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Afrique du Sud Pretoria chiffres clés Superficie en milliers de km 2 : 1 221 • Population en milliers (2001) : 43 792 • PIB par hab. en dollars (2001) : 2 587 • Espérance de vie (2000-2005) : 47.4 • Taux d’analphabétisme (2001) :14.4

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Afrique du Sud

Pretoria

chiffres clés• Superficie en milliers de km2 : 1 221• Population en milliers (2001) : 43 792• PIB par hab. en dollars (2001) : 2 587• Espérance de vie (2000-2005) : 47.4• Taux d’analphabétisme (2001) : 14.4

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Perspectives économiques en Afrique© BAfD/OCDE 2003

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DIX ANS APRÈS LA FIN DE L’APARTHEID, l’Afrique duSud doit encore relever un double défi : réduire lesinégalités et améliorer ses performances économiques.Les politiques mises en œuvre à ce jour donnent desrésultats quelque peu décevants. Ce pays a enregistré unecroissance de 2.2 pour cent en 2001, contre 3.4 pourcent en 2000, essentiellement à cause de la contractionde la demande extérieure, qui a fait diminuer les prixet les volumes à l’exportation. Cependant, la dépréciationconsidérable du rand, fin 2001, a atténué leralentissement de l’activité économique, et la croissancedevrait avoisiner 2.7 pour cent en 2002, puis 3 pourcent en 2003, grâce au dynamisme des exportations, dela demande intérieure et de la progression del’investissement public. L’embellie des perspectives restenéanmoins précaire, car l’incertitude et le manque deconfiance dans l’économie persistent sous l’effet de

l’instabilité politique au Zimbabwe, pays voisin, desretards dans le processus de privatisation, du taux decriminalité élevé et de la mauvaise gestion de l’épidémiede VIH/sida. Tels sont les principaux facteurs à l’originede la nette dépréciation du rand ausecond semestre 2001 (la monnaiesud-africaine a perdu 34 pour cent parrapport au dollar des États-Unis).Même si cette opération a stimulé lesexportations de certains produitsmanufacturés, elle a provoqué uneflambée inflationniste. Les autorités ont donc décidé dedesserrer la politique monétaire, allant ainsi à l’opposéd’un budget 2002/03 légèrement expansionniste. Dansce contexte, les espoirs de réduction d’un taux dechômage élevé, de lutte contre la pauvreté et derenforcement de la cohésion sociale restent faibles.

Les perspectives decroissance de l’Afriquedu Sud restent incertainesen dépit des gains decompétitivité obtenusen 2002

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2003(p)2002(e)2001200019991998199719961995

Figure 1 - Taux de croissance du PIB en volume

Source : Estimations et prévisions des auteurs sur la base des données de la Banque centrale sud-africaine.

Développements économiquesrécents

L’économie sud-africaine souffre inévitablementde la décélération de l’économie mondiale, mais a réussià maintenir une croissance de 2.2 pour cent grâce à desolides performances à l’exportation après la chute durand. En effet, le second semestre 2001 s’est caractérisé

par une forte dépréciation de la monnaie nationale enraison d’une conjonction de facteurs économiques,d’éléments politiques et d’un manque de confiance quise sont développés pendant l’année. Ces phénomènesont entraîné une poussée inflationniste qui persistedepuis le dernier trimestre 2001 : +5.8 pour cent enseptembre 2001 et +12.5 pour cent en octobre 2002.

La croissance en 2001 s’explique par la progression

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constante du secteur manufacturier, du BTP et desservices. La dépréciation du rand galvanise la productionmanufacturière, qui a gagné 3.4 pour cent en 2001 ets’est accélérée à 5.5 pour cent au quatrième trimestrede la même année, parallèlement à la dégringoladerecord de la monnaie sud-africaine. De son côté, leBTP a augmenté de 5 pour cent, la baisse des tauxd’intérêt ayant dynamisé les ventes et les mises enchantier de logements et d’immeubles. Enfin, en 2001,le secteur tertiaire a profité de l’expansion continue del’intermédiation financière, des transports et descommunications, ainsi que de la forte progression ducommerce de détail. Selon les estimations, la croissancedevrait atteindre 2.7 pour cent en 2002 et 3 pour centen 2003. En 2002, la croissance globale a été soutenuepar les exportations, par une hausse de la demande debiens produits par les secteurs faisant concurrence auximportations et par l’investissement public.

Malgré le net recul de l’extraction d’or, la productionminière est restée inchangée par rapport à 2000. Elledoit ce résultat à la production toujours soutenue deplatine et de diamants en 2002. Ce secteur connaîtactuellement des bouleversements du fait de la loi surles ressources minérales et pétrolières et leur exploitation(Minerals and Petroleum Development and Resource Bill),votée fin juin 2002. C’est une avancée significative, car,pour la première fois dans l’histoire minière du pays,vieille de 130 ans, l’État détient des droits miniers. Ils’agit de repenser la manière dont l’Afrique du Sud

peut gérer les produits de son sous-sol dans l’optiquede transformer son secteur minier. La nouvelle loidevrait entrer en vigueur au début de l’année prochaineet confèrera des droits sur ces produits pendant 30 ans,contre une moyenne internationale de 25 ans.

Soutenu par les syndicats et les mouvementsd’émancipation des Noirs, le gouvernement ambitionneainsi d’améliorer les opportunités pour les entrepreneursnoirs, ainsi que pour les petites et moyennes entreprises.Cette loi est vivement critiquée par les principauxconglomérats miniers, selon lesquels elle n’offrirait pasles garanties nécessaires à long terme pour justifier desinvestissements de plusieurs milliards de dollars. Lemécontentement des sociétés minières contrôlées parles Blancs tient également à la divulgation du contenude la charte minière (Empowerment mining charter).Ce texte prévoit qu’au moins 51 pour cent du secteurdevront être confiés à des Noirs dans un délai de dix ans.Il a été interprété comme une tentative de nationalisationpartielle, provoquant un recul des stocks miniers.

Les pouvoirs publics ont donc fait marche arrière,soulignant que ce projet devait encore être négociéavec les partenaires sociaux. Un groupe de travailcomposé de représentants du gouvernement, du secteur,des entrepreneurs noirs et des syndicats a été mis surpied en vue de rédiger une nouvelle charte minière.L’État a veillé à ce que celle-ci ne mesure pasl’émancipation en termes de pourcentages, et que toute

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Figure 2 - PIB par habitant en Afrique du Sud et en Afrique (en dollars courants)

Source : Estimations des auteurs sur la base des données du FMI.

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■ Valeur ■ Prix ■ Volume

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Agriculture

Mines

Industries manufacturières

Électricité et eau

BTP

Commerce de gros et de détail

Transports, stockage et communications

Services financiers et aux entreprises

Services publics généraux

Autres services

PIB aux coûts de facteurs

Figure 4 - Contributions à la croissance du PIB en 2001

Source : Estimations des auteurs sur la base des données de la Banque centrale sud-africaine.

AgricultureMines

Industriesmanufacturières

BTPÉlectricité et eau

Commerce de groset de détailTransports, stockage

et communications

Services financierset aux entreprises

Autres services

Services publicsgénéraux 8%

18%

20%

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3%3%

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3%6%

Figure 3 - Ventilation sectorielle du PIB en 2001

Source : Estimations des auteurs sur la base des données de la Banque centrale sud-africaine.

cession ou transfert de propriété se fasse en toutetransparence et à la juste valeur marchande.

Le secteur manufacturier a affiché des résultatsmitigés ces 5 dernières années. Suite à la dépréciationcontinue du rand, la production de certaines branches,

telles que la chimie, les métaux de base ou les véhiculesà moteur, ainsi que les produits du cuir et du caoutchoucutilisés par ces industries, a augmenté substantiellement.La croissance du segment pièces et accessoires pourvéhicules à moteur a atteint 4 pour cent par an enmoyenne entre 1996 et 2001 et, le rand restant très

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déprimé, elle devrait s’accélérer en 2002 et 2003. Bienque de taille restreinte, les branches qui progressent leplus vite sont les plastiques, les téléviseurs, les postesde radio et les équipements de communication : plusde 8 pour cent par an en moyenne au cours descinq dernières années. En revanche, les branches à plusforte intensité de main-d’œuvre, comme le textile,l’habillement et la chaussure, sont durement touchéespar l’atonie de la demande intérieure, l’abaissementdes droits de douane et l’intensification de la concurrenceinternationale. Elles enregistrent une croissance faible,voire dans certains cas négative, d’où de nombreuxlicenciements. A noter : si nous nous penchons sur lesperformances manufacturières cumulées des 5 annéesprécédentes (1996-2001), nous constatons une légèreprogression de la production, autour de 2 pour centpar an en valeur réelle, alors que, dans le même temps,le taux d’emploi annuel a régressé dans les mêmesproportions. Cette situation explique en partiel’accroissement de la productivité sur cette période, lesentreprises devenant plus productives mais au détrimentde l’emploi.

Les services ont continué de se développersignificativement tout au long de 2001. Le commercede gros et de détail a progressé au rythme de 3.5 pourcent cette année-là, avec une accélération auquatrième trimestre, car les consommateurs ontconstitué des stocks par anticipation d’une forteinflation. Parallèlement, le transport, le stockage et lescommunications ont augmenté de 3.7 pour cent enmoyenne. Leur croissance a été encouragée par le regaind’activité dans les télécommunications, avec l’arrivéed’un troisième opérateur de téléphonie mobile, Cell C,en 2001, par la hausse de l’activité des ports et desdocks, ainsi que par l’afflux de touristes étrangers. Selonles récentes statistiques, le tourisme a progressé fortementen 2002 (le nombre de touristes en Afrique du Sud estpassé de 4.8 millions dans les 10 premiers mois de2001 à 5.3 millions en 2002, pour la même période),sous l’effet de la dépréciation du rand. Plusieursinitiatives de politique environnementale et touristiquedevraient le doper. Citons notamment le programmede sauvegarde des zones transfrontières (TransfrontierConservation Area Program), les sites inscrits aupatrimoine mondial et le programme de protection

des côtes et de préservation des terres humides (Coastcareand the Wetlands Conservation Program). Par ailleurs,malgré l’impact du marasme économique mondial,l’intermédiation financière, l’assurance, l’immobilieret les services aux entreprises ont maintenu leurcroissance à 4 pour cent, contre 6 pour cent en 2000.

La part de l’agriculture dans la production totaleavoisine 3 pour cent de la valeur ajoutée brute en termesréels. Ce secteur reste néanmoins important pour lacréation d’emplois : 11.2 pour cent de la populationactive du pays y travaille. La forte croissance de laproduction agricole en 2000 a été suivie d’un recul en2001 (-3 pour cent selon les estimations). Le net déclindes cultures d’été s’est traduit par une baisse des culturesde plein champ, de 15 pour cent en volume par rapportà l’année précédente. L’horticulture a diminué de4.5 pour cent, et l’élevage de 4 pour cent. La récoltede maïs, principale culture de plein champ (le maïs blancconstitue la nourriture de base de la majeure partie dela population) est passée de 11.4 millions de tonnes en2000 à 8 millions en 2001, à cause d’une pluviométrieinférieure à la normale début 2001. La contraction dela production intérieure et la pénurie régionale (surtoutau Zimbabwe) se sont conjuguées à la dépréciation durand pour provoquer l’envolée du cours du maïs : celui-ci cotait 800 rands la tonne en juin 2001 et 1 500 randsun an plus tard. Au premier semestre 2002, la tendanceà la baisse de la production agricole s’est toutefoisinversée grâce à une bonne récolte de blé, deuxièmecéréale de plein champ en Afrique du Sud, ce qui apermis au secteur de croître de 4.5 pour cent.

L’Afrique du Sud continue de se caractériser par desniveaux d’investissement relativement bas par rapportà d’autres économies émergentes. Le ratio del’investissement sur le PIB y est tombé de 18 pour centen 1995 à 15.6 pour cent en 2001. L’investissementpublic, en particulier, a été léthargique au cours des cinqdernières années, même si les pouvoirs publics avaientsouligné qu’il était nécessaire à la croissance économique.Néanmoins, en 2002, on estime que la formation brutede capital fixe a enregistré une progression grâce àl’augmentation des dépenses publiques d’améliorationdu réseau routier et de rénovation urbaine, ainsi quede l’investissement privé dans l’industrie du téléphone

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cellulaire, le tourisme et les mines de platine. Cettetendance devrait se poursuivre en 2003.

Après un ralentissement de 3.5 pour cent en 2000à 3 pour cent en 2001, la croissance moyenne de laconsommation privée, en termes réels, s’est accéléréeau quatrième trimestre 2001, car les particuliers ontacheté des équipements de transport en prévision denouvelles hausses des prix. En 2002, la consommationdes ménages était mitigée, étayée d’un côté par uneaugmentation du salaire nominal et les baisses d’impôtsprévues dans le budget 2002/03, et entravée de l’autrepar les contraintes monétaires qui ont accru les coûtsfinanciers des crédits immobiliers, comprimant lesachats de biens durables. La consommation réelle despouvoirs publics a augmenté de 1.5 pour cent en 2001,contre 0.5 pour cent en 2000, traduisant l’orientationexpansionniste du budget 2001/02. Cette progression,qui a continué en 2002, tenait à l’accroissement desdépenses de biens intermédiaires et de services, ainsiqu’à celui de la rémunération des fonctionnaires.Nonobstant ces évolutions, la part des dépenses deconsommation finale de l’administration publique dansle produit intérieur brut se maintient à environ 18 pourcent depuis 2000. En 2003, l’on s’attend à ce que leratio de la consommation publique sur le PNB continued’augmenter, principalement en raison de dépensessupplémentaires pour les services de protection sociale.Selon les estimations, la position extérieure s’estaméliorée en 2002, à l’instar de la compétitivité, du fait

de la chute du rand. La même tendance est prévuepour 2003.

Politique macro-économique

Politique budgétaire et monétaire

La persistance des efforts de l’État destinés àcontenir le déficit s’est traduite par un ratio déficit/PIBde 1.4 pour cent sur l’exercice 2001/02 (l’objectifofficiel, de 2.5 pour cent, est donc largement dépassé).Ce faible déficit traduit en partie l’amélioration durecouvrement due à l’efficience accrue des servicesfiscaux sud-africains. Cette hausse du taux derecouvrement (+15 milliards de rands par rapportau chiffre budgétisé) a permis de compenser le produitdes privatisations, moins élevé que prévu (environ18 milliards de rands - 2 milliards de dollars1 - devaientêtre engrangés en 2001/02, mais seulement2.3 milliards de rands - 26 millions de dollars - l’onteffectivement été). Cependant, une partie de laréduction du déficit s’explique par la sous-utilisationdes enveloppes budgétaires par les autoritésprovinciales et locales, vers lesquelles un importantpourcentage des dépenses est orienté, à cause d’unmanque de capacités et de coordination. Lesstatistiques officielles récentes indiquent que lesprovinces ont dépensé moins de 47 pour cent de leurdotation budgétaire entre janvier et septembre 2001.

Tableau 1 - Composantes de la demande (en pourcentage du PIB)

Source : Estimations et prévisions des auteurs sur la base des données de la Banque centrale sud-africaine.

1995 1999 2000 2001 2002(e) 2003(p)

Formation brute de capital 18.1 16.0 16.1 15.6 16.1 16.8Secteur public 4.3 4.8 4.1 3.8 4.0 4.4Secteur privé 13.8 11.2 12.1 11.7 12.1 12.4

Consommation 81.0 81.4 81.1 80.6 79.3 78.4Publique 18.4 18.4 18.1 18.1 18.1 18.4Privée 62.6 63.0 63.0 62.5 61.2 60.0

Solde extérieur 0.9 2.6 2.8 3.8 4.6 4.8Exportations 23.0 25.6 28.6 31.0 32.8 34.0Importations -22.1 -23.0 -25.8 -27.1 -28.2 -29.2

1. Pour le taux de change moyen de 8.6 rands pour 1 dollar.

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Comme le budget 2001/02, qui a marqué le passagede l’austérité à une politique de croissance dans uncontexte d’amélioration des finances publiques, celuide 2002/03 est légèrement expansionniste. Cettestratégie est également destinée à faire face auralentissement mondial et au manque d’allant del’économie sud-africaine. Le budget 2002/03 est axésur l’augmentation des dépenses sociales (financementd’un programme amélioré visant à traiter l’impact duVIH/sida), ainsi que sur l’encouragement de la baissede la fiscalité au profit des ménages, des incitationsfiscales supplémentaires pour l’investissement et unrégime fiscal plus favorable pour les petites entreprises.Le budget prévoit une hausse des dépenses publiquesde 9.6 pour cent, à 287.9 milliards de rands (33 milliardsde dollars), sur 2002/03, et de 6.5 pour cent des recettes,à 265.2 milliards de rands (30.7 milliards de dollars).L’éducation, la santé et la protection sociale représententquelque 57 pour cent des dotations hors intérêts surcette période et devraient croître en moyenne de 4.1 pourcent par an en valeur réelle durant les trois prochainesannées. Les dépenses en capital doivent progresser de9 pour cent par an en termes réels sur les trois prochainesannées, avec, notamment, des investissements massifsdans l’infrastructure sociale (écoles, hôpitaux,logements...), mais aussi dans le réseau routier, l’eau etd’autres actifs économiques. De plus, 13 pour cent desdépenses seront consacrées au renforcement des servicesde police et de la justice. Cependant, la stratégiegouvernementale risque de compromettre cet ambitieuxprogramme : 80 pour cent de l’ensemble des dépenses

seront orientées vers des autorités provinciales et localesqui sont jusqu’ici inefficientes et dont les activitésmanquent de transparence. Pour résoudre les problèmesliés à la sous-utilisation des crédits alloués et aux capacitésinsuffisantes à ces deux échelons, l’État a entreprisd’étoffer les dispositifs de renforcement des capacitésmanagériales, de moderniser les systèmes d’informationet d’améliorer la formation à la gestion financière. Ilfaudra néanmoins du temps avant que les structureslocales voient leur capacité d’absorption s’améliorer demanière appréciable.

Côté recettes, la forte progression, en 2001/02, desrecettes fiscales émanant des entreprises permet ànouveau, dans le budget 2002/03, de substantielsallégements fiscaux pour les contribuables. Il est ainsiprévu de diminuer la fiscalité de 15 milliards de rands(1.73 milliard de dollars) via la restructuration del’impôt sur le revenu des personnes physiques, surtoutde la classe moyenne. De surcroît, des abattementssont introduits pour promouvoir la formation, et lesallégements au profit des petites entreprises sont étendus(aux entités qui réalisent jusqu’à 3 millions de rands -347 000 dollars - de chiffre d’affaires, contre 1 million- 115 000 dollars - précédemment) afin d’encouragerles entreprises nouvellement créées.

Malgré une approche orientée sur la croissance, onestime que, du fait de la sous-utilisation des dotationspar les provinces, le déficit global sera inférieur à l’objectif(établi à 2.1 pour cent du PIB), à environ 1.4 pour cent

Tableau 2 - Opérations financières de l’Étata (en pourcentage du PIB)

a. L’exercice budgétaire commence au 1er avril.b. Seuls les principaux postes de recettes sont détaillés.Source : Estimations et prévision des auteurs sur la base des données de la Banque centrale sud-africaine et du FMI.

1995/96 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03(e) 2003/04(p)

Recettes totales (avec dons)b 22.5 25.0 24.6 25.9 25.3 25.1Recettes fiscales 22.1 24.4 24.2 25.5 24.8 24.6

Dépenses totales (avec prêts nets)b 27.5 27.0 26.6 27.4 26.6 27.1Dépenses courantes 25.3 26.4 26.2 26.5 25.8 25.7

Sans les intérêts 20.1 22.4 21.2 21.7 21.6 21.8Salaires 10.3 10.4 10.1 10.0 9.8 9.8Paiements d’intérêts 5.2 4.0 5.1 4.8 4.1 3.9

Dépenses en capital 2.4 1.4 1.4 1.8 1.8 2.0

Solde primaire 0.2 2.0 3.1 3.4 2.8 1.9Solde global -5.0 -2.0 -2.0 -1.4 -1.4 -2.1

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du PIB, pour l’exercice 2002/03. Ce faible déficit publics’explique également par l’efficience accrue des servicesfiscaux sud-africains, qui, comme nous l’avons vu plushaut, a permis d’engranger des recettes fiscales meilleuresque prévu ces dernières années. Des problèmes seposeront toutefois lorsque ces gains d’efficienceatteindront leur limite et ne compenseront plus lemédiocre produit tiré des privatisations. Pour 2003/04,l’on prévoit une hausse du ratio du déficit budgétairesur le PIB, qui monterait jusqu’à 2.1 pour cent. Enseraient responsables les mesures de réduction des impôts,ainsi que les dépenses supplémentaires pour les servicesde protection sociale, incluant la prévention et lestraitements contre le VIH/sida, et les dépenses en matièred’infrastructures économiques.

Le régime de change de l’Afrique du Sud étantflexible, il ne peut être utilisé par les autorités nationalespour maîtriser l’inflation. Depuis 2000, la Banquecentrale sud-africaine (South African Reserve Bank) faitdu ciblage de l’inflation son objectif général et intervientsur le marché monétaire (en exerçant des pressionsindirectes sur les taux d’intérêt), de manière à contenirles tendances inflationnistes. L’inflation a ainsi reculéau second semestre 2000, à 5.8 pour cent en septembre2001. L’objectif fixé par le comité de politique monétaire(Monetary Policy Committee) se situe entre 3 et 6 pourcent pour 2002 et 2003. Néanmoins, les tensionsinflationnistes se sont accentuées spectaculairementpendant les premiers mois de 2002, sous l’effet de ladépréciation du rand. En effet, alors qu’il fallait environ7.60 rands pour un dollar au début de 2001, la monnaiesud-africaine est descendue à son plus bas niveauhistorique, à 13.84 pour un dollar, le 21 décembre dela même année. C’est la conjonction de plusieursfacteurs, fin 2001, qui est à l’origine de cette dépréciationsi rapide : perte de confiance à cause de l’instabilité dansla région, surtout au Zimbabwe, pessimisme à l’égarddu chômage, VIH/sida, criminalité et manqued’avancées dans les privatisations. Malgré sonraffermissement au premier semestre 2002 (à 9.74 randspour un dollar, fin mai), le rand subit à nouveau despressions inflationnistes depuis le mois de juin, suiteà la dégradation de la situation politique et économiquerégionale, en premier lieu au Zimbabwe. Un autrefacteur clé y a contribué : la divulgation du contenu

du projet de charte minière, qui a provoqué des cessionsmassives nettes sur les marchés d’obligations et d’actions.Par voie de conséquence, l’indice des prix à laconsommation (prix à la consommation moins coût desintérêts des crédits hypothécaires) a grimpé à 6.8 pourcent en moyenne au dernier trimestre 2001. Il a continuéde monter en 2002, atteignant 12.5 pour cent enoctobre. Cette progression est essentiellement imputableaux prix des produits alimentaires, en raison d’unedépréciation du taux de change conjuguée à la nécessitéd’importer des céréales dans la région d’Afrique australe.Selon la Banque centrale sud-africaine, les prix desproduits alimentaires ont augmenté dans des proportionsdramatiques, inflationnistes, au niveau de la productioncomme de la consommation, jusqu’à atteindre d’uneannée sur l’autre des niveaux maximum de 30 et 20 pourcent respectivement.

Les autorités sud-africaines redoutaient que ladépréciation du rand et l’anticipation d’une pousséeinflationniste engendrent des revendications de haussessalariales et fassent encore augmenter les prix. Elles ontdonc renoncé au non-interventionnisme pour pratiquerune stratégie de taux d’intérêt destinée à défendredirectement la monnaie nationale. Depuis janvier 2002,le comité de politique monétaire a déjà relevé le tauxde prise en pension à quatre reprises (de 100 points debase à chaque fois). Ce taux a été porté à 13.5 pour centen septembre 2002. Cependant, ce resserrement suscitedes inquiétudes quant à son impact à court terme surune croissance économique déjà faible. La décision ducomité de politique monétaire a également été motivéepar la constatation d’un gonflement excessif de la massemonétaire et du crédit. L’expansion de ce derniers’explique principalement par les achats de biens deconsommation durables effectués en prévision del’inflation. Malgré ces mesures, la progression de l’indicedes prix à la consommation devrait s’établir à 9.6 pourcent en moyenne en 2002, puis tomber à 7.7 pourcent en 2003, ce qui restera trop élevé par rapport àl’objectif de la Banque centrale. Plusieurs grands facteurspourraient empêcher la réalisation de l’objectifd’inflation pour 2003 : le taux de change du rand, lapersistance d’une forte expansion de la masse monétaireet du crédit et la récente annonce d’une augmentationdes rémunérations dans les secteurs public et privé.

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Tableau 3 - Structure des droits de douane pour 1997, 2000 et 2001;Importations pour 2000

Source : Département des Echanges et de l’Industrie, Douanes et droits d’accise, Van Seventer 2002, Stratégies industrielleset commerciales.

Nb de Import Import Moyenne Moyenne Moyenne Moyenne Ecart Ecart Ecartlignes (millions % pondérée non non non -type -type -type

tarifaires de R prix pondérée pondérée pondéréecourant)

2000 2000 2000 2000 1997 2000 2001 1997 2000 2001

Agriculture 295 1 459 0.8% 1.4% 5.6% 4.2% 4.0% 8.9% 7.5% 7.2%Mines 107 25 559 14.5% 0.0% 1.4% 1.2% 1.4% 3.4% 3.2% 3.7%Industries manufacturières 5 479 149 539 84.7% 8.6% 15.6% 6.7% 6.7% 18.0% 9.6% 9.4%Total 5 883 176 564 100.0% 7.3% 15.1% 6.5% 6.5% 17.8% 9.4% 9.3%

Position extérieure

Au cours des deux dernières années, la politique deséchanges multilatéraux de l’Afrique du Sud n’a pasévolué de manière significative. Néanmoins, grâce ausuccès, à l’OMC, du Programme de Doha pour ledéveloppement, il se pourrait que les pouvoirs publicsdu pays entreprennent de modifier une structure tarifaireencore lourde.

En Afrique du Sud, les droits de douane agricolessont globalement faibles par rapport à ceux des autrespays, et les droits de douane industriels relativementmodestes. En revanche, ils dépassent 20 pour cent surcertains produits, tels que les pièces de moteur et lesvéhicules à moteur, ou les vêtements et les textiles. Leprincipal problème est la multiplicité des catégories dedroits de douane, signe d’une structure tarifaire trèshétérogène. Comme le montre le tableau, l’écart-type

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Figure 5 - Taux de change moyen mensuel rand /dollar pour 2001 - 2002

Source : Banque centrale sud -africaine.

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est plus important pour les biens manufacturiers, maisa connu une baisse significative, de 18 pour cent en 1997à 9.4 pour cent en 2001. Le gouvernement s’est fixépour priorité de réduire cet éventail tarifaire, pour uneplus grande uniformité.

Les accords de libre-échange commencent à fairesentir leurs effets sur la position extérieure de l’Afriquedu Sud. Cepandant, les variations de cette positionont été largement éclipsées par la dépréciationsubstantielle du rand, fin 2001. Il est difficile d’évaluerles conséquences des accords commerciaux bilatérauxet régionaux auxquels l’Afrique du Sud est partieprenante, car ils ne remontent qu’à un ou deux ans.Certaines tendances se dégagent toutefois.

Les échanges entre l’UE et l’Afrique du Sudcontinuent de se développer depuis la signature d’unaccord de libre-échange en janvier 2000. Premierpartenaire commercial, l’UE a représenté 31.3 pourcent des exportations du pays et 39.7 pour cent de sesimportations cette année-là. Cet accord est largementorienté en faveur de l’Afrique du Sud. Certains analystes

font état d’un net accroissement des exportations deproduits sud-africains sur lesquels les droits de douaneont été réduits en 2000. Une analyse plus élaborée estnécessaire pour distinguer l’impact de l’accord de libre-échange sur le commerce entre l’Afrique du Sud etl’UE, compte tenu de la dépréciation du rand et d’autresfacteurs. Cependant, les tendances ci-dessous indiquentque le solde des échanges avec l’UE a reculé, puisaugmenté légèrement en 2001.

Dans le cadre de sa participation à l’accord de libre-échange de la Communauté pour le développement del’Afrique australe (SADC), lancé en 2000, l’Afrique duSud est en train d’accélérer la levée des droits de douanesur les produits qu’elle importe de cette zone. Les tarifsdouaniers ont ainsi été supprimés sur 65 pour cent desimportations en 2000, et 95 pour cent des importationsen provenance de cette région devraient bénéficier d’unefranchise de droits à l’horizon 2005. Néanmoins, enraison de la taille de son économie, l’Afrique du Sudcontinue d’afficher un excédent commercial significatifavec le reste de la région. Le ratio des échanges2 entre lesdeux est passé de 6 pour 1 en 1999 à 9 pour 1 en 2001.

2. Exportations/importations

■ Exportations ■ Importations Balance commerciale

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200120001999

Figure 6 - Exportations et importations de l’Afrique du Sud en direction et en provenance de l’UE

Source : Données du Département du Commerce et de l’Industrie et des Stratégies industrielles et commerciales (TIPS).

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Outre cet accord commercial, l’Afrique du Sud asigné un nouveau dispositif de partage des recettes avecla plus ancienne union douanière d’Afrique, la SACU(union douanière de l’Afrique australe), qui rassemblele Botswana, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland (lespays BLNS). Les nouvelles propositions qui entrent envigueur vont modifier ce dispositif, l’objectif principalétant de veiller à l’équilibre entre la partie recettes etle volet développement. A l’heure actuelle, le partagedes recettes repose sur le dédommagement implicite dece groupe de pays pour toute hausse de coûts ou pertede pouvoir budgétaire discrétionnaire résultant de cetteunion douanière. La nouvelle formule recommandede passer de recettes provenant des droits de douanesur les importations à des recettes fondées sur desaccises.

C’est de ce dispositif que l’Afrique du Sud tirera lamajeure partie de ses recettes, et peut espérer conserverenviron 80 pour cent de l’ensemble des droits d’accisecollectés. Ce système améliorera non seulement lastabilité de ses recettes sur la durée, mais permettraégalement aux services fiscaux de ce pays de recueillirla plupart des recettes engrangées par la SACU grâceà ce régime d’accises. De plus, un fonds dedéveloppement sera constitué avec 15 pour cent du totaldes accises, et les sommes y figurant seront réparties enproportion inverse du PIB par habitant de chaque payspartenaire.

L’introduction d’un volet développement devraitcontribuer à stabiliser les flux à venir des pays BLNS,et accroît la part des recettes des États plus pauvres dela SACU. L’étendue de ce volet sera réexaminée etéventuellement ajustée si les recettes d’un pays de cegroupe diminuent significativement.

L’Afrique du Sud tire également parti de la Loi surla croissance et les opportunités en Afrique (AfricaGrowth and Opportunity Act : AGOA), adoptée par lesÉtats-Unis en 2000. Les grands secteurs qui enbénéficient sont notamment l’habillement et les textiles,une partie de l’agriculture et des mines.

Les exportations de vêtements et de textiles del’Afrique du Sud vers les États-Unis ont augmenté de

28 pour cent en 2001, à 356 millions de dollars. Lesexportations vers ce pays ont globalement progresséde 17 pour cent. On s’aperçoit que l’AGOA poseproblème, car les États-Unis disposent de pouvoirsdiscrétionnaires pour modifier les marges tarifairessuite à l’accroissement spectaculaire de leurs importationsde certains produits sud-africains.

L’IDE, qui représente quelque 10 pour cent del’investissement intérieur brut, a subi une réorientation,passant de 3.6 milliards de rands de flux entrants autroisième trimestre 2001 (418 millions de dollars surle taux de change moyen de 2001 de 8.6 rands pour 1dollar) à 7.3 milliards de rands (847 millions de dollars)de flux sortants le trimestre suivant, ce qui explique enpartie la faiblesse du rand. Concernant lesinvestissements de portefeuille, les sorties nettes onttotalisé 3.4 milliards de rands (394 millions de dollars)sur le dernier trimestre 2001. La valeur nette des fluxinternationaux de portefeuille sortants a ainsi atteint67.6 milliards de rands en 2001, contre 13.8 milliards(1.6 milliard de dollars) en 2000.

Les exportations de produits manufacturés ontaffiché une croissance soutenue sur la période 1996-2001, avec une progression moyenne annuelle supérieureà 6 pour cent en rands constants. Qui plus est, la partdes exportations dans la production manufacturière aété multipliée par plus de deux en sept ans (14 pourcent en 1996 et 28 pour cent en 2001). La proportionde cette production dans le total des exportations est,elle, passée de 35 pour cent en 1994 à plus de 50 pourcent à la fin des années 90. Bien que restant négatif, lesolde des échanges de produits manufacturés a continuéde s’améliorer en 2001, à un peu moins de 31 milliardsde rands (3.6 milliards de dollars), contre 33.6 en 2000(3.9 milliards de dollars). Les biens d’équipement, lesvéhicules à moteur et le matériel de transport constituentles grandes importations nettes, et les produits à basede métaux les principales exportations nettes.

Suite à la dépréciation du rand, les chiffres deséchanges ont été élevés en 2001, et le déficit descomptes courants s’est réduit à 0.2 pour cent du PIB.Les performances commerciales de l’Afrique du Sudsont restées solides en 2002, sous l’effet des exportations

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Tableau 4 - Comptes courants (en pourcentage du PIB)

Source : Estimations et prévisions des auteurs sur la base des données de la Banque centrale sud-africaine.

1995 1999 2000 2001 2002(e) 2003(p)

Balance commerciale 1.8 3.1 3.4 4.3 5.3 5.6Exportations de biens (f.o.b.) 19.9 21.8 24.8 26.9 28.7 29.9Importations de biens (f.o.b.) -18.1 -18.7 -21.4 -22.6 -23.4 -24.3

Services -0.9 -0.5 -0.6 -0.5Revenu des facteurs -1.9 -2.4 -2.4 -3.4Transferts courants -0.4 -0.7 -0.7 -0.6

Solde des comptes courants -1.5 -0.5 -0.4 -0.2

■ Dette/PNB Service/Exportations

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20012000199919981997199619951994

Figure 7 - Part de l’encours de la dette dans le PNB et ratio du servicesur les exportations de biens et services (en pourcentage)

Source : Banque mondiale.

de produits manufacturés (véhicules, matériel detransport, machines et équipement électrique,essentiellement) ainsi que d’or, grâce à la hausse du coursmoyen de ce métal. L’excédent pour 2002 avoisinerait5.3 pour cent. La balance commerciale devrait encores’améliorer en 2003 grâce au maintien de bons résultatsà l’exportation.

Selon Global Development Finance (Banquemondiale), la dette extérieure sud-africaine est tombéeà 22.9 pour cent du PNB fin 2001, contre 23.5 pourcent en 2000, du fait du recul de la valeur en dollarsde la dette libellée en rands détenue par les non-résidentset d’une diminution de la dette à court terme en devises.

Questions structurelles

L’Afrique du Sud a lancé un programme deprivatisations en 1996. Il n’y a pas eu d’échéances nide « vagues » de privatisation clairement définies, carplusieurs ministères participent au processus, en fonctiondu secteur concerné (entreprises publiques,communications, transports, électricité, etc.).

Ce processus se poursuit : certaines entreprisesd’Etat sont désormais entièrement entre les mains duprivé (les stations de radio et les chaînes de télévision,par exemple), d’autres devraient faire partie d’une« deuxième tranche » (l’opérateur de télécom-

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munications, par exemple). Dans certains cas, lesavancées sont peu substantielles, voire inexistantes : leprojet de cession d’une chaîne gérant des complexestouristiques et hôteliers à un membre du mouvementd’émancipation économique de la communauté noire(Black Economic Empowerment) a été abandonné en1999, lorsque l’entreprise concernée s’est révéléeincapable de lever les fonds nécessaires. Trois ans après,20 pour cent environ du capital ont été vendus, premièreétape d’un processus qui doit en comporter trois.

En Afrique du Sud, les privatisations sont largementaxées sur « les activités non stratégiques », telles que lescomplexes touristiques et hôteliers, la radio/télévisionet les services liés aux transports, ainsi que sur larestructuration des services à la collectivité via la cessionde parts minoritaires à des investisseurs stratégiques etaux groupements d’émancipation économique desNoirs. La lenteur des privatisations a empêché lespouvoirs publics d’engranger autant de recettes queprévu dans le budget 2001 : la privatisation était censéerapporter 18 milliards de rands, mais n’aurait en faitpermis d’en collecter que 2.3.

En avril 2001, 3 pour cent supplémentaires deTelkom, unique opérateur de téléphonie fixe en Afriquedu Sud, ont été transférés à Ucingo, mouvementd’émancipation économique des Noirs. Un deuxièmelot d’actions (autour de 20 pour cent, selon lesestimations) devait être introduit en Bourse en 2000/01,mais cette opération a été retardée en raison deconditions de marché défavorables. Désormaisprogrammée sur l’exercice courant (2002/03), ellenécessitera une cotation principale à Johannesburg etune cotation secondaire à New York.

En 2001, une grande partie du débat sur les servicesde télécommunications en Afrique du Sud a été centréesur l’octroi d’une deuxième licence, voire d’unetroisième. Le ministère chargé de ce secteur a finalementdécidé, pour la période consécutive à la fin de l’exclusivitédes droits, de ne sélectionner qu’un seul opérateursupplémentaire, qui devra notamment travailler enpartenariat avec un entrepreneur noir, et absorber lesfiliales télécommunications de deux organismesparapublics, Eskom et Transnet.

La crédibilité, ou du moins la prévisibilité, del’action publique pâtit du différend sur un deuxièmeou un troisième opérateur national, ainsi que du reportde l’introduction en Bourse de Telkom.

Transnet, le plus grand organisme parapublicd’Afrique du Sud, domine le secteur des transports dupays : il contrôle 13 sociétés de transport ou de servicesconnexes, dont Spoornet (chemins de fer), son pôleprincipal. Sa création remonte à 1990.

L’Afrique du Sud ambitionne de restructurer enprofondeur son secteur ferroviaire, et notamment detransformer différentes divisions de Spoornet en sociétéspar actions, de vendre des prises de participation etd’accorder des concessions. Dans le premier cas, ils’agira de créer plusieurs entités autonomes, qui serontexploitées sous la forme de concessions vendues par appelau marché ou transformées en entreprises cogérées avecun investisseur stratégique. Deux réseaux spécialisésdans le grand transport de charbon et de minerai defer (Coallink et Orex), le transport voyageurs de luxe(LuxRail) et les lignes secondaires (Link Rail) remplissentles conditions nécessaires pour faire l’objet de contratsde concession. Enfin, un appel au marché ou la créationd’une co-entreprise sont prévus pour le fret général(GFB) et l’opérateur du réseau (Rail & Terminal Services).

Ces changements ont pour objectif d’ouvrir aumarché les services de fret, tandis que le recours à desconcessions est, lui, spécifiquement destiné à attirer lesavoir-faire et les capitaux privés nécessaires à larestructuration. Là encore, l’accent est mis sur laprivatisation et les prises de participation stratégiques,au lieu de l’introduction d’une concurrence (intramodale),ce qui réduit encore plus les incitations à l’efficience àdes pressions exercées par la concurrence intermodale.

Dans le secteur aérien, la compagnie nationale,South African Airways, a dû céder 20 pour cent de soncapital à Swissair en 1999, mais, suite à la faillite de cedernier, cette participation a été rachetée par Transneten 2002. Une partie de l’Airports Company of SouthAfrica (ACSA) a été vendue à Aeroporti di Roma et unnouvel appel public à l’épargne est prévu pour faireprogresser la privatisation.

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Spoornet est vivement concurrencé par le transportroutier depuis 1988, date de la déréglementation de cesecteur. Le tonnage limite des camions est actuellementl’un des plus élevés au monde (56 tonnes) et, les tarifsd’acheminement ferroviaire n’étant pas compétitifs, letransport routier a conquis 80 pour cent du marché dufret terrestre, contre 20 pour cent pour les chemins defer.

Cherchant à ramener vers le rail le trafic fret etvoyageurs, l’Etat prévoit de renforcer les contrôles pourl’ensemble du transport routier (notamment en limitantle tonnage), de manière à appuyer la restructuration dusecteur ferroviaire. Officiellement, c’est l’accroissementdes coûts d’entretien des routes sud-africaines, dû aupoids des chargements, qui a inspiré cette politique,mais, de l’avis général, il s’agit en fait d’une tentativemal déguisée d’augmenter les volumes transportés parSpoornet. En outre, l’Etat procède à la vente desconcessions portant sur des tronçons des grands axesroutiers à péage.

Dans le secteur du transport maritime, Portnet,division de Transnet chargée des activités portuaires del’Afrique du Sud, va être scindée en deux entités distinctes.L’une sera responsable des opérations portuaires et l’autre,la National Ports Authority of South Africa, s’occupera del’octroi d’autorisations et de la gestion de l’infrastructure.La National Ports Authority aura pour mission de modifierla structure tarifaire dans les années à venir, sous lahoulette d’un organisme de réglementation portuaireindépendant, qui n’est pas encore créé.

La restructuration de Portnet doit faire appel àl’investissement privé pour combler les retards dansl’édification de l’infrastructure portuaire et améliorerl’efficience de manière à faire face à l’accroissementdes échanges. L’introduction de concessions de longuedurée pour certaines activités telles que la manutentiondu fret étoffe également la participation du secteurprivé.

Dans le secteur de l’énergie, l’Etat entend vendrequelque 30 pour cent de la capacité de productiond’Eskom. Dans un premier temps, cette entreprisepublique supervisée par un conseil de l’électricité a été

transformée en une société par actions assujettie àl’impôt et au paiement de dividendes en 2002 (Eskoms’appelle désormais Eskom Holdings). La cession de10 pour cent de sa capacité à des entrepreneurs noirsest prévue pour l’exercice 2002/03. Peu après, 20 pourcent supplémentaires devraient être confiés à unactionnaire stratégique, afin de faire bénéficier cetteentreprise de l’investissement direct étranger.

Outre les grandes entreprises de services publics,l’Etat continue de transférer d’autres actifs au privé.Ainsi, il a passé un accord avec Zama Resources, sociétéd’émancipation économique des Noirs, pour lui céderune partie de ses activités de foresterie, pour 335 millionsde rands, soit 38.9 millions de dollars (ce projet estactuellement controversé, surtout depuis la tentativeavortée de vente de la chaîne hôtelière Aventura Resorts).

Par ailleurs, l’amélioration, l’entretien et ledéveloppement de l’infrastructure restent des pierresangulaires de la politique publique. En effet, le budget2002 prévoit d’augmenter l’enveloppe qui leur estconsacrée.

La stratégie consistant à donner à tous les Sud-Africains accès aux télécommunications, notammentpour permettre aux communautés rurales de créer desentreprises, donne des résultats mitigés : sur les2.67 millions de lignes téléphoniques nouvelles,2 millions environ ont été déconnectées, soit parce queles ménages pauvres n’avaient pas les moyens de payerles frais de location et les communications, soit parcequ’ils sont passés à la téléphonie mobile.

Autre évolution importante, l’initiative Afrilink,qui consiste à poser des câbles sous-marins reliantl’Afrique du Sud (et de l’Ouest) à l’Europe et à laMalaisie, afin d’améliorer l’accès à Internet et d’accroîtrela bande passante. Lancé en juin 2002, ce chantiercomporte deux grands volets : premièrement, uneinterconnexion, à partir de l’Afrique australe, entrel’Afrique du Sud/l’Extrême-Orient et Maurice, l’Indeet la Malaisie ; deuxièmement, une liaison ouest-africaine en direction du nord, vers le Portugal et le restede l’Europe. Dans le cadre de ce vaste projetinternational, le câble maritime implanté entre l’Europe

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et l’Afrique du Sud offrira une capacité de 120 gigabitset assurera l’acheminement de 5.8 millions decommunications simultanées.

Même si le secteur financier de l’Afrique du Sudest bien développé, certains changements profondscommencent à engendrer de la vulnérabilité et del’instabilité sur certains de ses segments. De plus, cesmini-crises amènent les pouvoirs publics à revoir laréglementation financière.

Cette instabilité s’explique par l’effondrement deplusieurs banques, en premier lieu de Saambou, ce quia contraint la Banque centrale sud-africaine à centrerson attention sur les renflouements. Bien que la misesous curatelle ne soit pas nouvelle dans le secteurfinancier du pays, cette décision est inhabituelle dansle cas de Saambou, car celui-ci est un dépositaire etprêteur local relativement important. Sa faillite a étéconsidérée comme la plus importante que l’Afriquedu Sud ait connue jusqu’alors. A peu près à la mêmeépoque, l’une des principales banques sud-africaines,Absa, a assisté à la disparition d’Unifer, son pôle demicro-crédit.

Les évolutions survenues dans le secteur financiercette année braquent à nouveau les projecteurs sur laréglementation financière. Les établissements sontactuellement supervisés par la Banque centrale sud-africaine. Les services financiers non bancaires sont, eux,contrôlés par un organisme indépendant, le FinancialServices Board (FSB). Le ministre des Finances,Trevor Manuel, a exprimé la nécessité d’instaurer uneseule instance réglementaire. Il est donc envisagé defusionner ces deux institutions avant 2003. Certainsobservateurs estiment que c’est à cause d’uneréglementation parcellaire que la situation de Saamboua dégénéré en crise, avec un effet de contagion : uneautre banque, Board of Executors (BoE), a égalementmanifesté les premiers signes d’effondrement. Quantaux récentes dissensions dans le segment du micro-crédit, elles proviennent en partie de désastres liés à cetteactivité.

Deux acteurs secondaires, Brait et CorpCapital, ontrenoncé à leur autorisation d’exercer. De leur côté,

BoE et Saambou doivent être absorbées par deux desquatre grandes banques : Absa, FirstRand, Nedcor etStanbic. A l’issue de cette opération, celles-ci détiendront85 pour cent des fonds propres et des réserves dusecteur.

La concentration des capacités de réglementationen une seule entité, ainsi que d’autres facteurs tels quel’introduction d’une garantie des dépôts (à l’étude)contribueraient à la stabilité à long terme du secteurfinancier sud-africain. La fermeture de petites banquesfait également craindre que le manque de concurrencedemeure problématique, signe que la stabilité ou leregroupement des activités financières aurait un coûtpour le consommateur.

L’effondrement de grandes multinationales ainsique la défaillance de plusieurs organismes en Afriquedu Sud, tels que LeisureNet, Regal Treasury Private Bank,Saambou ou Unifer, ont mis en lumière la nécessité d’unbon gouvernement d’entreprise. La publication durapport King II sur ce thème (King II Report on CorporateGovernance) constitue une grande avancée. Ce rapportest en outre axé sur un certain nombre d’autres aspects,dont l’amélioration à terme de la publicité financière.Complétant le rapport King I paru en 1996, il vise àéquilibrer performances et respect des procédures.

L’Etat a également lancé un programme d’incitationspour les projets industriels stratégiques (StrategicIndustrial Projects - SIP - Incentive Programme) afind’accroître les investissements privés dans des entreprisescommerciales qui innovent et créent de la richesse,tout en développant les opportunités d’emploi dansl’industrie. La partie centrale du programme SIP consisteen 3 milliards de rands d’abattements fiscaux, pendantquatre ans, à compter du 1er août 2001. Ces abattementssont destinés à abaisser le coût de l’investissement dansdes projets industriels clés, compte tenu des exigencesspécifiques des investisseurs potentiels.

Contexte politique et social

Le Congrès national africain (ANC) reste soutenupar la population, mais il reste à permettre l’émergence

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d’une opposition significative en dehors du parti, àdominante blanche, qui joue actuellement ce rôle. Legouvernement continue d’équilibrer ses alliances, dansle contexte d’une démocratie encore fragile et de fortesinégalités économiques.

Des défis considérables attendent l’Afrique du Sud,car le chômage ne cesse de monter, le taux d’infectionpar le VIH augmente et les inégalités de revenu secreusent. Cependant, certaines évolutions positivescommencent à remédier à ces problèmes.

Dans le secteur formel, le chômage continue des’accroître, avec une contraction de 1.4 pour cent del’emploi (soit 65 000 postes) en 2001 et des signes dedéclin persistant en 2002. Depuis 1990, 1 milliond’emplois auraient été perdus. Les coûts unitaires demain-d’œuvre progressent sous l’effet de l’augmentationdes salaires, sans que des gains de productivitécorrespondants soient enregistrés. Le chômage tientprincipalement à l’insuffisance des compétences et à lafaiblesse de la demande économique. Les pressions àla hausse qui s’exercent sur les salaires se poursuivent,en partie en réaction au renchérissement des produitsalimentaires, une hausse de 14 pour cent, contre 7 pourcent en moyenne pour les autres biens et services. Apropos de la modération salariale, le monde syndicalredoute essentiellement que la progression des prix desdenrées aggrave la pauvreté et les inégalités.

Quelque 8 ans après l’instauration de la démocratie,il reste nécessaire d’améliorer les politiques distributivesen faveur des pauvres. En attestent diverses initiativesvisant à promouvoir l’émancipation économique desNoirs, telles que le projet de loi minière, la nouvellelégislation sur les salaires, qui prévoit d’introduire unsalaire minimum pour les travailleurs locaux, ainsi queles évolutions dans l’agriculture. Le débat actuel portesur la question de savoir s’il faut fixer des objectifs pourla redistribution des terres dans les 10 à 20 prochainesannées, au profit des populations pauvres jusqu’alorsdésavantagées dans ce domaine. Cependant, malgrédes avancées, les changements restent très lents.

La naissance du Nouveau partenariat pour ledéveloppement de l’Afrique (New Partnership for Africa’s

Development - NEPAD), le 23 octobre 2001 à Abuja,au Nigeria, a constitué l’une des plus importantesévolutions politiques, non seulement en Afrique duSud, mais également sur tout le continent. Le NEPADest une initiative lancée par un certain nombre dedirigeants africains en faveur de la paix, de la démocratieet d’une bonne gouvernance dans cette région dumonde. Il s’agit d’encourager le développement, l’aideextérieure et l’investissement, de manière à assurerl’intégration de l’Afrique au sein de l’économiemondiale. Ce projet repose sur les conditions préalablesau développement qui, outre l’intégration et ladémocratie, englobent la gouvernance politique, lagouvernance économique et le gouvernementd’entreprise. Il est axé sur l’infrastructure, les technologiesde l’information et des communications, ledéveloppement humain et la réduction de la pauvreté,l’agriculture et la diversification des exportations.

Le NEPAD revêt une importance particulière pourl’Afrique du Sud, car ce pays et son président jouentun rôle central dans l’élaboration et la viabilité de cetteinitiative. Cet aspect exerce en outre un impact nonnégligeable sur la politique sud-africaine. Le NEPADs’articule autour des concepts de transparence et debonne gouvernance. En d’autres termes, lesgouvernements des pays d’Afrique sont de plus en plusexhortés à régler de nombreux problèmes avant que lesmécanismes de cette initiative ne soient activés. L’unde ces mécanismes consiste en un examen par les pairsqui permettra d’inciter les membres du NEPAD à seconformer à des critères objectifs.

Le NEPAD constitue un dilemme intéressant pourle président sud-africain, compte tenu à la fois de laposition modérée de son pays à l’égard du Zimbabwe,et des préoccupations croissantes suscitées par lesproblèmes de gouvernance et de corruption.

Selon les estimations, l’Afrique du Sud comptequelque 5 millions de séropositifs. Environ 25 pour centdes femmes enceintes qui se font dépister dans desstructures publiques sont contaminées. Deschangements considérables ont eu lieu l’année dernière.Premièrement, ce pays a affronté devant la justiceplusieurs laboratoires pharmaceutiques internationaux

Page 18: AFRIQUE DU SUD 03 - OECDAfrique du Sud Pretoria chiffres clés • Superficie en milliers de km2:1 221 • Population en milliers (2001) : 43 792 • PIB par hab. en dollars (2001)

Perspectives économiques en Afrique © BAfD/OCDE 2003

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Afrique du Sud

afin d’obtenir des traitements bon marché contre le sida,en opposition à ce que prévoyaient les accords sur lesdroits de propriété intellectuelle, à la mi-2001.

Fin 2001, le pays a perdu en appel contre uneorganisation de la société civile qui l’accusait de ne pasproposer de médicaments antirétroviraux. Le présidentsud-africain, M. Mbeki considérait qu’il n’existait pasde traitement du VIH/sida et avait souligné que laprévention passait par des politiques d’éradication dela pauvreté. La Cour constitutionnelle a donné raisonau mouvement Treatment Action Campaign (TAC),obligeant ainsi l’Afrique du Sud à fournir de la névirapineaux femmes enceintes séropositives. De plus, un rapportpublié en février 2002 établit l’absence de toxicité dece médicament et estime que les femmes enceintesdoivent bénéficier d’antirétroviraux dans le cadre duprogramme de prévention national. Cet avis, auqueladhère l’ancien président Nelson Mandela, n’a faitqu’affaiblir davantage la position des autorités sud-africaines. Celles-ci sont désormais tenues d’appliquerla décision de justice, ce qui reflète en partie la soliditédes processus démocratiques et constitutionnels dupays. Ce procès qui fait date montre comment la plushaute instance judiciaire d’Afrique du Sud peut s’opposerfermement à l’Etat et l’obliger à rendre davantagecompte de ses actes à la population. Il convient toutefoisde noter que le gouvernement tarde à s’exécuter : enseptembre 2002, la névirapine et des services d’accueiln’étaient disponibles que dans 18 zones tests.

En Afrique du Sud, les dépenses d’enseignementreprésentent actuellement quelque 8 pour cent du PIB,ce qui traduit notamment une volonté de remédieraux retards accumulés pendant l’apartheid. Legouvernement a lancé de grands programmes destinésà accroître l’efficience des dépenses dans ce secteur. Parexemple, il a fait voter une loi pour fusionner lesétablissements d’enseignement supérieur, tropnombreux, ramenant leur nombre de 36 à 22. Certainesinitiatives visent par ailleurs à améliorer le taux deréussite dans le secondaire.

Malgré les tentatives visant à accroître l’efficiencedes dépenses d’enseignement, il reste plusieurs grandsdéfis à relever, en particulier la réorientation effective

des moyens vers les poches de pauvreté. Près de 40 pourcent des écoles du pays ne sont pas reliées au réseauélectrique, 25 pour cent sont dépourvues d’accès àl’eau potable, 60 pour cent ne disposent pas d’uneinfrastructure sanitaire appropriée et 40 pour cent n’ontpas le téléphone.

Comme nous l’avons indiqué plus haut, lerenforcement des compétences locales demeure leproblème principal. L’adoption d’une loi allant dans cesens (Skills Development Act) constitue une initiativeimportante. La structure relativement bureaucratiquedes autorités chargées de l’éducation et de la formation(Sector Education and Training Authorities - SETA)réduit néanmoins son efficacité potentielle. Il importeque le déploiement des stratégies visant à étoffer lescompétences n’empêche pas le nécessaire accès à cellesprovenant de l’extérieur. Cependant, les amendementsà la loi sur le contrôle de l’entrée des étrangers (AliensControl Act) donnent lieu à une controverse. Ils ont étéproposés afin de remédier aux difficultés liées à l’emploide travailleurs étrangers, mais il reste à savoir si lanouvelle loi sur l’immigration permettra plus facilementà des personnes qualifiées de pénétrer sur le territoiresud-africain.