la libre mesuelle - juin 2012
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Juin>
LALIBR
EMEN
SUELLE
-NUM
ÉRO6-JUIN
2012
-5,50€ s s
D.R.
Gouvernement Papillon:cote de confiance en hausse
Ambiance de fin de règnechez Dexia
“Amour” primé à Cannes
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Après la Grèce, c’est l’Espagne quiinquiète les marchés financiers.Peur sur la zone euro.
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LLN_MENSUEL_185X230_JAN_jazz:LB_MENSUEL 16/02/12 12:41 Page 1
Juin 2012 - La Libre Mensuelle 5
OUVERTURE : ZONE EURO
Comment relancer lacroissance? Là est laquestionUPP. 6-9
L’Europe, en crise, veutparler de relanceUPP. 10-11
L’avis de Bruno Colmant,professeur à l’UCLUP.12
L’avis d’Yves Zlotowski,de la société Coface.UPP. 13 ET 16
Entretien avec BrunoClémentin, président del’Institut français d’étudeséconomiques et socialespour la décroissancesoutenableUPP. 14-15
Partie de poker menteurà la table grecque
UPP. 18-21
L’espagne tente, en vain,de redonner confianceUPP. 22-23
PLANÈTE
Parkinson, avec “P”comme pesticidesUPP. 24-25
BELGIQUE
Les NV-A épargnent legouvernement PapillonUPP. 28-29
La prison, un “terminussocial”où on se bouscule…UPP. 30-31
Pro deo: la guerreest déclenchéeUPP. 32-35
Mille coeurs au nom de laMémoire des camps de lamortUPP. 36-39
INTERNATIONAL
Le projet de Hollandepour taxer les résidentsbelgesUPP. 42-43
Sarkozy, justiciablecomme un autreUPP. 44-45
“La Chine n’appartient pasau Parti communiste”, dità Huy le Dalaï Lama.UPP. 46-49
ECONOMIE
Pierre Mariani (Dexia): “Jene suis pas encore parti”UPP. 54-59
Les actionnaires de Dexia,dupés sur toute la ligneU PP. 60-63
Les Belges sont peuregardants au prix desproduitsU PP. 64-67
Lukoil: “Nous allonsgrandir en Belgique”U PP. 68-71
Di Rupo Ier fait peur auxinvestisseursU PP. 72-73
SPORTS
Nicolas Colsaerts, unchampion hors normeUPP. 78-79
CULTURE
Cannes a fait son cinémaUPP. 80-85
Andrey Baranov, lauréatdu Reine ElisabethUPP. 86-87
“Desperate Housewives” atiré sa révérenceUPP. 88-91
Levy/Musso: les clefsdu succès littéraireUPP. 92-95
Avec Robin Gibb, le discoencore en deuil.“Stayin’ Alive”UPP. 96-97
Vice-président du CA et du CP: Patrice le HodeyAdministrateur délégué-éditeur responsable: François le HodeyDirecteur général: Denis PierrardRédacteur en chef: Vincent SlitsRédacteur en chef adjoint: Pierre-François LovensRédaction: 02.211.28.11Abonnements: 02.744.44.44
Courriel: abonnements@saipm.comLa Libre Mensuelle :Hugues Feron (responsable éditorial du mensuel),Jean-Pierre Lambert (conception graphique), EtienneScholasse et Johanna de Tessières (iconographie) et tous lesmembres de la rédaction de La Libre Belgique.
FRAN
COIS
MOR
I/AP
Ouverture | Zone euro
6 La Libre Mensuelle - Juin 2012 Juin 2012 - La Libre Mensuelle 7
Comment relancer la crois sance ? Là est la question
A lors, docteur ? Le malade européen ne se portepas mieux, diagnostique l’Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) qui a indiqué le mardi 22 mai que selon sesprévisions, la zone euro connaîtra une légère récession(0,1 %) en 2012. La fragilité de l’Union économique etmonétaire, toujours minée par la crise de la dette souveraine, “demeure la plus importante source de risquespour l’économie mondiale”, souligne l’OCDE.
Tout le monde, parmi les Vingtsept, est convaincuque l’Union européenne, et la zone euro en particulier,ne parviendront pas à sortir de l’ornière sans renoueravec la croissance. Le président du Conseil européen,Herman Van Rompuy, a convié les chefs d’Etat et degouvernement de l’Union à débattre de ce vaste sujet,le mercredi 23 mai à Bruxelles, lors d’un dîner informel. Mais les avis divergent sur la manière de relancer
l’économie et la façon de conjuguer relance et rigueurbudgétaire. Néanmoins, dans sa lettre d’invitation,Herman Van Rompuy priait les Vingtsept de se pencher “sans tabou” sur les différentes options.
1 Des mesures concrètes pour la croissance. Laréunion informelle n’accouchera pas de décision
concrète. Elle sert avant tout à déblayer le terrain pourle Conseil européen de juin, dont l’agenda sera chargécomme un tram à l’heure de pointe, et à entendre lespositons des uns et des autres sur l’emploi, les réformes structurelles les fonds européens, etc. Plus concrètement, les Vingtsept étudieront deux propositions de la Commission. La première a trait aux projectbonds qui doivent financer des grands travaux dans ledomaine des réseaux transeuropéens de transports,d’énergie, ainsi que dans celui de l’innovation. Cesobligations, garanties par le budget européen et laBanque européenne d’investissements (BEI) devraient attirer les investisseurs privés. Le nouveau président français François Hollande avait plaidé pourleur création pendant sa campagne. Et le mardi 22mai, le Parlement européen et le Conseil ont trouvéun accord pour le lancement d’une phase pilote, en20122013. Quelque 230 millions d’euros du budgeteuropéen seront affectés aux project bonds, avec l’espoir de lever, via un effet multiplicateur, 4,5 milliardsd’euros pour cinq ou six projets phares, à préciser. Sil’essai est concluant, la Commission proposera que
50 milliards d’euros issus du budget européen 20142020 soient consacrés aux projects bonds. Reste à voir sila proposition passera la rampe des négociations sur lebudget pluriannuel.Autre proposition à débattre : l’augmentation de10 milliards d’euros le capital de la BEI, le bras financier de l’UE. Paris y est favorable, Berlin moins enthousiaste, Londres réticent. Car il faudra délier lescordons de la bourse. Le coût estimé pour la Belgique est de 450 millions d’euros.
2 Et la solidarité ? Parmi les Vingtsept, le principede rigueur budgétaire fait, globalement, consen
sus. Plusieurs voix se lèvent, toutefois, pour qu’il soitdoublé d’un principe de solidarité, incarné par la création d’euroobligations, qui permettraient de mutualiser la dette des Etats membres. Auréolé de son entréeréussie sur la scène internationale, le weekend dernier, au G8 de Camp David, François Hollande entendporter l’idée. L’Espagnol Rajoy et l’Italien Monti, dontles pays doivent s’acquitter de taux d’intérêts de plusen plus élevés sur les marchés, sont prêts à lui emboîter le pas. De même que la Commission. Qui, selon sonviceprésident en charge des Affaires économiques, financières et de l’euro, Olli Rehn prépare un plan pourl’approfondissement de l’intégration de l’Union économique et monétaire “de sorte que l’émission commune de dette ferait sens pour tous les Etats qui partagentla même monnaie”. Oui mais : “Si des délégations met
tent ce sujet sur la table, je crois pouvoir prédire certainesréactions”, ironise une source européenne. Les euroobligations, ce n’est “ni maintenant, ni en juin”, insisteton en effet, à Berlin. Ce qui ne veut pas dire “jamais”.
3 Et la Grèce, dans tout ça ? La crainte d’HermanVan Rompuy est que la situation politique en
Grèce ne parasite la réunion. Le sujet a donc été prudemment relégué au poussecafé. C’est que le BelgeKarel De Gucht, commissaire au Commerce, a mis lefeu aux poudres, en déclarant le vendredi 18 mai au“Standaard”, que la Commission et la Banque centraleeuropéenne étudiaient des scénarios de sortie de laGrèce de la zone euro. La directrice générale du Fondsmonétaire international, Christine Lagarde, a aussiévoqué des discussions techniques sur la Grexit. Maisles participants européens du G8 ont réaffirmé quel’avenir de la Grèce est dans la zone euro. Et, officiellement, les institutions européennes martèlent, que“Non, non, personne ne prépare une sortie de la Grèce”.Les Vingtsept tenteront donc de délivrer un messagecohérent. Sans trop s’avancer, avant que les nouvellesélections grecques du 17 juin n’aient livré leur verdict.“On ne va pas dire qu’on est prêt à s’engager plus pour laGrèce ou à assouplir ses engagements”, glisse une sourcediplomatique. “Mais évidemment, on met un peu la pression sur l’électeur grec”.Olivier le Bussy(LLB 23 mai)
P C’était le thème du sommet européeninformel. Mais les avis divergentsur la façon de générer la relance.
P La crainte existe que le sujet grecne parasite les débats.
Juin 2012 - La Libre Mensuelle 7
Comment relancer la crois sance ? Là est la question50 milliards d’euros issus du budget européen 20142020 soient consacrés aux projects bonds. Reste à voir sila proposition passera la rampe des négociations sur lebudget pluriannuel.Autre proposition à débattre : l’augmentation de10 milliards d’euros le capital de la BEI, le bras financier de l’UE. Paris y est favorable, Berlin moins enthousiaste, Londres réticent. Car il faudra délier lescordons de la bourse. Le coût estimé pour la Belgique est de 450 millions d’euros.
2 Et la solidarité ? Parmi les Vingtsept, le principede rigueur budgétaire fait, globalement, consen
sus. Plusieurs voix se lèvent, toutefois, pour qu’il soitdoublé d’un principe de solidarité, incarné par la création d’euroobligations, qui permettraient de mutualiser la dette des Etats membres. Auréolé de son entréeréussie sur la scène internationale, le weekend dernier, au G8 de Camp David, François Hollande entendporter l’idée. L’Espagnol Rajoy et l’Italien Monti, dontles pays doivent s’acquitter de taux d’intérêts de plusen plus élevés sur les marchés, sont prêts à lui emboîter le pas. De même que la Commission. Qui, selon sonviceprésident en charge des Affaires économiques, financières et de l’euro, Olli Rehn prépare un plan pourl’approfondissement de l’intégration de l’Union économique et monétaire “de sorte que l’émission commune de dette ferait sens pour tous les Etats qui partagentla même monnaie”. Oui mais : “Si des délégations met
tent ce sujet sur la table, je crois pouvoir prédire certainesréactions”, ironise une source européenne. Les euroobligations, ce n’est “ni maintenant, ni en juin”, insisteton en effet, à Berlin. Ce qui ne veut pas dire “jamais”.
3 Et la Grèce, dans tout ça ? La crainte d’HermanVan Rompuy est que la situation politique en
Grèce ne parasite la réunion. Le sujet a donc été prudemment relégué au poussecafé. C’est que le BelgeKarel De Gucht, commissaire au Commerce, a mis lefeu aux poudres, en déclarant le vendredi 18 mai au“Standaard”, que la Commission et la Banque centraleeuropéenne étudiaient des scénarios de sortie de laGrèce de la zone euro. La directrice générale du Fondsmonétaire international, Christine Lagarde, a aussiévoqué des discussions techniques sur la Grexit. Maisles participants européens du G8 ont réaffirmé quel’avenir de la Grèce est dans la zone euro. Et, officiellement, les institutions européennes martèlent, que“Non, non, personne ne prépare une sortie de la Grèce”.Les Vingtsept tenteront donc de délivrer un messagecohérent. Sans trop s’avancer, avant que les nouvellesélections grecques du 17 juin n’aient livré leur verdict.“On ne va pas dire qu’on est prêt à s’engager plus pour laGrèce ou à assouplir ses engagements”, glisse une sourcediplomatique. “Mais évidemment, on met un peu la pression sur l’électeur grec”.Olivier le Bussy(LLB 23 mai)
Ouverture | Zone euro
8 La Libre Mensuelle - Juin 2012 Juin 2012 - La Libre Mensuelle 9
Le banquier
Draghi et soncompromis
Réformes. Longtemps partisand’une politique d’austérité“made in Berlin”, Mario Draghi,le président de la Banque cen-trale européenne, a depuis revusa position. Il n’y a, selon l’Ita-lien, pas de contradiction entrele “pacte budgétaire pour redres-ser les comptes publics” enEurope et un “pacte de crois-sance basé sur des réformesstructurelles” qu’il prône. “Nousdevons remettre la croissance aucœur de l’agenda (européen)”,explique l’ancien cadre deGoldman Sachs. Tout en mettanten garde: “Arrêter le redresse-ment budgétaire ne serait pasd’une grande aide”, précise-t-il.Car M. Draghi exclut une relance“hollandaise” par la dépensepublique. Selon lui, la crois-sance viendra “en facilitant lesactivités des entrepreneurs”.R.Me.
GEER
TVA
NDEN
WIJN
GAER
T/AP
Le professeur
Monti, le traitd’union
“Sans croissance, la disciplinefiscale est insoutenable”, adéclaré Mario Monti le mardi 22mai, à la veille du sommet euro-péen informel. Des mots qui ontd’autant plus de poids que l’anciencommissaire européen, présidentdu Conseil italien depuis novem-bre 2011, jouit d’une aura certainedans l’Union. Parce qu’il est unEuropéen convaincu. Parce que songouvernement “technique” estparvenu à stabiliser un pays réputéingouvernable et rétif aux réfor-mes. Mais aussi parce que, sansnégliger la rigueur, il refuse qu’ellesoit appliquée aveuglément – ilinsiste, par exemple, pour que lesdépenses publiques d’investisse-ments ne soient pas comptabili-sées dans le calcul des déficits.Aussi est-il vu comme un pointd’équlibre, un acteur capabled’arrondir les angles Berlin etParis. OleB
ROBE
RTOMON
ALDO
,LAP
RESSE/AP
Le nouveau
La croissance“normale”
Changement. Il n’a eu cesse de lerépéter durant toute sa campagneélectorale: pour sortir de la crise,l’Europe a besoin d’une politiquede croissance. Avec la fermevolonté de changer le cap dumoteur franco-allemand, tropcentré sur l’austérité, selon lui,François Hollande entend rassem-bler tous les socialistes, dont ElioDi Rupo, et sociaux-démocrateseuropéens derrière son projet.Pour M. Hollande, le seul faitd’avoir réussi à imposer, lors dudernier G8, “le mot clé de crois-sance” est déjà une réussite.Reste, selon lui, à renégocier ledernier traité budgétaire euro-péen. Ou, du moins, à y rajouter unchapitre “croissance”. Tout enprécisant à ses partenaires ledegré des dépenses publiques etdes réformes structurelles pourarriver à cette relance. Soit le vrainœud de la discorde. R.Me.
JENS
MEY
ER/AP
La surprise grecque
Tsipras,l’anti-austérité
Trublion. “On ne négocie pas avecl’enfer.” Alexis Tsipras, leader duparti grec de gauche radicale,Syriza, ne mâche jamais ses motspour évoquer tout le mal qu’ilpense du “mémorandum d’assis-tance” à la Grèce, prôné par leFMI et les gouvernements euro-péens. Trentenaire, proche duFront de gauche français deMélenchon, M. Tsipras, dont leparti pourrait jouer un rôle clédans les prochaines semaines, faitaujourd’hui figure de référencepour tous ceux qui refusent deparler d’austérité en Europe. “Lemémorandum […] est une expéri-mentation néo-libérale de choc qui a conduit à unecrise humanitaire en Grèce et doitêtre ensuite exportée à l’Europeentière.” Pour lui, “nous vivonsune guerre entre les forces dutravail et les forces invisibles de lafinance et des banques”. R.Me.
MICHA
ELSO
HN/AP
Le modérateur
Van Rompuy,le fataliste
Modèle social. Selon HermanVan Rompuy, l’Europe n’échap-pera pas à l’austérité. Le prési-dent du Conseil européen exclutd’ailleurs toute négociation d’unnouveau traité budgétaire,comme le demandent les socia-listes. “Les mesures d’austéritédoivent être prises. Il n’y a rien àfaire ! Dans ce genre de circons-tances, les degrés de liberté, lesmarges de manœuvre sont extrê-mement faibles”, expliquait-il le14 mai dernier. “On ne va pasretrouver la croissance par unepolitique de relance via l’augmen-tation des dépenses publiques. Jene sais pas s’il y a encore quel-ques téméraires qui y songent[…]”. Le plus important pourM. Van Rompuy, c’est de mainte-nir le modèle social européen“grâce à une base et une infras-tructure économiques pour lesoutenir et le financer”. R.Me.
YVES
LOGG
HE/AP
La mère-la-rigueur
Madame“Nein”
La chancelière Angela Merkeln’en démord pas: hors de questionde nourrir la relance par uneaugmentation des déficits budgé-taires. Non que l’Allemagne soitopposée à la croissance (quil’est?). Mais pour la chancelière,celle-ci doit être “le fruit d’unepolitique intelligente de réformes”structurelles et d’une meilleureutilisation des fonds structurelseuropéens. Ni les “project bonds”,ni l’augmentation de capital de laBEI n’enthousiasment Mme Merkelqui ne veut pas non plus entendreparler d’euro-obligations. Resteque si elle conserve le soutien despays nordiques, la chancelière voitson autorité contestée sur la scènedomestique et dans l’Union. Elleest même critiquée, en creux, parla directrice générale du FMI,Christine Lagarde, qui appellel’Europe à en faire plus pour lacroissance. OleB
KOSTAS
TSIRON
IS/AP
Juin 2012 - La Libre Mensuelle 9
Le banquier
Draghi et soncompromis
Réformes. Longtemps partisand’une politique d’austérité“made in Berlin”, Mario Draghi,le président de la Banque cen-trale européenne, a depuis revusa position. Il n’y a, selon l’Ita-lien, pas de contradiction entrele “pacte budgétaire pour redres-ser les comptes publics” enEurope et un “pacte de crois-sance basé sur des réformesstructurelles” qu’il prône. “Nousdevons remettre la croissance aucœur de l’agenda (européen)”,explique l’ancien cadre deGoldman Sachs. Tout en mettanten garde: “Arrêter le redresse-ment budgétaire ne serait pasd’une grande aide”, précise-t-il.Car M. Draghi exclut une relance“hollandaise” par la dépensepublique. Selon lui, la crois-sance viendra “en facilitant lesactivités des entrepreneurs”.R.Me.
GEER
TVA
NDEN
WIJN
GAER
T/AP
JENS
MEY
ER/AP
Le modérateur
Van Rompuy,le fataliste
Modèle social. Selon HermanVan Rompuy, l’Europe n’échap-pera pas à l’austérité. Le prési-dent du Conseil européen exclutd’ailleurs toute négociation d’unnouveau traité budgétaire,comme le demandent les socia-listes. “Les mesures d’austéritédoivent être prises. Il n’y a rien àfaire ! Dans ce genre de circons-tances, les degrés de liberté, lesmarges de manœuvre sont extrê-mement faibles”, expliquait-il le14 mai dernier. “On ne va pasretrouver la croissance par unepolitique de relance via l’augmen-tation des dépenses publiques. Jene sais pas s’il y a encore quel-ques téméraires qui y songent[…]”. Le plus important pourM. Van Rompuy, c’est de mainte-nir le modèle social européen“grâce à une base et une infras-tructure économiques pour lesoutenir et le financer”. R.Me.
YVES
LOGG
HE/AP
La mère-la-rigueur
Madame“Nein”
La chancelière Angela Merkeln’en démord pas: hors de questionde nourrir la relance par uneaugmentation des déficits budgé-taires. Non que l’Allemagne soitopposée à la croissance (quil’est?). Mais pour la chancelière,celle-ci doit être “le fruit d’unepolitique intelligente de réformes”structurelles et d’une meilleureutilisation des fonds structurelseuropéens. Ni les “project bonds”,ni l’augmentation de capital de laBEI n’enthousiasment Mme Merkelqui ne veut pas non plus entendreparler d’euro-obligations. Resteque si elle conserve le soutien despays nordiques, la chancelière voitson autorité contestée sur la scènedomestique et dans l’Union. Elleest même critiquée, en creux, parla directrice générale du FMI,Christine Lagarde, qui appellel’Europe à en faire plus pour lacroissance. OleB
Ouverture | Zone euro
10 La Libre Mensuelle - Juin 2012 Juin 2012 - La Libre Mensuelle 11
L’Europe en crise veut parler de relance
Éclairage Yves Cavalier
En quelques semaines, pas malde tabous ont volé en éclat. Larigueur, l’austérité, l’orthodo
xie budgétaire ne sont plus la seule“règle d’or”. Désormais, on parlerelance, on se souvient que l’austérité sans perspective de croissancen’a pas beaucoup de sens. Au con
traire, la rigueur extrême est destructrice de progrès et donc d’espoir. La Grèce est là chaque jourpour en témoigner. C’est au pointque désormais, l’idée même defaire sortir la Grèce de la zone euron’est plus incongrue. Le tabou asauté même s’il y a des milliers debonnes raisons pour éviter qu’onen arrive à un tel scénario.
Nous allons nous efforcer decomprendre pourquoi ce rêveeuropéen d’union et de solidaritéest en train de se fissurer pour unebanale question d’argent… Pourtant l’Europe avait pris ses précautions. Depuis le Traité de Maastricht, on savait qu’il était indispensable de prévoir aussi unprogramme de stabilité pour éviter
les distorsions économiques entremembres de la zone euro. On étaittellement certain d’être dans lebon que nulle part on n’a prévuqu’un Etat puisse quitter la zoneeuro même en cas de crise grave.De deux choses l’une: soit on a négligé le risque d’une crise fatale,soit on a délibérément voulu éviterque l’euro ne vole en éclats, mêmeen cas de crise dramatique.
Cette dernière hypothèse auraitpu se justifier à condition que l’Europe ait parfaitement intégré leprincipe de solidarité: tous unis parune monnaie commune, pour lemeilleur et pour le pire.
Les axes de croissance ont également déjà été identifiés et définisdans le cadre de ce qu’on appelle laStratégie de Lisbonne (et non leTraité institutionnel de Lisbonne):l’innovation comme moteur dechangement, l’économie de la connaissance… Telles étaient les lignesdirectrices d’un projet communqui aurait dû atteindre son apothéose en 2010. Mais on sait qu’entretemps, Lehman Brothers estpassé par là, comme pour préparerle terrain à la crise financière puis àcelle de la dette souveraine qui secristallise autour de la Grèce.
Le débat sur la croissance de la
“Vieille Europe” ne date donc pasd’aujourd’hui. L’Europe a toujoursœuvré pour cette politique au niveau de l’Union mais sans doutemoins au niveau de chaque Etat. Ilest vrai que crise mondiale aidant,la tentation était grande de la jouer“individuelle”, chacun se repliantsur ses propres atouts. Une attitudequi a eu pour effet de creuser plusencore les écarts entre le nord et lesud de l’Europe, avec les facteurs dedistorsion qui ont mené à la crisede confiance.
C’est tout cela qui sera à l’ordredu jour de ce présommet, un dîner informel de ce mercredi 23mai. Les convives devraient y baliser le sommet des 28 et 29 juinprochain à Bruxelles en énumérantles différentes pistes qui permettraient de lancer ce fameux “pactede croissance” si cher à FrançoisHollande. Tout cela se déroule évidemment dans une ambiance trèstendue. Entre la Grèce qui tiendratout le monde en haleine au moinsjusqu’aux nouvelles élections législatives du 17 juin prochain et l’Espagne qui vient d’administrer unremède de cheval à son secteurbancaire au bord de l’implosion, lamarge de manœuvre est étroite.D’autant que les marchés financiers eux, veillent au grain également. Et ces derniers restent bienplus menaçants que les agences denotation qui ont déjà fait leur partdu travail. Le plus difficile sera deconvaincre chacun que malgré laGrèce, l’Europe est capable de trouver une solution durable à unecrise qui ne s’arrêtera pas le lendemain du sommet de Bruxelles. Il nes’agit pas d’enterrer un problème,mais de préparer un avenir.(LLB 22 mai)
P L’Europe est désormais en quête de croissance.
P Trois témoignages avec des axes différents : relance, décroissance et entreprises.
Juin 2012 - La Libre Mensuelle 11
L’Europe en crise veut parler de relanceles distorsions économiques entremembres de la zone euro. On étaittellement certain d’être dans lebon que nulle part on n’a prévuqu’un Etat puisse quitter la zoneeuro même en cas de crise grave.De deux choses l’une: soit on a négligé le risque d’une crise fatale,soit on a délibérément voulu éviterque l’euro ne vole en éclats, mêmeen cas de crise dramatique.
Cette dernière hypothèse auraitpu se justifier à condition que l’Europe ait parfaitement intégré leprincipe de solidarité: tous unis parune monnaie commune, pour lemeilleur et pour le pire.
Les axes de croissance ont également déjà été identifiés et définisdans le cadre de ce qu’on appelle laStratégie de Lisbonne (et non leTraité institutionnel de Lisbonne):l’innovation comme moteur dechangement, l’économie de la connaissance… Telles étaient les lignesdirectrices d’un projet communqui aurait dû atteindre son apothéose en 2010. Mais on sait qu’entretemps, Lehman Brothers estpassé par là, comme pour préparerle terrain à la crise financière puis àcelle de la dette souveraine qui secristallise autour de la Grèce.
Le débat sur la croissance de la
“Vieille Europe” ne date donc pasd’aujourd’hui. L’Europe a toujoursœuvré pour cette politique au niveau de l’Union mais sans doutemoins au niveau de chaque Etat. Ilest vrai que crise mondiale aidant,la tentation était grande de la jouer“individuelle”, chacun se repliantsur ses propres atouts. Une attitudequi a eu pour effet de creuser plusencore les écarts entre le nord et lesud de l’Europe, avec les facteurs dedistorsion qui ont mené à la crisede confiance.
C’est tout cela qui sera à l’ordredu jour de ce présommet, un dîner informel de ce mercredi 23mai. Les convives devraient y baliser le sommet des 28 et 29 juinprochain à Bruxelles en énumérantles différentes pistes qui permettraient de lancer ce fameux “pactede croissance” si cher à FrançoisHollande. Tout cela se déroule évidemment dans une ambiance trèstendue. Entre la Grèce qui tiendratout le monde en haleine au moinsjusqu’aux nouvelles élections législatives du 17 juin prochain et l’Espagne qui vient d’administrer unremède de cheval à son secteurbancaire au bord de l’implosion, lamarge de manœuvre est étroite.D’autant que les marchés financiers eux, veillent au grain également. Et ces derniers restent bienplus menaçants que les agences denotation qui ont déjà fait leur partdu travail. Le plus difficile sera deconvaincre chacun que malgré laGrèce, l’Europe est capable de trouver une solution durable à unecrise qui ne s’arrêtera pas le lendemain du sommet de Bruxelles. Il nes’agit pas d’enterrer un problème,mais de préparer un avenir.(LLB 22 mai)
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