l’approche biographique- théorie, méthode, pratiques - legrand (1993)
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7/26/2019 LApproche Biographique- Thorie, Mthode, Pratiques - Legrand (1993)
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Anailse
Psicol6gica
1992), 4 Io: 499-514
LApproche Biographique: Thorie M-
thode Pratiques
(*)
MICHEL LEGRAND (**)
1.
PERSPECTIVES THEORIQUES
Dabord une remarque trs gnrale, qui vaut
tant pour la thorie que pour la pratique: nous
sommes sur un terrain en voie de constitution.
Nous sommes sur un chantier. Nous navons
pas une belle construction dj faite. Nous ne
pouvons nous appuyer sur une tradition ancien-
ne, solide, comme la psychanalyse, par exemple.
Cest dailleurs un des aspects exaltants de
lentreprise. Ds lors, on ne sait pas non plus
si on va russir
construire une maison et, si
lon arrive construire, sil sagira dune petite
maison modeste, dune belle villa ou dun buil-
ding.
Ce qui veut dire quau plan de
la
thorie, on
bricole encore beaucoup. Je vais vous prsenter
mon petit bricolage provisoire, qui sappuie sur
quelques auteurs, en particulier: Politzer, Casto-
riadis,
Sve,
Bourdieu, de Gaulejac, Sartre.
(*) Ce texte reprend le contenu dun expos fait
au cours de Franoise Digneffe, le mardi
5
dcembre
1989, 1Ecole de Crimino logie Unive rsit de
Louvain).
(**)
Professeur luniversit de Louvain,
Fondateur, avec Francis Loicq, de IARBRH
Associa t ion pour l Approche, la Recherche
Biographique et la R appropriation de
son
Histoire).
Ltude dtaille de ces auteurs
(
lexception de
Sa r t r e ) e t d e l e u r a p p o r t p o u r l a p p r o c h e
biographique est dveloppe dans
Biographie et
histoire
de vie.
Premiers jalons dun parcours
indit).
1.1.
Georges Politzer: Une source inspiratrice
Dans mon bricolage
moi, Politzer est un
peu la source inspiratrice, mythique: il tait
une fois Politzer)).
Politzer est un philosophe franais qui, la
fin des annes 20,
a
produit crits flamboyants
de critique de la psychologie Son oeuvre la plus
connue est: Critique des fondements de la
psychologie
(1928).
De Politzer, je retiens trois
ides:
1
Lobjet de
la
Psychologie
Lobjet de la psychologie, estime Politzer, est
ou devrait tre) la vie concrte, dramatique de
ltre humain, telle quelle sexprime dans des
choses comme lamour et le mariage, le travail
ou le mtier, la maladie ou le crime On pourrait
dire aussi: cest la vie concrte, dramatique de
ltre humain, telle quelle se dploie dans une
histoire singulire, dans une biographie.Lobjet
de la psychologie, crit Politzer, cest lensemble
des vnements singuliers qui se droulent entre
la naissance et la mort)).
2.
La Mthode
Quelle pourrait tre la mthode approprie
ltude du drame, la mthode apte liberer
les matriaux ncessaires
la construction dune
science du drame ou de la biographie? Cette
mthode, dit Politzer, ne peut tre que la
mthode du rcit: le rcit dramatique, en
premire personne, du drame par lacteur mme
de ce drame.
499
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3. Une Thdition Dramatique
Il existe dj, prcise Politzer, une tradition
rscientifique ui frequente le drame:
cest la tradition du thtre, de la littrature,
du
roman.
Voil trois ides de Politzer.
A
mon avis, elles
restent de pleine actualit. Toutefois, ce sont
seulement des ides inspiratrices, suggestives.
Elles pointent, elles font index vers un champ.
Mais tout reste
accomplir. Comment? Dans
quelle direction?
1.2. La
biographie: un objet complexe
Nous
laisserons dabord de ct (provisoire-
ment) le thme du rcit et la rfrence
une
tradition dramatique, pour nous poser la ques-
tion: la biographie
OK,
nous en avons tous une
sorte dapprhension intuitive;
mais peut-on
construire une science de la biographie?
Et dans
cette question, je ne mets pas laccent sur le
mot science, mais sur le mot une:
Une
science de la biographie.
Je poserais lalternative suivante: la biographie
peut-elle devenir un objet disciplinaire simple,
ou au contraire nest-elle pas ncessairement un
objet complexe, en telle sorte que telle ou telle
discipline ne puisse en clairer que tel
ou
tel
segment, telle ou telle dimension, une science
totale de la biographie i on veut en
mantenir lide e pouvant se construire qu
la faveur dune dmarche interdisciplinaire?
A
cette question, ma rponse (banale) sera:
L a
biographie est un objet complexe. Il ny a
pas une discipline qui puisse la rsumer,
lpuiser. Il ny a pas une science de la
biographie, il
y a
des
sciences biographiques.
Et si donc nous voulons maintenir
tout prix
lhypothse dune science de la biographie, celle-
ci
ne pourra se construire que dans les branche-
ments et les
articulations interdisciplinaires
des
sciences biographiques.
1.3. Cornelius Castoriadis: un dcoupage du
champ
Pour progresser, je voudrais
prsent me
rfrer
Castoriadis et
une proposition quil
met dun dcoupage du champ.
Castoriadis, franais dorigine grecque, est
lauteur dune oeuvre considrable dans le
champ de la philosophie, de lanthropologie,
des sciences sociales et de la psychanalyse.
A
ce stade, je me contente de lui emprunter une
ide quil a dveloppe en particulier dans
(d tat du sujet aujourdhui))
1986).
Dans ce que nous sommes comme individus,
Castoriadis distingue
quatre dimensions.
Chacun dentre nous est: 1)
corps,
organisme
vivant et
ce titre dj,
pour soi
(en un certain
sens, rcemment raccentu, ltre vivant en tant
que vivant est autonome); ( 2 )
psych,
savoir
imaginaire radical, surgissement ininterrompu
et immatris de reprsentations affectives inten-
tionnelles;
3)
individu social,
constitu dans
et par la rencontre avec linstitution sociale;
4)
sujet,
capable (potentiellement) de rflexivit (de
retour sur soi et de mise en question de soi)
et de volont (les rsultats de notre processus
de rflexion intervenant dans la gestion de nos
actes).
1.4. es Sciences Biographiques et la Place
dune Socio-analyse
On ne peut pas ici dvelopper plus avant le
contenu des concepts introduits par Castoriadis.
On montrera donc simplement comment ces
concepts pourraient tre utiles pour le
dcoupa-
ge des sciences ou disciplines biographiques
et
pour le
positionnement,
lintrieur de celles-
ci,
dune socio-analyse
ou socio-biographie.
Le
Tableau
1
a t construit
cet effet.
1.4.1.
Commentaires du Tableau
On a diffrenci des disciplines qui privilgie-
raient lapproche dune parmi les quatre dimen-
sions distingues par Castoriadis. Notons que:
1)
linventaire des disciplines ne se veut
nullement exhaustif;
2)
par psycho-biologie,
nous visons le plus gros de la
psychologie
exprimentale
(on pourrait dfendre la thse
selon laquelle celle-ci a t et est surtout
compris comme psychologie cognitive ne
tude de ltre humain comme pour soi vivant);
ceci nexclut pas toutefois que certains courants
de la psychologie qui utilisent la mthodologie
exprimentale ne puissent fournir un apport
pour ltude dautres dimensions (on pense en
particulier, dans la psychologie sociale, au
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TABLEAU
1
Dcoupage des sciences biographiques et place dune socio-analyse
Dimensions
de Pour soi vivant) Psych Individu social Sujet
ltre humain
comme
tre
individuel
Disciplines Psychobiologie Psyc hanaiyse Phnomnologie
Psychoanalyse)
Sciences
- ?
Biographie
Biographie Biographie
biographiques psychanalytique
dorientation phnomnologique
socioanalytique
ou psychobiographie
ou
sociobiographie
courant dit
identit socialen,
fond par jfel,
apport pour une tude de lindividu social); 3)
la place dune
socio-analyse
qui vrai dire
nxiste pas encore) est dsigne en tant que
discipline prenant pour objet dtude lindividu
social: a) le
terme
de asocio-analyse est
emprunt
Bourdieu on y reviendra): ne pas
confondre avec sociopsychanalyse)) Grard
Mendel) ou socianalyse analyse institution-
nelle en situation dintervention: Lapassade,
Lourau, Hess,
...);
b) la potentielle) socio-
analyse se dmarque tant de la sociologie elle
est tude de
lindividu
et non de formes
collectives) que de la psycho-analyse qui croit
puiser ltude de lindividu humain, alors
mme quelle ne sadresse qu la psych, et
nglige, voire occulte lindividu en tant
quindividu social .
On a ensuite tir les implications possibles
en ce qui concerne les sciences biographiques.
Notons que: 1) il ne semble pas que la psycho-
biologie puisse fournir les apports pour une
tude de la biographie on a toutefois maintenu
la question en suspens);
(2)
on pourrait prendre
comme modle dune biogmphie phnomnolo-
gique le premier essai biographique de Sartre
consacr Baudelaire le premier Sartre
accentue de manire quasi exclusive le thme du
sujet et de la libert et, dans le cas de Baudelai-
re, montre comment lhistoire de ce dernier sorigi-
ne dans un choix quil a fait de lui-mme).
Nous avons pu ainsi expliciter les rponses
que nous avions donnes notre question.
Y-
a-t-il une science de la biographie? Non. Il y
a
des
sciences de la biographie et, dans ce cadre,
il y a construire une discipline nouvelle, une
approche biographique dorientation
socio-
analytique. Ou encore: sil doit y avoir une
science totale) de la biographie, celle-ci ne
pourra se constituer que dans larticulation
interdisciplinaire des sciences de la biographie.
Deux questions dcoulent de ces rponses:
1 Peut-on dire davantage au sujet de la
socio-analyse?
2
Peut-on mentionner quelques dmar-
ches qui travaillent dans loptique de
larticulation interdisciplinaire?
1.5.
Socio-analyse et Sociologie
Disons dentre de jeu que celui qui parat
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tre all le plus loin dans la position des
problmes de fond lis la construction de ce
que jappelle une socio-analyse, est Lucien Sve
(philosophe marxiste franais, prtendant
poursuivre le projet de Politzer; auteur de
Marxisme et Thorie de la personnalit)),
1969).
Le
problme qui se pose ici est le problme
du rapport de la socio-analyse avec la
sociologie. On a laiss entendre ci-dessus que
la socio-analyse devait se gagner la fois contre
la sociologie et contre la psychanalyse. On doit
ajouter prsent: la socio-analyse doit aussi se
construire avec la sociologie. Pourquoi? Parce
que lindividu social est cet individu qui se
constitue, a-t-on dit, dans et par la rencontre
avec linstitution sociale. Sve dit dans son
langage: la personnalit historico-social2 se
constitue dans et par lengrenage de lindividu
humain (vivant psychique) dans les rapports
sociaux. Do, dira Sve, pour la construction
de la science de la personnalit historico-sociale,
la science pilote ne peut tre que la science des
rapports sociaux, cest--dire pour lui, en tant
que marxiste, le matrialisme historique. En
dautres termes, dit plus simplement, le socio-
analyste doit aussi tre sociologue. On ne peut
faire de la socio-analyse que si lon a un solide
bagage sociologique et un cadre de rfrence
sociologique (sur ce point, lassociation
laquelie j appartiens, IARBRH, tend se rfrer
de manire privilgie, bien que non exclusive,
la sociologie de Pierre Bourdieu).
Toutefois il y a un
pige,
celui de
rabsorber
la socio-analyse dans la sociologie et den
rduire la spcificit irrductible. A cet gard,
je dirais que: Castoriadis tombe dans le pige;
Bourdieu peroit lcart, mais ne le travaille pas;
seul Sve, analysant de manire aigu le
problme, met des propositions pour llaborer.
Tant Sve que Castoriadis admettent que,
dans le social lui-mme
(en tant que collectif
irrductible aux individus), on trouve: (Sve) des
Sve appelle personnalit historico-socialen ce
que jai appel, avec Castoriadis, lindividu social.
Mendel parle pour sa part de personnalit
psychosociale.
La prtention de Sve est de jeter les bases dune
thorie de la personnalit humaine qui doit tre pour
lessentiel, une thorie de la personnalit historico-
sociale.
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consistance, de construire une sorte de
topique
de la personnalit historico-sociale (qui ne peut
tre la topique de lappareil psychique freudien).
Cest sur ce point que Sve met des proposi-
tions, mais qui, malheureusement, me paraissent
faible^ ^
Au fond, Sve
a
indiqu une exigence,
mais il ny a pas lui-mme rpondu. Pour ma
part, je serais tent our faire avancer
la
question, sans penser quil puisse sagir l dune
solution dfinitive e proposer une thorie
de lindividu social ou de la personnalit
historico-sociale fonde sur le concept de
capitaux (proposition dj suggre par
Francis Loicq): la personnalit historico-sociale
serait un
compos complexe, dynamique,
historique de capitaux (conomiques, sociaux,
culturels et symboliques, les habitus y figurant
comme composants du capital culturel).
1.6.Essais d Xrticulations Interdisciplinaires
Faute de temps, je serai trs bref sur ce point,
me contentant de mentioner deux auteurs:
Vincent de Gaulejac et Jean-Paul Sartre.
Dans son
remarquable essai sur
La
nvrose
de classe)) 1987) Vincent de Gaulejac
propose
une dmarche se situant
larticulation de
referents sociologiques et psychanalytiques, je
dirais dans mon langage inspir de Castoriadis:
larticulation de Iindividu social et de la psych.
Enfin,
le dernier Sartre,
qui ouvre la
phnomnologie existentielle aux apports du
marxisme et de ce quil appelle des sciences au-
xiliaires (travaillant les chanons intermdiaires,
les mdiations entre le macro-social et lindividu
singulier) armi lesquelles la psychanalyse
dbouche,
travers son essai sur Flaubert
(Lidiot de la famille, 1971)
sur une tentative
de biographie totalisante, articulant individu
social, psych
et sujet
(loriginalit de Sartre
demeurant de faire apparatre, dans lhistoire
dune vie, le moment de
la
subjectivit).
Terminons par une dernire question, qui est
un
dilemme.
Faut-il ds
prsent travailler
larticulation interdisciplinaire? Nest-ce pas
prmature? Ny a-t-il pas l une fuite en avant?
Ne faut-il pas dabord consolider (voire fonder)
la socio-analyse proprement dite?
2. METHODE, PRATIQUES
La science, y inclus une science de la
biographie, ne peut se construire que dans
larticulation de la thorie et de la pratique.
Lucien Sve, malgr ses avances thoriques, a
compltement fait limpasse sur cette dimension
pratico-empirique. Se voulant continuateur de
Politzer, l a nglig lindication mthodologique
de Politzer, que je rappelais ci-dessus: la
mthode empirique approprie lapproche de
la vie concrte, dramatique de lhomme, disait
Politzer, est la
mthode du rcit.
En ce qui nous
concerne, nous nous rapproprions cette indica-
tion, en mme temps que nous nous branchons
de cette manire sur la tradition de lapproche
par le rcit de vie issue des sciences sociales.
Avec ceci de spcifique que, pour nous, le rcit
de vie est plus quune mthodologie qualitative
de recherche: la pratique du rcit de vie est aussi
une pratique dintervention. Par l, nous nous
inscrivons franchement dans la mouvance des
sciences humaines cliniques.
2.1.
Introduction
2.1.1. Rcit de Vie
Au dpart, nous pouvons entendre rcit de
vie dans un
sens trs large.
Il y
a
rcit de vie
quand
une personne concrte, singulire, qui
parle en premire personne, qui dit je, e
raconte, raconte sa vie, son histoire, oralement
ou dans lcrit
fie
dis aussi dans lcrit: nous
retrouvons ainsi la rfrence au roman autobio-
graphique, qui peut tre un matriau prcieux).
A partir de l, on peut poser deux questions.
1.
Quimplique exactement ce choix
dapprocher de manire quasi exclusive, lhistoi-
re dune personne par le rcit de cette histoire
par la personne
La
biographie est aussi un genre historique
(cf. la biographie des grands personnages histo-
riques). Or, je ne crois pas quil viendrait
lhistorien lide dcrire la biographie de
quelquun en se basant exclusivement sur les
rcits quil a laisss de lui-mme (par exemple
Pour
plus
dinformations sur
les
propositions
de
Sve,
cf.
M.
Legrand,
1983.
Notons
le
double
sens du
mot ((biographie)):
la
vie, lhistoire dune personne
et
lcriture de cette
vie,
de cette
histoire.
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journal intime). Ceux-ci seraient un matriau
prcieux, mais soumettre la critique histori-
que et
complter et recouper par dautres
documents ou tmoignages.
2. II y
a rcit et rcit. Si on considre les
divisions disciplinaires dont il tait question plus
haut, la pluralit des sciences biographiques,
quest-ce qui fait quun rcit est socio-
analytique,est pertinent du point de vue socio-
analytique?
On devrait ici introduire lide de
dispositif,
qui peut tre claire par la rfrence
la
psychanalyse (qui est pour moi un ple de
confrontation et de comparaison privilgi). La
psychanalyse, quand elle se fait pratique, met
en place un dispositif, le dispositif de ce qui
sappelle encore souvent la cure. Ce dispositif
est rgl, norm. On peut penser quil est
appropri, par les rgles qui lorganisent,
mobiliser la psych, mettre la psych en tat
de fonctionnement purifi. Ainsi, le rcit de
vie qui est inlassablement produit la faveur
du dispositif psychanalytique, est un rcit de
vie congnial lordre de la psychobiographie.6
Do
ma question: que serait un dkpositifsocio-
analytique appropri
ltude, non de la psych,
mais de ce que jai appel lindividu social?
2.1.2.
Rcit de Vie-Recherche et Rcit de Vie-
Nous avons lhabitude de distinguer deux
Intervention
On pourrait toutefois
se
poser ia question: ie
discours produit par la personne en analyse est-il un
rcit de vie, ft-ce au sens large dfini ci-dessus?
Le rcit
de
vie
prsuppose un Je
constitu, alors
que
peut-tre la
mthode
analytique
a
pour sens
de
briser ce
Je
constitu pour laisser venir, par bribes
et morceaux, en fragments clats, des productions
psychiques (fantasmes, rves, ...). Notons que,
lorsque
Politzer pensait la mthode
du rcit, il se
rfrait
la
mthode analytique des
associations
libres.
e
peux, explique
Serge Doubrosky dans
e
Livre bris)), raconter deux vies qui sont les miennes
et pourtant diffrentes,
et
pourtant tout
aussi vraies
lune et lautre, celle
que je me
suis construite
(ou
quon ma
construite) en
analyse,
sur le
divan articule
autour
de
loedipe,
et
celle
qui rsulte de
mon
tre
de classe
et
de
race.
... Je suis
quelque
part
lintersection
de schmas qui ne sont pas
superposa-
bles.
Je
gis
sous
un oedipe gros comme une monta-
gne.
Je
geins dans ltau
des
contradictions
de
classe
et de race(p. 276).
Cf. chapitre, ((Lautobiographie:
de
Tartempion)) (pp.
251-277).
pratiques de lapproche biographique par le rcit
de vie: la pratique de recherche et la pratique
dintervention. Entre ces deux pratiques, il
y
a la fois des diffrences notables et
caractristiques, en mme temps que des
ressemblances
et des points communs. On ne
peut pas en effet diffrencier absolument le rcit
de vie-recherche et le rcit de vie-intervention.
1.
Dans les deux cas, il
y
a un ou des
narrateurs,
un ou
des narratairi?s. Les narrateurs:
ceux qui se racontent; les narrataires: ceux qui
sont en position dcoute et de stimulation du
rcit des premiers (et qui ne se racontent pas).
Dans les deux cas, on peut utiliser des
outils
techniques simples pour stimuler le rcit (de
ceux-ci, je parlerai prcisment propos du rcit
de vie-intervention, parce que cest cette
occasion quils sont surtout dusage, bien quils
puissent tre utiliss aussi dans le rcit de vie-
recherche).
2. La diffrence principale est dans la
finalit
et, partant, lie
celle-ci, dans une modalit
du rapport narrateur-narrataire.
Dans le rcit de vie-recherche, la finalit
principale est la recherche. Il y a un ou des
chercheurs qui tudient un thme, une question,
et ils font la dmarche daller vers des personnes
concernes par ce thme, par cette question.
Cest le chercheur qui est demandeur: seriez-
vous dispos
maider,
collaborer avec moi?
Accepteriez-vous de vous raconter?
Dans le rcit de vie-intervention, la finalit
principale est de permettre une
ou
des
personnes de faire un travail sur elle@)-mme(s).
Les personnes narratrices sont demandeusesde
ce travail. Dans ce cas, il
y
aura versement
dargent, paiement des narrataires par les
narrateurs (dans le premier cas, on pourrait
imaginer linverse: les narrataires paient les
narrateurs).
(II faudrait encore ajouter une troisime
dimension: la
formation.
Une finalit qui peut
tre celle des personnes qui participent comme
narratrices une activit de rcit de vie-
intervention, ce peut tre aussi la formation:
se former
lapproche et la mthode biogra-
phique).
3.
On ne peut pas opposer de manire absolue
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le rcit de vie-recherche et le rcit de vie-
intervention: il y a toujours
la fois recherche
et intervention, intervention et recherche.
La personne qui agre la demande dun
chercheur et accepte, pour lui, de se raconter,
va aussi effectuer un travail sur elle-mme. On
peut penser que, si elle accepte, cest quelle
y
voit un intrt pour elle-mme. Cette dimension
doit tre prise en compte.
Inversement, le rcit de vie-intervention est
loccasion, pour les narrataires, dune recherche
poursuivie.
2.2.
Le
Rcit de Vie-Recherche
2.2.1.
La
Recherche dAnne-Marie Daneau
Mon premier contact avec le rcit de vie-
recherche a t un contact effectu travers la
recherche entreprise par Anne-Marie Daneau
qui a dbouch sur un mmoire prsent la
FOPA sous le titre: Rom ans personnels. Traits
dhistoires communes. Trois rcits de vie sur
la maladie mentale)), 1988). Je voudrais
mattacher un peu cette recherche, car elle me
parat exemplaire.
Le
point de dpart est le choix dapprocher,
par la mthode du rcit de vie, le thme de la
reprsentation sociale de la maladie mentale
chez desfem me s dorigine ouvrire, hospitalises
pour la premire fois en psychiatrie.
2.2.2. Recueil des Rcits
Comment A.-M. Daneau a-t-elle proced?
Elle
a
trs vite abandonn la rfrence au thme
de
la
reprsentation sociale comme thme privi-
lgi a priori. Sa dmarche a t trs inductive.
Elle a obtenu laccord dun hpital psychiatrique
qui la autorise rencontrer des patients. Elle
a dabord cre une situation de rencontre avec
trois patientes volontaires dmarche quelle a
appel pr-test))), et elle leur
a
demand:
quelles sont pour vous
les
questions importan-
tes? Elle les a coutes, les a enregistres et,
partir de l, a constitu un premier aide-
mmoire)), savoir une premire liste de thmes,
catgories, questions, qui a servi de grille
dentretien pour le recueil des rcits de vie
proprement dits.
Elle a en fait recueilli trois rcits, en situation
individuelle, donc le rcit de trois patientes
volontaires diffrentes des trois premires) avec
lesquelles elle a tabli un contrat prcis: nombre,
lieu, dure des entretiens: les personnes doivent
accepter dtre enregistres, elles savent que leur
rcit servira
la production dun mmoire, on
leur garantit la confidentialit; la narrataire
prcise quelle ne fait pas partie de lquipe
thrapeutique, et quil ny aura pas de contact
ce niveau entre elle et le personnel soignant
de lhpital, ...
Le
processus qui se droule alors peut tre
schmatis comme dans le Tableau
2.
La tierce personne)) est une personne qui
a une exprience de la pratique du rcit de vie
et qui, entre deux entretiens, aprs avoir lu de
son ct la retranscription de lentretien, rencon-
tre le narrataire, laide prendre distance et
analyser le matriel moment dit dkinteranalyse).
2.3. Analyse des Rcits
Aprs la phase de recueil des rcits, vient la
phase danalyse systmatique du matriau. Pour
moi, cette phase demeure un problme, que je
matrise mal. On a un matriau de rcits con-
crets, touffus, complexes. Comment le dbrouil-
ler, lanalyser, linterprter de manire mtho-
dique?
Ici sopre une rencontre avec les mthodes
connues comme mthodes
danalyse de contenu.
Par ailleus, je signalerais que le texte mthodo-
logique le plus prcis pour lutilisation du rcit
de vie comme mthode de recherche est,
ma
connaissance, celui de Poirier, Clapier-Valladon
et Raybaut: es rcits de vie: thorie et pratique
(1983) .
Une manire de faire elativement rudi-
mentaire et artisanale onsisterait dgager
des thmes et rorganiser le matriau daprs
ces thmes. Ce qui suppose de repcher tous
les extraits de rcits qui ont rapport
chacun
de ces thmes. Cela peut se faire par le travail
de lesprit naturel humain): lecture, choix
des extraits, dcoupage, usage du ciseau et de
la colle, etc; ou eut-tre ar linterm-
diaire de lesprit artificiel de lordinateur):
la question de la mise au point dun programme
permettant cela reste pose.
Voici comment, me semble-t-il, A.-M. Daneau
a. procd. Je distinguerais deux temps de
fanafyse: 1) Le matriau est rorganis daprs
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TABLEAU 2
Pd-test
ide-mmoire
Premier Entretien 4 guide dentretien
lecture
par
la
namataire
__ laide-mmoire
Deuxime entretien 4
(et
ainsi
de suite)
des thmes. Ces thmes sont ceux de Iaide-
mmoire, retravaill et recible au fil des
entretiens. Dans lcrit final (le texte du
mmoire), les thmes sont passs en revue, ce
qui sy rapporte est synthtis, un sens est
dgag, des extraits de rcit significatifs iilustrent
ce sens; (2) On ne peut se contenter de ce
premier temps de lanalyse:
dans un deuxime
temps, on procedera a une
interprtation par
rattachement une
ou
plusieurs hypothses et
un
corpus thorique. Dans ce cas dA.-M.
Daneau, cette opration sest effectue poste-
riori, aprs coup (pas dhypothse prcise, ni
de corpus clair
a
priori). Voici une hypothse
qui
a
t mise a posteriori: une des sources
Les rsultats principaux
de
la recherche ont t
synthtissdans un article de Perspectives (12, Dec 988).
de la souffrance psychique de ces trois femmes
est la contradition vcue entre deux modles
de femmes: la femme traditionnelle, pouse et
mre, et la femme moderne, autonome (un peu
comme si on leur adressait le message suivant:
tu dois tre autonome, mais prends garde: reste
bonne mre et bonne pouse))). Enfin cette
hypothse a t formule dans les termes dun
modle thorique issu de Srgio Piro de
techniche della liberazione,
1971): pour Piro,
la souffrance psychique est lie une contradic-
tion interne (ou un conflit psychique) entre
deux lignes (intriorises), qui sont elles-
mmes le reflet, au plan psychique, de lignes
sociales (on pourrait ici remplacer lignes par
formes historiques dindividualit)) ou types
historiques dindividu)), en loccurrence des
5 6
-
7/26/2019 LApproche Biographique- Thorie, Mthode, Pratiques - Legrand (1993)
9/16
modles de femme)), ou encore par habitus
de sexe).9
2.2.4. Autres Recherches
Anne Noel
a men, selon la mme mthodo-
logie quA.-M. Daneau, une recherche sur les
carrires institutionelles en psychiatrie (cf. Car-
rire psychiatrique et histoire de vie)),
1989).
-
patients (alcooliques)) (cf. ci-dessous)
- femmes maghrbines immigres en situa-
tion de crise (accueillies dans un home
daccueil).
Recherches en cours sur:
Recherches en projet sur:
- chmage
-
quart monde
-
trajectoire sociale de personnes psychana-
lyses.
2.2.5. Recherche sur lAlcoolisme
Francis Loicq et moi-mme avons commenc
un e recherche
sur lalcoolisme. Nous bnficions
gaiement, pour cette recherche, de la collabora-
tion dYvonne Wetzels, tudiante en psychologie
luniversit de Louvain, qui prpare son
mmoire sur le sujet. Dans le cadre de cette
recherche, nous procdons actuellement au
recueil de trois rcits de vie de patients
alcooliquess,
qui sont ou ont t hospitaliss
lInstitut Psychiatrique
La
Clairire Ber-
trix (qui nous a offert sa collaboration).
Notre dispositif de travaii est un peu diffrent,
s u r
certains points, de celui dA.-M. Daneau.
En particulier: (1) nous navons pas procd
un pr-test; (2) la pratique de linteranalyse
est moins systmatique.
Pour une introduction
O
en langue franaise,
cf. mon ouvrage sur la
((Psychiatrie alternative
italienne (1 988).
A.-M.
Daneau avait la volont de faire merger
les thmes pertinents du discours des personnes elles-
mm es do le sens du pr-test). Elle voulait son
attitude, au mom ent des entretiens, aussi non directive
que possible eiie compare mme son coute
ce que
les psychanalystes appellent lcoute flottante). Pour
notre part, par contre, nous avons choisi dexplorer
systmatiquement le matriau qui est, selon nous,
pertinent du point de vue socio-analytique. Notre
Nous avons procd
une
tude prliminaire
de la problematique de lalcoolisme.2 Dansa
cette tude, nous avons dgag une hypothse
de travail. Cette hypothse porte sur le moment
du basculement (notion reprise O. Kuty et C.
Macquet,
1988).
A vrai dire, la notion de bascu-
lement telle quutilise par ces deux auteurs
nous parat ambigu. On peut distinguer en
effect deux moments de basculement. Un
premier moment de basculement intervient
lorsquun seuil est franchi dans le rapport de
la personne lalcool (une manire de formuler
ce moment serait la suivante: le recours
lalcool qui tait recherche de solution un
problme, devient lui-mme problme). Quant
au deuxime basculement (que semblent privil-
gier Kuty et Macquet), il correspondrait au mo-
ment de ltiquetage (souvent auto-tiquetage).
Notre hypothse porterait plutt sur le premier
basculement: dans certains cas, le basculement
correspondrait un moment biographique
caractris par une surdtermination de contra-
dictions psychosociales (hypothse issue de de
Gaulejac et de Piro).
Il
faut toutefois insister sur un point: notre
recherche se veut avant tout exploratoire. Plutt
qu tester une hypothse (nous prenons
lhypothse ci-dessus cum grano salis))), elle
veut servir faire merger des hypothses,
formulables dans le cadre socio-analytique.
Ce
que nous faisons en fait, cest explorer lhistoire
de vie de lalcoolique selon les perspectives de
notre approche (mise en jour et exploration dun
matriau socio-analytique), de faon
voir si
la reconstruction que nous pourrons oprer avec
nos outils de cette histoire de vie pourra jeter
attitude est assez directive questionnement actif).
Ce qui ne veut pas dire quon ne puisse se laisser
surprendre par le matriel et rorienter un
questionnement en fonction de ce qui
surgit
sans avoir
t attendue
Nous pratiquons nanmoins linteranalyse car
celle-ci nous pa rat essentielle simplement, nous ne
lavons pas pratique chaque fois): elle aide
la prise
de recul du narra taire et
la formulation dhypoth-
ses. Nous la pratiq uons au sein de lquipe de travail
(F.
Loicq est la tierce personne)) de
M
egrand et
inversement; M. Legrand est la tierce pe rsonne )) dY.
Wetzels).
Cf.
M.
Legrand
Notes diverses en vue de la
conce ption dun project sur R cit de vie et alcoolis-
me
(1989).
507
-
7/26/2019 LApproche Biographique- Thorie, Mthode, Pratiques - Legrand (1993)
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un clairage sur le rapport de lalcoolique
lalcool, sur la
place
quest venu occuper lalcool
dans cette vie. Lentreprise est donc aventureuse.
Peut-tre notre approche ne projetera-t-elle
aucun clairage sur ce problme. Peut-tre
projetera-t-elle un clairage partiel (en toute
hypothse, notre clairage ne pourra tre que
partiel). Mon sentiment est que, sans doute,
nous pourrons clairer
certains aspects du
contexte lintrieur duquel la conduite
alcoolique vient prendre
sens (nous ne cherchons
pas des causes et sommes davis comme
beaucoup quil faut cesser de chercher des
causes de lalcoolisme). Toutefois, il est possible
que, lorsque lemballement alcoolique se
produit, intervient un mcanisme de rpetitiori
spcifique pour lequel nous navons pas doutil
danalyse (ce mcanisme serait dun autre ordre,
peut-tre psychique, que les phnomnes socio-
analytiques): Philippe Lekeuche (indits et
conversations prives) voque une sorte de trou
(homologue ce que les astrophysiciens
appellent les ((trous noirs))) dans lequel
sengouffre la vie de lalcoolique ce moment
et en un certain sens, lalcoolique naurait plus
dhistoire).
2.3. Le
Rcit
de
Vie-Intervention
Comme je lai dj dit, la pratique du rc:it
de vie-intervention est ce qui fait notre
origina-
lit.
Non pas que nous soyons les seuls dve-
lopper ce type de pratique (cf. les groupes dirt-
tervention organiss depuis plusieurs annes par
V. de Gaulejac et ses collaborateurs sous lintitii-
le
Roman familial et Trajectoire sociale).
On
peut dire toutefois que de manire gnrale, le
rcit de vie-intervention est peu pratiqu.
Cest aussi par l que nous nous inscrivons
dans la mouvance des
sciences humaines clini-
ques.
3
l 3
Je
nai pas
la place
ici pour dvelopper le concept
de
science humaine clinique)).
l
est plus quurgent
mon sens de dfendre la dignit et loriginalit
des
((sciences humaines cliniques et
den
laborer
lepistmologie propre. En outre, je pense
que
la
matrice historique des
sciences
humaines
cliniques
est
la
psychanalyse.
Do limportance
de celle-ci
comme
terme
de comparaison. Nous avons mesuter
ce
que
nous avons
en
commun avec la psychanalyse
et en mme temps
ce
qui nous
en
diffrencie.
On pourrait parler,
propos de ce que nous
faisons, de sociologie clinique)) (de Gaulejac)
ou de psychologie sociale clinique)).
En quoi consiste le rcit de vie-intervention?
La pratique de lintervention que nos matrisons
le mieux, et qui nous semble jusqu nouvel
ordre la plus fconde, est celle de
lintervention
groupale.
Une pratique individuelle en face
face, entre un narrateur et un narrataire nest
nullement exclue, mais nous en avons moins
dexprience (cest une forme de pratique que
nous commenons dexplorer en fonction des
demandes que nous recevons; nous devrons bien
mesurer lintrt spcifique de celle-ci et ses
limites par rapport lintervention groupale).
Toujours est-il que je parlerai ici essentielle-
ment de la pratique dintervention groupale, qui
constitue en quelque sorte notre
mthode-type
(on sait que les psychanalystes parlent de (cure-
type).
Le groupe est compos de
5 7
narrateurs
et dl 2 narrataires, que nous appelons aussi
animateurs.
Les narrateurs vont tre stimuls produire
un rcit.
Comme je le disais plus haut, pour stimuler
le rcit, nous utilisons quelques
outils techniques
simples
par exemple14: (a)
larbre gnalogique.
Ceci indique notre souci denraciner Ihistoire
de vie individuelle dans le territoire familial.
Larbre gnalogique que nous demandons est
un arbre mocio-analytique)), qui inclut,
titre
essentiel, pour chacun des personnages, des
indicateurs de position sociale (profession,
tudes,
...);
(b)
le dessin sur le projet parental;
(c)
la lecture dextraits de romans auto-biograp-
hiques;
(d)
la ligne de vie15.
Sur la base de ces stimulants, chacun des
narrateurs va tre ainsi amen produire un
rcit. Chacun disposera, pour son rcit propre,
dune plage de temps de
6 8
heures la dure
totale dun groupe fluctue donc entre
30
et
50
heures).
Le
rcit peut tre ax de manire privilgie
sur telle ou telle dimension de la vie,
selon les
l 4 Cf. aussi
V.
de Gaulejac Les supports
mthodologiques, pp. 276-289). La list ci-dessous
est
indicative, non exhaustive.
l5 Pour
ces deux
derniers outils, nous avons t
inspirs par:
J Y
Rochex, ((Biographie, rapports
sociaux et rapport
la scolarit)).
5 8
-
7/26/2019 LApproche Biographique- Thorie, Mthode, Pratiques - Legrand (1993)
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choix oprs au dpart.
Par
exemple, on travail-
lera davantage sur la trajectoire profissionnelle
ou
sur la trajectoire conjugale.16 Toutefois, il
est clair que toutes les dimensions, tous les
champs de lexistence sont intriqus: on ne peut
limiter le rcit
un seul champ: dans tous les
cas, des articulations avec dautres champs sont
prises en compte.
Que se passe-t-il alors? Jexplorerai brive-
ment ci-dessous trois phnomnes.
2.3.1.
Attitude et Mode dIntervention de
lAnimateur
Canimateur
a
un rle
trs actif.
Il intervient
beaucoup (ceci diffrencie fortement linterven-
tion socio-analytique de la psychanalyse).
E n
quoi consistent ces interventions?
Il me
semble quil faut considrer deux phases: la
phase dexploration et la phase dhypothse ou
dinterprtation.
1
Dans une premire phase, il sagit pour
lanimateur de
stimuler la production de
matriel pertinent, daider le narrateur
lexploration. Cela se fait par des questions.
Canimateur demande des prcisions. Les ques-
tions poses sont aussi concrtes que possible.
(Jouvre ici une parenthse importante. Le
lecteur se demande peut-tre depuis longtemps
ce quest ce matriel pertinent
dont on ne
cesse de parler sans le dfinir prcisment. Nous
renvoyons ici
larticle de
F.
Loicq Le
rcit
de vie centr sur lhritage
familial et
la
trajectoire sociale,
1987.
Cet article expose en
effet de manire trs concrte les
terrains
qui
sont explors par le rcit de vie socio-analytique.
On verra aussi comment la rfrence aux
concepts de Bourdieu, notamment aux concepts
des
capitaux
conomiques, sociaux, culturels et
symboliques, est ici centrale).
2. Le
passage de la premire
la deuxime
phase est insensible.
Les
questions sont dabord
exploratoires et peuvent se dployer un peu tous
l6
On peut
imaginer dautres possibles, non encore
explors
par
nous,
par
exemple, un
groupe centr
sur
la
trajectoire religieuse
et
idologique.
azimuts. On saperoit aiors que, petit
petit,
les questions sont plus orientes. Canimateur
creuse une question quil approfondit. Un fil
important apparat lanimateur, quil est
occup
drouler.
Une hypothse est en train
de slaborer.
Ceci se fait toujours dans
linterchange avec le narrateur et reste toujours
trs prs du matriel concret. Certaines pistes
sont abandonnes en fonction du matriau
produit par le narrateur, dautres sont reprises.
Le
processus est assez fin et subtil. Toujours
est-il qu un moment donn, si la piste suivie
a t fconde, une hypothse se dgage plus
clairement.
Au
dpart, lhypothse a t
implicite. A un moment donn, elle prend
consistance. On pourrait dire que ce moment
est celui
o
est formule
une interprtation
socio-analytique.
Une interprtation consistant
toujours
mettre en rapport,
nouer des liens
entre des lments du matriau qui,
au
dpart,
navaient pas de lien apparent (un exemple
simple: on mettra en rapport les modalits dun
choix dtudes avec les modalits du rapport
un personnage familial, par exemple le pre).
On signalera enfin une modalit possible
dintervention de lanimateur qui est dun ordre
assez spcifique: lintervention de
recadrage
sociologique. Il sagit aussi ici dtablir des liens,
mais non plus entre deux aspects de cette
histoire de vie et des processus sociologiques
plus gnraux (par exemple, on indiquera
comment les volutions dun rapport la
condition fminine, observes dans une histoire
concrte, renvoient
des volutions sociales plus
gnrales: cette histoire, tout en tant singulire,
est aussi traverse par luniversel).
2.3.2.
Place et Rle du Groupe
Deux lments sont ici mentionner.
1.
Trs vite, les interactions
dans le groupe
dintervention,deviennent collectives, grnupales.
Au dpart, surtout en dbut de session, la
relation se situe entre le narrateur et lanimateur.
l7
Malgr
que
lattitude
de
lanimateur soit
trs
active,
et
cela dentre de jeu,
il
nest pas faux de
dire
quil est en mme temps
en situation dinsuvoir.
Chaque histoire est singulire. Il sagit
chaque fois
dune dcouverte.
Il
nexiste jamais dhypothse
prdtermine.
5 9
-
7/26/2019 LApproche Biographique- Thorie, Mthode, Pratiques - Legrand (1993)
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Celui-ci, en quelque sorte, montre la voi-,
indique le type de travail possible. Puis, petit
petit, tout le monde intervient, de
la
mme:
manire que lanimateur: questions, demandes
de prcisions, formulations dhypothses..
Lanalyse devient groupale.
2.
Peu peu, des rsonances se produisen,
entre les participants. Des comparaisons seffec-
tuent. On mesure des points communs et des
diffrences. On continue sa propre analyse eri
coutant le rcit des autres. Ceci indique incon-
testablement une richesse spcifique de Iinter-
vention groupaie. 8
2.3.3. Transfert et Contre-Transfert Socio-
Analytique
Je dfinirai les phnomnes dont on
va
parlei:
ici de la faon suivante: il sagit des
relation:?
qui se nouent dans lintervention entre les
membres du groupe dintervention en rapport
avec le matriau socio-analytique.
On peut distinguer trois ordres de
phnomnes appartenant ce registre: (1) Les
relations entre les narrateurs. Jen ai parl plus
haut en termes de rsonances rciproques. Pour
lanimateur, ces rsonances font partie du
matriau de lanalyse. Il doit avoir lhabilit de
les dbusquer, de les reconnatre et de permettre
ce quelles sexpriment et slaborent;
(2)
Les
relations qui vont du ou des narrateurs vers
lanimateur:
il sagit du
transfert
socio-
-analytique proprement dit. Ceci reste encore
pour moi assez obsur. Jai toutefois pu observer,
au moins dans un cas, comment certaines posi-
tions prises dans iintervention par un narrateur
vis--vis du dispositif de lintervention (critiqule
du dispositif, rivalisation avec lanimateur)
rejouaient certaines caractristiques marquantes
de la personnalit historico-sociale du narrateur.
En loccurence ici, le transfert sexprimait sous
forme de rsistance de transfert. La tche de
lanimateur, alors, comme en psychanalyse, ne
peut tre que de tenter de reconduire cette
rsistance aux caractristiques de la personnalit
historico-sociale du narrateur: faire de La
l S
On pourrait dire quune spcificit de
lintervention groupale est
de
produire une surdessit
de matriau socio-analytique.
rsistance de transfert une voie daccs au
matriau socio-analytique; 3)
es
relations qui
vont de lanimateur vers le
ou
les narrateurs:
il sagit du
contre-transfert socio-analytique
proprement dit. Ce phnomne, par contre, est
trs clair mon esprit, puisque je le vis en
premire personne. Il est invitable que le
matriau socio-analytique produit par les
narrateurs suscite des rsonances chez lanima-
teur, et cela en fonction de ce que lui-mme
est en tant quindividu social. Il peut sagir, par
exemple, didentification forte
un narrateur,
ou encore de ractions affectives ngatives
(((mais cest dgueulasse ), qui renvoient ses
propres origines sociales ou ses valeurs sociales
intriorises ((cethos))selon Bourdieu). Comme
en psychanalyse, le contre-transfert socio-
-analytique peut tre un obstacle, mais aussi une
ressource. Il est obstacle sil nest pas contrl
ou matris. Do limpratif de le reconnatre,
de lanalyser et de sen distancer (naturellement,
des drapages ne sont jamais absolument ex-
clus). Ds lors, lorsquil est reconnu, analys,
maitris, il devient ressource pour llucidation
et
la
comprhension du matriau. Comme le
psychanalyste, le socio-analyste doit travailler
avec son contre-transfert. Ceci implique une
exigence de formation: la formation du socio-
-analyste omme celle du psychanalyste
doit commencer par une entreprise de
socio-
-analyse personnelle, qui nest jamais acheve,
toujours
poursuivre et reprendre.
Nous terminerons par la question importante
des effets du rcit de vie-intervention. Par
nature, en effet, et contrairement au rcit de
vie-recherche, le rcit de vie-intervention veut
avoir des effets, et des effets de
changement,
sur la personne qui se ra~onte.~uen dire?
Il nous parat important de distinguer
deux
types deffet
induit par le dispositif: (1) L e
premier effet recherch par le dispositif est de
permettre aux personnes deffectuer un travail
l9 Ceci
ne
veut pas dire
que le rcit
de vie-recherche
ne
puisse
pas
avoir deffets. Nous pensons que tout
rcit de vie-recherche doit tre attentif
ces
effets
possibles. Nous voulons simplement dire que ce nest
pas le but
poursuivi.
Dans
ce
cas
a premire exigence
dontologique est
en
tout cas de
ne pas nuire.
51
-
7/26/2019 LApproche Biographique- Thorie, Mthode, Pratiques - Legrand (1993)
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socio-analytique; (2) Le travail socio-analytique
seffectuant, on devrait pouvoir en attendre des
effets (((seconds))) sur la personne.
Cette distinction entre ces deux types deffets
a galement son parallle en psychanalyse. Le
premier effet vis par le dispositif psychanalyti-
que est de stimuler le travail psychique (associa-
tions, remmorations, fantasmes, rves, ...).
Toutefois, on sattendra en gnral que ce travail
psychique, mesure quil seffectue, produise
des effets que lon qualifiera habituellement de
((thrapeutiques)) selon la clbre formule, la
gurison venant de surcrot))).
Reprenons successivement ces deux points.
1 Lactivation du travail socio-analytique
Jaurais tendance
dire, daprs mon exp-
rience,
quen gnral a marche.
Quand le
dispositif est mis en place, a marche et a ne
peut que marcher (la situation groupale est
cet gard trs importante).
Il faudrait toutefois tre plus nuanc: a
marche en gnral, mais a ne marche pas
toujours de la mme faon pour tout le monde.
Des rsistances
a u
travail socio-analytique peu-
vent tre observes, et parfois elles demeurent
et ne cdent pas. Ces situations doivent encore
tre rflchies.
Quels sont les indicateurs que a marche))?
Il faudrait les systmatiser.
Lindicateur le plus important nest autre que
la libration et lafflux
de
matriau socio-
-analytique (comme il sagit, en psychanalyse,
de libration et dafflux dun matriau de repr-
sentations psychiques).
Un exemple. Entre deux sances au cours
desquelles il travaille, un narrateur recherche et
trouve une coupure de journal dans laquelle a
t publi un reportage sur sa grand-mre (le
thme de larticle est le monde rural, et lui-
-mme a t conduit
travailler sur ses origines
paysannes).
2. Effets de changement induits par le travail
Cette question est plus difficile. Il est
invitable que nous croisions ici le thme de la
thrapie. A
cet gard, il faut faire une
distinction trs importante: (a) En ce qui nous
concerne, nous navons travaill jusquici
quavec des normaux: des personnes qui, bien
socio-analytique
sr, comme tout un chacun, ont des problmes,
vivent des difficults, traversent certaines crises
personnelles, mais qui nont pas bascul dans
quelque chose qui serait proprement de lordre
psychopathologique. Si donc lintervention
socio-analytique est une thrapie ou une quasi-
-thrapie,* ce nest
ce jour quune
thrapie
pour les normaux, selon lexpression de Robert
Castel; (b) Lintervention socio-analytique
pourrait-elle devenir une forme dintervention
utile pour des personnes qui vivent en tat de
souffrance psychique de niveau psychopatholo-
gigue? Nous nen savons rien, et nous abordons
ce problme avec une extrme prudence.
Les considrations qui suivent concernent
donc exclusivement les normaux. Quels pour-
raient tre, pour eux, les effets dun travail
socio-analytique?
Il faudrait ici reprendre une (belle) formule
que nous avons lhabitude dutiliser (elle figure
dans la signification de 1ARBRH): nous vou-
lons contribuer
une rappropriation, par les
personnes, de leur histoire, faire en sorte que
les personnes soient davantage auteurs de leur
histoire,
soient
davantage sujets.
La formule est utilise aussi bien par
Castoriadis, parlant de la psychanalyse, que par
Bourdieu, voquant la socio-analyse. Ce qui ma
incit construire le bleau 3, qui compare
psychanalyse
e t
socio-analyse, et utilise la
distinction entre psych, individu social et sujet.
2.3.4.
Commentaires du Tableau
La
psychanalyse travaille sur la psych et
linconscient psychique, et tend mettre
O
Je tiens
signaler quAbdelmalek Sayad
(1979),
ayant recueilli le rcit de vie dune jeune fille
algrienne aux prises avec les contradictions de
limmigration, a estim que la socio-analyse ainsi
entreprise avait rempli une fonction analogue la
fonction attendue dune cure. Je dis aussi parfois
quil1 suffirait, pour que la asocio-analysen devienne
thrapie, que a se dise et que a se sache (sil est
vrais quun des facteurs communs essentiels de toute
thrapie est lattente croyante
ou
la foi expectante).
Mais ce jour, nous ne le disons pas.
Il est possible que, dans la continuit de la
recherche entreprise sur lalcoolisme en collaboration
avec lInstitut Psychiatrique de Bertrix nous puissions
animer un groupe dintervention avec des patients
alcooliques de cette institution.
511
-
7/26/2019 LApproche Biographique- Thorie, Mthode, Pratiques - Legrand (1993)
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TABLEAU 3
Comparaisondes effets de la psychanalyse et de la socio-analyse
recodage d e lindividu social en termes de psych
et nsqlue doccultation)
Psychanalyse Psych Individu social) Sujet
T
en
tant
quentreprise. pratique)
inconscienit psych ique)
l
Travail sur la psyche en vue de
lavnement dun sujet Castoriadis)
O
U ctait,
e
dois adven ir (Freud)
Socio-analyse
en tant quentreprise. pratique)
Sujet
T
ecodage d e la psych
en term es dindividu social
et
risque
doccultation?
Psych) Individu soci al
inconscient social)
Travail sur lindividu soci al en vue d e
lavnement dun sujet Bourdieu)
lindividu social entre parenthses. Lorsquelle
rencontre lindividu social (et elle ne peut pas
ne pas le rencontrer), elle en recode les
expressions dans les catgories de la psych (par
exemple, elle interprtera le choix profissionne1
ou le rapport largent en termes dinvestisse-
ments libidinaux) et par l risque davoir u:n
effet doccultation de lindividu sociaLZ2Enfiri,
par ce travail, la psychanalyse vise lavnement
dun
sujet, en sorte que, selon la clbre formule
freudienne
Wo
Es war, sol1 Ich werden)) (
-
7/26/2019 LApproche Biographique- Thorie, Mthode, Pratiques - Legrand (1993)
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dune petite libido narcissique... on puisse se
priver dun instrument qui permet de
se consti-
tuer vraiment n peu plus en tout cas
comme un sujet libre, au prix dun travail de
r
ppropriation)) (Choses dites,
1987, p.26; je
que qui est insparablement une socio-analyse))
offre un moyen, peut-tre le seul, de
contribuer,
ne fut-ce que par la conscience des dtermina-
tions,
la construction, autrement abandonne
aux forces du monde de quelque chose comme
un sujet
k
ens pratique,
1980, pp.40-41; je
souligne).
Tout cela est bel et bien, dira-t-on, mais
comment est-ce que cela sapprhende concr-
tement? Je distinguerais nouveau deux effets:
(1) Un effet
dlucidation,
ou de
prisede cons-
cience))
socio-analytique. Cet effet peut sappr-
hender dans le processus du travail socio-analy-
tique activ par le dispositif, il en dcoule direc-
tement; (2) Un effet de
changement
qui se
manifeste
au niveau des manires de vivre, des
choix, des dcisions, qui attesterait quune
personne est davantage ((auteur de son histoire)).
Le
second effet est beaucoup plus difficile
apprhender. Le passage de leffet 1 leffet 2
ne va dailleurs pas de soi. Soit une personne
qui travaille sur sa relation conjugale et devient
davantage consciente, travers le travail socio-
-analytique, du rle qua pu jouer dans cette re-
lation un dcalage culturel entre son conjoint et
elle. Dans quelle mesure rsultera-t-il de cet effet
dlucidation ou de prise de conscience une mo-
dification du rapport au conjoint ou une mani-
re diffrente de grer une trajectoire conjugale?
On ajoutera encore que certaines personnes
arrivent avec des
questions pragmatiques
prcises, lies leur trajectoire actuelle. Par
exemple: comment vais-je grer une reconversion
profissionnelle? Ou: vais-je ou non reprendre
des tudes? Dans ce cas, ces questions seront
directement affrontes, non seulement travers
llucidation de lhistoire passe (de sorte que
celles-ci soient redimensionnes et ventuelle-
ment reformules) qui a conduit ces questions,
mais aussi travers
lanalyse de stratgies
possibles. Et parfois ces personnes nous disent,
en cours dintervention et aprs quelles aient
effectu leur tranche de travail socio-analytique:
jai fait ceci ou cela, jai pos tel acte, que
je naurais jamais pos auparavant)).
s
d ligne). Ou encore: toute entreprise sociologi-
Je terminerai par
un exemple.
Au cours dune
intervention,
M.
reconstruit son histoire
familia-
le et personnelle, il travaille sur ses origines
paysannes, sur la rupture qua reprsente par
rapport celles-ci son accs
luniversit, il
voque son rapport au champ littraire et
artistique (cinma, photographie, criture) qui
reste pour lui insuffisamment exploit. Dans ce
contexte, il parle des oeuvres du cinaste Jean-
-Jacques Andrien qui le touchent particulire-
ment en rapport avec sa problmatique person-
nelle. Au cours dune sance ultrieure, il nous
amne chacun une photocopie dun texte quil
a crit. Il sagit dune lettre de 3 pages adresse
la Revue Les Cahiers du Cinma)). Cette
lettre ragit une critique du dernier film de
J. J. Andrien ((Australia)), quil a juge inad-
quate. On peut
y
lire:
Le
choix vritable
implique non une coupure, une rupture, mais
une confrontation avec ses racines, avec le milieu
familial et culturel dorigine. Cautonomie ne
peut se trouver que par la reconnaissance et
larticulation des multiples rseaux sociaux qui
tissent chaque tre humain.)) Il nous dit entre
autre: Enfin jai russi
terminer lcriture
dun texte, mme court.))
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