours n’est pas une discipline très délimitée comme l’est la phonétique ou phonologie. Rappel : Les différents modules de la linguistique : - la phonétique : les phonèmes - la syntaxe : [Il] [a pris son parapluie] syntagme nominal syntagme verbal - morphologie : morphèmes - sémantique Discours : le terme n’a pas le même sens que l’emploi courant. Il correspond à un aspect particulier du langage mis en jeu dans chacune de ses utilisations. Ex : C’est ici qu’il t’ a dit cela . Hors contexte on ne sait pas à quoi ils correspondent. L’analyse du discours est un objet d’étude, cependant il existe différents points de vue. 1.2) Le langage au-delà de la phrase Phonèmes < morphèmes < mots < syntagmes < phrases Langage : Pour Saussure on distingue la langue (un système de signes abstraits communs aux locuteurs d’une même communauté linguistique = la boite à outils) de la parole (la mise en acte de la langue = utilisation de la boite à outils). Enoncé : énoncés produits à un moment X, dans un lieu Y, par un locuteur Z, à la destination d’un interlocuteur W. On voit le langage sous la forme d’événements linguistiques. Une même phrase peut donner lieu à différents énoncés. Phrase : la phrase c’est l’unité minimale de communication qui va être syntaxiquement, sémantiquement, morphologiquement bien formée. La phrase est un élément abstrait, elle est d’une certaine taille. La phrase est la plus grande unité de

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Linguistique Cours Magistral

I - Introduction à l’analyse du discours

1.1) Caractérisation de l’objet d’étude

L’analyse du discours n’est pas une discipline très délimitée comme l’est la phonétique ou phonologie.

Rappel : Les différents modules de la linguistique :- la phonétique : les phonèmes- la syntaxe : [Il] [a pris son parapluie] syntagme nominal syntagme verbal- morphologie : morphèmes- sémantique

Discours : le terme n’a pas le même sens que l’emploi courant. Il correspond à un aspect particulier du langage mis en jeu dans chacune de ses utilisations.Ex : C’est ici qu’il t’a dit cela.Hors contexte on ne sait pas à quoi ils correspondent.

L’analyse du discours est un objet d’étude, cependant il existe différents points de vue.

1.2) Le langage au-delà de la phrase

Phonèmes < morphèmes < mots < syntagmes < phrases

Langage : Pour Saussure on distingue la langue (un système de signes abstraits communs aux locuteurs d’une même communauté linguistique = la boite à outils) de la parole (la mise en acte de la langue = utilisation de la boite à outils).

Enoncé : énoncés produits à un moment X, dans un lieu Y, par un locuteur Z, à la destination d’un interlocuteur W. On voit le langage sous la forme d’événements linguistiques. Une même phrase peut donner lieu à différents énoncés.

Phrase : la phrase c’est l’unité minimale de communication qui va être syntaxiquement, sémantiquement, morphologiquement bien formée. La phrase est un élément abstrait, elle est d’une certaine taille. La phrase est la plus grande unité de description grammaticale. Les grammaires n’étudient rien au –delà de la phrase. Il n’y a pas de contraintes grammaticales entre les phrases. Ex : a) Le petit garçon se mit à pleurer. b) Il se fit mal au genou. c) Il tomba du vélo.Ce qui existe entre les phrases ce sont des contraintes logico-sémantiques de succession temporelle, de relation de causalité.Une même phrase peut donner lieu à différents événements linguistiques si l’on fait varier en fonction de différentes situations d’énonciation. La phrase peut être actualisée dans différentes situations d’énonciation. Les phrases ne se manifestent pas directement dans le monde réel, elles prennent la forme d’éléments linguistiques toujours différents.

1.3) Caractéristiques du discours

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Le discours prend en compte la situation d’énonciation dans ce qu’elles ont de particulier et d’individuel. Ex : Aujourd’hui, je fais mon premier cours d’analyse du discours.Certains paramètres de l’interprétation d’une phrase ne peuvent pas être fixés sans prendre en compte les situations d’énonciation dans lesquelles la phrase est produite. Il faut connaître :

- l’identité du locuteur de l’énoncé, le locuteur de l’événement linguistique qui instancie la phrase.

- le moment.

1.3.1) La situation d’énonciationCes expressions sont des expressions déictiques. Elles comportent :

- les pronoms (je, tu, il …)- les adverbes (ici, là, aujourd’hui, demain, hier, …)

Ils s’appuient sur un paramètre de la situation d’énonciation pour trouver leur interprétation.

Les groupes nominaux définis (GN définis). Ils commencent par le, la , les.Ex : Passe-moi [le cours]. Ouvre [la porte]. Erwan surveille [les enfants] dans [le jardin].Ils s’appuient sur la situation d’énonciation pour trouver leur interprétation. Dans la phrase 1, Gaëlle peut demander à Charlotte « quel cours ? Celui du cours d’avant ou celui du cours qui va commencer ?». Ces descriptions définies ont comme propriété centrale de désigner un objet unique dans le monde alors qu’il existe plusieurs objets qui vérifient cette description dans le monde réel. Une des façons pour l’interlocuteur d’interpréter l’énoncé et de déterminer les références de description est de choisir l’objet le plus saillant, le plus pertinent.

Ex : p12, exemple 6 « où sommes nous ? »Chacune de ces trois réponses est une réponse concevable.c) la réponse est supposée, la personne sait qu’elle est dans un taxi.a) réponse pas convenable car elle sait qu’elle est à Rennes car elle prend un taxi à la gare de Rennes.Seule la b) est appropriée.L’interprétation de la femme doit prendre en compte des aspects complexes de la situation d’énonciation : elle doit savoir qu’elle se trouve à Rennes, et qu’elle se trouve dans un taxi.

L’interprétation d’une phrase met en jeu des aspects complexes de la situation d’énonciation tels que :

- l’identité du locuteur- le lieu- le temps- les hypothèses sur l’état des connaissances du locuteur

Bilan : Le discours est au-delà de la phrase. Le discours prend en compte la situation d’énonciation dans laquelle une phrase est

énoncée.

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L’analyse du discours s’intéresse donc à des aspects d’interprétation qui s’appuient sur la situation d’énonciation :

1° Les unités spécialisées comme les déictiques : je, ici, maintenant, ….2° les connaissances et intention du locuteur pour déterminer l’interprétation globale de la phrase.

1.3.2) Le discours prend en comte les événements linguistiques plus grands que la phrase

Est-ce que le discours est un objet plus grand que la phrase ?Discours : tout élément linguistique dont la longueur est au moins égale à celle d’une phrase. L’analyse du discours s’intéresse aux phénomènes d’interprétation qui ne mettent pas en jeu une phrase unique mais qui s’appuient sur des relations entre les phrases.

- Les pronoms anaphoriquesCf exemple 3, p9, C.Unités dont l’interprétation est dépendante des unités précédentes.Il = une unité anaphoriqueL’anaphore désigne la relation qui s’instaure entre une unité anaphorique et son antécédent (Jean). Le pronom « il » n’est pas susceptible de prendre une référence directement. En tant que tel, « il » tout seul ne désigne aucun individu en particulier. Ce qui permet de désigner c’est la relation d’anaphore qui s’établit entre le pronom et son antécédent.

- ConnecteursCf exemple 8, p13Un connecteur est une unité et pourtant il exprime une relation entre le contenu sémantique de deux phrases. On distingue les conjonctions, les adverbes (pendant, alors, puis, ensuite, …), des locutions (c’est-à-dire, autrement dit), des présentatifs (c’est, voila). Parmi cela, certains sont toujours des connecteurs. « pourtant » exprime le fait qu’il est inattendu que la première phrase soit vraie étant donné que la deuxième l’est également.

- Relations de discours :Cf exemple 9, p13Même en l’absence de connecteurs explicites, les phrases du discours ne constituent pas une suite désorganisée mais elles s’enchaînent entre elles selon des contraintes logico-sémantiques (relations de succession, de causalité, d’implication). Dans la phrase précédente, nous avons affaire à une relation de causalité. L’interprétation du discours va mettre en jeu une procédure de construction de cette structure par l’auditeur. Dans 9. a), ces deux phrases sont dans une relation de narration. Au contraire, dans 9. b), on comprend que ces deux phrases sont dans une relation d’explication.

1.4 ) Première définition

Le discours est ce qui dans le langage est au-delà de la phrase. Le discours est une unité plus concrète et plus grande que la phrase.

Selon les écoles, on met l’accent sur :- l’aspect concret qui dépend du contexte d’énonciation du discours- l’aspect trans-phrastique du discours

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- Benvéniste : ces deux aspects sont indissociables et donc il y a une correspondance entre la taille du discours et sa dépendance à la situation d’énonciation.Ex : ex4, p14, différents « le » :(10) contrainte de la situation d’énonciation, fonctionnement déictique par ostension (11) contrainte du contexte linguistique, expression anaphorique dont l’antécédent est « le tableau ». Assez souvent c’est lié. Les pronoms personnels par exemples peuvent être déictiques et anaphoriques.

II- Différentes approches du discours

L’analyse du discours est très éclatée : il existe 4 grands courants.

2.1) La linguistique de l’énonciation

Benvéniste est à l’origine de la linguistique de l’énonciation. Les niveaux de l’analyse linguistique, 1966, chapitre 10Il s’inscrit dans la linguistique de Saussure (= paradigme structuraliste) : la langue est faite que de structures et ce qui compte c’est les relations d’unités entre elles. 2 axes :

- axe paradigmatique- axe syntagmatique

Pour Benvéniste, il faut rajouter à cela la relation partir/tout. Une unité comme le mot « parapluie » va se décomposer en unités plus petites, morphèmes « para » + « pluie », et fait partie d’une unité plus grande. Ainsi le mot est intégré dans un groupe syntaxique. Ce groupe syntaxique est intégré dans la phrase. La phrase est intégrée dans le discours. Ce faisant, on sort du simple système de signes pour entrer dans un système où des éléments externes à la langue deviennent prépondérants. Par conséquent la signification d’une phrase ou d’un discours ne peut être comprise sans prendre en compte la situation d’énonciation. Cf p16La langue se caractérise par le fait que seule sa structure compte et pas son contexte.Le discours se caractérise par le fait que le contexte a une importance et que le discours n’a pas de structure ou que du moins, on ne s’y intéresse pas.

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Critique sur le raisonnement de Benvéniste : 1) Ce n’est pas parce que la phrase est sensible au contexte d’énonciation qu’elle

doit s’opposer au mot du point du vue de la structure. Pour Benvéniste, le discours n’ayant pas de structure il ne peut l’étudier que dans la mesure où certaines unités linguistiques jouent un rôle dans le discours en s’appuyant sur la situation d’énonciation (= les expressions déictiques).

2) L’analyse des marques formelles des différents types de discours, par exemple discours direct ou indirect. Ils se différencient par des marques formelles telles que les verbes, la présence ou non d’une conjonction.

2.2) La grammaire de texte

Noann de Chombsky.Présupposé théorique qui l’oppose au structuralisme : les locuteurs d’une langue ont une connaissance intuitive qui leur permet de dire quelles sont les séquences de mots qui font une phrase et celles qui n’en font pas. Cette connaissance intuitive est la compétence du locuteur (elle s’oppose à la performance). Le locuteur porte un jugement de grammaticalité. Il possède aussi une compétence syntaxique et une compétence phonologique.Ex : /pkrak/  il n’existe pas en français. C’est une suite illégale. Le mot ne pourra jamais entrer en français. Mais cela peut évoluer (cf le cas de jazz prononcé /zaz/ et aujourd’hui prononcé /dzaz/

/brask/ C’est un pseudo-mot.

Il s’agit donc d’une compétence textuelle ou discursive qui va permettre de dégager la structure des discours et ce sur quoi se fonde leur cohérence. La grammaire de texte s’oppose en tout point car elle suppose que l’on peut étudier des structures plus grandes que la phrase dans l’abstrait, c’est-à-dire sans prendre en compte la situation d’énonciation. En postulant une structure du discours la grammaire du texte va s’intéresser aux relations entre les phrases et pas seulement aux indices discursifs internes à la phrase (ex : dit-elle).

Exemple 13, p18« Restaurant » ne va pas avec « cher » hors contexte. On peut imaginer qu’il s’agit d’un plat, d’une boisson. On peut inventer un contexte pour tout type de phrase qui soit cohérent.Il est difficile de soutenir qu’un discours est cohérent ou incohérent hors contexte.

Bilan :2 acquis restent de la grammaire de texte : - le discours a bien une structure- l’intuition des locuteurs existent

C’est cette méthode qui est utilisée dans les T.D.2.3) La pragmatiqueElle prend sa source dans la philosophie du langage et dans la logique. Au milieu du XXe siècle la logique mathématique a un grand succès. => languages artificielsToutes les expressions ont une signification précise et non ambigüe. Elle va participer à la construction de la syntaxe et à la sémantique formelle. La philosophie du langage se demandait en quoi les langages logiques sont-ils différents des langues naturelles ? C’est la naissance de la pragmatique. Une expression d’un langage logique a une utilisation fixe

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indépendante de son utilisation. A l’inverse, les expressions des langues maternelles sont souvent ambigües, elles peuvent prendre des significations variées en fonction du contexte. Par ex : Cet ourson est friable. On peut imaginer qu’il s’agit d’un bonbon ou qu’il est en terre.

3 composantes de l’analyse de la langue :- la syntaxe qui l’étudie la forme des expressions- la sémantique qui étudie les aspects de la signification qui sont constants (et donc

indépendants du contexte)- la pragmatique qui étudie la relation entre la signification et le contexte d’utilisation

Les langages logiques n’ont pas de pragmatique puisque tout est fait pour que la signification ne change pas en fonction du contexte d’utilisation.

2.3.1) Les actes de langage

Ex : formuler une demande est un acte de langageLa pragmatique linguistique s’est largement développée sur la théorie de l’analyse du discours. C’est l’idée que la fonction du langage même des phrases déclaratives n’est pas principalement de décrire le monde mais plutôt d’accomplir des actions comme l’ordre, la promesse, le baptême, la demande. Ce sont des actes de langage performatifs.John Austin dans Quand dire c’est faire (1970) + J.M Searle, Les actes de langage (1972)Ex : Je déclare cette séance ouverte. C’est un acte. Seulement certaines personnes sont habilitées à produire ces phrases. Cette phrase est performative.

La langue est d’abord un moyen pour autrui d’agir sur le monde. Cette conception met en valeur la valeur intrinsèque du langage. Tout locuteur quand il exprime une phrase dans une situation de communication donnée produit un acte de langage qui instaure un type de relation avec le locuteur. Comme tout acte, un acte de langage vise à modifier un état de chose existant.

Théorie des actes de langage d’Austin a été développée par Searle dans le cadre de la philosophie analytique. Elle prend ses racines chez une philosophie qui pense que le langage ne sert pas principalement à décrire la réalité (conception vériconditionnaliste). Searle appelle cela l’illusion descriptive. Il défend une vision plus opérationnaliste du langage. Le langage sert à accomplir des actes (ex : demande, promesse, …). Il fonde sa théorie sur un énoncé affirmatif, à la première personne du singulier, à la voix active. Ex : J’aimerais aller m’allonger sur la plage.Ces énoncés ne décrivent rien et donc sont ni vrais, ni faux. Ils correspondent à l’exécution d’une action.

Récapitulatif : - la théorie des actes de langage se fonde avec la réaction contre l’  « illusion

descriptive »- selon la théorie des actes de langage, le langage agit sur la réalité, et celui qui

produit une action produit une action.

La différence entre les énoncés performatifs et les énoncés constatifs   : Ex : 1) L’enfant est à l’école.

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3) Je te promets que je t’emmènerai au manège demain.

Les énoncés constatifs comme 1) peuvent recevoir une valeur de vérité puisque 1) est vraie seulement, et seulement si, si l’enfant est à l’école.=> Les énoncés performatifs dépendent des conditions de vérité.

Les énoncés performatifs comme 2) n’ont pas de valeur de vérité. Ils peuvent être heureux ou malheureux dans le sens où l’acte peut réussir ou échouer.=> La félicité d’un énoncé performatif dépend de ses conditions de félicité.

Les conditions de félicité dépendent :- de l’existence de procédures conventionnelles

ex : cas du mariage ou jugements judiciaires ou baptème- de leur application correcte et complète et des états mentaux appropriés ou

inappropriés du locuteur.- du fait que la conduite antérieure du locuteur et de l’interlocuteur soit conforme aux

prescriptions qui sont liées à l’acte de langage accompli.

2 conditions de succès premières :- le locuteur doit s’adresser à quelqu’un- l’interlocuteur doit avoir compris ce qu’on lui a dit dans l’énoncé correspondant à l’acte de langage

La distribution performatif/constatif et les différents actes de langage :

On peut trouver des performatifs implicites comme dans « Je t’emmènerai au manège ». Le verbe « promettre » n’est pas explicitement employé.Performatifs explicites : « Je te promets que je t’emmènerai au manège ».

Les énoncés constatifs, qui correspondent aussi à un acte de langage implicite = acte d’assertion => donc aussi des actes de langageDonc ils sont aussi soumis à des conditions de félicité.

Enfin, les énoncés constatifs peuvent aussi être comparés aux énoncés performatifs.1) J’affirme que l’enfant est à l’école. => performatif explicite

Donc cela ruine la différence performatif/constatif.Austin s’est intéressé aux différents actes de langage que l’on pouvait accomplir grâce aux actes de langages.

3 types :- les actes locutionnaires/locutoires - les actes illocutoires- les actes perlocutoires

Les actes locutoires = ce que l’on accomplit dès lors que l’on dit quelque chose indépendamment du sens que l’on communique = le dire, production d’un énoncé.

Le classement des actes illocutoires   : 1) les verdictifs ou actes juridiques

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Ex : acquitter, condamner, décréter2) les exercitifsEx : commander, dégrader, ordonner, pardonner, léguer3) les promissifsEx : promettre, faire vœu de, garantir, parier, jurer de4) les comportatifsEx : s’excuser, remercier, déplorer, critiquer

5) les expositifsEx : affirmer, nier, postuler, remarquerSearle a poursuivi le développement de la théorie des actes de langage. principe d’exprimabilité Pour toute signification X et pour tout locuteur L chaque fois que L veut signifier X alors il est possible qu’existe une expression E telle que E soit l’expression ou la formulation exacte de X.

Ex : [Je te promets] que [je t’emmènerai au manège demain].Marqueur de force illocutoire marqueur de contenu propositionnel

Ce principe implique deux notions centrales :- la convention- l’intention : volonté communiquer un certain contenu va lui communiquer grâce à la

signification conventionnellement associée aux expressions linguistiques qu’il énonce pour se faire.

La nouveauté chez Searle : il distingue le marqueur F.I et le marqueur C.P

Cinq axes majeurs du langage :1) Les représentatifs : assertion/affirmationEx : Je te dis que c’est la dernière année que…2) Les directifs : ordre/demande/conseil3) Les promissifs : promesse/offre/invitation4) Les expressifs : félicitation/remerciement5) Les déclaratifs

La révision de la théorie des actes de langage dans la pragmatique cognitive.

Ils ont défendu la thèse comme quoi la fonction de langage = agir sur monde plutôt que de le décrire. De plus, idée que tout énoncé = 1 acte illocutoire a pour conséquence la nécessité d’identifier pour chaque énoncé sa force illocutoire.La pragmatique linguistique a eu une tendance à insister sur l’aspect code du langage. Cette école a ignoré l’aspect sous déterminé. La notion de sous détermination concerne articulation entre côté codé du langage = sens de la phrase et des significations énonciatives qui lui sont associées dans la dimension pragmatique de la langue.Codé = 1 élément nécessaire. Construction de la signification d’un énoncé va en dépendre.

Aspect conventionnel et déterminé par notre connaissance de la langue (déterminé par le sens lexical des mots, des expressions, sens grammatical des morphèmes grammaticaux, sens structural, construction grammaticale des phrases.

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Aspect sous-déterminé du langage et plus précisément de certaines unités linguistiques que seule l’activité inférentielle du destinataire d’un énoncé est capable de spécifier. (cf exemple la chambre / la cabine rose) Saturé = le groupe N a trouvé sa référence

Certaines unités linguistiques doivent s’appuyer soit sur discours, soit sur la SE pour trouver leur référence.Ex : Hier est-ce qu’elle a pas déjà vu son copain escalader la façade l’immeuble en face ?« Son » : ambigu puisque peut référer à « elle » ou une autre personne.L’interlocuteur va devoir voir ça. « son » est sous-déterminé. Seule connaissance de la SE doit permettre de lever l’ambigüité. Quand levé alors la référence va être saturée puisqu’elle aura retrouvée sa référence.

Bilan théorie acte langage :- prend pas en compte l’aspect sous-déterminé du langage- Interprétation se fait essentiellement de façon conventionnel à cause du principe

d’exprimabilité- Pragmatique cognitive s’oppose à ce mouvement pragmatique. Ce courant voit dans

langage un moyen de description dans la réalité de manière accessoire un moyen d’action. Donc insiste sur la sous-détermination et l’importance des processus inférentiels dans l’interprétation des énoncés. Inférence = opération logique par laquelle on admet une proposition en vertu de sa liaison avec d’autres propositions déjà tenues pour vraies.

Depuis 1990’s = théorie de la pertinence Ian Sperbon et Deirdre Wilson.

Les implicatives :Cf p20 docPaul Grice 1979Dans les langues naturelles comme dans langages logiques les phrases ont des implications (15).Implication : une phrase A implique une phrase B si dans toutes les circonstances où la phrase A est vraie la phrase B est également vraie.Ex : beaucoup de français roulent moins vite = au moins un français roule moins vite.

Les implicatures (16)Ex (7) : a) Marie a 3 enfants. b) Marie a exactement 3 enfants.On a une relation d’implicature entre une phrase A et une phrase B, si bien que A n’implique pas B. Tout locuteur qui entend A admet par défaut que B est également vraie.Ex (8) : Marie a trois enfants. A vrai dire, elle en a 4, mais elle est fâchée avec l’aîné depuis des années. (8) annule l’implicature de la 7 a).

Une des taches de la pragmatique = rendre compte de la l’implicature des phrases en expliquant pourquoi les phrases ont des implicatures et dans quelles conditions ces implications peuvent êtres annulées.

2.4) La sociolinguistique interractionnelle et variationniste.

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La socio inter prend ses sources dans l’anthropologie et la sociologie. Elle s’attache à deux questions :

- comment des individus appartenant à des cultures différentes peuvent partager une même langue tout en y associant des significations différentes ?

- comment les circonstances dans lesquelles la langue est utilisée influe sur le contenu qui est véhiculé ?

ex : drap banc = linceul à Mayotte ou demander des nouvelles des parents ou des proches avant de formuler une question.

L’analyse de conversation : ethno méthodologie pour étudier le discours avec des études ethnologiques. Elle s’intéresse aux moyens que les membres d’un groupe social mettent en peuvre pour découvrir la structure sociale. S’intéresse aux règles qui régissent la prise de parole.

La sociolinguistique variationniste : elle étudie les différences entre les systèmes linguistiques utilisés par différents groupes sociaux. Variabilité dans l’utilisation des règles syntaxiques + la structuration des textes ne se fait pas de la même manière.

2.5) L’école française d’analyse du discours

J. Maingueneau, 1960’sIl ne connait pas beaucoup de succès en dehors de la France. Il est lié au marxisme et à la psychologie Lacanienne et aux travaux de Michel Foucault.Il s’intéresse aux relations entre le discours et l’idéologie. Il vise à dégager dans le discours des motifs cachés qui mettent à jour des intentions et des croyances de son auteur. Cette école joue un rôle important en littérature.

Les points de vue sur le discours sont variés. Des acquis théoriques ou descriptifs sont partagés par l’ensemble de ces courants. Il existe des spécialistes en AD qui n’appartiennent à aucun de ces groupes.

III- La référence dans le discours

3.1) Introduction et définition

3.1.1) La fonction référentielle du langage

Comme l’explique Searle, comprendre comment le langage entre en relation avec le réel.A chaque fois un texte construit un certain univers : l’histoire racontée renvoie à des personnages, des objets, des événements. Ce monde peut-être fictif ou réel. La fonction de référentielle du langage permet d’associer des séquences linguistiques à certains segments de la réalité ou d’un monde fictif qu’il désigne et qui sont leur référence. Chaque texte peut être considéré comme un ensemble de renvois vers un univers réel ou fictif ou à un réseau de relation entre ces renvois et permet de construire une représentation mentale d’ l’histoire racontée. Les entités que l’on peut appréhender au moyen d’expressions linguistiques constituent leur référent.

3.1.2) Signifié, signifiant et référant.

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Les mots (=signes linguistiques) ont une forme orale ou écrite et un sens (différent des signes sémiologiques comme les panneaux de circulation, la balance de la justice, le rouge/amour).

Signes linguistiques :- biface : signifiant et signifié- une entité psychique à deux faces :

le contenu sémantique = Sé l’expression phonique = Sa

Définition : le signe linguistique est l’association d’une image conceptuelle et d’une image acoustique.

Le Sé et Sa sont inséparables.Le Sa ne se réduit pas aux sons ni aux lettres mais désigne une représentation acoustique ou graphique qui se situe sur le plan de l’expression, c’est-à-dire une forme concrète visible ou perceptible, l’emprunte psychique de ces sons.Le Sé est aussi psychique. L’image conceptuelle qui se situe sur le plan du contenu c’est le sens = l’ensemble des propriétés qui sont attribuées à un objet (caractéristiques objectives et subjectives). Peut varier selon le temps (époques) et l’espace (selon culturel).

Le Sé ne désigne pas le référent = la manifestation du monde observable, la réalité qui est extralinguistique.

Ne pas confondre une réalité extralinguistique et les valeurs qui lui sont attribuées selon les endroits et les époques.

Le lien Sa/Sé est direct et réciproque. Cette relation est arbitraire (arbitraire du signe). Convention entre usages de la langue. Fait social.

Le lien Sé/ référent est direct. L’idée qu’on se fait d’une vache résulte de la somme des représentations et des expériences passées.

Le lien Sa/référent est une relation indirecte. Il n’y a pas de lien naturel entre le signe et la chose Sé ou le référent. C’est par une convention que [vache] désigne un animal.

Caractéristiques du signe :- le signe est arbitraire, immotivé et conventionnel- aucune relation de causalité entre sa forme phonique (Sa) et ce qu’elle dénote (Sé). - Un lien immotivé, radicalement arbitraire qui n’est ni naturel, ni nécessaire. Pour

pouvoir fonctionner comme langue, avoir un même sens pour tous les locuteurs quelle que soit leur idée que chacun se fait du référent, le signe doit être débrayé du réel et totalement abstrait. Il n’y a aucun lien entre [vache] et son concept. Le rapport Sé/Sa est une convention a posteriori c’est-à-dire qui n’est pas naturel et dont on ne perçoit pas la raison qui est différent d’une convention a priori (c’est-à-dire une convention qu’on peut discuter + règles explicitées).

Cas où le signe est motivé :

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1) le symbolisme phonétique (Jakobson, 1976) = attribuer aux sons une valeur sémantique. Voyelles aiguës (i) … clair + pointu/ voyelles graves (a)… sombre + rondeur

Le symbolisme soutient qu’il y a un rapport naturel entre les noms et les choses qu’ils désignent. Harmonies imitatives « ses serpents qui sifflent sur nos têtes »

2) La remotivation phonétiqueBeaucoup utilisé en publicité. Ex : le thon c’est bon. L’affreux Alfred. Il est fort le roquefort. Associer le Sé à un autre Sa. Faire comme si Sa était lié au Sé. Associer deux Sa thon/bon, laisse entendre que le thon s’appelle ainsi car il est bon.

3) Onomatopées= une unité lexicale crée par imitation vocale d’un bruit nature. Ex : miaou, cocorico.La motivation n’est que partielle. Donc partiellement arbitraire. Varie selon les langues car reproduction d’un bruit naturel passe par le filtre de l’appareil phonologique qui va le déformer.

3.1.3) Sens et référence

Les formes linguistiques peuvent être mises en correspondance avec ce qu’elles servent à désigner à deux niveaux :- l’instance du discours où ces formes sont énoncéesex : « mon cours/ mon groupe de TD »L’instance désigne un être au référent particulier qui constitue ce qu’on appelle leur référence actuelle. - les références opérées d’expressions linguistiques ne sont possibles que parce que ces

expressions sont formées d’unités précodées qui les rend apte à désigner et qui constituent leur référence virtuelle (ex : dictionnaire).

3.1.4) La référence dans les différentes approches linguistiques

- Saussure : dépend d’une sorte de mise en œuvre de la langue- Benvéniste : depend de l’énonciation- Maintenant : analyse des ???

Question qui se pose depuis le développement de la pragmatique = comment les différentes langues offrent au sujet qui les parle le moyen d’échanger non pas seulement des pensées mais des pensées (Sé) à propos de choses (Sé à propos de référents extralinguistiques) ? + comment les sujets réussissent à s’entendre sur les déterminations de ces choses dont on pale même si elle sont vagues, fictives ou même spéculatives.

3.1.5) Référence et énonciation

Qu’est-ce que parler/écrire ? Faire un acte d’énonciation = construire un énoncé pour un ou plusieurs destinataires de telle sorte que ces destinataires puissent comprendre de qui on parle c’est-à-dire quels sont les sujets du monde réel ou imaginaire qui sont concernés par le discours qui leur est transmis.On utilise « objets du monde » = tout ce qui appartient au monde dans lequel se meuvent des êtres de parole (aussi bien objets réels que imaginaires, des humains, des abstractions). On

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parle aussi de « segments de réalité » même si cette réalité est hautement fantaisiste ou tout simplement sujette à caution.Selon le point de vue culturel dans lequel on se place : extra-terrestres et fantômes dans certaines cultures, des arbres animés dans d’autres.

Ex : La petite fille mange. Ce n’est pas un exemple de grammaire mais un énoncé ayant lieu à un certain moment, dans un certain lieu, entre un locuteur et un allocutaire alors il doit y avoir aucune ambiguïté pour savoir de quelle petite fille on parle.

Mais si c’est un exemple de grammaire : La petite fille mange. GN GVIl importe peu de savoir de quelle petite fille il s’agit, mais plutôt de savoir si la phrase est bien formée.

Lors du passage de la langue au discours on assigne un référent au GN déterminé « la petite fille ». Le simple fait d’avoir employé l’article défini doit indiquer à l’allocutaire qu’il est en droit de se demander de quel objet précis vous êtes en train de lui parler. L’article défini est le signe que ce dont on parle est identifiable.

3.1.6) Référence situationnelle ou extra-discursive et référence co(n)textuelle ou intra-discursive

Ex : La petite fille mange.

Référence situationnelle ou extra-discursive

a) la petite fille que le locuteur et l’allocutaire voient (par un geste du doigt ou du menton) in praesentia

b) la seule petite fille à laquelle ils peuvent penser = in absentia

Référence co(n)textuelle ou intra-discursive

1) la petite fille dont on a déjà parlé2) la petite fille dont on explique immédiatement qui il est après

3.1.7) Référence actuelle et référence virtuelleLa référence actuelle = l’ensemble des objets du monde auquel il peut être référé (objet, être, assimilé à).

La référence virtuelle = la référence du mot tel qu’il apparait dans le dictionnaire. Emploi non référentiel ou non actualisée.

Différence entre non employé (pas de référence actuelle, c’est une expression) (ex : peur dans « faire peur ») et le syntagme nominal (ex : [la peur]). Le syntagme nominal = le seul cas où il aura une référence actuelle. Le syntagme nominal est le seul qui est susceptible de référence actuelle. Le syntagme verbal n’a pas de référence actuelle.

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Référence actuelle= celle du mot tel qu’il est actualisé lors de l’acte d’énonciation.

3.2) La référence nominale

3.2.1) Introduction

La référence nominale est processus par lequel une expression linguistique est utilisée pour désigner une certaine partie du monde.

Référent = objet du monde auquel elle renvoie.

Nous nous intéresserons surtout à la référence nominale mais existe d’autres expressions référentielles.Ex : Quand je suis arrivée à Rennes 2 -> référence temporelle A Rennes 2 -> référence à l’espace

Plus généralement on fait référence à des événements.

Dans cette partie nous allons nous intéresser à la référence d’expressions linguistiques telle que les pronoms, les Noms Propres (NP), les GN.

Cf poly p 25Les expressions linguistiques peuvent renvoyer à des individus, des lieux, des entités abstraites, des individus fictifs. Ex : Julie est arrivée en retard. Cela m’a beaucoup surpris. Réfère à un fait ou à une proposition

Si les expressions nominales ne sont pas les seules, il existe aussi les expressions référentielles. Toutes les expressions nominales ne sont pas des expressions référentielles.Cf ex 22 p25Ex : Chaque pays européen a sa place dans la communauté. Aucun

GN quantificationnel ou un type d’individu. Il ne désigne pas un individu mais il vérifie une quantité qui vérifie une certaine propriété.

Le pronom personnel il dans a) renvoie à des candidats inexistants.

c) Un gentleman anglais n’ouvre jamais le courrier d’autrui.La baleine est un mammifère.

GN générique. Il renvoie à l’ensemble des baleines.

Ex : Le singe est un mammifère. => Générique Le singe du zoo de Vincennes… => Référentiel

Le/la/les peuvent être utilisés pour construire des GN référentiels et des GN génériques.

3.2.2) Les différents modes d’assignation de la référence.

Les langues naturelles permettent d’utiliser un grand nombre d’expressions nominales pour désigner un même individu/animal/objet. Ces expressions nominales s’établissent suivant le

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mode d’assignation (= d’établissement) qu’elles imposent. On ne s’y prend pas de la même manière pour référer à l’aide d’un pronom ou à l’aide d’un Nom Propre.

Ex : Marie. Cette jeune femme. Elle. La femme.

Les différences entre les modes d’assignation sont de l’ordre du discours (elles ne sont pas en langue). L’utilisation d’un NP dépend du statut de l’individu dont on parle dans le discours en cours. Comment est ce que le locuteur s’appuie sur le discours pour construire la relation de référence ?

Inventaire rapide des modes d’établissement de la relation de référence :

3.2.2.1) Les GN indéfinis Cf poly p28Il y a beaucoup de Gn indéfinis. Ce sont des unités qui ne s’appuient ni sur le contexte linguistique ni sur la SE. C’est un objet du monde auquel le locuteur n’a pas eu affaire au préalable.

L’exemple du gentleman anglais échappe à ça car on ne parle pas d’un gentleman anglais en particulier.

3.2.2.2) Les expressions linguistiques qui s’appuient sur le discours : les anaphoriques

Elles s’appuient sur un élément du discours précédent.Poly p30« le » => dont l’antécédent est le GN indéfinis « un petit fragment de peau ».« le » est coréférentiel de « un petit fragment de peau ». Il peut y avoir une chaîne coréférentielle.La vitre = expression anaphorique ? C’est un cas atypique car la vitre ne renvoie pas directement au meuble. On parle d’anaphore indirecte, d’anaphore associative.

3.2.2.3) Les expressions nominales déictiques

Le simple fait qu’un énoncé ait un auteur est suffisant pour référer.

3.4) La déixis

- des expressions spécialisées : je, moi, tu, tes…- des expressions non spécialisées : fermez cette porte.

Cf p39

3.4.1) Introduction

Le terme déixis désigne le processus par lequel une expression référentielle désigne…

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a) Je et tu

je fonctionne comme un pronom déictique et désigne le locuteur.Tu désigne l’allocutaire. Mais il n’est pas seulement celui qui entend le message. Il faut prendre en compte les intentions du locuteur et pas seulement la manifestation extérieure de ces intentions.

b) nous

Nous n’est pas un simple pluriel du je.Si c’était le cas nous désignerait l’ensemble des individus qui sont locuteurs d’un événement linguistique collectif.

Cf p40- Si nous allions au cinéma ? = locuteur + allocutaire => déictique pur- Noé s’adresse à Kévin en présence de Marie et lui dit « Nous sommes allés au

cinéma ». Nous = Noé et Marie. = Porte parole d’individus présents dans la SE.= locuteur + 1 ou plusieurs personnes présentes dans la SE

déictique pur

- même chose qu’au dessus sauf que Marie n’est pas présente dans la SE. « Marie et moi sommes allés au cinéma hier soir. Nous avons adoré le film.= Nous = locuteur + 1 ou plusieurs individus qui ne sont pas présents dans la SE mais qui ont été évoqués dans le discours précédent.=> Nous = expression anaphorique dont l’antécédent est « Marie et moi »=> Nous peut aussi être analysé comme un mi déictique (car il y a le locuteur) mi anaphorique (car quelqu’un n’est pas présent dans la SE).

Nous n’est pas toujours un déictique pur.

d) Vous- Vous avez compris ?

= Vous fonctionne comme un véritable pluriel du pronom tu= ensemble d’allocutaires présents dans la SE

déictique pur

- Marie est absente et Noé dit à Kévin « Marie et toi, vous avez de la chance ».= l’allocutaire + les personnes absentes de la SE

mi anaphorique mi déictique anaphorique dont l’antécédent est « Marie et toi ».

Les deux analyses ne s’excluent pas mutuellement.

3.4.2) La déixis par ostension

Pour les pronoms je et tu, la seule connaissance des données de base de la SE (qui parle à qui) est suffisante pour identifier les référents de je et tu.

Cf poly p41Je me marierai avec elle.

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Regarde ce typeIls fonctionnent comme des déictiques car c’est la situation qui va permettre à l’allocutaire de savoir quel est le référent. Il est essentiel que l’allocutaire voie le geste. Le locuteur doit faire un geste explicit pour désigner le référent. On parle de déixis par ostension. Pour les GN démonstratifs comme « ce type » l’ostension est le seul moyen de fonctionner de manière déictique.Les GN démonstratifs peuvent aussi fonctionner de manière anaphorique cf « cette carte » texte de Chatwin.

Cf p 42 ex 36 « ce type » le pronom elle et le pronom démonstratif fonctionnent comme des déictiques mais il faut un geste explicit. L’ostension est obligatoire pour qu’ils fonctionnent comme des déictiques.

Les démonstratifs ne sont pas les seuls à permettre la déixis par ostension.Cf ex 36 p42 Les pronoms il et elle peuvent aussi fonctionner de la même manière ainsi que les GN définis. (ex 35).

Une différence entre l’emploi des déictiques. Ex : la porte => l’ostension ne semble pas obligatoire.

description définie

3.4.3) La variété de la déixis

Il existe un grand nombre d’expressions déictiques spatiales ou temporelles.Déixis < grec ancien < action de montrer

3.5) L’anaphore

3.1.5) Introduction

L’anaphore est le processus par lequel une expression tire sa référence d’une expression du discours précédent.Cf p46

a) anaphore et coréférence

Ces expressions soulignées sont coréférentielles. Mais cela ne veut pas dire que chaque expression est une expression anaphorique. Laurent = pas une anaphore. Le NP a sa référence fixée une fois pour toute.Par contre toute relation d’anaphore suppose une relation de coréférencielle. GN indéfinis = pas anaphorique car ils représentent une première mention. (sauf le cas des génériques cf un gentleman anglais).

Il reste comme anaphoriques :- les pronoms elle ou il- les GN définis : la jeune femme- les GN démonstratifs : cette jeune femme

3.5.2) Les différents types d’anaphore

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Cf p48La cataphore tire sa référence du discours suivant.Ex : Je l’adore Jeanne. Je peux vous dire ceci : n’y allez pas. Dans les vestiaires se douchaient plusieurs membres de l’équipe.La cataphore est plus limitée que l’anaphore car elle a lieu à l’intérieur d’une phrase.

Les différents types d’anaphores : 1) Anaphore libre et anaphore liéeEx : Jean se lave.

Dans l’anaphore liée : l’antécédent doit se trouver dans la même proposition que l’expression anaphorique.= me, te , se, nous, vous + les pronoms relatifsEx : l’étudiante qui est arrivée.

Dans l’anaphore libre : l’expression anaphorique et l’antécédent ne doivent pas se trouver obligatoirement dans la même phrase.

2) Anaphore fidèle et anaphore infidèle

Cf p49Le type d’analyse ne concerne que les cas où une expression anaphorique et son antécédent sont tous les deux des GN. Soit deux expressions désignent leur référent avec le même nom (ex 40) et donc c’est une anaphore fidèle, soit elles ne sont pas basées sur le même nom (41) et donc c’est une expression infidèle.

Les différents types d’antécédents :

1) Antécédent simple et éparpillé

Cf p50Ils => antécédent éparpillé = le peintre + ThérèseThérèse => antécédent simple = la jeune femme

C’est une possibilité pour toutes les expressions plurielles.

2) Antécédent explicite et implicit

P51C’est un phénomène parallèle au précédent. Ex 46 L’antécédent est au pluriel.Dans les enfants de Marie, implicitement on désigne la fille.

L’expression anaphorique peut faire partie d’un groupe qui a été désigné précédemment par un mot au pluriel. Ça ne marche que quand il s’agit de GN définis.

3) Anaphore stricte et anaphore associative

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Cf texte ChatwinLa vitre ne désigne pas un objet déjà évoqué et elle n’est pas une expression coréférentielle. On trouve un référent pour la vitre en s’appuyant sur l’inférence. A partir du fait qu’il existe un petit meuble vitré on peut inférer qu’il existe une vitre qui est la vitre de meuble.

Inférence : processus de déduire un fait précédemment inconnu à partir d’un fait déjà connu.

Le référent n’est pas explicitement évoqué mais il est inférable à partir de ce qui a été dit Ex49 P52La porte = expression anaphoriqueIl doit exister une relation directe entre les deux objets de l’anaphore associative.

Ne pas confondre l’anaphore infidèle et l’anaphore associative.Dans l’anaphore infidèle = 2 GN qui désignent le même objet = coréférentDans l’anaphore associative = une expression anaphorique et son antécédent qui désignent deux individus différents = pas coréférents

4) L’anaphore évolutive

Cf p54 Recette du poulet. Toutes ces expressions linguistiques ne renvoient pas au même référent.

3.6) Les modes d’établissement de la référence et les catégories linguistiques

3.1.6) Introduction

Les indéfinis : ils ne s’appuient pas sur le discours pour trouver leur référence mais ils ne sont pas discursivement neutres car ils ne peuvent être employés que pour désigner des individus ou des objets qui n’ont pas été évoqués précédemment ou qui ne sont pas présents dans la SE.

Les NP : ils ne s’appuient pas sur le discours. Ils sont discursivement neutres car ils peuvent être employés pour désigner des individus ou des objets déjà évoqués ou présents dans la SE.

Les expressions déictiques : elles tirent leur référence de la SE. Elles tirent leur référence directement ou par un acte d’ostension.

Les expressions anaphoriques : elles tirent leur référence plus ou moins du discours.Dans des cas simples : stricte + explicite

Quel est le lien entre les modes d’établissement de la référence et la catégorie grammaticale ?

3.6.2) Les points communs entre l’anaphore et la déixis

Pronoms, GN définis, GN démonstratifs peuvent fonctionner comme des anaphoriques et comme des déictiques.Pourquoi ces trois catégories s’appuient sur un discours et pas un autre ?

contraintes sémantico-discursives associées à ces trois catégories grammaticales.

Tout discours s’appuie sur un tronc commun de connaissances = un ensemble de faits que les interlocuteurs considèrent comme vrais.

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Ex : Le premier ministre a fait une déclaration sur les résultats des élections.On connait le nom du Premier ministre, on connait le régime politique de la France, on sait qu’il y a eu des élections et on connait les résultats.Les données de la SE font parties du TC.Au cours de l’échange, de nouveaux faits peuvent être ajoutés au TC.

Faire une anaphore c’est faire référence à une entité qui a été mentionnée dans le TC.Les faits de la SE font partie du TC donc les déictiques trouvent aussi leur référence du TC.

Cela permet de comprendre pourquoi ce sont les mêmes catégories grammaticales qui peuvent fonctionner de manière anaphorique et déictique.Ex : J’ai lu un livre de Chatwin, ce livre est passionnant. Ce livre est passionnant (en pointant du doigt).

3.6.3) Les oppositions entre catégories

- opposition pronom/GNIl existe une tension dans le langage : faire court et être explicite. Les GN contiennent un nom donc ils ont un contenu descriptif.Les pronoms sont plus courts mais ils n’ont pas de contenu descriptif. Ils peuvent désigner n’importe quelle entité d’où parfois des ambiguïtés avec l’emploi des pronoms.Ex : Ce livre, le livre = désigne seulement le livre Il = peut désigner n’importe quelle entité

- opposition définis/démonstratifsOpposition déixis simple/déixis par ostensionEx : Fermez cette porte = l’ostension est quasi obligatoire quand on utilise un démonstratif comme déictique.Fermez la porte = si l’ostension est courante, elle peut être omise.

Anaphore sticte/anaphore associativeCf p53 ex 52La porte avait été fracturée.Cette porte avait été fracturée => usage d’un GN démonstratif n’est pas possible avec une anaphore associative.

Anaphore explicite/impliciteCf p51 ex 46Quand l’antécédent est implicite, l’usage du pronom personnel elle, il ou d’un démonstratif n’est pas possible.

P67 emploi ni déictique ni anaphoriqueEx 58 a+b = ce sont des GN saturés donc il ne peut pas être anaphorique ou déictique ? La référence au Tc n’est pas nécessaire. L’énoncé de l’exemple b peut être utilisé dans un contexte où l’allocutaire n’a jamais vu Marie ou entendu parler d’elle.

Les démonstratifs sont toujours soit anaphoriques, soit déictiques.

- différence d’usage démonstratifs/définis

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Les démonstratifs ont une distribution beaucoup plus étroite que les définis : déictique mais uniquement avec la déixis par ostension anaphorique mais ils n’admettent que les formes simples d’anaphore (anaphore

stricte, antécédent explicite). Ils peuvent ne pas être mi anaphorique mi déictique