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Etienne de Callataÿ
Banque Degroof & UNamur
Economie et bien commun.Quelques réflexions au départ de la crise financière
Maredsous
29 mars 2014
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La Chute d’Icare
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La Chute d’I Care ?
Pourquoi Brueghel ?
Orgueil / hybris d’Icare Surdité / aveuglement du laboureur Egoïsme du laboureur Rationalité du laboureur Car les théories doivent être revues : ce n’est pas un Brueghel
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Menu du jour
Plan
1. Etat des lieux
2. Enseignements de la crise
3. Faire l’économie de l’économie ?
4. Refuser tout crédit aux banques ?
5. Sortir de la crise plus humains
6. Conclusions
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1. Etat des lieux
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« Crisis ? What Crisis ? » (Supertramp, 1975) Financière
Menace systémique, banques qui se défilent (« credit crunch »), banques qui refilent les pertes à l’Etat, …
Economique Croissance, chômage, pouvoir d’achat, pauvreté, …
Sociale Insécurisation, peur, stress, inégalités, cohésion, …
IntertemporelleFinances publiques, environnement, …
PolitiqueGouvernance mondiale & européenne, nationalisme, …
Des crises multiples
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Pas de nostalgie
Espérance de vie Espérance de vie en bonne santé Réduction de la pauvreté la plus abjecte Réduction des inégalités à l’échelle planétaire Démocratisation (?) Intégration européenne …
Des progrès perdus de vue
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• Tout allait bien …• … et puis les vils spéculateurs sont venus …
• … et la crise s’est abattue sur le monde ?
Le paradis terrestre
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La crise comme révélateur de faillesCas de la Grèce
clientélisme, népotisme, fraude, corruption, qualité de l’éducation, poids de l’armée et
de l’Eglise orthodoxe, solde commercial, … Malgré Aube dorée, malgré la chute récente du pouvoir d’achat, n’est-il pas préférable de naître en Grèce en
2014 qu’en 1994 ?
Le mal de tête/ventre est postérieur à la fête Etre en crise ≠ faire des bêtises Etre en crise = affronter les « non-soutenabilités »
Tout allait bien ?
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Le poids des maux Perte de bien-être (emploi, revenu, peurs) … sans effet de rattrapage ultérieur : les équilibres multiples
… et le poids des mots Crise, un terme trop négatif Crise, un terme trop ponctuel Crise, un terme trop nostalgique
« On est toujours en crise – synonyme de changement – sinon c’est la mort » (Javier Cercas, écrivain espagnol,
2014)« La crise est une chance pour se remettre en question et analyser aussi nos propres fautes. La crise permet une imagination radicale. » (Katerina Gregos, directrice d’Art Brussels, 2014)
« Crise », un mot en crise
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Le changement comme seule constante Evolution technologique Globalisation Déclin du communisme Financiarisation Migrations Structures familiales Education …
De + en + interdépendants … et de + en + individualistes ?
D’aventure en aventure, de crise en crise
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Dégradation
Octroi de crédit Dette publique en % du PIB Nombre de personnes sans emploi Sentiment européen Cohésion sociale Environnement Rythme des réformes vs. rythme des changements sociétaux …
Docteur, cela s’aggrave ?
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Docteur, cela cicatrise ?
Court terme Stabilisation des pays périphériques Recul des peurs extrêmesMoyen terme Convergence des coûts salariaux Correction des déséquilibres commerciaux Consolidation budgétaireLong terme Assagissement du secteur financier Initiation de réformes structurelles Progrès dans l’intégration européenne
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Demain la croissance ?
Perspectives tendancielles Croissance future tempérée (cf. R. Gordon)
Ralentissement démographique Moindre amélioration du capital humain Poursuite des désendettements Conséquences des inégalités Contraintes environnementales Hausse durable de l’aversion au risque …
Consolation #1 : La croissance ne résout pas tout Consolation #2 : la croissance est parfois plus problématique
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2. Enseignements de la crise
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Le secteur financier Ego Incompétence (« en prison pour médiocrité », Montherlant) Mauvais indicateurs de performance (ROE) Hauteur des rémunérations Asymétrie des rémunérations Lobby réglementaire …
La faute à Voltaire ou à Rousseau ? (1/3)
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Les pouvoirs publics Régulations bancaires défaillantes Dangers des innovations financières non compris Conflit d’intérêt des agences de notation ignoré Incitation fiscale à l’endettement Crédit comme palliatif des inégalités de revenu Construction européenne boiteuse, avec politique monétaire
unique malgré divergences sous-jacentes …
La faute à Voltaire ou à Rousseau ? (2/3)
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Nous tous, électeurs – consommateurs - épargnants Emprunter moins cher ou avec des protections (ex.: emprunts
hypothécaires) Prêter plus cher (ex.: Kaupthing) Payer moins d’impôts Spéculer …
Tous coupables ≠ irresponsabilité généralisée
La faute à Voltaire ou à Rousseau ? (3/3)
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Les illusions perdues L’efficience des marchés financiers Lien entre rémunération et valeur ajoutée Les bienfaits des innovations financières Tout le monde gagne quand la croissance est là « Ce qui est bon pour GM est bon pour l’Amérique » « Meten is weten » Les vertus de la dérégulation Les mérites de la flexibilité L’austérité expansionniste L’illusion de la stabilité (« la stabilité rend fou », Nietzsche) …
Crise qui saigne, crise qui enseigne (1/2)
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Les sagesses retrouvées Interdépendances Vertus de l’autorité publique Importance de la bonne gouvernance Mauvaise mesure (de la réalité) = mauvaise mesure (politique) La menace des inégalités Les dangers de l’endettement Les vices de l’optimisation fiscale La nécessité de prévenir les bulles L’intérêt de s’inscrire dans la durée (vivent les rigidités ?) La confiance comme pierre angulaire La résilience de nos sociétés …
Crise qui saigne, crise qui enseigne (2/2)
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Le FMI ou Fin de la Mondialisation Irresponsable
Les nouvelles vertus … de la taxation les transactions financières … de la taxation des patrimoines … de l’investissement public … du ralentissement de l’austérité … d’une inflation supérieure à 2% …
Je grandis, je change
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La crise comme condition de la transformation ? « Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise » (Jean Monnet)
• Non, car trop désespérant sur l’intelligence humaine
• Non, car nos pays n’ont pas connu de réformes radicales malgré la gravité de la crise
• Oui, car nos banques, nos pays et l’Europe seront quand même différents (voir visuel suivant)
Vive la crise ?
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Intégration, perte de souveraineté, discipline, mutualisation, solidarité, …
Six-Pack Règle d’or
MES LTRO Two-Pack
SMP OMT PSI SSMSRM
AQR ELA EFSF
Pacte budgétaire Bail-inCRD IV
Bail-out
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L’alphabet des technocrates, une soupe de petites lettres … mais pas une soupe populaire
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3. Faire l’économie de l’économie ?
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Des indicateurs dévoyées• Bien-être
vs. croissance annuelle du PIB réelvs. revenu monétaire moyen
• Qualité des finances publiques vs. déficit public en % du PIB
• Soutenabilité vs. dette publique en % du PIB
Combien ?
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Ce qu’elle n’est pas La science du profit La maximisation du PIB Le consensus de Washington L’exaltation de l’individualisme Une mise au pas du réel « à la Stigler » Un café du commerce Un jeu de tarot …
L’économie au dictionnaire des idées reçues
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Ce qu’elle est Une science morale Une invitation à la tempérance face aux excès
« Libéralisme sauvage » ? « Institutions financières » « Plans d’ajustement structurels assassins du FMI » « La société grecque est détruite » …
L’anti poudre aux yeux ( « the dismal science ») Une mise en avant des arbitrages
« On the one hand, (…) on the other hand »
Deux ou trois choses que je sais d’elle
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Histoire immédiate « Que pensez-vous de la Révolution française ? » (Richard Nixon
à Chou En Lai en 1972) « It is too soon to tell » [version non établie]
Indulgence
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De la rareté à l’abondance Economie, science de la rareté
Economics 101 : « Science de l’allocation optimale de ressources rares »
Demain, science de l’immatériel et de la coopération ?
Mutation
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4. Refuser tout crédit aux banques ?
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Les marchés financiers Pas génétiquement viciés mais génétiquement dangereux Utilité intertemporelle et interpersonnelle Innovations financières, pour le meilleur … et pour le pire
ex.: Emprunt hypothécaire à taux « canalisés » hedging = assurance, bénéfique … mais paris sur les récoltes de café … … et sur l’incendie de la maison du voisin … avec perte de transparence et risque de contagion
Absence d’alternative aux agences de notation Arbitrage entre prudence financière et croissance …
Ethique financière, nouvel oxymore ?
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5. Sortir de la crise plus humains
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La responsabilité sociale de l’entreprise
Vue schizophréniqueMilton Friedman: à l’entreprise de respecter les lois et de maximiser le profit, aux actionnaires de le distribuer
Contribution potentielle significative qualité de vie au travail, respect du client, …
Contrainte de la pression concurrentielle
Du service minimum
au minimum de service
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Le social business
Version douceL’impact investment
Version forteLe social business de M. Yunus … héritier de l’entreprise sociale de l’Abbé Froidure
De « Aide-toi, le ciel t’aidera »
à « Aide l’autre, le marché le permettra »
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Action volontaire d’entreprises vs. action politique
Agir sur le terrain, au niveau des entreprises… vu l’urgence et car là on engrange des résultats… par cohérence, pour l’exemple
Agir en amont, au niveau politique et culturel… pour avoir un impact démultiplié… pour ne pas se contenter de la bonne conscience
Des sociétés
à la société
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Terra incognita
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Gestion de la crise, sans cap, ni capitaine
Décisions ad hoc, sans cadre théorique, ni leadership Pas enthousiasmant « N ’a jamais fonctionné » (Krugman)
MAIS A l’air de fonctionner Quelles alternatives ?
Se débrouiller (« muddling through »)
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Réformes structurelles Il y a moyen de faire mieux
retraite, santé, chômage, marché du travail, environnement, fiscalité, efficacité publique, performances sociales, éducation, système financier, …
Difficultés des réformes (voir visuel suivant)
Tabula rasa
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Obstacles aux réformes Méfiance
ill.: le capitalisme en Wallonie, une histoire de désamour Myopie
« un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » Insiders vs. Outsiders
Logique de l’action collective (M. Olson)Because the innovator has for enemies all those who have done well under the old conditions, and lukewarm defenders in those who may do well under the new (Machiavel)
« On sait ce qu’il faut faire, on ne sait pas comment être réélu ensuite » (J.-Cl. Juncker)
Le changement commence chez mon voisin
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Altruisme intéressé micro « Je suis l’embouteillage » « Ton burn-out nuit à mon bonus »
Altruisme intéressé macro « La faillite de tes banques me met à risque » « Ton déficit commercial est mon surplus »
De « L’enfer, c’est les autres »
À « La solution, ce sont les autres »
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Des ingrédients en entreprise People : de l’emploi et de qualité (rémunération,
épanouissement, stress, conciliation avec vie privée, …), avec un souci pour les groupes discriminés (femmes, allochtones, peu qualifiés, aînés)
Planet : empreinte environnementale Valeur ajoutée sociétale de l’activité Respect des clients et fournisseurs Retour pour la communauté (impôts, mécénat, …) …Avec des « consommacteurs » qui font la distinction !
Humaniser la vie économique (1/2)
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Gradualisme RSE social business secteur financier assagi réduction des émissions polluantes …Radicalité Argent Distribution des revenus (propriété privée, salaires, …) Décroissance …
Inflexions ou inversion ?
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Yaka
• Interdire la spéculation• Nationaliser les banques• Prendre l’argent là où il est• …
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L’économie, la science coûts d’opportunité, des arbitrages, des dilemmes
Qui accueillir ?
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Autre dilemme
Ouvrir ou fermer les portes de la FN ?
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Autre dilemme encore
Y aller ou pas ?
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Et encore …
Et comment s’y rendre ?
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Mais aussi …
Solidarité vs. responsabilisation
• Légitimité de la solidarité imposée• Aléa moral
• Ill.: dégressivité des allocations de chômage• Pénaliser le déjà malchanceux• Stimuler la recherche d’emploi
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Susciter la confiance
Choisir les priorités• Principes et valeurs• Le qualitatif (au travail et ailleurs)• Les plus faibles (pauvreté, inégalités, migrations,
…)• Les générations futures (environnement, endettement)• …
Humaniser la vie économique (2/2)
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6. En guise de conclusion
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Walking on the border
“walking down a road at dawn,
towards an uncertain but hopeful future”
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Walking on the border
“walking down a road at dawn,
towards an uncertain but hopeful future”
… mais de préférence pas au milieu de la route !
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