mario ramos
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Disparition de Mario Ramos, figure de la littérature jeunesse.
Auteur et illustrateur plébiscité par le jeune public pour lequel il composa plus
d'une trentaine d'albums, Mario Ramos est mort le dimanche 16 décembre à l'âge
de 54 ans.
Né à Bruxelles le 7 novembre 1958, d'un père portugais et d'une mère belge, Mario
Ramos est dès l'enfance tout entier tourné vers le dessin, les siens dont il couvre la
moindre feuille de papier et ceux des autres, illustres ou anonymes (" le dessin m'a
toujours aidé à vivre ", confiait-il sur son site). Fasciné par le personnage de Charlot
et l'évidence simple de Tintin, il s'inscrit tout naturellement à l'Ecole de La Cambre,
l'Ecole nationale supérieure d'Architecture et des Arts Visuels de Bruxelles, fondée
en 1926 par l'architecte et pédagogue Henry Van de Velde, sous l'appellation
d'Institut supérieur des arts décoratifs.
" DEUX PAPAS " : UNGERER ET STEINBERG
Dans l'atelier de communication graphique de Luc Van Malderen, le jeune Ramos
découvre le travail de ceux qu'il tient très vite pour " ses deux papas ", le
Strasbourgeois Tomi Ungerer et l'Américain Saul Steinberg. S'il s'essaie d'abord au
travail publicitaire, quand il entre dans la vie active dès 1983, couvertures, affiches
et dessins de presse, très vite Mario Ramos est rattrapé par le besoin de raconter
en images.
Illustrant des Contes et récits de Tolstoï (1986), puis Zéro, du contemporain Charles
Prayez (1987), tous deux parus chez l'éditeur
bruxellois Marc Bombaert. Le saut dans le
monde de la jeunesse, il l'opère en illustrant
Rascal – Djabibi (1992), Ourson (1993),
Novembre au printemps (1994) – et Andréa
Nève – Le Dernier voyage (1994), tous parus
chez Pastel, le bureau belge de l'Ecole des
loisirs, qui va rester l'éditeur exclusif de
Ramos. Mais dès 1995, le jeune illustrateur
ose imposer son univers, signant désormais
seul ses albums.
LES QUESTIONS QUI DÉRANGENT
Avec Le Monde à l'envers, fable facétieuse qui
est aussi une leçon de tolérance et d'acceptation
des différences, le ton est donné. Surprendre,
faire rire, et réfléchir. Le trait sera toujours
simple, le dessin sobre, éminemment lisible.
Comme chez Charles M. Schulz, dont les "
Peanuts " sont pour Mario Ramos la référence
ultime. A de rares exceptions près (Emily et
Alligator 2007 notamment), les personnages
sont des animaux. Comme dans la tradition
médiévale ou celle des fabulistes, Esope comme
La Fontaine. Une précaution pour préserver
l'enfant, qui bénéficie ainsi d'une distance quand
le sujet est grave, trop oppressant.
Car Ramos n'hésite jamais à exposer les
questions qui dérangent sous des dehors volontiers malicieux : tels ces cochons
féroces face à un loup pitoyable... (Un monde de cochons 2005). Les difficultés de
l'intégration à quelque groupe que ce soit, les enjeux de pouvoir et les phénomènes
de bandes, tout est passé au crible de l'humour pour " apprivoiser les petites
misères et les grands chagrins ", comme le diagnostique avec émotion son confrère
et ami François Place, rendant un bel hommage à l'artiste si tôt disparu.
SUCCÈS PHÉNOMÉNAL
Au fil des ans et des albums, Mario Ramos est revenu interroger les contes
traditionnels, les revisitant avec finesse. Ainsi le Petit chaperon rouge, qui apparaît
dans Le Code de la route (2010), Le Plus malin (2011) et Mon ballon (2012)... Une
façon de revenir aux sources. Une obsession réelle pour cet artiste exigeant
conscient de la responsabilité qui lui incombait, amplifiée par son succès
phénoménal.
Traduit dans plus d'une vingtaine de langues, son travail savait emballer grands et
petits. Sans entamer la lucidité de celui qui savait se moquer des fanfaronnades
(C'est moi le plus fort 2001) ; C'est moi le plus beau (2006).
L'œil vif et coquin de Mario Ramos a su nettoyer celui de ses lecteurs. Et si son
sourire malin qui commentait en silence le tour qu'il venait de jouer manquera à
celles et ceux qui l'ont croisé, dans les ateliers qu'il animait comme dans les salons
de littératures jeunesse où il faisait le show, restent ses livres, adressés à tous et
résolument humains. Sans encombrement moraliste ni lourdeur didactique.
Simplement justes.
Source :
http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2012/12/21/mario-ramos-figure-de-la-
litterature-jeunesse_1809466_3382.html
Livres disponibles à la médiathèque
Albums Petite Enfance
Au lit, petit monstre ! / Ecole des loisirs, 1996.
Un papa essaie de coucher son "petit monstre" récalcitrant, qui fait
traîner les choses, réclame une histoire, a soif, saute sur son lit... Le
petit lecteur s'identifie à ce "petit monstre", représenté sous la forme
d'une sorte de bébé crocodile rigolo…
C'est moi le plus beau / Ecole des loisirs, 2006. Le loup rencontre alors les trois petits cochons. " Hé ! Les petits lardons !
Encore à gambader dans les bois pour perdre du poids ! Dites-moi, les
petits boursouflés, qui est le plus beau ? "
C'est moi le plus fort / Ecole des loisirs, 2007. « Que vois-je ? Trois petits cochons loin de leurs maisons ! Comme c'est
imprudent ! Dites-moi, les petits dodus, qui est le plus fort ?" demande le
loup…
Le Code la route / Ecole des loisirs, 2010. Et si le Chaperon rouge roulait à vélo? Une histoire sans paroles, mais
ponctuée de panneaux routiers éloquents pour ne pas avoir zéro de
conduite : attention, traversée d’Ours, de Petit Poucet, de Trois Petits
Cochons, de chasseur, de cavalier fou et de...Grand Méchant Loup !
Je ne suis pas une souris / Ecole des loisirs, 2002. « Mes parents veulent m'écraser ! Et le chat veut me manger ! »
« C'est malin, il ne faillait pas te montrer ! Une souris doit toujours être
discrète... » « Mais je ne suis pas une souris ! » s'exclame Archibald...
Loup, loup y es-tu ? / Ecole des loisirs, 2006. « Promenons-nous dans les bois / Tant que le loup n'y est pas / Loup,
loup, y es-tu ? / Loup, loup, que fais-tu ? »
Le Loup qui voulait être un mouton / Ecole des loisirs, 2008. Petit Loup voudrait s'évader, être un mouton. Il décide de se déguiser et
de mâchouiller de l'herbe. Beurk... Vu du ciel, en tout cas, l'illusion est
parfaite. Un aigle royal s'y trompe et l'emporte. Ça y est, Petit Loup
vole... mais pas question de se laisser manger !
Maman ! / Ecole des loisirs, 1999. Un petit garçon appelle sa maman à chaque page. Sa maison est
remplie d’animaux insolites dans des situations cocasses. A la fin, on
apprend pourquoi il a si peur… Après cela, on découvre les images en
petit et on apprend à compter.
Mon ballon / Ecole des loisirs, 2012. Le petit chaperon rouge traverse la forêt pour montrer son joli ballon
rouge à grand-mère. Elle va croiser plusieurs animaux farfelus, avant de
rencontrer….
Le Monde à l'envers / Ecole des loisirs, 1995. Rémi n’est pas un souriceau comme les autres. Pour lui, le monde est à
l’envers. Il part pour un long voyage afin de trouver sa place et,
finalement, après bien des aventures, il découvre un monde nouveau…
Mon oeil / Ecole des loisirs, 2010. Ouvrir l’oeil. Se rincer l’oeil. Se mettre le doigt dans l’oeil.Ca saute aux
yeux…15 expressions sur les yeux, illustrées au sens propre et au sens
figuré. Chaque image raconte une petite histoire.
Nuno le petit roi / Ecole des loisirs, 2000. Son père disparu, Nuno devient le nouveau roi. Tous les animaux
viennent alors lui raconter leurs petits problèmes. « Je vais voir ce que je
peux faire », répond Nuno.
La peur du monstre / École des loisirs, 2011. Polochon est un adorable petit bonhomme. Il aime bien le soir, quand
maman raconte une histoire. Mais il n'aime pas du tout se retrouver seul
dans le noir.
Le plus malin / École des loisirs, 2012. Le loup veut évidemment croquer le petit chaperon rouge.
Tout se passe bien jusqu’à ce qu’il enfile la chemise de nuit de la grand-
mère…
Le Roi est occupé / Ecole des loisirs, 2006. Livre animé. Tu es le héros du livre. Tu vas voir le roi pour lui dire tout ce
qui ne va pas. Mais les gardes t’empêchent de rentrer dans le château :
« le roi est occupé ! Revenez un autre jour ! ». Maintenant, ça suffit ! Tu
découvres un passage secret qui te permet de t’introduire dans le
château. Tu passes de pièce en pièce par les passages secrets. Te voilà
enfin dans la salle royale. Mais où est le roi?
Roméo & Juliette / Ecole des loisirs, 1999. Roméo est un éléphant fort comme une montagne. Il a juste un petit
problème : il est extrêmement timide. Tout le monde se moque de lui et
l’appelle « tomate », ce qui le rend très malheureux. Une nuit, il rencontre
Juliette, une adorable petite souris qui va changer sa vie.
Le Roi, sa femme et le petit prince / Ecole des loisirs, 2008. « Mercredi matin, le roi, sa femme, le petit prince, le pingouin, et
l’hippopotame à vélo sont venus chez moi pour me serrer la pince.
Comme j’étais pas là, ha ! Le petit prince a dit, hi ! Puisque c’est ainsi,
nous reviendrons jeudi… »
Tout en haut / Ecole des loisirs, 2005. Il y a une grande montagne. Tous les animaux veulent arriver au
sommet. Le crocodile, l'éléphant, le rhinocéros, la girafe…Mais que se
passe-t-il ?
Roman
Un Cadeau fabuleux / Ecole des loisirs, 2001. En rentrant de l’école, Thomas trouve un énorme cadeau dans sa
chambre : c’est une surprise de Bon-Papa. Vite, il déchire le papier-
cadeau et découvre une grosse boite… vide ! Après un moment de
déception, il s’approche de la boite et glisse dans un autre monde où il
est le héros de fabuleuses aventures.
Un Monde de cochons / Ecole des loisirs, 2007. - (Mouche). Louis, le petit loup, fait son entrée à l'école des cochons. Tout le monde
regarde le nouveau. « Il fait un peu peur ». « Il a l'air méchant ». « Il doit
sentir mauvais ». Louis va-t-il réussir à se faire une place dans ce monde
de cochons ?
Album Thème Sensible
Le Petit soldat qui cherchait la guerre / Ecole des loisirs, 2005. Eustache est assommé au combat. Lorsqu’il se réveille, il est seul. Il va se
mettre à la recherche des autres soldats. Dans sa quête, il croise des civils
qui vont l’aider à prendre conscience des horreurs de la guerre...
Autres albums illustrés par Mario Ramos
Le Dernier voyage / texte d'Andréa Nève. - Ecole des loisirs, 1994. Charlie est vieux chat. Il somnole presque tout le temps et ne semble plus
avoir le goût de vivre. Mais voilà que surgit, Charlot, un chaton espiègle et
fougueux qui vient le trouver pour qu'il le conduise à la mer. Charlie
entreprend alors son dernier voyage. Une dernière et belle aventure.
Album Thème Sensible
La Légende de Kiski / texte d’Andréa Nève. - Artoria, 1999. Une histoire illustrée et un documentaire, pour découvrir les différences.
Album Petite Enfance
Orson / texte de Rascal. - Ecole des loisirs, 1993. Orson est un ours tellement grand et tellement effrayant que tous les
animaux de la forêt le craignent. Il n’a pas d’amis et se sent triste et
solitaire. Il n’est heureux qu’à la fin de l’automne, quand il peut hiberner et
tout oublier. Mais un printemps, en sortant de sa grotte, il trouve un petit
ours oublié au pied d’un arbre...
Album Petite Enfance
Novembre au printemps / texte de Rascal. - Ecole des loisirs, 1994. Cet album fait suite à ORSON : le petit ours en peluche qu’Orson avait
trouvé près de sa grotte est devenu vivant... Il s’appelle Novembre. Un jour,
Novembre réveille son père : il en a assez d’hiberner. Mais Orson proteste :
le printemps n’est pas encore là. Qu’importe ! Novembre est impatient. Il
emporte un gros pot de miel et part tout seul dans la forêt enneigée...
Album Petite Enfance
Documentaire
Le monde de Mario Ramos / Lucie Cauwe. - Ecole des loisirs, 2011. Toute l’œuvre de Mario décryptée par lui-même…
741.64 RAM
Interview de Mario Ramos (mai 2011)
*Vous êtes auteur et illustrateur. Pour vous les deux sont-ils indissociables ?
Oui. Si je dessine, c'est pour faire passer certaines choses, faire rire, réfléchir, et
raconter une histoire. Lorsque je suis sur un livre, je travaille les textes et les
illustrations en même temps. Déjà, enfant, lorsque je dessinais, cela
s'accompagnait d'une narration. D'ailleurs, je suis plus fier de mes textes et du
propos de mes livres que de mes dessins.
*Un album, ça démarre comment…?
Je peux partir d'un personnage, d'une situation, d'une idée. Celle d'accepter sa
différence, de trouver sa place dans le monde… J'ai quelques dadas aussi : j'aime
bien taquiner le pouvoir ! Je travaille sur la capacité qu'a l'enfant à s'indigner, à
protester, à contester l'ordre établi. Des qualités que l'on perd souvent en
grandissant. Le point de départ d'un livre peut aussi être une expression, comme
"un monde de cochons". Puis, un petit personnage arrive très vite et je le fais vivre.
Ensuite, je suis mon premier lecteur. Si ce que je raconte m'intéresse, m'amuse, je
me dis que cela peut plaire à d'autres. Parfois j'ai une idée amusante, mais ça ne
va pas plus loin et je laisse tomber. Car cela ne suffit pas. Il est essentiel pour moi
qu'il y ait plusieurs niveaux de lecture. Mes livres sont lus par des enfants et par des
adultes qui les lisent à leurs enfants. Je veux que les parents et les grands-parents
s'amusent aussi. Il faut qu'à chaque fois, il y ait quelque chose en plus. J'aime les
œuvres tout publics (je déteste l'élitisme) consistantes et de qualité. Tintin en est
un très bon exemple !
*Prenons comme exemple, votre dernier album, La peur du monstre…
C'est un petit bonhomme qui a peur du monstre. Ce monstre est une petite fille…! Il
y a aussi une ambiguïté : est-on dans le rêve ou la réalité ? Le dessin raconte aussi
l'histoire. Par exemple, le fond est très coloré lorsque c'est la nuit, alors qu'il est
blanc quand la maman est là car c'est un moment rassurant. Et puis, dans ce livre
comme dans tous les autres, il y a ce que j'ai mis malgré moi. Et ça c'est magique.
Parfois, grâce aux lecteurs, je me rends compte de choses dont je n'avais pas
conscience au moment de la création.
*Vos livres font-ils passer des "messages" ?
Non. Je me méfie des solutions. J'essaie plutôt de poser correctement les
questions. Chacun apporte ensuite sa réponse. De même que je n'aime pas le mot
"message", je me méfie de la pédagogie. Mais j'essaie de tirer le livre vers le haut
et je fais confiance aux lecteurs.
*Les héros de vos albums sont très souvent des animaux ou des personnages qui
ne sont pas humains. Pourquoi ?
Passer par l'animal offre une distance qui permet de parler de l'être humain et
d'aller plus loin. Cela universalise le propos. Je n'ai rien inventé : c'est ce que fait La
Fontaine avec ses Fables. Ses héros sont des animaux mais il parle des hommes…
Le monstre c'est aussi celui qu'on a en chacun de nous. Idem pour le loup. Et puis,
les animaux et les monstres sont plus rigolos. Et avec le rire, la communication est
immédiate. Je veux que mes albums soient amusants. Les livres, c'est avant tout du
plaisir, même s'ils sont là pour nous donner la force d'affronter la vie.
*Quel est votre rythme de travail ?
J'essaie de faire deux albums par an. Il est difficile d'évaluer le temps que je
consacre à un livre car je travaille sur plusieurs projets en même temps, mais c'est
un gros travail. Les deux derniers mois, je ne fais que ça.
Je suis très perfectionniste. Par exemple, dans La peur du monstre, j'ai eu
beaucoup de mal avec la petite fille. Je voulais qu'elle soit à la fois mignonne et
terrifiante. Le petit bonhomme, en revanche, est venu facilement. Mais je ne lâche
pas le truc tant que je ne suis pas entièrement satisfait. Et je décide de tout : le
format du livre, le cadrage, la place du texte et sa police, la couverture…
*Techniquement, comment travaillez-vous ?
À l'acrylique, sur papier. Le trait est fait au pinceau à l'encre de chine. Je travaille
aussi parfois au pastel.
*À quel moment et comment se fait le choix du titre ?
Au début. Toujours. L'histoire découle du titre.
*Parmi vos albums, certains vous tiennent-ils particulièrement à cœur ?
Le monde à l'envers car c'est le premier. Avec ce livre, mon rêve est devenu réalité.
Et je trouve que cet album n'a pas pris une ride. Il parle de la difficulté de s'intégrer
au monde. Il touche en étant simple. J'en suis fier. Avec C'est moi le plus fort, j'ai
gagné beaucoup de lecteurs. Un monde de cochons est rempli de souvenirs
d'enfance. Mais le livre que je préfère c'est toujours celui que je suis en train
d'écrire. À chaque fois, j'espère me dépasser et aller plus loin encore. Je suis très
angoissé. Je cherche et je cherche encore.
Source : http://lestroisbrigands.canalblog.com/
Site Internet
Pour connaître tous les secrets des héros de
Mario Ramos… c'est par ici :
http://www.marioramos.be/
Hommages
« Mario Ramos aimait tant nous faire rire dans ses
livres. Il prenait un soin et une attention passionnée à
raconter des histoires aux enfants. Leur donner les
moyens pour se défendre face aux plus forts, pour se
construire. Mario était curieux de tout, généreux,
talentueux et très fidèle. Ses loups, cochons, singes,
crocodiles et autres petits lardons sont chargés de toutes les émotions. Chaque
rencontre lui tenait à cœur, “Faire rire et réfléchir les petits et les grands est la plus
belle récompense pour un auteur.”Mario nous a quittés dimanche 16 décembre
2012. Il va nous manquer énormément. »
« Mario Ramos est mort. Il était somptueusement scrupuleux dans son travail pour
les enfants. Il y a à peine huit jours nous parlions tous les deux. De sa difficulté
d'être dans la justesse et dans l'honnêteté pour faire ses livres. C'était un souci pour
lui. Une préoccupation forte. Je me demandais s'il s'était jamais vu sourire. Ça se
voyait qu'il ne pouvait pas être autre que lui-même, le faiseur de miracles de papier
et de couleur. Ses livres sont communicatifs. Ça passe de lui aux enfants. Bien sûr
en traversant ses mondes, ses douleurs, ses bonheurs. Accostant en fin de contes
sur des continents dont il était le seul guide, dans sa main la main de milliers
d'enfants. Il avait peur de ne pas être à la hauteur des enfants. C'est la seule fois où
on s'est vus. Et là, pour cette peur, c'est mon ami de mon village. Il y en a tant qui
se baissent vers les enfants. Lui connaissait ce secret: s'élever jusqu'à eux. »
Claude Ponti
Hé, l'ami Mario, qu'est-ce que t'étais beau ! Mais le plus beau, ce n'était pas ça.
C'était ton âme. Nous nous sommes vus souvent, jamais seulement croisés. Nous
connaissions l'alphabet des failles et comment on les cache derrière un grand
sourire. Ton rire, je l'associe toujours à celui d'Andrea. Le tien, le sien, différents,
s'accordaient si bien. Quand quelque chose nous agaçait, sur un salon, en vrai faux
timide, j'hésitais, toi en autre vrai faux timide, tu y allais. Sans l'air d'y toucher, tu
parlais de respect, de franchise. La dernière fois que l'on s'est dit au revoir, dans
une ville très peu exotique, tu t'es moqué de ma grosse valise et moi de ton sac
minuscule. On s'est esclaffés. Puis, avec l'air sérieux que tu pouvais prendre
subitement après une boutade, tu m'as dit : « Ne prends plus que l'essentiel ».
Cet essentiel a traversé ta vie d'homme et d'artiste. Ce soir, même les plus beaux
rêves font la gueule. J'avais envie de t'écrire, moi qui pourtant ne crois pas du tout
en l'au-delà. Je préfère l'en-dedans et l'en-dedans de toi, c'était de la belle âme,
Mario, de la vie qui est là et qui vibre encore.
Carl Norac
Mathieu Maudet
« C'est un coup de massue, ta disparition. Celle d'un garçon, tant tu étais juvénile,
l'œil rieur, l'humour toujours à fleur de peau. Concerné, aussi. Révolté plutôt
qu'indigné. Généreux dans l'amitié. Et tes albums, au dessin si juste et si tendre :
des histoires toute simples, à belle hauteur d'enfance, des albums pour faire peur et
pour faire rire, des albums pour apprivoiser les petites misères et les grands
chagrins... Des albums à tenir très fort entre ses bras, comme on voudrait tant
pouvoir le faire avec toi, Mario, parce que ce chagrin-là, il ne passe pas, il nous
laisse sans voix, et c'est trop tôt, trop dur pour les souvenirs. Nous pensons à
Andréa, à Tania, et nous mêlons nos larmes à leurs larmes. Et aussi, nous pensons
à toi, Mario, où que tu sois. »
François Place
Bruno Liance
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