alföldy - notes sur la relation entre le droit de cité et la nomenclature dans l'empire romain

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  • 36 A. MAN!ET

    d'ailleurs le ca~actere tres rduit de la documentation ne permet as de prouver vra1ment, surtout dans le cas d' accessio, on peut concl~re que Plaute a recouru dans le meme vers a deux crat'o l'

    . 1' 1 ns, une s-mantlque, autre absolue, pour !aire trbucher le campa d dans les chausse-trapes de la drivation asymtrique h , gnar fr'

    1 d' , P nomene peu

    equent en aun et autant plus dlicat a saisir.

    Louvain. Albert MA.NtET.

    Notes sur la relation entre le droit de cit

    et la, nomenclature dans l'Empire romain

    I

    I1 est bien connu que dans l'Empire romain le nom avait comme lonction non seulement de distinguer l'individu des autres membres de la socit, mais encore d'exprimer la conditio'\ de droit de la personne dans la socit: il y avait un rapport tres troit entre la condition de droit de la personne et sa dnomination. Ordinaire-ment on formule ce rapport comine suit. Le drot de cit est exprim par le systeme des tria nomina (praenomen + nomen + cognomen) tandis que les prgrins portent seulement un nom qui dans sa fonction correspond a celle du cognomen, suivi ventuellement du nom du pere au gnitil (1). Par exemple, un T. Flavius Maximus peut-etre considr sans aucun doute comme un citoyen romain, tandis que dans le cas d'un Maximus ou d'un Maximus Primi f, il s'agit de p-rgrins. Par ailleurs, les trangers qui taient invests du droit de cit, prenaient le nom de la personne qui leur avait donn cette faveur. Sous I'Empire, c'tait l'empereur lui-meme qui tait cens concder le droit de cit ; en consquence, les nouveaux citoyens (et leurs descendants) portaient le nomen et aussi le praenomen de l'empereur rgnant au moment de la concession (2). Par exemple, une personne appele autrefois Secundus, apres avoir re~u le droit de cit d'Auguste, portait le nom: C. Iulius Secundus.

    En fait, ces usages n'taient que des tendances plus ou moins g-nrales et ne sont pas devenus des systemes qu'on aurait fait valoir de fa~on consquente. Il faut done nuancer. A vrai dire, c'tait

    (1) Cf. A Mcsv, Die BevOlkerung von Pannonien bis zu tkn Markomannenkriegen, Budapest, 1959, p. 112 ss., etc.

    (2) Th. MoMMSEN, Rmisches Staatsrecht 111, Leipzig, 1887, p. 64 avec note 1, etc. Dja Mommsen avait ins:.St '3UT le bit qu'il rrY avait pa& a cet gard une contrainte rigoureuse de droit (op. cit.).

  • 38 G. ALFOLDY

    spcialement le nomen (gentilicium) qui signifiait le droit de cit(') : le ~ogno"'.en et .le praenomen n'taient que des lments peu importants qm ne bguratent pas ncessairement dans la dnomination des ci-toyens ; il est notoire qu'ils manquaient souvent, tout particuliere-

    ~ent .le cognomen a~ dbut de l'Empire et le praenomen a l'poque 1mpn~le plus ~ardtve. Par ailleurs, les nouveaux citoyens n'ont pas. pns n~cess~uement le nom de l'empereur qui a leur donn le drott de cit : tls pouvaient porter par exemple aussi le nom d'un gouverneur de province, mdiateur de la collation du droit de cit('). Tenant compte de ces exceptions, on pourrait formuler le rapport entre le droit de cit et la dnomination plutt de la fa~on smvante : le droit de cit tait signili par le systeme des tria nomina ou, au moins, par le gentilicium (3) ; les nouveaux citoyens prenaient le r:om d~ la pers~nne qui leu; avait donl) le ~roit de cit ou qui

    ava~t _serVI, au. mmns, de mdiateur dans la concession de celui-ci. Ma!S ti ne s'agtt pas de regles invariables meme avec ces restrictions tout au plus, de tendance plus ou moins gnrales. On peut consta~

    t~r dans les s?urces .onomastiques de l'Empire romain beaucoup d exemple~ qm consutuent des exceptions aux dites tendances (). En outre,, ti faut prendr~ en considration aussi le fa\t qu'on ne peut pas ~~?ue les c~tgones de population de l'Empire aux seules subdtvtstons d~s c1to.Yens romains et des prgrins. L'oj:nion selon laquelle les t;>a nomma o?, au moins, le gentilicium dsignaient sans rserve. un Citoyen romam, et le nom simple avec le nom du pere

    nces~atreme";t ?n prgrin, serait une simplilication abusive du probleme. Ains1, un prgrin pouvait usurper les tria nomina : on peut supposer que ce n'tait qu'un cas rare et extraordinaiie et les sources qui en font mention indiquen! aussi videmmei:tt ~ue le gouvernement romain a cherch a empecher l'abus des tria nomina. Apres la Constitutio Antoniniana, les citoyens romains ont souvent tenu l'indication du nomen pour superflue ; a une poque ou tous les

    (1) Cf. SUET., Claud., 25, 3: peregritule condicionis homines uetlit usurpare Romana twmina dumtax t t'l' rr

    2 a gen t zeta. lAUtlatem Romanam usurpantes in campo Esquilino securi percussit.

    ( ) Cf. par exemple H.-G. PFLAUM, Carnuntina. Vortrtige beim internationalen Kongress der Altertumsforscher Carnuntum, 1955, Graz-Kln, 1956, p. 128 s. (!) Cf. SUET., loe. cit., en cutre C.I.L., V, 5050 (Lex Anaunorum, cf. plus bas).

    ( ) Par exemple, a Salone en Dalmatie, au me siecle, on connatt beaucoup de ci-~ens romains ~u~ n'ont pa~ indiqu leur gentilice: voir G. ALFLDY, BevOlkerung und

    ellschaft der romtschen Promnz Dalmatien, Budapest, 1965, p. 114.

    1

    f

    LE DROIT DE CIT ET LA NOMENCLATURE DANS L'EMPIRE ROMAIN 39

    habitants d'une province taient dja citoyens, il ~'tait'p~us .nces-saire d'affirmer le droit de cit par la dnominatwn. Mats 1l '( a une question plus importante qu'on ne prend pas assez en ?~nstd, ration en traitant du probleme des rapports en.tre la conditwn. de droit et la dnomination : on doit distinguer auss1 dans la populatiOn de l'Empire entre les ciues Romani et les peregrini un~ t~oisieme. c.at-gorie, celle des ciues Latini : en effet, avant la .com,ttutzo Anto~mwna, plusieurs empereurs, comme par exemple V Itellms, V es~ asten ~u Hadrien, ont concd a beaucoup de cits non pas le drott romat~ complet, mais seulement le droit latin. Une.rech~rc~e sur la d~omtnation des citoyens Iatins manque encore aujourd h~ On ne satt.pas si ce sont les nomina des empereurs ou d'autres nomma que pr~na1ent les citoyens latins a l'poque impriale, t si leur t~t apphqu ~e systeme des tria nomina. En outre, un autr~ probleme ~pparatt dans le fait que, d'apres certains ndices, ~es et~oyens ~omams pou-vaient aussi choisir librement leurs nomma : a. certames. ~~oques et dans certains territoires de l'Empire, on avatt la posstbtlit de prendre un nomen quelconque selon son choix propre. . .

    Dans le prsent article, nous nous analyserons. de~x questi?ns . d'abord, le probleme des rapports entre la dnommau?n d:s cttoy-ens romains et les gentilices des empereurs, pour dtermmer a qu~lles poques et dans quels terri~oires les c.itoyen; nouveau~ pou~atent prendre un nomen qui n' tatt pas ce! m de 1 empereur , ensmte, la dnomination des citoyens latins.

    II

    La difmsion extraordinaire des gentilicia des empereurs (Iuli~, Claudius Flauius etc.) (') dans. le matriel onomastique de l'Empu.e

    ' otpns indique tout d'abord que les nouveaux ettoyens romams n . tres frquemment le nom de l'empereur sous le regne duque! Js ont re~u le droit de cit. En outre, c'est l'empereur pers?n-nellement qui a concd le droit de cit romain. C?": peut citer par exemple l'inscription de C. Iulius Vepo donatus cwztate fomana uiritim et inmunitate ab diuo Aug. (C.I.L., III, 5232),, etc. l.). Les Cami de la Pannonie a qui Hadrien a donn le drott de ett, sont

    (1) Pour la diHusion des noms impriaux: cf. A. Mcsv, op. cit., p. 147 s. (2) Cf. encare C.I.L., 111, 6785, 14324, etc.

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    40 G. ALFOLDY

    devenus Aelii Cam(i) dues Romtl!l(i) (C.l.L., 1II, 3915 = 10798). Ainsi qu'il est attest par Dion Cassius, c'tait la regle obligatoire, a 1' poque de Claude, pour les nouveaux citoyens romains, de prendre le nom de l'empereur (1). 11 est vrai que Dion fait mention des exceptions a cette regle mais on peut conclure certainement de ses indications qu'adopter le gentilicium de l'empereur tait une ten-dance dja au er s. apr. J.-C. En ce qui concerne son opinion sur le caractere obligatoire, il est tres vraisemblable qu'il est influenc par la situation a l'poque ou il a crit: la diffusion extraordinaire du nom Aurelius dans l'Empire romain tmoigne que les personnes investies du droit de cit en 212, ont pris le gentilice de M. Aurelius Antoninus (Caracalla). Malgr tout, on peut constater des cas nom-breux qui tmoignent que les nouveaux citoyens romains pouvaient aussi choisir librement leur gentilicium a certaines poques et dans certains territoires de l'Empire.

    Au dbut de l'Empire, on connaft de nombreux lgionnaires qui ont re~u le droit de cit d' Auguste, a l'occasion de leur enrole-ment. Nous nous intressons ici aux soldats qui taient originaires des cits prgrines des provinces orientales de l'Empire et qui sont attests surtout dans la legio VII, stationne a l'poque d'Auguste pendant quelques temps en Macdoine, province orientale deJ'Em-pire. Sauf quelques exceptions, ce n'tait pas le nom Iulius qu'ls por-taent (2). Selon M. O. Cuntz, ce serat encare le triumvir Mare-An-taine qu les aurat recruts, et les soldats auraient re~u leur gentilice des chefs du parti d'Antone (3), mas aujourd'hui on ne peut pas plus s'en tenir a cette opinion. C'est sans aucun doute Auguste qui les a enrols et le Jicenciement de ces soldats n'est pas antrieur au dbut de l'poque de Tibere (). Leurs gentilices (Antonius, Do-mitius, Licinius, Liuius, Varius etc.) taient des noms romains rpan-dus partout dans l'Empire et que ce soient aussi des noms de part-

    (1) Dro, LX, 17, 7. Cf. Th. MOMMsEN, op. ~it. (2) Cf. surtout O. Cumz dans J.tJ.A.I., 25, 1929, p. 70 ss.; A. BETZ, Untersuchungen

    zur Militdrgeschichte der Provinz Dalmatien, Wien, 1938, p. 14 ss., rcemment G. ALFOLDY Historia, 13, 1964, p. 172 ss.

    (3) O. CuNTZ, loe. cit. ; d. dja O. SEEcx dans Rh.M., 48, 1893, p. 608; A. BETZ, op. cit., p. 14 SS.

    (4) Voir G. FoRNI, Il Reclutamento delle LegWni da Augusto a Diocleziano Milano-Roma, 1953,p. 61 ss., cl. dja R. SYMEdans J.R.S., 23, 1933, p. 30; voir rcemment G. AuOLDY dans Historia, op. cit.

    ..

    :

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    LE DROIT DE CIT ET LA NOMENCLATURE DANS L'EMPIRE ROMAIN 4J

    sans de Marc-Antoine, rsulte de leur frquence extraordinaire dans l'onomastique romaine. En outre, dans la dnornination de ces soldats, on trouve aussi le nom Iulius (') qui atteste une concession du droit de cit sous Auguste. En ce qui concerne ces soldats et vtrans, il s'agit ici tres probablement d'un choix libre des gentilices a l'occasion de l'enrolement et de la collation simultane du droit de cit ; par contre, le nom Iulius n'a pas jou ici un role important. Le choix libre des gentilices existe aussi chez quelques autres soldats qui ont obtenu le droit de cit lors de l'enrolement. Par exemple, on connalt en N arique au zer siecle un euocatus, nomm Sex. Antonius Verus ; i1 a re~u le droit de cit a l'occasion de son recrutement et iJ n'a pas pris un nom imprial ; son pere, Sextus Adnamatonis f. et sa sceur Spora Sexti f. taient encare prgrins ( C.I.L., III, 4854).

    On peut constater un libre choix analogue des nomina aussi dans l'onomastique de la population indigime de quelques villes de la province de Dalmatie (2). Dans le sud-est de cette province, on connait plusieurs villes qui taient cits de droit romain. Csar a tabli la colonie d'Epidaurum, a la place d'un conuentus ciuium Romanorum anden (8) ; d'autres villes de cette rgion comme Risinium, Acruuium etc. taient colonies augustennes de droit romain, ce qui est attest par Pline (N.H., ll1, 142) (). Dans ces villes il y avat, a cot des colons italiques, quelques familles indigi:nes qui avaient re~u de droit de cit videmment a l'occasion de l'institution de l'autonornie urbaine, c'est-a-dire a l'poque de Csar et d' Au-giste. Les gentilices de ces nouveaux citoyens n'taient pas ceux des empereurs, ainsi qu'il est prouv par ce quelques exemples : Iun(ius) Epidianus (C.I.L., 111, 1747, Epidaurum), M. Pomentinus Boria (C.I.L., 111, 1748, Epidaurum), Plaetoria M.f. Posilla (C.I.L., III, 8399, Risinium), etc. ('). Les noms Iunius et Pomentius sont tirs du matriel onomastique des colons italiques, tandis que le

    (1) C.I.l., JI!, 2714 ~ 9736; C.J.L., I!l, 2715; Bu/l. Da/m., 31, 1908, p. 78 ss. (2) Sur le matrial onomastique de la province voir G. ALFLDY1 BevOlktrung und Ge-

    sellscluJft, surtout p. 72 ss. (3) Voir rnaintenant G. ALPOLDv dans Acta Ant. Acad. Se. Hung., 10, 1962, p. 357 ss. et

    Ziva Antika, 12, 1963, p. 326 s. (4) Voir Acta Ant. Acad. Se. Hung., loe. cit. et Ziva Antika, loe. cit. (5) Les cognomina de ces personnes indiquent qu'elles sont d'origine indigene; d. G.

    AuOwY dans BnJr. z. Nommforschung, 15, 1964, p. 55 ss. et Broolkmmg und Gesellschajt, p. 140, etc .

  • 1 1 ,, 1

    . ,

    42 G. ALFOLDY

    nom Plaetorius est probablement un nomen d'origine illyrienne (1). De plus, dans les muncipes essentiellement indigenes du sud de la Dalmatie, on trouve au 1er s. de nouveaux citoyens en noll'!:hre tres grand qui n'ont pas adopt les gentilices des empereurs. Dans le nord-ouest de la province, c'est-a-dire en Liburnie, les prerniers empereurs, Auguste, Tibere et Claude ont tabli de nombreux muncipes qui jouissaient tres probablement du droit romain ('). En effet, quelques Iulii et Claudii sont ici attests, mais la plupart des indigenes romaniss ne portaient pas les gentilicia des empereurs (8). Ainsi, dans le muncipe de Crexa, fond par Tibere, on connait a l'poque tibrienne un duumuir qui s'appelait [C. ?] Aemilius Vol-s(etis ?) f Ocla(tinus) (C.l.L., III, 3148 = 10131) (4). Son pere, Vols(es ?) n'tait pas encare citoyen romain, mais le fils, un magistral municipal, avait le droit de cit romain, re~u de Tibere. Dans le muncipe d' Aenona, tabli par Auguste ('), on connalt un duumuir nomm L. Baebius Opiaui f Ser. O plus Malauicus ( C.l.L., III, 1 O 121) ; son pere, nomm vraisemblablement Opiavus Malauicus, n'tait pas encare citoyen romain ('). Le duumuir, citoyen romain de par sa fonction municipale, n'a pas pris le nom d'un empereur. De la meme maniere, des gentilices qui ne sont pas impriaux se retrou-vent en tres grand nombre chez les duumuiri et les autres citoyens des diffrentes autres villes de la Liburnie (7). Tous ces gentilices son! caractristiques de la population de l'Italie septentrionale et des colons qui sont venus d'ltalie septentrionale en Liburnie ('). Les indigenes de la Liburnie ont pris librement les noms de ces colons trangers. Dans le muncipe de Doclea (sud-est de la Dalmatie), fond a l'poque des Flaviens ('), on trouve a cot des citoyens por-tant le nom Flauius, quelques personnes aussi qui portent les genti-lices Epidius et Plaetorius (10). 11 s'agit ici de gentilices qui sont forms

    (l) Cf. Putot; voir G. ALFOLDv, Beitr. z. NammjMsclwng, loe. cit., p. 68. (2) Cf. G. ALPoLDY dans Ep;graphic4, 13, 1961, p. 53 ss. (3) Cf. G. ALPoLDv, &vlkmmg und C.S.ll.rchaft, p. 72 ss. (4) Sur le municipe: voir G. ALFOLDY dans Epigraphica, loe. cit. (5) Cf. G. ALFOLDY, Bevlkenmg und Gesellschaft, p. 77. (6) Sur la formule onomastique: voir G. ALFOLDY, Beitr. z. Namenjorschung, loe. cit.,

    p. 73 s. (7) Voir G. ALFOLDv, Btvlkrung und Gesellschaft, p. 72 ss. (8) Voir ihid. (9) Voir G. Al..FOwv, Beviilkerung und Gesellschaft, p. 144 .

    (10) A l'poque du Haut Empire, on connalt ici 12 Flavii, un Epidius et deux Plaetorii. Ces familles sont encore attestes plus tard a Doclea.

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    LE DROIT DE CIT ET LA NOMENCLATURE DANS L'EMPIRE ROMAIN 43

    de noms illyriens (1). L'adoption de gentilices de colons italiques et de gentilices forms de noms illyriens montre clairement, que dans la province de Dalmatie, les nouveaux citoyens, au moins au I" s. apr. J.-Chr., n'taient pas lis en ce qui concerne le choix des nomina.

    Dans la cit des Anauni dans les Alpes mridionales au nord de Trente, l'empereur Claude lui-meme a lgitim le libre choix des nomina. Les Anauni et deux autres communauts, les Tulliasses et les Siduni, avaient usurp le droit de cit romain, et leurs membres avaient pris les gentilicia d'une fa~on

  • i 1

    44 G. ALFOLDY

    (DION, LX, 17, 7, el. plus haut). Malheureusement, nous ne savons pas quels sont les territoires de l'Empire auxquells se rapporte ce tmoignage. On peut supposer que l'exception a l'poque de Claude a t assez rpandue. On sait que Claude a men une large poli tique de concession du droit de cit et d'autonomie urbaine, et on connalt un grand nombre de cits et de personnes, non seulement a l'Ouest, mais aussi a l'Est, qui ont re~ue le droit de cit a cette poque (1). Selon l'opinion bien connue de Sneque, Claude a concd le droit de cit romain a tous les Grecs, Gaulois, Espagnols et Bretons (2). Naturellement, Sneque exagere, et

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    46 G. ALFOLDY

    le cognomen du pere (1). On peut done consta ter que dans les provin-ces occidentales les nouveaux citoyens n'taient pas obligs de prendre les nomina des ernpereurs, et ce, encore au ni es. On peut re~ marquer aussi que chez quelques personnes qui, apres avoir re~u le droit de cit, portaient le nom de l'empereur, ce n'tait pas le nomen mais un gentilice driv du cognomen de l'empereur qu'elles ont adopt : un soldat germanique auxiliaire qui a fini son service mili-taire sous Trajan, a re~u comme nouveau citoyen apres la honesta missio le gentilice Traianius, et il ne portait pas le nom Ulpius ( C.I.L., XIII, 8806) (2)

    Tout cela montre que les nouveaux citoyens romains de l'Empire n'ont pas tous pris un gentilice imprial : un nombre grand de citoyens a choisi librement ses nomina. Ces nomina taient ou bien des gentilices italiques partout rpandus, ou bien des drivations patronymiques. Malgr cet usage, le choix des nomina n'tait pas partout parfaitement libre. Il y a un fait a cet gard tres intressant, les nouveaux citoyens romains portaient exclusivement des gentilices impriaux dans les territoires ou l'extension du droit de cit et la romanisation intensifie ne. se produisirent pas avant la fin du er ou le dbut du n s., notamment dans les provinces danubiennes. romanises plus tard (3). Dans le nord de la Dalmatie ou l'extension du droit de cit et l'urbanisation ne furent actives qu'a l'poque des empereurs flaviens, nous ne connaissons chez les nouveaux citoyens romains que les gentilices des empereurs (4). Les indigenes invests du droit de cit romain portaient uniquement les noms Flauius, Ulpius, Aelius etc. En Msie suprieure, ou l'extension du droit de cit n'a pas t important avant l'poque des Flaviens et Trajan, tous les nouveaux citoyens portaient des gentilices impriaux ( 6). Il en est de meme en Pannonie infrieure, ou l'extension du droit de cit n'a commenc que sous Trajan et ou les premiers muncipes indi" genes n'taient pas fonds avant Hadrien (6). Les nomina qui ne sont

    (1) Le cognomm Aurelius tait assez rpandu en Gau1e et en Germanie. (2) Pour la datation: cf. K. KRAFI', op. cit., no 116. (3) La diHusion ex.traordinaire des noms impriaux dans les provinces danubiennes

    (cf. A. Mcsv, op. cit., p. 148) s'explique par ce fait. (4) Voir G. ALF6LDY, Beviilkerung und Gesellschaft, p. 152 ss.: D. RENDi-M10rnvx

    Iiirska onomastika na Wtinskim natpisima Dalmacije, Split, 1948, p. 44 ss. ' (5) A. Mcsv dans Acta Arch. Acad. Se. Hung., 11, 1959, p. 284 ss.; pour le dbut de

    l'extension du droit de cit en masse: cf. ibid., p. 302. (6) A. McSY, Parmonien, p. 110 ss.

    l 1

    LE DROIT DE CIT ET LA NOMENCLATURE DANS L'EMPIRE ROMAIN 4 7

    pas ceux des empereurs, se trouvent chez les p.ouveaux citoyens la seulement ou l'extension du droit de cit avait t, considrable des avant les Flaviens : dans les rgions alpines de l'ltalie, en Gaule, en Germanie, en Norique, dans la partie mridionale de la Dalmatie, et de plus, en Espagne, en Afrique et en Orient (1). En Pannonie, on ne connait de gentilices librement choisis que dans l'ouest de la province, justement dans des territoires ou l'extension du droit de cit avait t apprciable des l'poque desJuliens et des Claudiens (2). On peut done constater que le libre choix des nomina tait possible surtout au ,., siecle ; que cependant dans quelques provinces ou cette possibilit avaitjou un grand rle a !'origine, elle exista encore aux poques tardives (3). La fin du ,., s. et le dbut du n s. mar-quent la transition vers la prpondrance des gentilices impriaux dans la dnomination des nouveaux citoyens. A Doclea ou il n'y eut pas d'extension du droit de cit avant les Flaviens (4), les nou-veaux citoyens pouvaient prendre non seulement le nom Flauius mais aussi d'autres noms comme Epidius ou Plaetorius; cependant, la majorit des citoyens de la ville portait dja le nom Flauius (6). Dans les muncipes de Pannonie tablis sous Hadrien, l'adoption des gentilices impriaux tait chez les nouveaux citoyens dja un usage gnral (6).

    III

    L'analyse de la dnomination des citoyens latins est plus difficile que celle des citoyens qui avaiei?,t le droit de cit complet ('). Dans le matriel pigraphique de l'Empire romain, nous ne trouvons pas une seule inscription qui ferait mention explicitement du droit de cit latin,d'une personne, paree que le Latium tait un statut des communauts. Malheureuse1pent, dans les cits latines elles-memes,

    ( l) Quelques exemples relevs en Norique de la proportion entre noms impriaux et noms d'origine dillrente: a Celeia et dans les environs 45/31, a Flavia Solva et dan.s les environs 46/42, a Iuvavum et dans les environs 13/20; a Teurnia 1/7.

    (2) A. McfiY, Pamumien, p. 112 s. (3) En outre, il est a remarquer quC les gentilices a valeur de patronyme.; taient

    rpandus, au ue et au me sietle, surtout dans les provinces ce1tiques. (4) Cf. G. Al.FOLDY, Beviilkcrung und Gesillschaft, pl. 44. (5) C!. p. 42, n. 10. (6) Cf. A. Mcsv, Pannonien, p. 70 a., etc. (7) Cf. par exemple K. K.RAFr, op. cit., p. 73, n, 25.

  • 48 G. ALFOLDY

    on ne peut guere distinger les ciues Latini des autres catgories de la population. Les sources pigraphiques sont dans les villes latines souvent tres rares, par exemple a Forum Claudium Ceutronum ou a Forum Claudium Vallensium dans les Alpes occidentales. En outre, il faut considrer aussi le fait qu'il y avait dans une cit latine aussi des citoyens romains. Comme on sait, dans le cas du Latium maius, les magistrats urbains et les membres de 1' ardo possdaient le droit de cit romain complet, et dans le cas du Latium minus, les magistrats seuls tait des citoyens romains (1). Par exemple, a Malaga en Espagne, on trouve a cot des Latini ciues aussi des ciues R(omani) (C.I.L., II, 1964). Enfin, il tait naturel aussi que dans une ville latine s'tablissent quelques citoyens romains originaires d'ailleurs, par exemple a Nimes, centre de commerce tres important de la Gaule mridionale ('). Il est done fort difficile de traiter la dnomi-nation des citoyens latins, et les particularits pigraphiques qu'on cite en gnral, p. ex. l'absence de l'indication de la tribu (2), n'in-diquent pas ncessairement des ciues Latini. Malgr ces difficults, certains indices rendent possible d'clairer quelques relations entre le droit de cit latin et la dnomination.

    On peut constater que les personnes investies du, droit de cit latin au " s. pouvaient recevoir des gentilices, et meme des genti-lices impriaux. A ce propos on peut citer une inscription de Dalma-tie de seconde moiti du n' s. qui fait mention d'un soldat auxiliaire dont le nom tait Ti. Claudius Ligomarus Carstimari f Claudia Salinis et qui a servi dans la cohors !JI Alpinorum ( C.I.L., III, 14362). La ville de Salinae qui tait sa patrie, tait un municipe latin des Alpes Mari times, fond par Nron (4). Le pere du soldat Carstimarus tait encore un prgrin ; son fils a re~u le droit de cit avec le nom Ti. Claudius sans doute sous Nron. Puisque Salinae n'tait qu'un mu-nicipe latin, il s'agit ici seulement du droit de cit latin. Il n'appar-

    (1) GAIUS 1, 96. Cf. surtout O. HIRSCHFELD, Kleine Schriften, Berlin, 1913, p. 294 ss. Le Latium maius est probablement une cration d'Hadrien, d. O. HIRSCHFELD, op. cit., p. 307; F. VITTINCHOFF, ROmische Kolonisation und Brgerrechtspolitik unter Caesar und Augustu.s dans Akad. Wiss. u. Lit. Mainz, Abh. Geistes- u. Soz. wiss. Kl., Jg. 1951, n 14, Wiesbaden 1952, p. 47 s.

    (2) Pour le statut latin de Ntmes: cf. STRAB., IV, l, 12; PLIN., N. H., 3, 37. (3) Voir O. HIRSCHFELD, op. cit., p. 298, n. 5. (4) V or O. HIRSCHFELD, ad C.l.L., III, 14362 et C.l.L., XII, p. 9. Sow Nron, le droit

    latin tait tendu a tous les habitants des Alpes Maritimes; voir TAo., Ann., XV, 32.

    LE DROIT DE CIT ET LA NOMENCLATURE DANS L'EMPIRE ROMAIN 49

    tenait pas a l'ordo et, en outre, en tant que soldat auxiliaire, il ne pouvait etre un citoyen de droit complet. Les autres soldats de la cohors I!I Alpinorum, connus a la meme poque, taient encore pr-grins (1). De la meme fa~on, les gentilices impriaux peuvent d-signer des citoyens latins dans quelques autres villes aussi tablies a l'poque des Juliens et des Claudiens. Par exemple, a Nimes, An-tibes, Apt etc., et, en outre, dans le territoire des Alpes Maritimes, le nombre des Iulii et des Claudii est assez grand (2).

    Cependant, c'tait chez les citoyens latins du I" s. une usage tres rpandu de poiter des gentilices qui n'taient pas ceux des em-pereurs. Dans les Alpes mridionales, ou ont t crs plusieurs cits latines (), on trouve, dans les inscriptions indigenes, de nombreux gentilices qui taient ou bien des noms italiques partout rpandus, ou bien des drivations de noms indigenes (4). On peut citer ici avant tout l'inscription d'un magistral urbain d'Yverdon date du I" s. apr. J.-Chr.: T. Vennonius Sm[e]rtulli ji!. Quiri[na----]ciuitatem [R(omanam) per honorem consecutus] (C.I.L., XII, 83). La cit a re~u le droit latin a l'poque d' Auguste (5). Smertullus, le pere du magis-tral, tait encore prgrin. Son fils a re~u sans aucun doute le droit latin a l'occasion de la concession de celui-ci a Yverdon, et il a pris comme citoyen latin le nom T. Vennonius, et plus tard en meme temps qu'une fonction municipale, il a re~u le droit de cit romain complet ('). A N!mes (7), les nombreux personnes qui portaient un nomen driv de noms indigenes, taient tres probablement des citoyens latins, comme par exemple Sex. Adgennius Solutus ( C.I.L., XII, 3368), Cocusia Masucia (C.I.L., XII, 3522), Sex. Sammius Apronian(us)(C.I.L., XII, 3870) etc. Dans les provinces espagnoles, il y avait assurment beaucoup de citoyens latins: sans parler de l'extension du droit la-

    (1) G. ALFOLDY dans Acta Arch. Acad. Se. flung., 14, 1962, p. 273. (2) Pour Nimes : cf. p. 48, n. 2 ; pour le statut latin des deux autres villes de Gaule

    mridionale: voir PLtN., N. H., III, 35 s., les inscriptions, dans le volume XII du C.I.L.; poUr les Alpes Maritimes: voir p.48, n.4, les inscriptions, dans les volumes V et XII du C.I.L.

    (3) Voir surtout O. HIRSCHFELD, op. cit., p. 302. (4) Pour ces derniers noms: voir C./.L., V, 7835, 7837, 7845, 7856 etc., du territoire

    des Alpes Maritimes. (5) . HIRSCHFELD, op. cit., p. 299. (6) Pour la collation du droit de cit romain per lumorem: voir aussi les inscriptions

    cites ci-dessous. (7) Cl. p. 48, n. 2.

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    franciscoNota adhesiva

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    tin avant les Flaviens, tous les prgrins ont re~u le droit latn sous Vespasien (PLIN., N.H., III, 30) (1). Malgr ce fait, le gentilice Flauius n'est pas tres rpandu en Espagne (2), et pour cette raison, on peut supposer qu'au moins une partie des indigenes qui furent investis sous Vespasien du droit latin, ne portaient pas le nomen de l'empereur. Une fraction assez grande de la population indigene des provinces espagnoles ne portait pas de gentilices impriaux : par exemple Annia Tagana (C.I.L., Il, 897), Antonia Sambarulla (C.I.L., Il, 5944), Aponia Lobessa (C.I.L., Il, 3870) etc. Thorique-ment, ces personnes peuvent etre aussi des citoyens romains de droit complet, mais on peut supposer qu'au moins un certain nom-bre d'entre elles avaient le droit latin. A cet gard, les inscriptions qui font mention des personnes qui ont re~u le droit romain en meme temps qu:une fonction municipale mritent une attention spciale: P. Comelius Q(uirina) Macer uiritim a diuo Claudio ciuitate donatus quaestor Iluir ( C.I.L., II, 159, Ammaia) ; L. Iunius Faustus, L. Iunius L. f. Mamius Faustinus c. R. per honorem consec[ uti] ( C.I.L., II, 1631, Igabrum, probablement a l'poque de Vespasien, el. C.I.L., II, 1610) ; L. Munnius Quir. Novatus et L. Munnius Quir. Aure-lianus c. R. per h[ono]rem Iluir(atus) consecuti (C.J.L., II, 1945, Suel, sous Domitien). Avant de recevoir le droit de cit romain, ces person-nes avaientjoui du droit latin: elles ont re~u le droit romain comme les magistrats urbains des cits qui possdaient le Latium minus, ou seulement les magistrats taient investis du droit romain complet qu'ils recevaient per honorem (3). La derniere inscription cite est convaincante a cet gard. Sous Domitien, lorsque les deux duumuiri de Suel ont re~u leur fonction municipale et par ce moyen le droit de cit romain, il n'y avait plus de prgrins en Espagne, seulement des citoyens latins et romains (d. plus haut). On peut citer quelques cas analogues dans d'autres provinces, par exemple en Afrique (') o u on connait de nombreuses villes latines {6).

    (1) Cf. O. HIRSCHFELD, op. cit., p. 303 s.; R. KNox McEr.nERRY dans J.R.S., 8, 1918, p. 61 ss., etc.

    (2) Dans le volume II du C.l.L., i1 y a au total92 Flavii, dont un certain nombre peu~ vent tre aussi d'origine trangere (comme les 18 personnes qui ont un cognomen grec); il y a 400 lulii et 109 Aelii.

    (3) Cf. p. 48, n. l. (4) Cf. C.I.L., VIII, 16919. (5) Cf. L. TEurSCH, Das Stiidtewesen in Nordafrika in der Zeit l:on C. Gracchus bis zum- Tode

    des Kaisers Augustus, Beriin, 1962, p. 96 ss., etc.

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    LE DROIT DE CIT ET LA NOMENCLATURE DANS L'EMPIRE ROMAIN 51

    Par contre, on peur dmontrer aussi qu'au Ier s. beaucoup per-sonnes de droit latin ne portaient pas de gentilicium. Certains ci-toyens latins portaient seulement un nom et le nom du pere en gni, tif comme e' tait usuel chez les prgrins. On en a une preuve dans la dnomination des soldats de la flotte. Il est vrai qu'on ne peut prouver que tous les marins auraient t citoyens latins (1) ; pourtant, la plupart de ces soldats possdaient sans doute le droit latin (2). Au I "' s., les marins d'une naissance libre portaient en gnral seulement un nom ou un nom avec la filiation, par exemple Athenio ( C.I.L., XI 30), Basus Virti f. ( C.I.L., XI, 45), Germanus (C.I.L., VI, 3ll2), Phallaeus Dioclis f. (C.I.L., XI, 88) etc. (3). A cet gard, on peut allguer aussi le matriel pigraphique de la pninsule ibrique. Ainsi qu'il a dja t dit, il n'y avait en Espagne apri:s Vespasien que des citoyens latins et romains. Cependant, le type de dnomination > tait frquent en Espagne en-care a la fin du ,., s. et au dbut du n s. (). Evidemment, ces personnes ne peuvent etre citoyens romains, mais, comme nous avons dit, il ne s'agit pas non plus de prgrins ; elles ne peuvent done etre que citoyens latins. De la meme fa~on, le nombre des personnes qui ont une dnomination > est remarquable aussi dans quelques autres cits latines. La ville d' Apt en Gaule mridionale tait une cit latine des l'poque de Csar (6), et dans les inscriptions de la ville qui datent du Haut-Empire, on trouve sou-vent la formule nom + nom du pere en gnitif (par exemple C.I.L., XII, 189, 1129, etc.). On peut !aire valoir encare la dnomination des habitants de Norique au ,., s. : a cette poque, la plupart des habitants de cette province, ceux des villes aussi, ne portaient pas de gentilicium (6). Malheureusement, nous n'avons pas de preuves

    (1) Cf. K. KRAFI", op. cit., p. 73, n. 25. (2) cr. Th. MoMMSEN daos Hermes, 16, 1881, p. 467 SS. j cf. encare Ch. G. STARR,

    The Roman Imperial Navy 31 B. C.~ A. D. 324a, Cambridge, 1960, p. 71. (3) Pour quelques exempies anaiogues: cf. G. ALFOLDY, Beviilkerung und Gesellschaft,

    p. 192, n. 59. (4) Par exemple: C.J.i., II, 341,342,384 etc. (iusitanie); C.I.L., II, 1233, 1245, 1274,

    1420 etc. (Btique); C.l.L., 11 2465, 2677, 2839, 3261 etc. (Tarraconensis). (5) o. HIRSCHFELD, C.J.L., XII, p. 137. (6) Par exemple, a Celeia et dans les environs, on connatt 80 inscriptions oU se trouve

    la dnomination prgrine)>, dates de Ia deuxietne moiti du er s. ou du premier tiers du ne s., a la mme poque, on ne connatt que 35 inscriptions qui mentionnent un genti~ lice chez les. indigWes.

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    52 G. ALFLDY

    directes du statut latin de ces villes, mais on peut le supposer (') ; certaines des personnes qui ne portaient pas de nomina, avaient peut-etre le droit latin (2).

    Au e siecle, la dnomination des citoyens latins est diffrante. La formule onomastique simple avec l'indication d'un nom de per-sonne et du nom du pere tait usuelle jusqu'a la fin de rer s. et jus-qu'au dbut du ue s. Des l'empereur Hadrien, c'est l'emploi des genticiles qui est devenu gnral. Pour l'emploi des gentilices imp-riaux nous n'avons pas d'attestations. En fait, on peut imaginer que des citoyens latins du n' s. portaient des gentilices impriaux aussi ; cependant, on constate que ce sont d'autres nomina qui au u e sii~cle ont jou le rle majeur dans la dnomination des ciues Latini.

    Ce sont les diplmes et les inscriptions des soldats de la flotte qui fournissent un point de dpart pour traiter de la dnomination des citoyens latins au ne s. Sans aucun doute, au moins certains de ces soldats n

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    Enfin, le matriel pigraphique du municipe de Rider en Dalmatie offre quelques indications importantes quant a la dnomination des citoyens latins a u es. La localit est devenu un municipe sous les Fla-viens ou peut-tre sous Hadrien (1). Les sources pigraphiques sont tres riches, et on peut distinguer les indigenes des trangers de maniere exacte (2). Nos sources n'indiquent pas expressment le statut latin de la ville mais il est indubitable (3), Avant la Constitutio Antoniniana, les habitants de la ville portaient des nomina indigenes selon UI)e for-mule onomastique locale ou le gentilicium est indiqu apres le nom de personne qui est en vrit un cognomen mais qui se place comme un prnom : par exemple, Aplis Lunnicns Triti f. ( C.l.L., III, 13989) ; Bato Samuntius Pantisjilius (Glasnik Zem. Muz. u Sarajevu VI (1951) p. 55); Sextus Statinius Aplinis f. (C.I.L., III, 2790), etc. (4). Les noms impriaux n'apparaissent pas chez les habitants de Rider au ne siecle (5). Avant 212, le systeme des tria nomina n'est connu que chez les magistrats urbains et, en outre, chez les colons tran-gers (6). Les dcurionsqui.n'ont pas re~u une magistrature munici-pale portaient leurs noms de la mme maniere que les citoyens ordinaires de la ville: Apludus Staticus dec. (C.I.L., III, 2773); [Sce]-nobarus Ti;:;ius dec. (C.I.L., 2775), Tritus Germu[l]l(ius) Germani filius de[c.] (C.I.L., III, 6411). Apres la Constitutio Antoniniana, les habi-tants indigenes ont pris le gentilice Aurelius ('). Cet ensemble de textes montre que le statut des Riditae avant 212 ne correspondait pas a celui d'un municipe dont les citoyens auraient le droit de cit romain. La population de Rider a re~u ce droit seulement en 212

    par exemple: C.l.L., VI, 3099,3106,3110,3150,3152, etc. La plupart de ces inscriptions sont dates du mes., mais il est possible que quelqUes-unes datent encare du nes. Aprb la. Constitutio Antoniniana, il s'agit naturellement de citoyens romains, mais, pour un certain nombre, peut-tre dja aussi auparavant. videmment, il n'est pas exclu que, dans la flotte, il y avait, a cOt des citoyens latins, des citoyens de droit romain complet di:s le u es.: d. K. KRAFr, op. cit., p. 73, n. 25.

    (1) Voir G. ALFOLDY, Bevolkerung und Gesellschaft, p. 97 s. (2) Voir ibid., d. encare D. ~I-MmCEvt dans Glasnik Znn. Muz. u.Sarajevu, 6,

    1951, p. 49 s,., etc. (3) Voir dj:\ Th. MoMMsEN, C.l.L., III, p. 363. (4) Pour cette formule: cf. G. ALFOLDY, Beitr. z. Namenforschung, loe. cit. (5) On connalt deux familles de droit romain d'origine claudienne encore a l'poque

    avant la fondation du municipe; il s'agit ici de l'aristocratie de la ciuitas Delmatarum,_cf. C.l.L., III, 2776 et Diadffa 11 (1960-61), p. 233.

    (6) G. ALF0LDY, BevOlkerung und Gesellschaft, p. 97 s. (7) Voir ibid.

    LE DROIT DE CIT ET LA NOMENCLATURE DANS L'EMPIRE ROMAIN 55

    et elle a adopt a ce moment les gentilices iri:tpriaux ; antrieu~e_ment, elle ne jouissait pas du droit romain, except les duum~m. videmment les citoyens du municipe avant 212 ne pouva.Ient pas avoir u; statut prgrin ; par consque."t, il s'~git. ici de ciues Latini. Puisque la dnomination des dcunons. t~t diffre."te de celle des duumuiri, et correspondait a la dnommatwn des citoyens ordinaires, on peut conclure que les dc~rions n't~en~ pas des citoyens de droit romain complet. Done, Il ne ~eut s .agrr que d~ Latium minus ou seulement les magistrats urbains drsposarent du dr01t romain (d. plus haut). Tous ces faits in?iquent ~u'on pe~t ~.onclure de la fa~on suivante : les citoyens latms de Rider au II sre?le n'ont pas pris de nomina impriaux, mais c'tait l'usage gnrahs de porter un gentii:icum driv d'un nom indigene (1). . .

    Des lors, on peut rsumer l'volution de la ?nomma~on des ciues Latini de la maniere suivante. Au er s., les crtoyens latms por-taient, ou bien les noms des empereurs, ou bien des nomina qu'ils ont choisi librement, mais souvent seulement un nom de personne avec l'indication du nom du pere au gnitif. Des la fin du r" s. et le dbut du ne s., ils ont pris en gnral un gentilice qui,au m?~ns pour la plupart, n'tait pas le nom d'un empereur mais un genhhce choisi libremeht.

    IV

    Nous pouvons dsormais dessiner une image g?nrale. de !'volu-tion en ce qui conceme les relations entre le dr01t de cit et la d-nomination dans les provinces occidentales de l'Empire a l'p~qu_e qui s'tend depuis la fondation du principat jusqu'a la Constztutto Antoniniana.

    Au dbut de l'Empire, et jusque vers la fin du rer s., e' es~ l'usage gnral que les nouveaux citoyens prennent _le nom~n et aussr le prae-nomen (') de l'empereur qui a concd le drort de cit. Sous la rpu-

    (1) Les rares inscriptions oU le gentilice n'est pas indiqu, datent encore de l'poque aVant la fondation du municipe.

    (2) Les nouveaux citoyens n'ont pas toujours re;:u le prO:~ de l'empereur. _Par exemple, en Dalmatie, chez les /ulii indigenes on trouve aus-~1, a co~ du p.rnom C(azus), les prnoms M(arcus), Q(uintus), Sex('us), T(itus). Les Fla~u portatent dj3., pour .la \lu-part, le prnom T(itus), mais a Doclea on trouve quelques autres p:noms ausst. C est a partir de Trajan et d'Hadrien que la quasi-totalit des nouveaux cltoyens prennent le prnom de I'empereur rgnant.

  • 56 G. ALFLDY

    blique, c'tait thoriquement l'tat lui-meme qui donnait le droit de cit et, par consquent, a cette poque, les nouveaux citoyens portaient le nom de la personnalit qui avait serv de mdiateur dans la collation du droit de cit par la voie lgislative ou autre (1). Done, le fait qu'a l'poque de l'Empire c'est le nom de l'empereur qu'on prend a l'occasion de la rception du droit de cit, n'est pas un usage essentiellement nouveau : la diffrence existe seulement dans le fait que l'empereur, dont le nouveau citoyen a pris le nom, n'est pas seulement le reprsentant ou le mdiateur de l'tat, mais aussi une personnification de l'tat. Le nouveau citoyen re~oit le droit de cit de l'empereur lui-meme, il peut dire que c'tait a Auguste ou a Vespasien qu'ille doit, et il peut prendre et porter le nom de l'empereur rgnant. Cependant, l'emploi des noms impriaux n'est pas obligatoire : les nouveaux citoyens peuvent aussi choisir libre-ment un nomen. La seule ncessit est de pouvoir distinguer les citoyens des prgrins ; c'est a cela que sert le systeme des tria nomina, ou, au moins, l'emploi du gentilicium. Faire cette distinction est d'im-portance surtout tant que le nombre des citoyens est encore peu considrable : a cette poque, il y a encore de grandes diffrences entre le citoyen et le prgrin. En ce qui concerne les citoyens latins, ils porten! a cette poque, ou bien des gentilicia aussi, ou bien seulement un nom de personne avec l'indication du nom du pere. Puisque le droit latin n'est qu'un degr intermdiaire entre le statut prgrin et le droit de cit romain complet (2), la dnomination des Latins pouvait correspondre aux constructions onomastiques des prgrins ou des Romains.

    Vers la fin du I" s., la relation entre le droit de cit et la dnomi-nation change dans une certaine mesure. Chez les citoyens de droit complet, l'emploi des nomina impriaux devient plus gnral qu'au-paravant. Dans les territoires ou il n'y a pas eu d'extension du droit de cit plus tt, et ou l'usage du libre choix des noms ne s'est pas tabli dja plus tt les nouveaux citoyens prennent exclusivement des noms impriaux. Le libre choix des gentilices persista seulement dans les territoires ou il exist dja au r" s., avant tout dans les provinces celtiques occidentales. En meme temps, l'usage se gn-ralise que les citoyens latins prennent un gentilicium. La diffrence

    (1) Cf. Th. MoMMsEN, Riimisches Staatsrecht III, p. 64, et n. 1; O. CUNTZ dans J.IJ.A.l., 25, 1929, p. 70.

    (2) Cf. A. N. SHERWIN-WHITE, of;. cit., p. 109 s.; F. VITTINGHOFF, op. cit., p. 43 ss.

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    LE DROIT DE CIT ET LA NOMENCLATURE DANS L'EMPIRE ROMAIN 57

    entre le droit romain et le droit latn est devenu de moins en moins grande, surtout apres l'extension du Latium maius aux commu-nauts latines sous Hadrien (1). En consquence de cette volution, la dnomination des ciues Latini est devenue de plus en plus semblable a celle des ciues Romani, et la dnomination