"ma" ville de porto
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1
PORTO du 19
au 23 mai 2013
2
Sommaire
Métro 3
Lumineuses faïences 4
Rêves des pas perdus 7
Contrastes 8
Porto ville affairée 12
La Sé, parvis terrasse 13
Place baroque 17 les azulejos 62
Tour des Clercs 18 les vins de Porto 64
Librairie folie 20 l’histoire de Porto 68
Opulente bourgeoisie 22
Vers la Ribeira 24
Où allait l’or du Brésil 26
Pittoresque des quais 27
Soudain Eiffel s’éclate 29
Secrets passages 31
Couleurs d’avant-scène 33
Magie des quais vus de Gaïa 34
Dans les tonneaux le nectar 37
Puis les flancs du Douro 40
Pinhao la sereine 42
Et puis du fleuve aussi 45
Bolhao s’agite 47
Tout au bout l’océan 52
Dans le tramway des brumes 53
Jardin suranné 55
Modernité parfaite 58
En savoir
plus sur
3
Accessibles par
le métro no-
tamment, les
principaux
points d’intérêt
de Porto révè-
lent leurs sur-
prises à la sor-
tie des sta-
tions.
On l’appelle ici « métro léger ». Métro mo-
derne dont les rames sont produites par le constructeur
canadien Bombardier (tout comme certaines rames du
métro parisien en partenariat avec Alstom ou des rames
nouvelles des TER). Largement subventionné par l’UE
pour ses infrastructures, il est mis en service fin 2002,
mais les travaux ne sont achevés qu’en 2006, réutilisant
et modernisant ici et là des voies pré existantes.
Il a nécessité des travaux importants de creusement
dans la colline rocheuse, sur une longueur somme toute
assez modeste de 8 km pour 60 km de lignes au total.
Métro donc parfois souterrain pour éviter les croise-
ments avec les grands axes des rues et qui prend aussi
des allures de train de banlieue quand on s’éloigne du centre.
Il permet aux portuans d’aller habiter de plus en plus en banlieue de Porto.
Les billets 24h (8€), ou 72h (15€) sont ici économiques : ils permettent la connexion directe entre lignes dif-
férentes, mais aussi entre métro et bus, et même avec le funiculaire du pont Louis 1er. Alors que la billet indi-
viduel coûte un peu plus de 2€.
Pourvu qu’on n’oublie jamais de badger la carte à une borne de station chaque fois qu’on entre dans une ligne, y
compris quand il s’agit d’en changer, ou bien en en-
trant dans le bus.
Cinq des six lignes de métro partagent un tronc
commun est-ouest qui, sur cette portion offre donc
une fréquence de passage élevée, environ toutes les
deux ou trois minutes. Chaque ligne se différencie
et diverge des autres dans sa partie terminale. La
fréquence de passage pour chaque ligne individuali-
sée est d’environ 20 mn. La 6ème ligne est orientée
nord sud et croise le tronçon commun à la station
centrale de Trindade ci-contre.
Métro à Porto
4
Dès qu’on a haussé le cou en sortant de la station Sao Bento,
c’est le premier choc, regard immédiatement happé par cette
tonalité d’un bleu intense et doux, avec laquelle joue la lumière,
et qui s’éclaire particulièrement au soleil couchant ou au levant,
ou bien qui apporte une clarté soutenue quand le ciel se fait
gris.
De quoi peut-il bien s’agir, si l’on met à part l’azur du ciel ?
Des azulejos, ces faïences dont l’origine est maure, que l’on
retrouve aussi en Espagne, qui ont croisé plus tard les porce-
laines hollandaises, notamment celles de Delft, et qui se parent
d’autres tonalités chaudes dans leurs versions les plus ré-
centes.
Le Portugal est devenu le pays chantre et créateur
des azulejos.
Voyons donc cette façade devant nous, qui est
celle de l’église du Congregados ; ses fenêtres ba-
roques parfaitement encadrées d’azulejos sont contigües d’une autre façade aux délicates nuances corail rosé
qui rehausse la couleur des azulejos.
Le portugais a donné le terme baroque, de bar-rocco, qui signifie « gros rocher de granit de
forme irrégulière ».
Bien d’autres édifices portent en extérieur et à
l’intérieur ces témoignages attractifs et incon-
tournables de l’histoire, de la piété, mais aussi,
pour certains bâtiments publics civils, des mé-
tiers et des travaux voire des industries comme
sur les murs extérieurs de la jolie petite gare de
Pinhao plus en amont sur le Douro.
Il n’est pas jusqu’aux simples façades d’im-
meubles, de maisons ou de gares plus modestes
(ici Regua, début de la région des vins de Porto)
qui ne soient parées de ces faïences mais de cou-
leurs plus démarquées dans le vert, le rouge car-
min, ou un jaune paille dorée, plus homogènes aussi, et qui ne se réclament des
azulejos. Les occurrences sont innombrables pour le grand plaisir des touristes.
Lumineuses faïences
5
6
En général, les églises, mais aussi certains anciens pa-
lais sont faits d’une
pierre de granit gris et
dure un peu granuleuse,
dont l’aspect extérieur
serait tristounet (serait
-ce ça « avoir le Porto
triste »?), si elles
n’étaient enrichies par
les décorations ba-
roques, qu’il s’agisse des
sculptures foisonnantes
parfois chargées, ou bien avec plus de réussite,
de ce baroque portugais qui embellit l’encadre-
ment des grandes fenêtres et des portes, en les
rehaussant de claires couleurs et d’élégants argu-
ments décoratifs.
Mais outre les
toits de tuile, ce
sont les azulejos
qui apportent
cette touche fi-
nale délicate, plé-
nitude artistique
qui en font par-
fois des chefs
d’œuvre d’équi-
libre raffiné.
Lumineuses faïences
7
Un exemple de
bâtiment pu-
blic offrant au
regard de su-
perbes azule-
jos profanes :
la gare de Sao
Bento, la gare
centrale de
Porto, avec
ses immenses
fresques his-
toriques qui
décorent ma-
gnifiquement
les hauts murs
intérieurs de sa salle des pas perdus. De pures merveilles.
Et l’on se prend à rêver :
l’appel au départ commun à
toutes les gares, à tous les
(aéro)ports perd ici de sa
force ; comme des tatouages
raffinés, le chatoiement
persistant des couleurs, la
force et la grâce des per-
sonnages (style Art Nouveau) libèrent l’imaginaire, et
nous retiennent là, béats, le nez en l’air. On se désin-
téresse des wagons
jaunes dont on con-
naît bien trop pré-
cisément la banale
destination : Lisbonne, Coïmbra,
Braga….
Cette gare a su rester secrète :
les façades extérieures sévères
gardent jalousement ses ri-
chesses refermées.
Autant on se hâte de quitter,
comme le veut leur fonction,
nos gares parisiennes, autant on
veut jouir du voyage immobile
dans la gare de Porto.
Rêves des pas perdus
8
Mais le quartier, tout comme le reste de la ville, offre des
contrastes entre édifices rénovés parfois tout récem-
ment, parfaitement entretenus, et d’autres bâtiments ap-
paremment à l’abandon dont les tuiles accumulent la
mousse et un peu de végétation sauvage, ou dont les azule-
jos se délavent ou disparaissent.
Ainsi celui qui se situe au-dessus de la station Sao Bento,
et dont la façade lépreuse et sombre comme après un in-
cendie est rehaussée des vives couleurs de drapeaux por-
tugais, intention heureuse
de la municipalité pour
croire encore en son futur.
De tels bâtiments sont
nombreux dans tout le centre de la
ville.
Une loi de Salazar (cf une étude du
journal Le Monde) de la fin des an-
nées 1940, a plafonné les loyers
pendant des décennies. Même dé-
bloquée pour les nouveaux baux en
1990, elle reste en vigueur pour les
anciens locataires, qui bénéficient
de conditions locatives très avanta-
geuses. Dans ce contexte, les proprié-
taires loueurs ont cessé depuis longtemps
d’investir et de rénover. Insalubrité et vétus-
té ont donc progressé dans nombre d’im-
meubles des vieux quartiers, avec des coûts
de rénovation devenus démesurés, qui s’ac-
croissent encore avec la crise.
De ce fait, et grâce aux nouveaux transports,
le centre ville a perdu 30% de sa population
en 10 ans (étude 2011) et la ville dans son en-
semble 1/3 de ses habitants en 30 ans.
Mais certaine initiatives en cette période de
crise tentent de réhabiliter ces immeubles
anciens à moindre coût.
Quoi qu’il en soit, le charme opère toujours, dans cet abandon où les im-
meubles fatigués, encore fringants de leur façades de faïence ternies, se
perdent sous la mosaïque fantasque des toits de tuiles.
Le sud est déjà là, qui commence à vibrer non pas intensément à l’espa-
gnole, mais avec plus de légèreté et de douceur, là par exemple sous la sévère et monumentale cathédrale de
la Sé, icône de Porto en sommet de colline, façade romane, intérieur gothique sévère, dont finalement le cou-
vent qui la jouxte présente le plus d’intérêt.
Contrastes
9
Pendant que dans les squatts, on squatte...
10
Les rues avoisinant la
rue Carmelitas et la
Place de la Liberté,
plus étroites mais
bordées d’immeubles
aussi hauts, dévalent
la pente de la colline,
avec un fouillis de ma-
gasins très divers, où
l’on sent bien que l’ère
des supermarchés
aussi bien d’alimenta-
tion que de bricolage
par exemple n’a pas
encore pénétré le
centre de la ville.
Mais ces rues, con-
joncture ou crise,
sont encombrées de
nombreux travaux de
voirie, de réfection d’immeubles, qui les ferment à la circulation.
La crise se manifeste surtout et en toute évidence, par ces quelques
personnes sans domicile fixe, portugais sans aucun doute, maigres
et l’œil creux, qui chassent les mégots et mendient sans ostentation
devant les épiceries, ou qui en sortent après un achat compulsif
grâce aux quelques euros qu’ils ont pu collecter, hâves et peut-être
drogués parfois. On ne peut manquer de les croiser, pressés comme
fantômes dans ces
ruelles, quelquefois ha-
ranguant ou invectivant
les passants.
Rien à voir avec nos SdF
parisiens, plus nom-
breux et bien installés
dans leur territoire.
Contrastes
11
12
En montant depuis Sao Bento vers l’église Congregados, on est au
plus creux d’une large ave-
nue qui se relève vivement
de part et d’autre, avec à
gauche l’église baroque des
Clerigos et sa tour clocher
(autre symbole de Porto),
et à l’opposé celle de Ilde-
fonso et ses azulejos.
Porto, ville aérée, ville af-
fairée.
Sur la partie plane de cet
espace qui est la Place de
la Liberté s’ouvre une très
large esplanade bordée
d’immeubles prestigieux
coiffés de dômes 19ème
qu’envierait les quartiers
haussmanniens de Paris, ici
et là surmontés de curieux et élégants petits campaniles de pierre
très aérés, avec en son
centre une statue
équestre.
C’est le quartier des fi-
nances et des affaires, au-
tour de l’avenue de Los
Aliados (les Alliés) .
La vue, dans l’axe de cet
esplanade s’élève vers un
bâtiment imposant et plu-
tôt élégant de style néo
baroque, surmonté en son
axe central d’une sorte de
beffroi qui mixe néo ba-
roque et art déco : c’est la
mairie de Porto, assez écla-
tante de blancheur.
Avec cette amplitude du
panorama, peut-être du
fait des couleurs, de l’espace ouvert occupé par le du site, du flux intense de la circulation, revient comme une
évidence à la mémoire certaines avenues de la Havane, la pourtant plate La Havane, sans les vieilles voitures
américaines.
Porto, ville affairée
13
Parvenus sur le parvis de la Sé, à l’entrée duquel veille un fier cava-
lier du Moyen Âge, la ville descend rapidement de tous côtés sauf vers un
quartier populaire pas très rassurant où elle s’élève encore un peu. Au loin,
le beffroi de l’hôtel de ville, et la Tour des
Clercs (Clerigos).
Malgré ses dimensions, l’immense parvis est
écrasé par la monumen-
tale façade granitique
de la Sé qui nous re-
garde de haut. Depuis
cette terrasse, la vue est re-
marquable vers les pentes de
la ville et la rive des grands
chais du vin de Porto, dans la
Villa Nova de Gaia de l’autre
côté du fleuve.
Des rince-bouteilles, fré-
quents dans les jardins, font
éclater leur couleur de clair
rubis au coin des façades sous
des palmiers haut montés en
tronc comme échalas adoles-
cents.
La Sé, parvis terrasse
14
15
L’intérieur de la cathédrale,
d’architecture classique ba-
roque, laisse s’envoler de
très hautes voûtes sous les-
quelles des groupes de tou-
ristes japonais mitraillent.
Mais le cloître voisin, d’une
belle facture gothique,
offre ses riches azulejos
que leur reflet bleuté proje-
té sur les dalles de pierre
laisse deviner avant qu’on
les ait vus.
Mais à tout prendre, la vue
d’ensemble vaut beaucoup
mieux que l’examen plus
rapproché : les motifs représentant des scènes du 18ème relè-
vent plutôt du précieux et du maniérisme.
Les azulejos tapis-
sent aussi les pa-
rois d’un chemin en
terrasse au-dessus
des galeries
d’arches.
...et son couvent bleuté
16
17
Après avoir gravi la colline vers la Tour de Clerigos, un
peu plus haut à droite en remontant la rue Carmelitas,
se trouve une vaste et belle place au centre de la-
quelle une fontaine faite d’une immense vasque, avec
en arrière-plan, deux hautes façades d’églises, d’un
baroque presque mexicain. Ce magnifique ensemble est
un lieu où se rassemblent souvent des groupes d’étu-
diants
en arts
gra-
phiques et dessin, pour croquer ces sujets.
Les deux églises contigües sont celle des Carmes et celle des
Carmélites.
Mais le plus remarquable est la façade latérale de l’église de Car-
mo, totalement décorée d’azulejos de haut en bas ; mettant de
côté le motif religieux, là comme ailleurs, ont est saisi par la
beauté
des cou-
leurs,
même
quand
l’ombre du
soir com-
mence à
gagner.
Place baroque
18
La Tour de Clerigos, voisine, se visite et se gravit, mais
sans ravir.
Ce qui est souvent présen-
té comme l’une des pre-
mières attractions de la
ville grâce à la vue panora-
mique aperçue du sommet,
(le plus haut clocher du
Portugal avec ses 75 m),
nous a un peu déçus. Bien
sûr, le charme des toits
de tuiles joue toujours,
mais à part la vue plongeante sur quelques rues, rien d’exceptionnel, à
l’inverse de ce que l’on se plaisait à imaginer quand on l’apercevait de loin.
Sauf bien sûr sa batterie de 49 cloches en carillons, qui permet le dimanche
au sonneur d’interpréter de vraies œuvres musicales.
Un architecte toscan, Nicolas Nasoni a conçu l’ensemble église et tour, réali-
sé en 1763, dans le plus pur style baroque, toute de granit gris. Mais le
manque de moyens en ce temps ne permit pas de construire le deuxième
clocher qui avait été envisagé.
Tour à tour télégraphe, horloge de la ville, elle sonnait midi grâce à la
détonation d’un petit canon
à poudre et alertait par un
drapeau fanion de l’arrivée
d’un paquebot à la Ribeira.
Le même architecte réalisa
le palais épiscopal, immense
et monumental bâtiment
qui jouxte la cathédrale
Sé. Au loin, de l’autre côté
du Douro dans une perspec-
tive écrasée qui gomme le
fleuve, c’est l’ancien cou-
vent de Nossa Senhora da
Serra do Pilar avec son
dôme de tuiles et ses murs blancs.
C’est tout de même l’occasion de s’abandonner à la poésie des
toits de tuiles aux ocres changeants, que parsèment avec un
charme sauvage ici et là de petits buissons qu’on dirait faits
pour chèvre sauvage, par dessus les façades indifférentes qui
n’ont d’yeux que pour leur vis-à-vis.
Tour des Clercs
19
Que faut-il, sourire de la vanité
dressée de la Tour des Clercs,
de l’étrange bronze de l’amour
de perdition, ou bien rire aux
éclats de ce rire libérateur,
salutaire et sans prétention?
20
Une cu- riosité absolument remarquable retient l’attention en redescendant un
peu sur nos pas : c’est la Librairie Lello. Sa façade blanche art déco, étroite et haute de deux étages ne
manque pas d’intérêt mais passerait presque inaperçue si on ne consul-
tait pas les guides.
En effet, un peu avant 10h chaque matin
commence à se former sur le trottoir
une petite queue de touristes.
Pour nous ce matin-là, heureux hasard ou
habitude, une femme de ménage nous a
ouvert la porte de l’édifice vers 9h 45,
avec toute liberté pour prendre des pho-
tos de l’intérieur, ce qui dès 10h devient
formellement, et malheureusement in-
terdit, même
sans flash.
Et là, c’est
une richesse
de décoration
des plafonds,
des vitraux
19ème, et sur-
tout un esca-
lier central permettant l’accès aux deux
étages, conçu comme deux spirales s’évasant, parfaitement symétriques, d’une élé-
gance époustouflante dans lequel a dû délirer jusque dans son accomplissement l’ar-
chitecte inspiré.
Il s’agit encore aujourd’hui
d’une fameuse librairie où au
1er étage les ouvrages sont
transportés dans un wagon-
net roulant sur rails.
Librairie folie
21
22
En descendant vers le fleuve et le quartier Ribeira, juste avant d’aborder la
route en terrasse qui rejoint lentement le fleuve à
mi-hauteur, une place
s’ouvre, celle de
l’infant Henrique domi-
née par un ancien mar-
ché couvert en struc-
tures métalliques ocre-
rouge du 19ème. Vers
le fleuve, c’est l’en-
semble de l’église Sao
Fransisco et ses cata-
combes, surplombant
une belle place.
Mais tout contre cette
église, juste au-dessus d’elle trône le Palais de la
Bourse (Bolsa).
Sa visite, quoique payante, se fait avec interdiction sévère de prendre des
photos. Paradoxal alors rien ne semble fragile à la lumière et que l’extrava-
gance incroyable de certaines pièces mérite cent fois d’être capturée dans la
petite boîte. D’autant plus qu’à part de chers livres d’expert, aucun fascicule
d’information à prix modeste n’est offert à la vente. Un italien et un français
malins se sont cependant permis de prendre quelques images en catimini avec
appa-
reils
dis-
crets
genre
Ipod.
Les
nôtres
ont été prises à la fin de la visite,
après le départ entendu de la guide qui
nous a laissé déambuler quelques mi-
nutes dans certains espaces délimités.
Le palais, construit par les riches com-
merçants portuans en 1842 (ou 1834
selon les sources), dans un style néo-
classique, fait feu de tous bois avec
une immense verrière, rapportée après
coup, un salon arabe où nous avons eu le
privilège d’entendre deux artistes répétant sur un piano du Beethoven à quatre mains pour un concert le len-
demain ; là aussi, une incroyable et magnifique décoration de type arabo-andalou avec versets coraniques pla-
cés là pour leur décorative calligraphie (images récupérées sur internet).
Opulente bourgeoisie
23
24
Les rues, les avenues sont bordées d’immeubles de 4 à 6 étages,
avec une recherche sur la décoration des hautes fenêtres, des bal-
cons, sur l’habillement de faïences colorées des façades, qui rendent
un très heureux effet, même quand la lèpre ou la pollution marquent
de leur trace sombre certains d’entre eux.
Les balcons aux riches ferronneries s’ornent comme ailleurs du fa-
nion bariolé du
linge séchant au
vent.
Sur la façade du
Douro où les pas
des touristes pié-
tinent les petits
pavés inégaux, on
peut même se de-
mander si le linge
exposé, pour faire
autant partie inté-
grante du décor
ne serait pas là
comme une constante délibérée, un argument permanent du
pittoresque, bien choisi pour ses couleurs vives et ses draps flottant au vent.
Les toits de tuiles sont le plus souvent à 4 pans et se relèvent légèrement en pagode à chaque coin.
C’est la marque
des édifices an-
ciens au Portugal
qui confère une
authentique élé-
gance aux mai-
sons en particu-
lier, et qui coif-
fent aussi les
immeubles les
plus anciens
comme une
marque de ca-
ractère.
Vers la Ribeira
25
En descendant vers le fleuve…
la place de l’infant Enrique, né
à Porto, celui qui fut appelé
Henri le Navigateur pour avoir
été, dès le début du 15ème
siècle, l’un des principaux ins-
tigateurs de la découverte du
monde avec les fameux marins
aventuriers portugais comme
Vasco de Gama vers la fin du
même siècle.
Le
beau marché métallique appelé Mercado Ferreira
Borges est l’un des points de repère de la ville,
que l’on aperçoit même depuis la rive opposée du Douro ; aujourd’hui un édifice con-
sacré à des exposi-
tions et des mani-
festations cultu-
relles.
Le pittoresque de
Porto flatte l’œil à
chaque coin de rue,
dans les panoramas
sur le fleuve, dans
les escaliers en
ruelle, à l’ombre de
recoins plus se-
crets...
Vers la Ribeira
26
L’église Sao Fransisco s’appuie sur l’un des côtés du Palais de la Bourse
vers le fleuve.
Romane lors de sa construction en 1254, puis transformée en gothique, enfin en
baroque au 17ème, cette église n’est, de l’extérieur, pas très différente de celles
que l’on rencontre ailleurs à Porto. Par contre à l’intérieur, beaucoup plus que
dans d’autres, elle dégouline d’or (comme le dit très justement le Guide du Rou-
tard). En réalité, des sculptures de bois recouvertes de feuilles d’or (talha dou-
rada), envahissent l’espace, chargées de personnages, d’allégories, d’un foisonne-
ment de représentations végétales, et couvrent jusqu’à la moindre surface,
murs, plafonds. Seul le sol en est exempt puisqu’il faut bien circuler, mais aussi
parce que les planches de bois dont il est fait recou-
vrent les tombes où gisent des membres de l’ordre.
Au total, et même en saluant le
caractère exception-
nel, spectaculaire et remarquable de la
réalisation, on peut comprendre que même
le dévot le mieux dis-
posé en sorte admira-
tif mais surtout
écoeuré. Tout l’or ra-
mené du Brésil lors
des grandes con-
quêtes semble être là ; 500 kg ont été utili-
sés en son temps.
L’histoire dit aussi que ces indécents excès des fransiscains et
des riches habitants qui avaient contribué à la décoration, alors
qu’au 17ème la population du quartier vivait misé-
rable, conduisit le clergé à la fermer au
culte.
En un sous-sol attenant, des cata-
combes sous voûtes prennent des airs
de caves vinicoles ou de chais bien or-
donnés, avec une sobriété bienvenue
après les abus décoratifs de l’église. Ils
accueillent les restes de
12 bienfaiteurs et ceux de
religieux de l’ordre.
Le plafond de l’une des
salles des étages supé-
rieurs est encore une
sorte d’exercice de style
décoratif qui semble inspi-
ré par l’art arabo-andalou.
Où allait l’or du Brésil
27
Quand ensuite on se laisse
tranquillement aller dans les
pentes qui mènent au fleuve
vers les quais du quartier
très touristique de la Ribei-
ra, c’est au travers de
quelques sombres et
étroites ruelles du Moyen
Âge, d’autres rues étagées,
pour déboucher sur la place
du même nom, inondée de
soleil. Mais envahie et assez
dénaturée par les
tables, les
chaises et
les parasols
de plu-
sieurs ca-
fés et res-
taurants,
qu’occupent
les tou-
ristes du
monde en-
tier, affalés, affamés puis repus. Opportunément, la
charmante façade blanche baroque de la petite
église St Nicolas rattrape cette impression.
Et là s’ouvre le fleuve, où les mouettes moqueuses
planent et virevoltent. Et Porto commence à se li-
vrer. Après la place, les quais de la Ribeira se dérou- lent en lon-
geant les ves-
tiges de vieux
remparts de
pierre, percés
de voûtes,
jusqu’à cet arc
métallique
monumental
qu’est le pont
Dom Luis 1er.
Pittoresques des quais
28
29
D’une seule et élégante arche de dentelle métallique, il a achevé d’être cons-
truit en 1886 par un élève de Gustave Eiffel, Theophil Seyrig. Il remplace
un pont suspendu (1843), dont les pylônes ont été conservés sur la rive nord,
succédant lui-même à un ancien pont de bateaux construit en 1806.
Il porte deux tabliers, le plateau supérieur où passe lentement le métro,
prudent et comme pris de vertige (il faut respecter les vieilles infrastruc-
tures), d’une portée de
395m, à 45m au-dessus du
fleuve et le plateau infé-
rieur, qui est le passage rou-
tier, de 174m de long. Les
piétons peuvent ainsi tra-
verser le fleuve depuis le
centre ville, par le haut ou
par le bas.
Eiffel lui-même, déjà avec l’aide de son élève, a cons-
truit en amont en 1876 le pont métallique Maria Pia (de Savoie) qui était dédié au seul passage des trains, avec
un tablier de plus de 350m, 60m au-dessus du Douro.
Il
a
Soudain Eiffel s’éclate
30
Seule pour les ados l’eau n’est pas si fraîche.
31
Le long
des quais de la Ri-
beira déambulent
donc les hordes de
touristes sur ses
pavés gris polis par
les pas, au pied des
vestiges de rem-
parts faits de so-
lides pierres de
granit. Les ter-
rasses des cafés et
des
res-
taurants sont bien installées entre le
rempart et la voie parallèle au fleuve
où passent encore les voitures, avant
le quai lui-même.
Par contre, une fois franchies les
voûtes sous les remparts et si l’on
fait l’effort de gravir les marches et
les pentes, les dédales et les ruelles
qui sont l’arrière-cour, les coulisses
des restaurants, sont une vraie et
précieuse découverte où l’ocre et
l’orangé s’imposent avec bonheur.
Certains guides préfèrent la lascivité
de Lisbonne à Porto. Pourtant, que de
surprises, que de charme dans ces
passages de dalles inégales, de passerelles et
d’arches, d’anciennes
poutres décrépites, d’ex-votos baroques, dans le si-
lence d’une ombre fraîche où quelques vieillards s’affai-
rent derrière leur porte sans se soucier de l’étranger.
Où parfois
même on con-
fond voie pu-
blique et cor-
ridor privé.
Secrets passages
32
33
Quand on repasse à l’avant-scène, ouverte
au fleuve, l’autre spectacle, beaucoup plus
exposé, complaisamment exhibitionniste,
c’est celui de la continuité variée des fa-
çades aux balcons divers, un peu de
faïence entre de nombreuses fenêtres
comme pour goulument capter plus de lu-
mière encore ou ne rien manquer du spec-
tacle du fleuve, harmonie chaude des cou-
leurs des façades et guirlandes de linge au
vent. Un autre panorama, fascinant par sa
diversité, une sorte de crâne fierté popu-
laire qu’affirme ici la ville face au fleuve,
et qui séduit et amuse aussi, au-dessus des
parasols des restaurants.
A l’étage juste à la hauteur de la coursive des rem-
parts, une rangée d’anciennes cabines numérotées ;
peut-être d’anciennes cabines de bains?
Couleurs d’avant-scène
34
Le 29 mai 1809, poursuivis par les troupes napoléoniennes de Soult,
une masse d’habitants s’enfuit par le seul pont de barques qui per-
mettait alors de traverser à pied le Douro. Certainement sous leur
poids, le pont s’effondra, fut détruit et les fuyards engloutis par le
fleuve. Le long des remparts, une plaque de bronze commémore cette
tragédie du « pont des barques ».
Les actes de résistance héroïque des portuans, assaillis par les
troupes d’envahisseurs au long de l’histoire de Porto expliquent la de-
vise de la ville : « cidade invicta », la cité invaincue. Cette résistance
est ainsi symboliquement représentée par le lion (Porto) terrassant
l’aigle
(Napoléon) au
sommet de la
colonne de la
vaste place de
Mousinho Al-
buquerque.
S ‘arrachant à
l’indolence de
ces quais,
nous traver-
sons enfin le
fleuve pour
passer sur la
rive sud, par
le tablier bas
du pont Dom Luis 1er. Ici commencent les caves du vin de Porto, qui s’éta-
lent le long de la route passante longeant les quais 50m en retrait.
Vue de là enfin, sur ses hautes collines convexes, Porto se donne, étagée
avec densité sur les pentes. Difficile de s’arracher à la contemplation du
splendide spectacle
de la ville sous le
soleil qui tourne len-
tement, avec la no-
ria des mouettes
blanches qui font la
pause au milieu du
fleuve ou bien, en
quelques batte-
ments d’ailes, tour-
nant un peu la tête
guettent les pois-
sons d’en haut pour
les saisir dans leurs
Magie des quais vus de Gaïa
35
36
Toute tentative de reconstituer le panorama de la rive aperçue d’ici tient de la gageure. Non seulement elle
exclut hélas le pont Dom Luis 1er, mais elle rabougrit et écrase la vue.
Les vues cliché par cliché rendent mieux la beauté du site. La symphonie
des toits de tuiles, la tonalité changeante des façades, des clochers et
des terrasses mouchetées du vert des squares
ici et là, tout concourt à composer un tableau
exceptionnel, qui s’encadre dans l’élégante
trame métallique du pont, qui agrémente somp-
tueusement l’arrière-plan d’un robelos, ou bien
encore qui épouse avec une lascivité que lui en-
vierait Lisbonne les courbes de la haute colline
auxquelles la ville s’accroche.
Porto, paisible et glorieuse, s’étire, s’émerveille
d’elle-même et contemple, immobile le puissant
fleuve qui l’a faite, dont les flots
se rebroussent au moment des
marées.
Seule indifférente, la mouette
passe à tire d’ailes.
Magie des quais vus de Gaïa
37
Les façades aux cou-
leurs chaudes regar-
dent, hautaines, la
fourmilière qui dé-
file à leur pied.
Dans l’air transpa-
rent de mai, depuis
le quai aux vins, une
légèreté, jubilatoire
comme une ardeur
de jeunesse fait
oublier le présent et
se moque du futur.
Comme une liberté
intemporelle.
Tant qu’à être là, on
sacrifie ensuite à
l’incontournable vi-
site de deux chais
du fameux vin qui
n’est pas tout à fait, ou peut-être un peu plus que du vin.
Caves pimpantes et encore authentiques, caves musée aussi, pédagogie soignée sur la manière de vinifier, l’ori-
ginalité des cépages, la qualité des sols, l’effet du climat, les diverses catégories de vin, la commercialisation
et son histoire avec
l’Angleterre surtout.
Et bien sûr la dégus-
tation.
On peut au moins re-
tenir que si l’ajout
d’eau de vie pendant
la vinification suffi-
sait à faire du Porto,
tout autre vigneron
du monde saurait en
faire. Ce sont donc les
spécificités du contexte
qui font d’abord la dif-
férence et parviennent
à ce nectar unique.
Dans les tonneaux le nectar
38
En franchissant le Douro depuis Porto sur
le tablier supérieur du Pont Dom Luis 1er,
la station de métro suivante se trouve au
sommet de la colline à la limite d’un petit
jardin en butte. Le panorama sur Porto
est époustouflant.
Deux manières de descendre de là vers la
rive et les quais : soit en prenant un télé-
phérique assez onéreux et sans grand
intérêt que l’on voit surgir d’entre deux
façades au-dessus de nos
têtes, soit en emprun-
tant les ruelles qui zigza-
guent vers le bas, s’accro-
chant au ro-
cher de granit
dont sont aussi
faits les pavés
plats et dis-
joints ; ce qui
fut notre
choix.
L’atmosphère de cette partie de la zone
urbaine est différente, plus authentique,
plus populaire aussi, avec de petites bou-
tiques dont l’activité est centrée de près
ou de loin
sur le vin
de Porto,
plus en-
core
quand on
se rap-
proche
des quais
et des
grands
chais. Le rythme quotidien semble ici moins
tendu, plus débonnaire, décontracté. Pa-
raisser avant de goûter.
et le charme des ruelles
39
C’est dans ces pentes parfois
fortes que l’on accède aux
chais, où les bus de touristes
déferlent, dégustent à tour de
verres, tête au soleil quand ils
parviennent à trouver une
place dans l’encadrement d’une
fenêtre, dans cette odeur de
tannin sous les charpentes de
bois au pied d’énormes muids
de chêne parfois encore fa-
briqués en France.
Le monde entier passe là ;
parfois avec quelques confu-
sions, quand, entendant à cô-
té de nous une famille parler
français avec un accent, j’ai
pris des suisses de Lausanne,
au demeurant très sympa-
thiques, pour des québécois!
Erreur fatale. Mille excuses pour mes oreilles, à appareiller, pour les
habitants de la Belle Province et pour les lausannois, suisses au coeur.
Pour un peu, mécontents de ma confusion, ils m’auraient envoyé me
faire « désabler les portugaises »,... à Porto.
Enfin voici les chais
40
Les collines élevées qui bordent longuement le Douro quand on le remonte
vers l’Est et l’Espagne se parent des terrasses serrées où se cultivent les
fameux vins.
Depuis l’autre gare de Porto, celle de
Campanha, on parvient à ses rives en train
par le nord , sur une ligne non encore
électrifiée qui ne retrouve les bords du
fleuve vers Regua qu’après une heure de
parcours entre des collines cultivées et assez densément habitées, sans
intérêt majeur.
Ce train, tracté par une locomotive diesel dont l’odeur incommodait un pe-
tit groupe de français délicats, possède des sièges réversibles d’un seul
coup de main : il est possible par simple basculement de passer le dossier d’avant en arrière (ou l’inverse) , si
bien que l’on peut de cette manière choisir le sens dans lequel on s’assoie. Cette facilité est ancienne, puisque
même les sièges du tramway des années 40 à Porto en sont dotés. Imaginons la révolution qu’introduirait ce
système dans le TGV. Mais c’est sûr, l’informatique ne suivrait pas...
Le fleuve en cette période semble paresser avec majesté dans ses longs méandres tendus ; la topographie de
ses rives parfois creu-
sées trahit cependant
la nervosité qu’il peut
manifester dans ses
crues. De notre train
tortillard, nous dou-
blons un navire de croi-
sière qui achemine des
groupes de vieillards
respectables vers la
visite de caves avant un long repas de midi assorti de dégus-
tations qui alourdiront encore l’assoupissement.
Au début, les cultures restent circonscrites, au milieu d’une courte végétation sur un terrain probablement
plus ingrat et trop escarpé. Mais les pentes s’adoucissent en remontant le fleuve, prennent des courbes plus
amples et sont donc plus cultivées, au moins jusqu’à ce qu’on atteigne les altitudes des mésas plus à l’est vers
la frontière espagnole, qui doivent en marquer les limites.
Le paysage résillé des rangs de vigne parfaitement entrete-
nus qui épousent étroitement les courbes de niveau et occu-
pent les pentes dans leur totalité jusqu’aux sommets illustre
parfaitement le savoir faire ancestral des viticulteurs et leur
pugnacité. Ce n’est que quand la pente se fait douce que les
rangs prennent l’orientation de celle-ci.
De plus en plus aussi, les courbes de la haute vigne se brodent
de chapelets d’oliviers plantés à intervalles très réguliers.
puis les flancs du Douro
41
42
Avant d’atteindre le grand méandre de Pinhao, notre
destination, les collines
plus évasées et entière-
ment cultivées étalent
leur richesse, et la desti-
nation prestigieuse de leur
production : ici, la noire
silhouette de l’icône San-
deman planté au milieu des
vignes.
A Pinhao, fin touristique
traditionnelle de la jour-
née, le fleuve s’évase comme un lac, grâce à une retenue en aval.
Beau site tranquille dominé par ses vignes, jusqu’au sommet des hautes collines vers lesquelles on sent bien que
le soleil doit darder avec intensité ses rayons en été.
Tout célèbre le vin et sa fabrica- tion, depuis les su-
perbes azulejos qui décorent ma- gnifiquement les fa-
çades de sa gare, en passant par les aménagements
ludiques du bord du fleuve et ses outils viticoles an-
ciens, jusqu’aux boutiques de sou- venirs d’assez bon
goût sans lourdeur
ostentatoire qui lon-
gent parmi d’autres
la rue traversante.
Le témoignage de la
tradition viticole est
souligné par la juxtaposition,
juste en retrait de la rive et au
pied des pentes cultivées de sortes d’énormes cloches semblables à
des bulbes de mosquées, apparemment faites de ciment crépi dont
le sommet est relevé en té-
ton. Ce sont les anciennes
cuves où était entreposé, sou-
tiré, décanté le Porto avant
d’être acheminé par robelos
vers la capitale par le fleuve.
Aujourd’hui, les cuves sont peut-être faites de métal inoxydable ca-
chées derrière des murs vénérables et le vin envoyé par camions et
trains citernes.
Pinhao la sereine
43
Comme une fière coquetterie, ou une
signature des propriétaires de quin-
tas, les champs sont souvent bordés,
plutôt que de haies ou de rang de cy-
près, par le haut pampre d’une vigne
qui les ceinture joliment.
Où le vin est un art
44
45
Ces visites s’inscrivent habituellement pour les touristes dans un forfait dont la partie principale est une croi-
sière d’une heure sur le Douro jusqu’à l’entrée de l’estuaire ; les visites des caves en sont le point d’orgue, se-
lon un tempo laissé à la guise du client.
Croisière sur des
bateaux en noria qui
ont la forme carac-
téristique des robe-
los, mais où les tou-
ristes ont pris la
place des tonneaux,
pas forcément à
leur avantage.
C’est une autre occasion de voir autrement Porto la ville et
son environnement, en particulier de passer sous les arches
monumentales des ponts successifs qui traversent
le fleuve. Ici encore le pont Maria Pia construit
par Eiffel, désaffecté et remplacé par l’ouvrage à
piliers voisin, pour la traversée du chemin de fer.
Dans l’autre sens, le même pont d’Eiffel, puis en
arrière plan, un pont routier de béton dont l’arche
plus hardie encore bondit par-dessus le fleuve.
Au retour, au pied de la colline qui prend un air de
falaise se distinguent mieux les sombres remparts
crénelés comme les dents d’un peigne, ceux qui dé-
limitaient au Moyen Âge l’enceinte de la cathédrale
forteresse de la Sé dont on n’aperçoit pas les clo-
chers depuis le fleuve, et qui furent construits à la
place de remparts romains beaucoup plus anciens.
On aperçoit aussi les rails qui dévalent la pente, ceux d’une petite et moderne
nacelle à crémaillère sur soufflet (pour maintenir l’horizontalité quelle que soit
la pente) qui permet rapidement de passer de la Sé au Douro en bas. Pour les
touristes fatigués que nous
sommes parfois. Beau point de
vue depuis la cabine pendant
l’élévation assez vertigineuse.
Et un peu comme sur la lagune
vénitienne, on croise ces gon-
doles à tonneaux, des robelos
immobiles qui ne sont là que
pour la parade, pour illustrer
le passé.
Et puis du fleuve aussi
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Ailleurs, sur la rive sud, au-dessus des flots scintillants, en remontant un peu encore, s’étirent sous le soleil
des carcasses de bateaux en rénovation ou en construction, sur un minuscule chantier artisanal.
47
Le quartier de Bolhao avec son grand marché couvert,
ses très nombreux
commerces et notam-
ment ceux de la rue
Santa Catarina ne
prend un peu de re-
pos et de tranquillité
qu’à l’heure du repas
de midi.
On voit, par son in-
frastructure métal-
lique et le style de ferronnerie de ses balcons, que le marché avec ses
galeries couvertes qui tire partie de la
pente de la colline, a été conçu dans la
mouvance d’Eiffel et de ses disciples à la
fin du 19ème. Mais les travaux en cours
encombrent la vue d’échafaudages et
privent le chaland d’une grande partie
des
échoppes et
des bou-
tiques. Un
peu déçus de ce contexte même si ce qui est
visible est d’un beau pitto- resque.
La marchande de sardines, as- sise à l’une
des entrées un seau de poissons à ses pieds,
hèle (ou harangue?) les pas- sants.
La veille, l’équipe de foot du Porto FC au
stade de Dragao avait été sa- crée champion du Portugal (le fanion bleu et
blanc inondait la ville) ; un re- portage sur
le sujet se tenait dans le marché lors de notre passage.
La rue en pente qui longe le marché est un point de départ de plusieurs
lignes de bus. Les passa-
gers en attente s’organi-
sent avec un civisme bon
enfant à chaque arrêt en
une queue bien respectée
qui s’allonge le long du
trottoir.
En face rutilent de belle
façades de faïnces colo-
rées.
Bolhao s’agite
48
49
50
Le carrefour très animé Santa Catarina - Formosa s’illu-
mine comme un phare urbain diurne, avec l’intense lueur
bleue des azulejos de la chapelle de Las Almas.
Surplombant les feux tricolores, ses façades atti-
rent irrésistiblement l’œil, malgré le trafic et les
nombreux commerces, tout contre l’accès à la sta-
tion de métro Bolhao. La rue Santa Catarina, longue
et spacieuse est réservée aux piétons, très fréquentée aussi bien par les portuans que par les touristes. Une
manifestation d’un groupe d’étudiants protestant contre
l’augmentation des frais d’entrée à l’université se tenait
ce jour-là, sous l’œil amusé et parfois compatissant du
public.
Au bout de la
rue Santa
Catarina, en
débouchant
de la place où
trône sur un
tertre l’église
St Ildenfen-
so, deux ma-
gasins aux pi-
gnons anciens
marquent origi-
nalement le
carrefour.
et s’exhibe, urbaine
51
52
L’embouchure du Douro, voisine de 2 km, évase les hautes collines quand on s’approche de la côte. La brume masque un peu la puissante houle océanique, et estompe le phare falot au bout de la jetée.
Les vents d’ouest étirent les nuages et le ciel est d’une agile versatili-té.
La chance était avec nous pen-
dant les 6 jours de notre vi-
site : temps très changeant
d’abord, avec une seule averse
gênante, puis ciel bleu perma-
nent pour le reste, mais des
matins et des soirées un peu
fraîches. De quoi parcourir la
ville à pied dans de belles con-
ditions.
Nous sommes allés vers ce bout de monde avec le pittoresque et su-
perbe vieux tramway
des années 30-40, par-
faitement entretenu,
qui traverse le centre
ville en gravissant en-
core allègrement les
pentes. Aux carrefours
de la ligne, le wattman
(ou woman) s’ar-
rête et des- cend
lui-même pour
changer l’ai-
guillage. Voi-
tures, pié-
tons, vélos em-
pruntent sa voie avec
bonhommie ; parfois
même, il doit attendre qu’une voiture mal garée veuille bien se déplacer un
peu pour lui laisser le passage.
Il est surtout destiné aux touristes, puisque d’efficaces lignes de bus sil-
lonnent aussi la ville. Le long de
cette ligne qui longe la rive droite
du Douro se situe le musée du
tramway où d’autres rames plus
anciennes encore sont exposées.
Tout au bout, l’océan
53
Lors de cette descente vers l’embouchure, la brume qui voilait
le paysage sur l’autre rive, découpait la silhouette fantoma-
tique d’un château au sommet d’une colline, qui se prenait pour
un manoir écossais au-dessus un loch, pour retrouver sa banale
et anodine apparence dès la brume dissipée.
Pour un peu, même ce voilier avait, si on
se laisse aller, l’allure de celui du Hollan-
dais volant, si la proue nette du canot
aux couleurs portugaises et les pêcheurs
pêchant au premier plan ne nous rame-
naient à la réalité.
Il n’est pas même jusqu’aux îlots rocheux
au pied du pont routier, qui ne se la
jouent façon réserve ornithologique, où
les mouettes abondent néanmoins.
Dans le tramway des brumes
54
55
Loin des tumultes, cependant bien relatifs par rapport à un dimanche après-midi sur les Champs Elysées,
deux sites charment par leur tranquillité et leur beauté, avec pourtant des styles très différents, voire op-
posés.
L’un d’eux est le jardin du Palais de Glace avec son mu-
sée du Romantisme. L’autre est le très moderne et bien
agréable parc Serralves et son bâtiment aux lignes épu-
rées qui abrite des expositions d’avant garde fréquen-
tées par la jeunesse de Porto dans un quartier cossu un
peu excentré vers l’ouest.
Le premier do-
mine de son
plateau l’ouest
immédiat de
Porto et le
Douro. Le Pa-
lais de cristal n’était pas accessible, mais son immense cou-
pole un peu vieillissante s’agrémente dans ses alentours im-
médiats de groupes sculptés parfois un peu vé- tustes, rouillés
par endroit. Le parc est encombrés de paons qui
sillonnent les
allées en se
haussant du ja-
bot et s’admi-
rent en bon nar-
cisses dans le
reflet des baies
vitrées. Ou bien
trompettent leur
appel brise-
silence vers les
femelles.
Des mouetttes
et des canards ont fait de
bassins leur baignoire, parfai-
tement habitués au lieu, à
peine dérangés par notre ap-
proche.
De l’une des ter-
rasses qui s’éta-
gent, la vue sur le
Douro vers la mer
est splendide,
dans une quiétude apaisante qui fait oublier la Ribeira.
Jardin suranné
56
Calme et fraîcheur,
plus encore quand on
descend à travers le
parc vers le Musée
« Romantico ». Aussi
bien l’environnement,
avec ses arbres ances-
traux que la qualité
des œuvres exposées
contribuent à la beauté simple du lieu. Un guide francophone,
plus
tout à
fait jeune, très cultivé
et fier de conter un peu
de l’histoire portugaise
au travers de Porto
nous fait visiter les
pièces. A part quelques
portraits trop appuyés,
tout le reste témoigne
avec goût, par les
meubles, les
œuvres pro-
duites de la vie
quotidienne d’une
famille aristo-
cratique aisée,
de cette 2ème
partie du 19ème
siècle, dont l’hé-
ritage baroque
n’est pas exclu.
Les objets les
moins sobres, et
somme toute les
moins appréciés sont des porcelaines de Li-
moges, suffisantes comme paons en parc, au côté d’œuvres à l’estimable mo-
destie comme cette petite table ronde incrustée de fine marqueterie, que
gâche la cloche à fleurs.
En sortant du parc vers le fleuve, les ruelles qui dévalent ne manquent pas
aussi d’un autre charme plus débridé et actuel, grossièrement pavées, her-
beuses, et taguées avec, même là, ce qu’il faut de touche baroque.
Romantique fraîcheur
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Plus à l’ouest, une partie du parc de Serralves
accueille un très moderne pavillon d’exposition construit
en 1999, peut-être dans la perspective de l’année euro-
péenne de la Culture
2001 dont Porto était
cette année-là la capi-
tale (comme Marseille
en 2013). C’est le plus
grand Musée d’Art
contemporain du Portu-
gal nord. Les lignes
pures et la lumière
sont en soi déjà un dé-
cor as-
sez fas-
cinant.
Que cer-
tains
trouvent
dérou-
tant!
Laissons
-nous aller à la beauté des lignes...
Fondation privée au sein du beau parc de 18
ha, dont le puissant et envoûtant parfum
des eucalyptus vous enveloppe par mo-
ments, narines dilatées. Le parc recèle aus-
si des oeuvres modernes parfois surpre-
nantes, jouant ici et là d’effets optiques, en général bien réussies.
Modernité parfaite
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60
A une autre entrée se situe la Casa de Serralves, siège de la fondation, d’une belle et très pure architecture
Art Déco, à laquelle Lalique a notamment contribué. La courte perspec-
tive du jardin en gra-
dins à la française où
se marient les cou-
leurs crues tartan et
turquoise de piscine,
craque des pas écra-
sant les galets rouges
et attribue au cadre
un je ne sais quoi de
tropical dont le con-
traste par rapport
aux frondaisons du
parc est bienvenu.
En contrebas, petit et apaisant intermède bucolique : dans une vallée
paît un couple de bovidés façon auroch, très étonnantes longues cornes
recourbées, dans une ferme pédagogique vaste et soignée, non loin des
pergolas
d’une ro-
seraie aux
roses déjà
éreintées
de soleil.
Malgré la
discrète
sophisti-
cation, ce
retour à la
simplicité
après les lourdes fioritures baroques et talha dourada apporte sa part
d’harmonie,
d’équilibre, de
libération salu-
taire de l’esprit.
Bucolique Art Déco
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62
Un azulejos désigne en Espagne et au Portugal un carreau ou un ensemble de carreaux
de faïence décorés que l’on trouve aussi bien à l'intérieur de bâtiments qu'en revêtement extérieur de
façade. D'abord développé en Andalousie au 15ème siècle, il connaît son apogée au 18ème siècle au Por-
tugal. C’est toujours de nos jours un art vivant dans le sud de l'Espagne et au Portugal.
Outre l’art décoratif, c’est une revêtement d’une grande longévité, facile à appliquer, et auquel on prête
des qualités d’isolation thermique sous le soleil de l’été.
Origine :
Le mot azulejo vient de l'arabe « al zulaydj » petite pierre polie, et non
du portugais ou de l'espagnol « azul », bleu. Il s'agissait au départ d'imi-
ter les mosaïques romaines. Le motzellige, technique de revêtement utili-
sée au Maroc, a la même étymologie.
La technique de la céramique; apportée par les Maures lors de leur occu-
pation de la péninsule ibérique est pratiquée ensuite de manière cons-
tante. D'abord non figurative (interdiction de la figuration dans les pré-
ceptes de l'islam sunnite), elle ne devient figurative qu'à la fin du 15ème
siècle sous l'influence italienne.
Au Portugal, plus que pour les motifs en eux-mêmes, subsiste un goût
mauresque pour la surabondance de revêtements décoratifs entiers –
une espèce d’horreur du vide.
Au 16ème siècle, l’Italie développe
la technique de la majolique qui per-
met de peindre des motifs directement sur les azulejos. Les pre-
miers azulejos figuratifs sont peints à Séville vers 1500 par Fran-
cesco Niculoso , potier italien originaire de Pise.
L’art se développe ensuite dans toute l'Espagne, et sa diffusion se
poursuit au Portugal dès 1503, en Italie, et en Flandres où s’instal-
lent des céramistes italiens, d'abord à Anvers puis à Delft. On le
trouve aussi en Turquie, en Iran.
Le Portugal passe commande de céramiques aux flamands, dont
certains viennent s’installer à Lisbonne.
Au 17ème siècle, la production se fait plus industrielle
au Portugal, pour répondre à une demande grandissante
destinée à couvrir des surfaces importantes mais à coût
moindre. Les motifs s’inspirent des « grotesques » ita-
liens issus de l’Antiquité, des « indiennes », ces tissus
exotiques rencontrés dans les conquêtes.
Les ateliers créent de véritables répertoires de motifs
et d’illustrations sacrés ou profanes.
Plus modestement, des panneaux simples sont couram-
ment utilisés pour des représentations religieuses ou à
des fins signalétiques.
les Azulejos 1 En savoir
plus sur
63
Au 18ème siècle, les commandes
passées en Hollande imposent la
tonalité bleue, s’appuyant sur une
haute technicité, qui plaît aux por-
tugais. Au point qu’ils importent la
technique et la développent, l’em-
bellissent en se l’appropriant. Mais
ce qu’on appelle le Cycle des
Maîtres traduit ensuite le rejet de
la filière hollandaise.
Les motifs deviennent plus exubé-
rants avec l’espagnol Gabriel del
Barco qui travaillait au Portugal.
On entre dans l’âge d’or des azulejos, avec dans la 2ème partie du
18ème, sous le règne de Dom Joao V la période dite de la Grande Pro-
duction, et l’insistance et la répétition de certains motifs (vases à
fleurs, scènes bucoliques, religieuses, mythologiques, de guerre,…).
Avec le rococo, les motifs se diversifient ensuite et d’autres tonali-
tés de couleur sont introduites ; les reconstructions après le grand
tremblement de terre de 1755 développent fortement cette ten-
dance.
Au 19ème siècle, le néo-
classicisme introduit par la bour-
geoisie fait évoluer les motifs vers plus de pureté, de légèreté, de
raffinement, en privilégiant cette fois les fonds blancs, l’insertion de
médaillons calligraphiques monochromes.
Puis les motifs romantiques s’imposent dans la 2ème moitié du siècle
avec notamment le peintre Ferreira des Enseignes
Au 20ème siècle, la produc-
tion épouse les évolutions
artistiques de l’époque, notamment dans le 1er tiers du siècle,
avec tout d’abord la reprise des thèmes de l’Art Nouveau, puis
des thèmes plus modernistes ensuite.
Aujourd’hui, de nombreux ateliers artisanaux portugais et espa-
gnols s'emploient à poursuivre leur adaptation à la modernité.
les Azulejos 2 En savoir
plus sur
64
Commentaires issus notamment de « La Planète—vin »
Le Porto est un vin muté portugais, produit uniquement dans la région du Haut Douro, à 100 km en amont de
la ville éponyme, entre Peso da Régua et la frontière espagnole.
La vallée amont au voisinage de Porto, n'est pas le domaine du vin de ce nom mais celui du vinho verde.
La vigne est essentiellement exploitée par de petits producteurs, possesseurs des quintas.
Tout cépage implanté ici, dans la vallée du Douro participe au Porto. Le vignoble occupe 25.000 ha hiérarchisés
en qualité selon des critères portant notamment sur la localisation, le sol, l'altitude, l'aspect... Tout le raisin
n'est pas transformé en Porto : un quota annuel est fixé, et le surplus est vinifié en vin de table.
Plus de 20% de la production est commercialisé par l'Istituto do Vinho do Porto.
Du vin est produit dans la vallée du Douro depuis l'Antiquité mais ce n'est qu'au 17ème siècle qu'apparaît l'ap-
pellation "vin de Porto".
En effet, un embargo de Colbert, premier ministre de Louis XIV, contre l'Angleterre, prive les Anglais de leur
vin favori, le "clairet" de Bordeaux. Ils découvrent au Portugal des vins de qualité similaire.
Avec le traité Methuen (1703), ils obtiennent le privilège de fonder au Portugal des maisons de négoce en
échange de la baisse des taxes sur le vin de Porto. Mais ce vin reste cher et en concurrence avec les vins fran-
çais.
Pour mieux supporter le voyage, on y ajoutait déjà de l'eau de vie. Tirant parti de cette expérience, un mar-
chand anglais Jean Bearsley a l'idée d'en augmenter le degré en ajoutant de l'eau de vie de vin, et par là même
la qualité et les caractéristiques. C'est la naissance du produit sous sa forme actuelle, produit très vite apprécié en Europe. C’est ainsi, raccourci et clin d’œil de l’histoire, que le vin de Porto peut être considéré comme un bienheureux
effet collatéral de la stupide volonté hégémonique du Roi Soleil.
La demande augmente considérablement. Tentant d’y répondre, la production s’accroît, mais au détriment de la
qualité.
Le premier ministre de l'époque, le marquis de Pombal, crée alors en 1756 un comité de définition et de suivi de
la qualité, préfigurant les appellations d'origine protégée, notamment en mettant en place un cadastre des rives
du Douro et une classification basée sur un système de points divisant le porto en six catégories et prenant en
compte le climat, le sol, son inclinaison, l'altitude, le rendement ainsi que l'âge des vignes. Les cépages furent
également divisés en un petit nombre de catégories.
Les vins de Porto 1 En savoir
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La vigne est cultivée sur une surface schisteuse reposant sur un sous-sol granitique. Le sol, aride et pauvre en
matières organiques délivre un rendement médiocre. Seuls les oliviers, les amandiers et quelques méchantes
broussailles cohabitent sur ce sol ingrat. La culture est effectuée sur des terrasses accrochées à des falaises
abruptes qui se jettent dans la vallée du Douro.
La région a un climat continental assez contrasté, très chaud et très sec en été (jusqu’à 40°C), et parfois
glacial avec de la neige en hiver, qui contribue à la qualité de la production.
Les vendanges sont difficiles en raison du relief et des fortes tempé-
ratures,
Après quelques jours de macération, quand le moût titre environ 6° et
que la couleur semble convenir, le jus est versé dans des "torreis",
cuves remplies au cinquième d'alcool de vin à 78°, le « brandy ».
Selon le moment choisi pour ce mutage, le résultat est un vin parfois
sec ou extra-sec (surtout dans le cas du Porto blanc), mais plus sou-
vent demi-sec ou doux, titrant environ 20°. Moment crucial : trop tôt,
le vin sera lourd et pâteux, trop tard, il manquera de fruit et de rondeur.
Cette opération, le mutage, a l’avantage de stopper la fermentation primaire, en conservant du sucre au vin
(rondeur et fruité) pour lui éviter de devenir trop sec ou trop âpre ; elle renforce aussi son aptitude au vieillis-
sement, lui conférant un corps plus puissant et un bouquet plus riche.
Le mutage terminé, le vin entre en sommeil tout l'hiver, décante sous l'action du froid grâce à des soutirages
successifs. Au printemps, le porto quitte les quintas vers les chais des négociants. Selon sa qualité, il va entamer
un vieillissement plus ou moins long, soit en fûts de bois (foudres 20 000 à 100 000 litres ou barriques de 550 l
appelées « pipes »), soit en bouteilles selon une méthode mixte.
Autrefois, les pipes étaient embarquées sur les "barcos rabelos", bateaux à fond plat seuls capables de des-
cendre le Douro. L'expédition fluviale aboutissait aux caves de Vila Nova de Gaïa, faubourg sud de Porto, dont la
fraîcheur était plus propice au vieillissement que les écarts de température subis dans la vallée du Douro.
Ces temps héroïques ont pris fin dans les années 60, lorsque trains et camions citernes ont pris le relais. Mais
une nouvelle ère débute : les Quintas du Douro ont commencé à s'équiper de chais à air conditionné, permettant
le vieillissement sur place.
Quoi qu'il en soit, le vin est mis à vieillir dans des tonnelets de bois spécial dont la porosité favorise le proces-
sus d'oxydoréduction. Un ouillage important (compensation de l’évaporation par l’ajout de vin dans le fût pour
éviter l’oxydation) est nécessaire, effectué avec de l'alcool de même âge que le vin.
La réglementation autorise 35 cépages pour l'élaboration du Porto.
Cinq d'entre, tous originaires de la région (mais doute sur le « francesa »?), sont reconnus comme de qualité
supérieure : le touriga nacional, le touriga francesa, le tinto cão, la tinta roriz, et la tinta barroca.
Le Porto blanc, ou Branco Dourado est élaboré à partir de raisins blancs exclusivement. Autrefois résolument
doux, il l’est moins aujourd'hui, et même souvent sec. Avec l'âge, sa couleur passe du blanc mat au jaune paille ou
or. Mais c'est une curiosité.
Le Porto est rouge dans son immense majorité.
Les vins de Porto 2 En savoir
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Portos vieillis uniquement en fût de bois
Ruby :
le bas de gamme, simple et doux, uniquement rouge. Elevé en fût, jusqu'à deux ans. Les meilleurs sont
vigoureux et pleins d'arômes, mais la plupart sont plutôt ternes.
Vintage Character :
mention trompeuse sans garantie, car le vin n'est pas issu d'un millésime unique. Après un élevage de 4
à 6 ans en fût, il est filtré et stabilisé par le froid avant mise en bouteille.
Tawny :
peut désigner des produits très divers. Les Tawnies bon marché sont des coupages de Portos blancs et
rouges. En général "Tawny" désigne le bon Porto courant, issu de coupes d'âge et de productions dif-
férentes. Il est vieilli en fûts de chêne portugais donnant moins de goût de tanin que le chêne fran-
çais.
Aged Tawny
désigne un vin qui a subi un élevage en fût pendant 10 à 20 ans, avant d'être mis en bouteille. Son âge
n'était pas jusqu’il y a peu, mentionné sur l'étiquette. Depuis que quatre catégories de vieux Tawny
avec indication d'âge (10ans, 20ans, 30ans, et plus de 40ans) ont été agréées par l'Institut du Vin de
Porto, leur âge est de plus en plus spécifié.
Quoi qu'il en soit, avec l'âge, le Tawny s'adoucit et perd un peu de sa teneur alcoolique; sa couleur
pâlit, passant du brun au brun doré, puis au fauve auquel il doit son nom.
Les Portugais le boivent rafraîchi, les Français chambré à l'apéritif. Mais ce sont là pratiques de con-
sommateurs de produits de bas de gamme.
Les Britanniques, fins connaisseurs et aristocrates du Porto, savent ce qu'est un bon Porto, et le pren-
nent surtout après le dîner.
Colheita :
Tawny millésimé, vieilli au moins 7 ans sous bois. Il porte mention non seulement du millésime, mais
aussi de l'année de mise en bouteille.
Les vins de Porto 3 En savoir
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Portos vieillis en fût puis sous verre
Vintage (millésimé) :
Le Vintage est au Porto de base ce qu'un grand Champagne millésimé est au mousseux de fête fo-
raine. La quintessence de la finesse, de la saveur, et de la persistance aromatique.
Un Vintage est fait de plusieurs cépages, mais uniquement les très bonnes années (les années sim-
plement bonnes donnent lieu au Quinta). Il ne subit que 22 à 31 mois de fût, à l'issue desquels le
négociant décide s'il mérite la mention Vintage. Si c'est le cas, il est mis en bouteille sans avoir été
filtré. Il peut alors rester en bouteille pendant 20 ans, voire 30, parfois plus.
En conséquence il est impératif de le laisser reposer après l’avoir acheté, et de le décanter avant de
le boire. Enfin, il est recommandé d'ouvrir la bouteille au moins une heure avant de servir, à 16-18°C.
Mais attention ! au delà d'une journée, un Vintage décanté perd corps et bouquet.
Single Quinta Vintage :
Comme son nom l'indique, il s'agit d'un Porto venant d'un domaine unique, et issu de raisins d'une
seule année. Il est donc millésimé, mais pour les années qui ne permettent pas un Vintage. La plupart
des meilleurs producteurs de Vintage font ainsi des Quintas en principe dans leur meilleur vignoble.
L'élaboration du Quinta est semblable à celle du Vintage.
L.B.V. (Late Bottled Vintage) :
Comme le Vintage, sa récolte correspond aux bonnes années, mais sans qu’il ait le niveau de qualité
requis pour mériter la mention Vintage.
Laissé en fût pendant 4 à 6 ans pour accélérer le processus de vieillissement, sa couleur rubis
s'éclaircit sans toutefois devenir rousse. Il est en général décanté et filtré lors de la mise en bou-
teille. Toutefois, les meilleurs, capables de supporter un long vieillissement en bouteille, ne sont pas
filtrés.
Crusted Port :
est un mélange de plusieurs années, embouteillé (non filtré) après 3 à 4 ans en fût. Un dépôt se
forme donc, aussi faut-il le décanter avant de servir. En général, il se rapproche plus d'un Vintage
que le LBV.
Garrafeira
Ce type de Porto est rare de nos jours. Vin d'un seul millésime, il est soumis -comme le LBV- à un
séjour d'environ 5 ans en fût. A la différence du LBV, on le transfère alors en dame-jeanne, où il va
passer 20, 30, voire 40 ans. Il est décanté avant mise en bouteille.
Les vins de Porto 4 En savoir
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Porto : 250 000 habitants, au sein d’une agglomération de plus de deux millions d’habitants. Même si l’acti-
vité portuaire a déménagé dans une des communes limitrophes, Leixões, Porto, c’est d’abord le fleuve, le
Douro.
Il va faciliter le commerce et rendre la ville prospère. Au point qu'aujourd'hui toute l'histoire de Porto
peut se lire le long de ses rues et de ses quais, et sa richesse s’exprimer avec les différents bâtiments qui
ont marqué son passé.
L’histoire de Porto s’inscrit aussi étroitement dans celle du Portugal et contribue à celle-ci.
Ce qui est retracé de l’histoire du Portugal dans le site internet « les voyages Clio » est tout à fait inté-
ressant. La remarquable synthèse de cette histoire, en préambule de l’article intitulé « Les grandes étapes
du Portugal » est reproduite dans l’encadré ci-dessous.
On se limite ensuite à donner quelques points de repère de l’histoire de Porto par rapport à celle
du Portugal.
« Détonateur, selon la belle formule de Fernand Braudel, de l’énorme bouleversement cosmique introduit par l’expansion géographique de l’Europe à la fin du XVe siècle », le petit Portugal joue dans l’histoire du monde
occidental un rôle sans commune mesure avec l’exiguïté de son territoire et la faiblesse de sa population et de
ses ressources.
Constituée à l’ouest de la péninsule Ibérique dans les combats de la Reconquista, cette petite principauté née
de la volonté d’un roi de Castille verra ses comtes et ses rois affirmer leur autonomie par rapport à leur puis-
sant voisin. Une séparation politique qui correspond pour l’essentiel à celle des parlers gallego-portugais et du
castillan et qui finira par s‘imposer malgré les périodes au cours desquelles des dynamiques unitaires ont rap-
proché les dynasties ibériques.
Vassal du Saint-Siège, le petit Portugal – dont le nom vient de celui de Portus Cale, l’ancienne Porto – parvient
à affirmer très tôt sa volonté d’indépendance et termine, dès le milieu du 13éme siècle, la Reconquête qui
fixe, dès ce moment, les limites de son extension territoriale.
La poursuite au Maroc de la croisade d’Espagne et l’aventure atlantique déterminent ensuite les destinées
impériales de ce petit Finisterre européen ouvert sur le grand large. Avec le contournement de l’Afrique, l’ou-
verture de la route des Indes et la main mise sur le Brésil, ce qui n’était qu’un petit royaume périphérique au
sein de la chrétienté occidentale devient l’un des « centres » de la nouvelle « économie-monde » née des
grandes découvertes. Maîtres de l’un des deux premiers « empires mondiaux », les souverains de Lisbonne
tirent alors un profit considérable des fonctions redistributrices assumées par leurs marins et leurs négo-
ciants, au moment où, de Sofala aux Moluques, l’océan Indien apparaît comme un « lac portugais ».
Cette situation des plus favorables est largement compromise par l’union avec l’Espagne, qui fournit aux rivaux
hollandais l’occasion d’en finir, ou à peu près, avec l’empire portugais d’Asie privé de ses îles à épices.
Le Brésil, son or et ses denrées tropicales prennent ensuite le relais pour garantir au royaume une nouvelle
prospérité mais les guerres napoléoniennes, les indépendances latino-américaines et une trop grande subordi-
nation vis-à-vis de « l’allié » britannique marquent le début d’une déchéance dont le cours ne peut être inversé
par les rêves d’un nouvel empire africain allant de l’Angola au Mozambique.
Resté à l’écart de la révolution industrielle et demeuré attaché à un héritage colonial devenu anachronique, le
Portugal du XXe siècle accumulait de lourds retards quand l’intégration à la Communauté économique euro-
péenne lui fournit les moyens d’une renaissance appelée à trouver son complet développement dans le rôle
spécifique que peut jouer ce « petit » État européen comme moteur d’une communauté lusophone de deux
cents millions d’âmes actuellement en cours d’organisation.
L’histoire de Porto 1 En savoir
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- 8ème siècle avant J.C. : des fouilles archéologiques prouvent une présence humaine organisée, sur le site
de la ville moderne de Porto, à l'embouchure du fleuve Douro. Le comptoir phénicien puis carthaginois qui y
est implanté tire partie de l'accès offert par le fleuve.
- 1er siècle avant J.C. : les Romains établissent une ville qu'ils nomment Portus (le port) sur la rive nord et
une autre ville, Cale sur l’autre rive (sud) du Douro. Le commerce se développe entre Porto et Braga au
nord.
Cet endroit deviendra le véritable coeur du Portugal et les deux noms romains seront associés pour en constituer un seul, « Portucale ». C’est donc Porto qui a donné son nom au pays. - En 411, les Suèves envahissent surtout le nord portugais et la Galice, chassent les romains et font du
site une capitale administrative et commerciale, puis laissent la place aux wisigoths en 469. Vers 584, ces
derniers donnent à la ville le nom de Portucalense.
- 711 : sur le point de réaliser l’unité de la péninsule ibérique, ils sont à leur tour chassés par les Maures.
- 868 : le Comte Vímara Peres bat les Maures et prend le contrôle de la région depuis le Douro jusqu’au au
fleuve Minho au nord. Il crée le premier comté du Portugal (Comté Portucalense?). C’est là que se situerait l’origine de l'identité nationale et des racines du Portugal en tant que pays. - 1093 : Teresa, fille bâtarde du roi de Castille Alphonse VI et épouse d’Henri de Bourgogne, reçoit le
comté de Portugal.
Les habitants se rallient à leur fils Alphonse Henriques, qui se déclare roi du Portugal (alors la région de
Braga) et se détache de la Castille.
- 1147 à 1187 : Alphone Henri reconquiert contre les Maures Lisbonne et une partie du sud-ouest de la
péninsule, tout en pratiquant l’ouverture pour les maures qui veulent rester là et s’intégrer. A sa mort en
1187, après 56 ans de règne, il aura aussi contribué à dégager l’indépendance du Portugal contre Castille
et Leon, avec l’appui de la population.
- 1249 : la reconquête portugaise est terminée, bien avant celle du
royaume d’Espagne (1492). Mais les luttes opposant portugais et castillans
se poursuivent.
- 1385 : le 15 août, victoire anglo-portugaise contre les castillans à Alju-
barrota.
- 1386 : Jean 1er d’Aviz, dit le Grand (Joao), marié à
Filipa de Lencastre en 1388, fille du premier Duc de Lencastre l'anglais John Gaunt,
signe le traité de Windsor, qui scelle la 1ère alliance entre l'Angleterre et le Portugal, clé de voûte d’une partie de l’histoire de Porto aussi.
- 1394 : Henri (le futur Navigateur) naît à Porto, 6ème enfant de Jean 1er et Filip-
pa.
- 1411 : la paix entre Portugal et Castille est conclue.
- 1418 à 1460 (année de son décès) : Henri le Navigateur, plus au nom de l’idéal de croisade que celui des découvertes, commandite nombre d’expéditions.
Mais Porto n’en tire finalement que peu de bénéfices.
De cette époque, les habitants de la ville tiennent leur surnom de "tripeiros" car la
viande étant envoyée sur les navires pour les marins , le peuple se nourrissait de ce qu'il restait, en l'oc-
currence des tripes.
L’histoire de Porto 2
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- Entre 14ème et 15ème siècles, Porto développe la construction navale portugaise. Cette période d'ex-
pansion voit aussi la construction, en 1374, d'un nouveau mur d'enceinte protégeant les deux noyaux ur-
bains, ville médiévale et zone portuaire extra muros.
- 1492 : fin de la reconquête espagnole ; une partie des juifs chassés par l’Espagne pour n’avoir pas
voulu se convertir est accueillie au Portugal.
- 7 juin 1494 : Le traité de Tordesillas partage les nouveaux mondes à découvrir entre l’Espagne et le
Portugal. Au début du 16ème, le Portugal est maître de l’Océan Indien, et prend le relais des vénitiens
pour le commerce des épices.
- 1580 à 1640 : le Portugal est espagnol ; après la mort d’Henri 1er en 1579, l’un des prétendants au
trône portugais, Philippe II d’Espagne, prend le pouvoir. Après une période de bonne cohabitation, les
volontés d’annexion de l’Espagne, la pression fiscale qu’elle exerce sur les portugais, la concurrence hol-
landaise dans les mers, conduisent à une insurrection qui met fin au règne espagnol fin 1640.
- 3 juin 1661 : Traité de White-Hall. Renouvellement de l’alliance anglaise par le mariage du roi Charles II
Stuart avec l’infante Catherine de Bragance, sœur d’Alphonse VI. La princesse apporte à la couronne an-
glaise Tanger, Bombay et des comptoirs aux Indes et au Brésil. En contrepartie, l’Angleterre s’engage à
défendre le Portugal et ses territoires coloniaux contre toute agression d’un pays tiers. L’Angleterre
voudrait bien faire du Portugal un protectorat.
- 1699 : arrivée à Lisbonne du premier chargement d’or en provenance du Brésil. L’or augmente la
circulation monétaire et engage ainsi en Europe un cycle de croissance mais compromet les efforts réali-
sés au Portugal en faveur d’une activité manufacturière. Les revenus de la couronne portugaise augmen-
tent mais servent surtout à financer des dépenses somptuaires.
- 1703 : le traité de Methuen garantit l’entrée libre des lainages anglais au Portugal et celle du vin por-
tugais en Angleterre. L'essor économique se fait réellement sentir, avec l'établissement de liaisons mar-
chandes entre Porto et l'Angleterre.
Car avec le vin du site, devenu fameux, les hommes d'affaires anglais investissent massivement dans les
vignobles de la vallée du Douro afin d'approvisionner l'immense marché anglais.
Porto, en tant que port d'exportation de ces vins, en bénéficie considérablement comme en témoigne la
richesse des édifices baroques de la ville.
- Le grand tremblement de terre de 1755 semble ne pas avoir affecté Porto, hors de la faille tectonique
sur laquelle se situe Lisbonne, qui perd 60 000 (???) personnes le 1er novembre.
- 1751 à 1777 : tentative d’instauration dans le royaume d’un ré-
gime de despotisme éclairé sous le règne de Joseph Ier, avec le
marquis de Pombal (1699-1782), grand ministre portugais
Les exportations de vin de Porto vers l’Angleterre croissent, mais
déséquilibrent les échanges en valeur : près de la moitié des im-
portations portugaises sont des produits manufacturés en Angle-
terre, qui ne lui achète que le vin ou des produits coloniaux. Le
Portugal s’installe ainsi dans une économie de rente peu propice à
la réalisation d’un effort de développement national.
Les citoyens réagissent fortement contre la création de la Com-
panhia do Alto Douro (Compagnie vinicole du Haut-Douro) par
Pombal, destinée à mettre un terme au monopole anglais ; ils imposent un statu quo en incendiant le siège
de la compagnie lors de la Revolta dos Barrachos (Révolte des enivrés).
l’histoire de Porto 3 En savoir
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- 1789-1792 : Le Portugal se déclare contre la Révolution française et en faveur du maintien de la monar-
chie absolue de Louis XVI.
- 1801 : alliée de la France républicaine, l’Espagne envahit le sud Portugal pour surtout obliger Lisbonne à
rompre ses liens privilégiés avec l’Angleterre. Le Portugal est contraint de demander la paix le 8 juin.
Cette guerre est surnommée la « guerre des oranges ».
- 1807 : refusant le blocus continental imposé par Napoléon contre l’Angleterre, le Portugal est envahi par
l’armée napoléonienne ; la famille royale part en exil au Brésil en novembre.
- Juin 1808 : une Junte provisoire fidèle à la maison de Bragance se constitue à Porto.
- 1808 à 1811 : Junot, puis Masséna se heurtent à Sir Arthur Wellesley, futur duc de Wellington et le Por-
tugal devient base arrière des troupes anglaises.
- 1820 : Porto est avec Lisbonne, le berceau de la " Révolution libérale " qui conduit la monarchie à adopter
la constitution d’août 1822.
- 1832 : en juin, Pierre 1er débarque des troupes à Porto, bat ses opposants (les miguellistes) qui cepen-
dant bloquent le port et le nord du pays pendant deux ans. Porto pâtit lourdement de ce long blocus.
- 1847 : l’intervention de la flotte anglaise et des troupes libérales espagnoles sauve la dynastie des Bra-
gance-Cobourg confrontée à une insurrection populaire qui a pris le contrôle de Porto et qui unit la petite
bourgeoisie aux paysans miguellistes.
- 1851 : promulgation de la constitution qui demeurera en vigueur jusqu’à la chute de la monarchie en 1911.
- 1889 : dans sa volonté de consolider ses colonies en Angola et Mozambique, le Portugal se heurte à son
allié Anglais, et doit renoncer à ses ambitions en Afrique Australe. L’opinion publique portugaise se dé-
chaîne alors contre l’allié traditionnel britannique et de grandes manifestations sont organisées, notam-
ment à Porto, pour dénoncer le diktat anglais, dont on sait aussi qu’il aurait voulu faire du Portugal un pro-
tectorat.
Entre 1820 et 1911, Porto passe de 50 000 habitants à près de 200 000.
- 1911 : élaboration d’une nouvelle constitution, républicaine. - 1932 : Salazar, ministre des Finances devient président du Conseil. Une
Constitution plus rigide est mise en œuvre en 1933 ; la pratique devient
autoritaire et se durcit.
Malgré des progrès incontestables, certains choix de Salazar conduisent
progressivement à assimiler sa gouvernance à une dictature.
- 25 avril 1974 : la Révolution des Œillets met un terme aux colonies
portugaises (Angola, Mozambique, Timor, Guinée Bissau,,…) mais conserve
Açores et Madère.
- 25 avril 1976 : promulgation d’une nouvelle Constitution.
Au cours du 19ème siècle, le centre de Porto se déplace des rives du
fleuve vers les nouveaux quartiers situés autour de la Praça da Liberdade.
C'est à cette époque que Gustave Eiffel conçoit le pont ferroviaire qui
enjambe le fleuve (1875), et de nombreux édifices sont construits. Au 20ème siècle, Porto se transforme
progressivement de ville à vocation industrielle en un centre aux activités économiques consacrées aux
industries de services.
La ville joue un rôle important dans l'expulsion de la monarchie en 1910 et également lors de la révolution
de 1974 qui conduit au retour de la démocratie au Portugal.
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