compte-rendu débat cafébabel : jeunesse européenne et emploi, comment on s'organise ?
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Débat Cafébabel
« Jeunesse européenne et marché de l’emploi :
comment on s’organise ? »
Compte-rendu
A. Karima Delli / Bernard Conter
« Les réponses européennes à la problématique de l’emploi des jeunes »
Cafébabel : Dans le contexte d’une nouvelle Commission et d’un nouveau Parlement européen, peut-
on oser aujourd’hui aller vers une harmonisation des conditions de travail et des droits sociaux des
jeunes au niveau européen ? Comment ?
Karima Delli (eurodéputée chez les Verts)
Karima Delli accuse le manque de
réactivité des pays de l’Union vis-à-vis de
la situation des jeunes, qui, « en
attendant la catastrophe », axent leur
priorité sur le sauvetage des banques et
le remboursement de la dette depuis la
crise. Or, Karima Delli rappelle qu’en
France, il y a 1,2 millions de stagiaires
non rémunérés : il y a urgence d’agir et
de revoir ses priorités. C’est pourquoi
elle a par exemple fondé le collectif
« génération précaire » qui vise à
encadrer les stages et mettre la question des stages précaires au centre du débat public.
Sur la question de la dette et de son remboursement érigé en priorité, dictant les politiques
d’austérité imposées aux pays de l’Union, Karima remet les choses en perspective en faisant la
différence entre ce qu’elle nomme la « bonne » et la « mauvaise » dette : investir dans la jeunesse
est selon elle une bonne dette. Investir dans la transition numérique et énergétique est une bonne
dette. Il faut orienter les financements en ce sens. Karima Delli s’inscrit d’ailleurs contre le discours
défaitiste qui présente la jeunesse actuelle comme une « génération perdue » : elle insiste sur le fait
que la jeunesse est déjà en mouvement, qu’elle est active et créative dans des tas de secteurs. Il
s’agit de donner une visibilité à cette jeunesse là et de prendre appui sur son dynamisme.
D’autre part, Karima affirme qu’il est urgent de rouvrir une vraie discussion sur un traité de l’Europe
sociale. Selon elle, la garantie jeunesse est un outil, mais ne règlera pas le problème de fond, qui est
celui du chômage en général. Pour résoudre ce problème il faut selon elle avoir le « courage
politique » de mener plusieurs types d’action : d’abord investir dans l’innovation, la recherche et les
services publics, ensuite réduire le temps de travail afin qu’il soit mieux réparti au sein de la
population, et enfin régler la question de la pauvreté qui explose chez les jeunes en mettant en place
un revenu minimum d’existence. Il faut dans ce cadre plus de collaboration à l’échelle européenne :
il faut donner à voir la créativité et le dynamisme de la jeunesse, mettre en valeur les initiatives qui
fonctionnent.
Karima termine en critiquant les initiatives européennes pour leur caractère inefficace, et en invitant
la société civile à une vraie mobilisation : la Charte européenne sur les stages, par exemple, n’est
qu’une mesure d’incitation non contraignante, qui n’a eu aucun résultat. Il faut selon elle mettre en
place des mesures contraignantes. Ensuite il faut revoir tous les modes d’organisation du travail, si
l’on veut revenir à un modèle d’emploi décent : que faire pour que demain on ne perde plus sa vie à
la gagner ? Notre modèle de course à la croissance n’est-il pas obsolète ? Karima est en effet pour la
croissance, mais pas la croissance économique dont les indicateurs ne prennent en compte que la
« production de richesses » sur un territoire : elle est pour la croissance du bonheur et du bien-être
des gens. Or, il n’existe à l’heure actuelle pas d’indicateur pour cette croissance là.
Concrètement, termine Karima Delli, il faut mettre tous les acteurs autours de la table : chercheurs,
ingénieurs, entrepreneurs, politiques … et il faut que la jeunesse s’organise, avec des propositions
claires et une feuille de route claire. Sinon ce sera toujours le haut qui décide pour le bas, les
politiques pour les citoyens. Au contraire : il faut selon elle que ce soient les citoyens qui orientent
l’Europe et les politiques.
Cafébabel : Vous dites que “la jeunesse mérite sans doute mieux que des parcours d’insertion
contraints aux perspectives limitées. » Ma question est donc la suivante: comment changer de
référentiel pour offrir aux jeunes de vraies opportunités de choix et une vraie sécurité au travail ?
Bernard Conter (politologue à l’IWEPS) :
En guise de préambule à sa réponse,
Bernard Conter précise qu’en tant que
chercheur son travail consiste d’abord dans
un travail d’étude et d’analyse. Il
commencera donc par avancer des constats
et des faits plutôt que des réponses sur le
mode prescriptif de ce qu’il « faudrait
faire ». Divers constats alarmants légitiment
selon lui la crainte des jeunes face à la crise
et à leur avenir. Il précise que la difficulté de
l’accès à l’emploi ne date pas de la crise de
2008 mais d’une transformation de la société, de l’économie et des services publics qui date des
années 80. Cette époque témoigne en effet d’un « changement de référentiel » qui a créé par effet
de cascade un certain nombre de victimes, dont les jeunes en première ligne. En effet, le déséquilibre
sur le marché du travail entre l’offre et la demande fait que l’employeur peut choisir et faire pression
à la baisse sur les conditions de travail.
Concrètement, quelles sont les différentes évolutions qui ont mené à ce changement de référentiel ?
Jusqu’au milieu des années 70 on vivait ce qu’on appelle une économie de « plein emploi ». Les
politiques sociales étaient au service d’un modèle de croissance, ce qui créait de l’offre en
permanence. Le contexte était celui d’un désir de stabilité après plusieurs décennies de troubles, et il
existait en Europe un mouvement social très fort. La logique de l’époque était celle du « mieux-être
social » : le référentiel politique était l’amélioration du bien-être (Traité de Rome).
Puis survint le tournant libéral des années 80, qui nous fait basculer sur une société de « plein
chômage » : le chômage pèse sur tous les individus de la société. Les politiques deviennent des
politiques de l’offre : le rôle de l’Etat n’est plus d’alimenter la consommation et la commande
publique, mais de favoriser le développement des entreprises en levant toutes leurs entraves en
terme de flexibilité et de coût du travail. On passe de l’Etat roi à l’entreprise reine. Au niveau
européen, la réponse au chômage sera l’approfondissement du marché. Et en 1997, le chômage
passe la barre symbolique des 10%.
La réponse de politique sociale à cette situation sera non pas de créer des emplois, mais d’aider les
individus à jouer la concurrence sur le marché du travail. Pour utiliser la métaphore de la chaise
musicale, il s’agira non pas de rajouter des chaises, mais d’aider les individus à courir plus vite. C’est
ce qui s’appelle « l’employabilité » : mettre les individus en concurrence face à un marché du travail
bouché. C’est là qu’il y a un problème, que répète le dispositif de la Garantie Jeunesse sans le
résoudre : tant que nous n’aurons pas d’augmentation du nombre d’emplois, il ne servira à rien de
multiplier les stages et les formations pour améliorer « l’employabilité » des chômeurs.
Par ailleurs, ajoute Bernard Conter, avant de se demander comment créer des emplois, il faut se
demander qui crée les emplois. Selon lui, il faut casser le mythe selon lequel ce sont les
entreprises qui sont créatrices d’emploi : le but de l’entreprise n’est pas de créer des emplois, mais
de répondre à un carnet de commandes. Si le carnet de commandes s’allonge, alors elle engagera
plus de travailleurs.
Si ce ne sont pas les entreprises qui créent de l’emploi, qui est-ce ? Selon Bernard Conter, on crée de
l’emploi par décret : par un certain nombre d’initiatives et d’investissements. Ainsi, la commande
publique est un levier énorme de création d’emploi. Or le cadre budgétaire européen ne permet pas
de penser la commande publique comme créatrice d’emploi. Bernard Conter se rallie ainsi à l’opinion
de Karima Delli en affirmant qu’il faut d’une part utiliser les leviers de la transition numérique,
éducative et écologique pour créer de l’emploi, d’autre part réduire de manière généralisée et
linéaire le temps de travail en Europe.
Question du public : Comment faire en sorte que la commande publique soit un levier durable de
création d’emploi ?
Bernard Conter retourne la question : est-ce que l’économie telle qu’elle est actuellement est
soutenable ? Est-elle durable ? Non. Le paradoxe est qu’on n’a jamais produit autant de richesses,
mais que la majorité de cette richesse est stockée sous forme de capital. Par le passé, 70 % de la
richesse revenait au travailleur à travers le salaire. Mais aujourd’hui, dans la distribution primaire
entre travail et capital, le rapport est nettement défavorable au travail. Or il n’y a que les travailleurs
qui créent la richesse, le capital seul ne crée pas de la richesse.
Question du public : Comment optimiser la dépense publique ?
Karima Delli répond que la première chose est de savoir sur quoi on investit : l’Europe investit pour
le moment sur ITER (la recherche sur le nucléaire), sur l’armement, sur l’automobile … les politiques
témoignent ainsi d’un manque criant de prospective : il faut arrêter de dessiner le monde tel qu’il est
aujourd’hui. Il faut voir vers quoi nous devons aller, et investir dans des secteurs d’avenir.
Ensuite, il faut régler le problème du dumping social et fiscal en Europe. Il va falloir agir local, mais
penser global : il faut une refonte totale de l’économie de proximité, qui est créatrice d’emploi (le
secteur de l’économie sociale et solidaire n’a en effet pas connu la crise). Parallèlement, il faut
mettre en place un véritable plan de relance à l’échelle européenne : pour Karima, tous les nouveaux
défis se présentent en effet à l’échelle européenne, aucun des pays de l’Union ne pourra s’en sortir
seul.
En ce qui concerne l’investissement dans le secteur de l’éducation, il faut commencer par ne plus
mettre en concurrence les différents types de formation selon une échelle de prestige : par exemple
il ne devrait pas y avoir de compétition entre l’enseignement général et le professionnel, ces deux
types d’enseignements sont complémentaires, il faut les valoriser pour ce qu’ils sont. Il faut aussi
que l’expérience compte, les stages, les services civiques doivent être reconnus.
Karima termine en s’insurgeant contre la création dans le discours d’une nouvelle catégorie de
jeunes : les « Neets ». C’est une catégorie de « riens » de jeunes « exclus » du système, supposés
passifs. Pour Karima, il est intolérable qu’une génération se dise « sans rien » : c’est pourquoi il faut
se manifester et se serrer les coudes, que les jeunes instruits et formés s’unissent à ces « Neets »
autours de revendications communes.
B. InternsGoPro / ThinkYoung / Conseil de la Jeunesse
« Les nouveaux moyens d’action et d’organisation des jeunes »
Cafébabel : Vous êtes l’organe officiel d’avis et porte parole des jeunes francophones de Belgique,
votre rôle et de faire participer les jeunes au processus démocratique, quelles sont les pistes et
recommandations concrètes face à la précarisation de l’emploi que vous portez et plus généralement
comment peser au niveau décisionnel ?
Matthieu Degrez (membre de l’Assemblée Générale du Conseil de la Jeunesse) :
Matthieu Degrez rappelle que le taux de chômage des jeunes s’élève à 25 % en Wallonie et à 33 % à
Bruxelles, et note qu’il existe d’importantes disparités selon les communes. Si les partis politiques
francophones en Belgique ont certes pris conscience de cette problématique, ces derniers pointent
surtout du doigt une inéquation entre l’offre et la demande, estimant que les jeunes ne seraient pas
assez formés aux réalités du marché du travail. Cette position fait reposer le chômage des jeunes sur
une responsabilité individuelle, celle des jeunes eux-mêmes.
Matthieu Degrez estime que les jeunes sont suffisamment formés de nos jours, et que la vraie
question est celle du manque d’emplois en général. Selon lui, la réduction collective du temps de
travail serait une réponse créatrice d’emploi. S’il faut certes créer de nouveaux postes, dans le
secteur non-marchand par exemple, il faut également s’attaquer au problème de la discrimination à
l’embauche, très présent à Bruxelles.
Pour mettre en œuvre au mieux des outils tels que
la Garantie Jeunesse, Matthieu Degrez préconise
une réelle concertation au sein de l’ensemble du
secteur qui travaille sur les questions de la
jeunesse : associations, syndicats, Conseil de la
jeunesse, etc. De plus, il est important de ne pas
répéter les erreurs faites dans le passé. Le
chômage massif des jeunes a des conséquences
bien plus larges qu’on ne l’imagine : il concerne
également ceux qui ont un emploi, car une
véritable pression sur les conditions sociales des employés se met en place. Ces derniers sont rendus
de plus en plus vulnérables par une main-d’œuvre extrêmement concurrentielle.
Cafébabel : Face à des conditions de stage dont tout le monde s’indigne, vous avez organisé le
European Interns Day. Quelle est la prochaine étape au niveau de la structuration de la mobilisation
collective des jeunes européens?
Régis Pradal (co-fondateur d’InternsGoPro) :
Régis Pradal souligne l’inefficacité des mesures politiques européennes quant à la question des
stages. Si seuls deux employeurs ont signé jusqu’à présent la charte européenne pour la qualité des
stages, aucun ne l’applique. La recommandation adoptée par le Conseil en mars dernier reste un
outil non-contraignant et la Garantie Jeunesse n’évoque à aucun moment la question de la qualité
d’un stage. Il y a donc une réelle différence entre les déclarations politiques d’une part et l’action
concrète d’autre part.
C’est donc aux jeunes de s’organiser pour
faire entendre leur voix. Le « Sandwich
protest » organisé en juillet 2013 par
InternsGoPro était une première initiative
pour rassembler les jeunes, mais il fallait aller
plus loin. Afin de mettre en place un système
de transparence et de pression, le site
d’InternsGoPro propose aux stagiaires de
noter leurs stages. L’organisation a également
lancé le premier label européen pour les
stages de qualité.
La question d’une rémunération minimum pour les stagiaires est une question compliquée. Faut-il
payer les stagiaires l’équivalent du seuil de pauvreté ? En Belgique, il est fixé à environ 1 100 euros
par personne, et pour Régis Pradal, il s’agit d’une convention économique qui ne signifie pas grand-
chose. InternsGoPro souhaite plutôt créer un index de niveau de subsistance pour les stagiaires en
Europe afin de couvrir leurs dépenses en logement, nourriture, santé et déplacements.
Le chômage des jeunes est certes une question de macroéconomie, mais c’est surtout une question
de compétences. Pour Régis Pradal, c’est aux universités et aux employeurs de former les jeunes.
Cafébabel : Comment la jeunesse européenne peut-elle se réapproprier les politiques qui la
concernent, peser dans le processus décisionnel et avancer des propositions de réformes structurelles
du marché du travail ?
Scott Horner (ThinkYoung) :
Beaucoup de gens estiment que la politique n’est
pas suffisamment accessible aux jeunes. Scott
Horner pense pourtant que les jeunes sont
intéressés par la politique, mais qu’ils s’y
engagent sous de nouvelles formes. Ainsi, très
peu d’entres eux vont voter ou s’engagent au sein
d’un parti. Pourtant, ils souhaitent le changement
et savent comment s’organiser, via les réseaux
sociaux ou au travers d’organisations comme
InternsGoPro ou le forum européen de la
jeunesse par exemple. Mais pour faire réellement entendre leur voix, les jeunes doivent aller voter.
Dans des démocraties comme les nôtres, le vote a un réel impact et la jeunesse d’aujourd’hui doit le
comprendre.
Questions du public : Que peut-on faire à part voter, en plus de voter ? En Belgique le vote est
obligatoire, dont a priori tout le monde vote. Ce n’est donc pas une recommandation très pertinente
dans le cas belge.
Scott Horner précise qu’il ne faut pas en effet juger que notre pouvoir d’action s’arrête une fois
passé aux urnes. Il existe différents moyens d’action et de pression efficace pour se faire entendre en
dehors du vote : signer des pétitions, manifester, exercer des pressions via les médias, participer à
des initiatives citoyennes … il faut en effet s’assurer que le processus démocratique suit son cours. Il
cite à cet égard l’exemple de « Podemos », parti politique espagnol fondé en 2014 sur base d’une
initiative citoyenne et ancrage d’une résistance politique à l’austérité et à la réponse européenne à la
crise.
Question du public : Les jeunes ne sont-ils pas une part du problème, en n’étant pas éduqués pour se
battre pour leurs droits, et en ne se fédérant pas ?
Régis Pradal répond qu’il se sent proche de cette question. Les jeunes qui acceptent sans broncher
les conditions actuelles de stage n’aident pas leur cause. Selon Régis Pradal il faut montrer à ces
jeunes à l’université, et même avant, qu’ils peuvent agir, qu’il y a des alternatives. InternsGoPro
essaie de rassembler les jeunes : qu’il ne soient pas en colère tous seuls, isolément. Il faut leur
montrer qu’ils peuvent avoir un impact, leur proposer des solutions concrètes.
C. Maria Logotheti / SMARTbe
« Des alternatives concrètes pour les jeunes »
Cafébabel : Comment les jeunes, via l’entreprenariat peuvent-ils placer la jeunesse comme acteur de
la transformation économique et sociale européenne ?
Maria Logotheti (membre de la Confédération Européenne des Jeunes Entrepreneurs) :
Maria Logotheti rappelle que ce sont les petites
et moyennes entreprises qui créent le plus
d’emplois. Elle juge également que
l’entreprenariat forme de meilleurs citoyens,
créatifs, innovants, responsables, et permet
d’exploiter et de mettre en oeuvre les
nouvelles technologies. L’entreprenariat
contribue selon elle à former une jeunesse
volontaire et responsable, en même temps
qu’il permet l’indépendance économique tout
en aidant les autres par la création d’emploi.
Cafébabel : Dans un marché du travail en crise, comment l’économie sociale aide-t-elle les jeunes à
mieux s’intégrer sur le marché du travail ?
Mounia Miri (SMART) :
SMART est un organisme d’économie sociale
qui aide les artistes à sortir de la précarité, et
aide les jeunes qui sortent de l’école à se
lancer dans le monde du travail et à facturer
leurs clients. Il fournit des outils sociaux et
fiscaux afin que les personnes puissent se
consacrer à leurs projets professionnels. Il
fournit également un service juridique et a mis
en forme une plate-forme sociale qui permet
aux artistes de proposer leurs services.
Chaque année Smart offre des bourses aux
jeunes qui veulent devenir entrepreneurs. Il s’agit donc d’un organisme qui soutient et assiste les
artistes et tout ceux qui souhaitent se lancer sur le marché du travail en transformant leur activité en
salaire.
Rédigé par Maude Theunen et Clémence Burkel
Cafébabel debate
"European youth and the jobs market:
how can we organise?"
Meeting Minutes
A. A. Karima Delli / Bernard Conter
“European answers to the problems of youth employment”
Cafébabel: In the present context of a new Commission and a new European Parliament, can we dare
move towards a harmonisation of working conditions and social rights for young people at a
European level? How?
Karima Delli (Green Party MEP)
Karima Delli berates the lack of responsiveness of EU countries with regards to the situation of young
people, who instead, "pending disaster", have focused their priority since the crisis on rescuing banks
and repaying debt.
Karima Delli reminds us that in France there are 1.2 million unpaid interns: it has become urgent to
act and to review our priorities. This is why, for instance, she has founded the collective “precarious
generation” which aims to give a solid definition to internships and to place the question of
precarious internships at the centre of public debate.
On the issue of debt and its repayment which has been elevated to a priority, dictating the austerity
policies imposed on EU countries, Karima places things in perspective by drawing a clear difference
between what she calls "good" and "bad" debt: investing in youth is, in her opinion, a good debt.
Investing in digital and energy transition is also a good debt. Funding needs to be guided in this
direction. Karima Delli is opposed to the defeatist discourse which depicts the current youth as a
“lost generation”: she insists on the fact that the young generation is already moving, that it is
proving itself active and creative within many of sectors. Greater visibility needs to be given to these
young people, in order to build on their momentum.
In addition, Karima affirms that a real debate on a social European treaty should urgently be
reopened. According to her, the Youth Guarantee is an asset, but will not solve the basic problem,
which is that of generalised unemployment. To solve this problem, it is in her view necessary to have
the “political courage” to carry out several actions: initially to invest in innovation, research and
public services, then to reduce working hours so that they are better distributed within the
population, and finally to settle the question of poverty which is exploding among young people by
setting up a minimum subsistence income. For this we need to have more collaboration at the
European level: it is necessary to showcase the creativity and dynamism of the youth, to emphasise
initiatives which work.
Karima ends by criticising the ineffectiveness of European initiatives and by inviting civil society to a
real mobilisation: the European quality charter on internships, for example, is a non-binding measure
used as an instigator, and has produced no results. She believes that binding measures must be
implemented. Then, we must review all work organisation methods if we want to return to a decent
job model: what can we do so that tomorrow we no longer lose our whole lives earning a living? Is
our perpetual growth-pursuing model not obsolete? Karima is indeed in favour of growth, but not an
economic growth whose indicators take into account only “wealth production” for a given territory:
she favours growth in the happiness and well-being of people. At this stage however, there is no
indicator for this type of growth.
Karima Delli ends by saying that concretely, we must seat all the players at the table: researchers,
engineers, entrepreneurs, politicians ... and we need youth to organise, with clear proposals and a
clear roadmap. Otherwise it will always be the top making decisions for the bottom, the politicians in
place of the citizens. On the contrary: she believes that it is necessary for citizens to be the ones who
steer Europe and its politicians.
Cafébabel : You say that "the youth surely deserve better than a forced process of integration with
limited prospects." My question therefore is this: how can we change the frame of reference to offer a
real choice in opportunities and real job security to young people?
Bernard Conter (political scientist at the IWEPS Institute)
As a preamble to his answer, Bernard Conter reminds us that as a researcher his work consists above
all in a process of study and analysis. He therefore begins by highlighting true statements and facts
rather than giving prescriptive answers on "what should be done".
Various alarming findings would, according to him, justify the fear that young people feel in relation
to the crisis and their future. He states that the difficulty in gaining access to employment does not
date from the 2008 financial crisis but is rather a result of a transformation of society, economy and
public services which dates back to the 80s. This era is indeed one of a “change in the frame of
reference” which has created a certain number of victims through a domino effect, of which young
people are the first in line. Indeed, the imbalance in the labor market between supply and demand
means that the employer can choose and exercise a downward pressure on working conditions.
In concrete terms, what are the various evolutions which led to this change in the frame of
reference?
Until the mid-Seventies, we lived through what is called a “full-employment” economy. Social policies
served a certain model of growth, which created permanent supply. The context was that of a desire
for stability after several decades of turmoil, and a strong social movement existed in Europe. The
logic of the time was that of “social well-being”: the political frame of reference was the
improvement of well-being (Treaty of Rome).
Then the liberal turnaround of the Eighties happened, which pushed us towards a society of “full
unemployment”: unemployment weighs on all individuals within a society. Policies become supply-
side policies: the role of the state is no longer to sustain consumption and public order, but to
promote the development of businesses by lifting all barriers to their flexibility and labour cost. We
move from a King State to a Queen Business. At the European level, the response to unemployment
was the further development of the market. And in 1997, unemployment rose above the symbolic
threshold of 10%.
The social policy response to this situation was not to create jobs, but to help people gain
competitiveness in the labor market. To use the metaphor of musical chairs, it was a case of not
adding chairs, but just helping people run faster. This is termed “employability”: to place competing
individuals in front of a saturated labour market. And therein lies the rub, which the Youth Guarantee
measures keep highlighting without providing a solution: as long as we have not increased the
number of jobs, multiplying the number of internships and training courses to improve the
"employability” of the unemployed will remain completely useless.
What's more, adds Bernard Conter, before wondering how to create jobs, it is necessary to ask who
creates jobs. According to him, we must break with the myth according to which companies are the
ones creating jobs: the aim of a company is not to create jobs, but to answer to a list of orders. If the
backlog of orders is growing, then it will hire more workers.
If companies are not the ones creating jobs, then who is? According to Bernard Conter, jobs are
creates by decree: by a certain number of initiatives and investments. Thus, public commissions are
an enormous lever for job creation. Yet the European fiscal framework does not allow for public
commissions to be considered as job creators. Bernard Conter concurs with the opinion of Karima
Delli by stating that it is necessary, on the one hand, to use the levers of the digital, educational and
ecological transition to create jobs, and on the other hand, to reduce working hours across Europe in
a generalised and linear manner.
Question from the public: How can we ensure that public commissions are a strong and lasting lever
for job creation?
Bernard Conter turns the question around: is the economy tenable in its current state? Is it
sustainable? No. The paradox is that we have never produced so much wealth, but that the majority
of this wealth is stored in the form of capital. In the past, 70% of wealth creation was given back to
the worker through his or her wages. But today, in the essential distribution between labour and
capital, the ratio is significantly less favourable for labour. Yet only workers create wealth, capital
alone does not create wealth.
Question from the public: How can we optimise public expenditure?
Karima Delli answers that we must first of all know what we are investing in: at the moment Europe
is investing in ITER (research on nuclear power), in armament, in cars… politicians are thus displaying
a shocking lack of prospective : we have to stop drawing the world such as it is today. We have to
start seeing where we need to go, and investing in growth for the future.
Afterwards, it would be necessary to fix the problem of social and fiscal dumping in Europe. It will be
necessary to act on the local level, but think globally : it is necessary to have a complete overhaul of
the local economy, which creates jobs (the sector that has not felt the impact of the crisis is the
sector of social and solidarity economy). At the same time it would be necessary to develop a real
recovery plan on a European level : for Karima, all the new challenges are visible on the European
level, no member state will be able to solve them on their own.
When speaking about investments into the educational sector, it would be necessary to start by not
categorizing the different types of education by their level of presitge : for example, there should no
longer be a competition between general and vocational education, because these two complement
each other. They should be valued each by their own merits. In addition, all work experience should
be recognized, this includes internships and voluntary service.
Karima finishes her response by expressing protest against the creation of a new term when referring
to some young people: the « Neets ». It is a category of young people who are deemed as
« nohting », who are « excluded » from the system and who are considered passive. For Karima, it is
intolerable that a generation is considered to be « nothing »: this is the reason why we need to
protest and to help each other, it is necessary that young educated and trained people unite with the
so called « Neets » in order to face the situation together.
B. InternsGoPro / ThinkYoung / Conseil de la Jeunesse
« The new means of action and organisation by young people »
Cafébabel : You are the official organisation for the opinion and representation of young french-
speaking population of Belgium. Your role is to engage young people into the democratic process.
What are the hints and specific recommendations you would give in the face of job insecurity and,
more generally, how to have an effect on the decision-making process?
Matthieu Degrez (member of the General Assembly of the Conseil de la Jeunesse):
Matthieu Degrez reminds us that the unemployment rate among young people is at 25% in Wallonia
and at 33% in Brussels, and it is important to state that there are significant disparities between
municipalities. Even if the french-speaking political parties have fully recognized that there is a
problem, they point out that the reasons lie in the mismatch between supply and demand. They
estimate that young people are not sufficiently educated for the realities of the job market. This
position shifts the responsibility for youth unemployment onto an individual level, onto the young
persons themselves.
Matthieu Degrez claims that young people nowadays are educated enough and that the real issue
lies in the lack of jobs in general. He argues that the collective reduction of working time would
boost job creation. If it is for example necessary to create new job positions in the non-profit sector,
then it is equally necessary to deal with the problem of discrimination at the time of employment,
which is very much present in Brussels.
In order to better enforce the measures of the Youth Guarantee, Matthieu Degrez encourages
effective coordination within the whole group of organisations concerned with youth issues:
associations, trade unions, Conseil de la jeunesse, etc. In addition, it is important not to repeat the
mistakes of the past.
The mass unemployment of young people has greater consequences than we can imagine at the
moment: this touches also people who have a job because there is significant pressure on the social
conditions of employees. The latter have become more and more vulnerable due to a highly
competitive workforce.
Cafébabel : Considering internship conditions which cause outrage, you have organised a European
Interns Day. What is the next stage in the collective mobilisation of young Europeans?
Régis Pradal (co-founder of InternsGoPro):
Régis Pradal underlines the ineffectiveness of European political measures when it comes to the
question of internships. Only two employers have signed the European Quality Charter on
Internships and none of them have implemented it. The recommendation adopted by the Council
last March is non-binding and the Youth Guarantee makes no mention of the issue of the quality of
internships. As a consequence there is a real difference between political declarations on the one
hand and concrete actions on the other hand.
Therefore, it is up to young people to organise themselves and make their voices heard. The
« Sandwich » protest, organised by InternsGoPro in July 2013, was the first initiative to gather young
people, but it is necessary to do much more. In order to add transparency and to pressure
employers, the InternsGoPro website proposes young people to rate their internships. The
organisation has also launched the first European quality internships label.
The question of minimum remuneration for interns is a complicated one. Should we pay interns the
equivalent of the poverty line? In Belgium, the poverty line is fixed at about 1 100 euros per person,
and for Régis Pradal, this is just an economic agreement and does not have a specific meaning.
Rather than taking the poverty line as a basis, InternsGoPro wishes to create a subsistance level
index for interns in Europe in order to cover their costs of housing, food, healthcare and transport.
Unemployment of young people is certainly a macroeconomic question, but it is above all a question
of competence. For Régis Pradal it is the responsibility of universities and employers to train young
people.
Cafébabel: How can European youth reclaim the politics that concern them, have an influence on the
decision-making process and promote the proposals for the structural reform of the job market ?
Scott Horner (ThinkYoung):
Many people believe that politics is not sufficiently accessible to young people. Scott Horner thinks
that young people are interested in politics, but they seek a connection to politics in a new way.
Thus, very few of them go to vote or join a political party. At the same time they wish for changes
and know how to organise themselves, for example through political parties or through organisations
like InternsGoPro or through the European Youth Forum. In order to really make their voices heard
young people need to turn up to vote. In democracies like ours, votes have a real impact and young
people must understand this.
Questions from the audience: What else could we do besides voting and more voting ? In Belgium,
voting is obligatory, which a priori means that everyone votes. This is therefore not a very pertinant
recommendation in the case of Belgium.
Scott Horner explains further that we shouldn’t consider that our power of action stops once we are
past the polls. There are different means of action and effective pressure in order to be heard
between election times: signing petitions, protests, pressure thought the media, particioation in
citizens initiatives … it is necessary to ensure that political process continues. He then cites the case
of « Podemos », a Spanish political party founded in 2014 on the basis of a citizens’ initiative and the
resistance to the austerity politics and the European response to the crisis.
Question from the audience: Aren’t young people part of the problem when they are not taught to
fight for their rights and for not uniting ?
Régis Pradal responds because he feels close to the issue. The young people who decide to accept
the current conditions of internships do not help the matter. According to Régis Pradal it would be
necessary to show students in universties and even younger people that they can act and that they
do have alternatives. InternsGoPro attempts to unite young people : in order to prevent them from
being angry all alone, in isolation. It is necessary to show them that they can have an impact, and to
propose concrete solutions to their problems.
C. Maria Logotheti / SMARTbe
« Specific alternatives for young people »
Cafébabel : How can young people, through enterpreneurship, make youth an actor of european
economic and social transformation?
Maria Logotheti (member of the European Confederation of Young Entrepreneurs):
Maria Logotheti reminds us that that it is the small and medium-sized enterprises that create the
biggest number of jobs. She also estimates that enterpreneurship creates better citizens who are
more creative, innovatie, responsible and it enables the implementation and use of new
technologies. According to her, enterpreneurship contributes to the creation of responsible youth. At
the same time it makes economic independence possible while helping others by creating jobs.
Cafébabel: How does social economy help young people integrate into the labour market at the same
time as the labour market is in crisis ?
Mounia Miri (SMART):
SMART is an organisation of social economy that helps artists out of poverty, and helps young
graduates to start out in the world and invoice their customers. It helps with social and fiscal support
to enable people to concentrate on their professional projects. It also provides legal advice and has
established a social platform that helps people offer their services. SMART is an organisation that
supports and advises artists and everyone who wishes to start out on the job market by transforming
their activities into a salary.
Translated by Malle Alaru and Una Dimitrijevic
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