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Jean-François Dupont, professeur formateur, pour collège au cinéma académie de Lyon
Bio Sergio Leone
Né le 03 janvier 1929
Décédé le 30 avril 1989 (à l'âge de 60 ans)
Sergio Leone, réalisateur italien né le 3 janvier 1929 à Rome (Italie), décédé le 30 avril 1989 à
Rome (alors qu'il préparait un film sur la bataille de Stalingrad). Fils de Vincenzo Leone dit
Roberto Roberti (pionnier du cinéma italien) et de l'actrice Bice Waleran.
Il commence sa carrière comme de nombreux réalisateurs italiens de son époque. Il réalise (ou
co-réalise) d'abord des péplums (Le Colosse de Rhodes). Ensuite, alors que le western
américain est en plein déclin, il participe au développement du western spaghetti (ou western
italien ; il déclarait cependant : « Ce mot de spaghetti-western, c'est un des plus cons que j'ai
jamais entendus de ma vie »), d'abord sous le pseudonyme à consonance américaine Bob
Robertson (l'américanisation du nom est monnaie courante à l'époque pour les réalisateurs
désirant percer aux États-Unis d'Amérique) puis sous son vrai nom. Ce pseudonyme a une
signification puisque cela signifie Bob fils de Robert en référence à son père, le réalisateur
Roberto Roberti.
Son style s'impose en quatre westerns devenus les représentifs du genre : Pour une poignée de
dollars, Et pour quelques dollars de plus, Le Bon, la brute et le truand (tous trois avec Clint
Eastwood, qui débute ainsi sa carrière) et Il était une fois dans l'Ouest.
Le style Leone :
Le format de pellicule (Cinémascope)
La grande profondeur de champ (utilisation de focales courtes)
Gros-plans extrêmes (scènes de duel), souvent sur les seuls yeux d'un personnage
Les travelings arrière (d'un détail au plan d'ensemble)
Temps étiré : de nombreuses scènes d'observation longue, tendue et silencieuse entre
duellistes
Regard cru sur l'Ouest américain (les héros sont des personnages antipathiques a priori, sales,
méchants)
Musique omniprésente (Ennio Morricone)
Thématiques asociales : misogynie, individualisme exacerbé, cupidité maladive, apologie de
la vengeance
Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la brute et le truand
sont les trois films réalisés par Sergio Leone en 1964, 1965 et 1966 qui composent « la trilogie
de l'homme sans nom » ; on l'appelle aussi parfois « la trilogie du dollar », car le personnage
principal qui traverse la trilogie, interprété par Clint Eastwood, n'y est presque jamais nommé :
étant à lui seul un personnage archétypique, il est immédiatement reconnaissable et n'a donc
pas besoin de nom. Toutefois, on peut noter que dans le scénario de Et pour quelques dollars
de plus, Clint Eastwood joue le personnage du « Manchot » (Manco dans la version anglaise),
et dans Le Bon, la brute et le truand, Clint Eastwood est nommé « Blondin » (Blondy en
anglais) par Eli Wallach. Ces dénominations peuvent être prises pour des surnoms, bien que
Clint Eastwood ne soit pas particulièrement manchot ni blond dans ces deux films.
Pour une poignée de dollars est un remake du film Yojimbo d'Akira Kurosawa (Le Garde du
corps). L'histoire, presque point par point, est transposée du Japon féodal dans un univers
western.
Cette trilogie retrace trois passages importants de l'Histoire. Le premier, c'est la conquête de
l'Ouest, que l'on retrouve dans le film Il était une fois dans l'Ouest. Dans le film Il était une
fois la révolution, les protagonistes se retrouvent en pleine révolution mexicaine (1913). Puis,
le dernier volet, Il était une fois en Amérique, où l'on dépeint l'Amérique du temps de la
prohibition et l'avènement du gangstérisme.
Cette trilogie devait être liée à la précédente de part la première scène de Il était une fois dans
l'Ouest. En effet, les trois personnages qui accueillent Charles Bronson à sa sortie du train
devaient être interprétés par Clint Eastwood, Lee Van cleef et Eli Wallach. Cependant Eastwood,
dans un souci de carrière professionnelle, ne souhaitait pas mourir dès la première scène du
film, Sergio Leone n'a pas pu poursuivre cette idée malgré l'accord des deux autres comédiens.
En 2004 la revue italienne de cinéma "Ciak" a publié son dernier projet A Place Only Mary
Knows, écrit avec Luca Morsella et Fabio Toncelli, une histoire sur la Guerre civile
américaine. Sergio Leone est un réalisateur et scénariste italien, né le 3 janvier 1929 à Rome,
où il meurt le 30 avril 1989.
Père du western spaghetti (qu'il popularise largement sans toutefois l'inventer), il réalise les
films Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le
Truand qui sont souvent considérés comme des classiques du cinéma, films qui révèlent
l'acteur Clint Eastwood et le compositeur Ennio Morricone. Il est également célèbre pour la
trilogie Il était une fois, composée de Il était une fois dans l'Ouest, Il était une fois la
révolution et Il était une fois en Amérique.
Alors qu'il était apprécié par le public, mais boudé par la critique et ses pairs de son vivant,
son importance dans l'histoire du cinéma est par la suite reconnue. Leone réussit à s'imposer
parmi les grands réalisateurs grâce à son style novateur par sa mise en scène et par l'utilisation
de la musique, composée par son collaborateur et ami Ennio Morricone. Plusieurs réalisateurs
importants reconnaissent l'influence qu'il a eue sur leur travail ou l'admiration qu'ils lui
portent, au premier rang desquels Quentin Tarantino.
Sommaire
1 Biographie
o 1.1 Les débuts
o 1.2 Les années 1960
o 1.3 Les années 1970
o 1.4 Les années 1980
2 Projets avortés ou refusés
3 Style
4 Réception critique et publique
5 Influences et héritage
6 Filmographie
o 6.1 Assistant-réalisateur
o 6.2 Réalisateur
o 6.3 Scénariste
o 6.4 Producteur
o 6.5 Acteur
7 Distinctions
o 7.1 Récompenses
o 7.2 Nominations
8 Notes et références
o 8.1 Notes
o 8.2 Références
9 Annexes
o 9.1 Bibliographie
o 9.2 Liens externes
Biographie
Les débuts
Sergio Leone est le fils de Vincenzo Leone dit Roberto Roberti, pionnier du cinéma italien
réduit au chômage du fait de son opposition au fascisme1, et de l'actrice Bice Waleran
(Edwige Valcarenghi de son vrai nom). Son père réalise le premier western italien, La
Vampire indienne en 1913, dans lequel sa mère tient le rôle de l'Indienne. Par la suite,
président des réalisateurs italiens, il réalise de nombreux films avec l'actrice Francesca Bertini
et fait débuter l'acteur Lido Manetti. Sergio naît après 14 années de mariage du couple ; son
parrain est le réalisateur italien Mario Camerini2. Il fait ses études chez les Frères Saint-Jean-
Baptiste-de-La-Salle, où il est un élève moyen3. Enfant, il connaît la Seconde Guerre
mondiale à travers les fumetti, des bandes dessinées italiennes qu'il lit beaucoup. En 1941, son
père lui fait jouer le rôle d'un enfant dans La bocca sulla strada.
Il finit ses études à 18 ans et commence sa carrière dans le cinéma comme assistant pour
Carmine Gallone dans l'adaptation d'opéras (que Leone abhorre2) : Rigoletto, La forza del
destino et La leggenda di Faust. En 1948, il fait de la figuration et assiste le réalisateur
Vittorio De Sica dans Le Voleur de bicyclette. Par la suite, il assiste des metteurs en scène
italiens tels que Mario Bonnard, Mario Camerini ou - malgré son mauvais anglais - les
Américains Robert Wise, Fred Zinnemann et même William Wyler pour Ben-Hur. Il
commence réellement sa carrière de réalisateur en 1959 en mettant en scène le péplum Les
Derniers Jours de Pompéi en remplacement de Mario Bonnard, tombé malade4. En 1960, il se
marie avec Carla, une ballerine avec laquelle il a trois enfants : Raffaella, Francesca et
Andrea2.
Les années 1960
Décor des westerns tournés à Alméria
En 1961, il réalise un autre péplum, Le Colosse de Rhodes, avec Rory Calhoun et Lea
Massari. L'année suivante, il est réalisateur de seconde équipe sur Sodome et Gomorrhe de
Robert Aldrich, mais le tournage se passe très mal et Leone démissionne2. Alors que le
western américain est en plein déclin, il participe au développement du western spaghetti (ou
western italien) ; il déclare d'ailleurs : « Ce mot de « spaghetti-western », c'est un des plus
cons que j'ai jamais entendus de ma vie5 ». Ainsi plus de 400 westerns italiens sont tournés
entre 1964 et 19736. À propos du western méditerranéen qui se réappropriait le mythe
américain, Leone déclarait : « Agamemnon, Ajax, Hector, sont les archétypes des cow-boys
d'hier : égocentriques, indépendants, héroïques, fripouilles, et tout ça en grand, à des
dimensions mythiques6 ».
En 1964, Leone réalise Pour une poignée de dollars, un remake d'un film japonais d'Akira
Kurosawan 1
, Le Garde du corps (Yojimbo). L'histoire, presque point par point, est transposée
du Japon féodal dans un univers western. D'après Leone, « la situation à laquelle j'ai surtout
pensé pour ce film est connue, c'est celle d'une pièce de Goldoni, Arlequin serviteur de deux
maîtres. Avec le western, vous pouvez traiter tous les sujets classiques déjà rencontrés dans le
théâtre ou la littérature de tous les pays »7. Pour ce film, il utilise le pseudonyme de Bob
Robertsonn 2
(l'américanisation du nom est monnaie courante à l'époque pour les réalisateurs
désirant percer aux États-Unis).
Le tournage a lieu en Espagne et au studio de Cinecittà pour les intérieurs, pour un budget de
120 millions de lires6 réparti ainsi : un tiers pour l'Italie, un tiers pour l'Espagne et un tiers
pour l'Allemagne de l'Ouest. Leone désirait Henry Fonda, mais son agent ne lui fit pas lire le
script, les producteurs proposaient Richard Harrison, mais Leone refusa, James Coburn
accepta, mais son cachet (25 000 $US) fut jugé trop cher2. Finalement c'est Clint Eastwood,
acteur américain de la série Rawhide qui accepte pour un cachet de 15 000 $US. Gian Maria
Volontè (dont le nom américanisé au générique est John Wells) est engagé pour
2 000 000 lires. Le succès est immense et fait découvrir, outre les acteurs, le costumier Carlo
Simi et surtout le compositeur Ennio Morricone, ancien camarade de classe de Leone, dont le
nom reste attaché au réalisateur et dont Leone dit : « il n'est pas mon musicien, il est mon
scénariste2 ».
En 1965, Leone signe la suite Et pour quelques dollars de plus. Au casting, Lee Marvin est
choisi pour rejoindre Clint Eastwood et Gian Maria Volontè, mais il se désiste trois jours
avant le tournage pour jouer dans Cat Ballou2. C'est finalement Lee Van Cleef qui obtient le
rôle ; le trio est complété par Klaus Kinski. Pour ce film, Leone se documente énormément en
consultant des livres sur l'Ouest américain et la Guerre de Sécession empruntés à la
Bibliothèque du Congrès de Washington2. Le budget est de 350 000 000 lires
2.
1966 marque le dernier volet de la Trilogie du dollar avec Le Bon, la Brute et le Truand. Clint
Eastwood est toujours présent (dans le rôle du « bon »), ainsi que Lee Van Cleef (la
« brute ») ; ils partagent cette fois-ci l'affiche avec Eli Wallach (le « truand »). Le budget est
d'un million de dollars américains. C'est à partir de ce film que Clint Eastwood devient une
star aux États-Unis2. C'est la première d'une série de collaborations fructueuses entre le
directeur de la photographie Tonino Delli Colli et Sergio Leone. Eastwood lui propose alors
de mettre en scène Pendez-les haut et court en 1968 ; Leone refuse et c'est finalement Ted
Post qui s'en chargera2. La même chose se reproduit en 1970 avec le film Sierra torride
finalement mis en scène par Don Siegel2.
Après cette trilogie, Leone veut adapter The Hoods de Harry Grey (qui deviendra Il était une
fois en Amérique), mais les producteurs veulent tous que Leone fasse un western2. En 1968, il
tourne Il était une fois dans l'Ouest, qui décrit la fin d'une grande époque, de la conquête de
l'Ouest ; le train arrive au bout de l'Ouest, amène la civilisation et le modernisme avec lui et
met fin à la conquête. Le film annonce, comme chez Peckinpah, que l'Ouest est mort. Le film
est tourné en 14 semaines8 en Italie, en Espagne et à Monument Valley, aux États-Unis
9.
Le film devait être lié à la trilogie précédente par la première scène de Il était une fois dans
l'Ouest. En effet, les trois personnages qui accueillent Charles Bronson à sa sortie du train
devaient être interprétés par Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach, interprètes des
héros du film Le Bon, la Brute et le Truand. Cependant Eastwood, dans un souci de respect de
son image professionnelle, ne souhaitait pas mourir dès la première scène du film ; Sergio
Leone n'a pas pu poursuivre cette idée malgré l'accord des deux autres comédiens. Le film
entame une nouvelle trilogie, celle des Il était une fois…. Pour ce film Leone bénéficie d'une
distribution impressionnante : Claudia Cardinale, Charles Bronson, Henry Fonda, Jason
Robards et Gabriele Ferzetti. Le scénario est signé par Leone, Sergio Donati et deux futurs
grands réalisateurs, Dario Argento et Bernardo Bertolucci. Le tournage est marqué par la mort
de l'acteur Al Mulock qui se défenestre pendant le tournage10
.
Les années 1970
James Coburn, ici en 1963
En 1971, c'est le deuxième volet de la seconde trilogie, Il était une fois la révolutionn 3
, avec
Rod Steiger et James Coburn (Leone voulait Jason Robards et Malcolm McDowell au
départ2). Dans ce film, les protagonistes se retrouvent en pleine révolution mexicaine (1913)
dans une fable picaresque. Leone ne devait pas réaliser le film, mais uniquement le produire.
Peter Bogdanovich, qui venait de réaliser La Cible, est approché, mais le contact avec Leone
se passe mal ; Sam Peckinpah accepte de tourner le film, mais les acteurs et la United Artists
obligent Leone à réaliser le film, une semaine avant le début du tournage2. Le scénario est
alors réécrit dans l'urgence pour coller à l'univers du réalisateur. La relation avec Rod Steiger
est très mauvaise au début du tournage. Cette année-là, il participe comme membre du jury
officiel au Festival de Cannes 1971 sous la présidence de Michèle Morgan.
En 1973, il produit et tourne quelques scènes de Mon nom est Personne de Tonino Valerii,
son ancien assistant, avec Henry Fonda et Terence Hill. En 1975, Leone produit Un génie,
deux associés, une cloche, un western de Damiano Damiani. Terence Hill, à nouveau en tête
d'affiche, est cette fois entouré de Miou-Miou et Robert Charlebois, bien qu'au départ Leone
pensait engager le trio des Valseuses : Depardieu, Dewaere et Miou-Miou2. Le film déçoit
tellement Leone qu'il décide de ne plus produire de western2.
Il produit Qui a tué le chat ? de Luigi Comencini en 1977 avec Ugo Tognazzi et Mariangela
Melato et Un jouet dangereux de Giuliano Montaldo avec Nino Manfredi et Marlène Jobert
en 1979. En 1978, il participe au jury de la Berlinale 1978 sous la présidence de Patricia
Highsmith11
.
Les années 1980
Robert De Niro en 2008
Sur les conseils de son ami Frédéric Rossif, Leone tourne quelques films publicitaires pour les
glaces Gervais, la Renault 18, Europ Assistance ou Palmolive2.
En 1984, Leone tourne Il était une fois en Amérique, film dont le chantier commence dès
1972. À l'origine, il est prévu avec Steve MacQueen, Paul Newman et James Cagney12
mais il
est finalement interprété par Robert De Niro, James Woods et Treat Williams. Cette fois
Leone change de registre : en effet, ce film n'est pas un western, mais un film de gangsters et
il s'agit du seul film américain tourné par le réalisateur. Leone, dont les films sont toujours
longs, réalise ici un record personnel avec une durée de 251 minutes (version la plus longue
du film au 21 juin 2015). Le tournage se déroule à New York, Montréal, Paris, Venise, Côme
et dans les studios de Cinecittà pendant 30 semaines8. Pour des raisons syndicales, Leone est
obligé d'employer une équipe de tournage américaine ; elle figure au générique du film, mais
ne participe pas8. Le film dépeint l'Amérique du temps de la prohibition et l'avènement du
gangstérisme. Là encore, c'est aussi la fin d'une époque, la plus grande partie du film est
constituée de flashbacks. Les deux principaux protagonistes entretiennent la « flamme », les
codes qui étaient en vigueur dans leur jeunesse. Le film est bien reçu ; ainsi Christian Bosséno
dans La Revue du cinéma écrit-il : « Une excellente utilisation de la durée, un scénario
admirablement construit, un souci de reconstitution scrupuleux et impressionnant, une
interprétation fascinante forcent l'admiration13
. »
Leone meurt le 30 avril 1989 d'une crise cardiaque14
à l'âge de 60 ans, juste après avoir
regardé un film de Robert Wise à la télévision2.
Projets avortés ou refusés
Parmi les réalisateurs que Leone faillit produire on peut citer Theo Angelopoulos, Alejandro
Jodorowsky ou Marco Vicario2. Deux projets qu'on lui avait proposés pour la télévision ne se
sont pas réalisés : Marco Polo et Garibaldi2 ; il a par ailleurs toujours caressé l'envie d'adapter
deux monuments de la littérature : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline et
Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez (qu'il aurait adapté en 10 épisodes pour la
télévision)2.
Sergio Leone a refusé de tourner le premier film du Parrain finalement réalisé par Francis
Ford Coppola en 197215
. Il a également refusé de réaliser Corto Maltese d'après Hugo Pratt et
Flash Gordon d'après Alexandre Gillespie Raymond2. Il décline la proposition du producteur
Daniel Toscan du Plantier pour la réalisation de Carmen, finalement confiée à Francesco
Rosi. Un temps durant, il a également imaginé un remake de Autant en emporte le vent,
adapté à son propre style16
.
Leone, peu avant sa mort, avait comme idée de tourner un film sur le siège de Léningrad en
Russie d'après le livre Les 900 jours de Leningrad de Harrison Salisbury. À partir de ce livre
fournissant une information documentée, Leone imagina une histoire d'amour américano-
soviétique pour servir de vecteur à une fiction dramatique. Il s'avoue fasciné par l'héroïsme
collectif de cette population prise au piège dans sa propre ville par une armée ennemie. Ce
n'est que grâce à l’intervention de Giulio Andreotti, le ministre italien des affaires étrangères,
qu'il obtient les autorisations de tournage. Mais la mort du réalisateur en avril 1989 stoppe net
le projet17
.
En 2004 la revue italienne de cinéma Ciak a publié son dernier projet, Un posto che solo
Mary conosce (ou en anglais A Place Only Mary Knows) – soit en français Un lieu que seule
Mary connaît – écrit avec Luca Morsella et Fabio Toncelli, une histoire sur la Guerre de
Sécession18
. Encore une histoire de trésor enterré, associant cette fois un soldat de l'Union et
un vagabond sudiste, rôles que Leone destinait à Mickey Rourke et Richard Gere. Un projet
publié sous la forme d'un traitement de 25 pages.
Style
Sergio Leone sur le tournage de Il était une fois en Amérique, en 1984.
On pourrait résumer les westerns de Leone par la violence du scénario, la musique tonitruante
et des acteurs venus de série B américaine1. Le cinéma de Leone est facilement identifiable
par le format de pellicule utilisé, le techniscope, la grande profondeur de champ (utilisation de
focales courtes), les travellings arrière (d'un détail au plan d'ensemble), les gros plans
extrêmes (scènes de duel), souvent sur les seuls yeux d'un personnage, en alternance avec de
grandes vues d'ensemble19
. Le contraste qui en découle est l'un des responsables de
l'impression d'ampleur qui résulte de la mise en scène de Leone. La dilatation du temps (la
durée du récit est supérieure à celle de l'histoire) est un trait marquant du style moderne de
Leone20
: de nombreuses scènes d'observation longues, tendues et sans dialogue entre
duellistes, une violence hyperbolique des effets dramatiques, l'amplification des détails
réalistes et la raréfaction des éléments de l'espace et des individus autour du personnage
central6. On peut souligner le souci donné aux détails (minutie du costume, expressionnisme
des gestes d'ailleurs raréfiés autour d'affrontement très brutaux, emploi d'espaces
désertiques21
).
On ne peut pas parler de Leone sans évoquer la musique très présente (composée par Ennio
Morricone), souvent indispensable comme dans les scènes d'observation citées ci-dessus,
musique qui alterne avec des moments de silence où les bruitages sont exacerbés. Enfin, les
femmes ont peu de place dans les films du réalisateur6, à l'exception notable de Jill dans Il
était une fois dans l'Ouest.
Réception critique et publique
La critique fut souvent assassine, du moins au début : à propos de Et pour quelques dollars de
plus, Alain Paucard écrivit : « Suite de Pour une poignée de dollars. C'est un peu moins
mauvais, mais que c'est long. Leone, le réalisateur le plus surfait du siècle »22
et pour Il était
une fois la révolution, Jean Tulard écrivit : « Leone filme des explosions au ralenti avec un
parfait je-m'en-foutisme. Son humour comme les mimiques de Steiger sont d'une lourdeur
désespérante »22
. Pour le critique italien Giovanni Grazzini, dans le Corriere della Sera : « Ce
n'est pas qu'Il était une fois dans l'Ouest soit un film à jeter aux orties, [...] Leone sait tenir
son public au-delà de trois heures, [...] mais il manque au film la fraîcheur de l'inspiration. La
matière trop riche se replie sur elle-même sous le poids des échos innombrables et des
citations de classiques. Mais l'ennui majeur ce n'est pas cela, l'originalité de Leone ayant
toujours été davantage dans la forme que dans le fond ; c'est que justement la confection
demeure convenue. [...] Le nouveau film a la saveur du vieux »23
. Le Bon, la Brute et le
Truand et Il était une fois dans l'Ouest furent néanmoins défendus par Les Cahiers du cinéma
et Positif2.
Pour Robert Chazal, à propos de Il était une fois dans l'Ouest : « …cette abondance de biens
va de pair avec une vaste ambition. Leone n'a pas traversé l'Atlantique pour copier les grands
du western américain. Il a voulu imposer son style personnel. Abandonnant la violence
systématique qui avait si bien réussi dans ses premiers films, il a, cette fois, choisi la lenteur,
presque le ralenti… mais Sergio Leone peut être fier de lui. Il a montré aux américains qu'il
connaît l'Ouest aussi bien qu'eux »24
.
Jacques Lourcelles, dans son Dictionnaire des films, est particulièrement critique à l'égard de
l'œuvre de Leone, qui selon lui a eu « une influence particulièrement catastrophique sur
l'histoire du cinéma ». Il lui reproche d'avoir abaissé le niveau moyen du cinéma populaire, sa
complaisance vis-à-vis de la violence et des « intrigues de plus en plus sommaires, de plus en
plus débiles »25
.
Dans son livre sur l'histoire du western, Charles Ford parle de « faux western » européen,
mais néanmoins épargne Leone, ce qui n'est pas le cas du livre Le Western de Raymond
Bellour qui parle en note préliminaire des westerns européens en ces termes : « Cette
production dévastatrice qui ne brille que par sa nullité et sa malhonnêteté, se devait de ne pas
trouver sa place dans le répertoire des westerns »26
. Certains critiques firent amende
honorable, tel Jean Antoine Gili : « Pour avoir revu récemment certains des premiers westerns
de Leone, je dois dire que j’ai été impressionné par tout ce que je n’y avais pas vu à leur
sortie »27
.
Le public aime Sergio Leone comme le prouve le classement de ses films sur le site IMDb :
au 14 mai 2011, Le Bon, la Brute et le Truand est classé 4e meilleur film de tous les temps
28,
Il était une fois dans l'Ouest 20e29
, Il était une fois en Amérique 78e30
et Et pour quelques
dollars de plus 121e31
. En 1996, trois réalisateurs français aussi différents que Patrice Leconte,
Arnaud Desplechin et Claude Berri désignent Il était une fois en Amérique comme faisant
partie de leurs 20 meilleurs films des 20 dernières années32
.
En France, plusieurs films passent la barre des 4 000 000 d'entrées lors de leur sortie en
salles33
:
Pour une poignée de dollars : 4 360 000 entrées ;
Et pour quelques dollars de plus : 4 170 929 entrées ;
Le Bon, la Brute et le Truand : 6 308 000 entrées ;
Il était une fois dans l'Ouest : 14 862 764 entrées.
En Italie, plusieurs films dépassent le milliard de lires de recette :
Et pour quelques dollars de plus : 3 492 000 000 lires34
;
Le Bon, la Brute et le Truand (lors de la sortie en 1967) : 2 098 000 000 lires35
;
Il était une fois dans l'Ouest (lors de la sortie en 1969) : 1 685 000 000 lires36
;
Il était une fois la révolution : 1 268 800 000 lires37
.
Aux États-Unis, Le Bon, la Brute et le Truand obtient 19 000 000 $US de recette au box-
office35
alors que Il était une fois en Amérique rapporte 5 300 000 $US38
.
Influences et héritage
Parmi les influences que l'on accorde à Leone, John Ford est l'évidence de par le genre
western dont ils furent les maîtres. Leone disait toutefois : « Ford était un optimiste ; je suis
un pessimiste. Les personnages de Ford, quand ils ouvrent une fenêtre, scrutent toujours à la
fin cet horizon plein d'espérance ; les miens au contraire, quand ils ouvrent la fenêtre, ont
toujours peur de recevoir une balle entre les deux yeux6. »
Le réalisateur Howard Hawks avoua admirer le style de Leone, au contraire d'Anthony
Mann39
. Quentin Tarantino cite volontiers Sergio Leone comme son cinéaste favori40
. Kill Bill
: volume 2 est d'ailleurs dédié entre autres à Sergio Leone41
. Le western Une corde, un Colt…
de Robert Hossein, sorti en 1969 est dédié au réalisateur42
tout comme Impitoyable de Clint
Eastwood (dédié à Sergio (Leone) et Don). Le réalisateur sud-coréen Kim Jee-woon rend
hommage à Sergio Leone dans Le Bon, la Brute et le Cinglé.
Leone croit avoir influencé deux grands réalisateurs : « Je continue à penser que sans mes
films, Kubrick n'aurait pas fait Orange mécanique et Peckinpah La Horde sauvage43
. » Leone
étant considéré unanimement comme le « père » du western spaghetti, il eut beaucoup de
« fils » : Duccio Tessari (Un pistolet pour Ringo, 1965), Sergio Corbucci (Django, 1966),
Sergio Sollima (Colorado, 1966), Giuseppe Colizzi (La Colline des bottes, 1969)… Leone
dira d'ailleurs de ces successeurs dans le genre : « J'ai accouché d'enfants débiles ! »44
Un Prix Sergio Leone est remis chaque année au Festival du film italien d'Annecy. La
première édition du Festival Lumière de Lyon en 2009 rendit hommage au cinéaste, pour
commémorer les 20 ans de sa disparition, en présentant une rétrospective intégrale de ses
films, avec la venue de Clint Eastwood.
Filmographie
Assistant-réalisateur
1946 : Rigoletto de Carmine Gallone (non crédité)
1948 : Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica (non crédité)
1949 : La forza del destino de Carmine Gallone (non crédité)
1949 : Fabiola d'Alessandro Blasetti (non crédité)
1949 : Il trovatore de Carmine Gallone (non crédité)
1950 : Il voto de Mario Bonnard (non crédité)
1950 : La leggenda di Faust de Carmine Gallone (non crédité)
1950 : Taxi de nuit de Carmine Gallone (non crédité)
1950 : Mara fille sauvage de Mario Camerini (non crédité)
1951 : Quo Vadis de Mervyn LeRoy (non crédité)
1952 : Jolanda la figlia del corsaro nero de Mario Soldati
1952 : Il folle di Marechiaro de Roberto Roberti (non crédité)
1952 : La Traite des blanches de Luigi Comencini
1952 : Les Trois Corsaires de Mario Soldati
1953 : L'uomo, la bestia e la virtù de Steno
1953 : Phryné, courtisane d'orient de Mario Bonnard
1954 : Hanno rubato un tram de Mario Bonnard et Aldo Fabrizi
1954 : Haine, Amour et Trahison de Mario Bonnard
1955 : Les Anges aux mains noires de Mario Bonnard
1956 : Hélène de Troie de Robert Wise (non crédité)
1956 : Questa è la vita d'Aldo Fabrizi, Giorgio Pàstina, Mario Soldati et Luigi Zampa
1956 : Mi permette, babbo! de Mario Bonnard
1957 : El maestro d'Aldo Fabrizi et Eduardo Manzanos Brochero
1958 : L'Esclave d'Orient de Mario Bonnard
1959 : Quai des illusions d'Émile Couzinet
1959 : Sous le signe de Rome de Guido Brignone (non crédité)
1959 : Au risque de se perdre de Fred Zinnemann (non crédité)
1959 : Le Fils du corsaire rouge de Primo Zeglio
1959 : Les Derniers jours de Pompéi de Mario Bonnard
1959 : Ben-Hur de William Wyler (non crédité)
1962 : Sodome et Gomorrhe de Robert Aldrich (non crédité)
Réalisateur
1959 : Les Derniers Jours de Pompei (Gli Ultimi Giorni di Pompei) coréalisé avec
Mario Bonnard (non crédité)
1960 : Sodome et Gomorrhe coréalisé avec Robert Aldrich
1961 : Le Colosse de Rhodes (Il Colosso di Rodi)
1964 : Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari)
1965 : Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in piu)
1966 : Le Bon, la Brute et le Truand (Il buono, il brutto, il cattivo)
1968 : Il était une fois dans l'Ouest (Once Upon a Time in the West -- C'era una volta
il West)
1971 : Il était une fois la révolution (A Fistful of Dynamite -- Giù la testa)
1973 : Mon nom est Personne (Il mio nome è Nessuno) coréalisé avec Tonino Valerii
(non crédité)
1975 : Un génie, deux associés, une cloche (Un genio, due compari, un pollo)
coréalisé avec Damiano Damiani (non crédité)
1984 : Il était une fois en Amérique (Once Upon a Time in America)
Scénariste
1958 : L'Esclave d'Orient
1959 : Sous le signe de Rome
1959 : Les Derniers Jours de Pompei
1961 : Ivan le conquérant
1961 : Le Colosse de Rhodes
1961 : Romulus et Remus
1963 : Les Canons de San Antiogo
1964 : Pour une poignée de dollars
1965 : Et pour quelques dollars de plus
1966 : Le Bon, la Brute et le Truand
1968 : Il était une fois dans l'Ouest
1971 : Il était une fois la révolution
1973 : Mon nom est Personne
1984 : Il était une fois en Amérique
1986 : Troppo forte
Producteur
1973 : Mon nom est Personne (Il mio nome è Nessuno) de Tonino Valerii
1975 : Un génie, deux associés, une cloche (Un genio, due compari, un pollo) de
Damiano Damiani
1977 : Qui a tué le chat ? (Il gatto) de Luigi Comencini
1979 : Un jouet dangereux (Il giocattolo) de Giuliano Montaldo
1980 : Un sacco bello de Carlo Verdone
Acteur
1941 : La bocca sulla strada de Roberto Roberti
Distinctions
Récompenses
David du meilleur réalisateur en 1972 pour Il était une fois la révolution (ex-aequo
avec Franco Zeffirelli pour François et le chemin du soleil).
David « René Clair » lors de la cérémonie des Prix David di Donatello en 1984.
Meilleur film étranger au Kinema Junpo en 1985 pour Il était une fois en Amérique.
Ruban d'argent du meilleur réalisateur en 1985 pour Il était une fois en Amérique.
Noisette d'or en 1987 au Festival du film de Giffoni.
Nominations
Nomination pour le Golden Globe du meilleur réalisateur en 1985 pour Il était une fois
en Amérique.
Nomination pour le British Academy Film Award du meilleur réalisateur en 1985 pour
Il était une fois en Amérique.
Notes et références
Notes
1. ↑ Comme l'avait fait avant lui John Sturges en 1960 avec le western Les Sept
Mercenaires, remake des Sept Samouraïs du même Kurosawa.
2. ↑ Ce pseudonyme n'est pas gratuit puisqu'il signifie Bob fils de Robert en référence à
son père, le réalisateur Roberto Roberti.
3. ↑ La France est le seul pays à avoir choisi le titre voulu par Leone : en Italie le film se
nomme Giù la testa pour ne pas le confondre avec Prima della rivoluzione, et le titre
anglophone est Duck, You Sucker.
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