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tion. “Il faut encore travailler sur la commu-nication à l’extérieur, pour convaincre lesfemmes que des carrières existent pour ellesdans l’automobile”, remarque pour sa partBetty Vergote-Przybylski.

“La RSE n’a rien à voir avecla philanthropie”

Les organisateurs du Forum mondial - et lepremier d’entre eux, l’association Alliancespour la responsabilité sociale et environnemen-tale, présidée par Philippe Vasseur - tiennent àl’image d’une RSE accessible aux PME.Alliances a parmi ses missions d’accompagnerles PME dans cette voie : petit-déjeuner desensibilisation, diagnostic en entreprise, ate-liers d’approfondissement...On y discute intégration de publics différents,achats responsables ou éco-construction.Exemple de réflexion : “Soit je suis dans unelogique de prix et je change de fournisseurtous les six mois, soit je me positionne sur leprix, la qualité et la RSE, résume DidierPeillon. La RSE suppose un engagement pluslong avec le fournisseur.”Danielle Hardy, à qui Didier Peillon passeactuellement le relais de l’accompagnementdes entreprises chez Alliances, insiste : “LaRSE n’a rien à voir avec la philanthropie.De plus en plus de dirigeants d’entreprises

comprennent que le développement durableet la RSE ne sont pas uniquement descontraintes mais aussi une source d’oppor-tunité.” Parmi les raisons, la sensibilité deplus en plus forte des consommateurs à cesthématiques. Reste que la RSE ne peut se contenter d’ac-tions ponctuelles. “Une entreprise quifabrique un produit bio ne peut pas se fichercomplètement [des qualités écologiques] del’emballage, détaille Geert Demuijnck. Desentreprises qui intègrent des gens en diffi-culté d’insertion ne sont pas pour autantautorisées à créer des catastrophes environ-nementales. Des entreprises qui sont bienplacées pour l’égalité entre hommes etfemmes ne devraient pas refuser l’intégra-tion des personnes handicapées.”L’une desactions emblématiques d’Alliances consisteà aider “des jeunes qui n’arrivent pas àtrouver des stages à cause de leur couleurde peau, il faut bien dire les choses commeelles sont”, rappelle Philippe Vasseur. GeertDemuijnck prend l’exemple “de la banqueet de la f inance, où on voit peu de gensd’origines ethniques différentes”.

Ludovic FINEZ

(1) Le programme développé à Sevelnordest une déclinaison de celui de sa maison-mère,le groupe PSA.

Perspectives

La diversité en entreprise : c’est cethème qui a été retenu pour lapremière édition du Forum mondialde l’économie responsable, à Lille lemois dernier. L’initiative, lancée pourau moins quatre éditions, accordeune large place au témoignage surles “bonnes pratiques” des unset des autres.

Délits d’initiés, stock-options, parachutesdorés… Le monde de l’entreprise n’a pas

toujours les honneurs de la presse pour debonnes raisons. Philippe Vasseur est le pre-mier à condamner “l’attitude de certains diri-geants qui n’ont pas de morale”. Il place leForum mondial de l’économie responsable,qu’il préside et qui a tenu sa première éditionà Lille du 23 au 25 octobre, aux antipodes deces pratiques, résumant ainsi le concept deRSE (responsabilité sociale et environnemen-tale) : “Améliorer les performances de l’en-treprise tout en respectant la personne etl’environnement”. “La RSE revient à réflé-chir au rôle et aux responsabilités de l’entre-prise”, ajoute Geert Demuijnck, directeur duCentre de recherche en éthique économiquede l’Université catholique de Lille, et anima-teur du collège d’experts de ce Forum.Thème choisi cette année : “la diversité etl’égalité des chances pour l’emploi”.Selon Geert Demuijnck, le comité a refusé les“discours idéologiques” : ses membres “sontdes universitaires, mais ayant aussi un lienavec le monde de l’entreprise. Ils ont unesprit critique mais ne se basent pas sur desa priori négatifs à propos des entreprises.Nous comprenons leurs contraintes de renta-bilité et leur environnement concurrentiel.”

“Nous ne sommes pasun contre-Davos”

L’initiative comptera au moins quatre édi-tions, avec des rendez-vous déjà programméspour octobre 2008 (“Nourrir et protéger laplanète”), octobre 2009 (“Les finances res-ponsables et solidaires”) et, en octobre 2010,une convention pour adopter un Manifestemondial de l’économie responsable. “C’estune opération très ambitieuse, qui se veuttrès internationale”, clame Philippe Vasseur.

Le budget, un million d’euros est apporté pardes grandes entreprises et des collectivités.“Nous ne sommes pas un contre-Davos, nousne voulons pas prendre modèle sur qui quece soit”, prévient-il. Pour lui, le mérite prin-cipal de l’opération est de “multiplier lesexemples de bonnes pratiques, montrer enquoi c’est une bonne pratique, pourquoi c’esttransposable, en faire un levier par effet decontagion”.Pour cette première édition et les suivantes,le témoignage a donc une place importante.L’initiative de l’usine automobile Sevelnord(Lieu-Saint-Amand), pour ouvrir ses métiersaux femmes (1), a ainsi été présentée.En 2004, Sevelnord comptait 9% de femmesdans ses effectifs en CDI et pratiquementaucune chez les intérimaires. Aujourd’hui,elle emploie globalement 13% de femmes,avec des différences notables : 7% parmi lesouvriers en CDI et 33% pour le personneltemporaire.Entre temps, une communication a été menéeauprès d’établissements scolaires, de l’ANPEet des agences de travail temporaire. “Noussommes persuadés que la complémentaritéentre hommes et femmes est un plus, neserait-ce que pour l’équilibre social”, com-mente Betty Vergote-Przybylski, qui travailleaujourd’hui à la Française de Mécanique situéà Douvrin mais qui a piloté le dossier chezSevelnord.Certes, les efforts à mener seraient encoreimportants. Certains métiers, comme le tra-vail de la tôle, restent quasi-exclusivementmasculins. “La vitesse à laquelle les mentali-tés ont changé a cependant “étonné” Fran-çois Girardot, directeur des ressourceshumaines.Selon lui, envisager de confier à une femmeun poste autrefois occupé par un homme “nepose plus aucun problème” dans l’usine.Les aménagements de postes pour en atté-nuer la pénibilité, même s’ils ne sont pasmenés dans ce but, favorisent la féminisa-

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“Nous ne sommes pas naïfs,il faudra du temps”

“Dénicher les talents de demain qui nous per-mettront d’assurer notre développement.” Voilàcomment Philippe Carli, PDG de SiemensFrance, résume les enjeux de la diversité enentreprise, qui a servi de fil rouge à la pre-mière édition de ce Forum mondial. “Nous nesommes pas naïfs, nous savons qu’il nous faudradu temps et de la patience”, prévient PhilippeVasseur, qui insiste cependant sur les initia-tives déjà en cours, qui prouvent [que mettreen place la RSE est possible et même profitableà long terme”. Poids lourds nés dans la région,Lesaffre et Auchan (qui a signé la charte de ladiversité en 2006) ont témoigné lors de laséance de clôture du Forum.On rappellera, parmi beaucoup d’autres, l’in-tervention de Nicole Notat, créatrice del’agence de notation sociale et environne-mentale Vigeo, du britannique Guy Ryder,secrétaire général de la Confédération syndi-cale internationale, de l’universitaire améri-cain Brian Nosek, qui a mis au point un testcensé débusquer les a priori inconscients surla diversité, etc.Au chapitre des interventions fortes, il y abien sûr celle de Shirin Ebadi, avocate ira-nienne, prix Nobel de la Paix 2003. Evoquantles nombreuses atteintes aux Droits del’Homme dans son pays et au Moyen-Orienten général, elle a aussi réaffirmé son opposi-tion à l’intervention américaine en Irak. Elle aconclu sur un message au monde écono-mique et politique européen : “Cela fait desannées que l’Europe critique les violations desDroits de l’Homme en Iran. Mais cela n’était queparoles. Lorsqu’il était question d’intérêts écono-miques, ils étaient oubliés. Lorsque vous signezdes accords commerciaux, respectez les Droitsde l’Homme en Iran.” �

Le Forum organisé à Lille seveut mondial. Il a donc faitréférence - par le biais de témoignagesou de fiches de “bonnes pratiques” - à desentreprises un peu partout sur le globe. Lecomité d’experts a validé ces exemples.Parmi beaucoup d’autres, citons l’entreprisedanoise de peinture Holm Nielsen A/S, qui“embauche et améliore les conditions de travaildes personnes handicapées”. Sur 50 salariés,elle compte douze personnes handicapées,dont les postes de travail ont été adaptés.“L’approche de l’entreprise apparaît commeparticulièrement importante dans sa zone géo-graphique, précise la fiche rédigée sur la PME.En effet, située sur l’île de Bornholm, en mer Bal-tique, le taux de chômage y atteint les 20% ; lemarché de l’emploi n’est donc pas favorable àl’intégration.”Autre taille, autres cieux, autre action : lebrésilien Petrobras, une des 15 plus grandescompagnies pétrolières mondiales, a signéen 2004 un accord sur l’égalité hommes-femmes, “institué par le gouvernement brési-lien, qui a pour objectif d’encourager un nou-veau regard sur la gestion des ressourceshumaines et de promouvoir une nouvelle cultured’entreprise fondée sur l’égalité des chanceshommes-femmes au travail”, précise la fiche.Parmi les actions concrètes mises en place :“des horaires flexibles” ou encore “une solu-tion de garderie pour les employés qui ont desenfants très jeunes.”Entre 2005 et 2006, Petrobras a vu passer lapart des femmes dans son effectif de 12,6%à 13,9%. �

ISO 26000 Voilà comment s’appelle-ra la norme internationale, en cours d’éla-boration depuis 2005, sur la responsabilitésociétale des entreprises.Au comité d’ex-perts du Forum mondial lillois, figureAnnette Kleinfeld, membre du Comitédirecteur de l’EBEN (European businessethics network), par ailleurs membre de ladélégation allemande travaillant sur cettenorme.L’ISO 26000 balaiera aussi bien la protec-tion de l’environnement que les droits del’Homme ou la protection des consomma-teurs. La norme, qui en est à sa troisièmeversion de travail, devrait être publiée en2009. Précision importante : contrairementà d’autres, l’ISO 26000 n’est pas penséepour la certification.Elle contiendra en effetdes principes et non des obligations. �

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Lille : capitale de la RSEShirin Ebadi,prix Nobel de la paix 2003.

Philippe Vasseur,Président de l’associationAlliances pour laresponsabilité socialeet environnementale.

En 2004,Sevelnord comptait 9% de femmesdans ses effectifs.Aujourd’hui, elle emploieglobalement 13% de femmes.

Plus de 2 000 participants du monde entier,la plupart issus du secteur de l’entreprise,se sont retrouvés à Lille du 23 au 25 octobrepour débattre de leurs bonnes pratiques enmatière de diversité et d’égalité des chances.

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