diablement sexy, tome 2ekladata.com/cfvxr1zjdmamexmqenjp0fphipy.pdf · 1 mardi matin, je me...
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DIABLEMENTSEXYÉpisode2
BellaDurand
©CityEditions2017Couverture:©Shutterstock/StudioCityISBN:9782824645841CodeHachette:5340346Cataloguesetmanuscrits:city-editions.com/EDENConformémentauCodedelaPropriétéIntellectuelle,ilestinterditdereproduireintégralementoupartiellementleprésentouvrage,etce,parquelquemoyenquecesoit,sansl’autorisationpréalabledel’éditeur.Dépôtlégal:Janvier2017
SOMMAIRE
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1
Mardimatin, jeme réveille bien avant le soleil. Je regarde l’heure à côté demon lit, il n’est que5 heures. Je décide deme lever et de faire le jogging que j’avais prévu de faire hier soir, cematin.Quelquechosemeditquelajournéequim’attendnevapasêtredetoutrepos.Aprèsm’êtrebattueavecLouispourqu’ilmelaissepartiretl’avoirvumesuivredurantmestroistours
deCentralPark, je rentrechezmoi, la têteunpeuplus légère. J’avaleunpetitdéjeuner,medoucheetm’habilleenmoinsd’uneheure.Louismedéposeaubureaujusteaprès7heures.Jesaisqu’ilvaresterdanslesparagesetj’avoueque
celamerassureunpeu.J’airetournédansmatêtetoutel’histoiredelaveilleunbonmillierdefoissanstrouveraucuneréponse.Mariam’envoieunSMSaumomentoùj’entredansmonbureau.Bienarrivée, j’entamemondeuxièmeentretien.Je t’appelleaprès, jen’ai riencomprisàtonhistoirede rose.Le typeque j’ai vu toutà l’heuren’a jamaisentenduparlerdeNeilBorden,peux-tulecroire?!J’espèrequeledeuxièmeseraunpeumoinsniais...Jehaiscepays!Sonmessageme fait rire, je l’imagine bien en train de rembarrer tout lemonde.Lorsqu’elle est de
mauvaispoil,ilvautmieuxnepascroisersaroute.Jem’installeàmonbureauetessaiedemeprépareràrecevoirmonnouvelassistant.J’espèrequelacohabitationseferabien,jen’aimepasbeaucoupdevoirtravailleraussiétroitementavecquelqu’unsansl’avoirchoisi.Le«ping»del’ascenseurmesortdemesréflexions. Je regardemamontre, 7 h 10, il est très étrange que quelqu’un soit déjà là.Bob etBonien’arrivent jamais avant7h45. J’ai le cœurquibat à tout rompre, comme si quelque choseque jenepouvaiscontrôlerétaitsurlepointdeseproduire.JeprendsmontéléphonepourappelerLouispuismeressaisis. Il n’est pas question que j’entre dans ce petit jeu de la terreur et si quelqu’un est arrivéjusqu’icic’estqu’iln’estpasdangereux.Ilnes’agitqued’unerose…Déstresse!Jesorsdemonbureau,maisnevoispersonne,j’entendsdubruitenprovenancedelasalleàmanger.
J’avanceprudemmentjusquedevantlaporte.Jesaisislapoignéeetsensquelquechosesousmesdoigts.Jesuistellementàl’affûtdumoindresonquejen’aimêmepasvuqu’ilyavaitquelquechosed’accrochéà l’intérieur de la poignée. Je tire sur un morceau de Scotch et récupère une petite note.Mon cœurmanqueunemesurelorsquejereconnaislepapier.Jen’entendsplusrien,seullebruitchaotiquedemon
sangfrappantdansmesveinestinteàmesoreilles.Jen’arrivepasàdéterminercequejeressensavecprécision, une explosion de sentiments me traverse et me transperce si bien qu’il me faut plusieursminutes avant de pouvoir bouger de nouveau. J’ouvre la petite note les mains tremblantes et lis lesquelquesmotsquiysontinscrits.«Toutn’estjamaisseulementblancounoir,Delaclartédel’aubeàl’obscuritéd’unsoir.Enprofondeur,ilfautsavoirregarder,Pouravoirlacertitudedenerienmanquer.T»Putain !C’est lui dansma salle de pause, comment est-il arrivé là ?Que signifie cette nouvelle
note?J’ouvre la porte et entre. T se trouve face àmoi à côté d’un des canapés. Il porte un costume gris
anthracite etunechemiseblanche.C’est très classique,mais incroyablementépoustouflant sur lui.Sonmagnifique corps sculpté est parfaitement mis en valeur. Je ne sais pas comment agir, une quantitéinnombrabledequestionsmeviennentàl’esprit,maisj’ignoreparoùcommencer.Enréalité,jesuissisurprisedelevoirquej’enaiperdutousmesmoyens,unefoisdeplus.J’avance
vers lui avecprécaution, commeon s’approched’un lion sauvage.Son regardplantédans lemienmedonnedesfrissons.J’avaisdéjàoubliélapuretédesesyeuxetcequej’éprouvaisenlessentantsurmoi.Jem’arrêteàquelquescentimètresdelui,ilrespirefort.Jesuisheureusedeconstaterqu’ilneparvientpasàrestertotalementstoïque.Sonparfumarrivejusqu’àmesnarinesetjeperdspied.Sanspréambule,jemejetteàsoncouetl’embrasse.Ilm’attrapeparlataille,mesoulèveetmeposesurlatablederrièrelui. Jepassemes jambes autourde ses fesses et plantemesdoigtsdans ses cheveux.Tmecaresse lapoitrine et me masse les seins avec ferveur, comme s’il n’avait pas touché une femme depuis dessemaines.Ilgrognedansmaboucheettrembleunpeulorsquejemefrottecontrelui.Jelâchesescheveuxetdéfaistrèsvitelesboutonsdesachemisesansprendrelapeinedeluiôtersaveste.J’aisimplementbesoinde sentir sapeau sousmesmains, la chaleurde son torse contremoi. Il s’écarteunmoment etm’enlèvemonstring. Il s’attardesurmesbasetparticulièrement lachairnuesous lesattachesdemonporte-jarretelles.Ilglissesonpoucesurmapeauendessousdesélastiquesnoirsetmecaresse.Cegestepleindetendresseetdedésirmeperturbe.Noussommestouslesdeuxentraindelaissernospulsionsagirànotreplace,pourtantquelquechosedeplusintensenousunit.Ilrelèvelatêteetm’admirecommeaucun autre homme ne l’avait fait jusqu’ici. Je suis profondément troublée par sa façon si naïve etinnocentedem’observer.J’ail’impressionqu’ilessaiedem’apprendre,qu’enmescrutantdelasorteilestcapablededevinerlemoindredemessecrets.–Tim.
Jeleregardebêtementsansréalisercequ’ilestentraindemedire.Monaird’ahurielefaitsourire.–Jem’appelleTim,TimDay.Mon expression doit être encore pire qu’avant, car il éclate de rire. Sa voix lourde et rauque me
pénètre.Jenesuispascapabledeluirépondre,jeleregardedéfairelaceinturedesonpantalonsansmelâcherdesyeux.Sonregardbrûlantnemequittepasalorsqu’illibèresonsexe.Jenepeuxm’empêcherdedétourner la têteun instantet lorsque jecontemplesonvisagedenouveau,c’estàmon tourde riredevant son expression.Un sourcil relevé et la bouche en cœur, ilme gratifie d’unemoue faussementoutrée.Jel’embrasseenl’attirantàmoi,jesenssonsexefrôlerlemien.Salanguetitillelamienneavecappétit, le goût exquis de cet homme réveille mes papilles. Timme mordille la lèvre en enfilant unpréservatif,c’estàmontourdegémirsursabouche.Lentement,ilseplaceàl’entréedemonvaginetmepénètrejusqu’àlagarde.Lapetitedouleurqueje
souhaiterais familière disparaît après quelques allées et venues. Il ne me reste plus que l’incroyablesensationdelesentirprofondémentenmoi.C’estlapremièrefoisquejemelaisseallerdelasorteici,jen’aijamaisbaisédansmesbureaux.Saufqu’aujourd’hui,ils’agitdeTim,cethommetoutdroitsortid’unfilmàl’eauderose,cegarçonsiénigmatiquequimefaitperdretouteraison.–Tim...Tim...OhTim!Toutdoucement,àsonoreille,jeprononcesonprénom,inlassablement.J’aieuenviedelegémirdèsla
secondeoùjel’aivuetm’yvoilàunpeuplusdedeuxsemainesaprès.Sescoupsdereinssontavidesetbourrus,ilmepilonnecrûment.Nosdeuxcorpssereconnaissentet
s’apprécientdenouveaucommesichacundenousétaitfaitpourdonnerduplaisiràl’autre.Sansfaussesnotes,sansaucunactemanquéni retenu,nousparvenonsànousexprimersansparoles.De toutefaçon,touslesmotsdela terrenesuffiraientpasdeàrapporterniàdécrireavecassezdejustessetouteslessubtilitésquinousentourentàcetinstantprécis.Mesentraillesbouillonnent,jesuisauborddel’explosion,luiaussi,jelesens.Timposelesyeuxsur
moi et s’enfonceunedernière foisdansmoncorps.Nous jouissonsà l’unisson, son regard légèrementvoilé par l’orgasmen’en est queplus fantastique encore.Lapuissancequi s’endégageme fait quitterterre,jefermelesyeuxetmelovedanssoncou.Patiemment,ilrestecontremoisansbouger,j’ail’impressionquecetéchangeluiplaîttoutautantqu’à
moi. J’écoute soncœur secalmerunpeuet sa respiration reprendreun rythmenormal.Lorsque jemedécideàlelâcher,ilesttoujourslégèrementessoufflé.Ilsereculeetserhabilletandisquej’attrapemonstringetl’enfile.Nousnousretrouvonsl’unfaceàl’autresanssavoirparoùcommencer.J’aimeraisluidemandercequ’ilfaitici,pourquoiilsedévoileenfinunpeuàmoi,s’ilsavaitquijesuisdepuisletoutdébut,pourquoiavoiragicommeill’afaitlapremièresemainedemesvacances,pourquoim’appelle-t-ilsonfruitdéfenduet,plusquetout,cequesignifiesadernièrenote.Jedécidedemelancer,jen’aiplus
beaucoup de temps avant que mon nouvel assistant débarque et cette fois, il est absolument hors dequestionquejelelaissemequittersansréponses.–Pourquoimedemandes-tuautantd’avoirl’espritouvert?Cequetumecachesest-ilsiterribleque
cela?–Jenesaispas,répond-ilsimplement.–Commentça,tunesaispas?–Toutestunequestiondepointdevue, j’espèrequeturegarderaspar-delàlesapparencesetquetu
saurasvoirlavérité.–Es-tutoujoursobligédet’exprimerainsi?demandé-jeenm’avançantverslui.–Rebecca,crois-tuenladestinée?C’estlapremièrefoisqu’ilprononcemonprénometj’aimeraisqu’illediseencoreetencore.Savoix
estunvraisupplice...–Plusoumoins,jesuisplutôtcartésienne,maisj’admetsvolontiersquecertaineschosesseproduisent
quoiqu’ondécideoufasse.Dis-moicequ’ilenest,c’estbienpourcelaquetuesici,aujourd’hui,n’est-cepas?–Oui,maispasseulement.Il prendunairdistant et s’éloignedemoipour aller seplacerderrière la table à l’autreboutde la
pièce.Soudainement,j’ail’impressionqu’ungouffrenoussépare,jemesensvraimenttrèsmalàl’aise.Cen’estpaslejouroùjepeuxmepermettred’avoirlatêteailleurs.Jejetteunœilàl’horlogeaumur,déjà7h45.Dansmoinsdequinzeminutes,jevaisdevoirm’enaller.–Tim, sincèrement, je suis ravieque tu sois là,maisdansquelquesminutes, jedois te laisserpour
recevoirmonnouvelassistantetje...Jemecoupedevantlatêteendécompositionqu’ilaffichealorsquejeprononcecesderniersmots.Tout
àcoup,l’évidencemefrappe!Putain,c’estluil’assistant!L’âge,lecostume,sonarrivéesitôtcematinetsonaircoupable,ilne
peuts’agirquedecela!Monvisageadûchanger,carTimsedandined’unpiedsur l’autre, j’ai l’impressionqu’ilestsur le
pointdes’enfuir,maisilseraviseauderniermoment.–Jesuistellementdésolé,ilfautquetumelaisseslapossibilitédetoutt’expliquer.Jenevoisplusclair,laragem’obscurcitlavision,commentpeut-onagirdelasorte?Jemesenstrahie
et idiote.J’aienviede luisauterà lagorgeetde l’étranglerpourtantdèsque jepose lesyeuxsur lui,toutemavolontés’évanouit.Sonairdepetitgarçontristemefendlecœuretmerévulse,toutàlafois.–Rebecca,jen’avaisrienprévu,s’ilteplaît,parle-moi.Il s’avanceversmoi, je lui faissignede lamainde resteràdistance, il se fige. Je fais lescentpas
lorsquequelqu’unentredanslasalle.–QU’EST-CEQU’ILYA?Jehurlebientropfort,faisantsursauterTim.– Veuillez m’excuser, mademoiselle, je ne savais pas qu’il y avait quelqu’un, dit Bonie dans
l’entrebâillementdelaporte.ElleregardeTimetluisouhaitelabienvenue.Sonregards’illumineaumomentoùils’adresseàelle
pourlasaluerenretour.Elleminaudeetbatdescilscommeuneadolescente.–BonievoiciTim...HenryDelucasjunior.Ayezl’obligeancedeluifairefaireletourdel’entreprise
comme prévu. Vous l’accompagnerez ensuite aux ressources humaines, puis lemettrez au courant desaffairesencoursetdenotrefonctionnement.Jeneseraipasdisponibleaujourd’hui,j’aiunecomplicationgênanteàréglerdetouteurgence.Veillezàcequepersonnenemedérangesaufurgences.–TrèsbienmademoiselleJohns.Jesorsdelapièceavantdefaireunescènedevantmonassistante.J’arrivedansmonbureaucomme
unefurieetcommenceàmanquerd’air.Bordel,pourquoilesfenêtresdesbuildingsnes’ouvrent-ellespas?J’attrapemonsacetressors.Ilfautquejeprennel’air.JecroiseTim…Henry…jenesaismêmeplus
commentlenommer,etBoniecomplètementsoussoncharme.Jecourspresquejusquedansl’ascenseur.Ellem’agacecetteconne!Unefoisenbasdanslarue,Louisvientàmarencontre.–Unproblème,mademoiselleJohns?–Non,Louis,j’aisimplementbesoind’air.Prenonslavoitureetroulonsunmoment.–Certainement.J’ordonneàLouisdecirculerdansNewYorkjusqu’àcequejeluidisedemereconduireaubureau.
J’attrapemoniPoddansmonsacàmainetmetslamusiqueàfond.Jenemesuisjamaisretrouvéedansunesituationcommecelle-là.J’auraisdûlerenvoyerchezlui toutà l’heure, j’auraisdûluisommerdepartiretdenejamaisrevenir.Tantpispoursamèreetlecontratqu’elleauraitarrêtépourletransportdesesmédicaments.Jen’auraispasdûlelaisserprendreplacedansmesbureaux,jesuiscertainedenepaspouvoir collaborer avec un homme qui s’est servi du sexe pour m’approcher avant de commencer àtravaillerpourmoi.Jenecomprendsmêmepasàquoirimetoutecettehistoire.Pourquoiavait-ilbesoinde faire cela ? Sa mère avait déjà fait tout le nécessaire pour lui, pourquoi venir sur mon lieu devacances,meséduireetensuitesepointericilaboucheencœur?Unfrissonmeparcourt,ets’ilavaitprisdesphotosoufaitunevidéodemoi,denous,enpleinébatafindemefairechanter...C’eststupide!Ilestl’undeshommeslesplusrichesdupays,iln’apasbesoindemonargent!Ilpeutcependanttrèsbienruinermaréputation...Saufqu’ilruineraitaussilasienneendivulguantce
genredephotosoudevidéos!Jenesaisvraimentpasquoipenserdesafaçond’agir.Jen’arrivepasàcroirequetoutcequenousavonsvécuétaitprémédité.Celadit,çatombesouslesens,lefaitqu’ilnemedonne que son initiale, qui n’est même pas la bonne d’ailleurs, encore une bizarrerie, qu’il soit simystérieuxsurtoutcequileconcerne.J’aichangémafaçond’agirpourdesmensonges,delapoudreauxyeuxetmevoilàcontrainteà travailler toute l’annéeàveniravecunhommeàqui,une foisdeplus jen’aurais pas dû faire confiance. J’ai besoin d’avoir des réponses, mais je ne peux pas le voir pourl’instant.Jesaisquefaceàlui,jenevauxplusrien,jedoismerenseignerautrement.–Louis,pouvez-vousmetrouverdesinformationssurTimDayetHenryDelucasjunior?J’ometsde
préciservolontairementqu’ilnes’agitqued’unseuletmêmehomme.–Jem’enoccupetoutdesuite.D’ailleurs,jeviensderecevoirdesrenseignementsconcernantNoa,il
esttoujoursenAngleterre.–Vousvoyez,jevousavaisditqu’ilnes’agissaitqued’uneblague.– Des dingues comme lui, il y en a des milliers, mademoiselle Johns, nous nous devons de rester
prudents.–Cemonden’estrempliquedecinglés!J’affirmecelatellementamèrementquemondésarroinepassepasinaperçuàLouis.–Unproblème?–Disons,unegrosseerreur.Essayezdemetrouverlesinformationsquejevousaidemandéesavantce
soir.–C’estcommesic’étaitfait.–Parfait,maintenant,conduisez-moiau965Madisonavenue.–Nousyseronsdansmoinsdecinqminutes,mademoiselle,merépond-ilensouriant.
2
Deuxheuresplustard,nousressortonsd’uneboutiqueChristianLouboutinavecsixnouvellespairesdechaussures. Jemequestionne toujoursautant,maisaumoins,àprésent j’aidemagnifiquesescarpinsàportercesoiraugaladecharitéqu’undemesclientsorganise.Mariam’aappeléedurantmonshopping,elleétaitravie.Sondeuxièmerendez-vousaétéunvéritable
succès,ellerentredèsdemain.Jesuissoulagéequ’ellemerejoigne,jeneluiairienditpourTim,maisj’aihâtequ’ellesoitbientôtderetourpourlefaire.Jesaisdéjàqu’ellevam’asticoteràproposdecetteromancequinemeressemblepas,maisjesaisaussiqu’elleseralàpourm’aideràyvoirplusclair.Justeavantmidi,monrendez-voustéléphoniqueavecM.Changillumineunpeumajournée.Ilaccepte
de signer le contrat de la veille si nous lui promettonsune livraisondemarchandises la plusdiscrètepossible.D’aprèsceque jecomprends, il abesoinde faire livreruncertain typedematérielpourun«bar»qu’ilvientd’ouvrir àAmsterdam.Mon rôlen’estpasdeposerdequestions, lesdouaniers sechargentdecontrôlerlesmarchandisesetlecontratnousprotègeencasdenon-respectdelaloiparl’undenosclients.Je luiconfirmeque la livraisonseradiscrèteet rapide, ilm’informequ’uncoursiermeferaparvenirlecontratsignédansl’après-midi.LorsquejereviensauChrysler,ilestdéjà16heures.BobmeremetlepaquetenvoyéparM.Changet
medonnemesmessages.Unefoisdansmonbureau,jetrouve,commeprévu,matenuedesoirée.Jemefais livrerunerobeàchaquegrandeoccasion.Mastylistea toujours trèsbongoûtet jem’enremetsàelle.J’espèreseulementquel’unedemesnouvellespairesdechaussuresiraavec.J’ouvrelahousseetdécouvre une somptueuse robe bustier gris perle. Le haut est brodé tandis que le bas est fait de soierecouverteparquelquesvoilages.Unevéritabletoilettedeprincesse.Ensongeantàcela,jemerappelleunedesnotesdeTimparlantdemoicommed’unereine.Cesalopardavraimentmislepaquetpourqueje croie à cette rencontre fortuite. Jeme déteste de ressentir autant d’amertume pour une histoire quej’auraisdûoublierdèsmondépartdesBahamas.Jem’enveuxdeluiavoirsautédessuscematinavantdedécouvrirquiilestetdenepasavoirvutoutecettesupercherie.Commentai-jepuvoirdelapuretédanssonregardalorsqu’ilnerecèleenfaitquedesmensonges?
Mevoilàdans le club trèspathétiquedesblondes écerveléesqui se fontavoirpar lepremierbeaugossequipasse...JeresteassiseàmonbureauàregardervivreManhattanpendantprèsdedeuxheures.Delà-haut,j’ai
parfois l’impressionque jepeuxdominer lemonde.C’estassez ironiquequandonsaitque jen’arrive
mêmepasàcontrôlermasimpleviecorrectement.C’estàsedemandercommentjesuisparvenueàmeconstruirecetempire.Heureusementquejesuisplusdouéedanslesaffairesquedansmesrelationsavecleshommes.Toutestmafaute,j’auraisdûm’enteniràmesarrangementsavecMarcetPatrick.À 18 heures,Bob vientm’informer qu’il est le dernier à partir. J’appelle Polo,mon coiffeur et lui
demandedemonters’occuperdemoidèsquepossible.C’estluiquimecoiffedepuisdesannées,avantmêmequej’aiemonentreprise.C’estunvéritablegénie,jen’imaginepaslaissermatêtedanslesmainsdequelqu’und’autre.JedoismeretrouveràlaNewYorkPublicLibraryà19h30etj’yseraiplusviteenpartant d’ici que de chezmoi. J’envoie unmessage àLouis pour qu’ilmeporte une des paires dechaussuresquej’aiachetéescematinainsiquemonmanteaunoirpuisjefoncesousladouche.Lecabinetdetoiletteattenantàmonbureaun’ariendecomparableaveclasalledebainsquej’aichezmoi,mais,pourrincerlesdéboiresd’unejournéeaussichaotique,c’estnettementsuffisant.J’accrochemes bas en soie àmon porte-jarretelles aumoment où Polo fait irruption comme à son
habitudedansmonbureau.–MonDieu!Becca,tuesma-gni-fi-que!Sijen’aimaispaslesgrandsbarbus,jetesauteraisdessus
toutdesuite ! s’exclame-t-ilens’avançantversmoieten faisantclaquerunbisousurchacunedemesjoues.–Polo,tum’avaismanqué!Mercipourle...compliment,dis-jeenriantsansquelajoieatteignemes
yeux.Jemedétourneavantqu’ilnemeregardedetropprèsetdevinequequelquechosenevapas.Polopeutêtredugenreintrusif,ilposebeaucoupdequestions,aunavissurtout,maisilestvraimentadorable.J’enfileunpeignoiretm’assiedssurlachaisequ’ilmetend.–Raconte-moicequinevapas,princesse.Etnemedispasqu’ilyaunrapportaveclebeaugosse
avecl’airdechienbattuenbasquiregardel’ascenseurcommesisavieendépendaitparcequej’ailafermeintentiondeleramenerchezmoi!–Unbeaugosse?Jedemandetropvitesanslevouloir.–Danslesvingt-cinqans,ténébreux,cheveuxmi-longs,regardàsedamneretundecesculs...Unfrissonmeparcourtdelatêteauxpieds.Putain,c’estlui!Qu’est-cequ’ilfoutplantédanslehall?–Non,jenevoispasdequituveuxparler...dis-jeenmentant...mal.–Biensûroui,prends-moipouruncon!–Polo,s’ilteplaît,nousaborderonscesujetuneautrefois.–Trèsbien,princesse.Enmoins d’une demi-heure, je suis coiffée.Mon chignon lâche est parfait. Je renforce un peumon
maquillageetpassemarobe.TandisquePolonouelesnœudsdemonbustier,Louismeportelesaffaires
quejeluiaidemandées.Ilmeremetégalementundossierqui,jesuppose,contientlesinformationssurTim.–MerciLouis,pouvez-vous faireunedernièrechosepourmoiavantdemeconduireàmongalade
charité?–Certainement.Dites-moienquoijepeuxvousêtreutile,mademoiselle.–FaitesensortequemonsieurDelucas,lejeunehommequisetrouveenbasdanslehallparteavant
quejedescende,s’ilvousplaît.–Considérezquec’estfait.Jevousattendsàlavoiture,dit-ilavantdedisparaîtredanslecouloir.JemeretourneettombesurPololesmainssurleshanches.–Tunevoistoujourspasdequoijeveuxparler,jeprésume?demande-t-ilsansréellementattendrede
réponseens’avançantversmoi.Ilmeprenddanssesbrasetm’embrassedesurlesjoues.–Polo...–Prendssoindetoi,Rebecca,situasbesoind’unmomentdecalme,passeboirelethéunaprès-midi
ausalon.–Merci,tuesadorable,maisçadevraitaller.–Ettoi,tuesultracanon!notifie-t-ilensifflantsurlepasdelaporte.Àplus,princesse.Jerisvolontiersdecesâneriesd’habitude,maispasaujourd’hui;jen’aivraimentpaslecœuràcela.
Je terminedem’habilleret foncedans l’ascenseur.J’arriveàmonplusgrandsoulagementà lavoituresanscroiserTim.Louisestuneperle.Surlechemin,j’entreprendsderegarderunpeuledossierqu’ilm’aconfié.Évidemment,ilapparaîtqueTimDayetHenryDelucasjuniornesontqu’unseuletmêmehomme.Timestenréalitésondeuxièmeprénom.Dayest lenomdejeunefilledesamère.Jesuisheureusedeconstaterqu’iln’apasdonnéune initialeauhasard simplementpourmeberner. Je referme ledossier,soulagéesurcepoint.C’estpeut-êtreunconnardmanipulateur,maisiln’apasfaitquemementir.J’entredans labibliothèqueavecunsouriregreffé sur levisage.Cesoir, je suis icipourmebattre.
Monprincipalconcurrent,YanWalker,alancéuneoffensiveilyaquelquessemainesenessayantdemevolerdeuxgrosclients.Leurfidélitém’apermisd’apprendresesmanœuvres,maisjesuiscertainequ’ila d’autres atouts dans sa manche. Yan est un homme banal, proche de la cinquantaine, d’apparenceBCBG,àqui l’onseraitprêtàdonner leBonDieusansconfession.Dumoins,aupremierabord.Enyregardantbien,ilesttrèsfaciledes’apercevoirquecethommeestfourbeetcalculateur.Trèsgrand,lescheveuxblondcendré,sespetitsyeuxvertsdefouinemanipulatricemeglacentlesang.Ilatoujoursunsourirefacticegreffésurlevisageaveccepetitairperverstrèsmalsainquejedéteste.Legalade ce soir est auprofit de la recherche sur lesmyopathiesmitochondriales.Denombreuses
personnestrèsrichessontprésentes,notammentdeuxémirsarabesquiontannoncé,ilyapeu,êtreàla
recherched’untransporteurpourdesacheminementsverslesÉtats-Unis.L’étudemenéeparmonéquipeamontréqu’uncontratsignéavecundesdeuxseulementnousferaitaugmenternosprofitsdepresque10%.La tâche qui m’attend est ardue. Tout d’abord parce que leur précédente collaboration avec un
transporteur s’est terminée en fiasco, ils ontperdudenombreuxcontainers. Il va falloir exprimermesatoutsenespérantqu’ilsn’aientpaseuventdel’incidentavecl’undemescargoslasemainedernière.Ilsepourraitquecepetitdétailleseffraieetlesfassedouterdelaqualitédemesprestations.Jesuisplutôtsereinedececôté-là,carmesemployéssaventresterdiscrets,maisjeconnaisbienWalkeretjesuissûrequ’ilesttrèsdouépourdénichercegenred’information.Ensuite,ilvafalloirlesconvaincretouslesdeux.Cesontdeuxfrères,ilssignerontcertainementavec
lamêmecompagnie.Grâceàeux,onauraenplusaccèsà tout leur réseaudeconnaissance.S’ils sontsatisfaits,ilsleferontsavoirautourd’eux.Enfin,ilvamefalloirêtreàlahauteur.ÀNewYork,jesuisunefemmedansunmonded’hommes,c’est
déjàassezrudeàgérerparfois,maisdansleurculture,ils’agitpresqued’unblasphèmequ’unefemmeaitautantdepouvoir.Mêmes’ilsappartiennentàunmilieu trèsaisé, ilsneviventpasexactementcommenous.Jesaisquemonadversairevaseservirdecepointfaiblecontremoietilvamefalloirriposterdelabonnemanière.GrâceauxinformationsqueLouisacollectéespourmoi,j’aiapprisqu’ilfautquej’arriveàconvaincre
leplusvieuxdesdeux.C’est lui l’aîné,s’ildécidedesigneravecmoi,sonfrèresuivra.Leproblème,c’estqu’ilestbeaucoupplusconservateur,Mariavamemanquercesoir,j’espèrequejenevaispastoutfoirer.Jedéposemavesteauvestiaireetrentredanslagrandesalle.Plusieurspersonnessetournentsurmon
passageetçam’énerve.J’ai l’habitudequeleshommesmeregardentdefaçoninsistante ;cesoir, leurregardmedérange,enfaitjecroisquemonhumeurdechienmerendsusceptible.Jesalueunbonnombredeclients,ainsiquedesconnaissances.Danscemilieu,nousnousretrouvons
toujoursentremêmespersonnes.Toutaufonddelasalle,jerepèrelesdeuxhommespourquijesuislà.Ilssontseuls,unbonpointpourmoi,celasignifiequeYann’estpasencorearrivé.Jerécupèreunecoupedechampagneauprèsd’unserveuretfoncesureux.Enchemin,jemefaisbousculer.Bordel,c’estmadameDelucas!–Rebecca,machère,commentallez-vous?demande-t-elle.Jesourislargement,unpeutrop.Jen’aipasenviequ’ellemequestionnesursonfilsetsonpremierjour
detravailpourmoi.–Trèsbien,etvousCatherine?Je demande la tête ailleurs. Alors que je connais cette femme depuis de nombreuses années, à cet
instant précis, je n’arrivepas à voir autre choseque la ressemblance avec son fils. Je n’avais jamais
prêtéattentionauxdétailsdesonvisagejusqu’icietjenepouvaisévidemmentpasfairelerapprochementavantcesoir,jesuissidérée.Ellepossèdepresquelamêmecouleurd’yeuxqueTimetlorsqu’ellesourit,lesmêmesfossettesqueluiapparaissentaubasdesesjoues.–Jemeporteàmerveille.Commenttrouvez-vousHenry?Ellen’yvajamaisparquatrechemins,normalementc’estunechosequej’appréciechezelle,maispas
cesoir...–Ilsembletrèsbien.Honnêtement,jen’aipaseubeaucoupdetempsàluiaccorderaujourd’hui,mais
je l’ai confié àmonassistantequi lui a faitdécouvrir l’entreprise. Je suis certaineque tout s’estbienpassé.–C’estparfait.Voussembleznerveuse,toutvabien?–Oui,oui.Jesuisicipourgérerunegrosseaffaire,jesuissimplementsoustension.–Lesaffairessontlesaffaires!Jenevousretienspaspluslongtemps,maisj’espèrevousrevoirunpeu
plustard.–Biensûr,àtoutàl’heure,Catherine.Passezunebonnesoirée.Jem’éloignesansattendresaréponse.Unsentimentétrangemegagne,unlongfrissons’emparedemoi,
jeme sens comme observée.Une chaleur se déploie dansmon ventre sans que je sache pourquoi. Jescrute les alentours, mais je ne vois rien ni personne qui pourrait justifier cette réaction. Je décided’ignorercetteétonnantesensationetdemeconcentrersurlatâchequej’aiàaccomplircesoir.Jeposemaflûtevideetenrécupèreunenouvelle.Jemedirigeverslefonddelapièce,maislesdeuxfrèresAbdinesontpluslà.JepasselasalleaucriblequandjelesretrouveenpleinediscussionavecYan.Merde!Jemedépêchedelesrejoindreetrentredanslaconversation.Yansembledéjàtrèsàl’aiseaveceux;
je savais que ce salopard en ferait des tonnes pour les séduire. Cependant, j’arrive à défendre mesarguments et les deux frères n’ont pas trop l’air rebutés par le fait que je sois une femme. Ce qu’ilsattendent surtout c’est de la rapidité, de la discrétion et du professionnalisme. Walker roule desmécaniquesetagitendignemachoqu’ilest.Jenesuispascertainequecetteapprochefonctionnepourlui. Sabry, le plus jeune, paraît même plutôt choqué par son humour de Néandertalien. Je saute surl’occasionpourmerapprocherdeluietdiscuterplusenprofondeurdesavantagesqu’ilsauraient,luietsonfrèreàmefaireconfiance.Jesaisqu’ilvaudraitmieuxconvaincreBilal,leplusvieux;cependant,Sabry s’est plusieurs fois affirmé durant la conversation, ce qui me laisse croire que finalement, ilpourraitsuffiredeluiplaireàlui.Nousnousinstallonstouslesquatreàunetableetcommençonsàdîner.J’essaieplusieursfoisdeparler
à Bilal, mais Yan s’interpose toujours. Il ramène sans arrêt la discussion à lui, s’appropriant mesanecdotesenlesdétournantversunehistoirequileconcerne.Jeparviensquandmêmeàlecaptiveretje
suissûredelefairesigneruncontrataumomentoùYanmetsurlatablel’incidentdecargo.J’expliquesansdifficultélesraisonsdecepetitproblèmetechnique,maisunfroidestclairementjetéentrelesdeuxfrèresetmoi.Le dîner terminé, ils nous quittent et nous informent qu’ils prendront une décision demain dans la
journée et qu’ils nous tiendront au courant. Je suis entièrement dégoûtée d’avoir raté ce coup-là et den’avoirrienàbalanceràproposdeWalker.Jen’étaispasassezbienpréparéeetj’avaislatêteailleurs,celavasûrementmecoûterdesmillionsdedollarsdebénéficeetuneplacebienauchaudauMoyen-Orient.JequittelatablejustederrièrelesfrèresAbdi,ilesthorsdequestionquejesupportepluslongtemps
les ronds de jambe de cet enfoiré. Je dépose ma contribution à la cause qui est défendue ce soir etm’isole. Il me faut de l’alcool, je décide d’aller noyer ma déception au bar. J’avale un nombreincalculabledeverresdevodka-pommeavantderentrer.Louism’attenddevantlabibliothèque.–Conduisez-moiauChrysler.J’entreetmevautrelourdementàl’arrièredelavoiture.–Toutdesuite,mademoiselle.Commeàsonhabitude,Martin,leveilleurdenuit,alaissélasalledesportetlesvestiairesallumés.
Un peu chancelante, jeme vautre sur l’un des canapés face aux immenses baies vitrées. J’avais dansl’idéedecourirpouréliminerl’alcool,mais,detouteévidence, ilyenabientropquicouledansmesveinespourque je sois capabledequoiquece soit. Jemecontentedoncd’observer laville toujoursactive,même lanuit, à2heures. Je suiscertainedene jamaisme lasserdecepaysageetde touscesbruits.NewYorkestsanscontestel’endroitleplusextraordinairequisoit.Ici,toutestpossible.Berceaudesrêveslesplusinsensés,elleabritedestrésorsinégalés.Certainespersonnesontparfoisl’impressiondenepasêtrelàoùilfaut,d’apparteniràuneautreculture,àunautrepays.Certainsrêventdevoyage,dedécouvrirdenouveauxespaces.Cen’estabsolumentpasmoncas.Mêmeaprèsavoirpasséplusdevingt-huitansici,chaquefoisquej’ailachanced’observerlaville,delasentirvibreretchanteràmonoreille,jedécouvredenouvellessensations.NewYorkestunesplendeurmystérieuseetimmortellequimeferarêvertoutemavie.Unétrangesentimentmesubmergetoutàcoup.Unpeucommeceluiquej’aieuplustôtdanslasoirée,
au gala. Je n’ai pas les idées assez claires pourme lancer dans une de ces cabales intérieures pourdémêlertoutça.Àlaplace,jemelaisseglisserenarrièreetm’enfonceunpeuplusprofondémentdanslecanapé.Somnolenteetlesyeuxperdusdanslevague,unmouvementattiremonregard.Faceàmoidanslereflet
desimmensesvitressedessinelasilhouettedeTim.Jenesuispascertainedenepasm’êtreendormieet
derêvercettescène.Ilporteunsmoking,sescheveuxsontcoiffésenarrièreetilsetientsansbouger,lesmainsdanslespoches.Cettecoiffureunpeutropenordreluiconfèreunstylesophistiquéquimeramollitencoreplus,sitantestquecesoitpossible.Nousnousregardonsunmomentsansdireunseulmot.J’airéussiàl’évitertoutelajournée,cen’était
paspourleretrouvericialorsquejesuiscomplètementivre.Sarespirationsaccadéemeprenddecourt.Jenevoispasdansquellemesurecettesituationpeutlemettresimalàl’aise.Ildevaitbiens’attendreàcequejeréagissecommecelaaprèstoutecettehistoire.Jemelèveentitubantetluifaisfaceenprenantgrandsoindegarderlecanapéentrenous.–AlorsTim,qu’est-cequetufichesici?–Jet’aivuequitterlegalaenmauvaisétat,jevoulaisêtrecertainquetuallaisbien.C’étaitdoncluiquimeregardaitcesoiraugala!–Ahahah,tutefousdemagueule?–NonRebecca.– Non ? Es-tu sûr de cela Tim ? Ou Henry, d’ailleurs, peut-être même junior ! Comment dois-je
t’appeler?Jedemandelavoixempliederage.Jesuishorsdemoi,plusquejenel’aijamaisété.Jesuisaubord
del’explosionetpourtantrienneseproduit.Ilmeregardesansrépondreetsembleprendreconsciencedel’étatdanslequeltoutecettecomédiem’a
mise.Iltentedeserapprocher,maisd’unemainrelevéejel’enempêche.Soudain,sonattitudechange,ilseredresseetserenfrogne.–Jepensaisquetuverraisau-delàdesapparences,quetuverraisenmoi.Prénomme-moicommetule
souhaites,dit-ilenseretournant.–Çasuffit!Ilsefige,jecontournelecanapéetm’arrêteàdeuxmètresdelui.Pastropprès,tunesauraspastecontrôler.–Retourne-toietregarde-moi!Ils’exécuteetm’observedecepremierregardqu’ilaposésurmoiauxBahamas.Ceregardpleinde
candeuretdesincérité.Ceregardd’unhommesurprisetbouleversé.Ceregardquimetroubletoujoursautant...–Queveux-tu,Rebecca?demande-t-ild’unevoixencoreplusbassequed’habitude.–Jeveuxquetut’expliques,jepensel’avoirmérité,non?–Cen’estpaslemoment,dit-ilenpassantunemaindanssescheveux.J’ailecœurauborddesyeux,ilmefaitperdretousmesrepères.Jesuissurlepointdecraqueretde
luisauterdessus.
Ressaisis-toi,bordel!–Cen’estplusàtoidedécidermaintenant.–Jesaisquejetedoisdesexplications,maispascesoir.Cequej’aiàtedire,j’aibesoinquetut’en
souviennes.–Mecrois-tutropsaoulepourmerappelercetteconversationdemainmatin?–Jenecroisrien,jesais.Tunetiensmêmepascorrectementdebout.Savoixchanteàmesoreilles,cegarçonestunsupplice,jedoismebattrecontremoi-mêmepournepas
luisauterdessus.Lepiredanstoutcela,c’estqu’ilaraison.Jenesuispascertainedemesouvenirdecettesoiréeavecexactitude,j’aidéjàdumalàmerappelercommentjesuisarrivéejusqu’ici...Jefaisunpasversluisansm’enrendrecompte,c’estàsontourdelutter.Jelevoisfermerlespoingset
baisser la tête pour ne pasme regarder dans les yeux. Je sais que je devrais lui poser unmillier dequestions, le problème c’est que je ne suis pas sûre de vouloir entendre ses explications. Cela peutparaîtreinsenséd’agirainsi,maisj’aipeurquelaréalitésoitpirequecequej’aiimaginé.–Crois-tuvraimenttoutsavoirdemoi?Ilréfléchituntempsavantderépondre,commes’ilcherchaitàchoisirsesmotsavecprécautions.–Jenevaispasnierquej’ensavaissurtoiavantdeterencontrer,maisj’enaidécouvertbeaucoupplus
enpassantdutempsprèsdetoi.Jemesuisaperçuquetoutcequej’avaisapprisn’étaitpasvrai.–Tumedemandesdevoirau-delàdesapparences,maisilsembleraitquetoi-mêmetunesuivespastes
conseils.–Tuasraison.AvantdevenirauxBahamas,jenecherchaispasplusloinqueleboutdemonnez,mais
tum’asfaitvoirlavérité.–Quec’estmignon!Pourquoies-tuvenuauxBahamas?Ilpassedenouveaulamaindanssescheveuxetparaîtextrêmementnerveux.–Pourterencontrer.–Pourquoiai-jel’impressionqu’ilnes’agitqued’unemoitiédevérité?–Nousnepouvonspasavoircetteconversationmaintenant,jetel’aidéjàdit.–Trèsbien,alorsfaiscequetufaislemieux.–Jenecomprendspas...–Baise-moi!Latensionentrenousmonted’uncran.Jesaisqu’ilaenviedemoi,ilsedandine,serrelespoingsetne
meregardejamaisdirectement.Illutteclairementpournepasassouvirsesdésirsetjenecomprendspaspourquoi.C’estbiencequ’ilestvenufaireenmesuivantauxBahamaspourquoiseretenircesoir?Peut-êtreparcequ’iln’estpasseulementleconnardmanipulateurquetucrois...– Je ne ferai pas ça, Rebecca, encore moins alors que tu es saoule et vulnérable. Tu me prends
certainementpourunmonstre,maistunesaispasquijesuisréellement.Sachequejenesuispascegenred’homme. Les apparences sont contre moi, mais je te promets que je ne suis pas le salop que tut’imagines.–Tuneverrasdoncpasd’inconvénientàcequejemedéshabille,n’est-cepas?Jeluidemande,droitdanslesyeux,enenlevantmesescarpins.–Arrêteça...Savoixestsuppliante,maisjenecomptepasm’arrêterlà,ils’estservidemoietmêmesijenesais
pasexactementpourquoi,jesuisblessée.Jepasseunemaindansmondosettiresurlelacetdesoiequimaintientmonbustierenplace.Ilrespiredeplusenplusfortetlesphalangesdesesdoigtsontblanchitellementqu’illesserrefort.Jesenslapressiondemarobeseramollir,jelâchelacordeetlaissependremesbras.Lebustiercommenceàdescendretoutdoucement,dévoilantpeuàpeulehautdemesseinspuismestétonsetmonventre.Timrivesesyeuxsuppliantsauxmiens,sansjamaisregarderplusbas,jesaisqu’il aperçoit quandmêmemon corps presquenu.La robe est àmespieds, je ne suis vêtue qued’unstringetd’unporte-jarretelles.Nousnousfaisonstouslesdeuxviolencepournepasnousprécipiterl’unsurl’autre.Uneimpressiondedéjàvumetransportedanssacabinesursonbateau,jelerevoisnufaceàmoi.Jesuissurlepointdeflancheretdemejeteràsoncouquandilseruesurmoi.Ilm’attrapeparlagorge
etmeforceàleverlatête.–Regarde-moi!Regardeaufonddemoi,nevois-tupasquejesuisesclavedecequejeressenspour
toi?Quetumerendstellementfouquej’aidumalàêtremoi-mêmelorsquetun’espasprèsdemoi?Lapressiondesamainsurmoncoumefaitmal.Jeressenslapuissancedesongestepartoutdanslecorps.Ne vois-tu pas ce qu’il y a entre nous, bordel ?! Comment feindre ces sentiments, Rebecca ? HEIN,COMMENT?hurle-t-ilavantdeprendrepossessiondemabouche.Ilmepousse sur le canapé et nous passons tous les deux par-dessus le dossier pour nous retrouver
allongésl’unsousl’autre.Ilmecaresselapoitrineetplaquesonérectionàmonsexe.Jepassemesmainsentrenousetdéfaissaceintureetsonpantalon.J’attrapesonpénisdresséetjecommenceàlemasturber,ilgrognedansmabouche.Son odeur, sa passion, ses mains sur mon corps, son goût, ses lèvres sur ma bouche, sa voix, ses
cheveux,sespetitsgrognementsdeplaisir,absolumenttoutchezcethommemefaitchavirer.Auprèsdelui,j’ailemalheurderessentircettejoieetcebonheuràl’étatpurquelaplupartdesgensn’ontpaslachancedeconnaîtreunjour.Troppresséedelesentirenmoi,jelerepousseetleforceàs’asseoir.Ilfouilledanslapochedeson
pantalonetsortunpréservatifqu’ilenfiletrèsadroitement.Avait-ilprévudevenirmevoiraprèslasoiréeous’est-iléquipé«aucasoù»?
Ilm’extirpedemespenséesdéprimantesenmetirantverslui.Jeplacemesgenouxdepartetd’autredeses hanches etm’assieds tout doucement sur son sexe pointé en avant. L’incroyable sensation quemeprocurelasatisfactiond’êtreenfourchéesurluin’estpasmoinsexceptionnelle.Commelapremièrefois,je ressenscette force jusquedans les tréfondsdemonâme.Timm’attrapepar la tailleetm’aideàmemouvoirsurlui.Ilmesoulèveavecaisanceets’enfonceenmoijusqu’àlagardeenavançantsonbassin.Dans cette tourmente des sens, nous nous perdons. Je ne vois plus que lui, plus que son regard de
porcelaine,toutleresteadisparu,jepénètredanssesyeuxetjelevois.Jecomprendscequ’ilaessayédemedire,cettechosesurnaturellequinousrapprochedepuiscesoir-là,sur laplage,moiaussi je laressens.Cesentimentbrutalqueniluinimoineparvenonsàmaîtriser.Jem’accrocheàsescheveuxetgoûtesansvergogneàsabouche.Monbaiserestacharnéetgourmand,jesucesalangueetlamordille.Ilserremesfessesdanssesgrandesmainsetc’estainsiqu’ilmepropulseauseptièmeciel.Monvaginsetordautourdesaqueue tandisque toutmonêtrese révulse.Jemereculeunpeuet l’admire.Sesyeuxdanslesmiensilmelâcheetvientprendremesmains.Sesdoigtssiagiless’entrelacentauxmiensetmeportent.Lerythmedemoncorpssurlesienesttoujourstrèssoutenu,jesenssonpénisenflerunpeuenmoiquandilmesourit.MonDieu!Cethommeesttellementbeau...Sonvisages’éclairechaquefoisqu’ilmesouritcommecela.Cependant,labeautén’aplusrienàvoir
là-dedans,ilestsimplementdivin.Commes’ilétaitdescendudescieuxpourmefaireperdrelenord.Ilpossèdeuneforceetuneattractionhorsducommun.Unmagnétismeetuneélégancequiluisontpropres.Timjouitenmeregardant,sansjamaismequitterdesyeux.Toutsoncorpstremblesouslemien.Une
foisqu’ilestcalmé,jemerelèveetvaisrécupérermarobe.Jem’éloigneuninstantdanslesvestiairespourmerafraîchir.J’ailatêtequitourneetquicommenceàmefaireunmaldechien.J’avaleplusieursverresd’eau,resserrelesliensdemarobecommejepeuxetretournedanslasalledesport.Timn’estpluslà,lecanapéestremisenordrecommesiriennes’étaitpassé.J’évalueuninstantlasituationetmedemande si je n’ai pas tout inventé quand j’aperçois une note sur la table basse. Jem’approche et lasaisis.Cettefois-ci,pasdeprosenidedevinette.«Jesuisnavréd’avoiragicommeuncon,pardonne-moi.T»Est-cequ’ilparledecequenousvenonsdefaire?Decematin?Desraisonsqui l’ontpousséàme
suivreauxBahamasoubiendetout?Commentpuis-jeluipardonnersansriensavoir?Ilfautquej’arrêtedemeconduirecommeunechatteenchaleurdèsqu’ilestdanslesparages.Jen’ai
pasdeplacepourluidansmavie,jenepeuxpasavoirderelationaveclui,toutestbientropcompliqué.
3
Jemeréveilleensursautàcausedelasonneriedemontéléphoneportable.Jel’attrapesurlechevetàcôté demoi et l’envoie sonner dans la penderie.Ma têtemenace d’exploser, je n’arrivemême pas àouvrir lesyeux. J’essaiede rassemblermes idéeset jeme repassemasoiréede laveille.D’abord lefiascoavec lesdeuxémirspuis le sexe torrideavecTimdansmasallede sport.Parcontre, jenemesouviensabsolumentpasd’êtrerevenueici.Ilvapeut-êtrefalloirquejepenseàaugmenterLouis.Depuisquejesuisderetourdevacances,jefaisn’importequoi.Heureusementqu’ilestlàpourveillersurmoi.JesuisdevantleChryslerà8heurespile.Jen’arrivejamaissitardivement.Bobmedonneunmessage
deMariaetmoncourrier.Ilmetendaussiungrandcaféetm’informequeBonieattendavecTimdanssonbureau.Jesoupireavantdegagnerlemien,jesaisquejenevaispaspouvoiréviterTimaubureautoutel’annéeàvenir,maisjeredouteunpeunotrecollaboration.Jedemandeàtoutmonpersonneldenejamaismélangerlavieprivéeetletravail;aujourd’hui,c’està
moi d’appliquermes propres ordres. Je dois agir en patronne avec cet homme. Ilme faut parvenir àpasserdutempsprèsdeluisansdépasser les limites,etsansquelerestedupersonnelnes’aperçoivequ’il y a quelque chose entre nous. Je ne peux pas continuer tout ceci sans savoir ce qu’ilme cache.C’étaitgrisantenvacances,celarendaitleschosesunpeuplusvivantes,maisicidansmonentreprise,jenepeuxpasmelepermettre.Nousnesommesplusdeuxinconnusquiviventunehistoiresanslendemain.Jesuisunechefd’entrepriseetc’estmonsubalterne.J’appuiesurleboutondel’interphonedubureaudemonassistantesansgrandeconviction.–BonjourBonie,jesuisdisponiblepourvousrecevoirtoutdesuite.Prenezavecvouslescontratsque
jevousaidemandéderédiger.Siparmiraclelesémirsmerappellent,jeveuxêtreprête.–Nousarrivonsimmédiatement,mademoiselleJohns.J’aiàpeineletempsdemeservirunautrecaféqu’ilstapentdéjààlaporte.–Entrez!marmonné-je,contrariée.– Bonjour mademoiselle Johns, comment s’est passée votre soirée au gala ? me demande Bonie
enthousiaste.–Pasexactementcommejel’espérais,nousallonsenparler.Asseyez-vous,dis-jeenm’approchantde
Timetenluitendantunemainqu’ilprendetserredélicatementenmecaressantavecsonpouce.Bonjourmonsieur…Delucas?– Monsieur Day ! s’interpose Bonie, pétillante, avant qu’il n’ait le temps d’articuler en entier la
moindresyllabe.Lamidinette,leretour...–Bonjour,mademoiselle Johns,ditTimsansprêter attentionà l’interventiondemonassistante. J’ai
repris le nom de jeune fille de ma mère, Day, et mon second prénom, Tim, afin d’être un peu plusanonyme.Donc,sivousn’yvoyezpasd’inconvénient,jesouhaiteraisquecelaresteainsi.–Celanemeposepasdeproblème.Bonie,veillezàcequelebadgedemonsieurDaysoitchangé.Je
faissigneàTimdes’asseoirautourdelatable.QuiestdonclejeunehommeprénomméHenryDelucasquiétudieenEurope?Timsourit,moncœurs’arrêtedebattrequelquesmillisecondes.Merde!Ilacomprisquej’aifaitdesrecherchessurlui!–Ils’agitd’unamiavecqui j’aipasséunaccord.Jepaiesesétudeset ilportemonnomloind’ici.
Commecela,jesuistranquille.Lafortunedemonpèremeprécèdebeaucouptropsouvent.Quandilestdécédé,j’aifaitcechoix.Onpourraitcroirequejedissimulevolontairementmonidentité,maisils’agitenoutred’unmoyendesauvegarde.Jesaisqu’ils’adresseparticulièrementàmoi.Cettehistoireestbienbelle,maisellen’expliquepas
tout.Cen’estpascelaquil’afaitveniravecmoienvacancesavantdetravaillerici.D’accord,iln’apasinventécefauxprénomuniquementpourmeberner,maistoutestloind’êtreclair.–Jevouscomprends,iln’estpastoujoursaisédesavoiràquil’onaaffaire,mieuxvautseprotéger
autantquepossible.Ehbim,lebeaugosse!–Exactement,acquiesce-t-il,unpeufroissé.–Bonie,sortezlescontrats,jeviensd’avoiruneidée.–Lesvoici.– Parfait.Nous n’allons pas attendre que les émirs réfléchissent trop, nous allons leur apporter une
nouvelleproposition.Ilnousfautcessignaturescoûtequecoûte,alorsTim,vousallezentrerenjeu.–Jevousécoute,dit-ilens’avançantsurlatable.Jeleurexposemonplanettouslesdeuxsemblentd’accordavecmoi.Bonies’absentejusteletempsde
faire les modifications que j’ai ordonnées pendant que je récupère les coordonnées de Tim afin depouvoir le joindreà toutmoment.L’ambianceentrenousestabsolumentprofessionnelle,misàpart lespetites allusions que nous avons eues l’un pour l’autre tout à l’heure durant la réunion, personne nepourraitsedouterquenousavonssauvagementbaisédanslasalledesportcettenuit.AuretourdeBonie,ilssemettentenroutetouslesdeuxpourl’hôteldesdeuxfrèresAbdi.Louisaréussiàm’enapprendreunpeuplussureux.Jesaisqu’ilsserontaugymnasecommetousles
matins,nousallonslesprendredecourtavecunepropositionqu’ilsnepourrontqu’accepter.Ilfautqueje
soisplusrapidequeWalker.J’ailacertitudequ’ilvaleursauterdessusdèsquepossible.Seulement,j’aiunelongueurd’avancesurlui.Hiersoir,j’aisurprisunedesesconversationsdanslaquelleilexpliquaitqu’ilseraitàlabanquepourunrendez-vouscematin.Jeseraidonclapremièreàétonnerlesémirsavecmescontrats.Enattendantleretourdemesassistants,j’envoieunmailàMaria.Elleditsetrouverdanslejetsurle
chemin.Jemeréjouisqu’ellesoitlàcesoir.Jeluifaisuncompterendudesdernièresvingt-quatreheuresetluidonnerendez-vouschezmoià20heures.Lasonneriedemonportablemefaitsursauteraumomentoùj’envoielemail.–Allô?–MademoiselleJohns,c’estTim.Sa voix au téléphone est encore plus grave, l’entendre prononcermon nom de façon aussi formelle
m’enflamme.–Oui.Quesepasse-t-il?–Nousnoussommesrendusàlasalledesportcommevouslesouhaitiez,maisilsn’étaientpaslà.
Enréalité,ilssetrouventaurestaurantdel’hôtelavecmonsieurWalker.–QUOI?hurlé-jedanslecombiné.COMMENTEST-CEPOSSIBLE?–Jel’ignore,mademoiselle.Dois-jedéposerlespapierscommeprévu?–Putain ! Il devait être à labanque, cet enfoiré !Comment a-t-il réussi àmedoubler ?Donnez les
contrats,toutdesuite.VoussuivezleplanàlalettresanstenircomptedeYan,jemechargedelui.JeraccrocheetenvoieunSMSàLouisenluidemandantdevérifiercequ’ils’estproduitàlabanque
cematinpourqueYanannulesonrendez-vous.Moninstinctmeditqu’ilyaquelquechosequinetournepas rond. Je cherche ensuite sonnumérodansmon répertoire et l’appelle.Aprèsune seule tonalité, ildécroche.–Rebecca!J’étaissûrquetuallaismecontacter.Veuillezm’excuseruninstant,messieurs.Jel’entendsmarcher,certainementpours’éloignerdesdeuxfrères.–Qu’est-cequetufousàleurhôtel?–Jeviensfairecequesontvenusfairetesdeuxchienssaufquej’aieulaprésenced’espritdeme
déplacerenpersonne.–Situn’asriend’autreàfoutre,c’esttonproblème,jepensequec’estplutôtunbonpointpourmoide
nepasavoirletempspourboirelecafé.Qu’est-cequetutrafiquesexactement?–Dequoiparles-tu?demande-t-il,amusé.–Nemeprendspaspouruneconne,jevaisdécouvrircequ’ilsecachederrièretasuffisanceetjevais
leurfairesignercescontrats.Jeraccrochesansluilaisserleloisirderépondre.Toutcequejesouhaitais,c’estl’éloignerunpeu,le
tempsqueTimdéposelespapiersetlesinformedemanouvelleoffre.Ilneresteplusqu’àespérerquemonaudacepaieetqueWalkernemejouepasd’autrestours.En revenant, Tim m’apprend que le plan a plutôt bien fonctionné. Les deux frères ont apprécié la
corbeilledefruitsetlesgâteauxorientaux.Ilsontpromisdeprendreencomptemonoffreavecleplusgrandsérieux.Yanafanfaronnécommeàsonhabitude,maisn’ayantpasdecontrataveclui,iln’apuqueleurpromettredefaireaussibienquemoi.Ilnemeresteplusqu’àattendre16heures,heureàlaquellemonoffreprendfin.Jejouegrossurcecoup,maiscommemel’adémontréàmaintesreprisesMaria,ilfautparfoisforcerledestin.TimetBonieprennentcongéaumomentoùLouisseprésenteàmaporte.Ilestassezraredelevoirici,
cequimelaissecroirequelaraisondesaprésenceestimportante.–Louis,entrez,jevousprie.Je laisse passer Louis en regardant Tim et Bonie s’éloigner.Mes yeux s’égarent un instant sur ses
magnifiquesfessesmouléesdanssonpantalondecostumeavantderemontervers...deuxperlesbleuesquimefixent.Merde!Priseenflagrantdélit.Sonsourirededieugrecscotchésurlevisage,ilsuitBoniedansleurbureauetfermelaporte.J’essaie
defairelevideavantdem’asseoiràmonbureauetd’inviterLouisàprendreplaceenfacedemoi.–Quevousarrive-t-il?Vousavezl’airsoucieux.–J’ailesinformationsquevousavezdemandéespourlabanque.IlsembleraitquemonsieurWalkerse
soitbienprésentéàsonrendez-vous,maisunappell’afaitécourterl’entrevueavantqu’ilseruedehorsàtoutevitesse.–Unappeldites-vous?–Exactement,dit-ilsansosercontinuer.–Parlez,Louis!Quandilestcommeça,j’aienviedel’étrangler.Cebesoindememénagersansarrêtmefatigueauplus
hautpoint!–Moncontacta réussiàsavoird’oùaétépassé l’appeletsansnuldoutec’estd’unmobileprésent
dansl’immeuble.Lalignedutéléphoneesttropprotégéepourqu’ilpuissedécouvrirl’identitédeceluiàquiappartientl’appareil,maisilestformelsurl’emplacement.–Merde !Quelqu’unduChrysleraprévenuWalkeraumomentoùmesassistants sedirigeaientvers
l’hôteldesdeuxémirs,commentest-cepossible?–Pouvez-vousfaireconfianceàcesdeuxassistants,mademoiselle?–Bonietravaillepourmoidepuistroisannées,c’estuneassistanteparfaiteettrèsdévouée.Monsieur
Delucas,commevouslesavez,estlefilsd’unedemesclientes,jeleneconnaispastrèsbien,maisilestrestéavecmoijusqu’àcequ’ilparte.Iln’apaspupassercetappel.Ildoityavoirquelqu’und’autre.–Vousêtespeut-êtresurécoute,jevaisdevoirfouillervotrebureau,mademoiselleJohns.–Louis,vousvérifieztoutchaquemoisdepuisl’affairedeNathan,pensez-vousquecelasoitutile?–Quiconnaissaitvosprojets?–Àpartmesassistants,personne.–Celanepeutpasêtreunecoïncidence.Merde,Walkeramismonbureausurécoute!–Vousavezcertainementraison,prenezlesmesuresquevousjugereznécessaires.JeregardeLouisfouillerméticuleusementtoutmonbureausansrientrouver.Jesuisunpeusoulagée,
maisjenecomprendstoujourspasquiapujoindreYanetl’avertirdemesplans.– Je vais continuer mes recherches et essayer de découvrir à qui appartient le mobile qui a émis
l’appel.Celarisquedeprendredutemps,maisilyaunechancequejeréussisse.Jevaiségalementfaireuneenquêteapprofondiesurvosassistants.–NON!Nousnepouvonspasagirdelasortesurdesimplesprésomptions,c’estcontraireàlaloi,je
neveuxpasenarriverlàavecmonprochepersonnel.Jeleurparlerais’illefaut,maisjevousassurequecelanepeutpasvenird’eux.–Mademoiselle Johns, vousm’avez engagépourprendre soindevous et veiller à cequ’il nevous
arriverien,laissez-moifairemontravail.–Iln’yapasdedanger,Louis,ils’agitd’unconcurrentintrusif,riendeplus.Cesfaçonsdefairesont
légèrement douteuses, je vous l’accorde, mais je ne risque rien à part perdre ces contrats. FaitesSEULEMENTcequevousjugerezabsolumentutile,d’accord?–Trèsbien,jevouscontactedèsquej’ensaisdavantage.Àplustard.Àl’heuredudéjeuner,jedescendsm’acheterunesaladeaurestaurantd’enface.Enentrant,j’aperçois
TimetBonieenpleinediscussionautourd’unrepas.Jeresteà l’écartafinqu’ilsnemevoientpas lesobserver.Luitrituresanourritureetconsultesontéléphonetandisqu’ellenelequittepasdesyeuxetbatdescils.Commes’ilm’avaitsentie,Timregardetoutàcoupdansmadirection,jemecachederrièreunpilonne juste à temps. Je récupère ma salade et sors à toute vitesse pour ne pas être repérée. Jen’appréciepasbeaucouplesfraternisationsauseindemonentreprise;chaquefois,celafiniteneaudeboudin. Les couples se disputent, ils ne peuvent plus travailler ensemble et il faut tout réorganiser.Cependant,cen’estpasvraimentcequim’agace,ici.Jen’aimesimplementpasl’imagineravecelleouavecn’importequelleautrefemme,d’ailleurs.Cette façon de penser est assez égoïste quand je prends en compte le fait que je vois déjà deux
hommes...JereçoisunSMSaumomentoùj’entredansl’ascenseurduChrysler.
Lamaindanslesac!Deuxfoisaujourd’hui,mademoiselleJohns...J’éclatederiredanslacabineetlestroishommesdevantmoiseretournent.Jelèvemontéléphonepour
leursignifierquejenerispasseuleetsorstrèsviteunefoisarrivéeàmonétage.Moiquipensaisavoirétédiscrète, j’ai faux sur toute la ligne. Jegardemon sourire tout le restede l’après-midi.Cegarçonétrangeme rend joyeuse avec seulement dix petitsmots alors que je suis espionnée parmon premierconcurrentetquejeneconnaistoujourspaslesraisonsquil’ontpousséàvenirmevoirenvacances.Jesais qu’il faut que jeme confronte à lui et que j’obtienne des réponses, mais, une fois de plus, moninstinctmeditquecen’estpaslemoment.Unpeuavant16heures, j’envoieunSMSàMaria.Ellem’écrit instantanémentetm’expliquequ’elle
vient justed’atterrir et qu’elle est en routepour leChrysler. Je lui assurequ’il n’est pasutilequ’ellepasseparicimaintenant,maiselleinsistepourvenir.À16heurespile,montéléphonesonne.Lesmainstremblantes,jedécroche.–MademoiselleJohns?–MonsieurAbdi,jesuisheureusedevousentendre.–Moiaussi.Pouvons-nousdînerensemblecesoir?–Certainement!Dois-jecomprendrequevousacceptezmoncontrat?–Ehbien,disonsquej’essaiedegagnerunpeudetempsenvotrecompagnie,puis-jevousfairepart
dequelquesdoléancescesoirdurantledîneravantdevousassurerdemonengagement?Jesourisetexplosedejoieintérieurement,j’airéussi!–Pourvous,jefaisuneffort,jeréservepourtroisauPerSe?–Pourdeux,monfrèreadesobligationscesoir.Oùdois-jevenirvouschercher?–Jevousrejoinssurplaceà20heures.–Parfait,ilmetarded’yêtre.–Àcesoir,monsieurAbdi.
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JesuistoujourssurunnuagelorsqueMariadébouletelleunetornadedansmonbureau.Ilnemefautpasmoinsd’uneheureentièrepourtoutluiexpliquer.Tout,saufTim,jenesaispasparoùcommencerencequileconcerne.Jefinisparmelancerquandontapeàlaporte.–Entrez!crieMariaducanapé.Boniepasselatêteparlaporte.–Bonjour,mademoiselleRamirez,avez-vousfaitbonvoyage?–J’aivupire,merci.–Nousavonsterminélesrapportsquevousaviezdemandés,Timfinitlesphotocopiesettoutseraprêt.
Avez-vousbesoindequelquechose?–Nonmerci,vouspouvezyaller,jerépondsviteavantqueMariaposedesquestions.Bonnesoirée,à
demain.–MaisquiestTim?Ehmerde...–Monnouvelassistant.TimDay,aliasHenryDelucasjunior.–Ouhlala...qu’est-cequej’airatéd’autre?Est-ilcanon?Jeme tourne vers Bonie aumoment oùMaria demande cela et son visage s’éclaire, comme si des
pharesdevoitureétaientbraquéssurelle.–Maria...–Jeveuxlerencontrer!s’obstine-t-elle.–Tupourraslevoirdemain,lajournéeaétélongue.–TIM!TIM!MonsieurDAYYYY,semet-elleàcrierverslaportecommeunedemeurée.Tim déboule immédiatement dans le bureau et nous laisse toutes les trois sur le carreau. Toutes
entièrementsoussoncharme.Ilnousobservetouràtouretreplaceunemèchedecheveuxaumomentoùnosregardssecroisent.Jerestesansvoix,j’aienviedeluisauterdessusetdel’embrasserpartout.Mariaexplosederire.J’essaiedecontenirunfourire,maisjen’yparvienspas.Évidemment,ellel’areconnuàladescriptionquejeluienaifaite.–Maria,voiciTimDay.– Monsieur Day, voici Maria Ramirez, mon bras droit, et accessoirement meilleure amie un peu
dérangée.Vousvousyferez.
Ils’approched’elleetluitendlamain.C’estenrianttoujoursqu’ellelasaisit.–Nefaitespastropdefamiliarités,vousêtespresquedelafamille,d’aprèscequejesais!dit-elle
avantderepartirdeplusbelle.JelafusilleduregardtandisqueBoniesembleneriencomprendredecequiseproduitsoussesyeux.
Timseretourneversmoietmesourittimidement.Putain,arrêteçatoutdesuite,pitié...–Euh...vousferiezmieuxd’yaller tous lesdeux.Mercipour l’efficacitédontvousavezfaitpreuve
aujourd’hui.JedîneavecmonsieurAbdicesoir,nousavonsfaitdubontravail.Bonnesoirée.–Puis-jeutiliserlasalledesport?demandeTimsurlepasdelaporte.–Bonienevousl’apasdit?Biensûr!Elleestàladispositiondetoutlemonde.AllezvoirBobet
dites-luidevousdonneruncadenaspourvotrecasierdanslesvestiaires.–Mercimademoiselle,bonnesoirée.–Àdemain,Tim.Je referme la porte derrière lui et me tourne versMaria qui me lance son regard « c’est quoi ce
bordel?».–Oui,c’estLUI,dis-jeavantqu’ellemeledemande.–Attendsuneminute,nemedispasqu’ils’agitdubeaugossequit’atournélatêteauxBahamas?Jene
comprendspaslà,explique-toiJohns.Qu’est-cequ’ilfoutici?–Jen’ycomprendspasgrand-chosenonplus.Jeluiracontetoutdepuislabaisetorridedemardimatinjusqu’àmaintenant.Toutel’histoiremeprend
uneheuredeplusàraconter.Mariaresteétrangementsilencieuse,ellem’écouteetpourunefois,ellen’arienàdire.Leseulchangementquis’opèresurelleestsapositionsurlecanapé.Parfoiscouchéeouenavant,penchéesursesgenoux.Unefoismonlongrécitterminé,ellesemetàriredenouveau.–C’estbon,tagueule,Ramirez!luidis-jeenlançantmonbloc-notessurelle.–Hey,ducalme!Cen’estpasmoiquitelajoueespionfaçon007!Putain,j’auraispayécherpourvoir
tatronchehiermatinquandBonieadébarquédanslasalledereposetquetuascomprisqu’ils’agissaitdetonnouvelassistant.–Cen’estpasmarrant, jen’aipasdeplacepour cethommedansmavie et jene sais toujourspas
pourquoi il estvenuauxBahamas,pourquoi ilme surnommait son« fruitdéfendu»etpourquoi ilmedemanded’êtresiouverted’esprit!–As-tuditàLouisdefairedesrecherchessurlui?–Biensûr!Ilestfilsunique,seulhéritierdel’immensefortunedesonpère,ilaétudiéàColumbia...
Riend’extraordinaire.C’estunjeunehommeclassique,enfinsionmetdecôtésonallureetsesyeux...–Putain,t’esaccroàlui!
– Noooon ! C’est impossible entre nous, il est le fils d’une de mes plus importantes clientes etmaintenantmonassistant.Non,vraiment,jedoismieuxagirqu’hier.– Il faut surtout que tu lui demandes ce qu’il foutait auxBahamas ! Es-tu sûre de pouvoir lui faire
confiance?–Tumeconnais,Maria,jenefaispasconfianceàgrandmonde,encoremoinsauxhommes;maisilest
différent,lorsquejeregardedanssesyeux...Jemecoupedevantl’aird’ahuriequ’ellemelance.–Mouais...Promets-moideluiparleravantdeluiconfiertouslessecretsdel’entreprise,s’ilteplaît.–JevaislefaireavantdepartiràTokyo,promis.Jenepeuxpasm’enalleravecluisijenesaisce
qu’ilfaisaitavecmoienvacances.–Ilpartavectoi?!–JenevaispaslelaisserseuliciavecBonie!Merde,j’aiparlétropvite...–Tut’exprimescommeunepetiteamiejalouseetpossessiveBecky...–Arrêteunpeu,jevoulaisdirequ’ilapprendramieuxenétantsurleterrainavecmoi.–Oui...As-tudemandéàBobs’ilavaitbienréservédessuitesaveclitkingsize?Enfait,unechambre
suffiraamplement!Nepeut-onpaslouerquelelit?Vul’électricitéentrevous,c’estidiotdegaspilleruneréservationalorsqu’unmatelassuffiraitamplement...–Bon,çayest,as-tufini?Puis-jeallermepréparerpourmondîneravecBilalAbdietsignernotre
plusgroscontrat?Jesorsmonsacetattrapemonmanteau.–Oui,vas-yetnechiepastout!–Promis,dis-jeensortantdemonbureau.J’arrive devant le Per Se un peu avant 20 heures. Je croise mon reflet dans les vitres des portes
d’entrée et je suis impressionnéepar la coiffure quem’a faitePolo. Il a réussi àme faire un chignonromantiqueenmoinsdetempsqu’ilmefautpourprendreunedouche,cethommeestvraimentungénie.Bilal est déjà là, il se lève, baisemamain et tientma chaise pour que jem’asseye. Je déposema
pochettesurlatableetplacemescoudesdepartetd’autredemonassiette.Jesuisunpeunerveuse,jejouetrèsgroscesoir,j’espèrequetoutsepasseraaumieux.–Vousêtesravissante,mademoiselleJohns.–Mercibeaucoup.Jevousenprie,appelez-moiRebecca.–Uniquementsivousm’appelezBilal.–EntenduBilal.Alors,dites-moi,qu’est-cequinevousconvientpasdansmoncontrat?–Vousallezdroitaubut,j’aimebeaucoupcela.Lesfemmesdansmonpayssonttoujourstrèssoumises
alorsquejelespréfèreautoritaires.
Ilmefaitquoi,là?–Jesuisraviedesavoirquedetravailleravecmoinevousrebutepas.Danscemilieu,leshommesont
parfoistendanceàhésiteravantdemefaireconfiance.Unefoisquec’estfait,ilnemequitteplus.–Ilfaudraitêtrefoupourvousquitter,dit-ilens’avançantunpeusurlatableversmoi.Merde,merde,merde!–Qu’est-cequivousempêchedesigner,unproblèmeavecmonoffre?J’essaiedenoyerlepoisson,j’ail’impressionquejenesuispasicipourparlerdececontrat.Ilneme
manquaitplusquecela...–L’obstination...celaaurapayé!–Jenecomprendspas...Jesuisperdue,jeleregardesepencherettirerdespapiersd’unattaché-casequejen’avaismêmepas
vu.Ilmetendmesdeuxcontrats.–Jecomptais fairedurerunpeuplus lesuspense,maisvousn’êtespasdugenreàattendre. Ilssont
signésRebecca,depuiscematin,cen’étaitqu’unerusepourpasserlasoiréeavecvous.–Jesuisraviequenostermesvousconviennentetjepeuxvousassurerquenotrecollaborationvous
donnera entière satisfaction. Vous pouvez vous en remettre à moi pour toutes les questions que vouspourriezavoir,vousouvotre frère, jem’occupepersonnellementdemesplus importantsclients.Et sinoustrinquionsàprésent?Jefaissigneàunserveur.–Merveilleuseidée!La soirée se déroule finalement très bien, je suis sur un petit nuage. Bilal continue gentiment àme
draguer,maissansoutrepasserleslimitesacceptables.Ilsetrouveêtretrèsplaisantin,lapremièreimpressionquej’aieuedeluiaugaladecharitén’étaitpas
du tout la bonne. Il n’est pas l’émirmacho et dominateur que j’attendais. Il fait preuve de beaucoupd’autodérisionetsafamilleestcequ’ilyadeplusimportantdanssavie.C’estunechosequejetrouveremarquable,étantseuledepuistrèslongtemps,jenesaismêmepasàquoipeuventressemblerdesdînersdefamille.Jel’écoutemeparlerdesesfemmesetdesesenfantsquinequittentjamaisleurmaison.Desamère qui vit avec eux depuis que sonmari estmort et de ses sœurs qu’il a mariées avec de gentilshommes.Ledécalagedeculturemefaitvoyageretrêver.Jesaisquejeneseraispasàmaplacedanscemonde,maisjenepensepasquetoutescespersonnessoientmalheureuses,aucontraire.Toussemblentépanouisdansleurvie,rienàvoiraveccequel’onpeutimaginer.Bilalmeproposedevenirdansunedesesmaisonsd’amispourlesvacances.Jeluifaiscomprendre
quejenemélangejamaisleplaisiretletravail,ilmerépondqu’ilyatoujoursdesexceptionset,àpartirdecemoment-là,Timfaitirruptiondansmatêteetnequitteplusmonesprit.Jenepenseplusqu’àlui,à
toutcequenousavonsvécuetàcequepourraitêtremaviesij’agissaiscommetoutlemonde.Touteslesquestionsquejen’osepasluiposertournentenronddansmespensées.Ilestpresque1heurelorsquej’appelleLouispourvenirmerécupéreraurestaurant.Bilalm’embrasse
surlesdeuxjouesetmequitteenpromettantdem’inviterdenouveaudanstrèspeudetemps.Unefoisdanslavoiture,j’envoieunmessageàMariaenmettantTimetBonieencopie.Contratssignés!Dînerdemainsoirpourfêterça.Jenem’attendspasàavoirderéponseavantlelendemainmatin,pourtantmontéléphonevibredansma
pochetteavantquejen’aiefiniderefermerlezip.J’ouvreleSMSsansvoirl’expéditeuretéclatederire.Entête-à-tête?Jem’empressederépondreàTim.Un peu de sérieux,monsieur Day. Il s’agit d’un dîner de travail. Maria et Bonie serontprésentes.Pourquoinedors-tupas?–Louis,passezparlebureau,jedoismettrecescontratsdanslecoffreavantderentrer.–Toutdesuite.NousarrivonsauChryslerenmoinsdetroisminutes.Àcetteheure-ci,mêmesiNewYorkesttoujours
éveillée,letraficestnettementplusfluide.Deplus,Louisconnaîtlesrecoinsdelavillecommelefonddesapoche.Mêmeauxheuresdepointe,ilestrarementprisdanslesbouchons.J’ouvreunnouveauSMSavantdesortirdelavoiture.Jedorstrèspeu,beauté,encoremoinsquandjepenseàtoi.Jesourisetdescendssur le trottoirgelé.Cesurnomunpeukitschmeplaîtquand ilvientde lui.La
douceurnefaitpourtantpaspartiedeschoixquejefais.J’aimetoutcequipique,commelavraieglaceàlamentheavecdescopeauxdechocolatnoirparexemple.Leproblèmec’estquejesuiscertainequecethommepourraitmefaireapprécierunbanal,légeretrafraîchissantsorbetàlafraise.JesalueMartinetgagnemonbureau.Jeplacemescontratsensécuritéetressors.Montéléphonevibre
ànouveaudansmonsac.
Rejoins-moiau26e.Timestlà,unétageau-dessusdemoi.J’ignorecommentilsaitquejesuisici,maisjemeursd’enviede
levoir.Jedésireplusquetoutmeretrouverprèsdelui,maisjesaisqu’ilnefautpasquej’agissedelasorte.Jenepeuxpasmecomportercommecela, rienn’estclairentrenouset il travaillepourmoi.Jedécidedepartirplutôtquedemonterlevoir.Jenepeuxpas,jenesuispassûred’êtreraisonnable.
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J’appuiesurleboutondel’ascenseurquiindiqueladescenteetj’attends.Ilnefautpaslongtempsau«ping»delaportepourretentir.JeressenslaprésencedeTimavantdelevoir.Jerelèvelatêteetjeletrouvedevantmoi,essouffléettranspirant.D’instinct,jereculetandisqu’ilavanceversmoi.L’ascenseurserefermeettoutesmesbonnesrésolutionspartentaveclui.–Comptais-tupartirsansmedireaurevoir?demande-t-ild’unevoixchaudeettentatrice.–Quefais-tuici?Ilseregardeetécartelesbras:–Jepensaiscelaévident.–Tusais trèsbienceque jeveuxdire, ildoit sûrementyavoirunesallede sportprèsdechez toi,
pourquoivenirici?Nous avons reculé jusque devantmon bureau. Je suis dos à la porte, il est à quelques dizaines de
centimètresfaceàmoi.–J’avaisl’espoirdetombersurtoi.–Etpuiscommentas-tusuquej’étaispasséeauChrysler?–J’aipenséquetunegarderaispasdescontratsaussiimportantssurtoi.D’ailleurs,félicitations,tuas
faitdubeauboulot.–Vousm’avezbienaidée,toietBonie,dis-jeavantd’ajouter:Tim,ilnefautplusqu’onagissecomme
cela.Ilserapprochedemoietposeunemainsurlaportejusteàcôtédematête.Jepeuxsentirsonsouffle
mentholésurmonvisageetsonodeurd’aprèsl’effortmêléeàcelledesonparfum.Lacombinaisonestpresquefatalepourmoi,jesuisentraindeperdrepied.–Commecela?répète-t-iltoutbasprèsdemonoreille.Lachaleurdesontorsem’irradie.Ilestpenchéau-dessusdemoi,j’essaiedenepascroisersonregard,
maisducoup,mesyeuxs’attardentsursamagnifiquebouche.Dansundernierespoirdemedéfairedesonemprise,jemeretourneetouvrelaporte.J’avanceviteetmeplaceprèsdesbaiesvitrées.Jeregardeenbaslavillecontinuerdevivre,toutesleslumièresetlessonsquimeparviennentmerassurent.Jesuischezmoiici,jemesensbien.–NewYorkestd’unesplendeurinégalée.Aucuneautrevilleaumondeneluiarriveàlacheville.– Tu as raison, si l’on ne parle que d’urbanisme parce que je suis beaucoup plus subjugué par la
perfectiondelafemmequiessaiedemefuirqueparNewYorkenbas.Jemeretourneet le regarde, ilest toujoursprèsde laported’entrée,commes’ilme laissaitunpeu
d’espace,volontairement.Jefaisquelquespasversluietm’arrêtedevantmonbureau.–Jenetefuispas.J’essaiejusted’agirdelabonnemanière.Tutravaillespourmoimaintenant,nousne
pouvons plus avoir ce genre de relation. Je l’observe, il ne bronche pas. Est-ce pour cela que tumesurnommaiston«fruitdéfendu»lorsquenousétionsauxBahamas?Ilavanceàsontourverslesfenêtresetregardelavilleauloin.Ilsemblesoudainementdéchiré.– En partie oui, commence-t-il avant de se retourner vers moi. Quand j’ai su quemamère t’avait
demandédemeprendrecommeassistant,j’étaisfurieuxcontreelle.Biensûr,jevoulaisapprendreauprèsdelapremièrefemmequiavaitconstruituntelempire,maisjenesouhaitaispasquel’onteforcelamain.J’aiensuiteconsidérémachanceetpardonnéàmamère,elleaagidelasorteuniquementparcequ’elleestimequetuescequ’ilyademieuxetunemèreveuttoujourslemeilleurpoursesenfants.J’aicherchédesinformationssurtoi,maisjen’airientrouvédetrèspersonnel.Jesouhaitaissavoiràquoim’attendre,j’avaisenviedetevoiravantd’êtreici.–Tum’asdoncsuiviejusqu’auxBahamas?–Non,pasexactement.J’étaisenstageàBostonjusqu’àdébutdécembre.Jesuisd’abordrevenuvivre
ici.J’aiemménagédansl’undesloftsachetésparmonpère.Jet’aicroiséequelquesfoisetj’enaiainsiapprisunpeuplus.Celanesuffisaitpas,alors,quandmamèrem’aditquetupartaisenvacancesdébutjanvier,j’aifouilléetj’aitrouvéoùtuallais.J’aiprétendupartiravecdescopainsàAspenfaireduskietjet’aisuivie.–Pourquoies-tuvenuàmarencontreauboutdehuitjoursseulement?–Jenedevaisjamaist’aborder,jevoulaissimplementfairepartiedudécor,maisplusjetevoyaiset
moinsj’arrivaisàrésister.Cefameuxlundisoir,lorsquejet’aivueendormiesurlaplage,jen’aipluspucombattre. Je me suis assis près de toi et je t’ai regardée. Je n’ai jamais vu de femme comme toiauparavant.Quandtut’esréveilléeetquetonregardm’atranspercé,j’aisuqueplusrienneseraitpareil.J’aisuquejenepourraisplusm’empêcherd’êtreprèsdetoi,quejenevivraisplusquepourêtredanstesbras...Il se coupe et se tourne de nouveau vers la ville. L’entendre décrire ce qu’il a vécume donne des
frissons.Toutcequ’ildit,jel’airessentiaussi,jemesenstoutautantqueluiimpuissantefaceàcequej’éprouve.Ils’estimposéettoutcequejetentepourl’éloignerdemoisemblelerapprocherdavantage.Je le rejoins etmecolle à sondos.Cettepositionme rappelle lorsquenous étions sur lepontde sonvoiliersamedisoirdernier.J’écoutesoncœurbattreàtoutrompreetsarespirationanarchique.–Jen’avaispas ledroitdecontinuer toutceci, je lesais,maisquandj’aiapprispour l’amiedema
mère et que j’ai su que je devais partir pour revenir ici, j’ai eu l’impression de t’abandonner. Je
ressentaisunvideaufonddemoi,unepeineintense.J’auraisdûte laisserunenoteent’expliquantquij’étaisréellement,maisj’avaispeurquetumerejettes.Jeconnaissaisdéjàtonaversionpourlesrelationsentrecollaborateurs,jenepouvaispasmecontenterdetonregard.Aulieudeça,jet’ailaissétoutescesnotes.J’aiappeléStantouslesjourspouravoirdetesnouvelleset,devanttonentêtementàensavoirplussurmoi,jemesuisprisaujeu.J’aicomptélesminutesquim’ontséparédetoi,Rebecca.Ilsetourneversmoietrivesonregardaumien.Monpoulss’accélèreenvoyanttoutelapeinedecet
homme.J’aienviedecroirequ’ilestsincère.Finalement,jeluisuisreconnaissantedem’avoirfaitrêvercommeill’afait.S’ilavaitagidelamanièrelapluscorrecteetqu’ilm’avaittoutraconté,jen’auraispasacceptédelerevoiretjen’auraispasvécusesmerveilleuxinstants.Cependant,unelueurassombritsonregard,jesaisquetoutcequ’ilvientdemedireestvrai,maisjesaisaussiqu’ilmedissimuleunepartiedelavérité.–Jenet’enveuxpasTim,dis-jeenposantunemainsursajoue.Jedevraismêmeteremercier,tum’as
faitvivrelasemainelaplusétrangedemavie.Malgrélaviequejemène,jenemesuisjamaissentieplusvivantequ’auprèsdetoi...–Mais?continue-t-ilpourmoi.–Maisnoussommesdanslavraievieàprésent,tuesmonassistantetj’aidéjàdeux...–Petitsamis?tente-t-illeregardtriste…Lorsquej’essayaisd’ensavoirplussurtoilemoisdernier,
j’aidemandéàCharlesdetesuivre.Jevoulaispouvoirtesurprendrequandtumedemanderaisd’allertechercheràmangerenallantlàoùtuavaisl’habituded’aller.–Ilnes’agitpasdepetitsamis,non.Cesontdeuxhommesquitravaillenttropcommemoietquin’ont
pasletempsd’avoirunerelationclassique.Nousavonsunaccord...celapeutparaîtresordide,maisc’estainsi.–Çanel’estpas.Rebecca,jenetejugepas,jesaiscequec’est.L’entendremedireàdemi-motqu’ilpossèdeluiaussiunouplusieursplanssexemeglace.L’imaginer
avecd’autresfemmesm’estinsupportable.–Jen’aijamaiseuconfianceenlagentmasculineet,àcemomentprécisdemavie,jenemesenspas
prête pour les complications sentimentales. Enfin, j’aurais pu dire cela avant de te rencontrer,mais àprésent, je ne suis plus sûre de rien.Tu arrives commeun cheveu sur la soupe et tu bouleversesmonquotidien.Toutceenquoijecroyaisvoleenéclat,jenesaispluscommentagir.Jemeretourneetm’éloigne.Jem’apprêteàsortirlorsqu’ilmerattrapeetmeretiensparlebras.–Rebecca,jet’enprie,net’enfuispas.–TunemedispastoutTim,quecaches-tuencore?Ilbaisselatêteetressemblesoudainàunpetitanimalblessé.Moncœursefenddelevoirainsi,jeme
jettesurluietm’emparedesabouche.Ilmerendmonbaiseretm’embrassecommes’ilavaitbesoinde
celapourrespirercorrectement.Ilmepressecontreluietm’enlacedesesgrandsbrasfort,toutcontreluij’ail’impressiond’êtreminuscule.Salanguemasselamienneavecinsistanceetsongoûtquin’appartientqu’àluienvahitmabouche.Sesmusclessontencoregonflésparl’effort,jesenstouteslesveinesdesesbrassousmesmains.Jenepeuxm’empêcherdeletoucher,delecaresser,avecluiilm’enfauttoujoursplus. Je soulève son tricot et le lui passe par-dessus la tête. Ses cheveux sont comme je les préfère,légèrementenbataille.Ilmeregardeprofondémentcommes’ilsouhaitaitlireleslignesdesmursdemonâme. Jeme sensmise à nue, je ne peux rien dissimuler aux yeux de cet hommequand ilme lance ceregarddecristal. Jem’éloigneunpeuetôtemonmanteau. Ilm’observesansdireunmot. Jedéfais lafermetureÉclair dema robe et la laisse tomber àmespieds.En sous-vêtementdevant lui, jeme sensmieuxquen’importeoù.Ici,jesuisàmaplace.Jen’aipashonte,jen’aipaspeurd’êtrejugée,cethommemefaitmesentirbelle.Jedégrafemonsoutien-gorgeetl’envoierejoindremarobe.Monstringsuit,melaissantenbasdesoieetescarpinsJimmyChoo,faceauregardentransedeTim.–Garde-less’ilteplaît,medemande-t-ilaumomentoùj’allaisôtermeschaussures.Jeluisourisetmerapprochedelui.Jeluienlèvesonshortetsonboxer.Jem’extasieunefoisdeplus
surlatailleetladuretédesonsexe.Enlevoyantpointéenavant,jenepeuxrésisteràl’enviedelesentirdansmabouche.Jem’agenouilledevantluietattrapesonpénisàsabase.Jeleregardeunedernièrefoisavantdeléchersonglandtoutlisse.Sapeausatinéesidouceestunevéritablefriandise.Jeleprendsdansmaboucheenfaisantbienattentiondegainertoutesmesdentsetj’entamelesva-et-
vient.Iltombeenarrièreettermineassissurlebureau.Jesourisetmerapprochedeluienmarchantàquatrepattestelleunepanthère.Iléclatederire,unrirequimetransportecommejen’auraisjamaiscrucelapossible,quelquechosesedéploieviolemmentdansmesentrailles.Denouveauprèsdelui,jereprendsoùj’enétaisensavourantchaquecentimètredesonsexeàmesure
quejel’enfonceenmoi.Ilmegratifiedeprofondsgémissementsdeplaisir,cequimedonneenviedelesatisfaireencoreplus.Jem’empalesurluijusqu’àlagarde.Ilcriemonprénom,sansretenueaucune,etlerépètesansarrêt,deplusenplusfortàmesurequesonplaisiraugmente.Jevoislesveinesgonflersursesmainstellementqu’ilsertfortlesbordsdubureau.Saqueueenflejusteavantqu’iléjaculeàjetspuissantsdanslefonddemaboucheenjurantàgorgedéployée.–PUTAIN!Beauté...Jesourissursonpénisavantdemeredresser.–Jeneteconnaissaispassiexpressif,dis-jeenmecollantàlui.Timneprendpas lapeinedeme répondre. Il se lève, envoiebalader toutcequi se trouve surmon
bureaud’ungestedelamain,m’attrapesouslesbrasetmeposeàsaplace.Justeavantd’entrerenmoi,ilhésiteetbeugle:–Merde!
–Quoi?–Jen’aipasdecapote...JeréfléchisviteetmerappellequeMariam’enavaitramenéunedumuséedusexeoùelleavaiteuun
rencarddouteux.–Jedoisenavoirune...fluorescente.C’estMariaquimel’adonnée...J’envoie la main en arrière, fourrage dans le premier tiroir et tends le préservatif à Tim. Il ouvre
l’emballageetlutteunpeupourl’enfiler.–Ilesttroppetit,dit-il.–Bordel...–Cen’estrien,çaira,jevaisvitetebaiseravantquemaqueuedeviennetoutebleue!Jeristandisqu’ilattrapemesjambesettiredessusjusqu’àcequemesfessessoientauborddubureau.
Lahauteurestparfaite.Ilsepencheunpeuenavantsurmoiet,enmêmetempsqu’ilpassesalanguesurmeslèvres,ilintroduitsonpénisenmoi.Songesteestassuré,nitroplentnitroprapide,ilmepénètredetoutsonlong.Salanguedescenddansmoncoupuissurmapoitrine.Jeplacemesmainsdanssacrinièreettiresurquelquesmèches,j’adoresescheveux.Leurnoirébène
alliéàlaclartédesonregard,luiconfèreunje-ne-sais-quoidemystérieuxetprovocateur.Tim tire surmes tétons avec ses dents, je ne pensais pas qu’une telle douleur pouvaitme procurer
autant de plaisir. Son sexe profondément inséré enmoim’écartèle un peu.Mon corps s’habitue à saprésence, chaque fois que je suis dans ses bras, que ce soit doux ou brutal, l’intensité est toujours lamême.Sesmouvementsdeviennentvifs,ilsortentièrementdemonsexeavantd’yrentrerdenouveaud’unseul
coupsansaucunménagement.J’aimecequ’ilmefait,j’aimequ’ilpuisseêtresianimaletenmêmetempssiattentionné.Latailledesonpénismefaitvivretellementdenouvellessensations,j’ail’impressiondemeredécouvrir.Ilappuiesurdeszonesdontjenesoupçonnaismêmepasl’existence.Ilseretireetmeretourne.Lespiedsàterre,lebustecouché,jeluioffreunevueimprenablesurmon
derrière.J’attrapelesdeuxbordsdubureauetmelaissealler.Ilmepénètredenouveauetmepilonnetrèsfort.Sescoupsdereinssontpuissants,sescuissesclaquentsurmesfessesàchaqueva-et-vient.Jesuisobligéedememordreleslèvrespournepashurler,pournepasluidemanderd’yallerencoreplusfortetdeme frapper.Comme s’ilm’avait comprise sans que je prononce lemoindremot, d’unemain, il semaintient à ma hanche, de l’autre il m’assène une violente fessée. Mon orgasme explose en moi aumomentoùsamainheurtemafesse.Moncorpscouvertd’unvoiledesueursetorddedésir,jecrielesdentsetlespoingsserrés.Timjouitàsontourens’affalantsurmondos,àboutdesouffle,tremblantdelatêteauxpieds.–Nesuis-jepasallétroploin?demande-t-ildyspnéique.
–Tais-toi,c’étaitdivin!Jerépondsenmetournantsouslui.Jeplacemesjambessurseshanchesetserrefortpournepasqu’ilserelève.Ilmeregardeardemment,
commesinousnevenionspasdebaiser,commes’iln’avaitpasjouidepuisdessemaines.Jeressenslamêmechoseaufonddemoi.Aulieud’êtrerassasiéedelui,j’enveuxencoreplus,commesimondésir,aulieudesecalmeraprèschacundesorgasmesqu’ilmedonne,augmentaitenintensité.Jeprofitedecetinstantdetendresseimprovisépourleregarder.J’examinechacunedescourbesdeson
visage.Bien sûr, sesyeuxplusclairsque leseauxcristallinesdesCaraïbes sontdevéritables joyaux.Lorsqu’illesposesurmoi,ilsbrillentplusfortquelepluspurdesdiamants.Sonnezdroitn’estnitropgros ni trop petit, un nez d’homme en toute simplicité. Sa bouche douce et charnue est la tentationincarnée.Quand il sourit, deux fossettes apparaissent au bas de ses joues et le rendent encore plusirrésistible.Samâchoirecarréeajouteunepointedemasculinitéàsonvisage.Jenepeuxm’empêcherdeletoucherenmêmetempsquejeleregarde.Au-delàdesabeautémanifeste,
loindanssesyeux,profondémentdanschaquesouriredontilmegratifiejevoisdelasincérité,maispasseulement.Jedécèledelapeurqu’ilessaiedemedissimilerenvain.Jesaisqu’ilcachequelquechose,mais je sens également que lorsqu’il se donne à moi, c’est corps et âme. Peut-être que je me voileseulementlafaceenimaginantdeschosesquin’existentpas,c’estlapremièrefoisquejebaisseautantmagarde, j’espèrequemon instinctneme trahirapas. Jemedemandes’ilestcapabledevoirenmoicommejevoisenluiquandilsemetàfaireuneétrangegrimace.–Jesuisnavréderomprecemoment,maissil’onveutpouvoirseservirencoredemonattirail,ilfaut
quej’enlèvecepréservatiftrèsvite!–Merde!Désolée, jen’ypensaisplus !dis-jeen le lâchantavantdem’asseoirsur leborddemon
bureau.–Puis-jeutilisertasalled’eau?J’acquiesceetluidésignelaporte.Jerécupèreensuitemessous-vêtementsetmarobealorsqueTimse
dirigeverslasalledebains.Jemeretrouveseule,cettesolitudeetcequenousvenonsdevivremebouleversent.Cethommemefait
perdretousmesrepèresettroublemonmondealorsquejenesaispasquoifairedecettehistoire.En pensant à l’avenir avec Tim, une peur panique s’empare de moi, je manque d’air, ma vision
s’obscurcit. J’attrape mon manteau et pars en courant vers l’ascenseur. Au moment où la cabine serefermesurmoi,jelèvelesyeuxetaperçoisTimentenued’Adamsurlepasdelaportedemonbureau.Sasurprise,maisplusfortementsadéception,meclouentsurplace,jemesensencoreplusmal.Jemeretrouveseuleetfinalementjemerendscomptequec’estdanssesbrasquej’airéellementenvie
demeréfugier.
Louismereconduitchezmoi,maisjenetrouvepaslesommeildetoutelanuit.À6heures,jemelèveetme prépare à aller courir. Les nombreux tours deCentral Park que je fais au pas de course nemepermettentpasdemesentirmieux.Aucontraire,envoyantdescouplescouriràdeux,jesombredanslamélancolie.Jenecomprendspascequ’ilm’arrive.Sansvraimentréfléchir,j’attrapemontéléphonedanslapochedemonsweatetécrisàTim.Jesuisdésoléed’êtrepartiecommejel’aifait.En arrivant devantmon immeuble, je suis déçue de ne pas avoir de réponse. Je rentre chezmoi et
prendsunelonguedouche.J’essaiedetrouverunmoyend’arrangerleschosesavecTimavantd’êtreaubureau, jen’aipasenviequ’ilyaitde tensionsentrenousàcausedema façond’agirde laveille. Jeretournetoutcequ’ils’estproduitenlongenlargeetentraverssansqu’uneseuleidéeexploitablemeparvienne.J’enarriveàlaconclusionqueriennesauraiteffacercequenousvivonsdepuislesBahamasalorsquec’estjustementcequiposeproblèmedansnotrerelationdetravail.Jem’enveuxdeluiavoirsauté dessus les deux derniers soirs. Je lui en veux aussi dem’avoirmenti,mais lorsque jeme posevraimentlaquestion,jenesuispascertained’avoirpuagirautrement,mêmeensachantlavéritésurlui.Finalement,ilm’aplutôtrendulatâchefacile,s’ilestaussisincèrequejel’espère,ilm’apréservéedegrosremords.S’ilm’avaittoutdesuiteditquiilétait,j’auraispassélasemaineàmefaireviolence,pourfinalementlerejoindrequandmêmesursonbateausamedi.Unefoishabillée,jeremplisunthermosdecaféchaudpréparéparJeannepourgagnerdutempsetme
metsenroute.LaréponsedeTimmeparvientalorsqueLouiss’engagedanslacirculation.Tun’asfaitquemerendrelamonnaiedemapièce,jenet’enveuxpas.Putain,j’aivraimentagicommeunesaleconne!Laraisonpourlaquelleilestparti l’autresoirn’arienàvoiraveccellequim’apousséeàm’enfuir
cettenuit.Jesupposequ’ils’enestalléparcequej’étaistropsaouleetqu’ilétaiteffrayéqueleschosestournentmalaprèsmafaçonpitoyabledel’attireràmoi.Alorsquesijesuispartie,c’estparcequej’aieupeur.Jenesaispasquoifairedecethommeetdecequejeressenspourlui.
6
J’arrivedevantleChryslerencolère.–BonnejournéeLouis,dis-jeenouvrantlaporte.–MademoiselleJohns,avez-vousuninstant?–Quiya-t-il,Louis?Je suis un peu agacée qu’il attende que nous soyons arrivés pour me parler alors qu’il a gardé le
silenceduranttoutletrajet.–J’aieuquelquesréponsesconcernantleproblèmed’espionnage...–Oui,alors?Qu’avez-voustrouvé?N’yallezpasparquatrechemins,jevousprie;aujourd’hui,je
n’aipasletempspourplusdemystères.–Jecomprends.J’aipuapprendrequedesappelsverslenumérodemonsieurWalkerontétéémisdu
25eétage.–Cen’estpaspossible,Louis.Vousfaitesforcémenterreur!–Non,mademoiselle,jesuisnavré.
–Écoutez,le25eétageestceluidemesbureaux,iln’yaquemoi,mesassistants,unesecrétaireetmonréceptionniste.Cesonttousdesgenstrèsprochesdemoiavecquijetravailledepuisdesannées.Ilestimpossible que l’un d’eux ait donné ces appels,m’entendez-vous ? IMPOSSIBLE !Maintenant, faitesvotreboulotcorrectementettrouvezd’oùilsviennentréellement.–Trèsbienmademoiselle,j’auraiségalementbesoind’examinerunefoisdeplusvotrebureau,j’aidû
passeràcôtédequelquechose.–Venezentremidietdeux,iln’yauraquemoi.Jen’aipasenviequemesemployéspensentquejen’ai
pasconfianceeneux.–MademoiselleJohns, jesaiscequec’estd’avoirunetaupedanssonéquipe,c’estblessant,surtout
lorsqu’il s’agit d’une personne en qui vous avez confiance. Mais je vous prie de croire que mesrecherchesontétéfaitescorrectement.Soyezprudentesivousavezdesdossiersimportantsàgérer,ilyaquelquechosequinetournepasrond.JesaisqueLouisfaittoujourssontravailàlaperfection,lasituationavecTimm’irriteetm’empêche
deréfléchircorrectement.–Quandlesderniersappelsont-ilsétépassés?–Durantvotreabsence,denombreuxcoupsdetéléphoneontétéémis,notammentlejouroùlecargoa
étéretardéenmer.–Bordel!C’estcommecelaqueWalkeraapprispourl’incident.–Assurément.Cettesemaine,deuxappelsontétépassés.Un,mardimatinetunautremercredi.Cedont
jesuissûrc’estquelesappelssortentd’unappareildu25eétage.Jen’aipasencorepudéterminerdequelposte,maisl’informationdevraitbientôtarriver.J’aibesoinquevousmelaissiezenquêtersurvotrepersonnel.Jemepencheenavantversluienmetenantauxdeuxrepose-têteavant.–Soyonspragmatiques,nouspouvonsdéjàéliminerMaria,elleétaitbienprésentelasemainedernière,
maisabsentemardietmercredimatin.MonsieurDayn’estlàquedepuismardimatin,ilnepeutdoncpasêtreàl’originedesappelsdelasemainepassée.Pourlesautres,faitescequevousjugereznécessaire,maissoyezdiscret.N’interrogezpersonne.S’ils’avèrequ’unnomressortdevosrecherches,jeprendrailerelais.–Trèsbienmademoiselle.–BonnejournéeLouis,àtoutàl’heure.Majournéeestassezchargée.Jem’abstiensderaconteràquiquecesoitlesdécouvertesdeLouispar
sécurité.Nesachantpasencorecomment,niquinousécoute,jenepeuxpasenparleràMariadansleslocaux.Detoutefaçon,mêmesijecroiscequemeditLouis,j’aidumalàm’yfaire.J’aibeauchercherquietpourquoi,jenetrouveriendesenséquiconduiraitl’undemesemployésàfournirdesinformationsàmonpremierconcurrentdanslebutdemenuire.Je passe la matinée seule à régler les détails de ma nouvelle collaboration avec les frères Abdi.
J’envoie également quelquesmails à Tokyo pour être sûre que les choses là-bas semettent en placecorrectement.Noussommesàunpeumoinsdedeuxsemainesdel’ouvertureetj’espèrequeWalkernevariententerpournousretarder.Notrepremierengagementestlerespectdesdélaisdelivraison.Sinousnesommes pas capables d’ouvrir notre succursale quand nous l’avons prévu, cela ne fera vraiment pasbonnepresse.Jesuiscertainequetoutecettehistoired’espionnageestdirectementliéeàcela.C’esttropgrosettrop
prèsdemondépartpourleJaponpourqu’iln’yaitpasderapport.À12h30,jelaisseLouisdansmonbureauetj’enprofitepourallerm’acheteràmanger.J’aibesoinde
sortirdecettepièce,partoutoùjeregarde,jemevoisavecTim.Jene l’aipasvucematin, le seul contactque j’ai euavec lui, c’est leSMSqu’ilm’aenvoyévers
7heuresetauqueljen’aipasrépondu.Jemarchesurlespavésgelés,emmitoufléedansmonlongmanteaulorsqu’uncoupleattiremonregard
danslavitrinedemonrestaurant indienpréférédel’autrecôtédelarue.Jem’arrêteet lesobserve, il
s’agit de Tim et Bonie. Les œillades enamourées qu’elle lui lance m’agacent, je n’aime pas du toutqu’elleagisseainsi.D’unepartparcequ’ilestsoncollèguedetravailetd’autrepartparcequ’ils’agitdeTim.MONTim...Jepoursuismoncheminplusénervéequ’enarrivantauChryslercematin.Jenesouhaiteabsolument
pas qu’il passe tous ses déjeuners avecmon assistante,mais je ne peux rien dire. Nous n’avons pasvraimentderelation,c’estmoi-mêmequiluidisaishiersoirquejen’avaispasdeplacepourluidansmavie.Quellemerde!Louisestdéjàpartilorsquej’arriveaubureauunpeuaprès13heures.Jetrouvesurmatablederéunion
unénormebouquetderosesnoires.Lesmêmesrosesquecellequ’unhommem’aoffertelundisoiralorsque j’étais au restaurant avec Marc. La première sur mon bureau dans un petit vase est toujoursguillerette. J’attrape le paquet et défais la carte. Au moment de lire les quelques mots, je reconnaisinstantanémentl’écrituredeTim.Bordel,depuisledébut,c’étaitlui.Jesavaisbienquejenerisquaisrien!Pourquoinem’a-t-ilrien
dit?«Unefleurépoustouflanteethorsducommun,Pourunefemmequil’estencoreplus.T»Jen’enrevienspasqu’ilm’aitfaitlivrerunerosenoireaurestaurant.Etcebouquetmaintenantalors
quejepensaisqu’ilm’envoulait.J’attrapemontéléphoneetcomposeunSMS.Pourquoinem’as-tupasditquelarosevenaitdetoi?Laréponsearriveinstantanément:Parcequetunemel’aspasdemandé.Monbouquetteplaît-il?Ilestparfait,mercibeaucoup.Quiestl’hommequiestvenuaurestaurant?SonSMSnesefaitpasattendretrèslongtemps.Undemeshommesàtoutfaire.Jeluiaiordonnédetesuivrejusqu’aurestaurantpourteladonner.J’avaisdansl’idéedeteretrouverplustardpourt’annoncerquij’étais,maisjen’aipaseulecouragedelefaire.Jen’enrevienspasqu’ilaitfaitça.M’a-t-ilsuiviejusqu’àcequejeretourneauChrysler?J’ail’impressiond’attendresaréponseuneéternité,j’espèrequ’iln’étaitpasdansleparkingpendant
quejem’envoyaisenl’airavecMarc...Enréalité,iln’afaitquetesuivredetonappartementaurestaurant.
Cequ’ilmeraconteestimpossible!Martinm’adécritlemêmehommequej’avaisvuplustôtdanslasoirée.Commenta-t-ilpumeramener la roseque j’aiégaréedans la rueen rentrants’iln’étaitpluslà?Jetourneenronddansmonbureau,j’ail’intuitionquesaréponsenevapasmeplaire.C’estmoiquiaivuquetuavaisperdularose.Étais-tulàaussi?Peterm’aappelépourmedirequ’ilt’avaitremislafleuravantqueMarcarrive.Jen’aipum’empêcherdevenirtevoiraveclui.Jevoulaissavoirsituétaisavecluicommetul’esavec moi. Je vous avais déjà aperçus tous les deux, mais, après les Bahamas, leschosesétaientdifférentes.Quandvousêtesressortisdubar,j’aivularoseglisserdetonsac,jel’airécupéréeet,aprèsavoirhésité,jesuisalléauChryslerpourlalaissersurtonbureau.Jesuisabasourdie.Jen’imaginepascequ’ilapuressentirenmevoyantavecMarc.C’estbienPeterquiestvenupourtant, leveilleurdenuitaaperçu lemêmehommequemoi.Oui,c’étaitlui.Jenevoulaisplusquetumevoies,alors,aucasoùtucroiseraisceluiquimonterait,jel’aienvoyé.Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne peux pas m’excuser d’avoir eu rendez-vous avec Marc,
j’ignoraisquej’allaislerevoir.Aprèstout,c’estluiquiadécidédevenirnousespionner.Mêmesij’aiconsciencedetoutcela, jenepeuxpasm’empêcherd’avoirdesremords.UnnouveauSMSdeTimmeparvient.Je suis désolé d’avoir jouéà JamesBondune fois de plus. Tunem’en veuxpas trop,j’espère?Jene lui enveuxpasdu tout, sans être allée aussi loinque lui, c’est unpeu ceque j’ai fait hier et
aujourd’hui lorsqu’il déjeunait avecBonie. Je n’avais jamais ressenti ce besoin d’observer quelqu’unavantlui.Non,pasdutout.J’hésiteavantd’ajouter:Pourrais-tuvenirmevoirunmoment?J’appuiesur«Envoyer»etentendslebipd’untéléphonedevantmonbureau.Timentredanslapièce
au même moment. Il semble réfléchir un temps puis referme la porte derrière lui et la verrouille. Ils’avanceversmoisansunmot.Soncostumebleuroiluivacommeungant.Ilôtelentementsavesteetlaisseàmavuesonmerveilleuxcorpsmoulédansunechemiseblancheajustée.Sonregardestceluid’un
prédateur, je levoishésiter l’espaced’unesecondeavantdese jetersurmoi.Jenesongemêmepasàrefusersesavancesalorsquenoussommesenjournéedansmonbureau.Jelelaisseprendrepossessiondemoncorpsetdemonâme.Ilm’embrassesauvagementavantdesoulevermarobeetdebaissermonstring.Jepensequ’ilvamepénétrer,maisilnefaitrien.Àlaplace,ils’agenouilledevantmoietsèmedes bisous sur l’intérieur demes cuisses. Il remonte rapidement jusqu’àmon sexe, il n’a pas l’air devouloirperdredetemps.Lorsquesalangueseposesurmonclitoris,jesuisobligéedem’appuyersurlatablederrièrenouspournepasmeretrouverlesquatrefersenl’air.Latêterejetéeenarrière,jefermeles yeux etme laisse porter par cette baise improvisée, totalement insensée.Dans notre relation, toutparaîtl’êtrealorsqu’enréalité,minederien,toutsefaitdemanièreextrêmementnaturelle.Jen’auraisjamaissongéàlaisserunhommemedonnerduplaisirsurmonlieudetravailetceladeuxfoisenmoinsdedouzeheures.Ilmelèche,suce,mordilletellementavidementquejesuistoutdesuitepropulséeauseptièmeciel.Je
jouissursaboucheparfaiteenchuchotantsonprénom.J’essaiedereprendremesespritsaumomentoùMariaseplantecontremaportedansunvacarmeinfernal.–Putain!gueule-t-elle.Pourquoiest-cequetuverrouillestaporte,Johns?Jemesuiséclatélenez!Jeme lèvecommeune furie.Tims’assiednonchalamment surmoncanapéetme regardeessayerde
reprendrecontenance sans riendire. Jecroismêmedétecterun sourire encoin. Je replacema robeetouvreàMaria.Ellesetientlenez,leregardfurieux.–QU’EST-CEQUETUFOUS?!hurle-t-elleenmepoussantpourpasser.– Bonjour, mademoiselle Ramirez, lâche Tim, faisant sursauter Maria. Avez-vous besoin que l’on
appelleunmédecin?–J’aisurtoutbesoinquevousm’expliquiezcequevousfoutieztouslesdeux!–IlfallaitquejeparleàTimduJapon,nouspartonsbientôt,jevoulaisêtresûrequetoutétaitbonde
soncôté.–Etleverrouc’étaitpour?–Parsécurité,Louism’adonnédenouvellesinformationsconcernantl’affairedontjet’aifaitparthier,
jemedoisd’êtreprudente!–Benvoyons...–Tim, laissez-nous s’il vousplaît, nous finirons cette conversationunpeuplus tard, si vousvoulez
bien,j’aiencorequelquespointsàvoiravecvous.–Jesuisàvotreentièredisposition,mademoiselleJohns,medit-ildesavoixenjôleuse.Je leregardepartirenrêvantetensouriantbêtement,oubliantqueMariaest là.Jen’ai toujourspas
réussi àavoirunevéritablediscussionavecTim.Plusnousagissonsde la sorte, entrenous,pluscela
compliquenotrerelation,jelesais,mais,àcetinstantprécis,celamepasseau-dessus.JemeretourneettrouveMarialesmainssurleshanches.–Vousvousfoutezdemagueuletouslesdeux,n’est-cepas?–Dequoiparles-tu?J’essaiedeprendreunairnonchalantenm’avançantversmonbureau.–DEQUOIJEPARLE?crie-t-ellepresqueavantdesemodérer.Depuisquandbaises-tutonpersonnel
dansleslocauxdetasociété?J’attrapemontacoetouvrel’emballage.Jemeursdefaim.–D’abord,jepensepouvoirfairecequebonmesemble,icic’estchezmoi.Sipourunefoistupouvais
agirenamieetnonenassociée,çam’arrangerait.Ensuite,nousn’avonspasbaisé...– Tu espères me faire croire qu’il a réussi à te donner ta tête « post-coït » en discutant
UNIQUEMENT?Jem’étouffeenavalantunegorgéed’eau.Commentpeut-ellesavoirquejeviensdeprendremonpied?–Quoi?–Çava,jeteconnaisdepuisdesannées,jevoistrèsbienquandtuviensjusted’êtrecomblée,alors
maintenantdonne-moiaumoinsdesdétails!Jemesuismassacrélenezavecvosconneries,j’aibienledroitdesavoircequ’ilt’afait...Je ris la bouche pleine. Cette femme est vraiment incorrigible ! Jeme tortille surma chaise et lui
désignemonentrejambed’un signede lamain.Elleouvredegrandsyeuxavantde rire elle aussi.Enmêmetemps, jem’aperçoisquejen’aipaseule loisirderemettremonstring.Jechercheautourde latablederéunion,maisjenevoisrien.–As-tuperduquelquechose?demande-t-elleunsourcilrelevé.–Euh...monstring.Danslaprécipitation,j’aioubliédemerhabillerentièrement.–N’espèrepasmelefairechercher!dit-elleencroisantlesbrasetlesjambes.Qu’est-cequetufais,
Rebecca?Jecomprendstoutdesuitequ’ellenemequestionnepassurcequejesuisentraindefaireàl’instant
même,pourtant,jerépondsquandmêmeàcôté.–J’essaiedetrouvermonsous-vêtement,biensûr!–Tusaistrèsbiendequoijeveuxparler.Quet’arrive-t-il?Jenetereconnaispas!Vas-tuinventerun
troisièmerendez-voushebdomadaire?J’abandonnemes recherchesetm’installesur lecanapéàcôtédemonamie.Ellea raison, jeneme
reconnais plus non plus. Je ne respecte rien de ce quime tient à cœur habituellement. Je dépasse leslimitesdansmesbureaux,avecmonpersonnel,etjetrahislaconfiancedeMarcetPatrick.Cethommemefaitchangertoutceenquoijecrois.
–Pourêtretoutàfaithonnête,jen’enaipaslamoindreidée,dis-jeenm’affaissantdanslesoreillersetenprenantmatêtedansmesmains.Jesaisquejedéraillecomplètement.Chaquefoisquejedépasselesbornesaveclui,jemejurequecelanesereproduirapasetc’estlemomentqu’ilchoisitpourmesauterdessus...JesensleregarddeMariasurmoi,jepoursuis.–Hiersoir,jesuispasséeicipourposerlescontrats,ilétaitau-dessusentraindefairedusport...–Maisvousêtesdevéritablesbêtes,plaisante-t-ellepourallégerunpeulaconversation.–J’aipourtantessayédedirenon,j’allaispartiretjel’aicroisédansl’ascenseur...Jen’avaisjamais
rienvécud’aussi...intense.J’aiprislafuitetoutdesuiteaprès.Tuauraisvusonregardquandilm’avuem’enfuir...–Apriori,jediraisqu’ilnet’enveutpastrop,hein!Mais,jecomprendsqu’ilaitpuêtreblessé.As-tu
réussiàensavoirunpeuplussursavenueauxBahamas?–Ilm’aditqu’ilvoulait simplementm’observeravantde travailler ici,maisqu’iln’apaspu rester
loindemoi.IlestaucourantpourMarcetPatrick.–Tesuit-il?– Il souhaitait surtout savoir à quoi s’attendre, il espérait connaître quelques-unes demes habitudes
professionnellespourmieuxlescontenterentantqu’assistant,etpuisilaapprispoureux.Cependant,jesensqu’ilnemeditpastout.Jesaisaussicequej’aiditdecethommeenrentrantdevacances,jesaisquetoutcequejesouhaitaisc’étaitlerevoir,maisjenevoulaispasqu’ilsoitmonassistant.Jenesaisplusquoifaire,toutdevientdeplusenpluscompliqué...–Cequ’ilfautavanttout,c’estquetuéclaircissesleschosesentrevous.Timneserajamaistonrendez-
vous du mercredi ou du samedi. Ce garçon est fou de toi, ça crève les yeux, il ne pourra jamais tepartagersansseperdrelui-même,enas-tuconscienceaumoins?Avantquej’aieletempsderépondre,montéléphonesonne.–Sauvéeparlegong!lanceMariaenselevant.J’espèrequetusaiscequetufaisBecky,jeneveux
pastevoirsouffrir.JerécupèremonSmartphonesurmonbureauetm’assieds.Jesaisqu’ilnes’agitqued’unSMS,mais
j’en profite pourmettre fin à la conversation. J’ouvre lemessage, il s’agit d’une photo demon sous-vêtementdanslagrandemaindeTim.Jesourisenpensantqu’ilsepromèneavecundemesstringsavantdelirelalégende:Ilvafalloirquetuvienneslecherchersitusouhaiteslerevoir.Enattendant,jevaisavoirtonodeurenivranteavecmoitoutl’après-midi.J’enaidesfrissons,c’estterriblementcochondel’imaginerentraindelefaire.Jenetardepasàlui
répondre.
EnouvrantleMMS,jem’attendaisàautrechose...Jemesenssoudainementidioted’avoirusédecegenredesous-entendulorsquejereçoisunnouveau
SMS.Tuauraispréféréunsexfie?SEXFIE?Aumomentoù je comprendsenfincequ’ilmedit,unenouvellephotoarrive. J’ouvre lemessageet
restebouchebéedevantcequejevois:ungrosplandesonsexeenérectiondanssamain.Jel’imaginetoutdesuitesedonnantduplaisirenpensantàcequ’ilvientdemefaire.Jem’affalesurmachaiseetlecontemple.C’estlepremier«sexfie»quejereçoisetjedoisavouerquejetrouveçavraimentsexy.T’es-tufaitjouirenpensantàmoi?Sansêtreprude,jen’enrevienspasd’avoircegenred’échangeparSMSaveclui.Non,beauté,jeveuxquetusoisresponsablephysiquementdechacundemesorgasmes.Enrecevantsonderniermessage,jemesensflattée.Jetrouvequec’estlachoselaplusintensequ’un
hommem’aitdite.Desavoirqu’ilsouhaitemeréservertoussesinstantsdeplaisircharnelmedonnedesailes.Moiseule,RebeccaJohns,ailepouvoird’envoyercedieuvivantauseptièmeciel.
7
Je passe tout l’après-midi à penser à Tim, je ne suis bonne à rien. J’arrive tout juste à répondre àquelquesmailsetàterminerlesconsignespourBonielorsquejeseraiauJapon.Vers17h30,Bobmeconfirmelaréservationpourlerestaurant.Jedonnel’informationàBonie,Timet
Maria.Nousavonsrendez-vous tous lesquatreà20heures.J’aiencorepasmalde temps, j’enprofitepouressayerdefairelevideavantderentreretd’affronterledînerdecesoir.JevaisdevoircomposeravecMaria,lesregardsexplicitesdeBonieetlessouriresravageursdeTim,c’estloind’êtregagné!Jem’étonnedenepasavoireudecompterendudeLouisaprèssonpassagecemidi,jel’appellepour
qu’ilviennemechercher,mais ilnemerépondpas.C’estunechose très inhabituelledesapart,alorsj’insiste,ilfinitpardécrocheràmontroisièmeappel.–Louis,j’étaisinquiète!Toutvabien?–ParfaitementmademoiselleJohns.Jem’excusedenepasavoirrépondu.EnbasduChryslerdans
cinqminutes?–D’accord.J’attrapemon sac et appuie sur le bouton de l’ascenseur, il est déjà 18 h 30. Lorsque le « ping »
retentit,jem’avancesansregarderàl’intérieur.Unhommesepoussepourmelaisserdelaplace,jemedirige vers le fond et tombe sur Tim et Bonie en tenue de sport, en train de rire. Je me fige et lescontemple.Bonie neme voitmême pas. Elle est bien trop occupée à faire les yeux doux àTim, tropréceptif.C’estluiquitournelatêtelepremierversmoi.–MademoiselleJohns!dit-ildansunsourire,est-cequetoutvabien?–OuiTim,trèsbien.JemetourneversBonieetlaregardedroitdanslesyeux.Jenesavaispasque
vousfaisiezdusportBonie.D’oùcesoudainengouementpourl’exercicevient-il?–Euh...ben...j’aitoujourscouruleweek-enddansleparc,répond-ellemalàl’aise.–Sacré changementdedécor. Jemedemande si lesbeauxyeuxdemonsieurDayn’y sontpaspour
quelquechose.Voussavezcequej’enpense,mademoiselleMiller!Jelancecettebombesurmonassistanteensortantdelacabine.J’ai agi commeunegarce et je suisplutôt fière. Jene supporteplusde lavoir leboufferdu regard
commeellelefait.Aprèsça,jesuisaumoinscertained’êtretranquillecesoirdurantledîner.JereçoisunSMSdeTimavantd’avoiratteintletourniquetdel’immeuble.Jalouse,beauté?
Jesourisetnerépondspas,volontairement.Jenesuispasjalouse,non,jen’aimesimplementpasquel’ontoucheàmesaffaires.Louism’attenddevantlavoiture.Ilm’ouvrelaportièreetseplaceauvolant.–J’aiunebonnenouvelleLouis,dis-jejoyeuse.–Tantmieuxparcequecen’estpasmoncas...–Merde!Laissez-moiparleravantdeplombermonmoral.–Jevousenprie.–Iln’yapasdemaladequiessaiedemefairepeur.C’estTimquiestàl’originedelarosedelundi,
vouspouvezdoncrelâcherunpeulasurveillancedececôté-ci.–Vousavezledonpourchoisirvosassistants,Rebecca.J’espèrequecelui-lànefinirapascommele
dernier,affirme-t-ilsarcastique.Louism’appelleparmonprénomqu’endetrèsraresoccasions,toutesliéesdeprèsoudeloinàNoa,
commes’ilsesentaitplusprochedemoilorsquecesujetestabordé.Jesuissoulagéedel’entendreenfinplaisanteràproposdeNoa,monpremieretdernierassistantmasculinavantTim.Ilsouffraitdegravestroublesmentauxetavaitimaginéquej’étaissapropriété.Aprèsl’incident,nousavionsfaitensortequ’ilsefassesoignerenEuropepourl’éloignerd’ici.Jen’aimepasrepenseràcettehistoire,jechassedoncsonsouvenirdemespenséesetécouteLouis.Lesnouvellesqu’ilmedonnenesonteffectivementpastrèsbonnes.Ilsembleraitquelesappelspassés
àWalkersoientsortisdupostedeBob,monréceptionniste.Jerestesansvoixtandisqu’ilm’expliquequel’interphoneentremontéléphoneetceluideBobaététrafiqué.Quelqu’unafaitensortequedupostedeBob, onpuissemettre en route le haut-parleur sansque je sois avertie par la petite lumièreou le bipsonore.N’importe qui peut donc écouter tout ce qu’il se dit dansmon bureau à partir de celui de laréception.VoilàcommentWalkerasupourlecargoetpourledépartdeBonieetTimhiermatin.Ilfautquej’agisseetquejeconfondeBob.Louism’informeégalementqu’ilestsurlepointd’avoiraccèsàsesappelstéléphoniquespersonnels,nouspourronsainsivérifiers’ils’agitbiendelui.Unefoisrentrée,enmelavant,jedécidedegardertoutcecipourmoi,dumoinsjusqu’àdemain.Rien
nesertdeplomberl’ambianceaurestaurantcesoir.JeparsauJapondimanchesoir,ilnememanquaitplusquecela.Jenesaispascommenttoutcecis’est
produit,j’imaginetrèsmallegentilBobenespion.Ilestvraiquejenelecôtoiequ’aubureauetquejenesaisriendetrèspersonnelsurlui,maiscelan’enestpasmoinsétrange.Une fois habillée, je m’attarde un peu devant le miroir. J’ai décidé de porter un jean noir et un
chemisierblancensoie,ilnes’agitpasvraimentd’unrepasdetravail,j’aienvied’êtreàl’aise.Jelaissemescheveuxtomberencascadesurmesépaulesetdansmondosetattrapeunedemespairesd’escarpins
préférées.DesJimmyChoorougesangà talonsvertigineux.Unefoisbiencouvertedansmonmanteau,rougeluiaussi,jememetsenroute.Lorsquej’arriveaurestaurant,Timestdéjàlà.Ilporteunpantalonnoiretuntee-shirtaucoltunisien,
trèssimple,maissexyendiablecommetoujours.Ilse lève,vientàmarencontreetm’embrassesur lajoue.Ilagittellementvitequejenepeuxpasl’enempêcher,jesuisprisedecourt.–Net’inquiètepas,dit-iltoutbasentenantmachaisepourquejem’asseye,ellesnesontpasencore
arrivées.Jesourisenleregardantprendreplacefaceàmoi,jenem’inquiétaispasparticulièrementdecroiser
lesregardsdeBonieoudeMaria, jesuisseulementsurprised’avoireuenviequ’ilagisseainsi.Nousnous observons un instant sans dire unmot. Ses yeux plantés dans lesmiens, il s’adresse àmoi sansprononcerlamoindreparole,jesuishypnotisée.Unmoment,j’oublieoùnoussommes,j’oubliemêmequijesuis,jenevoisquelui.Toutenmecaressantledosdelamainduboutdesdoigts,ilmesourit.Jevoissesfossettessecreuseret,sansm’enrendrecompte,jetouchesajoue.Ilmesouritplusintensément,sonregard s’éclaire et cepetit quelque chose sedéploiedenouveaudansmes entrailles.Quelquepart enmoi, un changement s’opère, je ne peux pas encore mettre le doigt dessus, mais je suis certaine quedemainjeneseraipluslamêmequecematinenmelevant.Quelqu’uns’approchedenous,j’ail’impressionquel’onnousparle,maisnousnebougeonspas.Unemains’abatviolemmentsurcellequej’avaisposéesurlajouedeTimetnousvoilàderetourdans
le restaurant.Mariaestdeboutdevantnous, lesbras sur leshanches.Timetmoiéclatonsde rire sanspouvoirnousretenir.–Vous vous foutez vraiment dema gueule tous les deux !Vousme rejouez une scène deRoméo et
Juliette,c’estça?TimselèveettirelachaisedeMariaenessayantdereprendreunsemblantdesérieux.Enplusd’être
beau,gentil,attentionné,drôle,douéaulitetgénéreux,entreautres,c’estunvraigentleman.–Vousêtessplendide,mademoiselleRamirez.–Tim,pourcommencer,cesoir,appelle-moiMaria.Ensuite,mercipourlaflatterie,maisnecroispas
quejesuisaussifacileàamadouerquemadinded’amie.–Ehoh!Jesuislà,quandmême!Jeprotesteenfaisantlagrimace.–OuiJuliette,jesais.–Juliette?demandeBoniequ’aucundenoustroisn’avuearriver.–C’estunpetitsurnomquejedonneàRebecca,répondMaria.Asseyez-vousBonie,ilnemanqueque
vousànotrequatuor.Maintenant,nousallonspouvoirentamerleschosessérieuses.Tim interpelle un serveur et commandeunebouteille deDomRuinart 2004,mon crupréféré. Jeme
demandes’ilestaucourantous’ils’agitd’unecoïncidence.Lasoiréesedérouleàmerveille.Commejel’avaisprévu,Bonien’adressemêmepluslaparoleàTim;
finilesregardsdebicheetlessouriresniais.Parcontre,Marianesegênepaspourmefoudroyerdèsquej’ai lemalheurderegarder tropintensémentmonassistant.Après ladeuxièmebouteilledechampagne,j’oublielesproblèmesdebureauetparleunpeutropfort.Mariaselancedansunmarathondeblaguessalacesquetoutlemondeapprécie,alorsquenousterminonsunetroisièmebouteille.Peuaprès23h30,nousfinissonsnosdesserts.TimcommandedesdigestifstandisqueBonie,quicommençaitàs’endormir,nousquitte. Jem’enveuxunpetitpeud’avoiragicomme je l’ai faitdans l’ascenseur.Ellen’étaitpasaussijoyeusequ’àsonhabitude.Ilfaudraquejepenseàavoiruneconversationavecelledemainpourluisignifierquejeneluientienspasrigueur.Commentlepourrais-je,aprèstout?Jecomprendsaisémentqu’ellesoittombéesouslecharmedestructeurdenotrechermonsieurDay.JesouhaiteunebonnenuitàBonieetm’absenteuninstantpourallermerafraîchirauxtoilettes.Lorsquejereviens,j’ail’impressiond’interrompreuneréunionausommet,TimestamuséetMariaessaiedegarderuncalmeolympien.Tousdeuxfeignenttrèsmall’indifférencequandjem’assiedsfaceàeux.–Cettefois-ci,c’estmoiquimesensobligéedevousdemandercequevousfouteztouslesdeux!–Riendutout,disent-ilsenchœur,avantderireàs’endécollerlaplèvre.–Jevois...–Bon,cen’estpasquevotrecompagniemedéplaît,maisj’aidesprojetsplusambitieuxpourlafinde
soiréequedevoustenirlachandellealorsjemeretire.Mariase lève,m’embrassesur la joueetmurmureàmonoreille :«Fais lesbonschoix,chérie.Cet
hommeestfoudetoi,toutcommetul’esdelui».Jesourisàmonamieéméchéeetluisouhaiteunebonnefindenuit.Nouslaregardonsrécupérersonmanteaupuissortirdurestaurantavantdesetournerl’unversl’autreàl’instantoùleserveurnousapportelesdigestifs.– Il n’y a plus que nous, portons encore un toast à ces gros contrats que tu as réussi à avoir, une
nouvellefois:félicitations.JelèvemonverredechartreuseettrinqueavecTim.–AuxfrèresAbdietauxnouvellescollaborations,dis-jeavantd’avalerunelonguegorgéed’alcool.–Collaborations ?C’est tout cequenous sommesalors, des collaborateurs ?demande-t-il d’un ton
neutre.–JeneparlepasdenousTim,maisdesfrèresAbdi.–D’accord,maisquesommes-nousdonc?–Cenesontpaslesfemmesquiposentcegenredequestionhabituellement?Tim rigole fort, je ne peuxm’empêcher de sourire aussi, il est tellement irrésistible quand il est si
joyeux.
– C’est vrai Rebecca, mais comme tu n’es pas une femme comme les autres, j’ai pensé que nouspourrionsinverserlesrôles.J’avalelerestedemonverresanslequitterdesyeux.Jenepeuxpasavoircetteconversation,entout
cas,pascesoir. Jenesuispas legenrede femmequiposecettequestionetencoremoinsàquion lapose.Jenesaispassijesuisprêtepourcela.Ilsemblemecomprendre,ilselèvetoutàcoupetvaréglerlanoteaumaîtred’hôtel.Ilrevientdeuxminutesplustardavecmonmanteau.–Viensavecmoi,ilfautquejetemontrequelquechose.Timmeconduitdehorsetmefaitmonteràbordd’uneMaserati.Ilprendplaceàcôtédemoitandisque
j’aperçoisCharlesauvolant.–BonsoirCharles.–BonsoirmademoiselleJohns,jesuisravidevousrevoir.–Moiaussi.Timfouilledanslevide-pochesetsortunfoulardensoienoire.–Acceptes-tuquejetebandelesyeuxpournepasvoiroùjetemèneavantquenousysoyons?–BiensûrTim,maissitudécidesdemedécouper,assomme-moiavants’ilteplaît.Jesourisetluicaresselajoue.Ilmeplacelefoulardsurlatêteetm’attiresurseslèvres.J’ail’impressiond’avoirattenducemoment
depuisnotrerendez-vousvolédecemidi.Jemedélectedelasensationdesalanguedansmabouche.Ilatoujourscepetitgoûtmentholé,c’estunvrairégal,jemedemandequelestsonsecret,jenelevoisjamaisprendredepastilles.Timmesoulèvedanssesbras,jemelaisseporteretdéposersursescuisses.Lefaitd’avoirlavueentravéeexacerbetoutesmessensations.ÇaetleDomRuinart,jel’avoue.Maisaulieudemesentirengourdie,jesuispluséveilléequejamais,touslessensenémoi.JecaresseTimàtraverssesvêtements,j’aienviedetoutluiarracheretdelelécherpartout.Sonérectionforcecontremonsexe,ilestdursousmoi,trèsdur.–Ducalme,tigresse,murmure-t-iltoutbas,nousnesommespasseuls.Hum...Melasserai-jeunjourdel’entendrechuchoteràmonoreille?Nousneroulonspaslongtemps,quelquessecondesavantquelavoitures’arrête,Timmeposeàcôtéde
lui.Unefoisàl’arrêt,ilm’entraîneàsasuite.J’essaied’écouterlemoindrebruitquipourraitmedonnerunindice,neserait-cequesurlequartierdanslequelnousnoustrouvons,maisletrajetdelavoitureaubâtimentdans lequel ilm’emmèneest tropcourt.Unhommes’adresseàTimet lui souhaiteunebonnesoirée.Nousdevonsêtredansl’immeubledesonappartement.Jevaisvoiroùilhabite.Durantlapetiteminute que je passe dans ses bras dans l’ascenseur, j’essaie d’imaginer où un jeunemilliardaire a punichersatanière.Nousarrivonsdirectementchezlui.Iln’yapasunseulbruit,Timsepencheetm’ôte
mesescarpins,jelelaissefairesansposerdequestions.Monpoulss’accélèreetmarespirationsefaitplusdifficile.–Toutvabien,beauté?–Oui,j’aiunpeuletrac,c’esttout.Ilm’embrassesur la joueavantdem’attirerdanssesbras.Ilm’étreintquelquesminutesetm’enlève
monmanteau.Ilmereprendensuite lamainetnousfaisonsquelquespas.Lebois tendreetchaudsousmespiedsmeréchauffe.Nousparvenonsàuntapismoelleuxetd’unedouceurindécente.Tims’arrêteetseplacedansmondos.–Noussommeschezmoi.–J’aicrulecomprendre.–Fermetesyeux,jevaisenleverlefoulard.Surtout,netrichepas!Jemelaissefaireetsensletissutombersurmespieds.–Maintenant,tupeuxlesouvrirtoutdoucement.J’attrapesesmainssurmeshanches,entrelacemesdoigtsauxsiensetouvrelesyeux.Jesuisdevant
une baie vitrée qui ne semble pas avoir de fin. Rien à voir avec celles de mon appartement ou duChrysler.Ilyaaumoinshuitmètresdehauteuretledoubleenlargeur.Letout,faceàCentralPark.Sidematerrassej’aiparfoisl’impressiondetoucherlesétoiles,ici,cesoir,jemesenscommel’uned’elles.Lespectacleestàcouperlesouffle,lavuesurleparcetlavilleestincomparable.–Putain!Je suis subjuguée.Cette ville quim’est si chère et que je connais par cœurm’apparaît encore plus
merveilleuse.J’ail’impressiondevoirNewYorkpourlatoutepremièrefois.Jem’avanceleplusprèspossibledesimmensespanneauxdeverresetregardetoutenbas.Noussommesvraimentàunétagetrèshaut,j’aidumalàdistinguerlesgensmarcherdanslarueéclairée.Jen’arrivepasàdéterminerdansquelbâtimentjemetrouve,jesuisbientropémerveillée.JesensTimserapprocherdemoi.–C’estmagnifique.–Pasautantquetoi,beauté.Cequetuviensderessentirenouvrantlesyeux,jeleressenschaquefois
quej’ailachancedeposerlesyeuxsurtoi.Ses mots me transpercent. Je sais exactement à quoi il fait allusion parce que c’est aussi ce que
j’éprouvequand ilestprèsdemoi. Je suiscertainedem’habituerun jouràvoir lavilleàmespieds,alorsquejenepourraijamaismelasserdecequejeressensquandsesyeuxpénètrentlesmiens.Sansletoucher, je reste très proche de lui et commence à défaire lentementmon chemisier. Son pouls se faitirrégulieràmesurequemapoitrinesedévoile.J’ôtemonjeandelamêmefaçon,toujourstrèsdoucement,ennelequittantpasdesyeux.Ils’approcheunpeuplusdemoietplacesabouchejustedevantlamienne.Jesenssonsoufflesurmapeau,commeunecaressesurmeslèvres.Lorsquemonsoutien-gorgeetmon
stringrejoignentmeshabitsausol,Timneparvientplusàsecontenir.Ilmefaitmonterdanssesbrasetmarcheàtraverssonappartement.Lesjambesdepartetd’autredesataille,jem’accrocheàluiplusquecequ’ilm’estnécessairepournepastomber.Noustraversonslesalon,empruntonsunlongcouloiretdesescaliers avant de nous retrouver dans une immense chambre. La vue sur la ville est tout aussiexceptionnelle.UngrandlitsurplombeManhattanet,danslecoingauche,ilyaunJacuzzi.Toutestenbois,j’ail’impressiondemeretrouversursonbateau.Timmedéposedélicatementauboutdulitetserecule.Ilfaitpassersontee-shirtpardessussatêteet
mele jetteauvisage.Sonodeurdemuscetdevanilleépicée imprègnemesnarines.Enleregardantàmoitiénufaceàmoi,j’ail’impressionderêver.Commentcethomme-làpeut-ilavoirenviequejesoisiciavecluialorsqu’ilconnaîtlechaosquirègnesurmaviesentimentale?–Est-cetachambre?–Biensûr.Teplaît-elle?–Là,toutdesuite,jesuisplusattiréeparl’Apollondevantmoiqueparladécoration...–Vousmeflattez,mademoiselleJohns,affirme-t-ilenmerejoignant.Quediriez-vousdem’aideràme
débarrasserdecepantalongênant?Jem’exécuteetl’envoieautapisenmêmetempsquesonboxerd’unseulgeste.–Pressée?demandeTim,unsourcilrelevé.–Detesentirprofondémentenmoi,toujours!J’aiàpeinefinideprononcermaphrasequ’ilsejettesurmoi.Noustombonssurlelit,luidessus,moi
dessous. Il place unemain surma joue etm’attire à sa bouche. Ses gestes sont hésitants comme s’ilsouhaitaitmeménager,commes’ilavaitpeurd’allertroploin.C’estlapremièrefoisquejeressensçalorsquenoussommestouslesdeux.Jemedemandesic’estdûaufaitquenoussommeschezlui.Jeneveuxpasqu’ilsebride,jeveuxqu’ilsoitlui-même.J’aienviequ’ilsoitl’hommequej’aitoujoursconnu,celuiquimefaitrêverdepuisquej’aiposélesyeuxsurlui.–J’aimecequetumefais,luidis-jetoutbas.Il ralentit un instant le rythme de ses caresses et m’observe. Je souhaiterais pouvoir lire dans ses
penséesetdevinercequecesgrandsyeuxmecachent.QuandTimposedenouveaulesmainssurmoi,ilagrippemesdeuxseinsetlesserrefort,jemecambre.Ilmetoisecommepourvérifiersitoutesttoujoursbon.Devantmonairplusqueréjoui,ildéposedesbaiserssurmonventreenremontantversmapoitrine.Ilattrapeundemestétonsdanssabouche,mordettiredessus.Jegémislatêterenverséeenarrière.C’esttoutcedontilavaitbesoin.Ilbonditsursespieds,saisitmeschevillesetmeretournesurleventre.Sesmainschaudess’attardentsurmesfessesquejerelèvepouralleràsarencontreetluiexprimertoutemonenviede le suivrepartoutoù ilvoudranousmener ce soir.Saboucheembrasse le creuxdemondos,tandisquesesmainsmemassent toujours, jen’imaginaispasquecelapuisse faireautantdebien.Ses
doigtsdescendentpeuàpeuversmonsexeavideetprêtàlerecevoir.J’écarteunpeulesjambespourluilaisserdelaplaceetjel’entendsgémirentresesdentsaumomentoùilenfoncedeuxdoigtsenmoi.–Hum,tuestrempée,beauté,j’aivraimentenviedeteprendretrèsfortlà...–J’enaienvieaussi,bébé.Merde!D’oùçasortcesurnomdébile?J’entends l’emballage du préservatif se déchirer, très vite, je sens ses jambes sur lesmiennes. Tim
placesonpénisentremesdeuxfessesetpoussedessus.Jemecambreafinqu’ilpuissemepénétrer leplusprofondémentpossible.Ilentreenmoitoutdoucement,encoreunefaçonadorabledeprendresoindemoi.Lesmainssurmeshanchesrelevées,ilfaitdespetitsva-et-vient.Moncorpss’ouvreàluicommeunefleurauprintemps.Ilprendtoutdesuitelamesureduchangementetsemetàmepilonnertrèsfort.Sonsexevientcognerauplusprofonddumien,appuyantencoreetencoresurcettetoutepetitezonetrèssensible.J’agrippeledessus-de-litdemesdeuxmainsetmordsuncoussinpournepashurlertropfort.LesonglesdeTimcommencentàentamerlégèrementmapeau,ladouleurquecelameprocureajouteàmonplaisir.Jesuissurlepointdejouir,l’orgasmesedéploiedansmonventre,maisilseretire.Ilattrapemamainetm’aideàmerelever.Àboutdesouffleetcouvertsdesueur,nousnousfaisonsface.Jemejettesurluietaspiresalanguedansmaboucheetl’entremêleàlamienne.Jeressenscebesoinimpérieuxdel’avoirencoreplusenmoi.Ilreculejusqu’àlabaievitrée,soulèveunedemesjambessursahancheets’enfonceenmoid’unseulcoup.Jecriesurseslèvres,ilattrapemescheveuxettirematêteenarrière.Tandisqu’ilm’assènedescoupsdeboutoirdeplusenplusrudement,ilmordlehautdemapoitrineetmepressecontrelavitre.Notreétreinteestdevenuebrutale,larencontred’unhommeetd’unefemmequiselaissentalleràleurplusbasinstinct.Aumomentoùlapressionqueledésirengendreennousestprêteànousfaireexploser,Timattrapemagorgeet refermesesdoigtssurmoncou.Cegestesiduretanimalvenantd’unêtred’apparencesidouxsignemaperte.Moncorpsme lâche, l’orgasmemesubmerge, jecriesonprénomenmelaissanttomberdanssesbras.Timmeretientetjouitengrognant.Nous finissons tous les deux à terre, repus, pour quelques instants aumoins. Timme soulève etme
déposedélicatementdanssonlitpuisils’allongeprèsdemoietm’enlace.Jem’éveilleensueurs, lescouettesetTimenroulésautourdemoimetiennent tropchaud.J’arriveà
sortirdulitsansleréveiller.Jescrutelesalentoursafindetrouverquelquechoseàmemettresurledospourallermechercherde l’eau.JevoisunpeignoirensoiesurunfauteuilprèsduJacuzziet l’enfile.L’odeurdeTimyestimprégnée,jemecâlinetouteseuleenserrantfortletissucontremapoitrineavantdem’aventurerdanslepenthouseàlarecherchedelacuisine.Je trouveassez facilement lesmarchesquenousavonsempruntéesunpeuplus tôtdans lanuit,mais
pour ce qui est deme repérer une fois en bas, c’est une autre histoire. L’appartement est immense etplongédanslenoir.Jemerisqueàouvriruneporteetjetombedansundressing.Ladeuxièmepièceque
jechoisismedonneaccèsàlabuanderie.Jetentemachanceenouvrantunedernièreporte,jetâtelemurprèsdel’entrée,trouveuninterrupteuretl’active.Lalumièrejaillitetmedévoileunesorted’atelier.Ilyadestoilespeintesdanstouslescoins,plusieurstablescouvertesdebâchesetdepeinture,despinceauxçàetlà,parfoismêmequitrempentencoredansdespotspleinsdecouleur.Jem’avanceavecprécaution,le travail est remarquable. Celui qui a peint sur ces toiles est un véritable artiste. Chaque tableaureprésenteunmonumentouunquartierdeNewYork.Laprécisiondudétailesttellequej’ail’impressionderegarderdesphotos.Jesuissubjuguée.Devantmoi,aucentredelapiècesetrouveunetoileàpeinepluspetitequemoi.Macuriositépiquée,
jem’avanceetcontournel’immensechevaletettombedesnuesenmevoyant.J’aidûmalàcroirecequejevois,ils’agitd’unereprésentationdemoiendormiesurlaplageauxBahamas.–Bordel!Jenepeuxm’empêcherdetoucherduboutdesdoigtslapeinturepourm’assurerquec’enestbienune
lorsqueTims’adresseàmoisansquejel’aievuentrer.–Commentlatrouves-tu?demande-t-il.Jesursauteetm’éloignedelatoile.Timestadosséauchambranledelaporte,nucommeunver.–Jesuisdésolée,jenevoulaispasfouiller,j’aisoif,jecherchaislacuisine...Ils’approchedemoietm’étreint.–Tupeuxalleroùtuveuxici,net’inquiètepas,affirme-t-ilavecsincéritéavantdesemettredansmon
dosfaceàlatoile.Alors,est-cequ’elleteplaît?–C’estmagnifiqueTim.Est-cetoiquil’aspeinte?J’ignoraisquetum’avaispriseenphoto!–Jen’aipasprisdephoto,Rebecca.Quandj’aidûrepartirdesBahamasjusteaprèst’avoirregardée
dormir, j’étaisdévasté. Jenesavaispas si tuallaism’attendreetaccepterdeme revoir et j’avais tonimagedansl’esprit,alorsunenuit,j’aicommencéàpeindre.– Je n’en reviens pas que tu sois parvenu à faire ceci de mémoire, il y a tellement de détails, je
n’arriveraispasàendessinerautantdemoi-même,tuesunvéritableartisteTim.Pourquoin’exposes-tupastesœuvres?–Jepeinsdepuisquemonpèreestdécédé,seulementpourm’occuperlorsquejen’arrivepasàdormir,
jenesuispassûrquemesœuvresvaillent lapeined’êtreexposéesdansunegalerieauxyeuxdetous.Habituellement, je me contente de paysages urbains pour la plupart new-yorkais, mais, depuis lesBahamas,jen’airéussiqu’àpeindrecettescènedetoi.Tum’astranspercé,beauté,tumefaisressentirdeschosesdontjenesoupçonnaismêmepasl’existence.Jeprendssesmainssurmatailleetlesserrefort.J’aiconsciencedetoutcelamoiaussi,alorsquecela
nefaitquetroissemainesquejel’aivupourlapremièrefois.– Jen’aurais jamais imaginéqu’en te rencontrant, les choses sepasseraient ainsi. Jene suisplus la
mêmeetjenesaispasquoifaire.Moiaussijeressensceschosesdonttuparles,maisc’esttroprapide,mavieest...étaitenordre,maintenantc’estlebordel...Je le lâcheet avancevers la fenêtre. Je regardeau loin en essayantde réprimermes sanglots, il ne
bouge pas. Une fois calmée, je me retourne, mais il n’est plus là. Je sors de l’atelier et trouvemiraculeusementmon chemin jusqu’au salon. Je récupèremes vêtements etm’habille à la hâte. Jemedirigeversl’ascenseurquandTimréapparaîtenpantalondepyjama.–Net’enfuispas,supplie-t-il.J’aipenséquetuavaisbesoind’unmomentpourtoietj’avaisfroid,dit-
ilpoursejustifier.–Jenefuispas,maisilfautquejerentrechezmoiavantd’allerauboulot.–Dîneavecmoicesoir.–Jenepeuxpas,j’ai...unrendez-vous.Àcetinstantprésent,jemetuerais!C’estlapremièrefoisquemafaçond’agirmedérange;finalement,
jenetrouveplusçatellementlogiqueetnaturel.Timchanged’attitude,ilsembletoutdesuitecomprendreàquoiouplutôtàquijefaisallusion.–C’estvrai,noussommesvendredi,dit-ilsimplement.–Jesuisdésolée,jetel’aidit,jenesaispascommentagir,toutmonmondeesttotalementbouleversé
depuisquejeteconnais.–J’ensuisnavré.–Nesoispascommeça,tusaistrèsbiencequejeveuxdire.–J’espéraisquecequenouspartageonstesuffiraitetquetuchoisiraisdeneplusavoirpeurdeceque
turessens.Ces mots sont durs, je l’ai blessé, il riposte, je le mérite, mais je ne sais vraiment pas quoi lui
répondre.Jen’arrivemêmeplusàpenser,jem’enveuxtellementd’êtreresponsabledeladouleurquejevoissursonvisage,alorsjeprendslafuite,encore.–Jedoisyaller.L’ascenseur est déjà là, lorsque j’appuie sur la flèche d’appel, les portes s’ouvrent instantanément,
j’entre et, sansme retourner, presse le bouton du rez-de-chaussée. Je sais que si je croise son regardtriste,jevaiscraqueretluisauterdanslesbras.Unefoisquejesuisseule,leslarmesruissellentsurmonvisage.Jesuisperdue,j’aibesoindeparler,
suruncoupdetête,j’appelleMaria.–Allô,Becky,toutvabien?–Pasvraiment,pourrais-tuvenirboireuncaféavecmoi?–Bienentendu,jesorsjustementdechezJulien,oùes-tu?–Jequittel’appartementdeTim,jemeretourneetm’aperçoisquejemetrouvaisdansleplusgrand
bâtimentrésidentieldeNewYork.Jet’attendsaupiedduOne57.–Jevaispeut-êtremelancerdanslepétrole,moi!lâche-t-elleenpouffant.–Grouille-toi,aulieudediredesconneries,ilfaitunfroiddecanard!–Cenesontpasdesconneries!Jesuislàdansmoinsdecinqminutes.–Merci.
8
NousentronsdansleStarbucksdePensylvaniaPlazajusteaprèssonouverture.Nouscommandonsunpetit déjeuner etnous installonsdans le fondde la salle. J’expliqueensuitema finde soiréeàMaria,jusqu’àmadécouvertedelatoiledeTim.–Surtout, arrête-moi si jeme trompe, aprèsqu’il t’ait ouvertement avouéqu’il avait des sentiments
pourtoi,tuluiasditquetavieétaitenbordeldepuisquetul’avaisrencontré,est-cebiencela?–C’estàpeuprèsça...j’avoue,honteuse.Aprèsquoi,jemesuisenfuie,ilm’arattrapéeavantqueje
soissortieet,pourfairecourt,ilm’ademandédechoisirentreluietMarcetPatrick,d’assumercequejeressenssansavoirpeur...–Ahoui,rude,lepetit!Maisiln’apastort...–Tunevaspast’ymettre!–Non,maisturéalisesquetuasdessentimentspourcethomme,quandmême?Etquelaviequetu
mènesavectesdeuxamantsnepourrapasdureréternellement?–Jesaistoutcela.D’ailleurs,quandjeluiaiditquej’avaisrendez-vousavecPatrickcesoir,jeme
suisdégoûtéetouteseule,tuauraisvusonregard...Maisjen’aijamaisfonctionnéautrement,jenepeuxpastoutchangeraprèsunesemainederelationseulement.–Pourquoipas?Vousêtesfousl’undel’autre,çacrèvelesyeux,situlaisseslapeurt’empêcherde
vivrecetteaventureàfond,tut’envoudras.Dis-moiquetuasdéjàressenticequetuéprouvesauprèsdeluiavecunautre!–Cen’estpaslecas...–Tuaslaréponsequetuesvenuechercher,Becky.Toiseulepeuxdéciderdecequetuveux:grandir
oucontinuerd’avoirdesrelationssanslendemain.–Pourquoiest-cetoiquej’aiappelée?–Parcequ’iln’yaquemoiquitecomprendsetquiteconnaisassezbienpourpouvoirtedirelavérité
enface.–Unevraiegarcequoi...Mariatirelalangueenm’envoyantdessusunmorceaudemuffin.Ellearaison,ilesttempspourmoide
mettredel’ordredansmesrelationsavecleshommes.UnSMSfaitvibrermontéléphonesurlatable,Marialesaisitavantquejepuisseréagir.–Donne-moiça!
–C’estTim.Tiens,lis.Jeregardemonamiedetraversetprendsmontéléphone.Je ne peux pas vivre cette histoire à moitié. Je pensais pouvoir le gérer, mais c’estimpossible.S’il te fautplusdetempspourcomprendreceque j’aicomprisà lasecondeoùnosyeuxsesontcroisésauxBahamas,lorsquetut’esréveilléesurlaplage,prends-le.Enattendant,jenepeuxpasêtreprèsdetoiensachantqued’autreslesontaussi.Lepoidsdesesmotsm’écrase, je l’aivraimentblessé.Marian’enrajoutepas,ellemeconnaîtbien
troppourmefrapperlorsquejesuisdéjààterre.Nousfinissonsnoscaféssansparlerdavantage.LesrévélationsdeLouismereviennentcommeunboomerang.J’expliquetoutàMariasurletrajetde
monappartement.Ellemedéposedevantchezmoi,complètementfurieuse.JeréussisàluifairepromettredemelaissergérerlaconfrontationavecBob.Cettejournéecommencemal.Trèsmal.AuxpiedsduChryslerà7heures,jedemandeàLouisdemonteravecmoi.Jetiensàcequ’ilsoitlà
pour le rendez-vousde7h30avecBob,contrairementàMariaquipourraitdevenirhystérique,Louisseralecalmeolympiendontj’aigrandbesoin.Pourn’avoirpersonneaumilieuetnepascroiserBonieetsurtoutTim,j’empruntelebureaudeMariaà
l’étageau-dessuspourlaréunion.Bobestenavance,ilestnerveuxcommejamais.Jen’yvaispasparquatrechemins.Jedéballetouten
leregardantsedécomposeraufuretàmesurequej’avancedansmondiscours.Ilnem’interromptjamais,même quand je l’accuse d’espionnage industriel ou que je lui évoque mes sentiments concernant sesagissements.Unefoisquej’enaifini,jeluidonnelaparole.Aulieud’essayerdesedéfendre,ilconfirmeleslarmesauxyeuxtoutcedontjel’accuse.Jesorsdemesgondsetlebousculeunpeu,j’avaisl’espoirquetoutcecin’étaitqu’uneincroyableméprise.Bobseconfondenexcusesetmesuppliedelepardonner.Ils’expliqueenfinenaffirmantqueWalker l’aaccostépile le jouroùsamères’est faithospitaliseretqu’illuiapromisdepayertouslesfraiss’illuidonnaitquelquesinformationsconcernantl’entreprise.Ilasoi-disantrefusépourlerappelerquelquesjoursplustardquandsamères’estfaitopérer.J’ai dumal à croire aux si grandes coïncidences ; àmon avis,Walker faisait suivremonpersonnel
jusqu’àcequ’il tombesurquelquechosed’exploitable.Bobmeconfirmeceque j’avaisvuvenir,Yanavaitdansl’idéedesaboterlelancementdenotresuccursaleauJapon.Bobignorecomment,mais,selonlui, il y a un rapport avec les containers qui arrivent en même temps que moi en début de semaineprochaine.Une fois qu’ilm’a dit tout ce que j’ai besoin de savoir, je demande àBob de signer un accord de
confidentialité sans quoi j’entamerais des poursuites à son égard. Je l’envoie ensuite récupérer sesaffairesetlepriedequittermonentrepriseauplusvite.
Jeregagnemonbureau,enmêmetempsqu’ilrejointlesien,nouscroisonsBonieetTim.Jelesinvitetouslesdeuxàmesuivre.–Asseyez-vous,dis-jeenleurdésignantlecanapé.Ilss’exécutentsanssourcillertandisquejem’assiedssurleborddemonbureau.–Toutvabien?demandeTim.–Enréalité,non,rienneva.Hier,j’aiapprisqueBobétaitunespiondeWalker.–QUOI?s’insurgent-ilsenmêmetemps.–Bobm’amisesurécouteetluiafournidesinformationsconfidentielles.Yanadansl’idéedefaire
capoterl’ouverturedesentrepôtsàTokyo.NousnousséparonsdoncdeBob.Bonie,vousallezdevoirmechercherunnouveauréceptionniste.J’attrapedespapiersdansmonattaché-caseetleurtends.Vousallezégalementdevoirsignerceci.Monchefdelasécuritéjugecelanécessaire,jenepeuxpasvousyforcer,maisjesouhaiteraisvivementquevous lefassiez.Jevaisdemander lamêmechoseàchaquepersonneprésenteici.Timprendl’accorddeconfidentialitéetl’examine.Bonieselève,attrapeunstylosurmonbureausigne
etmerendledocument.–Jevaisdevoirmontrercetaccordàmonavocatavantdelesigner,j’aidesobligations...– Je comprends,Tim, faites au plus vite.Nous partons dimanche soir, vous devezme l’avoir rendu
avantnotredépart,est-cepossible?–Euh...bienentendu,mademoiselleJohns.TimparaîtsurprisquejeparleduvoyageauJapon,ilfautquenouséclaircissionsleschoses.–Trèsbien.Bonie,mettez-voustoutdesuiteàlarecherchedunouveauréceptionniste.J’aibesoinque
voustrouviezquelqu’unavantquejerevienneduJapon.Tim,j’aiquelquesdétailsàexamineravecvousavantnotredépart.Bonie,nousnousverronstouteslesdeuxjusteavantledéjeuner.–Biensûrmademoiselle,dit-elleavantdesortir.DenouveauseuleavecTim,jeréalisequeladernièrefoisquejemetenaisassisecommecelasurmon
bureau, il était devant moi à me baiser. Je caresse le bois du bout des doigts en le regardant. Lesmâchoirescontractées,lespoingsserrés,ilm’observesansparler.Jedécroiselesjambes,etleslaissependre,légèremententrouvertes,ilsemetàrespirerbruyamment.–NefaispasçaRebecca!ordonne-t-il.Situm’asfaitresterpourjoueravecmoi,jepréfèrepartir.Il
selève,maisjelerattrapeavantqu’iln’aitouvertlaporte.Entouchantsamain,unedéchargeélectriquenoussaisittouslesdeux.–JenejouepasTim,j’étaissimplemententrainderepenseràladernièrefoisquenousétionsici,sur
monbureautouslesdeux,etjemesuiségarée.–Jevois.Finalement,c’esttoutcequejesuispourtoi,unedistraction?
–Tuesinjuste!Oui,c’estvrai,jenemènepasunevieexemplaire,maisjenet’aijamaisrienpromis.–Ilnes’agitpasdetafaçondevivretavie,maisdecedonttuasenvie,Rebecca.Situgrandissais
pourassumercequeturessenspourmoiaulieudemefuirpourmesauterdessusquelquesheuresaprès.Ilestdanslevrai,jenepeuxpasmecomportercommecelapluslongtemps.Cettesituation,quiétait
parfaitepourmoiilyaencoretroissemaines,nesignifieplusrienaujourd’hui.–Tuasraison,j’aimalagiavectoi,celanesereproduiraplus.Jet’aidemandéderesterpourparler
duJapon,nousdevonspartirdimanche,jesouhaitaissavoirs’iln’yapasdeproblèmepourtoi.–Est-cetout?questionne-t-il,dépité.–Oui,Tim!dis-jesèchement.–Alors,non,iln’yaaucunsouci.Besoind’autrechose,mademoiselleJohns?–Nesoispascommeça.–Cettesituation,c’esttonchoix,paslemien.Timsort de la pièce en trombe en claquant la porte. Je contournemon bureau etm’installe surma
chaise.Jetravaillecommeuneacharnéetoutelamatinée.Vers11h45,Boniemerejointetj’arrondisunpeu les angles avec elle concernantTim. Je suis satisfaite d’avoir une discussion sans que les chosesfinissentmal.Aprèssondépart,jemeremetsauboulot.Ilfautabsolumentquej’occupemonespritsijeneveuxpas
finirchezlesfous.Avectousleseffortsdumonde,jen’arrivepasàfairesortirTimdematête.Enmilieud’après-midi,alorsquejerelispourlamillièmefoisleSMSqu’ilm’aenvoyécematin,j’enreçoisundePatrick.Bonjour, Rebecca, je te récupère à 19 h 30 en bas de chez toi avant d’aller aurestaurant?IlesttoujourstrèsconcisdanssesSMS.Jerépondsàlahâtelorsquemonregards’arrêtesurlenom
quej’airentrédanslerépertoireilyadeuxans,«PatrickAnderson,vendredi».J’airencontréPatrickunmidienallantdéjeuner.Nousnoussommesdisputéspourunetabledansun
restaurantitalienavantqu’ilm’inviteàdînerdeuxjoursplustard.Pourledifférencierdemoncousinetmerappelerquel journousavionsrendez-vousensemble, j’avaisnoté le jouraprès sonnom.Je le luiavaismontré,ilavaitrietc’estcommecelaquenousavionscréénosarrangementsduvendredi.En voyant ce détail dansmon téléphone, jeme rends compte que je ne veux plus être ce genre de
femme.Jeneveuxplusavoirde«PatrickAndersonvendredi»oude«MarcDavislundi».J’aienvied’unhommetous les jours,quelqu’unprèsdemoichaquesoir,quine secontenteraitpasd’un rendez-vousparsemaine.J’aibesoindeTim.Merde...Jeprendsconscienceque j’aichangé.Cesoir, jeparleàPatricketdemain j’appelleraiMarc. Jene
peuxpasattendrederevenir,ilfautqueleschosessoientclairestrèsvite,jeneveuxplusjamaisqueTimmeregardecommeill’afaitdeuxfoisaujourd’hui.Je termined’écrire desmails urgents, préviensBonie par téléphonedemondépart etm’envais. Je
quitte leChrysler le cœur léger, je sais que j’ai pris unebonnedécision.Uncoupd’œil àmamontrem’indiquequ’iln’estpasencore18heures.J’ailetempsdepasserausalondePolopourmefairebellepourTim.JecompteluienvoyerunSMSendébutdesoiréeenluidemandantdevenirchezmoiaprèsmondîneravecPatrick.Jen’aijamaisemmenéd’hommedansmonappartement,j’aienviequ’ilsoitlepremier.EndescendantrejoindrePatrickdeuxheuresplustard,jemesensnerveuse.J’espèrequ’ilcomprendra
monchoixsansm’envouloir.Mêmesi jenesuispasdugenreàgarder lecontactavecmesex-amantspour déjeuner de temps en temps, j’aimerais que nous nous quittions en bons termes. Je profite de ladescentedel’ascenseurpourenvoyerleSMSàTim.Acceptedeme retrouverdevantchezmoicesoirà23h30. Immeuble leBelaire524E
72ndSt,j’aideschosesàtedire.Jen’attendspasvraimentderéponsedesapart,j’espèreseulementqu’ilviendra.EnarrivantprèsdePatrick,jeletrouvetrèsnerveux,jenel’aijamaisvuaussitendu.Ilnousconduitau
restaurantdansunsilencedecathédrale.Unefoisquenoussommesassis,jedécidedebriserlaglace.–Toutvabien?Tun’aspasl’airdanstonassiette.–J’aimeraisteparlerdequelquechoseetjesuisunpeustressé.–Ah!Moiaussi,ilyaunsujetquejesouhaiteraisaborder.–Honneurauxdames,maisenpremierlieu:queveux-tuboire?–Unchardonnays’ilteplaît.Leserveurprendnotrecommandeetrevienttrèsviteavecnosverres.Noustrinquonsetjemelance.–J’airencontréunhomme.Dis-jesanspréliminaires.Patrickéclatederire.Jeleregardesanscomprendrecequiluiarrive.Jesaisquevenantdemoi,ce
genrederévélationpeutfairesourire,maisdelààêtreprisd’unfourire,jesuisunpeuvexée.–Excuse-moi,finit-ilparréussiràarticuler.Jesuistellementsoulagé!–Jenecomprendspas.Pourquoiserais-tusoulagé?–Parcequej’airencontréunefemmependantquetuétaisenvacances.Jecroisquejesuisamoureux
d’elle!–Oh,Patrick,jesuissiheureusepourtoi.Jemelèveetleprendsdansmesbras.Jesuisapaiséeaussi
alors.J’avaispeurquetum’enveuilles.–Iln’yaaucuneraisonpourquejet’enveuille.Nousavionsunarrangement,j’avaisconsciencequ’à
unmomentdonné,l’undenousauraitbesoindeplus.Parle-moidecethomme!–Ils’appelleTim,enfinHenryTimDelucasjuniorplusexactement.–Sors-tuavecLEDelucasjunior?répète-t-il,surpris.–Jel’airencontréauxBahamasetmaintenant,ilestmonassistant,c’estunpeucompliqué...–Nousavonstoutelasoiréetrèschère,jesuistoutouïe...Commeilinsisteunpeu,jeluiracontetoutel’histoire.Ilm’écouteavecattentionenriantdetempsen
temps. Nous passons ensemble notre meilleur dîner. Il me parle aussi de sa petite amie avec qui ilprojettedéjàdesemarier.Aprèsledessert,jereçoisunSMSdeTim.Jeserailà.Jedétestelafaçondontjesuispartitoutàl’heure.Monsourireenlisantlemessagenepassepasinaperçu.–Est-celui?–Oui,nousdevonsnousvoirdansunedemi-heure.–Alors,vas-y,nesoispasenretard!Nousnouslevonsetnousétreignonsunetoutedernièrefois.–Donne-moidetesnouvellesdetempsentemps,d’accord?–Biensûr,Patrick.Prendssoindetoi.Je l’embrasse sur la joue etmedirigevers les vestiaires.Patrickpart directement régler la note au
maître d’hôtel. Lorsque je suis habillée, il n’est plus là. C’est avec une petite pointe au cœur que jeprendslechemindelasortiemoiaussi.Unepagesetourneet,mêmesijen’aiabsolumentaucunregret,jesuisunpeumélancolique.Enpassantdevantunetable,jereconnaiscetenfoirédeWalkerentrainderire.Jecontinuemaroutelorsquej’aperçoisfaceàlui,Tim.Mesjambesflageolent,jesuisobligéedemereteniràunserveurquipasseàproximité.–Toutvabien,mademoiselle?–Oui,excusez-moi,seulementunvertige.–Voulez-vousvousasseoiruninstant?–Non,j’aiparcontrebesoinquevousdétourniezl’attentiondesdeuxhommesassislà-basafinqueje
puissesortirsansêtrevue.–Entendu.Jedonneunpourboireauserveur,restetapiederrièreunetableetprofitedesoninterventionpourfiler
àl’anglaise.Lorsquejesuisenfindehors,jeprendsunegrandeinspiration.L’airfroiddefinjanviermebrûlelespoumons.Jem’éloigneunpeudurestaurantetm’assiedssurlesmarchesd’unperron.Matêtemefaitsubitementunmaldechien,depuissantsvertigesmedonnentenviedevomir.JedemandeàLouisdevenirmerécupérer.Aumomentdemonterdanslavoiture,lesnauséesmesubmergentetjevidelecontenudemonestomac
surlespiedsdeLouis.–Oh,monDieu!Jesuisdésolée,Louis.–Cen’estrien,mademoiselle,dit-ilenmetendantunmouchoir.Est-cequeçava?–Çavamieux.Jesuissincèrementnavrée.–Cenesontquedeschaussures,nevousenfaitespas.Venez,jevousramènechezvous.Lorsque nous arrivons devant mon immeuble, Louis insiste pour me raccompagner jusqu’à
l’appartement.Unefoisquenoussommesàl’intérieur,ils’envasansmêmequitterl’ascenseur.Jem’allongeparterreaumilieudemonsalonsurundestapisetscruteleplafond.Jen’aipasbeaucoup
buaudîner, ilest impossiblequej’aiehalluciné.Detoutefaçon, jesuiscertainedenejamaispouvoirconfondrequiquece soit avecTim.Pourquoidiabledînait-il avecce connarddeWalker ?Lui aussi,commeBob, travaille àm’espionner ?Tout se bouscule dansma tête. Je repense à son étrange façond’êtreparfois,àsamanièredemesurnommerson«fruitdéfendu».Celatombesouslesens,toutdepuisles Bahamas était prévu pour se rapprocher de moi. Les nausées reviennent, je me lève et vais mechercherdel’eaupétillantedanslacuisine.Jesuissidéréed’avoirétésiidiote.Commentai-jefaitpournepasvoirquecethommememèneenbateaudepuislapremièreseconde?
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Montéléphoneportablesonnedansmonpetitsacàmain, jemeprécipitepourdécrocher.C’estTim.J’hésitequelquessecondespuisréponds.–Allô?–C’estmoi,jesuisdevantcheztoi.–Monte,jepréviensleréceptionniste,ilvatedonneruncodeprovisoire.–Parfait.Est-cequetuvasbien?–Çairamieuxdansquelquessecondes.Jeraccrocheavantd’avoiruneréponse.JecomposeensuitelenumérodelaréceptionetdemandeàNorbertdefairemonterTimici.Ilarrivequelquessecondesplustard,jeresteenfacedeluidanslapénombresansbouger.–Es-tusûrequetoutvabien?s’enquiert-ilenavançantdoucementversmoi.Je ne réponds pas. J’ai toujours envie de vomir, et une douleur inconnue dans la poitrine qui
m’empêchederespirercorrectement.–Enréalité,non,çanevapas.J’airéfléchietjen’éprouverienpourtoi,riendutout.Maiscequetu
penses que je ressens et le fait que nous avons couché ensemble constituent, entre autres, des raisonssuffisantespourquetuquittesmonentreprise.Jesuiscertainequetutrouverasuneautreplaceailleurs,jedemanderaiàBoniedetefaireunelettrederecommandation.–Pourquoimefais-tuvenir icicesoirpourmeraconter toutescessalades?Qu’est-cequisepasse
Rebecca,dis-moilavérité!Ils’estapprochédemoietparleplusfort,saproximitémefaitmal.J’aienviedemeblottirdansses
brasetdelefrapper,toutàlafois.–C’estlavéritéTim,elleneteplaîtpeut-êtrepas,maisc’estainsi.Tuavaisraisontoutàl’heure,je
n’ai pas osé l’avouer tout de suite, mais tu n’es qu’une distraction de plus dans ma vie. Une façond’occupermesjoursetmesnuitsentrelelundietlevendredi.– ÇA SUFFIT ! hurle-t-il enme saisissant par les épaules. Regarde-moi en face, et redis-moi ça !
Redis-moiquetuneressensriendutout,droitdanslesyeux,cettefois.Jelèvelatêteverssonvisageetl’observe.Seulelalumièredesétoileséclairesesmagnifiquesyeux
tristes.Leurbleuclairsembleêtreassombriparlechagrin,jeneparvienspasàcontenirmessanglots.Degrosseslarmestombentsurmesjouessansquejepuisselesarrêter.J’essaiedemedégager,maisilm’en
empêche.Ilestbeaucoupplusfortquemoi,j’abandonnetoutespoirdemesortirdelàtantqu’ilnel’aurapasdécidé.Jeprendsuneprofondeinspirationetmelance.–Jeneressensrienpourtoi,Tim.Tun’esqu’unhommedeplusdansmonemploidutemps,jetel’ai
déjàdit,pourquoimeforceràrecommencer?J’airéussiàprononcertoutemaphraselatêtehaute.Timsemetàpleureràsontourpuismelâche,j’ai
l’impressionquemoncœurvas’arrêterdebattre.–Pourquoifais-tucela,Rebecca?Pourquoi?–Jenefaisrien,Tim...– Je ne comprends pas pourquoi tu ne me donnes pas les véritables raisons de ton état. Pourquoi
cherches-tuàmeblesser?–Çasuffit,maintenant.Va-t’en,s’ilteplaît.Jem’éloignepournepasluisauterdessusetleconsoler,etleregardepartir.Ilprendl’ascenseursans
se retourner. Une fois les portes closes, un bruit sourdme parvient, je l’ignore et me dirige vers lefreezer. Je saisis une bouteille de vodka, un plaid et sors surma terrasse.Cet endroit que j’aime tantd’habitudemeparaîtfroidetlugubrecesoir.Lesétoilessiscintillantesilyaquelquesminutessemblentavoirperdutoutleuréclat.Jem’allongesuruntransatetouvrelabouteille.L’alcoolmebrûlelagorgeetmeréchauffe.Dansunétatsecond,causéparladouleurd’avoirététrahieetlavodka,jemerepassenotreconversation.Encoreetencore.Jelerevoissitristeetmedemandecommentilparvientàfeindresibienun sentiment comme celui-là. Il est allé trop loin, il aurait pu se contenter de faire comme Bob,simplementvolerdesinformations;pourquoim’utilisersipersonnellement?J’avalelabouteillepresqueen entier et sombre dans un demi-coma. Des flashsme parviennent de temps en temps ainsi que dessensationsdésagréables,ettoujoursleregarddeTimlorsquejemesuisréveilléesurlaplage.Sesyeuxmefixent,avectoutelapuretéetlasincéritéquej’aivouluvoireneux.Ilmesouritetmecaresselajoue,sonodeurestpartoutautourdemoietsavoixgraverécitemonprénomtoutdoucement.Puisilcommenceàs’éloigner,savoixdisparaît,lalueurdanssesyeuxs’éteint.J’essaiedeleretenir,
maisjesuisentravée,MarcetPatrickm’enempêchent.–REBECCA!REBECCA!J’entendsMaria,ilyaLouisaussi,maisjenelesvoispas.–AppelezunmédecinLouis,elleavidéseuleunebouteilleentièredevodka.–MademoiselleJohns,ouvrezlesyeuxmaintenant!Jemeconcentreetparviensàbouger.MarcetPatricknesontpluslà.Jecommenceàentendrelesbruits
delarue.Matêtemefaitmaletj’aidenouveaulanausée.J’ouvrelesyeux,MariaetLouism’observent,lesoleilm’aveugle.–Dieumerci,tuesparminous!Qu’est-cequ’ilt’apris?m’engueuleMaria.
J’essaiedemelever,maislesvertigesm’enempêchent,lesnauséesredoublentenintensité,j’aiàpeineletempsdemepencherdanslepotdefleursàcôtédemoiavantdevomir.L’estomacvide,jemesensnettementmieux.Cequin’estpaslecasdemonficus.LouisetMariameconduisentàl’intérieur,jesuisfrigorifiée,toutmonêtretremble.Louismetendune
bouteilledeBadoitetdeuxaspirines.–Jepensequ’ilvamefalloirlaboîte.–Commençonspardeux,mademoiselle.–MerciLouis.Mariam’apporteunecouvertureets’assiedàcôtédemoi.–Qu’est-cequinevapascheztoi?!Jenerépondspas.J’entendsdubruitprèsdel’entrée,unhommesortdel’ascenseurets’avanceversnous.Aprèsm’avoirexaminée,lemédecinmeprescritdel’aspirineetdesantalgiqueslégers.Ilmeconseille
debienm’hydrateretdenesurtoutplusagiraussiimprudemment,puiss’enva.Louisnousquitteenmêmetemps.Jeresteseule,assise,àregarderMarias’affairerdanslacuisine.Jenel’aijamaisvuepréparerquoi
quecesoitàmanger,jepensequ’elleessaiedem’achever.JerécupèremonSmartphonetoujoursposésurlecanapédepuiscettenuit.Ilestdéjàplusde13heures,jenem’étaispasaperçuequej’étaisrestéedehorssilongtemps.Jeconsultemesappelsmanqués,MariaetLouism’onttéléphonéàeuxdeuxquatre-vingt-huit foisdepuis8heurescematin. J’aiaussiunequantitéénormedeSMSde leurpart. Jepensequ’ils détiennent un record. Par contre, je n’ai absolument pas de nouvelles de Tim, mais cela nem’étonneguère.Mariarevientetdéposedeuxassiettessurlatable.Jesuisépatéedevoirqu’ellearéussiànousfaire
deuxclub-sandwichesaupouletetauxcrudités.Cen’estpasgrand-chose,pourtantjenel’encroyaispascapable.Ladernièrefoisqu’elleaessayédecuisiner,nousavonsfinichezletraiteurchinois.–Mange,çavaépongerlavodka!gronde-t-elle.–Oui,Maman.Jemordsdanslepainavecenvie.J’aiétrangementtrèsfaim.–Maintenant,tuvasmeracontercequ’ils’estpassé,etnecroispast’entireraussibienqueTim!–Quandl’as-tuvu?Jedemande,labouchepleine.–Cematin,ilestvenurécupérersesaffairesetrendresonbadgeàlasécurité.J’aicruvoirunfantôme.
Peux-tume dire pourquoi il quitte l’entreprise et pourquoi as-tu bu presque à enmourir seule sur taterrasse?LamainbandéedeTimexpliqueletroudanslemiroirdel’ascenseur,maispourlereste,ilmefautdesexplications!
C’étaitçalebruitquandilestparti!Tims’estblesséàcausedemoi...–IltravaillepourWalker...Mafaims’évanouit,jeposemonassietteetmetourneversMariaquimeregardeavecdegrandsyeux
écarquillés.–Quoi?–Hiersoir,ensortantdurestaurantoùjevenais justededireàPatrickquejesouhaitaisarrêternos
rendez-vousduvendredi,j’aiaperçuTimàtableenpleinediscussionavecYan.–Cen’estpaspossible!Qu’a-t-ilditpoursejustifier?–Rien,jeneluiaipasditquejel’avaisvu.–Attendsuneminute,alorspourquoinousquitte-t-il?–Jeluiavaisdemandédevenirchezmoipourluiexpliquerquej’arrêtaistoutavecPatricketMarc,
maisquandjel’aivuavecWalker,j’aidécidédeneriendire.Lorsqu’ilestarrivéicihiersoir,jeluiaiavoué que j’avais réfléchi et qu’il ne représentait rien pourmoi, qu’il devait partir, car nous avionsdépassélesbornes.–Tun’aspasfaitça!–Jeluiaimêmeditqu’ilnemeservaitqu’àmedivertirentrelelundietlevendredi...–Becky,qu’est-cequ’ilt’apris?Walkerestpeut-êtresimplementuneconnaissance.Timestunhomme
trèsriche,ildoitsûrementconnaîtrebeaucoupdemonde.–Ilm’abernéedepuislepremierjourauxBahamas,ilm’appelaitson«fruitdéfendu»,certainement
parcequ’ilnedevaitpasallerjusqu’àcoucheravecmoi,ildevaitsimplementrecueillirdesinformations,commeBob.Ilaprissurluid’allerplusloin,demedemanderdechangerpourlui,demefairecroirequ’ilavaitdessentiments.Lacoïncidenceesttropgrandepourn’êtrequecela.Dis-moiquelefaitqu’ilsdînentensembletouslesdeuxlejouroùjelicencieBobnetedérangepasplusquecela?–C’esteffectivement très suspectquandonypense,mais jecroisque tuesallée trop loindans ton
raisonnement.Cegarçonestréellementfoudetoi,Rebecca.Jesaisquetuasunproblèmepouraccorderta confiance aux hommes, j’ignore d’où ça vient,mais je crois que tes a priori t’ont faitmanquer dejugement.Pourquoinepasluiavoirdemandédes’expliquer?–Jenesaispas...dis-jeenmelevantprudemmentpourmarcherjusqu’àlafenêtre.Jepensequec’était
plusfaciledeluidiredepartir,cariln’étaitqu’unjouetpourmoiplutôtquedeluimontrerquej’étaisdéçuedesoncomportementetluilaisserleloisirdemebernerunenouvellefois.– Jene saispas cequ’il enestpourWalker,honnêtement, jenecomprendspaspourquoiTim ferait
cela.Iln’apasbesoindel’argentqueBobaprispoursamère.Lanotoriété,ill’adéjà,maisilsecachederrière un pseudonyme pour être anonyme. Son poste chez nous lui assure l’expérience dont il aurabesoinpourtrouverunemploidansn’importequelleautreentreprise,çan’apasdesens.
–Ilm’aavouéqu’ilnesouhaitaitpasvenir ici,c’est samèrequia fait ladémarchepour lui. Il faitpeut-êtreçapours’amuser...Oupeut-êtrepourCatherine.Toutvientpeut-êtred’elle,Walkerluiapromisplusd’avantagessiellesedébrouillaitpouravoirdesinformationssurnous.–Becky,tubasculesdansdel’AgathaChristie, là.Catherineatoutjusterenouvelésoncontrat, ilest
impossible qu’elle décide de partir chez Walker. En plus, Tim m’a dit ce matin qu’il se chargeaitd’expliquerlesraisonsdesondépartàsamère.Ilm’aassuréquenitoinil’entrepriseneseriezmisesencause,quetoutétaitsafaute.QuantàlapartieoùTimneseraitqu’unrichebeaugossequis’ennuie,j’aiquelquesdoutesaussi...Si tu l’avaisvucematin,ondirait toi, levomienmoins.Jene l’aimêmepasreconnutoutdesuitetellementilestdévastéparlechagrin.Ilfautquevousvousparlieztouslesdeux.–Commentpeut-ilêtresisûrquesamèreresteracheznous,s’iln’arienàvoiravecWalker?S’illui
racontesimplementquejel’aiviré,carnousavonsbaiséetquejen’aipasdesentimentspourlui,crois-tuqu’ellenevapasm’envouloir?Non!Ilyaforcémentautrechoselà-dessousMaria.– Si tu avais été honnête avec lui, tu saurais plutôt que de supposer. C’est marrant que tu sois si
choquéequ’ilnesesoitpasmontréentièrementsincèrealorsquetoi-mêmetunel’espas.LesmotsdeMariamefrappent,jenem’attendaispasdutoutàcequ’ellesoitsidure.Simêmemon
amies’ymet,jepréfèrem’enaller.Jemedirigeversmachambrequandellemerattrapeetmebarrelechemin.–Arrêtedefuir,putain!–Jen’aipasbesoinquetumefasseslaleçon,Maria.Cedontj’aibesoin,c’estd’uneamie.–Mais je suis ton amie ! Je t’aime commemapropre sœur alors quand jeme rends compteque tu
passespeut-êtreàcôtédubonheur,jemedoisderéagir.Sivousvousvoyieztouslesdeux,vousn’avezmêmeplus l’apparencehumaine. Il ressemble àun fantômeet toi àunealcooliquedépressive. Je saisqu’il t’a blessée,mais tu n’imagines pas à quel point il souffre lui aussi et je peux t’assurer qu’il nefaisait pas semblant. Il y aquelque chosede louche, c’est vrai,maisne crois-tupasque si quelqu’unmériteunechancedes’expliquer,c’estbienlui?–Non!J’avaisconfianceenlui.Sitoutestpartienfumée,c’estdesafaute.–Trèsbien.Jevaistelaisserunpeutranquille,jepasseraidemainavantquetuprennesl’avion.–Netedérangepaspourça,tuenasassezfaitaujourd’hui.Onsevoitlà-bassamediprochainpourla
soiréed’inauguration.D’accord?–Commetuveux.Jesuislàsituasbesoindemoi.Promets-moideprendresoindetoi.–Promis.Je laisseMariapartir et jeme rue sous le jet chaud et puissantdemadouche. Jene saisplusquoi
penserdetoutecettehistoire.SicequeTimressentpourmoiestbienréel,jecomprendsqu’ilsoittouchéparmonattitudedecettenuit.Lameilleurechoseàfaireauraitétédeluiréclamerdescomptes,comme
Maria l’a si bien dit,mais jeme serais trop exposée. Lui expliquer que j’avais quitté Patrick et quej’étais sur le point de faire pareil avec Marc pour lui, alors qu’il venait de me trahir, est trop medemander.Jen’auraisjamaisputenirlecoupsansmejeterdanssesbras.Aufond,jesaisquesesyeuxnememententpasetcelamerendencoreplusmal.Jem’accroupisdanslebacetrestesouslejetjusqu’àavoirépuisétoutel’eauchaude.Jem’emmitoufle
ensuitedansunépaispeignoiretrejoinsmonbureau.Jedevaisenvoyerquelquesmailscematin,ilfautque jem’en charge avant de partir. À peine assise, j’entendsmon téléphone sonner dans le salon, jedécidedenepasrépondre.Autroisièmeappel,jemelèvepouréviterqueMariaouLouisnedébarquenticientrombe.Jetrottejusqu’aucanapéetdécrochesansregarderquiestmoninterlocuteur.–Jevaisbien!dis-jeenpensantparleràMaria.–Tantmieux,Rebecca,cen’estpasmoncas.Merde!C’estCatherineDelucas,lamèredeTim.–Veuillezm’excuserCatherine,jecroyaisquec’étaituneamie.–J’aidéjeunéavecmonfilsàmidi.–Ah.Putain,qu’est-cequ’ilestalléluidire...–Jesuistombéedesnueslorsqu’ilm’atoutraconté.–JesuisdésoléeCatherine,je...–Vousn’avezpasàl’être!mecoupe-t-elle.Siquelqu’undoitêtredésoléici,c’estHenryjunior,j’ai
hontedeluietj’espèrequecesagissementsnevontpasentachernotrecollaboration.Maisdequoiparle-t-elle?–Euh...–Ilm’aremisl’accorddeconfidentialité.Ill’asigné,jeviensdevouslefaxer.Ilmejurequ’iln’a
riendivulguéàceWalker,ill’avuhiersoirjustementpourmettreuntermeàtoutecettemascarade.Jelesavais!–Trèsbien.–Jecomprendsvotredécisionetjelarespecte,jen’enauraispasfaitmoinsmoi-même.Ilm’adit
qu’ilavaiteuunerévélationetqu’ilsouhaitaitentrerdansuneécoled’artpourvivresapassion.–C’estunenobledécision.–Jenecroispasnon,jenesavaismêmepasqu’ilpeignait,iln’aaucuneexpérience.Jel’aiforcéà
réintégrerl’universitédeNewYorketàobtenirsondiplômeenbonneetdueforme.–Commentça?– Ilnevousapas toutditalors ! Il s’est saoulé laveillede l’examenetn’est jamaisallépasser
l’épreuve.Walker a appris que je vousavais demandéde formermon fils, il lui a doncproposéun
arrangement. Il lui obtenait son diplôme en contrepartie, Henry junior devait lui donner desinformations.Moncrétindefilsaacceptéetnousyvoilà.–Nousfaisonsparfoisdeschosesstupides,noussommestoushumainsfinalement.Jesuisheureusede
savoirquevousnemetenezpasrigueurdeschoixquej’aidûfaire.–AbsolumentpasRebecca.Jevouslaisse.Mercidenepasporterplainte.Àbientôt.–AurevoirCatherine.Jeraccrocheetdécided’allermedégourdirunpeulesjambes,j’aibesoind’airfraispouryvoirplus
clair.Une demi-heure plus tard, j’entre dans Central Park. L’après-midi est assez doux pour un mois de
janvier,mongrospulletmonécharpesuffisentàmetenirauchaud.Jemarcheverslenordensuivantlessentiers,uncouplequisedisputenonloindemoimerenvoieàTim.Jenesuispasaussidéçued’avoirappris la vérité que je l’aurais cru. Je sentais bien qu’il y avait quelque chose de louche. Ce quim’embêteleplus,c’estd’avoirdécouvertceladelabouchedesonidiotedemère.Mêmesicequ’ilafait reste impardonnableàmesyeux, jedoisavouerquedansdescirconstances similaireset avecunemèrecommelasienne,j’auraissûrementtoutaussimalagi.Enfinjusqu’auxpartiesdejambeenl’air.Jenepeuxm’empêcherdemedemandersicequ’ilditressentirpourmoiestréel.J’aienvied’ycroirepourlapremièrefoisdemavie,maiscommentêtresûre?J’entendsdéjàMariamedire :«Tunepeuxpasêtre sûre, lavie est ainsi faite, il fautprendredes
risquesparfois.»Ouencore:«Situleluidemandais,tusauraisplutôtquedet’imaginerdeschoses.»Jedois reconnaître qu’elle n’a pas tort,mais aujourd’hui je n’ai plus assez d’énergie pour une nouvelleconversation.Enfait,jecroisquej’aieumadosepourtouteunesemaine.Enrentrant,jedécidedeprévenirMarcdemonabsencelundiprochainetdemonbesoindeluifaire
partd’unchangement.AprèsavoirenvoyéleSMSetlesderniersmailsquidevaientpartircematin,Marcnem’atoujourspasrépondu.Jem’étiresurmachaiseetdécidedemecommanderunrepasvietnamien.Unefoislesplatslivrés,jem’installesurlecanapéetallumelatélévision,Casablancaestdiffuséetjenepeuxpasm’empêcherdeleregarderdenouveau.Jem’endorsmesnouillesdepouletencoredanslesmainsettombedansunprofondsommeil.Enmeréveillantlelendemainmatin, jedécidequ’ilest tempspourmoid’agircommeuneadulte.Je
vais d’abord courir pour memettre en forme et accepte ensuite d’aller donner à Tim une chance des’expliquer.Jeneveuxpasavoirderegretsetj’aibesoind’entendretoutel’histoiredesabouche.Jenesaispasencorecequejeferaiunefoisqueceserafait,maisaumoinsj’auraisagidelabonnemanière.Unpeuavant10heures,j’arriveenfacedechezlui.Jesuisplusangoisséequejamais.Jem’apprêteà
traverserlaruequandjelevoissortirdesonimmeubleavecunesplendidejeunefemmesouslebras.Ilssonttouslesdeuxenjoggingetsedirigentversleparc.
Putaindemerde!Ilestsupertriste,l’enfoiré!Moncœurseserrependantquejelesregardes’éloigner.JemaudisMaria,dem’avoirmistoutesses
saladesdanslatête.Cethommen’estpasdutoutmalheureuxdem’avoirperdueetilvientdepasserlanuit en charmante compagnie. J’hésite à les rattraper afin de lui diremes quatre vérités,mais cela neferaitqueluimontrerquejesuistouchéeparcequ’ilfait.Autantrestersurmesdiresdelaveilleausoir.Jeregagnemonappartementsurlesnerfsetprofondémentmeurtrie.J’aimaintenantlaconfirmationque
toutcequ’ilafaitouditdepuisledébutn’étaitquedelapoudreauxyeux.Ilaprissonrôletrèsàcœurets’estoctroyéquelquespartiesdejambesenl’airenbonus.Aprèstout,ilauraitétébêtedes’enpriver,jesuistombéedanslepanneaucommeunepucelleenchaleur.
10
Lerestedudimanchemesertà finirmesvalisesetàorganisermasemaineàTokyo.Marcrépondàmon SMS de la veille en fin dematinée. Il souhaite lui aussime parler d’une chose importante. J’ail’espoir qu’il se trouvedans lamême situationquePatrick, tout serait beaucoupplus simple s’il étaitamoureuxd’unefemme.Cependant,quelquechosemeditdanssafaçondem’écrirequ’ils’agitd’autrechose.Jem’eninquiéterailemomentvenu;pourl’instant,j’aid’autreschatsàfouetter.J’embarquecommeprévuà20h30,jemesensabandonnée.Cettesemaine,j’aiperduunfantastique
réceptionniste,biensûravantqu’ilmetrahisse,etj’aiperduTim.J’aiaussiperdul’espoirqu’unjourunhommemefassevoirlemondeautrement,qu’ilbouleversetellementmonuniversquejenesoisplustoutàfaitlamême,qu’ilsoitdignederecevoirmaconfianceetmonamour.Avantquel’aviondécolle,paracquitdeconscience,j’envoieunmessageàMaria.Dansl’avion,toutvabien.Onsevoitsamedi.Je sais pertinemmentque les faits et gestesdeTimn’ont rien àvoir avec elle,mais je nepeuxpas
m’empêcherdeluienvouloirunpeudel’avoirautantdéfendu.L’appareildécolleet,pourlatoutepremièrefoisdemavie,jesuiscontentedequitterNewYork.Être
danslamêmevillequeTim,Mariaettoutesleschosesquipourraientmefairepenseràluiouàcequenousavonsvécum’estimpossiblepourl’instant.J’avaleunsomnifèreetmepersuadequeladistancemeferaleplusgrandbien.Enréalité,non,l’éloignementnem’apassoulagéedutout.J’aipasséunedespiressemainesdemavie.
D’abord,ilafallugéreràdistancelesavocatsdececonnarddeWalker.Heureusementquej’aitoutdemêmeréussiàobtenircequejevoulaisdesapart.Ensuite,nousavonséchappéàlacatastropheavecnoscontainers.Effectivement,cepourrideYansavaitunechosequenousignorions,c’estqu’ilsétaienttousdéfectueux!Ilafalluremuercieletterrepourtrouverunfournisseurcapabledenouslivrerdeuxcentspiècesenmoinsd’unesemaine.Parmiracle,unindustrielmarocainm’atoutdesuitecontactéepourmesignifier qu’il avait exactement le nombre de containers dont nous avions besoin. Je viens justementd’allervérifierquetoutestenordreetc’estbienlecas.Finalement,lasoiréed’inaugurationaurabienlieu,Walkerétantmaintenanthorsjeu,jen’aiplusdesoucisàmefaire.Timestrestétouslesjoursettouteslesnuitsdansmonesprit,m’empêchantdetrouverlesommeil,me
torturantunpeupluschaquesoiravecsesgrandsyeuxbleus.J’aibeaumedirequ’ilnememanquepas,aprèsavoirpassésixnuitssanspouvoirdormirplusdedeuxheuresd’affilée,jesuisforcéedeconstater
quejefaiserreurunefoisdeplus.Jerêvedeletoucherencoreunefois,desentirsonparfumenivrant,delevoirrenvoyerenarrièreunemèchedecheveux,depouvoircaressersesfossetteslorsqu’ilmesourit,d’avoirsesmainsdoucessurmoncorps,legoûtdesalangue,sabouchecontrelamienne,deplongermonregarddanslesienaumomentoùilm’emmèneauseptièmecieletdemeblottircontresontorsecouvertdesueurquandsoncœurbatencorelachamade.Pourlapremièrefoisdemavie,jeressensunmanquejusquedansmonâme.Pourlapremièrefoisdemavie,j’aibesoindequelqu’unpourallerbien.Louis, resté à NewYork, m’a donné de ses nouvelles hier, la jeune femme que j’ai vue dimanche
semble vivre chez Tim. Chaque matin, ils marchent ensemble dans le parc puis prennent leur petitdéjeunerauStarbucks.Ilssequittentensuitepourlajournéeavantdeseretrouverchaquesoiretd’allerdîner dehors puis de rentrer bras dessus bras dessous. J’ai passé la semaine àme demander si cettefemmeétaitdéjàdanssavielorsquenousavonscommencéànousvoir.Jemesuistorturéemillefoisenlesimaginanttouslesdeux,sanspouvoiradmettrequ’elleavaitdroitauxmêmesregardsetauxmêmescaressesquemoi.Jenesuisqu’uneidiotedel’avoircruquandilmedisaitquej’étaislapremièreàvenirchezlui.J’avaisenviedecroirequ’ilavait,commemoi,attenduderencontrer labonnepersonnepourpartagerl’intimitédesonchez-soi.Mercredi dans la nuit, je l’ai appelé en numéromasqué, j’avais besoin d’entendre sa voix. Il m’a
réponduà ladeuxièmesonnerie, ilétaitessoufflécommeaprèsun long jogging...ouunebaise torride.J’ai raccroché avant qu’il ne m’entende pleurer et me reconnaisse. J’ai passé toute cette nuit à medemandercequ’ilfaisait,maissurtout,avecquiillefaisait.Samedien find’après-midi, enarrivantà l’hôtel, je faisuncrochetpar la réceptionpourvérifier si
Marianem’apaslaissédemessage.Elleestsenséeêtreicid’uneminuteàl’autre,jemelanguisdelavoir.Jeneluiaipasparlédepuissamedidernier,misàpartpourréglerdesproblèmesdeboulotetjedoisdirequ’ellememanque.Jen’aimepasdutoutlorsquenosdisputesdurentaussilongtemps.L’hôtessemefaitsavoirquequelqu’unalaisséunmessagepourmoi.Ellemetenduneenveloppe,jela
remercieetm’éloigne.Unefoisdansl’ascenseur, je l’ouvreet toutmonsangseglacedansmesveinesquandjereconnaislapetitenote.J’arriveàmonétageavantmêmed’avoireulecouragedeladéplier.J’entre dans ma chambre tremblante, place le papier sur une tablette à l’entrée, ôte mon manteau etappelleMaria.–J’allaisjustementt’appeler,jesuisàl’hôtel.–Timesticiaussi,ilvientdedéposerunenoteàl’accueil!–Quelestlenumérodetachambre?–As-tuentenducequejeviensdetedire?Timestici,àTokyo!–Oui, jenesuispasencoresourde.Donne-moilenumérodetachambrequenousfinissionscette
conversationdevivevoix.
–Suite25.Jesuisperplexe,Mariamecachequelquechose,j’ensuiscertaine.–Jesuislàdanscinqminutes.Maria raccrocheavantque j’aie le tempsdeposerplusdequestions.Jenecomprendspaspourquoi
ellen’estpasplussurprisequeceladelaprésencedeTim.J’espèrequ’ellen’estpasderrièresavenue,sinonjevaisêtredansl’obligationdelatuer.Elle tape àmaporte avantmêmeque j’aie eu le tempsd’enlevermes chaussures. Jeme lève et lui
ouvre.Ellemeprenddans sesbrasetm’étreint,quelquechosene tournepas rond, lesdémonstrationsd’affectionnesontabsolumentpassatassedethé.–Qu’as-tuencorefait?luidemandé-je,voyantclairdanssonjeu.–Riendutout!riposte-t-elle.–NemenspasRamirez,depuisquandserres-tulesgensdanstesbras?–Paslesgens,justetoi,mameilleureamieavecquijesuisenfroiddepuisunesemaine.–Crachelemorceau!TusavaisqueTimétaitlà,n’est-cepas?–Jesuisvenueaveclui...avoue-t-elle,unpeuhonteuse.–PutainMaria!Pourquoiest-cequetul’asramenéici?– Je l’ai croisémercredi soir au restaurantet ilm’a tout raconté. Je saisaussique tuasparléavec
Catherine et que tu avais raison pourWalker, mais tout cela est arrivé à cause de sa mère, elle estvraimenttrèsdureaveclui!–Jem’ensuisaperçue,maiscelanechangerien,ilauraitdûm’enparler,ilauraitdûtoutarrêterbien
avant.–Jesuisiciparcequejesaisàquelpointtusouffresdesonabsence,j’aiaussidiscutéavecLouiscette
semaine...–Maria,nepeux-tupastemêlerdetesaffaires,pourunefoisdanstavie?–Quandils’agitdubonheurd’unedespersonnesquicomptelepluspourmoi,non,jesuisdésolée.Il
est làpourquetuentendessaversiondesfaitsàlui,samèrenet’adonnéqu’unepartieédulcorée.Cesoir-làavecWalker,ilmettaitfinàsonarrangement,alorsmêmequ’iltecroyaitdanslesbrasd’unautrehomme,jetesignale.Sanssavoirsituvoulaisdelui,ilaagicommelemecbienqu’ilest.Ilaassumésesconneries.Certesunpeuenretard,maisill’aquandmêmefait!Je m’éloigne de mon amie, je n’en reviens pas qu’elle me fasse ce coup-là, je la déteste ! Si les
fenêtrespouvaients’ouvrir,jel’auraisdéjàjetéeenbas.–Etlafemmeaveclaquelleilpassetoutsontempslibre,t’ena-t-ilparlé?–Maisdequoiparles-tu?–Figure-toiquetunesaispastout!Dimanchematin,jemesentaisidiote,alorsj’aidécidédelalui
donnersachancedetoutmeraconter.Enarrivantdevantsonimmeuble,àtoutjuste10heures,jel’aivusortiravecunejeunefemme.Ilavaitsonbraspar-dessussonépauleetilsmarchaientdanslaruecommeunvraipetitcouple.Monamieexplosederire,jesuissurlecul.Commentmadétressepeut-ellelarendresieuphorique?–Tuesunebelleidiote,Becky!–Ettoi,unevéritablegarce!Cen’estpasdrôle!Ilssontsortisdechezluitouslesmatinsavantd’y
revenirtouslessoirsaprèsundîneraurestaurant.Ilestbeaul’hommemalheureuxetdétruit...–Cettefemmes’appelleJulia,ilmel’aprésentéemercredi.–Carrément!Ettumeleramènesici,commentoses-tu?Tumeconnaisbienpourtant,tusaisàquel
pointilm’aétédifficilededéciderdeneplusvoirPatricketMarc.–Aurisquedemerépéter,tun’esqu’uneGROSSEidiote!Samedijet’aidit,ilvautmieuxdemander
plutôtquesupposer,t’ensouviens-tu?–Jenevoispaslerapport!–Tuvasbientôtcomprendre.Quiya-t-ildanslanote?–Jenesais,jenel’aipaslue.Jedésignelaconsoleprèsdelaported’entrée,Mariasaisitlanote,etl’ouvre.–Lève-toi.–Quoi?–Lève-toi,ordonne-t-elleenmetendantlepapier.Vas-yetécoute-le.Jeregardel’écrituredeTimetmoncœurs’emballetoutdesuite.«Laisse-moiunechancedetoutt’expliquer.Rejoins-moidanslasuiteprésidentielleaudernierétage.T»–Ilesthorsdequestionquej’yaille!Mariam’attrapeparlesépaulesetseplantedevantmoi,meforçantàlaregarderdanslesyeux.–Becky,jet’aimebeaucoupetjepensequetuasconfianceenmoi,alorsquandjetedisquetudois
allerlevoiretl’écouter,s’ilteplaît,fais-le,etarrêtedefairechier!Ellemepoussedehorsavantquej’aieletempsdedirequoiquecesoit,ellemefermelaporteaunez.Etc’estmoiquisuisentêtée!Jemeprêteàsonjeustupideetmontejusqu’audernierétage.J’espèrequed’entendrelesexplications
de Tim me permettra de passer à autre chose. Une fois devant la double porte de la suite, j’hésite.PourquoiMaria est-elle si sûre que je sois obligée d’écouter ce qu’il a àme dire ? Jeme demandepourquoi elle donne autant de crédit à un homme qu’elle connaît si peu, il a vraiment dû être trèsconvaincantdanssesexplications.
Jeme jetteà l’eauet tapesansgrandeconviction.Commes’ilattendaitmavenuede l’autrecôtédumur,Timouvrelaportepresqueinstantanément.Dansmessouvenirs,iln’étaitpasaussigrand,peut-êtreparce que chaque fois que nous nous sommes vus à New York, j’étais perchée sur des talons alorsqu’aujourd’huijeneportequedesballerines.Ilm’accueilleavecunimmensesourirequimeréchauffelecœur.Jerêvaisdevoircesfossettesunefoisdeplus.J’entreetleregarderefermerlaportederrièremoi,ilestàtomber.Piedsnusdansunjean,unechemise
écossaiseouverteaucol,sijeneluienvoulaispastant,jeseraisdéjàpendueàseslèvres.Ilmedésignelesalonetnousprenonsplacel’unenfacedel’autresurdeuxfauteuilsclubencuirmarron.–Mercid’êtrevenue,jesuiscontentdetevoir,tum’asbeaucoupmanquécettesemaine.–JenesuisiciqueparcequeMariam’aforcélamain.–Tupeuxpartirsitulesouhaites,jenet’envoudraipas.Ilme regardeenattendantque jeprennemadécision.Unemèchedecheveuxbrune lui tombesur le
frontexactementcommej’aime.J’essaiedemeconcentrer,maisilesttrèsdifficilepourmoiderésisteràl’enviedeletoucher,ilm’atellementmanqué.–Maintenantquejesuislà,autantquej’entendecequetuasàmedire.–Trèsbien,préfères-tuquejeparleouas-tudesquestionsàmeposer?–Jet’écoute.Ilremuedanssonfauteuilcommesionluipiquaitlesfesses.Ilestclairementnerveux.Ilfinitparse
pencherunpeuetcommenceàs’expliquer.–Jesaisquemamèret’aappelée.TuesdoncaucourantpourYanWalker.Jesuisnavré,jeluiavais
faitpromettredemelaissert’enparler...– Je savais avantqu’elleme téléphone. Je t’ai vu en sortant du restaurant. J’étais là-baspour... peu
importepourquoi,lefaitestquej’étaisaucourantlorsquetuesvenuchezmoivendredisoir.J’auraisdûteledire.Ilplantesesyeuxdanslesmienscommes’ilessayaitdemefaireparler,jepensevoirunpetitsourire
sedessinersursesmagnifiqueslèvres,maisjenepeuxpasenêtrecertaine.–D’accord,donctum’asvu.Ilestnécessairequetusachesquejeluiaidonnérendez-vouspourlui
signifierqu’iln’obtiendraitriendemoi.J’aidemandéàlevoirdèsmonretourdevacances,maisiln’apasvoulumerencontreravantvendredi.Jeneluiaijamaisfournilamoindreinformationsurtoiousurtonentreprise.Concernantlesraisonsquim’ontfaitaccepterlemarché,jecroissavoirquemamèret’aparlédemondiplôme.–Exactement.– Il ne s’agit que d’un morceau de vérité. Elle-même ne sait pas tout. Un mois avant la date de
l’examen,unejeunefemmes’estprésentéeàmoienprétendantêtremademi-sœur.Jenel’aipascrue,
mais, après quelques recherches et un test à partir de nos sangs devant son obstination, il s’est avéréqu’elledisaitvrai.–Tamèreaeuunautreenfant?lecoupé-jedenouveau,étonnée.–Non,monpère.J’aid’abordrefusédelavoir,jenevoulaispasdufruitdel’adultèredemonpère
dansmavieetpuisj’aicomprisqu’ellen’yétaitpourrien.Laveilledel’examenétaitaussilejourdel’anniversaire de la mort d’Henry. Je l’ai appelée et je lui ai proposé de faire connaissance. Noussommesallésboirequelquesbièresetj’airéponduàsesquestions.Dansunsoucid’honnêtetéetàcausede l’alcool, je luiaidit lavérité surcethommequ’étaitnotrepère,etqu’elle semblaitcomme tout lemonde idéaliser.Elle l’a trèsmalprisetelle s’estenfuie. Jem’ensuisvoulu,alors jemesuis saouléjusqu’àcequelepubferme.J’aidormitoutelajournéedulendemain,ratantainsil’examen.–Quellevérité?Jesensquej’aiposélaquestiondetrop.Timselèveetavanceverslebar,ilnoussertdeuxverresde
vodkaetvientserasseoir,m’entendantunaupassage.Ilreplacesamèchedecheveuxenarrière,moncœurrateunemesure.–Henrybuvait beaucoup.Quand il était saoul, il avait tendance à êtreunpeubrusque.Mamère en
avaitmarrealorsellel’amenacédelequitter.Commecelaneprenaitpas,lorsqu’ilestencorerentréivreàlamaison,elleetmoisommespartisàl’hôtel.Lelendemainmatin,enrevenant,nousletrouvionsmortdans lesalon. Ilavaitavaléde lamorphineetdessomnifères trouvésdans lamallettedemamère,underniercoupbasdesapart,certainementpourqu’ellesesenteunpeuplusresponsable.–Oh,monDieu!Jel’ignorais,Tim!Jesuistellementdésolée,jecroyaisqu’ilétaitdécédédessuites
d’uncancer.Jemerapprocheetm’agenouilledevantlui,nepouvantpasgardermesdistancesfacesapeineettant
honnêteté.Aprèstoutcequejeluiaiditvendredisoirdernier,jenem’attendaispasàcequ’ilm’endiseautant.Ilplongesatêtedansmoncou,sesmagnifiquesyeuxremplisdelarmes.Ilpleuresanssanglotsenme serrant fort contre lui. J’ai l’impression qu’une lameme transperce le cœur.Une fois calmé, il seredresseetpoursuit.–Tunepouvais pas savoir, les gens richesont la possibilité de choisir ce qu’on dira d’eux,même
aprèsleurmort.Mamèreapayéunesommeconsidérablepourquelelégisteconclueàunarrêtcardiaquedûaucancer.Jen’arrivepasàdéchiffrer sonhumeuravecexactitude, il sembleêtre submergépardenombreuses
émotionscontradictoires.–Quandjemesuisréveilléetqu’ilétaittroptardpourpasserl’examen,jenepouvaispasseulement
direàmamèrequejem’étaissaouléàcausedemademi-sœurmiseaumondependantsonmariageavecmonpère. J’aiprétenduavoir réussienattendantde trouverunesolutionetc’estàcet instantqueYan
m’est tombédessus. Ilm’apromisdem’obtenirmondiplôme, lemomentvenu jedevais lui rendreunservice. J’ai acquiescé bêtement.N’ayant pas de ses nouvelles durant plusieursmois, j’ai pensé qu’ilm’avaitoublié,mais ilaréapparufindécembremedemandantd’êtreuntempssesyeuxetsesoreillesdanstonentreprise.J’aiacceptédeluiracontercequej’entendaisouvoyaispendantunmoissansvoleroudétruirelemoindredocument.Timserelèveetmarchedanslesalon,ilouvrelaportedelaterrasseetinspirel’airfrais.Jemelève
aussietlerejoins.Jem’appuiesurledossierducanapéenattendantqu’ilpoursuive,maisilneditplusrien.–C’estpourçaque tuesvenuauxBahamas?Tuvoulaismeséduirepourque jemeconfieà toiau
bureau?Mesmotslefontréagir,saposturechange,ilserrelesmâchoires,maisilnemerépondpas.Jecontinue
monraisonnementpourlefaireparler.–Tuavaisdansl’idéequelagarcedesaffairesseraitplusapteàteracontertouslespetitssecretsde
sasociétéunefoisquetuauraiseusaculotte,n’est-cepas?Ilavraimentmisésurleboncheval,Walker!–ÇASUFFIT,REBECCA!TUDÉPASSESLESBORNES!hurleTim,en faisantvolte-face.Tune
peuxpas dire ça !Tune peuxpas prétendre ne pas voir ce que je ressens pour toi etmedire que tun’éprouves rienen retour. J’ai faitdesmauvaischoix,c’estcertain,mais tout cequenous avonsvécuensemble,c’estuniquementparcequetum’asbouleversé.Àlasecondeoùj’aicroisétonregardsurlaplage, j’ai su que je ne serai plus jamais lemême homme. Je suis amoureux de toi, profondément etsincèrement,jeviensdepasserlapiresemainedemavie.Jesaisquej’auraisdûtoutteraconterdèslepremier jour, mais je te jure qu’à la seconde où j’ai posé les yeux sur toi, je n’ai plus du tout eul’intentiondedivulguerquoiquecesoit.Jepensaispouvoirréglertoutecetteaffaireavantquetusoisaucourant.–Pourunhommesimalheureux,tuaspasséunesemainebienaccompagné.–Maisdequoiparles-tu,enfin?–Dimanchematin,jesuisvenuepourtedirequejet’avaisvuavecWalkerensortantdurestaurantavec
Patrick.Maistuétaisdéjàbienoccupéavecuneautrefemme.Femmequiestrestéechaquejourcheztoidepuis,sij’encroiscequem’arapportéLouis.TimestprisdumêmefourirequeMariaunpeuplustôt.Pourquoiréagissent-ilstousainsilorsquejeparledecettenana?–Ils’agitdeJulia,parvient-ilàdireentredeuxrires.–Oui,jesais,Mariamel’adéjàdit!Jenecomprendspaspourquoicelavousfaittellementrire.–Tuesjalouse?–Évidemment,j’aitouteslesraisonsdel’être,necrois-tupas?Tumedemandesdechoisirentrema
vie d’aventures où je me prive volontairement de la moindre intimité en ayant des rendez-vous sansamouravecdeuxhommesettoi.Combledel’ironie,quandjemedécideàaffrontercequejeressensetàtechoisir,jedécouvrequetuespionnesmonentrepriseetquetuasunepetiteamiepresquedeuxfoisplusjeunequemoi...Je n’ai pas finima phrase que Tim se jette surmoi. Ilm’attire à lui et enfonce sa langue dansma
bouche. Jeme laissealleret savourecemomentdont j’ai rêvépendant six jours. Je reconnais toutdesuitesonpetitgoûtmentholéetladouceurdeseslèvres.Ilmeserrefortcontresapoitrine, jesenssurmonventresonérectionenfleretj’aiimmédiatementtrèsenviedelesentirenmoi.Ilfinitparmelâcher.Sabouches’éloignedelamienne,maisnosfrontsrestentcollés.–Juliaestmapetitesœur,beauté.Iln’yapasd’autresfemmes,jenesaispascommentteprouverque
tueslaseule,maisjesuiscertainquetuvoisenmoicommejepeuxvoirentoi.Depuislepremierjour,tuasprispossessiondetoutmonêtre,demoncœuretdemonâme.J’aicachémarelationavecYan,maisjen’aijamaismentilorsquej’exprimaisd’unequelconquefaçoncequejeressenspourtoi.Dis-moiquetulesais,jet’enprie.Sa suppliqueme touche comme je n’ai jamais été touchée auparavant. Bien sûr que je sais que cet
homme est sincère et je comprends à présent tous les choix qu’il a faits. Dans sa situation, j’auraiscertainementfaitlamêmechose.Jereculed’unpaspourmieuxlevoiretplacemamainsursajoue.Demonpouce,jecaressel’endroitoùlafossetteapparaîtlorsqu’ilmesourit.–Oui,jelesaismaintenantetjemesuisaperçuequ’ilenestdemêmepourmoi.Jenet’enveuxplus
pourWalker,j’auraissûrementfaitlesmêmeschoixidiotsquetoi.Jerisqueunemainsursajoue,ilfermelesyeuxenprofitantdemacaresse,jepoursuis:– Je suis désolée de t’avoir blessé volontairement vendredi. J’ai eu des doutes sur tes sentiments
jusqu’icialorsqu’enréalitéinconsciemmentjesavaisquetuétaissincèreetc’estpourcelaquej’aiagiaussiméchamment.J’auraisdûvenirteparlerdimanche,jenousauraisévitéàtouslesdeuxcettesemainedefolie.– C’est vrai, mais les apparences étaient contre moi, j’aurais comme toi tiré des conclusions trop
hâtivementsij’avaisétéàtaplace.Promets-moiàprésentdetoujoursvenirmeparlerplutôtquedefuir,d’accord?–Promis.–Tuasvraimentrompuavectesdeux...amis?–J’aidiscutéavecPatrick,ilestamoureux,pasdemoi!Ilsouhaitaitégalementtoutarrêter.–Qu’enest-ildeMarc?Jesensbienàsaquestionquesonintuitionleconcernantrejointunpeulamienne.– Jene lui ai encore riendit. Jenevoulaispas lui annoncer celaparSMS. Je lui enparlerai lundi
soir...–Quelquechosemeditqu’ilneprendrapasleschosesaussibienquelepremier.– Peu importe, il devra respecter ma décision, ne t’inquiète pas pour ça, je ferai ce qu’il faut.
Maintenant,j’aimeraisquetumefassesunepromesse,toiaussi.–Toutcequetuvoudras,beauté.–Catherinem’aditquetusouhaitaissuivredescoursd’artetjetrouvequec’estunemerveilleuseidée.–Tucrois?–Biensûr!Tufaisuntravailremarquable,jesuiscertainequetesœuvresméritentd’êtreexposées.
Alors,promets-moidefairecequ’ilteplaîtetnoncequetuasl’impressiondedevoirfaire.Monbeaubrunmeregardeamoureusementcommesij’étaisunjoyaud’unerarepureté.Ils’avancevers
moi,etmeprenddanssesbras.–D’accord,promet-il.DèsquenousseronsderetouràNewYork,jeferaicequ’ilfaut.Jeveuxaussi
quenousrecommencionstoutdepuisledébut.–Commentça?Jecroissavoirceàquoiilfaitallusion,maisj’aibesoindel’entendreledireavecsesmots.–Nousironsdîneraurestaurant,jet’écouteraimeparlerdetoiparcequej’aienviedetoutsavoirsur
toi,detonpremiersoufflejusqu’auxBahamas,avantdeteramenerchezmoipourtefairesauvagementl’amour.Jeveuxteprésentermasœuretmamère,mêmesitulaconnaisdéjà,ainsiquetousmesamis.–Es-tusûrdevouloirvraimenttoutsavoir?Mavieaparfoisététrèscompliquée...–Évidemment!Jeveuxapprendretoustespetitssecrets,toutcequifaitquetuestoi,tellequetul’es.
Connaîtretescasserolesettousceuxquit’ontunjourblesséeourendueheureuse.T’entendremeparlerdetonenfanceetducheminquit’amenéejusqu’ici,aujourd’hui,dit-iltendrementensedirigeantverslasalledebains.Cethommeestunextraterrestre...–Qu’est-cequetufais?Jedemande,curieuse,enleregardants’éloigner.–Jevousaifaitunepromesse,mademoiselleJohns:fairecequ’ilmeplaît.Cesoir,c’estvousdonner
duplaisir.Jevaisdoncvousdéshabilleretvousfairejouirsousladouche,puisdansmonlitetpeut-êtremêmesurlecanapé.Jenem’arrêteraipasavantquevousmesuppliiezdelefaire.–Celapeutprendredutemps,nousallonsraterledîner,tusais...J’entends l’eau couler dans la salle de bains.Tim ressort de la pièce entièrement nu, ilme regarde
l’observer.Laperfectiondecetêtremesauteauxyeux,etjeneparlepasuniquementdebeautéphysique.Cethommepuissant,élégant,matureetattentionnépossèdelaplusbelleâmequiexistesurterre.–Qu’importequenoussoyonsunpeuen retard !C’est toi lapatronne, tupeuxfaireceque tuveux.
Danslepiredescas,tupourrastoujoursenvoyerMariafairediversion.Nousavonsdéjàperdutouteunesemaine,jenecomptepasattendreunesecondedeplusavantdet’avoirprèsdemoi.Jerisetl’embrassedanslecou,j’airetrouvéTim,monoxygène,l’hommequim’aouverteaubonheur.
Je sais que tout n’est pas gagné, qu’il n’est pas certain qu’il ne s’enfuie pas en courant lorsqu’ilapprendratoutdemoi.Malgrécela,etmêmes’ilesttrèsprobablequejefassetoutfoirer,j’acceptedeprendreleplusgrosrisquedemavieetdel’aimer.
DIABLEMENTSEXY(T.1)BellaDurand
RebeccaJohnsestunebusinesswomanquinevitquepoursontravail.Lesrelationsamoureusessérieuses,ellen’enveutpas : seul compte le plaisir. Alors, quand elle s’accorde quelques jours de vacances aux Caraïbes, elle ne s’attendcertainementpasàrencontrerlegrandamour.Pourtant,àl’hôtel,uninconnuauxyeuxturquoisescroisesonchemin.Contrairementauxautres,cethommemystérieuxluirésiste.Rebeccaestdéstabilisée,fascinée.Pendantsonséjour,ellereçoitunenotesignéede«T»,oùil luiproposeunrendez-vousledernierjourdesesvacances.Lajeunefemmedécouvrepeuàpeuquecethommesaittoutd’elle,alorsqu’elleneconnaitriendelui.Quiestcethomme?Et,surtout,queveut-il?
Riennerésisteàcettefemmed’affaires.Saufcetinconnuquisaittoutd’elle...
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