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Réseaux sociaux de l’individu et du collectif

1

Emmanuel LazegaSociologie, Dauphine

Pour les références mentionnées oralement dans ce cours, voir les publications disponibles dans:

http://www.elazega.fr

CNAM et Rouen, SES, 17 juin 2011

Première partie

2

Vocabulaire, théorie et méthode

Des micro -sociologies relationnelles

• Simmel, les formes, dyades et cercles sociaux

• Moreno utilise des sociomatrices et des sociogrammes.sociogrammes.

• L’interactionnisme symbolique (Mead, Blumer, Stryker)

• Goffman• L’ethnométhodologie• La psychologie sociale

(Katz, Sherif, etc.)3

Rattlers vs Eagles (Sherif, 1961)

4

Concepts élémentaires de sociologie néo-structurale

• Interdépendances de ressources et d’engagements. Elles sont très vite ‘organisées’.

• Relations: canaux de circulation de ressources et engagements, indicateurs des interdépendances

• ‘Gestion’ des interdépendances (--> ‘néo-’):- Observation des relations - Investissements relationnels

5

- Investissements relationnels- Manipulations de relations

• ‘Structures relationnelles’: régularités dans les flux de ressources et engagements stables.

• Représentation de systèmes d’échanges sociaux.

• ‘Réseau social’ comme artefact de méthode : pour la représentation et l’étude de ces structures (des nœuds et des arcs représentant des acteurs et des interactions entre eux).

Concepts plus complexesde la sociologie néo-structurale I

• La gestion des interdépendances par des investissements / désinvestissements relationnels: le capital relationnel de l’individu.

• Un acteur qui gère ces interdépendances de ressources est capable de les observer, d’endogénéiser la structure et de politiser ses

6

d’endogénéiser la structure et de politiser ses échanges :

- de façon universaliste (penser au collectif, à l’intérêt général et aux satisfactions dérivées)

- de façon particulariste (niches sociales, concurrence de statuts, notamment).

• Enjeu: relations de pouvoir (p.ex. pour échapper à des mises en concurrence ouverte, pour mettre les autres en concurrence ouverte, etc.).

Concepts plus complexesde la sociologie néo-structurale II

• Cette politisation des échanges crée une discipline sociale complexe, dont la mise en œuvre par les acteurs (qui la reconnaissent légitime) passe par des négociations et des conventions.

• Cette discipline sociale se lit dans les processus sociaux classiques pour le sociologue : solidarités,

7

sociaux classiques pour le sociologue : solidarités, contrôles, régulations, socialisations, etc. montrant comment les acteurs gèrent les dilemmes de l’action collective.

• Processus sociaux = capital social des collectifs.

• Le déclenchement des processus est opéré par les investissements relationnels des individus.

• Le travail de l’analyse de réseaux sociaux est la modélisation de ces investissements, structures et processus.

Pourquoi modéliser ces processus ?

• Quelles nouvelles coordinations complexes pour résoudre les dilemmes de l’action collective?

• Echelles intra- et inter-organisationnelles:

8

• Echelles intra- et inter-organisationnelles:– Formes d’organisation des marchés?

– Bureaucratie ou collégialité?

• Coopération entre concurrents: l’exemple du capitalisme oligopolisitique, etc.

• La connaissance de l’articulation entre conflits et d’interdépendances complexes.

Quelles relations méso -macro?• Classes sociales mesurées par réseaux sociaux.• L’importance du niveau méso-social.• Inégalités sociales, organisations et

accaparements d’opportunités: une vision organisationnelle des mécanismes producteurs organisationnelle des mécanismes producteurs d’inégalités et de stratification (Tilly).

• Comment les acteurs de niveau méso ‘construisent’ leur niveau macro: organisation, régulation et institutionnalisation.

• Oppositions, interdépendances et dynamiques des structures multiniveaux.

9

Méthodologie descriptive pour visualiser et analyser un

système d’interdépendances

• Les interdépendances peuvent être représentées par des graphes.

• Les graphes deviennent

10

• Les graphes deviennent très vite complexes.

• Il faut une méthode systématique pour y retrouver structure et mesurer ses effets.

• L’analyse de réseaux sociaux

L’analyse de réseaux sociaux et organisationnels:

La méthode d’exploration

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Une algèbre relationelle qui permet mesureset modélisations

Harrison White, Scott Boorman, Ronald Breiger et (1972, 1976) proposent des mesures de l’équivalence structurale (blockmodels, proposent des mesures de l’équivalence structurale (blockmodels, etc) et des extensions devenues classiques, dont la statistique des réseaux (Philippa Pattison, Tom Snijders, Stan Wasserman, & al.).

Nomenclature des sous-structures élémentairesMéthode confirmatoire, approche stochastique

j

i k

j

i k

j

i k

j

i k

j

i k

a_15τ ba,_14τ ba,_13τ ba,_12τ ba,_11τ

cb,a,_10τ cb,a,_9τ cb,a,_8τ cb,a,_7τ dc,b,a,_6τ

a a a aa

b

bbb

Décomposition d’un réseau en sous-structures

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j

i k

j

i k

j

j k

j

i k

j

i k

j

i k

j

i k

j

i k

j

i k

j

i k

dc,b,a,_5τ dc,b,a,_4τ dc,b,a,_3τ ed,c,b,a,_2τ fe,d,c,b,a,_1τ

a a a a a

a a a a a

b b

b b

b

b b b b b

c ccc

c

d d d

c c

d

c c c dd

eef

Les symboles a, b, c, d, e et f renvoient à tout lien uniplexe ou multiplexe.Les symboles i, j et k représentent trois acteurs pris au hasard avec i ≠≠≠≠ j ≠≠≠≠ k.

Les données pour les analyses de réseaux

• Données « Amont » : caractéristiques des acteurs.

• Relations :

– Archives

Exemples familiers de réseaux d’affiliation: individus et associations volontaires; individus et mobilisations de mouvements sociaux; entreprises

14

– Archives

– Annuaires

– Observations

– Questionnaires sociométriques

– Combinaisons des sources.

• Données « Aval » : performances, opinions, comportements des acteurs.

de mouvements sociaux; entreprises et alliances stratégiques; nations signataires de traités militaires.

Cartographie du réseauExemple: Un réseau de collaboration

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Le même réseau de collaboration

16

Le même réseau de collaboration

17

Encore le même réseau de collaboration

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Le système d’échange de la même organisation

19

Le même système d’échange

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Le système d’interdépendances

sociales comme ressource

21

sociales comme ressource pour l’individu

Le réseau comme ressource pour l’individu : le capital

relationnel

• Tout le monde dispose d’un réseau de relations

• Tout le monde utilise parfois son réseau comme ressource

22

comme ressource

• Comment mesurer la valeur d’un réseau pour l’individu ?

• Est-il vrai que plus j’ai de relations, plus mon réseau est rentable ?

Aux Etats-Unis, l’analyse de

réseaux a été beaucoup

utilisée pour mesurer les

retours sur investissements

2323

retours sur investissements

relationnels d’Ego en termes

de performance individuelle

et de succès personnels

Granovetter et « la force des liens faibles »

• Lien fort :

- fréquence des contacts,

- intensité émotionnelle,

- entraide.

Impossible d'afficher l'image. Votre ordinateur manque peut-être de mémoire pour ouvrir l'image ou l'image est endommagée. Redémarrez l'ordinateur, puis ouvrez à nouveau le fichier. Si le x rouge est toujours affiché, vous devrez peut-être supprimer l'image avant de la réinsérer.

24

- entraide.

• Les liens forts tendent à être transitifs, ils forment des groupes denses dont les membres partagent les mêmes ressources.

Le paradoxe de l’encastrement (Uzzi)

Dans un contexte de changements rapides:

• L’encastrement social des relations favorisent la confiance, la coordination et le transfert d’information. Il permet de

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le transfert d’information. Il permet de faire gagner du temps aux acteurs.

• Mais: les relations désencastrées améliorent la capacité d’adaptation; la situation d’intermédiaire favorise la capacité d’innovation.

Nan Lin et la carte sociale du réseau

La qualité d’un réseau personnel dépend :

• du statut social des

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• du statut social des personnes qui le composent

• des ressources dont ils disposent

• de leur disposition vis à vis de la demande

Ronald Burt et l’autonomie• La théorie s’applique aux contextes dans lesquels les individus sont en concurrence.

• Un individu est d’autant plus autonome que ceux auxquels il est relié ne sont pas liés entre eux, ni structuralement équivalents.

• Deux raisons pour cela :– l’information obtenue à travers eux n’est pas

redondante

27

redondante

– il reste maître du jeu

• Plus on a de trous structuraux, plus la performance est élevée (pour les acteurs reconnus comme légitimes et dominants).

• Les acteurs dominés forcés d’ ‘emprunter’ le réseau de mentors, de protecteurs, d’utiliser le réseau d’autrui (source de clientélisme).

• Généralisation de la notion d’emprunt: la valeur des réseaux des ‘voisins’ pour le développement de mon propre réseau.

Impossible d'afficher l'image. Votre ordinateur manque peut-être de mémoire pour ouvrir l'image ou l'image est endommagée. Redémarrez l'ordinateur, puis ouvrez à nouveau le fichier. Si le x rouge est toujours affiché, vous devrez peut-être supprimer l'image avant de la réinsérer.

Mon réseau est-il contraignant ? Ronald Burt, Structural Holes, Optimisation du réseau

Burt montre que, dans une grande entreprise, les

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entreprise, les cadres qui ont le plus faible degré de contrainte ont les carrières les plus rapides.

• Par « attachement préférentiel » : – Se lier à des personnes déjà centrales– Les nœuds centraux de plus en plus centraux – Exemple classique: Internet => Si vous voulez que

des personnes visitent votre site, il faut le relier à un site déjà très visité.

• Par « transitivité » :

Comment le capital relationnel s’“accroît”

• Par « transitivité » : – On suit les réseaux des « voisins » (en termes de

graphes): Jean-Louis connait Marie, Marie connait Nathalie, Jean-Louis rencontre Nathalie.

• Par « homophilie » :– Tendance à établir des relations avec des personnes

qui nous ressemblent (caractéristiques socio-démographiques et comportements). 29

Moody, James 30

31

Pourquoi le développementdu “social networking” ?

• Marchés du travail flexibilisés qui demandent à l’individu de devenir plus « entrepreneur ».

• Mise en concurrence de plus en plus ouverte au fur et à mesure qu’on descend dans la hiérarchie sociale.

• Les grands employeurs sont des organisations qui diminuent • Les grands employeurs sont des organisations qui diminuent le nb de leurs niveaux hiérarchiques et qui demandent de plus en plus à leurs salariés de devenir plus « intrapreneur », de faire preuve d’initiative, d’auto-discipline. => Se coordonner avec beaucoup de monde, y compris avec des concurrents.

• Ces formes de capital social ne sont pas ‘actionnables’ mécaniquement

32

Gérer son réseau, connaître son capital relationnel, le développer (par le virtuel?),

‘optimiser’ son rendement ?

• Tendance de fond : Beaucoup se mettent à pianoter tous les soirs, au travail, etc.

• Etre capable de percevoir ses propres interdépendances, de les gérer: – Un réseau dense, contraignant, relativement pas cher (en temps, en

énergie) à entretenir.– Un réseau peu dense, moins contraignant, mais relativement plus cher

(en temps, en énergie) à entretenir.

• Narcissiquement satisfaisant (côté ‘self branding’ de la présence en ligne; mise en scène de soi avec photos).

• Acquisition progressive de compétences que le fonctionnement du marché du travail flexibilisé demande de plus en plus.

33

Le réseau Facebook d’un/e étudiant/e

Chaque point représente un « ami » et chaque ligne un lien entre ses «amis». lien entre ses «amis».

Il y a 295personnes et 1167liens.

Réseau personnel de taille moyenne, peu dense.

MOI, étudiant /e

34

Les sous-réseaux denses

On peut observer trois sous-réseaux très denses dans cette roue, chacune représente une partie de sa vie.

1. Ses vieux amis et sa famille. 1. Ses vieux amis et sa famille.

2. Son entourage à la fac (toutes les personnes de sa classe ont une roue Facebook).

3. Les collègues de travail de l’hôtel où il a travaillé l’été dernier en Espagne.

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La force des liens faibles

31personnes sans aucun lien avec d’autres. Ce sont des ‘liens faibles’.

Ce sont des personnes rencontrées à l’étranger, des anciens camarades de classe, etc.

Elles sont très intéressantes pour lui parce qu’elles représentent de ‘nouvelles opportunités’. Il a eu son dernier job en Espagne grâce à l’une d’elles.

« J’ai mis en relation un ami avec un comptable qui l’a aidé à trouver un job. J’ai été un pont entre eux ».

« Chaque fois que c’est intéressant j’essaie d’être un pont entre mes amis ».

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On enseigne aux jeunes que les intermédiaires s’en sortent

toujours mieux, et les intermédiaires vivent de liens faibles

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Les liens faiblesLa création d’une ‘intimité digitale’?

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Les liens faibles dans les milieux professionnels

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Avocats en colèreLes liens faibles dans la vie associative

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‘Les Français appellent les grévistes à tenir bon contre le gouvernement’

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‘Les Français appellent le gouvernement à tenir bon contre les grèves’

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‘Il faut boire avec modération, mais c’est qui modération’ (250k membres)

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Pour aller plus loin dans l’étude du système d’interdépendances comme

ressource pour l’individu, il faut affiner la définition des relations

• Les relations sont des histoires, elles naissent et meurent, évoluent, se transforment.

44

transforment.

• Les relations sont complexes. Elles peuvent combiner des préoccupations identitaires, affinitaires, de distinction, de rôles sociaux précodés ou émergents, etc.

Il faut aussi comprendre une forme de rationalité sociale des

individus

Retour sur la notion de discipline et d’auto-discipline sociale.

Identification à deux niveaux :

45

Identification à deux niveaux :

- Auto-restriction par l’individu du comportement opportuniste (niches sociales et formes du statut social).

- Le capital social du collectif : processus sociauxfondamentaux (apprentissage, solidarité, contrôle social, régulation, etc.) facilités par les niches et le statut.

Les niches sociales

• Définition: sous-ensemble d’individus dans le réseau qui suspendent temporairement entre eux le comportement opportuniste (« on est entre soi »).

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(« on est entre soi »).

• Mesurées par l’équivalence structurale.

• Donnent accès à des relations multifonctionnelles, multiplexes, inspirant « confiance », établissant une solidarité limitée mais contraignante.

• Relations homophiles.

Visualisation du système des niches sociales dans une organisation knowledge intensive

• Carte des positions « multiplexes », multifonctionnelles dans cette organisation.

47

organisation.

• Presque chaque membre fait partie d’une niche sociale ; ceux qui en sont exclus ont un problème.

Accès aux ressources par l’échange social et la réciprocité

Restreint :

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Généralisé :

Notions de C.Lévi-Strauss

Le statut social

• Définition: « importance » de l’individu dans un réseau, ou dans plusieurs réseaux à la fois, du collectif.

• Mesuré, entre autres, par différentes

49

• Mesuré, entre autres, par différentes formes de centralité.

• Donne accès à des mandats de représentant du collectif, au contrôle des ressources, à l’autorité, à la capacité de définir les termes des échanges sociaux.

Groucho’s law:« I will never belong to a club that would have me as a member »

5050

Structure noyau-périphérie dans le réseau de conseil dans une organisation.

La centralité, le

Visualisation d’une forme de statut social

51

La centralité, le statut et l’autorité épistémiques des conseillers universels leur donne une grande influence personnelle.

Une forme d’utilité sociale des niches sociales et de la concurrence de statut

Ils facilitent les processus sociaux (qui rendent possibles la coopération entre concurrents, qui constituent le capital social du collectif organisé) :

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social du collectif organisé) :– Solidarités limitées : les niches sociales.– Contrôle social au sein des niches et grâce à des f ormes de

statut spécifiques.– Régulation sociale grâce à la non congruence des fo rmes

de statut social.– Apprentissages grâce à l’autorité et au statut épis témique.

Le système d’interdépendances

sociales comme ressource pour le collectif

53

Ronald Breiger (1974)

Dualité des personnes et des groupes. Réseaux dérivés des liens d’affiliation (en particulier).

Les systèmes d’interdépendances comme ressource pour le collectif: une

autre dimension du capital social

• Toute organisation peut être examinée comme un ensemble de réseaux de relations

• L’organisation compte sur ses réseaux comme sur des ressources intangibles.

54

des ressources intangibles.

• Comment mesurer la valeur d’un réseau pour l’organisation ?

• Exemple d’avantages de cette mise en commun des réseaux: faciliter l’apprentissage collectif. Certaines méthodes de travail ne sont utiles que si elles sont utilisées par l’ensemble de l’organisation ou du milieu.

La plupart des organisations peuvent être vues comme des réseaux et sous -réseaux

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Sociologie néo -structurale des marchés et des organisations(Pour une synthèse, voir liste de publications, 200 2, 2009)

• Exemples– Les conseils d’administration (Domhoff) – Les conseils d’administration (Domhoff) – Liens interlocks, liens capitalistiques et

‘domaines de marché’ (Berkowitz)– Les liens entre politiciens, lobbyistes et

business (Galaskiewicz, Laumann, Knoke) – Les marchés (White, Baker, Burt, Uzzi,

Delarre, Comet, Eloire, Penalva, etc.)

Les organisations utilisent de plus en plus les réseaux pour …

• Recruter , surveiller les employés, iidentifier les leaders d’opinions, les recruter, convertir, utiliser; essayer de changer les comportements (‘community managers’).

• Empêcher de rendre publiques des informations privées (les siennes propres, celles d’autrui): tout est accessible (les siennes propres, celles d’autrui): tout est accessible sur internet.

• Assurer une présence en ligne (recrutements, visibilité, accès direct aux clients, aux usagers).

• Gérer le droit à l’image, la réputation, les préjudices moraux.

• Une nouvelle forme de ‘discipline sociale’ . • Nouvelles contraintes, risques et incertitudes.

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BIG BROTHER ?Les badges sociométriques

• Dangers associés à la gestion ‘rationalisée’ du capital social:

• Conformisme

• Exclusion

• Invasion

• Fermeture

• Remise en question des libertés individuelles (au travail, sur internet, etc.).58

Exemples d’applications en santé publique (Tom Valente )

• Transmission du SIDA ou MST par contact sexuel.

• Tabac, alcool & autres drogues

• Obésité & activités• Obésité & activitésphysiques

• Assistance sociale• Comportement des

médecins• Programmes de

sensibilisation et de préventionRéseau de “partenaires sexuels”

Colorado Springs, Rothenberg et al., 199859

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Les réseaux sociaux influencent le comportement

Amitié entre élèves & cigaretteRisque élevé

Risque faible

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Retour sur la notion de discipline sociale et sa mesure par

l’analyse de réseaux sociaux

Identification à deux niveaux :

–Auto-restriction par l’individu du comportement opportuniste (à nouveau

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comportement opportuniste (à nouveau formes de niche sociale et de statut social).

– Le capital social du collectif : processus sociaux fondamentaux (apprentissage, solidarité, contrôle social, régulation, etc.) facilités par les niches et le statut.

Les niches sociales comme élément du capital social du collectif

• Carte des positions « multiplexes », multifonctionnel-les chez Sue,

62

les chez Sue, Grabbit & Run.

• Les niches permettent aux concurrents de coopérer dans ce système « collégial »

Structure noyau-périphérie dans le réseau de conseil chez Sue, Grabbit & Run.

Le statut social comme élément du capital social du collectif

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Le statut social et l’autorité des conseillers universels rendent possible l’apprentissage collectif dans cette organisation collégiale.

L’ ‘utilité’ sociale des niches sociales et de la concurrence de

statut

Ils facilitent les processus sociaux qui rendent possibles la coopération entre concurrents et qui constituent le capital social de l’organisation, du collectif :

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social de l’organisation, du collectif :– Solidarités limitées : les niches sociales.– Contrôle social au sein des niches et grâce à des f ormes de

statut spécifiques.– Régulation sociale grâce à la non congruence des fo rmes

de statut social.– Apprentissages grâce à l’autorité et au statut épis témique.

Seconde partie

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Exemples de processus sociaux examinés grâce à l’analyse de réseaux

Appropriation (du capital social de l’organisation), apprentissage et

performance :le cas de la recherche en cancérologie

66

le cas de la recherche en cancérologie française (2000)

Phase d’émergence de la connaissance

• Connaissance tacite, invention et innovation collectives.

• Organisation du travail collectif dans les labos.

67

labos.

• Processus d’apprentissage par l’échange social et les réseaux personnalisés de conseil.

• Fonctionnement des réseaux de conseil (demande d’avis): un processus crucial.

• La performance mesurée au niveau individuel est en fait collective.

Les réseaux sociaux sont toujours adossés à des organisations formelles :

ils sont multi-niveauxUn exemple d’analyse de réseau multi-

niveaux

68

Raisonner en termes de poissons et de mares

Les réseaux de conseil au sein d’une ‘élite’ de chercheurs en

cancérologie française

• Discuter de l’orientation globale de leurs travaux en cours ou de leurs projets de recherche.

• Consulter des collègues pour trouver les « bons interlocuteurs » qui aideront à développer ou faire aboutir un projet.

69

faire aboutir un projet.

• Consulter des collègues pour un avis concernant une demande de subvention ou d’aide avant de la soumettre à l’instance concernée.

• Consulter des collègues pour le recrutement de collaborateurs.

• Faire lire un manuscrit pour avis critique avant de les soumettre à une revue scientifique,

Les ressources échangées entre labos

• Existence de programmes de recherche communs

• Réponse conjointe à des appels d’offres

• Recrutement d’anciens postdocs et chercheurs

70

• Recrutement d’anciens postdocs et chercheurs

• Mobilité de personnel administratif et technique

• Partage de matériel technique

• Partage de “matériel expérimental”

• Invitations à des conférences ou seminaires

Identification de quatre classes

• Les mesures de centralité

• Les Gros Poissons dans les Grandes Mares

71

Grandes Mares

• Les GPPM, PPGM, PPPM

• « Vaut-il mieux être un GPPM ou un PPGM » ?

• La réponse de Napoléon

72

Les PP développent–ils des stratégies leur permettant de rattraper le sommet de l’élite

(les GPGM)?

• Quatre stratégies (identifiées par la mesure de la superposition des réseaux des individus et des réseaux des

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des individus et des réseaux des organisations):– Indépendantistes– Individualistes– Collectivistes– Fusionnelles

Qui utilise quelles stratégies?

74

Tous sublimes, mais …Evolution des scores d’impact-factor sur dix ans

IF1 = 1996-1998

IF2 = 1999-2005

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Processus d’apprentissage collectif et capture institutionnelle :

Le monde des affaires dans

76

Le monde des affaires dans l’appareil d’Etat

Apprentissage collectif

Interdépendances fonctionnelles, mais aussi cognitives

Apprendre par les demandes de conseil

Exemple: L’apprentissage collectif chez les

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Exemple: L’apprentissage collectif chez les juges du Tribunal de Commerce de Paris

L’apprentissage comme processus cyclique: centralisation et décentralisation du réseau de conseil

Dynamique du réseau de conseil

But de la recherche

• Comment fonctionne le contrôle social du monde des affaires ? Régulation exogène ? Auto-régulation ?

• Examiner les formes contemporaines de régulation conjointe des marchés.

78

régulation conjointe des marchés.• Etude ethnographique et structurale du TCP,

une institution consulaire datant de 1561 [et dont le Président a rédigé le Code de Commerce en 1807].

• Articuler conventions et structures en sociologie économique.

Le Tribunal de Commerce de Paris• Juridiction spécialisée (contentieux commercial et

procédures collectives/faillites) articulant privAé/public.• Se dit très différent du TC de province qui a mauvaise

réputation.• En 2002: 156 juges élus/cooptés, bénévoles, hommes et

femmes d’affaires n’ayant pas fait l’ENM, parrainés par un syndicat patronal (cooptation CIEC, filtre Medef).

• Une institution de “régulation conjointe” dont la longévité est surprenante : économies pour l’Etat/contribuables ;

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est surprenante : économies pour l’Etat/contribuables ; pragmatisme juridique ; instrument toujours suspect de restructuration de l’appareil de production ; élitisme social dans le recrutement des juges.

• Organisation formelle très forte (procédures légales, hiérarchie des juges, règles de rotation annuelle, etc.). 21 Chambres (6 à 8 juges chacune). Procédure ‘pratique’.

• Les métiers du tribunal: juges consulaires ; avocats ; greffiers ; substituts du procureur ; mandataires (administrateurs, liquidateurs) ; huissiers ; experts ; etc.

Les juges consulaires au TCPExemple de 2002:• 29% sont banquiers (sur-représentation évidente)• 50% sont juristes, 96% ont un diplôme d’études sup. • 45% sont retraités• 85% sont des hommes• 15% ont créé eux/elles-mêmes leur propre

entreprise.

80

entreprise.

Quelques clivages internes au tribunal:• Banque vs les autres• Juristes vs non-juristes• Les gros vs les petits (les cadres sups vs les “vrais

entrepreneurs”)• Les juges anti-PC vs les autres

Approche structurale de la « régulation » (définition des règles et conventions plus ou

moins communes dans un collectif)

• Mise au jour des conceptions différentes (‘controverses’) de la discipline sociale considérée comme légitime.

• Mise au jour des relations entre positions

81

• Mise au jour des relations entre positions sociales et différences de positions dans ces controverses.

• Cependant : les structures organisationnelles et relationnelles sont indispensables pour la formulation et l’interprétation des règles (sans quoi ces dernières sont sans fin).

Générateur de noms utilisé

Voici une liste de collègues comprenant, le Président, le Vice-président, les Présidents de chambre, les Magistrats pouvant présider une formation de jugement, les Juges, d’anciens juges (présents en novembre 2000), les Représentants des associations, les Sages. Je

82

Représentants des associations, les Sages. Je vais vous poser une question et vous n’aurez qu’à m’indiquer le ou les numéros des collègues concernés. En vous aidant de cette liste, pouvez me donner les numéros des collègues auxquels vous avez demandé un avis pour des dossiers complexes ou avec lesquels vous avez eu des discussions de fond, en dehors du délibéré (pour avoir un autre point de vue sur ce dossier) ?

Inspection visuelle de la place des banquiers (intersection des réseaux 2000 et 2002)

83

Une hiérarchie informelle stable

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tral

ity W

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tral

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40

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ity W

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0 10 20 30 40 50

2000 2002 2005

Paramètre Erreurstandard

Paramètre Erreur standard

Paramètre ErreurStandard

Intercept -3,54 1,02 -1,11 1,65 1,08 1,61

Ancienneté au tribunal 0,67 0,08 0,80 0,12 0,72 0,13

Noblesse d’état 1,13 0,90 3,04 1,42 1,67 1,57

En activité -0,61 0,63 0,12 0,92 -0,26 1,02

Domination du processus d’apprentissage collectif par les banquiers juristes

Qui sont les juges les plus consultés par leurs pairs au TCP?

85

En activité -0,61 0,63 0,12 0,92 -0,26 1,02

Banquiers juristes 1,33 0,71 2,93 1,09 3,14 1,32

Participation aux activités sociales du tribunal

2,36 0,92 0,23 1,30 1,80 1,31

Demande de conseil

-au secteur économique 1,61 0,62 0,05 0,92 -1,43 1,14

-aux juges de carrière 4,49 1,42 5,09 1,93 2,56 1,85

-au Parquet -1,72 0,63 -1,70 1,12 -0,25 1,22

L’analyse du processus d’apprentissage collectif expose les alignements cognitifs des jugessur leurs pairs les plus anciens et sur leurs pairs banquiers-juristes. Ces derniers ont plus de Statut cognitif, ils sont dans l’axe de la toupie.

Dynamique du réseau de conseil des juges

Un processus cyclique de centralisation et de décentralisation:

- En période “normale”:

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“normale”: centralisation progressive du réseau.- En période de changement fort (par ex. L’arrivée d’un nouveau Président): décentralisa- tion du réseau puis recentralisation autour de la nouvelle équipe.

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La rotationL’axe de la rotation: les conseillers les plus centraux deviennent de plus en plus centrauxFluctuations créées par la surcharge des conseillers les plus centrauxUn équilibre fragile créé par un processus cyclique de centralisation et décentralisation.

Etude de quelques conventions en vigueur au tribunal

Cas d’espèce mobilisant le pouvoir d’appréciation du juge• Cas 1: Concurrence déloyale, appréciation du

préjudice et punitivité. • Cas 2: Conflits entre conseil d’administration

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• Cas 2: Conflits entre conseil d’administration et actionnaires minoritaires, interventionnisme dans les conseils.

• Cas 3: L’appréciation du trouble manifestement illicite ou du danger imminent, interventionnisme dans les marchés.

• Resultats.

L’appréciation du préjudice

• Variations dans l’appréciation du préjudice matériel (dommages et intérêts).

• Y a-t-il un préjudice moral dans les affaires? Si oui: dommages et intérêts + une sorte d’

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oui: dommages et intérêts + une sorte d’« amende » pour avoir cassé les circuits du marché (« le juge est sensible à la gravité de la faute »).

• Préjudice moral pour les personnes morales?• Recours aux experts, y compris le Conseil de la

Concurrence (une AAI).

Implications pour la régulation conjointe des marchés

• La régulation conjointe est mise en oeuvre dans des institutions que les parties elles-mêmes cherchent à contrôler.

• Exemple de la domination par la banque:– Les banquiers sont sur-représentés et juristes.– Les banquiers ont la “staying capacity”.– Les banquiers contribuent plus que les autres à la définition

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– Les banquiers contribuent plus que les autres à la définition conventionnelle des prémisses des décisions.

• Notre conclusion: lorsque l’Etat de retire du contrôle de l’économie, ce sont les banques qui prennent le relais, y compris en investissant les institutions de régulation conjointe: seules les banquiers ont l’autorité épistémique suffisante pour exercer une influence.

• Plus généralement : le tribunal de commerce, principal lieu de contrôle social du monde des affaires, est aussi le lieu de tensions entre capitalismes financier, industriel et commercial.

Néo-structuralisme et institutionnalisme structural

• Pourquoi modéliser les processus sociaux?

• Les acteurs gèrent leur vie relationnelle aussi pour résoudre les dilemmes de l’action collective au niveau intra- et inter-organisationnel.

• Contribution de la sociologie néo-structurale à l’étude des nouvelles formes d’action collective et

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l’étude des nouvelles formes d’action collective et de discipline sociale dans la société organisationnelle.

• Les inégalités sociales et la stratification, au travers des organisations, comme appareils d’accaparement d’opportunités, sont influencées par la manière dont les acteurs résolvent ces problèmes (Tilly) car nous vivons dans une société organisationnelle.

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Conclusion

• On sait peu de choses encore sur les relations méso-macro dans la société: vers un institutionnalisme structural.

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vers un institutionnalisme structural.• Ces relations posent beaucoup de

questions sociales et politiques.• Eviter que seules la police, l’armée et les

grandes entreprises n’utilisent ces méthodes.

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Commentaires bienvenus

Références: http://www.elazega.fr

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Références: http://www.elazega.fr

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