les schtroumpfs - 01 - schtroumpf les bains · ni de la schtroumpfette qui, comme à son habitude,...

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D’après une histoireoriginale de Peyo.

Novélisation : ArnaudHuber.

Illustrations © Peyo2009.

Tous droits réservés.

Rue du Cerf 85, 1332Genval, Belgique.

Reproduction même

partielle et par quelque

procédé que ce soitinterdite sans

autorisation écrited’I.M.P.S.

Conception graphique

et mise en pages :Audrey Thierry.

© Hachette Livre 2013pour la présente édition

Hachette Livre, 43,quai de Grenelle, 75015

Paris

ISBN : 978-2-01-204507-1

Loi n° 49-956 du 16juillet 1949 sur les

publications destinéesà la jeunesse

Rasle schtroumpf !

Les Schtroumpfs ne prennentjamais de vacances. Ils mènent unevie si paisible qu’ils n’en ont pasbesoin. Le mot n’existe même pasdans leur vocabulaire ! Remettre au

lendemain, voire à la semained’après, ce qu’on peut schtroumpferle jour même : telle est leur devise.Rien ne presse, quand on vit dansun petit paradis à l’orée de la forêt,à l’abri des humains, de Gargamelet de son chat Azraël. Pourtant,c’est assez difficile à croire, l’und’entre eux est sur le point deperdre la tête pour cause desurmenage.

Il ne s’agit pas du SchtroumpfMollasson. Celui-ci repeint saclôture, mais à son inimitablemanière : assis dans un fauteuil àbascule. Il s’agit encore moins duSchtroumpf Paresseux, qui vient àpeine de se lever, mais fait déjà lasieste. Ni de la Schtroumpfette qui,

comme à son habitude, avance ensautillant, une fleur à la main. Elleva probablement l’offrir auSchtroumpf Poète, allongé dansl’herbe, au pied d’un arbre, en trainde chercher de nouvelles rimes dubout de sa plume.

Il y a bien leSchtroumpf à Lunettes,qui semble un peuagité, mais c’est parceque le SchtroumpfFarceur veutabsolument lui faire uncadeau. Et tout lemonde connaît la nature explosivedes cadeaux du Schtroumpf

Farceur…Tout semble donc parfaitement

normal dans le village desSchtroumpfs. À première vueseulement… Observons leSchtroumpf Bricoleur ! Celui sansqui personne ne pourrait rien faireau village, puisque c’est lui quifabrique et répare tout. Il revient dechez le Schtroumpf Boulanger, dontla porte du four était cassée. Et ilcompte bien rentrer chez lui au plusvite pour achever sa nouvelleinvention : un dénoyauteur decerises. Cependant, on le sollicitepresque à chaque pas.

— Tu as schtroumpfé mabrouette ? demande le SchtroumpfJardinier.

— Non, pas encore !— Et mon chevalet ? l’interroge

le Schtroumpf Peintre.— Je te schtroumpferai quand ce

sera fait !— Tu peux schtroumpferun œil à

mon presse-purée ? réclame leSchtroumpf Cuisinier.

— Pas le temps ! s’énerve leSchtroumpf Bricoleur.

Cela fait des jours et des nuitsqu’il travaille sur son dénoyauteur

de cerises. Il nepense plus qu’àça. Aprèsplusieurs échecs,il est certaind’avoir enfintrouvé la solutionpour le faire fonctionner. À peinearrivé dans son atelier, il met le nezdans une énorme machine quiressemble à une vieillelocomotiveen bois.

— Voilà, je suis sûr que c’estça : il faut détendre laschtroumpfinette du régulateurcentrischtroumpf. Cette fois, ça nepeut que schtroumpfer !

Pour faire démarrer sondénoyauteur, il met tout d’abord desbûches à brûler dans un foyer. Ilverse ensuite le contenu d’un panierde cerises dans un réceptacle situéau-dessus de la machine. Lesqueues de cerises tombent aussitôtdans un récipient situé sur le côté,puis les noyaux dans un secondrécipient. Mais rien ne sort du

grand tuyau au bout de l’engin. LeSchtroumpf Bricoleur tape du poingdessus.

— Eh bien, elles viennent, cescerises, oui ou non ?

Soudain, une énorme giclée depurée de cerises éclabousse leSchtroumpf Bricoleur. Trèscontrarié, il s’essuie le visage de lamain, tout en laissant échapper unesérie de gros mots schtroumpfs quela morale nous interdit de vousrépéter. Le Schtroumpf Bûcheron abien mal choisi son heure pourvenir réclamer sa hache…

— C’est pas le moment ! lui

répond sèchement le SchtroumpfBricoleur.

— Mais, bafouille le SchtroumpfBûcheron, j’en ai besoin pourschtroumpfer du bois dans la forêt !

Agacé, le Schtroumpf Bricoleurattrape la lame de la hache et yplante un nouveau manche à toutevitesse.

— Tu aurais pu la schtroumpfer

toi-même, ronchonne-t-il en donnantsa hache au Schtroumpf Bûcheron,d’un geste si brusque et si menaçantque celui-ci recule d’un pas avantde s’enfuir, terrorisé.

Au même moment – c’est à croirequ’ils se sont donné le mot –, desdizaines de schtroumpfs se pressentdevant la fenêtre du Schtroumpf

Bricoleur. Chacun y va de saréclamation : l’un demande après saschtroumpfeuse à gazon, l’autreaprès son schtroumpf à gaufres. Ilsparlent tous en même temps. LeSchtroumpf Bricoleur craque alorscomplètement.

— RHAAAAAAAAAAA !Ou quelque chose

comme ça. En plusaffreux encore.

— Quel crieffroyable ! s’alarme leGrand Schtroumpf àl’autre bout du village,abandonnant sans

attendre ses fioles de potion.Arrivé sur place, un Schtroumpf

lui barre le passage et le met engarde.

— Restez à couvert, GrandSchtroumpf ! Le SchtroumpfBricoleur a pété un schtroumpf !

C’est le moins qu’on puisse dire.— J’EN AI RAS LE

SCHTROUMPF ! hurle leSchtroumpf Bricoleur en jetant parla fenêtre des dizaines d’objets enattente de réparation.SCHTROUMPFEZ-LES VOUS-MÊMES !

Le Grand Schtroumpf parvient

toutefois à entrer chez leSchtroumpf Bricoleur alors quecelui-ci, désespéré, est sur le pointde démolir son précieuxdénoyauteur.

— Schtroumpf Bricoleur, dit leGrand Schtroumpf de sa voix laplus grave, je crois qu’il faut qu’onparle.

Le GrandSchtroumpf

a raison

Le Schtroumpf Bricoleur estallongé sur son lit. Le GrandSchtroumpf lui prend le pouls.

— Je ne sais pas ce qui m’a pris,

gémit le Schtroumpf Bricoleur. Il ya cette machine qui ne veut passchtroumpfer… Et les autres quischtroumpfent derrière moi àlongueur de journée… Tout à coup,j’ai schtroumpfé rouge.

— Avec des cerises, c’est un peunormal… Mais trêve de

plaisanteries ! Tu as schtroumpféune grosse crise de nerfs, voilà tout.Ce qu’il te faut, c’est du repos !Plus d’inventions, plus debricolage !

— Ça va être difficile, GrandSchtroumpf ! Vous n’auriez pasplutôt un remède à base de plantes ?

— Hors de question ! Et cesse dete schtroumpfer du mauvais sang.Un déschtroumpfeur de cerises, cen’est pas une nécessité vitale.

— Ah ! Vous croyez ?— Fais-moi confiance : je vais

dire à tout le monde de teschtroumpfer en paix.

Mais, comme on dit chez leshumains, chassez le naturel, ilrevient au galop ! Le lendemain,après une grasse matinée bienméritée et un solide petit déjeuner,le Schtroumpf Bricoleur décided’aller se promener au bord de larivière. En chemin, il voit leSchtroumpf Mollasson qui tente deréparer une crevasse dans le mur desa maison.

— Voyons, ce n’est pas commeça qu’on schtroumpfe ! ne peut-ils’empêcher d’intervenir.Schtroumpfe-moi cette truelle !

Et aussitôt, il lui prendl’instrument des mains et se met àl’ouvrage.

En quelques minutes à peine,l’information fait le tour du village.

— Il paraît que le SchtroumpfBricoleur va mieux !

— Oui, il s’est reschtroumpfé autravail !

Et, comme de bien entendu,chacun aimerait en profiter :

— Dis, tu peux réparer monchevalet ? demande le SchtroumpfPeintre.

— Et mon schtroumpfophone ?renchérit le Schtroumpf Musicien.

Le Grand Schtroumpf s’interposeimmédiatement ! Il prend leSchtroumpf Bricoleur à part et lemet en garde :

— Ça ne schtroumpfera pasmieux si tu restes ici ! lui dit-il. Tune connais pas un endroit calme oùte reposer ?

Le Schtroumpf Bricoleurréfléchit un instant.

— Si ! Le grand lac ! Je pourraisy schtroumpfer quelques jours !

— Excellente idée ! approuve leGrand Schtroumpf.

Le Schtroumpf Bricoleurrassemble alors ses affaires etprend la route.

— Le Grand Schtroumpf araison. Il faut que je schtroumpfe unpeu de distance.

Après plusieurs heures demarche, épuisé mais heureuxcomme un Schtroumpf qui auraitreçu un baiser de la Schtroumpfette,il installe sa tente au bord du lac.Celui-ci, bordé de fleurs et deroseaux, donne sur la montagne etses sapins majestueux. Le soleil secouche tout doucement.

— Quel panorama sublime ! Jecrois que je vais me sentirschtroumpfement bien ici !

Le soir venu, allongé sous satente, le Schtroumpf Bricoleurprofite du calme qui règne autour delui.

— Chaque fois que je me sentiraifatigué, je viendrai passer quelquesjours ici. Oh, mais… Voilà qui meschtroumpfe une idée ! s’exclame-t-il en se redressant d’un coup pourtrouver de quoi griffonner uncroquis sur la toile de tente.

Sans le savoir, le SchtroumpfBricoleur vient d’avoir une idée quipourrait changer à jamais la vie despetits lutins bleus…

Quelques jours plus tard, il

rentre au village.— Bonjour, tout le monde !

lance-t-il à la cantonade. Çaschtroumpfe ?

— Bonjour, SchtroumpfBricoleur ! Tout s’est bienschtroumpfé ? lui demande le GrandSchtroumpf.

— À merveille, GrandSchtroumpf !

— Tiens, lui dit laSchtroumpfette. Je t’ai préparé unetarte.

— Merci, Schtroumpfette ! J’enmange un morceau et je meschtroumpfe au travail !

— Tu es sûr que tu ne veux pas tereposer un peu d’abord ? demandele Grand Schtroumpf. Tu viens deschtroumpfer une longue route…

— Je me chens en pleine forme !répond le Schtroumpf Bricoleur, labouche pleine. Che chéjour au lacm’a schtroumpfé un bien fou !D’ailleurs, je compte bien y

retourner régulièrement !— Ah ?Le Grand Schtroumpf reste

songeur. Un changement d’humeuraussi radical, ce n’est pas banal. Etil n’est pas le seul à trouver çalouche…

Un séjourschtroumpfant !

— Ma main à schtroumpfer quele Schtroumpf Bricoleur nous cachequelque chose ! suggère leSchtroumpf Poète au SchtroumpfPeintre.

— Je suis d’accord avec toi. Jeviens de lui donner mon chevalet àréparer, et il m’en a carrémentfabriqué un nouveau ! Un modèlerepliable, en plus !

— Allons-lui schtroumpfer lesvers du nez !

Ni une ni deux, les voilà dansl’atelier du Schtroumpf Bricoleur.

— Tu n’as jamais été aussijoyeux ! commence le SchtroumpfPoète. Il doit bien y avoir uneraison… Entre nous, c’est quoi, tonsecret ?

— Tu sais que tu peux tout nousschtroumpfer, chuchote leSchtroumpf Peintre pour qu’on neles entende pas.

— Bon, d’accord. Je vais toutvous dire. Figurez-vous que je mesuis senti tellement bien, pendantces quelques jours au bord du lac,que je m’y suis schtroumpfé unepetite maison.

Les deux amis du SchtroumpfBricoleur restent bouche bée. Uneautre maison ? Loin du village ?Aucun autre Schtroumpf n’a jamaisfait une chose pareille.

— Et on pourrait la voir ?demande le Schtroumpf Poète.

Le Schtroumpf Bricoleurréfléchit un instant.

— D’accord ! Mais que çaschtroumpfe entre nous, précise-t-il.Je ne veux pas que tout le monde lesache.

— Motus et schtroumpf cousue !promettent ses deux camarades.

Mais il faut croire que la bonnehumeur rend naïf. En moins detemps qu’il n’en faut pour énerverle Schtroumpf Grognon, la nouvelle

fait le tour du village ! D’unemaison à l’autre, on ne parle que deça ! Un sentiment, pourtant bienhumain, pointe le bout de son nezchez les Schtroumpfs : la jalousie…

— Le Schtroumpf Bricoleur s’estschtroumpfé une maison au bord dulac ?

— Et dans quelques jours, il yretourne !

— Le Schtroumpf Peintre et leSchtroumpf Poète vont yschtroumpferavec lui !

— Pourquoi eux et pas nous ? Ilaurait pu nous inviter aussi !

— C’est vrai. Ce

n’est pas trèsschtroumpf de sa part.

— Moi, je n’aimepas les lacs ! conclutle SchtroumpfGrognon.

Seul leSchtroumpfParesseux ne semêle pas auxcommérages. Ilpréfère aller serecoucher. Même

Gargamel, en train de mijoter sonénième plan machiavélique pourtenter de capturer les Schtroumpfs,

ne peut se douter de ce qui se trameau pays des petits lutins bleus.

Arrivé au bord du lac avec sescompagnons de route, leSchtroumpf Bricoleur leur faitimmédiatement visiter les lieux.Pendant les quelques jours passésseul ici, il s’est en effet bâti unepetite maison toute ronde, faite deterre et de roseaux, avec un toit dechaume.

— Rien que des matériauxschtroumpfés alentour, précise-t-il.

L’intérieur de la maisonnette estsommaire, mais le SchtroumpfPeintre trouve ça mignon commetout.

— N’est-ce pas ? rougit un peule Schtroumpf Bricoleur. Bon, àtrois, on devra se schtroumpfer un

peu.— Aucune importance !

s’exclame le Schtroumpf Peintre.Le paysage est d’une beauté sischtroumpfante. D’ailleurs, je vaisschtroumpfer un dessin !

— Moi aussi, je sens quel’inspiration commence àschtroumpfer, renchérit leSchtroumpf Poète.

Le soir, après une balade sur lelac dans une barque fabriquée parle Schtroumpf Bricoleur, nos troisamis s’attablent pour le dîner. LeSchtroumpf Peintre et le SchtroumpfPoète ont l’air un peu gênés.

— On ne voudrait pas tedéranger, commence le SchtroumpfPeintre, mais…

— Nous aussi, on aimerait bienschtroumpfer notre propremaisonnette ! termine le SchtroumpfPoète.

— Ma foi… Cen’est pas la place quischtroumpfe au borddu lac… C’estd’accord ! Je vousschtroumpferaicomment faire.

— Hourra ! s’écrie leSchtroumpf Poète.

Dès leur retour, nos troiscompagnons ne tarissent pasd’éloges sur le lac ! On croirait

qu’ils récitent les pages d’undépliant touristique.

— L’air de la montagne estschtroumpfement bon pour la santé,dit le Schtroumpf Bricoleur.

— Les paysages sont grandioses,ajoute le Schtroumpf Peintre.

— Le ciel se reflétant sur l’eauargentée du lac m’a schtroumpfémon plus beau poème depuis uneéternité, exagère un tantinet leSchtroumpf Poète.

Et comme dans tout bon déplianttouristique, il y a aussi desimages qui font rêver ! LeSchtroumpf Peintre montre undessin de sa maison, avec unegrande terrasse tournée vers lamontagne. Il a également dessinécelle du Schtroumpf Poète, montée

sur pilotis, au bord du lac : il n’y aquasiment qu’à ouvrir la porte pourpiquer une tête dans l’eau !

Les autres Schtroumpfs sontemballés ! Et tous se prennent àimaginer leur propre maison devacances. Même le SchtroumpfParesseux !

— Nous aussi, on veutschtroumpfer au lac ! s’exclament-ils tous en chœur.

Le Schtroumpf Bricoleurn’imaginait pas rencontrer un telenthousiasme. Il s’isole avec leSchtroumpf Peintre et le SchtroumpfPoète pour prendre une décision.Leur discussion tourne vite aucasse-tête. Impossible d’inviter toutle village dans leurs trois petitesmaisons. Ni de schtroumpfer à lacourte paille, au risque de faire desjaloux.

— C’est à moi de schtroumpferune solution ! s’écrie le SchtroumpfBricoleur. Mais ça demandebeaucoup de réflexion…

Ce n’estpas gagné

Pendant que le SchtroumpfBricoleur cherche un moyen dedonner à chacun l’occasion deprofiter du lac, de l’autre côté de laforêt, Gargamel expérimente une

nouvelle poudre magique.— Et voilà ! s’exclame-t-il en

versant celle-ci dans son soufflet decheminée. Si la formule fonctionne,elle fera d’Azraël un extraordinairechien de chasse.

Transformer son chat en chien ?Seul Gargamel peut avoir une idéeaussi saugrenue. Mais ne nousmoquons pas trop du sorcier et deses étonnantes manigances ! Labêtise de Gargamel ne le rend pasmoins dangereux. Azraël en saitquelque chose et s’est caché.

— Sors de sous cette armoire,voyons ! lui dit

Gargamel, armé de sonsoufflet. Tu ne seras pasvraiment changé enchien ! Tu aurassimplement un flairextraordinaire !

Il attrape Azraël parla queue, l’accule dans un coin etlui pulvérise sa poudre verte sur lemuseau.

— Voilà, voilà… C’est déjàfini !

Azraël éternue. Ses miaulementsse transforment.

— Miaw… Mwaf ! Waf !WOUF !

— Ha ! Ha ! Ça marche ! seréjouit Gargamel.

Il attache une cordelette autour

du cou d’Azraël, attrape son filet àSchtroumpfs, puis s’enfonce dansles bois.

— Il ne reste plus qu’à trouveroù pousse la salsepareille ! LesSchtroumpfs n’en sont jamais loin !Allons, ne tardons pas trop ! L’effetde la poudre se dissipe au bout dequelques heures…

Jusqu’à présent, nul n’est jamaisarrivé au village des Schtroumpfssans avoir été guidé par l’un de seshabitants. Mais, cette fois, plusieursd’entre eux ont quitté le villagepour se rendre au lac. LeSchtroumpf Bricoleur a en effetdessiné un énorme projet, auquel leGrand Schtroumpf a donné sonaccord. Et pour le mener à bien, ilfaut faire de gros travaux… Ainsiéparpillés entre le village et lamontagne, les Schtroumpfs sont plusvulnérables.

Pour l’instant, aucun ne se doutedu danger. Ils sont trop occupés à seplaindre.

— C’est schtroumpfant, cestravaux ! pleurniche l’un desSchtroumpfs qui s’est pourtant portévolontaire pour participer auchantier.

— Un peu de courage, lui lancele Schtroumpf Bricoleur. Vous serezles premiers à schtroumpfer des

vacances ici.— C’est quoi, des vacances ?— C’est ce qu’on mérite quand

on a bien schtroumpfé son travail !— Alors, pour avoir des

vacances, il faut d’abordtravailler ? Décidément, il y atoujours quelque chose qui neschtroumpfe pas rond dans ces trucsmodernes…

Au village aussi, on se plaint.Devant la maison du Grand

Schtroumpf, on fait la queue pours’inscrire parmi les premiers quiséjourneront au lac.

— Un Schtroumpf après l’autre,s’il vous plaît, réclame le GrandSchtroumpf. Ceux qui ont le plusbesoin de repos schtroumpferont lespremiers !

— Moi, Grand Schtroumpf !

intervient le Schtroumpf Paysan.— Et pourquoi toi ? demande le

Schtroumpf Meunier.— Nom d’un schtroumpf ! Essaie

donc de faire schtroumpfer deslégumes à la sueur de ton front !

— Et moi, alors ? Tu crois quec’est facile, de porter des sacs degraines et de farine ?

— Et schtroumpfer du pain, c’estde la tarte ? ajoute le SchtroumpfBoulanger.

Le Grand Schtroumpfs’impatiente.

— Ça se complique déjà...

marmonne-t-il. Il faut que je prenneun peu l’air pour schtroumpfer moncalme. Revenez tout à l’heure !

Mais à peine est-il sorti qu’ondemande déjà après lui ! C’est leSchtroumpf Facteur.

— Grand Schtroumpf ! J’ai uneinvitation au lac pour vous ! Jecrois qu’on schtroumpfe sur vouspour l’inauguration !

— Déjà ? Ils n’ont pas perdu detemps !

Il propose à la Schtroumpfette dele remplacer pour la cérémonie.Elle accepte sans hésiter.

— De mon côté, explique-t-il, ilfaut d’abord que j’organise tout ici,pour que le village continue àschtroumpfer normalement. Et cen’est pas gagné…

Bienvenueà Schtroumpf

les Bains !

L’instant est solennel. LeSchtroumpf Bricoleur apporte à laSchtroumpfette des ciseaux dorés,posés sur un petit coussin de

velours.— À vous l’honneur ! lui dit-il.

— VIVE SCHTROUMPF LESBAINS ! crie de joie laSchtroumpfette en coupant le rubanrouge.

Et, en effet, les premiersSchtroumpfs en vacances ont dequoi se réjouir. Le SchtroumpfBricoleur et ses volontaires n’ontpas ménagé leur peine : ils ontédifié en un temps record lepremier véritable village devacances de l’histoire desSchtroumpfs.

On y trouve des dizaines depetites huttes, rassemblées au bordde l’eau ou sur la colline quidomine le lac. Des barques sont àla disposition des Schtroumpfs,ainsi que des transats et desparasols. Le Schtroumpf Bricoleura même prévu un grand restaurant,

sur un charmant îlot accessible parun pont. Tout le monde pourra s’yretrouver pour petit-déjeuner, dînerou tout simplement boire un verre àtout moment de la journée.

— Vous êtes tous invités àschtroumpfer un jus de framboisepour fêter l’événement, proposed’ailleurs le Schtroumpf Bricoleur.

Ce dernier passe ensuite de tableen table pour attribuer les huttes.Mais lorsqu’il demande qu’on luiprête main-forte pour aller chercherdu bois, personne ne veut l’aider.

— S’il faut schtroumpfer toutesles corvées, ce ne sont plus des

vacances ! lui répond-on.— C’est vrai ! On est là pour se

reposer !Le Schtroumpf Bricoleur a une

idée. Il prend un mégaphone ets’installe au centre du kiosque àmusique.

— Allô, allô ! Avis à tous lesSchtroumpfs ! La loterie estouverte ! Je répète…

Son stratagème fonctionne. LesSchtroumpfs se pressent en massedevant le kiosque. Ils vont êtredéçus…

— J’ai schtroumpfé dans cepanier tous les numéros des huttes !explique le Schtroumpf Bricoleur.La main innocente de laSchtroumpfette va en schtroumpfersix au hasard…

— Et c’est quoi, le gros lot ?demande l’assemblée.

— Autant vous le dire tout desuite, annonce le SchtroumpfBricoleur en se raclant la gorge. Onschtroumpfe la liste de ceux quivont travailler jusqu’à demain…

— Quoi ? s’insurgent lesSchtroumpfs. Tu te schtroumpfes denous ou quoi ?

— Réfléchissez, explique leSchtroumpf Bricoleur, le travail nese schhtroumpfera pas tout seul ! Ilsuffit de schtroumpfer le service unjour. Après, on change d’équipe, etvous profitez de vos vacances !

— Hum ! Il n’a peut-être pastort… avoue le Schtroumpf Coquet.

Le soir venu, c’est d’ailleurs luiqui sert au restaurant.

— Schtroumpf Coquet, un jus degroseille, s’il te plaît ! demande leSchtroumpf Casse-Pieds.

Le Schtroumpf Coquet s’exécute.— Hum... Il n’est pas très frais,

ce jus !Quel schtroumpfeur, celui-là ! se

dit le Schtroumpf Coquet. Jamaiscontent !

Le lendemainmatin, changementde service.

— Hum… Iln’est pas très chaud,ce chocolat ! seplaint le SchtroumpfCoquet.

Pff ! Quel schtroumpfeur, celui-là ! se dit le Schtroumpf Casse-

Pieds. Jamais content !Petit à petit, les Schtroumpfs

découvrent les joies de la vie envacances : les places déjà toutesprises sur les transats à la piscine,ou les voisins de plage un peu tropenvahissants... En vacances, tousles Schtroumpfs s’appellent Casse-Pieds ! La Schtroumpfette s’en estvite rendu compte.

— Vous voulez mon parasol,Schtroumpfette ?

— Vous n’avez pas soif ?

— Un peu de crème solaire,peut-être ?

— Votre maillot de bain estabsolument schtroumpf !

Ils sont gentils, se dit-elle ens’éclipsant discrètement, mais unpeu schtroumpfants !

Le Schtroumpf Coquet, déterminéà profiter de sa journée sans plateauni tablier de serveur, a décidé detroquer sa traditionnelle culotteblanche contre un petit short rouge.Le Schtroumpf Costaud, attabléavec des amis, ne manque pas cetteoccasion de se moquer de lui. Maisla Schtroumpfette trouve ça très

joli, elle !— Ça te schtroumpfe à ravir,

Schtroumpf Coquet ! Mais oùschtroumpfes-tu toutes ces idéesgéniales ?

Il n’en faut pas moins pourqu’une épidémie de shorts de toutesles couleurs se répande dans levillage. On appelle ça la mode. Dèsdemain, le Schtroumpf Coquet enaura certainement inventé une autre.

Suivre la mode, c’est commeregarder les aiguilles d’unehorloge : ça ne s’arrête jamais.

Mais combien de temps ça dure,au fait, des vacances deSchtroumpfs ? Car ceux qui sontrestés au village commencent àtrouver le temps bien long…

Viveles vacances...

Pendant que certains se reposentau bord de l’eau, au village desSchtroumpfs, en effet, rien ne vaplus. Malgré toute sa bonnevolonté, le Grand Schtroumpf a

bien du mal à remplacer lesabsents.

Le Schtroumpf Potier, qui adavantage l’habitude de cuire descruches ou des bols, ne sort du fourdu Schtroumpf Boulanger que dupain brûlé. Le Schtroumpf Cuisiniergronde sans arrêt le remplaçant duSchtroumpf Paysan, qui n’arrosepas ses laitues et confond lescourgettes avec les concombres.

— Un peu de patience ! demandele Grand Schtroumpf. Toutschtroumpfera dans l’ordre quandle Schtroumpf Paysan reviendra…

— Peut-être, répond le

Schtroumpf Cuisinier. Mais je vouspréviens, dès qu’il rentre, c’est moiqui m’en vais. Je suis à bout deschtroumpfs !

Nom d’un petit Schtroumpf ! sedit le Grand Schtroumpf. Quipourrait remplacer le SchtroumpfCuisinier ? Et si le SchtroumpfPotier rate encore sa prochainefournée, il n’y aura plus de farinealors que le Schtroumpf Meuniern’est toujours pas rentré… Çadevient vraiment trop compliqué àgérer !

— Grand Schtroumpf !l’interpelle le Schtroumpf à

Lunettes. Je crois qu’il est tempsque je parte à Schtroumpf lesBains !

— Quoi ? Tu es fatigué, toiaussi ?

— Non, mais quelqu’un desérieux doit aller voir ce qui seschtroumpfe là-bas… Je vousschtroumpferai un rapport !

— Ah ça, Schtroumpf à Lunettes,je n’en doute pas ! Rapporter, c’estce que tu sais faire de mieux. Ehbien, soit ! Vas-y !

Un peu plus loin, le GrandSchtroumpf croise le SchtroumpfParesseux, toujours à moitiéendormi.

— Et toi ? Tu n’as pas envie deschtroumpfer en vacances ? luidemande-t-il.

— Si, Grand Schtroumpf ! J’enrêve ! Mais schtroumpfer jusque là-bas, c’est fatigant. Alors, j’hésite…

Le Grand Schtroumpf estdésespéré. À tel point qu’il prend

une décision radicale.— Mes bien chers Schtroumpfs !

Moi aussi, je suis fatigué ! Et lebeau temps ne schtroumpfera pastoujours. Alors, puisque toutschtroumpfe de travers au village,voici ce que je décide : vacancesgénérales ! On schtroumpfe nosbagages et on part tous !

— Hourra !— Vive le Grand Schtroumpf !Au même moment, le Schtroumpf

Poète et le Schtroumpf Peintrerentrent au village. Ils en avaientassez de ne plus pouvoir profiter ensilence de ce lac qui les avait tantinspirés. Et puis, avec toutes cesconstructions érigées par leSchtroumpf Bricoleur, le paysage aperdu tout son charme…

— Mais… Vous schtroumpfez levillage ? s’étonne le SchtroumpfPoète.

— Et nous qui rentrons ! ajoutele Schtroumpf Peintre.

— Ce n’est pas plus mal ! leurlance le Grand Schtroumpf. Commeça, vous pourrez rester ici et monterla garde. Et si jamais il seschtroumpfe quelque chose,prévenez-moi à Schtroumpf lesBains !

— Euh… Si vousvoulez, GrandSchtroumpf.

Eux qui voulaientretrouver du calme, lesvoilà servis : le villageest désert !

Sur l’étroit chemin qui mène aulac, en revanche, ça bouchonne

sérieusement. C’est souvent le cas,sur la route des vacances ! Tout lemonde veut partir en même temps,puis tout le monde se plaint quandça n’avance pas...

Le Grand Schtroumpf, lui, estdéjà arrivé !

— Mais comment se fait-il quevous soyez déjà là, GrandSchtroumpf ? demande leSchtroumpf à Lunettes.

— Je suis venu en cigogne ! Àmon âge, schtroumpfer une longueroute, c’est trop fatigant…

Bonne idée, la cigogne ! se dit leSchtroumpf Bricoleur. Il faudraitconstruire un aéroschtroumpf pouren faire profiter tout le monde.Mais en attendant, je dois surtouttrouver comment loger tous lesSchtroumpfs ! Je n’avais pas prévuautant de monde en même temps…

Le Schtroumpf Bricoleur a, bienheureusement, plus d’une idée aubout de son crayon à papier. Pourcompenser cette soudainesurpopulation, il fabrique des lits

superposés. Mais son ingéniosité nepeut pas résoudre tous lesproblèmes…

Entre les ronflements, la chaleur,les moustiques, les couche-tard quiréveillent les couche-tôt, lesvacances deviennent vite plusfatigantes pour les Schtroumpfs quela vie au village. Et ce n’est pas

mieux le jour ! La piscines’apparente désormais davantage àune soupe aux Schtroumpfs. Il fautréserver une barque deux jours àl’avance pour faire un tour sur lelac. Et comme il n’y a plus assez desalsepareille pour nourrir tout lemonde, c’est soupe aux orties ousalade de pissenlit pour tous. Viveles vacances…

Mais savez-vous quel est le piredans tout ça ? C’est que, de soncôté, Gargamel est sur le point d’entrouver, de la salsepareille. Et toutprès du village des Schtroumpfs…

C’estune cataschtroumpf !

La poudre magique queGargamel a fabriquée n’a pas eul’effet escompté sur Azraël. Lepauvre chat a d’abord débusqué unetaupe, puis un putois dont la

puanteur était telle qu’ils ont dûprendre un bain dans la rivière. Et,pour finir, Azraël a attrapé unrhume !

Mais Gargamel n’abandonnejamais ! En pulvérisant une secondefois de la poudre sur son chat, il endisperse tellement que lui aussi enrespire. À sa grande surprise, c’estson propre odorat qui se retrouvedécuplé. Et à force depersévérance, Gargamel finit parrenifler l’odeur d’un buisson desalsepareille.

— Cette fois, on touche au but !Ah ! Ah ! Ah ! Azraël, tu es aussi

nul comme chien que comme chat !Heureusement, cette poudre m’adonné plus de flair qu’à toi !

Un peu plus loin, derrière unrocher, Gargamel voit alors uneombre bouger. Il s’approche toutdoucement avec son filet, puisl’abat sur le sol de toutes sesforces. Il est persuadé qu’il s’agitd’un Schtroumpf. Pas de chance :c’est la patte d’un ours endormi.Enfin, plus maintenant ! L’ours,mécontent, le prend en chasse engrognant.

— Misère ! Il ne va pas nouslâcher ! s’époumone le sorcier enzigzaguant dans la forêt.

Gargamel et Azraël ne parvenantpas à semer l’ours, ils finissent parse réfugier dans un arbre pour luiéchapper. Ouf !

— Ce monstre sanguinaire nous apoursuivis dans toute la forêt, je nesais même plus où je suis !

C’est alors que du haut de sonarbre, Gargamel aperçoit… levillage des Schtroumpfs !

— Béni soit ce brave nounours !Gargamel saute de l’arbre et se

saisit sans attendre d’une branchepour assommer les Schtroumpfs. Ilveut les prendre par surprise…

Mais le village est vide.— Malédiction ! Je trouve enfin

leur village, et ils sont tous partis !

Le Schtroumpf Peintre et leSchtroumpf Poète, de retour d’unebalade en forêt les bras chargés deframboises, manquent de justessede se retrouver nez à nez avec lesorcier. Ils parviennentheureusement à se cacher à temps.

Gargamel, de son côté, est biendécidé à rester embusqué dans unbuisson jusqu’au retour desSchtroumpfs.

— C’est une cataschtroumpf !chuchote le Schtroumpf Peintre.

— Il faut vite prévenir le GrandSchtroumpf ! rétorque leSchtroumpf Poète.

Après quelques heures de marcheintensive, ils arrivent au lac.

— Grand Schtroumpf ! GrandSchtroumpf ! l’abordent-ils sansperdre une minute.

— Il s’est schtroumpfé quelquechose de terrible ! explique,

haletant, le Schtroumpf Poète.Gargamel a trouvé le chemin duvillage !

— Mais comment est-cepossible ? s’étonne le GrandSchtroumpf.

— Aucune idée ! Mais il neschtroumpfera pas de là jusqu’à

notre retour.— Nous voilà dans de beaux

schtroumpfs ! Heureusement, grâceà Schtroumpf les Bains, notrevillage était désert quand Gargamell’a trouvé.

Le Schtroumpf Facteur entend laconversation. Comme c’est dans sanature, il porte aussitôt la nouvelleaux autres Schtroumpfs. Un vent deterreur se lève !

— Pas de panique ! s’écrieprécisément le Grand Schtroumpf.Schtroumpfez votre calme ! C’estvrai, Gargamel a schtroumpfé notrevillage, mais nous sommes en

sécurité, ici !Cependant, ces paroles

rassurantes ne tranquillisent pas lesSchtroumpfs.

— Cette grande brute va abîmernos maisons !

— Manger nos provisions !— Il faut le schtroumpfer hors de

chez nous !— Je suis d’accord, conclut le

Grand Schtroumpf. Mais on ne peutrien schtroumpfer pour le moment.Demain, j’irai voir sur place, etnous trouverons bien un moyen dele chasser.

Le GrandSchtroumpfdemande auSchtroumpfBricoleur decommencerl’animation au

kiosque, comme prévu, pour lesdistraire. Le Schtroumpf Farceurmonte sur scène.

— Vous connaissez l’histoire duSchtroumpf qui va schtroumpfer desnoisettes ? commence-t-il. Quand ilrentre au village, il…

— Oooh, notre beau village ! lecoupe la Schtroumpfette en

sanglotant.

Et toute l’assemblée se met àpleurer ! Tout le monde veut rentrerà la maison ! De toute façon, laplupart des Schtroumpfs en avaientassez de mal manger, de mal dormiret de se marcher sur les pieds. Laterrible nouvelle de l’arrivée deGargamel au village ne fait

qu’accélérer les choses.Le Grand Schtroumpf se résigne

à lever le camp dans la nuit. Levillage est en danger. Les vacancessont terminées…

Toutesles bonnes

chosesont une fin !

Grâce à sa cigogne, le GrandSchtroumpf a pu prendre les

devants. Accompagné duSchtroumpf Peintre et duSchtroumpf Costaud, il survole lazone autour du village pour repérerGargamel.

Le sorcier, qui a déjà épuisé lesréserves de pâte de noisette etautres délicieuses spécialités desSchtroumpfs, s’est installé au bord

de la rivière pour pêcher. Afin dene pas se faire repérer, le GrandSchtroumpf se pose un peu àl’écart.

— Il campe par ici, GrandSchtroumpf, lui indique leSchtroumpf Peintre.

— J’espère qu’il est déjà fatiguéde schtroumpfer à la belle étoile,essaie de se rassurer le GrandSchtroumpf.

Cachés dans un buisson, ilsobservent Gargamel en train defaire griller du poisson.

— Alors, Azraël, on n’est pasbien ici, au grand air ?

Personnellement, je trouve que ceséjour en pleine nature me faitbeaucoup de bien !

— Il n’est pas près de s’en aller,murmure le Grand Schtroumpf,dépité. Nous devons schtroumpfer àl’action !

— Vous avez raison ! approuvele Schtroumpf Costaud.

Quand il s’agit de passer àl’action, le Schtroumpf Costaud esttoujours partant.

— Revenons avec tous lesSchtroumpfs, des arcs, des flèches,et schtroumpfons une bonnecorrection à Gargamel ! s’emporte-t-il.

— Non, Schtroumpf Costaud,rétorque le Grand Schtroumpf.Nous ne schtroumpferons rien parla force.

— Pff ! Si j’avais su, je seraisresté à Schtroumpf les Bains…

— Allons, allons… Il faut queGargamel décide lui-même de

schtroumpfer d’ici. On va justel’aider à prendre sa décision…

Le Grand Schtroumpf et ses deuxcompagnons enfourchent à nouveaula cigogne. Ils prennent del’altitude, puis volent en cercle au-dessus du campement de Gargamel.Le Grand Schtroumpf s’est fabriquéun porte-voix avec un bout de boiscreux.

— Gargamel ! Gargamel ! crie-t-il.

Hein ? Qui me parle ? sedemande le sorcier.

Il lève les yeux au ciel et repèretout de suite les Schtroumpfs sur

leur cigogne.

— Tu dois rentrer chez toi toutde suite, Gargamel ! poursuit leGrand Schtroumpf. Ta chaumière vabrûler ! Des flammes schtroumpfentde la cheminée !

Ah, non ! Ça ne prend pas ! sedit Gargamel. Ils ne m’auront pasavec un truc aussi grossier !

D’ailleurs, je m’en fiche, de cettevieille maison décrépite.

Puis il se met à réfléchir. Il penseà ses grimoires, à ses meubles, àtous ces souvenirs qui peuplent samaison. À son balai à roulettes. Aupetit lit dans lequel sa mère venaitle border en lui chantant : « Auclair de la lune, mon ami

crapaud... » Soudain, sa maison luimanque…

— On t’aura prévenu, Gargamel !finit par dire le Grand Schtroumpf.

— Je dois y aller ! s’exclame lesorcier. Mais je risque de ne jamaisretrouver le village !

Il a alors l’idée de semer descerises derrière lui.

— Je reviendrai en suivant lapiste…

Pendant que Gargamel joue auPetit Poucet, le Grand Schtroumpffile vers la maison de Gargamel.

— Où allons-nous, GrandSchtroumpf ?

— À la chaumière de Gargamel !On a un feu de joie à schtroumpfer !

Et lorsque Gargamel approche dechez lui, il distingue très nettementune grande fumée grise.

— Oh, misère ! Le GrandSchtroumpf n’a pas menti !

Il quitte précipitamment la forêtpour rejoindre sa chère maison. Ilse rend alors compte que lesSchtroumpfs ont simplement alluméun feu de bois derrière celle-ci,pour simuler un incendie.

— Maudits Schtroumpfs ! leurcrie-t-il en levant le poing. Vousm’avez bien roulé, encore une fois.Mais vous ne perdez rien pour

attendre ! Grâce à mon chemin decerises, je vais vite vousretrouver...

Cependant, lajoie de Gargamelest de courtedurée. Enremontant la piste,il croise la routede l’ours. Celui-cia dévoré toutes lescerises ! SiGargamel avait eu un dénoyauteurde cerises, il aurait pu semer lesnoyaux…

Maintenant, le voilà à nouveau

perdu dans la forêt, avec un ours àses trousses, loin du village desSchtroumpfs.

De leur côté, tous lesSchtroumpfs sont rentrés devacances. Ils constatent les dégâts :Gargamel a complètement vidé leurgrenier.

— Il faudra vite schtroumpfer denouvelles réserves avant l’hiver,déclare le Grand Schtroumpf.

Il ne croit pas si bien dire… Une

fine pluie commence à tomber surle village des Schtroumpfs.L’automne est déjà là.

— À cause de Gargamel, nosvacances ont schtroumpfé court, selamente le Grand Schtroumpf.Schtroumpf les Bains, c’est fini !regrette-t-il.

— On pourra toujours yreschtroumpfer l’année prochaine,réplique le Schtroumpf Cuisinier.

Ou peut-être pas. Car une coloniede castors a déjà investiSchtroumpf les Bains. Ils en ontdétruit la majeure partie pourconstruire un barrage et des huttesimmergées, dans lesquelles ilsentreposeront leurs provisions pourl’hiver.

Laissons le mot de la fin auSchtroumpf Gourmand, la bouchepleine de gâteau :

— Les vacanches, ch’est commetoutes les bonnes chojes : il ne fautpas en abujer !

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