essai final madeleine-jane brammer lavoie · ii* remerciements*...
Post on 19-Aug-2020
1 Views
Preview:
TRANSCRIPT
DIAGNOSTIC DE LA GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES DANS LES COMMUNAUTÉS INNUES ET CRIES ENTRE LES 49E ET 55E PARALLÈLES
Par Madeleine-‐Jane Brammer Lavoie
Essai présenté au Centre universitaire de formation en environnement et développement durable en vue
de l’obtention du grade de maître en environnement (M. Env.)
Sous la direction de Monsieur Mario Laquerre
MAÎTRISE EN ENVIRONNEMENT
UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
Juillet 2014
i
SOMMAIRE
Mots clés : Gestion des matières résiduelles, autochtones, nord du Québec, plan de gestion des matières résiduelles, REIMR, recommandations
Le présent essai consiste à dresser le portrait de la gestion des matières résiduelles dans les
communautés autochtones cries et innues, entre les 49e et 55e parallèles. Cette étude vise à
optimiser les pratiques de collecte, de tri et de gestion dans les régions nordiques. Il est pertinent
de prendre en considération les matières résiduelles puisque les enjeux environnementaux du
nord du Québec sont particuliers et différents de ceux vécus par les villes et villages au sud de la
province. En effet, le contexte du Nord se distingue, entre autres, par la distance des grands
centres, la faible population, un climat froid, une grande richesse de ressources naturelles et
l’aménagement particulier du territoire. La mise en contexte territoriale, politique et législative a
permis de formuler des recommandations pertinentes à la réalité des communautés autochtones
dans le nord du Québec, c’est-‐à-‐dire l’objectif général de l’essai.
La collecte de l’information a permis de dresser le portrait de la gestion des matières résiduelles
des Cris de la Baie-‐James et celui des communautés innues. Grâce à une revue de la littérature et
à quelques entretiens téléphoniques, il a été possible de relever plusieurs constats quant à la
gestion des matières résiduelles dans les communautés nordiques étudiées. Les principaux
problèmes soulevés sont les suivants : l’isolement, le coût élevé du transport, l’absence
d’infrastructures, le manque de ressource financière, l’adoption du REIMR et l’absence de
traitement des matières recyclables.
Pour en faire une gestion durable, il est recommandé : d’encourager la recherche, l’innovation et
le développement; d’améliorer le financement destiné aux communautés autochtones pour leur
gestion des matières résiduelles; de faciliter la mise sur pied d’infrastructures et d’installations
adaptées à la réalité nordique pour le traitement des matières résiduelles; et d’encourager
l’éducation, la sensibilisation et la participation des citoyens envers une amélioration de la gestion
des matières résiduelles. Cette étude permettra d’optimiser les pratiques de collecte, de tri et de
gestion dans les régions nordiques et permettra d’atteindre les objectifs visés par la Politique
québécoise de gestion des matières résiduelles 2011-‐2015
.
ii
REMERCIEMENTS
L’accomplissement de mon essai n’aurait pas été possible sans le soutien et l’aide de quelques
personnes dont je tiens à remercier.
D’abord, un énorme merci à mon directeur, M. Mario Laquerre, sans celui-‐ci la réalisation de mon
essai aurait été impossible. Il a su se montrer disponible, m’a appuyée et encouragée tout au long
de ma démarche. Avec sa connaissance en gestion des matières résiduelles et son expérience, il a
grandement contribué à la réalisation de mon essai. Ce fut très agréable de pouvoir travailler avec
vous.
Merci aux collaborateurs qui ont permis ma collecte des données. Sans ces précieuses
informations, il m’aurait été impossible de réaliser mon projet.
J’accorde également un remerciement spécial à mes parents, qui m’ont épaulé tout au long du
processus. Non seulement lors de la rédaction de mon essai, mais tout au long de mon
cheminement scolaire qui m’a permis de compléter la maîtrise. Vous avez été patients! Thank
you.
J’aimerais aussi faire une mention spéciale à mon frère Éric et à Josée. Votre aide a grandement
été appréciée. Merci beaucoup!
iii
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION .................................................................................................................................. 1
1 LE NORD QUÉBÉCOIS ....................................................................................................................... 3
1.1 Le territoire concerné ............................................................................................................... 3
1.1.1 Aménagement du territoire .............................................................................................. 4
1.2 Communautés visées ............................................................................................................... 7
1.3 Problèmes environnementaux actuels ................................................................................... 14
1.3.1 Le développement du Nord ............................................................................................ 14
1.3.2 Les enjeux de la gestion des matières résiduelles dans le contexte nordique ................ 15
2 LES COMMUNAUTÉS AUTOCHTONES ........................................................................................... 18
2.1 Analyse géopolitique .............................................................................................................. 19
2.1.1 Région administrative Nord-‐du-‐Québec ......................................................................... 19
2.1.2 Région administrative Côte-‐Nord .................................................................................... 21
3 CADRE LÉGISLTATIF ....................................................................................................................... 23
3.1 Législation provinciale ............................................................................................................ 23
3.2 La gestion des matières résiduelles au Québec ..................................................................... 24
3.2.1 Loi sur la qualité de l’environnement .............................................................................. 24
3.2.2 Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles ...................... 26
3.2.3 Politique québécoise de gestion des matières résiduelles ............................................... 28
3.3 La gestion des matières résiduelles dans le nord du Québec ................................................ 32
4 LES PRATIQUES ACTUELLES EN GESTION DE MATIÈRES RÉSIDUELLES .......................................... 34
4.1 La gestion des matières résiduelles dans les communautés autochtones ............................. 34
4.1.1 Les communautés cries ................................................................................................... 34
4.1.2 Les communautés innues ................................................................................................ 45
4.2 Constats .................................................................................................................................. 48
5 PLAN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES ........................................................................... 50
5.1 Lignes directrices du MDDEFP ................................................................................................ 50
5.2 Méthodologie ......................................................................................................................... 52
5.3 Application ............................................................................................................................. 53
iv
6 RECOMMANDATIONS : VERS LA GESTION DURABLE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES ...................... 55
CONCLUSION .................................................................................................................................... 61
RÉFÉRENCES ..................................................................................................................................... 63
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................ 68
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE ........................................................................................................... 69
v
LISTE DES FIGURES ET DES TABLEAUX
Figure 1.1 Carte du territoire nordique du Québec ........................................................................... 5
Figure 1.2 Carte représentant le régime des terres par suite de la signature de la CBJNQ ............... 8
Figure 1.3 Carte des communautés autochtones sur le territoire québécois .................................. 11
Figure 3.1 Hiérarchie des modes de gestion en 1989 ...................................................................... 29
Figure 3.2 Hiérarchie des modes de gestion en 2000 ...................................................................... 30
Figure 4.1 Proportion de la quantité annuelle de matières résiduelles générées sur le territoire de
la Baie-‐James ............................................................................................................................ 37
Figure 5.1 Démarche d’élaboration d’un PGMR .............................................................................. 51
Tableau 1.1 Régime des terres dans le nord du Québec .................................................................... 9
Tableau 1.2 Recensement des populations autochtones aux Québec ............................................ 12
Tableau 3.1 Classification des territoires et des lieux d’enfouissement .......................................... 28
Tableau 4.1 Quantité annuelle de matières résiduelles générées sur le territoire de la Baie-‐James
................................................................................................................................................. 36
vi
LISTE DES ACRONYMES, DES SYMBOLES ET DES SIGLES 3RV-‐E Réduction, réemploi, recyclage, valorisation et élimination
AADNC Affaires autochtones et Développement du Nord Canada
ACV Analyse de cycle de vie
AOMGMR Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles
ARK Administration régionale Kativik
CBJNQ Convention de la Baie-‐James et du Nord québécois
CCEBJ Comité consultatif pour l’environnement de la Baie-‐James
CIRAIG Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de vie des produits, procédés et services
CNEQ Convention du Nord-‐Est québécois
CRD Construction, rénovation et démolition
ICI Industries, commerces et institutions
LEET Lieu d’enfouissement en tranchée
LEMN Lieu d’enfouissement en milieu nordique
LET Lieu d’enfouissement technique
LETI Lieu d’enfouissement en territoire isolé
LQE Loi sur la qualité de l’environnement
MDDEP Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs
MDDEFP Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs
MDDELCC Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de Lutte contre les Changements Climatiques
MRC Municipalité régionale de comté
MERN Ministère de l’Énergie et des Ressources Naturelles
PGMR Plan de gestion des matières résiduelles
RDS Règlement sur les déchets solides
REIMR Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles
SAA Secrétariat aux affaires autochtones
vii
SEBJ Société d’énergie de la Baie James
TNO Territoire non organisé
UMQ Union des municipalités du Québec
1
INTRODUCTION
Depuis les dernières années, la gestion des matières résiduelles est devenue une préoccupation
sociétale. Les avancées technologiques et le développement des connaissances dans le domaine
nous permettent de faire des gestes plus consciencieux et respectueux envers l’environnement.
Compte tenu de la densité de la population et de la pollution, les centres urbains – comme
Montréal ou Québec – sont souvent visés par les recherches et les programmes
gouvernementaux. Néanmoins, la nature vierge des grands espaces, surtout dans les territoires
nordiques, doit faire partie des pourparlers environnementaux. La gestion des matières
résiduelles doit être faite de manière adéquate dans l'ensemble de la province québécoise. Nous
devons commencer dès maintenant à nous préoccuper de la fin de vie des matières dans les
communautés autochtones nordiques.
L’absence de connaissance quant à la situation actuelle de la gestion des matières résiduelles
dans les communautés nordiques est la principale motivation de la réalisation du présent essai.
Ce manque est un obstacle majeur à la planification d’une saine gestion des matières résiduelles
et à l’atteinte des objectifs du Plan d’action 2011-‐2015 de la Politique québécoise de gestion des
matières résiduelles.
Le diagnostic de la gestion des matières résiduelles dans les communautés autochtones est
l’unique modus operandi pour procéder à un plan d’action pertinent à la réalité nordique. À cette
fin, l’objectif général est d’offrir des recommandations réalisables et spécifiques, tant au
gouvernement du Québec qu'aux dirigeants des communautés autochtones. Les objectifs
spécifiques permettant l’atteinte du but ultime sont de mettre en contexte les communautés
étudiées, de présenter la législation relative à la gestion des matières résiduelles au Québec et de
brosser le tableau de l’état de la gestion des matières résiduelles dans les communautés
autochtones innues et cries situées entre les 49e et 55e parallèles afin d’exposer les principaux
enjeux y étant reliés.
2
Dans l’intention d’atteindre les objectifs poursuivis, la collecte de l’information est possible grâce
à la revue de la littérature et à des entrevues. Par souci d’authenticité, les sources consultées sont
en fonction de la reconnaissance de l’auteur par la sphère académique et les sources présentées
par des organismes ou d’origine gouvernementale qui sont jugées crédibles. Pour obtenir les
renseignements sur la gestion des matières résiduelles dans les communautés autochtones
étudiées, des intervenants en environnement et des spécialistes ont été consultés. Enfin, la
diversification des sources ainsi que le recours aux publications les plus récentes sont des
éléments qui ont permis d’assurer la rigueur de l’essai et de faire une analyse d’actualité.
L’essai est divisé en six chapitres, ceux-‐ci ayant chacun leurs objectifs spécifiques. Le
premier chapitre présente brièvement le territoire, l’aménagement territorial, la population et les
principaux enjeux environnementaux du Nord québécois. Ce chapitre expose le contexte dans
lequel s’insèrent l’essai et les communautés autochtones situées entre les 49e et 55e parallèles. Le
deuxième chapitre est une analyse géopolitique des communautés autochtones étudiées, ayant
pour objectif de décrire les fondements des communautés ainsi que de définir le type de
communautés : isolés, routières et périurbaines. Le troisième chapitre explore le cadre législatif
pertinent aux autochtones québécois et rappelle les bases de la législation concernant la gestion
des matières résiduelles au Québec. Le quatrième chapitre dresse le portrait actuel de la gestion
des matières résiduelles dans les régions nordiques. Les situations vécues par quelques seront
étudiées. Le cinquième chapitre explique la méthodologie nécessaire à la mise en œuvre d’un
plan de gestion des matières résiduelles municipales (PGMR) spécifique aux communautés
autochtones. Le sixième chapitre formule les recommandations afin d’optimiser les pratiques de
collecte, de tri et de gestion dans les communautés autochtones et propose des outils
économiques à mettre en place pour optimiser la gestion des résidus.
3
1 LE NORD QUÉBÉCOIS
Le Nord-‐du-‐Québec se caractérise par un vaste territoire, un climat froid, de nombreuses
richesses naturelles, une population culturellement distincte, des paysages magnifiques, une
culture riche et des enjeux environnementaux importants. Particulièrement, la région nordique
du Québec est caractérisée par l'isolement en tenant compte de la distance qui la sépare des
grands centres urbains, et le territoire est caractérisé par différentes ententes qui légifèrent les
activités sur les terres. Ces particularités sont la cause majeure de plusieurs enjeux spécifiques au
Nord québécois. Entre autres, l’isolement occasionne de nombreux problèmes environnementaux
qui posent plusieurs défis aux dirigeants, et la signature de la Convention de la Baie-‐James et du
Nord québécois (CBJNQ) est déterminante sur les plans politique, économique, environnemental,
social, institutionnel et juridique. (Aatami et autres) Une brève présentation du Nord québécois
en fonction du territoire concerné, l’aménagement du territoire, les communautés visées et les
problèmes environnementaux est essentielle à la mise en contexte.
1.1 Le territoire concerné
L’immense territoire québécois au nord du 49e parallèle s’étend sur une superficie de 1,2 million
de km2, ce qui représente 72 % de la superficie du Québec. De vastes réserves de ressources
naturelles distinguent cette plus grande région du Québec : on y trouve une des plus importantes
réserves d’eau douce au monde, 200 000 km2 de forêts commerciales et des rivières à saumon
reconnues internationalement. (Gouvernement du Québec, 2012)
Dans cette immense région, peu peuplée et peu urbanisée, les ressources représentent un
potentiel de conservation naturelle considérable, le paysage étant aussi devenu une richesse
valorisée. L’intérêt porté envers les paysages est récent; en effet les nouvelles préoccupations
environnementales découlant des modifications du milieu causées par les barrages, les routes et
les mines indiquent la volonté des habitants à préserver l’environnement de leur région.
L’importance qu’on y accorde est motivée par la place qu'occupe la terre dans le mode de vie des
autochtones; leurs besoins et intérêts, comme la chasse et la pêche, y étant étroitement liés. Les
possibilités de développements économiques relatifs aux activités sportives et touristiques
associées aux terres expliquent aussi les préoccupations environnementales. Puisque le milieu est
4
fragile, les conséquences environnementales, comme les changements climatiques, sont
également une source de préoccupation pour les populations nordiques. (Auger et autres, 2012)
La figure 1.1 illustre le territoire concerné.
La région à l’étude est caractérisée par un sous-‐sol riche en ressources naturelles, le potentiel
minéral du Nord est depuis longtemps connu. Effectivement, dès 1903, on assiste aux premières
découvertes de cuivre et d’amiante dans le secteur de Chibougamau, et à partir de 1920, le Nord-‐
Ouest québécois domine le paysage minier (Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles,
2013). Selon le gouvernement québécois, l’exploitation des gisements d’or, de nickel, de cuivre,
d’argent, de cobalt, des éléments du groupe du platine, de zinc et de minerai de fer et d’ilménite
assure d’énormes retombées économiques pour la province. (Gouvernement du Québec, 2012)
1.1.1 Aménagement du territoire
Les nombreuses revendications des autochtones dans le Nord québécois ont mené à une division
du territoire et à des droits exclusifs sur une partie des terres. À cet effet, l’aménagement de la
région fait suite à la signature de la Convention de la Baie-‐James et du Nord québécois (CBJNQ)
entre le gouvernement québécois et les représentants Cris, Inuits et Naskapis du nord du Québec
(Aatami et autres). Les revendications pertinentes à l’essai, ainsi que la CBJNQ, seront davantage
abordées au chapitre suivant. Les divisions territoriales sont incluses dans la mise en contexte
puisque celles-‐ci sont déterminantes pour l’aménagement du territoire et pour les activités
pratiquées sur ce dernier.
Le territoire nordique est séparé en trois catégories, soit les terres de catégorie I, II et III. Le
régime territorial en place satisfait à la fois aux besoins des populations autochtones et à ceux du
reste du Québec. Deux régimes spéciaux sont en place pour la protection de l’environnement sur
ces territoires, ceux-‐ci sont définis par la CBJNQ et inclus dans le deuxième chapitre de la Loi sur la
qualité de l’environnement (LQE). Au nord du 55e parallèle, on retrouve le Comité consultatif pour
l’environnement Kativik (CCEK) et au sud de ce même parallèle on retrouve le Comité consultatif
pour l’environnement de la Baie-‐James (CCEBJ). (Ministère du Développement durable, de
l’Environnement et de Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), 2002)
5
Baie d'Hudson
Golfe du Saint-Laurent
Détroit d'Hudson
Baie James
Baie d'Ungava
Océan Atlantique
Mer du Labrador
Fleuve
Saint-Laurent
OntarioNouvelle-Écosse
Nouveau-Brunswick
Nunavut
États-Unis
Terre-Neuve-et-Labrador
Île-du-Prince-Édouard
Tracé de 1927 du Conseil privé (non définitif)
(nondu
Conseildéfinitif)
1927Tracé
deprivé
MRCMinganie
MRCCaniapiscau
MRCGolfe-du-
Saint-Laurent
MRCManicouagan
MRCSept-Rivières
MRCMaria-
Chapdelaine MRCLe Fjord-
du-Saguenay
MRC Le
Domaine- du-Roy
MRCLa
Haute-Côte-Nord
NORD-DU-QUÉBEC
SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN
CÔTE-NORD
Nunavik
Territoire de la Baie-Jameset
Eeyou Istchee
55°
60°
60°
65°
65°
70°
70°
75°
75°
80°
80°85°
60° 60°
55° 55°
50° 50°
45° 45°
Le territoire nordique
Organisation territorialeTerritoire nordique
Limite de région administrative
Limite de municipalité régionale de comté (MRC)
Limite sud du Nunavik
SourcesDonnée Divisions territoriales
Organisme Année
MRN 2013
0 200 km
RéalisationMinistère des Ressources naturellesDirection générale de l'information géographique
Note : Le présent document n'a aucune portée légale.
© Gouvernement du Québec, 2013
Frontières
Frontière interprovincialeFrontière internationale
(cette frontière n'est pas définitive)Frontière Québec – Terre-Neuve-et-Labrador
Figure 1.1 Carte du territoire nordique du Québec (tiré du Gouvernement du Québec, 2012)
6
En vertu de la Loi sur le régime des terres dans les territoires de la Baie-‐James et du Nouveau-‐
Québec, les terres de catégorie I sont pour l’usage exclusif des Cris, Inuits et Naskapis. Les terres
inuites, quant à elles, sont régies par les villages nordiques, et l’aménagement du territoire est en
vertu de la Loi sur les villages nordiques et l’Administration régionale Kativik (ARK). De plus, les
terres de catégorie I sont divisées en deux parties : le territoire du secteur A est sous l’autorité du
gouvernement fédéral, et celui du secteur B est protégé par le gouvernement du Québec. Dans
les deux cas, les gouvernements gardent leurs droits d’exploitation minière. (KRG, 2013)
Par la suite, les terres de catégorie II appartiennent à la province du Québec, donc elles sont
publiques. Les gouvernements autochtones sont inclus dans les prises de décisions et participent
à la gestion de la chasse, de la pêche, du piégeage, des activités de tourisme et de l’exploitation
forestière (KRG, 2013). De plus, selon la Loi sur le régime des terres dans les territoires de la Baie-‐
James et du Nouveau-‐Québec les Cris, Inuits et Naskapis ont des droits exclusifs de chasse, de
pêche et de piégeage sur les terres de catégories II. Selon cette même loi (les articles 70, 155 et
191.1), advenant que le gouvernement provincial souhaite développer une partie du territoire, la
population qui y habite se voit accorder une autre part de territoire de la même superficie que
celle développée. La population est également en droit de recevoir une compensation financière
ou une indemnité sous une forme ou l’autre peut aussi être convenue entre les parties.
Les terres de catégorie III sont également d’ordre public et sont partagées entre les autochtones
et les non autochtones. Selon les règlements adoptés conformément aux conventions, les Cris, les
Inuits et Naskapis ainsi que les populations non autochtones ont le droit d’y chasser et d’y pêcher.
Les autochtones ont également des droits exclusifs pour l’exploitation de certaines espèces
aquatiques et certains animaux à fourrure et ils participent à l’administration et à la mise en
valeur du territoire. Les gouvernements fédéral et provincial sont dans l’obligation d’évaluer les
répercussions associées à des projets de mise en valeur des ressources, et ce, selon leurs
compétences respectives. (UMQ, 2006) La figure 1.2 illustre le régime des terres par suite de la
CBJNQ, et le tableau 1.1 résume les dispositions des catégories de terres dans le nord du Québec.
Le territoire habité par les Innus, soit la région de la Côte-‐Nord, est aussi divisé par les catégories
expliquées précédemment. Aucune autre entente ne définit l’aménagement du territoire. Les
7
négociations concernant le Nitassinan, qui signifie « notre terre » en innu, entre le gouvernement
québécois et les Innus sont toujours en cours (Nepton, 2014). Effectivement, les négociations
entre le Conseil tribal Mamuitum et l’Assemblée Mamu Pakatatau Mamit avec les gouvernements
provinciaux et fédéraux perdurent depuis 1980 (SAA, 2009b). Les revendications visent la
reconnaissance des droits ancestraux et territoriaux de même que le droit à l’autonomie de
gouvernance (SAA, 2009b).
1.2 Communautés visées
Le territoire nordique du Québec est habité depuis des siècles par les nations autochtones; il est
d'abord convoité pour ses ressources par les Européens, puis par les Québécois. La présence des
autochtones sur le territoire québécois est connue depuis que les Européens ont découvert le
Nouveau Monde à la fin du 15e siècle. Au 16e et 17e siècle, lorsque les explorateurs s'établissent,
le territoire est déjà habité par des peuples amérindiens qui vivent en sociétés organisées ou en
petits groupes familiaux, qui possèdent tous leurs propres langues, croyances et culture.
(Secrétariat des affaires autochtones (SAA), 2011) Le mode de vie des autochtones change
lorsque des relations commerciales s’installent. La fourrure est la première ressource sollicitée
aux 17e et 18e siècles. Ce nouveau commerce modifie la relation existante entre les autochtones
et la nature, aussi les réseaux d’échange déjà en place deviennent différents (SAA, 2011). En effet,
les autochtones ne chassent plus seulement pour subvenir à leurs besoins, mais également à des
fins commerciales. Conséquemment, les autochtones pratiquent dorénavant la chasse sur une
plus grande échelle. Les 19e et 20e siècles sont caractérisés par l’exploitation du minerai, du bois
et de l’hydroélectricité (Auger et autres, 2012)
À partir de 1963, moment de la Révolution tranquille, le gouvernement Lesage s’intéresse
particulièrement au Nord et prend en charge la gestion du territoire nordique (Aatami et autres,
2011). Bien que la Loi sur les Indiens soit adoptée en 1967 et que le gouvernement fédéral soit
responsable de l’administration des affaires concernant les Amérindiens, le Québec détient un
rôle important auprès des communautés autochtones sur son territoire. (SAA, 2011)
8
Figure 1.2 Carte représentant le régime des terres par suite de la signature de la CBJNQ (tiré de Auger et autres, 2012, p. 376)
9
Tableau 1.1 Régime des terres dans le nord du Québec (tiré de MDDELCC, 2002a)
Régime territorial défini par la convention de la Baie-‐James et du Nord québécois Terres de catégorie I -‐ 14 348 km2 (5 540 mi2) -‐ 1,3 % du territoire conventionné Terres de catégorie II -‐ 159 880 km2 (61 730 mi2) -‐ 14,8 % du territoire conventionné Terres de catégorie III -‐ 907 772 km2 (350 490 mi2) -‐ 83,9 % du territoire conventionné TOTAL : 1 082 000 km2 (417 760 mi2)
Dans tout le Québec, on retrouve onze nations autochtones, c’est-‐à-‐dire 14 villages inuits et
41 communautés amérindiennes où vivent des Abénaquis, des Algonquins, des Attikameks, des
Cris, des Hurons-‐Wendat, des Innus, des Malécites, des Micmacs, des Mohawks et des Naskapis
(SAA, 2011). Mentionnons qu’au Québec, le terme autochtone désigne tant les Inuits que les
Amérindiens. Aussi, il est important de ne pas confondre les termes Premières Nations et Indien.
Le terme Premières Nations doit être utilisé pour désigner les Amérindiens seulement, et
l’appellation Indien, n'est utilisée que dans le contexte de la Loi sur les Indiens. (SAA, 2011)
Plus de 120 000 personnes habitent le vaste territoire situé au-‐delà du 49e parallèle. La population
est répartie au sein de 63 villes, villages et communautés, ce qui représente 2 % de la population
québécoise. Le Nord-‐du-‐Québec est la région ayant la plus grande superficie et où la population
est la moins nombreuse. Près de 40 000 autochtones, principalement des nations inuite, crie,
naskapie et innue, sont présentes à travers tout le territoire du nord et représentent 37,5 % de la
population nordique. (Gouvernement du Québec, 2012)
Les Inuits, ceux qui sont le plus au nord, vivent sur les littoraux de la baie d’Husdon, du détroit
d’Hudson et de la baie d’Ungava. Près de 11 000 Inuits, au cœur de 14 villages, habitent la région
du Nunavik, soit la région au-‐delà du 55e parallèle. Cette partie du Nord couvre une superficie de
500 164 km2, ce qui représente le tiers de tout le territoire québécois. (KRG, 2013)
La nation crie est une des plus populeuses, on compte presque 16 000 autochtones, dans
neuf communautés, sur le territoire de La Baie James entre les 49e et 56e parallèles. La nation crie
10
appartient à la grande famille linguistique et culturelle algonquienne. Les Cris sont dotés d’une
structure politique qui leur est propre depuis 1970, soit le Grand Conseil des Cris. En 1975, les Cris
et les Inuits signent une entente avec le Gouvernement du Québec : la Convention de la Baie-‐
James et du Nord québécois (CBJNQ). Cette entente leur assure le droit de propriété sur leur
territoire, égale à une superficie de 5 544 km2. Cette thématique sera abordée davantage dans le
deuxième chapitre. Aussi, mentionnons que depuis la création de la Loi sur les Cris et les Naskapis,
les Cris ne sont plus soumis à la Loi sur les Indiens. (SAA, 2009a)
Les Innus forment également une très grande communauté, au total on y compte aussi environ
16 000 personnes, dont 9 300 habitent le territoire nordique dans neuf villages. À l’exception de
deux villages situés à Saguenay-‐Lac-‐Saint-‐Jean, les Innus peuplent la grande majorité de la Côte-‐
Nord. (SAA, 2009b)
Au nord de Schefferville, la nation naskapie réunit près de 1 000 habitants dans la communauté
de Kawawachikamach. Les membres de cette communauté sont les seuls au Québec. En 1978, ils
signent la Convention du Nord-‐Est québécois (CNEQ) et possèdent un territoire de 326 km2, en
plus du territoire de 4 144km2 réservé aux activités de piégeage, de chasse et de pêche. Sous
l’autorité de la Loi sur les Cris et les Naskapis, les Naskapis deviennent autonomes. Ce qui veut
dire que cette nation est responsable aux niveaux administratif et politique. À cet effet, la Société
de développement des Naskapis est créée afin d’administrer le développement socioéconomique
de la communauté. (SAA, 2009c)
Aux fins de l’essai, seulement les nations crie et innue habitant entre les 49e et 55e parallèles
seront étudiées. La figure 1.3 illustre la répartition des communautés autochtones dans le nord du
Québec et le tableau 1.2 résumé la situation démographique des populations autochtones au
Québec.
12
Tableau 1.2 Recensement des populations autochtones aux Québec (adapté de SAA, 2014)
Nations Communautés Visée par l’essai Résidents Non-‐résidents Total
Abénaquis
Odanak 337 1 934 2 271
Wôlinak 74 232 306
TOTAL 411 2 166 2 577
Algonquins
Hunter's Point 10 212 222
Kebaowek 276 675 951
Kitcisakik 407 62 469
Kitigan Zibi 1 593 1 428 3 021
Lac-‐Rapide 571 141 712
Lac Simon 1 583 329 1 912
Pikogan 553 443 996
Timiskaming 641 1 285 1 926
Winneway 456 361 817
TOTAL 6 090 4 936 11 026
Attikameks
Manawan 2 227 361 2 588
Obedjiwan 2 254 443 2 697
Wemotaci 1 396 351 1 747
TOTAL 5 877 1 155 7 032
Cries
Chisasibi
Les communautés cries en général
4 090 43 4 133
Eastmain 684 32 716
Mistissini 3 563 128 3 691
Nemiscau 720 51 771
Oujé-‐Bougoumou 753 67 820
Waskaganish 2 290 481 2 771
Waswanipi 1 768 411 2 179
Wemindji 1 413 68 1 481
Whapmagoostui * * 921
TOTAL 15 281 1 281 17 483
Hurons-‐Wendat Wendake 1 494 2 351 3 845
Innues-‐(Montagnais)
Betsiamites 2 907 937 3 844
Essipit 198 441 639
La Romaine X 1 055 43 1 098
Mashteuiatsh 2 082 4 094 6 176
13
Nations Communautés Visée par l’essai Résidents Non-‐résidents Total
Innues-‐(Montagnais)
Matimekosh–Lac-‐John
783 112 895
Mingan 553 26 579
Natashquan 969 79 1 048
Pakuashipi X 347 * 349
Uashat-‐Maliotenam 3 258 934 4 192
TOTAL 12 152 6 668 18 820
Malécites Cacouna et Whitworth
0 1 102 1 102
Micmacs
Gespeg * * 643
Gesgapegiag 672 740 1 412
Listuguj 2 086 1 586 3 672
TOTAL 2 758 2 326 5 727
Mohawks
Akwesasne (Qc. seulement)
5 423 105 5 528
Kahnawake 7 745 2 591 10 336
Kanesatake 1 383 938 2 321
TOTAL 14 551 3 634 18 185
Naskapis Kawawachikamach 857 313 1 170 Indiens inscrits et non associés à une
nation
* * 124
Total de la population
amérindienne
59 471 25 932
87 091
Inuites
Akulivik 590 18 608
Aupaluk * * 178 Chisasibi (partie inuite seulement)
90 12 102
Inukjuak 1 586 64 1 650
Ivujivik 323 19 342
Kangiqsualujjuaq 813 64 877
Kangiqsujuaq 655 39 694
Kangirsuk 488 56 544
Kuujjuaq 1 740 197 1 937
Kuujjuarapik 569 45 614
Puvirnituq 1 486 100 1 586 Quaqtaq
341 25 366
Salluit 1 318 84 1 402
Tasiujaq * * 298
14
Nations Communautés Visée par l’essai Résidents Non-‐résidents Total
Inuites Umiujaq 430 12 442 Totale de la
population inuite
10 429 735 11 64
0
1.3 Problèmes environnementaux actuels
Plusieurs problèmes découlent du changement du mode de vie des communautés autochtones.
La croissance accélérée des communautés, un phénomène attribuable au développement du
Nord, et l’arrivée des produits emballés sont à la source de quelques problèmes
environnementaux. Notamment, de nouveaux problèmes surgissent quant au recyclage et à
l’élimination des matières résiduelles. (Vachon, 2007) L’exploitation des ressources et le
développement du Nord amènent de nombreux problèmes, d’autant plus que le Nord est
caractérisé par une géomorphologie particulière et par la grande distance qui sépare la région des
centres urbains (Vachon, 2007.)
1.3.1 Le développement du Nord
Le développement des ressources minières, forestières et hydroélectriques est au cœur des plus
grands projets québécois. Il est nécessaire de le mentionner puisque les problèmes
environnementaux du Nord y sont également associés. L’intérêt grandissant envers
l’environnement, les connaissances dans le domaine et l’opinion publique ont pour résultat la
protection de l’environnement lors des grands projets de développement. Par exemple, le projet
du Plan Nord, proposé par le gouvernement du Québec en mai 2011, encourage le
développement durable. Pour la première fois, un projet, qui a pour objectif le développement
économique, place au cœur de son plan d’action la mise en valeur des ressources naturelles et la
protection des écosystèmes et des espèces vivantes. Le gouvernement prend l’engagement de
consacrer 50 % du territoire du Plan Nord
« à la protection de l’environnement, au maintien de la biodiversité, à la mise en valeur du patrimoine naturel et à divers types de développement qui ne font pas appel à des activités industrielles, et ce, à l’horizon 2035 » (Gouvernement du Québec, 2012)
15
Malgré les considérations environnementales des dernières années, c’est au début des
années 1970 que le désir de protéger le territoire est remarqué de la part des populations
autochtones. Dès l’annonce des premiers projets hydroélectriques par le premier ministre
Robert Bourassa, le 30 avril 1971, les habitants du Nord sont préoccupés par le développement
territorial envisagé (Auger et autres, 2012). Le projet de la Grande Rivière est le premier chantier
qui voit le jour. En 1975, le gouvernement Bourassa y entreprend un gigantesque chantier visant à
bâtir un complexe hydroélectrique qui permettra au Québec de produire la majorité de son
énergie (Aatami et autres, 2011). Bien que l’hydroélectricité produise une énergie moins
polluante que le charbon ou le nucléaire, il est impossible à l’époque de savoir quelles seront les
véritables conséquences sur l’environnement ou sur les populations ni d’estimer les retombées
économiques pour le Québec.
« On peut même dire que le projet présenté par le premier ministre Robert Bourassa le 30 avril 1971 au congrès du Parti libéral est critiqué de toutes parts par les médias, les partis d’opposition et les groupes environnementaux québécois. Mais l’opposition des Cris est sans doute celle qui aura le plus de retombées sociales, économiques et politiques. » (Auger et autres, 2012, p. 371)
1.3.2 Les enjeux de la gestion des matières résiduelles dans le contexte nordique
Dans le contexte général du Québec, la gestion des matières résiduelles est devenue essentielle
pour la gestion de l’environnement en général. Plusieurs facteurs expliquent ces considérations,
tels que l’intérêt de la population envers l’environnement, l’évolution des connaissances et des
nouvelles technologies, la croissance des effets des changements climatiques, etc. Par
conséquent, les problèmes environnementaux, comme les matières résiduelles, sont davantage
gérés de manière durable. Un Québécois génère environ 400 kg de matières résiduelles par
année, auxquels s'ajoutent les 600 kg produits par les secteurs industriels et de la construction
(Laquerre, 2013). Plusieurs mesures ont été mises en place afin de les gérer de manière adéquate.
Le bilan québécois s’est nettement amélioré depuis la première Politique québécoise de la gestion
des matières résiduelles. Effectivement, le bilan 2010-‐2011 de la gestion des matières résiduelles
au Québec démontre quelques faits saillants concernant la collecte sélective, les matières
organiques et l’élimination. En voici quelques exemples (RECYC-‐QUÉBEC 2013, p.3) :
16
Ø « Les quantités de matières récupérées par les centres de tri ont augmenté de 13 % en deux ans seulement.
Ø Le taux de mise en valeur des matières provenant des résidences et récupérées par la collecte sélective est de 59 %.
Ø Près de 900 000 tonnes de matières organiques ont été recyclées, pour un taux de recyclage global supérieur à 20 %.
Ø Le nombre de lieux d’élimination en activité au Québec a diminué de 75 % depuis 2008. »
Cependant, il en est autrement pour les communautés nordiques. Bien que quelques mesures
aient été prises pour améliorer la gestion des matières résiduelles, aucun bilan ne fait le
recensement de l’information. Et malgré les études existantes, l’enfouissement reste le moyen
d’élimination des matières résiduelles le plus répandu (Vachon, 2001 7). L’absence de
connaissances quant à la situation actuelle de la gestion des matières résiduelles dans les
communautés nordiques est un obstacle majeur dans la planification d’une saine gestion des
matières résiduelles, tel que proposé par le Plan d’action 2011-‐2015 de la Politique québécoise de
gestion des matières résiduelles. D’où la pertinence de l’objectif 37 de la Politique, c’est-‐à-‐dire
que le « gouvernement approfondira ses connaissances sur la gestion des matières résiduelles
dans le Nord québécois au cours des cinq prochaines années » ( MDDEP, 2011).
Le changement de mode de vie des populations autochtones, la géographie de la région,
l’éloignement, l’arrivée des produits emballés et le développement des communautés sont
quelques facteurs qui occasionnent des problèmes environnementaux. Tel que mentionné
précédemment, le contexte particulier du Nord donne lieu à des problèmes spécifiques et
différents de ceux des régions au sud du Québec. Parmi la panoplie d’enjeux, ceux liés à la gestion
des matières résiduelles seront davantage étudiés.
Les problèmes suivants seront abordés dans les prochains chapitres. Un premier problème est la
géographie de la région nordique qui complexifie la recherche de solutions de rechange à
l’enfouissement. De même, la faible population et l’éloignement des centres urbains dictent
l’absence d’infrastructures adéquates pour une gestion durable des matières résiduelles et
l’absence d’écocentres. Dans le même ordre d’idées, la faible population habitant chacune des
communautés et le prix modique des matières récupérables sont autant des enjeux importants
17
pour la gestion des matières résiduelles. En effet, il est probable que le transport des matières
récupérables représente un coût plus élevé que la valeur des matières en tant que telle. La
complexité du financement et la difficulté d’accès aux subventions sont également des obstacles
vécues par les dirigeants des communautés autochtones. Enfin, nous verrons que l’inexistence de
documentation liée à la gestion des matières résiduelles dans le Nord est également un problème
moderne propre aux communautés autochtones étudiées. L’absence de connaissance empêche
d’offrir des recommandations pertinentes et réalisables, cela dans le but d’améliorer et
d'optimiser la gestion des matières résiduelles. (CCEBJ, 2010) Les moyens et les solutions à
privilégier seront également exposés.
La présentation du contexte dans lequel s’insère l’essai permet une bonne compréhension du
territoire, de l’aménagement territorial, des populations et des problèmes environnementaux.
Ces éléments étant essentiels pour formuler des recommandations pertinentes. Bien que
quelques aspects aient brièvement été abordés, cela est nécessaire pour proposer des actions et
des solutions adaptées à la réalité vécue par les communautés autochtones.
18
2 LES COMMUNAUTÉS AUTOCHTONES
La situation des autochtones a beaucoup changé depuis les soixante dernières années. Plusieurs
changements socioéconomiques sont la cause de leur sédentarisation accélérée. L’intégrité à la
vie urbaine ou régionale dépend de la distance des communautés avec des régions plus
urbanisées, cette nouvelle urbanité étant à l’origine de la plus grande participation des
autochtones aux projets collectifs. (SAA, 2011) L’analyse géopolitique des communautés
autochtones permet de cibler les enjeux en lien avec les ententes et conventions qui caractérisent
le territoire.
À cet effet, notons qu’il y a trois types de communautés : isolées, routières et périurbaines.
Chacune des communautés autochtones compose avec des enjeux distinctifs en lien avec sa
situation géographique. Le facteur principal étant son accès ou non à un réseau routier. Les
communautés isolées ne sont pas reliées par la route, elles sont principalement accessibles en
avion ou en bateau. Quant aux communautés routières, elles sont accessibles par le réseau
routier québécois. Enfin, les communautés situées en périphérie d’un centre urbain, par exemple
près de La Tuque ou de Val-‐d’Or, sont définies comme étant périurbaines. Dans le cadre du
présent essai, les communautés à l’étude sont isolées ou routières.
L’organisation politique des onze nations autochtones du Québec est unique, chacune des nations
possède sa langue, sa culture et ses croyances. En effet, le mode de vie, l’utilisation de la langue
et la situation socioéconomique varient entre les nations, et on remarque également des
variations à même les communautés. Plusieurs facteurs expliquent ces différences, comme la
proximité des marchés ou des centres urbains, le niveau de scolarisation et la présence ou
l’absence d’un réseau routier. (SAA, 2011.)
Le nord du Québec est traversé par trois régions administratives : le Nord-‐du-‐Québec, Saguenay–
Lac-‐Saint-‐Jean et la Côte-‐Nord. Dans le cadre de ce document, il sera question d’étudier les
régions administratives du Nord-‐du-‐Québec et de la Côte-‐Nord. Une définition claire des types de
communautés autochtones est nécessaire pour la bonne compréhension de l’essai. La
première section du chapitre explique les enjeux des communautés par l'intermédiaire d’une
19
analyse géopolitique. S’en suivra une définition des différentes catégories de communautés dont
il sera question, soit des communautés isolées, routières et périurbaines.
2.1 Analyse géopolitique
Comme il a été mentionné précédemment, le Nord québécois est caractérisé par plusieurs
ententes. Ces dernières sont déterminantes pour la dynamique régionale, qui influe sur les enjeux
vécus par les communautés autochtones. La présente section est divisée selon les régions
administratives dans le nord, soit la région administrative du Nord-‐du-‐Québec et celle de la Côte-‐
Nord. Nous le verrons, les enjeux environnementaux dans les communautés nordiques sont
étroitement liés à la situation géographie, à la réalité politique, à la relation avec les
gouvernements fédéral et provincial, à la démographie, etc.
2.1.1 Région administrative Nord-‐du-‐Québec
La région administrative du Nord-‐du-‐Québec est créée en 1987 et représente une superficie de
840 000 km2, soit 55 % de la superficie totale du Québec. On retrouve sur ce territoire une
population composée de Jamésiens (les allochtones de la région), de Cris et d’Inuits. Aux fins de
l’essai, les Inuits ne sont pas inclus dans le portrait de gestion des matières résiduelles. La région
Kativik est exclue puisqu’une administration différente gère les déchets et les lois et règlements
sont également particuliers. (Ministère des régions, 2001)
Rappelons que les habitants de la région du Nord-‐du-‐Québec, ainsi que les Naskapis, sont
signataires de plusieurs ententes déterminantes pour le territoire. Effectivement, ces conventions
influent sur le cadre juridique et la gestion administrative du territoire de même que sur la
relation entre les gouvernements et les populations autochtones.
La dynamique régionale est particulière; pour être en mesure de la comprendre, il est nécessaire
d’expliquer comment elle a été revendiquée, puis reconnue par les instances gouvernementales.
Au début des années 1970, le Nord québécois est convoité par l’État qui souhaite y exploiter les
ressources hydriques. Le projet hydroélectrique proposé par le gouvernement Bourassa en 1971
marque le début des négociations territoriales. De fait, les revendications territoriales s’appuient
sur des droits ancestraux des autochtones sur le territoire et les ressources naturelles. Les
20
résultats de ces négociations sont encore importants aujourd’hui. Trois ententes ont été signées
par des nations autochtones et le gouvernement québécois. Celles-‐ci sont la Convention de la
Baie-‐James et du Nord québécois (CBJNQ), la Convention du Nord-‐Est québécois (CNEQ) et la Paix
des Braves. (Aatami et autres, 2011)
La CBJNQ est la première entente signée en 1975 entre le gouvernement du Québec et le les Cris
et Inuits (CBJNQ). Cette convention sert d’encadrement pour le développement territorial et
assure également une nouvelle forme de gouvernance par les Cris (Aatami et autres). Les Cris et
les Inuits sont en opposition avec la réalisation des grands projets hydroélectriques et ont recours
aux tribunaux afin de faire respecter leurs droits et l’environnement. Donc, le 11 novembre 1975,
est signée la Convention de la Baie-‐James par les gouvernements fédéral et provincial, les Cris de
la Baie-‐James, Hydro-‐Québec, les Inuits et la Société de développement de la Baie-‐James (Société
Makivik, 2014). L’entente permet de définir les droits des autochtones et d’établir des mesures
encadrant les relations futures entre les peuples allochtones et autochtones de la région, ainsi
qu'entre les administrations locales et régionales et les gouvernements provincial et fédéral. De
plus, rappelons que la CBJNQ accorde des droits d’exploitation, détermine des catégories de
terres et établi des modes de gestion afin de gérer les ressources. Les autochtones du territoire se
voient accorder la propriété ou l’usage exclusif de territoires couvrant 5 544 km2 et des droits
exclusifs de chasse, de pêche et de piégeage sur 69 995 km2 de territoire. Les commissions
scolaires, la création des administrations régionales et la restructuration des services de santé
sont aussi des résultats de la CBJNQ. (Société Makivik, 2014) En vertu du chapitre 22 de la CBJNQ,
le Comité consultatif pour l’environnement de la Baie-‐James (CCEBJ) agit en tant que conseiller
pour le gouvernement lors des projets ayant rapport avec l’environnement. Le comité est en droit
de commenter les projets de loi, les règlements ou les politiques. L’objectif ultime du comité est
de réduire au maximum les conséquences indésirables pour la population autochtone. (CCEBJ,
s.d.)
Suivant cette première convention, la CNEQ est signée en 1978 avec les Naskapis. Cette
convention est enchâssée dans le CCEBJ de manière à y joindre cette unique nation. Selon cette
entente, les Naskapis sont propriétaires de 326 km2 et on leur accorde des droits exclusifs de
chasse, de pêche et de piégeage sur un territoire de 4 144 km2 (SAA, 2009c). Puisqu’une partie du
21
territoire naskapie est situé au-‐dessus du 55e parallèle, la nation siège à l’Administration régionale
Kativik (ARK).
La Paix-‐des-‐Braves fait suite à la signature de la CBJNQ. Après la CBJNQ, les relations entre la
nation crie et le gouvernement du Québec sont difficiles. En effet, les Cris désirent prendre
d’avantages de pouvoir quant à l’exploitation du territoire de la Baie-‐James. Après de nombreuses
négociations, une entente est conclue en 2002 (SAA, 2009a). Celle-‐ci se base sur une relation de
nation à nation, sur la confiance et le respect, sur l’autonomie des Cris à l’égard du
développement communautaire et économique et enfin, sur le respect des principes du
développement durable et du mode de vie traditionnel des communautés cries. (SAA, 2009a)
Plusieurs impacts sont engendrés par ces conventions. D’abord, on assiste à la modification du
statut juridique auquel ces trois nations étaient liées par la Loi sur les Indiens, et en vertu de ces
deux ententes, les Cris et les Naskapis sont les propriétaires de territoires pour des usages
exclusifs de chasse, de pêche et de piégeage. De plus, la création des comités consultatifs en
environnement est un résultat notable des ententes. Entre autres, la Convention de La Baie-‐James
témoigne du désir des communautés nordiques à protéger l’environnement. De fait, on y prévoit
une organisation responsable de 410 000 mi2) (Publications du Québec, 1998). C’est le début, en
quelque sorte, des notions de développement durable par rapport aux projets associés au Nord.
2.1.2 Région administrative Côte-‐Nord
La région de la Côte-‐Nord couvre un territoire de 351 523 km2, ce qui représente 21 % de la
superficie du Québec (Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles [MERN], 2007).
Contrairement à la région du Nord-‐du-‐Québec, la région de la Côte-‐Nord n’est pas caractérisée
par des conventions formelles entre le gouvernement et les Innus. Seulement les Innus d’Essipit,
de Betsiamites et de Natashkuan ont signé une entente de principe d’ordre générale avec les
gouvernements du Québec et du Canada. En ce qui concerne les autres Premières Nations de la
région, aucune entente de principe n’a été conclue; elles sont encore en négociations. (MERN,
2007)
22
La société innue est davantage touchée par les changements provoqués par l’ingérence des
gouvernements provincial et fédéral. La perte du mode de vie traditionnel, la sédentarisation, la
cession de territoire de chasse, la perte de la langue, notamment, expliquent les changements
sociaux. Bref, l’acculturation, la création de réserves et la dépendance face au gouvernement ont
grandement participé à transformer les communautés innues. (Lacasse, 2004)
23
3 CADRE LÉGISLTATIF
Depuis la constitution de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) en 1972, la gestion des
matières résiduelles au Québec s’adapte et change constamment pour répondre aux nouveaux
besoins, aux avancées technologiques et aux différentes réalités. Les besoins législatifs sont en
fonction, entre autres, des nombreuses situations géographiques qui distinguent la province
québécoise.
3.1 Législation provinciale
Le territoire québécois est caractérisé par la division du cadre législatif en plusieurs paliers. De
manière générale, le territoire est divisé en région administrative; dans le cadre de la présente
analyse, deux de ces régions sont incluses. Sous la juridiction provinciale, les municipalités
régionales de comtés (MRC) forment le palier supralocal et prennent en charge les territoires non
organisés (TNO). Quant au palier local, il est représenté par les villes, villages et communautés.
Au Québec, l’organisation municipale de base et l’organisation régionale sont reconnues par le
système légal. Les municipalités étaient autrefois administrées par la Loi sur les cités et les villes.
Depuis 2006, cette loi est remplacée par la Loi sur les compétences municipales, mais ce ne sont
pas tous les règlements de l’ancienne loi qui sont remplacés. Il est à noter que déjà sous
l’ancienne loi, les municipalités disposaient d’une législation pour la gestion des déchets.
Évidemment, elle n’est pas comparable à celle d’aujourd’hui, mais elle existe. (Olivier, 2010)
Des changements sur la structure des comptés du Québec en 1970 donne lieu à la création des
communautés urbaines de Montréal (CUM) et Québec (CUQ). Et c’est en 1983 qu’on assiste à la
création des MRC. Celles-‐ci sont toutes responsables de la planification de l’aménagement du
territoire et de la gestion des matières résiduelles. On définit une MRC comme un regroupement
de municipalités d’une même région d’appartenance et on peut y inclure des TNO. Les
municipalités au sein d’une MRC ont l’obligation de se plier aux règlements et décisions prises par
celle-‐ci concernant la planification et l’aménagement du territoire. (Olivier, 2010) Ces paliers sont
principalement régis par un code et trois lois. D’abord, le Code municipal, la Loi sur les cités et
villes et la Loi sur les compétences municipales portent sur la gestion des MRC, des municipalités
24
ainsi que sur leurs compétences respectives. La Loi sur l’organisation territoriale municipale
encadre la division du territoire québécois à des fins municipales et les TNO. (Olivier, 2010)
Au niveau provincial, trois lois concernent les communautés autochtones. D’abord, la Loi sur les
régimes des terres dans les territoires de la Baie-‐James et du nouveau Québec se rapporte à la
division des terres pour les Inuits, les Cris et les Naskapis. Ensuite, la Loi sur les villages nordiques
et l’administration régionale Kativik encadre la gestion des villages inuits. Finalement, la Loi sur les
villages cris et naskapis traite de la gestion des communautés cries et naskapies. Plusieurs lois et
règlements encadrent la gestion des déchets dans les réserves du Québec, d’où les disparités
quant à leur gestion et les nombreuses spécificités législatives. Les réserves se soumettent pour la
plupart aux règlements québécois, mais on y retrouve tout de même plusieurs singularités.
3.2 La gestion des matières résiduelles au Québec
Nous le verrons, la gestion des matières résiduelles est principalement légiférée par la LQE, par
quelques règlements et encadrée par la Politique québécoise de la gestion des matières
résiduelles. Grâce à ces éléments, il est possible d’améliorer le bilan québécois dans le domaine de
la gestion des matières résiduelles. Ensemble, ces dispositions permettent également de définir
les lignes directrices et les actions à mettre en application pour y arriver. Notamment, afin
d’établir le portrait global de la gestion des déchets dans les communautés autochtones du
Québec, la LQE, le Règlement sur l’élimination et l’incinération des matières résiduelles (REIMR), la
Politique québécoise de la gestion des matières résiduelles, le Règlement sur la destruction dans
les réserves seront exposés.
3.2.1 Loi sur la qualité de l’environnement
Comme il est mentionné précédemment, la LQE est une loi indispensable en ce qui concerne la
gestion des matières résiduelles au Québec. Entre autres, celle-‐ci définit la notion de matière
résiduelle.
« Tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau ou produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que le détenteur destine à l'abandon » (LQE).
25
De plus, la section VII de la LQE adresse en détail les pouvoirs de la réglementation pour les
matières résiduelles et les matières dangereuses. L’article 53.3 présente les principaux objectifs
de cette section entièrement consacrée aux matières résiduelles (LQE) :
« 1° de prévenir ou réduire la production de matières résiduelles, notamment en
agissant sur la fabrication et la mise en marché des produits;
2° de promouvoir la récupération et la valorisation des matières résiduelles;
3° de réduire la quantité de matières résiduelles à éliminer et d'assurer une gestion
sécuritaire des installations d'élimination;
4° d'obliger la prise en compte par les fabricants et importateurs de produits, des
effets qu'ont ces produits sur l'environnement et des coûts afférents à la
récupération, à la valorisation et à l'élimination des matières résiduelles générées par
ces produits. »
Dans l’intention de réaliser ces objectifs, l’article 53.4 de la LQE a pour sujet l’adoption d’une
politique quant à l’encadrement de la gestion des matières résiduelles. D’ailleurs, l’article suivant,
soit l’article 53.4.1, précise que la politique visée à l’article 53.4, ainsi que les plans ou
programmes ayant pour objet la gestion des matières résiduelles, doivent respecter de manière
hiérarchique les principes de réduction, de réemploi, de recyclage, de valorisation et d’élimination
(Lessard, 2012). Ensemble, ces principes forment une approche appelée 3RV-‐E. Toutefois, l’article
précise que cette hiérarchisation peut seulement être modifiée dans le cas ou une analyse de
cycle de vie (ACV) démontre qu’un autre mode de gestion est à favoriser.
Par ailleurs, l’article 53.5 de la LQE est spécifique aux municipalités, et à toute autre entité à
caractère municipal, et les encourage à agir dans le domaine des matières résiduelles et à
favoriser l’application de la politique gouvernementale abordée à l’article 53.4. Cela est possible
par l'intermédiaire d’une planification régionale de la gestion des matières résiduelles, soit la
réalisation d’un plan de gestion des matières résiduelles (PGMR). Les détails du plan de gestion
seront abordés au cinquième chapitre. Le PGMR est un outil de planification complémentaire au
plan d’aménagement des MRC. Nous le verrons, le PGMR est un outil essentiel pour dresser le
26
portrait de la gestion des matières résiduelles de la région et formuler des objectifs afin
d’optimiser la gestion des matières en fin de vie. (Oliver, 2010)
3.2.2 Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles
Depuis 2006, le REIMR établit les moyens d’élimination des matières résiduelles à privilégier afin
d'assurer la sécurité des personnes et la protection de l’environnement. Ce règlement remplace le
Règlement sur les déchets solides (RDS). Les matières résiduelles assujetties au REIMR sont celles
issues du domaine municipal ou du domaine des industries, des commerces ou des institutions
(ICI), du moment que ceux-‐ci ne sont pas visés par une autre réglementation. (MDDELCC, 2002b)
Le REIMR autorise plusieurs modes d’élimination selon les spécificités du territoire. Effectivement,
les régions nordiques du Québec bénéficient de quelques accommodations en fonction de la
situation géographique et du climat particulier. Dans la majorité des municipalités, on retrouve
des lieux d’enfouissement technique (LET) ou des installations d’incinération. D’abord, le LET est
une installation d’élimination où les matières sont enfouies et recouvertes quotidiennement d’un
matériau granulaire, comme du sable ou de la terre. Il est préférable que le fond d’un LET soit
recouvert de plusieurs couches de membranes et géomembranes étanches qui évitent la
contamination du sol et des eaux souterraines (Olivier, 2010). Il est prévu dans le règlement qu’un
fond imperméable soit obligatoire lorsque le LET ne répond pas aux exigences de l’article 20.
Aussi, selon les articles 25 et 32 du REIMR, un LET doit posséder un système de captage de biogaz
et de lixiviat, le but étant que le biogaz soit brûlé et que le lixiviat soit traité avant d’être rejeté
dans l’environnement (Lessard, 2012).
Les incinérateurs régis par le règlement sont ceux qui reçoivent seulement, ou en partie, des
matières résiduelles domestiques ou des boues municipales. L’incinération est un mode
d’opération qui permet d’éliminer les déchets par combustion à haute température. Les
contaminants émis sont captés par des systèmes d’épuration en bout de procédé, de manière à
capter les gaz avant qu’ils soient émis dans l’atmosphère. De fait, la technologie actuelle permet
de traiter les fumées émises aux cheminées en neutralisant les gaz acides, retenant les métaux
lourds et les composés organiques à l’état de traces. Les rejets solides, soit les cendres, doivent
être enfouis dans un LET. (Olivier, 2010)
27
Les lieux d’enfouissement spécifiques au nord du Québec sont également déterminés par le
REIMR, ceux-‐ci sont adaptés aux petites municipalités et aux territoires éloignés ou isolés. Le
règlement définit les exigences d’opérations pour les lieux d’enfouissement en tranchée (LEET),
les lieux d’enfouissement en milieu nordique (LEMN) et les lieux d’enfouissement en territoire
isolé (LETI).
Ce qui distingue les trois lieux d’enfouissement adaptés à certains territoires est principalement le
droit de procéder au brûlage périodique des matières résiduelles ou non. Cette précision dans le
REIMR est à l’origine de certains enjeux. Ce thème sera davantage abordé au quatrième chapitre.
Le LEET est un lieu dans lequel les matières résiduelles sont enfouies en tranchée et, selon
l’article 89 du REIMR, il est interdit de procéder au brûlage périodique des matières résiduelles.
Alors que dans un LEMN, aux termes de l’article 99, le brûlage périodique est permis lorsque les
conditions climatiques le permettent. À cet effet, plusieurs conditions d’aménagement sont à
respecter, celles-‐ci étant précisées dans le règlement. En outre, il est permis de brûler les
matières résiduelles dans les LETI à condition que ce lieu soit situé en milieu nordique, tel qu'il est
précisé à l’article 94. Enfin, conformément à l’article 85, les LEET sont dans l’obligation de mettre
en œuvre un suivi environnemental, contrairement aux LEMR et aux LETI qui ne sont pas
contraints par cette obligation. Un suivi environnemental implique des coûts supplémentaires et
un plus grand investissement de temps. Le tableau 3.1 indique la classification des lieux
d’enfouissement selon le territoire.
Tel que mentionné précédemment, l’inexistence de réseaux routiers dans la majorité du territoire
nordique et le manque de routes reliant les communautés nordiques entre elles marquent
quelques-‐unes des différences avec le reste du Québec. Conséquemment, cette réalité fait appel
à des modes de gestion particuliers.
28
Tableau 3.1 Classification des territoires et des lieux d’enfouissement (tiré de Lessard, 2012, p. 31)
Territoires
Types de lieux d’enfouissement
LEET LEMN LETI
Milieu nordique (au nord du 55e parallèle et la municipalité de Côte-‐Nord-‐du-‐Golfe-‐du-‐Saint-‐Laurent) X X X
TNO X
TNO situés à plus de 100 km d’un lieu d’enfouissement technique X X
Territoire de la Baie-‐James, incluant Chapais et Chibougamau X
Territoire de la Baie-‐James, à l’exclusion de Chapais et de Chibougamau X
Territoires non accessibles par voie routière carrossable X X
MRC de Minganie et Caniapiscau X
Partie du territoire de la ville de La Tuque située à l’ouest du 73e méridien X X
3.2.3 Politique québécoise de gestion des matières résiduelles
La Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, en vertu de l’article 53.4 de la LQE, est
un outil gouvernemental indispensable pour l’amélioration de la gestion des matières résiduelles
à travers le Québec. Depuis 1989, trois politiques ont encadré la gestion des matières résiduelles
dans l’ensemble du Québec. À l’heure actuelle, c'est la Politique québécoise de gestion des
matières résiduelles 2011-‐2015 qui est en vigueur. Celle-‐ci fait suite à la Politique 1998-‐2008, alors
que cette dernière succède à la Politique québécoise de gestion intégrée des déchets solides
de 1989. (Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs [MDDEP], 2010)
Le contenu des politiques précédentes permet d’observer l’évolution de la gestion des matières
résiduelles au Québec comme nous la connaissons aujourd’hui. La première politique mise en
œuvre avait un objectif succinct, soit de réduire de 50 % l’élimination des résidus pour l’an 2000
(Laquerre, 2013). Mentionnons également que c’est dans cette politique que le principe des 3RV-‐
E est abordé pour la première fois. Notamment, selon ce concept, la réduction à la source, le
29
réemploi, le recyclage, la valorisation et l’élimination doivent être priorisés dans cet ordre. La
figure 3.1 démontre la hiérarchisation des modes de gestions en 1989.
Figure 3.1 Hiérarchie des modes de gestion en 1989 (tiré de MDDEP, 2010, p. 3) La deuxième Politique québécoise de gestion des matières résiduelles avait pour objectif de
participer au développement social et économique de la société québécoise. Cette politique
répond aussi à la production industrielle et à la consommation croissante de matières premières
et naturelles. Ce contexte de production est à la source de plusieurs problèmes de pollution,
comme le réchauffement climatique, la contamination et l’érosion des sols, la pollution des eaux,
la dégradation des écosystèmes et la perte de biodiversité, entre autres. Une réponse à ces
problèmes est la saine gestion des matières résiduelles, c’est-‐à-‐dire par la réduction à la source, la
récupération et la réintroduction des matières dans les cycles de production. De cette manière,
on diminue l’exploitation des ressources naturelles ainsi que la pollution qui est associée aux
processus menant à leur transformation et à la consommation des produits finis. La figure 3.2
ci-‐dessous résumée la hiérarchisation des modes de gestion en 2000 au Québec.
30
Figure 3.2 Hiérarchie des modes de gestion en 2000 (tiré de MDDEP, 2010, p. 5) Afin de répondre aux nouvelles préoccupations environnementales et par suite du nouveau
concept de déchet-‐ressource, on assiste à un modèle de gestion qui vise à prioriser des actions. Le
but est d’allonger la vie des matériaux. Par exemple, le recyclage du plastique, la réutilisation des
pneus, la réduction des emballages, etc. Également, il est à noter que de cette façon, il est
possible d’économiser des ressources premières et de l’énergie. Mieux connu sous l’appellation
3RV, c’est le premier principe de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-‐
2008. (MDDELCC, 2002c)
Les actions proposées dans la Politique 1998-‐2008 reposent sur les deux objectifs principaux
suivants (MDDELCC, 2002c) :
Ø « Récupérer et mettre en valeur, d’ici 2008, plus du 65 % des résidus pouvant être mis en valeur par année.
Ø Rendre plus sécuritaires les activités d’élimination (pour les personnes et l’environnement). »
Et selon les principes suivants :
Ø Les 3RV-‐E
Ø La responsabilité élargie des producteurs
Ø La participation des citoyens et citoyennes
Ø La régionalisation
Ø Le partenariat
31
La responsabilité élargie des producteurs met en cause les fabricants et importateurs de produits.
Ce principe vise à leur faire assumer les effets environnementaux liés à la fabrication de leurs
marchandises, incluant les étapes du choix des matériaux jusqu’à la fin de vie du produit. D’autre
part, la participation des citoyens et citoyennes est essentielle à l’atteinte des objectifs de la
Politique. Cela étant dit, il est importe que les membres de la communauté aient accès à
l’information pertinente sur la gestion écologique des déchets et le rôle qu’ils doivent jouer au
sein de la mise en œuvre de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-‐
2008. Suivant cette logique, la régionalisation et le partenariat sont des principes qui rappellent la
nécessité de l’intervention de chacun des acteurs dans la saine gestion des matières résiduelles.
La mise en œuvre et le succès des actions, orientées par les principes précédents, relèvent de la
participation et la collaboration des intervenants municipaux et industriels, des acteurs
environnementaux et de l’ensemble des Québécois et des Québécoises. (MDDELCC, 2002c)
La troisième Politique québécoise de gestion des matières résiduelles (2011-‐2015) fait suite à la
volonté gouvernementale de développer une industrie verte, source d’emploi et de revenus. Le
projet inclut la Politique et son plan d’action quinquennale. À l’instar de la deuxième Politique, la
plus récente version encourage une société sans gaspillage et une gestion pérenne des matières
résiduelles. L’objectif, ambitieux, vise à n'éliminer que les déchets ultimes.
Les objectifs spécifiques à atteindre d’ici 2015 sont les suivants (MDDEP, 2011) :
Ø « Ramener à 700 kg par habitant la quantité de matières résiduelles éliminées, soit une réduction de 110 kg par habitant par rapport à 2008.
Ø Recycler 70 % du papier, du carton, du plastique, du verre et du métal résiduels. Ø Recycler 60 % de la matière organique putrescible résiduelle. Ø Recycler ou valoriser 80 % des résidus de béton, de brique et d’asphalte. Ø Trier à la source ou acheminer vers un centre de tri 70 % des résidus de construction, de
rénovation et de démolition du segment du bâtiment. »
Les mesures prévues s’inscrivent également dans les objectifs du gouvernement de bâtir une
économie verte. En effet, la grande quantité de matières résiduelles produites annuellement au
Québec offre la possibilité de revenus importants pour la Province. Les 13 millions de tonnes de
matières résiduelles représentent un potentiel énergétique, voire une occasion de fabrication de
produits/biens. En effet, les 2,5 millions de tonnes de matières résiduelles récupérées au Québec
32
en 2006 (métaux, papier, carton, plastiques et verre) représentent une valeur de 550 millions de
dollars et signifient 10 000 emplois directs. Également, le recyclage et la réintroduction des
matières dans les cycles de productions permettent des gains économiques importants et par le
fait même, la protection des ressources. On assiste aussi à la réduction des gaz à effet de serre.
(MDDEP, 2011)
3.3 La gestion des matières résiduelles dans le nord du Québec
L’inexistence de réseaux routiers dans la majorité du territoire nordique et le manque de routes
reliant les communautés nordiques entre elles marquent quelques-‐unes des différences avec le
reste du Québec. Conséquemment, cette réalité fait appel à des modes de gestion particuliers.
Le chapitre deux de la LQE précise les dispositions environnementales applicables à la région de
La Baie-‐James et du Nord québécois. Les dispositions visant la gestion environnementale au sud
du 55e parallèle sont abordées à la section II. On y précise la constitution du CCEBJ, les fonctions
du comité et les rôles qui lui sont attribués. Aussi, les compétences respectives des
gouvernements du Québec et du Canada, des autorités autochtones et des membres du comité
sont expliquées. Quant aux dispositions particulières applicables au nord du 55e parallèle, elles
sont abordées à la section III. On y expose les détails du CCEK. Les matières résiduelles ne sont pas
abordées dans ce chapitre de la LQE; les communautés autochtones se soumettent, d’ordre
général, aux dispositions du chapitre sept.
Sous l’autorité fédérale, la gestion des matières résiduelles dans les communautés autochtones
relève du Règlement sur la destruction des déchets dans les réserves indiennes. Celui-‐ci amène des
spécifications qui sont propres aux territoires nordiques. En effet, dans le présent règlement, la
notion de déchet « comprend des ordures, des substances liquides ou semi-‐liquides, de la terre et
des rebuts de toutes sortes, ainsi que toute combinaison de ce qui précède » (Règlement sur la
destruction des déchets dans les réserves indiennes). Ce règlement fédéral s’ajoute aux obligations
mentionnées précédemment. Il souligne l’interdiction de tenir un dépotoir d’ordures et de
détruire des déchets à même une réserve, à moins d'obtenir au préalable un permis
d’autorisation conformément aux alinéas 5a) ou 5b). Il en est de même pour l’incinération des
déchets, tel que précisé à l’article 10 du règlement.
33
Une autre particularité du nord du Québec est l’absence de MRC; par conséquent, les
communautés nordiques ne sont pas dans l’obligation de se soumettre à l’article 53.7 de la LQE,
qui précise les modalités pour l’élaboration d’un plan de gestion des matières résiduelles.
En outre, chacune des entités régionales possède ses propres particularités juridiques contenues
dans des lois distinctes. À l'échelon fédéral, les services offerts aux autochtones sont assumés par
le ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien (AADNC). Tandis
qu’au Québec, chaque ministère et chaque organisme a la responsabilité de mettre des services à
la disposition des autochtones. Afin de coordonner adéquatement les activités et les programmes,
le gouvernement québécois a établi le Secrétariat des Affaires Autochtones (SAA). Cet organisme
agit en tant que médiateur entre les autochtones et le gouvernement du Québec de manière à
assurer le lien entre ces deux parties.
La présentation de la législation concernant la gestion des matières résiduelles a permis de faire
ressortir les éléments importants qui encadrent la gestion des déchets au Québec et dans les
communautés autochtones. Nous avons vu que la LQE, le REIMR et la Politique québécoise de
gestion des matières résiduelles 2011-‐2015 sont essentiels à la gestion des déchets, et que
différents lieux d’éliminations sont adaptés au territoire du Québec.
34
4 LES PRATIQUES ACTUELLES EN GESTION DE MATIÈRES RÉSIDUELLES
Afin de déterminer les enjeux et les besoins des communautés autochtones quant à la gestion des
matières résiduelles, il est nécessaire de collecter l’information et de documenter les pratiques
actuelles, puisque peu d’information est recensée à ce sujet. Mais avant tout, cet exercice est
essentiel puisque sans ces notions, il est impossible de recommander un plan d’action efficace et
spécifique aux enjeux principaux des régions nordiques. Le tout sera possible grâce à la revue de
la littérature existante et à des études de cas.
4.1 La gestion des matières résiduelles dans les communautés autochtones
Connaître le portrait de la situation actuelle de la gestion des matières résiduelles dans les
communautés autochtones permet de procéder à des recommandations et de réaliser un plan
d’action adéquat. En effet, en profitant de l'information recueillie, il sera possible d’offrir des
recommandations réalisables aux dirigeants des communautés autochtones.
Bien que peu d’information concernant la gestion des déchets ne soit disponible, quelques
documents publiés par la CCEBJ permettent de cibler l’état de la situation de la gestion des
matières résiduelles dans les communautés cries. Ces documents compléteront les données qu’il
a été possible de recueillir grâce à une entrevue téléphonique avec un responsable au Grand
Conseil des Cris. Des entrevues menées auprès de responsables de la gestion des déchets dans les
collectivités autochtones isolées de la Côte-‐Nord permettent également de dresser le portrait de
la gestion des matières résiduelles des communautés innues.
4.1.1 Les communautés cries
Depuis quelques années, le CCEBJ étudie la gestion des matières résiduelles dans les
communautés cries du territoire de la Baie-‐James. Le comité a pu participer à divers projets,
comme celui du règlement sur l’élimination des déchets et celui du projet pilote de recyclage de
la communauté de Wemindji. (CCEBJ, 2010) Depuis 2006, un groupe de travail, formé par le CCEBJ
et le Service des matières résiduelles du MDEFP, collabore afin de proposer des modes de gestion
durables pour les matières résiduelles dans les communautés autochtones de la Baie-‐James. Les
trois documents publiés par ceux-‐ci sont à l’étude dans le présent essai. Il s’agit d’en faire
35
ressortir les éléments importants qui serviront à dresser le portrait de la gestion des matières
résiduelles. Bien que les documents datent de 2007 et de 2010, ils sont les plus récents et leur
contenu demeure pertinent. La présente section sera divisée en quatre sous-‐sections afin de
faciliter la lecture.
Portrait de 2007
Dans un premier temps, le portrait de la gestion des matières résiduelles de la Baie-‐James a été
réalisé en 2007 et, à ce jour, ce document est le plus récent. Cette initiative de la CCEBJ fait suite à
l’adoption du REIMR; dès son adoption, il est alors interdit de brûler les déchets dans les
communautés cries. L’interdiction de brûler les matières résiduelles dans les sites
d’enfouissement cause une augmentation du volume de déchets, il devient donc crucial pour les
communautés de se pencher sur des solutions de rechange. Ce document réalisé par la CCEBJ et
le Groupe de travail sur la gestion intégrée des matières résiduelles est un point de départ pour la
recherche de modes de gestions durables et aide à la prise de décisions. La première partie du
document consiste en un portrait général de la situation sociodémographique de la Baie-‐James.
La deuxième partie fait l’inventaire des quantités de matières résiduelles générées sur le
territoire, selon les secteurs domestiques, des ICI, des grands projets hydrauliques et de la
construction, rénovation et démolition (CRD). La dernière partie fait le recensement des
infrastructures existantes sur le territoire de la Baie-‐James et des autres installations en lien avec
la gestion des matières résiduelles. (Vachon, 2007)
Quelques éléments du portrait de matières résiduelles de la Baie-‐James sont importants et
pertinents pour le présent essai. Dans le but de dresser un portrait complet de la gestion des
matières résiduelles, la quantité de matières générée annuellement, les modes de gestion, les
installations et les principaux enjeux seront abordés.
Plusieurs facteurs influent sur la quantité et la source des matières résiduelles produites sur le
territoire de la Baie-‐James. Par exemple, les activités saisonnières, les périodes de chasse et de
pêche, le nombre d’habitants par maison et les saisons entrent en ligne de compte (Vachon,
2007). Les matières prises en considération dans le document produit par le CCEBJ en 2007 sont
celles issues des résidences, des ICI et des CRD.
36
Le tableau 4.1 dresse le portrait de la quantité annuelle de matières résiduelles générées sur le
territoire de la Baie-‐James. Les matières résiduelles domestiques, des ICI et des CRD sont incluses
dans le tableau. On précise dans le document que les matières résiduelles générées lors des
projets hydrauliques, surtout par la Société d’énergie de la Baie James (SEBJ), en sont exclues, car
les projets sont irréguliers. La durée du projet, le nombre de travailleurs et la quantité de matières
résiduelles produites sont des variables inconstantes. Le tableau suivant (4.1) et la figure 4.1
démontrent que la majorité des matières résiduelles à gérer sur le territoire de la Baie-‐James sont
les matières organiques.
Tableau 4.1 Quantité annuelle de matières résiduelles générées sur le territoire de la Baie-‐James (tiré de Vachon, 2007, p. 19)
D’autre part, la gestion des déchets domestiques est assurée par les Conseils de bande des
communautés cries. Quant aux déchets des villages non autochtones, c’est le conseil municipal
qui voit à la gestion des déchets du secteur résidentiel (Vachon, 2007). En date du document, le
recyclage en est à ses débuts. Quelques villages non autochtones font la collecte des matières
recyclables, quelques projets pilotes sont en cours et les possibilités pour les communautés
37
autochtones sont à l’étude. Nous verrons dans une section ultérieure que le recyclage demeure
une pratique peu courante dans les communautés cries.
Figure 4.1 Proportion de la quantité annuelle de matières résiduelles générées sur le territoire de la Baie-‐James (tiré de Vachon, 2007, p.19)
Le territoire de la Baie-‐James est caractérisé par de nombreux petits lieux d’élimination. Cela est
attribuable aux nombreuses communautés autochtones et municipalités présentes sur le
territoire. Par ailleurs, l’abondance des lieux d’enfouissement est nécessaire en raison des
conditions climatiques hivernales. Dans le document, on précise où se trouvent les sites
d’enfouissement existants. On retrouve un LEET dans toutes les communautés cries, à l’exception
de Whapmagoostui. D’ordre général, les LEET sont à une distance de moins de 20 km des
communautés autochtones, sur les terres de catégorie I, et relevant de l’autorité des Cris.
(Vachon, 2007)
Il est à noter que le prix pour l’ouverture de nouveau LEET sur le territoire de la Baie-‐James varie
de 500 000 $ à 800 000 $. Face à ces coûts élevés et au territoire restreint, les communautés
tentent de réduire le volume de déchets éliminés. À cet effet, enflammer les déchets reste un
38
moyen rapide, efficace et privilégié par les communautés pour restreindre la quantité de déchets.
Rappelons également qu’un LEET possède une durée de vie limitée (Olivier, 2010). Raison de plus
pour réduire le tonnage de matières enfouies. Quelques initiatives sont prises. Par exemple, les
matières pouvant être réutilisées – comme des appareils ménagers et le métal – sont triées et
déposées en pile sur un terrain donné. Il est précisé que ce ne sont pas toutes les communautés
qui fonctionnent de cette manière, et que les méthodes pourraient être améliorées ou mieux
encadrées dans certains cas. Par exemple, l’entrée du LEET n’est pas toujours contrôlée, de
manière à ce que les citoyens y circulent librement. Le manque de contrôle sur les sites
d’enfouissement peut avoir des conséquences sur le tri des matières. Par exemple, une pile de
pneus destinée au recyclage est contaminée par une matière qui n’a pas été déposée au bon
endroit. En conséquence, les pneus n’ont pas pu être collectés. D’où le besoin de réglementation
plus stricte pour l’entrée des sites d’enfouissement. Aussi, une signalisation quant aux endroits
distincts où disposer des matières résiduelles vaut la peine d'être considérée. (Vachon, 2007)
Au sein du territoire visé par le document, on retrouve une installation d’incinération. Grâce à ce
mode de gestion, Wemindji est un bon exemple de gestion des matières résiduelles. Cette
communauté est dotée d’un incinérateur Eco Waste Solutions, capable de brûler trois tonnes de
matières résiduelles par jour, depuis 2003. Le résultat est 20 m3 de cendres par semaine, qui sont
enfouies dans le LEET. Les études de faisabilité ont démontré que les installations d’incinération
combleraient les besoins d’élimination de la communauté pour les quarante prochaines années.
De plus, d’un point de vue environnemental, les installations sont adéquates, voire exemplaires.
(Vachon, 2007)
En résumé, les matières qui sont majoritairement éliminées sur le territoire sont les matières
organiques, les déchets sont majoritairement éliminés dans des LEET et il est interdit de procéder
au brûlage des déchets. En revanche, la communauté de Wemindji procède à l’incinération des
déchets et cela semble bien servir la communauté pour la gestion de ses matières résiduelles.
Enfin, les principaux enjeux abordés dans le document sont l’interdiction de brûler les déchets à
ciel ouvert, le suivi et la surveillance des lieux d’enfouissement, la durée de vie limitée des LEET et
le contexte particulier du Nord que sont la distance des grands centres, le climat et la faible
population. Évidemment, tel que mentionné dans le document, les données recueillies doivent
39
être interprétées à titre indicatif, car leur précision n’a pas été vérifiée par un tiers indépendant et
parce que la réalité des communautés évolue rapidement.
L’analyse de cycle de vie
En deuxième lieu, le document étudié est un rapport final de l’analyse de cycle de vie (ACV) des
scénarios de gestion de matières résiduelles applicables aux villages de la Baie-‐James. La
réalisation de ce document est motivée par plusieurs facteurs : l’intérêt de plus en plus
grandissant pour l’environnement, la complexité à trouver des solutions de rechange aux DET, les
coûts élevés associés à l’ouverture d’un nouveau LEET et l’adoption du REIMR. L’objectif ultime de
l’étude publiée par le CCEBJ, réalisée par le Centre interuniversitaire de recherche sur le cycle de
vie des produits, procédés et services (CIRAIG), est de faciliter la prise de décisions des dirigeants
des communautés cries de la Baie-‐James. (Martineau et Cahyer, 2010)
Il s’agira de résumer les points saillants du rapport et les résultats obtenus par l’ACV. Il est à noter
que la méthodologie du rapport du CIRAIG fait preuve de rigueur et d’authenticité. C’est-‐à-‐dire
que les données d’inventaire sont représentatives et proviennent de trois sources (visite de
terrain, collecte primaire spécifique à l’étude et collecte secondaire générique à base de la
littérature); qu’une fois les données obtenues, les scénarios ont été modélisés grâce au logiciel
ACV Simapro (version 7.1); et que l’évaluation des impacts a été menée à l’aide de la méthode
européenne IMPACT 2002+. (Martineau et Cahyer, 2010)
À la lecture du rapport, il est possible de déterminer quel scénario d’élimination a été retenu et
quels éléments sont pertinents en vue de dresser le portrait de la gestion des matières résiduelles
dans les communautés cries de la Baie-‐James. Grâce au contenu de l’étude et des résultats
obtenus, il sera possible de procéder à des recommandations. Le but étant de diminuer les
impacts environnementaux et sociaux associés à la gestion des déchets.
D’abord, l’ACV permet d’établir le scénario de gestion des matières résiduelles qui est le plus
profitable aux niveaux économique, social et environnemental. Voici les six scénarios qui ont été
retenus dans le cadre du rapport (Martineau et Cahyer, 2010, p. 10) :
40
1. « Opération d’un DET avec brûlage, sans tri à la source (scénario de base)
2. Opération d’un DET avec brûlage, combiné à un tri à la source
3. Opération d’un DET sans brûlage, sans tri à la source
4. Opération d’un DET sans brûlage, combiné à un tri à la source
5. Incinération des matières résiduelles dans un incinérateur fixe, sans tri à la source
6. Incinération des matières résiduelles dans un incinérateur fixe, avec tri à la source »
De manière générale, l’impact du brûlage des matières résiduelles implique des conséquences
importantes sur la santé humaine du fait des substances émanant de la combustion des déchets à
ciel ouvert. Il est mentionné que malgré un tri à la source, les impacts du brûlage demeurent
considérables. L’étude souligne que le tri à la source est tout de même profitable dans la majorité
des cas puisque la gestion des matières recyclables évite d’utiliser des matières premières pour
répondre aux besoins du marché. Quant à l’incinération, un tri à la source est également
favorable, car il diminue les impacts associés aux émissions atmosphériques, au carburant
nécessaire et à la quantité de déchets enfouis. (Martineau et Cahyer, 2010)
Par ailleurs, une analyse incluant les répercussions sociales a démontré que les scénarios
privilégiant le DET sont ceux qui présentent le plus d’effets nuisibles pour la population et les
travailleurs. Aussi, il en ressort que les conséquences attribuables à l’installation d’incinérateurs
sont la création d’emplois et certains risques technologiques associés aux infrastructures. Encore
une fois, le tri à la source démontre un aspect positif. On mentionne que c’est une option
bénéfique qui favorise la responsabilisation des citoyens et la création d’emplois, peu importe
l’emplacement de la communauté, du volume de matière collectée et des effets associés aux
transports des matières.
Enfin, les conclusions de l’ACV sont les suivantes (Martineau et Cahyer, 2010, p.50 à 52) :
Ø « Un système de collecte sélective et de gestion des matières recyclables est favorable
pour l’entièreté des communautés cries de la Baie-‐James;
Ø Le choix de technologies de traitement, soit un DET ou incinérateur, n’est pas concluant.
Des éléments étant en faveur avec le DET et d’autres avec l’incinérateur;
41
Ø Toutefois, un DET avec brûlage à ciel ouvert n’est pas un mode d’élimination viable à long
terme
Ø Les 3RV doivent être pris en considération pour une gestion durable des matières
résiduelles. »
Projet de Politique de gestion des matières résiduelles
Pour faire suite à ces deux documents, le CCEBJ a présenté un mémoire concernant le projet de
Politique de gestion des matières résiduelles, en mars 2010. D’emblée, le Comité accueille
favorablement les objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 2011-‐
2015, mais se questionne quant à la faisabilité sur le territoire étant donné le manque
d’infrastructures et de modes de gestion.
«Nous encourageons les initiatives prises par le gouvernement afin "de mettre un terme au gaspillage" en responsabilisant "l’ensemble des acteurs concernés par la gestion des matières résiduelles". Cependant, le CCEBJ se demande dans quelle mesure la politique pourra être appliquée sur le territoire de la Baie-‐James en raison notamment du manque actuel d’infrastructures de traitement des matières résiduelles. » (CCEBJ, 2010, p.1)
Le CCEBJ a soulevé trois éléments qui empêchent l’application de la Politique dans les
communautés autochtones de la Baie-‐James. Ces problèmes participent à dresser un portrait
complet de la gestion des matières résiduelles dans les communautés cries du Nord. D’ailleurs, les
recommandations formulées dans le mémoire seront également abordées au dernier chapitre.
Voici les principaux enjeux abordés dans le mémoire (CCEBJ, 2010, p. 2) :
Ø « Les problèmes liés au soutien de la planification et à la performance régionale (Stratégie 6) et l’acquisition de connaissances liées à la gestion des matières résiduelles (Stratégie 9) en contexte nordique;
Ø La nécessité de mettre en place des écocentres à la Baie-‐James; Ø La délimitation du territoire de la Baie-‐James. »
Deux des enjeux seront davantage élaborés dans les paragraphes suivants, soit les problèmes liés
à la planification et à la nécessité de mettre en place des infrastructures adéquates. La suite de
cette section est divisée selon les enjeux susmentionnés. Il s’agira de résumer les propos tenus
dans le mémoire et d’en analyser le contenu.
42
Il est démontré que les problèmes en lien avec la Politique québécoise de la gestion des matières
résiduelles 2011-‐2015 sont attribuables au manque de planification quant à la mise en œuvre des
stratégies. Par exemple, selon l’action 25 de la Politique, le gouvernement entend faire un
investissement d’un million de dollars pour la gestion des matières résiduelles et leur
planification. Cependant, selon le CCEBJ, plusieurs éléments ne sont pas considérés par cette
action et il manque d’information concernant les besoins des communautés. Selon le contexte
nordique, les éléments suivants doivent être considérés (CCEBJ, 2010, p. 2) :
Ø « Les coûts élevés liés à la gestion des matières résiduelles et à leur transport dans le contexte de La Baie James;
Ø Le retard qu’accusent la plupart des communautés en termes d’infrastructures adéquates pour une gestion durable des matières résiduelles, et notamment l’absence d’écocentres;
Ø Le fait que les communautés n’ont pas accès à un soutien financier pour l’élimination des matières résiduelles comme c’est le cas pour les municipalités du Québec (action 24). »
À cet effet, la somme d’un million de dollars semble insuffisante. En effet, le territoire nordique
est vaste et plusieurs communautés pourraient bénéficier d’un soutien financier. Aussi, les
modalités d’attribution ne sont pas mentionnées. Le mémoire soulève plusieurs questionnements
quant à la distribution des fonds. Qui recevra ces fonds? Seront-‐ils divisés équitablement? De
plus, selon le CCEBJ, il est préférable d’établir les besoins et de les prioriser avant d’attribuer les
fonds. (CCEBJ, 2010)
L’absence d’un système de compensation est également un enjeu de la gestion durable des
matières résiduelles. Effectivement, étant donné le contexte du nord du Québec, les coûts
associés à la gestion des déchets sont élevés. D’après le mémoire produit par le CCEBJ, un soutien
financier plus adéquat est nécessaire afin de concrétiser les objectifs de gestion durable des
matières résiduelles partout au Québec. Le besoin d'infrastructures étant également un enjeu
important.
De manière générale, les communautés nordiques accusent un retard quant aux installations et
infrastructures pour la gestion des matières résiduelles. Entre autres, l’absence d’écocentres est
un obstacle à l’application de la Politique, mais empêche aussi une gestion durable des matières
43
résiduelles. Plusieurs avantages sont associés à la mise en place d’écocentres; par exemple, ils
permettent d’éviter de contaminer l’environnement, d’accumuler les matières en attendant de
les transporter, d’encourager les citoyens à se responsabiliser, de créer des emplois et de
diminuer le volume de matière destiné à l’enfouissement. (CCEBJ, 2010). Il importe également de
veiller à ce que les installations existantes dans les communautés urbaines soient aptes à recevoir
et traiter ce qu’on leur envoie, soit une grande quantité de matières en même temps. (CCEBJ,
2010)
Enfin, un autre élément soulevé dans le mémoire mérite d'être mentionné, c’est-‐à-‐dire le
problème qui surgit lorsque les installations d’élimination et les infrastructures d’une
communauté sont situées sur un territoire de juridiction fédérale. Le problème étant que ces
communautés ne sont pas admissibles à recevoir le financement offert par le gouvernement
québécois. Or, dans le document, on souligne que cinq des neuf communautés sont situées sur
des terres de juridiction provinciale; elles sont donc admissibles au financement et au programme
provincial. (CCEBJ, 2010)
Entrevue avec le Grand Conseil des Cris
Finalement, un échange téléphonique avec M. Mclean, spécialiste de la gestion de
l’environnement dans le département de l’environnement du Grand Conseil des Cris, a permis de
dresser un portrait de la situation actuelle de la gestion des matières résiduelles dans l’ensemble
des communautés cries. L’échange au sujet des matières résiduelles permet de compléter
l'information obtenue par l'intermédiaire des trois documents étudiés précédemment. Le Grand
Conseil des Cris est un corps politique qui a pour but de représenter les Cris. Dans ce cas-‐ci,
l’utilisation du questionnaire n’était pas pertinente puisque M. Mclean n’est pas responsable
d’une communauté en particulier. Le but étant de connaître les problèmes ou les enjeux actuels
des communautés cries.
D’emblée, il est important de rappeler que les ententes des communautés cries avec les
gouvernements donnent lieu à plus d’autonomie pour les Cris. Ceux-‐ci sont en mesure de créer
leur propre budget après du financement qu’ils reçoivent et d’administrer librement leurs
44
communautés. À cet effet, les documents présentés par le CCEBJ au sujet de la gestion des
matières résiduelles démontrent la volonté politique des Cris et l’intérêt de ces communautés
envers l’environnement. Il n'en demeure pas moins quelques freins à l’amélioration de la gestion
des matières résiduelles. M. Mclean en a abordé quelques-‐uns. Par exemple, l’isolement, la faible
population, le transport coûteux des matières, pour n'en nommer que quelques-‐uns. Aussi, la
gestion des matières résiduelles traditionnelles, soit des matières résiduelles résultant des
activités traditionnelles comme la chasse et la pêche. M. Mclean a soulevé les nombreuses
difficultés à gérer, notamment, une carcasse d’orignal. En effet, on précise dans le portrait de la
gestion des matières résiduelles de la Baie-‐James que les Cris possèdent plusieurs demeures
secondaires pour la pratique d’activités traditionnelles, mais qu’elles ne sont pas recensées
(Vachon, 2007). Il devient donc encore plus difficile de gérer des déchets provenant de la chasse
et de la pêche. Il précise que culturellement les Cris ont toujours brûlé leurs déchets, mais à
l’heure actuelle, il est interdit par le REIMR de procéder ainsi. Il est donc nécessaire de trouver des
solutions de rechange à l’incinération et à l’enfouissement. De fait, il est impossible d’enfouir les
cadavres d’animaux puisque ceux-‐ci risquent d’attirer des animaux nuisibles près des dépotoirs.
(Mclean, 2014)
De plus, M. Mclean soulève les problèmes qui tirent leur source de l’interdiction de procéder au
brûlage à ciel ouvert au sud du 55e parallèle. Comme il a été mentionné précédemment, cela a
pour effet de réduire substantiellement la durée de vie des DET existants. Aussi, il soutient que
l’incinération serait profitable puisqu’il n’existe pas de solutions de rechange au DET voire à
l’incinération qui soit efficace et adaptée au Nord. Cet enjeu sera étudié davantage
ultérieurement.
La revue de la littérature et la discussion avec M. Mclean démontrent que, de manière générale,
les enjeux importants dans les communautés cries sont les mêmes depuis les dernières années.
Ceux-‐ci sont surtout en lien avec la distance des grands centres, les installations de traitement des
matières résiduelles, la législation, les matières résiduelles traditionnelles et le manque
d’infrastructures.
45
Quelques constats seront formulés et les principaux problèmes seront résumés dans la dernière
partie du chapitre.
4.1.2 Les communautés innues
Quelques entrevues réalisées auprès de responsables de la gestion des matières résiduelles des
communautés à l’étude ont permis, d'une part, de mieux cibler les problèmes courants avec
lesquels doivent composer les communautés étudiées et, d’autre part, d’énoncer quelques
constats. Il a été possible de réaliser cette recherche avec la participation de deux communautés.
Ce nombre a été jugé suffisant et représentatif de la réalité des Innus vivant entre les 49e et
55e parallèles. Les personnes-‐ressources ont été choisies selon leur expertise et leur fonction dans
la communauté, et les entrevues ont été guidées par un questionnaire préétabli. Il est nécessaire
de mentionner que le recours à l'entrevue était le moyen approprié pour récolter l’information
dans le cadre du présent document; l’absence d’information étant une raison motivant la
réalisation de l’essai. Les objectifs généraux des discussions sont de dresser le portrait de la
situation et de cibler les besoins des communautés participantes. L'échange d’information a
permis de présenter l’état général de la gestion des déchets dans les communautés autochtones
et a facilité l’élaboration d’un plan d’action spécifique à la réalité du nord du Québec, qui sera
présenté dans les chapitres suivants.
Les questions spécifiques ont permis de recueillir de l’information visant à déterminer les
pratiques en gestion des matières résiduelles, de rassembler les données nécessaires pour cibler
les besoins en matière d'amélioration de la gestion des déchets, en plus de permettre d’obtenir
des renseignements pertinents qui serviront à élaborer un plan d’action spécifique aux conditions
des communautés autochtones. La liste de questions est disponible à l’annexe 1.
La première partie de la discussion visait à connaître le contexte de la communauté. Les questions
concernent la population, l’existence d’un réseau routier, les connaissances générales face à la
gestion des matières résiduelles et la présence d'une forme de PGMR dans la communauté. La
seconde partie de la discussion avait pour but d’en savoir davantage sur la gestion des déchets
dans la communauté et sur les enjeux liés aux déchets. Dans certains cas, la discussion était
davantage axée sur les enjeux de la communauté et le contexte actuel.
46
Le cas de Pakuashipi
Il a été possible de dresser le portrait sommaire de la situation actuelle de la gestion des matières
résiduelles de la communauté de Pakuashipi grâce à une entrevue téléphonique menée auprès de
M. Lambert, directeur général du Conseil des Innus de Pakuashipi. Cette communauté est
représentative des communautés isolées de région de la Côte-‐Nord. Les premières questions
posées à M. Lambert visaient à se renseigner sur le contexte communautaire de la réserve, la
situation géographie et les connaissances générales face à la gestion des matières résiduelles.
De prime à bord, Pakuashipi est une petite communauté de 350 habitants située sur la rive ouest
de la rivière St-‐Augustin, à 550 kilomètres de Sept-‐Îles (Affaires autochtones et Développement
du Nord Canada [AADNC], 2014a). Mentionnons également que la communauté n'est pas reliée à
d'autres villages par le réseau routier. Les principaux moyens de transport à privilégier sont le
bateau (lorsque la température le permet), la motoneige et l’avion. Lorsque la Politique
québécoise de la gestion des matières résiduelles a été abordée, M. Lambert a mentionné qu’il
avait connaissance de son contenu, mais que de manière générale, la gestion des matières
résiduelles n'était pas encadrée par une politique ou par une réglementation spécifique à la
communauté ni par un PGMR. Effectivement, la communauté se soumet aux règlements en
vigueur, dont le REIMR, et est assujettie à la LQE en partie. (Lambert, 2014)
La deuxième partie de l’entretien visait à s’informer sur la gestion des déchets spécifique à la
communauté de Pakuashipi; il a ainsi été possible de mettre au jour les pratiques en gestion des
matières résiduelles. Le mode de gestion privilégié est la collecte des déchets sans tri à la source.
La collecte des déchets pour toute la communauté, y compris les ICI, est gérée par le Conseil de
Bande de Pakuashipi; un budget annuel d’un peu plus que 40 000 $ y est accordé. La collecte des
bacs roulants de 360 L se fait avec un petit camion l’été, et une motoneige l’hiver. Tous les
déchets collectés sont éliminés dans un LEMN situé à environ trois kilomètres de la communauté.
Selon la LQE, le brûlage occasionnel des déchets est permis, lorsque la température le permet,
afin de réduire le volume total de déchets à enfouir. (Lambert, 2014)
Pour clore la discussion, le directeur général a été invité à s’exprimer librement sur le contexte
des matières résiduelles dans sa communauté et dans les communautés isolées en général. Son
47
expérience antérieure à la Romaine et dans les communautés nordiques lui permet de porter un
regard global sur le sujet. Selon son expérience, plusieurs problèmes sont notables. Ces propos
concernent le financement, le genre d’intervention ou d’action à mettre en œuvre, le problème
découlant de l’absence de réseau routier, la faible population et le manque d’information.
Le financement dont peuvent bénéficier des communautés autochtones est surtout destiné aux
projets de prévention et de sensibilisation. Ces types de projets ne sont pas nécessairement
adéquats ou adaptés à la réalité du Nord. (Mclean, 2014) En fait, la plupart du temps, les dépliants
ne seront pas consultés. Rappelons que les communautés autochtones ont une tradition de
transmission de l’information par l’orale, et non par l’écrit. Les discours et les conversations sont
pérennes dans le temps, au contraire des feuillets de sensibilisation. D’ailleurs, selon M. Lambert,
les solutions à l’amélioration de la gestion des matières résiduelles ne résident pas dans la
sensibilisation, mais plutôt dans l’action. Des idées cadrant avec le milieu nordique et appropriées
au contexte sont trop peu nombreuses. M. Lambert cite en exemple la situation actuelle de la
gestion de la ferraille; il est en effet impossible de collecter la ferraille par camion et l’acheminer
vers un centre urbain, le réseau routier étant inexistant. Notons que la ferraille est un enjeu
important pour plusieurs communautés isolées, comme la Romaine. Cet enjeu est attribuable au
coût plus élevé du transport des matières par rapport à la valeur de la matière en soi et au fait
que la ferraille ne se brûle pas. Par ailleurs, la forte consommation de véhicules motorisés
(motocyclette, motoneige, etc.), puisqu’ils sont nécessaires pour le déplacement, augmente le
volume de ferraille résiduelle. Les montagnes de ferrailles accumulées résultent de l’absence de
solution adéquate et réaliste, et du manque de ressources. M. Lambert explique également le
manque d’information, entre autres, par la difficulté d’obtenir les renseignements quant au
volume de déchets par habitant. En effet, une réalité pour de nombreuses communautés
nordiques est le nombre d’habitants par maison; une maison peut compter 10 personnes, comme
elle peut n'en abriter que deux. En moyenne, dans les 66 maisons de Pakuashipi, on compte
six personnes. (Lambert, 2014) À cet effet, le coût par porte pour l’enfouissement des matières
résiduelles uniquement s’élève à 606 $. Il a été possible de trouver cette somme grâce au calcul
suivant : 40 000 $/66 maisons = 606 $/porte/an.
48
Retenons que les éléments importants abordés par M. Lambert sont surtout le financement,
l’isolement, le manque de ressources, le volume de ferraille et l’absence d’information.
Le cas de la Romaine
M. Bellefleur, directeur général de la communauté de la Romaine, a été joint afin de discuter de la
gestion des déchets dans la communauté. Dans ce cas-‐ci, une discussion générale a eu lieu avec
M. Bellefleur afin d’en apprendre davantage sur les enjeux de la gestion des matières résiduelles.
Le principal problème soulevé est celui du transport. La communauté de la Romaine est située à
400 km au nord-‐est de Sept-‐Îles et n’est pas accessible par un réseau routier (AADNC, 2014b). Par
conséquent, les matières s'accumulent, c'est le cas notamment de la ferraille. Selon M. Bellefleur,
il est extrêmement dispendieux d’acheminer les matières vers les centres urbains. À un point tel
qu’un entrepreneur a déjà mis un terme à son contrat avant la fin de celui-‐ci parce que les pertes
économiques étaient trop élevées. Le contrat visait toutes les communautés de la Côte-‐Nord et
consistait à compacter le métal et à le transporter par bateau.
Par ailleurs, la durée de vie du LEMN tire à sa fin. Il est donc nécessaire pour la communauté de
trouver une solution de rechange au lieu d’enfouissement existant. Or, un endroit adéquat est
difficile à trouver puisque les terrains sablonneux sont majoritairement aux bords des rivières. Il
serait impossible d’y installer un LEMN. Conséquemment, le projet étudié est de fermer le LEMN
existant, mais d’en établir un nouveau sur le même terrain.
Dans ce cas-‐ci, les problèmes concernent davantage le transport, l’accumulation des matières
résiduelles en fin de vie et la durée de vie du LEMN.
4.2 Constats
À la lumière de la revue de la littérature existante et des discussions sur la gestion des matières
résiduelle, il est possible de formuler quelques constats. Plusieurs problèmes sont communs aux
deux nations étudiées dans le présent essai et certains enjeux sont spécifiques aux communautés
isolées et aux Cris.
49
D’entrée de jeu, il est important de souligner la volonté des personnes ayant contribué à la
recherche d’information. Leur volonté et motivation sont remarquables en regard de
l’amélioration de la gestion des matières résiduelles. Par suite des entrevues, il est possible
d’affirmer que les problèmes ne semblent pas découler de l’absence de volonté politique au sein
des communautés autochtones à l’étude dans le présent essai.
Effectivement, les problèmes sont pour la plupart attribuables :
Ø à l’éloignement; Ø au coût lié au transport des matières résiduelles; Ø à l’absence d’infrastructure; Ø aux coûts liés à la gestion des matières résiduelles; Ø à l’adoption du REIMR; Ø à l’interdiction de brûler les déchets à ciel ouvert; Ø à l’accumulation des matières sur le territoire; Ø au manque de solutions de rechange à l’enfouissement; Ø à l’absence de tri des matières recyclables; Ø à l’absence de suivi des actions et projets; Ø à l’absence de suivi et surveillance des sites d’enfouissements; Ø au climat; Ø à la géologie du sol; Ø à la faible population; Ø au flou des actions de la Politique québécoise de la gestion des matières résiduelles 2011-‐
2015; Ø au manque de financement.
Les communautés autochtones étudiées dans le cadre de l’essai font également face à la durée de
vie limitée des lieux d’enfouissement. La géologie du sol, surtout composé de roche et de zones
marécageuses, fait en sorte qu’il est complexe de trouver des solutions de rechange au lieu
existant. Selon le directeur général de la Romaine, les terrains adéquats, soit sablonneux, sont
surtout aux bords des rivières. Il est donc impossible d'y installer un lieu d’enfouissement, tant
d’un point de vue environnemental que social.
50
5 PLAN DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES
Grâce aux Lignes directrices pour la planification régionale de la gestion des matières résiduelles
créée par le MDDEFP, il est possible d’élaborer une méthodologie adaptée aux communautés
étudiées. Il s’agira d’élaborer un modèle de PGMR pertinent pour les régions du Nord québécois.
Le but est que le PGMR soit adéquat à la région et qu’il prenne en compte les enjeux soulevés
dans les chapitres précédents. Aux fins de ce chapitre, il sera question de présenter brièvement
les lignes directrices du MDDEFP, de procéder à l’élaboration d’une méthodologie à l’aide d’un
exemple de PGMR existant dans une communauté autochtone, puis d’aborder la planification et
l’application d’un PGMR.
5.1 Lignes directrices du MDDEFP
Comme il a été mentionné au chapitre trois, selon la Politique québécoise de la gestion des
matières résiduelles et la LQE, les MRC sont tenues de produire un PGMR. La majorité des PGMR
ont été adoptés entre 2004 et 2009. Les actions accomplies et les mesures planifiées par les
municipalités locales et régionales ont permis d’augmenter la récupération, le recyclage et la
valorisation des matières résiduelles (MDDEFP, 2013). À l’exception de quelques communautés,
tout le Québec doit se conformer et mettre en œuvre un PGMR. Entre autres, le présent
programme du gouvernement ne s’applique pas dans la région du Nord-‐du-‐Québec. De même
pour les communautés autochtones du Québec (RECYC-‐QUÉBEC, 2012).
Plusieurs outils permettent de faciliter l’élaboration d’un PGMR. En effet, le MDDEFP a mis en
place ces outils afin de soutenir les municipalités régionales. Ils offrent aussi du soutien aux
intervenants et aux municipalités afin de favoriser l’atteinte des objectifs de la Politique. La figure
suivante (figure 5.1) est un résumé de la démarche d’élaboration d’un PGMR selon la LQE.
Parmi ces outils, on retrouve notamment (MDDEFP, 2013) :
Ø « Le Programme sur la redistribution aux municipalités des redevances pour l’élimination de matières résiduelles;
Ø Le Programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage (PTMOBC);
Ø Le Régime de compensation pour les services municipaux fournis en vue d’assurer la récupération et la valorisation de matières résiduelles (Q-‐2, r. 10);
51
Ø Le programme Performance des centres de tri des matières recyclables de la collecte sélective;
Ø Le programme Économie sociale et mobilisation des collectivités.»
Figure 5.1 Démarche d’élaboration d’un PGMR (tiré de MDDEFP, 2013, p.11) La planification de gestion des matières résiduelles porte sur l’ensemble des matières résiduelles
visées par la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. Il est à noter que les
matières qui doivent être prises en charge sur le territoire de planification régionale peuvent être
différentes de celles prises en charge dans les communautés autochtones. Les matières seront
précisées dans la section suivante. À l’exception de quelques matières, les matières visées par la
Politique sont d’origine domestique, industrielle, commerciale, institutionnelle ou autre. Cela
comprend également les matières gérées par la municipalité et par le générateur lui-‐même. Les
matières résiduelles récupérées et transportées vers un site de traitement, d’entreposage ou de
valorisation ou d’élimination par la municipalité, par le générateur lui-‐même ou par un
entrepreneur doivent aussi être incluses dans le PGMR. (MDDEFP, 2013)
Selon l’article 53.9 de la LQE, le plan de gestion doit comprendre plusieurs éléments, dont les suivants :
« 1° une description du territoire d'application;
52
2° la mention des municipalités locales visées par le plan et des ententes intermunicipales relatives à la gestion des matières résiduelles qui sont applicables sur la totalité ou une partie du territoire; 3° le recensement des organismes et entreprises qui œuvrent sur le territoire dans le domaine de la récupération, de la valorisation ou de l'élimination des matières résiduelles; 4° un inventaire des matières résiduelles produites sur leur territoire, qu'elles soient d'origine domestique, industrielle, commerciale, institutionnelle ou autre, en distinguant par type de matière; 5° un énoncé des orientations et des objectifs à atteindre en matière de récupération, de valorisation et d'élimination des matières résiduelles, lesquels doivent être compatibles avec la politique gouvernementale prise en application de l'article 53.4, ainsi qu'une description des services à offrir pour atteindre ces objectifs; 6° un recensement des installations de récupération, de valorisation ou d'élimination présentes sur le territoire, le cas échéant la mention des nouvelles installations que nécessite l'atteinte des objectifs mentionnés ci-‐dessus ainsi que, s'il en est, la possibilité d'utiliser des installations situées à l'extérieur du territoire; 7° une proposition de mise en œuvre du plan favorisant la participation de la population et la collaboration des organismes et entreprises œuvrant dans le domaine de la gestion des matières résiduelles; 8° des prévisions budgétaires et un calendrier pour la mise en œuvre du plan; 9° un système de surveillance et de suivi du plan destinés à en vérifier périodiquement l'application, entre autres le degré d'atteinte des objectifs fixés et l'efficacité des mesures de mise en œuvre du plan prises, selon le cas, par la municipalité régionale ou les municipalités locales visées par le plan. »
5.2 Méthodologie
Il est proposé que le contenu minimal exigé par la LQE soit inclus dans les PGMR. Certes, quelques
renseignements ne seront pas disponibles pour toutes les communautés; dès lors, une mention
de non-‐disponibilité est jugée suffisante. Donc, la méthodologie recommandée est de suivre les
exigences de la LQE quant au contenu général du PGMR. Le guide d’élaboration d’un plan de
gestion des matières résiduelles réalisé par l’Association des organismes municipaux de gestion
des matières résiduelles (AOMGMR), et financées par RECYC-‐QUÉBEC, peut faciliter la mise en
53
œuvre du PGMR. Les directives dans le guide étant très claires. Rappelons toutefois que les Lignes
directrices pour la planification régionale de la gestion des matières résiduelles créée par le
MDDEFP, ont préséance sur le guide de l’AOMGMR.
Voyons maintenant comment un PGMR doit être adapté pour satisfaire aux besoins des
communautés autochtones situées au nord du Québec. L’intention ici est d’offrir un outil de
planification aux communautés dont le Conseil de bande a la volonté d’entreprendre une saine
gestion des matières résiduelles. En effet, l’élaboration d’un PGMR et le respect de la LQE sont
complètement volontaires. L’objectif est aussi d’offrir des moyens aux communautés afin de
contribuer à la protection de l’environnement et de s’inscrire dans une optique de
développement durable.
5.3 Application
L’adoption d’un PGMR permet non seulement une planification adéquate de la gestion des
matières résiduelles, mais cela permet également de faire un inventaire des matières générées
dans la communauté. Recueillir l’information nécessaire à la réalisation d’un PGMR contribue à
l’amélioration de la gestion puisque la communauté est en mesure de savoir exactement ce
qu’elle doit gérer sur son territoire.
Le PGMR de Wemotaci est un bon exemple de planification dans les communautés autochtones
nordiques. Bien que Wemotaci ne soit pas une communauté isolée et qu'elle possède un réseau
routier, le PGMR répond à des besoins comparables à ceux des communautés éloignées ou
isolées. Effectivement, on y inclut la gestion des problèmes spécifiques au Nord. Un bon exemple
est la présence de chiens errants. Ce phénomène propre aux communautés nordiques nécessite
l’utilisation de bacs adaptés. Un dispositif doit empêcher les chiens d’en vider le contenu;
toutefois un couvercle cadenassé devient compliqué lors de la collecte. (AOMGMR, 2009)
Il est préférable que les objectifs et les actions qui doivent être proposées dans un PGMR
demeurent simples. Cela à pour effet d’encourager la participation des citoyens et de donner
rapidement des résultats. À ce sujet, les critères SMART permettent d’atteindre les résultats
prévus par les objectifs. Cette approche consiste à établir des objectifs selon cinq facteurs.
L’objectif doit être (Bibeau, 2012, p.33) :
54
Ø « Specific – Précis : le résultat escompté devrait préciser la nature du changement, les groupes cibles et la région visée.
Ø Measurable – Mesurable : le résultat escompté peut être mesuré en utilisant les indicateurs et les données de base.
Ø Achievable – Atteignable : le résultat escompté est réaliste étant donné le calendrier d’exécution du projet et les ressources disponibles.
Ø Realistic – Pertinent : le résultat escompté aidera à répondre aux besoins cernés.
Ø Time-‐scaled – Temporel : le résultat escompté précise un échéancier. »
Voici quelques exemples d’objectifs du PGMR de la communauté de Wemotaci qui peuvent s’inscrire dans un PGMR (AOMGMR, 2009).
Ø Mettre en place des mesures d’achat environnemental, comme l’utilisation dans les bureaux
de tasses plutôt que des verres jetables; Ø Sensibiliser les citoyens; Ø Informer les citoyens des différents services offerts; Ø Promouvoir les avantages de ventes-‐débarras; Ø Entreprendre des concours d’idées auprès des citoyens pour les encourager; Ø Étudier la possibilité d’effectuer la collecte en utilisant des bacs de récupération et des sacs
transparents afin d’aider à la manipulation; Ø Prévoir de la formation pour le personnel; Ø Réaliser une étude lorsque la collecte sélective de matière recyclable sera bien rodée pour
évaluer la pertinence de mettre en œuvre une collecte pour les matières organiques.
55
6 RECOMMANDATIONS : VERS LA GESTION DURABLE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES
Les communautés autochtones dans le nord du Québec font face à de nombreux défis à l’égard de
la gestion de leurs déchets. Les dernières sections ont fait état des différents enjeux qui
caractérisent les communautés innues et cris entre les 49e et 55e parallèles.
Le chapitre quatre a permis de faire quelques constats quant aux problèmes avec lesquels doivent
composer les communautés autochtones et, en général, il a été établi que ces derniers sont
similaires d’une communauté à l’autre. Toutefois, quelques éléments différencient la gestion des
matières résiduelles dans les communautés cries et les communautés innues.
Le présent chapitre expose quelques recommandations afin d'améliorer la gestion des matières
résiduelles; il satisfait l'objectif ultime de l'essai, soit d'élaborer un plan d'action qui répond aux
problèmes soulevés.
Les prochains paragraphes sont divisés selon quatre recommandations principales, écrites en
tenant compte des perspectives de développement durable ainsi que des trois fondements
suivants : économique, social et environnemental. Quelques-‐unes des propositions sont inspirées
du mémoire du CCEBJ : Vers une gestion des matières résiduelles durable et équitable à la Baie-‐
James (CCEBJ, 2010).
Première recommandation : Encourager la recherche, le développement et l’innovation
En réponse au manque de connaissance et à l’absence d’inventaire des matières résiduelles pour
la majorité des communautés autochtones dans la région nordique, la recommandation est
d’encourager la recherche, le développement et l’innovation.
Les recherches ont démontré que la réalité et le contexte du Nord sont différents de ceux des
villes et villages du sud du Québec. Nécessairement, les installations et les modes de gestions
doivent être adaptés à la population, au climat et à l’emplacement géographique. Afin d’atteindre
les objectifs prévus dans la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 2011-‐2015 –
rappelons que ces objectifs visent tout le Québec –, la gestion des matières résiduelles dans les
communautés autochtones doit être améliorée. Sans solutions de rechange à l’enfouissement et
au brûlage à ciel ouvert, il est improbable de valoriser les matières résiduelles et d’assister à un
56
changement de mode de gestion. Afin d’être en mesure d’améliorer la gestion des matières
résiduelles et de mettre des actions en place, il est primordial pour les communautés de recenser
les matières générées sur le territoire, la quantité de celles-‐ci et les infrastructures en place. De
cette manière, il est possible de cibler les démarches à mettre en œuvre afin que les
communautés autochtones aient le pouvoir de gérer leurs matières résiduelles au même niveau
que le reste de la province. Par ailleurs, la complexité juridique du territoire pose problème pour
la distribution des fonds offerts pas le gouvernement québécois (CCEBJ, 2010). Or, c’est bel et
bien sur le territoire québécois que l’élimination des matières a des conséquences.
À cet effet, les propositions sont les suivantes :
Ø Faire une caractérisation des déchets sur le territoire et procéder à l’inventaire des
infrastructures existantes et de celles devant être améliorées (CCEBJ, 2010).
Ø Évaluer les coûts relatifs à l’amélioration ou à l’implantation d’infrastructures et mener une
étude de faisabilité afin de déterminer le mode de traitement des matières résiduelles
optimal, ayant le meilleur bilan environnemental, social et économique.
Ø Étudier la possibilité de mettre en place un système de collecte sélective. Cette forme de
collecte démontre un bilan positif pour le Québec et doit être une méthode à considérer pour
le Nord-‐du-‐Québec. Comme il est mentionné dans le premier chapitre, en deux ans, la
quantité de matière amenée aux centres de tri a augmenté de 13 % (RECYC-‐QUÉBEC, 2013).
Ø Déterminer le meilleur endroit pour acheminer les matières résiduelles en fin de vie. Par
exemple, est-‐il plus profitable d’acheminer les matières en fin de vie dans une communauté
voisine ou dans la communauté elle-‐même (CCEBJ, 2010)?
Ø Étudier les possibilités de partenariats entre les communautés autochtones et les
municipalités à proximité. À l’exemple d’ententes accordant l’accès des communautés
autochtones aux écocentres.
Ø Encourager la collaboration des paliers fédéral et provincial dans le but d’atteindre les
objectifs de gestion durable des matières résiduelles dans les communautés autochtones.
57
Deuxième recommandation : Améliorer le financement destiné aux communautés autochtones
Un obstacle majeur à l’amélioration de la gestion des matières résiduelles est le manque de
financement. Cette recommandation est valable pour toutes les communautés autochtones
nordiques. Il a été possible de constater que l’absence de collecte sélective, du recyclage et de la
valorisation des matières en fin de vie sont principalement attribuables au manque
d’infrastructures et au manque de financement. La mise en place d’infrastructures et le transport
des matières sont des projets ambitieux et dispendieux. Le gouvernement québécois doit mieux
encadrer le financement destiné à la gestion des matières résiduelles dans les communautés
autochtones nordiques.
Pour rendre possible la gestion durable des matières résiduelles et offrir les mêmes possibilités de
gestion aux communautés autochtones, il doit y avoir des investissements majeurs dans des
programmes et des infrastructures. Il est ressorti que ce n’est pas le manque de volonté politique
qui explique le faible nombre de PGMR existant ou, par exemple, l’absence de recyclage, mais
plutôt le manque de ressources.
Aussi, l’adoption du REIMR est devenue un enjeu majeur pour quelques communautés
autochtones. L’interdiction de brûler les déchets amène des conséquences sur la gestion de
celles-‐ci. Il y a davantage de matières résiduelles à gérer, les sites d’enfouissements deviennent
complets plus rapidement et la durée de vie de ces lieux diminue. La pertinence du règlement
n’est pas contestée par les communautés autochtones; cependant des mesures doivent être
prises par le gouvernement afin d’accommoder les communautés contraintes par ce règlement.
D’ailleurs, il a également été possible de démontrer que la distance des communautés
autochtones par rapport aux grands centres cause une accumulation des matières destinées au
recyclage, comme la ferraille. Cette réalité occasionne aussi l’absence de tri à la source et de
collecte sélective, car l’élimination des matières résiduelles est plus avantageuse que la
valorisation d’un point de vue économique.
À cet effet, les propositions sont les suivantes :
Ø Augmenter les fonds (1 M$) prévus par la Politique québécoise de la gestion des matières
58
résiduelles 2011-‐2015, de les détailler et de préciser de quelle manière ils seront distribués
(CCEBJ, 2010).
Ø Établir un système de compensation financière pour la collecte sélective, comparable à celui
attribué aux municipalités du Québec (CCEBJ, 2010). L’objectif est de pallier les coûts élevés
du recyclage dans les communautés éloignées. En considérant que les municipalités du
Québec bénéficient d’une compensation financière pour la gestion de leurs matières
recyclables, il est impératif que les communautés autochtones en bénéficient également,
puisque les coûts qu'elles doivent assumer pour le traitement des matières recyclables sont
nettement supérieurs.
Ø Créer des programmes gouvernementaux pour encourager et soutenir la saine gestion des
matières résiduelles dans le Nord. Les fonds devraient provenir des redevances à l’élimination
puisque pour l’année 2013, les municipalités du Québec ayant fait la demande de subventions
ont reçu en moyenne 8,75 $ par habitant. Pour cette même année, le total des subventions
versées aux municipalités s’élève à 69,9 M$. (MDDELCC, 2002d).
Ø Inclure les communautés nordiques dans l’attribution des fonds, soit de 20 millions de dollars,
prévus par l’action 30 de la Politique québécoise de la gestion des matières résiduelles 2011-‐
2015 (CCEBJ, 2010).
Ø Financer l’achat de composteurs semi-‐industriels afin de composter les matières organiques
ainsi que les carcasses d’animaux. Ce sont les matières organiques qui sont générées en plus
grande quantité annuellement sur le territoire de la Baie-‐James, et les matières provenant des
activités traditionnelles, comme la chasse, sont les enjeux visés.
Ø Offrir des ressources financières et techniques aux communautés autochtones qui souhaitent
réaliser un PGMR.
Troisième recommandation : Faciliter la mise sur pied d’infrastructures et d’installations pour le traitement des matières résiduelles qui sont adaptées à la réalité nordique
L’obstacle majeur pour les communautés nordiques étant le transport, il est nécessaire d’établir
des moyens misant sur la valorisation ou l'élimination des matières résiduelles de manière
59
économique. En effet, les coûts reliés au transport des matières en fin de vie sont très élevés. De
plus, les recherches ont permis de soulever le manque d’infrastructure adéquate pour la gestion
des matières résiduelles ou l’entreposage des matières en fin de vie. L’idée générale ici est de
proposer aux communautés autochtones une gestion locale des matières recyclables et
d’améliorer la gestion des sites existants. De cette manière, les communautés améliorent leur
performance environnementale, les habitants sont responsabilisés, les coûts associés au transport
sont réduits, le volume de matière éliminée diminue et des emplois sont créés.
À cet effet, les propositions sont les suivantes :
Ø Mettre en place des systèmes de surveillance et de suivi dans les sites d’enfouissement existants.
Ø Créer des écocentres où entreposer adéquatement les matières résiduelles en fin de vie.
Ø Développer des partenariats avec les villages ou les communautés autochtones avoisinants.
Ø Installer des compacteurs dans quelques communautés nordiques.
Ø Étudier la possibilité de transporter les matières compactées par bateau.
Ø Mettre sur pied des centres intégrés de traitement des matières résiduelles (concentration des installations au même endroit).
Quatrième recommandation : Éducation, sensibilisation et participation
La participation des habitants pour l’amélioration de la gestion des matières résiduelles est
primordiale. En prévision de gérer les déchets de manière durable, des changements de
comportements seront nécessaires de la part des citoyens. Par conséquent, des mesures
d’éducation et de sensibilisation doivent être mises en place afin d’encourager la participation de
la population. Les propositions suivantes visent à respecter la culture et la tradition des
communautés respectives. Par exemple, il est fortement recommandé de privilégier la voie orale
à la distribution de dépliants pour sensibiliser les gens.
À cet effet, les propositions sont les suivantes :
Ø Créer des outils de sensibilisation adaptés au contexte nordique et faire la promotion des 3RV.
60
Ø Éduquer les citoyens et dirigeants des communautés quant à la réutilisation et à la réduction. Le but étant démontré que les résidus contiennent des matières qui peuvent être traitées et réutilisées. De cette manière, on assiste à une mise en valeur des matières en fin de vie et on utilise moins de ressources premières.
Ø Impliquer les parties prenantes influentes et importantes dans les activités d’éducation et de sensibilisation.
Ø Mettre en œuvre des activités scolaires et sensibiliser les jeunes à l’environnement.
Ø Impliquer directement les citoyens dans les décisions à caractère environnemental, par la formation de comité par exemple
61
CONCLUSION
Le bilan de la gestion des matières résiduelles au Québec fait preuve de l’évolution de la gestion
des déchets depuis quelques années. Il est maintenant possible de récupérer et de valoriser une
grande partie des matières en fin de vie. Cependant, quelques facteurs occasionnent un contraste
quant aux modes de gestion dans différentes régions de la province de Québec. Cet essai a permis
de démontrer que le contexte particulier des communautés autochtones dans le nord du Québec
influence la gestion des matières résiduelles. Par exemple, ces communautés se distinguent par :
leur situation géographique, leur population, leur système politique et leur culture. De cette
manière, les enjeux ne sont pas du même ordre que ceux vécus par les municipalités plus au sud
de la province.
D’ailleurs, grâce à la mise en contexte, il a été possible de démontrer que ces enjeux
environnementaux sont différents et que les manières de les gérer le sont aussi. Les diverses
ententes complexifient la dynamique territoriale, et par la même occasion, la gestion des
matières résiduelles. Cette complexité géopolitique est une partie importante du contexte
nordique. De plus, le cadre législatif a exposé les éléments principaux concernant la gestion des
matières résiduelles au Québec, soit la LQE, le REIMR et la Politique québécoise de gestion des
matières résiduelles 2011-‐2015. Les différents lieux d’élimination ont également été abordés, et
ce, dans le but de soulever le problème quant au brûlage des déchets. Les recherches ont permis
d’exposer les principaux enjeux avec lesquels doivent composer les communautés autochtones
quant à la gestion de leurs déchets. Plusieurs facteurs expliquent l’absence de collecte sélective,
de tri à la source et de valorisation des matières, c'est-‐à-‐dire : l’isolement, les coûts liés au
transport et au traitement des matières, le manque de financement, l’adoption du REIMR et
l’absence d’infrastructures.
Dresser le portrait de la situation a été essentiel dans la formulation de recommandations
adéquates. Effectivement, la présentation des contextes territorial, politique et législatif,
présentés dans les premiers chapitres, conjuguée à l’état de la situation actuelle donne lieu à des
recommandations pertinentes. De cette manière, l’objectif principal de l’essai a été atteint.
62
Face à la réalité des communautés autochtones cries et innues situées entre les 49e et 55e
parallèles, la gestion durable des matières résiduelles sera possible par les moyens suivants : la
recherche et le développement, l’amélioration du soutient financier venant du gouvernement
québécois, l’investissement dans les infrastructures de traitement des matières résiduelles et la
promotion de l’éducation, la sensibilisation et de la participation citoyenne.
Il est nécessaire d’offrir les mêmes services et le même encadrement aux communautés
autochtones que ceux offerts aux municipalités du Québec. L’atteinte des objectifs de la Politique
québécoise de la gestion des matières résiduelles sera possible seulement lorsque tout le Québec
sera en mesure de récupérer et de valoriser les matières en fin de vie. Ne serait-‐ce que d’un point
de vue d’équité?
63
RÉFÉRENCES
Aatami, P., Bonnier Viger, Y, Iserhoff, A., et Petit, J-‐G. (2011). Les Inuits et les cris du Nord du Québec: territoire, gouvernance, société et culture. Québec, Presse de l'Université du Québec, 468 p. (Collection Hors collection).
Administration régionale Kativik (KRG) (2013). Plan de gestion des matières résiduelles du Nununavik (Projet). In KRG. Avis de consultation publique : Consultations publiques concernant le projet de PGMR du Nunavik. http://www.krg.ca/images/stories/docs/Residual%20Material%20Management%20Plan/PGRM%20final_allege_fr.pdf (Page consultée le 20 janvier 2014).
Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles (AOMGMR) (2009). Projet de Plan de gestion de matières résiduelles de la Communauté Atikamekw de Wemotaci. Saint-‐Étienne-‐des-‐Grès, préparé par AOMGMR, 36 p.
Auger, R., Collette, V., Denton, D., Labrèche, Y.,Perron, N., sous la direction de Girard,R. (2012). Histoire du Nord-‐du-‐Québec. Québec. Les Presses de l’Université Laval, 558 p. (Collection Les 22 régions du Québec).
Bibeau, J. (2012). ENV 801 Management en environnement. Séance 4. Note de cours. Longueuil,
Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE), Université de Sherbrooke, 65 p.
Bellefleur, N. (2014). Gestion des matières résiduelles à La Romaine. Communication orale.
Entrevue téléphonique dans le but de dresser le portrait de la gestion des matières résiduelles de la communauté. 16 juin 2014, Montréal et La Romaine.
Canada. Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC) (2013). Les nations:
autochtones du Québec. In Gouvernement du Canada. Affaires autochtones et Développement du Nord Canada. http://www.aadnc-‐aandc.gc.ca/Mobile/Nations/NationsAltMap-‐fra.html (Page consultée le 9 novembre 2013).
Canada. Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC) (2014a). Bandes des Montagnais de Pakua Shipi. In AADNC. Les Nations. http://www.aadnc-‐aandc.gc.ca/Mobile/Nations/profile_pakuashipi-‐fra.html (Page consultée le 29 avril 2014).
Canada. Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC) (2014b). Bandes des
Montagnais de Unamen Shipu. In AADNC. Les Nations. http://www.aadnc-‐aandc.gc.ca/Mobile/Nations/profile_laromaine-‐fra.html (Page consultée le 30 avril 2014).
64
Comité consultatif pour l’environnement de la Baie James (CCEBJ) (2010). Mémoire du CCEBJ: vers une gestion des matières résiduelles durable et équitable à la Baie James. In CCEBJ. Publications : Matières résiduelles. http://www.ccebj-‐jbace.ca/francais/publications/documents/CCEBJ-‐Memoire-‐Politiquedesmatieresresiduelles-‐Mars2010.pdf (Page consultée le 29 novembre 2013).
Comité consultatif pour l’environnement de la Baie-‐James (CCEBJ) (s.d.) Mandat du comité. In. CCEBJ. À propos du comité. http://www.ccebj-‐jbace.ca/francais/comite/mandat.html (Page consultée le 20 janvier 2014)
Gouvernement du Québec (Juillet 2012). Le portrait du nord québécois. In Gouvernement du
Québec. Plan Nord. http://plannord.gouv.qc.ca/portrait/index.asp (Page consultée le 19 novembre 2012).
Lacasse, J.P. (2004). Les Innus et le territoire : Innu tipenitamun. Québec, Les éditions du Septentrion, 278 p. (Collection territoires).
Lambert, G. (2014). Gestion des matières résiduelles à Pakua Shipi. Communication orale.
Entrevue téléphonique dans le but de dresser le portrait de la gestion des matières résiduelles de la communauté. 29 avril 2014, Montréal et Pakua Shipi.
Laquerre, M (2013) ENV 716 Gestion des matières résiduelles, Note de cours. Longueuil, Centre
universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE), Université de Sherbrooke, 135 p.
Lessard, K. (2012). La gestion des matières résiduelles domestiques dans le cadre du Plan Nord :
pistes d’améliorations pour les villages industriels. Essai de maîtrise en environnement, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, 112 p.
Les publications du Québec (1998). Convention de la Baie-‐James et du Nord québécois et
conventions supplémentaires. In. Comité consultatif de l’environnement Kativik (CCEK). Accueil. http://www.keac-‐ccek.ca/documents/CBJNQ-‐f.PDF (Page consultée le 22 janvier 2014).
Loi canadienne sur la protection de l'environnement, (1999), L.C., c. 33.
Loi sur la qualité de l'environnement, L.R.Q., c. Q-‐2.
Loi sur le régime des terres dans les territoires de la Baie-‐James et du Nouveau-‐Québec, L.R.Q., c. R-‐13.1.
Loi sur les autochtones cris, inuit et naskapis, L.R.Q., c. A-‐33.1.
Loi sur les indiens.1985, L.R.C., c. I-‐5.
Loi sur les villages cris et le village naskapi, L.R.Q., c. V-‐5.1.
65
Martineau, G. et Cahyer, J-‐A. (2010). Rapport final : analyse du cycle de vie des scénarios de gestion des matières résiduelles applicables aux villages de la Baie James. In CCEBJ. Publications : Matières résiduelles. http://www.ccebj-‐jbace.ca/francais/publications/documents/Pi41_Rptfinal_mars2010.pdf (Page consultée le 29 novembre 2013).
Mclean C. (2014). Gestion des matières résiduelles dans les communautés Cris. Communication orale. Entrevue téléphonique dans le but de cibler les problématiques quant à la gestion des déchets dans les communautés cris de la Baie-‐James. 30 avril 2014, Montréal.
Ministère des Régions (2001). Politique de développement durable du Nord-‐du-‐Québec. In. Forum
des ministres responsables du développement du Nord. Bibliothèque. http://www.focusnorth.ca/documents/french/library/2007/politique_de_developpement_du_nord_du_quebec.pdf (Page consultée le 8 avril 2014).
Olivier, M. (2010). Matières résiduelles et 3 RVE. Lévis, Productions Jacques Bernier, 250 p. Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP).
Direction des matières résiduelles et des lieux contaminés. Service des matières résiduelles (2010). Hiérarchie des modes de gestion des matières résiduelles et reconnaissance d’opérations de traitement en tant que valorisation énergétique. In MDDELCC. Valorisation des matières résiduelles non-‐dangereuses : réduction, réemploi, recyclage. http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/regime-‐compensation/hierarchie-‐modesgmr.pdf (Page consultée le 12 mai 2014).
Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) (2011).
Politique québécoise de gestion des matières résiduelles : Plan d’action 2011-‐2015. Allier économie et environnement. In. MDDELCC. Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/pgmr/index.htm (Page consultée le 13 mai 2014).
Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs
(MDDEFP) (2011). Politique québécoise de gestion des matières résiduelles: Plan d'action 2011-‐2015. In MDDEFP. Politique québécoise de gestion des matières résiduelles. http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/pgmr/pol-‐enbref.pdf (Page consultée le 17 décembre 2013).
Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP) (2013). Lignes directrices pour la planification régionale de la gestion des matières résiduelles. In. MDDELCC. Valorisation des matières résiduelles non dangereuse : réduction, réemploi, recyclage. http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/valorisation/lignesdirectrices/ld-‐planification-‐regionale-‐gmr.pdf (Page consultée le 12 décembre 2013).
66
Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) (2002a). Évaluation environnementale des projets en milieu nordique. In. MDDELCC. Évaluations environnementales. http://www.mddefp.gouv.qc.ca/evaluations/mil-‐nordique/index.htm (Page consultée le 10 avril 2014).
Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) (2002b). Règlement sur l’enfouissement et l’incinération des matières résiduelles (REIMR). In. MDDELCC. Matières résiduelles. http://www.mddefp.gouv.qc.ca/matieres/reimr.htm (Page consultée le 12 mai 2014).
Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de Lutte contre les
changements climatiques (MDDELCC) (2002c). Politique québécoise de gestion des matières résiduelles (suite). In. MDDELCC. Matières résiduelles. http://www.mddep.gouv.qc.ca/matieres/politique1998-‐2008/parties1-‐4.htm#1-‐contexte (Page consultée le 12 mai 2014).
Québec. Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de Lutte contre les
changements climatiques (MDDELCC) (2002d). Programme sur la redistribution aux municipalités des redevances pour l’élimination de matières résiduelles. Redistribution de 2013. In. MDDELCC. Matières résiduelles. http://www.mddefp.gouv.qc.ca/matieres/redevances/octroi/2013/index.htm (Page consultée le 25 juin 2014).
Québec. Ministère de l’Énergie et des Ressources Naturelles (MERN) (2013). Histoire de l’industrie
minière. In. MERN. Les mines : Industrie et substances exploitées. http://www.mern.gouv.qc.ca/mines/industrie/industrie-‐histoire.jsp (Page consultée le 19 janvier 2014).
Québec. Ministère de l’Énergie et des Ressources Naturelles (MERN) (2007). Portrait territorial : Côte-‐Nord. In. MERN. Gros plan sur la Côte-‐Nord : Portrait territorial. http://www.mern.gouv.qc.ca/publications/territoire/planification/portrait-‐cote-‐nord.pdf (Page consultée le 10 avril 2014).
RECYC-‐QUÉBEC (2013). Bilan 2010-‐2011 de la gestion des matières résiduelles au Québec. 2e
édition. In. RECYC-‐QUÉBEC. Bilan de la gestion des matières résiduelles. http://www.recyc-‐quebec.gouv.qc.ca/Upload/Publications/Bilan_2010_2011_GMR_Final.pdf (Page consultée le 11 mars 2014).
RECYC-‐QUÉBEC (2012). Les plans de gestion des matières résiduelles (PGMR). In. RECYC-‐QUÉBEC. Gérer les matières résiduelles dans les municipalités. http://www.recyc-‐quebec.gouv.qc.ca/client/fr/gerer/municipalites/gestion-‐efficace.asp (Page consultée le 2 juin 2014).
Règlement sur l'enfouissement et l'incinération de matières résiduelles, R.R.Q, c. Q-‐2, r. 19.
67
Règlement sur la destruction des déchets dans les réserves indiennes, CRC, ch. 960. Secrétariat aux affaires autochtones (2011). Amérindiens et Inuits : Portrait des nations
autochtones du Québec. 2e édition. In Secrétaire aux affaires autochtones. Publications et documentation. http://www.autochtones.gouv.qc.ca/publications_documentation/publications/document-‐11-‐nations-‐2e-‐edition.pdf (Page consultée le 8 janvier 2014).
Secrétariat aux affaires autochtones (SAA) (2009a) Profil des nations : Cris. In. Secrétaire aux
affaires autochtones. Relations avec les autochtones. http://www.autochtones.gouv.qc.ca/relations_autochtones/profils_nations/cris.htm (Page consultée le 8 avril 2014).
Secrétariat aux affaires autochtones (SAA) (2009b) Profil des nations : Innus. In. Secrétaire aux
affaires autochtones. Relations avec les autochtones. http://www.autochtones.gouv.qc.ca/relations_autochtones/profils_nations/innus.htm (Page consultée le 8 avril 2014).
Secrétariat aux affaires autochtones (SAA) (2009c) Profil des nations : Naskapis. In. Secrétaire aux
affaires autochtones. Relations avec les autochtones. http://www.autochtones.gouv.qc.ca/relations_autochtones/profils_nations/naskapis.htm (Page consultée le 8 avril 2014).
Secrétariat aux affaires autochtones (SAA) (2014) Statistiques des populations autochtones du
Québec 2012. In. Secrétaire aux affaires autochtones. Publications et documentation. http://www.autochtones.gouv.qc.ca/nations/population.htm (Page consultée le 10 juin 2014).
Secrétariat aux affaires autochtones (SAA) (s.d.) Entente Québec-‐Cris : La paix des braves. In SAA.
Publications et documentation. http://www.autochtones.gouv.qc.ca/publications_documentation/publications/entente_cris_depliant.pdf (Page consultée le 19 février 2014).
Société Makivik (2014). JBNQA. In. Makivik Corporation. Historique : CBJNQ.
2http://www.makivik.org/fr/history/jbnqa/ (Page consultée le 8 avril 2014).
Union des municipalités du Québec (UMQ) (2006). Guide terminologique autochtone. In. UMQ. Études et guides. http://www.umq.qc.ca/uploads/files/pub_autres/Guide_terminologique.pdf (Page consultée le 11 mars 2014).
Vachon, J.-‐F.L. (2007). Portrait de la gestion des matières résiduelles à la Baie-‐James. In. CCEBJ.
Publications : Matières résiduelles. http://www.ccebj-‐jbace.ca/francais/publications/documents/PortraitdesMR-‐BaieJames-‐siteWeb.pdf (Page consultée le 29 novembre 2013).
68
BIBLIOGRAPHIE
Association des organismes municipaux de gestion des matières résiduelles (AOMGMR) (2001). Guide d'élaboration d'un plan de gestion des matières résiduelles. In RECYC-‐QUÉBEC. RECYC-‐QUÉBEC. http://www.recyc-‐quebec.gouv.qc.ca/upload/Publications/zzzzGuide_243.pdf (Page consultée le 6 décembre 2013).
69
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE
QUESTIONNAIRE GESTION DES DÉCHETS DANS LES COMMUNAUTÉS NORDIQUES
Ce questionnaire permet un partage de l’information concernant la gestion des matières résiduelles dans votre communauté. L’objectif est de faire le portrait de la situation et cibler les besoins des communautés participantes. Votre participation permet de dresser l’état général de la gestion des déchets dans les communautés autochtones, cibler les besoins quant aux façons d’améliorer la gestion et permet d’élaborer un plan d’action spécifique à la réalité du Nord-‐du-‐Québec. Les objectifs principaux sont
Ø Recueillir de l’information afin de déterminer les pratiques en gestion de matières résiduelles.
Ø Recueillir de l’information afin de cibler les besoins pour une meilleure gestion des
matières résiduelles. Ø Obtenir des informations utiles qui serviront à planifier un plan d’action spécifique aux
conditions des communautés autochtones du Nord-‐du-‐Québec.
IDENTIFICATION
Nom de la communauté Nation Complétée par Fonction Date
70
PREMIÈRE SECTION : INFORMATIONS GÉNÉRALES
1. Quelle est la population de votre communauté? 2. La communauté est-‐elle accessible par le réseau routier? Sinon, quel est le meilleur moyen de transport pour se rendre?
☐ Oui ☐ Non
Commentaires : _______________ 3. Êtes-‐vous familier avec la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles?
☐ Oui ☐ Non
4. Connaissez-‐vous le principe des 3RV?
☐ Oui ☐ Non
5. Y a-‐t-‐il des outils de promotion ou de communication utilisés par la communauté pour transmettre aux citoyens l’information relative aux programmes de gestion des déchets? Si oui, quels sont-‐ils? 6. Y a-‐t-‐il une politique ou une règlementation spécifique à la gestion des déchets de la communauté? Si oui, veuillez préciser.
☐ Oui ☐ Non
Commentaires : ______ 7. Est-‐ce qu’un Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) encadre la gestion des déchets?
☐ Oui ☐ Non
71
DEUXIÈME SECTION : LES PRATIQUES EN GESTION DES DÉCHETS
1. Est-‐ce que tous les déchets vont à l’élimination?
☐ Oui ☐ Non
2. Quel est le volume ou la quantité de déchets enfouis annuellement?
3. Quelles sont les matières qui sont récupérées?
☐ Pneus
☐ Peintures
☐ Huiles
☐ Solvants
☐ Résidus de construction, rénovation et démolition
☐ Matières recyclables (papier, carton, verre, plastique, métal)
☐ Matières organiques (résidus de table, feuilles, gazon, branches, etc.)
☐ Véhicules motorisés hors d’usage
☐ Aucune
☐ Autres : précisez _______________________
4. La communauté a-‐t-‐elle accès à un écocentre pour les plus gros déchets? Si oui, veuillez préciser l’endroit de l’écocentre.
☐ Oui ☐ Non Pouvez-‐vous l’identifier? ________________
5. Qui assure la collecte des déchets de la communauté?
☐ Secteur privé ☐ Le conseil de bande
72
☐ Autres. Pouvez-‐vous l’identifier? ________________
6. Selon le contrat de collecte, est-‐ce que les commerces, industries et institutions, par exemple l’épicerie et l’école, de votre territoire peuvent utiliser la collecte de la communauté?
☐ Oui ☐ Non
7. Quel est votre budget pour la gestion des déchets?
☐ 10 000 $ et moins ☐ 10 000 $ à 25 000 $ ☐ 25 001 $ à 40 000 $ ☐ 40 000 $ et plus ☐ Inconnu
8. Avez-‐vous des partenariats avec des villages avoisinants pour la gestion des déchets? Si oui, décrivez ce partenariat.
☐ Oui ☐ Non Pouvez-‐vous l’identifier? ________________
9. Dans quels contenants les déchets sont-‐ils collectés?
☐ Sacs de poubelles ☐ Bac roulant de 360 litres ☐ Aucun contenant prescrit
10. Quels sont les équipements de collecte?
☐ Camion ☐ Les citoyens vont porter eux-‐mêmes leurs matières au dépotoir. ☐ Autre. Précisez _________________
11. Quelle distance le camion doit-‐il faire afin de se rendre sur les lieux d’élimination des déchets? Si les déchets sont éliminés ailleurs que sur le territoire de la communauté, veuillez préciser l’endroit où les déchets sont éliminés. ☐ Moins de 25 km
☐ 25 à 50 km
73
☐ 50 à 100 km ☐ 100 km et plus
Les déchets sont éliminés à ________ 12. De quelle manière les déchets sont-‐ils éliminés?
☐ Brûlage à ciel ouvert ☐ Incinération ☐ Enfouissement
☐ Lieu d’enfouissement sanitaire ☐ Lieu d’enfouissement technique
13. Y a-‐t-‐il des organismes communautaires ou individus présents sur le territoire dans le domaine de la récupération, de la valorisation ou de l’élimination des matières résiduelles? Par exemple, entreprises et organismes qui récupèrent les vieux vêtements, les meubles, jouets, métaux, résidus dangereux (huiles, piles, etc.) et autres objets réutilisables.
☐ Oui ☐ Non Pouvez-‐vous l’identifier ____________________
14. Y a-‐t-‐il des études existantes concernant la gestion des matières résiduelles de votre communauté/territoire? 15. Est-‐ce que vous planifiez implanter prochainement de nouvelles mesures de collecte de déchets ou un programme de gestion des matières résiduelles?
☐ Oui ☐ Non
COMMENTAIRES
top related