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Le ski alpin en France et son évolution
Dernières tendances en 2009-2010 Aspects financiers, commerciaux et environnementaux
Le ski alpin en France est pratiqué dans un peu plus de 350 stations, de tailles très diverses,
exploitant 120 000 ha de pistes, situées à 68 % dans les Alpes du Nord (Les deux Savoie et l’Isère), à
16% dans les Alpes du Sud, 11 % dans les Pyrénées, 2 % dans le Jura, 2 % dans le Massif central, 1 %
dans les Vosges. Selon les massifs et les dénivellations qu’ils offrent, on peut avoir de grandes, moyennes
ou petites stations. L’accent est souvent mis sur les très grandes stations internationales qui réalisent
l’essentiel du chiffre d’affaire mais les petites et moyennes stations ont connu au cours des deux derniers
hivers un retour en force, grâce à un enneigement important, certes, mais aussi grâce à une évolution de
fond des pratiques des séjours d’hiver à la montagne. Malgré l’étendue de son domaine skiable, la France
n’attire pas plus que l’Autriche où se rendent en masse les Allemands.
I - Plusieurs générations de stations On peut distinguer en France
plusieurs types de stations qui se
différencient par leur ancienneté, leur
altitude, la propriété des infrastructures
d’hébergement et de ski, leur plus ou
moins grande intégration dans
l’environnement physique.
� Les stations dites de la 1ère
génération ont été développées certes
pour le ski mais en complément avec
d’autres activités, telles que l’alpinisme
à Chamonix dès la fin du XIXème
siècle, et surtout le thermalisme : Saint-
Gervais dans les Alpes, Bagnères-de-
Luchon, Cauterets, Barèges dans les
Pyrénées. Ces stations étaient autour de
1000 m, et desservies si possible par le rail. Megève, Morzine, Serre-Chevalier, développées dans les
années 1920 appartiennent aussi à cette catégorie. Elles bénéficient d’une architecture variée et offrent
des activités d’hiver comme d’été.
� Les stations de la 2ème
génération ont été créées après la seconde guerre mondiale (sauf Val
d’Isère dont les 1er
équipements datent de 1937) par des élus locaux, soucieux de diversifier l’économie
locale. D’autres collectivités territoriales sont également intervenues comme le Conseil Général de la
Savoie à Courchevel, celui de l’Isère à Chamrousse, celui des Hautes-Pyrénées à Gourette. Meribel,
Orcières-Merlette, Les Orres, Vars, Saint-Lary appartiennent aussi à cette catégorie.
� Les stations de la 3ème génération. Devant le succès croissant des sports d’hiver et l’accroissement
considérable de la clientèle dans les années 1960 et 1970, il faut passer à une échelle supérieure. L’Etat
est placé face à une forte demande de crédits et doit procéder à des arbitrages. Il met en place en 1964 la
Commission interministérielle d’aménagement de la montagne; le bureau d’étude qui en dépend, sous la
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direction de Maurice Michaud, crée ce que l’on appelle la « doctrine-neige », en s’appuyant sur les
postulats suivants : � La croissance du marché du ski est inépuisable
� Le tourisme peut, à lui seul, assurer l’avenir des économies montagnardes
� La création de stations de ski bien équipées attirera une clientèle étrangère pourvoyeuse de devises
� La France, possédant les plus beaux et les plus vastes domaines skiables d’Europe doit gagner la
« bataille de la neige » face à ses concurrents suisses, autrichiens et italiens.
� La station idéale doit être conçue et gérée par un responsable unique qui construira les remontées et
les bâtiments, les commercialisera et prendra en charge son fonctionnement.
Val Thorens (2300 m), les Ménuires (1800 m), Flaine, Tignes (2100 m), Les Arcs, la Plagne,
Avoriaz appartiennent à ce type,vanté à l’étranger comme le « modèle » de « station à la française ».
Construites à des altitudes plus élevées, au-dessus de 1600 à 1800 m, elles bénéficient d’un enneigement
prolongé et d’une longue saison hivernale, permettant d’amortir plus facilement les investissements, mais
la saison d’été y présente beaucoup moins d’intérêt.
� Un mouvement de contestation de ces stations géantes, véritables « usines à neige », le déclin
relatif du marché et parfois de sérieuses difficultés financières liées entre autres à un enneigement plus
capricieux, ont amené le retour à des stations moins ambitieuses, à des altitudes moins élevées, celles de
la quatrième génération. Valmorel, Les Karellis, La Norma, Bonneval-sur-Arc, La Tania bâtie à partir
de 1990 à 1400 m appartiennent à cette catégorie. Les anciennes stations du Grand-Bornand et de La
Clusaz ont été rénovées selon ces principes. L’urbanisation y est plus discrète, mieux intégrée au site,avec
de petits immeubles recouverts de bois et de lauzes; les remontées mécaniques et l’immobilier ne sont
plus aux mains d’un seul opérateur et les collectivités locales retrouvent leur pouvoir. Le ski de fond, la
luge, la promenade et les activités estivales ont été systématiquement développés. Mais cela n’empêche
pas les « grandes stations » de s’adapter et de continuer à attirer une clientèle plus sélective (et fortunée),
en grande partie étrangère.
Les enjeux actuels Le marché français du ski est mature, comme celui de
l’Amérique du Nord ou celui du Japon. En
France, le nombre de skieurs nationaux a
atteint son maximum au milieu des années
1980 et décroît régulièrement depuis,
remplacé par des étrangers Cela fait 20 ans
que le taux de départ au ski des Français
plafonne sous la barre des 9 %. A Val-
Thorens, 70 % des skieurs sont maintenant
des étrangers. Ce remplacement de la clientèle
française par des Anglais, Belges, Néerlan-
dais, Italiens dans les Alpes, Espagnols dans les Pyrénées) est lié au coût élevé
des séjours accompagnant la sophistication toujours plus poussée des
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installations. Les Russes ont fait une apparition très remarquée dans les années 2007 et 2008, notamment
à Courchevel 1850.
Cela fait trois ans que les investissements des stations en remontées mécaniques décroît, les
budgets ayant été affectés par le manque de neige et de clients : 227 millions € en 2005 (avec beaucoup
de travaux dans les Alpes du Sud), 126 millions en 2007 (dont 20 millions € pour les deux télécabines du
Cairn et du Caron à Val Thorens et 12 millions € pour le télémix de la Clusaz). Les remontées
mécaniques ne sont en effet que l’un des aspects des investissements que les grandes stations, confrontées
à une clientèle exigeante et à une concurrence de plus en plus vive, doivent consentir (voir schéma et
tableau en bas de la page 2, Les Echos 11/01/2008). Le chiffre d’affaire des remontées mécaniques a été de
890 millions € en 2008, sur lesquels 315 millions ont été réinvestis (36 %), 1115 millions € en 2009 grâce
à un excellent enneigement mais le retour sur investissement décroît depuis 2005…
Les efforts d’adaptation des grandes stations aux « néoskieurs ».
� Regroupement des stations, optimisation des équipements, recherche de confort On essaie aujourd’hui de supprimer les téléskis et de remplacer deux,
voire trois téléskis par un télésiège 6 places, offrant plus de confort, un débit
supérieur et permettant de supprimer
des pylônes.
La clientèle est devenue
exigeante et cela nécessite un
travail permanent d’entretien des
installations en été, d’uniformisation
des pistes en hiver : il n’y a plus guère de différences entre
les pistes bleues et les pistes rouges, et quant aux pistes
noires, elles n’attirent plus grand monde. Aux Arcs, des
dameuses de 400 CV travaillent toute la nuit en deux postes
(18 h -1h du matin, 1h – 8h, machines de 220 000 €,
changées tous les 4 ans et consommant 150 litre de gasoil par
soirée !).
Le gigantisme et la variété des pistes continuent à
attirer la clientèle fortunée : c’est le cas de l’ensemble
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unique des Trois Vallées, en Tarentaise, le plus gros ensemble français (23 % du chiffre d’affaires des
remontées mécaniques françaises) : 600 km de pistes, 80 remontées mécaniques, autant d’engins de
damage, 2000 canons à neige et 45 000 ha de domaine hors-piste. A eux trois, les villages de Saint Bon–
Courchevel (1850 habitants), des Allues (1870 habitants, station de Méribel)) et de Saint-Martin de
Belleville (3100 habitants, stations des Ménuires et de Val Thorens) totalisent une capacité d’accueil de
110 000 lits et ont de gros moyens financiers pour investir dans les infrastructures et la protection de
l’environnement.
A côté de ces efforts gigantesques d’équipement, il faut s’adapter à un nouveau type de skieur. Le
succès du snow-board, du free-style ou de la raquette à neige appartiennent déjà au passé. Ce qui est
« tendance » maintenant, c’est le speed-riding qui allie parapente et ski, le snowkite pour les
snowboarders (sauter d’un tremplin avec le « big airbag », gros coussin amortisseur), le ski joëring où le
cheval remplace le remonte-pente. La luge est à nouveau un « must ». Mais ces néoskieurs fortunés
aiment aussi le confort et ne conçoivent pas de séjourner dans une résidence qui ne proposerait pas une
piscine, un sauna, un hammam, une salle de fitness et un spa qui sont les nouveaux standards de location.
Les promoteurs immobiliers essaient de s’adapter à cette nouvelle demande en lançant de nouveaux
programmes au risque de créer une bulle et de dévaloriser les biens existants.
� L’installation des canons à neige La neige précoce et abondante des hivers 2007-2008 et 2000-2009 ne fait pas oublier l'irrégularité des
précipitations neigeuses et le réchauffement du climat. Si une station veut s'assurer une saison rentable,
elle doit fonctionner pendant au moins 4 mois et demi et ne peut plus se passer de neige de culture. Et sur
ce plan, la France est en retard : 33 % des pistes peuvent être alimentées par des canons à neige, contre 85
% en Autriche ou 90 % dans les Dolomites italiennes. La neige de culture c'est de l'air et de l'eau sans
additif; or l'eau est souvent peu abondante en hiver puisque les précipitations tombent surtout sous forme
de neige : il faut donc construire des retenues collinaires pour alimenter le système d'enneigement (ex : la
retenue de l'Adret des Tuffes, aux Arcs, d'une capacité de 400 000 m3 et d'un coût de 10 millions €).
L’installation des canons à neige a suscité beacoup de critiques au départ, considérés comme polluants,
bruyants et inesthétiques. Ils sont de toute façon coûteux. 67 % du marché français est contrôlé par
l’Américain Johnson Controls Neige.
� Le souci environnemental Ne plus défigurer la montagne, ou mieux encore la préserver est désormais une priorité chez tous les
responsables de stations, à commencer par ceux des Menuires, symbole du « ski pour tous » dans les
années 70, avec le surnom de « Sarcelles-sur-neige ». Les aménageurs sont devenus ces dernières années
de véritables paysagistes, essayant de déterminer la meilleure orientation pour les pistes, dépierrant et
engazonnant le terrain en été pour favoriser la pousse des pelouses alpines. Certaines remontées
mécaniques sont partiellement enterrées : c'est le cas à Tignes ou Val Thorens. Les funiculaires
souterrains (Tignes, Val d’Isère, Les Deux Alpes) peuvent représenter aussi une alternative discrète dans
les paysages.
Sources : Bernard BRAUN et Francis COLLIGNON, La France en fiches, BREAL, 2003 ;
François VINCENT, cours du CNED, les Montagnes françaises,
Le Monde, 04/01/1997, Les Echos, 18/01/2007, 11/12/01/2008,28/29/11/2008, 17/12/2009 et 18/19/12/2009,
Site du Syndicat national des téléphériques de France
Version n ° 3 du 26/12/2009
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