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Montréal 4, 5 et 6 octobre 2012
Christine Mannoni Ethnopsychologue Directrice de l’association EMETIS Paris 2012
Dans chaque société la question de la mort vient prendre sens
autour des rites et des codes imposés par le groupe d’appartenance.
La Culture est une sorte de carte intériorisée inconsciente
qui a pris racine dès la petite enfance par un long travail d’interactions
et de relations au groupe d’appartenance
Elle est cet item qui procède de la compréhension
du sens de la vie et de la mort, du sens du passage dans le ou les mondes invisibles
Un premier exposé didactique nous plongera dans les pensées religieuses juives
Une étude ethno-clinique d’un enfant issu de la migration maghrébine,
de confession musulmane
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Rites et codes autour de la mort dans le judaïsme
« CE MONDE-CI RESSEMBLE A UN VESTIBULE DEVANT LE MONDE FUTUR : PRENDS TES DISPOSITIONS DANS LE VESTIBULE POUR ÊTRE EN MESURE
D’ACCEDER AU PALAIS »
RABBI YAACOV
Loi juive, Halakhah, si la personne est seule …, son âme solitaire se perdrait
sérénité et paix
tout le monde va au séjour des morts nommé le Shéol
Mitsva, un commandement, une bonne action que d’assister le mourant
Devant la mort, la religion juive préconise dans sa généralité
La Loi juive interdit de hâter la mort
l’accompagnement spirituel se fait par les psaumes et prières hébraïques.
La famille doit donc être présente
il est défendu de toucher l’agonisant
durant l’agonie, toutes les parties du corps sont recouvertes
et les pleurs de la famille sont interdites dans la chambre
normalement aucun préparatif funéraire n’ait entrepris avant la mort
les priants…, proclament à haute voix la prière de sanctification,
le Kaddish
sur le dernier mot de cette prière … l’âme se sépare du corps physique pour rejoindre le monde céleste
la bouche et les yeux doivent être fermés à ce moment précis par un proche de la famille
(pour les enfants se sont souvent les pères)
on ne doit pas fermer les yeux avant la mort prononcée
on ne peut toucher au corps durant les prières rituelles
le mort est source d’impureté
la mort … Pour certains, se définit par l'arrêt de la respiration (dernier souffle)
pour d'autres, par l'arrêt du pouls.
Le visage est immédiatement recouvert d’un drap
Les mains ouvertes sont placées le longs du corps
La famille peut pratiquer une déchirure rituelle d’un vêtement en signe de deuil
On allume des bougies ou des petites lampes électriques
Lorsque le décès se fait à domicile, le défunt est posé à même le sol et recouvert
Avant leur transfert à la morgue, les soignants pourront ôter les dispositifs médicaux de drainage, cathéters et appareils divers ;
les pansements seront renouvelés et les plaies suturées
Quand la toilette rituelle sera effectuée, on ne pourra plus intervenir chirurgicalement.
veiller le mort jour et nuit … il faut permettre au moins la lecture du Livre des Psaumes, une fois,
qui dure 3 heures
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la Tahara qui est la purification et toilette rituelle funéraire est confiée aux membres de la confrérie Hévra Kadicha.
Les membres de la famille n’y assistent pas
en Diaspora, il est d’usage de mettre un petit sachet de terre d’Israël sous la tête
pour la mort d’un frère, d’une sœur, d’un de ses enfants ou du conjoint, le deuil est observé un mois
(contrairement au deuil d’un parent qui est d’un an)
Pour les enfants en bas âge, la Tahara est plus simple mais les gestes, les rites et les prières à l’hôpital
sont identiques pour la famille
Spécificité pour les nourrissons ou les fœtus :
L’âme d'un enfant mort avant trente jours de vie révolus, … est pure selon la Loi juive.
C'est pourquoi les communautés orthodoxes n'observent aucun deuil. Ce point de vue n'est pas suivi par les courants moins traditionnels qui pratiquent tous les rituels comme pour les adultes, à l’hôpital
Les garçons doivent être circoncis à huit jours de la naissance et souvent les parents demandent la circoncision
alors que l’enfant est en fin de vie
s'il n'est pas né vivant, au moment de la Tahara, la circoncision sera faite et consiste davantage à réaliser un "signe"
qu'une circoncision réelle.
Les filles, même mortes-nées sont nommées avant l'enterrement
on peut allumer une petite "bougie pour l'âme" … même si on ne porte pas son deuil en raison de son âge
Réflexions pour le professionnel : des parents d’obédience juive ne pratiquant qu’une partie des concepts
Chaque famille compose avec ses origines culturelles.
repères théologiques et généraux sur l’approche de la mort.
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la grande implication du groupe familial qui entoure les parents
Le rôle des ainés
Ce qu’il faut retenir
Les grands interdits tels que l’accélération de la mort
Les échanges avec le groupe élargi
Laisser agir ses rites permet une capacité de deuil possible et concret.
Mohamed petit garçon de 3 mois atteint d’amyotrophie spinale
Le pronostic vital est engagé
demande une intervention
ethno-clinique
problématique
culturelle importante
une symptomatologie spécifique est apparue chez la mère
tremblements
elle est tombée
avait fait la même crise la veille au soir,
en sa présence
s’était « réveillée de son état»
Anamnèse :
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jeunes parents algériens
marié traditionnellement et
civilement dans son pays
Mme K … enceinte … fait une fausse couche prématurée dans son pays
traitée par la thérapie traditionnelle
jalousie d’un membre de la famille
seul enfant
montre
dès le début de sa vie, des symptômes inquiétants
Le diagnostic
confirme une AS1
hospitalisé en réanimation
Première consultation ethno-clinique
possibilité d’une transe chez Mme K : manifestation qui
connote une présomption de dialogue avec le monde
invisible
le réanimateur, l’infirmière, l’aide soignante,
le stagiaire psychologue, l’ethnopsychologue sont présents
Mme K affirme son mal-être par des éléments culturels
les « transes sauvages » doivent être traitées pour trois raisons :
elles ne s’arrêtent pas d’elles-mêmes
ne soit pas orientée dans un service de psychiatrie
Pour que l’on trouve le message et la négociation à faire avec l’invisible
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Deuxième consultation ethno-clinique
Mme K a encore fait une transe chez elle
parlent de la dégradation de la santé de leur bébé
Mr K me dit qu’il a téléphoné au pays, à sa famille, pour expliquer
aller consulter la guérisseuse
« c’est la volonté d’Allah, nous devons l’accepter »
Il affirme que la mère de l’enfant ne doit pas être présente lors de la mort
le bébé va la chercher
et demander
son sein et son lait
l’enfant
pourrait décider de ne pas « partir »
et de rendre sa mère
très malade
Mr K. voudrait que quelqu’un s’occupe de sa femme dans le salon des parents
les femmes en âge de procréer se chargeraient de la mère
les grands-mères seraient présentes près de l’enfant ainsi
que les hommes proches de la famille
Les prières seraient faites par le groupe des hommes pour que l’âme de son bébé soit bien accompagneée
et surtout que les parents soient protégés de cette mort spéciale
le père veut mettre en place un cadre culturel et religieux cohérent
Troisième consultation ethno-clinique
La thérapeute traditionnelle a vu la mort de Mohamed
mais Allah protège la famille
La thérapeute traditionnelle demande que la mère de l’enfant
revienne en Algérie
Il faut absolument que le corps de Mohamed
retourne au pays
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La mort de Mohamed
la maman de Mohamed est présente dans la chambre
toujours avec son mari
Elle montre une tristesse très forte et
ne parle plus
Elle n’approche plus son bébé
Quelques notions importantes repérées dans cette famille traditionnelle
L’enfant ne doit pas être en présence de sa mère au moment de la mort
La mère ne peut pas pleurer en présence de l’enfant
La toilette ne peut être faite par la mère ou le père
mais par un religieux ou un membre de la famille
La toilette rituelle est toujours faite
en présence des membres proches de la famille
La mort d’un enfant est toujours suspecte
La mort suspecte d’un enfant met en danger tout le groupe familial
Le groupe sert de support aux rites autour du deuil
La pensée traditionnelle est évoquée comme une étiologie à la mort de l’enfant
même si les parents ont bien compris la maladie génétique
Les symptômes de la mère sont la représentation de la douleur psychique
Comme on ne sait pas soigner les transes il faut les renvoyer aux fonctionnements familiaux
et aux thérapeutes traditionnels
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Après l’enterrement de Mohamed :
réunion familiale
Mme K avait été « lavée et purifiée » par la guérisseuse
sorcellerie d’attaque sur le couple
Une dette en argent a été remboursée par la grande tante
pour la mort de Mohamed
la guérisseuse a évoqué aux parents l’idée de « la maladie qui pourrait revenir »
Mr et Mme K demandent donc
un bilan génétique
injonction traditionnelle
en rapport avec la médecine
En conclusion
Le fait d’avoir évoquer un diagnostic d’étiologie traditionnelle
a permis un processus de deuil
Le cadre ethno-thérapeutique ne peut se mettre en place que par un processus de pluridisciplinarité
et des transmissions des éléments culturels
Les réponses par le traitement culturel aux transes de Mme K ont permis le suivi du deuil et surtout le suivi médical
Ici la pensée traditionnelle a pris le dessus sur la religion musulmane
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Les morts d’enfants dans les familles maghrébines
sont souvent des liens entre la culture vécue et la religion
Merci de votre écoute
Vos questions
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