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Alexis de Tocqueville

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Alexis de Tocqueville

Alexis Clérel de Tocqueville. descend d’une très vieille famille française. Du côté de son père il y a la famille Clarel qui a eu un ancêtre à coté de Guillaume le Conquérant qui fait souche en Angleterre où les descendants, les Clarell, ne s’éteignirent qu’au XVIe siècle. Les Clérel continentaux se fixent d’abord près de l’abbaye de Jumièges, puis en Basse Normandie à Rampan (1380). Vers 1597 une branche se fixe à Tocqueville.La Varende les décrit comme gentilhommes campagnards assez proches d’un Gilles de Gouberville. « On vit sur la terre, l’ordinaire sans faste ; on chasse, on plante, on améliore, on arbitre et on fait des enfants. » L’arbre généalogique de sa mère évoque des noms comme Saint Louis, Vauban, Malesherbes. Mis en prison par la Terreur en 1793 ses grands-parents meurent sous la guillotine. Ses parents évitent de justesse le même sort. 1805 : Alexis naît comme troisième fils de la famille à Verneuil. Son père est maire de Verneuil, plus tard préfet et Pair de France sous la Restauration. A 15 ans, à côté de son père, préfet (donc fonctionnaire d’état) en Moselle, il apprend que l’univers social s’est transformé. « La distinction entre nobles et roturiers appartient désormais au passé. » (Père d’Alexis)A 18 ans Alexis entre à l’Ecole de Droit de Paris tout disposé à attendre beaucoup de lui-même. Mais la déception est grande : dépassé par de jeunes bourgeois sa carrière s’annonce lente. 1827 il est nommé juge auditeur au tribunal de première instance à Versailles. Après le départ en exil de Charles X, Alexis prête serment à Louis-Philippe, à contre cœur certes, toute sa famille ayant quitté le service de l’état. Sa situation sociale devient difficile et décevante (suspect aux yeux des libéraux par ses origines et sa fidélité supposée au roi Charles X, mal accepté par sa famille comme fonctionnaire de Louis-Philippe) Il part en 1831 aux Etats Unis avec son ami Beaumont pour y étudier la société démocratique, spécialement « Le système pénitentiaire aux Etats Unis et de son application en France ». 1832 il revient en France et publie en 1833 le premier tome de « La Démocratie en Amérique ». Dans la même année il se marie avec Marie Mattley, une anglaise protestante. Ce mariage n’est accepté avec enthousiasme ni par sa famille ni par ses amis. Mais cette union pour agitée qu’elle fut parfois et pour tout ce qui les séparait est restée toujours indéfectible.

1837 la mère d’Alexis meurt et lui laisse le château de Tocqueville en héritage. Le château restera pour lui un refuge pour toute sa vie. Le couple s’y installe, passant toutefois l’hiver à Paris. Ainsi propriétaire dans le Cotentin il tente pour la première fois de se faire élire comme député de la Manche dans la circonscription de Valognes. C’est « pour sauver le pays de la démagogie par la démocratie ». Il échoue de peu. Entre temps il est élu à l’Académie des Sciences morales et politiques. 1839 il réussit à se faire élire comme député de la Manche. La même année il présente à la Chambre un rapport sur l’abolition de l’esclavage : « Il ne s’agit point de savoir si l’esclavage est mauvais et s’il doit finir mais quand et comment il convient qu’il cesse. » Ses activités littéraires se poursuivent. En 1840 il publie le deuxième tome de « La Démocratie en Amérique ».

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Un an plus tard il entreprend un voyage en Algérie accompagné de son frère Hippolyte et de son ami Gustave de Beaumont. Alexis approuve la colonisation mais critique le comportement de l’administration française. La même année il est élu à l’Académie Française.

C’est en 1842 qu’Alexis de Tocqueville. est élu pour la première fois au Conseil Général de la Manche comme représentant des cantons de Montebourg et de Sainte Mère Eglise. C’est là qu’il commence la politique « de la proximité ». (V. les lettres de A. de T. à M. le Maire de Saint Sauveur le Vicomte, Mr de Hacouville, qui traitent p.ex. des subventions pour une salle dans la commune ; des observations sur des gens qui sont contre lui pour les élections ; questions en relation avec des fortifications de Cherbourg ; protection d’un parent ; renseignements sur des personnes demandant une subvention ; protection d’une cousine ; subvention pour l’abbaye de Saint Sauveur.

Au sein du Conseil Général il s’engage fortement pour le projet d’un chemin de fer entre Cherbourg – Caen – Paris. Finalement le train atteindra Cherbourg officiellement le 4 août 1858, la ligne sera inaugurée par Napoléon III alors qu’ Alexis de Tocqueville a démissionné de tous ses mandats.

Il insiste aussi sur le développement de Cherbourg comme port militaire. Il rejoint là les vues de Vauban qui deux siècles plus tôt avait saisi l’importance stratégique de Cherbourg, les relations avec l’Angleterre n’ayant pas vraiment changé au milieu du XIXe siècle. Napoléon III se laisse persuader par Tocqueville de terminer ce qui avait été commencé 150 années auparavant. Il consacrera les crédits nécessaires à parachever le port militaire (bassin Napoléon)

A côté de ces démarches modernes et progressistes il manifeste aussi des positions assez bourgeoises : opposé aussi bien à l’assistance aux jeunes mères isolées qu’à l’usage séculaire des terrains de pâture communaux, ultime refuge des petits exploitants agricoles. Pour « la politique sur le terrain » il est en contact avec l’Association Normande : Certains nobles, propriétaires de châteaux et terres en Manche qui avaient quitté leurs fonctions publiques en 1830 par fidélité à Charles X faisaient partie de l’Association Normande, une association fondée en 1833 par Gerville, Caument et Prevost. Le but était de regrouper « les hommes éminents de la province » pour se connaître et pour les faire travailler ensemble. A travers des congrès annuels on traitait des sujets comme l’état moral de la province, les problèmes sociaux, l’agriculture, l’industrie, les beaux-arts etc. .Cette association se voulait le « Parlement agricole et industriel » de la Normandie, une sorte de conseil économique et social régional avant l’heure, complètement indépendant de Paris. Tocqueville faisait partie de ce cercle. Leurs principaux travaux concernaient l’agriculture parce qu’elle occupait 80% des normands. Une agriculture que les membres veulent sortir de sa routine. « L’objectif est de favoriser la tendance de la science à s’occuper de l’agriculture. » Les adhérents sont répartis pour 50 % dans le Calvados, 20 % dans la Manche et 30 % dans les autres départements de la Normandie.

Parallèlement avec ses engagements au Conseil Général de la Manche (le cumul des mandats n’étant pas encore à l’ordre du jour) Tocqueville continue à travailler comme député à l’Assemblée à Paris. Suite à un deuxième voyage en Algérie il demande à la Chambre de retirer les affaires algériennes du Ministère de la Guerre et les soumettre à une autre tutelle politique. Mais il n’est pas écouté. Il faut attendre le Second Empire pour que naisse le Ministère de l’Algérie et des Colonies.

1846 les élections législatives sont remportées par Guizot (Tocqueville reporte une belle victoire à Valognes.). Mais il n’est pas content. A Paris égoïsme et carriérisme sont les mots d’ordre de la bourgeoisie au pouvoir. Les intérêts privés passent au premier plan. La vie politique est morne. Largement dominée par les fonctionnaires l’Assemblée ronronne. Plus de débats. La France s’ennuie et Tocqueville aussi.

1847 le mécontentement envers les classes dirigeantes s’étend en France. L’opposition républicaine ne supporte plus le suffrage censitaire ou plutôt le niveau élevé du cens (voir fac-simile  »Payer pour voter » en Page 7). Elle demande que son niveau soit porté à 100 francs et que les fonctionnaires de Etat (ils représentaient 40% des parlementaires) ne puissent plus être élus à la députation. Avec des difficultés économiques en plus le pays va en 1848 vers la Seconde République.

Tocqueville participe à l’élaboration de la constitution de la Seconde République qui est promulguée en Novembre. Le suffrage universel est proclamé (enfin, universel sauf pour les femmes).

Louis Napoléon Bonaparte (neveu de Napoléon 1er) est élu premier président de la Seconde République en Décembre 1848. Tocqueville sera son ministre des Affaires Etrangères pendant quelques mois en 1849. La même année il est élu président du Conseil Général de la Manche, ainsi qu’en 1850 et en 1851.

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Le 21 Novembre 1851 le président Louis Napoléon Bonaparte organise un coup d’état dans le but de restaurer l’Empire. Tocqueville signe avec d’autres députés de droite et du centre une demande de mise en accusation du président. Cela lui vaut un emprisonnement à Vincennes.

Libéré il démissionne de tous ses mandats et se retire à Tocqueville. Il continue ses travaux littéraires. Déjà en 1850 il avait rédigé ses « Souvenirs » (ils ne paraîtront qu’en 1893). En 1856 il publie « L’Ancien Régime et la Révolution ».

Le 16 Avril 1859 Alexis de Tocqueville meurt à Cannes de la tuberculose entouré de sa femme, de ses frères et de son cousin Kergorlay. Le 10 Mai il est inhumé à Tocqueville.

Il existe aujourd’hui un Prix Alexis de Tocqueville, créé pour honorer sa mémoire et pour favoriser le rayonnement de sa pensée et de son œuvre en distinguant des auteurs ou des chercheurs dont les travaux contribuent à éclairer différents aspects du fonctionnement de la démocratie. Le Prix, doté de 15.245 €, est décerné au Château de Tocqueville. Colin Powell en a été le dernier lauréat en 2006.

Les échanges entre chercheurs américains et français concernant Tocqueville sont intenses. Il existe The Tocqueville Society/ la Société Tocqueville en Amérique et en France dont le but est de stimuler la coopération intellectuelle et l’observation réciproque entre Européens et Américains. Le patronage d’Alexis de Tocqueville a été choisi pour trois raisons principales : - il symbolise les relations intellectuelles traditionnelles entre les Etats-Unis et la France  - il a été un pionnier de l’observation comparative réciproque entre les deux rives de l’Atlantique ; - il fut l’un des fondateurs des sciences sociales modernes.

La pensée politique de Tocqueville n’a rien perdu de son actualité, comme le montrent les analyses sur l’individualisme, le totalitarisme, etc..  du fac-simile en Page 8 (Conseil Général, Ref Bibl.3). Pour conclure, une citation textuelle de Tocqueville ( Leberruyer, Ref. Bibl.5):

J’ai pour les institutions démocratiques un goût de tête, mais je suis un aristocrate par l’instinct, c'est-à-dire que je méprise et crains la foule. J’aime avec passion la liberté, la légalité, le respect des droits, mais non la démocratie : je hais la démagogie, l’action désordonnées des masses, leur intervention violente et mal éclairée dans les affaires, les passions envieuses des basses classes,les tendances irréligieuses. Je ne suis ni du parti révolutionnaire, ni du parti conservateur. Mais cependant et après tout, je tiens plus au second qu’au premier.

Bibliographie

1. Charlotte Manzini : QUI ÊTES-VOUS MONSIEUR DE TOCQUEVILLEArchives Départementales de la Manche, St. Lô, 2005

2. CITIZEN TOCQUEVILLENormandie Magazine, 2005

3. ALEXIS DE TOCQUEVILLE – HOMME DE LA MANCHEConseil Général de la Manche, 2006

4. S. Goyard-Fabre e.a. : L’ACTUALITÉ DE TOCQUEVILLECahiers de philosophie, politique et juridique, no. 19, Université de Caen, 1991

5. Pierre Leberruyer : DANS L’INTIMITÉ D’ALEXIS DE TOCQUEVILLECherbourg 1965

6. TOCQUEVILLE ET L’ESPRIT DE LA DÉMOCRATIEThe Tocqueville Review/ La Revue Tocqueville Textes réunis par Laurence Guellec, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques 2005

7. Site Internet http://www.tocqueville.culture.fr

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Payer pour voter (texte de la Page 7)

Quand, en 1944, sous l’impulsion du général de Gaulle, les Françaises obtiennent le droit de vote, certains à gauche crient à la manoeuvre: pour eux il est clair que le vote des femmes, soumises à l’influence de leur mari et, d’une façon générale, moins instruites et plus conservatrices que les hommes, profitera à la droite.

En 1848 déjà, quand la jeune République adopte le suffrage universel, une crainte du même ordre s’était fait jour: comment va voter cette masse de neuf millions d’hommes, souvent peu instruits, parfois analphabètes, ce peuple dont les classes dirigeantes ne savent pas grand-chose? Et il est vrai que cet électorat nouveau favorise l’ordre. Préférant, et de loin, la dictature à l’instabilité, il fera un triomphe à Louis- Napoléon Bonaparte.

Le suffrage censitaire, plus ou moins restreint, est resté en vigueur depuis la Révolution jusqu’en 1848. De 1814 à 1817, la Restauration remet en vigueur le système qui existait pendant les Cent Jours, où l’on recensait 71 600 électeurs. C’est avant tout la propriété foncière qui ouvre aux Français le chemin de l’isoloir. En 1817, une loi précise que pour voter, un Français doit être âgé d’au moins trente ans et acquitter un cens de 300 francs. Ces conditions très restrictives n’ouvrent le chemin des urnes qu’à 110000 citoyens. C’est sans doute encore trop puisque diverses mesures ne laisseront en 1827 le droit de s’exprimer qu’à 89000 Français.

Plus fort encore: les ordonnances de 1830 allaient dans le sens d’une nouvelle réduction en excluant la patente du calcul du cens, ce qui aurait laissé en- dehors des urnes les classes moyennes, suspectes de favoriser les libéraux.

Logiquement, la Monarchie de Juillet entama un mouvement en sens inverse en favorisant l’accès au vote d’un nombre croissant de Français. Pour voter, il fallait être âgé d’au moins vingt- cinq ans et payer un cens de 200 francs (soit environ deux mois de travail d’un ouvrier).L’électorat passa à 166000 électeurs en1831 pour atteindre 248 000 à la fin des années 1840.

Pour être candidat à une élection, les conditions étaient encore beaucoup plus strictes. Sous la Restauration, il fallait avoir au moins quarante ans et payer un cens de mille francs pour pouvoir se présenter à la députation. En 1831, la Monarchie de Juillet édicta des conditions plus favorables, mais toujours restrictives: il f allait être âgé de trente ans pour voter et payer un cens de 500 francs.

Rien d’étonnant donc si tout au long du XIXe siècle la vie politique est réservée aux notables. C’est parmi ce groupe social que les candidats sont choisis. En outre toute candidature est soumise à l’approbation du préfet. Celui-ci peut favoriser certains candidats en distribuant médailles et faveurs et en prenant la plume pour recommander le « bon » candidat. En cas de compétition un peu serrée, on fait jouer ses réseaux, ses relais locaux.

Les campagnes électorales d’alors n’ont pas grand-chose à voir avec les nôtres. Pas de visites des marchés ni d’ascension des halls d’immeubles: quelques repas en compagnie des éminences locales et quelques serrements de mains feront l’affaire. On reste entre soi: en 1846, un député sur trois est élu par moins de 200 électeurs.

L’individualisme et le déclin de l’esprit civique (Texte de la Page 8)Des penseurs contemporains soulignent que “Les craintes de Tocqueville sur la montée du matérialisme” se sont réalisées. D’autres évoquent “le déclin de l’esprit civique’ ce que craignait Tocqueville en dénonçant l’individualisme.

Pour Tocqueville, l’égalisation des conditions, qu’il considère comme inéluctable, présente a ses yeux un danger : il constate que ce processus s’accompagne d’une montée de l’individualisme (un “repli sur soi”), ce qui contribue à affaiblir la cohésion sociale.

“L’individualisme, dit-il dans La Démocratie en Amérique 2, est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que, après s’être ainsi créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle- même.” Il s’agit donc d’un désengagement dans la construction de la cité, jusqu’à l’abandon de l’expression de sa propre citoyenneté. Pour Tocqueville, l’individualisme est non seulement un risque incontournable de avènement de la démocratie, mais “il menace de se développer à mesure que les conditions s’égalisent.” Ce déclin de l‘esprit civique, où en est-il dans ces sociétés vieilles de près de deux siècles de démocratie ? Les critiques les plus âpres et

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les plus alarmistes de la modernité parlent, eux, de “déshumanisation” de “conformisme ‘ de “consumérisme ‘ d’”apathie politique”

Les totalitarismesL’un des risques pour la démocratie, dit Tocqueville, c’est un régime qui, à travers l’excès de passions égalitaristes, menace la liberté, renforce la puissance de l’Etat et conduit au “despotisme d’Etat”. Il en concevait une réelle inquiétude pour l’avenir C’était un sentiment très fort chez lui (la quête démocratique avait un moment abouti en France à la Terreur). Il n’a pas vu jus qu’où pouvaient aller les idéologies, mais il a bien perçu la “zone à risque” le despotisme - et le totalitarisme - arrive aux époques agitées par la violence révolutionnaire dans des pays fortement centralisés.

Bien sûr, commente François Furet, “Il serait absurde de prétendre que Tocque ville avait prévu le communisme ou le nazisme. Mais ce qu’il avait dit, c’est que le monde de la société moderne, le monde de l’égalité, est gros de dérives despotiques. Et de ce point de vue là, Tocqueville est un auteur extraordinairement moderne.”

L’impérialisme du “politiquement correct”Tocqueville consacre un chapitre dans le premier volume de La Démocratie en Amérique sur “l’omnipotence de la majorité aux Etats-Unis et ses effets.”

Il dit qu”ll est de l’essence même des gouvernements démocratiques que l’empire de la majorité y soit absolu. Car, en dehors de la majorité, dans les démocraties, il n’y a rien qui résiste.”

“L’empire moral de la majorité se fonde en partie sur cette idée qu’il y a plus de lumières et de sagesse dans beaucoup d’hommes que dans un seul (c’est la théorie de l’égalité appliquée aux intelligences). Il se fonde encore sur le principe que les intérêts du plus grand nombre doivent être préférés à ceux du petit.” Tocqueville énonce, mais ne cautionne pas : il regarde comme “impie et détestable” qu’en matière de gouvernement, la majorité d’un peuple a le droit de tout faire et surtout qu’on ne puisse la remettre en cause. Nous somme pour lui, en plein “despotisme” Ainsi, les travers de pouvoirs aussi forts que celui de Louis-XlV pouvaient être critiqués ouvertement car des génies comme La Bruyère ou Molière Jusque dans les lieux mêmes ou s’exerçaient ces pouvoirs. “Mais aux Etats-Unis, la puissance qui domine n’entend point ainsi qu’on la joue. Le plus léger reproche la blesse, la moindre vérité piquante l’effarouche, et il faut qu’on loue depuis les formes de son langage jusqu’à ses plus solides vertus... La majorité vit donc dans une perpétuel le adoration d’elle-même...”

Transposons aujourd’hui : la tyrannie du politiquement correct, du “penser convenable’ au risque d’être décuplée par la puissance des médias, ne guetterait-elle pas notre démocratie contemporaine ?

Démocratie et christianismeTocqueville fait parfois référence à l’influence du message égalitaire de Jésus et, dans son introduction, il écrit que l’égalité des conditions a commencé au Xlle siècle au sein des monastères, c’est-à-dire à l’époque où l’Eglise s’est ouverte aux riches comme aux pauvres, et est devenue un lien d’ascension sociale. En même temps, bien que la question ne fût pas d’actualité à son époque, il semble clair que pour Tocqueville la démocratie n ‘est pas réservée aux seuls chrétiens. Même si le christianisme a pu jouer un rôle, la démocratie de Tocqueville est universelle.

Et pourtant, aujourd’hui (après des démocratisations réussies hors de l’Occident - on pense au Japon et à l’inde -, des auteurs comme Samuel Huntington émettent des doutes sur l’universalité de la démocratie. Celle-ci serait liée bien plus qu’on ne le pense a la civilisation chrétienne, pour preuves les difficultés incessantes rencontrées par la démocratie hors de l’Occident, en particulier au sein de la civilisation musulmane.

Une question dont les débats écourtés sur la Constitution européenne n’ont pas aboli la pertinence ni épuisé l’actualité

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