sommaire - la cnl · la mairie de barcelone a déclaré que l’amende pour non-respect de la loi...
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Sommaire Ce n’est qu’un au revoir! Magnus Hammar page 2 Airbnb – quels impacts sur nos quartiers page 3-5 Le logement en Norvège : qu’a-t-il de si spécial ? page 6 Les membres scandinaves de l’IUT à Stockholm page 7 Berlin, une ville de locataires page 8 Catalogne: le besoin d’équilibre dans les locations page 9 Le logement social à Vienne page 10 - Les locataires néerlandais manifestent contre la taxe sur le logement social - Le festival du logement social page 11 Russie: tout pour l’accession page 12 Australie: les locataires crient au changement page 13 Ecosse: les droits en matière de logement en pratique page 14 Paris lutte contre la vacance avec une nouvelle taxe page 15 Brèves page 16
Traduction: Marie-Charlotte Lanniée
Ce n’est qu’un au revoir, le temps est venu !
Le temps passe… 18 belles années ! Peut-être trop belles… je le pense parfois. J’aurais peut-être dû
quitter l’IUT plus tôt et trouver un autre travail ? Cette pensée comme d’autres me viennent à l’esprit
alors qu’il me reste seulement trois mois avant de partir. Mais d’un autre côté, je ne me suis jamais
ennuyé, et beaucoup de mes chers collègues de l’IUT sont aussi dans leur organisation depuis
longtemps. Et nous sommes devenus de bons amis. Et ils resteront, c’est sûr, des amis très proches.
Après sept congrès, 48 numéros de Global Tenant et de nombreuses conférences et réunions, le temps
est venu de passer la main. Désolé, je ne peux donner son nom aujourd’hui, mais je suis certain qu’il
ou elle fera un bon travail et développera l’IUT – avec un nouvel esprit et un nouveau regard.
J’ai apprécié chaque jour passé. Je suis toujours aussi engagé pour défendre le logement social et les
droits des locataires que je l’étais après ma première année passée à l’IUT – peut-être plus. J’ai
rencontré des locataires à travers le monde, grimpé leur cage d’escalier, me suis assis
dans leur cuisine à écouter leurs histoires. Souvent des histoires difficiles, des
expulsions, des propriétaires invisibles et mal intentionnés, des loyers inabordables,
etc. Mais aussi de bons moments, avec leur famille, leurs voisins. Merci à tous d’avoir
fait de ces 18 ans de belles et intéressantes années, et pour avoir participé aux activités
de l’IUT. Restons en contact!
C’est vous qui faites l’IUT! Magnus Hammar
Secretary General IUT
2
Airbnb – quels impacts sur nos quartiers Vous souvenez-vous lorsqu’Airbnb ou autres sites du genre semblaient être une bonne idée ? Et c’est
toujours une bonne idée quand cela fonctionne comme prévu : c’est l’occasion de laisser votre
logement pour quelques jours, ou quelques semaines, quand vous n’êtes pas en ville.
Mais, dans les grandes villes, ces jours semblent très lointains. Les appartements sont aujourd’hui
achetés par des investisseurs. Dernièrement, dans des villes comme Paris, Berlin, Barcelone et San
Francisco, les locations saisonnières et les agences qui les gèrent sont surveillées de près par les
autorités locales et nationales.
Airbnb et les autres plateformes de partage d’appartements privent de nombreuses villes de logements
sur la durée, font augmenter les loyers, et les prix, pour les biens qui sont encore sur le marché. Et
nous savons bien quelles en sont les conséquences. Dans ces zones, les habitants sont harcelés par la
valse incessante des roulettes des valises dans leur cage d’escalier, et par les inconnus dans leur
immeuble.
Cela change aussi le quartier. Les petits magasins ferment leur porte parce que les loyers sont trop
élevés, avec la gentrification généralisée, et ils sont remplacés par des bars branchés et des restaurants
qui attirent les gens de passage.
Mais de nombreuses villes se mobilisent et attaquent Airbnb et les autres plateformes.
En voici quelques exemples.
Angleterre, Londres Le journal The Guardian a rapporté qu’un quart
des logements à Londres publiés sur Airbnb à la
fin 2016 ont été loués plus de 90 jours l’année
passée, beaucoup illégalement et en violation
d’une loi visant à éviter que les propriétaires ne
transforment leur bien en hôtel non officiel.
Airbnb a admis qu’environ 5000 de ses locations
londoniennes d’ « appartement entier » - 23% du
total – étaient louées plus de trois mois, malgré une
loi qui impose une demande de permission.
En décembre 2016, Airbnb a limité les locations
supérieures au 90 jours stipulés. Mais en février
2017, dans une étude de la BBC, 1/3 des
municipalités ont déclaré que cette limite ne
ralentirait pas le développement des locations de
courte durée.
L’année dernière, une étude de l’institut de
recherche en politiques publiques a montré que
11% (2 444 logements) des biens de logements
entiers sur Airbnb étaient loués plus de six mois
par an
Sources: BBC et the Guardian
3
Espagne, Barcelone
Barcelone a ordonné le retrait de centaines de
logements loués illégalement aux touristes, via des
sites comme Airbnb, et fait payé une amende aux
entreprises. Une équipe de 20 inspecteurs de la
ville, a pour mission de repérer ceux qui veulent
outrepasser la loi.
La mairie de Barcelone a déclaré que l’amende
pour non-respect de la loi serait de 60 000 euros
pour les sites de partage de logements. En juillet
2014, le gouvernement régional de Catalogne a
condamné Airbnb à une amende de 30 000 euros
($35,000) pour non-respect de la loi et menacé de
bloquer l’accès au site Airbnb en Catalogne s’il ne
changeait pas de comportement.
Source: Reuters
Danemark, Copenhague
En février, les élus de la ville de Copenhague ont
entamé des discussions avec Airbnb afin d’imposer
un plafond de durée de locations pour les chambres
et appartements. Le maire, Frank Jensen, a
demandé une limite de 60 jours, afin d’éviter que
les locations ne se transforment en séjours en hôtel
illégaux. Les habitants de Copenhague se plaignent
que les activités d’Airbnb contribuent à la pénurie
de logements, parce qu’il est beaucoup plus juteux
de louer ses biens à la journée sur Airbnb
Source: The Local
Afrique du Sud, Cape Town
Les loyers à Cape Town ont doublé. Comme dans
les autres grandes villes touristiques, les
propriétaires préfèrent louer leurs biens pour des
courtes durées, via principalement Airbnb.
Le directeur de PayProp, L. Liebenberg, a déclaré
en février que « le développement d’Airbnb et la
promesse de forts bénéfices ont motivé les
propriétaires d’ôter leurs biens du marché de la
location longue durée ».
Source: Sunday Times
France
Un groupe d’hôteliers et d’agents immobiliers ont
lancé une action en justice à l’encontre des
plateformes de locations de courte durée comme
Airbnb, en disant que leurs pratiques étaient de la
concurrence déloyale. Il accuse les plateformes
d’offrir des services touristiques, incluant des tour
operator et des assurances, sans réelle autorisation.
Ils souhaitent que les autorités françaises imposent
les mêmes règles à Airbnb et aux autres
plateformes que celles du marché locatif
traditionnel. La France est le second plus gros
marché d’Airbnb après les Etats-Unis. Paris a créé
un registre qui liste tous les utilisateurs d’Airbnb
officiellement enregistré leurs biens comme des
locations de longue durée.
Source: Financial Times
Amsterdam, Pays-Bas "Un logement devrait rester un logement," a
déclaré le conseiller municipal d’Amsterdam
Laurens Ivens. La ville d’Amsterdam et Airbnb ont
déclaré, en décembre 2016, qu’ils travailleraient
ensemble pour s’assurer que les propriétaires
louent leurs logements 60 jours maximum par en.
Amsterdam a déjà mis en place cette limite, mais
Airbnb a déclaré qu’au 1er janvier 2017, le site
aurait des outils automatiques afin de faire en sorte
que les logements ne soient pas proposés plus de
60 jours à moins que les propriétaires aient une
autorisation.
Source: The Guardian
Allemagne, Berlin
Le maire de l’arrondissement de Mitte von Dassel
a lancé une croisade contre la location touristique
et Airbnb. Il a déclaré : « s’occuper du problème
de la location touristique est bien moins important
que faire en sorte que les gens réalisent que le
temps de l’achat d’appartements pour la location
touristique est terminé. Nous avions des listes
d’agences immobilières disant « idéal pour la
location touristique ». Cela appartient maintenant
au passé. » Il n’est pas si facile pour la ville de
savoir qui est enregistré sur Airbnb. Une étude de
étude de septembre 2015 a montré que 90% des
offres sur Airbnb étaient consacrées à la location
d’appartements entiers, plutôt que des chambres
individuelles. Une récente étude de
l’arrondissement de Mitte a montré que dans un
immeuble de 300 appartements de Wilhelmstrasse,
280 étaient loués pour des courtes durées.
Source: www.citylab.com
Etats-Unis, New York
Un rapport du bureau de l’avocat général de l’Etat
de New-York d’octobre 2014 a montré qu’environ
72% des logements sur Airbnb violaient les lois
locales, qui imposent une durée limite de location
de 30 jours. En février 2016, Airbnb a été accusé
d’avoir enlevé plus de 1000 annonces de son site
pour truquer une enquête. L’avocat général de New
York Schneiderman a déclaré que « Airbnb
continue de ne pas prendre en compte la loi new-
yorkaises de protection des droits des locataires et
permet la prolifération d’hôtels illégaux. »
Source: The Guardian
Japon, Tokyo
Plus de trois millions de touristes au Japon se sont
logés via Airbnb entre janvier et octobre 2016. Le
partage d’appartements, comme Airbnb,
appelé minpaku au Japon, existe dans une zone
grise. Mais le nombre d’utilisateurs a grandement
augmenté. Plus de 10% des touristes disent utiliser
ce service.
Source: Nikkei Housing Review
4
Canada, Vancouver
“Nous allons vers un grand nombre de problèmes
pour essayer de produire des logements locatifs.
Nous ne le faisons pas pour des locations aux
touristes. Nous le faisons pour les habitants qui ne
peuvent vivre et travailler dans la ville de
Vancouver, » a déclaré le conseiller Geoff Meggs
dans une interview d’avril 2016. Vancouver
interdit les locations de plus de 30 jours en dehors
des hôtels, bed and breakfast, et sans licence
professionnelle.
Source: Vancouver Sun
…………………………………………………… Ce que dit la loi :
Espagne, Barcelone
Les propriétaires doivent demander une
autorisation à la ville et la publier en ligne, sous
peine d’une amende de 60 000 euros. Si les
entreprises comme Airbnb continuent de refuser de
contrôler leurs utilisateurs, l’amende peut atteindre
600 000 euros.
Paris, France Les biens peuvent être loués 120 jours maximum
par an. Ceux qui dépassent cette limite peuvent
payer une amende de 25 000 euros mais les
autorités souhaitent la doubler à 100 000 euros.
Au 30 janvier, Paris a triplé sa taxe sur les
résidences secondaires, en augmentant de 20% à
60% les charges supplémentaires payées par les
propriétaires.
Berlin, Allemagne
Une loi, Zweckentfremdungsverbot, effective
depuis mai 2016 dit que les propriétaires ne
peuvent louer qu’une seule chambre d’un
logement, et non pas l’intégralité. En cas de non-
respect, l’amende est de 100 000 euros. Mais en
août 2016, un tribunal a déclaré que les
propriétaires de résidences secondaires pouvaient
louer leur logement aux touristes.
Copenhague, Danemark
La ville, en janvier 2017, a demandé une limite de
60 jours de location afin d’éviter que les locations
de chambres et d’appartements ne se transforment
en opérations hôtelières illégales.
Londres, Angleterre
Les propriétaires ne peuvent louer leur bien plus de
90 jours par an pour des courtes durées. Si un
propriétaire veut louer plus longtemps, il doit
demander une autorisation pour un « changement
d’usage » à la mairie.
Amsterdam, Pays-Bas
Depuis janvier 2017, les logements peuvent être
loués jusqu’à 60 nuits par an et pour pas plus de
quatre personnes, par les propriétaires et dans le
parc privé uniquement. Airbnb a accepté de retirer
les annonces après 60 jours. Mais pour l’instant,
aucune amende n’existe.
Dublin, Irlande
En juin 2016, le conseil municipal a contraint les
propriétaires à une demande d’autorisation d’usage
commercial pour des locations de courte durée.
Mais elles sont limitées au quartier du Temple Bar.
Suède
En principe, il n’existe aucune limite. Mais, si vous
possédez un appartement dans une coopérative,
vous avez besoin de l’autorisation du conseil
d’administration. Pour les locataires qui utilisent
Airbnb, ils courent le risque de perdre leur
logement.
New York, USA
Les appartements qui se trouvent dans des
immeubles résidentiels doivent être utilisés
uniquement pour des locations de longue durée.
Les locations de courte durée sont limitées à 30
jours. Il est donc illégal de faire payer des invités
plus de 30 jours.
San-Francisco, USA
La loi plafonne les locations lorsque les
propriétaires sont absents à 90 jours par an. Depuis
juin 2016, Airbnb et les autres platformes peuvent
seulement publier les annonces de propriétaires
enregistrés par la ville sous peine d’une amende de
1 000 $.
Québec, Canada
Depuis avril 2016, les propriétaires qui louent plus
de 31 jours doivent demander une permission de
250 $, avoir au moins une assurance de 2 million
de $ et payer une taxe hôtelière à la nuitée de
3,5%, sous peine d’une amende entre $500 et
$50,00
5
Le logement en Norvège : qu’a-t-il de si spécial ? Les politiciens étrangers, les bureaucrates et les chercheurs continuent de venir en Norvège et à Oslo
en voyage d’étude afin de comprendre comment fonctionne un marché immobilier libre. Et oui, les
amis de la privatisation et des politiques en matière de logement basées sur le marché apprennent
souvent beaucoup de choses sur un marché immobilier qui marche bien. Mais, il existe un revers de
la médaille, dont on ne porte pas souvent attention.
Trois principaux aspects du modèle immobilier
norvégien fascinent les libéraux.
Premièrement, environ 80% des ménages sont
propriétaires. Les dépenses publiques dans le
secteur immobilier sont très faibles, et difficilement
visible. Deuxièmement, le secteur locatif est
principalement privé et déréglementé.
Troisièmement, il est facile d’avoir l’impression
que n’importe qui, à n’importe quel moment et
n’importe où, peut trouver un appartement le jour
même. Malheureusement, la réalité est toute autre.
Qu’y a-t-il de si spécial en Norvège? Après la
seconde guerre mondiale, la Norvège a choisi sa
propre stratégie pour résoudre la pénurie de
logements. En réponse au cynisme et à la
spéculation des propriétaires dans un secteur locatif
pauvre en textes de lois, les parties politiques ont
décidé d’une politique où l’accession serait le
secteur soutenu et mis en avant pour les Norvégiens
– privée ou via des coopératives. Et elles sont
devenues le modèle de logement social qui a
remplacé l’ancien secteur locatif.
Aujourd’hui, grâce à des prêts publics très généreux
et de nombreux autres mécanismes de soutien, en
plus de subventions, un ménage sur cinq est
propriétaire. Les aides fiscales représente environ
6,6 millions d’euros par an. Un petit plus est
possible avec une déduction des intérêts d’emprunt.
Il existe cependant une opposition croissante à cet
extrême favoritisme. Mais comme la plupart des
Norvégiens ont planifié leurs économies selon ce
schéma, il est très difficile pour un quelconque parti
politique d’oser toucher à ces politiques – au moins
tant qu’elles sont en place, ou de remettre en cause
la pouvoir du gouvernement.
Contrairement aux autres pays nordiques, le
marché norvégien est dominé par des petits
propriétaires privés, qui louent une chambre ou un
appartement. Les bailleurs professionnels sont peu
nombreux, et majoritairement à Oslo. Le secteur
locatif public est restreint comparé à d’autres pays
du Nord ou de l’Europe centrale, et réservé aux plus
défavorisés, comme les réfugiés, les prisonniers tout
juste libérés, etc. En d’autres mots, tout ceux qui se
trouvent en queue de peloton dans le secteur locatif
privé.
Le très grand nombre de propriétaires privés
engendre un marché très volatile et vulnérable, où
les fluctuations macroéconomiques peuvent
soudainement faire chuter l’offre de logements. Il y
a eu quelques propositions politiques afin
d’améliorer les garanties de l’occupation,
d’introduire des baux plus longs et plus de contrôle,
mais cela n’a rien donné car les autorités craignent
que de telles mesures ne découragent les
propriétaires à louer.
6
Cela rapporte beaucoup de louer en Norvège et de
nombreuses personnes investissent dans un
logement supplémentaire pour le louer. Selon les
autorités, il existe environ 50 000 logements à Oslo
détenus par des personnes dont l’adresse principale
est différente.
Les locations en Norvège sont de courte durée, et
environ la moitié sont limitées dans le temps,
souvent à trois ans. Si le propriétaire vit dans le
même logement, la durée minimale est d’un an. A
la fin de cette période déterminée, c’est au
propriétaire de décider de renouveler la location, ce
qui du coup, crée une certaine insécurité pour le
locataire.
Acheter – pour combien ? Les prix des logements ont augmenté de manière
continue depuis 1993 avec un léger recul en 2008.
La hausse a été d’environ 15% par an en
2015/2016, et d’environ 10% ces quatre dernières
années. Le prix moyen au mètre carré en 2016 était
d’environ 6 800 euros. Les plus petits appartements
se vendent en général autour de 11 200 euros.
Louer – pour combien?
Le loyer moyen à Oslo, en 2015, était de 1 500
euros par mois. La location la plus commune
concerne un appartement de deux pièces avec une
cuisine et une salle de bain pour environ 1 450
euros. L’électricité, l’eau chaude et le chauffage ne
sont pas compris. Les prix à Bergen et Trondheim
sont 15-20% plus bas qu’à Oslo.
Qui louent?
Les jeunes adultes, les étudiants, qui ne veulent pas
rester vivre chez leurs parents et partagent
généralement de plus grands appartements. Un 5
pièces à Oslo se loue en général 2 700 euros par
mois, ce qui revient moins cher que de louer un
studio d’une pièce. Pour la plupart des jeunes,
partager la cuisine et la salle de bain ne pose aucun
problème, au moins pour un certain temps.
Si vous n’êtes pas étudiant, mais que vous avez de
faibles revenus, vous pouvez demander une aide au
logement, basée uniquement sur les besoins et les
revenus, et même des personnes généralement
considérées comme pauvres n’y ont pas forcément
droit. Et ceux qui ne peuvent trouver moins cher,
plus petit ou plus éloigné du centre dans le secteur
privé, peuvent demander un logement social. Les
loyers y sont plus bas mais avec un prix moyen. Ces
logements sont souvent de qualité plus faible, avec
moins d’entretien et dans des quartiers avec des
problèmes classiques liés à la stigmatisation.
Par Lars Aasen,
directeur exécutif de
Leieboerforeningen, Lbf
Association norvégienne des
locataires
Japon
Augmentation du nombre de
logements locatifs
Au Japon le parc locatif va être supérieur à 400
000 logements pour la première fois depuis 8 ans
en 2016. C’est la conséquence d’un impôt de
succession qui a été mis en place en 2015.
Construire du logement locatif, qui fait baisser la
valeur du terrain, est devenu très populaire
comme moyen de réduire les impôts fonciers à la
mort du propriétaire.
Source: Nikkei Asian Review
France
Plus d’encadrement des loyers
Depuis le 1er février 2017,
l’encadrement des loyers dans le parc privé a été
mis en place à Lille, comme c’est déjà le cas à
Paris. Crée dans le cadre de la loi Alur,
l’encadrement des loyers fixe un plafond limite
lors d’une nouvelle location ou d’un
renouvellement. Le nouveau loyer ne doit pas
dépasser 20% du loyer de référence et ne peut en
être inférieur de 30%. A Paris, une enquête d’une
association de consommateurs a montré que de
nombreux propriétaires ne respectaient pas la loi.
Un an après son introduction, en août 2015,
environ 40% des propriétaires étaient hors-la-loi.
La CLCV a lancé un site appelé Mon loyer trop
cher, pour vérifier leur niveau de loyer.
Source: The Local
Taiwan
Les homosexuels pourraient
bientôt vivre en logement social
In 2015 Taipei a autorisé les
couples de même sexe à enregistrer leur relation
et ils vont franchir un nouveau pas en pouvant
candidater pour un logement social. Un
amendement sera soumis à l’administration locale
pour une approbation finale en mai.
Source: GayStarNews
7
Berlin, la ville des locataires Environ la moitié des ménages allemands
sont locataires. Et même plus en ville,
notamment à Berlin où 85% des habitants
sont locataires. Berlin est la plus grande ville d’Allemagne avec
plus de 3,5 millions d’habitants. Entre 2012 et
2015, la ville a accueilli 175 000 personnes.
Berlin compte 1,89 millions d’appartements, dont
16% en copropriété et 18% détenus par des
bailleurs sociaux. Les 66% restants sont détenus
par des propriétaires privés ou des institutions,
comme Deutche Wohnen ou Vonovia.
Le coût de location moyen par m2 per mois pour
les appartements nouvellement mis en location est
autour de 9€. Cependant dans les immeubles
neufs ou en centre ville, c’est bien plus cher,
entre13 et 17 € par m2.
Même avec le Mietpreisbremse, l’encadrement
des loyers, mis en place en 2015, les loyers
berlinois ont augmenté. Selon cet encadrement,
les propriétaires sont seulement autorisés à relouer
leur appartement à un loyer qui ne dépasse pas
10% du loyer moyen. Ce loyer moyen est calculé
selon le Berlin Mietspiegel, une vue des loyers
payés. Le Mietspiegel est publié chaque année par
l’administration en lien avec les associations de
locataires et de propriétaires. Cependant, le
Mietpreisbremse, littéralement, le « frein au
loyer » n’a pas encore montré les effets
escomptés. Beaucoup de propriétaires ignorent
cette loi ou utilisent ses points faibles. Par
exemple, le plafonnement ne s’applique pas si le
locataire précédent payait un loyer supérieur au
10%. Dans ce cas, le propriétaire n’a pas à baisser
son louer. Selon une enquête de l’association des
locataires de Berlin, en 2016, 74% des offres de
location étaient au dessus de la limite des 10%.
L’augmentation des loyers est principalement due
à la croissance démographique. D’un côté, la
construction de nouveaux logements avancent
doucement. Alors que 30 000 nouveaux
logements seraient nécessaires par an, seulement
11 000 ont été construits et prêts pour être
occupés en 2016. Les nouvelles constructions sont
tournées vers les copropriétés ou les appartements
de luxe. La moitié des habitants de Berlin sont
bénéficiaires d’un logement social par rapport à
leurs revenus. Les six bailleurs municipaux ont
pour objectif la construction de 300 000 à 400 000
logements d’ici à 2020. Cependant, en centre
ville, la pression du marché immobilier est
grande, et la construction est principalement aux
mains des privés. Alors la ville de Berlin a très
peu de chance de trouver des terrains
constructibles à bon prix dans le centre.
Même s’il existe des aides pour la construction de
logement sociaux, les investisseurs privés ne s’y
intéressent guère. Depuis 2014, environ 5 000
appartements ont été construits, exclusivement par
des bailleurs sociaux, avec des loyers entre 6,50 et
7 € du m2.
La protection des appartements loués est une
grande inquiétude à Berlin. Depuis mai 2014, il
est interdit d’utiliser un logement loué pour un
autre motif. Les démolitions, l’utilisation à des
fins commerciales ou à des fins touristiques sont
interdites. Environ 25 000 logements sont utilisés
pour des locations de courte durée à Berlin, via
Airbnb ou d’autres plateformes. Par rapport au
parc total, cela ne représente pas grand chose.
Cepedant, ces appartements sont concentrés dans
trois quartiers du centre ville où la pression sur les
locataires est grande. Dans le futur, il y aura une
plus grande attention sur le développement du
parc social. Il est pirmordial que les investisseurs
privés bâtissent des logements abordables. Le
« frein des loyers » doit être intensifié et la
spéculation combattue. Telles sont
les missions de l’association des
locataires de Berlin.
par Wibke Werner
directeur du Berliner Mieterverein
e.V.
www.berliner-mieterverein.de
8
Catalogne : le besoin d’équilibre dans les locations
L’Espagne est un pays d’Europe de l’ouest avec
le plus haut niveau de propriétaires,
représentant 78% du marché immobilier, selon
les chiffres d’Eurostat en 2015. La crise financière a conduit à l’éclatement de la bulle
immobilière en Espagne et montré qu’un Etat ne peut
se fonder essentiellement sur un seul modèle
d’occupation, par exemple, la propriété, cela ayant
conduit à des faillites et des expulsions.
La Catalogne a choisi deux autres approches pour
résoudre ce problème structurel. D’une part, en
mettant en place de nouvelles manières – abordables
et durables – pour devenir propriétaire. D’autre part,
en offrant une réelle alternative à ceux qui ne
souhaitent pas acheter leur logement en créant un
cadre légal plus équilibré entre les différents statuts
d’occupation.
La première mesure structurelle a été introduite en
2015 de propriété partagée et temporelle. Deux
nouvelles manières d’accéder à un logement qui
combinent les avantages de la propriété et de la
location : accessibilité, stabilité, flexibilité. Ces deux
mesures sont encadrées par le code civil catalan. Le
schéma de propriété partagée catalan permet une
acquisition graduelle mais sans priver l’acheteur de
ses droits (et ses devoirs) d’acheteur lambda.
De plus, si l’acheteur, le propriétaire matériel, acquiert
par exemple 25% d’une propriété partagée, il est en
pratique le propriétaire principal.
Il a le droit de jouissance exclusive et peut librement
faire des travaux. Il doit prendre en charge les
dépenses ordinaires et les taxes.
Le vendeur, appelé le propriétaire formel, a toujours
ses parts pour lesquelles il peut demander au
propriétaire matériel une sorte de loyer. Le droit du
propriétaire matériel de petit à petit augmenter ses
parts jusqu’à 100% ne peut être exclu du contrat.
Par conséquent, la propriété partagée peut être
utile, par exemple, pour les personnes qui souhaitent
partir de chez leurs parents ou louer pour accéder
progressivement à la propriété. Ou comme une
méthode pour éviter les expulsions à cause des
procédures de recouvrement en prenant en compte les
sommes déjà payées.
Avec la propriété temporelle et celle partagée, les
parties ne partagent pas la propriété en même temps.
Ce schéma consiste à acheter pendant une certaine
période (entre 10 et 99 ans pour l’immobilier) et, à la
fin du contrat, la propriété entière revient au vendeur,
vu comme le « propriétaire successif ». La propriété
temporelle contient toue une flopée de droits de la
propriété mais est limitée dans le temps. Ce schéma
est une bonne solution pour les familles qui souhaitent
déménager à cause de leur travail mais ne souhaitent
pas retourner dans cette ville pour leur retraite ; ou de
vendre un logement hérité et de le récupérer quand les
enfants grandissent.
Concernant cette seconde mesure structurelle, le
gouvernement catalan a travaillé jusqu’en juillet 2016
pour élaborer ses principes et mettre en place une
nouvelle loi sur les logements résidentiels. Cette loi,
qui doit être votée fin 2017, encadrera les locations et
permettra un meilleur équilibre entre les intérêts des
locataires et des propriétaires en promouvant
notamment plus de coresponsabilité.
Cet équilibre permet aux ménages de choisir en
prenant en compte leurs ressources et leurs besoins, en
les protégeant d’un endettement excessif et de la
flambée des prix et en leur donnant plus de liberté.
La chaire de l’UNESCO en matière de logement a pris
part dans cette procédure législative concernant les
locations intermédiaires et les principes de
l’occupation résidentielle en Catalogne.
Par Núria Lambea Llop et Rosa Maria Garcia Teruel,
chercheuses à la chaire de l’ UNESCO de Rovira i
Virgili University, Tarragona, Espagne.
9
Le logement social sous pression à Vienna
A l’inverse de beaucoup de grandes
métropoles européennes, le nombre de
locataires à Vienne avoisine les 80%.
Pour que les niveaux de loyers restent
modérés, la mairie est un acteur clé du
marché immobilier.
La ville de Vienne investit régulièrement
dans de nouveaux complexes de logements
sociaux et des coopératives mais aussi dans
l’existant. C’est ainsi que grâce à
l’engagement de la mairie dans les
programmes de logements sociaux, le parc
privé représente seulement 33% des
appartements disponibles. Les associations
de locataires, comme Mietervereinigung
Österreichs (MVÖ), aident à s’assurer de la
bonne application de la loi.
Vienne a une longue histoire en matière de logement social. Il y a plus de 100 ans, l’objectif du logement
municipal était de fournir une habitation confortable aux habitants les plus modestes. La ville détient
aujourd’hui ¼ des logements disponibles en résidence principale. Il existe également un grand nombre de
logements en coopérative, soit environ 200 000. Ces immeubles sont souvent caractérisés par de
nombreuses innovations et attirent les classes moyennes. De plus, l’état de Vienne continue d’investir et de
mettre en place des mesures pour développer l’immobilier et les infrastructures.
Les actions du gouvernement en termes de régulation ont de grandes conséquences sur le marché
immobilier privé. Par rapport à d’autres villes européennes, louer un appartement à Vienne est moins cher.
Les loyers des baux de longue durée dans le secteur privé ont cependant augmenté ces dernières années.
Cela concerne aussi les locataires d’un grand nombre d’appartements dans des immeubles historiques, avec
un système d’encadrement des loyers et des charges. Ces réglementations n’ont pas seulement été mises en
place pour lutter contre la flambée des loyers. Elles font partie de l’agenda politique qui encourage la
mixité sociale dans les différents quartiers de Vienne, et notamment ceux créés au début du 20e siècle.
Mietervereinigung Österreichs est la plus grande association de locataires d’Autriche. Elle défend ses
membres qu’ils habitent en coopérative, logement social ou logement privé. Quand un lobby de
propriétaires privés a essayé de revoir la loi qui encadre les loyers dans les immeubles historiques, de
nombreuses institutions et organisent ont joint leurs forces ; la chambre du travail (Arbeiterkammer Wien),
Gebietsbetreuung (les bureaux résidentiels), Mieterhilfe (RentersHelp) et notre association MVÖ.
Ce récent débat au tribunal fédéral autrichien a montré l’importance de rester unis quand le logement social
est menacé.
Par Mag. Alexandra Rezaei, secrétaire fédérale
Association autrichienne des locataires, Mietervereinigung Österreichs, MVÖ
Alt-Erlaa est l'un des plus grande d'habitations sociaux en Autriche. Il a été construit entre 1973 et 1985, pour les ménages à faible revenu.
10
“En juillet 2016, l’organisation des locataires néerlandais, Woonbond, a manifesté à La Haye contre le “Verhuurderheffing”, la taxe de 2 milliards sur le logement social.”
Les Pays Bas : Les locataires néerlandais manifestent contre la taxe sur le logement social Les élections du 15 mars étaient
particulièrement importantes pour
les locataires de logements sociaux,
qui représentent 30% des
Néerlandais, et les associations qui défendent le logement abordable. Une taxe croissante sur le
logement social est en train de devenir un vrai fardeau pour de nombreux ménages, et la résistance
aussi augmente contre cet impôt annuel d’environ 2 milliards d’euros. Il a pour conséquence la
baisse de l’offre de logements abordables, des hausses des loyers et moins d’investissement, par
exemple dans les économies d’énergie.
La plupart des partis politiques, 28 (!), est contre cette taxe et voudrait l’abolir. Quelques partis
veulent la remplacer par une obligation d’investir dans la construction, les économies d’énergie ou
des baisses de loyers. De nombreuses associations sont également contre : les associations de
travailleurs, les associations environnementales, les groupes de personnes en difficultés, pour les
personnes âgées, etc.
Une déclaration contre cette taxe sur le logement social, soutenue par l’IUT, a été présentée en
février par Woonbond.
Source: Organisation des locataires néerlandais, Woonbond
………………………………………………………………
Le festival du logement social du 13 au 23 juin Pendant dix jours, du 13 au 23 juin, le festival du logement social
accueillera une série d’évènements, d’expositions, de rencontres, de
visites de terrain, d’activités communautaires, etc, à Amsterdam. Amsterdam a une longue tradition de logement social. Environ 45% des habitations appartiennent
au parc social, ce qui est très apprécié des citoyens. En 1901, le Parlement néerlandais a créé la loi
sur le logement. Il a autorisé un certain nombre de collectifs à organiser des projets, et dans tous
les Pays-Bas, de nombreux bailleurs sociaux sont nés. Ils ont développé un grand nombre de
logements abordables et de qualité. Même si le système et les organisations ont évolué depuis,
l’esprit reste le même : fournir aux personnes avec des revenus faibles et moyens, des logements
accessibles. Les municipalités et les locataires ont joué un rôle de partenaires très important.
Le cœur des activités se trouvera à l’Amsterdam School Museum Het Schip qui est une des
icones architecturales de l’école d’Amsterdam, un mouvement qui a fêté ses 100 ans en 2016.
L’école d’Amsterdam, reconnaissable avec ses constructions en briques et sa maçonnerie
complexe, reflète la vision d’inclusion sociale de la ville d’Amsterdam.
Le Festival sera aussi une plateforme de débats dont les deux thèmes principaux seront :
quel sera le visage du logement social du 21e siècle en termes de design et de fonction dans la
société ? et comment le financer et le gérer?
Plus d’information via http://socialhousingfestival.com
11
Russie : tout pour l’accession
Sous l’Union soviétique, les logements étaient
principalement détenus par l’Etat. En zones
urbaines, ils représentaient 79%, voire même 90%
dans les plus grandes villes. La quasi totalité des
habitants étaient locataires, et 7-10% faisaient partie
de coopératives.
Selon l’idéologie socialiste, les loyers et les charges
étaient symboliques et le logement était principalement
subventionné par l’Etat. Les habitants payaient
uniquement 10% du coût réel du logement. Les autres
frais étaient couverts par l’Etat ou la municipalité, mais
cela n’était en général pas suffisant pour subvenir aux
besoins d’entretien. Chaque année, les conditions de vie
empiraient.
Après la chute de l’union soviétique en 1991, les vies de
millions de Russes ont changé, notamment par rapport
au logement. Le passage d’un système paternaliste à un
système basé sur le marché, avec la croissance de la
propriété privée, la baisse drastique des logements
sociaux, le transfert des responsabilités de l’Etat aux
citoyens, a été douloureux. Pour créer un parc privé, une
politique de privatisation libre a été mise en place, qui
autorisait les locataires en place à réclamer la propriété
des biens qu’ils occupaient gratuitement.
Cet objectif implicite de privatisation de l’immobilier
était de transférer la responsabilité de l’entretien des
biens par les habitants. Au début de la privatisation,
personne n’était vraiment intéressé, du fait notamment
du manque de compréhension des privilèges liés à la
propriété, et aussi du très mauvais état des logements.
Mais après des grandes campagnes de propagande,
l’image de la propriété est devenue bien plus attractive.
Et après 20 ans, la Russie est devenue un pays de
propriétaires pauvres qui ne peuvent payer l’entretien et
les taxes.
Environ 85% du parc en ville est privé aujourd’hui et les
propriétaires doivent en prendre soin et payer pour son
entretien et sa gérance. L’année dernière, les coûte
d’entretien ont doublé, ce qui a été une réelle surprise
pour les habitants. Ils attendent encore que l’Etat paie.
Une Fondation Spéciale pour les principales réparations
du parc locatif a été créée mais quelques temps plus tard,
il a été annoncé que tous les habitants en zones urbaines
devraient payer eux-mêmes pour les réparations.
Le développement de la libre privatisation des logements
a eu lieu cinq fois ces dix dernières années. Aujourd’hui,
nous n’avons aucune date de fin pour la privatisation,
étant donné que la période de privatisation « gratuite »
des logements en Russie (qui expire au 1er mars 2017,
sous la législation actuelle) a été prolongée pour une
durée indéterminée.
Selon les projets du ministre russe du logement, le
logement locatif représentera 7% des nouvelles
constructions – un très faible nombre. Cela signifie que
les attentes pour un quelconque soutien municipal en
matière de logement locatif sont vaines. Personne ne
veut investir dans des projets locatifs sur le long terme,
privés comme publics. Selon les données statistiques de
l’Etat, seulement 131 000 m2 de logements locatifs ont
été construits en 2015. Les investisseurs privés ont
seulement construit entre un à cinq immeubles de 50 à
100 appartements. Le parc social pour les travailleurs
municipaux est aussi débattu et ils ont aussi un statut
expérimental.
Notre « marché noir de la location » est en
augmentation, car de nombreuses familles ont des
« résidences secondaires », souvent plus petites, à la
campagne, et louent leur appartement en ville. Cela leur
fait une source continue de revenus tout en essayant
d’éviter de payer des impôts.
Malheureusement, nous n’y voyons rien de positif et les
projets de construction, sauf ceux à destination des
étudiants, sont globalement faibles et expérimentaux.
par Prof. Elena Shomina,
Association russe deslocataires
12
Australie : les locataires crient au changement Pour les locataires, le marché immobilier
australien semble sinistre. Le grand rêve
australien de la propriété s’est envolé et les lois
n’ont pas réussi à garantir la sécurité
d’occupation des locataires.
Les lois en matière de location ne sont pas
adaptées. Elles sont fixées par les huit
gouvernements locaux et peu importe où vous
louez, la sécurité d’occupation n’est pas garantie.
Ces lois datent des années 1960 et n’ont pas
vraiment changé depuis. A cette date, la location
était un stade transitoire, entre le domicile familial
et l’accession à la propriété. Le marché locatif
privé est aujourd’hui occupé par des personnes aux
revenus faibles et moyens, qui ne sont pas éligibles
au logement social.
1/3 des ménages australiens louent ; 50% des
personnes dans le secteur privé louent depuis plus
de 10 ans. Environ 35% d’entre eux ont des
difficultés pour se maintenir dans leur logement.
Dans chaque juridiction, on peut mettre fin aux
baux sans aucune raison. Ils sont généralement de
6 ou 12 mois et beaucoup de locataires ont peur de
faire valoir leurs droits en demandant par exemples
des travaux sous peine de se voir demander de
partir. Cette situation autorise des expulsions pour
un grand nombre de problèmes de représailles ou
de discriminations. Cela crée un énorme
déséquilibre. Les lois offrent également peu de
protection contre les hausses excessives des loyers
et restrictions d’occupation du logement, comme la
possibilité d’avoir des animaux domestiques chez
soi.
Les locataires crient au changement! Ce
sentiment de peur et d’insécurité a été mis en
évidence dans un rapport du groupe de
consommateurs Choice, le foyer national et les
organisations nationales de défense des locataires,
en février. Il résume les expériences de 1 000
locataires à travers le pays. Il a eu beaucoup d’écho
auprès des locataires et couvert par la presse
nationale. Le hastag
#RentinOz a eu beaucoup de succès le jour de
publication du rapport, et relatait les situations de
logements insalubres, de demandes déraisonnables
et d’expulsions. Les défenseurs des locataires
espèrent mettre fin aux expulsions telles qu’elles
sont pratiquées actuellement. Cela permettrait
d’améliorer les problèmes de logement des
locataires tout en ayant un impact financier
minimal sur les gouvernements.
Les nombreuses aides fiscales ont favorisé la
spéculation. Les investisseurs ont emprunté de
l’argent, en achetant une maison ou un appartement
pour le louer, mais en cas de faillite, elle peut être
déductible. Environ 1 contribuable sur 6 investit et
75% sont mal gérés.
Les primo-accédants sont en compétition avec les
investisseurs, qui achètent largement dans le bâti
existant plutôt que d’investir dans de nouveaux
logements.
La charge logement a augmenté de 23% en
moyenne ces cinq dernières années, encore plus
dans les grandes villes (30%) et 55% à Sydney !
Michael Sukkar, député, Assistant du trésorier pour
le logement social, a déclaré « que de décrocher un
logement bien payé » est une première étape pour
accéder à la propriété. Il a ensuite annoncé que
l’accessibilité pour un logement dans le social,
dans le privé ou en accession serait au cœur du
budget fédéral. Il a aussi annoncé développer un
modèle de financement du logement abordable
similaire à celui du Royaume-Uni.
Par Penny Carr, Directire de Tenants Queensland
http://tenantsqld.org.au
13
Ecosse : les droits en matière de
logement en pratique
Les locataires d’Edimbourg se basent sur les
droits de l’homme pour améliorer les conditions
de vie, en liant les indicateurs locaux mis en
place par les locataires aux standards
internationaux en matière de droits de l’homme.
Lors de la célébration écossaise de la journée
internationale des droits de l’homme au Parlement
écossais en décembre 2016, les locataires
d’Edimbourg ont été au cœur du débat en parlant de
droits de l’homme dans le logement. Heather Ford, un
locataire de West Cromwell, Citadel et Persevere
Courts, a introduit un film dans lequel les habitants
parlent de leurs conditions de vie et de leur combat
pour garantir leur droit à un logement décent. Le film
a marqué les esprits. Il montre comment de très
mauvaises conditions de logement ont des
conséquences globales sur la santé, le bien-être et
l’estime de soi. Le film est disponible sur
www.edinburghtenants.org.uk
Il n’était pas très commun lors de ce genre
d’événement sur les droits de l’homme que le
logement soit mis en avant. On ne parle généralement
pas de logement en termes de droits de l’homme dans
le secteur social en Ecosse.
Le projet des droits de l’homme en pratique fait
partie du plan national d’action écossais (SNAP) sur
les droits de l’homme, en collaboration entre la
fédération des locataires d’Edimbourg (ETF), la
commission écossaise des droits de l’homme (SHRC)
et la participation et la pratique des droits (PPR) à
Belfast. Le projet vise à rendre réels les droits de
l’homme au sein même des logements. Il cherche à ce
que les habitants s’impliquent, augmentent leur
participation et améliorent leurs conditions de vie.
Judith Robertson, présidente du SHRC, déclaré,
“quand il parlait de déclaration universelle des droits
de l’homme, Eleanor Roosevelt insistait sur le fait que
les droits de l’homme devaient avoir un sens dans les
petits espaces, proche de la maison. Ce projet montre
comment le travail du SNAP se base sur les standards
internationaux et soutient les habitants pour qu’ils les
mettent en oeuvre dans leur quotidien, par le biais du
droit au logement. »
Ces 18 derniers mois, les habitants ont fait des
recherches sur la participation, réalisé une enquête
dans leurs quartiers de 182 logements, et trouvé que
plus de la moitié des personnes vivent dans des
conditions de logement indécentes : humidité,
problèmes de chauffage, fuites, cuisine non équipée,
etc.
Ces découvertes ont poussé les habitants à en
apprendre plus sur leurs droits. Selon la convention
internationale des droits de l’homme sur les droits
économiques, sociaux et culturels, « chacun a le droit
à des conditions de vie décentes, notamment pour son
logement ». Le groupe a fixé des priorités d’action et
de indicateurs d’amélioration, basés sur les standards
des droits de l’homme internationaux qui ont été
présentés en juin 2016.
Depuis, des rencontres régulières ont lieu, avec un
planning de travaux concernant les difficultés des
locataires comme de nouveaux systèmes de chauffage,
de nouvelles fenêtres, cuisines, salles de bain, etc. Un
engagement à l’attention des problèmes des locataires
devrait voir le jour à la fin 2017.
Le fait de se baser explicitement sur les droits de
l’homme pour aller vers la participation des locataires
est une manière qu’on trouvait les locataires pour
sensibiliser les propriétaires à leurs conditions de
logement et au processus participatif.
Les locataires ne sont pas seulement des porte-
monnaie – ils ont des droits.
Et ce changement de penser – avec la participation des
locataires au cœur des préoccupations, transforme les
locataires de simples utilisateurs ou consommateurs
en détenteurs de droits. Il peut également transformer
les autorités et les bailleurs sociaux, car il met
réellement les personnes au cœur du changement et
améliore les services.
Pour plus d’information www.snaprights.info
Par Clare MacGillivray, coordinatrice du
développement, fédération des locataires
d’Edimbourg.
14
Paris lutte contre les résidences secondaires
avec une nouvelle taxe
Paris a été confrontée à une hausse dramatique
des loyers ces dernières décennies. Il y a 20 ans,
les prix parisiens étaient 1/3 inférieurs à ce qu’ils
sont aujourd’hui. Par conséquent, il est devenu
très difficile pour les classes moyennes et les
ouvrières de vivre à l’intérieur du périphérique.
Le centre de Paris est devenu inaccessible pour
beaucoup. Certains quartiers sont plus fréquentés par
les touristes, et c’est aussi un lieu idéal pour les
investisseurs qui transforment des copropriétés
familiales en résidences secondaires. Ce phénomène a
explosé ces dernières années, ce qui a retiré du marché
un grand nombre de biens en location.
Le meilleur exemple est celui du Marais. Ce quartier
médiéval est situé dans les 3e et 4e arrondissements.
Jusque dans les années 1970, il était plein de
commerçants de vêtements et d’ateliers. Aujourd’hui,
c’est un temple de magasins de luxe et de cafés. Une
étude a montré qu’il y a plus de résidences
secondaires que de logements réellement occupés
dans le Marais. Cette situation, bien entendu, nourrit
la spéculation, fait augmenter les prix à la location et à
la vente, et jette les travailleurs en dehors de la ville.
La taxe sur les résidences secondaires va être triplée,
l’objectif pour la mairie étant de lutter contre ce
phénomène croissant. La mairie justifie cette décision
en soulignant qu’entre 1999 and 2014, le nombre de
logements utilisés par les touristes a augmenté de
43%. L’objectif est de créer une plus grande incitation
La nouvelle taxe sur les logements vacants a aussi été
débattue récemment. De nombreuses ONG locales et
les associations de locataires ont rappelé que de
grands investisseurs, comme les banques, gardent
leurs immeubles vident pour spéculer. Cependant, rien
n’a encore été adopté par le conseil de Paris pour
lutter contre.
Il est possible que ces mesures fiscales ne suffisent
pas à faire de nouveau de Paris un lieu d’accueil pour
les classes moyennes et ouvrières. Depuis 2015,
l’encadrement des loyers a été mis en place. Mais il
semble qu’il ne soit pas très efficace. Une récente
étude a monté qu’un en après sa mise en place,
presque un logement sur deux mis sur le marché ne
respectait pas la loi. Cependant, il n’y a aucun
contrôle, seul le locataire peut poursuivre le
propriétaire s’il paie un loyer trop élevé. En réalité, le
mécanisme est complexe et cher pour de nombreux
locataires. Une autre voie est d’investir dans le
logement social. Sur ce champ, la ville de Paris a fait
de grands efforts ces dernières années, notamment
dans les zones aisées. Mais au niveau national, le
gouvernement coupe les subventions, empêchant les
bailleurs sociaux de
construire plus.
Par Antoine Salles,
Confédération
Nationale du Logement, CNL
15
EU
Les coûts du logement
augmentent en Europe.
En 2015, les ménages européens
ont consacré 25% de leurs dépenses globales n
matière de logement, eau, électricité, gaz et autres
énergies. Cela représente une dépense totale
d’environ 2 000 milliards d’euros (13,4% du PIB
européen) et représente la dépense la plus
importante des ménages européens. Elle est passée
de 22,5% en 2005 à 24,4% en 2015.
La charge logement est la plus importante au
Danemark (29%) en en Finlande (28%), en France
(26%) et Suède (26%). Les dépenses sont les plus
faibles à Malte (10%) en Lituanie (16%) et à
Chypre (17%)
Pour en savoir plus via:
www.iut.nu/EU/Eurostat_Nov29_16.pdf
Nouvelle Zélande
L’augmentation des coûts du
logement En 2013, 65 % des ménages étaient propriétaires,
une baisse par rapport aux 67 % en 2006, selon
Statistics New Zealand
Les coûts du logement continue d’augmenter en
Nouvelle Zélande, dont la plus grande ville,
Auckland, a le quatrième marché immobilier le
moins abordable parmi les 92 plus grandes villes
des 9 pays de l’ouest selon la dernière enquête
Demographia , de janvier 2017. Seuls Hong Kong,
Sydney and Vancouver étaient devant Auckland.
C’est la réalité de centaines de personnes qui
dorment dans des voitures, des garages ou dehors.
Un temps, le gouvernement, Housing New
Zealand, est venu en aide à ceux qui avaient
besoin d’un logement abordable mais aujourd’hui,
il continue de privatiser les logements et de
nombreux autres sont démolis.
Source: Association des locataires de Manawatu,
Nouvelle Zélande
Portugal Le marché locatif portugais connaît
une grave pénurie en termes de
qualité et de quantité avec des prix trop élevés
pour les classes moyennes. Les gouvernements
successifs ont ignoré les mesures pour dynamiser
le marché locatif avec une offre diversifiée et
compatible avec les ressources des ménages, et
réduit les droits des locataires. A partir des années
1980, les gouvernements ont encouragé la
propriété avec des facilités d’emprunt pour l’achat
immobilier. Cette politique a eu pour conséquence
un taux élevé de 75% de propriétaires, par rapport
aux 40 à 50 % habituels des autres pays européens
mais avec des revenus bien plus élevés. Plus
récemment, le développement des locations
touristiques de courte durée a conduit à un
transfert des locations de longue durée vers les
courtes et augmenté la gentrification.
AIL a demandé la baisse des taxes sur la propriété
locative afin d’augmenter la construction et rendre
les loyers abordables.
Source: Associação dos Inquilinos Lisbonenses,
AIL
Irlande
Le gouvernement irlandais a étendu
le projet national de paiement par
l’Etat des travaux de rénovation du parc privé si
celui-ci est occupé par des locataires du parc
social. Plus de 90 000 personnes sont en attente
d’un logement social en Irlande – dont 45 000 à
Dublin. La banque européenne d’investissement a
confirmé son soutien pour ce nouvel
investissement pour le logement social en Irlande
avec un total de 405 millions d’euros qui
permettront la construction et l’amélioration de
centaines de logements. 1 400 nouvelles
habitations seront construites et 700 rénovées.
Sources: EIB et The Independent
OCDE
Nouvelle base de données sur le
logement abordable
Le base de données sur le logement social a été
développée afin d’aider les pays à surveiller
l’accessibilité au logement abordable et renforcer
la connaissance fondamentale pour l’évaluation
des politiques. Il regroupe des informations
transnationales des membres de l’OCDE et de
l’UE.
Découvrez la base de données via:
www.oecd.org/social/affordable-housing-
database.htm
Etats-Unis, NY
Les ménages new-yorkais
consacrent 2/3 de leurs revenus
au logement
La hausse des loyers continue de dépasser celle
des revenus, ce qui signifie que les habitants
consacrent toujours plus de leurs ressources pour
leur logement. En 2016, le ménage lambda qui
louait en ville dépensait 65,2 % - ou environ 2/3
— de ses revenus à son loyer. Cela a atteint 59,7
% en 2015, selon un rapport de StreetEasy.
L’estimation médiane du loyer pour 2016 était de
$3,054 et celle du revenu médian $56,244. En
d’autres termes, une personne qui gagne $3,000
dépensenra $36,600 de loyer.
Source: NBC New York
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