renaissance
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• INTRODUCTIONS
Renaissance, «fabrique du sens» - Jean-Marc Germain et Christian Paul . ...................................4
Inventer une méthode de travail au service du projet Renaissance - Daniel Kaplan ......................6
« Ce nouveau monde sera celui des réciprocités, des solidarités » - Fabienne Brugère.................8
«Il n’y a pas d’âge d’or derrière nous» - Axel Kahn..........................................................................9
• LES ATELIERS CRÉATIFS
Redonner vie au Centre ville d’Annonay .......................................................................................11
L’accès à la santé en région Centre ..............................................................................................13
Inventer un « pacte export PME » à Grenoble ..............................................................................15
Lille, Saint-Sauveur : Construire la ville du XXIè siècle ............................................................... 17
Inventer le village du futur à Lormes ............................................................................................. 19
« Faire campus » au Grand Toulouse ...........................................................................................21
• LES IDÉES ................................................................................................................................24 • CONCLUSION DE MARTINE AUBRY ......................................................................................30
Table des matières
Coopérative d’idées et d’actions . 3
Le 28 août 2013, Martine AUBRY signait une tribune publiée par « Le Monde » dans laquelle elle appe-lait à une nouvelle renaissance, renaissance économique, mais aussi sociale, culturelle, européenne, et renaissance des valeurs. Elle visait juste : nous sommes de plus en plus nombreux à penser, comme elle, que plus dure est la crise, plus grand est le besoin de sens dans notre société. Plus profond est le marasme, plus haute doit être l’ambition. La gauche au pouvoir ne doit pas cesser de penser l’avenir ; la gauche gestionnaire ne doit pas cesser d’être visionnaire !
Nous partageons aussi l’idée qu’à rebours des discours convenus sur le déclinisme, cette renaissance n’est pas hors de portée, parce les prémisses en sont là partout dans le pays. Et qu’au fond, le devoir de la gauche, c’était non seulement de penser l’avenir, mais aussi de rendre visible cette France inventive, créative, de fédérer toutes ses initiatives et d’en fabriquer le sens.Martine AUBRY concluait son article en appelant à miser « sur le talent des créateurs et des chercheurs, le savoir-faire des salariés, le dynamisme des artisans et des commerçants, des agriculteurs et des en-trepreneurs », à mobiliser « les collectivités locales, les bénévoles associatifs et syndicaux » et à faire confiance « à la jeunesse de France, en cessant de la considérer comme une catégorie dont il faut régler les problèmes – il le faut, bien sûr, chômage en tête ! – mais comme la génération qui, avec ses rêves, ses valeurs, sa culture, est par essence la clé l’avenir. »
Le 1er décembre, en réunissant 150 intellectuels, chercheurs, acteurs de la société civile ou femmes et hommes engagés en politique, nous avons voulu prendre la balle au bond. Ainsi est née Renaissance !
Nous pensons aussi que les idées fertiles naissent non seulement de débats entre personnalité d’hori-zon très divers, mais aussi d’un aller-retour permanent entre les idées et l’action, entre, entre le global et le local, entre la pensée et l’expérimentation. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas seulement voulu être un nouveau THINK-tank, mais un DO-tank : une coopérative d’idées et d’action.
Penser et agir, voilà ce que nous réuni !
Lille, Toulouse, Grenoble, Annonay, Lormes dans le Morvan, la région Centre … dès le 1er décembre, les élus ont accepté que leurs territoires d’élections puissent devenir aussi des territoires pour de futures actions de Renaissance. L’ambition est d’aller au-delà : bien d’autres collectivités locales sont déjà candidates, mais les actions ont vocation à prendre place partout dans la société : dans les entreprises, dans les associations, dans des hôpitaux ou des écoles.
Notre objectif de déplacer des montagnes - et pas seulement des mots - nous a conduit à expérimenter, le 1er décembre, une nouvelle façon de travailler ensemble : d’abord des « ateliers créatifs » pour tout mettre sur la table, même les idées les plus dérangeantes. Et ensuite, dans un deuxième temps, « la fabrique du sens », où l’on recherche à dégager le sens et la vision commune.
”Il faut des formes nouvelles… et s’il n’y en a pas, tant qu’à faire, plutôt rien”. Tréplev, dans La Mouette de Tchekhov.
Renaissance, “fabrique du sens” pour penser et agir
Coopérative d’idées et d’actions . 4
Ces premières rencontres expriment trois exigences, fortement présentes dans notre pays.
• Une demande de Renaissance démocratique.
Le temps n’est plus où s’entendaient surtout des attentes de changements institutionnels. Pour ceux qui ne se résignent pas à l’indifférence en politique, cette demande traduit deux exigences que portent des millions de français. Comment délibérer avec les citoyens, comment les associer, pour le local ou le global ? Comment mobiliser la société, au service des transformations nécessaires, d’un nouveau modèle de développement, et de l’intérêt général ?Renaissance devra approfondir les réponses que cette rencontre a permis d’initier, via ses ateliers créatifs. Ceux-ci ont ainsi montré l’intérêt de co-concevoir et de délibérer sur des questions fondamentales ou des solutions concrètes.
• Une urgence d’unité, pour ressouder “un pays en miette”, de “refaire société”.
Axel Kahn a décrit les “territoires en sécession”. Réelle ou ressentie, cette relégation prive d’avenir des quar-tiers entiers et une part du monde rural. Sans cohésion, les dynamiques s’enrayent, le pays avance avec des semelles de plomb. Il paraît plus que temps de se redonner du collectif, du bien commun, de remettre la République dans les villages et dans les quartiers, de favoriser partout des espaces publics.
• Un devoir d’optimisme, que Renaissance veut faire partager : la France possède des gise-ments infinis de créativité et d’engagement.
Là réside sa force. Tous les jours, des femmes et des hommes imaginent et mettent en pratiques des solu-tions. Ils sont souvent mal écouté et peu reconnus.Nous aspirons à un mouvement massif d’innovation, dans les entreprises et l’économie bien sûr, mais aussi ailleurs dans la société en donnant une place centrale à l’innovation sociale comme à l’innovation publique
À Renaissance, nous voulons donner à des expériences une chance d’être vraiment entendues, et une meilleure audience. Cette reconnaissance doit d’abord permettre de tirer des principes d’action, pour inspirer nos choix collectifs et les politiques publiques.
Renaissance doit se nourrir de l’action concrète, sans organiser le repli sur le local. La proximité a d’abord un sens si on sait en tirer des enjeux et un projet politique.
Renaissance doit servir à faire réussir la gauche, et avant tout, à faire réussir la France. Pour cela, il faut maintenir partout…beaucoup de foyers allumés
Jean-Marc Germain
& Christian Paul
Renaissance, “fabrique du sens” pour penser et agir
Coopérative d’idées et d’actions . 5
Dimanche 1er décembre 2013, 8h30 du matin. À l’Institut de Physique du Globe, les volontaires de Re-naissance finissent de préparer les salles qui accueilleront les ateliers. Il faut rassembler les tables, préparer un grand tableau, disposer des feuilles, des feutres, quelques images...
9h30. Les participants commencent à arriver. Chaque invité a apporté avec lui une «idée décapante» ou un «projet transformateur» à partager avec les autres. S’il a plus de 30 ans, il a également été prié d’inviter à son tour un participant âgé de moins de 30 ans.
10h. Les interventions d’introduction sont inhabituellement courtes, l’objectif est d’entrer vite en atelier. Jean-Marc Germain définit le cadre de Renaissance, Fabienne Brugère et Axel Kahn en dessinent l’arrière-plan et les perspectives. Puis il est temps de fixer les règles de notre travail commun. Elles sont simples, mais exigeantes : • « Dans les ateliers, tous à égalité » : élus, «jeunes», chercheurs, professionnels ou militants, leurs idées, leurs projets, leur parole ont la même valeur. • « Vos idées sont les bonnes » : nous nous intéressons autant aux idées transversales («l’économie de la contribution», «le care»), aux propositions expertes («aider les PME à exporter»), qu’aux ac- tions locales et pratiques («gérer autrement la dépendance dans ma commune»). • « Tâtonnons ensemble ». Nous savons qu’on ne peut pas continuer à faire de la politique comme avant, mais nous ne savons pas encore exactement comment il faut en faire désormais. A Renais- sance, nous testerons des manières nouvelles de travailler ensemble... ce qui suppose d’accepter, parfois, le tâtonnement, l’incertitude et le risque.
11h. Six élus ont proposé à Renaissance une «zone d’expérimentation temporaire», c’est-à-dire un espace, un équipement collectif ou encore un projet au sein duquel ils sont prêts à accueillir des expérimentations innovantes : Toulouse veut «faire campus» dans un nouvel espace, Annonay reconquérir son centre ville historique et dégradé, Lormes inventer le village du futur...Les 150 participants se répartissent ainsi en ateliers autour de chacun de ces 6 terrains. Chaque atelier se déroule en deux temps :
• Les participants commencent par partager leur «idée décapante» ou leur «projet transformateur». Tous sont affichés sur un grand tableau. Puis un «Témoin», chercheur ou intellec- tuel reconnu, propose sa lecture des idées proposées et aide l’animateur à les organiser.
• Puis l’élu présente sa «zone d’expérimentation temporaire». Au croisement des idées échangées et des besoins du terrain, les participants imaginent des actions possibles, à la fois ambitieuses, novatrices et crédibles. Au terme de cette seconde heure, deux pistes d’action ont été scénarisées.
Inventer une méthode de travail au service du projet renaissance
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13h. Pendant que les participants échangent autour du buffet, les animateurs, rapporteurs, élus et «témoins» des ateliers préparent leur restitution. Ils auront chacun 7 minutes pour partager avec l’ensemble des partici-pants ce qu’il s’est dit en atelier. Ils s’en acquitteront avec brio.
14h. Atelier par atelier, « témoins » et élus présentent le résultat de leurs travaux devant une salle comble et attentive.
15h30. Martine Aubry achève son discours de clôture. Elle y a d’ailleurs intégré les restitutions des ateliers, dont elle tire les grands enseignements. Premier résultat positif du travail collectif !
17h. On range, on souffle, on tire un premier bilan.
• Ce qui a bien marché : un vrai plaisir d’échanger sans hiérarchie ; une parole quicircule, tout le monde a pu parler ; des idées souvent inattendues, riches, stimulantes et en même temps, un ancrage de la réflexion sur des territoires concrets qui limite les envolées lyriques et les digressions ; les participants repartent avec l’envie de poursuivre !
• Ce qui doit être amélioré : la sociologie des présents demeure trop homogène ; trop peu de participants avaient préparé la journée ; la hiérarchie reprend souvent le dessus, l’élu, le ministre ou le grand chercheur pouvant écraser les autres ; le balancement idées/terrain était fertile, mais difficile à réaliser ; le lien entre ce qu’il se discute à Renaissance, ce qui pourra s’expérimenter dans les territoires et ce que font déjà les innovateurs de terrain doit être clarifié...
L’essentiel, Marie-Pierre de la Gontrie le dit bien en peu de mots :
Daniel Kaplan
Inventer une méthode de travail au service du projet renaissance
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« Renaissance » arrive à un moment charnière en France où tout le monde sait que notre pays doit changer. Mais, comment accomplir ces transformations dans le sens d’un progrès qui fasse coïncider les idées et les actions pour toucher les vies quoti-diennes ?
La Renaissance signifie que nous sommes déjà nés et que nous avons une histoire. La ques-tion est alors : que faisons-nous de notre naissance ? comment portons-nous un héritage ou un passé vers un avenir qui vaudrait comme un progrès économique, social, culturel et scien-tifique ? Celle ou celui qui naît n’a pas choisi sa naissance. L’adolescent qui entend renaître veut prendre sa vie en main, quitte à s’éloigner de ses parents. Il s’invente par lui-même, fixe ses propres principes d’existence pour se transformer et donner du sens à son futur. Soyons des adolescents aujourd’hui ! Prenons la décision d’affronter la crise qui n’arrête pas d’en-cercler l’Europe pour construire un nouveau monde qui passe d’abord par l’élaboration, la reconnaissance et le partage d’expérimentations un peu partout en France. Cette décision de dire et de faire, loin de nous rendre solitaires, nous rendra solidaires pour reprendre les mots d’Albert Camus. Notre méthode ? Nous avons à inventer des idées et des projets, penser global et agir local pour exister selon un style commun ; c’est cela la Renaissance, une pensée capable de faire surgir un monde déjà là mais que nous ignorons encore. C’est un changement de représentations au moment où apparaissent de nouveaux modes de diffusion de l’information -numériques-, proximité troublante avec ce moment de l’histoire nommé Renaissance et qui se caractérisa par l’invention de l’imprimerie.
Ce nouveau monde sera celui des mutualités, des réciprocités, des solidarités, des redistributions mais tout autant des innovations et des créations, ou du pouvoir d’agir retrouvé des individus.
Pour ma part, je fais tout à fait confiance à Martine Aubry que j’ai connue lors de l’hiver 2010, par des petits déjeuners de travail qui mélangeaient femmes et hommes politiques, universitaires, chercheurs/ses, actrices et acteurs de la société civile, au nom d’un projet de société à élaborer. Je sais l’attention qu’elle a porté au Laboratoire des idées du Parti socialiste avec Christian Paul, lieu où a commencé le débat sur la « société du care ». Or, le débat public sur la « société du care » a été le dernier grand moment de discussion passionnée sur les valeurs auxquelles nous tenons…
Fabienne Brugère
« Ce nouveau monde sera celui des réciprocités, des solidarités »
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La France est aujourd’hui à un moment charnière de son histoire : chacun sait que tout doit changer, et pourtant personne n’est en mesure d’esquis-ser l’avenir qui doit être collectivement le nôtre.
Les évolutions de la situation économique de la France, avec en particulier la forte déprise des régions industrielles tandis que certaines régions ru-rales connaissent une véritable prospérité, qui n’évite cependant pas leur désertification, s’accompagnent d’un état psychologique douloureux.
Parmi les symptômes de ce mal-être national figure le phénomène des po-pulations en sécession. Des citoyens aussi différents que des vignerons prospères ou des ouvriers sans emploi se rejoignent désormais dans le vote FN : ils craignent, sans l’avoir pourtant jamais éprouvé dans leur vie quotidienne, la violence et l’immigration qu’ils voient à la télévision.
Ce phénomène traduit le sentiment d’écroulement national par rapport à un passé mythifié, dont Bruxelles et la classe politique portent à leurs yeux l’entière responsabilité. Dès lors, les populations en sécession ne se montrent plus réceptives aux discours rationnels, et sont donc incapables de se projeter dans un avenir où elles auraient un rôle à jouer et des responsabilités à assumer.
Il n’y a pas d’âge d’or de la France derrière nous, et il nous faut condamner les discours qui ont creusé ce fossé entre la France actuelle et la vision que nous en avons. Collectivement, nous devons donc imaginer, concevoir et décrire une France que nous trouvons belle, rayonnante et audacieuse. Tel est l’avenir de la France que Renaissance veut penser et révéler.
Axel Kahn
« Il n’y a pas d’âge d’or derrière nous»
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Le centre-ville d’Annonay est un quartier historique dévasté par la crise in-dustrielle, que nous cherchons à réhabiliter afin que les habitants puissent y vivre ensemble, qu’ils puissent y projeter leur énergie et qu’ils puissent s’en sentir fiers. Quatre îlots doivent notamment faire l’objet d’un réaménagement total, dans une perspective tant économique que sociale et patrimoniale.
L’élaboration d’un projet global doit impérativement répondre à deux attentes : - d’une part, créer des lieux de vie communs et des espaces d’activité économique ; - d’autre part, penser à la question des usages des habitants, notamment en termes de mobilité : il faut accompagner les publics fragiles qui habitent le centre-ville dans l’évolution de leurs habitudes et modes de vie afin de les rendre plus autonomes.
À l’issu de la phase de présentation des idées en ateliers, est apparue au groupe la nécessité de construire un projet qui s’articulerait autour de deux idées fondamentales :
La vision d’Olivier Dussopt, député-maire d’Annonay
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• Développer l’attractivité et l’activité écono-mique du centre-ville d’Annonay en capitali-sant sur les mémoires - notamment indus-trielle - du lieu et des habitants. La tradition industrielle d’Annonay, dans le domaine du textile et du cuir, constitue un point d’appui et un levier important pour mettre en œuvre un projet de développement économique. Il s’agirait ainsi de promouvoir l’implantation de commerces, d’entreprises et d’artistes au pied des immeubles du centre-ville, dans le cadre d’une pépinière de jeunes artistes et artisans. A cette fin, il serait nécessaire d’accompagner en amont les porteurs de projets, y compris fi-nancièrement : en effet, les démarches par ap-pels d’offres ne sont pas adaptées à des petits territoires tels qu’Annonay, car les projets sont souvent trop inaboutis pour être éligibles aux appels d’offres. Un soutien public doit donc être apporté dès la phase de construction du projet.
• Renforcer la solidarité et le lien social entre les habitants, à travers une formule de ser-vice public de « porte-à-porte » et l’institution-nalisation d’échanges de services. Alors que les populations du centre-ville d’Annonay sont avant tout des récipiendaires de la solidarité nationale, il s’agirait de les encourager à de-venir des acteurs de la vie de la commune et de leur voisinage, dans une logique à la fois d’horizontalité (entre habitants) et de récipro-cité (donner et recevoir des services plutôt qu’une rétribution). La principale solution iden-tifiée consisterait en la création d’une bourse coopérative de services, à l’échelle de la com-munauté de communes du Bassin d’Annonay, auprès de laquelle chacun pourrait tour à tour apporter son aide et bénéficier de l’expérience des autres.
Frappé par la crise industrielle des années 1970, qui a suscité à son tour une crise démographique, le centre-ville d’Anno-nay cumule aujourd’hui les difficultés – avec 30% d’habitats indignes, 60% des allocataires du RSA de la communauté de communes et des populations fragiles (retraités, mères célibataires, immigrés...) qui vivent dans la peur les unes des autres.
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REDONNER VIE AU CENTRE
VILLE D’ANNONAY
ATELIER
L’éclairage de Michel Wieviorka, sociologue
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La thématique du lien social a été au cœur de nos discussions. Les travaux du groupe ont ainsi gravité autour de la question suivante : quelles mesures mettre en œuvre pour densifier le lien social entre les citoyens, la volonté de vivre et de partager ensemble ?
Parmi les nombreuses idées avancées pour répondre à cette question, quatre prin-cipaux champs de travail sont apparus, avec la volonté de les intégrer au sein d’un projet global : le thème de la mobilité, tant géographique que sociale ; le thème de l’espace commun : c’est à la foi le vivre ensemble mais aussi de nouveaux modes de consommation/production qui reposent sur le partage ; le thème de la mobilisation, parfois même conflictuelle, et du renforcement de l’autonomie des citoyens ; enfin, le dernier thème est le plus difficile : quelle mesure prendre, à l’échelon national ou européen, pour créer les conditions favorables au progrès et aux initiatives locales.
A cet égard, il m’apparaît indispensable d’articuler les initiatives prises en « haut » et celles venant du « bas ». Les mesures prises à l’échelon local, telles que la création de coopératives de services ou la valori-sation de la mémoire économique d’Annonay, doivent s’inscrire en cohérence dans une démarche nationale de renforcement du lien social et de la solidarité entre les citoyens.
REDONNER VIE AU CENTRE
VILLE D’ANNONAY
ATELIER
La vision de François Bonneau, Président de la région Centre
Coopérative d’idées et d’actions . 13
• Privilégier une approche intégrée de la san-té, qui englobe notamment la dimension sociale et la question du bien-être. Les MSP pourraient ainsi être des lieux non seulement de soin, mais aussi d’écoute et de dialogue. De manière plus large, les logiques de solidarité au-tour de la santé doivent être favorisées : toutes les générations seraient par exemple encoura-gées à donner de leur temps à des personnes âgées ou souffrantes, à travers un dispositif qui pourrait être appelé « Solidages ». Au-delà du soin, les MSP s’inscrivent aussi dans une lo-gique d’accompagnement tout au long de la vie. Le fait de développer les actions de pré-vention (en matière nutritionnelle, de violences faites aux femmes, de dépistages, etc.) peut permettre d’en faire des lieux qui captent les publics éloignés ou exclus de l’accès aux soins. Pour autant, la politique de santé sur le territoire ne doit pas se résumer à sa seule di-mension médicale, mais également intégrer la notion de « bien-vivre », par exemple en pro-mouvant des activités collectives (jardins par-tagés, cuisine pédagogique, etc.). Dans cette optique, le développement des MSP mériterait d’être envisagé en lien avec celui d’autres ser-vices publics (transports publics, relais de ser-vices publics, maisons de retraite).
• Faire des politiques de lutte contre les déserts mé-dicaux des opportunités pour moderniser la pra-tique de la médecine. Une idée structurante a été de sortir de la vision négative des territoires ruraux, dans laquelle l’action publique viserait uniquement à pallier des manques, pour en faire des laboratoires d’innova-tion et d’expérimentation. Les bénéfices les plus évi-dents sont ceux que les médecins peuvent retirer des mutualisations offertes par les MSP, où généralistes, spécialistes, infirmiers, psychologues, etc., peuvent travailler ensemble. Au delà, les MSP pourraient être une opportunité pour expérimenter de nouvelles ap-proches et techniques. Ont notamment été avancés :
- la « santé communautaire », qui vise à sortir de la relation verticale « patient-soignant » pour favoriser les échanges entre patients, étant noté que ce type de pratiques exige un encadrement par les professionnels de santé ;
- la télémédecine, qui ne doit pas conduire à un affai-blissement des contacts humains entre le soignant et le patient ;
- le concept d’ « aller vers », qui traduit l’ambition d’une plus grande mobilité des médecins qui se déplace-raient davantage vers leurs patients. Cette solution ap-pelle la mise en œuvre de règles plus contraignantes à l’endroit des professionnels de santé. Cette approche intégrée passe également, à l’échelle des bassins de vie, par une plus grande polyvalence de l’occupation du foncier.
L’ACÈES À LA SANTÉ
EN RÉGION CENTRE
Pilote en matière de développement de Maisons de Santé Pluridisciplinaire (MSP), la région a récemment ouvert 50 établissements, mis en place avec des médecins volontaires. Néanmoins, la Région Centre est toujours confrontée à des « zones blanches », dont la persistance appelle l’élaboration de solutions innovantes. Par ailleurs, un nombre croissant de personnes âgées exprime le souhait de rester à domicile le plus longtemps possible : il est indispensable d’accompagner une telle évolution par la mise en œuvre de dispositifs de soins souples et mobiles, adaptés aux besoins de cette population.
Selon le groupe, deux axes principaux pourraient guider la mise en œuvre de projets :
Classée dernière en 2008 en termes de population médicale par habitant, la région Centre est aujourd’hui confrontée à un double défi : d’une part un phénomène persistant de désertification médicale et d’autre part un vieillissement démographique. Au delà du développement d’un programme d’implantation de 50 Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP), il est néces-saire d’élaborer de nouvelles solutions, par exemple en liant très haut débit et médecine en milieu rural.
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ATELIER
L’éclairage de Serge Guérin, sociologue
Coopérative d’idées et d’actions . 14
A partir des questions de santé, le groupe a abordé les thèmes de l’égalité sociale, du développement de l’économie sociale et solidaire et du revenu minimum. La soli-darité nationale doit tenir compte des spécificités géographiques et démographiques des espaces ruraux, afin de favoriser la recherche d’équité dans l’accès au soin et aux droits sociaux. A cet égard, le développement du numérique et de la télémédecine constitue à la fois une opportunité et une source de préoccupation pour l’intégrité de la relation patient - soignant.
Au-delà du sujet de l’implantation médicale en zone rurale, il apparaît désormais indis-pensable de repenser la relation entre soignant et patient, en incluant le soutien aux aidants, en développant la médecine communautaire et le concept « d’aller vers », qui replacent le patient au cœur de la question de l’accès aux soins et en fait un acteur de sa propre santé. L’approfondissement de cette démarche pourrait poser, à terme, la question délicate de la liberté d’implan-tation des médecins.
L’ACÈES À LA SANTÉ
EN RÉGION CENTRE
ATELIER
A travers son adhésion à Pacte PME en octobre 2013, Grenoble poursuit avec résolution un triple objectif : - inciter les grands groupes du territoire à développer une politique positive vis-à-vis des PME, à travers des plans d’action locaux ;- identifier et mobiliser les PME à fort potentiel du territoire ; - Poursuivre et renforcer «l’exemplarité» de la collectivité en développant les achats auprès de PME. A cette fin, la ville a engagé un travail de ciblage des PME avec le pôle de compé-titivité Minalogic et de classification au sein du service achat afin de disposer d’une carto-graphie de la commande publique de la Ville de Grenoble. Tout en maintenant ces efforts, l’un des principaux enjeux consiste désormais à inciter les grands groupes à travailler avec les PME, non seulement en France mais aussi à l’étranger, afin de faciliter la croissance de
ces PME par l’accès aux marchés internationaux.
La vision de Michel Destot, maire de Grenoble
Coopérative d’idées et d’actions . 15
• Le groupe a d’abord réfléchi aux moyens d’ac-compagner les PME/ETI à l’exportation afin de soutenir le développement d’activités et produits innovants. Une des difficultés principales des ETI provient de la déconnexion du traitement de l’inno-vation et de l’exportation. Les ETI innovantes peinent souvent à exporter pour trouver des débouchés. La puissance publique doit en tirer les conséquences en rapprochant OSEO (BPI) et UBIFRANCE. Il est tout aussi crucial de professionnaliser et organiser la prospection internationale, à l’instar des méthodes des PME/ETI allemandes ou américaines, pour conquérir des marchés – là où les PME/ETI françaises sont accompagnées par la puissance publique de manière désordonnée et, parfois, contre-productive. Les grands groupes doivent prendre en compte le rôle crucial de leurs sous-traitants dans la compétiti-vité de leurs produits et les associer aux démarches prospectives. Au niveau local, il est également ur-gent d’encourager les solidarités territoriales de fait. Grands groupes, ETI et PME participent, au sein de filières, d’un même écosystème que tous ont intérêt à préserver. Des garde-fous doivent être érigés, no-tamment sur la garantie des délais de paiements, et des simplifications décidées pour adapter au mieux le contexte réglementaire à la situation d’une entre-prise donnée.
En matière politique, l’acteur pilote sera la région, en bonne articulation avec les futures métropoles, tant pour l’animation des pôles de compétitivité que le soutien à l’ESR. L’université doit jouer son rôle dans la formation professionnelle des travailleurs. Parallèle-ment, il faut renforcer le dialogue social, en particulier dans le domaine industriel, quelle que soit la taille de l’entreprise.
• Par ailleurs, le groupe a identifié la nécessité de repenser l’accès aux droits sociaux dans un nou-veau contexte de forte mobilité, qui s’observe à la fois dans les domaines de la formation (initiale et conti-nue) et de l’emploi. Cela suppose de renforcer la porta-bilité des droits sociaux et d’assouplir leur utilisation (par exemple à travers l’introduction de droits de tirages so-ciaux, ou l’utilisation d’une année sabbatique de forma-tion), mais aussi d’en créer de nouveaux – qu’il s’agisse de droits numériques ou même du droit à un revenu universel, qui n’a pas fait consensus. Par ailleurs, il est apparu indispensable de revoir l’articulation entre école et formation, ainsi que de mieux prendre en compte les aspects qualitatifs de la formation : ainsi pourraient être développées des modalités de formation partenariales entre entreprises de tailles différentes. De la même manière, une forme de convergence entre les grandes écoles et les universités pourrait contribuer à mettre un terme à un système excessivement dual, où les pre-
Grenoble s’est imposée comme un haut lieu du développement économique et de l’innovation technologique, à travers un tissu dense de laboratoires de recherche et d’entreprises en pointe dans la recherche & développe-ment. Néanmoins, il existe un maillon faible dans la chaîne économique locale et nationale : les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI). La plupart des ETI françaises rencontrent d’importantes difficultés, en particulier sous l’ef-fet du siphonage exercé par les grands groupes. Il est aujourd’hui indispensable de créer une relation entre PME et grandes entreprises réellement favorable au développement des ETI, et les territoires peuvent y contribuer.
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INVENTER UN « PACTE EXPORT
PME » À GRENOBLE
ATELIER
L’éclairage de Daniel Cohen, économiste
Coopérative d’idées et d’actions . 16
Les idées proposées tournaient beaucoup autour des droits de tirage sociaux, et notamment de leur portabilité. L’objectif serait de pouvoir activer ces droits de ma-nière personnalisée, afin de suivre un projet de vie. Ces droits sociaux doivent-ils inclure un revenu universel ? Le groupe n’a pas tranché ce point. Nous avons égale-ment évoqué une charte de droits numériques, qui consacrerait un droit numérique.
Le constat est que le mode de développement économique de la France repose sur de très grandes entreprises, qui mettent une forte pression sur les PME et ETI qui souffrent et peinent à innover - alors que la France manque justement d’un Mittelstand. Il serait intéressant que les entreprises françaises apprennent à chasser en meute.
Se pose également la question du niveau de mise en œuvre de la politique industrielle et de la formation : une idée provocatrice serait de décentraliser la formation professionnelle à l’échelle régionale.
-mières offriraient des chances d’employabilité supérieures aux secondes. C’est ainsi qu’a été proposé de créer des classes préparatoires intégrées au sein des universités. En outre, afin de rendre chaque individu maître de son destin, il a été proposé de mettre davantage l’élève au centre du cursus scolaire en donnant une plus large possibilité de choix dans les parcours. Par analogie, une réflexion similaire a été proposée pour les parcours dans la fonction publique (encourager les mobili-tés public-public et public-privé). Il s’agit fondamentalement d’un ap-pel à développer une mobilité dé-sirée et non subie.
INVENTER UN « PACTE EXPORT
PME » À GRENOBLE
ATELIER
La ville devrait rapprocher ; or, trop souvent, elle exclut. Il est significatif de la volonté politique de Lille de créer « un nouvel art de ville » et de construire la ville du mélange des fonctions et des services de proximité, ainsi que de la mixité sociale, la mixité des emplois, et des logements. L’objectif est ainsi de prévenir la spécialisation de l’espace et de permettre à toutes les catégories sociales et les générations de se mélanger, afin d’optimiser l’utilisation de l’espace et de faciliter les relations entre les uns et les autres, pour vivre ensemble plutôt qu’entre soi. Il convient désormais d’imaginer les usages qui permettront aux habitants du Quartier Saint-Sauveur de vivre ensemble, pour en faire un projet urbain à l’image de la ville du XXIème siècle.
Invités à réfléchir sur la base de ce projet lors de l’atelier du 1er décembre, les participants ont formulé de nombreuses propositions ; parmi elles, deux idées ont été plus particulièrement explorées :
La vision de Martine Aubry, maire de Lille
Coopérative d’idées et d’actions . 17
• Diversifier l’usage des établissements scolaires pour en faire des lieux de la vie locale y compris au-delà de la communauté éducative, au sein desquels plusieurs types d’activités conduiraient à faire des enfants et des parents des acteurs dans le processus d’apprentissage. Plusieurs pistes ont été évoquées : faire des établissements scolaires un lieu de services, par exemple en les mettant à disposi-tion des AMAP et autres circuits courts en lien avec l’alimentation ; les mettre à disposition de créateurs, d’artisans et d’artistes proposant des activités aux élèves et leurs parents, mais également aux autres habitants, etc. L’idée finalement retenue (« Faites des livres ») consiste à faire réaliser un ouvrage par les élèves (livre, nouvelle numérique, etc.) au sein du lieu d’enseignement. Le projet permettrait de faire pénétrer dans l’établissement scolaire des acteurs qui y sont étrangers (artisans, écrivains) et viserait à accroître la collaboration entre l’Education nationale et les acteurs culturels à l’échelon local.
• Mettre à la disposition des habitants les espaces collectifs qui séparent les groupes d’habitations du nouveau quartier Saint-Sauveur. La discussion a porté sur les rôles respectifs des habitants et de la mu-nicipalité dans la phase de lancement des projets et la détermination de l’utilisation faite de l’espace. Il s’agirait
ici de favoriser une mobilisation spontanée, non-susci-tée par les pouvoirs publics (do it yourself). Les futurs habitants seraient informés lors de l’acquisition d’un bien immobilier dans le quartier que la participation à l’entretien de l’espace partagé constitue une condition pour l’installation. L’aménagement et l’utilisation de l’es-pace partagé seraient laissés au libre-choix des habi-tants du groupement. Si les habitants du groupement souhaitent aménager l’espace pour organiser des re-pas communs, la mairie proposera les services d’un artisan, designer ou tout autre professionnel pour fa-briquer l’ameublement nécessaire à l’usage qu’ils ont choisi du lieu partagé. Deux risques ont été identifiés :
- l’essoufflement de l’engagement des habitants du groupement dans le projet collectif ;
- a limitation entre l’espace partagé des groupements et l’espace public. Située au nord-est du département de la Nièvre, dans le Parc Naturel Régional du Morvan, la commune de Lormes, chef-lieu de canton, compte 1403 habitants. Depuis 2010, la commune regagne des habitants. Les initiatives, individuelles et collectives, y sont nombreuses. Malgré cela, la désertification ru-rale reste une réalité et l’isolement, notamment des plus âgés et des plus fragiles, demeure une menace. De nouvelles solutions doivent donc être imaginées afin d’aménager le « village du futur ».
Le projet urbain Saint-Sauveur vise à reconquérir une friche ferroviaire de 23 hectares au cœur de la ville de Lille. Il s’appuie les halles « St-So » (équipement culturel et familial qui a amorcé la reconquête du site) qu’il étend pour accueillir des activités créatives. Il organise l’habitat dans des îlots mixtes diversifiés, de l’échelle métropolitaine à des échelles plus intimes, des îlots agrémentés d’espaces collectifs, de placettes, de squares et de jardins. L’agence d’urbanisme danoise en charge du projet propose un aménagement en trois espaces : un espace économique au Nord, un espace dédié aux activités collectives au centre et un espace dédié à l’habitation au sud.
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LILLE, CONSTRUIRE LA VILLE
DU XXIÈME SIÈCLE
ATELIER
L’éclairage de Catherine Fieschi, politologue
Coopérative d’idées et d’actions . 18
Nos travaux ont souligné la nécessité d’une réappropriation et d’une diversification de l’espace public, qui favorise les liens intergénérationnels – à la fois à l’échelle des immeubles et des quartiers. La reconquête de certains espaces urbains concerne bien sûr des lieux identifiés, mais doit également susciter une réflexion sur la manière d’utiliser les lieux négligés (toits, rez-de-chaussée, etc.).
Au cours de l’atelier, les participants ont cherché à introduire une dimension horizon-tale et pluridisciplinaire dans l’aménagement urbain, en particulier à travers des pro-jets coopératifs ou encore en plaçant les artistes et la créativité au cœur des projets. Cette aspiration à l’ouverture témoigne d’une volonté de refuser le repli sur soi, et constitue une réponse aux angoisses collectives parfois exprimées par les citoyens.
Deux écueils me semblent toutefois devoir être soulignés : d’une part, la mythification de l’action locale qui ne peut pas tout, et d’autre part la tentation de constituer les quartiers en entités autonomes alors qu’ils doivent rester tournés vers l’extérieur.
LILLE, CONSTRUIRE LA VILLE
DU XXIÈME SIÈCLE
ATELIER
Pour répondre aux difficultés auxquelles elle fait face, la commune de Lormes a créé le ré-seau « Faire compagnie » qui met en relation les personnes en situation d’isolement avec des voisins volontaires, moyennant une rémunération symbolique. « Faire compagnie » aide aussi les nouveaux habitants à s’approprier le village, il crée des liens entre ruraux et néo-ruraux.
Dans le même esprit, nous cherchons à renforcer l’entraide entre professionnels afin d’animer le tissu économique local ou encore, à proposer des activités et des opportuni-tés à notre jeunesse.Cet objectif va de pair avec l’élaboration d’un récit territorial, essentiel à l’engagement des citoyens dans la vie locale et à l’attractivité du territoire. Dans cette perspective, nous devons trouver une nouvelle vocation à l’artère principale, ancienne rue commerçante.
À l’issue de l’atelier, le groupe de travail est parvenu à la conclusion que le village du futur ne peut exister que s’il parvient à créer localement de la richesse et ne pas dépendre uniquement des transferts sociaux. Pour ce faire, il faut penser des nouveaux outils pour faire connaître le village, changer l’image du monde rural dans l’imaginaire collectif et favoriser la création de richesses. L’apport des néo-ruraux est indispensable au succès de ce projet.
Dans cette perspective, deux idées ont été plus particulièrement explorées par le groupe au cours de l’atelier :
La vision de Fabien Bazin, maire de Lormes
Coopérative d’idées et d’actions . 19
• Rénover la rue principale de Lormes en te-nant compte de la spécificité rurale que l’urbanisme actuel ne prend pas en consi-dération. Il est nécessaire de réunir un groupe multi-compétences - urbanistes, artisans, habi-tants - chargé de repenser l’aménagement de la commune afin de mieux prendre en compte la spécificité du rural et répondre à un objec-tif concret: revaloriser l’artère principale du petit village en intégrant les spécificités inhé-rentes aux petites communes, en associant les citoyens et leurs compétences personnelles. La rénovation doit être visible, sans pour autant promettre l’impossible. Ainsi, et plus largement, il faut repenser l’aménagement de la commune comme des « ruralistes » et non comme des « ur-banistes », et en faire un outil au service d’un « ré-cit territorial ».
• Faire du centre de télétravail un lieu d’at-tractivité du territoire et d’animation du tis-su économique local. Les objectifs principaux sont de recréer de la richesse localement sans se limiter pour autant à une vision purement économique, faire du centre de télétravail un lieu d’accueil, d’échanges et d’entraide, et enfin faire se rencontrer “les aventuriers de la recon-quête rurale”. Le centre de télétravail doit éga-lement devenir un lieu de formation, d’héber-gement pour les travailleurs de passage, une crèche, un lieu de coopération entre les profes-sionnels d’une même branche. Il ne faut donc pas limiter le centre de télétravail à un projet immobilier mais en faire un outil de valorisation des talents et des idées portées par les acteurs du territoire.
Située au nord-est du départe ment de la Nièvre, dans le Parc Naturel Régional du Morvan, la commune de Lormes, chef-lieu de canton, compte 1403 habitants. Depuis 2010, la commune regagne des habitants. Les initiatives, individuelles et collec-tives, y sont nombreuses. Malgré cela, la désertification reste une réalité et l’isolement, notamment des plus âgés et des plus fragiles, demeure une menace. De nouvelles solutions doivent donc être imaginées afin d’aménager le « village du futur ».
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INVENTER LE VILLAGE
DU FUTUR À LORMES
ATELIER
L’éclairage de Fabienne Brugère, philosophe
Coopérative d’idées et d’actions . 20
Partant de la question du lien social, il nous est apparu que, plutôt que de faire lien, il fallait d’abord « faire compagnie » : cette notion, beaucoup discutée au sein du groupe, est plus porteuse, car elle pose la question des rapports intergénération-nels, du partage des tâches domestiques ou encore de la solidarité horizontale (par exemple à travers le dispositif de Lormes, où « aidants » et « aidés » sont référen-cés sur une carte). Il s’agit aussi de faire jouer autrement la création de richesse, en faisant des lieux de travail des lieux de vie, de réalisation de soi et de reconquête collective d’un territoire. Cela pose la question de l’organisation de la vie commune : pourquoi ne pas ouvrir les bibliothèques et les musées le dimanche, plutôt que les supermarchés ? Comment construire des récits locaux communs, qui alimentent la fierté des habitants tout en faisant une place aux néo-ruraux ? La question des mo-des d’habitat est à cet égard essentielle, car elle est politique : il est indispensable d’élaborer un discours à destination des quartiers pavillonnaires qui se tournent de plus en plus vers le FN.
L’esprit de la renaissance, c’est avant tout de réfléchir à l’association du moderne à l’ancien – soit, pour les territoires ruraux, l’accueil des néo-ruraux et la création de nouveaux modes de solidarité.
INVENTER LE VILLAGE
DU FUTUR À LORMES
ATELIER
Toulouse est une ville profondément européenne : c’est un point d’appui pour faire de la ville et de ses universités un pôle d’excellence reconnu, notamment dans le domaine de la recherche technologique. Mais il faut aujourd’hui réfléchir à la manière dont nous faisons campus, dont nous intégrons l’université dans la ville
et dans le tissu économique. Il convient de favoriser la transdisciplinarité et l’entrepreneu-riat, notamment dans le domaine de l’économie numérique ou encore dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, où la motivation est un produit d’utilité collective. L’objectif principal est de réussir à mobiliser toutes les idées et toutes les énergies dans ce lieu de savoir que constitue Toulouse Montaudran Aérospace, y compris ceux qui ne trouvent pas de place dans les enceintes traditionnelles existantes – tels que les « fab lab » ou les « cantines numériques ».
Parmi les propositions des participants, deux idées ont plus particulièrement été explorées :
La vision de Pierre Cohen, maire de Toulouse
Coopérative d’idées et d’actions . 21
• Concentrer, en un endroit, une plateforme d’in-novation sociale et solidaire et un lieu de vie quotidienne et culturelle. Ce lieu, installé au sein du campus de Toulouse Montaudran Aérospace, servirait de cœur de réseau à diverses initiatives de la ville (cantine, fab lab, etc.). Cet espace de-viendrait dès lors le lieu qui ferait entrer en réso-nance ceux qui existent déjà. Il pourrait également devenir un lieu de culture scientifique, de partage de connaissance et de savoir, ainsi qu’un comptoir de l’orientation, entendu ici dans sa composante professionnelle. Ce lieu serait le point de conver-gence d’un véritable « arc numérique ». Il per-mettrait d’accueillir les instants de vie quotidienne des étudiants (cafétéria, restauration, convivialité, etc.) et de leur vie culturelle. Il s’inscrirait aussi dans un tissu socio-économique riche, pour favo-riser l’émergence des filières d’avenir, créatrices d’emploi, terreau de l’initiative entrepreneuriale et de l’engagement de chacun en faveur d’actions associatives, économiques, sociales et solidaires. Plusieurs risques ont été identifiés : ne pas par-venir à attirer tous les publics ; ne pas parvenir à ouvrir suffisamment le campus à la ville.
• Construire une identité européenne fondée sur l’éducation et la culture pour favoriser l’égalité des chances, y compris intergénérationnelle, en s’appuyant sur les idées de partage et de mobilité internationale entrante et sortante. La piste rete-nue est celle d’un dispositif de type « programme Erasmus », élargi à tous les âges et tout au long de la vie. À horizon 2020, le projet pourrait per-mettre à des enfants, des jeunes issus de milieux défavorisés, à des adultes en formation continue ou à des seniors de bénéficier d’expériences de formation sur les campus de villes partenaires de Toulouse, comme Bologne, Saragosse ou Barce-lone. Les campus de Toulouse offriraient la même opportunité à des habitants de ces villes. Ce pro-jet s’appuierait sur : un partenariat local entre la ville de Toulouse, l’Université, le tissu économique toulousain et Pôle emploi ; un partenariat national, avec le ministère de l’éducation nationale et celui de l’enseignement supérieur et de la recherche ; et un partenariat européen et international, avec les institutions de l’Union européenne et les villes par-tenaires.
Toulouse, cité étudiante par excellence, a vu sous l’impulsion de son maire, naître ces dernières années une ambition nouvelle : faire passer Toulouse, du rang de ville étudiante à celui de Métropole de la connaissance. Cette volonté politique peut se résu-mer par une ambition renouvelée : « faire campus ». Cette ambition de la puissance publique s’appuie sur une politique de site : l’implantation, dans un espace consacré, de nombre de lieux dédiés aux savoirs universitaires et à la vie étudiante. Il est pro-gressivement apparu que le dynamisme des entreprises toulousaines, en particulier dans les domaines de l’aéronautique et de la recherche appliquée, constituait une opportunité tout à la fois pour le développement de synergies entre mondes universitaire et économique, et pour donner un rayonnement international à l’université de Toulouse.
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« FAIRE CAMPUS »
AU GRAND TOULOUSE
ATELIER
L’éclairage d’Isabelle This Saint-Jean, économiste
Coopérative d’idées et d’actions . 22
Au cours de nos travaux, nous nous sommes en premier lieu posés la question de la démocratisation de l’enseignement supérieur. A cet égard, il semble indispensable de revenir sur le cloisonnement entre universités et grandes écoles et d’instaurer un droit à la formation supérieure tout au long de la vie, en s’inspirant des exemples étrangers.La deuxième thématique concerne l’amélioration des conditions de vie et d’études, qui permettrait de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur.Enfin, la troisième thématique abordée concerne l’ouverture de l’enseignement supé-rieur au monde et aux savoirs : - l’ouverture internationale; - l’ouverture au monde économique : mondes universitaire et économique s’ignorent encore trop dans notre pays ; - l’ouverture aux autres disciplines et aux autres thématiques, afin de développer la pluridisciplinarité ; - l’ouverture à travers les nouvelles technologies, afin de permettre la diffusion du savoir.
« FAIRE CAMPUS »
AU GRAND TOULOUSE
ATELIER
Nous avions demandé aux participants de la journée du 1er décembre de venir chacun porteur d’une «idée décapante» ou d’un «projet transformateur». La première partie des ateliers a été consacrée à parta-ger ces apports, à en dessiner une première carte et à engager l’échange autour des propositions les plus stimulantes.
Vous trouverez ici une présentation des idées proposées presque brute, tout juste classée. Prenez-la pour ce qu’elle est : une expression de la diversité des participants de Renaissance, une invitation à penser et à explorer des alternatives sans s’en tenir aux cloisonnements habituels.
La fabrique des idées
Coopérative d’idées et d’actions . 24
De nouvelles formes démocratiques
De nouveaux espaces de dialogue Créer un lieu transparent et ouvert, au milieu de la ville, où les citoyens pourraient rencontrer leurs élus et débattre avec eux.
Créer un site internet où les agents de l’Etat pourraient poser des questions sur leurs pratiques, les méthodes qu’ils utilisent, etc.
Faire apparaître aux citoyens le coût de la solidarité nationale, aAin de leur permettre de mesurer ce que font les service publics pour eux et ainsi de lutter contre la réticence à l’impôt.
Des innovations politiquesLancer des « appels à problèmes » pour partager la recherche de solutions plutôt que des appels à projets pour répondre aux questions des élus.
Monter une pépinière pour start-‐ups politiques.
Créer un réseau des « gens extraordinaires » dans les territoires.
Revaloriser la fonction de parlementaire européen pour lutter contre le trop faible investissement des élus français au Parlement européen.
La fabrique des idées
Coopérative d’idées et d’actions . 25
Espace public et espaces communs
Des espaces partagés, des espaces de partage Favoriser les cohabitations ou du moins le partage de certains espaces entre plusieurs générations.
Favoriser le développement des jardins partagés et des potagers publics, pour recréer du lien social (les rapprocher des écoles, des maisons de retraite…) mais également pour apporter une réponse à la question de la qualité de l’alimentation et favoriser les circuits courts.
Généraliser l’utilisation des surfaces de toiture pour en faire des lieux de partage.
Décloisonner les espaces Faire des établissements scolaires des centres d’activités et de services hors des temps d’enseignement aAin de favoriser les échanges entre les parents, les enfants, les enseignants et tous les autres habitants du quartier.
Développer la multi-‐fonctionnalité des bâtiments (soit en redonnant vie à des lieux désaffectés, soit concevant des lieux à usages multiples, comme une maison de retraite qui serait adossée à une école).
Aménager des espaces et des temps pour tousIntégrer, dans le travail des urbanistes, la nécessité de constituer des espaces communs (et non plus seulement des espaces publics) où les habitants travailleraient, échangeraient et se rencontreraient quelle que soit leur catégorie sociale.
Reconquérir les zones commerciales et les friches industrielles ; interdire la construction de nouveaux lotissements « marguerite » tant qu’il existe des friches industrielles dans la commune.
Changer le dimanche : plutôt que l’ouverture des hypermarchés le dimanche, privilégier l’ouverture des bibliothèques, des médiathèques, des lieux de vie (maisons citoyennes)…
L'écologie concrète et quotidienne
Une nouvelle ruralitéAttirer les néo-‐ruraux pour favoriser le renouveau rural.
Ramener les paysans au village en s’appuyant sur une logique de « ruralisme », pendant de l’urbanisme en milieu rural.
Produire et consommer localement Relocaliser les quartiers maraichers dans une perspective environnementale et d’un meilleur accès à une alimentation de qualité malgré l’étalement urbain.
Constituer des circuits de producteurs et de consommateurs locaux, auxquels doit être adossé un réseau de Einancement adapté à la taille des acteurs.
Systématiser les coopératives de valorisation des productions locales pour assurer un juste revenu du producteur, répondre au besoin de conEiance des consommateurs, rapprocher les circuits de distribution.
Une économie écologiqueDévelopper la logique de biens communs et de l'économie de fonctionnalité, à travers le partage.
Créer un réseau de mise en commun, de réparation et de revalorisation d'objets obsolètes dans une optique de partage et de distribution.
Créer un service public de l'environnement pour la gestion des déchets, des énergies et de l'eau.
Pour contribuer à résoudre les problèmes de revitalisation qui proviennent des sous-‐sols pollués, faire payer les pollueurs successifs au prorata temporis (et non uniquement les derniers occupants).
La fabrique des idées
Coopérative d’idées et d’actions . 26
L'entrepreneuriat et l'innovation
Encourager l'entrepreneuriat sous toutes ses formes Simpli&ier le paysage de la création d’entreprises en adaptant le niveau de réglementation requis à la taille de l’entreprise en question (par exemple, des allègements pour celles en phase de lancement).
Encourager la création de junior entreprises dans les universités, à l’image de ce qui existe surtout dans les grandes écoles.
Pour faciliter la création d’entreprises, utiliser les locaux des lycées inutilisés pendant les vacances scolaires pour accueillir et accompagner des projets en phase de pré-‐amorçage.
Proposer des lieux de coordination, d’accompagnement administratif et &inancier de la création d’entreprises, portés par des jeunes entrepreneurs, jouant le rôle d’interface entre les étudiants, les incubateurs et les business angels.
"Pacte PME" : aider les PME à se développer et à s’internationaliser
Développer des formations partenariales entre PME et grandes entreprises (sur le modèle de la recherche partenariale) de moyen-‐terme a&in de créer des solidarités de fait entre ces entreprises.
Créer des dispositifs où les grandes entreprises s’appuieraient sur leur expérience pour aider les petites entreprises à se lancer et dépasser les obstacles.
Combattre plus fortement les manquements aux règles de délais de paiements des entreprises pour rééquilibrer les relations entre grandes et petites entreprises.
Reconnaître et soutenir de nouvelles formes d'innovation
Promouvoir le logiciel libre, pour faire émerger de nouveaux modèles d’innovation et de réussite.
Savoir soutenir autre chose que l'innovation technologique : l'innovation d'usage, de service, de modèle d'affaires ; l'innovation sociale...
Rapprocher la réglementation des réalités du terrain
Développer un dialogue social décentralisé au niveau des branches, pour mieux prendre en compte les stratégies de l’emploi.
Remettre en cause certains pouvoirs de police des maires pour libéraliser l’entreprenariat au niveau local.
L’enseignement, la culture
Changer l’École et l’enseignement Réviser le système de notation pour valoriser les élèves qui ne correspondent pas aux canons académiques.
Reconnaître le droit à l’erreur dès l’école primaire, pour encourager l’expérimentation tout au long de la vie.
Un service public de l’orientation « distribué » s’appuyant sur un système de parrainage à travers une plateforme de mise en relation entre particuliers.
Développer la « pédagogie inversée » et l’apprentissage entre pairs, en s’appuyant sur les opportunités offertes par le numérique.
Repenser l’accès à l’enseignement supérieur et sa place dans la Cité
Ouvrir l’Université à tous les citoyens à tous les citoyens et à tous les âges, à l’image des Danois qui disposent d’un droit universel à la formation, à l’aide d’un système de points à utiliser au moment souhaité.
Remettre à plat les frais de scolarité, organiser un système de prêts dédiés aux publics fragiles.
Faciliter l’accès à l’enseignement supérieur de la part de publics en difHiculté, à l’image de démarches existantes en faveur des prisonniers
Démocratiser l’accès aux grandes écoles, le système actuel aboutissant à l’autocensure des lycéens, à des inégalités territoriales et sociales ; ouvrir des classes préparatoires dans les universités.
Recréer le lien entre les universités et les territoires dans lesquels elles sont implantées, que ce soit au niveau culturel ou encore, en mettant des étudiants au service des besoins des territoires.
Faire de la formation « tout au long de la vie » une realité
Permettre à tous les salariés de prendre une année sabbatique tous les dix ans pour encourager leur formation.
Décentraliser davantage la formation professionnelle et l’anticipation des métiers en tension, dans le cadre de démarches de Hilières.
Faire de la Culture un chemin vers la citoyenneté« Tous créatifs » : un événement annuel à l’école, faisant des enfants les créateurs d’un objet culturel, qui impliquerait les parents et s’appuierait sur un accompagnement conjoint de l’Education nationale et de la culture.
« Bande passante » : utiliser les lieux culturels pendant leurs heures de fermeture pour en conHier l’usage à un artisan, un amateur ou un groupe qui pourrait y développer un projet.
La fabrique des idées
Coopérative d’idées et d’actions . 27
La justice, l'égalité et l'accès aux droits
Des nouveaux droits, des droits réelsPorter sur la scène européenne un projet de directive sur les droits des consommateurs.
Créer un revenu minimum (européen ?) garanti pour tous les citoyens.
Permettre à ceux qui ont des métiers pénibles de partir plus tôt à la retraite, en compensant par un allongement de la durée de cotisation des autres catégories.
Imposer dans les entreprises et les administrations un quota de chômeurs de longue durée.
Refonder le droit de la propriété intellectuel face à la révolution numérique.
Incarner l’exercice des droits Instaurer un droit à la mise en œuvre, qui permettrait d'adapter localement la réglementation, aHin de conduire des expérimentations et d'adapter le cadre normatif aux spéciHicités d'un écosystème local.
Lutter contre l’exclusion bancaire en rendant transparent le montant de l'épargne collectée sur le territoire et le part de projets locaux Hinancés par cette épargne locale, sur le modèle de la loi CRA aux Etats-‐Unis.
Une justice ef<icace parce qu'humaine Renforcer l'individualisation des peines et abolir le système des peines-‐planchers.
Construire des alternatives, au niveau des quartiers, aux peines d’emprisonnement.
Le lien social et la solidarité
Encourager l'entraide et les solidarités de proximité Développer l’habitat solidaire, par exemple les colocations au sein desquelles les habitants consacreraient du temps à de l’action solidaire.
Mobiliser les personnes âgées pour apporter du soutien aux familles, à travers de l’aide aux devoirs par exemple.
"Faire compagnie" : créer un réseau de voisins actifs pour lutter contre l'isolement.
Favoriser la solidarité des jeunes avec les personnes âgées en mettant en place un service civique obligatoire de six mois entre 18 et 25 ans.
Faire des médecins des acteurs dans la prévention et la détection des violences faites aux femmes.
Mutualiser, dé-‐privatiser et renforcer la mixité des tâches domestiques.
Pouvoir d'agir : aider l'économie et le social à s'organiser à l'échelle locale
Soutenir le développement des monnaies locales.
Transférer certains SPL (Systèmes productifs locaux) au secteur associatif en liant l'accès au service à la participation à son fonctionnement.
Former les personnes âgées à l’automédication, à l'entraide entre pairs et à la télémédecine.
Former des responsables associatifs issus de quartiers défavorisés à la mobilisation et au « community organizing », sur le modèle américain.
Médiation : recréer le lien avec les services publics et les institutions
Renforcer la médiation sociale et culturelle dans les quartiers urbains défavorisés, aUin de faire entendre la voix de leurs habitants et de constituer un espace de dialogue.
Tirer les enseignements des premières expériences de mise en place de « relais de service public » en milieu rural, en recherchant les manières de les adapter davantage aux besoins des populations (par ex. en matière de santé).
Favoriser les démarches de concertation locale pour lutter contre les inégalités en matière de santé, sur le modèle des ateliers « santé ville ».
Vivre autrement la mondialisationMener un travail d'analyse, à l'échelle européenne, des statistiques sur l'immigration aUin de construire un discours précis et factuel sur ce thème, propice à la désinformation.
Créer un observatoire d’anticipation des chocs liés à la mondialisation subis dans les territoires.
Favoriser les démarches de concertation locale pour lutter contre les inégalités en matière de santé, sur le modèle des ateliers « santé ville ».
La fabrique des idées
Coopérative d’idées et d’actions . 28
Les mobilités sociales,géographiques et numériques
Développer les mobilités scolaires et universitairesMettre en place un système d’échanges scolaires entre territoires et pas seulement entre pays européens.
Systématiser les expériences des jeunes à l’étranger en créant un « droit à la mobilité » qui permettrait à chacun de voyager gratuitement au moins une fois dans sa vie.
Instaurer et valoriser la possibilité pour tous les étudiants de réaliser une année de césure aCin de se consacrer à des projets personnels ou professionnels.
Favoriser une mobilité quotidienne respectueuse de l’environnement
Remplacer les places de parking accompagnant les logements mis en vente par les promoteurs par des cartes de transports partagés.
Redynamiser les mobilités socialesImaginer un droit à la mobilité pour favoriser l’acquisition de nouvelles qualiCications ; pourrait être facilité par la création d’un passeport européen, qui permettrait le transfert des droits sociaux d’un pays à l’autre.
Etablir le coût des transports de manière inversement proportionnelle aux distances parcourues, aCin de compenser les handicaps économiques, sociaux et culturels dont souffrent les habitants en périphérie.
Remettre en cause le principe de la sécurité de l’emploi dans la haute fonction publique et l’existence des corps, aCin de favoriser la Cluidité entre le public et le privé et la mobilité interne au secteur public.
Rendre les territoires désirables Mettre en place la Cibre optique pour tous pour relier les territoires ensemble.
Favoriser la mobilité en milieu rural, dans et hors les bourgs.
Mettre en œuvre des actions destinées à attirer des artisans en zone périurbaine, notamment dans les zones en tension.
Mobiliser l’épargne pour Cinancer les projets territoriaux.
Chers amis,Je veux vous dire combien j’ai aimé cette journée. J’ai aimé le foisonnement des idées et l’esprit constructif des débats. J’ai aimé retrouver les compagnons de voyage de la gauche, disponibles et infatigables, que vous êtes, vous acteurs de la société civile, intellectuels et politiques. J’ai aimé trouver ici les jeunes généra-tions, celles des moins de 30 ans, sans lesquelles vouloir penser l’avenir, est aussi absurde que de traverser le désert sans provisions d’eau. Alors merci à vous tous d’être là et merci à nos organisateurs, Daniel Kaplan, Christian Paul, Jean-Marc Germain….et tous ceux qui ont imaginé cette journée.Mais je vais vous dire, ce qui me fait le plus plaisir, c’est d’avoir pu mesurer combien malgré les difficultés, malgré l’épreuve du pouvoir, l’envie de changer le monde est intacte.
Et les difficultés, la France n’en manque pas, et chacun ici les mesure. Ce matin, en quelques mots, Axel Kahn nous a tout dit de la situation de notre pays et de l’état d’esprit des français. Il nous l’a dit avec la force d’analyse de l’intellectuel à la recherche du bien commun. Il nous l’a dit aussi avec la profondeur d’un homme imprégné du long périple à pied qu’il a entrepris dans le pays pendant plusieurs mois. Ses principales conclusions, nous les partageons.L’Europe devait être source de puissance, elle est devenue synonyme de nuisance. Elle traverse les crises sans en tirer les leçons. Austérité budgétaire, égoïsmes nationaux, pauvreté du débat sur l’avenir du continent.
En France, la République se fracture. Beaucoup de territoires sont au bord de la « sécession ». Des Fran-çais le sont déjà.Nous vivons un mouvement massif de dépolitisation. Perte des repères, refus des organisations et des combats collectifs, incrédulité devant les programmes politiques. Mais aussi, recul du collectif, de l’envie de se battre ensemble : d’où le chacun pour soi, la débrouille, et la conviction que son voisin est un concurrent pour trouver un emploi pour un enfant, un logement…Et les populismes sont en embuscade.
Je partage le diagnostic d’Axel, mais aussi sa conclusion.C’est pour rappeler notre ambition collective que j’ai écrit cette tribune en août dernier appelant à « une nouvelle Renaissance ».Si je suis là, si nous sommes là, c’est que nous partageons une même conviction : face au désaveu de la politique, il faut le retour du politique.Le politique au sens noble du terme, c’est donner du sens à la société, être capable de porter de grands desseins, tels ceux qui ont forgé l’identité de la France et qui la font admirer dans la monde. C’est en faisant référence à ces valeurs universelles que le Président de la République a su intervenir au Mali avec le soutien des Français. Dans ce moment précis, j’ai la conviction que plus les difficultés du quotidien sont grandes, plus le besoin de sens est fort. Beaucoup de Français l’attendent et l’attendent de la gauche, seule capable de redresser notre économie et de promouvoir la justice sociale, inséparables.
Conclusion Martine Aubry
Coopérative d’idées et d’actions . 30
C’est en pensant à tout cela que j’ai parlé de Renaissance. Pour dire que nous avons la responsabilité de faire émerger un monde nouveau. Ce d’autant qu’en France, des responsables politiques de tous bords, des responsables économiques et médiatiques, ne cessent de dénigrer notre pays, en refusant de voir en son sein les prémisses de ce monde créatif et nouveau.J’ai parlé de renaissance aussi en référence aux composantes essentielles du mouvement qui a sorti l’Europe du Moyen Age : l’homme remis au coeur de la société, le progrès scientifique, la nature magnifiée, l’ouverture au monde.Le défi de notre temps est de cette ampleur.
- Renaissance économique : pour donner corps à la sociale-écologie, par la régulation et par la négocia-tion. Notre destination, c’est une économie créative s’appuyant sur la recherche, une économie sobre éco-logiquement, une économie de la coopération plutôt que la mise en concurrence de tous, et une économie du bien-être plutôt que du tout-avoir, qui, sans renoncer à satisfaire les besoins matériels, rompt avec le consumérisme.
- Renaissance de l’action et des services publics : il convient d’articuler la demande de protection qui re-quiert des garanties collectives et la demande de prise en compte des besoins, des talents, des envies ou des difficultés des individus, ce qui nécessite une personnalisation des réponses. La réforme des retraites répond largement à ce nécessaire équilibre, on devrait à l’avenir aller plus loin en permettant un aménage-ment du temps de travail tout au long de la vie laissant plus de place aux choix de chacun, tout en offrant des garanties à tous ; Daniel Cohen en a parlé.
Ce renouveau de l’action publique et de la protection sociale ne sera possible que si l’on purge le système fiscal des injustices flagrantes qu’il contient encore. C’est la condition de l’adhésion des Français, non seu-lement à l’impôt, mais aux services publics. Je crois, moi aussi, à la nécessité d’une grande réforme fiscale, comme vient de l’engager le Premier Ministre.Par ailleurs, ainsi qu’évoqué dans les ateliers, les droits classiques devront être revisités et approfondis ; par exemple, en matière le logement, comment prendre en considération les problématiques environnementale et de mixité, afin de promouvoir de nouveaux usages, des lieux partagés et intergénérationnels ? Les condi-tions d’exercice de ces droits redéfinis doivent également être repensées : pourquoi ne pas décentraliser la mise en œuvre de la formation professionnelle ? Pourquoi ne pas ouvrir les lycées aux start ups afin d’en faire des incubateurs ?
- Renaissance européenne : il faut sortir de la crise et d’une politique de stricte austérité bien sûr, mais aussi retrouver l’ambition initiale des fondateurs de l’Union européenne, qu’avait si bien résumée Jacques Delors, la compétition qui stimule, mais aussi la coopération qui renforce et la solidarité qui unit. N’oublions pas que l’Europe a permis de réduire considérablement la pauvreté sur le continent et de tisser des liens entre ses citoyens - je pense par exemple à des programmes tels qu’Erasmus.
Conclusion Martine Aubry
Coopérative d’idées et d’actions . 31
Cela veut dire aujourd’hui instaurer un exécutif européen doté de ressources propres comme la taxe sur les transactions financières ou l’impôt écologique ; inciter l’Allemagne à renforcer sa demande intérieure -le SMIC obtenus par nos amis du SPD est un premier pas- ; aider par une super politique de cohésion so-ciale la Grèce, l’Espagne et le Portugal notamment à reconstruire leur appareil productif ; adopter le «juste échange» comme doctrine commerciale pour nous battre à armes égales avec la Chine, l’Inde, l’Amérique, le Brésil ; et bien sûr avancer vraiment dans l’harmonisation sociale et fiscale. Pour que les peuples re-gagnent ensemble des marges de manœuvre, comme le propose Habermas, sans sacrifier la démocratie.
- La culture aussi doit inspirer cette renaissance. Il n’est pas pour moi de grand projet politique sans ambi-tion culturelle. La culture est une force d’émancipation pour chacun et le ferment d’une vie collective par le partage d’émotions. Elle tend à chaque génération son miroir ; les artistes contemporains, plus qu’à toute autre époque, mettent le doigt « là où cela fait mal » pour décrire et interroger notre société : consommation à outrance, gâchis et dégât de tout nature, inégalités, violences, obscurantisme et extrémismes, absence de sens. La culture inscrit aussi notre trace, en créant le patrimoine de demain.
- La renaissance doit bien sûr être démocratique - comme l’a évoqué devant nous Christian Paul - et s’inspi-rer de nos valeurs, pour donner toute sa force au vivre-ensemble. Notre vivre ensemble est menacé par le communautarisme, les extrémismes et les fondamentalismes. Par le racisme qui relève la tête. Notre amie Christiane Taubira en a été une cible de choix, tellement forte et belle que jamais ils ne l’abattront. Mais que de honte et de médiocrité dans ces odieuses attaques. Enfin hier ont eu lieu des manifestations dans la rue pour dire non au racisme. Avec Christiane Taubira, nous redirons sans cesse ces mots de Césaire dans des temps de résistance : « nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre ». Comment vivre ensemble quand la société est malmenée par le repli sur soi et l’individualisme ?Probablement en se donnant trois fils rouges. Ajouter la coopération à la compétition ; ne pas sacrifier le long terme au court terme ; préférer la réciprocité –j’appelle cela le care- et donc la solidarité à l’individualisme.
Ce que j’ai voulu dire aussi, c’est que cette renaissance n’est pas une utopie. Je dirai même que les pré-misses sont déjà là.
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Martine Aubry
Conclusion Martine Aubry
Coopérative d’idées et d’actions . 32
Après ce premier succès, nous devons maintenir l’élan né de la journée du 1er décembre et mettre à profit les énergies rassemblées.
Dans cette perspective, les suites de cet évènement seront structurées autour de quatre axes :
• Lancer les premiers projets Renaissance et valoriser les expériences déjà mises en œuvre dans des territoires. Les ateliers organisés le 1er décembre ont permis d’identifier des projets d’expérimentation pouvant être mis en œuvre dans les territoires proposés. Il est désormais essentiel de donner des suites concrètes à ces projets. Nous allons ainsi lancer nos premiers pro-jets dès février 2014, en région Centre et à Grenoble.
• Favoriser de nouvelles initiatives dans le cadre de Renaissance : certaines idées pré-sentées dans le cadre des ateliers du 1er décembre n’ont pas été retenues dans la « première vague », notamment par manque de cohérence avec les thèmes abordés lors de l’atelier concerné. Or nombre de ces idées sont particulièrement innovantes et présentent un intérêt pour un autre territoire ; nous soutiendrons leur mise en œuvre.
• Constituer et faire vivre un «réseau Renaissance» : les initiatives soutenues et les projets Renaissance mis en œuvre dans les territoires identifiés pourront former, à moyen terme, un «ré-seau Renaissance», mis à la disposition d’autres territoires.
• Prolonger « la fabrique du sens », avec un projet politique qui allie pensée globale et action concrète. Renaissance doit ainsi offrir une « colonne vertébrale » politique et intellectuelle à une démarche empirique d’innovation sociale
ET MAINTENANT ?
REJOIGNEZ-NOUS !
Nous serions très heureux de vous compter parmi nous.Renaissance est une association loi 1901, présidée par Martine AUBRY, et animée à parité par des person-nalités de la société civile et par des élus.Pour adhérer, il suffit d’envoyer une lettre, confirmant votre demande d’adhésion et accompagnée de votre contribution (par chèque), à l’adresse suivante :
Association Renaissance, 124 rue de l’Abbé Groult, 75015 Paris• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
Le montant de l’adhésion a été fixé de manière indicative à 50 euros, 10 euros pour les étudiants et 150 euros pour les parlementaires, libre à chacun évidemment en fonction de ses contraintes ou possibilités de choisir un autre montant.
Merci de bien vouloir nous communiquer vos coordonnées précises (adresse, date de naissance, le cas échéant téléphone, email) ainsi que les informations que vous souhaitez nous faire connaître sur votre parcours et vos centres d’intérêt.
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