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L’exode des cerveaux africains et le défi du développement : la marche à
rebours
Assia IALLOUCHEN1
Résumé :
Eradiquer la pauvreté et placer les pays africains sur la voie de la croissance et du
développement durable : tel est l’objectif principal de l’OUA. Pour réussir ces programmes,
plusieurs conditions doivent être réunies : assurer la sécurité, la paix et promouvoir la bonne
gouvernance. Ces programmes doivent s’insérer dans des secteurs préalablement identifiés,
notamment les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les ressources
humaines, l’éducation, puis résoudre un problème très important : « l’inversion de la
tendance à la fuite des cerveaux », conséquence de cette fuite, qui est au centre de cet article.
Disons-le tout de suite ! parmi les cinq continent, l’Afrique est lanterne rouge qui, en plus de
l’exploitation éhonté de ses richesses naturelles, elle joue aujourd’hui, le rôle de réservoir de
matière grise, celle-là même dont elle a besoin de se développer, comme l’affirme bien,
Gaston-Jonas kouvibidila.2 Il est vrai aussi qu'étant un continent riche, l'Afrique est très
convoitée. Se pose donc le problème de savoir si les convoitises dont l'Afrique est l'objet
jouent en sa faveur ou contre elle.3 L'expression « pays en voie de développement » s'est
alors imposée, malgré leurs richesses, pour mieux qualifier ce groupe d'États, qui devaient
atteindre, tout au plus en une ou deux générations, l’aisance matérielle des nations
1 Je remercie vivement Mr.Essarsar Mehdi de sa relecture attentive de cet article. 2 Gaston-Jonas KOUVIBIDILA, « la fuite des cerveaux africains, le drame d’un continent réservoir », Edition l’Harmattan, 2009 ; 3 Ibid.
2
occidentales. Force est de constater, insiste, un diplomate péruvien, que ces pays ne se
développeront jamais comme prévu, pire, plusieurs s'enfoncent dans une plus grande misère
qu'autrefois. Le supposé progrès vers le développement est en fait devenu un non-
développement, un déclin progressif confinant ces pays dans la non-viabilité économique
permanente, créant ainsi ce qu’il nomme des ECI, des entités chaotiques ingouvernables :
explosion urbaine, prédominance du secteur informel, exclusion sociale, frustration
grandissante canalisée par un vif désir d'émigration des jeunes.
Les pays africains, considérés dans leur ensemble, ont-ils les possibilités financières de
financer leur développement? Si Bien que la question de l’aide au développement soit très
importante, nous n’avons pas souhaité écrire un article d’économie, néanmoins un accent
particulier est mis sur l’équation suivante : aide au développement égale réduction de la fuite
des cerveaux, évoquée largement par les dirigeants africains.
Comment s'en sortir ? Les pays africains vont-ils continuer de s’appauvrir, alors que
s’accélère la surindustrialisation des pays riches et la montée en puissance des pays
émergents, lesquels manifestent aussi une boulimie éléphantesque d’énergie et de matières
premières ? Les Africains vont-ils continuer de se bercer d’illusions en célébrant une
croissance positive, alors que tous les indices qui la constituent étaient déjà négatifs avant la
crise ? Comment sauver le continent africain si l’on continue de favoriser, directement ou
indirectement, le départ des cerveaux vers les pays riches, plutôt que de les en empêcher, en
mettant en œuvre des politiques multisectorielles, susceptibles de créer un mouvement
inverse?
La question de la fuite des cerveaux africains est sous-jacente au problème global de
l’émigration des populations du Sud vers le Nord. Il y a donc plusieurs questions
d’inaltérable actualité qui brulent les lèvres, auxquelles cet article tente de répondre :
Pourquoi cette fuite ? Qui concerne-t-elle ? Quelle est son ampleur ? De quels pays partent
les cerveaux et où vont-ils ? Y sont-ils bien accueillis ? Cette dernière question renvoie à la
politique d’immigration mise en œuvre dans différents pays d’accueil.
Introduction :
Des Martiens en visite sur la Terre pourraient avoir du mal à comprendre plusieurs choses :
Tout d’abord, pourquoi la planète Terre est-elle divisée en deux camps, d’un coté, une
poignée des pays riches, de l’autre, des pays pauvres beaucoup plus nombreux ? Et pourquoi,
malgré la diversité de leurs ressources humaines et naturelles les pays africains sont, dans
leur ensemble, potentiellement riches, immensément riches, mais ils continuent à être
considérés comme des pays sous-développés ou en voie de développement ?
Certains restants placés parmi les plus pauvres de la planète.4
4 JOHN MADELEY, « le commerce de la faim, la sécurité alimentaire sacrifiée à l »autel du libre-échange, Edition, Enjeux Planète, une collection mondiale pour une autre mondialisation, 2002, p.17.
3
Si ces questions sont récurrentes, le débat n’a jamais été aussi vif. Chacun y va de son
analyse. Mais beaucoup d'entre eux font les mêmes constats:
Depuis que le phénomène de « Brain drain » existe, deux théories s’opposent. Les
internationalistes, d’une part, considèrent que cette migration est un phénomène normal dans
le marché actuel puisque les compétences vont là où la rémunération et la productivité sont
optimales. L’exode des cerveaux est donc aussi bien bénéfique au Nord qu’au Sud. Les
nationalistes, d’autre part, affirment que la répartition des compétences n’est pas équitable et
se produit toujours aux dépens des pays du Sud. 5
Selon la théorie économique, les différences de niveau d’études de la population constituent
un élément de réponse important, et l’amélioration des possibilités d’études devrait accroître
les revenus dans le monde en développement. Toutefois, dans beaucoup de ces pays, si la
rareté des travailleurs très instruits n’est guère contestable, il n’en est pas moins vrai que de
nombreux chercheurs, ingénieurs, médecins et autres cadres des pays en développement
travaillent au Canada, aux États-Unis et en Europe de l’Ouest. 6
Disons-le sans ambages, les régions les plus riches profitent de la migration professionnelles
des gens de Sud, parmi lesquels nombreux sont les titulaires d’un diplôme universitaire
obtenu grâce à des programmes de bourses financés par l’aide. Les Nations Unies estiment, à
environ 27000 le nombre des professionnels africains partis travailler à l’étranger au cours des
15 années qui ont précédé 1975, à environ 60000 ceux qui auraient quitté leurs pays entre
1985 et 1990.Aujourd’hui, environ un Africain sur trois qui possède un diplôme universitaire
travaille en dehors de l’Afrique. Si les pays riches peuvent alors, compenser leurs pertes de
capital humain dans le domaine de la santé grâce à leurs politiques d’immigration choisie en
attirant les migrants qualifiés en provenance des pays en développement, les pays pauvres du
Sud parviennent très difficilement, voire jamais à rééquilibrer la balance.
Selon le ministre de la Santé Camerounais M. Awono, qui a déclaré lors de la Conférence
sur les Ressources Humaines en Santé en Afrique : « la fuite des cerveaux est source
d’inégalité et de fracture sanitaire entre le Nord et le Sud ».
Remarquons bien que pour aborder cette problématique atroce nous avons employé plusieurs
termes : « fuite des cerveaux », « immigration choisie », « mobilité frontalière des
diplômés », « Brain drain », « migrations qualifiées »…de ce fait, une question importante se
pose : entre la notion négative de fuite des cerveaux, et la plus positive de mobilité frontalière
des diplômés sommes-nous en mesure de choisir entre les termes et les concepts ?
5 GAILLARD, A-M., GAILLARD, J « Les enjeux des migrations scientifiques internationales : de la quête
du savoir à la circulation des compétences ». Paris : Harmattan, 1999. 6 William J. Carrigton et Enrica Detragiache, « Quelle est l’ampleur de l’exode des cerveaux ? »,
Finances & Développement / Juin 1999.
4
Même si ces termes sont employés assez fréquemment, les études sur la migration des
scientifiques professionnels impliquent un haut degré d’ambigüité terminologique.
Evidemment, l’émigration des travailleurs qualifiés semble être perçue unanimement dans la
presse comme un phénomène pénalisant pour le pays source. Pourtant, certains chercheurs
parlent d’un deuxième effet positif qui vient contrebalancer le premier.
Inévitablement, le concept de « l’exode des cerveaux » est présent dans cette analyse comme
un fil conducteur, alors même que cette fuite des cerveaux se cherche encore et toujours un
sens, une définition. C’est pour cela, et avant tout développement, il semble utile de s’arrêter
sur un travail de définition tant que notre concept demeure flou. En effet, ce travail de
définition sera largement étoffé dans cet article, mais il nous est possible de fournir dès
maintenant quelques éléments de reconnaissance.
Terminologie
La notion d’ « exode des cerveaux » va de soi pour identifier notre objet d’étude. Si l’on
l’utilise la définition retenue par le Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD), la fuite des cerveaux « se produit lorsqu’un pays perd sa main-d’œuvre qualifiée en
raison de l’émigration. Dans cet article, il faut donc entendre par :
La fuite des cerveaux, l’émigration des travailleurs qualifiés, des universitaires et
autres intellectuels, vers d’autres pays, pour diverses causes. Plusieurs termes,
essentiellement des anglicismes, sont employés pour désigner ce phénomène et
traduire sa dynamique multipolaire, accélérée et diversifiée, dans les contextes
économique, politique et technologique actuels : « professionnal transients », « brain
gain », « reserve transfert of technology », « transit brain drain », « delayed return »,
« skilled transients », « brain mobility» «brain exchange. »7. Selon l’optique
internationaliste, la fuite des cerveaux crée les conditions de la relève de l’élite locale
soit par des outputs (migrations de pays limitrophes, retour de quelques migrants du
pays d’origine) soit par des inputs (relève à l’échelle interne). Elle constituerait donc
une forme de régulation du « brain overflow » (Khadria and Krishna 1997, 347-385).
En formant des pôles connectés à leur pôle d’origine, ce « brain pool » pourrait être à
même de promouvoir la recherche scientifique, de contribuer au développement des
ressources humaines et à la compétitivité économique de leur pays d’origine
(Charum, Granes et Meyer 1994).
La notion d’étudiant étranger utilisée par l'UNESCO s’efforce de se concentrer sur
les facteurs éducatifs qui peuvent amener un jeune adulte à étudier à l’étranger
(Institut de statistique de l'UNESCO, 2006, p. 33). Cette institution internationale
propose ainsi la notion d'étudiant en mobilité internationale qui concerne les
7 La Mobilité internationale des compétences - situations récentes, approches nouvelles, ouvrage collectif sous la direction de Mihaela Nedelcu, Paris, L’Harmattan, 2004, pp. 11-12.
5
personnes ayant quitté leur pays d’origine pour s’installer dans un autre avec l’objectif
d’étudier.
La migration qualifiée signifie la migration de personnes ayant une formation
supérieure (universitaire ou autre) acquise dans le pays d’origine avant l’émigration ou
dans le pays d’immigration ou de transit. Mais ce qu’il faux souligner c’est que le
terme « qualifiée », que l’on peu également traduire en anglais par « skilled », n’a
pas le même sens et la même signification partout dans le monde. Il existe parfois une
certaine confusion dans son utilisation.
Le terme a une relation avec la formation et le niveau de l’éducation d’une personne
mais cette formation et ce niveau d’éducation diffèrent d’un pays à un autre. C’est
ainsi qu’une personne considérée comme qualifiée dans certains pays (notamment
ceux du Sud) n’est pas automatiquement considérée comme telle dans d’autres pays
(particulièrement ceux du Nord). Dans certains pays, le terme est appliqué seulement
aux personnes ayant des qualifications assez spécifiques et des formations supérieures,
mais dans d’autres pays il inclut même les personnes qui ont une formation générale et
une éducation du niveau secondaire. La qualification de la personne dépend beaucoup
plus de la demande de cette qualification dans le marché de travail8. Dans certains cas,
cette qualification est donc différente dans le pays d’origine et dans le pays de
destination. Par exemple, un universitaire ou une infirmière pourraient être considérés
comme hautement qualifiés au Tchad mais pas en Europe9.
Le Brain drain : apparu pour la première fois au Royaume- Uni dans un document de
la Royal Society. Le terme est couramment utilisé par les anglo-saxons, il signifie en
français drainage des cerveaux. Pour les Anglais, par exemple, il s’agissait, à l’origine,
de recruter, à leur profit, des cerveaux dans d’autres pays en leur proposant des
conditions professionnelles et salariales plus avantageuses. Chez les francophones,
certains l’appellent « fuite des cerveaux », d’autres la qualifient de « traite des
cerveaux », la comparant, à tort ou à raison, à la traite négrière dont les anciens pays
colonisateurs furent les vils bénéficiaires.
Le terme « cerveau », quant à lui, indique que l’on se préoccupe d’un personnel
hautement qualifié intellectuellement. Petit à petit, ce terme fut également utilisé
pour désigner la migration d’étudiants du tiers monde partis se former dans les pays
industrialisés. Plus tard, on regroupa également sous se vocable « les personnes qui
partant du Sud représentaient une qualification professionnelle reconnue », qu’elle
soit intellectuelle ou non.
8 Voir pour plus de développements, Michael TEITELBAUM, « Immigration ahead : the meaning and
future of ‘skilled migration ‘ », in Focus on skilled migration, N° spécial de la Revue Around the Globe,
Vol. 3, N°2 Spring 2006, publications de Monash Institute for the Study of Global Movements de
l’Université Monash à Victoria en Australie, pp. 11-16. 9 Cf. Ibidem, p.12.
6
Il est vrai que ce phénomène ne se limite pas au continent noir, il dépasse carrément les
frontières africaines pour toucher de même d’autres pays quelque soit le niveau
d’industrialisation. Il s’agit bien entendu, d’un fléau planétaire induit par la mondialisation et
qui entraine par conséquent, une nouvelle lecture, une nouvelle grammaire des migrations des
compétences. C’est pour cela « une fuite des cerveaux » à sens unique deviens obsolète vu la
complexité de cette forme de migration qui se caractérise par une pluralité de facteurs exogènes et endogènes, de situations, d’acteurs et de dimensions. D’ailleurs, la multiplicité
des concepts que l’on a évoqué dans les lignes précédentes permet de mieux rendre compte
des logiques et des pratiques de mobilité, de circulation, de récupération des connaissances,
d’intégration des migrants dans les projets de développement, etc., que le paradigme de
l’exode des cerveaux ne prend pas en considération.
Il est à signaler que dans cet article, nous mettons particulièrement l’accent sur l’Afrique,
pour la simple raison que ce phénomène fait plus de ravages dans les pays de continent noir,
ces pays pauvres qui sont moins préparés à y faire face. Car la conjonction de ces facteurs ne
permettra pas au continent africain de sortir du coma dans lequel il est plongé depuis près de
cinquante ans.
En effet, la question de la fuite des cerveaux représente un des défis majeurs des pays
africains dans leur combat pour le développement. Pour mener à bien notre sujet, il sera
judicieux de le diviser en deux grands volets :
Dans une première partie nous tenterons d’identifier les espaces géographiques d’où
partent les cerveaux et les domaines les plus touchés par ce qui s’apparente à un fléau,
de montrer ses causes, son importance, et ses conséquences.
La deuxième partie décline la politique d’immigration des pays et institutions
d’accueil, et propose quelques solutions, à différents niveaux, pour réduire les effets
de ce fléau.
7
I- Pauvreté, chômage, et sous-estime de soi des jeunes africains: quelles
alternatives ?
« La pauvreté pousse à l’émigration, la richesse invite à l’expatriation mais une fois arrivés
nous sommes tous des immigrés ». 10
I-1 Pourquoi immigrer ?
Il y’ a toujours eu des migrations : ce sont elles qui ont peuplé la terre. Et puisque notre sujet
précis est aujourd’hui les migrations africaines, il est important de rappeler que les premières
traces de l’homo sapiens, ancêtre de toute notre humanité, ont été découvertes en Afrique et
que c’est d’Afrique qu’est partie sa diaspora qui a peuplé le monde. Mais nous n’allons pas
refaire toute l’histoire de l’humanité. Nous évoquerons seulement, les grands mouvements
migratoires de l’époque moderne et contemporaine en y mettant en relief la part de
l’Afrique.11
L'Afrique est le deuxième continent le plus peuplé au monde et le troisième de par sa
superficie, après l'Asie et l'Amérique. Avec une superficie de 30 22] 532 km2 y compris les
îles, le continent noir occupe 6,0 % de la surface terrestre, et 20,3 % de la surface des terres
émergées. La population de l'Afrique qui s'élève à 944000000 habitants (mi 2007)\ fait 14%
de la population mondiale.
La croissance rapide de la population observée dans cette partie du monde augmente ces
difficultés et accroît l’incitation des populations, en proie à la précarité et à la pauvreté12, à
migrer hors des frontières nationales13 à la recherche d’une vie meilleure.
Qu’ils soient médecins, ingénieurs, maîtres de conférence, chercheurs, cadres supérieurs ou
encore étudiants, la plupart d’entre eux sont tentés par des perspectives de carrière, de salaires
et de conditions de vie plus attractives. Sans compter que dans un contexte politique instable,
un diplôme universitaire est aussi le meilleur passeport pour l’exil.14
Le continent africain semble être particulièrement touché par la fuite des cerveaux au regard
des statistiques et des préoccupations alarmistes des organisations internationales et des
analyses des médias. Les organisations internationales tirent sur la sonnette d’alarme. Elles
n’hésitent pas à considérer les migrations permanentes de cadres qualifiés africains comme un
10 Patin Michel (1960) 11 Jean-Marie FAUX, sj, « Les Migrations dans le monde et en Belgique La part de l’Afrique », "L'Africain" 6 n° 241, octobre-novembre 2009. 12 Voir le Rapport Economique sur l’Afrique 2005 de la Commission Economique pour l’Afrique. Ce
rapport indique que la pauvreté s’accroît en Afrique malgré quelques améliorations un taux de
croissance record enregistré dans la région. 13 Voir Guilmoto et Sandron (2003). 14 L’éducation AUJOURD’HUI n° 18
8
des facteurs de marginalisation de l’Afrique dans la mondialisation. Lors de la Conférence
régionale de la Commission Economique pour l’Afrique des Nations unies (CEA) sur la fuite
des cerveaux et le renforcement des capacités en Afrique tenue à Addis-Abeba du 22 au 24
février 2000, les estimations faisaient état de plus de 60 000 travailleurs hautement qualifiés
africains (docteurs, enseignants universitaires, ingénieurs, etc.) monnayant leurs compétences
à l’étranger entre 1985 et 1990. Aux préoccupations des organisations internationales,
s’ajoutent aussi celles des décideurs politiques du continent.15
D’après l’Atlas des migrations, l’Afrique subsaharienne compterait aujourd’hui 17 millions
de migrants internes au continent et quelque 4 millions dans les quarante pays riches de
l’OCDE, principalement en Europe de l’Ouest16.Dans cette migration, la part des personnes
hautement qualifiée est importante. Elles seraient aujourd’hui un million et demi originaires
d’Afrique.
La théorie de la fuite des cerveaux s'appuie sur deux a priori pour expliquer les pratiques
migratoires des personnes hautement qualifiées : les facteurs qui poussent les individus à
quitter leur pays (appelés également facteurs répulsifs) (A) et les facteurs attractifs. (B)
l’attractivité des meilleures conditions éducatives, économiques et politiques supposées
d'exister dans les pays développés, et la conceptualisation des migrants de haute qualification
comme des unités homogènes et interchangeables dans un marché international de
compétences intellectuelles.
A- La fuite des cerveaux africains : s’enfuir pour survivre
Aucun pays ne peut se développer s’il n’utilise rationnellement son capital humain, sa matière
grise. Il convient donc de savoir pour quelles raisons ces pays ne sont pas parvenus à mettre
en valeur leurs richesses ‘’humaines’’ pour entrer dans une véritable phase de développement,
ce qui leur aurait permis d'écarter les principales causes de la misère qui frappe une bonne
partie de leur population.
Ecartons d'emblée une raison ou une excuse avancée par certains auteurs et hommes
politiques: la colonisation. Il est vrai que le devoir de mémoire doit être respecté. En
revanche, rendre la colonisation et ses effets responsables du retard actuel du développement
des pays africains est irrecevable. Il semblerait que les tentatives menées dans ce sens, à
savoir incriminer la colonisation, aient pour objectif de masquer les fautes commises et les
occasions manquées par les dirigeants politico-économiques des pays africains depuis leur
indépendance. En effet, ces pays ont leur destin en main, ils auraient pu et dû agir pour
15 Ibrahima Amadou Dia, « Déterminants, enjeux et perceptions des migrations scientifiques internationales africaines: le cas du Sénégal », page 143, Stichproben. Wiener Zeitschrift für kritische Afrikastudien Nr. 8/2005, 5. Jg. 16 Philippe BERNARD, Afrique, le continent de tous les exils, dans L’Atlas des migrations, hors série du Monde, 2008, p.156
9
diminuer leur écart de développement. Or, après plus d'un demi-siècle d'indépendance, cet
écart s'est aggravé.17
En effet, pour que le continent noir puisse entrer dans une véritable phase d’évolution
économique et sociale, trois conditions, au moins doivent impérativement être réalisées à
savoir :
Un nombre suffisant de personnes susceptibles de représenter des cadres formés et une
main-d’œuvre qualifiée ;
Des infrastructures dont l'amélioration favorise le développement ;
Une quantité suffisante de moyens de production susceptibles d'améliorer la
productivité du travail dans tous les secteurs ;
Toutefois, ces trois conditions ne parviennent plus à se réaliser et voir le jour car il n y’a pas
à la base une véritable volonté nationale. Certes, la volonté est nécessaire mais elle n’est pas
suffisante. Elle doit être encouragée, soutenue, portée et partagée avec les dirigeants
politiques et économiques de ces pays. Autrement dit, la responsabilité première de la réussite
ou de l'échec du développement incombe aux dirigeants politiques et économiques de chaque
pays considéré.
La dichotomie entre la richesse naturelle que recèlent le sol africain et la pauvreté croissante
des populations est telle qu’on s’interroge sur le rôle des dirigeants politiques. Les pays
africains vont mal, très mal.18 Ainsi peut-on constater que les pays qui sont les plus pillés sont
ceux dont les dirigeants se montrent notoirement incompétents, ceux dont les dirigeants
cherchent le pouvoir pour le pouvoir ou veulent défendre leur intérêt personnel aux dépens de
l'intérêt général, ceux qui défendent les intérêts d'autres Etats, des, cartels, de certaines
entreprises; certains dirigeants cumulent les quatre à la fois, favorisant grandement le pillage
de leur pays. C’est pourquoi, il importe de souligner que c’est souvent parmi les cerveaux
quittant l’Afrique que l’on trouve la plupart des opposants, leur émigration est alors du pain
béni pour plusieurs dirigeants, moins enclins à gérer le pouvoir démocratiquement.
Par développement, on entend surtout l’amélioration du bien-être, qui dépend tout d’abord de
l’éducation, de la formation, de la santé, de la culture, etc. il ne faux pas cependant, avoir
seulement ou essentiellement comme objectif l’augmentation des produits réels.
17 Elie Sadigh, « Afrique, Le continent pillé : Atouts, handicaps, perspectives et propositions », p .9, L'Harmattan, 2009 18 Gaston-Jonas KOUVIBIDILA, « la fuite des cerveaux africains, le drame d’un continent réservoir », Edition L’Harmattan p.15.
10
En effet, pour tenter de faire face à cette situation il faux que les dirigeants de ces pays
mettent en valeur leur richesse humaine par le développement de l'enseignement et de la
formation, indispensables pour améliorer la situation de l'emploi dans ces pays. Pour la simple
raison que le taux de chômage des jeunes africains est un noyau dur qui constitue non
seulement un gaspillage des ressources humaines, mais aussi l'une des principales causes de
l'émigration économique, de la fuite des cerveaux. Les problèmes d’insertion professionnelle,
la banalisation des libertés académiques19, la crise de la recherche scientifique, la faible
valorisation des ressources humaines, les salaires bas, la corruption, l’instabilité politique, la
pauvreté sont des facteurs parmi tant d’autres qui contribuent à l’accroissement de l’exode des
compétences. Le problème de financement de la recherche, l’incompréhension et la censure
dont sont victimes les enseignants, les chercheurs et journalistes accentuent cet exode. Au-
delà de la recherche de conditions de vie et de travail plus stimulantes, les migrations de
personnel qualifié posent le problème du respect des droits de l’homme et des libertés
civiques20. S’enfuir pour survivre reste la seule carte à jouer et la seule alternative pour ces
jeunes africains désireux d’une vie meilleure, surtout devant l’irrésistible séduction des pays
développés (B).
B- Les cerveaux africains face à l’irrésistible séduction des pays plus développés
Devant les échecs répétés des projets de développement et face aux promesses non tenues des
dirigeants de ces pays, le développement reste une expression vaine à la mode dans les pays
de tiers-monde, voire une sempiternelle histoire. Face à cette situation alarmante, les forces
vives, les jeunes surtout émigrent vers les pays développés pour tenter d'échapper à ce sort
misérable. Cette répulsion ou refus du mode de vie traditionnel est surtout lié à cette
gouvernance peu performante, d'un niveau technique archaïque et donc peu digne d'intérêt.
Ceci traduit les sentiments profonds et les aspirations fondamentales des peuples africains
d’un eldorado imaginaire ou encore divers symptômes de la nostalgie d’un paradis perdu.
Un autre facteur d’attraction pour les émigrants est le développement rapide du secteur R&D
dans les pays occidentaux. Il est intéressant de remarquer que du nombre total de 85.000 de
doctorats délivrés aux Etats-Unis dans la période 1960-1982, 55.000 ont été accordés à des
émigrés.21 A titre d’exemple, la loterie américaine de l’immigration organisée annuellement
par les USA, attire de plus en plus les jeunes marocains et plusieurs parmi ceux qui sont
choisis dans cette loterie ont des profils dont le Maroc a besoin pour son développement22.
19(Diouf et Mamdani 1994. 20 Wongibe 2000, 29. 21 BOHDAN JALOWIECKI ET GRZEGORZ JERZY GORZELAK, « La fuite des cerveaux, le gain de cerveaux et la mobilité: théories et modèles prospectifs », Vol. XXIX, No. 3, 2004 22 Il ne semble pas exister d’étude sur les Marocains et la loterie d’immigration aux USA. Une telle étude mérite d’être faite.
11
En effet, Les compétences africaines s’expatrient surtout pour le travail. Les conditions de
travail dont elles bénéficient dans leur pays de résidence sont généralement meilleures que
celle que leur offre leur pays d’origine. Les africains qui émigrent choisissent la vie à
l’étranger, mais c’est surtout leurs employeurs qui les choisissent.
Profitant de l’attrait des élites du Sud (y compris les élites marocaines) pour l’émigration au
Canada et des facilités de l’internet, certaines agences spécialisées dans l’immigration
qualifiée vers le Canada diffusent souvent des publicités à ce sujet. La publicité ci-dessous est
l’exemple d’une action pour attirer et encourager la migration des compétences marocaines au
Québec. L’annonce a été envoyée par un bureau spécialisé dans l’immigration au Canada
dans la boite email d’un professeur d’université et expert international marocain :
« Vous avez moins de 49 ans, un diplôme professionnel, technique ou universitaire et une
bonne connaissance du français. Vous êtes dynamique et vous voulez améliorer votre
situation. Immigrer au Québec, la seule province francophone du Canada, est peut-être la
solution.
Cependant, immigrer n'est pas une décision que l'on prend à la légère. Il s'agit d'un choix que
l'on fait après mûre réflexion et qui déterminera votre avenir et celui de votre famille.
Immigrer au Canada et au Québec est un processus de plus en plus complexe. On peut le
faire soi même mais on risque de se perdre dans les dédales administratifs ou d'être paralysé
par l'énormité de la documentation demandée. Une simple erreur technique peut
compromettre votre dossier. Il est peut-être plus sage et avisé de confier votre dossier à un
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les gens d'affaires, cadres supérieurs et professionnels (médecin, avocat, pharmacien,
architecte, comptable, etc.), veuillez consulter la page du Programme Immigrants
Investisseurs »23.
23 Khadija Elmadmad, « La migration qualifiée au Maroc une étude socio-juridique », CARIM Notes d’analyse et de synthèse 2010/15, Série sur la migration hautement qualifiée Module Juridique, p. 9.
12
I-2 le verdict des faits
« Les histoires de chasse resteront des épopées glorieuses jusqu’au jour où les animaux
auront leurs propres historiens. »
Proverbe populaire du Zimbabwe
Les faits parlent d’eux-mêmes. Les statistiques et les chiffres présentés dans ce travail
témoignent des effets de l’exode des cerveaux sur les pays du continent noir et sur le dit projet
de développement de ces derniers.
« Il a déraillé, comme une Mercedes qui a un mauvais chauffeur. »24 Tel est le jugement
sévère et cofondateur du président sénégalais Wade, sept ans après l’adoption du NEPAD.
Et la question de la fuite des cerveaux n’est traitée, ni aux conférences de l’Union africaine
où, constamment, la création des États-Unis d’Afrique le dispute au règlement des incessants
conflits armés, ni aux sommets de l’Union européenne où l’on s’amuse à jouer aux pompiers
alors que plusieurs dirigeants de cette institution sont de véritables pyromanes, ni encore aux
retrouvailles du G8 où l’on fait bonne figure en invitant des dirigeants africains, qui n’y sont,
en réalité, que des pots de fleurs. En 2008, par exemple, six chefs d’État africains sont invités
au sommet de Toyako, au Japon, pour, semble-t-il, examiner la question de l’aide au
développement de l’Afrique, sans résultat. On a plutôt droit, de part et d’autre, aux mêmes
récriminations. Pour les Africains, le G8 ne tient pas ses promesses en matière d’aide. Quant
au G8, l’Afrique n’est pas assez transparente pour mériter cette aide. Cercle vicieux.25
De toute évidence la théorie voulant que l’aide au développement favorise les pauvres n’est
pas fondée. Bien que les dirigeants occidentaux continuent d’affirmer que le système d’aide
profite aux démunis, la réalité dément cette prétention. C’est sans doute de la Banque
mondiale elle-même qu’est venue la dénonciation la plus dévastatrice des conséquences
néfastes de l’exode des cerveaux, plutôt de l’immigration choisie sur les populations pauvres.
L’appauvrissement défie toute imagination. Fallait-il blâmer l’industrie de l’aide ? sur cette
question lamentable, répond le prix Nobel d’économie Joseph Stieglitz, et chef des conseillers
économiques à Washington comme suit :
« Une variation sur ce thème consiste à faire porter le blâme de l’échec de la thérapie de
choc à la corruption et à la spéculation incessantes, et ce, sans reconnaitre le rôle des guerres
éclair institutionnelles dans la destruction des anciennes normes sociales qui n’étaient pas
remplacées et donc dans la levée des derniers obstacles à une hausse des niveaux de
corruption représentant une menace pour la société. C’est comme se servir d’un lance-
flammes pour bruler une vielle couche de peinture dans la maison et se plaindre ensuite que
24 Allocution lors de la 44ème assemblée de la BAD à Dakar, du 13 au 14 mai 2009. Jeune Afrique, n° 2523 du 17 au 23 mai 2009, p. 14. 25 Gaston-Jonas KOUVIBIDILA, « la fuite des cerveaux africains, le drame d’un continent réservoir », p.9, Edition L’harmattan 2009.
13
l’on n’a pas pu terminer notre travail parce que la maison à brulé ».26 De toute évidence, il est
maintenant incontestable que l’aide au développement possède une grande propension à la
nuisance. Même si son intention était de soulager la souffrance, l’aide à préparé le terrain pour
une escalade des calamités. Sur ce propos Bertolt Brecht à écrit :
« Si les gens étaient des requins, la chose la plus importante serait l’éducation morale des
petits poissons. On leur apprendrait qu’il n’ya rien de plus noble et de plus beau que le
sacrifice de soi, qu’ils doivent croire et faire confiance aux requins qui décident de leur
avenir. Les petits poissons devraient comprendre que leur avenir sera garanti seulement s’ils
apprennent à obéir. En ce qui suit nous abordons la question de l’aide au développement et
son rapport avec l’exode des cerveaux africains pour clore avec ses conséquences.
A- L’exode des cerveaux et l’aide au développement : donner et prendre des jumeaux
inséparables
La première des choses qu’il faut savoir c’est que l’aide publique à créé et consolidé des
milliers et des milliers d’institutions. Cependant les modèles varient d’un pays à l’autre. En
effet, au milieu des 1990, le nombre d’organisation ayant plus ou moins un statut d’organisme
à but non lucratif qui prétendent s’attaquer aux problèmes du Sud et de l’Est à dépasser les
2500. Plusieurs organismes ont accumulé les taches et font penser à des grands magasins,
tandis que d’autres sont spécialisés. Parmi les sous-traitants placés au milieu des chaines aide
et classés selon les domaines d’action spécifiques on peut citer :
Les institutions de gestion de bourses : leurs principale mission est
l’intermédiation au nom des institutions de formation supérieures, surtout les
universités. Jusqu’au dans les années 1980, les programmes publics de bourses
accordaient une importance particulière à cette activité, alors qu’il était devenu
clair que l’éducation supérieure et la main d’œuvre qualifiée qui en découlait
pouvaient apporter des bénéfices importants aux économies du Nord. En
Grande-Bretagne, en Australie, au Canada et ailleurs, l’éducation supérieure
est aujourd’hui source de prestige et de revenu de l’Etranger.
Les institutions de soutien et de formation technique : Aujourd’hui, la
majeure partie de la demande pour des formations spécialisées est comblée par
l’offre croissante des pays de Sud et de l’Est, mais les programmes du Nord
qui visent les spécialistes des pays à faible revenu se poursuivent.
Ici les activités clé sont des formations de durées variées au sein d’universités
déjà existantes ou d’instituts créés spécialement autour des disciplines liées au
développement.
26 David SOGG, « Les mirages de l’aide internationale quand le calcul emporte sur la solidarité », Edition ENJEUX PLANETE, 2003, p.24.
14
Les institutions pour la recherche et la diffusion : Elles forment les
professionnels des pays à faible revenu.les facultés universitaires ou les unités
spéciales en agriculture, en santé et en sciences sociales, obtiennent
régulièrement des contrats d’aide. Certains instituts reçoivent le mandat
d’organiser ou de soutenir directement des projets et obtiennent des fonds
pour le faire. D’autres jouent un rôle primordial sur le plan de la recherche et
de leur expertise-conseil dans le domaine de la politique économique. De
nouveaux problèmes, comme la gestion des conflits, ont donné naissance à des
ONG axées sur la recherche et l’action, et à des réseaux d’action publique. Les
projets conjoints avec les institutions du Sud sont populaires au point qu’il
existe une vive concurrence entre les modules universitaires du Nord qui
rivalisent avec leurs homologues dans les endroits comme l’Afrique du Sud.
La publication et l’apprentissage à distance se sont intensifiés
consécutivement à la réduction, à l’échelle planétaire, du cout des
communications.
Cette section a présenté les principaux types d’organismes d’aide et a montré comment leur
place dans la chaine d’aide détermine qui les possède, qui les contrôle et ce qu’elles font.
B- La débâcle :
« Les pauvres se plaignent. Ils le font toujours. Mais ce n’est que bavardes. Notre système
apporte des récompenses à tous, du moins à tous ceux qui comptent.».
G.A.Helleiner
Les pays Tiers-Monde, plus particulièrement l’Afrique, se justifient toujours d’une approche
singulière et binaire. Singulière ? Car l’on persiste à la considérer en elle-même, sans
comparaison ni intégration au reste du Monde : quoi qu’il s’y passe, l’on répond : « c’est
l’Afrique » et cette explication suffit. Binaire ? Car elle ne pourrait être que « mal partie »
selon les termes de René Dumont dans les années soixante ou « bien partie » selon les termes
de Nicolas Baverez cinquante ans plus tard. Au gré des modes, l’on passe donc de l’afro-
pessimiste à l’afro-optimisme sans considérer qu’en Afrique comme ailleurs, il n’est guère de
vérités définitives : il n’y a que des semi-vérités aux nuances infinies. S’en tenir de façon
constante à l’afro-réalisme semblerait donc plus raisonnable. 27 Il suffit d’observer ce qui se
passe dans les pays en voie de développement pour constater que la fuite des cerveaux y fait
monter en flèche la misère, met en péril des secteurs vitaux comme la santé, l’éducation et fait
obstacle à toute tentative de survie aux pays du Sud. En effet, rendre compte du cheminement
parfois méandreux du développement en terre africaine et, citer à la fois les conséquences de
l’exode des cerveaux, plus encore, le faire en moins de 30 petites pages, cela tient de l'exploit.
27 LLIEUTE Antoine, « le décollage économique de l’Afrique », mythe ou réalité ? Forum du Futur-École militaire 16 Octobre 200 POUI 4.
15
Perte de compétences, d’idées et d’innovation, pertes d’investissements dans l’éducation et
perte des recettes fiscales, et peut-être plus important encore, perte de services cruciaux dans
les secteurs de la santé et de l’éducation d’une part. d’autres part, l’exode des cerveaux fait
aussi peser d’autres sur les pays d’origine, avec notamment des effets sociaux à la source
d’inégalités régionales, qui mettent à rude épreuve les familles et les rôles dévolus à chaque
sexe, qui nuisent aux enfants et à leur scolarité, ce qui augmente la criminalité.28
Selon l’OCDE, la comparaison des taux d’émigration des populations hautement qualifiées
révèle que les pays ayant un niveau de revenus faibles souffrent de manière disproportionnée
de la «fuite des cerveaux» (indiquée en couleur foncée). Cependant, les pays en
développement pourraient aussi bénéficier de migration de populations hautement qualifiées
s’il existait un partenariat entre les pays de provenance des émigrés et les pays d’accueil
permettant de rapatrier les compétences et le savoir (circulation des cerveaux).
Parts de ressortissants d’un pays ayant une instruction universitaire
résidant dans un (autre) pays membre de l’OCDE.29
Moins de 2 % Moins de 5 %
Moins de 10 %
Moins de 20 % Plus de 20 %
Non inclus
28 OCDE (2008), « la fuite des cerveaux et ses effets sociaux négatifs : quand les pays d’origine en souffrent-ils ? », dans la cohérence des politiques au service du développement 2007 : Migration et pays en développement, Editions OCDE. 29 La représentation et l'utilisation des frontières n'engagent pas la responsabilité de l'OCDE ni n'impliquent de reconnaissance officielle de sa part.
16
Selon des études menées par un groupe de chercheurs canadiens et publié le 25 Novembre
dans le British Medical Journal, neuf pays d’Afrique subsaharienne, à savoir l’Éthiopie, le
Kenya, le Malawi, le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Ouganda, la Tanzanie, la Zambie et
le Zimbabwe, perdent chaque année deux milliards de dollars à cause de l’émigration des
médecins et personnels de santé qu’ils ont formés. Et donc, le constat est simple, l’exode des
médecins africains représente une perte sèche de plusieurs milliards de dollars pour le
continent. L’OIM, (l’organisation internationale pour les migrations), tire à son tour la
sonnette d’alarme. Elle estime en effet, que l’Afrique voir partir chaque année quelques 23
000 professeurs et chercheurs, néanmoins, une partie colossale de perte touche
particulièrement le secteur de la santé. Certes, les hôpitaux du continent noir se sont vidés,
pour remplir ceux du vieux continent. Les Européens en tirent outrageusement profit, car le
bénéfice est double : ils font des économies à la fois sur la formation et sur les salaires.
Nous avons essayé tout en long de cette partie de répondre à ces trois questions : qui s’enfuit ?
Pourquoi ? Où ? Et quelles sont les conséquences de cette fuite. La deuxième se penchera sur
d’autres questions : qui accueillir ? Et combien accueillir ?
II- politiques migratoires : Qui accueillir, combien accueillir ?
Selon les termes de l’OIM, la politique migratoire peut être définie comme étant « les
principes généraux par lesquels un gouvernement est guidé dans sa gestion des migrations »,
et considère cette gestion comme un « terme englobant les nombreuses fonctions
gouvernementales induites par un système national de gestion méthodique et humaine des
migrations transfrontalières, en particulier l’administration de l’entrée et de la présence
d’étrangers sur le territoire national et la protection des réfugiés et de tout type de personnes
étrangères nécessitant une protection. Ce terme se réfère à une approche planifiée de
l’élaboration d’une réponse politique, législative et administrative aux défis posés par les
migrations ».
Cette définition, assez généraliste, indique que la politique migratoire est l’instrument de
gestion des étrangers (et non pas des immigrés). Le terme politique migratoire fait donc
référence à l’ensemble des actions des autorités publiques d’un pays en matière de gestion des
individus n’ayant pas la nationalité de ce pays et qui sont soit présents sur son sol, soit
désireux de s’y rendre30. En d’autres termes, une politique migratoire, désigne l’ensemble des
dispositions législatives et administratives relatives aux allers et venues des étrangers sur le
territoire national, sans oublier bien entendu, les dispositions spécifiques aux conditions de
vie des résidents étrangers temporaires ou permanents.
30 Matthieu Boussichas. POLITIQUES MIGRATOIRES ET DEVELOPPEMENT : OPTI-MISER LES EFFETS DE
L'EMIGRATION. Economies et Finances. Université d'Auvergne- Clermont-Ferrand I, 2009. Français.
<tel-00965153>, p.35.
17
En effet, les politiques migratoires des grands pays démocratiques ne sont pas définies une
fois pour toutes. Elles font l’objet de débats réguliers et s’adaptent aux évolutions
économiques, sociales et géopolitiques. La question des dites politiques est aujourd'hui
complexe et controversée, suscite souvent des réactions irrationnel. Et afin de traiter cette
question de façon sereine et constructive, il faux impérativement laisser de coté, l’idéologie.
Il va sans dire que le débat sur l’immigration en Europe, et plus particulièrement en France est
lié le plus souvent à la question d’intégration des immigrés dans les sociétés d’accueil.
Inévitablement, une question très importante se pose : quelle est la différence entre un
immigré et un étranger ?
Il y’a tendance dans le langage commun à confondre entre la notion « d’immigré » et celle
« d’étranger ». En France, le Haut Conseil à l’Intégration31 donne de l’immigré la définition
suivante : « Il s’agit d’une personne née étrangère à l’étranger et entrée en France en cette
qualité en vue de s’établir sur le territoire français de façon durable. Un immigré peut donc
être français s’il a acquis la nationalité française après son entrée en France par
naturalisation, par mariage ou par filiation. A l’inverse un étranger né en France ne sera pas
considéré comme immigré »32. Comme tout autre pays, la France, doit pouvoir choisir si elle
veut désormais, ou non laisser entrer des personnes étrangères sur son territoire. A condition
que ceci soit fait dans le respect du droit international mais avec fermeté et avec clarté.
Or, tout ne tourne pas rang en France. Car –de toutes les démocraties occidentales, la France
est la seule dont la vie politique soit empoisonnée, depuis une dizaine d’années, par un parti
d’extrême droite spécialisé dans la diabolisation des immigrés—.33La société française est
frileuse, crispée, conservatrice. D'aucuns pensent même que le pays est en net recul sur les
droits de l'homme, ce qui serait en totale rupture avec le discours officiel. Malheureusement,
des Français, parfois de bonne famille, refusent d’interroger l’histoire au lieu de poser des
questions jugées insipides et aux injures faites aux fils et petits-fils de ceux qui ont payé le
prix fort pour libérer ce pays, comme celles-là : « pourquoi vous-êtes venu en France ? Et
depuis combien de temps vivez-vous ici ? Comptez-vous y rester longtemps ? Mais pourquoi
vous avez quitté votre pays ? Mais aucun de ces personnes qui lancent de telles
extravagances, au travail, en rue et partout ne se demande vraiment pourquoi ces indésirables,
venant du Tiers-Monde sont venu en France. Beaucoup d’entre eux ignorent ou feignent
d'ignorer ce que l'Afrique a apporté et apporte toujours à la France.
31 Le Haut Conseil à l’Intégration, a été créé en 1989. Il est composé de vingt membres au maximum
choisis par décret du président de la République. Cet organisme est présidé depuis 2008 par M
Patrick Gaubert et il a la charge d’élaborer un rapport annuel et d’émettre des avis consultatifs à la
demande du gouvernement sur l’intégration des résidents étrangers ou d’origine étrangère. Depuis
2004 il est assisté de l’Observatoire des statistiques de l’immigration et de l’intégration. 32 (http://www.hci.gouv.fr). 33 EMMANUEL TODD, « le destin des immigrés : assimilation et ségrégation dans les démocraties occidentales », Editions du SEUIL, 27, rue Jacob, Paris V Je, octobre 1 994, p.9.
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A vrai dire, l’Europe qui en tire outrageusement profit, a toujours besoin d’émigration.
beaucoup d’expert estiment que le seul moyen de maintenir la croissance de la population
française serait de faire appel aux étrangers. Selon les termes de Tariq Ramadan34,
l’immigration est une aubaine pour les pays occidentaux. Avec une population vieillissante
(d’ici 2050, un tiers des européens auront plus de 65 ans) et un taux de natalité relativement
bas, les pays industrialisés doivent faire face à de nouvelles contraintes. C’est ainsi que, les
statistiques montrent que la situation démographique en France est en train de changer, est
que dans les années à venir, le pays aura une population active réduite, et une population en
âge de la retraite en hausse. En effet, l’évolution de la pyramide des âges n’est pas sans
conséquence puisqu’elle engendre des besoins de santé accrus alors que le personnel de santé,
déjà insuffisant au départ, vieillit et souffre, lui aussi, du temps qui passe.35 Plus encore,
Nombreux sont ceux qui considèrent que même la France avec son taux de natalité (1,98
enfants par femme) supérieur à la moyenne européenne (1,4) ne pourrait, sans l’apport des
étrangers, garantir le renouvellement des générations.36 Cependant, il y’ a déjà une tendance
en Europe à fermer les frontières pour les migrants qui ont quitté leurs pays poussés par la
misère ou les guerres pour mettre en œuvre une immigration choisie à la place d’une
immigration choisie. (1).
II-1- D’une immigration subie à une immigration choisie
« A l’immigration subie, je préfère l’immigration choisie ».
Nicolas Sarkozy
34 Tariq Ramadan, professeur à l’université d’oxford 35 Harmony Vander Straeten, « la fuite des cerveaux : un enjeu nord sud ? Illustration de cas : les systèmes de santé », 2009, p.10, téléchargé depuis le site : www.sireas.be. 36 Nicoleta Atanasiu, « La politique Sarkozienne d’immigration, Harmonie ou contradiction avec la politique européenne ? »,Institutt for litteratur, områdestudier og europeiske språk Det humanistiske fakultet Universitetet i Oslo, 2010, høstsemesteret. P. 5.
19
« Fini l’époque du nègre musclé avec belles dents ; aujourd’hui, il veut du nègre diplômé
intelligent. » .Le refrain si dessus, est tiré du « tube » du groupe de reggae burkinabé, Zedess,
intitulé « Un Hongrois chez les Gaulois », renvoie à un débat économique et politique très
sérieux et incarne, en effet, un humour mordant la politique d’immigration choisie de Nicolas
Sarkozy, quand il a été ministre français de l’Intérieur pour devenir chef d’Etat par la suite.
Selon le journal Fraternité matin d’Abidjan, « la traite négrière sélectionnait le physique,
puisqu’elle fondait la prospérité des nations esclavagistes sur la force des bras : plus de
muscles et moins de cerveau. L’immigration, vue de l’Hexagone [et des autres pays riches,
ndlr], en ce début de troisième millénaire, prend les mêmes critères et ne fait que les inverser :
plus de cerveau, moins de muscles. Aux valides physiques succèdent les valides
intellectuels.37 Pour illustrer cette idée, Nicolas Sarkozy a estimé lors cérémonie de
naturalisation, le 11 mars 2008 à Toulon, qu’il trouve qu’ « Il n’est pas anormal que la société
française fasse venir ceux et celles dont elle a besoin ».38
De ce fait, une série de questions se pose : la politique d’immigration choisie, appelée encore
la politique Sarkozienne, n’est-elle pas en contradiction avec le préambule de la Constitution
française et de la Convention européenne des Droits de l’Homme ? Qu’en est-il de la politique
migratoire au sein de l’union européenne ? Est-elle en harmonie avec celle adoptée en
France puisqu’il va sans dire qu’il n’est plus possible d’envisager la gestion des migrations
unilatéralement et indépendamment des autres Etats membres de l’union européenne. Les
politiques de fermetures absolues des frontières conduites au nom du réalisme, dont la
nécessité est de sauvegarder l’emploi, l’identité nationale et culturelle, ne sont pas au
contraire profondément irréalistes à partir du moment où elles nient une réalité concrète et
constante qui découle de l’histoire : celle de l’existence et la persistance des migrations ?
L’économie européenne, et plus précisément celle de la France n’est-elle pas dépendante des
immigrants ?
A- l’immigration choisie : que peut-on y comprendre ?
Face à la misère qui frappe une bonne partie des habitants des pays en développement, dont
les pays africains sont nombreux, l’immigration choisie ne fait que montrer clairement,
l’indifférence et l’insolence des dirigeants des pays qu’ils l’adoptent et la choisissent comme
une politique migratoire en ce qu’elle constitue, sans nulle doute, une sorte de pillage des
ressources humaines du continent noir, d’autant plus qu’elle est considérée, après plusieurs
analyses, comme une source de retard dans l’instauration et la mise en place d’un véritable
développement économique et social dans cette partie du monde. Ceci rend, bien entendu,
l’immigration choisie, une pratique condamnable moralement et économiquement parlant. A
dire vrai, plusieurs experts déplore vivement l’immigration sélective. Ils n’hésitent pas à
Parler de « la faillite du système ». Selon ces derniers, les pays industrialisés qui font recours
à ce genre d’immigration commettent une erreur fatale.
37 Fraternité Matin, in Courrier international n° 863 du 16 au 23 mai 2007, p. 27. 38 (www.20minutes.Fr, Editions, du 11.03.2008).
20
L’immigration choisie, selon eux est un risque à double tranchant : tout d’abord ils privent
les pays en développement concernés de leurs richesses humaines mises en valeur par
l'éducation et la formation, indispensables à l'évolution économique et sociale de ces pays.
Ensuite, ils négligent la mise en valeur de la richesse humaine de leur propre pays, du fait
qu'ils n'investissent pas suffisamment dans les secteurs de l'enseignement supérieur, de la
formation et de la recherche. Ainsi et de ce fait, ils mettent en danger l'avenir de l'évolution
économique et sociale de leur propre pays. C’est pourquoi, il nous parait qu’il serait judicieux
et raisonnable, au lieu de nier le phénomène migratoire, de le gérer au mieux des intérêts
concernés : c’est dire, ceux des Etats d’origine et d’accueil sans négliger à la fois les intérêts
des migrants eux-mêmes. Ces derniers sont les premières victimes de toute politique
migratoire irrationnelle pour ne pas dire irréaliste et discriminatoire.
B- Le droit international : entre « frontière fermés » et « frontières ouvertes » un
pouvoir discrétionnaire illimité
Le droit de quitter tout pays y compris le sien est reconnu par le droit international lui-même,
cependant ce principe n’est pas exempt de toute ambigüité. En lisant entre les lignes, on peut
en déduire fort absolument que ce principe est caractérisé comme tout autre règle juridique
par un grand degré de généralité et d’abstraction. A ce stade, on est droit de se
demander ainsi : si le droit de « quitter tout pays » est bien reconnu, qu’en est-il du droit «
d’entrer » ?
En effet, le constat est simple, cette règle de droit international accorde aux Etats un pouvoir
discrétionnaire très élargi en ce sens qu’ils leur laisse la liberté d’autoriser l’accès à leur
territoire-sous la reserve, notable, qu’une ouverture absolue des frontières est refusée dans la
mesure où cette ouverture conduirait à des flux migratoires très importants ce qui mettra en
péril les acquis socioéconomiques des pays d’immigration. On peut constater ainsi, qu’il
existe un décalage permanent entre le droit et la réalité. Car la notion de droit est infiniment
plus éloignée du bien pur. Elle est mélangée de bien et de mal ; car la possession d’un droit
implique la possibilité d’en faire soit un bon, soit un mauvais usage. Au contraire
l’accomplissement d’une obligation et toujours, inconditionnellement, un bien à tous les
égards39. Ceci donne à ces pays des pouvoirs extrêmement étendus en adoptant des politiques
migratoires à leur guise tout en favorisant leurs propres intérêts au détriment de ceux des pays
d’origine.
L’option « frontière fermées » rejetée, il reste aujourd’hui deux options possibles : la
première à l’opposé, se veut « frontières ouvertes ». Elle est intellectuellement séduisante.
Elle prend acte du mouvement, dans une logique libérale, et ne voit pas de justification
ethnique à l’interdiction de s’installer là où l’on souhaite vivre.40
39 Charter 99, Global Accountability : How to Improve International Decision-making, Londres,
Charter 99, 2000, address URL : www.charter99.org 40 Jean-Yves Carlier, «Idées et perspectives pour une politique migratoires humaine et réaliste en
Belgique, dans l’Europe de demain », p.3.
21
II-2- L’Union Européenne : vers une uniformisation des politiques migratoires ?
Dans les pays hôtes, un modèle de politique migratoire semble aujourd’hui être émergeant
voire, uniforme puisqu’il repose toujours sur quatre modalités qui sont similaire à savoir :
L’accueillement des travailleurs peu qualifiés de façon temporaire et encadrée ;
Facilitation de l’immigration hautement qualifiée ;
Limitation du regroupement familial ;
La lutte contre les migrations clandestines ;
Cependant, chaque pays envisage ses propres moyens dont le dessein d’appréhender ces
quatre modalités que nous venons de citer. Ceci ne peut que remettre en cause dès une
première lecture les chances de toute tentative d’uniformisation.
Selon l’OIM, le monde compterait soit 15 à 20% du total des migrants internationaux, dont
presque 40 millions sont des migrants illégaux, d’où 200000 clandestins émigreraient
illégalement chaque année venant de l’Afrique du Nord vers le sud de l’Europe, ce qui
constitue une grande pression migratoire pour cette région de façon particulière. Sans oublier
une autre vague d’immigration illégale venant cette fois-ci de l’Amérique latine dont
l’Espagne fut le premier foyer de clandestins. En effet, malgré l’accroissement des contrôles
aux frontières et de la répression, plusieurs pays comme l’Italie, l’Espagne et la Grecque ne
sont pas parvenus à juguler le phénomène. Certes, plusieurs de régularisations ont été
procédé à ce niveau mais en vain. Certains gouvernements ont pu être amenés à fermer les
yeux sur ce genre de migrations car ils ont constaté que d’un point de vue purement
économique, une telle immigration peut apparaître sous-optimal du fait que ce type
d’immigration permet vraisemblablement d’accroître la flexibilité du marché du travail,
abaisser la masse salariale et ainsi constituer un gain de compétitivité pour les secteurs qui y
ont recours.
Il va sans dire que seule l’immigration qualifiée est privilégiée au sein de l’Union européenne.
On peut parler désormais, d’une concurrence accrue qui se développe pour attirer le
maximum possible les migrants très qualifiés. La France semble quelque peu en retrait en
n’adoptant que quelques mesures sporadiques d’assouplissement des conditions
d’immigration des qualifiés à l’inverse de ses partenaires européens qui se montrent plus
entreprenants. Il s’agit bien entendu, d’une politique migratoire jugée « indéterminée »,
toujours hostile entre « immigration qualifiée/non qualifiée », ce qui traduit une véritable
instabilité de son cadre législatif et incarne évidemment une certaine crispation et une
frustration de la société française à l’égard de ces questions.
Quant au Royaume-Uni, la législation offre l’opportunité aux qualifiés, à la différence des
travailleurs non qualifiés, d’accéder à un statut permanent relativement rapidement en
22
sélectionnant sur la base de compétence de compétences reconnues pour des emplois figurant
sur des listes de métiers où les problèmes de recrutement sont préoccupants (notamment dans
le secteur de la santé), via des programmes spécifiques qui sont élaborés pour ce genre
d’immigration.
A l’initiative de l’industrie d’outre-Rhin, l’Allemagne met en place en 2000 un programme de
travail temporaire avantageux (20000 visas) pour combler le déficit de main-d’œuvre dans les
nouvelles technologies de l'information (les besoins sont évalués alors à 75000
immédiatement en 2000, et peut-être 250000 d’ici 2010) ; elle tente d’ailleurs d’adapter sa
législation pour améliorer l’intégration des nouveaux arrivants en adoptant le droit du sol.
En somme, il est bien clair qu’en Europe, les chantiers politiques en matière de migration
sont actuellement orientés vers la lutte contre l’immigration clandestine mais existe-il une
harmonisation des politiques migratoires au sein de l’union Européenne ? Peut-on parler
d’une vrai unification et uniformisation ? Existe-il une coopération entre l’ensemble des pays
de l’Union ? Qu’en est-il de la coopération avec les pays d’origine ? Peut-on parler d’un Co-
développement ?
A- La paralysie de l’unification des politiques migratoires au sein de l’UE : la
souveraineté des Etats membres s’impose
Si je supprime les portes intérieures entre les pièces d’une maison commune, je me soucis de
l’accès par les portes extérieures de la maison commune. Telle est la logique qui règne dans
l’UE. C’est dire que, les Etats membres doivent se préoccuper en commun contrôle des
frontières extérieures une fois les contrôles aux frontières intérieures supprimés. C’est la
logique même de l’intégration européenne. Sur ce point là, deux accords récents ont tenté de
statuer. D’abord les accords de Schengen, mis en œuvre en 1995 et, ensuite, le traité
d’Amsterdam, signé le 2 octobre 1998, par les quinze États membres de l’Union européenne
de l’époque.
C’est au Luxembourg, à Schengen, qu’est signé l’accord qui prévoyait la suppression des
contrôles systématiques aux frontières entre la France, le Benelux et l’Allemagne et ce en
1985 mais ce n’est qu’en 1990 qu’il s’est ratifiée sa convention d’application quelques années
plus tard, après l’installation du système informatique SIS (Système d’information Schengen),
les accords de Schengen ont vu le jour et entrèrent en application dès 1995 dans sept États.
Aujourd’hui, 25 pays européen font partie de l’espace dit Schengen, y compris la Norvège,
l’Islande et la Suisse qui sont y associés par un accord de coopération avec les pays
signataires de la convention même s’ils sont extérieurs de l’UE.
En effet, la réussite de cet accord dépendait de l’efficacité des dispositifs nationaux de
contrôle par les Etats qui ont une frontière extérieure avec un pays non-membre. C’est pour
cela une collaboration fut instauré et renforcée des polices et des justices des États concernés.
23
Et par la logique des choses, chaque politique migratoire menée par chaque Etat engage sa
responsabilité non seulement à l’égard de sa propre opinion publique, mais également à
l’égard de ses partenaires européens signataires de l’accord.
Quant à l’Acte unique qui a été signé le 17 Février 1986, n’évoque cependant qu’avec
précaution les questions d’immigration tout en rappelant la volonté des États de coopérer dans
différents domaines, comme les conditions d’entrée, de circulation et de séjour des
ressortissants des pays tiers. Il est à signaler que cet Acte ne remet pas en cause le principe de
la coopération intergouvernementale, mais incite sur le fait qu’aucune des ses dispositions ne
peut affecter le droit des États membres de prendre toutes les mesures jugées nécessaires.
L’Acte unique peut par conséquent être perçu comme le témoin d’une évolution dont le traité
de Maastricht constitue le véritable point de départ, en quelque sorte le retour de
l’immigration dans le giron du système institutionnel européen.41Aujourd’hui, et face à la
convergence associée des besoins futurs avérés en main d’œuvre, l’Europe et plus
précisément, l’UE, la nécessité de la construction d’une politique migratoire à l’échelle
régionale s’impose avec force surtout devant la fragmentation décisionnelle en matière de
migration. Cependant, l’absence d’harmonisation des politiques migratoires en Europe
s’accorde mal avec la quasi-suppression des contrôles aux frontières intérieures de l’Union.
Il va de soit que le contrôle commun des frontières extérieures n’est plus une simple
conséquence de la suppression des contrôles aux frontières intérieures, il en devient une
condition.42 La cour a dit très clairement que les contrôles d’identité aux frontières intérieures
seront permis aussi longtemps qu’il n’y aura pas de politique migratoire commune, faisant de
cette politique une condition de ce qui semblait pouvoir être un acquis : la pleine réalisation
du marché interne. Il y’a là un paradoxe : la politique migratoire commune, dont les Etats ne
voulaient pas afin de sauvegarder leur souveraineté nationale, devient le moyen de retarder
la mise en œuvre d’une liberté totale de circulation au sein de l’Union.43
Sur ce propos la Cour s’en s’explique ainsi : « Il suffit de constater que, au moment des faits
au principal, il n’existait pas de règles communes ni harmonisation des législations des Etats
membres, notamment en matières de contrôles aux frontières extérieures, de politique
d’immigration, de visas et d’asile. Par conséquent, même au cas où, en vertu de l’article 7A
ou de l’article 8A du traité, les ressortissants des Etats membres auraient un droit
inconditionnel de circuler librement sur le territoire des Etats membres, ces derniers
conserveraient le droit d’effectuer des contrôles d’identité. » 44
41 Nicoleta Atanasiu, « La politique Sarkozienne d’immigration, Harmonie ou contradiction avec la politique européenne ? »,Institutt for litteratur, områdestudier og europeiske språk Det humanistiske fakultet Universitetet i Oslo, 2010, høstsemesteret. P.51. 42 Jean-Yves Carlier, «Idées et perspectives pour une politique migratoires humaine et réaliste en Belgique, dans l’Europe de demain », p.7. 43 Ibid. 44 Ibid.
24
B- Vers un Co-développement Nord-sud : un brain-grain ?
Toute politique migratoire doit être conduite dans un esprit d’ouverture. Car si elle intéresse
les Etats d’accueils elle intéresse les Etats d’origine aussi sur un pied d’égalité. Pour qu’elle
soit bénéfique aux deux parties, La coordination de la gestion des flux migratoires Sud-Nord
doit impérativement prendre en compte les intérêts de chacune. Or, l’intérêt des pays se Sud
serait soit de limiter la fuite des cerveaux, soit de promouvoir le retour de ses travailleurs
qualifiés. C’est dans ce dessein, qu’il y’avait eu des négociations Sud-Nord aux sommets
euro-méditerranéens ou UE-Afrique. Bien que conscients de l’intérêt de cette coordination,
les pays de l’UE peinent à s’entendre sur un projet commun.
La notion de coordination entre pays sources et pays hôtes dans la gestion de ces flux est
souvent restreinte à celle de coordination de l’action de contrôle des frontières comme c’est le
cas entre l’UE et le Maroc, ou à l’installation par les pays hôtes de centres de rétention pour «
migrants non désirés » dans les pays de transit (également le cas du Maroc).45
A vrai dire, les dites négociations sont qualifiées compliquées, au fait qu’il n’existe pas un
terrain d’entente entre les pays concernés. Se qui met en péril la réalisation d’une vrai entente
se sont bien entendu, les conflits d’intérêts. Face aux propositions des pays européens les
Etats du continent noir s’estiment toujours lésés. Il s’agit, en effet, dans la plupart des temps
de l’apanage des pays du Nord qui s’apparente le plus souvent à un renforcement des
contrôles avec un accroissement des restrictions à l’immigration excepté pour les travailleurs
dont les pays hôtes ont besoin.
Lors de la conférence euro-africaine sur les migrations de Rabat en juillet 2006, des
négociations ont été entamées et quelques substantielles avancées ont été constatées .l’Union
européenne a pris l’initiative de proposer aux Etats africains une plus grande implication des
pays source dans la lutte contre les migrations illégales (en préconisant la création de postes-
frontières communs, l’amélioration de la réadmission des étrangers expulsés hors d’Europe,
ou encore la promotion des retours volontaires) tout en accroissant les possibilités de
migrations légales, le Co-développement, et l’aide au développement. Ceci s’est déroulé lors
de la deuxième conférence euro-africaine du 25 novembre 2008 sur la migration et le
développement. Cependant, malgré l’adoption du programme dit « programme de
coopération triennal (2009-2012) » par 27 pays africains et 27 pays européens, des points
tangibles qui traduisent un vrai désaccord entre les deux continents sont constatés.
Il s’agit, évidemment, des interrogations portant notamment sur les moyens à mettre en œuvre
pour associer la diminution souhaitée des effets négatifs de la fuite des cerveaux avec la
volonté européenne de favoriser une « immigration choisie » privilégiant l’accueil de
45 Matthieu Boussichas. POLITIQUES MIGRATOIRES ET DEVELOPPEMENT : OPTI-MISER LES EFFETS DE
L'EMIGRATION. Economies et Finances. Université d'Auvergne- Clermont-Ferrand I, 2009. Français.
<tel-00965153>, p.139.
25
travailleurs hautement qualifiés.46 En effet, le rapport Nord-Sud est mouvant et complexe,
dont l’énoncé ne peut que susciter la perplexité du juriste et peine à comprendre les logiques
de conflits dont les enjeux sont multiples, ce qui nous laisse former un certain nombre de
questions : peut-on parler d’un vrai brain-gain ? La fuite des cerveaux africains peu avoir
dans son ensemble des effets positifs sur le continent noir ?
Devant l’importance des besoins, notamment dans le secteur médical, on ne peut guère parler
d’un brain-gain. Bien que la capacité d’absorption du Cameroun en compétences humaines
puisse être relativement faible, il apparaît raisonnable de faire l’hypothèse que le simple
accroissement des montants d’aide au développement peine à compenser les pertes dues à la
fuite des cerveaux. Cette hypothèse implique que l’aide prenne la forme de partenariats
renforcés dans des domaines directement affectés par les migrations comme dans celui de la
santé et de l’éducation.
Conclusion
Comment s’en sortir ? Fallait-il lâcher le programme du développement une fois pour toute ?
Il suffit d’observer ce qui se passe en Afrique pour en déduire que le capital humain n’a
jamais été considérer comme un précieux capital. Au lieu de traiter les ressources humaines
comme étant la plus grande richesse du continent, voir son vrai trésor, c’est le contraire qui se
produit dans la majorité des pays africains qui les offrent sur un plat d’or aux pays
industrialisés en favorisant , directement ou indirectement, le départ des cerveaux vers les
pays riches, plutôt que de les en empêcher.
En effet, le terme «développement » reste des nos jours obscur et ambigu. Pourquoi la plupart
des pays du Tiers Monde n'ont-ils pas encore profité de ce développement qui leur a été
promis depuis 50 ans ? Que faut-il faire afin d'éviter l'accroissement de la misère humaine
dans ces pays ?
Il va falloir, peut être, abandonner le rêve abstrait du développement pour se concentrer sur
des politiques plus pragmatiques, telles que la stabilisation démographique,
l'approvisionnement dans des secteurs vitaux comme l’éducation, et la santé. Ceci accroitra
sans doute l’exode des cerveaux et créera un mouvement inverse .Car, le développement est
un mythe. Ce n'est qu'un autre visage de l'occidentalisation forcée du monde : tel est le but de
cette analyse vigoureusement critique. Dans une économie mondialisée, il n'y a pas de place
pour une théorie spécifique relative au Sud, même si, pour donner le change, on est entré dans
l'ère des développements «à particule», tels que «autocentré», «participatif», «intégré»,
«durable» etc.
46 Ibid.
26
L'une des conditions parmi les plus importantes et condition préalable pour que les
propositions présentées dans cet article portent pleinement leurs fruits est la suivante: les
pays africains ont besoin d'hommes politiques intègres, indépendants de tout clan, de toute
tribu, de tout lobby, de tout cartel et de toute puissance étrangère.
Ils ont besoin d'hommes politiques qui aient des ambitions pour leur pays et qui soient au
service de leur pays. Autrement dit, les pays africains ont besoin d'hommes de bonne volonté,
mais ils ont besoin aussi et surtout de véritables hommes politiques dignes de leurs
fonctions.47
Malheureusement, les dirigeants des pays africains sont aveuglés par le pouvoir corrosif et
enivrés par l’argent public, assènent des contrevérités sur les résultats de leur gestion, tous les
analystes du monde s’accordent à dire que l’Afrique est en train d’exporter non seulement ses
richesses naturelles mais aussi sa matière grise.
La démocratie et la bonne gouvernance sont devenues à présent les passages obligés des pays
en développement. Les nombreuses expériences réussies ou ratées dans les pays du Sud
depuis un demi-siècle permettent de dégager quelques lignes directrices qui s'y rapportent: à
la fois plus et moins d'Etat, un engagement ferme des élites dirigeantes dans le
développement, une bonne articulation entre l'agriculture, l'industrie les infrastructures et le
commerce extérieur. Mais le combat contre la corruption est rendu difficile par les mauvais
exemples donnés par les pays Occidentaux.
La corruption est une maladie qui ronge les pays africains car elle décourage les initiatives,
les bonnes volontés, les entrepreneurs, les investisseurs, etc. Nous distinguerons deux sortes
de corruptions: la corruption organisée et la corruption tacite. La corruption organisée est
mise en place par les dirigeants à leur propre profit (par les dirigeants qui n'ont pas les
qualités requises). Elle peut être combattue par la prise de conscience de tous. La corruption
tacite est une conséquence de la corruption organisée et de la répartition injuste. Elle
n'existera plus lorsqu'aura disparu la corruption organisée et lorsqu'aura été établie la
répartition juste.48
Enfin, les experts qui parlent des pauvres devraient parler avec les pauvres qui peuvent leur
dire qu’engager un débat sur le retour des cerveaux africains semble être aujourd’hui un pari
risqué. A la lumière des données socioéconomiques et les évolutions politiques récentes en
Afrique, les difficultés que connait le continent, ne peu qu’inciter les africains à s’expatrier, et
ne peut par conséquent, envisager un appel à leur retour.
47 Elie Sadigh, « Afrique, Le continent pillé : Atouts, handicaps, perspectives et propositions », p .14, L'Harmattan, 2009 48 Ibid.
27
Abstract
Eradicate the poverty and place the African countries on the way of the growth and the
sustainable development: such is the main objective of the OAU. To make a success of these
programs, several conditions must be gathered: assure the safety, the peace and promote the
good governance. These programs have to fit into beforehand identified sectors, in particular
new information technologies and communication, human resources, education, then solve a
very important problem: "the inversion of the trend to the brain drain", consequence of this
flight, which is in the center of this article. Let us say it at once! Among five continent, Africa
is a rear light who, besides the exploitation shameless of her natural resources, It plays, the
role of reservoir of grey cells, that one today even which it needs to develop, as asserts it
good, Gaston-Jonas kouvibidila. It is true as well as being a rich continent, Africa is much
desired. The greeds thus wonder whether of which Africa is the object work in her favor or
against her. The expression "developing country" was then imperative, in spite of their
wealth, to qualify better this group of States, which had to reach(affect), at the most in one or
two generations, the material ease of the western nations. To one has to note, insists, a
Peruvian diplomat that these countries will never develop as expected, worse, several sink
into a bigger poverty than formerly. Supposed progress towards the development became in
fact a non-development, a progressive decline confining these countries in the permanent
economic non-viability, so creating what it names (appoints) ECI, ungovernable chaotic
entities: urban explosion, ascendancy of the informal sector, social exclusion, growing
frustration channeled by a deep desire of emigration.
The African countries, considered as a whole, have they the financial possibilities of
financing their development? So that the question of the development aid is very important,
we did not wish to write an article of economy, nevertheless a particular accent is put on the
following equation: development aid equals reduction of the brain drain, evoked widely by the
African leaders (managers).
How to take (bring) out there? Are the African countries going to continue to become
impoverished, while accelerates the surindustrialisation of the rich countries and the increase
in importance (power) of emerging countries, which also show an elephantine bulimia of
energy and raw materials? Are the Africans going to continue to hold illusions by celebrating
a positive growth, while all the indications which establish (constitute) it were already
negative before the crisis? How to save the African continent if we continue to favor, directly
or indirectly, the departure of brains towards the rich countries, rather than to prevent them
from it, by implementing (operating) multisectorial politics (policies), susceptible to create a
movement inverts? The question of the brain drain African is underlying in the global
problem of the emigration of the populations of the South northward. Thus there are several
questions of unchanging current events which burn lips, which this article tries to answer:
why this flight? Who does she concern? What is its scale? What countries leave brains and
where do they go? Are they welcomed well there? This last question sends back to the
implemented immigration policy in various host countries.
28
Références bibliographiques
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29
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Sites Internet
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www.sireas.be
(http://www.hci.gouv.fr).
30
Table des matières
Résumé.............................................................................................................1
Introduction……………………………………………………………….……2
Première partie : Pauvreté, chômage, et sous-estime de soi des jeunes
africains: quelles alternatives ?.....................................................................7
1-pourquoi immigrer......................................................................................7
A- La fuite des cerveaux africains : s’enfuir pour survivre...............................8
B- Les cerveaux africains face à l’irrésistible séduction des pays
Plus développés..............................................................................................10
2- le verdict des faits....................................................................................12
A- L’exode des cerveaux et l’aide au développement : donner et
Prendre des jumeaux inséparables.............................................................13
B- La débâcle....................................................................................................14
Deuxième partie : politiques migratoires : Qui accueillir, combien
accueillir ?..........................................................................................................16
1- D’une immigration subie à une immigration choisie..........................18
A- l’immigration choisie : que peut-on y comprendre ?...................................19
B- Le droit international : entre « frontière fermés » et « frontières ouvertes »
un pouvoir discrétionnaire illimité...............................................................20
2- L’Union Européenne : vers une uniformisation des politiques
migratoires ?............................................................................................21
A- La paralysie de l’unification des politiques migratoires au sein de
l’UE : la souveraineté des Etats membres s’impose............................22
B- Vers un Co-développement Nord-sud : un brain-grain ?....................24
Conclusion...........................................................................................25
Abstract...............................................................................................27
Bibliographie......................................................................................28
Tables des matières............................................................................29
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