projet de raccordement de la corse au gaz naturel à ... · ce dossier pourra être complété au...
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GRTgaz a pour missions essentielles d’exploiter, de maintenir et de développer en toute sécurité le réseau de transport de gaz naturel en France, et d’en commercialiser les capacités de transport. Cette mission, qui doit également satisfaire à des obligations de service public, est accomplie avec une préoc-cupation constante : respecter et accompagner l’évolution des territoires et des régions où nos ouvrages sont implantés.
Le projet Cyrénée, proposé à la concertation, consisterait à poser une canalisation de transport pour acheminer le gaz naturel sur le territoire Corse à partir du GALSI, un gazoduc en projet qui doit relier l’Algérie à l’Italie via la Sardaigne. Bien que la décision relative au GALSI n’ait pas encore été prise par ses commanditaires, GRTgaz a décidé d’engager cette phase de concertation dès à présent. Si le projet GALSI se décide, il présentera une réelle opportunité d’amener le gaz naturel en Corse, avec son prolon-gement naturel : le projet Cyrénée.
Le projet Cyrénée s’inscrit dans une démarche de développement durable de la Corse, dans un contexte général de lutte contre le réchauffement climatique et de sécurisation des approvisionnements énergé-tiques.
Au regard de ces enjeux, GRTgaz propose une démarche de débat public volontaire avec l’appui de la Commission nationale du débat public (CNDP) sous la forme d’une équipe de garants, chargée de veiller à la qualité et au bon déroulement de la concertation.
Le présent dossier présente les fondements et les caractéristiques du projet ainsi que les études réalisées pour mieux comprendre la réalité des territoires concernés. Ce dossier pourra être complété au cours du débat, en fonction des thèmes que le public voudra voir développés, en accord avec l’équipe de garants.
Plus globalement, le projet Cyrénée va encore évoluer et s’enrichir grâce, en particulier, à la concertation qui s’ouvre aujourd’hui. Je veillerai personnellement à ce que les positions de GRTgaz soient nourries des contributions et des préoccupations qui auront été exprimées. J’attends de ce rendez-vous qu’il soit un moment de dialogue constructif, approfondi et large, dans l’intérêt de tous les acteurs.
Philippe Boucly,Directeur général de GRTgaz
PRÉFACE
1Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
2 AVANT-PROPOS
(PPI)* 2009-2020, via un courrier en
date du 18 janvier 2010 envoyé à
GRTgaz par le Ministre de l’Environ-
nement, du Développement Durable
et de la Mer (MEDDM) (voir courrier
en annexe p. 77), et lors du discours
du Président de la République le 2
février 2010 à Ajaccio.
D’une longueur d’environ 300 km,
dont 200 km de canalisation ter-
restre, et d’un diamètre nominal*
400 (environ 40 cm), le projet Cyré-
née n’est pas soumis à la saisine
(article L 121-8 du code de l’environ-
nement) de la Commission nationale
du débat public (CNDP).
Néanmoins, GRTgaz a souhaité sol-
liciter la CNDP au titre de l’article L
121-1 du code de l’environnement
qui précise que la CNDP « conseille
à leur demande les autorités compé-
tentes et tout maître d’ouvrage sur
toute question relative à la concer-
tation avec le public tout au long de
l’élaboration du projet ».
Rappel synthétique de
l’historique du projetSuite aux études d’opportunité du
projet GALSI achevées en 2006,
GRTgaz a lancé début 2007, à la
demande du Ministère de l’Envi-
ronnement, du Développement
Durable et de la Mer (MEDDM), des
études préliminaires pour permettre
d’approvisionner en gaz naturel les
agglomérations d’Ajaccio et de Bas-
tia et de raccorder les deux centrales
thermiques de la Corse au GALSI.
Des études de faisabilité ont ensuite
été menées par GRTgaz en 2008 et
2009 afi n de défi nir des couloirs
de passage possibles pour la cana-
lisation, en prenant en compte les
enjeux techniques et environnemen-
taux.
Le gouvernement a confi rmé sa
volonté de voir la Corse raccor-
dée au gaz à plusieurs reprises, par
l’inscription du projet dans la Pro-
grammation pluriannuelle d’inves-
tissement de production électrique
Le projet de raccordement de la Corse au GALSI (Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie), appelé projet « Cyrénée », vise à alimenter en gaz naturel les centrales de production d’électricité de Bastia et d’Ajaccio, ainsi que leur agglomération. Il se traduit par l’étude d’un gazoduc à construire entre d’une part, Olbia en Sardaigne et Zonza en Corse, puis, d’autre part, de Zonza aux agglomérations de Bastia et d’Ajaccio.La décision fi nale de réaliser le projet Cyrénée n’est pas encore prise à ce stade.
La concertationdans le déroulement d’un projet comme le raccordement de la Corse au GALSI
3Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
PATRICK LEGRANDVice-président de la CNDP, architecte DPLG, ingénieur de recherche de l’Institut national de recherche agronomique (INRA), président d’honneur de l’association France nature environnement (FNE), ancien membre du Conseil économique et social (CES) et de la Commission du développement durable. Il a été président de Commissions particulières notamment des débats publics « ERIDAN » et « Arc de Dierrey », projets de canalisations de transport de gaz naturel.
PAULA CECCALDIJournaliste intervenant sur divers sujets pour le compte de supports variés, notamment de vulgarisation scientifi que pour laquelle elle met à profi t sa formation de biologiste.Elle a déjà été membre de Commissions particulières du débat public, telles que celles relatives à la « gestion des déchets radioactifs de haute activité et de moyenne activité à vie longue » en 2005 et 2006, et, tout récemment, à « Penly 3 », réacteur de type EPR.
PIERRE GERVASONIngénieur ENSPM (Institut français du pétrole), parcours industriel dans la R&D et la communication environnementale, sanitaire, développement durable et crise, formation universitaire en Sciences physiques.Il a été membre de Commissions particulières notamment des débats publics « ERIDAN » et « Arc de Dierrey », projets de canalisations de transport de gaz naturel.
PATRICIA WATENBERGDe formation juridique et dans le domaine des sciences politiques, est ingénieur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), dont elle préside aujourd’hui le centre de recherche de Paris.Elle a été membre de la Commission particulière du débat public « ERIDAN », projet de canalisation de transport de gaz naturel.
En effet, compte tenu des enjeux du
projet en termes d’aménagement
du territoire et d’impacts environ-
nementaux et socio-économiques,
GRTgaz souhaite engager dans les
meilleurs délais une concertation
sous la forme d’un débat public
volontaire avec l’appui de la CNDP,
en amont du dépôt du dossier de
demande d’autorisation et de l’en-
quête publique.
En réponse à la demande de GRTgaz,
la CNDP a désigné M. Patrick Legrand
le 2 juin 2010 comme personnalité
indépendante garante de la mise en
œuvre de la concertation sur le pro-
jet Cyrénée. Afi n de l’assister dans
cette mission, M. Patrick Legrand
a proposé à GRTgaz, qui l’a accep-
tée, la constitution d’une équipe de
garants composée de 3 garants délé-
gués : Mme Paula Ceccaldi, M. Pierre
Gervason, Mme Patricia Watenberg.
L’équipe de garants est chargée :
de veiller à la qualité de la concer-
tation, de l’information, et des
réponses apportées par GRTgaz au
public ;
de veiller à ce que tous ceux qui le
souhaitent puissent s’exprimer ;
d’animer les réunions publiques.
A l’issue de la concertation, l’équipe
de garants rédigera un rapport sur
la manière dont la concertation
s’est déroulée. GRTgaz réalisera un
compte rendu des échanges et des
avis exprimés, qui sera soumis à la
validation de l’équipe de garants.
Ces deux documents seront transmis
à la CNDP et rendus publics.
4 AVANT-PROPOS
publique, le tracé pourrait encore
connaître des aménagements. A l’is-
sue de ces procédures, le projet est
déclaré d’utilité publique par arrêté
inter-préfectoral ; la construction
et l’exploitation de l’ouvrage sont
autorisées par arrêté ministériel du
Ministre de l’Ecologie, de l’Energie,
du Développement durable et de la
Mer (MEEDDM).
Dans ce type de projet, GRTgaz
propose à chacun des propriétaires
concernés la signature, à l’amiable,
d’une convention de servitude.
A ce jour, les travaux sont étudiés
pour se dérouler sur une période de
18 mois, la mise en service est envisa-
gée à partir de 2015.
suivre l’instruction administrative du
dossier.
Le projet serait ensuite proposé et
soumis à une enquête publique qui
concerne toutes les communes du
tracé. Il convient de noter que le
compte rendu de GRTgaz et le rap-
port de l’équipe de garants sur la
concertation sont, dans ce cas, trans-
mis à la commission d’enquête et
joints au dossier d’enquête publique.
C’est aussi au cours de la phase d’en-
quête publique que les études plus
précises relatives à la sécurité et à
l’impact du projet sur l’environne-
ment sont présentées au public.
Au cours de la consultation adminis-
trative des maires et des services de
l’Etat concernés, puis de l’enquête
A l’issue de la concertation, GRTgaz
rendra public les conditions et les
principes de la poursuite de ce pro-
jet, et notamment les modalités de
concertation pour la suite du projet.
Sans préjuger de la décision de
poursuivre ou de modifi er le projet
à l’issue de la concertation, le maître
d’ouvrage débutera les études de
base en 2011, afi n de dresser un
état des lieux précis du territoire
concerné et de défi nir le meilleur
tracé possible, en limitant au maxi-
mum ses impacts.
S’il décidait de poursuivre le pro-
jet, GRTgaz déposerait alors une
demande d’autorisation ministé-
rielle sur un projet précisé. A partir
de cette demande, un préfet coor-
donnateur serait alors désigné pour
LA PLACE DU DÉBAT PUBLIC DANS LA CONDUITE DU PROJET
200620072008200920102011
Premières études : études d’opportunité, le contexte territorial, la faisabilité technique et économique
Demande de l’appui de la CNDP pour la concertation préalable
Concertation préalable : débat public volontaire
Etudes de base (études d’impacts et de sécurité)
A l’issue du débat public volontaire : décision de GRTgaz et demande d’autorisation ministérielle.
Après avoir présenté de manière synthétique le maître d’ouvrage et le projet (chapitre 1), GRTgaz présente les fondements du projet (chapitre 2), avant d’en décrire les grandes caractéristiques (chapitre 3). Puis, ce dossier présente la description du territoire sur lequel l’implantation de la canalisation est envisagée (chapitre 4), avant d’en décrire les impacts identifi és à ce jour (chapitre 5).
SOMMAIRE
5Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
Préface
Avant-Propos
PRÉSENTATION SYNTHÉTIQUE DU MAÎTRE D’OUVRAGE, DU PROJET ET DE SON HISTORIQUE
Présentation synthétique du maître d’ouvrage
Le projet en bref
LES FONDEMENTS DU PROJET CYRÉNÉE
Un projet s’inscrivant dans une politique plus large de lutte contre le réchauffement climatique et de sécurisation des approvisionnements énergétiques
Un projet de raccordement de la Corse au GALSI au cœur du développement durable
LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET CYRÉNÉE
Les caractéristiques techniques
Comment le chantier pourrait-il se dérouler sur la partie terrestre ?
La phase d’exploitation : opérations de surveillance, d’inspection et de maintenance
Coût du projet et modalités de financement
Calendrier du projet
LES TERRITOIRES CONCERNÉS PAR LE PROJET CYRÉNÉE
Les grandes caractéristiques du territoire dans lequel le projet s’inscrit
La démarche de choix des couloirs de passage mis à l’étude
Zoom sur les couloirs de passage proposés
Le couloir Zonza-Ajaccio
Le couloir Zonza-Bastia
LES IMPACTS PRÉVISIBLES DU PROJET CYRÉNÉE
Analyse préliminaire des impacts du projet sur l’environnement
Analyse préliminaire des impacts du projet sur le cadre de vie et les activités humaines
Aller plus loin pour mesurer les impacts : les études à venir
GLOSSAIRE
Annexe
1
2
7
8
14
17
18
21
27
28
32
39
40
41
43
44
48
51
52
54
59
60
66
72
74
77
PRÉSENTATION SYNTHÉTIQUE DU MAÎTRE D’OUVRAGE, DU PROJET, ET DE SON HISTORIQUE
7Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
8 PRÉSENTATION SYNTHÉTIQUE DU MAÎTRE D’OUVRAGE, DU PROJET ET DE SON HISTORIQUE
1 - Directive 98/30/CE du Parlement européen et du Conseil du 22 juin 1998 concernant les règles communes pour le marché intérieur du gaz naturel, publiée au JOCE le 21 juillet 1998. Ce texte a été complété par une « seconde directive gaz », 2003/55/CE, en date du 26 juin 2003.
Présentation synthétique du maître d’ouvrage
Créée le 1er janvier 2005 en vertu de la loi du 3 janvier 2003 qui transpose une directive européenne de 1998, dite « première directive Gaz »1, GRTgaz est aujourd’hui le propriétaire et le gestionnaire du réseau de transport de gaz naturel géré précédemment par Gaz de France.
Le réseau de GRTgaz en 2010
9Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
2 - Soit un peu plus de 9 000 communes, représen-tant 77 % de la population française.3 - Il est à noter que l’activité de stockage n’est pas du ressort de GRTgaz, mais de Storengy, fi liale du groupe GDF SUEZ. De même, les terminaux méthaniers peuvent être développés et exploités par des industriels, sous réserve d’autorisations administratives (voir à ce sujet les 3 débats publics qui ont été organisés par la CNDP en 2007 et les deux organisés en 2010).
7 000 kilomètres, qui voisine avec un
réseau régional, de plus petits dia-
mètres et de plus faibles pressions.
L’un et l’autre ont une caractéris-
tique commune : celle d’être enter-
rés.
Ces réseaux sont à distinguer du
réseau de distribution du gaz natu-
rel, doté de canalisations de plus
faibles tailles et de plus faibles pres-
sions, et situé dans les communes
desservies par le gaz naturel2.
Le gaz naturel est actuellement
acheminé par plusieurs points d’en-
trée, en trois points terrestres aux
frontières du Nord de la France
(Loon-Plage à côté de Dunkerque,
Taisnières et Obergailbach) et en
deux points d’entrée maritimes,
avec les terminaux méthaniers de
Fos-sur-Mer et de Montoir-de-Bre-
tagne3.
d’égal contenu énergétique en un
ou plusieurs points de livraison de ce
réseau ;
le raccordement et la livraison
de gaz naturel auprès des clients
industriels raccordés sur le réseau de
transport et auprès des réseaux de
distribution.
En outre, GRTgaz a une obliga-
tion de service public : celle d’assu-
rer la continuité de fourniture de
gaz naturel, y compris par « grand
froid », notion défi nie par la loi
comme un hiver froid tel qu’il s’en
produit statistiquement tous les 50
ans, et/ou une température extrême-
ment basse pendant une période de
3 jours maximum, telle qu’il s’en pro-
duit statistiquement une tous les 50
ans. Cette température sert de réfé-
rence pour GRTgaz comme engage-
ment pour assurer la fourniture de
gaz naturel aux clients domestiques,
aux clients non domestiques n’ayant
pas souscrit de fourniture interrup-
tible, et aux clients assurant une
mission d’intérêt général (services de
santé, défense nationale, adminis-
tration).
Pour cela, GRTgaz s’appuie sur un
réseau d’un peu plus de 32 000 kilo-
mètres de canalisations et 25 sta-
tions de compression, qui font d’elle
le gestionnaire de l’un des plus
grands réseaux de transport de gaz
naturel en Europe.
Ce réseau est composé d’un réseau
principal, dit réseau « grand trans-
port », constitué de grandes artères,
en acier, à larges diamètres et hautes
pressions, représentant près de
Société anonyme au capital de
500 000 000 euros, GRTgaz est une
fi liale détenue à 100 % par GDF
SUEZ, indépendante sur les plans
juridique et managérial. Son siège
social est situé 2, rue Curnonsky -
75017 Paris.
Sous le contrôle de la Commission
de régulation de l’énergie (CRE), la
mission de GRTgaz consiste à entre-
tenir, exploiter, développer et com-
mercialiser le réseau de transport de
gaz naturel de manière transparente
et non discriminatoire pour tous les
fournisseurs / expéditeurs actifs sur
le marché français, dont le nombre
s’élève à plus de 60 aujourd’hui.
En développant ses infrastructures,
GRTgaz répond aux besoins des uti-
lisateurs de son réseau et permet
aux consommateurs de bénéfi cier
de sources d’approvisionnement
diversifi ées et donc des prix les plus
compétitifs. Cette diversifi cation
contribue également à renforcer la
sécurité d’approvisionnement éner-
gétique du pays.
Concrètement, GRTgaz assure une double prestation :
l’acheminement pour le compte
des expéditeurs de gaz naturel, des
fournisseurs de gaz naturel sur le
marché français ou des traders négo-
ciant l’achat-vente de gaz naturel
sur les marchés européens. L’ache-
minement consiste en la réception
en un ou plusieurs points d’entrée
du réseau de transport d’une quan-
tité défi nie de gaz naturel et la
restitution d’une quantité de gaz
10 PRÉSENTATION SYNTHÉTIQUE DU MAÎTRE D’OUVRAGE, DU PROJET ET DE SON HISTORIQUE
4 - Région Val de Seine, Région Nord-Est, Région Centre Atlantique, et Région Rhône-Méditerranée.5 - Etude disponible sur le site internet de GRTgaz : http://www.grtgaz.com/ 6 - Par exemple, l’unité « Région Val-de-Seine » a établi un partenariat pour la biodiversité avec le Muséum d’Histoire Naturelle et la Région Ile de France ; ce partenariat concerne l’étude des bandes de servitude en milieu forestier et dans les zones humides. De manière plus large, un parte-nariat a été établi le 27 février 2010 entre GRTgaz et la Fédération des Parcs Naturels Régionaux de France (voir p. 65 du présent dossier, et le site www.grtgaz.com).
Dans ce contexte marqué par l’émer-
gence de nombreux projets, l’étude
prévoit ainsi 6,5 milliards d’euros
d’investissement sur cette période
2009-2018, dont 60% consacrés au
développement des capacités et
à l’amélioration de la fl uidité du
réseau. Ces investissements, une
fois approuvés par la Commission
de régulation de l’énergie (CRE),
permettront en outre d’augmenter
sensiblement la capacité d’entrée
sur le réseau français, et donc la
sécurité d’approvisionnement, tout
en renforçant la sécurité du réseau
existant et sa conformité avec les
normes environnementales les plus
récentes.
Enfi n, un plan d’action de dévelop-
pement durable est adopté chaque
année au sein de GRTgaz. Il constitue
la synthèse des actions contribuant
au développement durable inscrites
dans les processus et dans les plans
stratégiques des différentes unités
de GRTgaz6. Il vise en particulier, sur
le plan environnemental, à prendre
en compte les exigences réglemen-
taires dans de multiples domaines :
air, eau, déchets, bruit, énergie,
patrimoine naturel. Il applique ces
exigences notamment dans les acti-
vités compression et réseau.public, le 8 octobre 2009, une étude
prospective sur le développement
du réseau de transport pour 2009
– 20185. Elle montre que des incer-
titudes pèsent sur l’évolution du
système gazier dans son ensemble.
Dans ce contexte, GRTgaz ne dispose
pas d’une vision déterministe de
l’évolution du réseau, mais se doit
d’apporter aux opérateurs les élé-
ments techniques et économiques
qui les aideront à défi nir au mieux
les besoins d’acheminement sur les-
quels ils sont prêts à s’engager.
GRTgaz a réalisé un chiffre d’affaires
de 1 478 millions d’euros en 2009.
Le montant de ses investissements
s’élève, pour la même année, à 658
millions d’euros.
La société compte aujourd’hui plus
de 2 700 collaborateurs, organisés
au sein de services centraux et de
quatre grandes régions4, maillage
qui lui permet de couvrir l’ensemble
du territoire continental, à l’excep-
tion du quart sud-ouest de la France,
géré par TIGF, fi liale du Groupe
Total. Pour l’avenir, GRTgaz a rendu
ALLEMAGNE
BELGIQUE
SUISSE
ITALIE
ESPAGNE
Dunkerque
Taisnière
Otlingue
Obergailbach
Fos
Montoir
Le réseau principal en France avec les points d’entrée / de sortie
Canalisations GRTgaz
Canalisations TIGF
Stockage Storengy
Stockage TIGF
Arrivée de gaz naturel
Terminal méthanier
11Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
L’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie en Europe a conduit Gaz de France à séparer ses activités d’exploitation-production-commercialisation de celle de gestion de ses réseaux de transport et de distribution, suscitant la création de GRTgaz en 2005. Le 1er janvier 2008, pour se mettre en conformité avec les dernières dispositions législatives, Gaz de France a également procédé à la fi lialisation de ses activités de distribution de gaz naturel en France, au travers d’une nouvelle société anonyme : « Gaz réseau Distribution France » (GrDF). GrDF a ainsi reçu l’ensemble des biens, des droits et obligations de Gaz de France en matière de distribution et, en particulier, les contrats de concession qui lient Gaz de France et les communes pour la desserte du gaz naturel.
En France depuis le 1er juillet 2007, l’ouverture du marché de l’énergie est totale : les particuliers comme les
industriels sont ainsi libres de choisir leur fournisseur d’énergie. A ce jour, plus de soixante opérateurs ont obtenu une autorisation de fourniture de gaz naturel.L’acheminement du gaz naturel en Europe reste une activité régulée. En effet, les transporteurs disposent d’infrastructures qui les placent en position de « monopole naturel » sur leur périmètre géographique.En France, la loi du 9 août 2004 relative au service public de l’électricité et du gaz et aux entreprises électriques et gazières régit le transport de gaz naturel. Cette loi prévoit des obligations de service public pour le transporteur mais exige également la neutralité et la transparence nécessaires pour favoriser la concurrence entre opérateurs gaziers. Elle encadre enfi n l’évolution tarifaire : celle-ci est publique et décidée en accord avec l’Etat.Le coût du transport représente en moyenne 7% du prix du gaz payé par
le client fi nal. L’activité de GRTgaz est contrôlée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), une autorité administrative indépendante, créée en 2000, chargée de veiller au bon fonctionnement des marchés de l’électricité et du gaz en France. En particulier, la CRE approuve chaque année le programme d’investissements de GRTgaz et propose aux ministres concernés les tarifs d’utilisation des réseaux de transport de gaz naturel.Elle est aussi garante de l’indépendance des gestionnaires de réseaux et de l’application du code de bonne conduite.
Le conseil d’administration de GRTgaz est constitué de 9 administrateurs nommés par l’Assemblée générale (7 représentants du groupe GDF SUEZ et 2 indépendants) et de 3 administrateurs élus par les salariés. Un commissaire du Gouvernement participe aux réunions du Conseil.
500 millions d’euros de capital
2 733 collaborateurs
1 478 millions d’euros de chiffre d’affaires
661 milliards de kWh transportés en 2009
658 millions d’euros investis en 2009
32 200 km de canalisations de transport de gaz naturel haute pression
5 200 postes de détente, comptage et livraison (dont 3421 postes de livraison aux distributions publiques* et 1085 postes de livrai-son aux consommateurs industriels). 25 stations de compression*
L’ORGANISATION DU MARCHÉ DU GAZ NATUREL EN FRANCE
12 PRÉSENTATION SYNTHÉTIQUE DU MAÎTRE D’OUVRAGE, DU PROJET ET DE SON HISTORIQUE
A l’origine, le gaz naturel provient de la lente métamorphose de micro-organismes (animaux et végétaux) qui constituent le plancton. Ces organismes, déposés au fond des océans en bordure des continents, se sont lentement incorporés aux sédiments pour constituer la roche mère. Recouverts sans cesse de nouveaux dépôts, à l’abri de l’oxygène et de la lumière, ils se sont enfoncés dans la terre avant de connaître des migrations qui les ont conduits vers des pièges où ils se sont accumulés. La prospection consiste à explorer le sous-sol d’une région à la recherche de structures susceptibles de contenir des hydrocarbures.Si les géologues ont la conviction que du gaz naturel peut se trouver dans le sous-sol, on passe à la phase de forage. Seul un forage sur six, en moyenne, est susceptible de fournir des hydrocarbures.Ensuite, l’exploitation consiste à attaquer la roche en sous-sol grâce à un trépan*. Le gaz est atteint, la production peut commencer.Il faut ensuite procéder au traitement du gaz naturel, pour le rendre utilisable. Les différentes opérations sont effectuées sur place, dans une usine de traitement, d’autres
sont effectuées plus tard dans les terminaux méthaniers ou à la sortie des stockages souterrains.Le gaz naturel est alors transporté par gazoduc jusqu’à un lieu de consommation ou jusqu’à une usine où il sera liquéfi é pour être chargé sur un navire méthanier.Le stockage permet de conserver du gaz naturel en attente pour une utilisation ultérieure : en été, les stockages sont remplis pour être utilisés l’hiver. Ils permettent de passer les pointes de consommation et contribuent également à la sécurité d’approvisionnement du pays.Le réseau de transport s’arrête là où commence le réseau de distribution ou l’utilisation industrielle du gaz naturel. Le poste de livraison constitue cette frontière où les quantités de gaz naturel livrées sont mesurées, et où la pression est diminuée pour les besoins du réseau de distribution ou des industriels. La distribution consiste à alimenter en gaz naturel des particuliers, des petites entreprises et des collectivités. Les communes chargent un concessionnaire de construire et d’exploiter le réseau de distribution, qui doit pouvoir être utilisé, comme le réseau de transport, par les divers fournisseurs de gaz naturel.
La chaîne gazière
L’EXPLORATION/PRODUCTIONLe gaz naturel provient de gisements terrestres ou marins (off shore).Il est importé principalementde Norvège, des Pays-Bas, de Russie et d’Algérie.
LE TRANSPORTLe gaz naturel est transporté soit par voie terrestre,par un réseau de gazoducs, soit par voie maritime, par méthanier.
LE STOCKAGELe gaz naturel est stocké dans des réservoirs souterrains naturels. Ce système permet de réguler le stock en fonction de la demande des clients.
LA DISTRIBUTIONLe gaz naturel est distribuéà tous les consommateursà basse ou moyenne pression(de 20 mbar* à 4 bar*).
LA FOURNITUREDU GAZ NATURELOuverte à la concurrencedepuis le 1er juillet 2007
13Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
et national, dans le cadre du Gre-
nelle de l’Environnement notam-
ment.
la diversifi cation des approvision-
nements et la contractualisation à
long terme des achats de gaz natu-
rel : les obligations de service public
fi xées par le législateur constituent
les principales mesures pour enca-
drer l’activité des différents acteurs
et assurer une continuité suffi sante
sur le court et le moyen terme, en
particulier pour les clients les plus
vulnérables. De plus, le suivi et la
mise à jour annuelle des autorisa-
tions de fourniture permettent de
suivre les sources d’approvisionne-
ment et la part des contrats de long
terme pour chaque fournisseur.
le développement des infras-
tructures : l’Etat veille à ce que les
investissements nécessaires à l’ali-
mentation des clients soient réalisés
en temps et en heure. A travers le
plan indicatif pluriannuel identifi ant
les besoins, l’Etat peut notamment,
sur proposition de la CRE, accorder
une bonifi cation de la rémunération
pour les nouveaux développements
d’infrastructures régulées.
L’ensemble de ces mesures préven-
tives est complété par un mécanisme
de gestion de crise, dont les mesures
sont décrites dans un « plan d’ur-
gence gaz » défi ni dans un arrêté
d’octobre 2006.
(source : la programmation plurian-
nuelle d’investissement 2006 et le
projet de plan indicatif pluriannuel
des investissements dans le secteur
du gaz* pour la période 2009-2020
du Ministère de l’Ecologie, de l’En-
ergie, du Développement durable et
de la Mer)
L’Etat a la responsabilité de mettre
en œuvre la politique énergétique
défi nie par la loi du 13 juillet 2005,
politique qui s’articule autour de
quatre objectifs :
garantir la sécurité de l’approvi-
sionnement ;
préserver l’environnement et lut-
ter contre l’effet de serre ;
garantir un prix compétitif de
l’énergie ;
garantir l’accès de tous à l’énergie.
La sécurité de l’approvisionnement
repose elle-même sur trois piliers :
la maîtrise de la demande : un
effort important a été mis en place
dès 1974 ; il se poursuit avec des
mesures telles que les crédits d’im-
pôts en faveur des chaudières à
condensation et haut rendement
au gaz naturel, ou encore le méca-
nisme de certifi cats d’énergie lancé
à la fi n de l’année 2006. Les mesures
de maîtrise de la demande devraient
par ailleurs être amplifi ées dans les
années à venir, compte tenu des
objectifs pris aux niveaux européen
QU’EST-CE QU’UN GAZODUC DE TRANSPORT ?C’est une canalisation en acier supportant des pressions pouvant, en France, aller jusqu’à une centaine de bar*. Les gazoducs sont enterrés et recouverts d’au moins 1 mètre de terre, mais peuvent aussi passer sous la mer ou sous des fl euves, des rivières, des routes, des autoroutes… Leur diamètre est variable selon les quantités de gaz naturel à acheminer, de 80 à 1 200 mm en France.
Le rôle de l’Etat dans le développement des infrastructures gazières
14 PRÉSENTATION SYNTHÉTIQUE DU MAÎTRE D’OUVRAGE, DU PROJET ET DE SON HISTORIQUE
Le projet en bref
Le projet, objet de ce dossier, a pour objectif d’alimenter la Corse en gaz naturel, à partir du projet de Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie (GALSI), qui consiste à créer une canalisation de transport de gaz naturel entre l’Algérie et la Toscane en Italie, en passant par la Sardaigne (cf. encadré ci-contre).
Le projet Cyrénée consiste donc à
construire une canalisation de trans-
port de gaz naturel entre la Corse
et le GALSI. Cette canalisation serait
connectée au GALSI au niveau d’Olbia
en Sardaigne, d’où elle rejoindrait,
via un itinéraire sous-marin, le Golfe
de Pinarello en Corse. Au plus proche
de la côte, la canalisation serait alors
enterrée pour rejoindre le poste d’at-
terrage* au niveau de la commune de
Zonza. A partir de ce poste, la canali-
sation serait divisée en deux conduites
souterraines, l’une rejoignant l’agglo-
mération de Bastia et la future cen-
trale thermique de Lucciana, et l’autre
l’agglomération d’Ajaccio et la future
centrale qui à terme remplacera la
centrale du Vazzio.
La longueur totale du raccordement
de la Corse au GALSI est estimée à
environ 300 km, dont plus de 200 km
de canalisations terrestres (de Zonza
à Bastia et de Zonza à Ajaccio) et
une centaine de kilomètres de cana-
lisation sous-marine entre Olbia et
le Golfe de Pinarello dans la com-
mune de Zonza.
Carte du projet
15Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
importantes ou de cours d’eau, pour
permettre la circulation des engins
et le stockage de la terre végétale et
des déblais de la tranchée.
Le coût global de ce projet est
estimé, en 2009, à un montant de
l’ordre de 424 millions d’euros.
La mise en service du raccordement
de la Corse au GALSI pourrait se
faire à la fi n de l’année 2015, c’est-à-
dire à l’issue des étapes de concerta-
tion, de procédures administratives
d’autorisation, et de construction de
Les canalisations seraient composées
de tubes d’acier d’un diamètre nomi-
nal* 400, soit environ 40 cm. Sur la
partie terrestre, les canalisations
seraient enfouies sous au moins 1
mètre de terrain, tandis que dans sa
partie maritime, la conduite serait
posée sur le sol au fond de la mer.
La pression du gaz dans la cana-
lisation terrestre est prévue pour
atteindre un maximum d’environ 68
bar*, sachant que la pression dans le
réseau de transport géré par GRTgaz
s’échelonne de 40 à 95 bar.
A l’arrivée de la canalisation sous-
marine dans le Golfe de Pinarello
situé sur la façade maritime de la
commune de Zonza, un poste d’at-
terrage serait construit pour faire la
jonction avec les canalisations ter-
restres ainsi que pour contrôler la
qualité et réguler la pression du gaz
à l’arrivée en Corse.
En outre, tous les 10 à 20 km environ
sur la partie terrestre seraient ins-
tallés des équipements permettant
d’interrompre la circulation du gaz
si nécessaire : ce sont les postes de
sectionnement*.
En dehors des acquisitions foncières
réduites pour les postes de section-
nement, la réalisation du projet
entraînerait seulement des bandes de
servitudes (voir p. 70) sur les terrains
traversés, d’une largeur de 10 m.
L’impact sur le paysage d’une cana-
lisation de gaz naturel terrestre,
en dehors des zones boisées et des
enrochements, se limite à des bornes
et balises de repérage espacées.
Lors du chantier, il faut aménager
une piste d’une largeur de 20 m
environ en tracé courant, c’est-à-
dire en dehors des points particuliers
comme les franchissements de voiries
D’une longueur de près de 900 km, dont 600 km offshore, le projet GALSI doit acheminer le gaz naturel du gisement géant de gaz d’Hassi R’mel en Algérie vers l’Italie du Nord après avoir traversé la Sardaigne. Sa capacité de transport sera de 8 milliards de m3 de gaz par an. Posée jusqu’à 2885 m de profondeur entre l’Algérie et la Sardaigne, la pose du GALSI dans sa partie sous-marine représentera un record mondial.Les études détaillées de tracé se sont achevées à l’été 2008. Le coût d’investissement du projet est estimé à 2 milliards d’euros, dont 700 millions pour la section située en amont de la Sardaigne. Le GALSI fait partie des projets de gazoduc pour la réalisation desquels la Commission européenne a débloqué 1,39 milliards d’euros dans le cadre du programme énergétique européen pour la relance.
l’ouvrage pendant 18 mois environ.
L’alimentation de la Corse via ce rac-
cordement représenterait une part
marginale du volume global de gaz
naturel transporté par le GALSI :
environ 5 % du volume de gaz serait
prélevé à terme pour l’approvision-
nement de l’île, c’est-à-dire pour
l’alimentation des deux futures cen-
trales et des agglomérations d’Ajac-
cio et de Bastia.
En tout état de cause, la décision de
poursuivre le projet ne sera prise
que lorsque la réalisation du GALSI
sera confi rmée par le consortium.LE PROJET GALSI EN BREF(Source : www.galsi.com)
LES ACTEURS DU PROJET GALSILe consortium GALSI, créé en 2003, est responsable du développement, de la réalisation et de la gestion du projet. Il est composé d’entreprises gazières et d’opérateurs énergétiques internationaux comme la Sonatrach (actionnaire à 41,6%), Edison (20,8%), Enel Produzione (15,6%) et Gruppo Hera (10,4%). Le consortium bénéfi cie aussi du soutien de la Région de Sardaigne, dont la société fi nancière Sfi rs participe au projet (11,6%). Enfi n, la société Snam Rete Gas, principal opérateur de transport de gaz naturel en Italie, a signé un accord avec le GALSI le 7 novembre 2007 pour devenir le maître d’ouvrage, exploitant, et propriétaire de la partie italienne du gazoduc.La réalisation du projet GALSI doit être soumise à l’approbation des pouvoirs publics algériens et italiens. A l’issue de cette phase d’instruction administra-tive, le consortium prendra la décision de poursuivre ou non le projet.
OLBIA
PIOMBINO
KOUDIET DRAOUCHE
PORTO BOTTE
Alghero
Sassari
Palerm
Cagliari
TunisiEl KalaAnnaba
Roma
Firenze
QUEL RÉGIME INSTITUTIONNEL POUR LE PROJET CYRÉNÉE ?Au stade actuel du projet, la question du statut du gazoduc de raccordement de la Corse au GALSI reste à déterminer. En effet, les conditions d’accès au réseau de transport (modalités et tarifs) pour les fournisseurs de gaz naturel doivent être affi nées. S’il est décidé de poursuivre le projet, le régime institutionnel applicable à la canalisation fera l’objet de discussions : au niveau national : cette question sera traitée en concertation avec la
Collectivité territoriale de Corse et le ministère ; au niveau international entre les pouvoirs publics français, italiens, algériens,
et le consortium GALSI.
LES FONDEMENTS DU PROJET CYRÉNÉE
17Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
18 LES FONDEMENTS DU PROJET CYRÉNÉE
pétrole et au charbon ; à ce titre, on
constate une augmentation des pro-
jets de remplacement de centrales
au fi oul par des centrales au gaz
naturel, comme l’a souhaité l’Assem-
blée de Corse dans son plan énergé-
tique adopté en 2005.
De plus, le fort développement de
l’électricité pour le chauffage, en
partie au détriment du gaz naturel,
entraîne une hausse de la demande
d’électricité de pointe, à laquelle,
pour les mêmes raisons qu’exprimées
ci-avant, les centrales au gaz naturel
constituent une réponse bien adap-
tée, notamment dans le sud du pays,
où les régions sont largement impor-
tatrices d’électricité.
cinq depuis 1970, et, depuis 1990
jusqu’à aujourd’hui, c’est l’énergie
dont la consommation croît le plus
vite, selon les études publiées par le
Ministère de l’Ecologie, de l’Energie,
du Développement durable et de la
Mer (MEEDDM).
Pour l’avenir, la place relative du gaz
naturel sort renforcée des dernières
orientations dessinées aux plans
français et européen. Les conclusions
du Grenelle de l’Environnement
(www.legrenelle-environnement.
fr) appellent à une réduction des
consommations énergétiques et à
une diminution des émissions de
CO2 ; sur ce point, le gaz naturel pré-
sente des avantages par rapport au
Sécuriser les approvisionnements, et
élargir le marché du gaz naturel a-t-il
du sens, alors que la place des éner-
gies fossiles dans le bouquet énergé-
tique mondial est débattue ? Quels
seront les effets des orientations de
type Grenelle de l’Environnement en
France sur les consommations éner-
gétiques ?
Ce paragraphe livre des arguments
qui semblent plutôt confi rmer que le
gaz naturel tiendra encore demain
toute sa place, et pour plusieurs
décennies : mais, sur ce sujet, entre
autres, le débat est loin d’être clos.
Si le gaz naturel a fait son appari-
tion relativement récemment dans
le bouquet énergétique français, sa
consommation a été multipliée par
Le projet de Gazoduc entre l’Algérie, la Sardaigne et l’Italie (GALSI), qui répond aux priorités énergétiques européennes de sécurisation et de diversifi cation de l’approvisionnement, représente l’opportunité d’alimenter la Corse en gaz naturel par un raccordement au niveau d’Olbia.Ce projet de raccordement au GALSI s’inscrit en outre au cœur du développement durable de la Corse.
Un projet s’inscrivant dans une politique plus large de lutte contre le réchauffement climatique et de sécurisation des approvisionnements énergétiques
Quelle place pour le gaz naturel demain ?
QUELLE EST LA PLACE DU GAZ NATUREL DANS LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE DE LUTTE CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ?(Extraits du projet Plan Indicatif Pluriannuel des Investissements dans le secteur du gaz* - Période 2009-2020, du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire)
Le gaz naturel joue un rôle particulier et ambivalent en matière de lutte contre le réchauffement climatique : d’un côté, le gaz naturel est une énergie fossile. Son
utilisation en tant que combustible est donc source d’émissions de CO2 [gaz carbonique ou dioxyde de carbone]. De plus, le gaz naturel, qui est composé en majorité de CH4 [méthane], est lui-même un puissant gaz à effet de serre
dont le pouvoir de réchauffement global est estimé à 23 fois celui du CO2 ; d’un autre côté, le gaz naturel présente un facteur
d’émission par unité d’énergie -2,3 tCO2/tep*- très avantageux par rapport aux autres combustibles couramment utilisés, comme le fi oul -3,1 tCO2/tep*- ou le charbon – 4,0 tCO2/tep*. Cet atout est particulièrement sensible dans le secteur industriel, qui depuis 2005 est soumis au marché de quotas européens, outil économique qui incite les opérateurs à réaliser des substitutions en faveur des énergies les moins émettrices de CO2, et plus généralement à réduire les émissions de GES [gaz à effet de serre] de leurs sites.
19Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
ments en gaz russe qui pourraient
atteindre jusqu’à 50% des importa-
tions totales à l’horizon 2030. Ainsi,
l’Europe doit non seulement diversi-
fi er les sources d’approvisionnement
ainsi que les modes de transport du
gaz naturel (terrestre, sous-marin,
et par navire méthanier), mais aussi
augmenter la fl uidité des échanges
au sein du marché européen. Une
plus grande diversifi cation et plus
de fl uidité permettraient notam-
ment de limiter l’impact des diffi cul-
tés d’approvisionnement, telles que
celles causées lors de l’hiver 2008-
2009 par le différend survenu entre
la Russie et l’Ukraine.
En alimentant la Sardaigne en gaz
naturel, et potentiellement la Corse
avec le projet de raccordement,
le GALSI permettrait en outre de
réduire le relatif isolement énergé-
tique de ces îles.
seraient suffi santes pour encore 60
à 70 ans, dans les hypothèses de
consommation actuelles.
Cependant, comme le souligne
l’Agence dans ses nouvelles prévi-
sions réalisées en 2009 au niveau
mondial (« World Energy Outlook
2009 »), les ressources sont concen-
trées géographiquement. Cinq
pays, la Russie, l’Iran, le Qatar, le
Venezuela et l’Algérie possèdent
73% des réserves mondiales et
concentrent 42% des exportations.
La concentration qui caractérise
l’approvisionnement en gaz naturel
pourrait fragiliser la situation éner-
gétique en Europe. Selon de nom-
breuses études, et notamment celle
de l’Observatoire Européen des mar-
chés de l’Energie, publiée par le cabi-
net Capgemini (www.capgemini.
com), l’Europe doit réduire sa dépen-
dance vis-à-vis des approvisionne-
De nouvelles voies d’approvisionnement nécessaires
Le projet de gazoduc GALSI s’inscrit
dans la politique énergétique de
l’Union européenne de sécurisation
et de diversifi cation des voies d’im-
portation de gaz naturel. Acheminé
dans un premier temps vers l’Ita-
lie, le gaz naturel transporté par le
GALSI pourrait transiter ultérieure-
ment vers d’autres pays européens,
comme la France et l’Allemagne.
Les réserves en gaz naturel sont
encore abondantes à l’échelle mon-
diale. Selon les observateurs, et
notamment l’Agence Internationale
de l’Energie (www.IEA.org), elles
Carte des réserves mondiales de gaz naturel
Unité : Milliard de tep
Amérique du Nord 6,7
4,1%
total monde161,9
Amérique Latine 6,3
3,9%
Sou
rce
: d ’a
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s B
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006)
et
DG
EMP/
OE
Afrique 13,0
Europe5,1
Extrême-Orient et Océanie 13,4
ex-URSS52,5
8,0%
3,2%
8,3%
40,1%
32,4%
Moyen-Orient64,9
20
GRTgaz, dans un courrier du 18 jan-
vier 2010, de poursuivre les études
en vue de la réalisation du projet.
Enfi n, la décision de réaliser le pro-
jet Cyrénée a été annoncée par le
Président de la République dans son
discours du 2 février 2010 à Ajaccio.
Il est à noter que le projet de rac-
cordement de la Corse au GALSI, qui
fait l’objet d’un large consensus au
sein de la population et de ses élus,
est inscrit dans le Plan énergétique
2007-2015 adopté par l’Assemblée
de Corse en novembre 2005. Il a en
outre fait l’objet d’une motion de
l’Assemblée de Corse en décembre
2006 et d’un avis du Conseil Econo-
Le gouvernement français a exprimé
à plusieurs reprises son souhait de
voir la Corse raccordée au GALSI. Il a
pour ce faire demandé, notamment
à GRTgaz dès 2007, de lancer des
études préliminaires pour permettre
d’approvisionner en gaz naturel les
agglomérations de Bastia et d’Ajac-
cio, et les deux futures centrales ther-
miques qui remplaceront à terme
celles de Lucciana et du Vazzio à
Ajaccio. Ce souhait a été exprimé par
l’Assemblée de Corse dans son plan
énergétique adopté en novembre
2005 et confi rmé par un arrêté du
Ministère de l’Environnement, du
Développement durable et de la Mer
(MEDDM) du 15 décembre 2009 rela-
tif à la programmation pluriannuelle
des investissements de production
d’électricité (2009-2020) qui dispose
que les futures centrales thermiques
devront fonctionner au gaz naturel.
En outre, le Ministre de l’Ecologie,
de l’Energie, du Développement
durable et de la Mer a demandé à
LES FONDEMENTS DU PROJET CYRÉNÉE
Dans le cadre de son discours du 2 février 2010 à Ajaccio sur le développement durable de la Corse, le Président de la République a annoncé la décision de l’Etat de réaliser le projet de raccordement de la Corse au GALSI : « Après la panne générale de l’hiver 2005, l’Assemblée de Corse a voté un plan de renforcement de la sécurité énergétique en Corse. Il permettra d’adapter le mode de production électrique pour qu’il soit moins polluant, en passant du fi oul au gaz. C’est dans ce cadre que se pose la question du renouvellement des deux centrales thermiques. Alimenter la Corse en gaz naturel, au lieu de livrer des réserves de fuel lourd aux deux centrales, c’est un symbole pour la France et un grand progrès pour l’île. Pour cela, nous allons travailler avec nos partenaires italiens. La
France, je vous l’annonce a donc décidé de négocier avec les porteurs du projet du futur Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie (GALSI), le raccordement de la Corse à cette infrastructure stratégique. […] Il s’agit pour la collectivité nationale d’un investissement massif de 425 millions d’euros, qui apportera le gaz naturel en Corse, tant pour la production d’électricité dans les deux centrales thermiques de Lucciana et Ajaccio, que pour desservir les particuliers à Bastia et Ajaccio. Notre objectif est d’avoir réalisé ces investissements d’ici 2015 dès lors que le GALSI aura été entrepris. […] Le projet est lancé, je crois que c’est absolument indispensable. J’y ai beaucoup réfl échi, beaucoup travaillé, il n’y a pas d’autre solution pour l’indépendance énergétique de la Corse. »
LE DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
LE PROGRAMME ÉNERGÉTIQUE EUROPÉEN POUR LA RELANCE (PEER)
Le PEER s’inscrit dans le cadre du plan européen de relance adopté en mai 2009 pour remédier aux effets de la crise fi nancière internationale de 2008 sur les pays de l’Union européenne. Etabli par le règlement 663/2009 CE du 13 juillet 2009, le PEER vise à relancer l’économie européenne tout en améliorant la sécurité de l’approvisionnement énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le 4 mars 2010, la Commission européenne a décidé de débloquer 2,3 milliards d’euros pour la réalisation de projets énergétiques importants répondant aux priorités énergétiques européennes. Parmi ces 2,3 milliards d’euros, 1,39 milliards doivent être consacrés à des projets de gazoducs, dont le GALSI ou encore le gazoduc Nabucco devant acheminer du gaz de la mer Caspienne vers l’Europe.
mique, Social et Culturel de Corse
(CESC) en décembre 2007, en faveur
de sa réalisation. La volonté d’être
raccordée en gaz naturel à partir
du GALSI a été réaffi rmée lors du
Conseil énergétique du 13 juillet
2010.
21Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
7 - Toutes les données citées dans ce paragraphe ont comme source le Bilan Prévisionnel Plurian-nuel 2007 d’EDF, la programmation pluriannuelle d’investissements de production d’électricité (PPI) 2009-2020, et le plan énergétique de la Corse.
la consommation énergétique corse
provient en effet du solaire, de l’éo-
lien et de l’hydraulique. Si ces sources
d’énergie ont encore un potentiel
de développement, elles ne suffi sent
pas et ne pourront suffi re à elles
seules dans l’avenir, à satisfaire la
demande énergétique corse.
A ce jour, la Corse importe la majo-
rité de l’énergie qu’elle consomme.
Elle importe ainsi de l’électricité via
les câbles sous-marins SACOI (Sar-
daigne-Corse-Italie) et SARCO (Sar-
daigne-Corse). La Corse importe
également des combustibles, notam-
ment du butane et du propane pour
alimenter les consommateurs de
gaz, ainsi que du fi oul comme com-
bustible des centrales thermiques*
du Vazzio et de Lucciana et des tur-
bines à combustion* (TAC) pour pro-
duire de l’électricité.
électrique italien (les liaisons élec-
triques reliant la Corse à la Sardaigne
et l’Italie).
La Corse est l’une des régions fran-
çaises faisant le plus appel aux
énergies renouvelables dans sa
consommation d’énergie. 28% de
Le système énergétique corse repose
sur trois sources pour l’électricité:
les énergies renouvelables (solaire,
éolien, hydraulique), l’énergie ther-
mique (c’est-à-dire l’électricité pro-
duite par les centrales thermiques*),
et les interconnexions au réseau
Un projet de raccordement de la Corse au GALSI au cœur du développement durable
Le projet Cyrénée s’inscrit pleinement dans le cadre du développement durable de la Corse en : sécurisant et diversifi ant davantage son approvisionnement
énergétique, et en améliorant son bilan environnemental (réduction de l’impact
environnemental et du risque technologique liés aux infrastructures industrielles actuelles).
Le mix énergétique en Corse : la situation actuelle7
Poste HTB/HTA de Sagone
22 LES FONDEMENTS DU PROJET CYRÉNÉE
Approvisionnement électrique de la Corse en 2009
Source : EDF : bilan previsionnel pluriannuel investissements en production
23Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
La consommation d’électricité en
Corse provient à 72% des secteurs
résidentiels et tertiaires, tandis que
seuls 28% proviennent du gros ter-
tiaire et de l’industrie. Les bassins de
Bastia et d’Ajaccio, où sont implan-
tées les deux centrales thermiques,
consomment les deux tiers de l’élec-
tricité en Corse.
47% des logements corses sont
équipés de chauffages électriques,
contre 30% à l’échelle nationale.
Pour les logements construits après
1990, ce taux atteint 60% en Corse
contre 49% au niveau national. La
part du chauffage dans la consom-
mation électrique en hiver s’élève à
23%. Elle traduit une très forte sen-
sibilité de la demande aux aléas cli-
matiques : une baisse de 1°C en hiver
induit une augmentation de 15 MW
de puissance appelée.
Au cours des 5 dernières années
(2005-2009), la consommation
d’électricité en Corse a augmenté
en moyenne de 3% par an (2,4% en
2009), contre environ 4 % au cours
des 5 années précédentes (1999-
2004). Ces taux sont 3 à 4 fois supé-
rieurs à la hausse de la consommation
électrique observée sur le continent.
Cette hausse s’explique notamment
par le fort développement de la cli-
matisation résidentielle.
Dans ces conditions, selon la pro-
grammation pluriannuelle des inves-
tissements (PPI)* de production
d’électricité 2009-2020, le renouvel-
lement des centrales de Lucciana
et du Vazzio, qui arrivent en fi n de
vie respectivement en 2012 et 2015,
apparaît indispensable pour assurer
l’équilibre offre-demande d’élec-
tricité à court et moyen termes en
Corse.
Centrale thermique du Vazzio
Le barrage de l’Ospédale Parc éolien de Calenzana
24
convertir au gaz naturel et de déve-
lopper ainsi un mode de production
électrique plus respectueux de l’envi-
ronnement. De plus, l’arrivée du gaz
permettrait à la fois de faciliter et de
sécuriser l’approvisionnement des
deux futures centrales : en effet, les
livraisons de fi oul sont aujourd’hui
effectuées par bateau, et sont ainsi
fortement dépendantes de l’activité
des ports, du continent et des condi-
tions météorologiques.
Conformément à la PPI, les centrales
de Lucciana et du Vazzio doivent
être renouvelées respectivement
d’ici 2012 et 2015 en raison de la
vétusté de leurs installations. Dans
un arrêté du 15 décembre 2009, le
gouvernement a confi rmé que les
deux nouvelles centrales thermiques
de Corse devront fonctionner au gaz
naturel si le GALSI devait se réaliser.
Dans ce cadre, le raccordement de
la Corse au GALSI permettrait de les
Le projet d’adaptation du mode de production électrique des futures centrales qui remplaceront celles du Vazzio et de Lucciana
LES EFFETS DE LA CRISE DE L’HIVER 2005
Pendant l’hiver 2005, EDF a dû procéder, en raison d’une vague de froid exceptionnelle, pendant environ 10 jours, à des délestages tournants qui ont affecté près d’un tiers de sa clientèle. Cette crise a révélé l’insuffi sance et l’ancienneté de certains outils du parc de production d’électricité de Corse. Ce dernier n’avait en effet pas évolué depuis 1996, alors que la consommation était en constante progression (taux de croissance de 3,8% par an pour l’électricité). Face à ce constat l’Etat, la Collectivité Territoriale de Corse et les acteurs du domaine énergétique ont dressé le bilan des forces et faiblesses du système électrique corse. Sur la base de ce constat et de ses conclusions, l’Assemblée de Corse a adopté en novembre 2005 un plan qui propose de mettre en
oeuvre un « trépied énergétique » basé sur le développement des énergies renouvelables (30% de la production énergétique corse), le remplacement des deux centrales thermiques exploitées par EDF (30%), et l’augmentation de la capacité d’approvisionnement électrique par câbles (30 à 40%). En conclusion, aussi bien le plan énergétique adopté par l’Assemblée de Corse que la PPI ont préconisé la construction d’une nouvelle turbine à combustion*
(réalisée en 2008), l’augmentation, de 80 à 100 MW pour l’hiver 2010-2011, de la puissance du câble SARCO qui a été effectivement mis en service en février 2006 ; la réalisation du barrage hydroélectrique du Rizzanese, et enfi n le remplacement des centrales thermiques du Vazzio et de Lucciana. Il est à noter que l’Etat comme l’Assemblée de Corse ont fortement préconisé le raccordement de la Corse au GALSI si ce projet devait se réaliser.
Si le projet Cyrénée se réalise suivant
le calendrier prévisionnel établi par
le consortium GALSI, la future cen-
trale de la région d’Ajaccio pourrait
être directement alimentée en gaz
naturel, tandis que celle de Lucciana
devrait d’abord être alimentée au
fi oul à partir de 2012, pour fonction-
ner ensuite au gaz naturel.
LES FONDEMENTS DU PROJET CYRÉNÉE
25Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
La possibilité de convertir le réseau de distribution corse au gaz naturel
Enfi n, le projet Cyrénée pourrait
être l’occasion de convertir au gaz
naturel les réseaux de distribution
publique* d’air butané d’Ajaccio et
de propane de Bastia sous réserve de
l’adaptation des réseaux existants.
Ces conversions, qui permettraient
l’alimentation du réseau de distri-
bution de gaz directement à par-
tir du gazoduc, pourraient réduire
les risques environnementaux et
technologiques liés aux stockages
de GPL*. Ces conversions améliore-
raient de façon certaine la sécurité
d’approvisionnement de la Corse en
supprimant les aléas, notamment
climatiques, ou des livraisons de gaz
par bateaux.
QU’EST-CE QU’UNE CENTRALE ÉLECTRIQUE THERMIQUE ?
Les centrales électriques de Lucciana et du Vazzio sont des centrales thermiques, c’est-à-dire que l’électricité est produite à partir d’une source de chaleur, qui peut être un combustible brûlé, ici le fi oul. La combustion du fi oul au moyen de moteurs diesels produit une énergie thermique qui est
Réservoirs de la centrale thermiquedu Vazzio
transformée en énergie électrique par des alternateurs reliés aux moteurs diesels. Cette énergie électrique est ensuite évacuée vers un transformateur puis un poste de transformation avant son départ sur les lignes électriques.
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE CENTRALE THERMIQUE AU FIOUL ET UNE CENTRALE THERMIQUE AU GAZ ?
La différence entre les deux types de centrale tient à la nature du combustible utilisé et non à celle du procédé de production.Dans une centrale thermique au gaz, le fi oul est remplacé par du gaz naturel, dont la combustion par les moteurs permet la création d’énergie électrique selon le même procédé que dans le cas de la combustion de fi oul.
Néanmoins, l’impact environnemental des deux types de centrale diffère. En effet, en dépit des efforts de dépollution menés par les industriels et du respect des seuils règlementaires, les gaz d’échappement issus de la combustion du fi oul, qui sont rejetés par des cheminées, contiennent en partie des oxydes d’azote (NOx), des oxydes de soufre (SOx), du monoxyde de carbone (CO), du dioxyde de carbone (CO2), des poussières et des métaux lourds.La combustion du gaz naturel entraîne quant à elle l’émission de CO2. Néanmoins, ces rejets sont inférieurs à ceux engendrés par la combustion de fi oul.
QU’EST-CE QU’UNE TURBINE À COMBUSTION (TAC) ?
Comme les moteurs des centrales, les TAC produisent de l’énergie thermique issue de la combustion d’hydrocarbures, qui est ensuite transmise à un alternateur pour sa transformation en énergie électrique. Plus consommatrices d’énergie que les moteurs, les TAC ont un rendement inférieur. Leur intérêt réside essentiellement dans leur capacité de démarrage, en quelques minutes seulement, qui leur permet de répondre à des pics de demande d’électricité. Les TAC sont donc des moyens de production d’électricité de pointe.
LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET CYRÉNÉE
27Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
28 LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET CYRÉNÉE
Les canalisations
Aussi bien pour la partie terrestre
que pour la partie sous-marine, la
canalisation serait constituée d’un
ensemble de tubes en acier, d’un
diamètre nominal (DN)* de 400. Ce
diamètre nominal correspond à un
diamètre extérieur d’environ 40 cm.
Ces tubes sont constitués d’un acier
dont l’épaisseur est calculée de
La longueur totale du raccordement
de la Corse au GALSI est estimée à
environ 300 km, dont plus de 200 km
de canalisations terrestres (de Zonza
à Bastia et de Zonza à Ajaccio) et une
centaine de kilomètres de canalisa-
tion sous-marine.
En plus des canalisations, le projet
prévoit l’installation de plusieurs
équipements de surface : un poste
d’atterrage* et des postes de sec-
tionnement*.
Les caractéristiques techniques
Le projet consiste à construire une canalisation de transport de gaz naturel pour raccorder la Corse au projet de Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie (GALSI). Cette canalisation se connecterait au GALSI au niveau d’Olbia en Sardaigne, d’où elle rejoindrait, via un itinéraire sous-marin, le Golfe de Pinarello en Corse. Au plus proche de la côte, la canalisation serait alors enterrée pour rejoindre le poste d’atterrage au niveau de la façade maritime de la commune de Zonza. A partir de ce poste, la canalisation serait divisée en deux conduites souterraines, l’une rejoignant l’agglo-mération de Bastia et la centrale thermique de Lucciana et l’autre, l’agglomération d’Ajaccio et la « nouvelle centrale du Vazzio ».
façon à résister à des contraintes très
importantes, tant sur la partie ter-
restre que maritime.
Pour la partie terrestre, la pression
maximale envisagée pour le gaz
naturel est d’environ 68 bar, sachant
que la pression de la majeure partie
du réseau de transport de gaz natu-
rel de GRTgaz s’échelonne de 40 à 95
bar* environ.
La durée de vie attendue de la cana-
lisation est, comme pour les infras-
tructures similaires, de l’ordre d’une
cinquantaine d’années. Cepen-
dant, l’expérience montre que les
contrôles réguliers, la maintenance
réalisée tout au long de la vie de
l’ouvrage en exploitation, ainsi que
la protection cathodique contre
la corrosion, permettent aux plus
anciennes canalisations de transport
de gaz naturel, posées au tout début
des années 50, d’être toujours opé-
rationnelles et conformes à la régle-
mentation.
Le raccordement à Olbia
A ce stade, les contacts déjà entre-
pris avec le principal opérateur ita-
lien de transport de gaz, SNAM Rete
Gas, permettent d’envisager un rac-
cordement à proximité immédiate
de l’atterrage du GALSI à Olbia.
Tubes en acier
29Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
le voisinage immédiat de la canalisa-
tion (cf. p. 56).
Afi n de limiter l’aménagement
de chemins d’accès, les postes de
sectionnement sont générale-
ment situés à proximité des voies
publiques.
des robinets permet à GRTgaz d’in-
terrompre la circulation du gaz et
d’effectuer des travaux d’exploita-
tion et de maintenance en toute
sécurité sur les portions de la canali-
sation concernées.
Généralement situés tous les 10 à
20 km des canalisations terrestres, le
nombre de postes de sectionnement
est déterminé notamment en fonc-
tion de la densité de la population
et des établissements présents dans
Néanmoins, les études sur cette zone
restent à réaliser. Les contacts sont
en cours avec le consortium GALSI
et les pouvoirs publics italiens pour
faciliter les échanges d’information.
Le poste d’atterrage en Corse
Aux abords de la côte, il est prévu
que la canalisation sous-marine soit
enterrée pour rejoindre le poste
d’atterrage* afi n de la protéger
du milieu extérieur (plongeurs,
ancrages de navires, etc.). Il est
envisagé d’installer ce poste d’atter-
rage* sur la façade maritime de la
commune de Zonza, à proximité du
Golfe de Pinarello.
D’une superfi cie d’environ un hec-
tare, le poste d’atterrage permet de
réaliser les opérations suivantes :
Contrôler la qualité du gaz et en
assurer l’odorisation ;
Mesurer et réguler le débit de gaz ;
Interconnecter les canalisations ali-
mentant Ajaccio et Bastia.
Un chemin permanent devra être
construit à partir des voiries exis-
tantes pour permettre l’accès au
poste d’atterrage.
Les postes de sectionnement
Les postes de sectionnement sont
des plates-formes clôturées de
quelques centaines de m², rassem-
blant vannes, robinets, et autres
organes de sécurité. La fermeture
Une canalisation de gaz naturel se caractérise tout d’abord par sa discrétion. Elle est en effet complètement enterrée et les traces de sa pose disparaissent rapidement, en dehors des zones boisées (cf. chapitre 5 sur les impacts). Une fois mise en gaz, une canalisation de gaz naturel n’émet aucun bruit.La conduite des fl ux de gaz naturel dans une canalisation s’effectue par l’intermédiaire de robinets, de vannes, de régulateurs, et de compteurs. Ils sont souvent actionnés à distance, depuis un centre de répartition ou « dispatching », à l’aide d’un système de supervision et de télécommande.La capacité de transport d’une canalisation dépend à la fois de son diamètre et de la pression du gaz naturel qu’elle contient. Cette pression est exprimée en bar*.
QUELLES SONT LES PARTICULARITÉS D’UNE CANALISATION DE GAZ NATUREL ?
Exemple d’un poste de sectionnement
30
Bien que la probabilité d’accident
soit faible, la sécurité des ouvrages
est la préoccupation principale de
GRTgaz, dans un cadre réglemen-
taire très précis, encore renforcé
depuis un arrêté interministériel du
4 août 2006 (publié par décret le
15 septembre 2006).
Le gaz naturel sous pression trans-
porté dans les canalisations de
GRTgaz est composé essentiellement
de méthane. Il est non toxique et
non corrosif. C’est une substance
stable qui ne provoque pas d’incen-
die ou d’explosion spontanée.
Le gaz naturel est non toxique : il
ne contient pas de monoxyde de
carbone, contrairement aux anciens
gaz manufacturés appelés commu-
nément « gaz de ville », dont l’utili-
sation n’a plus cours depuis plusieurs
dizaines d’années.
Le risque principal est l’infl amma-
tion d’un nuage de gaz, consécutif à
une fuite. Cependant, plus léger que
l’air, le gaz naturel se disperse rapi-
dement dans l’atmosphère, ce qui
diminue ce risque d’infl ammation en
cas de fuite.
L’analyse par GRTgaz des rares inci-
dents constatés depuis 1970 fait
apparaître qu’une grande majorité
d’entre eux ont conduit à des fuites
de faible importance et sans consé-
quence notable. Les ruptures de
canalisation ou les brèches signifi ca-
tives demeurent rares et sont impu-
tables dans les deux tiers des cas à la
réalisation de travaux tiers non décla-
rés, à proximité des canalisations.
A noter, à titre de comparaison,
que le transport par canalisation est
le mode de transport de produits
chimiques le plus sûr, comme le mon-
trent les statistiques de l’Union des
Industries Chimiques :
Les enjeux liés à la sécurité : risques et réglementation du transport du gaz naturel
LES IMPACTS PRÉVISIBLES DU PROJET CYRÉNÉE
LA RÉGLEMENTATION SÉCURITÉ RELATIVE AUX OUVRAGES DE TRANSPORT DE GAZ (arrêté du 4 août 2006)
L’adaptation des mesures de sécurité et des installations existantes ou futures, à leur environnement, devient une priorité. Deux dispositifs traitent plus particulièrement de la prise en compte de l’urbanisme à proximité des canalisations :
Article 7 : trois catégories d’emplacement sont différenciées en fonction de l’environnement urbain des canalisations (densité de population, activités économiques…). A chaque catégorie correspondent des règles de sécurité spécifi ques. En effet, les enjeux en matière de sécurité diffèrent entre des zones rurales, semi-urbaines et urbaines.
Article 8 : certaines constructions doivent être évitées à proximité des installations. La zone dite des « premiers effets létaux » doit ainsi éviter les établissements recevant du public (300 personnes maximum), les immeubles de grande hauteur, les installations nucléaires. Dans la zone des effets létaux signifi catifs, aucun établissement public susceptible de recevoir plus de 100 personnes ne doit être impacté.
A noter : cette nouvelle réglementation défi nit des distances d’effet consécutives à un accident potentiel survenant sur la canalisation. L’arrêté renforce les contraintes en matière de prévention des risques.
Mode de transportNb d’accidents graves par an
Mt* transportées par an
Nb d’accidents graves par Mt* transportées
Route 19 27 0,70Fer 3,5 8,5 0,41Mer 1,2 6,1 0,19Fluvial 0,2 1,3 0,13Canalisation 0,2 7,7 0,02
(Source UIC) - *Mt : millions de tonnes
La gestion des risques et la sécuritéLa gestion des risques et la sécu-
rité passe par la prévention des
incidents, à toutes les étapes de la
conception, de la construction, et de
la vie de l’ouvrage :
Le choix du tracé de la canalisation
et de l’emplacement des installations
31Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
dans le sol, un grillage avertisseur
de couleur jaune placé au-dessus de
la canalisation indique la proximité
physique de la canalisation pour
signaler la présence d’un ouvrage.
Cela ne dispense en aucun cas le res-
pect de la réglementation relative
aux travaux (déclarations obliga-
toires).
Le réseau de transport de gaz fait
l’objet d’une surveillance et d’un
contrôle permanents par différents
moyens complémentaires, adaptés
aux risques et situations divers.
L’ensemble des mesures de sur-
veillance et de contrôle est défi ni et
tracé dans le cadre des programmes
annuels de maintenance et des pro-
grammes pluriannuels de diagnostic
des ouvrages.
Enfi n, tous les travaux à proximité
d’un ouvrage, quelle que soit leur
importance, doivent être signalés à
GRTgaz. Dans le but de réduire les
risques qui pourraient être provo-
qués par des activités extérieures à
l’entreprise, GRTgaz a mis en place
une politique de sensibilisation à la
réglementation concernant les tra-
vaux à proximité des canalisations à
destination des entreprises, des don-
neurs d’ordres institutionnels (amé-
nageurs, collectivités…) ainsi que
des particuliers, au travers du rappel
de la réglementation sur les déclara-
tions obligatoires et de rencontres
avec les professionnels du BTP.
Pour ce qui concerne la conception et la construction de l’ouvrage :S’agissant des canalisations elles-
mêmes, les garanties de sécurité
maximales sont obtenues par le
choix d’un matériel et de méthodes
de construction adaptés :
les ouvrages sont réalisés en acier
de forte épaisseur et de caracté-
ristiques mécaniques spécifi ques,
capable de résister à des contraintes
très importantes ;
la canalisation est enterrée au
minimum à 1 mètre sous le niveau
du sol naturel ;
le remblai est effectué avec des
matériaux contrôlés de manière à
éviter la détérioration de la surface
extérieure et du revêtement de la
canalisation ;
les tubes sont revêtus et sont pro-
tégés cathodiquement* pour éviter
toute corrosion ;
la canalisation est équipée de
postes de sectionnement permettant
d’interrompre le fl ux de gaz en cas
de fuite ;
dans les zones humides, la canalisa-
tion peut être lestée ou ancrée pour
éviter sa remontée.
Pour ce qui concerne les mesures d’exploitation et de maintenance :Les canalisations sont signalées par
plusieurs dispositifs avertisseurs :
en surface, des bornes ou balises
jaunes marquent la proximité des
canalisations enterrées ;
tient compte de l’urbanisation envi-
ronnante pour limiter les impacts
potentiels d’une fuite de gaz dont la
probabilité reste très faible ;
la conception intrinsèque de l’ou-
vrage et de ses accessoires (épais-
seur d’acier, balisage…) ainsi que ses
conditions de construction minimi-
sent le risque de perforation ;
des mesures d’exploitation et de
maintenance (surveillance de l’ou-
vrage, information des partenaires
locaux…) préviennent les dommages
qui pourraient être provoqués par
des travaux d’entreprises extérieures
à GRTgaz (obligation pour les entre-
prises de déclarer leur intention d’ef-
fectuer des travaux), et contrôlent le
vieillissement de l’ouvrage ;
la limitation de l’urbanisation aux
abords des ouvrages, par les acteurs
locaux du développement écono-
mique limite dans la durée les consé-
quences d’une fuite de gaz dont la
probabilité reste très faible.
Pour ce qui concerne le choix du tracé dans l’urbanisation environnante :Les ouvrages de transport de gaz sont
soumis à l’arrêté interministériel du 4
août 2006, dit « arrêté Multifl uides »,
qui s’applique aux canalisations de
transport de gaz combustibles, d’hy-
drocarbures liquides ou liquéfi és et
de produits chimiques.
Afi n de protéger l’ouvrage et de
faciliter les interventions éven-
tuelles, une bande de servitude y est
associée (voir p. 70).
32 LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET CYRÉNÉE
L’aménagement d’une piste de circulation et de travail
Pour permettre la circulation des
engins et le tri des terres sans gêner
l’écoulement des eaux, et pour tenir
compte du faible nombre de voies
publiques, de la topographie acci-
dentée et de la géologie du sous-sol
sur les couloirs de passage propo-
sés pour le gazoduc, il faut aména-
ger une piste d’une largeur de 20
mètres environ. En certains endroits
d’autres types d’aménagements
peuvent être réalisés pour le passage
de points particuliers (ex. traversée
d’une route voir p. 37).
L’accès à la piste de travail s’effec-
tue majoritairement par les voies
publiques.
Des études préalables défi nissent
les mesures à prendre pour isoler les
systèmes de drainage, d’irrigation et
les maintenir en fonction pendant
la durée des travaux. Ces opérations
sont réalisées dès l’ouverture de
piste.
Pour faciliter le chantier et travailler
en sécurité, il faut localement apla-
nir le terrain en supprimant les
dévers (pente latérale de la piste) de
manière à permettre aux engins de
circuler sur une surface à peu près
horizontale.
L’état des lieux initial
Le chantier est précédé d’un état des
lieux, contradictoire, de toutes les
parcelles, routes, ouvrages concer-
nés par les travaux et les accès. Cet
état des lieux sert de référence pour
la remise en état, par GRTgaz, après
le chantier. Les éventuels dommages
causés sont indemnisés. Lorsqu’il
s’agit de terrains agricoles, l’état des
lieux est établi d’un commun accord
entre les exploitants agricoles et
éventuellement les propriétaires, les
représentants des services publics,
l’entrepreneur chargé des travaux,
et GRTgaz.
En terrains privés, le constat précise
notamment :
la nature des cultures en place ou
à ensemencer,
la présence et la nature des clô-
tures,
la présence de sources,
l’épaisseur estimée de la couche
végétale,
les arbres et plantations,
toutes cultures pérennes, haies et
arbres isolés,
les souhaits de l’exploitant en
matière d’accès à ses parcelles.
Les descriptions ci-dessous concer-
nent la construction de gazoduc en
terrain peu à moyennement acci-
denté (pentes de moins de 50%).
Comment pourraitse dérouler le chantier sur la partie terrestre ?
L’anticipation des phases de travaux permet de réduire l’impact temporaire sur des zones de sensibilité saisonnière ou de coordonner le chantier avec des projets locaux.
Dans le cas du projet Cyrénée, le chantier se déroulerait sur une période d’environ 18 mois et pourrait mobiliser jusqu’à près de 300 personnes par jour au plus fort du chantier. Il serait, comme pour tous les chantiers, précédé d’une phase d’archéologie préventive (voir chapitre 5 p. 61).
QUELLE EST LA DURÉE D’UN CHANTIER À UN ENDROIT DONNÉ ?
Si la durée totale d’un chantier comme celui qui concerne le projet Cyrénée est estimée à 18 mois, sa progression est organisée pour pénaliser le moins possible l’activité du territoire concerné. Ainsi, on estime que, pour une parcelle donnée, et sauf exception, la durée effective des travaux ne dépasse généralement pas six mois, entre l’ouverture de la piste de travail et la remise en état des lieux. Pendant cette période l’accès à la parcelle reste possible. Ceci permet notamment de tenir compte d’éventuelles contraintes calendaires pour les travaux (périodes touristiques, risques d’incendie, périodes de nidifi cation, etc).
33Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
La préparation des tubes et la fabrication de la canalisation
La préparation des tubes se divise en
trois étapes :
le transport des tubes depuis les
usines de fabrication jusqu’aux diffé-
rents lieux de stockage provisoire, à
proximité du tracé. Pour cela, il peut
être nécessaire d’aménager des pla-
teformes horizontales ;
le bardage*, c’est-à-dire la réparti-
tion des tubes le long de la piste de
travail en bordure de la future tran-
chée, dans l’attente des opérations
suivantes (cintrage, soudage,…) ;
le cintrage, c’est-à-dire l’adapta-
tion des tubes au relief et au tracé,
en fonction des courbes et des déni-
velés.
La construction de la canalisation
consiste en deux étapes :
Les tubes, précédemment bardés
et cintrés, sont ensuite soudés bout
à bout, le long de la piste. La bonne
exécution de l’assemblage, dans le
respect des normes en vigueur, est
vérifi ée par des contrôles visuels et
radiographiques ;
Un revêtement est ensuite posé
sur les soudures pour les protéger
des risques de corrosion. Après cette
opération, la continuité du revête-
ment, des soudures et des tubes, est
contrôlée.
des clôtures provisoires sont alors
installées afi n d’éviter la dispersion
du bétail. L’accès aux parcelles de
pacage et de culture est maintenu.
Il est parfois nécessaire de déplacer
les obstacles au passage des engins,
tels que poteaux de signalisation,
électriques ou téléphoniques. Les
conduites et câbles de toute nature
croisés par le projet sont soit déviés,
soit franchis par dessous. Les moda-
lités de ces travaux sont défi nies en
accord avec les services publics, les
gestionnaires et les propriétaires
concernés.
Des ouvertures provisoires dans les
clôtures, les murets ou les haies peu-
vent être effectuées, toujours pour
les mêmes raisons. Si nécessaire,
Terre végétale
Déblaistranchée
Préparationdu tube
1m
20m
Stockage de terre
Emprise travaux
Piste de roulement des engins
Cloture provisoireéventuelle
Construction de la canalisation
34 LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET CYRÉNÉE
Une fois la conduite déposée au
fond de la tranchée, GRTgaz effec-
tue un relevé topographique de
tous les éléments de la canalisation.
L’ouvrage construit est l’objet d’une
traçabilité précise : chaque tube,
chaque soudure, chaque cintre pos-
sède ainsi sa « carte d’identité ».
Le remblaiement
Cette opération, qui consiste à
recouvrir la canalisation, est en
général réalisée avec les matériaux
extraits de la tranchée, en respec-
tant la confi guration initiale. Ainsi,
en surface, les terres végétales et de
culture sont remises en place, pour
permettre une reprise rapide et nor-
male de l’activité agricole.
Juste avant le remblaiement, une
ultime vérifi cation de l’intégrité du
revêtement est réalisée.
La mise en fouille de la canalisation
Cette opération consiste à placer la
canalisation au fond de la tranchée.
Elle est en général effectuée à l’aide
de cinq à six engins, appelés « side-
booms » (ou « tracto-poseurs »), et
capables de se répartir une charge
de 20 à 30 tonnes sur une centaine
de mètres.
L’opération est délicate car elle
mobilise l’élasticité de la canali-
sation et doit préserver en même
temps l’intégrité du revêtement.
Elle est très spectaculaire du fait du
contraste entre la masse et le volume
de l’ouvrage d’une part, son appa-
rente souplesse d’autre part.
La longueur des tronçons enfouis d’un
seul tenant varie selon la présence ou
non d’obstacles (traversées de rivières,
de routes ou de voies ferrées).
L’ouverture de la tranchée
Le terrassement de la tranchée néces-
site toujours une attention particu-
lière, compte tenu de la nature du
sol traversé et des autres ouvrages
(réseaux,…) qui peuvent être pré-
sents et enterrés sur l’emprise. Si le
gazoduc est, lui, bien repérable, la
position exacte des autres réseaux,
câbles et conduites, est caractérisée
avec précision par des sondages sur
le terrain. De même, la nature et le
volume des sols de culture sont éva-
lués pour préparer le tri des terres.
L’étape du creusement de la tran-
chée à la pelle mécanique ou à la
trancheuse peut alors débuter.
Les terres végétales sont soigneuse-
ment séparées des terres de fond de
tranchée.
Dans le cas du projet Cyrénée, la
largeur de la tranchée courante
(c’est-à-dire en dehors des obstacles
particuliers) est d’environ 0,8 m
en tenant compte d’un talutage
favorable à la sécurité des terrasse-
ments ; sa profondeur est d’environ
1,6 m pour permettre notamment la
mise en place d’un lit de pose sous la
canalisation.
Ouverture de tranchée Mise en fouille
35Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
implantées des bornes, au niveau du
sol, ou des balises surélevées, servant
au repérage lors de la surveillance de
l’ouvrage depuis le sol et par survols
en avion ou hélicoptère. Ces repères
sont jaunes dans les deux cas et pos-
sèdent des plaques signalétiques
indiquant leur appartenance et la
présence de l’ouvrage à proximité.
Ces dispositifs, qui contribuent à la
sécurité de l’ouvrage, sont implantés
en limite de parcelles, aux traversées
de routes et de voies ferrées afi n de
ne pas gêner les travaux agricoles et
autres activités locales.
En cas de besoin nouveau, le person-
nel d’exploitation de GRTgaz peut
faire déplacer ces repères le long de
la canalisation, sur simple demande,
pour adapter leur emplacement aux
évolutions des activités locales.
L’état des lieux après les travaux
Le chantier terminé, un deuxième
constat d’état des lieux est effec-
tué, tant sur la piste de travail qu’en
dehors. Réalisé dans les mêmes
conditions que le premier, il a pour
objectif de vérifi er la bonne remise
en état du terrain et des ouvrages
existants et, en cas d’éventuels dom-
mages causés sur les exploitations
agricoles, d’établir le montant des
indemnités correspondantes.
Une fois les travaux terminés, et
après reprise de la végétation de
surface, il est diffi cile, voire impos-
sible de déterminer l’endroit exact
du passage de la canalisation. C’est
la raison pour laquelle, sur la base de
relevés cartographiques précis, sont
La remise en état des lieux
Les terrains qui étaient occupés par
le chantier sont alors remis dans un
état équivalent à leur état initial :
les clôtures provisoires sont retirées
et les clôtures d’origine sont recons-
truites à neuf ; le sol tassé par le
passage des engins est retravaillé et
ameubli ; les accès et les systèmes
d’irrigation sont rétablis ; les déblais
excédentaires sont évacués ; les fos-
sés et talus sont reconstitués ; les
routes et chemins utilisés par des
véhicules du chantier sont égale-
ment remis en état.
Quant à la réfection de tout ce qui
concerne le domaine public (chaus-
sées, berges, talus, ruisseaux, etc.),
elle est réalisée conformément aux
indications ou aux prescriptions des
gestionnaires concernés.
Remblaiement Remise en état des lieux
36 LES CARACTÉRISTIQUES DU PROJET CYRÉNÉE
séchage du béton.
Cette étape permet la pose d’une
pièce sèche dans le cours d’eau, sans
évacuation de laitance* de ciment
dans l’eau.
L’endroit de la traversée en souille
est choisi, si possible, dans une par-
tie rectiligne du cours d’eau pour
limiter l’exposition à l’érosion de la
courbe extérieure du lit, temporai-
rement fragilisée par le creusement
de la tranchée. De plus, lorsque c’est
possible, les engins de chantier ne
traversent pas les cours d’eau, mais
se positionnent de part et d’autre
pour limiter les impacts sur le cours
d’eau lui-même.
La qualité des eaux de rivière n’est
modifi ée que pendant le temps du
creusement de la souille qui provoque
une augmentation de turbidité (mise
en suspension de particules de vase).
La mise en place de la conduite les-
tée, si spectaculaire qu’elle soit, est
sans effet sur l’eau qui ne subit ni
augmentation de température ni pol-
lution par des effl uents dus aux tra-
vaux. Toute possibilité de pollution
par les métaux lourds est exclue. L’en-
semble des dispositions préconisées
tures de transport (routes, canaux et
voies ferrées) peuvent être tous tra-
versés, dans le respect des consignes
réglementaires liées à ces différents
ouvrages et sites.
Plusieurs techniques peuvent être
employées, selon l’obstacle à franchir.
Les franchissements par souille
Les traversées des cours d’eau peu-
vent être effectuées par la réalisa-
tion d’une souille* en dessous du lit
du cours d’eau. La profondeur d’en-
fouissement de la canalisation est
fonction des opérations de curage
éventuellement envisagées et du
risque d’érosion du lit et des berges.
La distance entre la partie supérieure
de la canalisation et le fond curé du
cours d’eau est généralement d’au
moins 1,50 mètre.
La pièce à poser dans le ruisseau est
préparée à l’avance sur la rive :
bétonnage d’une partie de la
pièce, incluant la zone posée sous
l’eau et la zone remontant sur les
bords de rive ;
Le cas particulier du franchissement d’obstacles
Pour des raisons liées à l’impact envi-
ronnemental et au coût, mais aussi
pour des raisons techniques (accès
diffi cile en cas de pente forte), le
franchissement des reliefs, collines ou
montagnes, est limité au minimum.
Pour le raccordement de la Corse au
GALSI, en particulier pour le tron-
çon Zonza-Ajaccio, la topographie
du territoire n’a pas permis d’éviter
le franchissement des reliefs, mais
la recherche des couloirs de passage
s’est efforcée de retenir les zones les
moins accidentées tout en évitant les
espaces sensibles et urbanisés.
Quel que soit le terrain traversé, la
conduite enterrée épouse le relief
du terrain naturel. Pour préserver
le paysage, ces zones de pentes sont
généralement franchies suivant la
ligne de plus grande pente, afi n de
réduire les terrassements nécessaires
pour la piste de travail.
Dans le cadre du projet Cyrénée, plu-
sieurs ouvrages et obstacles seront
sans doute à franchir : une voie
ferrée (à proximité de Bastia), les
nationales N198 et N196, plusieurs
départementales et de nombreux
cours d’eau, dont le Tavignano, le
Rizzanese, le Golo et le Taravo, pour
ne citer que les principaux obstacles
linéaires présents dans le fuseau
d’étude.
De manière générale, les cours d’eau,
rivières ou fl euves, et les infrastruc-
Talus reconstitué Talus reconstitué
Fond curé
D
D
1,50m mini
Lestage continu
Franchissement par souille
37Projet CYRÉNÉE
Raccordement de la Corse au gaz naturel à partir du GALSI
canalisation, sous l’obstacle à fran-
chir. La tige part en deçà de l’obs-
tacle, et ressort de l’autre côté.
Un alésage* permet ensuite d’agran-
dir le forage pilote, jusqu’à obtenir
un diamètre adapté pour le tirage
de la canalisation. Pendant ce temps,
la canalisation est soudée et testée.
Le tirage, dernière étape, consiste
à faire cheminer dans le forage la
canalisation préparée.
Le tronçon spécial ainsi constitué
est ensuite raccordé aux longueurs
courantes de canalisation. Les zones
d’entrée et de sortie dans le sol
sont ensuite réaménagées, avant la
remise en état fi nale.
Ce type de franchissement moins
courant, entraîne des impacts tempo-
raires notables sur l’environnement
visible et dans le sous-sol traversé. Par
ailleurs, il complique la maintenance
ultérieure de l’ouvrage.
térieur desquelles sont descendus
successivement les engins de forage
ou de fonçage, puis la gaine et enfi n
la canalisation qui est alors enfi lée
dans cette gaine.
Sur des voies de circulation terrestre
moins importantes telles que sur
les départementales D71 ou D368,
une tranchée peut être ouverte par
demi-chaussée ou une déviation
locale de courte durée peut être
mise en place.
Lorsque la largeur de l’obstacle à
franchir est très importante, ou que
la confi guration du terrain interdit
de creuser des niches, la canalisation
peut être installée selon la technique
du forage dirigé. Une piste de travail
est aménagée, sur laquelle la cana-
lisation en acier sera construite et
soudée en un seul tronçon. Un trou
pilote est foré au moyen d’une tige
de diamètre inférieur à celui de la
pour la protection de la faune aqua-
tique et pour la protection du fond
de la rivière étant pris par GRTgaz,
aucun impact permanent ne subsiste
après les travaux.
Lorsque le régime du cours d’eau
traversé le nécessite, des enroche-
ments peuvent être mis en place
dans le lit et sur les berges du cours
d’eau, afi n de limiter les risques
d’érosion ultérieure en cas de crue
torrentielle notamment. Dans ce cas,
le choix des matériaux est déterminé
conjointement avec les services en
charge du réseau hydrographique
et les éventuelles associations locales
concernées.
Les franchissements en sous-œuvre
Les franchissements des routes à
grande circulation, voies ferrées,
canaux d’irrigation sont généra-
lement réalisés par forage* ou
fonçage de gaine* ou par micro-
tunneliers, qui évitent l’ouverture
d’une tranchée dans le revêtement
routier ou hydraulique et l’inter-
ruption prolongée du trafi c ou de la
navigation. Dans ce cas, deux niches
sont aménagées de part et d’autre
de l’infrastructure à franchir, à l’in-
Un chantier de pose de canalisation, selon son importance, peut être divisé en plusieurs tronçons. Pour chaque tronçon, un appel d’offres piloté par GRTgaz détermine l’entreprise qui réalisera les travaux, souvent sous la forme d’un groupement de plusieurs entreprises. Les travaux sont suivis, de manière globale, par l’ingénieur chantier de GRTgaz, qui anime l’ensemble de l’équipe responsable de ce chantier, côté GRTgaz, sous l’autorité du Chef de Projet. L’ingénieur chantier est assisté d’un correspondant Qualité Hygiène Sécurité Environnement (QHSE), qui, ayant participé à la rédaction des plans spécifi ques QHSE en phase d’étude, veille ensuite au respect des engagements pris par GRTgaz depuis le lancement du projet.Un autre acteur-clé du chantier est le superviseur Relations Administratives qui assure la relation avec l’ensemble des exploitants et propriétaires des terrains traversés par le tracé de la canalisation. C’est lui qui, en particulier, réalise les états des lieux avant et après travaux avec les exploitants agricoles. En outre, des superviseurs de travaux, dont le nombre varie en fonction de la longueur de la canalisation à poser, peuvent être en relation avec les exploitants agricoles ou les propriétaires qui auraient des réclamations à formuler. Notons enfi n la présence d’un coordonnateur sécurité, dont le rôle est notamment de contribuer à la sécurité des personnels de toutes les entreprises qui interviennent sur les sites du chantier.
QUI FAIT QUOI SUR UN CHANTIER DE POSE DE CANALISATION ?
Franchissement en sous-œuvre
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