adoption et impact des innovations technologiques

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© Aminata Diagne, 2020 Adoption et impact des innovations technologiques agricoles dans les filières maïs et arachide au Sénégal Thèse Aminata Diagne Doctorat en agroéconomie Philosophiæ doctor (Ph. D.) Québec, Canada

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Page 1: Adoption et impact des innovations technologiques

© Aminata Diagne, 2020

Adoption et impact des innovations technologiques agricoles dans les filières maïs et arachide au Sénégal

Thèse

Aminata Diagne

Doctorat en agroéconomie

Philosophiæ doctor (Ph. D.)

Québec, Canada

Page 2: Adoption et impact des innovations technologiques

Adoption et impact des innovations technologiques agricoles dans les

filières maïs et arachide au Sénégal

Thèse

Aminata Diagne

Sous la direction de :

Lota Dabio Tamini, directeur de thèse Patrick Mundler, co-directeur de thèse

Page 3: Adoption et impact des innovations technologiques

ii

Résumé

Cette thèse s’intéresse à la problématique de l’adoption et de l’impact des innovations

technologiques en agriculture. Elle a comme objectif général d’analyser l’adoption et

l’impact des innovations technologiques agricoles diffusées par le Programme de

Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) dans les filières maïs et arachide au

Sénégal. Les innovations sont des variétés améliorées de semences de maïs pluvial et une

machine permettant de traiter l’huile d’arachide contre les aflatoxines appelée table de

traitement de l’aflatoxine. Pour répondre à l’objectif de notre thèse, au terme d’une

introduction générale, nous avons élaboré deux chapitres faisant recours à une approche

quantitative et un chapitre utilisant une approche qualitative.

Le premier chapitre quantitatif a porté sur l’analyse de la dynamique et les facteurs

d’adoption des semences améliorées de maïs au Sénégal Orientale et en Haute Casamance.

Les résultats montrent que l’adoption des semences améliorées de maïs au Sénégal suit une

dynamique de plusieurs groupes d’adoptant, et que les facteurs d’adoption peuvent être

hétérogènes entre les groupes.

Le deuxième chapitre quantitatif a évalué l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption

des innovations technologiques agricoles et déterminé les facteurs d’hétérogénéité des

résultats trouvés à travers une méta-analyse portant sur 124 études empiriques. Les résultats

ont montré qu’en moyenne le fait d’être une femme a une influence négative et significative

sur l’adoption d’une technologie agricole. Cette influence diffère cependant, lorsque l’on

analyse en fonction du type de technologie agricole. En effet, elle est négative et significative

pour les semences améliorées et non significative pour les technologies de types fertilisants

ou bonnes pratiques agricoles.

Le chapitre qualitatif a étudié l’adoption et les effets des tables de traitement de l’huile

artisanale d’arachide chez des groupements du Bassin arachidier au Sénégal. Les résultats

montrent que l’aflatoxine est un phénomène dont les méfaits ne sont pas très connus par les

groupements de femmes trituratrices rencontrés. L’adoption de la table s’est faite totalement

chez certains groupements et partiellement chez d’autres. L’adoption de la table a augmenté

les revenus des groupements de femmes, amélioré l’autonomie financière des femmes,

amélioré leurs connaissances en aflatoxines, et renforcé leurs capacités.

Page 4: Adoption et impact des innovations technologiques

iii

Abstract

This thesis focuses on the issue of the adoption and impact of technological innovations in

agriculture. Its general objective is to analyze the adoption and impact of agricultural

technological innovations disseminated by the West African Agricultural Productivity

Program (WAAPP) in the maize and groundnut sectors in Senegal. Innovations are improved

varieties of rain-fed maize and a machine for treating peanut oil against aflatoxins called the

aflatoxin treatment table. To achieve the objective of our thesis, after a general introduction

we have developed two chapters using a quantitative approach and a chapter using a

qualitative approach.

The first quantitative chapter focused on the analysis of the dynamic and adoption factors of

improved maize seeds in Eastern Senegal and Haute Casamance. Results show that the path

of improved maize seeds adoption Senegal follows a dynamic of several adopter groups and

that the adoption factors can be heterogeneous between the groups.

The second quantitative chapter evaluated the gender influence on agricultural technological

innovations adoption and determined the factors of the results heterogeneity found through a

meta-analysis involving 124 empirical studies. The results showed that on average being a

woman has a negative and significant influence on the agricultural technologies adoption.

This influence differs however when analyzed according to the type of agricultural

technologies. Indeed it is negative and significant for improved seeds and not significant for

fertilizer-type technologies or good agricultural practices.

The qualitative chapter studied the adoption and effects of artisanal peanut oil treatment

tables in groups in the peanut basin of Senegal. Results show that aflatoxin is a phenomenon

whose consequences are not well known by the groups of women encountered. The adoption

of the table was made entirely in some groups and partially in others. The adoption of the

table increased the income of women's groups, improved the financial autonomy of women,

improved their knowledge of aflatoxins, and strengthened their capacities.

Page 5: Adoption et impact des innovations technologiques

iv

Table des matières

Résumé ................................................................................................................................... ii

Abstract .................................................................................................................................. iii

Table des matières ................................................................................................................. iv

Liste des figures ...................................................................................................................... x

Liste des tableaux .................................................................................................................. xi

Liste des abréviations, sigles, acronymes ............................................................................. xii

Remerciements .................................................................................................................... xiv

Avant-propos ....................................................................................................................... xvi

Introduction ............................................................................................................................ 1

1. Contexte et justification ............................................................................................... 1

2. Objectifs ...................................................................................................................... 8

3. Hypothèses de recherche ............................................................................................. 9

4. Valeur ajoutée de la thèse ............................................................................................ 9

Bibliographie .................................................................................................................... 11

Chapitre 1. Facteurs déterminant la dynamique et l’adoption des technologies agricoles: le

cas des producteurs de maïs pluvial au Sénégal ................................................................... 17

1.1. Résumé ................................................................................................................... 17

1.2. Abstract .................................................................................................................. 17

1.3. Introduction ............................................................................................................ 18

1.4. La zone d’étude et les données .............................................................................. 20

1.5. Les stades d’adoption des technologies ................................................................. 22

1.5.1. Caractéristiques des producteurs selon le stade d’adoption ............................... 26

1.5.2. Caractéristiques sociodémographiques et économiques du producteur ............. 26

1.5.3. Sensibilisation, formation et information ........................................................... 27

1.5.4. Caractéristiques des ménages des producteurs................................................... 29

1.5.5. Caractéristiques des exploitations ...................................................................... 30

1.5.6. Sécurité alimentaire ............................................................................................ 31

1.5.7. Chocs .................................................................................................................. 31

1.6. Approche empirique : modèle Logit multinomial pour expliquer l’adoption........ 34

1.6.1. Modèle sans hétérogénéité inobservable des caractéristiques des producteurs . 34

1.6.2. Modèle avec hétérogénéité inobservable des caractéristiques des producteurs . 36

1.6.3. Test d’endogénéité ............................................................................................. 37

1.7. Résultats des estimations de l’adoption des variétés améliorées de maïs pluvial . 38

Page 6: Adoption et impact des innovations technologiques

v

1.7.1. Facteurs d’adoption chez les pionniers/innovateurs........................................... 39

1.7.2. Facteurs d’adoption chez les suiveurs ................................................................ 40

1.7.3. Facteurs d’adoption chez les adoptants tardifs ................................................... 41

1.7.4. Facteurs d’adoption chez les abandonneurs ....................................................... 41

Conclusion ............................................................................................................................ 45

Bibliographie ........................................................................................................................ 47

Chapitre 2. Diffusion et adoption d’innovations technologiques dans la trituration artisanale

d’arachide au Sénégal : le cas de la table de traitement de l’aflatoxine ............................... 52

2.1. Résumé ................................................................................................................... 52

2.2. Abstract .................................................................................................................. 52

2.3. Introduction ............................................................................................................ 53

2.4. Les aflatoxines dans la littérature .......................................................................... 58

2.4.1. Les méfaits des aflatoxines sur la santé humaine et animale et son impact sur le

commerce .......................................................................................................................... 58

2.4.2. Les techniques de prévention de la présence des aflatoxines............................. 60

2.5. Modèles d’analyse de l’adoption des innovations et choix du cadre d’analyse .... 61

2.5.1. La théorie de l’action raisonnée ......................................................................... 61

2.5.2. La théorie du comportement planifié .............................................................. 63

2.5.3. Le modèle d’acceptation de la technologie ..................................................... 64

2.5.4. La théorie de diffusion de l’innovation de Rogers (1962,1983, 1995) .............. 68

2.6. Matériel et méthode ............................................................................................... 77

2.6.1. Usage d’une approche qualitative ...................................................................... 77

2.6.2. La collecte des informations et la zone d’étude ................................................. 78

2.6.2.1. Procédures d’échantillonnage et choix des groupements de trituratrices d’huile

artisanale d’arachide et des structures............................................................................... 79

2.6.2.2. Méthode de collecte des informations ............................................................ 81

2.6.3. Protocole des entrevues de groupes ................................................................... 81

2.6.3.1. Description des entrevues de groupes ............................................................ 81

2.6.3.2. Entrevues individuelles dans les structures .................................................... 83

2.7. L’analyse thématique comme méthode d’analyse qualitative des informations

recueillies .......................................................................................................................... 84

2.8. Application de l’analyse thématique à notre recherche ......................................... 86

2.8.1. L’organisation des informations issues de la transcription des entrevues ......... 86

2.8.2. La catégorisation/ thématisation......................................................................... 87

2.8.3. Regroupement des thèmes .................................................................................. 88

Page 7: Adoption et impact des innovations technologiques

vi

2.8.4. Analyse des thématiques .................................................................................... 88

2.8.5. Méthode utilisée pour vérifier les informations ................................................. 88

2.9. Résultats et discussions .......................................................................................... 91

2.9.1. Description du projet de diffusion des tables de traitement de l’huile artisanale

d’arachide contre l’aflatoxine ........................................................................................... 92

2.9.1.1. Objectifs du projet .......................................................................................... 92

2.9.1.2. Description du paquet technologique ............................................................. 93

2.9.1.3. Le choix des groupements bénéficiaires ......................................................... 94

2.9.1.4. Canaux de communication du paquet technologique ..................................... 95

2.9.2. Caractéristiques des groupements et de leurs membres ..................................... 96

2.9.2.1. Une homogénéité des caractéristiques des membres à l’intérieur des

groupements et hétérogénéité des certaines caractéristiques entre les groupements ........ 96

2.9.2.2. Les membres des groupements bénéficiaires et non bénéficiaires : rôle des

leaders et homophilie ...................................................................................................... 101

2.9.2.3. Un accès limité des groupements aux ressources productives agricoles (crédit,

microcrédit, terre, intrants, eau, matériel, magasin de stockage) .................................... 106

2.9.2.4. Des femmes dotées d’émotions positives, d’espoir et de force de caractère 110

2.9.2.5. La trituration artisanale, une activité rentable et avantageuse pour les femmes

des groupements ............................................................................................................. 111

2.9.3. L’aflatoxine chez les groupements bénéficiaires et non bénéficiaires de la table

114

2.9.3.1. L’aflatoxine chez les groupements non bénéficiaires de la table, connaissances

et degrés de prise en compte de ses méfaits .................................................................... 114

2.9.3.2. L’aflatoxine chez les groupements bénéficiaires de la table ........................ 116

2.9.3.3. Les groupements face à la table de traitement de l’aflatoxine ..................... 117

2.9.4. Adoption de la table de traitement de l’aflatoxine (non-adoption, adoption

partielle, adoption totale et abandon) .............................................................................. 121

2.9.4.1. Caractéristiques de la table et adoption ........................................................ 122

2.9.4.2. Non adoption de la table : déterminants ....................................................... 125

2.9.4.3. Adoption totale, partielle ou abandon de la table : facteurs ......................... 126

Conclusion .......................................................................................................................... 128

Bibliographie ...................................................................................................................... 132

Chapitre 3. Comprendre les facteurs affectant l’influence du fait d’être une femme sur

l’adoption des innovations technologiques chez les agriculteurs : une approche par méta-

analyse ................................................................................................................................ 139

3.1. Résumé ................................................................................................................. 139

3.2. Abstract ................................................................................................................ 139

Page 8: Adoption et impact des innovations technologiques

vii

3.3. Introduction .......................................................................................................... 140

3.4. L’hétérogénéité de l’influence du genre sur l’adoption d’une technologie agricole

dans la littérature ............................................................................................................. 144

3.4.1. Hétérogénéité chez les technologies de type semences ................................... 144

3.4.2. Hétérogénéité chez les technologies de type fertilisants .................................. 145

3.4.3. Hétérogénéité chez les technologies de type bonnes pratiques agricoles ........ 145

3.5. Protocole suivi dans la construction de la base de métadonnées et données ....... 146

3.5.1. Types de documents considérés ....................................................................... 146

3.5.2. Phase de collecte des documents ...................................................................... 148

3.6. Données et variables ............................................................................................ 149

3.6.1. Caractéristiques des résultats des études collectées ......................................... 149

3.6.2. Les variables de l’étude .................................................................................... 150

3.6.2.1. Variables dépendantes .................................................................................. 151

3.6.2.2. Variables explicatives ................................................................................... 151

3.6.2.2.1. Variables principales .................................................................................... 151

3.6.2.2.2. Variables de contrôle .................................................................................... 152

3.6.3. Statistiques descriptives des variables des études ............................................ 155

3.6.3.1. Description des variables dépendantes ......................................................... 155

3.6.3.2. Descriptions des variables explicatives ........................................................ 156

3.6.3.2.1. Variables principales .................................................................................... 156

- Types de technologies étudiées ............................................................................ 156

- Zones géographiques des études .......................................................................... 157

3.6.3.2.2. Variables de contrôle .................................................................................... 158

- Caractéristiques des documents recueillis ........................................................... 158

- Caractéristiques des données des documents ....................................................... 158

3.7. Tests d’hétérogénéité ........................................................................................... 161

3.7.1. Tests de comparaison des moyennes et des proportions des caractéristiques des

études selon le type de résultats ...................................................................................... 161

3.7.2. Tests d’hétérogénéité des résultats des études en méta-analyse ...................... 161

3.8. Méthodologie : méta-analyse de régression ......................................................... 163

3.8.1. Modèles empiriques ......................................................................................... 163

3.8.1.1. Les modèles logit et logit multinomial pour expliquer l’hétérogénéité des

résultats 164

3.8.1.2. Le modèle Logit multinonial pour expliquer les déterminants de la

significativité et du sens de variation .............................................................................. 165

Page 9: Adoption et impact des innovations technologiques

viii

3.8.1.3. Modèle Logit binaire pour estimer les déterminants de la significativité tout

court 166

3.8.2. L’investigation du biais de publication ............................................................ 166

3.9. Résultats ............................................................................................................... 167

3.9.1. Les déterminants de la significativité et de l’hétérogénéité de l’influence d’être

une femme sur l’adoption d’une technologie agricole .................................................... 167

3.9.1.1. Types de technologies, zones des études, approche d’estimation et

hétérogénéité ................................................................................................................... 168

3.9.1.2. Caractéristiques des documents recueillis et hétérogénéité .......................... 169

3.9.1.3. Caractéristiques des données des documents et hétérogénéité ..................... 170

3.9.2. L’influence moyenne du fait d’être une femme sur l’adoption d’une technologie

agricole 175

3.9.2.1. Influence du genre sur l’adoption toutes technologies agricoles confondues

175

3.9.2.2. Influence du genre sur l’adoption selon le type de technologie agricole ..... 175

Conclusion .......................................................................................................................... 177

Bibliographie ...................................................................................................................... 180

Conclusion .......................................................................................................................... 197

Bibliographie ...................................................................................................................... 202

Annexes A1 ........................................................................................................................ 203

Tableau A 2.1: Description des variables ....................................................................... 203

Tableau A1.2. Déterminants de l’appartenance à une organisation................................ 204

Annexes A2 ........................................................................................................................ 205

Tableau A2.1. Texte téléphonique pour les responsables des groupements ................... 205

Tableau A 2.2. Répartition des groupements bénéficiaires et non-bénéficiaires de la table

de traitement de l’aflatoxine ........................................................................................... 207

Tableau A 2.3. Guide d’entretien pour les groupements de trituratrices d’huile artisanale

d’arachide bénéficiaires de la table ................................................................................. 208

Tableau A 2.4. Guide d’entretien Guide d’entretien pour professionnel de l’Institut de

Technologie Alimentaire du Sénégal (ITA) et de l’Agence Nationale de Conseil Agricole

et Rurale (ANCAR) ........................................................................................................ 216

Tableau A 2.5. Guide d’entretien pour les groupements de trituratrices d’huile artisanale

d’arachide non-bénéficiaires de la table ......................................................................... 220

Annexes A3 ........................................................................................................................ 226

Tableau A 3.1. Tests d’égalité des moyennes et des proportions des caractéristiques des

études. ............................................................................................................................. 226

Tableau A 3.1. (suite). Tests d’égalité des moyennes et des proportions des caractéristiques

des études. ....................................................................................................................... 227

Page 10: Adoption et impact des innovations technologiques

ix

Analyses des résultats du Tableau A 3.1 ........................................................................ 228

Tableau A 3.2. Aperçu des 124 études de la méta-analyse ............................................. 229

Tableau A 3.2. (suite). Aperçu des 124 études de la méta-analyse ................................ 230

Tableau A 3.2. (suite) Aperçu des 124 études de la méta-analyse ................................. 232

Tableau A 3.2. (suite). Aperçu des 124 études de la méta-analyse ................................ 234

Tableau A 3.2. (fin) Aperçu des 124 études de la méta-analyse .................................... 236

Page 11: Adoption et impact des innovations technologiques

x

Liste des figures

Figure 2. 1. Cadre d’analyse de l’adoption de la table de traitement de l’aflatoxine ........... 76

Figure 2. 2. Carte des régions du Sénégal ............................................................................ 79

Figure 2. 3. Répartition des groupements non bénéficiaires par localité (villages et villages)

.............................................................................................................................................. 97

Figure 2. 4. Répartition des groupements de femmes bénéficiaires ..................................... 98

Figure 3. 5. Processus de trituration d’huile artisanale d’arachide chez les groupements non

bénéficiaires ........................................................................................................................ 100

Figure 2. 6. Processus de trituration de l’huile artisanale d’arachide chez les groupements

bénéficiaires ........................................................................................................................ 100

Page 12: Adoption et impact des innovations technologiques

xi

Liste des tableaux

Tableau 1. 1.Description des groupes de producteurs .......................................................... 23

Tableau 1. 2. Statistiques descriptives des producteurs de maïs au Sénégal Oriental et en

Haute Casamance ................................................................................................................. 24

Tableau 1. 3. Comparaison des catégories d’adoptants des semences améliorées de maïs

pluvial - Statistiques des tests de différence de moyennes et de proportion ........................ 32

Tableau 1. 4. Déterminants de l’adoption des variétés améliorée de maïs pluvial ............... 43

Tableau 2. 1. Synthèses de modèles d’analyse de l’adoption des innovations technologiques

et limites ............................................................................................................................... 67

Tableau 2. 2. Résumé de la théorie de la diffusion de l’innovation et le modèle de Bukchin

et Kerret (2018) .................................................................................................................... 74

Tableau 2. 3. Canevas du relevé des thèmes de notre étude ................................................. 88

Tableau 2. 4. Synthèse de la méthodologie .......................................................................... 90

Tableau 2. 5. Thèmes saillants ressortis des entrevues......................................................... 91

Tableau 2. 6. Résultats d’exploitation de quelques groupements bénéficiaires de la table de

traitement de l’aflatoxine .................................................................................................... 113

Tableau 2. 7. Avantages et inconvénients de la table de traitement de l’aflatoxine ........... 121

Tableau 2. 8. La table de traitement de l’aflatoxine chez les groupements : caractéristiques

au sens de Rogers (1995) .................................................................................................... 124

Tableau 3. 1. Classement des résultats des études selon la méthode des votes .................. 150

Tableau 3. 2. Définition des variables des études empiriques ............................................ 153

Tableau 3. 3. Caractéristiques des études utilisées ............................................................. 160

Tableau 3. 4. Les déterminants de la significativité de l’influence de la femme sur l’adoption

d’une innovation technologique agricole ........................................................................... 172

Tableau 3. 5. Les déterminants de l’hétérogénéité de l’influence du fait d’être une femme sur

la probabilité d’adoption d’une innovation technologique agricole ................................... 173

Page 13: Adoption et impact des innovations technologiques

xii

Liste des abréviations, sigles, acronymes

ANCAR Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural

ANSD Agence Nationale de Statistique et de Démographie

BM Banque Mondiale

CEDEAO Communauté des États en l’Afrique de l’Ouest

CRES Consortium pour la Recherche Économique et Sociale

FAO Food And Agriculture Organisation

GDT Gestion Durable des Terres

ISRA Institut Sénégalais de Recherches Agricoles

ITA Institut de Technologies Alimentaires

PAC Politique Agricole Commune

PDDA Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine

PIB Produit Intérieur Brut

NEPAD Nouveau Partenariat Économique pour le Développement de l’Afrique

OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement

PPAAO Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest.

PRACAS Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture au Sénégal

UA Union Africaine

Page 14: Adoption et impact des innovations technologiques

xiii

Je dédie cette thèse a toute ma famille : mon

feu père Badara Diagne, ma chère mère

Farmata Camara, mes sœurs Mame

Younousse Diagne et Fatou Kine Diagne et

mes freres Mounirou Diagne, Souleymane

Diagne, Cheikh Aboul Khadre Diagne et

Samba Diagne.

Page 15: Adoption et impact des innovations technologiques

xiv

Remerciements

L'aboutissement de ce travail a nécessité le concours et l'appui de certaines personnes

ressources et morales auxquelles je témoigne ici ma gratitude et mes vifs remerciements.

Ainsi je remercie :

- ma mère de nous avoir encadrés et éduqués malgré le fait d’avoir été veuve très tôt;

je sais que tu as sacrifié durant ces vingt dernières années beaucoup de choses pour

subvenir aux besoins de mes frères, sœurs et moi, mais surtout nous maintenir à

l’école; j’espère à travers l’aboutissement de cette thèse te rendre hommage et

montrer que tes sacrifices ne furent pas inutiles;

- mon directeur de thèse Lota Dabio Tamini, professeur titulaire au Département

d’économie, Agro-alimentaire et Sciences de la Consommation à la Faculté des

Sciences de l’Agriculture et de l’Alimentation (FSAA) de l’Université Laval et mon

codirecteur de thèse Patrick Mundler, également professeur titulaire à ladite même

faculté, pour avoir accepté de m'encadrer et me soutenir dans cette recherche

doctorale malgré leurs multiples responsabilités; professeur Tamini, je ne saurai vous

remercier assez pour votre encadrement et le rôle déterminant joué dans la réalisation

de cette recherche; j’ai fort apprécié vos suggestions intéressantes dans le domaine

quantitatif, votre rigueur scientifique ainsi que votre disponibilité; ce que je retiendrai

surtout de vous au terme de cette thèse, c’est d’avoir travaillé sous la direction d’un

homme doté d’un haut sens d’humanité , d’humilité et de générosité intellectuelle;

professeur Mundler, je vous remercie profondément vous votre pertinence

scientifique, votre patience, votre ouverture d’esprit, votre sens de l’écoute, votre

générosité et surtout disponibilité; vous m’avez appris à voir au-delà des chiffres les

réalités sociologiques qui peuvent exister; vous m’avez également poussée à

m’intéresser davantage à l’analyse qualitative; à la fin de ma thèse je retiendrai de

vous un homme sage et soucieux de l’empowerment des femmes et pétri d’une

générosité intellectuelle;

- le professeur François Seck Fall de l’Université Toulouse 1 Jeans Jaurès ainsi que ses

collègues de laboratoire, pour m’avoir accueillie et supervisée lors de mon séjour de

recherche en France dans le cadre de la rédaction de la méta-analyse; merci pour votre

sympathie et ouverture d’esprit;

- le professeur Abdoulaye Diagne, directeur du CRES pour m’avoir encadré depuis

mon arrivée au CRES, ainsi que tous mes collègues au Sénégal; mon passage au

CRES a été révélateur de mon intérêt pour la recherche en économie;

- tout le personnel de la FSAA plus particulièrement le directeur du programme de

Doctorat en Agroéconomie Ibrahima Bocoum et les professeurs qui ont eu à me

dispenser des cours;

Page 16: Adoption et impact des innovations technologiques

xv

- les membres du jury (Guy Debailleuil, Abdoulaye Diagne, Franois Seck Fall,

Ibrahima Bocoum, Lota Dabio Tamini et Patrick Mundler) qui ont bien voulu

examiner cette thèse en cette difficile période de la Covid-19;

- mes chers amis et ou collègues du laboratoire (Ibrahima Sarr, Mamadou Ndiaye,

Sokhna Oumou Kalsoum Sarr, Khadja Sow, Seydou Ka, Aristide Valéa, Audon

Honvho, Ousmane Z. Traoré, Aude Koutaba, Eli Sawadogo, Gabriel Lawing,

Aurélas, Sarra Ben Fara, Alicia Nguetta , Maxime D’Alméda Sirine, Maïmounatou

Yattara, Raoul Yaro, Jean Baptiste, Atozou Baoubadi, Audace, Lacina Diarra, entre

autres); votre soutien, vos conseils, suggestions et remarques ont joué un rôle

déterminant dans l’accomplissement de ce travail;

- mes proches amis du Sénégal (Ndèye Dieumbe Gaye, Yatma Sarr, Ibrahima Thiam,

Matar Cissé et Cheikh Tidiane Sow) pour leur soutien émotionnel continu et fidélité

en amitié;

- toutes les personnes physiques, responsables d'institutions ou organismes

(interviewés), parents et amis ayant contribué de près ou de loin à la réalisation de

cette recherche pour ne pas en omettre;

- toutes les personnes morales notamment le CRES; l’Université Laval et l’Université

Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et Mitacs.

Mes remerciements particuliers vont à l’endroit du Gouvernement du Canada qui à travers le

Programme Canadien de Bourses de la Francophonie a financé mes études doctorales tout au

long de mon séjour. Merci à toute l’équipe de gestion du PCBF notamment, son Directeur,

Tony Toufic et ses employés pour leur accompagnement et disponibilité. Bénéficier d’une

bourse du PCBF, m’a permis d’étudier dans une Université prestigieuse comme Laval, mais

également de découvrir le Canada et faire la rencontre de personnes formidables.

Page 17: Adoption et impact des innovations technologiques

xvi

Avant-propos

Cette recherche est une thèse par insertion d’articles. Elle compte trois chapitres.

Le premier est un article coécrit avec mon directeur de thèse Lota Dabio Tamini. Sa version

anglaise va être préparée et soumise dans une revue académique avec comité de lecture dès

qu’elle aura été révisée. J’en suis la première auteure.

J’ai rédigé seule le deuxième chapitre, qui va être retravaillé en article et soumis dans une

revue académique française avec comité de lecture dès que possible.

Le troisième chapitre relatif à une méta-analyse est un article coécrit avec Lota Dabio Tamini

et François Seck Fall de l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès. Je suis la première auteure et

sa version anglaise va être préparée, révisée et soumise dans une revue académique avec

comité de lecture dès que possible.

Page 18: Adoption et impact des innovations technologiques

1

Introduction

1. Contexte et justification

La population de l’Afrique subsaharienne est passée de 808 millions d’habitants en 2000 à

près de 1,2 milliard en 2014 (Banque Mondiale, 2014). Selon Guengant et May (2011), on

devrait s’attendre, entre 2000 et 2050, à environ un triplement de la population de cette partie

du continent africain. D’ici 2100 et par rapport à 2000, le peuplement de l’Afrique

subsaharienne pourrait encore être multiplié par près de trois et demi (Guengant et May,

2011). En plus de cette démographie déjà galopante et dont les prévisions futures suivent une

tendance haussière, la plupart des pays d’Afrique subsaharienne n’ont ni une autosuffisance

alimentaire, ni une sécurité alimentaire (Lambrecht et al., 2014; Abebaw et Haile, 2013;

Adegbola et al., 2011; Adéoti et al., 2002). Cette situation révèle un important challenge pour

les pays en développement, mais aussi pour les décideurs africains et la communauté

internationale.

En réponse à ce problème, à l’échelle africaine, les gouvernements ont promulgué en 2003,

le Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) qui vise à

améliorer la performance de l'agriculture pour réduire la pauvreté et l'insécurité alimentaire

sur le continent (UA / NEPAD, 2003). Pour atteindre son objectif, le PDDAA encourage,

entre autres, les investissements dans la recherche agricole, la diffusion et l’adoption de

technologies pour accroître la productivité agricole et la croissance économique du continent.

C’est cette vision du développement agricole et rural qui a amené la Commission de la

Communauté des États en l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à mettre en place en 2007, avec

l’appui de la Banque Mondiale, le Programme de Productivité Agricole de l’Afrique de

l’Ouest (PPAAO) dans le cadre de sa Politique Agricole Commune (PAC). D’une durée de

dix années, à raison de deux phases de cinq années, il s’inscrivait dans le cadre de la mise en

œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à l’horizon 2015 dans le

secteur agricole en Afrique et avait pour finalité de soutenir la coopération régionale dans le

domaine agricole, conformément aux plans d’actions des cadres de la politique agricole de

la CEDEAO et du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique NEPAD

/PPDDA. La première phase du programme qui regroupait le Sénégal, le Mali et le Ghana a

été approuvée le 29 mars 2007 et mise en œuvre le 21 mars 2008. Elle a été clôturée le 31

Page 19: Adoption et impact des innovations technologiques

2

décembre 2012. La deuxième phase est entrée en vigueur le 20 décembre 2012 et son

exécution a démarré le 01 janvier 2013 pour une durée de cinq ans. Outre la coopération

régionale et la mise en place d’un système de suivi-évaluation, le PPAAO finance le

développement des innovations technologiques, la recherche adaptative des technologies

provenant des centres nationaux de spécialisation des autres pays du programme et la

diffusion des technologies à grande échelle. Cet objectif du Programme de Productivité

Agricole en Afrique l’Ouest est en phase avec la thèse de Kondylis et al. (2016) selon laquelle

l’innovation technologique agricole serait essentielle pour répondre aux besoins alimentaires

de la population croissante de l'Afrique. Enfin, le PPAAO appuie le renforcement de

capacités des prestataires de services publics.

Le défi de la recherche agricole en Afrique est donc devenu énorme. Elle doit accroître la

productivité et la compétitivité de l’agriculture en améliorant les rendements des cultures, la

qualité des produits tout en conservant l’environnement (Asfaw et al., 2012).

Au Sénégal les technologies agricoles ont été diffusées au niveau des systèmes de production

à base de céréales sèches, (mil maïs sorgho fonio), des cultures associées (arachide, niébé et

sésame), des filières lait et viande et des filières horticoles (oignon, tomate et mangue).

La diffusion des technologies agricoles du Programme de Productivité Agricole en Afrique

de l’Ouest, s’est effectuée sous forme de paquets technologiques au Sénégal à l’image des

mini kits diffusés en Inde durant la révolution verte dans les années 1960 (Bardhan et

Mookherjee, 2011). Chaque technologie a été accompagnée par une importante campagne

d’information et de sensibilisation. Des séances de formation, et de démonstration de

l’utilisation des technologies ont ensuite été associées aux stratégies de diffusion. Les

technologies relatives aux semences ont été diffusées aux agriculteurs accompagnées de leurs

itinéraires techniques.

Mais, nous constatons qu’après plus de huit années d’implantation au Sénégal, rares sont les

études ayant porté sur l’adoption et l’impact de ce programme.

Or, la littérature a montré que la réussite des programmes de vulgarisation et de diffusion des

innovations technologiques en agriculture passe par un important taux d’adoption et un

impact positif et significatif sur les conditions de vie des agriculteurs (Khonje et al., 2015;

Dercon et Christiaensen, 2011). Il est donc essentiel d’avoir à la fois une idée l’adoption

Page 20: Adoption et impact des innovations technologiques

3

desdites technologies et les caractéristiques des agriculteurs et des exploitations qui sont

susceptibles d’affecter le niveau d’adoption de ces techniques au Sénégal. Il est également

nécessaire de mieux comprendre le cas échéant pourquoi certains agriculteurs sénégalais

adoptent ces technologies et d’autres pas.

Que dit la littérature relative à la l’adoption des innovations technologiques en agriculture?

Schumpeter (1912) définit l’innovation comme « l’introduction d’un nouveau produit, d’une

meilleure méthode de production, l’ouverture à un nouveau marché, la conquête d’une

nouvelle source d’approvisionnement d’intrants ou encore la meilleure organisation d’un

secteur ». Rogers la définit comme une « une pratique ou un objet qui est perçu comme

nouveau par un individu ou une autre unité d’adoption » (Rogers,1995).

La littérature portant sur l'adoption des nouvelles technologies en agriculture révèle que

plusieurs facteurs sont susceptibles d’influencer l’utilisation de ces dernières. Parmi les

déterminants, reviennent de façon courante l’appartenance à une organisation (Abebaw et

Haile, 2013) et le niveau d’instruction du chef de ménage (Alen et Man Yong, 2007; Aslan

et al., 2013; Khonje et al., 2015). L’aversion aux aléas surtout climatiques et donc la gestion

des risques climatiques ont été également trouvés comme déterminants de l’adoption (Dercon

et Christiaensen, 2011; Arslan et al., 2013; Glenk et al., 2014). De plus, l’accès de

l’agriculteur à l’information est un facteur très important qui a été soulevé dans la littérature

(Diagne et Demont 2007; Asuming et al., 2011; Fisher et Quaim, 2012; Amar et al., 2012;

Karim et al., 2014; Khonje et al., 2015). Plusieurs auteurs le mentionnent comme l’une des

causes les plus importantes de l’adoption d’une technologie agricole.

Par ailleurs, de nombreux articles ont montré qu’un agriculteur adopte une technologie

agricole à la lumière de l’espérance d’une profitabilité (Arslan et al., 2013; D’Antoni et al.,

2013; Lamrecht et al., 2014; Wollni et Anderson, 2014; Kleeman et al., 2014).

L’entourage de l’exploitant agricole (Wollni et Anderson, 2014), la taille du ménage (Adeoti

et al., 2002; Noltze et al., 2012), l’âge du chef de ménage (Adeoti et al., 2002; Arslan et al.,

2013; Karim et al., 2014), l’accès au financement, l’accès aux services de vulgarisation

(Adéoti et al., 2002) sont aussi des facteurs d’adoption soulevés dans la littérature. La taille

de l’exploitation par contre, n’a pas été révélée comme une variable ayant une influence sur

l’adoption. D’après Arslan et al. (2013), la superficie emblavée diminue l’intensité de

Page 21: Adoption et impact des innovations technologiques

4

l’adoption. Par ailleurs, Adéoti et al. (2002) ont trouvé que les grandes emblavures des

champs de niébé affectaient négativement l’utilisation d’une technologie agricole relative au

niébé.

Comme autres freins à l’adoption, il convient de retenir les contraintes financières et

l’intensité dans le travail (Kijima et al., 2011; Pypers et al., 2011, Andersson et D’sourza,

2013) mais aussi la difficulté d’accès aux marchés (Adéoti et al., 2002).

Wollni et Anderson (2014) ont noté une autre entrave à l’adoption qui épouse un caractère

sociétal. Dans leur papier, ils ont en effet trouvé que le taux d’adoption d’une technologie

agricole diminue lorsque cette dernière procure des externalités positives aux exploitants

agricoles voisins.

En particulier, si on en juge d’après les résultats de la littérature, l’influence de la variable

genre sur l’adoption revêt un caractère mitigé (Doss, 2001; Ndiritu et al. 2014, Fisher et

Kandiwa, 2014; Hay et Pearce, 2014, Kondylis et al., 2016). Pour Hay et Pearce (2014), les

femmes adoptent trois fois plus les technologies agricoles que les hommes dans le but

d’augmenter leur productivité agricole. De plus, l’adoption des technologies peut même

atténuer les conflits entre sexes dans les zones rurales des pays comme l’Australie. Kondylis

et al., (2016) trouvent des résultats similaires au Mozambique et soulignent qu’une voie à

l'augmentation des rendements peut être d'améliorer la productivité des agriculteurs de sexe

féminin. Par contre, les études de Doss et Morris (2001) et Ndiritu et al. (2014) ont montré

le contraire. Les résultats de Fisher et Kandiwa, (2014) par exemple ont accentué ce contraste

de l’influence de la variable genre. En effet, la probabilité d'adoption d’une technologie

agricole était de 12% plus faible chez les femmes étant dans les ménages dirigés par des

hommes, et 11% plus faible chez les femmes cheffes de famille, que chez les agriculteurs de

sexe masculin d’après ces auteurs.

L’unanimité n’existe donc pas dans la littérature sur l’influence du fait d’être une femme sur

l’adoption d’une technologie agricole. D’où l’importance d’effectuer des recherches plus

approfondies sur cette thématique. On peut ainsi se poser la question de savoir si des

méthodes de revues de littérature quantitatives comme la méta-analyse utilisée dans d’autres

disciplines ne pourraient pas permettre de vérifier l’influence véritable de la variable sexe

sur l’adoption et les facteurs qui déterminent le signe de l’impact de cette variable.

Page 22: Adoption et impact des innovations technologiques

5

Concernant toujours l’adoption d’une technologie, il a été montré qu’elle peut se faire en

plusieurs étapes (Lindner et al., 1982). On parle ainsi de stades ou phases d’adoption qui, en

l’occurrence, sont la découverte, l’essai et l’adoption totale (Lambrecht et al., 2014).

Lindner, Pardey et Jaret (1982) ont certes différencié ces phases, mais, leurs analyses se sont

limitées à la relation entre la sensibilisation ou découverte et l’adoption. D’après Lambrecht

et al., (2014), la plupart des études empiriques ne prennent pas en compte la distinction

existante entre un premier essai d’une technologie agricole et l’adoption continue ou

soutenue de cette dernière. Les deux sont généralement appelés adoption, alors que les

paramètres de décision sous-jacents pour l’essai et l'adoption continue pourraient être très

différents. Les rares études ayant traité les deux sont celles de Keil et al., (2005), Kijima, et

al., (2011), Moser et Barrett (2006) et Neill et Lee (2001), qui ont établi une distinction entre

l’essai et adoption continue et analysé les déterminants de ces étapes de décision (Lambrecht

et al., 2014). En plus des étapes, de nombreuses études ont montré qu’il peut exister plusieurs

types d’adoptants, avec des caractéristiques différentes (Rogers, 1962; Ryan et Gross, 1943;

Dienderen et al. 2003, Läpple et Van Rensburg, 2011). Nous remarquons ainsi que, même

si cet aspect de l’adoption a été décelé depuis 1982, il ne fait pas l’objet d’une large

documentation dans la littérature. Par ailleurs, même si la plupart des papiers définissent

l’adoption comme une variable binaire, il a été montré qu’elle peut se faire de manière

partielle et incrémentale ou par groupe (Ryan et Gross, 1943; Brandford et al., 2004 ; Uraiene

et al., 2009; Umar et al., 2011; Arslan, 2013). La variable adoption peut donc être multi-

niveaux.

Une contribution intéressante à la littérature de la science économique, serait d’analyser les

stades d’adoption des technologies agricoles, et encore plus chez les agriculteurs de pays en

développement comme le Sénégal.

Si on se base sur la littérature, il ressort que la diffusion et l’adoption d’une technologie

qu’elle soit agricole ou non est faite dans un objectif d’amélioration des conditions de vie de

leurs destinataires (Comin et Mestieri, 2013; Khonje et al., 2015). Les agriculteurs adoptant

les technologies agricoles s’attendent à ce que ces dernières aient des impacts sur leurs

productions, rendements, revenus, dépenses de consommation sécurité alimentaires entre

Page 23: Adoption et impact des innovations technologiques

6

autres. De meilleures conditions de vie et un bien-être aussi bien au plan individuel que social

sont essentiellement espérés. Au niveau méso-économique et macroéconomique, les

questions d’autosuffisance alimentaire, de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté

sont souvent ciblées par les autorités publiques ou privées qui financent les programmes de

diffusion des nouvelles technologies agricoles (Becerril et Abdoulaye, 2010; Kabunga et al.,

2014; Khonje et al., 2015).

Pour ce qui concerne justement l’impact des technologies agricoles, des études empiriques

utilisant des données microéconomiques indiquent que l'intensification agricole par la

diffusion et l'adoption de meilleures technologies agricoles peut améliorer la productivité,

augmenter les revenus (Bamire et Mayong, 2003; Becerril et Abdoulaye, 2010; Cunguara et

Darnhofer, 2011; Ding et al., 2011; Das et al., 2014; Karim et al., 2014; Khonje et al., 2015),

mais aussi réduire la pauvreté et l'insécurité alimentaire en Afrique (Dercon et Christiaensen,

2011; Noltze et al., 2012; Vorotnikova et al., 2014; Dass et al., 2014; Karim et al., 2014;

Shiferaw et al, 2014; Lybbert et Sumner., 2014; Lambrecht et al., 2014; Khonje et al., 2015;

etc.). Il convient de noter que ces impacts sont certes dans certaines recherches positifs mais

peuvent s’avérer non significatifs. Dans une étude effectuée en Éthiopie, Abebaw et Haile

(2013) ont trouvé que l’adoption des semences améliorées de maïs avait un impact positif

mais non significatif sur les revenus des agriculteurs. Au Mozambique, une étude relative à

l’usage de quatre technologies à savoir les semences améliorées de maïs, la traction animale

et la traction mécanique a conclu en un impact positif mais non statistiquement significatif

sur les revenus des ménages (Cunguara et Darnhofer, 2011).

Malheureusement, pour les technologies du PPAAO rares sont les études ayant été menées à

la fois sur l’adoption et l’impact au Sénégal. Nous ignorons donc si les facteurs d’adoption

et l’impact des technologies agricoles diffusées par le PPAAO au Sénégal donnent les mêmes

résultats ou diffèrent de ceux de la littérature empirique. Les impacts de ces technologies sur

des indicateurs de bien-être comme les rendements, les revenus, la sécurité alimentaire, le

niveau de pauvreté des agriculteurs sont également méconnus.

Page 24: Adoption et impact des innovations technologiques

7

Partant de ce constat, nous nous intéresserons dans cette thèse à l’adoption et l’impact de

deux parmi les douze1 technologies agricoles diffusées au Sénégal. Elles ont été implantées

dans les filières maïs et arachide qui occupent des places importantes dans l’agriculture

sénégalaise. Il s’agit en l’occurrence des semences améliorées de maïs pluvial et de la table

de traitement de l’huile artisanale d’arachide contre l’aflatoxine.

Pour ce qui concerne la table de traitement de l’huile artisanale d’arachide, le choix de cette

technologie se justifie par le fait que l’arachide est une culture traditionnelle et de rente qui

a longtemps nourri le monde rural sénégalais et dont le segment de la transformation

artisanale est un créneau porteur occupé pour la plupart du temps par les femmes (Diagne,

2014). Les conditions financières de ces groupements de femmes n’étant pas souvent bonnes

(ISRA/BAME, 2015), elles ne peuvent pas facilement se doter d’équipements de

transformation. En conséquence, les pratiques de trituration de l’huile d’arachide sont

artisanales. Les procédés de trituration utilisés ne sont donc pas les meilleures, ce qui rend

l’huile artisanale appelée en wolof « Seggal », impropre et dangereuse pour la santé (ITA,

2013; Noba et al, 2014). De plus, elle contient une forte concentration en aflatoxine qui est

une substance cancérigène ayant déjà fait des ravages dans le bassin arachidier du Sénégal

(Diom, 1978; Martin et al, 1999). Donc, au-delà des avantages économiques que peut

procurer cette table de traitement aux membres des groupements de transformatrices qui

l’utilisent, nous la choisissons dans cette thèse en raison de son importance en matière de

préservation de la santé publique (surtout du consommateur du monde rural). En effet, l’huile

artisanale d’arachide est fortement consommée dans le bassin arachidier (Gaye, 2013).

S’agissant des technologies des semences améliorées de maïs, leur choix se justifie par le fait

que le maïs a d’abord un haut potentiel de rendement. Ensuite c’est l’une des rares

spéculations ayant le double attribut de culture de vivrière et culture de rente au Sénégal.

Enfin, le maïs comparé aux autres cultures vivrières peut se cultiver en saison pluvieuse

comme en contresaison.

1 Les douze technologies ont été diffusées au niveau des systèmes de production à base de céréales sèches (mil,

maïs, sorgho, fonio), des cultures associées (arachide, niébé et sésame), des filières (lait et viande) et des filières

horticoles (oignon, tomate et mangue).

Page 25: Adoption et impact des innovations technologiques

8

De tout ce qui précède, il ressort plusieurs questions pertinentes à notre sujet de recherche et

que nous pouvons résumer de la manière suivante :

Comment sont adoptées et utilisées les innovations technologiques dans les filières

du maïs et de l’arachide au Sénégal ?

Quels sont les stades et facteurs qui influencent l’adoption des semences améliorées

de maïs au Sénégal?

Quel est l’effet de l’utilisation de la technologie table de traitement chez les

transformatrices d’huile artisanale d’arachide au Sénégal ?

Quelle est la véritable influence du fait d’être une femme sur l’adoption des

technologies agricoles et qu’est ce qui explique les variabilités des résultats?

2. Objectifs

L’objectif général de cette thèse est d’étudier les déterminants de l’adoption et l’impact de

l’utilisation des variétés améliorées de maïs et équipements de transformation de l’arachide

sur le bien-être des agriculteurs au Sénégal.

Objectifs spécifiques:

Les objectifs spécifiques (OS) de notre thèse se résument comme suit :

OS1: déterminer la dynamique et les facteurs d’adoption des variétés améliorées de maïs

chez les producteurs au Sénégal;

OS2: analyser les facteurs et le degré d’adoption de la table de traitement de l’huile artisanale

d’arachide au niveau des groupements et évaluer ses effets chez les femmes trituratrices de

l’huile artisanale d’arachide du bassin arachidier du Sénégal;

OS3: déterminer l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption d’une technologie

agricole et les facteurs qui expliquent le signe de cet impact à travers une méta-analyse.

Ces différents objectifs de notre thèse reposent sur certain nombre d’hypothèses (H).

Cette thèse se fera en tois chapitres. Dans le premier chapitre la dynamique et les facteurs

d’adoption des semences améliorées de maïs seront étudiés. Il s’agira de répondre au premier

objectif spécifique de cette thèse (OS1) et vérifier l’hypothèse de dynamique de l’adoption

Page 26: Adoption et impact des innovations technologiques

9

évoquée dans la littérature (H1). Le deuxième chapitre sera entièrement consacré à

l’utilisation et l’impact de la table de traitement de l’huile d’arachide, étant donné qu’elle est

adoptée dans un segment différent et concerne un autre type d’unité d’analyse à savoir les

groupements de femmes. Dans ce chapitre l’approche qualitative est utilisée pour

comprendre les aspects socioéconomiques de l’utilisation de la table. L’adoption de table et

les effets seront analysés au niveau d’un groupe de groupements bénéficiaires et de

groupements non-bénéficiaires de la table. En résumé il y sera question de déterminer le

processus, les facteurs de l’adoption et l’impact de l’utilisation de la table de traitement de

l’huile artisanale d’arachide (OS2). La valeur ajoutée de l’usage de cette table en matière de

bien-être au niveau des transformatrices sera donc confirmée ou infirmée (H2). Le troisième

chapitre sera consacré à une méta-analyse de la variable genre sur l’adoption d’une

technologie agricole. Cela permettra de répondre de manière plus fine au troisième objectif

spécifique de cette recherche à savoir: déterminer le véritable lien entre le fait d’être une

femme et l’adoption d’une technologie agricole et les facteurs explicatifs du signe de l’impact

de cette variable (OS3). Cela sera fait dans une optique de corroborer ou infirmer l’hypothèse

selon laquelle les femmes sont plus enclines à utiliser les technologies agricoles que les

hommes (H3).

3. Hypothèses de recherche

H1: L’adoption des technologies agricoles (semences améliorées de maïs) au Sénégal se fait

en stades; elle n’est pas un phénomène dichotomique et les facteurs qui l’impactent peuvent

différer en fonction des groupes d’adoptants.

H2: L’utilisation de la table de traitement de l’huile artisanale d’arachide contre l’aflatoxine

peut se faire partiellement ou globalement et améliorer les conditions de vie des membres

des groupements bénéficiaires comparativement à ceux des non-bénéficiaires.

H3: Les femmes ont une probabilité plus élevée d’adopter les nouvelles technologies

agricoles. Donc le genre influence positivement l’adoption d’une technologie agricole.

4. Valeur ajoutée de la thèse

L’originalité de cette thèse réside principalement dans le fait qu’elle aborde des aspects

innovants en matière de méthodologie relatives à l’adoption. En effet, nous n’avons pas

Page 27: Adoption et impact des innovations technologiques

10

trouvé dans la littérature une méta-analyse portant sur l’adoption des nouvelles technologies

agricoles. Le fait d’en effectuer une sur le genre renforce d’avantage sa pertinence. En

deuxième lieu, comparativement à la littérature classique qui considère l’adoption comme

une notion dichotomique, les stades de l’adoption signalée par Lindner, Pardey et Jaret

(1982), et Läpple et Van Rensburg (2011) seront abordés dans cette recherche. Contrairement

à plusieurs auteurs, les stades et facteurs d’adoption seront étudiés au niveau des semences

améliorées et non des fertilisants, de l’agriculture de conservation ou des technologies

d’élevage. En troisième lieu, cette recherche se distingue par l’utilisation d’une double

approche (qualitative et quantitative). En effet, l’utilisation de la table de traitement de

l’aflatoxine est étudiée à travers une approche qualitative. Cette recherche sera l’une des rares

évaluations des technologies implantées dans les filières maïs et arachide du PPAAO au

Sénégal depuis son implantation en 2007.

D’autres éléments justifient en outre l’intérêt de la réalisation de cette thèse. Ils sont en

l’occurrence résumés ci-dessous:

en termes de données, les données quantitatives à utiliser seront très représentatives

car vont émaner d’une enquête qui couvrira toutes les régions dans lesquelles les

technologies ont été diffusées;

la constitution d’une base de métadonnées sur le genre et l’adoption;

le fait d’étudier l’adoption au niveau de maillons différents, notamment la production

et la transformation nous donnera une idée plus claire de l’adoption;

en outre, le fait d’étudier les facteurs d’adoption d’une culture vivrière et une culture

de rente dans une même étude est rare dans la littérature.

Page 28: Adoption et impact des innovations technologiques

11

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Page 34: Adoption et impact des innovations technologiques

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Chapitre 1. Facteurs déterminant la dynamique et l’adoption des

technologies agricoles: le cas des producteurs de maïs pluvial au Sénégal

1.1. Résumé

Ce chapitre analyse la dynamique2 et les facteurs d’adoption des semences améliorées de maïs pluvial

diffusées en 2013 au Sénégal par le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest. Nous

avons regroupé en cinq groupes les producteurs de maïs (non-adoptants, pionniers/innovateurs,

suiveurs, adoptants tardifs et abandonneurs) et tenu compte de l’hétérogénéité des leurs

caractéristiques inobservables. Dans le groupe des pionniers/innovateurs, la disponibilité de la main

d’œuvre, la taille du ménage, les chocs, et la fréquence d’accès au conseil influencent l’adoption de

façon positive tandis que les contraintes d’écoulement et le nombre élevé de parcelles diminuent leur

probabilité d’adopter. Les producteurs appartenant à la catégorie des suiveurs, ont tendance à être

plus âgés et alphabétisés que ceux des autres catégories. Leur adoption est toutefois freinée par leur

insécurité alimentaire et les chocs comme les maladies. Chez les adoptants tardifs, l’adoption est

expliquée en particulier par la taille du ménage et la disposition d’infrastructures de stockage.

Cependant, le nombre de parcelles et les chocs diminuent la probabilité d’adoption. Les chocs ont un

effet chez les abandonneurs de même que l’insécurité alimentaire.

Mots-clés : Adoption; Innovations technologiques; Modèle Logit multinomial; Endogénéité;

Hétérogénéité inobservable; Sénégal.

Classification JEL : Q12, Q18

1.2. Abstract

This paper analyses the adoption dynamics of improved rainfed maize seeds disseminated in Senegal

in 2013 by the West African Agricultural Productivity Program (WAAPP). We group maize

producers into five groups (non-adopters, laggards/abandoners, late adopters, followers and

pioneers/innovators) and take into account the heterogeneity of unobservable characteristics of the

producers. In the pioneers/innovators group, the availability of labour, household size, shocks, and

frequency of access to advice positively influence adoption, whereas financial constraints and high

numbers of plots reduce the probability of adoption. Producers in the followers’ category tend to be

older and more educated than are those in the other categories. However, food insecurity and shocks

such as diseases hamper adoption. For the group of late adopters, household size and available storage

infrastructures explain adoption. However, the number of plots and shocks reduce their probability

of adoption. Laggards tend to face shocks and food insecurity.

Keywords: Adoption, Technological Innovations, Multinomial Logit Model, Endogeneity,

Unobservable Heterogeneity, Senegal

JEL Codes: Q12, Q18

2 La dynamique fait référence au fait que l’adoption se fait en plusieurs stades. Il y a donc possibilité qu’on

retrouve plusieurs groupes d’adoptants ayant certaines ou plusieurs caractéristiques différentes.

Page 35: Adoption et impact des innovations technologiques

18

1.3. Introduction

Les innovations technologiques agricoles sont des solutions préconisées pour régler le

problème de faible productivité du secteur agricole avec comme corollaires la faiblesse des

revenus des agriculteurs et l’insécurité alimentaire (Abebaw et Haile, 2013; Khonje et al.,

2015; Lawrence et al, 2016; Christiaensen, 2017).

Au Sénégal, pour relever le défi de la demande d’une population en croissance rapide et

l’espérance d’une hausse des revenus, le Programme de Productivité Agricole en Afrique de

l’Ouest (PPAAO) a diffusé des technologies dans plusieurs filières particulièrement celles

des céréales sèches comme le maïs. Cependant, après presque dix années d’implantation au

Sénégal, rares sont les études ayant porté sur l’analyse des impacts de ce programme.

Dans la littérature, plusieurs travaux ont tenté d’expliquer l’adoption des innovations

technologiques en agriculture. La majorité des recherches qui traitent de l’adoption,

l’analysent comme une variable dichotomique (Adéoti et al., 2002 ; Abdoulai et Huffman

2005 ; Quaim, 2005 ; Moyo et al, 2007 ; Lybbert et Sumner., 2014 ; Noltze ; Khonje et al.,

2015). Or, il a été montré depuis 1907 que la diffusion des innovations technologiques est

faite en étapes (Tarde, 1907, Rogers, 1962 ; Rogers, Gray, 1976 ; 1995 ; West, 1996 ; Halila,

2007 etc.). Cette vision multinomiale de la notion d’adoption est illustrée en l’occurrence par

les termes et méthodologies utilisés par les chercheurs. Certains chercheurs la voient comme

une « dynamique » (Barkham et al., 2004, Mosser et Barrett, 2006 ; Aldana et al.,2011),

d’autres comme un « processus » (Lindner, Pardey et Jarrett, 1982 ; Keil, Zeller et Franzel ;

Lambrecht et al., 2014) ou encore ayant plusieurs « stades » (Rogers, 1962; Walker, 1969;

Gray, 1973; Läpple et Van Rensburg, 2011). Ryan et Gross (1943) ont étudié l’adoption des

semences hybrides de maïs en Iowa et ont distingué cinq groupes d’adoptants3 en

l’occurrence : les pionniers, les premiers adoptants, la majorité anticipée, la majorité tardive

et les retardataires. Leurs résultats ont montré des différences significatives entre les groupes,

en matière de niveau d’éducation, d’accès à l’information, et de détention des grandes

parcelles et titres fonciers.

3 Dienderen et al. (2003) a analysé l’adoption des technologies agricoles en utilisant trois des groupes nommés

précurseurs, suiveurs et retardataires.

Page 36: Adoption et impact des innovations technologiques

19

Brandford et al. (2004), ont analysé et distingué les facteurs d’adoption de la somatotropine

bovine chez les abandonneurs, les premiers adoptants et les adoptants tardifs et trouvé que

l’utilisation antérieure d’une technologie, la taille du troupeau et le niveau d’éducation

influencent positivement l’adoption alors que l’âge l’influence négativement. Leurs résultats

sont similaires à ceux de l’étude de la même technologie de Foltz et Chang (2002) au

Connecticut excepté la variable âge. Ils différent de celle de Moser et Barret (2006) qui ont

trouvé par ailleurs que les agriculteurs les plus pauvres abandonnent les technologies du fait

des contraintes saisonnières de liquidité. Leur étude montre toutefois que les effets

d'apprentissage à la fois des agents de vulgarisation et d'autres agriculteurs ont une influence

significative sur les décisions d'adoption.

Läpple et Van Rensburg (2011), ont aussi étudié la dynamique de l’adoption en distinguant

les adoptants précoces, de ceux des adoptants moyens et tardifs. Leurs résultats indiquent des

différences significatives des caractéristiques entre ces groupes. Leurs résultats ont révélé

que les facteurs qui influent l'adoption jouent un rôle différent entre les catégories

d’adoptants, en particulier en ce qui concerne l'intensité agricole, l'âge, la collecte

d'informations ainsi que les attitudes de l'agriculteur.

Par ailleurs, Lambrecht et al. (2014) ont étudié l’adoption des fertilisants au Sud du Kivu et

l’on modélisée en tant qu’un processus en trois stades notamment : la sensibilisation et

découverte, l’essai et l’adoption continue. Leurs résultats indiquent que la sensibilisation est

principalement déterminée par l'éducation et le capital social des agriculteurs et

l’appartenance à une organisation. L’essai et le fait de continuer l’adoption sont influencés

positivement par les interventions des services d'extension et l’appartenance à une

association. Cet article est fort pertinent en ce sens qu’il analyse l’adoption au total d’un

processus de trois phases, et met en exergue l’importance de l’accès à l’information et

l’appartenance à une organisation sur l’adoption d’une technologie agricole (Rogers, 1962 ;

Feder et Slade, 1984 ; Foltz et Chang, 2002 ; Abebaw et Haile, 2013). Pour terminer, dans

l’un des papiers les plus récents sur l’adoption des innovations en agriculture, Barham et al.

(2017) ont corroboré la dynamique de l’adoption en utilisant un modèle de survie combiné à

l’économie expérimentale. Leurs résultats montrent que les adoptants précoces ont un

capacité cognitive élevée et sont réceptifs au conseil agricole. Par contre, ceux qui ont adopté

Page 37: Adoption et impact des innovations technologiques

20

tard les semences améliorées de maïs n’etaient pas très réceptifs au conseil et étaient dotés

de faibles capacités cognitives.

Ainsi, en résumant la littérature, nous avons des options de modèles dynamiques de

l’adoption qui tiennent compte de plusieurs groupes (pionniers, premiers adoptants, majorité

anticipée, majorité tardive, retardataires, les abandonneurs, les premiers adoptants et les

adoptants tardifs adoptants précoces, adoptants moyens, adoptants tardifs) et dont les

appellations diffèrent parfois en fonction des auteurs.

Ce chapitre se fixe comme objectif d’étudier la dynamique et les facteurs de l’adoption des

semences améliorées de maïs pluvial au Sénégal, plus précisément dans les zones du Sénégal

Oriental et de la Haute Casamance. Suivant la logique de Roger (1962, 1995), Brandford et

al. (2004), Läpple et Van Rensburg (2011) et Nguyen Van et al. (2017), nous avons classifié

les producteurs de maïs en cinq groupes (non-adoptants, abandonneurs, adoptants tardifs, les

suiveurs et pionniers ou innovateurs) et analysé les facteurs d’adoption dans chaque groupe

tout en tenant compte de l’hétérogénéité inobservable des caractéristiques des producteurs

entre les groupes.

Il est organisé comme suit. La première partie est une introduction consistant en un survol de

la littérature pertinente sur la dynamique de l’adoption des innovations technologiques en

agriculture en général, et semences améliorées de maïs en particulier. La deuxième partie

décrit la zone d’étude et les données. La troisième partie présente l’approche

méthodologique. La quatrième partie présente les résultats des modèles avec et sans

hétérogénéité inobservable et ceux du test d’endogénéité de la variable appartenance à une

organisation. La cinquième partie est consacrée à la conclusion.

1.4. La zone d’étude et les données

Les données utilisées dans le cadre de ce chapitre proviennent de l’enquête du Consortium

pour la Recherche Économique et Sociale (CRES) du Sénégal qui est la structure chargée

d’évaluer pour la Banque Mondiale l’impact des douze grappes de technologies du PPAAO

diffusées au Sénégal. Le projet a disséminé deux variétés de semences améliorées de maïs

nommées « Early Thai et Suwan 1 »4. Le maïs a un haut potentiel de rendement au Sénégal

4 Pour de plus amples informations à propos de avantages de ces semences, consulter le document du projet

PPAAO (2013).

Page 38: Adoption et impact des innovations technologiques

21

et c’est l’une des rares spéculations ayant le double attribut de culture vivrière et culture de

rente au Sénégal. Le maïs comparé aux autres cultures vivrières peut se cultiver en saison

pluvieuse comme en contresaison.

Cette enquête a été effectuée entre la fin de l’année 2015 et le début de l’année 2016 auprès

de 336 producteurs de maïs pluvial. L’enquête a touché au total 32 villages de producteurs

répartis dans huit départements (Kédougou, Saraya, Médina Yoro Foulah, Vélingara, Bakel,

Goudiry, Koumpentoun et Tambacounda) et trois régions à savoir Kédougou, Kolda et

Tambacounda. Ces régions du Sénégal forment les zones agroécologiques appelées le

Sénégal Oriental et la Haute Casamance (voir carte). Cette partie du Sénégal est connue pour

sa diversité en termes de cultures et de ressources naturelles.

On y rencontre en effet, des cours d’eau, des sols abondants, une importante réserve de forêt,

une faune, une flore, d’importants minerais et un parc zoologique. Une importante partie de

ses sols sont pauvres et vulnérables à l’érosion éolienne et hydrique. Les terres agricoles y

sont abondantes mais sous-utilisées (ISRA, 2010). On retrouve au Sénégal oriental et en

haute Casamance la riziculture de bas-fonds, et la culture du mil, du sorgho et du maïs. Les

cultures de rente comme l’arachide et le coton y sont également développées de même que

l’élevage trypano-tolérant5 au niveau de la Casamance. Dans la partie du bassin de l’Anambé,

les ressources halieutiques y sont importantes (ISRA, 2010).

5 Le mot trypanotolerance a été consacré par l'usage pour traduire l'aptitude de certaines races bovines à

survivre et se développer en milieu infesté de glossines qui leur transmettent diverses espèces de trypanosomes

pathogènes, alors que d'autres races, à qui 1'on ne reconnait pas cette propriété, succombent habituellement

dans un tel milieu et n'y sont pas représentées (Touré 1977).

Page 39: Adoption et impact des innovations technologiques

22

:

Source : Planète Sénégal, 2018.

Figure 1. Carte du Sénégal avec ses zones agroécologiques

1.5. Les stades d’adoption des technologies

En se basant sur Rogers (1962) Bradford et al. (2004) et Läpple et Van Rensburg (2011),

nous avons défini et classifié les producteurs dans cinq catégories : non-adoptants,

abandonneurs, adoptants tardifs, suiveurs et pionniers ou innovateurs. Le Tableau 2.1

présente la description des différents groupes d’adoptants.

Page 40: Adoption et impact des innovations technologiques

23

Tableau 1. 1.Description des groupes de producteurs

Groupes d’adoptants Description

Non-adoptants Producteurs qui ne connaissent pas du tout les variétés améliorées de maïs « Early

thaï» et «Suwan 1» ou encore les connaissent, mais ne les ont pas utilisées en

2013, 2014 et 2015.

Abandonneurs Producteurs ayant utilisé les semences améliorées mais ont fini par ne plus les

semer.

Adoptants tardifs Producteurs ayant adopté tard à savoir à la fin du projet de diffusion des semences.

Ils connaissent les variétés depuis 2013, mais ne les ont semées qu’en 2015.

Suiveurs Producteurs qui connaissent les variétés mais n’ont commencé à les utiliser qu’en

2014 et ont continué à les utiliser jusqu’à la fin du projet en 2015.

Pionniers/innovateurs Producteurs ayant adopté les variétés dès l’entame du projet en 2013 et ont

continué à les utiliser jusqu’à la fin du projet en 2015. Il s’agit de ceux qui ont

l’information de l’existence des variétés et les ont utilisées toutes les années.

Source : Construction de l’auteure.

Le Tableau 1.2 présente les statistiques descriptives des producteurs de maïs pluvial au

Sénégal Oriental et en haute Casamance. Une première lecture des statistiques montre que

les non-adoptants représentent (47%) de l’échantillon des producteurs de maïs. Les pionniers

innovateurs, constituent (25%) du groupe des adoptants et (13.2%) de l’échantillon total de

l’étude. La catégorie des suiveurs quant à elle représente 23% des adoptants et (12.2%) de

l’échantillon total des producteurs. Les adoptants tardifs regroupent la majorité des adoptants

soit (28%) et représentent 15% de l’échantillon total. Les abandonneurs constituent (24%)

des adoptants et (12.5%) de l’échantillon global.

Page 41: Adoption et impact des innovations technologiques

24

Tableau 1. 2. Statistiques descriptives des producteurs de maïs au Sénégal Oriental et en Haute Casamance

Variables Pionniers/innovateurs (n=40) Suiveurs (n=37) Adoptants tardifs

(n= 45)

Abandonneurs (n=38) Non-adoptants

(n=144)

Moyennes/

Fréquences

Moyennes/

Fréquences

Moyennes/

Fréquences

Moyennes/Fré

quences

Moyennes/Fré

quences

Caractéristiques sociodémographiques et économiques du producteur

Genre 0.9 0.87 0.84 0.97 0.88

Chef-men 0.9 0.95 0.82 0.95 0.89

Age 50.78

(13.80)

48.84

(10.13)

45.67

(10.65)

45.13

(10.94)

44.63

(13.19)

Instruction 0.35 0.35 0.18 0.18 0.16

Alphabétisation 0.46 0.60 0.31 0.45 0.26

Écoulement-

production

0.40 0.24 0.42 0.37 0.30

Organisation 0.30 0.38 0.22 0.34 0.10

Projet-

développement

0.83 0.54 0.64 0.53 0.14

Sensibilisation formation information

Conseil agricole 3.18

(2.05)

1.30

(1.29)

1.42

(1.91)

0.66

(1.15)

0.26

(1.04)

Sensibilisation 0.08 0.32 0.09 0.26 0.08

Formation 0.03 0.05 0.09 0.05 0.034

Ménage du producteur

Taille du ménage 12.83

(6.25)

10.05

(3.94)

10.40

(6.42)

7.42

(8.55)

7.79

(5.22)

Transferts 0.20 0.19 0.13 0.29 0.15

Chef_men _femme 0.15 0.19 0.22 0.79 0.12

Assurance

Source : Nos calculs à partir des données de l’enquête CRES 2015-2016. Note : les écart-types sont entre parenthèses.

Page 42: Adoption et impact des innovations technologiques

25

Tableau 1. 2. (suite). Statistiques descriptives des producteurs de maïs au Sénégal Oriental et en Haute Casamance

Source : Nos calculs à partir des données de l’enquête CRES 2015-2016. Note : les écart-types sont entre parenthèses.

Variables Pionniers/innovateurs

(n=40)

Suiveurs (n=37) Adoptants tardifs (n=

45)

Abandonneurs

(n=38)

Non-adoptants

(n=144)

Moyennes/

Fréquences

Moyennes/

Fréquences

Moyennes

/Fréquenc

es

Moyennes

/Fréquenc

es

Moyennes/

Fréquences

Caractéristiques de l’exploitation

Main d’œuvre 3.25

(1.71)

1.89

(1.49)

2.09

(1.55)

1.41

(1.07)

1.56

(1.11)

Traction animale 0.65 0.76 0.58 0.61 0.63

Nb parcelles de maïs 2.55

(1.04)

2.44

(0.70)

2.05

(0.86)

2.68

(1.38)

2.23

(1.05)

Contraintes-sols 0.3 0.11 0.24 0.11 0.21

Sécurité alimentaire

Repas enfants (-5ans) 3.38

(0.74)

3.43

(0.50)

3.18

(0.83)

3.05

(1.07)

3.17

(1.04)

Repas adultes 3.08

(0.47)

2.97

(0.16)

2.09

(1.55)

3

(0)

2.99

(0.08)

Variation nbre repas 0.35 0.19 0.11 0.32 0.06

Chocs

Décès 0.18 0.08 0.09 0.08 0.04

Maladie 0.2 0.11 0.18 0.03 0.13

Pertes 0.08 0.16 0.24 0.16 0.04

Page 43: Adoption et impact des innovations technologiques

26

1.5.1. Caractéristiques des producteurs selon le stade d’adoption

En nous basant sur la littérature relative à l’adoption des technologies agricoles en général

les variables résumées dans le Tableau A1 (en annexe) ont été retenues pour étudier les

facteurs d’adoption selon le stade. Les variables ont été classées dans six groupes. Ces

groupes de variables sont relatifs aux caractéristiques sociodémographiques et

économiques des producteurs, aux ménages des producteurs, à l’accès à l’information, aux

caractéristiques de l’exploitation, à la sécurité alimentaire et aux chocs.

Dans le Tableau 1.2 nous présentons les statistiques descriptives des variables utilisées

tandis que dans le Tableau 1.3, nous indiquons les résultats des tests statistiques dans le but

d’analyser les différences entre les groupes. Les tableaux 1.2 et 1.3 montrent l’existence

d’une hétérogénéité des caractéristiques entre les groupes d’adoptants qui pourraient

expliquer les facteurs d’adoption au niveau de chaque groupe.

1.5.2. Caractéristiques sociodémographiques et économiques du producteur

Le genre, l’âge, le niveau d’instruction, l’alphabétisation, le fait que le producteur soit le

chef de son ménage, l’appartenance à une organisation, le fait de bénéficier d’un projet de

développement et les contraintes d’écoulement de la production sont habituellement

signalés dans la littérature relative aux facteurs d’adoption des innovations (Ntsama

Etoundi et Kamgnia Dia, 2008; Cabunga et Darnhofer, 2011; Abebaw et Haile, 2013;

Lambrecht et al.2014 etc.). Dans ce chapitre, la variable alphabétisation représente le fait

de savoir lire en français, en arabe ou dans une des langues nationales.

La variable accès au projet de développement quant à elle capte trois déterminants, en

l’occurrence, l’accès au crédit, l’accès au marché et l’accès aux intrants. Ces variables sont

considérées dans plusieurs études comme des déterminants positifs de l’adoption des

semences améliorées (Uaiene et al. 2009 ; Banful, 2011; Pan et Christiaensen, 2012). La

défectuosité des infrastructures rurales et l’enclavement de certains villages, la difficulté

d’accéder au crédit agricole et aux intrants sont des problèmes bien présents dans le monde

rural Sénégalais (PRACAS, 2014).

L’analyse des tests statistiques présentés dans le tableau 1.3 montre que les différences

suspectées au niveau des statistiques descriptives sont réelles et significatives pour la

plupart des variables sociodémographiques et économiques.

Page 44: Adoption et impact des innovations technologiques

27

Pour ce qui concerne le genre, des différences significatives au seuil de 5% et 10% ont été

respectivement trouvées entre les groupes des suiveurs et abandonneurs et ceux des

adoptants tardifs et abandonneurs. Pour ce qui est de l’âge, la comparaison des groupes des

pionniers et adoptants tardifs et pionniers et abandonneurs laisse apparaitre une différence

significative de la moyenne de l’âge, au seuil de 5 et 10 %. Les producteurs appartenant au

groupe des pionniers sont en effet, plus âgés que ceux des deux précités avec un âge moyen

de 50 ans contre 45 ans.

Les suiveurs et adoptants tardifs de leurs côtés, ont tendance à avoir une différence très

significative au seuil de 1% pour ce qui est relatif à l’instruction, à l’alphabétisation et au

fait d’être chef de leur ménage. En effet, le pourcentage de producteurs sachant lire et écrire

appartenant à la catégorie des suiveurs (60%) est presque le double de celui des adoptants

tardifs (31%). Les faibles niveaux d’instruction et d’alphabétisation semble ainsi être des

déterminants d’adoption tardive ou d’abandon des variétés de semences améliorées de

maïs.

Les adoptants tardifs comparés aux abandonneurs sont chefs de leur ménage et la différence

est significative au seuil de 5%.

L’analyse de la variable contrainte d’écoulement s’est avérée non significative entre tous

les groupes d’adoptants excepté ceux des groupes des suiveurs adoptants tardifs qui

montrent une différence significative au seuil 1%. Ce résultat laisse entrevoir que

l’adoption tardive pourrait être fortement influencée par les problèmes d’écoulement de la

production.

Nos résultats ont montré également les effets importants de l’appartenance à une

organisation et l’accès aux projets de développement dans la rapidité de l’adoption des

technologies agricoles comme montré par Abebaw et Haile (2013) et Lambrecht et al.

(2014).

1.5.3. Sensibilisation, formation et information

Nous avons inclus la variable accès aux services de conseil agricole qui représente un

important déterminant de l’adoption dans la littérature (Uraiene et al., 2009 ; Khonje et al.,

2015). Au lieu de chercher juste à voir si le producteur a accès au conseil ou non, nous

Page 45: Adoption et impact des innovations technologiques

28

avons capté la fréquence et l’intensité de ce contact en prenant plutôt le nombre de fois que

le producteur a contacté un conseiller agricole.

Lorsque l’on analyse les statistiques de la variable sensibilisation, il apparait qu’en

moyenne les producteurs appartenant au groupe des pionniers (8%) comparés aux suiveurs

(32%) et abandonneurs (26%) y ont moins accès. Ce résultat est différent de ce qui est

souvent trouvé dans la littérature dans la mesure où ceux qui adoptent tôt sont souvent

désignés comme ceux détenant plus d’information (Ryan et Gross, 1943; Rogers, 1962).

Les tests de différence des moyennes entre ces groupes d’adoptants se sont révélés

significatifs au seuil de 1% et 5%. Une comparaison des entre le groupe des suiveurs et

abandonneurs, montre une différence significative au seuil de 1%. L’abandon de

l’utilisation des semences améliorée de maïs pourrait ainsi s’expliquer par l’insuffisance

d’accès aux séances de sensibilisations.

Pour ce qui a trait au contact avec les services de conseil agricole, il apparait très hétérogène

entre les groupes d’adoptants. Au niveau des groupes d’adoptants, la fréquence d’accès au

conseil est significativement plus prononcée chez certains que chez d’autres. Plus marqué

chez les pionniers, avec une fréquence de trois (03) visites contre une (1) pour les

retardataires et abandonneurs, cette variable semble être un déterminant important dans

l’adoption des semences de maïs. Une comparaison du groupe des pionniers, suiveurs et

des adoptants tardifs indique des différences significatives au seuil de 1%. Cette différence

est cependant moins marquée entre la catégorie des suiveurs et adoptants tardifs avec une

significativité au seuil de 5%. Il en est de même pour les abandonneurs et les retardataires.

Ainsi, comme relevé dans la littérature, l’accès aux services du conseil agricole semble

déterminer fortement l’adoption des semences améliorées de maïs ou décourager leur

abandon (Arslan et al., 2013 ; Lambrecht et al., 2014). Cette fréquence d’accès parait aussi

influencer la rapidité à laquelle la semence améliorée est adoptée par le producteur au vu

de la différence significative à 1% notée entre les pionniers et les retardataires. La facilité

de l’accès à l’information et au conseil a été soulignée par Rogers (1962) et représente un

déterminant important chez les pionniers.

Page 46: Adoption et impact des innovations technologiques

29

1.5.4. Caractéristiques des ménages des producteurs

Au niveau du ménage du producteur, nous avons retenu les variables taille du ménage,

transferts, souscription à une assurance et le fait que le chef de ménage soit une femme. Du

fait de l’important taux d’exode rural et de migration dans les zones sénégalaises étudiées

dans cet article, la variable transfert reçu par un membre de la famille a été intégrée (Bellon

et Risopoulos, 2001). La taille du ménage quant à elle est un déterminant très évoqué dans

la littérature (Becerrill et Abdulai, 2010). Il en est de même pour la disponibilité de la main

d’œuvre (Cabunga et Darnhofer, 2011).

S’agissant de la taille du ménage, nous avons trouvé qu’elle est en moyenne plus

importante dans le groupe composé des pionniers (12 membres) par rapport aux groupes

des suiveurs (10 membres) ou ceux des retardataires et abandonneurs (7 membres). Cette

différence est significative au seuil de 1% entre les pionniers et abandonneurs et 5% entre

les pionniers et suiveurs. On note également une différence significative au seuil de 10%

de cette caractéristique lorsque l’on compare les catégories des abandonneurs à celle des

retardataires ou suiveurs. Le nombre de membres dans le ménage du producteur, serait

ainsi un déterminant potentiel de l’adoption (Becerrill et Abdulai, 2010; Khonje et al.,

2015). Ces résultats soulèvent également que les producteurs pourraient retarder leur

adoption ou encore abandonner lorsque leur ménage est de petite taille. Les transferts reçus

par les ménages ont été trouvés homogènes entre les groupes d’adoptants sauf pour ce qui

concerne les retardataires et abandonneurs.

Les producteurs ayant adopté tardivement les semences de maïs ont moins tendance à avoir

des migrants dans leurs ménages que leurs homologues qui finissent par abandonner les

semences améliorées de maïs. Cette différence est significative au seuil de 10%. Ainsi, le

fait de recevoir des transferts des migrants semble décourager l’adoption chez les

producteurs de maïs.

Pour ce qui a trait au genre chez les chefs de ménages des producteurs, les statistiques

montrent que les abandonneurs (79%) et adoptants tardifs (22%) ont tendance à être des

femmes. Ce résultat laisse présager que le fait d’être une femme cheffe de ménage, diminue

la probabilité d’adopter et va dans le même sens que les résultats de Doss et Morris (2001)

et Kondylis et al. (2016).

Page 47: Adoption et impact des innovations technologiques

30

1.5.5. Caractéristiques des exploitations

Pour ce qui concerne l’exploitation agricole, les variables, main d’œuvre, condition de

stockage, usage de la traction animale et le nombre de parcelles de maïs, et les contraintes

d’ordre pédologique ont été choisies (Bellon et Risopoulos, 2001; Keil, Zeller et Franzel,

2006).

S’agissant de la main d’œuvre, elle semble être plus importante chez les pionniers et

retardataires comparativement aux autres groupes d’adoptants. Les tests indiquent une

différence significative au seuil de 1% entre les pionniers, suiveurs abandonneurs. La main

d’œuvre est également significativement plus disponible chez les pionniers que les

retardataires. Les abandonneurs quant à eux disposent en moyenne de moins de main

d’œuvre que les retardataires avec une différence significative au seuil de 5%. Ainsi,

l’importance de la main d’œuvre semble être un déterminant qui favorise l’adoption

précoce. Pour ce qui concerne l’usage de la traction animale, elle est très notable chez les

suiveurs et pionniers. Les suiveurs sont la seule catégorie dans laquelle plus de 75% des

producteurs utilisent la traction animale. L’usage de la traction ainsi semble être un des

déterminants potentiels de l’adoption des semences chez les suiveurs. Les tests n’ont

cependant pas révélé de différences significatives entre les groupes d’adoptants. Les

statistiques ont montré que les pionniers et abandonneurs ont plus de parcelles que les

autres groupes. Une différence significative au seuil de 1% a été trouvée entre les pionniers

et adoptants tardifs. Les producteurs appartenant au groupe des abandonneurs sont plus

dotés de terres que les retardataires avec une différence significative au seuil de 5%. Ce

résultat laisse apparaitre que si le fait d’avoir plusieurs parcelles encourage l’adoption des

pionniers, elle semble avoir un effet contraire chez les abandonneurs. Cela pourrait

s’expliquer par l’importance des coûts des autres intrants liés à la production.

Les contraintes d’ordre pédologique ont été trouvées hétérogènes entre les groupes

d’adoptants. Les exploitations des suiveurs (11%) et abandonneurs (11%) sont en moyenne

moins confrontées aux problèmes pédologiques que celles des pionniers.

En revanche, ce problème semble être très présent chez les retardataires dans l’adoption

des semences améliorées de maïs au Sénégal. Ainsi, les contraintes des sols apparaissent

être des déterminants négatifs d’adoption dans tous les groupes d’adoptants.

Page 48: Adoption et impact des innovations technologiques

31

1.5.6. Sécurité alimentaire

Étant donné que nombreuses études ont évalué l’impact de l’adoption des technologies

agricoles sur la sécurité alimentaire (Kabunga et al., 2014; Khonje et al., 2015), nous avons

intégré et tenu compte de cet aspect dans ce chapitre à travers trois variables. L’analyse des

statistiques de ces variables montrent que les enfants de moins de 5 ans dans les ménages de

tous les adoptants consomment en moyenne trois repas par jours. Une différence significative

au seuil de 10 % apparait quand on compare les suiveurs aux abandonneurs. Les adultes sont

en revanche moins confrontés au problème de sécurité alimentaire en termes de disponibilité

alimentaire que les enfants. Et leurs nombres de repas pris par jour est hétérogène entre les

groupes d’adoptants. La sécurité alimentaire semble ainsi être une situation qui freine ou

retarde l’adoption des semences chez les producteurs de maïs.

1.5.7. Chocs

La dernière catégorie de variables retenue est relative aux chocs qui sont considérés comme

éventuels facteurs d’adoption dans les études (Dercon et Christiaensen, 2011). Par chocs nous

entendons le fait que le ménage du producteur ait été victime de maladie, décès ou perte de

son outil principal de production. L’analyse des statistiques montre que les groupes

d’adoptants sont différemment confrontés aux chocs. Les pionniers sont les plus confrontés

aux décès et moins confrontés aux pertes d’outil de production. Entre les pionniers et

abandonneurs, une différence significative au seuil de 5% a été trouvée pour ce qui concerne

les maladies. Le même résultat est trouvé entre les abandonneurs et retardataires. Les

adoptants tardifs quant à eux semblent plus confrontés à la perte de leur outil de production.

Ainsi, les chocs relatifs au maladies et décès semblent être des facteurs positifs d’adoption

tandis que ceux portant sur les pertes retardent l’adoption.

En résumé, les résultats des Tableaux 1.2 et 1.3 confirment l’existence d’hétérogénéité

significative de la plupart des caractéristiques entre les groupes d’adoptants dont les

statistiques sont résumées dans le Tableau 1.2. Ainsi l’hypothèse de non-homogénéité des

caractéristiques des groupes d’adoptants est corroborée. Ces résultats laissent entrevoir en

outre, que les déterminants de l’adoption peuvent diverger en fonction de la catégorie à

laquelle appartient le producteur de maïs pluvial.

Page 49: Adoption et impact des innovations technologiques

32

Tableau 1. 3. Comparaison des catégories d’adoptants des semences améliorées de maïs pluvial - Statistiques des tests de différence

de moyennes et de proportion

Variables Pionniers Adoptants

tardifs

Pionniers Suiveurs Abandonneurs Adoptants

tardifs

Tous les adoptants

Suiveurs Pionniers Abandonneurs Adoptants

tardifs

Suiveurs Abandonneurs Non-adoptants

Caractéristiques sociodémographiques et économiques du producteur

Genre (ᵡ𝟐) 0.479 −0.762 1.328 −0.260 −1.737 ∗ 1.988 ∗∗ −0.326

Chef-men (ᵡ𝟐) 0.752 −1.028 0.785 −1.704 ∗ 0.027 1.745 ∗ −0.315

Age (𝐭) 0.698 −1.956 ∗ −1.995 ∗∗ −1.372 −1.521 −0.225 −2.053 ∗∗

Instruction (ᵡ𝟐) ᵡ20.012 −1.810 ∗∗ −1.650 ∗ −1.792 ∗ −1.637 0.076 −2.182 ∗∗

Alphabétisation (ᵡ𝟐) 1.0510 −1.548 −0.245 −2.574 ∗∗∗ −1.276 1.279 −3.372 ∗∗∗

Contraintes écoulement (ᵡ𝟐) −1.468 0.200 −0.287 1.701 ∗ 1.175 1.216 −1.313

Organisation (ᵡ𝟐) 0.727 −0.817 0.398 −1.547 −0.327 1.248 −4.490 ∗∗∗

Projet-développement (ᵡ𝟐) −2.693 ∗∗∗ −1.870 ∗ −2.825 ∗∗∗ 0.955 −0.123 −1.090 −8.856 ∗∗∗

Sensibilisation formation information

Sensibilisation (ᵡ𝟐) 2.760 ∗∗∗ 0.233 2.229 ∗∗ −2.677 ∗∗∗ −0.582 2.112 ∗∗ −2.496 ∗∗

Formation (ᵡ𝟐) 0.658 1.250 0.634 0.603 −0.027 −0.636 −0.894

Conseil agricole (𝐭) −4.769 ∗∗∗ −4.104 ∗∗∗

−6.648 ∗∗∗ 0.339 −2.273 ∗∗ −2.157 ∗∗ -7.822***

Ménage du producteur

Taille du ménage (𝐭) −2.306 ∗∗ −1.924 −3.198 ∗∗∗ 0.287 −1.705 ∗ −1.811 ∗ −3.501 ∗∗∗

Transferts (ᵡ𝟐) −0.120 −0.827 0.920 −0.689 1.017 1.756 ∗ 1.506

Chef_men_femme (ᵡ𝟐) 1.506 1.506 1.506 1.506 1.506 1.506 1.506

Assurance (ᵡ𝟐) − 1.349 − 1.298 − −1.316 −1.346

Source : Nos calculs à partir des données de l’enquête CRES 2015-2016.

Notes : Tous les adoptants= Pionniers/innovateurs+ suiveurs +adoptants tardifs +abandonneurs. Les T-tests ont été utilisés pour les variables d'intervalle,

alors que les tests de chi-2 ont été utilisés pour les variables catégorielles. ∗∗∗ 𝑝 < 0.001 ∗∗ 𝑝 < 0.05 ∗ 𝑝 < 0.1.

Page 50: Adoption et impact des innovations technologiques

33

Tableau 1. 3 (Suite). Comparaison des catégories d’adoptants des semences améliorées de maïs pluvial - Statistiques des tests de

différence de moyennes et de proportion

Variables Pionniers Adoptants

tardifs

Pionniers Suiveurs Abandonneurs Adoptants

tardifs

Tous les adoptants

Suiveurs Pionniers Abandonneurs Adoptants

tardifs

Suiveurs Abandonneurs Non-adoptants

Caractéristiques de l’exploitation

Main d’œuvre (𝐭) −3.687 ∗∗∗ −3.449 ∗∗ −5.636 ∗∗∗

0.587 −1.599 −2.275 ∗∗ −3.816 ∗∗∗

Traction animale (ᵡ𝟐) 1.023 −0.682 −0.409 −1.701 −1.406 0.254 −0.339

Nombre parcelles maïs

(𝐭)

−0.516 −2.637 ∗∗∗

0.445 −2.245** 0.893 2.445 ∗∗ −1.399

Contraintes-sols (ᵡ𝟐) −2.074 ∗∗ −0.576 −2.129 ∗∗ 1.589 −0.040 −1.641 ∗ 0.317

Sécurité alimentaire

Repas enfants (-5ans) (𝐭) 0.395 −1.314 −1.560 −1.630 −1.968 ∗ −0.601 −0.840

Repas adultes (+5ans) (𝐭) −1.241 −1.851 ∗ −0.974 0.139 1.014 0.918 −0.577

Chocs

Décès (ᵡ𝟐) −1.225 −1.181 −1.268 0.126 −0.034 −0.162 −2.403 ∗∗

Maladie (ᵡ𝟐) −1.111 −0.262 −2.399 ∗∗ 0.888 −1.420 −2.211 ∗∗ 0.368

Perte (ᵡ𝟐) 1.189 2.102 ∗∗ 1.145 0.915 −0.050 −0.973 −3.428 ∗∗∗

Source : Nos calculs à partir des données de l’enquête CRES 2015-2016.

Notes : Tous les adoptants= Pionniers/innovateurs+ suiveurs +adoptants tardifs +abandonneurs. Les T-tests ont été utilisés pour les variables d'intervalle,

alors que les tests de chi-2 ont été utilisés pour les variables catégorielles. ∗∗∗ 𝑝 < 0.001 ∗∗ 𝑝 < 0.05 ∗ 𝑝 < 0.1.

Page 51: Adoption et impact des innovations technologiques

34

1.6. Approche empirique : modèle Logit multinomial pour expliquer

l’adoption

1.6.1. Modèle sans hétérogénéité inobservable des caractéristiques des producteurs

Soit la variable de résultatijY , 0,1,.......Jj , pouvant prendre les valeurs 0,1,.......Jj , avec

J étant un nombre entier nul ou positif et inférieur ou égal à 4 pour le producteur i. Nous

avons donc :

0 si le producteur connait, ne connait pas et n'a pas utilisé les variétés de maïs en 2013, 2014 et 2015

1 si le producteur a utilisé les variété améliorées de maïs en 2013, 2014 et 2015

2 si le pijY roducteur a utilisé les variétés améliorées de maïs en 2014 et 2015 mais ne les a pas utilisées en 2013

3 si le producteur a utilisé les variétés de maïs en 2015 mais ne les a pas utilisées en 2013 et 2014

4 si le producteur a utilisé les variétés de maïs et a fini par les abandonner

Ou encore :

0 Non-adoptants

1 Pionniers/ Innovateurs

2 Suiveurs

3 Adoptants tardifs/ Retardataires

4 Abandonneurs

ijY

Étant donné que le processus d’adoption est polytomique et que les effets individuels

pourraient être différents selon les catégories, la dynamique de l’adoption est estimée à l’aide

du modèle Logit multinomial. Selon Amemiya (1975) et Läpple et Van Rensburg (2011), ce

type de modèle est bien adapté lorsque les alternatives sont différentes et permet de révéler

des différences significatives entre les catégories d’adoptants. Ce modèle peut ainsi capter

les déterminants uniques à chaque catégorie et les facteurs d’adoption associés à chaque

catégorie peuvent donc être comparés à ceux d'une catégorie de référence (Brandford et al.

2004).

Dans le cadre du modèle sans hétérogénéité inobservable, le producteur de maïs i prend la

décision d’appartenir à l’un des groupes d’adoptants cités en sus j . Sa fonction d’utilité

dérivant du choix des alternatives j , J = 0 à 4 est représentée par l’équation suivante.

' (1)ij i ij ijU X

Page 52: Adoption et impact des innovations technologiques

35

ijU représente l’utilité du producteur i dérivant du choix des alternatives j (j=0,..4); iX est le

vecteur des caractéristiques individuelles et observables du producteur ainsi que de sa ferme.

ij sont les paramètres estimés dans chaque alternative et ij sont les erreurs aléatoires.

Ainsi, la probabilité que le producteur choisisse une alternative j, correspond à la probabilité

que l’utilité tirée du choix de cette alternative soit supérieure à celles associées aux choix des

autres alternatives.

La probabilité que le producteur i choisisse l’alternative j correspondante des catégories J

telles que ( j =0) non-adoptants, ( j =1) pionniers/innovateurs, ( j =3) suiveurs et ( j =4)

adoptant tardifs est déterminée par l'équation suivante :

1

expPr , j 0,1,.......4 (2)

exp

j i

i J

i j ij

XjY

X X

Où j est l'un des sous-groupes, Pr iY j est la probabilité que le iième producteur de maïs

appartienne au sous-groupe j et iX décrit les caractéristiques de l'agriculteur et de son

exploitation. ij est le terme d’erreur qui est supposé indépendant et réparti identiquement

entre les 𝐽 alternatives. L’identification du modèle Logit multinomial requiert l’imposition

de contraintes. Pour des raisons d’estimation, les coefficients d’une des classes sont

normalisés, et cette classe sera la classe de référence. Ainsi, les interprétations seront faites

par rapport à cette classe de référence. Comme le préconisent Peng, Ida et Ingersoll (2002)

et Xu et Long (2005) dans cette étude, nous avons choisi 0 0 . Une fois cela fait, les

probabilités d’être dans une catégorie spécifique suivent le modèle ci-après :

1

expPr pour j 1,.......4 (3)

1 exp

j i

i J

i j ij

XjY

X X

1

1Pr 0 (4)

expi J

j ij

YX

Le modèle Logit multinomial est estimé en utilisant la méthode du maximum de

vraisemblance :

Page 53: Adoption et impact des innovations technologiques

36

4

1

1 00

exp,........ / , (5)

exp

iY j

nj i

j Ji j j ij

XL Y X

X

4

1

1 0

ln 1 ln (6)n

i

i j i

jL y j Y

X

1,........ / ,jL Y X représente la fonction du maximum de vraisemblance, 1 iy j est

un indicateur de la fonction du choix du producteur. Il prend la valeur 1 si iY j et 0

sinon. Les coefficients sont interprétés à l'aide des ratios de risque relatif, qui est la probabilité

relative de iY j pour j supérieur à 0, la catégorie de base, qui est les non-adoptants.

exp j>0 (7)

0j i

P Y jX pour

P y

1.6.2. Modèle avec hétérogénéité inobservable des caractéristiques des producteurs

Dans l’estimation d’un modèle logit multinomial, il pourrait y avoir une hétérogénéité

inobservable dont il faut tenir compte (Rabe-Hesketh, Skrondal et Pickles, 2004; Hann et

Uhlendorff, 2006; Nguyen Van et al., 2017). L’utilité du producteur 𝑖 dérivant du choix des

alternatives j , devient l’équation suivante.

' (8)ij i ij i ijU X u

Où 𝑢𝑖 représente le terme d’hétérogénéité supposé être mutuellement indépendant,

indépendant de 𝑋 et suivre la distribution d’une densité normale (Nguyen Van et al., 2017).

La probabilité d’être dans une catégorie spécifique est alors :

1

expPr pour j 1,.......4 (9)

1 exp

j i j i

i J

i j i i ij

X ujY

X X u

1

1Pr 0 (10)

expi J

j i j ij

YX u

Page 54: Adoption et impact des innovations technologiques

37

Étant donné que la fonction de log-vraisemblance dépend de l’hétérogénéité individuelle,

elle doit être intégrée avant la maximisation suivant la méthode du maximum de

vraisemblance simulée (Hann et Uhlendorff, 2006). La fonction de log-vraisemblance

devient alors :

14

1

1ln ln , (11)

iy jn

h

i i

i h i

jL P Y u

H X

Où pour chaque iu , un nombre H de tirages pseudo aléatoires h

iu est généré. Selon Hann et

Uhlendorff (2006), il est possible de prendre un H égal à 50, 100 ou 150 lors des simulations.

McFaden et Train (2000) cité par Nguyen Van et al. (2017) suggèrent quant à eux de prendre

un H égal à 50 pour nos simulations, ce que nous allons faire.

1.6.3. Test d’endogénéité

Nous avons effectué un test d’endogénéité de la variable appartenance à une organisation.

En effet, le fait que le producteur appartienne à une organisation peut lui faciliter l’accès à

d’autres intrants comme les engrais et produits phytosanitaires entre autres. Ces variables

étant corrélées à l’appartenance à une organisation et absentes dans notre modèle, peuvent

entrainer l’endogénéité. Pour ce faire, nous avons utilisé le test des variables additionnelles

développé par Woodbridge (2014) dans le cadre d’un modèle non linéaire. Ce test a consisté

en deux étapes. Premièrement, une estimation des déterminants de l’appartenance à une

organisation a été faite à travers un modèle probit suivant.

Pr 1i i if Z

Où if est la variable binaire représentant l’appartenance à une organisation. Les iZ sont des

instruments. Wooldridge (2014), recommande que les instruments englobent toutes les

variables explicatives incluses dans le modèle logit original et d'autres instruments qui n’y

figurent pas. La variable sensibilisation a été choisie ici comme instrument externe.

Dans cette première partie du test, un résidu généralisé (𝑔𝑟 ) a été calculé suivant la formule

suivante : �� 𝑟𝑖 = 𝑓𝑖(𝑍𝑖 𝑖) − (1 − 𝑓𝑖) (−𝑍𝑖 𝑖

) Où . représente l’inverse du ratio de

Mills. Dans la deuxième étape du test, ce résidu est introduit dans l’estimation initiale du

Page 55: Adoption et impact des innovations technologiques

38

modèle logit multinomial avec la variable suspectée endogène. Par la suite un test de Wald

est fait pour tester l’hypothèse nulle selon laquelle les coefficients de la variable appartenance

à une coopérative soient tous égales à zéro. D’où l’exogénéité de la variable suspectée

endogène.

1.7. Résultats des estimations de l’adoption des variétés améliorées de

maïs pluvial

Pour s’assurer des résultats du modèle à présenter, nous avons comparé les résultats des deux

modèles en utilisant le test du ratio de vraisemblance. Le test a révélé une différence non

significative des résultats des deux modèles. En effet, le modèle avec hétérogénéité

inobservable a donné un ratio de vraisemblance égale à 2 271.12L tandis que celui du

modèle classique c’est-à-dire sans hétérogénéité inobservable est égal à 1 260.83L . En

conséquence la statistique du test6 trouvée est égale à 20.57 qui est supérieur au

2 4 9.49Chi . Ainsi nous ne rejetons pas l’hypothèse nulle. En conséquence, les résultats

du modèle Logit multinomial sans hétérogénéité inobservable des caractéristiques des

producteurs ont été reportés dans cet article au Tableau 1.4.

Pour ce qui est de la robustesse du modèle dont les résultats sont présentés, nous avons trouvé

une bonne qualité d’ajustement. Les résultats des tests de Hosmer et Lemshow (1980)

montrent un bon calibrage des modèles avec une distance faible entre les valeurs prédites et

les valeurs observées au niveau des déciles, matérialisée par un Pr 2 0.933Chi et un

2 10 20.952Chi . À la suite du test de robustesse du modèle, la propriété d’indépendance

des alternatives non pertinentes a été vérifiée. Une hypothèse du modèle logit multinomial

est la propriété d'indépendance des alternatives non pertinentes (IIA) (Hausman et Mcfadden,

1984 ; Fresse et long, 2000 ; Brandford et al., 2004 et Williams, 2018). Cette hypothèse exige

que l'inclusion ou l'exclusion de catégories n'affecte pas les risques relatifs7 associés aux

variables explicatives au niveau des catégories restantes. Nous avons utilisé l’approche de

6 La statistique du test a été obtenue à travers le calcul suivant 2 2 1L L .

7 La probabilité relative de iY j pour j supérieur à 0, qui est la catégorie de base.

Page 56: Adoption et impact des innovations technologiques

39

Hausman et McFadden (1984) pour tester la validité de cette restriction en faisant une

comparaison du modèle initial à quatre alternatives. La statistique de ce test se calcule suivant

la formule suivante :

' 1

2

S ES E S EV V

L’indice S représente l’estimateur basé sur un le choix d’appartenir à une catégorie, l’indice

E représente les choix basés sur les autres alternatives possibles tandis que SV

et EV

sont

les estimateurs respectives des matrices de covariance asymptotiques. La statistique est

distribuée suivant une loi de 2 avec k degrés de liberté (Hausman and McFaden, 1984;

Combarnous, 2018).

Les résultats des tests ont montré que l’hypothèse d'indépendance des alternatives non

pertinentes ne pouvait être rejetée pour les quatre alternatives.

Pour ce qui a trait aux résultats du test d’endogénéité de la variable appartenance à une

organisation, nous n’avons pas pu rejeter l’hypothèse nulle de non-endogénéité de la variable

appartenance à une organisation dans notre modèle. En effet, le test de Wald8 s’est avéré

robuste et indique une statistique correspondante à un 2 4Chi .Les résultats dudit test

indiquent une statistique égale à 4.232 avec une p-value de 0.376 qui est supérieur au seuil

de 5%.

Le Tableau 1.4 présente les facteurs d’adoption des semences améliorées de maïs pluvial au

Sénégal Oriental et en Haute Casamance. L’analyse des déterminants de l’adoption des

semences améliorées de maïs pluvial entre les catégories d’adoptants laisse entrevoir des

ressemblances et des dissemblances.

1.7.1. Facteurs d’adoption chez les pionniers/innovateurs

L’analyse du groupe des pionniers /innovateurs a montré que l’adoption des semences

améliorées de maïs pluvial est influencée positivement par la fréquence d’accès au conseil

agricole, le fait de bénéficier d’un projet de développement, la taille du ménage, la

8 Pour ce qui concerne les résultats du test d’endogénéité de la variable appartenance à une organisation il a été

trouvé que la sensibilisation, l’accès au projet de développement, les contraintes d’écoulement et le fait de

disposer d’un magasin de stockage augmentent la probabilité d’appartenir à une organisation chez les

producteurs de maïs au Sénégal (voir Annexe A2).

Page 57: Adoption et impact des innovations technologiques

40

disponibilité de main d’œuvre et l’occurrence des chocs comme les décès. Ces résultats vont

dans le même sens que ceux de Moser et Barret (2006) et Barham et al. (2017) pour ce qui

est de l’accès au service du conseil agricole et ceux de Uraiene et al. (2009) pour ce qui a

trait à l’accès aux projets de développement qui octroient des crédits. Il suppose par ailleurs

que l’octroi d’intrants complémentaires est un volet important pour promouvoir l’adoption

des technologies agricoles au Sénégal. Ce résultat corrobore celui de l’étude de Adegbola,

Arouna et Ahoyo (2011) pour ce qui est relatif à la taille du ménage. Ce résultat abonde aussi

dans le même sens de celui de l’étude de Ryan et Gross (1943) qui ont montré que les

pionniers ont plus tendance à adopter du fait de la disponibilité de leur main d’œuvre.

Ceci laisse présager que les producteurs appartenant à ce groupe adoptent les semences pour

assurer la sécurité alimentaire de leur ménage, mais aussi parce qu’ils disposent de plus de

main d’œuvre.

Cependant, le nombre de parcelles de maïs, la survenance de maladies, le nombre de repas

pris par jour par les enfants de moins de 5 ans, diminuent la probabilité d’adoption chez les

pionniers. De même, les contraintes d’écoulement ont été trouvées comme déterminants qui

freine l’adoption des pionniers.

1.7.2. Facteurs d’adoption chez les suiveurs

Comparé aux autres groupes, nous avons trouvé que l’âge et l’alphabétisation sont des

déterminants spécifiques chez les suiveurs. Ce résultat diffère de celui de Ryan et Gross

(1943) qui ont montré que ce sont plutôt les pionniers qui sont les plus alphabétisés. Pour ce

qui concerne l’âge, ce résultat réfute la conclusion de l’étude de Bradford et al. (2004) selon

laquelle la probabilité d’adoption diminue avec l’âge quand on est adoptant tardif. Il infirme

également ceux de Läpple et Van Rensburg (2011) chez qui, les pionniers sont plutôt les plus

âgés.

Le premier résultat laisse entrevoir qu’au Sénégal les producteurs de maïs les plus âgés

seraient risquophobes et auraient tendance à attendre d’observer les résultats de l’adoption

des semences améliorées par les plus jeunes avant d’envisager de les utiliser. Ceci soulève

l’importance de sensibiliser et encourager davantage les producteurs âgés sur l’importance

de l’utilisation des nouvelles technologies agricoles.

Page 58: Adoption et impact des innovations technologiques

41

La fréquence d’accès aux services de conseil agricole et la perte de membres de la famille

ont aussi été trouvée comme déterminants qui influencent positivement l’adoption chez les

suiveurs. Ce résultat abonde dans le même sens que celui de l’étude de Dercon et

Christiaensen (2011) et Liu (2005) qui soulignent que pour atténuer les risques liés aux chocs,

les agriculteurs adoptent les technologies agricoles.

1.7.3. Facteurs d’adoption chez les adoptants tardifs

Comme dans le cas des pionniers et suiveurs, la probabilité d’adopter des semences

améliorées dans le groupe des adoptants tardifs augmente avec la fréquence d’accès au

conseil agricole, l’accès aux projets de développement et la taille du ménage. Ces résultats

vont dans le même sens que ceux de Moser et Barret (2006) Lambrecht et al. (2014) et

Barham et al. (2018) qui ont montré l’importance de l’accès à l’information sur l’adoption.

En particulier, la disposition d’infrastructures de stockage et la localisation de l’exploitation

dans la région de Tambacounda augmente la probabilité d’adoption chez les adoptants tardifs.

Ce résultat corrobore celui de l’étude de Adegbola, Arouna et Ahoyo (2011) selon lequel

l’adoption d’innovation de stockage de maïs serait importante en Afrique.

Toutefois, le nombre élevé de parcelles de maïs, la survenance des maladies et les contraintes

d’écoulement réduisent la probabilité d’adoption dans cette catégorie de producteurs. Cette

conclusion n’est pas très surprenante dans la littérature dans la mesure où les semences

améliorées de maïs sont souvent utilisées pour des questions de rendement et non d’extension

des superficies. Certaines études comme celle de Adéoti et al. (2002) et Dienderen et al.

(2003) ont même montré que la taille élevée des superficies pouvait être un frein à l’adoption

des technologies agricoles parce qu’elle occasionne plus de main d’œuvre et de coûts de

d’autres intrants liés à la production comme l’eau.

1.7.4. Facteurs d’adoption chez les abandonneurs

Le fait que la cheffe de ménage soit une femme augmente la probabilité d’adopter dans le

groupe des abandonneurs mais n’est pas significatif. Ce résultat est le même quand on

compare les abandonneurs avec les autres groupes. Il diffère de la conclusion de l’étude de

Fisher et Kandiwa (2014) selon laquelle les femmes cheffes de ménage adoptent moins les

technologies agricoles que les hommes chefs de ménage.

Page 59: Adoption et impact des innovations technologiques

42

Aussi, si la fréquence d’accès au conseil agricole a été trouvé comme un déterminant positif

commun aux pionniers, suiveurs et adoptant tardifs, cette variable n’a pas été significative

chez ceux qui abandonnent. Ce résultat soulève que pour assurer une pérennité et de

l’adoption des semences améliorées de maïs et leur impact, les producteurs doivent avoir un

accès équitable aux services du conseil agricole de leur localité.

La sécurité alimentaire en termes de disponibilité a encouragé l’abandon de ce groupe de

producteurs. Ce résultat montre par conséquent que de la même façon que l’adoption des

semences améliorée de maïs, impacte considérablement la sécurité alimentaire (Shiferaw et

al., 2014), la sécurité alimentaire du producteur peut diminuer la probabilité d’adoption. De

plus, la localisation de l’exploitation dans la région de Tambacounda augmente la probabilité

d’adoption chez les abandonneurs tandis que le fait d’être dans la région de Kolda diminue

la probabilité d’abandonner les semences chez les abandonneurs. La différence des

influences des facteurs d’adoption dans les deux régions pourrait s’expliquer par la

disponibilité des terres à Tambacounda.

Enfin, si les chocs comme les décès augmentent la probabilité d’adoption chez les pionniers

et suiveurs, ils sont source de découragement et d’abandon dans ce groupe de producteurs.

Page 60: Adoption et impact des innovations technologiques

43

Tableau 1. 4. Déterminants de l’adoption des variétés améliorée de maïs pluvial

Variables Pionniers/

innovateurs

Suiveurs Adoptants

tardifs

Abandonneurs

Coefficients Coefficients Coefficients Coefficients

Caractéristiques sociodémographiques et économiques du producteur

Genre (homme) 1.669

(0.90)

17.393

(0.01)

0.664

(0.49)

18.505

(0.01)

Chef-men 2.926

(1.45)

19.359

(0.01)

1.107

(0.79)

0.625

(0.00)

Age 0.030

(1.20)

0.042*

(2.00)

0.008

(0.42)

0.019

(0.72)

Instruction 0.031

(0.03)

-0.351

(-0.47)

-0.803

(-0.98)

-0.381

(-0.42)

Alphabétisation 0.124

(0.14)

1.601*

(2.44)

0.585

(0.85)

0.960

(1.23)

Contraintes

écoulement

-2.460**

(-3.22)

-0.423

(-0.61)

-0.493

(-0.81)

0.335

(0.45)

Organisation 0.096

(0.12)

-0.213

(-0.31)

-0.851

(-1.30)

-0.559

(-0.70)

Projet-

développement

2.844**

(3.02)

3.314***

(3.84)

3.595***

(4.53)

4.511***

(4.72)

Sensibilisation formation information

Conseil agricole 0.975***

(4.09)

0.416*

(1.77)

0.483*

(2.18)

0.248

(0.76)

Ménage du producteur

Taille du ménage 0.171**

(2.93)

0.142**

(2.80)

0.1847***

(3.69)

-0.022

(-0.27)

Chef_men _homme -3.064

(-1.33)

-19.777

(-0.01)

-1.369

(-0.80)

-2.330

(-0.00)

Caracteristiques de l’exploitation

Main d’œuvre 0.445*

(2.18)

0.139

(0.70)

0.241

(1.35)

-0.062

(-0.24)

Traction animale 0.209

(0.35)

0.665

(1.24)

-0.125

(-0.27)

0.133

(0.22)

Nbr parcelle de maïs -0.528*

(-1.67)

-0.3678

(-1.38)

-0.751**

(-2.76)

0.165

(0.58)

Région

Kolda

Tambacounda

17.189

(0.01)

17.172

(0.01)

15.653

(0.01)

18.522

(0.01)

0.882

(0.78)

2.204*

(2.20)

-2.836*

(-1.90)

2.356*

(1.83)

Stockage

Pièce habitée

Magasin de

stockage

Autres types de

stock

0.099

(0.14)

0.378

(0.36

-20.617

(-0.00

-0.4254

(-0.70

-0.147

(-0.16)

1.505

(0.77)

1.261*

(2.45

0.521

(0.53

0.252

(0.12)

-0.268

(-0.38

-0.563

(-0.46

-15.234

(-0.00)

Source : Nos calculs à partir des données de l’enquête CRES 2015-2016

Notes : Les erreurs standards sont entre parenthèses. ∗∗∗ 𝑝 < 0.001 ∗∗ 𝑝 < 0.05 ∗ 𝑝 < 0.1.

Page 61: Adoption et impact des innovations technologiques

44

Tableau 1. 4 (suite). Déterminants de l’adoption des variétés améliorée de maïs pluvial

Variables Pionniers/

innovateurs

Suiveurs Adoptants

tardifs

Abandonneurs

Coefficients Coefficients Coefficients Coefficients

Sécurité alimentaire

Repas enfants (-

5ans)

-1.414***

(-3.50)

-0.652*

(-1.76)

2.206

(1.13)

-0.571*

(-1.72)

Baisse nobre repas 1.456*

(1.81)

1.689*

(2.10)

0.539

(0.66)

4.058***

(4.72)

Chocs

Décès 2.33*

(2.07)

2.439*

(2.31)

1.586

(1.59)

2.261*

(1.87)

Maladie -3.094***

(-3.62)

-1.782*

(-2.27)

-1.988**

(-2.82)

-1.634

(-1.49)

Constante -19.981

(-0.01)

-38.760

(-0.01)

-2.555

(-1.38)

-21.412

(-0.01)

LR Chi2 (92)=

Pseudo R2

N=

330.97

0.388

303

Source : Nos calculs à partir des données de l’enquête CRES 2015-2016.

Notes : Les erreurs standards sont entre parenthèses. ∗∗∗ 𝑝 < 0.001 ∗∗ 𝑝 < 0.05 ∗ 𝑝 < 0.1.

Page 62: Adoption et impact des innovations technologiques

45

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons analysé la dynamique et les facteurs d’adoption des variétés

améliorées de maïs pluvial diffusées au Sénégal par le Programme de Productivité Agricole

en Afrique de l’Ouest dans les zones du Sénégal Oriental et de la Haute Casamance. Les

données utilisées proviennent d’une enquête auprès de 336 producteurs de maïs effectuée

pour la Banque Mondiale par le Consortium pour la Recherche Économique et Social.

Les hypothèses de départ testées dans cette recherche étaient les suivantes. Premièrement,

l’adoption des semences améliorées de maïs n’est pas forcément dichotomique ; c’est un

processus qui peut se fait en plusieurs étapes et peut appeler la constitution de plusieurs

groupes d’adoptants au Sénégal. Deuxièmement, les caractéristiques des différents groupes

d’adoptants sont hétérogènes et influencent les déterminants individuels de l’adoption des

semences améliorées de maïs au Sénégal.

Pour vérifier les hypothèses, nous avons regroupé les adoptants en quatre groupes

(pionniers/innovateurs, suiveurs, adoptants tardifs et abandonneurs), effectué des tests

statistiques et utilisé le modèle Logit multinomial avec et sans hétérogénéité inobservable

pour les estimations. L’endogénéité de la variable appartenance à une organisation a été

testée.

Les résultats des tests statistiques ont révélé des différences significatives entre les groupes

d’adoptants corroborant ainsi la première hypothèse testée. Pour ce qui concerne l’adoption,

une différence des facteurs a été notée entre les catégories d’adoptants.

Dans le groupe des pionniers, elle est influencée positivement par la fréquence d’accès au

service du conseil agricole et l’accès aux projets de développement, la disponibilité de la

main d’œuvre et les chocs. En revanche, les contraintes d’écoulement et le nombre élevé de

parcelles diminuent leur probabilité d’adopter les semences améliorées de maïs. Les

producteurs appartenant à la catégorie des suiveurs ont tendance à être plus âgés et

alphabétisés que ceux des autres catégories. Leur adoption est toutefois freinée par leur

sécurité alimentaire et les chocs comme les maladies. Chez les adoptants tardifs l’adoption

est expliquée en particulier par la taille de leur ménage et la disposition d’infrastructures de

stockage comme les pièces habitées. Cependant, le nombre de parcelles et les chocs

diminuent leur probabilité d’adoption. Les abandonneurs ont tendance à être confrontés aux

Page 63: Adoption et impact des innovations technologiques

46

chocs et avoir une sécurité alimentaire. Les résultats du test d’endogénéité de Woodridge

(2014) ont montré que la variable appartenance à une organisation ne l’était pas.

En termes d’implications de politiques, il importe que la diffusion des innovations dans la

pratique se fasse d’abord en tenant compte de l’hétérogénéité des caractéristiques des groupes

d’agriculteurs. Nos résultats suggèrent en effet que les futurs programmes de diffusion des

innovations technologiques agricoles au Sénégal devraient s’opérer en plusieurs stratégies.

La diffusion de semences améliorées devrait également s’accompagner de la distribution

d’intrants complémentaires comme le crédit, une facilitation de l’accès au conseil agricole,

des infrastructures de stockage. Une dissémination équitable des séances d’informations et

de formation devrait accompagner la distribution des semences améliorées pour une

meilleure adoption.

Enfin, vu le caractère juvénile de l’adoption trouvé chez la plupart des groupes d’adoptants,

des efforts importants en matière de sensibilisations devraient se faire auprès des agriculteurs

âgés. Les femmes agricultrices gagneraient à être encouragées dans l’adoption des semences

améliorées.

En matière de limite de cette étude, du fait de la faible taille de notre échantillon, nous

n’avons pas pu intégrer une autre éventuelle catégorie d’adoptants à savoir ceux qui

abandonnent partiellement et reviennent. Il serait intéressant de les intégrer dans les autres

études relatives aux technologies du PPAAO.Une autre limite de l’étude porte sur la durée

de la période d’observation qui a amené à distinguer la différenciation entre adoptants et non

-adoptants et entre différentes catégories d’adoptants à l’intérieur d’une prédiode de 3ans, ce

qui est très restreint à l’échelle des innovations agricoles.

Page 64: Adoption et impact des innovations technologiques

47

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Page 69: Adoption et impact des innovations technologiques

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Chapitre 2. Diffusion et adoption d’innovations technologiques dans la

trituration artisanale d’arachide au Sénégal : le cas de la table de

traitement de l’aflatoxine

2.1. Résumé

Ce chapitre étudie l’adoption de la technologie table de traitement de l’huile artisanale d’arachide

contre l’aflatoxine, diffusée chez les groupements de trituratrices du Bassin Arachidier du Sénégal.

Des entrevues ont été réalisées auprès de 23 groupements de femmes et deux structures de recherche.

La théorie de diffusion des innovations de Rogers (1962, 1983, 1995) enrichie par le modèle de

Bukchin et Kerret (2018) a servi de cadre d’analyse. L’analyse thématique a permis de regrouper et

analyser les informations recueillies. L’analyse des informations issues du verbatim, a révélé une

homophilie9 des membres, une hétérogénéité des caractéristiques entre les groupements et une faible

connaissance de l’aflatoxine. Les femmes membres des groupements ont montré de l’espoir, des

émotions positives et de la force de caractère pouvant influer sur l’adoption de la technologie.

L’adoption de la table comme relatée dans la littérature, s’est avérée être un phénomène se faisant en

degrés (non-adoption, adoption partielle et adoption totale) au sein des groupements. Les

caractéristiques de la table en tant que technologie vue au sens de Rogers et les caractéristiques des

groupements et leurs membres ont influencé les intensités d’adoption. Comme impact, l’adoption de

la table a augmenté les revenus des groupements de femmes, amélioré l’autonomie financière des

femmes, amélioré les connaissances en aflatoxines, et renforcé leurs capacités.

Mots-clés : Aflatoxine, Adoption, Groupements de femmes, Table, Huile d’arachide, Sénégal.

2.2. Abstract

This chapter studies the adoption of the technology “table” for artisanal peanut oil processing against

aflatoxin, which is distributed among triturators groups in the Senegal Groundnut Basin. Interviews

were conducted with 23 women's groups and two research structures. Rogers' theory of diffusion of

innovations (1962, 1983, 1995) enriched by the model of Bukchin and Kerret (2018) served as an

analytical framework. Thematic analysis made it possible to group and analyze the information

collected. Analysis of the information from the verbatim revealed homophily of members,

heterogeneity of characteristics between groups and little knowledge of aflatoxin. Women in the

groups have shown hope, positive emotions and strength character that can influence the technology

adoption. The adoption of the table as reported in the literature, has proven to be a phenomenon

occurring in degrees (non-adoption, partial adoption and total adoption) within groups. The

characteristics of the table as a technology seen in the sense of Rogers and the characteristics of the

groups and their members influenced the intensities of adoption. As an impact, the adoption of the

table increased the income of women's groups, improved the women financial autonomy, improved

knowledge of aflatoxins, and strengthened their capacities.

Keywords : Aflatoxin, Adoption, Women's groups, Table, Peanut oil, Senegal

9 Rogers (1995) définit l'homophilie comme le degré auquel les paires d'individus qui interagissent sont

similaires dans certains attributs, tels que les croyances, l'éducation, le statut social, etc.

Page 70: Adoption et impact des innovations technologiques

53

2.3. Introduction

Au Sénégal l’agriculture constitue une locomotive de la croissance économique et une source

de revenu des populations surtout du monde rural. Elle contribue en effet à hauteur de 16,7%

à la formation du PIB (ANSD, 2017) et nourrit plus de 70% de la population du monde rural.

Conscient de cela, le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers parmi lesquels,

la Banque Mondiale, en ont fait une priorité en investissant dans le développement

d’innovations technologiques agricoles dans plusieurs filières notamment l’arachide. Culture

de rente, l’arachide occupe 70% de la population du Bassin arachidier10 et procure 35% des

revenus agricoles dans le monde rural (MAER, 2014). C’est donc un créneau porteur,

agissant sur la lutte contre la pauvreté à travers la création de petits emplois tels les

triturateurs artisanaux, les vendeurs d’arachides grillées, de pâtes, de fanes, etc. Parmi les

produits dérivés de l’arachide, l’huile artisanale plus connue sous le nom de «Seggal»

demeure très consommée en zones rurales. Cette huile est malheureusement triturée

artisanalement par des groupements de femmes en situation financière précaire et manquant

de matériels adéquats pour la trituration. En conséquence, une huile impropre et dangereuse

pour la santé est commercialisée (Noba et al., 2014) dans le Bassin arachidier. En effet,

plusieurs recherches au Sénégal ont montré que l’huile artisanale d’arachide contenait une

forte concentration en aflatoxine qui est une substance cancérigène ayant déjà fait des ravages

dans le bassin arachidier du Sénégal (Diom, 1978; Martin et al, 1999). Comme c’est le cas

dans d’autres pays (Filbert et Brown, 2012; Gajate-Garrido et al., 2016; Njoroge et al., 2016;

Schwartzbord et Brown, 2015; Njoroge, 2018), le phénomène de l’aflatoxine est ainsi devenu

un problème de santé publique d’une importance capitale au Sénégal.

Pour remédier à ce fléau, le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’ouest

(PPAAO) s’est intéressé à la réduction du taux d’aflatoxine dans l’huile artisanale d’arachide

au Sénégal. La recherche agricole, par le biais de l’Institut de Technologie Alimentaire (ITA),

a développé une presse artisanale, appelée table de traitement de l’huile artisanale contre

10 Le Bassin Arachidier (BA) est localisé au centre-ouest du Sénégal et a une superficie totale de 51315 Km2,

il couvre près de 30% de la superficie géographique nationale et comprend une partie des régions de Louga,

Thiès et Tambacounda, la totalité des régions de Diourbel, Fatick, Kaolack et tout récemment celle de Kaffrine

départie de Kaolack à la suite du dernier découpage administratif du Sénégal et couvre l’arachide d’huilerie et

l’arachide de bouche (Diagana, 2009).

Page 71: Adoption et impact des innovations technologiques

54

l’aflatoxine, pour améliorer les procédés de transformation de l’huile artisanale de cette

spéculation. Cette table, comparativement aux autres techniques de prévention contre les

aflatoxines en l’occurrence le tri, le séchage et le stockage, concerne exclusivement l’huile

artisanale d’arachide et permettrait d’éliminer la teneur en aflatoxine à plus de 90% d’après

son inventeur en 2009 le docteur Kane11.

L’opération de traitement de l’huile consiste notamment à effectuer une filtration sous

pression de l’huile dans un composé à base d’attapulgite12. La distribution de la table s’est

faite à travers deux projets coordonnés par l’ITA. Premièrement dix tables ont été diffusées

à petite échelle au sein de groupements de trituratrices d’huile d’arachide lors d’un projet

pilote en 2011-2012 qui avait touché cinq régions du Bassin Arachidier à savoir la région de

Kaolack, Diourbel, Fatick, Kaffrine et Tambacounda (Projet PPAAO, 2013). Puis, entre 2013

et 2017, dans un projet de diffusion à grande échelle, quatre-vingt-quinze (95) tables ont été

distribuées à des groupements appartenant aux régions de Diourbel, Fatick, Kaolack,

Kaffrine, Thiès et Louga (Projet PPAAO, 2013).

À l’image de programmes mis en place dans d’autres pays (Guinée, Ghana), la diffusion à

grande échelle de la technologie a été accompagnée de sessions de formation et d’information

sur les bonnes pratiques de conservation et de transformation au niveau des groupements.

Des supports pédagogiques en français et langues nationales ont été édités et diffusés. Enfin,

des séances de démonstration de l’utilisation de la table ont été organisées pour les

trituratrices.

Toutefois, après plus de six années d’implantation et de diffusion, aucune étude qualitative

n’a encore évalué les connaissances qu’ont les femmes trituratrices d’huile concernant les

conséquences des aflatoxines sur la santé ou porté sur l’adoption ou les impacts de ces tables

de traitement de l’aflatoxine au niveau des groupements de femmes. Au meilleur de notre

connaissance, seule une étude quantitative a été réalisée sur ces tables (CRES13, 2016). Cette

étude avait montré que la plupart des groupements de femmes qui utilisaient les tables étaient

11 http://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/agriculture/tout-scidev-net/fiara-2014-un-outil-contre-l-

aflatoxine.html

12 L’attapulgite est une sorte d’argile. Il s’agit plus précisément de l’argile magnésienne fibreuse.

13 CRES signifie Consortium pour la Recherche Économique et Sociale.

Page 72: Adoption et impact des innovations technologiques

55

bien formées à l’utilisation de la table, mais rencontraient des contraintes liées à la

maintenance de la table et à la disponibilité des emballages. L’étude évoquait aussi la

pénibilité de l’utilisation de la technologie et la perte de temps dans l’opération de filtrage.

Toutefois, les groupements ayant utilisé la technologie dégageaient des marges au niveau de

leurs activités (CRES 2016).

En ce qui concerne l’adoption d’une technologie dans la littérature, plusieurs auteurs ont

montré la complexité du processus d’adoption en général (Rogers, 1962; Rogers 1995;

Olivier de-Sardan 1995) et agricole en particulier (Lindner, 1982; Ryan et Gross, 1948; Doss

2006; Lambrecht et al., 2014; Barham et al., 2017; Bukchin et Kerret, 2018). Dans ce

chapitre, nous considérons qu’il y a adoption de la table de traitement de l’aflatoxine quand

le groupement de femme en dispose et l’utilise.

En général, la question de recherche relative à l’adoption des technologies agricoles la plus

traitée porte sur ses facteurs d’adoption: soit par un individu, soit par une organisation. Pour

y répondre le plus souvent, comme nous l’avons fait dans le chapitre précédent portant sur

l’adoption des semences de maïs, les auteurs corrèlent la probabilité d’adopter des

technologies agricoles avec des variables sociodémographiques et économiques de l’individu

ou les caractéristiques de l’organisation et de son leader. Or, des innovations technologiques

peuvent être implantées dans des sociétés par le biais de programme de diffusion sans pour

autant être adoptées continuellement (Adéoti et al., 2002; Adégbola et al., 2011). L’adoption

peut se faire alors partiellement. Ceci a amené certains auteurs à souligner qu’au lieu de

chercher à répondre à cette interrogation à travers seulement des statistiques descriptives, il

serait également intéressant de s’investir sur les raisons pour lesquelles les agriculteurs

adoptent partiellement, abandonnent ou n’adoptent pas les technologies agricoles (Doss,

2006).

Au plan qualitatif, d’autres auteurs soulignent qu’en dehors d’une approche quantitative des

déterminants socio-économiques de l’adoption d’une technologie, les raisons invoquées par

les agriculteurs eux même pourraient aider à comprendre la démarche d’adoption. Ces raisons

peuvent revêtir pour la plupart un caractère lié à l’environnement de la société dans laquelle

elle est diffusée (Santana, 2014). De ce fait, son adoption est liée aux conditions sociales dans

lesquelles elle est créée et diffusée. Bukchin et Kerret (2018) vont plus loin en soulignant

Page 73: Adoption et impact des innovations technologiques

56

que des caractéristiques inobservables des adoptants telles les émotions positives, le force de

caractère et l’espoir cognitif peuvent expliquer l’adoption. Dans cette optique, ils proposent

un nouveau cadre théorique basé sur ces trois notions qui relèvent de la psychologie. Les

auteurs définissent les émotions positives comme des réponses situationnelles agréables ou

souhaitables, allant de l'intérêt et du contentement à l'amour et la joie. Ces émotions reflètent

le bien-être ou le bonheur général des individus et renforcent leur succès futur. La force de

caractère constitue une ressource personnelle supplémentaire pouvant influer sur la décision

d’adopter une innovation technologique. L'espoir est défini par le fait d’avoir un objectif, une

pensée et la motivation pour l’atteindre (Bukchin et Kerret, 2018). Dans le même sens Rogers

(1995) souligne que d’autres attributs individuels telles les valeurs sont sources d’adoption.

Au niveau des organisations, la décision d’adopter une technologie au-delà des

caractéristiques de l’organisation, peut être expliquée par les relations entre les membres.

En effet, la décision d’adopter une technologie au lieu d’être collectivement prise, peut-être

le fait d’un groupe d’individus (par exemple le conseil d’administration d’une coopérative),

voire même le fait d’un seul individu doté d’un pouvoir, d’un statut ou d’une expertise

technique (Rogers, 1995). En conséquence, le choix d’adoption n’est pas individuel dans la

mesure où il est dicté par une personnalité ou un groupe ayant autorité. On parle dans le

premier cas, d’une décision « facultative » d’adoption d’innovation et dans le deuxième cas,

d’une décision « autoritaire » d’adoption (Rogers, 1995). En outre, au sein d’une

organisation, sur le plan communicationnel, l’homophilie14 des membres a été souligné

comme élément facilitateur de l’adoption d’une technologie. Ainsi, il serait important de

vérifier l’existence ou non de cette caractéristique chez les groupements et leurs membres et

de voir le cas échéant, si elle influence l’adoption de la table.

S’agissant des modèles d’analyse dans les études qualitatives, plusieurs modèles parmi

lesquels celui de Rogers (1962, 1983, 1995) ont été développés pour éclairer les facteurs qui

sous-tendent l’adoption d’une technologie. Les caractéristiques d’une innovation

technologique et l’environnement au sein duquel est diffusée la technologie impactent

14 Il s’agit de la similitude d’individus dans certains attributs tels que les croyances, l’éducation, le statut social,

entre autres.

Page 74: Adoption et impact des innovations technologiques

57

fortement l’adoption aux dires de Rogers. Ce modèle est assez complet en ce sens qu’il peut

être utilisé aussi bien au niveau individuel qu’organisationnel.

Au regard des constats relevés ci-dessus, les questions suivantes se posent.

Comment sont adoptées les tables de traitement au sein des groupements de femmes ?

Quels sont les facteurs d’adoption et les impacts de l’utilisation des tables chez les

groupements de femmes ?

Ce chapitre a pour objectif d’étudier l’adoption et l’impact de la table de traitement de l’huile

artisanale d’arachide contre les aflatoxines au sein des groupements de transformatrices

d’arachide dans le Bassin arachidier du Sénégal. Il s’agira de vérifier en premier lieu, si les

caractéristiques d’une innovation décrits par Rogers en l’occurrence : l’avantage relatif, la

compatibilité, la complexité, la testabilité et l’observabilité et les rapports entre les membres

au niveau des groupements ont facilité l’adoption partielle ou totale de la table. En dehors du

modèle de Rogers, nous nous inspirerons de Bukchin et Kerret (2018) pour caractériser les

groupements de transformatrices et leurs membres. Le cadre de Bukchin et Kerret (2018)

nous paraît innovant et important dans le sens où ces auteurs ont amené la littérature portant

sur l’adoption à s’intéresser à des caractéristiques certes individuelles, mais pouvant jouer

sur la dynamique et les décisions des collectifs d’individus comme les groupements de

femme trituratrices.

La conduite de notre recherche se justifie par le fait qu’au-delà de l’approche utilisée pour

étudier l’adoption, cette table de traitement de l’huile artisanale contre l’aflatoxine semble

être une solution à un problème de santé publique au Sénégal.

Ce chapitre est organisé comme suit. La deuxième partie propose une revue de littérature sur

les aflatoxines et leurs conséquences. Dans la troisième partie, le cadre d’analyse choisi est

présenté. La quatrième partie développe la méthodologie utilisée pour analyser les

informations. La cinquième partie présente et discute les résultats tandis que la sixième partie

porte sur la conclusion.

Page 75: Adoption et impact des innovations technologiques

58

2.4. Les aflatoxines dans la littérature

Les aflatoxines sont des métabolites secondaires des champignons Aspergillus flavus, un

parasite pouvant contaminer de nombreux aliments notamment le maïs, l'arachide, les noix

et les graines de coton, le sorgho, le riz et les épices comme le paprika (Paynes, 1998;

Njogorge, 2018). On les trouve en pourcentage plus important dans l’arachide et le maïs

(Schwartzbord et Brown, 2015). La contamination des produits par les aflatoxines peut se

faire en période de pré-récolte, de récolte ou post-récolte (Payne et Brown, 1998). Elles

causent des problèmes de santé publique et de commerce et dans ce cadre, en dehors de la

table qui est étudiée dans ce chapitre, certaines initiatives de lutte ont été proposées dans la

littérature.

2.4.1. Les méfaits des aflatoxines sur la santé humaine et animale et son impact sur le

commerce

Les aflatoxines appartiennent à une classe de mycotoxines sans saveur, inodores et invisibles

susceptibles de causer un certain nombre de problèmes de santé graves si elles sont

consommées en grande quantité (Hoffmann et al., 2016; Njogorge, 2018). La contamination

des aflatoxines est un phénomène très présent en Afrique, plus particulièrement dans les pays

producteurs de maïs et d’arachide (Hoffmann et al., 2016 ; Seetha et al., 2018; Njogorge,

2018). Des aflatoxicoses aiguës ont également été rapportées chez l'homme à Taiwan, au

Canada, en Ouganda, en Allemagne, en Inde, et en Haïti (Filbert et Brown, 2012; Mwalwayo

et Thole, 2016).

Les méfaits de la présence d’aflatoxine dans les aliments chez les consommateurs ont été

largement relatés dans la littérature (Turner et al. 2003; Strosnider et al., 2006; Filbert et

Brown, 2012, Gajate-Garrido et al., 2016; Njoroge et al., 2016 Schwartzbord et Brown, 2015

etc.). Il est connu que 4,5 milliards de personnes vivant dans des pays en développement sont

chroniquement exposées à des quantités largement non contrôlées de la toxine. De plus,

l’insuffisance des connaissances publiques sur les problèmes d'aflatoxines au niveau des

acteurs des chaines de production et des consommateurs a été relevée dans la littérature

(Williams et al., 2004; Kumar et Popat, 2010; Matumba et al., 2015).

Ces toxines ont un certain nombre de conséquences néfastes sur la santé pour les humains.

Lorsque les êtres humains consomment des aliments contaminés par des aflatoxines, elles

Page 76: Adoption et impact des innovations technologiques

59

sont métabolisées dans le foie pour former des intermédiaires chimiques hautement réactifs.

Ces intermédiaires étant liés à l'ADN, il en résulte une perturbation de la transcription et une

prolifération anormale des cellules, entraînant des mutations et une carcinogenèse

(Mwalwayo et Thole, 2016). En effet, l’aflatoxine augmente les risques de cancer du foie

particulièrement chez les personnes atteintes des hépatites B et C (Turner et al., 2003).

L’étude de Turner et al. (2003) effectuée sur une cohorte de 472 enfants gambiens âgés de 6

à 9 ans a montré que l’exposition à l'aflatoxine alimentaire a entrainé une modification de

leur fonction immunitaire. Une diminution de leur capacité salivaire en a résulté. Gong et al.

(2003) ont trouvé dans leur étude réalisée au Bénin chez les enfants post-sevrés que les

aflatoxines impactent négativement la croissance des enfants. D’autres auteurs prouvent

qu’elles exacerbent les effets de maladies telles que le VIH / sida et le paludisme et nuisent

au développement physique et cognitif des enfants (Gong et al, 2004 et Gajate-Garrido et al.,

2016).

Les impacts négatifs de cette mycotoxine sont aussi notés en production animale (Iqbal et al,

2014). Elles affectent indirectement la reproduction des animaux en réduisant leur

consommation d’aliment et leur croissance. Chez les porcs, les aflatoxines altèrent la fonction

hépatique et rénale, retardent la coagulation sanguine, augmentent la sensibilité aux

contusions et interfèrent avec le système immunitaire humoral cellulaire (Diekman et Green,

1992). Dans les années 1960, date d’apparition des aflatoxines, 100 000 poules ont connu la

mort en Turquie après avoir ingurgité des arachides fortement contaminées en aflatoxine

(Njogorge, 2018). L’aflatoxine se transmet également dans la viande et les œufs des animaux

qui ingurgitent des aliments le contenant. Il en résulte que les consommateurs de viande et

de lait provenant de bétail ou de volailles avec des niveaux élevés d'aflatoxines ingèrent

également ces toxines (Williams et al., 2004; Diekman et Green, 1992 et Iqbal et al., 2014).

Les aflatoxines ont des effets négatifs sur le commerce des pays exportant les produits

qu’elles peuvent contaminer. Au cours des années 1990 de grands exportateurs de produits à

base d’arachide comme le Malawi, la Tanzanie et la Zambie ont vu leurs exportations baisser

drastiquement (Njogorge, 2018). En 2014, plus de 100 pays dans le monde sont assujettis à

des normes sanitaires en matière de taux d’aflatoxine dans les produits qu’ils échangent

(Njogorge, 2018).

Page 77: Adoption et impact des innovations technologiques

60

Au regard des méfaits de ces toxines sur la santé humaine et animale, mais également sur les

échanges extérieurs, plusieurs recherches ont proposé des solutions de lutte contre

l’aflatoxine.

2.4.2. Les techniques de prévention de la présence des aflatoxines

La méta-analyse de Matumba et al. (2015) a souligné que la technique de tri à la main pouvait

réduire la quantité d’arachide infectée par l’aflatoxine et commercialisée sur le marché local

et international au Malawi. Filbert et Brown (2012) ont préconisé la même solution après

avoir examiné le taux d’aflatoxine contenu dans les échantillons de beurre d'arachide

recueillis dans les épiceries haïtiennes et kenyanes en 2009 et 2010.

Au Ghana, des campagnes de sensibilisation, la distribution gratuite de bâches de séchage et

une entente de prime de 15% sur le prix de l’arachide à faible aflatoxine ont été développées

dans deux programmes publics (Gajate-Garrido et al. 2016). En outre, Turner et al. (2003)

ont montré que les bonnes pratiques post-récoltes comme le séchage et l’entreposage chez

les producteurs d’arachide guinéens, combinées à une sensibilisation des agriculteurs sur

l’aflatoxine, pouvaient réduire le taux d’aflatoxine.

Diekman et Green (1992) quant à eux ont préconisé d’utiliser les kits de diagnostic de

mycotoxines dans la nourriture pour bétail, pour protéger les animaux. Enfin, au Malawi et

en Zambie, des techniques de contrôle biologique des plantes d’arachide, la sensibilisation

des producteurs sur les opérations post-récolte ont été trouvées comme solution (Njogorge,

2018).

Même si l’adoption des techniques de lutte contre les aflatoxines est très recommandée dans

la littérature, certains auteurs ont tiré la sonnette d’alarme sur l’efficacité de certaines

techniques (Matumba et al., 2018). Ces auteurs ont montré par exemple que la technique de

séchage de l'arachide du « coq de Mandela15» entraînait une augmentation significative des

concentrations d'aflatoxine dans les graines d'arachide par rapport au séchage traditionnel.

15 Il s’agit d’une pile ventilée de plantes d'arachide avec une cheminée au centre (Matumba et al., 2018).

Page 78: Adoption et impact des innovations technologiques

61

Dans la partie ci-après, nous répertorions quelques modèles d’analyse de l’adoption des

innovations technologiques, présentons et justifions celui choisi pour analyser l’adoption de

la table de traitement de l’huile contre l’aflatoxine.

2.5. Modèles d’analyse de l’adoption des innovations et choix du cadre

d’analyse

Dans la littérature qualitative portant sur l’adoption des technologies, de nombreux modèles

ont été développés pour expliquer les facteurs qui sous-tendent l’adoption. Bien que ces

théories et modèles aient été initialement développés pour expliquer l’adoption d’innovation

dans le domaine des technologies de l’information, ils ont été appliqués dans plusieurs autres

domaines, (santé, E-commerce, agriculture, finance, microfinance entre autres). Les plus

connues sont la théorie de la diffusion des innovations (Rogers, 1962 ; Rogers, 1983; Rogers,

1995); la théorie de l’action raisonnée (Fishbein et Ajzen, 1975), le modèle d’acceptation de

la technologie (Davis, 1989) et la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991).

Si Rogers a identifié cinq caractéristiques permettant de faciliter l’adoption d’une

technologie, Fishbein et Ajzen (1975), Ajzen et Madden (1986) et Ajzen (1991) et Davis

(1989) se sont intéressés aux attitudes et comportements (action raisonnée, comportement

planifié, acceptation) tout en tenant compte des pressions de l’entourage et des valeurs et

représentations d’un groupe. Plus récemment Bukchin et Kerret (2018) ont introduit des

éléments plus psychologiques et absents dans les théories précitées comme les émotions, la

force de caractère et l’espoir.

Dans le développement suivant, nous faisons un bref rappel des modèles d’adoption de

l’innovation que nous avons inventoriés, les synthétisons dans un tableau et présentons le

cadre choisi pour répondre à notre objectif de recherche en l’occurrence le modèle de Rogers

(1962, 1983, 1995).

2.5.1. La théorie de l’action raisonnée

La théorie de l’action raisonnée a pour concepteurs Fishbein et Ajzen (1975). Elle a été

développée pour expliquer tout comportement humain et pourrait être adéquate dans les

études de cas portant sur les déterminants de l’adoption d’une technologie. Dans cette

théorie, l’adoption d’une innovation technologique est expliquée par ce que les auteurs

Page 79: Adoption et impact des innovations technologiques

62

appellent les relations entre les croyances, les attitudes, les normes, les intentions et les

comportements des individus. Dans ce modèle, le comportement de l’individu est déterminé

par son intention d’adopter le comportement. Cette intention est elle-même influencée par

l'attitude de l’individu et la norme subjective relative au comportement en question

(Davis, Bagozi et Warshaw, 1989 ; Montano et Kasprzyk, 2015).

Par attitude, les auteurs entendent l’évaluation du comportement par l’agent économique

dans un sens positif ou négatif. Elle est donc dictée par la perception positive ou négative

et l’évaluation des conséquences du comportement par l’individu. Ainsi, un individu

ayant une croyance favorable envers un comportement va manifester une attitude positive

envers ce comportement. Inversement, lorsqu’il a une vision négative d’un comportement, il

aura une attitude négative. L’attitude est donc déterminée par la vision qu’un individu a sur

les résultats d’un comportement pondéré par l’évaluation de ces résultats.

Par norme subjective, il faut comprendre la perception que peut avoir un individu du fait

que la majorité des personnes qui l’entourent pensent qu’il devrait ou non manifester le

comportement (Fishbein et Ajzen, 1975). La norme subjective a donc comme source

l’environnement (famille, amis, collègues, voisins, etc.) de l’individu. Elle fait référence à la

pression sociale ressentie par ce dernier et provenant de son entourage avant de manifester

ou non un comportement. Elle dépend en outre, de la motivation de l’individu à se conformer

aux attentes de son entourage (Fishbein et Ajzen, 1975).

Les croyances représentent selon les auteurs l’évaluation subjective par l’individu des

conséquences (positives ou négatives) de la manifestation d’un comportement. Fishbein

et Ajzen (1975) ont souligné également dans leur théorie que certaines variables externes

comme les caractéristiques des usagers, les caractéristiques de la technologie, la structure

organisationnelle, l’influence politique entre autres influencent indirectement le

comportement des adoptants.

Sheppard, Hartwick, et Warshaw (1988) ont évalué empiriquement dans leur méta-analyse

réalisée à partir de 25 articles la théorie de l’action raisonnée. Leurs résultats montrent que

l’application de ce modèle permet de bien prédire les choix que font les individus face à

plusieurs alternatives. La théorie de l’action raisonnée n’est pas beaucoup utilisée dans les

recherches en agriculture, bien qu’elle apparaisse dans les revues de littérature desdites

Page 80: Adoption et impact des innovations technologiques

63

recherches, elle est souvent préférée à une autre : celle du comportement planifié

(Hakizimana, Gagné et Courchesne-O’Neill, 2012 ; Guinot Charbit, 2014; Wolley, 2015).

La théorie de l’action raisonnée a cependant fait l’objet d’améliorations par Ajzen et Madden

(1986), Ajzen (1991) et Davis (1989) qui ont développé par la suite respectivement la théorie

du comportement planifié et le modèle d’acceptation de la technologie.

En termes de limites, les auteurs de ces théories partent du constat selon lequel la théorie de

l’action raisonnée ne prend pas en compte le fait que les attitudes des individus sont parfois

partiellement volontaires ou dépendent du contrôle que les individus pensent avoir sur leurs

actions (impulsion, automatisme).

Pour des auteurs comme Bish et Michie (2010) et Martel (2015) une autre insuffisance

importante de la théorie de l’action raisonnée est qu’elle n’explique pas les comportements

engendrés par l’affect, soit « tout état affectif, sentiment ou émotion » (Martel, 2015).

2.5.2. La théorie du comportement planifié

La théorie du comportement planifié a été développée par Ajzen et Madden (1986) et Ajzen

(1991). D’après Ajzen (1991), elle est un prolongement de la théorie de l’action raisonnée

de Fishbein et Ajzen (1975) puisqu’elle part de ses limites citées ci-dessus, tout en

s’appuyant sur ses acquis.

Pour tenir compte des limites de la théorie de l’action raisonnée, Ajzen et Madden (1986)

ont introduit un nouvel aspect aux variables de la théorie de l’action raisonnée à savoir la

perception du contrôle sur le comportement qui précède les intentions comportementales.

Selon Ajzen (1991), la perception du contrôle sur le comportement dépend de la

disponibilité de certaines ressources comme le temps, l’argent, la connaissance, la synergie

dans une organisation entre autres.

Dans cette théorie, l’attitude, les normes subjectives et la perception du contrôle représentent

donc les principales variables qui influencent et prédisent les intentions d’adopter un

comportement (Ajzen, 1991). Les intentions représentent selon les auteurs ce que l’individu

compte faire. Elles reflètent les facteurs motivationnels qui influent un comportement.

L’attitude et les normes subjectives ont toujours les mêmes connotations. La troisième

Page 81: Adoption et impact des innovations technologiques

64

variable, le contrôle perçu selon Ajzen (1991), se rapporte à la facilité ou à la difficulté perçue

de l'adoption du comportement par l’individu.

La théorie du comportement planifié est utilisée dans le domaine de l’agro-alimentaire pour

identifier souvent les variables qui prédisent les comportements des consommateurs et

l’intention d’achat de produits, les produits biologiques pouvant être cités comme exemple

(Irianto, 2005 ; Tarkiainen et Sundqvist, 2005 ; Ozcaglar-Toulouse, Shaw et Shiu, 2006 ;

Pernin et Petitprêtre, 2013). Dans la plupart de ces études, l’attitude et le contrôle perçu

influencent l’intention d’adoption des produits biologiques. Lodorfos et Denis (2008) ont

souligné que cette théorie, permettait bien de prédire le comportement d’achat des produits

biologiques. Ils trouvent que l’attitude, les normes subjectives et la perception du contrôle

sur le comportement ont des influences positives sur l’adoption des produits biologiques.

La théorie selon certains auteurs revêt un double avantage ; elle autorise l’ajout de variables

prédictives d’abord ; ensuite les croyances et motivations des individus sur lesquelles elle se

base peuvent être des leviers sur lesquels les gestionnaires peuvent agir (Aertsens et al. 2009;

Pernin et Petitprêtre, 2013).

Armitage et Cornner (2001) ont effectué une méta-analyse à partir d’une base de données de

185 études indépendantes publiées jusqu’à la fin des années 1977 et ayant utilisé la théorie

du comportement planifié dans différents domaines. Leurs résultats ont montré que la théorie

du comportement planifié prédit de manière indépendante les intentions et le comportement

dans un grand nombre de domaines, mais que son pouvoir n’est pas si élevé que cela

(Armitage et Cornner, 2001). Les auteurs ont également souligné le fait que la norme

subjective soit opérationnalisée en tant que perception globale de la pression sociale, par les

auteurs de la théorie, pose un problème car la pression sociale est rarement aussi directe et

explicite.

En dehors de la théorie du comportement planifié, un autre modèle ayant été développé pour

expliquer l’adoption d’une innovation est le modèle d’acceptation de la technologie.

2.5.3. Le modèle d’acceptation de la technologie

Le modèle d’acceptation de la technologie a été développé par Davis (1989) et est

fortement lié à la théorie de l’action raisonnée de Fishbein et Ajzen (1975). Il s’applique

Page 82: Adoption et impact des innovations technologiques

65

spécifiquement au comportement d’adoption des technologies et a été initialement élaboré

pour expliquer l’acceptation des systèmes d’information par leurs utilisateurs et les

déterminants de leur utilisation (Davis, Bagozi et Warshaw, 1989). Comparativement à la

théorie de l’action raisonnée et la théorie du comportement planifié le modèle d’acceptation

de la technologie n’inclut pas les normes subjectives comme variables susceptibles

d’expliquer l’intention comportementale. En conséquence, ce modèle n’intègre que la

variable attitude dans la formation de l’intention.

Davis (1989) par ailleurs se focalise sur deux concepts pour expliquer les déterminants

fondamentaux de l'utilisation du système informatique. Il s’agit en l’occurrence de l'utilité

perçue et la facilité d'utilisation perçue. Selon l’auteur, l’utilité perçue est définie comme

l'évaluation de la probabilité subjective de l'utilisateur que la technologie augmente sa

performance dans la réalisation de ses tâches. La facilité perçue est quant à elle définie, par

le degré auquel l'utilisateur s’attend à ce que l’innovation soit facile à utiliser. La facilité

perçue est expliquée par des facteurs comme l’anxiété face à la technologie, l’auto-efficacité,

la perception du contrôle et la motivation intérieure (Davis, 1989). Le concept d’auto-

efficacité ou d’efficacité personnelle désigne les croyances d'un individu quant à sa capacité

de réaliser une tâche, un apprentissage, un défi ou un changement avec succès (Davis, 1989).

Le modèle d’acceptation de la technologie a été utilisé dans la recherche agricole par des

auteurs comme Aubert, Schroeder et Grimaudo (2012) ou encore Alambaigi et Ahangari

(2015). Cette théorie permettrait d’expliquer 64% du comportement réel des experts en

agricultures dans l'utilisation des technologies de l'information et de la communication aux

dires de Alambaigi et Ahangari (2015). Aubert, Schroeder et Grimaudo (2012), quant à eux

ont trouvé dans leur recherche que l’utilité perçue et la facilité d’utilisation perçue,

influençaient positivement l’adoption des techniques d’agriculture de précision. Leurs

résultats ont trouvé en outre pour ces deux variables respectivement des variances de 64% et

46 % face au comportement d’adoption.

Comme ceux précités, ce modèle a fait l’objet d’évaluation dans la littérature. Certains

auteurs lui ont attribué un pouvoir prédictif élevé comparativement à la théorie précédente.

Gefen et Straub (2000) cités par Florez (2018) la qualifient de « spéculative ». En effet, selon

Page 83: Adoption et impact des innovations technologiques

66

les auteurs, si l’utilité perçue a un effet significatif sur l’adoption d’une technologie l’effet

de la facilité d’usage perçue peut varier en fonction du type de tâche effectuée. Ceci a poussé

Chen et Tan (2004) à préconiser que les conclusions des études ayant utilisé le modèle

d’acceptation de la technologie soient généralisées avec précaution.

Cependant, sa limite principale selon nous réside dans la non-considération des normes

subjectives dans le sens où il est souvent montré dans la littérature que l’entourage,

l’environnement et la pression sociale peuvent impacter les comportements des individus.

Dans le tableau ci-après, nous résumons les modèles présentés ci-dessus ainsi que leurs

limites.

Page 84: Adoption et impact des innovations technologiques

67

Tableau 2. 1. Synthèses de modèles d’analyse de l’adoption des innovations technologiques et limites

Modèles/théories

d’adoption d’une

innovation technologique

Auteur(s) Variables explicatives du modèle Limite(s) du modèle Exemples d’application(s) dans

le domaine de l’agriculture

La théorie de l’action

raisonnée

Fishbein et

Ajzen (1975)

- Intention

- Attitudes ; comportement

- Croyances

- Normes subjectives

Elle ne prend pas en compte

le caractère partiellement

volontaire de l’attitude des

individus et la dépendance des

attitudes au contrôle que les

individus pensent avoir sur

leurs actions.

Elle ne prend pas en compte

l’affect, et le phénomène

d’obligation morale dans la

manifestation d’un

comportement.

(Hakizimana, Gagné et

Courchesne-O’Neill, 2012 ;

Guinot Charbit, 2014 ; Wolley,

2015 etc.)

La théorie du

comportement planifié

Ajzen (1991) - Attitudes comportement

- Croyances

- Normes subjectives

- Contrôle perçu

Son pouvoir prédictif n’est

pas si élevé que cela

La norme subjective n’est pas

aussi directe et explicite

comme le prétendent les

auteurs de la théorie.

(Tarkiainen et Sundqvist, 2005

; Ozcaglar-Toulouse Shaw et

Shiu., 2006 ; Lodorfos et Denis,

2008 ; Aertsens et al. 2009 ;

Pernin et Petitprêtre, 2013.).

Le modèle

d’acceptation de la

technologie

Davis (1989) - Attitudes

- Utilité perçue

- Facilité d’utilisation perçue

Il ne tient pas compte des

normes subjectives, et donc

de la pression et de

l’influence de l’entourage

pouvant jouer sur la décision

d’adoption d’un individu.

Modèle à caractère spéculatif

Résultats à interpréter avec

réserve selon Chen et Tan

(2004).

(Aubert, Schroeder et

Grimaudo, 2012 ; Alambaigi et

Ahangari,2015 ; Flores, 2018

etc.)

Source : Construction de l’auteure.

Page 85: Adoption et impact des innovations technologiques

68

Bien que les modèles précités soient en partie tous pertinents pour expliquer l’adoption de la

technologie, à savoir la table de traitement que nous étudions dans ce chapitre, nous

choisissons comme cadre d’analyse de la table de traitement de l’aflatoxine la théorie de la

diffusion de l’innovation de Rogers (1962,1983, 1995). Après avoir présenté la théorie ci-

après, nous soulignons les raisons de son choix.

2.5.4. La théorie de diffusion de l’innovation de Rogers (1962,1983, 1995)

Dans son ouvrage de 1962 retravaillé en 1983 et 1995, Rogers a développé la théorie de la

diffusion de l’innovation pour expliquer l’adoption de la disposition « Dvorak » pour les

claviers de machine à écrire. L’innovation est vue au sens de Rogers comme « une pratique

ou un objet qui est perçu comme nouveau par un individu ou une autre unité d’adoption »

Rogers (1995). Dans sa théorie, il explique comment une innovation technologique évolue

du stade d’invention à celui d’utilisation élargie. Son modèle permet d’expliquer l’adoption

des innovations au niveau des individus mais aussi des organisations. L’adoption d’un

individu ou d’une organisation y est expliquée à travers les caractéristiques de l’innovation

elle-même, les canaux de communication et les relations inter-membres au sein des

organisations.

Pour ce qui concerne les caractéristiques de l’innovation, Rogers (1995) souligne que

l’adoption d’une nouvelle innovation est expliquée par cinq déterminants. Il s’agit en

l’occurrence de l’avantage relatif, la compatibilité, la complexité, la testabilité et

l’observabilité. Par avantage relatif, il faut comprendre le degré auquel une innovation est

perçue comme étant meilleure que celles qui existent déjà. Même si cette innovation ne

possède que peu d’avantages sur les autres, l’important est que l’individu ou l’entité qui

l’utilise la perçoive comme étant avantageuse. La compatibilité quant à elle fait référence à

la mesure du degré auquel cette innovation est perçue comme étant consistante avec les

valeurs existantes, les expériences passées, les pratiques de la société et les valeurs qui

prévalent dans la société où vit l’individu ou bien où est localisée l’organisation. Cet attribut

de la technologie laisse apparaitre un peu les normes subjectives citées plus haut. Ainsi,

l’environnement, la société et les croyances des individus peuvent impacter de manière

importante l’adoption d’une technologie. Pour ce qui est de la complexité, Rogers la voit

comme la mesure du degré de perception de la difficulté en matière de compréhension et

Page 86: Adoption et impact des innovations technologiques

69

d’utilisation. La complexité laisse entrevoir également la question de facilité perçue

soulignée par Davis. En effet, plus l’innovation est facile à comprendre et à utiliser, plus elle

est rapidement adoptée. La notion de testabilité fait référence à la possibilité de tester

l’innovation ou de la modifier avant de l’utiliser. Enfin, l’observabilité fait état de la clarté

des résultats et bénéfices de l’adoption de l’innovation. Ainsi, l’individu ou l’entité a plus de

facilité à adopter une technologie s’il ou elle constate clairement le probable bénéfice à tirer

de cette innovation. Rogers (1995) souligne que la probabilité d’utilisation diminue lorsque

ces caractéristiques sont inversées.

En ce qui concerne les canaux de communication, Rogers fait référence à la manière dont

l’information sur l’innovation est communiquée aux individus et au sein des organisations et

les outils utilisés à cet effet. Le canal de communication est ainsi également relatif aux

moyens par lesquels les informations sur l’innovation technologique passent d’un individu à

un autre. Comme exemple de moyens, Rogers cite les médias et souligne qu’« ils sont souvent

les canaux les plus rapides et les plus efficaces pour informer un public potentiel d’adoptants»

(Rogers, 1995). Ainsi, plus le canal de communication de l’innovation est accessible et

adapté aux réalités des individus ou organisations, plus ils auront tendance à l’adopter

rapidement.

Pour ce qui a trait aux relations inter-membres au niveau des organisations, Rogers montre

qu’elles peuvent expliquer l’adoption de la technologie, laquelle adoption suit un processus

en deux phases. A propos des relations entre les membres, le comportement autoritaire du

leader ou d’un groupe de leaders et l’homophilie, peuvent être des facteurs susceptibles

d’influencer positivement l’adoption d’une innovation selon Rogers (1995).

En effet, l’existence d’un leader ou d’un groupe de leaders au sein d’une même organisation,

pourrait entrainer l’adoption non unanime des membres de l’organisation. On parle de

décision « facultative » d’adoption d’innovation lorsqu’il y a un seul leader et d’une décision

« autoritaire » d’adoption quand il y a un groupe de leaders (Rogers, 1995). Cela pourrait

entrainer une adoption non collective au sein de l’organisation (Rogers, 1995).

Toutefois, même si cette décision peut s’avérer non collective, Rogers a mis l’accent sur le

fait qu’une décision facultative d’adoption est une caractéristique des leaders d’organisation

Page 87: Adoption et impact des innovations technologiques

70

pouvant influencer positivement l’adoption des technologies. En effet, elles poussent les

leaders à entrainer leurs collègues dans la décision d’adopter la technologie.

Également, la similitude d’individus dans certains attributs tels que les croyances,

l’éducation, le statut social, entre autres, peut faciliter la communication et le transfert des

informations sur l’innovation entre eux. En ce sens, ce phénomène qu’on appelle homophilie

pourrait jouer positivement sur l’adoption au sein d’une organisation. Rogers justifie cet

argumentaire par le fait que dans une situation de libre choix, lorsqu'un individu peut interagir

avec plusieurs autres individus, il aura une forte tendance à choisir celui qui lui ressemble le

plus. Cependant, bien que pouvant faciliter la communication sur une technologie dans une

organisation et favoriser l’adoption au niveau de la même organisation, force est de constater

que l’homophilie peut être une barrière à l’adoption pour les personnes externes à

l’organisation. En effet, les individus vont préférer partager l’information sur la technologie

avec leurs semblables et non avec les autres.

En ce qui concerne les phases de l’adoption, Rogers souligne qu’au début, les organisations

s’initient à l’innovation. À ce stade, l’organisation manifeste le besoin d’avoir la technologie,

cherche des informations sur celle-ci et évalue l’adéquation de cette dernière à son problème.

La deuxième étape porte sur l’implantation de la technologie dans l’organisation. À ce stade,

l’innovation est soit redéfinie ou restructurée, soit utilisée entièrement, soit utilisée

partiellement. On parle respectivement des périodes de redéfinition, clarification et routine

(Rogers, 1995).

Le modèle de Rogers a été appliqué en agriculture, cependant, les dimensions du modèle les

plus utilisées sont celles relatives aux caractéristiques de la technologie (Aubert, Schroeder

et Grimaudo, 2012). L’étude de Frorez (2018) a révélé par exemple que l’adoption du

numérique dans les fermes françaises, était fortement encouragée par l’avantage relatif et

l’observabilité des résultats. Elle est moyennement influencée par la faible complexité et

faiblement influée par la testabilité et la complexité.

De leurs côtés Aubert, Schroeder et Grimaudo (2012) ont trouvé que l’avantage relatif, la

compatibilité, la facilité d’utilisation (faible complexité) et l’observabilité des résultats

influencent l’adoption des techniques d’agriculture de précision au Canada. Ils montrent

également que moins les agriculteurs ont l’opportunité de tester ces techniques avant de les

utiliser, moins ils auront tendance à l’adopter.

Page 88: Adoption et impact des innovations technologiques

71

De nombreux chercheurs se sont intéressés à la robustesse du modèle de Rogers. Plusieurs

études ont conclu qu’il y avait une forte probabilité d’utilisation d’une innovation si celle-ci

regroupe les caractéristiques citées ci-dessus.

Dans une méta-analyse relative à la théorie de la diffusion de l’innovation réalisée avec les

résultats de 75 recherches, Tornatzky et Klein (1982) ont montré que trois caractéristiques :

avantage relatif, compatibilité et complexité avaient une forte influence sur l’adoption d’une

technologie au niveau de ces études. La compatibilité et l’avantages relatif, influencent

positivement l’adoption tandis que la complexité l’influence négativement. Le fait que les

auteurs n’aient pas trouvé des résultats significatifs à propos des variables observabilité et

testabilité ne signifie pas que ces variables ne sont pas importantes. Ces derniers ont en effet

eu des difficultés à réunir les statistiques des études qui ont souligné ces variables. Sur ce

point, Tornatzky et Klein (1982) soulignent que 5 des 8 études ayant mentionné la testabilité

dans l’échantillon de leur méta-analyse (sur 75 au total), ont donné des résultats statistiques.

Et ces résultats ne pouvaient pas être facilement résumés.

D’autres auteurs comme Moore et Benbasat (1991, 1995) ont trouvé les mêmes déterminants

que Rogers dans le cadre de leur recherche relative aux technologies de l’information. Par

ailleurs, ils ont ajouté une variable à la théorie à savoir l’image. D’après ces derniers, l’image

est la manière dont l’utilisation de la technologie améliore le statut social de l’usager. En

outre, l’observabilité a été interprétée par la visibilité de l’innovation et la possibilité d’en

montrer les résultats.

Olivier de Sardan (1995) de son côté a enrichi le modèle de Rogers en détaillant mieux la

notion de compatibilité. S’il est d’avis avec Rogers que la culture locale jour un rôle

important dans l’adoption, il souligne cependant que la compatibilité d’une technologie serait

de deux ordres. Il y a ce qu’il appelle la « compatibilité de signification » en l’occurrence la

compatibilité entre la perception symbolique d’une innovation par les acteurs locaux et le

système de valeurs de ces acteurs. Ensuite, il y a la « compatibilité fonctionnelle », qu’il

définit par la compatibilité entre les effets de l’innovation et le système social.

Dans cette présente recherche, notre choix s’est porté sur le modèle de Rogers que nous

améliorons avec les variables de Bukchin et Kerret (2018), (Cf. schéma suivant) et ce, pour

plusieurs raisons. La première est que le modèle de Rogers cadre bien avec nos unités

Page 89: Adoption et impact des innovations technologiques

72

d’analyse que sont des groupements de transformatrices d’huile artisanale d’arachide. En

deuxième lieu, étant donné que la table de traitement de l’huile artisanale d’arachide est une

technologie tout à fait nouvelle qui n’existe qu’au Sénégal, il s’avère important de vérifier

ses caractéristiques, dimension bien présente dans le modèle de Rogers. Troisièmement, nous

souhaitions dans cette partie de la recherche adopter une approche qui soit sensible aux

raisons données par les femmes des groupements quant à l’adoption de la table de traitement.

Notre hypothèse est que la technologie s’est bien diffusée, mais que l’usage fait des tables

peut varier considérablement d’un groupement à l’autre. Les études portant sur l’adoption

utilisant les modèles de l’action raisonnée, du comportement planifié ou de l’acceptation de

la technologie testent diverses variables et tentent d’établir des corrélations entre ces

variables. Elles permettent moins facilement de saisir les dynamiques collectives au sein des

regroupements, dynamiques qu’il nous semblait important de saisir. Là encore le modèle de

Rogers nous a semblé plus adapté.

Toutefois, comme indiqué dans le Tableau 2.1 il convient de signaler, que lorsqu’on analyse

bien les idées qui sont derrières les variables définies dans ces modèles, nous les retrouvons

presque toutes dans les caractéristiques de la technologie soulevées par Rogers (1995). En

effet, les questions d’attitude, d’utilité perçue, de facilité perçue ou encore de normes

subjectives rentrent bien dans la définition des caractéristiques de la technologie comme

l’avantage relatif, la compatibilité, la testabilité ou encore l’observabilité. Si les variables

attitude et utilité perçue se reflètent dans les caractéristiques avantage relatif et observabilité,

les normes subjectives elles, transparaissent dans la caractéristique compatibilité et les

questions sur la facilité d’utilisation perçue sont présentes dans la définition de la complexité

et de la testabilité. En effet, un individu qui perçoit une bonne utilité d’une innovation et en

constate un avantage relatif aura probablement tendance à avoir une attitude positive envers

cette innovation et vice versa. Également, lorsqu’une innovation est introduite dans une

localité, l’individu ou un groupe d’individu la jugeront compatible si l’entourage ou la société

dans laquelle ils se trouvent n’en constituent pas des freins. La compatibilité est donc proche

des normes subjectives. En outre, la qualification de complexité ou non d’une innovation

pourrait relativement dépendre de la perception de facilité ou difficulté que l’individu aura

lors de son usage.

Page 90: Adoption et impact des innovations technologiques

73

Enfin, nous avons choisi d’enrichir notre cadre avec les variables de Bukchin et Kerret (2018)

à savoir les émotions positives, la force de caractère et l’espoir. Bien que cet article soit paru

après nos enquêtes de terrain, nous avions inclus dans notre grille d’entretien diverses

questions relatives à la façon dont les femmes membres des groupements exprimaient leurs

attentes et leurs perspectives d’avenir (voir chapitre suivant). Même si les attributs proposés

par Bukchin et Kerret (2018) semblent être des attributs d’ordre individuels, ils se sont avérés

très pertinents pour analyser nos entretiens et révéler certaines dynamiques propres à chaque

groupement.

Dans le Tableau 2.2 suivant, nous faisons une petite synthèse de la théorie de la diffusion

de l’innovation et le cadre de Bukchin et Kerret (2018) ainsi que leurs avantages et limites.

Page 91: Adoption et impact des innovations technologiques

74

Tableau 2. 2. Résumé de la théorie de la diffusion de l’innovation et le modèle de Bukchin et Kerret (2018)

Variables explicatives du modèle Avantages Limites Application en

agriculture La théorie de la

diffusion de

l’innovation

(Rogers 1962 ;

1983 ; 1995)

-Caractéristiques de l’innovation :

avantage relatif, compatibilité,

complexité, testabilité, observabilité

-Canaux de communication

-Relations -inter-membres :

caractéristiques des leaders

d’organisations :

polymorphisme/monomorphisme,

décision facultative d’adoption,

décision autoritaire d’adoption

-Caractéristiques des individus

-Modèle assez souple car peut être

utilisé pour étudier l’adoption au

niveau des individus comme des

organisations

-Modèle dont les variables

englobent en partie les variables des

autres théories étudiant l’adoption

(action raisonnée, comportement

planifié, acceptation de la

technologie)

-Modèle dont une composante

majeure concerne spécifiquement

l’innovation technologique elle-

même

-Modèle d’analyse de l’adoption

jugé assez pertinent dans la

littérature (Tornatzky et Klein, 1982

; Moore et Benbasat,1991 ; Aubert,

Schroeder et Grimaudo, 2012)

La probabilité

d’adoption de

l’innovation

diminue lorsque

ses

caractéristiques

sont inversées

dans les études

(Rogers, 1995)

(Aubert, Schroeder et

Grimaudo, 2012 ; Frorez,

2018 ; etc)

Le Modèle de

Bukchin et

Kerret

Bukchin et

Kerret (2018)

-Émotions positives

-Espoir

-Force de caractère

-Nouveau modèle intègrant des

aspects absents dans les autres

modèles d’analyse de l’adoption.

Caractère

individuel des

variables de la

théorie à notre

sens.

Un cadre

théorique assez

récent donc

absence de

résultats d’études

empirique ayant

utilisé ce modèle

dans la littérature.

Bukchin et Kerret (2018)

Au meilleur de notre

connaissance, il n’y a pas

d’étude ayant utilisé ce

cadre d’analyse à part les

auteurs eux-mêmes dans

leur article théorique.

Source : Construction de l’auteure.

Page 92: Adoption et impact des innovations technologiques

75

Pour finir, l’étude ayant trait à des groupements composés de femmes, en dehors des

caractéristiques de la technologie et celles des groupements et de leurs membres mises en

exergue dans le modèle de Rogers, nous tiendrons compte des caractéristiques

sociodémographiques et économiques. Ces caractéristiques peuvent porter sur le niveau

d’éducation, l’alphabétisation, la situation matrimoniale, l’accès aux ressources de

production entre autres. En plus d’une susceptibilité d’expliquer l’adoption, elles nous

permettront de dresser un bon portrait des groupements et leurs membres mais également de

vérifier l’existence d’homophilie ou d’hétérophilie (Voir Figure 2.1).

Page 93: Adoption et impact des innovations technologiques

76

Figure 2. 1. Cadre d’analyse de l’adoption de la table de traitement de l’aflatoxine

Source : Construction des auteurs à partir de Rogers (1962, 1983, 1995) et Bukchin et Kerret (2018).

Adoption totale, partielle ou abandon

Caractéristiques de la technologie Relations inter-membres: les

groupements, leurs membres et leurs

caractéristiques

Les groupements :

- Caractéristique

s

socioéconomiq

ues

- Décision

d’adoption facul

tative/autoritair

- Émotions

positives,

- Espoir

- Force de

caractère

Bukching et Kerret

Membres des

groupements :

Caractéristiques

socio-

démographiques

- Homop

hile

Canaux de

Avantages relatif

Compatibilité

Complexité

TestabilitéObservabil

ité

Page 94: Adoption et impact des innovations technologiques

77

2.6. Matériel et méthode

2.6.1. Usage d’une approche qualitative

Pour étudier l’adoption de la table de traitement de l’huile artisanale d’arachide contre les

aflatoxines, nous utilisons une approche qualitative. Des auteurs comme Muchielli (2004)

ont souligné l’importance de l’usage des méthodes qualitatives lorsqu’on étudie les

phénomènes en sciences sociales. À ce propos il affirme que l’approche qualitative est tout

à fait pertinente en ce sens qu’elle satisfait les différentes exigences scientifiques en sciences

humaines, permet de construire des « contextes scientifiques » et offre les processus

d’interprétation nécessaires pour comprendre les phénomènes sociaux à l’intérieur des

contextes construits. Elle permet également de donner une signification à ces phénomènes.

D’autre auteurs soulignent que la visée de l’analyse qualitative est de donner sens, de

comprendre des phénomènes sociaux et humains complexes (Makamurera, Lacourse et

couturier, 2006 ; Anadon et Savoie-Zajc, 2009). L’analyse qualitative permet de répondre le

plus fidèlement possible à la question de recherche du chercheur (Paillé, 1994) en mobilisant

des techniques éprouvées (Makamurera, Lacourse et Couturier, 2006).

Dans ce chapitre, nous utilisons l’approche qualitative pour plusieurs raisons.

D’abord, aucune étude qualitative n’a encore porté sur l’adoption des tables de traitement de

l’huile artisanale d’arachide contre les aflatoxines au Sénégal. Or, nos questions de recherche

nécessitent la prise en compte des points de vue donnés de façon ouverte par les femmes

transformatrices et non la vérification d’informations pour lesquelles des réponses

dichotomiques sont déjà préétablies. À ce propos L’Écuyer (1990) soutient que l’une des

forces de l’analyse qualitative réside dans sa capacité à faire ressortir le propos des

interviewés et non celui du chercheur.

Ainsi, l’usage d’une approche qualitative pour étudier le phénomène d’adoption de la table

de traitement de l’huile artisanale d’arachide contre les aflatoxines nous permet de considérer

cette dimension. Une autre raison qui justifie l’usage de cette approche est que le nombre de

ces groupements est restreint.

Page 95: Adoption et impact des innovations technologiques

78

Par ailleurs, si on se base sur le cadre d’analyse choisi dans cette étude, le phénomène de

l’adoption des tables de traitement de l’huile artisanale d’arachide est étudié en fonction des

caractéristiques de la technologie (avantage relatif, compatibilité, complexité, testabilité et

observabilité), lesquelles caractéristiques dépendent de la perception qu’en ont les femmes.

Enfin, étant donné que nous cherchons à déterminer le plus fidèlement possible la

signification exacte des propos des femmes transformatrices d’arachide en huile en matière

d’adoption, une approche d’analyse qualitative s’est avérée être la plus adaptée (L’Écuyer,

1990).

L’étude de l’adoption de la table a nécessité la collecte d’informations dans plusieurs régions

du Sénégal situées dans une zone dans laquelle la production arachidière prédomine. Il s’agit

en l’occurrence, de la zone agroécologique qu’on appelle le Bassin Arachidier du Sénégal.

2.6.2. La collecte des informations et la zone d’étude

Pour étudier l’adoption des tables de traitement de l’aflatoxine, nous avons procédé à une

collecte d’informations dans plusieurs villages de cinq régions du Bassin Arachidier du

Sénégal auprès des groupements de femmes transformatrices d’arachide en huile et des

structures chargées de l’opérationnalisation des projets de diffusion de la table à savoir :

l’Institut de Technologie Alimentaire du Sénégal (ITA) et l’Agence Nationale de Conseil

Agricole et Rural (ANCAR). La collecte des informations a été menée entre novembre 2017

et févier 2018. L’échantillonnage des unités d’analyse a été fait en suivant plusieurs

procédures.

Les cinq régions du Bassin Arachidier du Sénégal sont en l’occurrence Fatick, Thiès,

Diourbel, Kaffrine et Kaolack (Voir carte). Le choix de ces zones résulte du fait que la table

a été utilisée dans ces régions du Sénégal. Du fait que les groupements interviewés ont des

caractéristiques différentes (en termes de culture, de langue, etc.) en fonction des régions,

nous avons choisi de ne pas nous limiter à une zone spécifique puisque cela n’aurait pas

permis de rendre compte par exemple de cette diversité et des différences concernant

l’utilisation de la table par les groupements de transformatrices d’arachide en huile.

Page 96: Adoption et impact des innovations technologiques

79

S’agissant du Bassin arachidier, il faut savoir qu’il constitue l’une des zones d’agriculture

pluviale du Sénégal ayant une forte population rurale et dont les revenus agricoles

représentent 77% des revenus des ménages (Faye et al. 2019). Une récente étude empirique

de Faye et al. (2019) y a montré un taux de pauvreté élevé et de fortes inégalités en termes

de revenus et de facteurs de production entre les régions mais également entre les hommes

et femmes. En effet, 90% des ménages sont en dessous du seuil de pauvreté et, ont donc,

moins de deux dollars par équivalent adulte par jour. Également l’étude y a montré un taux

de pauvreté plus élevé au niveau des ménages ayant des cheffes femmes 94% (avec un revenu

médian de 407500FCFA par an soit 906 CAD) par rapport à ceux dirigés par des hommes

89% (avec un revenu médian de 550000 FCFA soit 1222 CAD).

Figure 2. 2. Carte des régions du Sénégal

Source : Tirée de Planète Sénégal, 2018.

Notes : Les 4 et 5 G représentent le nombre de groupements rencontrés dans chaque région.

2.6.2.1. Procédures d’échantillonnage et choix des groupements de trituratrices

d’huile artisanale d’arachide et des structures

À la suite de notre rencontre avec le premier agent de l’ANCAR à Dakar, il nous a été

confirmé qu’au total 105 groupements de femmes ont bénéficié de la table de traitement de

5G

5G

5G 4G

4G

Page 97: Adoption et impact des innovations technologiques

80

l’huile artisanale d’arachide contre l’aflatoxine :10 durant la phase du projet pilote de

diffusion de la table en 2011 et 95 lors de la mise en œuvre de projet de diffusion à grande

échelle dans la période de 2013 à 2017.

L’échantillonnage des groupements qui détiennent la table a été effectué de façon aléatoire

et stratifié suivant les caractéristiques des groupements telles, le nombre de membres et la

région d’appartenance. Ainsi, à partir de la liste des groupements bénéficiaires que nous a

fournie le CRES16 nous avons classé les groupements suivant les critères cités précédemment

et effectué un tirage dans chaque groupe. Les responsables des groupements tirés ont par la

suite été contactés au téléphone. Elles ont par la suite informé les membres des groupements

qui ont participé aux entretiens de groupes.

Étant donné que nous ne disposions pas d’une liste des groupements qui ne détiennent pas

les tables de traitement, le choix des groupements des non-usagers a été fait de manière

différente, en utilisant la technique dite boule de neige (Mongeau, 2011), la localisation et la

rencontre des groupements non-détenteurs de la table ayant été facilitées par un agent de

l’ANCAR (région de Diourbel) ou par les femmes membres des groupements détenteurs des

tables. L’agent de l’ANCAR nous a également accompagnée lors de certaines entrevues.

Chez les non bénéficiaires également, les femmes membres des groupements ayant participé

ont été sélectionnées et informées par leur responsable de groupement.

Les entrevues ont été réalisées en langue wolof pour la plupart des groupements. Dans

quelques groupements, les entrevues ont été effectuées en wolof mais il y’avait un traducteur

en langue Serrer et Pulaar pour les femmes qui ne comprenaient pas bien la langue wolof.

Au total vingt-trois groupements de femmes ont été interviewés. Ces groupements sont

répartis comme suit : dix-sept groupements détenteurs de la table de traitement et six

groupements ne la détenant pas.

Dans la plupart des recherches qualitatives, il est souvent affirmé qu’après avoir interviewé

sept à douze organisations, le phénomène de saturation apparait (L’Écuyer 1990; Paillé,

1994; Mongeau, 2011). Dans le cas de notre recherche ce ne fût pas le cas. Du fait des

16 Le CRES est la structure qui a été chargée d’effectuer l’évaluation d’impact quantitative de l’adoption des

tables de traitement de l’huile artisanale d’arachide contre les aflatoxines au sein des groupements en 2015. Ils

ont pu disposer des bases de données où figurent les coordonnées téléphoniques des responsables des

groupements.

Page 98: Adoption et impact des innovations technologiques

81

différences considérables dans les propos recueillis auprès des groupements, un nombre plus

important de groupements a été rencontré afin d’atteindre la saturation.

2.6.2.2. Méthode de collecte des informations

La collecte des informations a reposé sur des entrevues de groupes composés de six à dix

femmes membres des groupements, disponibles et ayant donné leur consentement à

participer à la recherche. À ces entretiens de groupes, se sont ajoutées des entrevues

individuelles dans deux institutions.

Des guides d’entretien ont été élaborés à cet effet pour chaque unité d’analyse (voir encadrés

E1 et E2). Toutes les entrevues ont été enregistrées. Bien que nous avions fixé comme

objectif de discuter avec des groupes de six à dix femmes, dans quatre groupements, nous

avons eu plus de 10 femmes membres participants aux entrevues groupées. Les femmes ayant

participé au focus groupes ont été informées et sélectionnées par leur responsable de

groupement. En effet, dans la région de Diourbel par exemple, nous avons eu à effectuer un

focus group auprès de 13 femmes d’un groupement usager de la table. Dans la région de

Thiès, 12 femmes d’un groupement détenteur de la table ont été interviewées. Ainsi au total,

159 femmes membres des groupements bénéficiaires ont participé aux focus groupes et 48

femmes membres des groupements non bénéficiaires de la table soit un total de 207 femmes.

Les entrevues de groupes ont duré environ deux heures par regroupement. Les entrevues

individuelles d’une durée de quarante-cinq minutes à une heure ont été effectuées avec un

agent de l’Institut de Technologie Alimentaire du Sénégal (ITA) et avec deux agents de

l’Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR).

Dans la section suivante, nous expliquons comment nous avons procédé lors des entrevues

sur le terrain.

2.6.3. Protocole des entrevues de groupes

Dans les encadrés ci-après sont présentés les déroulements des entrevues de groupes et des

entrevues individuelles.

2.6.3.1. Description des entrevues de groupes

Encadré E1: Déroulement des focus groups chez les groupements bénéficiaires et non

bénéficiaires des tables.

Page 99: Adoption et impact des innovations technologiques

82

Les entrevues de groupe ont été effectuées en fonction de la disponibilité des femmes.

La plupart se sont déroulées en journée ou en après-midi pour éviter certaines contraintes

telle l’obscurité. Les autres contraintes à éviter étaient l’enclavement et l’éloignement,

ou l’arrêt de la traverse par ferry dans certaines zones comme Foundiougne. D’autres

entrevues ont eu lieu le soir parce que les femmes devaient aller aux champs en journée.

Elles ont été faites au niveau des sièges des unités de transformation pour certains

groupements et chez la présidente du groupement pour d’autres. Les entretiens avec les

groupements non bénéficiaires ont eu lieu au siège de certains groupements ou dans des

espaces publics de discussion dans les villages pour d’autres (à Refane par exemple).

Les entrevues se sont déroulées de la manière suivante.

Au niveau de chaque groupement, il a été d’abord rappelé aux femmes membres

l’objectif de la recherche et demandé leur consentement à participer à la recherche. De

manière verbale, les femmes devaient confirmer si elles consentaient à participer à

l’étude.

Par la suite nous avons débuté les entrevues. À l’aide du guide d’entretien (annexes A4

et A6), nous avons discuté avec les femmes membres des groupements disposant d’une

table sur des questions relatives aux points suivants :

- les caractéristiques du groupement et de ses membres;

- la description concrète des activités du groupement

- la gouvernance et l’organisation du groupement dans l’utilisation de la table;

- leurs connaissances sur l’aflatoxine et le degré de prise en compte de ses méfaits

dans les pratiques mises en œuvre au sein du groupement;

- le mode d’acquisition de la table de traitement de l’huile artisanale d’arachide

contre l’aflatoxine et la compréhension de sa vocation;

- les raisons d’utilisation ou non de la table de traitement de l’huile artisanale

d’arachide contre l’aflatoxine;

- les avantages et difficultés liés à son utilisation;

- l’utilisation concrète de la table (totale, partielle, respect des procédures, degrés

d’appropriation);

- l’huile triturée (qualité, spécificité, marketing et circuit de commercialisation);

- les avantages socioéconomiques perçus de l’utilisation de la table de traitement;

- les perspectives d’avenir du groupement avec la technologie.

Nous avons discuté avec les femmes dans une ambiance décontractée. Les questions

n’étaient pas posées de manière directe. Nous faisions appel à une thématique et laissions

les femmes parler et donner leur point de vue. Il arrivait que certaines d’entre-elles

débordent et répondent à une question qui n’avait pas été encore posée.

Chez les non bénéficiaires des tables, les thèmes suivants ont été abordés avec les

femmes :

- les caractéristiques du groupement et de ses membres;

- la description concrète des activités du groupement;

- la gouvernance et l’organisation du groupement;

- les avantages et difficultés rencontrées dans leur activité;

- leur connaissance ou non de la table;

Page 100: Adoption et impact des innovations technologiques

83

- leur connaissance ou non de l’aflatoxine;

- les techniques de lutte contre l’aflatoxine qu’elles utilisent le cas échéant;

- leur degré de prise en compte des méfaits de l’aflatoxine;

- l’huile qu’elles vendent (qualité, spécificité, marketing et circuit de

commercialisation);

- les perspectives d’avenir du groupement.

Dans les groupements dépositaires des tables comme non dépositaires, la discussion a

été faite de telle sorte que le point de vue de la présidente ne soit pas le seul considéré,

mais qu’il soit corroboré ou discuté par les autres membres du groupement. Ainsi, pour

chaque thématique, la parole a été donnée à chaque femme. À la fin de chaque thème,

nous proposions un bref résumé de ce qui avait été dit avant de passer à un autre thème.

Au terme de chaque entrevue, nous avons demandé aux femmes de faire un résumé de

ce qui avait été évoqué au cours de la réunion. Et nous leur demandions enfin de nous

dire si des questions relatives à leur activité avaient été oubliées. À la fin de l’entrevue,

les participantes étaient remerciées pour leur disponibilité.

Source : Construction de l’auteure.

2.6.3.2. Entrevues individuelles dans les structures

Encadré E2 : Déroulement des entrevues individuelles à L’ANCAR et à L’ITA

Les entrevues individuelles ont été effectuées avec deux agents de l’agence nationale

de conseil agricole et rurale et un agent de l’institut des technologies alimentaires. La

première a eu lieu au siège de l’ANCAR. Le deuxième entretien individuel avec un

agent de la même structure a eu lieu au chef-lieu de la mairie de Refane dans la région

de Diourbel.

Au cours des entrevues, après nous être présentée, nous avons rappelé les objectifs

de notre recherche aux interviewés et sollicité leur consentement. Des fiches de

consentement écrit ont été signées pour signifier leur approbation.

À l’aide du guide d’entretien, les entrevues ont porté sur les thématiques suivantes

l’aflatoxine au Sénégal;

le contexte de création de la table;

la table de traitement et son fonctionnement;

le mode de recrutement des groupements et les impacts pour les utilisateurs;

les critères à respecter dans la sélection des groupements.

Des questions ont été posées aux interviewés et nous avons noté leurs réponses.

Des documents relatifs aux projets ainsi que des échantillons d’emballages et de

matériel ayant été distribués aux femmes membres des groupements ayant une table

nous ont été donnés.

À l’ITA, les questions adressées à l’interviewé ont porté sur les thèmes ci-dessous.

Ces questions abordées dans cette structure étaient beaucoup plus relatives à la

technologie qu’à l’opérationnalisation de son projet de diffusion.

Page 101: Adoption et impact des innovations technologiques

84

le contexte de création de la table;

la table et son rôle et utilité;

le mode de recrutement des groupements;

les critères à respecter dans la sélection;

les caractéristiques de l’huile traitée;

et l’aflatoxine au Sénégal.

L’entrevue était faite de la même manière que celle effectuée avec les agents de

l’ANCAR.

Source : Construction des auteurs

2.7. L’analyse thématique comme méthode d’analyse qualitative des

informations recueillies

Pour analyser les informations recueillies auprès des groupements de femmes et des

institutions porteuses des projets de diffusion de la table, nous avons eu recours à l’analyse

thématique (Blais et Martineau, 2006 ; Paillé et Mucchielli, 2016).

Dans la littérature, plusieurs méthodes d’analyse qualitative ont été développées. Parmi ces

dernières, les plus utilisées sont l’analyse par théorisation ancrée et l’analyse thématique

(Katambwe, Genest et Porco, 2014 ; Intissar et Rabeb, 2015 ; Paillé et Mucchielli, 2016).

Ces deux méthodes ont en commun de se dérouler en six phases : la phase de pré analyse, la

phase de codification, la phase de catégorisation17, la phase de mise en relation, la phase de

présentation des données et la phase de vérification des informations (Intissar et Rabeb,

2015).

La phase de pré analyse est celle de préparation du corpus de données. Lors de la codification,

le chercheur attribue des mots ou des concepts aux idées principales qui sont ressorties d’une

phrase ou d’un paragraphe.

Durant la phase de catégorisation encore appelée thématisation, le chercheur détermine et

regroupe en catégories les informations fournissant des réponses similaires sous un terme

générique. La mise en relation est l’étape où le chercheur établit les liens entre les différentes

catégories trouvées après le codage. Le chercheur en présentant les résultats doit apporter un

éclaircissement sur les relations entre les thèmes ressortis. La présentation peut se faire sous

17 Blais et Martineau (2006) définissent la catégorie comme une « production textuelle se présentant sous forme

d’une brève expression et permettant de dénommer un phénomène perceptible à travers une lecture conceptuelle

d’un matériau de recherche ».

Page 102: Adoption et impact des innovations technologiques

85

forme de tableaux matrices ou schémas selon Miles et Huberman (2003) ou Paillé et

Mucchielli (2016). La vérification des données est un moment de validation des informations

recueillies par le chercheur. Ces six étapes communes ont été condensées par Paillé et

Mucchielli (2016) en trois étapes qu’ils appellent « transcription-traduction », «

transposition-réarrangement » et « reconstitution-narration ».

Par transcription, ces auteurs entendent la traduction du corpus. À ce propos, ils retiennent

notre attention sur la nécessité de prendre en compte des éléments tels le ton, l’intensité, la

timbre, la clarté de la voix, et le caractère continu ou discontinu des hésitations des personnes

interviewées. La transposition quant à elle est l’étape durant laquelle, l’ensemble des

éléments du verbatim sont résumés en des thèmes ou catégories. La reconstitution est selon

Paillé et Mucchielli (2016) la phase de narration du rapport de recherche.

Dans la mesure où l’analyse par théorisation ancrée s’avère mieux adaptée à une analyse plus

inductive (Intissar et Rabeb, 2015), nous avons choisi dans cette recherche de réaliser une

analyse thématique, organisée selon les différents déterminants de notre cadre d’analyse et

des blocs de notre guide d’entretien (voir figure 3.1).

Weber (1966) définit l’analyse thématique comme « une méthode objective, rigoureuse,

capable de progrès, apte à être approfondie et amendée. » permettant de faire une analyse des

données qualitatives. C’est une technique de synthèse systématique des données qualitatives,

à travers l’attribution de thèmes aux éléments qui ressortent des transcriptions (Paillé et

Mucchielli, 2016 ; Katambwe, Genest, et Porco, 2014). Aux sens de ces auteurs, elle est un

« procédé systématique de repérage, regroupement et d’examen discursif des thèmes abordés

dans un corpus qu’il s’agisse d’entretiens, de documents ou de notes d’observation ». Lors

de la synthèse, les thèmes peuvent faire appel à des sous-thèmes pour mieux cerner certaines

informations du corpus. Par thème, les auteurs entendent des étiquettes ou vocables

représentatifs d’un groupe d’énoncés ou de propos du corpus.18 Ces thèmes doivent donc

représenter fidèlement ce dont il est question dans ces propos.

18 Le corpus est l’ensemble des textes, documents, entretiens, discours, etc. réunis pour une étude qualitative

(Kriev et Zardet, 2013). Dans notre cas, il est composé de divers documents relatifs à la mise en œuvre du

PPAAO, de notices techniques relatifs à la table de traitement de l’huile d’arachide, des compte-rendus des

entretiens et des focus-groupes et de diverses notes d’observation prises lors des visites dans les groupements.

Page 103: Adoption et impact des innovations technologiques

86

L’objectif de cette méthode est, en se basant sur les thèmes ressortis du verbatim, de faire

ressortir ce qui est fondamental dans le propos (Paillé et Mucchielli, 2016).

Comparativement à la théorisation ancrée, la thématisation n’est pas une simple étape de

l’analyse, elle représente en effet l’opération « centrale » de la démarche.

La première fonction de cette méthode est donc la thématisation qui revient pour le chercheur

à répertorier tous les thèmes pertinents et relatifs à la question de recherche.

La thématisation peut se faire de façon continue (c’est-à-dire que le chercheur peut attribuer

des thèmes au fur et à mesure qu’il lit ses transcriptions). Elle peut être aussi du type séquencé

: le chercheur tire aléatoirement un extrait du corpus, établit la liste de thèmes y relatifs et

l’applique au reste du corpus par la suite (Paillé et Mucchielli, 2003 ; 2016). La deuxième

fonction de l’analyse thématique est celle de confrontation des thèmes en faisant sortir leurs

ressemblances et divergences. Lorsque le chercheur réunit plusieurs témoignages, les

récurrences, contredits et complémentarités des thèmes sont mis en évidence.

L’analyse thématique comporte certaines limites telles que la difficulté et le caractère

fastidieux de la thématisation mais aussi la capacité de discernement du chercheur dans le

choix de la pertinence des thèmes. Dans le cas de cette recherche, elle s’est avérée très

pertinente, même si elle s’est révélée lourde au regard du nombre de groupements que nous

avons interviewés.

2.8. Application de l’analyse thématique à notre recherche

L’analyse de l’information issue de nos entretiens groupés et individuels s’est déroulée en

plusieurs étapes.

2.8.1. L’organisation des informations issues de la transcription des entrevues

Pour répondre à notre question de recherche, nous avons transcrit en français les informations

enregistrées avec notre dictaphone et tablette lors des entrevues avec les femmes membres

des 23 groupements de transformatrices d’arachide en huile.

Les informations issues de chaque groupement ont été répertoriées dans des fichiers Word

séparés. Les entrevues individuelles auprès des agents de l’ITA et de l’ANCAR ont

également été transcrites dans des fichiers séparés.

Page 104: Adoption et impact des innovations technologiques

87

Pour nous assurer de la véracité et de la complétude des informations transcrites, nous avons

lu les notes que nous avions effectuées sur les guides d’entretien et blocs-notes qui nous

servaient de support lors des entrevues. Cela nous a permis d’incorporer dans notre verbatim

d’autres informations qui ne ressortaient pas dans les enregistrements. Ces informations

étaient principalement du type visuel. Par exemple dans tous les groupements de femmes

bénéficiaires de la table de traitement, nous avons noté où était placée la table, son niveau

apparent d’entretien, etc. Nous avons ainsi remarqué que parfois les tables étaient sales,

qu’elles n’étaient pas abritées dans un local, pas couvertes, ou encore servaient de support

pour des ustensiles de cuisines. Dans d’autres groupements, le contraire était plutôt observé.

Nous avons également, comme conseillé par plusieurs chercheurs (Thomas, 2006 ; Blais et

Martineau, 2006 ; Paillé et Mucchielli, 2016), noté des éléments relatifs à l’ambiance dans le

groupement lors des entrevues. Les relations tendues entre les ainées et les jeunes femmes

observées dans certains villages en sont des exemples même si dans la plupart des villages,

nous avons noté un respect des jeunes envers les ainées. Les notes ont permis de faire ressortir

d’autres thèmes qui peuvent expliquer le processus d’adoption des tables de traitement de

l’huile artisanale d’arachide contre l’aflatoxine.

2.8.2. La catégorisation/ thématisation

Avant de procéder à la catégorisation ou thématisation, nous avons effectué, à plusieurs

reprises, la lecture des transcriptions des informations de chaque groupement et agent des

structures interviewés. Ceci nous a permis d’identifier et de répertorier les thèmes en lien

avec notre question de recherche et notre cadre d’analyse présenté à la figure 3.1. Nous avons

fait une thématisation de type continu (c’est-à-dire attribuer des thèmes au fur et à mesure

que nous lisions et relisions les transcriptions).

Pour effectuer la thématisation, comme suggéré par Paillé et Mucchielli (2016), nous avons

élaboré un « relevé de thèmes »19 dont le canevas est ci-dessous. Pour ne pas nous perdre, ce

document a été élaboré en tenant compte des rubriques de nos guides d’entretien et du cadre

d’analyse. Des auteurs comme Mongeau (2011) ont suggéré cette démarche. Ainsi, pour

19Document contenant la liste des thématiques linéaires regroupées sous formes de rubriques représentant les

interrogations du guide d’entretien ou des questions d’entrevue implicites ou explicites (Paillé et Mucchielli,

2016).

Page 105: Adoption et impact des innovations technologiques

88

chaque groupement et institution, nous avons relevé dans chaque rubrique du guide, les

éléments qui ressortaient du corpus.

Tableau 2. 3. Canevas du relevé des thèmes de notre étude

Nom et type de

groupement

bénéficiaire ou non

bénéficiaire/ Nom de

l’agent interview

Thème du guide

d’entretien

Catégories/Thèm

es saillants

ressortis du

verbatim

Sous-

catégorie/sous-

thème ressorti

du verbatim

Extrait du texte

saillant et

explicatif du

thème/sous-

thème

Source : Construction de l’auteure.

2.8.3. Regroupement des thèmes

Après avoir répertorié les thèmes, nous avons procédé à leur regroupement et filtrage. Ces

thèmes ont été groupés en suivant les grands axes des grilles d’entrevue élaborées mais aussi

ceux nouvellement révélés par les interviewés (les thèmes émergeants). Comme conseillé

dans la littérature, les thèmes ont été groupés en fonction de leurs récurrences, divergence,

convergence, opposition, et complémentarité. Mongeau (2011) appelle ce procédé « le

découpage et l’organisation des unités de sens ».

2.8.4. Analyse des thématiques

Les thèmes issus des extraits des entrevues une fois identifiés et regroupés, ce que Mongeau

(2011) nomme la « thématisation du corpus », Nous les avons analysés en rapport aux

objectifs de la recherche et au cadre d’analyse. L’analyse des thèmes a été effectuée en

identification des récurrences, contradictions, liens de subordination, et de complémentarité

des thèmes auprès des interviewés (Mongeau, 2011). Paillé et Mucchielli (2016) préconisent

de tenir compte de ces procédés dans la phase d’analyse car, pour eux l’interprétation d’un

thème se fait relativement par rapport aux autres thèmes.

2.8.5. Méthode utilisée pour vérifier les informations

Nous savons qu’en analyse qualitative, le chercheur doit dans son rapport de recherche

justifier la véracité des informations qu’il a recueillies. En ce qui nous concerne, pour vérifier

si nous avions bien compris les informations sur le terrain, à la fin de chaque entrevue, nous

Page 106: Adoption et impact des innovations technologiques

89

faisions un résumé de ce qui avait été dit et les participant étaient appelés à corriger certaines

« erreurs » de fait ou d’interprétation de notre part. Le tableau 2.4 ci- après présente la

synthèse de la méthodologie.

Page 107: Adoption et impact des innovations technologiques

90

Tableau 2. 4. Synthèse de la méthodologie

Unités d’analyse : Groupements

de femmes disposant de la table de

traitement de l'huile artisanale

d'arachide contre les aflatoxines

Unités d’analyse : Groupements de

femmes ne disposant pas de la table

de traitement de l'huile artisanale

d'arachide contre les aflatoxines

Unités d’analyse : Institutions

porteuses des projets de

diffusion de la table de

traitement de l'huile artisanale

d'arachide contre les aflatoxines

(ANCAR, ITA)

• Approche de recherche

Approche qualitative

• Choix des groupements

Échantillonnage aléatoire stratifié

à partir des listes de groupement

du CRES

• Méthode d'approche

Contact téléphonique pour

information sur la recherche,

demande de consentement et

demande de rendez-vous

• Outils de collecte

Guide d'entretien, dictaphone,

tablette et bloc-notes

• Méthode de collecte des

informations

Rencontre et entrevues semi-

dirigées de groupes (focus

groupes) d'une durée de 2 heures

avec 6 à 14 membres de chaque

groupement

• Langue utilisée pour

l'entrevue

Wolof, Serer et Peul

• Méthode d'analyse des

informations

Analyse de contenu

Analyse thématique

• Types de données

Primaires : issues des entrevues

Secondaires : provenant des bases

de l’enquête CRES de 2016

• Approche de recherche

• Approche qualitative

• Choix des groupements

Indiqués par les groupements

usagers des tables (boule de neige)

• Méthode d'approche

Contact téléphonique pour

information et prise de rendez-vous

pour certain et contact direct pour

d'autres

• Outils de collecte

Guide d'entretien, dictaphone,

tablette bloc-notes

• Méthode de collecte des

informations

Rencontre et entrevues semi-

dirigées de groupes (focus groups)

d'une durée de 2 heures avec 6 à 10

membres de chaque groupement

• Langue utilisée pour

l'entrevue

Wolof, Serer et Peul

• Méthode d'analyse des

informations

Analyse de contenu

Analyse thématique

• Approche de

recherche

Approche qualitative

• Choix des

institutions

Suggéré par agents du PPAAO

• Méthode d'approche

Prise de rendez-vous par

téléphone

• Outils de collecte

Guide d'entretien, tablette et

dictaphone bloc-notes

• Méthode de collecte

des informations Rencontre et entrevue

individuelle d'une durée de

45mn

• Langue utilisée pour

l'entrevue

Français

• Méthode d'analyse

des informations

Analyse de contenu

Analyse thématique

Source : Construction de l’auteure.

Page 108: Adoption et impact des innovations technologiques

91

2.9. Résultats et discussions

Après avoir décrit la méthodologie utilisée pour analyser nos résultats, nous présentons et

analysons les résultats obtenus en fonction des thèmes ressortis résumés dans le tableau 2.5

ci-dessous, et du cadre d’analyse. Les résultats sont discutés au fur et à mesure qu’ils sont

présentés. Dans la première sous-partie nous expliquons le projet et processus de distribution

des tables et faisons une présentation des caractéristiques des groupements bénéficiaires et

non bénéficiaires de la table en fonction des informations ressorties du verbatim. Dans la

deuxième sous-partie, nous présentons et analysons les connaissances que les groupements

ont sur les aflatoxines et leurs méfaits. La troisième sous-partie est consacrée à la technologie

et ses caractéristiques selon les membres des groupements bénéficiaires. La quatrième et

dernière sous-partie présente l’analyse que nous faisons de l’adoption de la table toujours en

fonction de notre cadre théorique et des thèmes ressortis des entrevues.

Tableau 2. 5. Thèmes saillants ressortis des entrevues

Agents des structures porteuses des projets (ANCAR, ITA)

Agents de l’ANCAR

- un bon projet pour les femmes membres des groupements

- projet peut-être trop ambitieux

- une méconnaissance de l’aflatoxine chez les femmes membres des groupements

- la table : une technologie avantageuse pour les groupements bénéficiaires et les groupements

des villages environnants

- un suivi pas très efficace des groupements par les agents (laxisme des opérateurs à la fin du

projet)

Agent de l’ITA

- l’aflatoxine, un réel problème de santé publique dans le bassin arachidier

- la table, serait une solution à la réduction de l’aflatoxine dans l’huile artisanale d’arachide

- la nécessité de faire un suivi de l’huile traitée par les femmes (effectuer souvent des analyses

mycotoxiques)

- la technologie source d’avantages chez les groupements

- la nécessité de créer une version améliorée (électrique et avec une partie presse) de la table

dans les futurs projets

Groupements bénéficiaires des tables

- une bonne organisation au sein des groupements une homophilie au niveau des membres en

termes de croyances, niveau moyen d’éducation, de statut social etc.

- le choix des membres lors des formations peut encourager l’adoption

- des femmes reflétant des émotions positives, de l’espoir et de la force de caractère

- une insuffisance de moyens et de ressources productives (crédit, terres, magasin de stockage

etc.)

- une insuffisance de partenaires techniques et financiers

- un faible accès à l’information

- une méconnaissance antérieure notable de l’aflatoxine dans la plupart des groupements

- la table: avantageuse, compatible avec les réalités, pas très complexe à utiliser, testable et

dotée de résultats visibles à l’œil nu.

Page 109: Adoption et impact des innovations technologiques

92

- la table : une technologie source de rentabilité et d’amélioration de l’autonomie financières

des femmes membre des groupements

- la table: utilisée, non utilisée; partiellement utilisée ou abandonnée par certains groupements

- un manque de suivi des tables et des groupements de la part des porteurs de projets

- un respect des ainées par les jeunes femmes membres dans la plupart des groupements

- la table: source de petites querelles chez les membres de deux groupements bénéficiaires

Groupements non bénéficiaires des tables

- une certaine organisation au sein des groupements

- une homophilie au niveau des membres

- des femmes dotées d’émotion positives, d’espoir et de force de caractère

- un manque de moyens et de ressources productives (crédit, terres, eau, magasin de stockage

etc.)

- une rareté voire absence des partenaires techniques et financiers

- un faible accès à l’information sur la technologie

- une méconnaissance notable de l’aflatoxine dans la plupart des groupements

- un souhait d’avoir la table de traitement de l’aflatoxine

- une grande considération des jeunes envers les ainées

Source : Construction de l’auteure.

2.9.1. Description du projet de diffusion des tables de traitement de l’huile artisanale

d’arachide contre l’aflatoxine

2.9.1.1. Objectifs du projet

Pour avoir une meilleure idée de la manière dont les tables ont été distribuées auprès des

groupements, nous avons interviewé des agents des structures porteuses du projet pilote et

celui de diffusion à grande échelle en l’occurrence l’ANCAR et l’ITA.

Aux dires des agents de ces structures, les deux projets de diffusion des tables de traitement

de l’huile artisanale d’arachide contre les aflatoxines avaient pour objectif global d’améliorer

les revenus et les conditions de vie des femmes membres des groupements qui s’activent dans

la trituration artisanale de l’huile d’arachide au Sénégal tout en luttant contre le problème de

santé public causé par l’aflatoxine. Un autre objectif plus fin des projets, consistait à doter

les femmes trituratrices d’huile d’arachide d’équipements et de formations leur permettant

de maitriser les bonnes pratiques de transformation et de conservation de l’arachide en huile

(la réduction de plus de 90% du taux d'aflatoxine). La mise à disposition des équipements et

la formation des femmes en plus d’augmenter leurs revenus avaient comme autre optique de

les informer de l’existence de l’aflatoxine, mais également de réduire fortement le problème

de santé publique causé par la consommation d’huile d’arachide contenant de l’aflatoxine

par les femmes membres des groupements et leurs clients.

Page 110: Adoption et impact des innovations technologiques

93

2.9.1.2. Description du paquet technologique

Au cours des projets de diffusion, les conseillers agricoles et ruraux de l’ANCAR et agents

de l’ITA ont distribué les tables de traitement entre 2011 et 2017, accompagnées de séances

de formation, d’information et de démonstration des procédés de filtration de l’huile

d’arachide avec la table. Les structures porteuses des projets ont donc diffusé des paquets

technologiques aux groupements. Au total, 105 groupements de femmes en ont bénéficié, ces

groupements étant répartis dans les régions de Thiès, Fatick, Kaolack, Kaffrine Diourbel,

Louga et Tambacounda. Durant le projet pilote, 10 groupements ont bénéficié des tables, les

95 autres ont été distribuées au cours du projet de diffusion à grande échelle.

Selon les agents de l’ANCAR et de l’ITA, les tables devaient être distribuées accompagnées

d’équipements complémentaires tels que des sacs de 20 kilogrammes d’attapulgite, des boites

de masques de protection, des fûts en plastique de 20 litres, des paquets de sacs poubelles,

des pelles, des bouteilles d’un litre et cinq litres comme contenants, des étiquettes sur

lesquelles figurent le nom du projet et un cadre pour mettre les cachets des groupements, des

tabliers et des fiches techniques traduites en langues nationales. Cependant, dans

l’opérationnalisation, tous les groupements n’ont pas reçu les équipements complémentaires,

ou du moins la plupart d’entre eux les ont reçus tardivement. L’une des raisons majeures

données par les agents interviewés sont le manque de financement à la fin du projet, situation

qui à notre sens a occasionné un manque de rigueur des conseillers agricoles et ruraux. Cela

a eu des conséquences sur l’utilisation de la table chez les groupements bénéficiaires, qui

avaient du mal à avoir accès à des intrants complémentaires indispensables tel que

l’attapulgite.

Cela revient à s’interroger sur l’efficacité technique du projet, et se poser la question de savoir

si le projet de diffusion de la table n’était pas trop ambitieux comme l’ont laissé apparaitre

les entrevues avec les agents de l’ANCAR. Cette situation reflète l’une des critiques majeures

souvent formulées à l’endroit des projets des diffusions de technologies en Afrique (Ika,

2005 ; Diallo et Thuillier, 2005). Au départ tous les porteurs de projets sont ambitieux, mais

à la fin du projet, lorsque les ressources financières commencent à tarir, le personnel chargé

de l’opérationnalisation du projet est moins motivé, ce qui peut jouer négativement sur la

pérennité de l’adoption de la technologie diffusée par le projet. La preuve est que lorsque

Page 111: Adoption et impact des innovations technologiques

94

nous sommes allées sur le terrain, la plupart des dirigeants du projet PPAAO avaient quitté

leur fonction et rejoint d’autres structures. Le manque de suivi des projets peut constituer

donc une entrave à la durabilité de l’adoption des technologies agricoles. C’est dans ce cadre

que des chercheurs comme Ika (2005) qualifient les projets de développement en Afriques

comme « un ilot de réussites, d’espoirs dans un océan de fiascos, de déconvenues ».

2.9.1.3. Le choix des groupements bénéficiaires

Les groupements ont été sélectionnés par les conseillers agricoles et ruraux présents dans les

communes et communautés rurales des régions ciblées par les projets. De concert avec les

porteurs de projets, les conseillers agricoles et ruraux avaient pour premier rôle de répertorier

dans leurs zones, des groupements de femmes transformatrices en tenant compte de certains

critères. Ils devaient selon les agents :

- être dotés d’un statut juridique donc être formels;

- avoir une certaine expérience dans l’activité de transformation d’arachide en huile;

- être bien organisés;

- être localisés dans une zone à forte production d’arachide;

- avoir le minimum de matériel de transformation d’arachide;

- avoir un minimum de marché;

- et être composés d’un nombre raisonnable ou important de femmes membres.

Les groupements, une fois répertoriés, ont par la suite été informés par les conseillers

agricoles et ruraux de l’existence de la table et des potentielles séances de formation et de

démonstration et matériaux dont ils pouvaient bénéficier s’ils acceptaient de recevoir la table.

Ceux ayant exprimé le désir d’avoir la table l’ont par la suite reçue des mains des agents de

l’ANCAR. La table leur a été livrée gratuitement.

Dans certaines localités, la réception de la table s’est faite en présence de groupements non

bénéficiaires des villages environnants. La présence des groupements non bénéficiaires lors

de la distribution des tables peut occasionner un effet tache d’huile et ainsi encourager

l’adoption de la table dans la mesure où elle peut susciter leur envie.

Page 112: Adoption et impact des innovations technologiques

95

Il est à noter cependant que ces critères de sélection d’office excluent certains groupements

et partant peuvent défavoriser l’adoption. Il aurait été peut-être plus judicieux de choisir les

groupements de manière géographique dans les communautés rurales, de sorte à polariser

ceux des villages environnants. Cela aurait permis d’avoir un plus grand nombre

d’utilisateurs de la table étant donné que l’adoption de la table par les groupements ne

dépendrait plus du fait d’en avoir une possession exclusive. À notre sens, les critères de

sélections des groupements ont été désavantageux pour certains groupements.

2.9.1.4. Canaux de communication du paquet technologique

Un canal de communication d’une innovation est défini comme le moyen par lequel les

informations sur cette dernière passent d’un individu à un autre (Rogers 1995). Pour informer

les groupements de l’existence de la table et des éléments qui l’accompagnent, des sessions

de sensibilisation ont été organisées par les agents de l’ANCAR. Pour faciliter la

vulgarisation du projet dans les villages ciblés, les porteurs des projets, ont élaboré des guides

et brochures sur les bonnes pratiques de transformation de l’arachide en huile, pâte et farine.

Des posters ont été édités en français et en langues nationales, notamment le Wolof, le Pulaar

et le Serer. Les informations sur la table ont été communiquées dans des émissions de radio

communautaire. Les porteurs de projets ont même réalisé des reportages télévisés dans des

régions ciblées pour informer au mieux les populations du Bassin arachidier comme

préconisé dans la littérature (Rogers, 1995).

Les groupements qui ont manifesté le besoin d’obtenir la table et qui en ont bénéficié ont par

la suite été formés sur les bonnes pratiques de transformation de l’arachide par les agents de

l’ITA et de l’ANCAR. Des séances de démonstration sur la table de traitement de l’huile

d’arachide ont été organisées dans leur localité. D’autres ont eu lieu à Dakar ou dans les

autres grandes villes. Aux dires des conseillers agricoles et ruraux, lors des formations, pour

des questions de limite de budget, toutes les femmes membres des groupements ne pouvaient

y assister. Les partenaires demandaient ainsi, aux présidentes des groupements de venir

assister aux formations accompagnées de quelques membres. Les présidentes des

groupements devaient se concerter avec leurs membres pour choisir celles qui allaient les

accompagner aux séances de formations dispensées à Dakar, ou dans les autres grandes villes.

De retour dans leur village, les femmes formées devaient à leur tour former leurs autres

Page 113: Adoption et impact des innovations technologiques

96

collègues. Elles devaient également démultiplier l’information sur la table aux groupements

non bénéficiaires localisés dans leurs alentours et ainsi renforcer la communication sur la

technologie.

Cette situation, bien qu’étant le fruit d’une rationalisation des dépenses du projet, peut être

source de problème, et même occasionner une relation de pouvoir entre les membres, en ce

sens que certaines femmes seraient plus spécialisées dans l’utilisation de la technologie que

d’autres. Dans un autre cas, elle pourrait occasionner des cas de décision autoritaire dans

l’utilisation de la table. En effet, si le fait d’utiliser la table par les autres membres des

groupements, dépend de la formation qu’elles vont recevoir d’un petit groupe de membres

ayant plus d’expertise (Rogers, 1995), leur choix d’utiliser la table ne devient plus aussi

individuel. Ainsi, ce canal de communication privilégié par les agents du projet peut certes

encourager l’adoption collective, mais pas forcément une adoption individuelle. Aussi, la

solution préconisée par les agents de l’ANCAR et de l’ITA ne garantit en rien que les femmes

qui doivent former leurs collègues, aient bien assimilé les éléments des formations, ou aient

les mêmes habiletés pédagogiques que les formateurs de l’ANCAR de l’ITA.

2.9.2. Caractéristiques des groupements et de leurs membres

Dans cette partie, nous faisons une description des caractéristiques des groupements et de

leurs membres en nous appuyant sur les notions du cadre théorique de Rogers comme

l’homophilie et les décisions autoritaires d’adoption, les émotions positives, l’espoir et la

force de caractère de Bukchin et Kerret (2018).

2.9.2.1. Une homogénéité des caractéristiques des membres à l’intérieur des

groupements et hétérogénéité des certaines caractéristiques entre les

groupements

Les entrevues réalisées dans le cadre de notre recherche ont porté sur 23 groupements répartis

entre 17 bénéficiaires de la table de traitement de l’huile d’arachide contre l’aflatoxine et 6

non bénéficiaires. Chez les groupements bénéficiaires de la table, 6 l’ont obtenue au cours

du projet pilote, alors que les 11 autres ont reçu leur table à travers le projet de diffusion à

grande échelle.

Localisation et nombre de membres des groupements

Page 114: Adoption et impact des innovations technologiques

97

En termes de localité, au niveau des groupements non bénéficiaires de la table de traitement

de l’huile artisanale d’arachide, deux se situent dans la région de Fatick, un à Kaolack, un à

Diourbel, un à Thiès et un dans la région de Kaffrine. Chez les bénéficiaires, nous avons

interviewé quatre groupements dans la région de Thiès, quatre à Kaolack, quatre à Kaffrine

deux à Fatick et trois à Diourbel.

L’analyse des caractéristiques des groupements bénéficiaires comme non bénéficiaires, nous

montre en premier lieu que les groupements sont de taille variable en termes de nombre de

membres.

Figure 2. 3. Répartition des groupements non bénéficiaires par localité (villages et villages)

Source : Nos enquêtes.

On retrouve dans l’échantillon des non bénéficiaires, des groupements avec des nombres de

membres élevés (150) dépassant ainsi, de dix fois celui ayant le plus petit nombre de

membres (Cf. Figure 2.3). Les groupements ayant le plus de membres se situent à Diourbel.

Au niveau des groupements de notre échantillon de bénéficiaires 6 ont plus de 100 membres

comme en témoigne la Figure 3.4. Ils se situent quant à eux au niveau des régions de Thiès,

Diourbel et Kaffrine. Les régions de Diourbel Thiès et Kaffrine (Cf. Annexe A.2) sont

Niakk

Dieurigno

u

Jappo

Liguéye

Takki

ligueye

GIE

Ndourene

Bata

GIE Adam

Dione

GIE

Diapalane

Cité

Bonnois

Thiarakhol

é

extension

Ngouy gou

ndaw

Ndourene

Bata

Keur

Yorodou

Ndiobene

Tay

Fatick Fatick Diourbel Thiès Kaolack Kaffrine

Nombre de membres 54 31 160 30 15 25

Nombre de membres ayant participé 8 9 10 7 6 8

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

Répartition des groupements non bénéficiaires par localité villages et régions )

et selon le nombre de membres

Nombre de membres Nombre de membres ayant participé

Page 115: Adoption et impact des innovations technologiques

98

connues comme étant les zones les plus productrices d’arachide au Sénégal. D’ailleurs on les

nomme le cœur du bassin arachidier (Gaye, 2006). La trituration de l’huile artisanales y est

très importante et les femmes de ces groupements comparativement à celles des autres

régions sont mieux dotées d’équipement, surtout celles de Diourbel (une région très

islamisée, et dont les femmes des « marabouts » chefs religieux s’activent fortement dans la

trituration).

Figure 2. 4. Répartition des groupements de femmes bénéficiaires

Source : Nos enquêtes.

Composition ethnique et socioéconomique des groupements

Les groupements sont localisés dans des villages ayant des réalités différentes en termes de

culture, d’ethnie et de langue parlée.

En effet, les zones visitées du Bassin Arachidier sont celles dont les dénominations en Wolof,

sont le Baol20, le Sine et le Saloum. Nous avons trouvé dans les villages de ces localités des

membres de groupements à ethnies Wolof, Serer, Peul, et Soninké. Dans les villages des

régions de Thiès, Fatick et Diourbel nous avons rencontré des groupements de femmes à

20 Le Baol, le Sine et le Saloum sont les appellations d’anciens royaumes du Sénégal.

100 100

230

40

74

110130

70

100 110

7152

35 43

111

35 3010 12 8 11 10 7 13 10 10 10 10 11 6 9 10 6 6

0

50

100

150

200

250

Noms des groupements

Répartition des groupements bénéficiaires selon le nombre de membres total et

ayant participé

Nombre de membres Nombre de membres ayant participé

Page 116: Adoption et impact des innovations technologiques

99

ethnie Serers et Wolof, tandis que ceux de Kaffrine et Kaolack étaient composés

principalement de Peuls et Soninkés. Toutefois, il a été noté que bien qu’étant d’ethnies

différentes du wolof, la majorité des femmes rencontrées, parlaient et comprenait cette langue

assez transversale.

Les groupements rencontrés dans chaque village, ne sont pas multiethniques. Bien que dans

les localités il peut y avoir cependant d’autres ethnies mais en minorité, il a été remarqué que

les femmes des groupements se sont regroupées par ethnie.

Les femmes membres partagent les mêmes valeurs traditionnelles ethniques. En ce sens, cela

a pu constituer un élément facilitateur dans la communication des informations sur la

technologie, mais également son utilisation chez les bénéficiaires. Ceci est intéressant dans

le processus d’adoption et rejoint l’idée de Roger (1995) selon laquelle, « un canal

interpersonnel de communication est plus efficace pour persuader un individu d'adopter une

technologie, surtout si ce canal relie deux ou plusieurs individus proches ». Le caractère

mono-ethnique chez les groupements peut en effet éviter les discriminations dans l’usage de

la table chez les membres d’un même groupement et a dû jouer un rôle important dans

l’adoption de la table au sein des groupements bénéficiaires.

Ainsi, sur le plan ethnique et culturel, on note une homophilie des femme membres, notion

que nous allons d’avantage vérifier au niveau des autres caractéristiques des groupements et

développer par la suite.

Activités réalisées au sein des groupements

En dehors de la trituration d’huile artisanale d’arachide appelée « Seggal » qui est leur

principale activité, les groupements font d’autres produits dérivés de l’arachide tels : la pâte

d’arachide « Tiguadégué », la poudre d’arachide « Guerté noflaye », le tourteau « Rakkal »,

la fane d’arachide, l’arachide de bouche « Guerté kemb », des gâteaux à base d’arachide, et

le savon. Plusieurs groupements, s’activent également dans la transformation des produits

céréaliers comme le mil, le maïs, le sorgho, le fonio et le sésame, et fabriquent des détergents

(eau de javel) et des bouillons à base de produits naturels. La plupart des femmes membres

ont une activité secondaire tel l’élevage ou le petit commerce. Certaines femmes sont

également dans la petite restauration (vente de petit déjeuner et de déjeuner).

Page 117: Adoption et impact des innovations technologiques

100

Pour ce qui concerne la trituration d’huile artisanale plus spécifiquement nous avons noté

que les femmes des groupements sont très organisées. Elles affirment effectuer leur travail

en groupes ou en quarts (jour et soir). Elles sont ainsi des décortiqueuses, peseuses, trieuses,

mouleuses, trituratrices, filtreuses et vendeuses. Cette spécialisation des femmes dans des

tâches précises est intéressante dans la mesure où elle laisse apparaitre le fait que l’attention

qui va être portée à l’aflatoxine, va différer en fonction des tâches. En effet, les femmes qui

vont être en amont de la chaine de production d’huile (trieuses, mouleuses) vont être plus

attentives que celles en aval (filtreuses, vendeuses). Dans les entrevues, les femmes trieuses

ont souligné bien enlever les mauvaises graines (ce qu’elles appellent les graines noirâtres,

ou graines pas jolies) avant la mouture. Les femmes qui filtrent l’huile affirment bien

maitriser le dosage des produits nécessaires dans l’opération de filtration et les étapes à

suivre.

L’activité de trituration artisanale suit tout un processus, lequel processus est décrit à la

Figure 2.5 chez les non bénéficiaires de la table.

Figure 3. 5. Processus de trituration d’huile artisanale d’arachide chez les groupements non bénéficiaires

Source : Construction de l’auteure.

Chez les groupements bénéficiaires elle suit les étapes décrites à la Figure 2.6.

Figure 2. 6. Processus de trituration de l’huile artisanale d’arachide chez les groupements bénéficiaires

Source : Construction de l’auteure.

Triage à la main

MoutureCuisson à Vapeur

Pression /extraction

Condition-nement de

l’huile (bouteilles de 20

litres)

Triage à la main

Mouture Cuisson à Vapeur

Pression /extraction

Filtrationavec le

dispositif de traitement de l’huile

(table)

Conditionnent de l’huile

(bouteilles de 20litres)

Page 118: Adoption et impact des innovations technologiques

101

Dans certains groupements les femmes s’organisent en fonction de la lourdeur des tâches ou

de l’expérience de certaines comme le montrent les extraits suivants.

Dans notre groupement, le travail qui nécessite le plus de force est effectué par les jeunes filles,

nos filles ou belles-filles ; nous sommes vieilles maintenant (les femmes de Refane et Sinthiou

Limby). Ce sont les vieilles dames qui font la trituration d’huile car elles sont plus expérimentées

que nous, nous avons des expertes ici (les femmes du groupement de Sobb Khodjlene).

Tous les groupements bénéficiaires de la table de traitement de l’aflatoxine ont l’ANCAR et

l’ITA comme partenaires qui les ont sensibilisés et formés. Quatre d’entre-eux ont d’autres

partenaires et appartiennent à des réseaux et fédérations. Parmi les bénéficiaires, deux

groupements sont labellisés et un des deux a une autorisation FRA21 de l’ITA. Les non

bénéficiaires n’ont pour la plupart pas de partenaires et bénéficient rarement du conseil

agricole. La labellisation signifie que ce groupement est reconnu comme un fabricant de

produits de qualité et a une reconnaissance qui peut être géographique. L’autorisation FRA

quant à elle est délivrée par l’ITA. Un groupement qui en dispose a plus de chance de vendre

son produit qu’un qui n’en dispose pas car elle est signe de qualité. Mais cela n’enlève pas

aux autres groupements leur droit de vendre leurs produits.

Les informations recueillies lors des entrevues ont donc montré que la majorité des membres

aux niveau des groupements de femmes bénéficiaires comme non bénéficiaires ont des

réalités ressemblantes. Cependant, lorsque l’on raisonne entre les groupements, des

différences ont été notées aux niveaux de certaines caractéristiques, comme l’accès au

conseil, à la formation, la disposition du matériel et l’appui des partenaires.

2.9.2.2. Les membres des groupements bénéficiaires et non bénéficiaires : rôle des

leaders et homophilie

Le rôle des leaders des groupements

Selon Rogers (1995), au sein d’un groupement, il peut exister qu’un individu agisse en tant

que leader d’opinion pour une majorité de sujets, ou qu’un seul individu agisse comme leader

d’opinion sur un seul sujet. Cela peut avoir un impact sur l’adoption de l’innovation par les

autres membres. L’analyse du verbatim des groupements bénéficiaires a montré que les

agents de l’ANCAR et de l’ITA exhortent les présidentes des groupements bénéficiaires à

21 L’autorisation de fabrication et de mise en vente communément appelé numéro FRA autorise la fabrication,

la transformation et le conditionnement et la mise en vente de tous produits destinés à l’alimentation humaine

ou animale au Sénégal (ITA, 2019).

Page 119: Adoption et impact des innovations technologiques

102

choisir celles qui vont les accompagner aux séances de formation et de démonstration. Ce

sont donc les mêmes femmes qui vont toujours être les plus informées sur les aflatoxines et

formées sur la technologie.

Certaines femmes du groupement de Dionssong ont en effet souligné qu’au début elles

trouvaient anormal que ce ne soit que la présidente qui participe aux formations relatives à

la technologie qui sont organisées dans d’autres régions par l’ANCAR ou l’ITA. «Dagnou

done wakhni mome dee mome rekk moy dem» (Nous nous disions souvent que la présidente

est souvent la seule à partir jusqu’à ce que l’on se rende compte que c’est l’ANCAR et l’ITA

qui ne convoquaient que les présidentes des groupements). Chez certains groupements non-

bénéficiaires, cela aurait pu exister s’ils avaient été au courant de l’existence de la table.

Ainsi, bien que les présidentes des groupements rencontrées reflétaient des femmes dotées

de leadership, le fait que les porteurs de projets ne convoquaient qu’elles ou un petit groupe

pour représenter le groupement lors des formations pouvait avoir des impacts négatifs sur

l’adoption des tables par les autres membres.

Par ailleurs dans la plupart des groupements rencontrés, les femmes ont souligné travailler

en bonne synergie. Elles entretiennent de bonnes relations avec leur présidente. Les femmes

membres des groupements se respectent, s’entraident et prennent toutes leurs décisions après

concertation. Les groupements au contraire sont considérés par les membres comme « des

deuxièmes familles, ou maisons », où des lieux conviviaux et de quiétude existent comme en

témoignent les extraits suivants.

Toutes les décisions qui sont prises pour le groupement se font après concertation avec les

membres. En tant que présidente, je ne suis pas celle qui prend les décisions, mes sœurs, filles ou

belles-filles ici présentes ont juste confiance en moi en me laissant les représenter. Nous

organisons des rencontres chaque semaine ou chaque deux semaines pour faire le point sur notre

activité, les décisions relatives au groupement sont prises collectivement. Dans notre groupement,

nous travaillons toutes en synergie et n’avons aucun problème. Nous nous entraidons ; nous avons

toutes ici des sœurs ou des filles.

Nous avons toutefois constaté dans deux groupements bénéficiaires des tables : un dans la

région de Fatick et un autre à Thiès, des discordes entre les jeunes femmes et les femmes plus

âgées. Les jeunes filles et les vieilles dames du groupement de Mérina n’étaient pas en bons

termes à en juger par l’ambiance observée lors de l’entrevue, même si elles ont témoigné

qu’il n’y avait pas d’autoritarisme.

Page 120: Adoption et impact des innovations technologiques

103

Cette situation pourrait s’expliquer par deux faits. La première est que comme nous avons

effectué des focus groupes, les jeunes filles n’étaient peut-être pas à l’aise pour s’exprimer

librement. Mais la raison la plus plausible à notre sens, réside dans les pesanteurs sociales

mises en place par le système culturel et peut-être religieux au Sénégal. Dans des sociétés

d’Afrique de l’ouest telle le Sénégal, les femmes ainées ont une grande importance et sont

traitées avec respect et considération par les jeunes femmes. Les jeunes femmes, de façon

naturelle, concèdent aux ainées beaucoup de privilèges. Les ainées ont presque toujours

raison (Courade et Suremain, 2001; Cogneau et al., 2006 ; Yattara, 2017). Dans les ménages

ruraux, ce sont les jeunes femmes qui supportent les travaux domestiques et champêtres.

Nous avons même trouvé dans nos groupements que ce sont les jeunes qui effectuent les

tâches qui nécessitent le plus de force. Cette situation laisse apparaitre un certain problème

d’autonomisation sociale des jeunes femmes dans le Bassin Arachidier du Sénégal. Cela

signifie aussi que, comme l’a montré Yattara (2017) dans sa recherche effectuée au Mali, que

le groupe des femmes n’est pas un groupe homogène.

Le constat général est donc que, bien qu’il ait des petites querelles aux niveaux de quelques

groupements et un faible pouvoir des jeunes femmes, la synergie et la bonne entente

prédominent aux dire des personnes rencontrées. Le comportement des porteurs de projets

envers les leaders des groupements bénéficiaires pouvait aussi impacter positivement

l’adoption dans le cadre d’une synergie chez les groupements et négativement dans le cas

contraire. Cette synergie trouvée chez la majorité des groupements peut s’expliquer en grande

partie par ce que Rogers nomme l’homophilie, à savoir que les femmes d’un même

regroupement partagent plusieurs attributs, tels que les croyances et valeurs, le niveau

d’éducation, l’alphabétisation, le statut social et l’accès aux finances, chose que nous allons

vérifier dans la suite.

Homophilie ou hétérophilie chez les groupements

Un partage de valeurs

Dans les entrevues, les femmes ont effectivement témoigné qu’elles partagent plusieurs

valeurs comme l’union, le travail, l’entraide, la solidarité, la dignité et la paix. Les extraits

suivants le montrent. « Les femmes de notre groupement sont des Jambar22, nous ne

22 Mot wolof, signifiant guerrière ou travailleuse.

Page 121: Adoption et impact des innovations technologiques

104

connaissons et ne voulons que travailler. Nous n’avons besoin que des moyens

supplémentaires pour travailler et aider nos maris ».

Beaucoup de femmes soulignent que le groupement est un lieu de solidarité et de paix. « Le

groupement est pour moi ma deuxième maison, je peux y discuter de mes problèmes de femme

et trouver des solutions avec les membres ».

Un faible niveau d’éducation en moyenne

En matière d’éducation, les informations transcrites montrent en moyenne un faible niveau

d’éducation des femmes. La majorité des femmes des groupements n’ont pas été à l’école ou

ont arrêté très tôt leurs études. Celles qui sont allées à l’école ont en moyenne le même niveau

d’éducation à savoir le primaire ou le secondaire rarement. La plupart d’entre-elles savent

lire et écrire en français. Celles qui n’ont pas effectué des études soulignent avoir bénéficié

de programmes d’alphabétisation en français pour la plupart et en langues nationales. Les

femmes évoquent comme raisons d’abandon de leurs études le mariage précoce. En effet,

dans la plupart des groupements le témoignage ci-après est ressorti à plusieurs reprises dans

le verbatim. « La plupart des membres de notre groupement sont allees a l’ecole mais ont

abandonné au primaire souvent à cause du mariage ». Elles répètent les vieux proverbes

wolofs célèbres au Sénégal comme « Tarru Jiguene moy sey », ce qui signifie que la réussite

d’une femme est le mariage.

Le mariage précoce et la polygamie, une réalité courante

Dans la plupart des groupements situés dans les villages à ethnie Peul, le mariage précoce

des femmes est considéré comme un phénomène tout à fait normal. Les femmes nous ont dit

sans gêne « vous savez sans doute que dans les localités Al pular23, les femmes se marient

très jeunes ; la plupart d’entre nous sommes toutes mariées depuis déjà plusieurs années, si

vous étiez née ici, à votre âge vous le seriez et auriez surement présentement plusieurs

enfants ; nous allons vous trouver un mari avant votre départ pour Dakar ». Cependant, bien

que le mariage précoce soit une réalité chez les femmes interviewées, il ressort des

informations qu’elles accordent une importance capitale à l’éducation de leurs enfants. Les

femmes du groupement du village de Sinthiou Limby disent : « nous sommes conscientes

23 Les peuls sont appelés aussi Al pular au Sénégal.

Page 122: Adoption et impact des innovations technologiques

105

qu’en eduquant nos enfants, ils auront plus d’avenir que nous et pourront avoir de bons

postes dans les ministères à Dakar ». D’autres privilégient même l’éducation des filles. En

effet, au niveau du groupement du village à Kaffrine, une membre d’un groupement a eu les

propos suivants. « Je suis contente parce que mes filles travaillent mieux a l’ecole que mes

garçons ». Ainsi, nous remarquons que certaines femmes sont conscientes de leur situation

dans leur ménage et souhaitent que leurs enfants, surtout leurs filles, aient un avenir différent,

voire meilleur que le leur. Les entrevues ont également révélé la présence de mobilité

géographique dans les ménages des femmes. La plupart des femmes ont des enfants qui sont

partis dans les grandes villes pour étudier ou trouver du travail. Quelques-unes ont des enfants

ou maris qui sont dans la sous-région ou en Europe.

Toujours pour ce qui a trait au statut matrimonial, les entrevues ont révélé, que la majorité

des femmes mariées des groupements vivent dans des ménages polygames. Dans presque

tous les groupements, les femmes nous ont dit que « la plupart des femmes qui sont présentes

ici vivent dans des menages polygames, nous considerons nos coepouses comme nos sœurs

et elles intègrent automatiquement le groupement quand elles rejoignent le domicile

conjugal ».

Les groupements sont donc des institutions que les nouvelles mariées intègrent

automatiquement lorsqu’elles rejoignent la belle-famille. Cela suppose que le fait d’être

membre n’est donc pas une décision volontaire chez certaines femmes, mais plutôt une

tradition, surtout dans des groupements à caractère familial comme souligné par les femmes

des villages de Keur Yorodou (Kaolack), Ndody Ba (Kaffrine) et Sobb NGodjleme (Thiès).

Là aussi revient la question du faible pouvoir des jeunes femmes « belles-filles ». En effet,

elles héritent des travaux domestiques qui étaient précédemment effectués par les vielles

femmes, mais aussi des tâches lourdes des groupements.

Ainsi, au niveau des caractéristiques sociodémographiques, il s’avère que les membres des

groupements sont pour la plupart homophiles. On y note toutefois chez la majorité un élément

particulier à savoir un faible pouvoir des jeunes femmes.

Il est également ressorti que les membres des groupements bénéficiaires comme non

bénéficiaires ont un faible accès aux ressources de production agricoles.

Page 123: Adoption et impact des innovations technologiques

106

2.9.2.3. Un accès limité des groupements aux ressources productives agricoles

(crédit, microcrédit, terre, intrants, eau, matériel, magasin de stockage)

En dehors du comportement des leaders chez les groupement et l’existence ou non

homophilie, nous avons dressé d’autres caractéristiques socio-économiques au sein des

groupements, qui sont susceptibles d’expliquer l’adoption des tables. L’analyse des extraits

d’entrevues a révélé que les groupements de transformatrices d’huile artisanale d’arachide

ont un faible accès aux facteurs de production agricole et de commercialisation, comme la

terre, le financement, l’eau, le matériel agricole, des magasins de stockage ou encore des

emballages. Ce faible accès est plus accentué chez les non bénéficiaires de la table lorsqu’on

fait une comparaison des informations issues des entrevues.

Faible accès au financement et palliatifs

S’agissant des services financiers, l’analyse des informations a montré un non-accès chez

certains groupements et un faible accès chez la majorité des groupements interviewés. Dans

l’échantillon des 23 groupements, seul cinq ont pu avoir accès aux financements des

institutions de microfinance et des caisses villageoises. Les groupements de femmes n’ayant

pas accès aux banques ou institutions de microfinance ont donné comme raison l’absence de

garanties, le caractère saisonnier de leurs activités et les taux d’intérêts élevés des institutions

financières. Plusieurs membres de groupements bénéficiaires comme non bénéficiaires

soulignent avoir « peur » des systèmes financiers décentralisés à cause de leurs méthodes de

recouvrement de crédits jugées « asociales » et honteuses. En effet, certaines institutions de

microfinance affichaient devant leurs portes les photos des clients n’ayant pas acquitté leurs

dettes aux dires des femmes. Aux cours des entrevues, les phrases suivantes sont en fait

revenues de façons récurrentes.

Les taux d’intérêt élevés nous découragent à aller chercher du crédit dans les institutions de

microfinance.

La saisonnalité de notre activité nous empêche d’aller chercher du crédit dans les institutions de

microfinance.

Les pratiques non sociales de recouvrement des institutions de microfinance nous font peur. Nous

avons peur des banques.

Par ailleurs, des expériences d’insolvabilité vécues ont poussé quelques groupements à

arrêter de contracter du crédit auprès des institutions financières. Les femmes d’un

Page 124: Adoption et impact des innovations technologiques

107

groupement non bénéficiaire du village de Latmingué Escale ont eu le témoignage suivant à

ce propos : « notre groupement a une fois eu affaire avec une institution de microfinance,

mais nous n’avions pas pu rembourser le credit, nous nous contentons de notre tontine

maintenant pour nous financer ».

Ainsi, bien que le Sénégal soit le pays le plus bancarisé en Afrique de l’Ouest, l’accès au

crédit constitue toujours un problème chez les femmes agricultrices. Des innovations en

matière d’octroi de crédit comme le warrantage24 gagneraient à être implantées dans le Bassin

arachidier.

Pour remédier au problème des maigres moyens financiers, les groupements ont trouvé

comme solution l’autofinancement. Leur autofinancement est fait à travers des tontines, des

cotisations ou ce qu’elles appellent les calebasses25. Les cotisations peuvent se faire en nature

(en kilogrammes de spéculations) ou en numéraires (cotisations comprises entre 500 et 8000

francs CFA selon les groupements). Avec les cotisations, elles peuvent se prêter de l’argent

entre-elles à des taux d’intérêt allant de 5 à 10%. Certains groupements pour financer leurs

activités de transformation organisent des cérémonies religieuses comme le « Gamou »26 et

en tirent de bénéfices ou font des regroupements confrériques appelés « Dahira27 ». D’autres,

ont témoigné faire de la location de chaises et de bâches dans les villages lors des cérémonies

(mariages, baptêmes, deuil, tontine, etc.) pour avoir des ressources ou détenir des boutiques

communes. Quelques groupements signalent être approchés occasionnellement et financés

par les hommes politiques, les maires en particulier en périodes pré-électorales. Cette

situation est déplorée par d’autres qui dénoncent le fait que les maires des communes

n’appuient que les groupements ayant un nombre élevé de membres au détriment des petits

groupements. Ces propos des femmes des groupements de Mérina à Thiès et celles de Wakh

24 Le crédit warrantage, aussi appelé crédit stockage ou crédit warranté, est un système de crédit rural qui

consiste, pour une organisation paysanne (OP) et/ou ses membres producteurs, à obtenir un prêt en mettant en

garantie leur production (de mil, sorgho, riz, maïs, arachide etc.) susceptible d’augmenter de valeur (Gouillat,

2014). Les systèmes de warrantage ont deux objectifs principaux : éviter aux petits producteurs de vendre juste

après la soudure (période, qui sépare la fin de la consommation de la récolte de l'année précédente et

l'épuisement des réserves des greniers, de la récolte suivante, durant laquelle la population est contrainte de se

débrouiller pour trouver des ressources monétaires afin d’acheter des vivres) lorsque les prix sont au plus bas

et leur donner la possibilité d’accéder à un crédit.

25 C’est de l’argent qui est cotisé, il permet d’octroyer des crédits aux femmes et d’aider celles qui ne disposent

pas de semences à en acheter (le groupement de Sobb Ngodjlene). 26 Cérémonie religieuse, marquant la naissance du prophète des musulmans Mouhamed. 27 Association formelle ou informelle regroupant des personnes appartenant à la même confrérie religieuse.

Page 125: Adoption et impact des innovations technologiques

108

Ngoumba à Nioro en sont des illustrations « nous n’avons pas de partenaires, mais le maire

de la commune nous aide en période électorale ». « Le maire appuie les groupements ayant

le plus de nombre de membres et fait du favoritisme ».

Un faible accès des femmes à la terre agricole

De la même manière que le financement pose un problème, le faible accès à la terre a été

noté comme contrainte majeure chez les groupements. Sur les 23 groupements de femmes

interviewés seuls quatre ont expliqué que tous leurs membres détiennent des terres. Chez les

autres, les rares membres en détenant, soulignent y effectuer du jardinage. Le foncier dans la

majorité de ces zones du bassin arachidier, est ainsi l’apanage des hommes comme en

témoignent les extraits suivants du verbatim.

Nous n’avons pas des terres qui nous appartiennent, mais cultivons l’arachide sur les terres de

nos maris ». « Les terres appartiennent à nos maris ou à nos fils (les femmes de Refane).

Nous avons accès à la terre mais n’avons pas souvent les moyens pour acheter les semences, de

ce fait, elles sont utilisées par nos maris (quelques femmes des groupements de Fatick, Diourbel

et Kaffrine).

Nous avons de petits lopins sur lesquels nous faisons du jardinage ou de l’horticulture (un

groupement de non bénéficiaire à Kaolack).

Les femmes expliquent ce faible accès à la terre par le fait que ce sont les hommes qui héritent

de plus de terres selon la religion.

Deux des groupements bénéficiaires ont signalé, que leur solution à ce problème a été d’avoir

un champ commun sur lequel elles cultivent l’arachide destinée à la transformation des

produits de leur groupement.

Un déficit de matériel chez la plupart des groupements

En dehors du déficit de financement et de terres, les groupements ont soulevé des contraintes

relatives à l’accès aux intrants à l’eau et au matériel de transformation.

Bien que certains groupements bénéficiaires de la table aient des infrastructures comme le

groupement « Wakh Ngoumba » de Kaolack, le groupement « And Takku Ligueye Réfane »

dans la région de Diourbel et le groupement « Ngadiaga » à Thiès, en moyenne le problème

de manque de matériels soulevé demeure le même. Les informations ont montré que les

groupements non -bénéficiaires de la table, ont moins de matériels que les bénéficiaires et

sont confrontées à des problèmes d’accès à l’eau. En effet, dans la région de Thiès les femmes

Page 126: Adoption et impact des innovations technologiques

109

du groupement de Ndourene Bata, ont souligné la difficulté d’accès à l’eau comme contrainte

majeure dans leur activité de transformation d’arachide et réducteur de leur bénéfice. Dans

trois des groupements de non bénéficiaires, les femmes n’ont pas de presse à huile, elles font

la trituration de façon très artisanale ou apportent leur arachide au niveau des presses

implantées dans les marchés. « Nous n’avons pas de presse a huile, nous amenons notre

arachide chez d’autres groupements ou au marché (les femmes du GIE Jappo Ligueye à

Fatick)». « Si seulement nous pouvions avoir des machines à décortiquer, des criques et au

moins une presse à huile (les femmes du GIE Adam Dione) ».

De leurs côtés, les groupements de femmes bénéficiaires et non bénéficiaires qui détiennent

quelques matériels déplorent leur obsolescence. Les groupements situés dans des villages

dotés d’électricité quant à eux souhaitent avoir des presses à huile électriques. Ces quelques

extraits ci-après le prouvent.

Les presses à huile dont nous disposons sont manuelles et nécessitent la force d’un jeune, si

seulement nous pouvions avoir des presses électriques (les femmes du groupement Bokk Diom).

Notre village étant un grand producteur d’huile artisanale d’arachide, et disposant d’électricité,

nous avons demandé à nos maris de cotiser pour nous acheter la presse électrique, mais elle coûte

vraiment cher : 1.2 million de franc CFA (les femmes de Dionssong). Nous pensons qu’il serait

important que les agents d’ANCAR nous aident à avoir une presse à huile électrique

(groupements And Takku Liguey de Réfane, Niolor et Mérina).

Le manque d’emballage et la cherté du kilogramme d’arachide coque (250 à 275 francs CFA)

et décortiquée (entre 375 et 400 francs CFA) ont été aussi révélés comme contraintes par

presque tous les groupements. À propos des emballages, dans la majorité des groupements,

les femmes recyclent des bouteilles, des seaux de peinture, des pots de beurre et pots de

détergent pour en faire des emballages. D’autres soulignent que lorsqu’elles vendent l’huile

au marché ou chez elles, les clients viennent souvent avec leurs propres récipients. Elles

reconnaissent être conscientes que ces récipients recyclés ne sont pas bons, mais n’ont pas le

choix. Il est revenu souvent dans le verbatim la phrase suivante. « L’ANCAR nous avait

promis des emballages, mais nous n’avons rien reçu jusqu’a present. » Les rares

bénéficiaires ayant reçu des emballages déplorent l’absence de labellisation et référence

géographique notamment, le fait que le nom de leur groupement n’y figure pas.

« Nous avons reçu des emballages, mais ce sont les noms de l’ANCAR et l’ITA qui y figurent

alors que nous voulons que les gens qui achetent notre huile sachent d’où elle est produite

Page 127: Adoption et impact des innovations technologiques

110

surtout lorsque nous assistons aux foires dans des grandes villes comme Dakar (groupements

bénéficiaires de Nioro, Fatick et Kaolack). »

Le manque de magasins de stockage est également un phénomène très présent chez les

groupements. La plupart des membres gardent leurs arachides dans leurs maisons. Les

arachides issues des groupements qui ont des champs collectifs, sont stockées aux domiciles

des présidentes des groupements. La majorité des groupements de bénéficiaires n’ont pas

d’abri pour leur table, et ont trouvé comme solution de la couvrir avec des bâches souvent de

mauvaise qualité observée lors des entrevues.

Dans cette sous-section, il est ressorti de l’aperçu des caractéristiques socio-économiques

que les groupements ont un faible accès aux ressources économiques mais aussi de

production agricole. Ce faible accès peut constituer une entrave dans l’utilisation de la table

dans la mesure où la trituration artisanale et l’opération de filtration avec la table nécessite la

disponibilité d’intrants et ce de façon récurrente.

L’hétérogénéité dans l’accès aux ressources, peut également occasionner un degré

d’adoption différent chez les groupements.

2.9.2.4. Des femmes dotées d’émotions positives, d’espoir et de force de caractère

L’analyse des informations des entrevues a montré que les femmes ont des esprits positifs,

croient fortement en leurs activités et sont dotées de force de caractère. Lors des entrevues,

l’ambiance qui y régnait laissait apparaitre des femmes très fières de leur groupement et se

reconnaissant comme étant de braves travailleuses. À plusieurs reprises, elles se sont

qualifiées de « Jambar » (travailleuses). Elles ont affirmé être contentes de se rencontrer

chaque semaine pour discuter de leurs activités et ont donc des émotions positives. Les

femmes ont souligné être conscientes qu’avec le travail, la solidarité, le respect et l’entraide,

et les ressources financières nécessaires elles peuvent réussir dans leurs activités et avoir

d’avantage d’autonomie financière. Elles ont semblé être très ambitieuses et confiantes en

l’avenir et stipulé que l’arachide les nourrira toujours. Les membres du groupement de

Kaolack nous ont dit : « l’arachide est la seule speculation au Senegal qui nourrira toujours

les femmes, hommes, animaux et même le sol. C’est la seule culture où on ne jette rien, de la

coque à la fane. » L’activité, de transformation d’arachide est donc plus qu’une source

d’espoir chez les femmes. Dans tous les groupements les membres ont fait le témoignage

Page 128: Adoption et impact des innovations technologiques

111

suivant « Ce que nous tirons de notre activité, nous permet de subvenir à nos besoins de

femmes mais également de participer à la couverture des charges dans nos ménages et la

scolarité de nos enfants ».

2.9.2.5. La trituration artisanale, une activité rentable et avantageuse pour les

femmes des groupements

Au-delà, d’être une source de dignité pour les femmes, le fait d’appartenir à un groupement

et d’exercer l’activité de trituration, apporte beaucoup d’avantages aux femmes du Bassin

arachidier du Sénégal. La vente de l’huile artisanale d’arachide au marché, au sein de leurs

groupements ou dans leurs domiciles, leur permet d’avoir des bénéfices et une certaine

autonomie financière. Certains membres de groupements non bénéficiaires soulignent que

même si les marges tirées de leurs ventes ne sont pas très conséquentes ou sont parfois nulles,

rien que le fait d’être dans le groupement leur apporte pour la plupart du temps de la joie.

Bien qu’en mettant du sérieux dans leur travail, les femmes des groupements non

bénéficiaires des tables qualifient les activités exercées au sein des groupements de « moment

de loisir et d’apprentissage mutuels ». « Les tontines que nous organisons chaque deux

semaines, nous permettent de nous amuser et de socialiser davantage (la plupart des femmes

des groupements). » Le fait d’appartenir au groupement leur facilite également l’accès à

certaines formations mais aussi à l’information.

Dans tous les groupements non bénéficiaires une partie des marges tirées de leurs activités

est réinvestie dans le groupement, une autre partie répartie entre elles. Les membres du

groupement Ndourene Bata par exemple ont souligné avoir acheté une charrette avec leur

bénéfice.

Chez les bénéficiaires de la table de traitement, les femmes ont qualifié de très rentable leur

activité. Certains groupements ont témoigné avoir même remporté des prix comme le

« Guerte d’or » (arachide d’or). D’autres soulignent avoir augmenté largement leur

production, « Nous sommes passées de la trituration de kilogrammes à des tonnes

d’arachide ». Et leurs marges ont davantage augmenté à la suite de l’utilisation de la table

même si elles subissent des pertes d’huile lors de la filtration. L’augmentation de leur marge

est expliquée par le fait qu’elles peuvent vendre plus cher le litre d’huile traitée

comparativement à celui non traitée et effectuer des prestations de service avec la table. Dans

Page 129: Adoption et impact des innovations technologiques

112

nos entrevues, nous n’avons pas pu avoir d’informations chiffrées sur les quantités traitées et

les bénéfices réalisés par les groupements de femmes, car elles étaient réfractaires à ce genre

de questions. Toutefois, le tableau suivant établi à partir des données des comptes

d’exploitation de certains groupements du rapport d’évaluation d’impact quantitative du

CRES montre bien que la plupart des groupements bénéficiaires des tables dégagent des

marges. Quelques-uns cependant peuvent subir des pertes pouvant être expliquées par une

potentielle augmentation de certaines charges notamment le prix du kilogramme d’arachide

coque.

Page 130: Adoption et impact des innovations technologiques

113

Tableau 2. 6. Résultats d’exploitation de quelques groupements bénéficiaires de la table de traitement de l’aflatoxine

Nom du

groupement28

Quantités d'huile traitée en litres Résultats financiers29 en Francs

CFA

2014 2015 2014 2015

Groupement Prestation

de service

Total Groupement Prestation de

service

Total

GIE AFDT de

Darou Miname 900 2 160 3 060 2 340 1 000 5 730 309 767 1 054 567

GIE Natangué de

Diossong 385 6 331 6 716 0 25 733 25 733 458 992 1 840 642

GIE Bokk Jom

de

Koumpentoum

250 0 250 350 0 350 77 667 169 167

GIE Care Group

de Bousra 500 260 760 450 330 780 183 767 112 147

GIE Diattara

Tambedou de

Dinguiraye

240 1 096 1 336 1 671 107 1 778 670 267 1 352 767

GIE Jef

Dumoroom de

Thiakho Maty

720 160 880 700 20 720 470 767 580 167

GIE Ndiolor de

Mbafaye 155 162 317 175 167 342 38 067 -25 308

GIE Sope Babou

Top de Ngodyba 400 1 438 1 838 1 898 0 1 898 343 467 840 967

Total 3 914 11 632 15 546 8 574 27 387 38 351 2 848225 6 211 755

Source : Enquêtes CRES 2015-2016.

28 Certains groupements répertoriés dans le tableau ne font pas partie de notre échantillon d’étude, mais ils font partie des 105 groupements ayant bénéficié des

tables de traitement de l’aflatoxine du projet. 29 Les résultats financiers présentés ici représentent les revenus nets des groupements.

Page 131: Adoption et impact des innovations technologiques

114

L’utilisation du bénéfice est collectivement décidée par les membres des groupements. Dans

la plupart des cas, une partie est épargnée ou investie dans la caisse de la tontine où chaque

femme peut venir emprunter de l’argent si besoin, et l’autre partie répartie entre les femmes.

Cette épargne permet à certains groupements de renouveler leur stock d’arachide à la période

à laquelle l’arachide se fait rare. Toutes les femmes des groupements bénéficiaires comme

non-bénéficiaires disent investir leur bénéfice individuel dans l’éducation et la santé de leurs

enfants, les dépenses familiales, les cérémonies familiales ou tontines. Les femmes

bénéficiaires des tables affirment également qu’au-delà de l’amélioration de leur autonomie

financière, elles ressentent une amélioration de leur pouvoir. Elles se sentent en effet, plus

formées, plus respectées dans leurs familles, enviées par les autres groupements et plus

considérées dans leur localité.

2.9.3. L’aflatoxine chez les groupements bénéficiaires et non bénéficiaires de la table

2.9.3.1. L’aflatoxine chez les groupements non bénéficiaires de la table,

connaissances et degrés de prise en compte de ses méfaits

À en juger par les extraits des entrevues, l’aflatoxine est un phénomène totalement méconnu

par la totalité des membres de quatre groupements non bénéficiaires sur les six interviewés.

Ces femmes affirment n’avoir jamais entendu parler des aflatoxines ni de leurs méfaits sur la

santé humaine et encore moins de la table de traitement des aflatoxines. « Notre groupement

n’a jamais entendu parler de cette machine, peut-être que les groupements ont voulu nous

cacher son existence ou l’ANCAR a fait du favoritisme ». Dans ces groupements, certaines

femmes ne croient absolument pas à son existence. À ce propos elles ont souligné lors des

entrevues que si les aflatoxines existaient vraiment, elles en sont immunisées alors car dans

leur entourage personne n’est encore tombé malade après avoir consommé l’huile artisanale

d’arachide. « Nos parents et grands-parents sont nes ici et ont consomme l’huile artisanale

d’arachide toute leur vie sans pour autant tomber malade ou avoir un cancer et ils ont de

très longues vies. Nous ne croyons pas a l’existence des aflatoxines ni a leurs mefaits (les

membres du groupement Takku liguèye) ». Certaines femmes nous ont dit que l’une de leur

collègue leur en avait parlé une fois, mais elles ne lui prêtaient pas attention parce qu’elle

n’est pas allée à l’école. Chez les trois autres groupements qui ne connaissent pas les

aflatoxines, les membres sont allées jusqu’à avoir leur propre opinion du phénomène

Page 132: Adoption et impact des innovations technologiques

115

d’aflatoxine comme en témoignent les extraits du verbatim suivant : « Nous pensons que les

questions d’aflatoxine ont ete fomentees par les chinois pour acheter l’arachide a bas-prix »

ou encore « c’est le blanc qui a amené les questions d’aflatoxine au Saloum nous n’y croyons

pas ». Les membres des deux autres groupements ont en revanche souligné avoir eu des échos

sur les aflatoxines et leurs conséquences sur la santé humaine. Les femmes d’un des deux

groupements affirment avoir été sensibilisées par les groupements des villages environnants

disposant de la table. « Nous ne connaissions pas l’existence de la table et nous n’avons

aucune formation sur les techniques de lutte contre les aflatoxines ». La plupart de nos

membres ont arrêté de consommer l’huile Seggal non traitée quand les femmes du

groupement Ngadiaga nous ont informées de ses dangers sur la santé. Certaines de nos

membres sont même allées voir la table à Ndadiaga, l’huile filtrée avec est vraiment claire et

propre ».

Un autre élément ressorti des entrevues est que les deux groupements non bénéficiaires qui

connaissent les aflatoxines font des confusions et surestiment leurs conséquences sur la santé.

Ces dernières pensent que l’aflatoxine est à l’origine de toutes les maladies dont souffrent les

vielles personnes dans leur village notamment les maux de pieds, la mauvaise vue, les maux

de reins, les maux de ventre, entre autres. Les femmes dans ce cadre, ont pris des dispositions

comme : mieux trier les graines d’arachide, chauffer à haut degré l’huile artisanale avant de

la consommer, ne pas la consommer ou chercher à obtenir la table.

« Nous avons besoin de matériel et souhaitons vraiment avoir la table. Même si nous ne

consommons plus l’huile d’arachide certains menages qui sont dans notre village le font. Et

il serait bien que notre groupement produise de l’huile de qualite et la leur vende pour les

protéger et surtout les enfants ».

Lorsqu’on résume les informations sur les connaissances des aflatoxines chez les non

bénéficiaires, on remarque qu’elles n’avaient pas beaucoup d’information sur les aflatoxines,

même si elles utilisaient les techniques traditionnelles, comme le tri et le séchage. On

remarque également que, même si elles soulignent lutter contre l’aflatoxine à leur manière,

elles ignoraient leurs effets sur la santé humaine et surtout animale comme le montrent les

témoignages suivants : « nous trions les arachides avant de faire l’huile Seggal, les graines

pas jolies sont données au bétail ou parfois consommées par les hommes lorsqu’ils boivent

Page 133: Adoption et impact des innovations technologiques

116

du « ataya » c’est-à-dire le thé sénégalais. Rappelons que plusieurs études ont montré les

désastres causés par les aflatoxines chez les animaux qui les ingurgitent (Diekman et Green,

1992; Williams et al., 2004 et Iqbal et al., 2014).

2.9.3.2. L’aflatoxine chez les groupements bénéficiaires de la table

L’analyse des entrevues réalisées auprès des 17 groupements bénéficiaires des tables de

traitement de l’aflatoxine a révélé que les membres de 14 groupements connaissaient les

aflatoxines avant d’avoir la table. Elles l’appellent en wolof « tokké » (moisissure) ou « gnoul

gnoulit » noirceur. Elles ont eu l’information par le biais des agents de l’ANCAR et de l’ITA,

des chefs de village ou des radios communautaires. Ces femmes connaissent les maladies

causées par l’aflatoxine comme le cancer et l’exacerbation du diabète.

Les femmes des trois autres groupements ont indiqué qu’elles en ignoraient l’existence

jusqu’à ce que les agents de l’ANCAR les en informent et qu’elles obtiennent leur table.

Dans certains groupements par exemple les témoignages suivants ont été faits dans ce cadre:

Nous ne savions vraiment pas que nos techniques de trituration, ou conservation des produits

dérivés d’arachide étaient mauvaises pour notre santé. Nous étions en train de creuser nos tombes

sans nous en rendre compte (les femmes du groupement Bokk Diom). Nous ne savions pas que

les moisissures présentes dans nos arachides donnaient le cancer, toutefois nous triions nos

arachides avant la trituration artisanale (les femmes du groupement Ngadiaga). Nous aspergions

d’eau les graines d’arachide contenues dans les sacs lorsque nous les conservions, mais à la suite

des formations effectuées à l’ANCAR, nous avons su que cela augmentait les risques de

contamination des arachides et la présence d’aflatoxines (Les femmes du groupement Takku

Ligueye Bokh). Nous connaissions l’aflatoxine et ses méfaits, nous n’avions juste pas beaucoup

d’alternatives. Nous faisions un bon tri de nos arachides avant la trituration, maintenant que la

table est là Alhamdoulilah (Dieu merci).

Selon les agents de l’ANCAR et de l’ITA interviewés, tous les groupements ont été formés

aux conséquences de l’aflatoxine sur la santé humaine. Ils ont cependant révélé que du fait

des moyens limités des deux projets de diffusion, dans chaque groupement, seules quelques

femmes pouvaient assister aux séances de formations aux techniques de tri des arachides, à

l’utilisation de la table et aux séances de démonstration dans les grandes villes.

Dans certains groupements, les membres ayant été formées par l’ANCAR jugent que les

séances de formations ont été rapides et que le procédé de filtration n’est pas très facile à

faire. Cela peut avoir des conséquences sur la qualité de l’huile traitée par les femmes des

groupements.

Page 134: Adoption et impact des innovations technologiques

117

Malgré les quelques critiques formulées par les femmes, les informations ont en somme

montré une réelle prise aux sérieux de la question des aflatoxines par les groupements

bénéficiaires. Plusieurs groupements témoignent trier davantage leurs arachides, démultiplier

les formations au niveau d’autres groupements et sensibiliser les habitants de leurs villages

sur les aflatoxines et les avantages de la table. « Être en bonne santé tandis que ton voisin ne

l’est pas n’a aucun sens » aux dire des femmes. D’autre sont d’avis que même si l’usage de

la table nécessite un effort et une perte de temps, elle est une nécessité car elle les protège du

cancer et des autres maladies provoquées par la consommation d’une huile artisanale

d’arachide impropre. Les conséquences des aflatoxines sur la santé sont donc bien mesurées

et prises en compte par les femmes membres des groupements bénéficiaires de la table. Aussi

non récurrentes qu’elles puissent être, les séances de sensibilisations et formations ont permis

par ailleurs aux femmes de connaitre ou d’améliorer leurs connaissances sur les

conséquences de l’aflatoxine comme l’ont montré Gajate-Garrido et al. (2016).

Elles ont également permis aux femmes de mieux sécher et trier leurs arachides comme

recommandé dans la littérature par Turner et al. (2003), Filbert et Brown (2012) et Matumba

et al. (2015).

2.9.3.3. Les groupements face à la table de traitement de l’aflatoxine

Avantages de la table

La table est considérée par la plupart des groupements comme une « bénédiction ». Si

certains groupements, la nomment « docteur » du fait de son caractère préventif contre

certaines maladies, d’autres la considèrent comme un joyau qui leur est envié par les

membres de groupements non bénéficiaires. « La table est Macha Allah » Elle a été remise

aux groupements par les agents de l’ANCAR et l’ITA après qu’ils les aient informés de son

utilité.

Selon les femmes des groupements cette technologie comporte beaucoup d’avantages et

quelques inconvénients résumés dans le tableau 2.7. La majorité des femmes des

groupements qui l’ont utilisée la trouvent bénéfique pour elles.

Sur le plan de son fonctionnement, beaucoup de membres la trouvent facile à comprendre et

utiliser. L’huile ainsi filtrée est très appréciée par les femmes et leurs clients. D’ailleurs, dans

Page 135: Adoption et impact des innovations technologiques

118

plusieurs groupements, les femmes sont les propres clientes de leur groupement et gardent la

majorité pour la consommation de leur ménage. Elles disent être conscientes de son

importance sur la santé des membres de leur famille. D’après les femmes, les clients qui

achètent l’huile traitée avec la table l’apprécient bien malgré son prix élevé (1000 à 1200

francs CFA le litre) par rapport à celui de l’huile non traitée (750 à 800 francs CFA le litre).

Ce prix compense la perte de volume subie pas les groupements lors de leur opération de

filtration. « Nos principaux clients sont les enseignants qui sont dans la localité, ils ne

consomment que l’huile qui est filtree avec la table, l’apprecient beaucoup et en font même

la publicite a l’ecole (les femmes du groupement Fipou) ».

Les membres des groupements usagers des tables les qualifient de rentables, ils témoignent

en ce sens avoir augmenté leurs productions et tirer des bénéfices importants, leur permettant

de participer aux dépenses dans leurs ménages. Les femmes du groupement Wakh Ngoumba

ont souligné par exemple qu’à la suite de l’introduction de la table, elles sont passées de la

production de 3 à 18 bouteilles de 20 litres par jour. La table a même permis à quelques

groupements de participer et d’exposer leur huile lors de foires dans les grandes villes comme

Dakar et dans les pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie (les femmes

du groupement de Diam Bugum II par exemple). Les membres du groupement Wakh

Ngoumba quant à elles ont même gagné le prestigieux prix « guerté d’or » (arachide d’or),

lors de leur première année d’utilisation de la table. Les effets bénéfiques de l’utilisation de

la table ont poussé également les hommes à mettre à la disposition de femmes des terres, et

donc leur donner accès au foncier. « Nos maris nous donnent des parcelles pour cultiver

l’arachide et donc vendre plus de litres d’huile filtree avec la table (femmes du groupements

Mame Diarra Bousso Bou Ndiaw Diouf) ».

Les groupements et leurs membres trouvent que la table leur procure en outre des avantages

sur le plan sociétal. Ils ont plus de notoriété dans leurs villages, et les femmes sont plus

respectées dans leur ménage. Elles sont plus considérées par leurs maris et belles-familles

qui les encouragent dans leurs activités du fait de l’amélioration de leur autonomie financière.

La table a également permis aux femmes d’être mieux formées, heureuses, de se sentir mieux

estimées et de s’intéresser davantage aux innovations technologiques agricoles d’après les

extraits des entrevues.

Page 136: Adoption et impact des innovations technologiques

119

Inconvénients de la table

Bien que ses avantages soient nombreux, certains aspects restent discutés. Certaines femmes

(surtout âgées) de quelques groupements soulignent avoir des difficultés avec elle car elle

nécessite de la force. Elles se plaignent également de la mauvaise qualité des filtres qui sont

arrivés avec la table. Mais ces difficultés sont relativisées par d’autres femmes qui n’hésitent

pas à se montrer critiques avec les femmes qui se plaignent : « ce sont des fainéantes et elles

devraient être reconnaissantes du fait d’avoir la table les (femmes du groupement Bokk

Diom) ».

L’opération de filtration occasionne par ailleurs des pertes en volumes et une perte de temps.

En effet, sur 20 litres filtrés les groupements indiquent perdre deux à quatre litres qui restent

mélangés avec l’attapulgite. Certaines femmes de groupements pensent qu’elles auraient eu

moins de perte d’huile si la table avait été configurée différemment (c’est-à-dire moins

haute).

Cette critique pouvait être évitée si le concepteur de la table avait par exemple consulté les

femmes, recueilli leurs idées dans le processus antérieur à la fabrication de la table.

L’opération de filtration peut durer entre trois heures et deux jours dépendamment des dires

des femmes des groupements. Pour retenir leurs clients et maintenir une bonne réputation,

les groupements complètent le déficit avec leur propre huile. « Si certaines personnes ne

croient pas en Dieu, elles peuvent penser que nous volons leur huile alors que ce n’est pas

le cas » (groupement Sop Serigne Babou Top).

Du fait de la longue durée de filtration, dans quelques groupements, les femmes ont des

stocks d’huile déjà filtrées qu’elles utilisent pour ne pas faire perdre du temps à leurs clients.

Dans certains groupements, les tables ont été livrées non fonctionnelles, dans d’autre, elles

n’ont pas été accompagnées de sacs d’attapulgite, intrant indispensable dans la filtration.

Dans d’autres groupements les femmes ne considèrent pas cela comme une perte parce

qu’elles compensent cela avec la rente tirée de la vente du tourteau, qui est vendu entre 150

et 250 francs CFA le kilogramme dépendamment des zones et périodes. La compensation est

également faite avec la prestation de service qu’elles font avec la table. Les femmes filtrent

Page 137: Adoption et impact des innovations technologiques

120

en effet l’huile artisanale d’arachide provenant des groupements non bénéficiaires en raison

de 50 francs CFA le litre ou 750 à1000 francs FCA les 20 litres.

D’autres inconvénients cités par les groupements sont la cherté de l’huile filtrée avec les

coûts élevés de sa maintenance et la non-proximité des intrants complémentaires tel

l’attapulgite. Les groupements situés dans les villages des régions éloignées ont signalé être

confrontés à la difficulté de se procurer l’attapulgite, car elle est vendue dans les grandes

villes comme Dakar. Les bénéficiaires ne disposant pas de plusieurs presses artisanales

pensent que la table aurait dû être accompagnée d’une presse artisanale. Elles préconisent en

ce sens que les projets futurs diffusent des tables mixtes comportant une partie qui presse et

une partie qui filtre.

Bien que les groupements, rencontrent des difficultés avec cette nouvelle technologie

agricole qu’est la table de traitement de l’aflatoxine, les femmes rencontrées sont toutes

d’avis qu’elles leur est utile, ne serait-ce que pour leur santé. Certains groupements souhaitent

même en obtenir d’autres ou des versions améliorées, c’est-à-dire des tables électriques. Les

groupements non bénéficiaires ont tous exprimé le besoin d’avoir la technologie.

Page 138: Adoption et impact des innovations technologiques

121

Tableau 2. 7. Avantages et inconvénients de la table de traitement de l’aflatoxine

Avantages de la table et son utilisation Inconvénients de la table et son utilisation

- Améliore la qualité de l’huile vendue :

huile claire, propre et belle

huile saine

huile avec moins d’odeur

huile avec un bon goût

huile appréciée par les clients

beaucoup de consommateurs

malgré son prix

- Prévient contre les maladies comme le

cancer et le diabète dans le Bassin

Arachidier

- Augmente le nombre des clients

- Hausse les volumes totaux produits malgré

la perte lors du filtrage

- Augmente les volumes de ventes et

bénéfices des groupements

- Améliore l’autonomie financière des

femmes

- Facilité et simplicité d’utilisation pour la

majorité des femmes

- Est à l’origine de l’activité de prestation de

services chez certains groupements

- Source de formation pour les bénéficiaires

- Source de bonheur chez les femmes

- Améliore l’autonomie financière des

groupements et de leurs membres

- Augmente la notoriété des groupements

- Suscite l’intérêt des femmes aux nouvelles

technologies agricoles

- A permis à certaines femmes d’avoir accès

à la terre

- A permis aux femmes d’être plus

respectées dans leur ménage

- A permis aux femmes d’être enviées

- Arrivée incomplète dans la plupart des

groupements

- Mauvaise qualité du filtre

- Perte d’huile (2 à 4 litres sur 20 litres

filtrés)

- Nécessite de la force

- Indisponibilité et non proximité des

intrants complémentaires comme

attapulgite

- Cherté de l’attapulgite (15000 FCFA le

sac)

- Procédures de filtration longue

- Perte de temps (3 heures à 2 jours d’attente

pour la filtration)

- Manuel (non électrique)

- Nécessite souvent de la maintenance

- Cherté du coût de la maintenance

- Occasionne des dépenses en réparation

(filtres)

- Cherté du l’huile filtrée (1000 à 1200

FCFA le litre dépendamment de la

période) par rapport à celle non filtrée (700

à 800 FCFA)

- Faible capacité de la table selon certains

groupements qui reçoivent plusieurs

commandes

- Aurait dû comporter une partie presse à

huile

Source : Construction de l’auteurs à partir des informations issues des entrevues réalisées auprès des

bénéficiaires, et non bénéficiaires qui connaissent la table.

2.9.4. Adoption de la table de traitement de l’aflatoxine (non-adoption, adoption

partielle, adoption totale et abandon)

Comme souligné dans l’induction de ce chapitre, nous entendons par adoption de la table de

traitement de l’aflatoxine le fait qu’un groupement en dispose et l’utilise. Et l’adoption

comme indiquée dans la littérature peut être totale ou partielle (Lindner, 1982 ; Lambrecht et

al., 2014 ; Bradford et al. 2004 ; Läpple et Van Rensburg, 2011 ; Barham et al., 2017).

Aux dires des membres des 17 groupements bénéficiaires interviewés, huit groupements ont

souligné l’utiliser totalement, c’est-à-dire à chaque fois qu’ils font de l’huile, quatre ne l’ont

Page 139: Adoption et impact des innovations technologiques

122

jamais utilisée tandis que les cinq autres l’utilisent partiellement. Parmi ces cinq groupements

usagers partiels de la table, deux ont arrêté par la suite de l’utiliser.

Comme relevé dans la littérature relative à l’adoption des technologies agricoles souligné

dans l’introduction, le phénomène d’adoption totale, partielle ou d’abandon d’une innovation

s’est illustré chez les groupements de notre étude (Adéoti et al., 2002 ; Bradford et al. 2004 ;

Läpple et Van Rensburg, 2011 ; Adégbola et al.,2011, Lambrecht et al., 2014). Cette adoption

partielle, totale ou l’abandon de la table de traitement de l’aflatoxine chez les groupements

est consécutive à plusieurs facteurs qui, au regard des informations issues des entrevues, ont

trait aux caractéristiques des groupements et de leurs membres mais également à celles de

table elle-même. Cela rejoint le cadre théorique sur lequel nous nous basons dans cette

recherche.

2.9.4.1. Caractéristiques de la table et adoption

Pour ce qui a trait aux caractéristiques de la table, en tant qu’innovation technologique, nous

avons trouvé que ses attributs au sens de Rogers (1995) influencent fortement son adoption.

La table pour la plupart des membres des groupements qui l’ont adoptée revêt un avantage

relatif dans la mesure où l’huile filtrée avec est meilleure que celle obtenue avec leurs

techniques traditionnelles (le tri, le séchage etc.), est saine, plus claire et leur permet d’avoir

plus de revenu. La table est également compatible avec leurs valeurs. Les femmes ont affirmé

que son utilisation ne heurtait en rien leur culture ou façon de vivre. Elle a également été

testée par les femmes qui ont participé aux séances de formation avant de l’obtenir, et ses

résultats palpables ont été clairement constatés. Les résultats de la table se sont donc avérés

observables pour les femmes des groupements (une huile plus claire et rentable). La

complexité d’utilisation évoquée par certains membres n’a pas eu d’influence significative

sur son adoption. En effet, bien que la table nécessite de la force, cela n’a pas empêché les

groupements de l’adopter.

Le Tableau 2.8 nous donne un regard détaillé de la perception des caractéristiques de la

technologie chez les groupements de trituratrices artisanales d’arachide.

Lorsque l’on analyse les informations relatives à la perception des caractéristiques de la table,

on peut d’abord en conclure que les caractéristiques influencent l’adoption.

Page 140: Adoption et impact des innovations technologiques

123

L’avantage relatif, la compatibilité, la testabilité influencent de manière positive l’adoption

de la table. Ce résultat abonde dans le même sens de ceux des études de Aubert, Schroeder

et Grimaudo (2012), Frorez (2018) et Tornatzky et Klein (1982).

Quelques aspects liés à la complexité (nécessite un effort physique) de la table et

l’observabilité de ses résultats (perte d’huile) pourraient décourager son adoption continue

chez certains groupements. Ce résultat est en conformité avec ceux des études Moore et

Benbasat (1991, 1995) et Tornatzky et Klein (1982) qui ont trouvé que la complexité

influence négativement l’adoption d’une innovation technologique. Des auteurs comme

Frorez (2018) ont également souligné que l’adoption d’une technologie en agriculture est

moyennement influencée par sa complexité.

Page 141: Adoption et impact des innovations technologiques

124

Tableau 2. 8. La table de traitement de l’aflatoxine chez les groupements : caractéristiques au sens de Rogers (1995)

Avantage relatif Compatibilités : (de

signification et

fonctionnelle)

Complexité Testabilité Observabilité

Dans tous les

groupements

bénéficiaires, les

femmes considèrent que

la table est meilleure que

les techniques

précédentes de lutte

contre l’aflatoxine

qu’elles utilisaient (tri,

séchage, chauffer l’huile

à haut degrés et la laisser

refroidir etc.).

Les non-bénéficiaires

qui connaissent la table,

ont également témoigné

qu’elle était sans doute

meilleure que les

méthodes traditionnelles

qu’elles utilisent.

L’huile obtenue après la

filtration avec la table est

très appréciée par les

femmes.

Elles la trouvent claire,

propre, de bon goût, et

bonne pour la santé, de

même que leurs clients

Compatibilité fonctionnelle :

Les femmes ont témoigné que

le fait d’utiliser la table ne leur

pose pas de problème et

n’heurte pas leurs valeurs ni

leurs expériences passées

dans leur localité.

Compatibilité de

signification:

Les femmes ont témoigné que

les avantages tirés de la table

n’avaient pas d’impact négatif

sur leur environnement.

Dans leur ménage les hommes

ne trouvent pas de souci à ce

que leurs femmes s’activent

dans la trituration d’huile et

utilisent la table. Elles sont au

contraire plus heureuses, et

peuvent couvrir leurs charges

personnelles et participer aux

dépenses familiales.

L’utilisation de la table n’est

pas compliquée pour la

plupart des femmes. La

majorité des femmes trouvent

les procédés de filtration avec

la table simples et

compréhensibles.

La table nécessite cependant

de la force de jeunes aux dires

de certaines femmes âgées des

groupements lors des

entrevues de groupes et le

procédé de filtration est lent.

Dans tous les groupements,

un groupe de membre a été

formé à l’usage de la table.

Ces femmes ont par la suite

relayé les formations auprès

des autres membres de leurs

groupements.

Des séances de

démonstrations ont été

également effectuées par les

agents de l’ANCAR et de

l’ITA.

Les tables ont donc été

testées, par tous les

bénéficiaires avant d’être

utilisées.

Les femmes des groupements

ont témoigné sans doute des

bons résultats procurés par

l’utilisation de la table.

Elles soulignent et apprécient

la clarté et la propreté de

l’huile traitée avec et les

revenus tirés de son

utilisation. Les pertes en

volume occasionnées lors de

l’opération de filtrage

entachent un peu les résultats

et diminuent le bénéfice selon

les membres des

groupements. Mais la

perception positive des

avantages procurés par la

table prédomine celle

négative. Les femmes ont

souligné que lors des séances

de démonstration auxquelles

elles ont assisté, elles ont été

persuadées des avantages

qu’elles pouvaient tirer de la

table.

Source : L’auteure à partir des informations issues des entrevues réalisées auprès des bénéficiaires, et non bénéficiaires qui connaissent la table.

Page 142: Adoption et impact des innovations technologiques

125

2.9.4.2. Non adoption de la table : déterminants

Chez les groupements n’ayant jamais utilisé leur table et donc adopté la technologie, les

raisons évoquées par les femmes sont pour la plupart relatives à leur situation

socioéconomique mais aussi aux caractéristiques de la table. Parmi celles-ci, le manque de

moyens techniques et les contraintes financières qui occasionnent des problèmes

d’approvisionnement en arachide ont été répétés de façon récurrente lors des entrevues. Les

femmes soulignent maitriser la technique de filtration avec la table mais n’ont pas accès aux

intrants nécessaires à la filtration tel l’attapulgite. « Nous sommes maintenant plus que

conscientes des mefaits des aflatoxines sur la sante mais nous n’avons pas encore les moyens

pour utiliser notre table. Le prix de l’arachide decortiquee coûte cher ». L’état des tables

dans certains cas a découragé son utilisation.

Certaines tables ont été livrées incomplètes ou défectueuses (avec des filtres troués) dans

certains groupements. La table est en effet arrivée sans filtre, vanne, attapulgite ou manivelle

dans ces groupements aux dires des membres des groupements ne l’ayant pas utilisée. Ceci

a poussé les femmes à la qualifier de « voiture sans volant ». Les femmes du groupement de

Ngadiaga nous ont dit que « leur table est arrivée malade chez elles ».

Lorsqu’on analyse la non-adoption chez les groupements ayant reçu la table lors du projet

pilote comparativement à ceux l’ayant reçue lors de la phase de diffusion à grande échelle,

nous remarquons que les raisons évoquées par les femmes demeurent les mêmes.

Les six groupements non bénéficiaires de la table soulignent qu’ils n’ont pas pu l’adopter

parce que certains d’entre eux ne connaissaient même pas les aflatoxines. Également ils

n’étaient pas au courent de l’existence de la table avant que certains groupements

bénéficiaires les en informent. D’ailleurs, les femmes ont cherché à l’obtenir dès qu’elles ont

eu écho de ses avantages par leurs collègues trituratrices. Les agents de l’ANCAR les ont

informées de la fin des projets de diffusion et conseillées de faire filtrer leurs huiles par leurs

collègues bénéficiaires en attendant.

Si nous suivons la logique de notre définition de l’adoption au regard de ce qui précède, nous

constatons que la non-adoption de la table par les groupements bénéficiaires a été encouragée

par leurs caractéristiques socio-économiques mais surtout par l’état de la technologie quand

Page 143: Adoption et impact des innovations technologiques

126

elle leur a été livrée. Cela revient à souligner dans ce cas que la non-adoption chez certains

groupements n’a pas été une situation volontaire.

Ce résultat est intéressant dans la mesure où il ne figure pas dans la plupart des cadres

théoriques permettant d’étudier l’adoption d’une technologie. Les défaillances dans

l’opérationnalisation des projets de diffusion des innovations peuvent être les causes de non-

adoption des technologies.

2.9.4.3. Adoption totale, partielle ou abandon de la table : facteurs

Les groupements qui adoptent partiellement la table ou qui l’ont abandonnée partiellement

ont évoqué comme raisons, le caractère saisonnier de leurs activités et la défection constante

du filtre qui occasionnent des charges supplémentaires. « Nous avons commencé le filtrage

durant la deuxieme annee d’obtention de la table mais avons subi beaucoup de perte d’huile

à cause de certains trous au niveau du filtre de la table. Le filtre table a certes été réparé

mais a continue a occasionner des pertes d’huile au groupement (Les femmes de Koki

Saloum) ». D’autres soulignent avoir arrêté de l’utiliser car elles n’ont pas pu trouver un

service de maintenance de la table et encore moins l’attapulgite. Une autre explication de

l’adoption partielle de la table est l’indisponibilité de l’arachide du fait de sa cherté.

Certains groupements ont évoqué que la mauvaise campagne de commercialisation de

l’arachide ces dernières années a fait qu’elles ne pouvaient en disposer pour des longues

périodes. « La production d’arachide a baisse ces deux dernieres annees, nous arrêtons

d’utiliser la table quand nous ne pouvons plus nous procurer d’arachide (le groupement

Mame Diarra Bousso Bous Ndiaw Diouf) ».

Les groupements adoptants partiels de la table ont cependant souligné qu’ils vont continuer

à utiliser leur table, dès que leurs contraintes seront réglées car elle est bonne pour la

préservation de la santé. Les déterminants de l’adoption partielle sont indépendants aux dates

auxquelles les groupements ont obtenu et commencé à utiliser leur table.

En effet, quand on analyse et compare les causes liées à l’adoption partielle des groupements

ayant reçu leur table lors du projet pilote à celles des groupements bénéficiaires du projet de

diffusion à grande échelle, on remarque qu’elles sont les mêmes.

Cette situation révèle une absence réelle de suivi des projets de diffusion de la table.

Page 144: Adoption et impact des innovations technologiques

127

Malgré les problèmes de mauvaise qualité du filtre, de perte d’huile lors de la filtration, de

cherté de l’arachide ou encore de maintenance, certains groupements ont adopté totalement

la table. Les membres de ces groupements justifient leur adoption totale par ses bienfaits, son

impact rentable pour leur activité. Les caractéristiques de la table ont également fortement

encouragé leur adoption continue de la table.

En résumé, l’analyse des informations issues des entrevues relatives à l’adoption de la table

de traitement de l’aflatoxine a révélé que cette dernière est soit adoptée totalement, soit

adoptée partiellement, soit non adoptée comme relaté dans la littérature. Et cela conforte les

résultats de la littérature selon laquelle le phénomène d’adoption peut être partiel ou total

(Lindner, 1982 ; Lambrecht et al., 2014 ; Bradford et al. 2004 ; Läpple et Van Rensburg,

2011).

Ces degrés d’adoption sont expliqués par les caractéristiques de la table, des groupements et

de leurs membres et les insuffisances des porteurs de projets dans l’opérationnalisation.

Cela laisse présager que les porteurs de projets devraient également effectuer des suivis et

accompagnements de leurs cibles pour une adoption continue des technologies. Les

groupements en tant que tels n’ont aucune résistance à l’adoption de la table, elles sont

obligées de ne pas l’adopter lors qu’elle arrive inutilisable ou de l’adopter partiellement

quand ils n’ont pas d’intrants.

La table en tant que telle est donc une technologie appréciée par les groupements, sa probable

adoption par les non-adoptants ou son adoption continue est cependant freinée par les

contraintes suivantes :

- une insuffisance de l’accès à l’information;

- la cherté du prix de l’arachide couplée a une insuffisance de trésorerie;

- un faible accès des groupements aux crédits ou microcrédits;

- la non proximité des intrants complémentaires comme l’attapulgite;

- l’indisponibilité et le coût élevé de la maintenance;

- des défaillances du système de fourniture de tables;

- un mauvais suivi des opérateurs de projets

- et le faible accès des femmes à la terre.

Page 145: Adoption et impact des innovations technologiques

128

Conclusion

Dans ce chapitre, il était question d’étudier l’adoption de la table de traitement de l’huile

artisanale d’arachide contre l’aflatoxine diffusée chez les groupements de trituratrices d’huile

artisanale d’arachide du Bassin Arachidier au Sénégal par le programme de Productivité

Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO).

L’hyptohèse consiste à considérer que l’adoption peut présenter plusieurs degrés et que

cette adoption améliore les conditions de vie des bénéficiaires.

Pour vérifier cette hypothèse, nous avons réalisé des entrevues de groupes auprès de 23

groupements de femmes trituratrices d’arachide dont 17 bénéficiaires et 6 non bénéficiaires,

répartis dans 23 villages différents et, situés dans 5 régions du Bassin Arachidier (Thiès,

Fatick, Kaolack, Kaffrine et Diourbel) du Sénégal. Des entrevues ont été également

effectuées auprès de trois agents des structures (deux à l’ANCAR) et (un à l’ITA) chargées

des projets de diffusion de la table. Quelques données secondaires ont été collectées dans la

base d’enquête quantitative du CRES pour avoir une idée sur les marges nettes dégagées par

les groupements bénéficiaires.

La théorie de la Diffusion de l’Innovation de Rogers (1962 ; 1983 ; 1955) enrichie par celle

de Bukchin et Kerret (2018) ont servi de cadre d’analyse. La méthode d’analyse thématique

a servi pour le regroupement des données qualitatives issues des entrevues.

En matière de résultats, il a été montré une appréciation de la technologie même si certains

groupements ont eu quelques contraintes avec elle. Les membres des groupements entre eux

ont été trouvées homogènes dans leur caractéristique mais aussi homophiles parce que,

similaires dans plusieurs attributs, tels que les croyances, l'éducation, le statut matrimonial,

entre autres, ce qui a facilité la communication sur la technologie. Les groupements

bénéficiaires et non bénéficiaires entres eux ont des dissemblances, telles les ethnies et

l’accès aux ressources de production. Un faible accès aux ressources productives agricoles

comme le financement, la terre, le matériel agricole, et les intrants a été trouvé en tant que

problème commun à presque tous les groupements. Les groupements bénéficiaires des tables

bien qu’étant confrontés à ce problème, ont toutefois été révélés plus dotés de ressources

productives agricoles que les non-bénéficiaires. Également nous avons trouvé que la manière

Page 146: Adoption et impact des innovations technologiques

129

dont se comportaient les porteurs de projets avec les responsables des groupements pouvait

avoir une influence sur l’adoption des autres membres du même groupement.

En matière de connaissance de l’aflatoxine et ses conséquences sur la santé, les résultats ont

montré une très faible connaissance chez les non-bénéficiaires, qui ont exprimé leur volonté

d’obtention la table. Les bénéficiaires des tables, quant à eux, connaissaient pour la plupart

les aflatoxines et leurs méfaits et utilisaient les techniques traditionnelles comme le tri et le

séchage. Des émotions positives, de l’espoir de la force de caractère ont été notées chez la

plupart des membres des 23 groupements étudiés et particulièrement les adoptants.

Pour ce qui concerne l’adoption de la table, elle s’est avérée être un phénomène en plusieurs

degrés. Au niveau des groupements étudiés, huit groupements l’adoptent totalement, quatre

des groupements qui en disposent ne l’ont jamais utilisée, cinq l’ont utilisée partiellement et

deux de ceux qui l’utilisent partiellement ont arrêté de le faire par la suite. L’adoption

partielle ou totale de la table de traitement de l’aflatoxine chez les bénéficiaires s’explique

par plusieurs facteurs qui, selon les informations issues des entrevues, sont relatifs aux

caractéristiques des groupements et de leurs membres, mais également à celles de table elle-

même (avantage relatif, compatibilité, complexité, testabilité et observabilité).

Pour ce qui est des caractéristiques de la table, son avantage relatif, sa compatibilité avec les

valeurs des femmes, sa faible complexité, sa testabilité et son observabilité en matière de

résultats ont favorisé fortement son adoption d’après les informations issues des entrevues et

donc abondent dans le même sens de la littérature. La non-adoption de la table a été expliquée

d’une part chez les groupements, par sa méconnaissance, et d’autres, part par le manque de

moyens financiers, et la défectuosité da la table lors de son arrivée chez certains groupements.

L’adoption partielle chez certains groupements est expliquée par l’indisponibilité et

inaccessibilité des intrants complémentaires comme l’attapulgite, le coût élevé et rareté de

l’arachide, et la mauvaise qualité des filtres et leurs pannes fréquentes. Ainsi, les problèmes

de maintenance de la table pourraient entrainer dans le long terme, son abandon par les

groupements de femmes. Les conditions dans lesquelles les tables ont été livrées aux

groupements bénéficiaires ont été en partie la source d’adoption partielle ou de non-adoption

de la table, quelque chose qui ne ressort pas dans le cadre d’analyse de Rogers.

Page 147: Adoption et impact des innovations technologiques

130

Ainsi, une chose importante que nous avons notée dans cette recherche est que les

groupements de femmes n’ont pas montré de résistance face à l’adoption. Des facteurs

exogènes comme les défaillances dans la livraison des tables et d’autres facteurs socio-

économiques et les caractéristiques de la table ont impacté leur adoption.

Les facteurs d’adoption partielle, totale ou de non-adoption ne sont pas différents lorsque

l’on compare les bénéficiaires du projet pilote à ceux du projet de diffusion à grande échelle.

Cela témoigne d’un manque de suivi des projets.

En matière d’impact, les deux projets de diffusion des tables ont entrainé une meilleure

connaissance des aflatoxines chez les groupements de trituratrices du Bassin Arachidier au

Sénégal. L’utilisation de la table a eu comme effets : une amélioration des revenus des

groupements et ceux de leurs membres, un renforcement des capacités intellectuelles des

femmes, un meilleur accès à la terre, une augmentation de la notoriété des groupements, une

amélioration de l’estime de soi chez les femmes, (femmes heureuses et fières, se sentant

estimées, formées et enviées).

Aux vues des impacts positifs de la table de traitement de l’arachide chez les groupements

l’utilisant, ne serait-ce que pour son impact dans la préservation de la santé des

consommateurs et l’autonomisation des femmes, les tables et les séances de sensibilisation

sur les aflatoxines devraient être généralisées chez tous les groupements de transformatrices

d’arachide en huile. L’État et le secteur privé pourraient jouer un rôle important dans ce sens.

Si les tables doivent être généralisées, les nouveaux prototypes seraient plus intéressants pour

les groupements localisés dans des villages électrifiés si elles sont électriques et comportent

un partie presse à huile et moins hautes pour avoir moins de pertes.

Notre étude comporte des limites en ce sens que le cadre de Bukchin et Kerret (2018) serait

plus applicable dans des études reposant sur des entretiens individuels. Toutefois, bien que

les entrevues aient été faites en groupes, l’espoir, les émotions positives et la force de

caractère font partie des attributs que nous avons retrouvés dans l’analyse de nos entretiens.

L’étude aurait été également plus complète si elle tenait compte de la question de

l’empowerment des femmes. En effet, les informations ont donné une idée sur la question de

l’autonomisation des femmes. Le fait que les jeunes femmes (fille, sœurs, belles-filles, jeunes

dans les groupements) effectuent les tâches les plus lourdes dans les groupements laisse

Page 148: Adoption et impact des innovations technologiques

131

entrevoir à notre sens une domination des aînées même si les jeunes ont pour la plupart

affirmé que ce n’était pas un problème lors de nos entrevues. L’analyse de l’empowerment

des trituratrices artisanales d’arachide à travers la grille de Charlier (2006)30 cadrerait dans

cette éventuelle étude.

30 Pour de plus amples informations sur cette grille : lire Charlier, S. (2006), « L’analyse de l’empowerment

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de Dioïla)’, (mémoire de maitrise Université Laval, 2017), Conaultable sur

https ://www.erudit.org/fr/theses/laval/2017/?sort_by=author_desc, 198 p.

Page 156: Adoption et impact des innovations technologiques

139

Chapitre 3. Comprendre les facteurs affectant l’influence du fait d’être

une femme sur l’adoption des innovations technologiques chez les

agriculteurs : une approche par méta-analyse

3.1. Résumé

Les résultats des études empiriques quant à l’influence du genre sur l’adoption d’une technologie

agricole sont mitigés. Et ce contraste s’observe aussi bien au niveau du sens de variation, qu’au niveau

de la significativité. Ce chapitre a étudié, à travers une méta-analyse de régression, l’influence du

genre sur l’adoption d’une innovation technologique agricole et déterminé les facteurs

d’hétérogénéité des résultats de travaux y relatifs en se basant sur une sélection de 124 études

empiriques ayant donné au total 274 observations. L’estimation de l’effet du genre sur l’adoption

montre qu’en moyenne le fait d’être une femme diminue la probabilité d’adopter une technologie

agricole mais varie selon le type de technologies agricoles. Elle est négative et significative pour les

variétés améliorées de semences et non significative pour les technologies de types bonnes pratiques

agricoles et fertilisants.

Mots-clés : Méta-analyse ; Adoption ; Technologies agricoles ; Genre

Classification JL : Q12, Q18, Q13, C19

3.2. Abstract

The results of empirical studies of the gender influence on agricultural technology adoption are

mixed. And this contrast is observed both in terms of the direction of variation and in terms of

significance. This chapter has studied, through a meta-analysis regression, the gender influence on

agricultural technological innovation adoption and determined the factors of heterogeneity in the

results of related work based on a selection of 124 empirical studies having given a total of 274

observations. Estimation of the gender effect on adoption shows that, on average, being a woman

decreases the likelihood of agricultural technology adoption but varies according to the type of

agricultural technology. It is negative and significant for improved varieties seeds and not significant

for technologies such as good agricultural practices and fertilizers.

Keywords : Meta-analysis; Adoption ; Agricultural technologies; Gender

JEL Code : Q12, Q18, Q13, C19

Page 157: Adoption et impact des innovations technologiques

140

3.3. Introduction

L’innovation en agriculture continue de susciter un intérêt particulier chez les pouvoirs

publics, les partenaires au développement et le monde académique, en raison de son

importance dans le développement socioéconomique. L’innovation est plus que jamais un

enjeu majeur au plan mondial, du fait de la dégradation avancée des terres, de leur faible

productivité agricole (surtout dans les pays en développement), de l’insécurité alimentaire et

des défis multiples que posent les changements climatiques et les exigences actuelles des

consommateurs. Pour relever ces nombreux défis de l’agriculture, de nombreuses

innovations technologiques ont été développées et adoptées en agriculture que ce soit sous la

forme de nouveaux procédés de production, de nouveaux types de matériels agricoles ou de

nouveaux produits et services de haute qualité (Comin et Mestieri, 2013).

Une littérature foisonnante s’est développée sur les innovations technologiques en

agriculture. Une partie de cette littérature s’est intéressée à l’impact des innovations sur la

productivité agricole (Khonje et al., 2015; Karim et al., 2014; Becerril et Abdoulaye,

2010;etc), les revenus et les conditions de vie des agriculteurs (Kabunga et al., 2014; Karim

et al., 2014; Kassie et Shiferaw, 2013;etc.), l’autosuffisance alimentaire (Khonje et al., 2015;

Kabunga et al., 2014), les dépenses de consommation, (Khonje et al., 2015; Asfaw et al.,

2012), le capital humain, (éducation, santé) (Arselan, 2013), la pauvreté et les inégalités

(Becerril et Abdoulaye, 2010; Cunguara et Darnhofer, 2011; Kassie et al., 2011etc.) etc. Une

autre partie de la littérature quant à elle a porté sur la diffusion et les facteurs d’adoption des

innovations technologiques en agriculture (Das, 2015 ; Hay and Pearce, 2014; Arslan et al.,

2013; Aubert et al., 2012; etc.). Cette littérature sur l’adoption est extrêmement diverse de

par les technologies étudiées et les déterminants analysés. Concernant les types de

technologies, les études se sont beaucoup intéressées aux variétés de semences améliorées,

aux engrais et fertilisants minéraux, à l’agriculture de conservation, aux techniques

d’emballage et de conservation des produits, aux techniques culturales (ou encore itinéraires

techniques), aux techniques d’irrigation. Les études se sont intéressées également aux

technologies aquacoles, aux techniques de conservation des sols (gestion durable des terres),

aux technologies pour le cheptel comme les compléments alimentaires ou les hormones

hypophysaires comme la somatotropine, aux technologies ayant trait au matériel agricole,

etc. Concernant les facteurs d’adoption, on distingue les travaux qui s’intéressent aux

Page 158: Adoption et impact des innovations technologiques

141

déterminants socioéconomiques de façon globale et les travaux plus ciblés portant sur un

facteur particulier, comme le genre (Doss, 2001; Gebre et al., 2019), l’appartenance à une

coopérative agricole (Abebaw et Haile, 2013), le niveau d’instruction du chef de ménage de

l’exploitation agricole, l’aversion au risque (Dercon et Christiaensen, 2011), l’accès à

l’information de même ou l’existence d’un marché entre autres.

Parmi les multiples facteurs qui expliquent l’adoption des innovations technologiques en

agriculture, le genre est l’un des facteurs qui ont suscité le plus de controverse dans la

littérature académique. Une littérature abondante s’est développée sur l’effet du genre sur

l’adoption de technologies agricoles mais les conclusions sont loin d’être convergentes. Si

certains travaux attestent un impact positif et significatif du genre sur l’adoption de

technologies agricoles (Mendola, 2007; Nangobi et Mugonola, 2018; Ahmed et Tetteh

Anang, 2019), d’autres trouvent que le genre ne joue aucun rôle sur l’adoption de

technologies agricoles (Asfaw et al., 2012; Bezu et al, 2014; Adu-Baffour, Daum et Birner,

2019) ou joue un rôle très mineur (Nkamleu et Adesina, 2000; Asmelash, 2014; Takele, 2017;

Gao et al., 2019). La divergence porte également sur la nature du lien entre genre et adoption

de technologies agricoles. Certains travaux, par exemple, trouvent un lien positif entre le fait

d’être femme et l’adoption de technologies agricoles (Burton et Young, 1999; Aniedu, 2016;

Paraïso et al., 2017; Musara et al., 2019) alors que d’autres trouvent plutôt un lien négatif

(Doss and Morris, 2001 ; Moser et Barrett, 2006 ; Kurgat et al., 2018 ; Adu-Baffour, Daum

et Birner, 2019).

Il est à noter aussi que les travaux ne portent pas tous sur la même technologie. Certains

travaux analysent les semences (Asfaw et al., 2012; Yu et Nin Pratt, 2014; Dibba et al., 2015 ;

Duong et Thanh, 2019) , d’autres les bonnes pratiques agricoles (Adéoti, Coulibaly et Tamò,

2002; Coulibaly et al., 1999; Budhathoki et Bhatta, 2016 ; Plantinga, 2019 ; Manda et al.,

2019), d’autres encore les fertilisants, les matériaux ou les Tic (Marenya et Barrett, 2007 ;

Ketema et Bauer, 2011; Beshir et al., 2012; Ojo, Dimelu et Okeke, 2018; Abebe et Debebe,

2019), etc. Les travaux sur ce thème ont été conduits dans plusieurs régions et avec des

méthodologies d’estimation fort différentes. Cette diversité de la littérature fait qu’il est très

difficile de dire quels sont les facteurs qui expliquent réellement le type de résultat obtenu

sur la relation entre le genre et adoption de technologie agricole. De ce fait, une analyse

Page 159: Adoption et impact des innovations technologiques

142

globale des travaux s’impose, si l’on veut avoir une appréciation juste du rôle des

caractéristiques des études sur le lien entre le genre et l’adoption de technologies agricoles.

À ce jour, en dépit de l’importance de ce sujet et des travaux qui y ont été consacrés, aucune

revue systématique de la littérature n’a été produite sur le genre et l’adoption de technologies

agricoles.

L’objectif de ce chapitre est d’évaluer en moyenne l’influence de la variable genre sur

l’adoption d’une technologie agricole et déterminer les sources d’hétérogénéité des résultats

relatifs à l’influence de la variable genre sur l’adoption d’une innovation technologique

agricole en faisant recours à une méta-analyse de régression. La méta-analyse est une

approche statistique dont le but est de rassembler les résultats d’études singulières en vue

d’en faire une synthèse reproductible et quantifiée (Laroche, 2015). Elle est la méthode la

plus appropriée pour traiter le problème d’hétérogénéité des résultats (Lundahl et Yaffe 2007;

Littell et al., 2008). Cette méthode a été utilisée pour la première fois en science

expérimentale pour expliquer les contradictions des résultats empiriques de l’effet de thérapie

ou certains médicaments (Glass, 1976; Glass, McGaw, et Smith; Littell, Corcoran et Pillai,

2008; Guerrero, 2010; Laroche, 2015). Les innovations technologiques agricoles dont nous

avons considéré les études, sont celles qui sont vues au sens des définitions de Schumpeter

(1912), Rogers (1962) et Adams (1982)31.

Les résultats montrent que l’hétérogénéité de l’influence du genre sur l’adoption de

technologies agricoles dépend de plusieurs facteurs et qu’en moyenne le fait d’être une

femme diminue la probabilité d’adopter une technologie agricole, mais varie selon le type de

technologies agricoles. Elle est négative et significative pour les variétés améliorées de

semences et non significative pour les technologies de types bonnes pratiques agricoles et

fertilisants.

31 Schumpeter (1912) définit l’innovation comme « l’introduction d’un nouveau produit, d’une meilleure

méthode de production, l’ouverture à un nouveau marché, la conquête d’une nouvelle source

d’approvisionnement d’intrants ou encore la meilleure organisation d’un secteur ». Rogers la définit comme

une « une pratique ou un objet qui est perçu comme nouveau par un individu ou une autre unité d’adoption »

Rogers (1995). Adams (1982) quant à lui considère l’innovation technologique agricole comme l’« introduction

d’une nouvelle idée, une méthode pratique ou technique permettant d’accroitre de manière durable la

productivité et les revenus agricoles» (Adams, 1982).

Page 160: Adoption et impact des innovations technologiques

143

Cette étude apporte plusieurs contributions à la littérature existante. D’abord, elle réalise la

première méta-analyse sur le lien entre genre et adoption de technologies agricoles. À notre

connaissance, il n’existe aucune méta-analyse traitant spécifiquement la relation entre le

genre et de l’adoption d’une technologie agricole. Ensuite, les méta-analyses qui traitent des

innovations technologiques dans la littérature ne se limitent qu’à un seul type de technologie

(les variétés améliorées), ou les bonnes pratiques agricoles ou qu’à un seul continent

(l’Afrique) (Garbero, Mario et Brailovskaya, 2018; Hemming et al., 2018; Bassa, 2019). Or,

notre étude concerne quatre continents (Afrique, Amérique, Asie et Europe) et regroupe des

recherches portant sur plusieurs types de technologies (variétés améliorées, types de

fertilisants, bonnes pratiques agricoles, Tics en agriculture etc.). Aussi, cette étude teste

l’hétérogénéité par type de technologie, ce qui permet de déterminer les grandeurs d’effets32

communes par sous-groupes, et donc d’effectuer une méta-analyse stratifiée (Lipsey, 2001).

Par ailleurs, la base métadonnée que nous avons constituée est originale et peut être d’une

très grande utilité pour les travaux futurs sur le sujet. Enfin, nos résultats apportent un

éclairage majeur aux décideurs politiques qui mettent en œuvre les programmes de diffusion

des nouvelles technologies agricoles notamment dans les pays en développement.

Le reste du chapitre est organisé de la manière suivante. Dans une seconde section, nous

introduisons et relatons brièvement quelques études témoignant de l’hétérogénéité des

résultats en matière d’influence de la variable genre sur l’adoption d’une technologie

agricole. Dans une troisième section, nous présentons la stratégie de collecte des études. En

particulier, les critères d'inclusion et d'exclusion des études et les caractéristiques des données

sont présentées. Dans une quatrième section, nous présentons les variables de l’étude. La

cinquième section présente le modèle empirique à utiliser pour la méta-analyse de régression,

et l’analyse du biais de publication. Dans la sixième section, nous présentons les résultats.

Enfin nous concluons.

32 La grandeur d’effet est selon St-Amand et Saint-Jacques (2013), «la statistique de base de la méta-analyse

qui consiste en une mesure standardisée indiquant l’ampleur et la direction d’une association entre des variables

».

Page 161: Adoption et impact des innovations technologiques

144

3.4. L’hétérogénéité de l’influence du genre sur l’adoption d’une

technologie agricole dans la littérature

Si, d’un point de vue théorique, il existe bien un constat sur l’importance du rôle joué par la

femme dans les exploitations agricoles et sur la productivité agricole (Kondylis et al., 2016),

le chiffrage empirique, notamment celui de l’influence de la variable genre sur l’adoption des

innovations technologiques en agriculture, est beaucoup plus compliqué à comprendre en

termes de résultat car controversé. Les résultats des études empiriques quant à l’influence de

la variable genre sur l’adoption d’une technologie agricole sont mitigés. Et ce contraste

s’observe aussi bien au niveau du sens de variation qu’au niveau de la significativité et quel

que soit le type de technologie. Ci-dessous, nous montrons quelques exemples de résultats

hétérogènes d’études selon trois types de technologies agricoles.

3.4.1. Hétérogénéité chez les technologies de type semences

Alors que les recherches de Asfaw et al. (2012), Abebe et al. (2013), Yu et Nin Pratt (2014),

Beshir et Wegary (2014) et Yirga, Atnafe et AwHassan (2015) trouvent que le fait d'être un

homme augmente la probabilité d'adopter les semences améliorées en Éthiopie, celles de

Yirga et al. (2013) et Gebre et al. (2019) concluent que c’est plutôt le fait d'être une femme

qui augmente la probabilité d'adopter les variétés améliorées en Éthiopie et ce, de manière

significative.

Lorsqu’on prend d’abord l’exemple des semences améliorée, pour la céréale riz par exemple,

des auteurs comme, Noltze, Schwarze et Qaim (2013), Ghimire, Wen-chi et Shrestha (2015)

et Duong et Thanh (2019) ont montré que la probabilité d’adoption les variétés améliorées

de riz augmente lorsqu’on est homme tandis que Kijima, Otsuka, et Serunkuuma (2010),

Dibba et al. (2015) trouvent que ce sont plutôt les femmes qui adoptent le plus les variétés

améliorées de riz. L’étude de Takele (2017) quant à elle conclut une indifférence dans

l’adoption entre les hommes et les femmes.

S’agissant de la spéculation maïs, pour Mariano, Villano et Fleming (2012), plus il y a

d'hommes, plus les variétés améliorées de maïs sont adoptées de façon significative tandis

qu’aux dires de Verkaart et al. (2017), le fait d'être un homme augmente certes la probabilité

d'adoption des semences améliorées de maïs mais n'est pas significatif. L’étude de Audu et

Aye (2014) a montré par ailleurs que le fait d'être une femme augmente la probabilité

Page 162: Adoption et impact des innovations technologiques

145

d'adopter les variétés améliorées de maïs au Nigéria mais n'est pas significatif alors que celle

de Ahmed et al. (2017) effectuée en Éthiopie conclut que le fait d'être une femme réduit la

probabilité d'adopter les variétés améliorées de maïs de façon non significative. Doss et

Morris (2001), Fisher et Carr (2015) et Gebre et al. (2019) quant à eux trouvent que les

femmes et les hommes adoptent les variétés améliorées de maïs à des taux différents. Fisher

et Kandiwa (2014) quant à eux ont montré en outre que les hommes chefs de famille ont une

probabilité 11% plus faible d’adoption les variétés améliorées de maïs. Les familles ayant

des femmes à leur tête ont quant à elles, une probabilité de 12% plus faible de les adopter.

En revanche, ceux de Ndiritu et al. (2014) ont montré une indifférence dans l’adoption de la

même technologie agricole.

3.4.2. Hétérogénéité chez les technologies de type fertilisants

Pour ce qui a trait aux technologies de types fertilisants, le même contraste est noté dans la

littérature. Des auteurs comme Beshir et al. (2012) ont trouvé que le fait d'être une femme

augmente la probabilité d'adopter les fertilisants inorganiques en Éthiopie tandis que les

recherches de Ketema et Bauer (2011) et Ketema et Kebede (2017) effectuées dans le même

pays et relatives à la même technologie ont conclu le contraire.

Yu et Nin Pratt (2014) quant à eux, ont montré que le fait d'être une femme diminue la

probabilité d'adopter les fertilisants sur les parcelles de maïs en Éthiopie et que la probabilité

augmente quand il s’agit d'utiliser les fertilisants sur les parcelles de blé.

3.4.3. Hétérogénéité chez les technologies de type bonnes pratiques agricoles

Les études empiriques relatives aux technologies type bonnes pratiques agricoles indiquent

aussi la même hétérogénéité au niveau de leurs résultats. En effet, si Semalulu, Kirinya et

Mugonola (2016), Manda et al. (2017), et Plantinga (2019) trouve que ce sont plutôt les

hommes qui adoptent le plus les bonnes pratiques agricoles, Coulibaly et al. (1999) ont

montré qu’elles semblent plus être utilisées par les femmes.

De leur côté, Kondylis et al. (2016) ont souligné l’existence d’un biais lié au genre au niveau

de l’adoption des nouvelles technologies agricoles au Mozambique. Leurs recherches

révèlent que les femmes sont moins susceptibles de faire usage des techniques de gestion

durable des terres que les hommes. Cela s’expliquerait par leurs contraintes de temps, leurs

Page 163: Adoption et impact des innovations technologiques

146

faibles accès aux intrants, à l’information et au service de conseil et vulgarisation selon ces

derniers.

Semalulu, Kirinya et Mugonola (2016) ont par ailleurs trouvé que le fait d’être une femme

baisse la probabilité d’adopter les technologies d’amélioration des sols alors que Moyo et al.

(2007), Mamudu et al. (2012) concluent que la probabilité augmente de façons significatives

s’il s’agit d’un homme et expliquent cela par l’indisponibilité de main d’œuvre et de terre

chez les femmes. L’étude de, Ndiritu et al. (2014) a également montré une différence au

niveau de l’adoption des pratiques d’intensification durables.

Au regard des conclusions des recherches empiriques citées, ci-dessus, il apparait bien que

l’impact de la variable genre sur l’adoption d’une technologie agricole est mitigé dans la

littérature quel que soit la nature de l’innovation technologique. Le statut de chef de ménage,

la disponibilité et la différence d’accès à certaines ressources de productions comme : la terre,

le crédit, la main d’œuvre, le temps, l’information et le service de conseil et de vulgarisation

sont les facteurs d’hétérogénéité évoqués par ces recherches.

Cependant, malgré le fait que nous avons trouvé une hétérogénéité des résultats quel que soit

le type de technologie, les études empiriques ci-dessous ont utilisé des approches

d’estimations différentes. Elles ont également été effectuées dans différentes régions ayant

des réalités distinctes (Afrique, Asie, Amérique, Europe). Il incombe donc de vérifier si

l’hétérogénéité des résultats est effectivement indifférente au type de technologie.

Également, il est important de déterminer si les régions de l’étude ou les approches

d’estimation utilisées pourraient constituer des sources d’hétérogénéité des résultats.

Notre méta-analyse nous permettra de vérifier cela, mais également déterminer d’autres

facteurs susceptibles d’expliquer l’hétérogénéité des résultats dans la littérature.

3.5. Protocole suivi dans la construction de la base de métadonnées et

données

3.5.1. Types de documents considérés

Une des difficultés majeures en méta-analyse réside dans la constitution de la base de

métadonnées, dans la mesure où, les informations collectées doivent impérativement

Page 164: Adoption et impact des innovations technologiques

147

découler d’une recherche exhaustive des études traitant la thématique de recherche (Lipse et

Wilson, 2001; Doucouliagos et Paldam, 2006; Laroche, 2015).

Dans notre cas, nous avons procédé à un recueil de documents de recherches abordant la

question de l’adoption d’innovations technologiques en agriculture. Nous avons également

intégré des documents, d’évaluations d’impact d’innovations technologiques agricoles, dans

lesquels les facteurs d’adoption sont déterminés en premier lieu. Les recherches ont couvert

la période de 1920 à 2019. C’est à partir des années 1920 que les innovations technologiques

ont connu un essor dans les pays comme les États-Unis (Ryan and Gross, 1943; Rogers,

1962). En Asie et particulièrement en Inde, c’est en 1960 avec la révolution verte, que les

variétés améliorées de semences et leurs itinéraires techniques ont été diffusées dans

plusieurs filières agricoles (Bardhan et Mookherjee, 2011). Dans les pays d’Afrique, les

technologies agricoles ont été plus connues et vulgarisées dans les années 1970 -1980. À la

fin de notre recherche et tri de documents, notre période de couverture est devenue 1998-

2019 (Voir section suivante). Les documents collectés et consultés sont de plusieurs types:

manuels comportant des chapitres traitants de l’adoption d’innovations technologiques

agricoles ; articles scientifiques publiés dans les journaux, revues, cahiers ou bulletins de

recherche; articles scientifiques non publiés ou manuscrits en cours de publication;

documents de thèses de doctorat; documents de mémoires de fin d’études ; et rapports

d’organismes de recherche, d’institutions de consultance et d’universités. Le caractère

hétérogène des documents collecté nous permet de considérer des aspects importants dont il

faut tenir compte dans la réalisation d’une méta-analyse, en l’occurrence, les biais de

publication de type (I) et (II) (Scargle, 2000 ; Doucouliagos, Laroche et Stanley 2005;

Laroche, 2007).

Les innovations technologiques agricoles trouvées dans les travaux sont de plusieurs sortes:

nouvelles variétés de semences améliorées, types de fertilisants, nouvelles et bonnes

pratiques agricoles, nouvelles pratiques de conservation ou stockage des produits agricoles,

matériaux pré-récoltes ou post-récoltes. Les innovations portent également sur les

technologies de l’information et de la communication, les nouvelles gammes d’assurance

agricole comme l’assurance indicielle et les techniques de contractualisation sur le marché.

Page 165: Adoption et impact des innovations technologiques

148

3.5.2. Phase de collecte des documents

La stratégie de collecte des documents de recherche a suivi deux phases : une phase de

collecte générale à partir de mots-clés et une phase de choix par élimination en fonction de

critères d’inclusion et d’exclusion que nous avons définis. Les mots-clés ont été introduits en

langue anglaise comme française pour toucher le maximum de travaux. Nous avons aussi

procédé à des combinaisons de mots-clés, pour trouver le plus de documents possibles. En

guise d’exemple, nous pouvons citer agriculture, agricutural technology, technological

innovation, adoption, adoption and impact, improved seeds, agroecological practics,

concervation agriculture, fertilizer adoption, gender and agricultural technologies,

improved varieties, genetically modified varieties etc.

Dans un premier temps, nous avons ciblé tous les moteurs de recherches et bases33

susceptibles de contenir des publications relatives à l’adoption des technologies agricoles.

Nous avons également cherché des documents dans les revues et journaux en agroéconomie

et en économie qui publient des études s’intéressant aux questions d’adoption d’innovations

technologiques agricoles. La plupart des revues et journaux classés consultés figurent dans

les guides de 2017 et 2019 du Comité National de Recherche Scientifique (CNRS) et le site

du SGR34. Nous avons cherché des documents dans des bulletins et cahiers de recherche en

agriculture et sur les sites d’institutions de recherche en agriculture, économie ou

agroéconomie, comme la Banque Mondial, la FAO, L’IFPRI, l’International Maize and

Wheat Improvement Center (CIMMYT), la Kiel Institute, le CGIAR, International Institute

of Tropical Agriculture etc., mais aussi d’autres sites tels Researchgate et Academia.

Après avoir effectué une recherche exhaustive, nous avons obtenu au total 346 documents de

recherche. En enlevant les doublons, nous sommes arrivés à 319 travaux. À la suite de leur

33 Les moteurs de recherche considérés dans cette recherche sont Ariane de l’Université Laval à Québec, CAB

abstracts, Web of science, Repère, Google, Google Scholar, Eureka, Science Direct, Ecolit etc. Les journaux

consultés sont représentatifs des recherches effectuées dans chaque continent (Afrique, Amérique, Asie et

Europe). En guise d’exemples, nous pouvons citer, American Journal of Agricultural Economics, Food Policy,

Word Developpment, Ecological, Land Use Economics, Agricultural Economics, Land Economics Journal of

Agricultural Economics, Sustanability, Agroforestry Systems, China Economic Revue, Journal of Rural

Studies, Afican Journal of Agricultural Economics, Agricultural Systems, International Journal of Environment,

Agriculture and Biotechnology, Économie Rurale, Developpement Sudies, Canadian Journal of Agricultural

Economics, Journal of Development and Agricultural Economics, Spanish Journal of Agricultural Research,

entre autres. 34 https://www.scimagojr.com/index.php.

Page 166: Adoption et impact des innovations technologiques

149

consultation en diagonale, nous avons procédé à une sélection de ceux dont les informations

pouvaient nous permettre de répondre à notre question de recherche. Les critères d’inclusion

et d’exclusion suivants ont été définis pour affiner la recherche :

Les critères d’inclusion étaient les suivants :

le document doit porter sur l’adoption ou sur l’adoption et l’impact des innovations

technologiques agricoles;

la méthode utilisée est bien détaillée;

le document doit contenir la variable genre non seulement au niveau des statistiques

descriptives mais aussi au niveau des estimations des résultats;

les coefficients de régression de la variable genre de même que ses erreurs standards

sont mentionnés.

Les critères d’exclusion d’office étaient les suivants :

le document est théorique;

l’article ou le document est une revue de littérature;

l’article ou le document ne contient pas de modèle.

Après avoir appliqué ces critères, nous avons éliminé 195 documents et avons au final retenu

124 études. Notre corpus final de documents une fois obtenu, nous avons élaboré une

maquette sur Excel et renseigné les variables nécessaires à la méta-analyse de régression, ce

qui nous a permis d’obtenir au total 274 observations.

3.6. Données et variables

3.6.1. Caractéristiques des résultats des études collectées

Une première analyse des études retenues fait ressortir une forte divergence des études quant

à l’influence de la variable genre (avec femme comme base) sur l’adoption d’une technologie

agricole. Certaines études ont obtenu une influence significative et positive (11%), d’autres

une influence négative et significative (27%) et d’autres encore une influence non

significative (62%) (Voir Tableau 3.1). Lorsque l’on s’intéresse au signe, on constate que

41% des études concluent que le fait d’être une femme augmente la probabilité d’adopter des

technologies agricoles, tandis que 59% trouvent le contraire.

Page 167: Adoption et impact des innovations technologiques

150

Du point de vue de la significativité, on voit que la grande majorité des travaux ont obtenu

des résultats non significatifs (62%), contre 38% pour les travaux ayant trouvé un résultat

significatif. En tenant compte à la fois du signe et de la significativité, il apparait que 11%

des études trouvent que les femmes ont une influence positive sur l’adoption de technologies

agricoles, contre 27% pour les études qui trouvent une influence négative des femmes sur

l’adoption de technologies agricoles. Toutefois, dans la mesure où la majeure partie des

travaux ont trouvé un résultat non significatif, si on suit la méthode des votes35, on peut

simplement considérer qu’il y a en moyenne une indifférence entre homme et femme dans

l’adoption des innovations technologiques agricoles.

Tableau 3. 1. Classement des résultats des études selon la méthode des votes

Influence de la variable genre sur l’adoption d’une innovation

technologique agricole

Pourcentages

Influence positive (a) 41 %

Dont influence positive et significative (b) 11 %

Influence négative (c) 59 %

Dont influence négative et significative (d) 27 %

Total (a+c) 100 %

Influence significative (b+d) 38 %

Influence non significative (a+c) – (b+d) 62 %

Total 100 %

Source : Calculs des auteurs.

Note : Le pourcentage est calculé sur le nombre total d’observations (N = 274). Le sexe de base que nous

avons choisi dans l’étude est la femme.

3.6.2. Les variables de l’étude

L’essentiel des variables retenues dans cette méta-analyse sont celles généralement suggérées

dans la littérature (Doucouliagos et Paldam, 2006 ; Stanley et al., 2013 ; Laroche, 2015).

Elles portent sur les caractéristiques des études empiriques et le biais de publication. Ce sont

celles qui ressortent également dans plusieurs méta-analyses bien qu’elles ne portent souvent

que sur une innovation technologique agricole (Lusk et al., 2005; Gunaratna et al., 2010;

Wauters et Mathijs, 2014; Du et al., 2017; Hemming et al., 2018; Bassa, 2019). Le Tableau

3.2 décrit les variables retenues dans l’étude. D’abord sont présentées nos variables

35 La méthode des votes ou « vote counting » en anglais, consiste à classer les études existantes en fonction des

résultats obtenus (Doucouliagos et Paldam, 2006 ; Laroche, 2015).

Page 168: Adoption et impact des innovations technologiques

151

dépendantes (les grandeurs d’effets), ensuite, les variables explicatives regroupées en

plusieurs catégories.

3.6.2.1. Variables dépendantes

Nous avons quatre variables dépendantes dans cette étude.

La première est l’influence du genre (femme) sur l’adoption d’une technologie agricole qui

est dichotomique et peut être multiniveaux selon le type de modélisation (Voir Tableau 3.2).

La deuxième variable est le t-statistique t du coefficient estimé de la variable genre qui

donne à la fois une idée sur le sens de variation et la significativité du genre sur l’adoption.

La troisième est le coefficient de corrélation de Pearson (r de Pearson). Le r de Pearson est

calculé à partir de la formule suivante :

2

2, (1)

( )

t

rt ddl

avec t le t-statistique,

2ddl N = le degré de liberté et N , la taille de l’échantillon des études.

La quatrième variable dépendante est le rZ de Fisher qui corrige le r de Pearson du fait sa

distribution d’échantillonnage tronquée (à cause de la présence des petits échantillons). Il est

obtenu à partir de la formule suivante : 1 1

ln , (2)2 1

r

rZ

r

.

Le t-statistique, le r de Pearson et le le rZ de Fisher sont utilisés pour calculer les grandeurs

d’effets moyennes et donc connaitre l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption.

3.6.2.2. Variables explicatives

Au niveau des variables explicatives nous avons celles qui sont principales et celles de

contrôle.

3.6.2.2.1. Variables principales

Dans cette catégorie, nous avons premièrement les variables importantes relatives aux types

de technologies étudiées (semences, bonnes pratiques, fertilisants, matériels et autres types),

et au segment de la filière agricole concernée. La distinction des technologies, permettra de

vérifier et tester l’hétérogénéité entre les groupes de technologies et calculer l’influence du

genre sur l’adoption par type de technologie.

Page 169: Adoption et impact des innovations technologiques

152

Nous avons aussi une catégorie qui regroupe les variables portant sur les zones géographiques

des études (continents dans lesquelles les études ont été réalisées). On y rencontre également

le caractère intra ou inter-études. La variable zone géographique est souvent introduite dans

les méta-analyses (Voir Fall et al., 2018; Douclouliagos et Paldam, 2006 et Reicher, 2018).

Enfin nous avons la variable relative à l’approche d’estimation utilisée dans les études. Il

s’agit en l’occurrence de voir si les auteurs des études retenues ont utilisé une approche

linéaire ou une approche probabiliste.

3.6.2.2.2. Variables de contrôle

Pour ce qui concerne les variables de contrôle, nous les avons regroupées dans trois groupes.

Le premier est relatif aux caractéristiques des documents recueillis comme le genre des

auteurs, le type de document (article scientifique, mémoire, thèse, rapport de recherche etc.),

la publication ou non dans un journal référencé ou non référencé et le rang36 du journal

lorsque celui-ci est référencé.

Nous avons introduit la variable Auteure-femme dans notre étude, car nous faisons

l’hypothèse que la présence d’une femme dans une recherche peut conduire les auteurs à

avoir des considérations beaucoup plus liées au genre dans le protocole de recherche. Cette

variable est introduite dans Doucouliagos et Paldam (2006).

Le deuxième groupe de variables regroupe celles ayant trait aux caractéristiques des données

des documents. Il s’agit notamment, de l’approche de collecte, de la fréquence et du type de

données, de la taille de l’échantillon des études, du nombre de variables utilisées dans les

estimations, de l’année de collecte et de l’année de publication.

Le Tableau 3.2 ci-après donne une définition précise les variables de notre étude.

36 Bien que le rang soit une variable un peu controversée et non considéré en Amérique du Nord du fait des

types de classification des journaux, nous avons jugé pertinent de le considérer comme une variable dans notre

recherche pour capter le biais de publication. Aussi elle est retenue dans plusieurs méta-analyses dans la

littérature.

Page 170: Adoption et impact des innovations technologiques

153

Tableau 3. 2. Définition des variables des études empiriques

Source : Construction des auteurs.

Variables Type de variable Description

Variables dépendantes :

Influence variable genre sur

adoption_1

Influence variable genre sur

adoption_2

t-statistique

r de Pearson

Zr de Fisher

Polytomique

Dichotomique

Continue

Continue

Continue

Influence de la variable genre sur l’adoption prend 1 si significative et positif, 0 si non

significative, -1 si significative et négative.

Influence de la variable genre sur l’adoption prend 1 si significative, 0 si non

significative

Le t-statistique du coefficient de la variable genre dans l’estimation économétrique

Le coefficient de corrélation de Pearson

Le Zr de Fisher

Segment filière et type de technologie étudiée

Segment filière

Semences

Dichotomique

Dichotomique

Le segment de la filière étudiée est la production 1= oui, 0 si autres segment

(commercialisation, consommation, transformation)

La technologie étudiée est de type semence 1=oui, 0 si non

Bonnes pratiques agricoles Dichotomique La technologie est de type bonne pratique (agriculture de conservation,

agroenvironnement etc.) 1= oui, 0 si non

Fertilisants

Produit Phyto

Matériel

Autre-type

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

La technologie étudiée est de type fertilisant 1=oui, 0 si non

La technologie étudiée est de type produit phytosanitaire 1=oui, 0 si non

La technologie étudiée est de type matériel 1=oui, 0 si non

La technologie étudiée est d’un autre type matériel 1= oui, 0 si non

Zones géographiques

Type de pays Dichotomique L’étude a été réalisée dans un pays développé 1= oui, 0 si dans un pays en

développement

Régions

Afrique

Amérique

Asie

Europe

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

L’étude a été réalisée dans un ou plusieurs pays d’Afrique

L’étude a été réalisée dans un ou plusieurs pays d’Amérique

L’étude a été réalisée dans un ou plusieurs pays d’Asie

L’étude a été réalisée dans un ou plusieurs pays d’Europe

Type d’étude Dichotomique L’étude est interpays 1= oui, 0 si l’étude est intrapays

Modèle

Type de modèle Dichotomique Le modèle utilisé est de type non linéaire (logit, probit, tobit, double hurdel) 1= oui, 0

ou linéaire

Page 171: Adoption et impact des innovations technologiques

154

Tableau 3.2. (suite). Définition des variables des études empiriques

Source : Construction des auteurs.

Variables Type de variable Description

Caractéristiques du document

Auteure-Femme Dichotomique Il y’a au moins une femme chez les auteurs du document 1= oui, 0 si non

PubJR Dichotomique Le document est publié dans un journal ou une revue 1= oui, 0 si non

Pub-bulletin Dichotomique Le document est publié dans un bulletin ou cahier de recherche 1=oui, 0 si non

Autre type de document Le document est un mémoire, une thèse ou un rapport de recherche 1=oui, 0 si non

Avec rang

Rang1

Rang2

Rang3

Rang4

Pas de rang

Adop_Seulement

Adop_Impact

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Le document est publié dans une revue ou un journal avec rang 1= oui, 0 si non

Le document est publié dans un journal ou une revue de rang 1

Le document est publié dans un journal ou une revue de rang 2

Le document est publié dans un journal ou une revue de rang 3

Le document est publié dans un journal ou une revue de rang 4

Le document est publié dans une revue sans rang

Le document traite seulement de l’adoption

Le document traite de l’adoption et de l’impact ou la perception etc.

Caractéristique des données du document

Approche

Source des données

Type de données

Dichotomique

Dichotomique

Dichotomique

Le document utilise une approche quantitative =1, 0 si l’auteur ou les auteurs utilisent

une approche qualitative et quantitative

Les données collectées par les auteurs sont primaires =1, 0 si les données sont

secondaires

Les données utilisées sont en coupe transversale =1, 0 si données de type panel

Année de publication

Moyenne année de collecte

des données

Taille de l’échantillon

Nombre de variables

Continue

Continue

Continue

Continue

L’année à laquelle le document a été publié

Moyenne de l’année de collecte des données

Taille de l’échantillon de l’étude

Nombre de variables utilisées dans l’estimation ou les estimations dans l’étude

Page 172: Adoption et impact des innovations technologiques

155

3.6.3. Statistiques descriptives des variables des études

Les statistiques descriptives des variables de l’étude sont présentées dans le Tableau 3.3 selon

le type de résultat trouvé et selon la catégorie de variable.

3.6.3.1. Description des variables dépendantes

Les statistiques de la variable influence du genre sur l’adoption montrent que la majorité des

études de la méta-analyse (62%) ont obtenu comme résultat une influence non significative.

Une partie des études a trouvé une influence significative et positive (11%) tandis que qu’une

autre partie a eu comme résultat une influence négative et significative (27%). Cela laisse

apparaitre qu’en moyenne l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption d’une

technologie agricole est nulle.

Les statistiques ont donné par ailleurs une valeur moyenne du t-statistique équivaut à -2,06.

Ce qui laisse présager en moyenne une influence négative et significative du genre sur

l’adoption d’une technologie agricole. La valeur du t-statistique standardisée obtenue avec

méta-analyse de régression nous donnera une idée plus claire de l’influence du genre sur

l’adoption d’une innovation technologique agricole (Voir section VI).

Le Tableau 3.3 a montré en outre en moyenne des r de Pearson et rZ de Fisher compris

respectivement entre 0.05 et 0.12 et 0.03 et 0.06 en fonction des résultats trouvés. Lorsque

l’on considère toutes les études, nous trouvons en moyenne un coefficient de corrélation de

Pearson qui équivaut à 0.08 et un rZ de Fisher égal à 0.04. Cela laisse apparaitre qu’en

moyenne il y a une faible corrélation entre le fait d’être une femme et l’adoption d’une

technologie agricole.

Les données de notre étude s’étalant sur 22 années, nous avons représenté l’évolution de

l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption d’une technologie agricole sur la Figure

3.1. Elle montre que la significativité des résultats a diminué au cours du temps. De 1998 à

2008 les types de résultats ont évolué relativement au même rythme même si nous avons noté

un pic des résultats relatifs à une influence négative en 2001 et ceux portant sur une influence

négative et significative en 2007. De 2008 à 2019, la majorité des études ont trouvé une

influence non significative du genre sur l’adoption.

Page 173: Adoption et impact des innovations technologiques

156

Figure 3. 1.Évolution des fréquences des résultats relatifs à l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption

d’une technologie agricole

Source : Construction des auteurs.

3.6.3.2. Descriptions des variables explicatives

3.6.3.2.1. Variables principales

- Types de technologies étudiées

Au niveau des technologies étudiées, on remarque que les études se sont plus intéressées aux

semences améliorées (48%), le maïs étant la spéculation la plus étudiée (Kassie, Jaleta et

Mattei, 2014; Audu et Aye, 2014; Manda et al, 2015; Mmbando, Wale et Baiyegunhi, 2015;

Ahmed et al., 2017; Radeny, Ogada et Kimeli, 2019 etc.). Les résultats montrent également

que les études ayant porté sur les semences ont majoritairement trouvé une influence positive

et significative (62%).

Les études relatives aux bonnes pratiques agricoles ont trouvé en majorité une influence

négative et significative (38%). Quant aux études qui ont trait aux fertilisants, elles ont eu

plus d’influence négative et significative.

10

4

21

0 0 0 0

9

1

5

2

5

32

11

65

32 22 2

1

13

10 0

10

5

1

6

9

11

16

12

25

19

9

23

4

12

0 0 0 0 01

0 0 0

2

0 01 1 1 1

6

2 2

9

21

0

5

10

15

20

25

30

1988 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Fré

qu

ence

s d

es r

ésu

ltats

des

étu

des

Années de publication des études

Écolution des résultats de l'influenc du fait d'être une femme sur l'adoption d'une

technologie agricole de 1998 à 2019

Influenece négative et significative Influence non significative Influenece posititive et significative

Page 174: Adoption et impact des innovations technologiques

157

Ainsi, la nature de la technologie pourrait constituer une source de l’hétérogénéité de

l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption.

- Zones géographiques des études

Lorsqu’on s’intéresse aux zones d’études, il apparait que la plupart des recherches ont été

réalisées en Afrique37 (81%) et en Asie38 (13%). Cela s’explique par la forte expansion des

programmes de diffusion d’innovations technologiques agricoles en Afrique39 et en Asie

(Joshi, 2005; Hemming et al., 2018) pour lutter contre l’insécurité alimentaire.

L’analyse des statistiques montre que les études ayant été réalisées en Afrique ont plus

tendance à trouver une influence négative et significative (86%). La majorité de celles ayant

porté sur les continents américain ou européen, ont trouvé comme résultat un impact positif

et significatif ou nul. Les études effectuées en Asie quant à elles ont trouvé une influence

positive et significative en prédominance.

Ces statistiques laissent entrevoir que la zone d’étude peut constituer un important facteur de

l’hétérogénéité des résultats.

- Approche d’estimation utilisée

La plupart des études (91%) ont utilisé les méthodes probabilistes et modélisé l’adoption de

manière dichotomique pour analyser les facteurs d’adoption. L’usage de l’approche

probabiliste et de modélisation dichotomique est la plus courante dans la littérature relative

à l’adoption des technologies agricoles, même si de plus en plus l’adoption devient

multiniveau (Lindner, Pardey et Jarrett, 1982; Bradford et al., 2004; Lambrecht et al., 2014).

L’analyse des statistiques de cette variable a montré que la majorité les recherches ayant fait

recours à une approche probabiliste ont trouvé une influence négative et significative. Ce

résultat laisse apparaitre que le type de modèle utilisé peut avoir un impact sur le résultat.

37 Les pays africains concernés sont le Bénin, le Sénégal, l’Uganda, l’Éthiopie, le Cameroun, la Tanzanie, le

Mozambique, le Malawi, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Madagascar, le Ghana, le Nigéria, la Zambie, le

Zimbabwe et la Gambie. 38 Les pays asiatiques présents dans la base de métadonnées sont la Chine, le Népal, l’Inde, les Philippines, le

Timor-Leste, Le Vietnam, le Bengladesh et le Sri Lanka.

L’Amérique est représentée par les États-Unis, le Canada, le Mexique et le Honduras alors que l’Europe est

représentée par la Grèce, l’Espagne et l’Angleterre. 39 Les programmes de l’International Maize and Wheat Improvement Center (CIMMYT) et ceux du CORAF

tel le Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) en sont des exemples.

Page 175: Adoption et impact des innovations technologiques

158

3.6.3.2.2. Variables de contrôle

- Caractéristiques des documents recueillis

L’analyse des informations du Tableau 3.3, pour ce qui concerne les caractéristiques des

études, montre qu’en moyenne 76% des documents présents dans notre échantillon ont été

publiés dans un journal ou une revue. Pour ce qui est des auteurs, on remarque la présence

d’une femme dans la majorité des publications (56%). La publication des Working Papers

dans le corpus de documents représente 9% alors que 17% des études considérées sont d’un

autre type (mémoire, thèse etc.) c’est-à-dire la littérature grise. La majorité des articles

répertoriés (67%) ont été publiés dans des journaux, ceux de rang 2 et 4 étant majoritairement

plus représentés (76%).

Cette situation laisse présumer que la publication dans un journal ou une revue de même sa

qualité et son rang peuvent influencer significativement l’hétérogénéité des résultats. Par

ailleurs, 65% des documents sélectionnés traitent uniquement des déterminants de l’adoption

des technologies agricoles, tandis que le reste des documents (35%) abordent les questions

d’impact et perception des innovations technologiques agricoles.

- Caractéristiques des données des documents

Pour ce qui est relatif aux caractéristiques des données des documents, il apparait qu’en

moyenne, 70% des auteurs ont utilisé des données primaires, et 86% sont en coupe

transversale et se sont servi en moyenne de 16 variables dans leurs estimations. La

prédominance des études ayant utilisé des données en coupe transversale, peut s’expliquer

par la difficulté de collecter les statistiques agricoles sur une longue période (surtout dans les

pays en développement).

L’année moyenne de publication des études est 2012, tandis que celle moyenne de collecte

des données est 2008. L’étude la plus ancienne de notre échantillon est relative aux semences

de maïs hybride. Elle date de 1998 et a été effectuée par Zeller, Diagne et Matayab (1998)

publiée un journal avec rang40. Plus de vingt années après, l’adoption des innovations

technologique a continué à susciter la curiosité des chercheurs. En effet, les études les plus

40 Il s’agit du Journal of Agricultural Economics.

Page 176: Adoption et impact des innovations technologiques

159

récentes41 de notre étude datent de 2019 et sont relatives à des technologies telles que les

fertilisants organiques (Abebe et Debebe, 2019), les pratiques agro-environnementales, (Gao

et al., 2019) et semences améliorées (Musara et al., 2019; Manda et al., 2019).

41 Manda et al. (2019) ont publié leur recherche dans World Developpement, Musara et al. (2019) dans le

Spanish Journal of Agricultural Research tandis que Gao et al. (2019) ont publié dans Ecological Economics.

Page 177: Adoption et impact des innovations technologiques

160

Tableau 3. 3. Caractéristiques des études utilisées

Variables Tous les documents Influence positive et

significative

Influence négative

et significative

Influence non

significative

Moy/Fréq

Moy/ Fréq

Moy/Fréq

Moy/Fréq

Influence variable

genre sur

adoption

- 29 73 172

t-stqtistique -2.06 - - -

r de Pearson 0.08 0.12 0.12 0.05

Zr de Fisher 0.04 0.06 0.05 0.03

Segment filière et type de technologie étudiée

Segment filière

Semences

0.97

0.48

0.97

0.62

0.97

0.36

0.98

0.5

Bonnes pratiques

agricoles

0.35 0.31

0.38

0.34

Fertilisants 0.25 0.21 0.27 0.23

Zones géographiques

Type de pays 0.18 0.20 0.15 0.20

Région

Afrique

Amérique

Asie

Europe

0.81

0.05

0.13

0.01

0.69

0.03

0.28

0.86

0.02

0.12

0.80

0.08

0.02

0.10

Modèle

Type de modèle 0.91 0.62 0.97 0.94

Caractéristiques du document

Auteure-Femme 0.56 0.52 0.48 0.60

PubJR 0.79 0.86 0.72 0.81

Pub-bulletin 0.09 0.03 0.15 0.07

Autre type de

document

0.17 0.14 0.20 0.17

Avec rang

Rang1

Rang2

Rang3

Rang4

Pas de rang

Adop_Seulement

Adop_Impact

0.62

0.11

0.39

0.12

0.01

0.37

0.65

0.35

0.62

0.07

0.34

0.24

0.35

0.69

0.31

0.55

0.13

0.32

0.1

0.01

0.44

0.71

0.29

0.66

0.10

0.43

0.12

0.01

0.34

0.62

0.38

Caractéristique des données du document

Approche

Source des

données

Type de données

0.95

0.70

0.86

0.97

0.75

0.90

0.97

0.66

0.85

0.94

0.70

0.87

Année de

publication

Moyenne année

de collecte des

données

Taille de

l’échantillon

Nombre de

variables

2012 (5.17)

2008 (6.64)

4406

(15971)

16 (6.27)

2014 (3.75)

2010 (6.72)

4153

(13449)

15 (6.71)

2011 (5.55)

2007 (7.45)

5830

(20254)

6.02 (6.01)

2012 (5.15)

2009 (6.14)

3845

(14271)

18 (6.22)

Source : Calcul des auteurs. Notes: Les écarts-types sont entre parenthèses. Moy= moyennes, Fréq= fréquences.

Page 178: Adoption et impact des innovations technologiques

161

3.7. Tests d’hétérogénéité

3.7.1. Tests de comparaison des moyennes et des proportions des caractéristiques des

études selon le type de résultats

Les statistiques des caractéristiques des études entre les types de résultats trouvés résumés

dans le Tableau 3.3 laissent entrevoir quelques ressemblances, mais surtout plusieurs

divergences. Des différences semblent exister au niveau des variables relatives aux

technologies étudiées, à la zone de l’étude, au type de modèle utilisé, aux types et rangs des

documents, à la taille des échantillons, au nombre de variables utilisées mais surtout à l’année

de publication. Les différences de ces caractéristiques si elles sont significatives, pourraient

constituer les déterminants de l’hétérogénéité des résultats des études empiriques choisies

dans cette méta-analyse.

Dans le Tableau A3.1 commenté en annexe, nous avons vérifié l’effectivité de

l’hétérogénéité des caractéristiques en effectuant des tests d’égalités des moyennes et des

proportions des caractéristiques des études. Les résultats des tests ont confirmé les

différences significatives des caractéristiques entre les groupes de résultats trouvés dans nos

documents.

Pour nous assurer si toutes ces caractéristiques hétérogènes entre les groupes de résultats

peuvent être les déterminants de l’hétérogénéité des résultats reportés dans les Tableaux 3.4

et 3.5, nous avons procédé à une méta-analyse de régression. Cependant, avant d’effectuer

les estimations économétriques, les tests habituels d’hétérogénéité en méta-analyse ont aussi

été effectués (Cochran,1950 ; Higgins et al., 2003).

3.7.2. Tests d’hétérogénéité des résultats des études en méta-analyse

Les tests ont été réalisés avec les variables coefficients estimés, t-statistique, r de Pearson

et rZ de Fisher. Ils ont tous conclu à une forte hétérogénéité entre les résultats si on en juge

par la classification de Higgins et al. (2003)42.

42 La statistique du test d’hétérogénéité 2I décrit le pourcentage de variation totale entre les résultats des études

qui est dû à l'hétérogénéité plutôt qu'à l'erreur d'échantillonnage. D’après Higgins et al. (2003) il y’a faible

hétérogénéité lorsque la valeur du 2I est comprise en 0 et 25%, une hétérogénéité modérée si 2I est comprise

entre 25 et 75% et une très forte hétérogénéité quand 2I est supérieure à 75%.

Page 179: Adoption et impact des innovations technologiques

162

- Tests d’hétérogénéité des résultats toutes technologies agricoles confondues

Le test effectué avec les coefficients estimés de régressions de la variable genre tirés des

études a révélé une forte et significative variabilité entre les résultats avec une statistique

d’hétérogénéité ( 2I ) égale à 99.9%. L’hypothèse d’homogénéité y a été rejetée avec une

statistique du test de Chi2(169) égale à 2.5e+05 et une p-value de 0.000. Celui effectué avec

le t-statistique a déduit un 2I égale à 100%, une statistique du test de Chi2 (169) égale à

3.0e+07 avec une p-value de 0.000.

Le test effectué avec les r de Pearson a conclu une hétérogénéité avec un 2I égale à 97.2%,

une statistique du test de Chi2 (169) égale 6088.10 et une p-value de 0.000. Enfin, le test

effectué avec le rZ de Fisher a indiqué un pourcentage de variation totale entre les résultats

des études qui est dû à l'hétérogénéité plus faible. En effet, le 2I affiché est de 85.7% avec

un Chi2 (169) égale à 1184.15 et une p-value de 0.000.

Ainsi, le pourcentage de variation totale entre les résultats des études qui est dû à

l'hétérogénéité diminue avec la précision des grandeurs d’effets utilisées en méta-analyse.

Étant donnée la diversité des technologies utilisées dans notre base, il se peut que

l’hétérogénéité des résultats de l’influence de la femme sur l’adoption diffère selon le type

de technologie, ce qui nous a conduit à effectuer des tests par sous-groupes (Lipsey et Wilson,

2001).

- Tests d’hétérogénéité des résultats selon le type de technologie

Les résultats de l’ensemble des sous-groupes de technologies ont aussi conclu une

hétérogénéité. Ceux des tests du sous-groupe « variétés améliorées de semences » ont conclu

à une hétérogénéité significative au seuil de 1% qui est passée d’un degré modéré à un degré

fort, avec des 2I compris entre 61 et 100% selon le type de grandeur effet utilisé.

Dans le groupe des technologies de type « bonnes pratiques agricoles », la même chose est

apparue avec un 2I compris entre 55,9 et 99.8%. Dans le sous-groupe des technologies de

type « fertilisants », les tests ont conclu une très forte variabilité des grandeurs d’effets avec

des 2I compris entre 97 et 99% et p-values de 0.000.

Ainsi, bien que la nature de la technologie semble être une variable modératrice, tous les

résultats des tests ont révélé des similarités des hétérogénéités entre sous-groupes.

Page 180: Adoption et impact des innovations technologiques

163

3.8. Méthodologie : méta-analyse de régression

3.8.1. Modèles empiriques

En méta-analyse, l’hypothèse habituellement formulée est que l’hétérogénéité des grandeurs

d’effets des études peut être expliquée par les caractéristiques des études empiriques mais

aussi par le biais de publication. En conséquence, les modèles de régression linéaire à effet

fixe et à effet aléatoire sont utilisés pour expliquer cette hétérogénéité (Douclouliagos et

Paldam 2006).

Le modèle à effet fixe assume que les variations au niveau des grandeurs d’effets peuvent

être expliquées par l’erreur d’échantillonnage et des différences systématiques observables

entre les études et suit la forme linéaire suivante :

0 1

1 1

(3)J K

i j ij k ik i

j k

X Z u

Où i représente la grandeur d’effet de l’étude i , 0 est une constante qui recueille des

informations potentielles sur le biais de sélection qui ne figurent pas dans le modèle (Stanley

et Jarrell, 1989; Douclouliagos et Paldam, 2006; Santeramo et Lamonaca, 2019). 1 est aussi

une constante et représente la vraie valeur du paramètre de la variable d’intérêt. Les ijX sont

des variables (dichotomiques et ou continues) représentatives des caractéristiques des études

i susceptibles d’expliquer l’hétérogénéité des résultats mais non corrélées à la probabilité de

leur acceptation dans un journal ou une revue.

Les K variables sont censées capter le biais de publication ikZ et donc influencer la

probabilité d’acceptation pour publication. Les et sont des coefficients de régression.

iu est le terme d'erreur qui est supposée être distribuée de manière indépendante et identique

(i.i.d.), donc suivre les propriétés habituelles de l’erreur Gaussienne. Le modèle à effet

aléatoire va plus loin en prenant en compte le fait que les sources de variations des grandeurs

d’effets sont susceptibles d’être expliquées par des différences aléatoires et inobservables

entre les études. Pour en tenir compte, un terme d’hétérogénéité inobservable est introduit

dans la régression. L’équation (3) devient donc :

Page 181: Adoption et impact des innovations technologiques

164

0 1

1 1

(4)J K

i j ij k ik i i

j k

X Z u e

Où le nouveau terme ie représentent des facteurs d’hétérogénéité inobservables.

Les études collectées dans le cadre d’une méta-analyse utilisent des bases de données

différentes, des tailles d’échantillons variées de même que des variables indépendantes

diverses. De ce fait, les variances des coefficients estimés (les grandeurs d’effets) dans les

études peuvent être différentes. Il y a donc de fortes chances que les erreurs des variables de

la méta-régression soient hétéroscédastiques (Stanley et Jarrel, 1989 ; Laroche ; 2015). Il

importe donc d’ajuster les grandeurs d’effets issues des études de sorte à ce que chaque étude

présente des erreurs d’échantillonnage équivalentes. Dans la littérature, il est conseillé de

corriger l’hétéroscédasticité en utilisant un coefficient d’ajustement égal à la racine carrée de

la pondération iW avec, 21/ SEiW . Ce coefficient va ajuster les grandeurs d’effets et leurs

prédicteurs. De ce fait, les grandeurs d’effets ajustés sont : * ii i iW

SE

où,

1iW

SE

est égal à l’inverse des erreurs standards SE (Maddala, 1977; Laroche, 2015).

En conséquence (3) et (4) deviennent les équations (5) et (6) respectives et sont estimées par

la méthode des moindres carrés pondérés (Stanley, 2005) :

0 1

1 1

1 1(5)

J Kiji ik

j k i

j k

X Zu

SE SE SE SE SE

0 1

1 1

1 1( )(6)

J Kiji ik

j k i i

j k

X Zu e

SE SE SE SE SE

Dans ce chapitre, la grandeur d’effet représente l’influence de la variable genre sur l’adoption

d’une technologie agricole. Si elle doit être expliquée à travers un modèle linéaire, elle peut

être représentée par le coefficient de régression de la variable genre dans le modèle ou la

valeur de son t-statistique.

3.8.1.1. Les modèles logit et logit multinomial pour expliquer l’hétérogénéité des

résultats

Au vu des multiples résultats trouvés, nous avons d’abord classé les résultats dans trois

groupes. Ceux ayant une influence significative et positive, ceux avec une influence négative

et significative, et ceux n’ayant pas d’influence. Ainsi en prenant en compte à la fois les trois

Page 182: Adoption et impact des innovations technologiques

165

modalités de la variable résultat (influence positive et significative, influence négative et

significative et non significativité), il est judicieux d’utiliser un modèle multiniveau tel le

Logit multinomial.

En revanche, lorsque l’on s’intéresse uniquement aux facteurs explicatifs de la significativité,

cela peut se faire par avec un modèle Logit binaire.

Tous ces modèles sont estimés avec l’option robuste pour réduire les contraintes liées aux

valeurs aberrantes car nous avons dans certaines études plusieurs estimations (Belsley et al.,

1980 ; Santeramo et Lamonaca, 2019).

3.8.1.2. Le modèle Logit multinonial pour expliquer les déterminants de la

significativité et du sens de variation

Soit catY une variable catégorielle représentant l’influence de la variable genre sur l’adoption

d’une technologie agricole. On suppose que :

1,si le fait d'être une femme augmente la probabilité d'adopter une technologie agricole de façon significative

0,si le fait d'être une femme n'a pas d'influence sur l'adoption d'une technologie acatY gricole

1,si le fait d'être une femme diminue la probabilité d'adopter une technologie agricole de façon significative

Autrement dit en se servant des t-statistiques t

43 pour éviter les questions

d’hétéroscédasticité (Stanley, 2001; Douclouliagos et Palgam, 2006 ; Laroche 2015), nous

avons la classification suivante et catY devient.

1,si 1,96

0,si 1.96 1,96 (7)

1,si 1,96

cat

t

Y t

t

En substituant les équations (5) et (6) dans l’équation (7), on obtient les équations suivantes :

0 1

1 1

0 1

1 1

P(Y 1)ln

P(Y 0) (effets fixes) (8)

P(Y 1)ln

P(Y 0)

J Kcat

j ij k ik i

j kcat

J Kij

j ij k ik i

j kcat

X Z u

X Z u

Pour l’estimation du modèle à effet aléatoire, l’équation (6) devient l’équation (9) :

43 L’usage du t-statistique ne nécessite pas que la correction de l’hétéroscédasticité dans le modèle, d’où la

substitution des équations (5) et (6) dans l’équation (7).

Page 183: Adoption et impact des innovations technologiques

166

0 1

1 1

0 1

1 1

P(Y 1)ln

P(Y 0) (effets alétoires) (9)

P(Y 1)ln

P(Y 0)

J Kcat

j ij k ik i i

j kcat

J Kcat

j ij k ik i i

j kcat

X Z u e

X Z u e

Où P(Y 1)ln

P(Y 0)

cat

cat

représente le logarithme de la probabilité d’avoir une influence négative

et significative du genre sur l’adoption d’une technologie agricole plutôt qu’une influence

non significative. P(Y 1)ln

P(Y 0)

cat

cat

ind

ique le logarithme de la probabilité d’avoir une influence positive et significative du genre

sur l’adoption d’une technologie agricole plutôt qu’une influence non significative.

3.8.1.3. Modèle Logit binaire pour estimer les déterminants de la significativité tout

court

Pour obtenir les déterminants de la significativité tout court de la variable genre sur

l’adoption d’une technologie agricole, le modèle logit binaire est utilisé. De ce fait, nous

avons transformé le catY en une variable binaire biY qui est égale à :

1,si 1.96 ou 1,96 (10)

0, sinonbi

t tY

Ainsi, la probabilité que l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption d’une innovation

technologique agricole soit significative est donnée par l’équation (11).

, , 0 1

1 1

, , 0 1

1 1

P(Y / X , Z ) (effet fixe)

(11)

P(Y / X , Z ) (effet aléatoire)

J K

bi i j i k j ij k ik i

j k

J K

bi i j i k j ij k ik i i

j k

X Z u

X Z u e

3.8.2. L’investigation du biais de publication

Pour tester l’existence d’un biais de sélection, nous avons élaboré des représentations

graphiques comme le graphe en entonnoir « Funnel-plot » ou « Funnel-graph » (Sulton et

Page 184: Adoption et impact des innovations technologiques

167

al., 2001) pour le biais de publication de type (I)44 et la représentation radiaire de Galbraith

(1988) pour la publication sélective de type (II)45. Les tests d’asymétrie des graphiques en

entonnoirs (FAT- Funnel Assymetry Tests) de Begg et Mazumdar (1994) et Egger et al.

(1997) ont également été effectués. Cela revient à tester l’hypothèse 0 0 (Egger et al.,

1997) des équations.

Nous avons élaboré des graphes par type de technologie et avec des grandeurs d’effets

différents (coefficient estimé de la variable genre, t-statistiques, r de Pearson et rZ de

Fisher). La correction du biais de publication sera faite en introduisant d’office des variables

susceptibles de le capter, ou en introduisant les erreurs standard dans la régression. Nous

avons également introduit des documents non publiés dans notre échantillon, comme les

working papers. Nous avons aussi exploré la sensibilité des résultats de la méta-analyse par

rapport aux études potentiellement omises46.

3.9. Résultats

3.9.1. Les déterminants de la significativité et de l’hétérogénéité de l’influence d’être

une femme sur l’adoption d’une technologie agricole

Les résultats des estimations sont présentés dans les Tableaux 3.4 et 3.5. On pouvait le

suspecter par les conclusions des tests d’hétérogénéité (Cf. Tableau A.3.1 en annexe), la

significativité de l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption d’une technologie

agricole est affectée par la zone géographique de l’étude, le fait que le document soit publié

ou non dans un journal, la nature des données utilisées, l’année de publication, le type de

modèle utilisé et l’année de collecte des données.

44 Le biais de publication de type I existe lorsque les chercheurs et membres des comités de lecture des journaux

privilégient des études dont les résultats sont statistiquement significatifs ou confirment un positionnement

théorique particulier (Stanley, 2005; Laroche, 2015).

45 La publication sélective est de type II lorsque les chercheurs scientifiques favorisent des résultats de

recherches statistiquement significatifs quel que soit le sens de l’impact (Stanley, 2005; Laroche, 2015). 46 La commande meta trimfill sur stata permet d’effectuer cela. Elle estime le nombre probable d'études

manquantes en raison du biais de publication, impute les études omises et rapporte des résultats supplémentaires

en utilisant les études observées et imputées.

Page 185: Adoption et impact des innovations technologiques

168

3.9.1.1. Types de technologies, zones des études, approche d’estimation et

hétérogénéité

Nous avons trouvé dans nos estimations que le type de technologie étudié n’a pas d’impact

sur la significativité tout court de l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption d’une

technologie agricole. Il ne joue pas également sur la significativité et le sens de direction de

l’impact d’après le Tableau 3.5.

Toutefois, même si cet impact n’est pas significatif, nous avons remarqué que les études

ayant porté sur les semences améliorées ont tendance à réduire la probabilité que l’influence

de la femme sur l’adoption soit significative (-0,22) alors que celles portant sur les bonnes

pratiques agricoles (0,31) ou fertilisants (0,06) l’augmentent (Tableau 3.4).

Pour ce qui a trait aux zones géographiques dans lesquelles les études ont été réalisées, en

considérant à la fois la significativité et le signe, nous avons trouvé que lorsque les études

portent sur les pays d’Amérique et d’Asie plutôt que sur l’Afrique, la probabilité que

l’influence de la femme sur l’adoption d’une technologie soit positive et significative

augmente.

Ce résultat serait probablement le reflet des inégalités d’accès des femmes à la technologie

entre l’Amérique, l’Asie et l’Afrique. Il s’explique d’abord par les différences en termes de

contextes socio-économiques des pays de ces continents mais aussi par les conditions dont

jouissent les femmes agricultrices dans ces pays. En effet, la littérature a montré que les

femmes en Afrique, comparativement à leurs homologues des autres continents, n’ont pas un

accès facile aux ressources de production en agriculture (Fisher et Carr, 2015; Kondylis et

al., 2016 etc.). La plupart d’entre elles n’ont pas accès à la terre ou ont un faible accès aux

intrants comme le crédit, les semences, le service de conseil agricole, les engrais entre autres

(Adesina et al., 2000; Doss et Moriss, 2001; Fisher et Kandiva, 2014; Hay et Pearce, 2014).

Nous avons aussi trouvé dans le Tableau 4.6 que le fait que l’étude ait été réalisée en Europe

par rapport à l’Afrique diminue la probabilité que l’influence soit positive et significative

(-13,61). Ce résultat à priori peut sembler contre intuitif. Toutefois, lorsque l’on compte le

nombre d’études ayant porté sur l’Europe dans notre échantillon, nous remarquons une sous-

représentativité (3 études soit moins de 1% de l’échantillon). Également, l’analyse des

caractéristiques des agriculteurs de ces études a révélé qu’ils ont de faibles niveaux

Page 186: Adoption et impact des innovations technologiques

169

d’éducation et un faible accès au service de conseil (Voir Burton et Young, 1999;

Alexopulos, Koutsouris et Tzouramani, 2010 et Beltràn- Esteve, Picazo-Tadéo et Reig-

Martinez, 2012).

La zone géographique a été montrée comme facteur d’hétérogénéité des résultats dans

plusieurs méta-analyses en agriculture (Dannenberg, 2009; Wauters et Mathijs, 2014;

Robinson, Holland et Naithon-Treve, 2014; Heminng et al., 2018) mais aussi dans d’autres

domaines (Li et Beging, 2010; Reicher, 2018; Fall et al., 2018; etc.). Ainsi, pour réduire ces

inégalités en termes d’accès aux innovations technologiques agricoles, des politiques de

discrimination basée sur le genre pourraient être développées en Afrique.

Concernant les modèles utilisés, nous avons trouvé que l’influence d’être une femme sur

l’adoption d’une technologie baisse de façon significative lorsque les auteurs utilisent une

régression avec un modèle de probabilité, plutôt qu’une régression linéaire simple. Ce

résultat conforte celui de la méta-analyse de Wauters et Mathijs (2014) portant sur l’adoption

des pratiques agroenvironnementales. Douclouliagos et Paldam (2006) ont trouvé aussi dans

leur méta-analyse que l’usage des OLS influence de façon positive et significative

l’hétérogénéité des résultats des études considérées dans leurs recherches.

3.9.1.2. Caractéristiques des documents recueillis et hétérogénéité

Lorsqu’on analyse l’hétérogénéité en tenant compte de la significativité de l’impact dans le

Tableau 3.4, on s’aperçoit plus précisément, que la publication dans un journal ou une revue

diminue la significativité de l’influence de la femme sur l’adoption (-1.66). Cela pourrait

s’expliquer par le fait que les journaux ou revues sont plus exigeants quant aux méthodes et

protocoles de recherche utilisés par les auteurs. Les revues vont préférer par exemple publier

des résultats issus d’études ayant fait usage de méthodes d’estimations robustes, ce qui

pourrait diminuer le degré de significativité des résultats. Par ailleurs, bien que le fait de

publier dans un journal diminue la significativité, elle augmente la probabilité que l’impact

du genre soit positif (Voir Tableau 3.5). Des chercheurs comme Reicher (2018) et

Douclouliagos et Paldam (2006) ont trouvé que la publication dans des journaux consacrés

aux études sur le développement augmente la probabilité que les impacts soient positifs et

significatifs. Ce résultat est fort intéressant en ce sens qu’il laisserait présager que chercheurs

Page 187: Adoption et impact des innovations technologiques

170

ou reviseurs des journaux s’intéressant aux études sur le développement pourraient avoir un

positionnement théorique ou idéologique en ce qui concerne l’impact du fait d’être une

femme sur la probabilité d’adoption d’une technologie agricole. Ce résultat semble indiquer

que les revues ont une préférence pour les travaux qui trouvent un impact positif du fait d’être

une femme sur l’adoption de technologies agricoles. Dans notre base par exemple, la majorité

des recherches ayant trouvé une influence positive et significative ont été publiées dans des

journaux47 de hauts rang (Thirtle, Beyers et Ismael, 2003; Bryan et al., 2012; Onumadu et

Osahon, 2014; Budhathok et Bhatta, 2016; Okeke, Tor et Iheanacho, 2017; Yang et al., 2017;

Nangobi et Mugonola, 2018; Ahmed et Tetteh Anang, 2019; etc.). Des études plus poussées

relatives à ce biais de sélection mériteraient d’être effectuées.

Pour ce qui est du sexe des auteurs, nos résultats montrent que la probabilité de l’influence

de la femme sur l’adoption d’une technologie agricole augmente significativement de 10

points de pourcentage, lorsqu’il y a au moins une femme chez les auteurs. Ce résultat semble

indiquer que la présence d’une femme dans l’équipe de recherche peut peser sur le résultat.

Les auteures femmes peuvent en effet avoir des considérations plus féminines dans le

processus de recherche, ce qui pourrait jouer sur les résultats. Notre résultat contredit

toutefois celui de Douclouliagos et Paldam (2006), qui ont trouvé une influence non

significative de la présence des femmes auteures sur l’hétérogénéité de leurs résultats.

Par ailleurs, lorsque le document émane de la littérature grise, l’influence du fait d’être une

femme sur l’adoption d’une technologie agricole est positive et significative. Cela pourrait

s’expliquer par l’absence de robustesse des méthodes utilisées dans ces recherches.

3.9.1.3. Caractéristiques des données des documents et hétérogénéité

Les tableaux 3.4 et 3.5 indiquent aussi que l’usage des données en coupe transversale

augmente la probabilité que l’impact de la femme sur l’adoption d’une technologie agricole

soit significatif (0.36) et négatif (1,32).

47 Il s’agit des journaux suivants: World Development, Journal of Environmental Management, Journal of

Development Economics, Food Policy, Agricultural Research, International Journal of Environment,

Agriculture and Biotechnology, International Journal of Scientific and Technology Research, Journal of

Development and Agricultural Economics, Agricultural Socio-Economics Journal et Sustainability.

Page 188: Adoption et impact des innovations technologiques

171

L’utilisation de données en coupe transversale est fréquente en agriculture du fait de la

difficulté d’avoir accès à des données sur de longues périodes, mais aussi à la spécificité des

exploitations agricoles (surtout dans les pays en développement). Certaines techniques

agricoles comme les rotations culturales par exemple ne facilitent pas le recueil de données

sur de longues périodes. Aussi, dans un contexte de changement climatique et d’aversion aux

risques de la part des producteurs, il s’avère difficile d’avoir des données portant sur les

mêmes technologies sur de longues périodes (Bassa, 2019).

Cette conclusion diffère cependant de celle de Bassa (2019) qui affirme que l’usage des

données en coupe transversale augmente la probabilité d’adopter les technologies agricoles,

mais n’est pas significative. Des travaux menés dans d’autres domaines de recherche comme

le commerce international et la microfinance trouvent que l’usage de données de panel

impacte positivement l’hétérogénéité des grandeurs d’effets (Douclouliagos et Paldam, 2006;

Fall et al., 2018).

Nos résultats montrent par ailleurs que plus l’étude est récente, plus l’influence de la femme

sur la probabilité d’adoption est significative et positive (0,31). Ce résultat pourrait

s’expliquer par le fait qu’au fil du temps, il y a eu une amélioration de l’influence du genre

sur l’adoption de technologies agricoles ou une amélioration des méthodes utilisées. La

significativité de la variable année de publication comme facteur explicatif de l’hétérogénéité

a été montrée dans plusieurs méta-analyses (Doucloulisagos et Paldam, 2006; Dannenberg,

2009; Reicher, 2018; Bassa, 2019).

Pour ce qui concerne l’année moyenne de collecte des données des études, nos résultats ont

montré, que le fait que les auteurs utilisent des données récentes, réduit la probabilité que

l’influence de la femme sur l’adoption d’une innovation technologique soit négative et

significative. Ce résultat abonde dans le même sens de celui de Bassa (2019).

Page 189: Adoption et impact des innovations technologiques

172

Tableau 3. 4. Les déterminants de la significativité de l’influence de la femme sur l’adoption d’une innovation

technologique agricole

Source : Calculs des auteurs.

Notes : Les erreurs standards sont entre parenthèses. *** p <0.01 ** p <0.05 * p <0.1.

Les méta-analyses de Dannenberg (2009) et Reicher (2018) ont montré que l’année moyenne

de collectes des études est un fort indicateur d’hétérogénéité des résultats.

Variables Influence significative (Logit)

Coefficients Z Effets marginaux

Segment filière et type de technologie étudiée

Segment filière

Semences

-0.36 (0.90)

-0.22 (0.40)

-0.40

-0.56

-0.07 (0.19)

-0.04 (0.08)

Bonnes pratiques

agricoles

0.32 (0.40) 0.79 0.06 (0.08)

Fertilisants 0.06 (0.41) 0.15 0.01 (0.08)

Zones géographiques

Région

Afrique

Amérique

Asie

Europe

-

-1.64 (0.84)

0.07 (0.44)

-

-

-1.97

0.15

-

-

-0.26 (0.09) **

0.01 (0.09)

-

Modèle

Type de modèle -1.10 (0.54) * 0.54 -0.23 (0.11) *

Caractéristiques du document Auteure-Femme -0.22(0.31) -0.69 -0.04 (0.06)

PubJR -1.66 (1.01) * -1.65 -0.33(0.17) *

Pub-bulletin -0.88 (0.76) -1.15 -0.15 (0.12)

Autre type de

document

-1.15 (0.81) -1.41 -0.20 (0.12) *

Rang

Rang1

Rang2

Rang3

Rang4

Pas de rang

-

-0.37 (0.51)

0.31 (0.62)

1.38 (1.38)

0.30 (0.60)

-

-0.72

0.51

1

0.50

-

-0.07 (0.10)

0.07 (0.13)

0.29 (0.27)

0.06 (0.12)

Caractéristique des données du document Source des données

Type de données

0.36 (0.44)

0.96 (0.55) *

0.80

1.76

0.07 (0.08)

0.17 (0.08) *

Année de publication

Moyenne année de

collecte des données

Taille de l’échantillon

Nombre de variables

0.26 (0.08) **

-0.24 (0.07) ***

0.00 (0.00)

-0.03 (0.03)

3.21

-3.49

0.31

-1.34

0.05 (0.02) **

-0.05 (0.01) ***

0.00 (0.00)

-0.01 (0.004)

LR Chi2 (21) = 42.20

Pseudo R2 = 0.117

N = 271

Page 190: Adoption et impact des innovations technologiques

173

Tableau 3. 5. Les déterminants de l’hétérogénéité de l’influence du fait d’être une femme sur la probabilité d’adoption d’une innovation technologique

agricole

Source : Calculs des auteurs. Notes : Les erreurs standards sont entre parenthèses. *** p <0.01 ** p <0.05 * p <0.1.

Variables Influence positive significative Influence négative et significative

Coefficients Z Effets

marginaux

Odd-Ratios Coefficients Z Effets

marginaux

Odd-Ratios

Modèle

Type de modèle -2.14(0.70) ** -3.07 -0.28 (0.11) * 0.11 (0.82) ** 0.13 (0.74) 0.19 0.10 (0.61) 1.14 (0.85)

Segment filière et type de technologie étudiée

Segment filière

Semences

-1.17 (1.62)

0.27 (0.68)

-0.72

0.41

-0.12 (0.21)

0.03 (0.05)

0.31 (0.50)

1.32 (0.90)

0.20 (1.03)

-0.49 (0.44)

0.20

-1.10

0.07 (0.14)

-0.09 (0.07)

1.22 (1.27)

0.61 (0.27)

Bonnes

pratiques

agricoles

-0.03 (0.72) -0.04 -0.01 (0.05) 0.96 (0.70)

0.44 (0.45)

0.98 0.07 (0.07) 1.55 (0.69)

Fertilisants 0.59 (0.70) 0.85 0.06 (0.06) 1.81 (1.27) -1.18 (0.45) -0.39 -0.04 (0.07) 0.84 (0.38)

Zones géographiques

Région

Afrique

Amérique

Asie

Europe

-

-0.58 (1.22)

1.11 (0.63) *

-13.61(2043)

-

-0.48

1.75

-0.01

-

-0.01 (0.07)

0.12 (0.07) *

-0.09 (0.02) ***

-

0.56 (0.68)

3.05 (1.95) *

0.00 (0.002)

-

-2.12 (1.10) *

-0.48 (0.54)

-15.24 (1257)

-

-1.11

-0.89

-0.01

-

-0.23 (0.07) **

-0.11 (0.07)

-0.30 (0.03) ***

-

0.11 (0.13) *

0.62 (0.33)

0.00 (0.00)

Constante -261.94

(156.30) *

-1.68 12.90

(70.72)

0.18

LR Chi2 (44) =

83.90

Pseudo R2 =

0.1735

N = 274

Page 191: Adoption et impact des innovations technologiques

174

Tableau 3.5. (suite). Les déterminants de l’hétérogénéité de l’influence du fait d’être une femme sur la probabilité d’adoption d’une innovation technologique

agricole

Source : Calculs des auteurs.

Notes : Les erreurs standards sont entre parenthèses. *** p <0.01 ** p <0.05 * p <0.1.

Variables Influence positive et significative Influence négative et significative

Coefficients Z Effets

marginaux

Odd-Ratios Coefficients Z Effets

marginaux

Odd-Ratios

Caractéristiques du document Auteure-Femme 0.69 (0.58) 1.20 0.06 (0.04) 2.01(1.17) -0.50 (0.36) -1.38 -0.10 (0.06) * 0.61 (0.21)

PubJR -2.29 (1.85) 0.15 0.05 (0.089) 0.75 (1.39) -2.68 (1.19) * -2.25 -0.46 (0.16) ** 0.07 (0.08) *

Pub-bulletin -0.66 (1.67) -0.40 -0.02 (0.10) 0.51 (0.86) -1.32 (0.84) -1.57 -0.15 (0.07) * 0.27 (0.22)

Autre type de

document

-0.39 (1.67) 0.15 0.001 (0.11) 0.67 (1.13) -1.85 (0.94) * -1.57 -0.21 (0.07) ** 0.16 (0.15) *

Rang

Rang1

Rang2

Rang3

Rang4

Pas de rang

-

-0.13 (0.97)

1.37 (1.14)

13.08(2304)

0.74 (1.08)

-

-0.14

1.20

-0.01

0.69

-

0.001 (0.06)

0.12 (0.10)

-0.07 (0.05)

0.05 (0.07)

-

0.87 (0.85)

3.97 (4.56)

0.00 (0.01)

2.10 (2.29)

-

-4.57 (0.56)

-1.94 (0.70)

1.76 (1.42)

0.10 (0.69)

-

-0.80

-0.28

1.24

0.16

-

-0.07 (0.10)

-0.07 (0.11)

0.37 (0.26)

0.001 (0.12)

-

0.63 (0.35)

0.82 (0.58)

5.82 (8.27)

1.11 (0.77)

Caractéristique des données du document Source des

données

Type de

données

0.12 (0.79)

0.39 (1.00)

0.15

0.93

0.001 (0.06)

0.01 (0.07)

1.12 (0.89)

1.47 (1.47)

0.47 (0.50)

1.32 (0.61) *

0.94

2.12

0.07 (0.07)

0.16 (0.06) **

1.60 (0.80) *

3.75 (2.28)

Année de

publication

Moyenne année

de collecte des

données

Taille de

l’échantillon

Nombre de

variables

0.31 (0.15) *

-0.18 (0.11) *

-0.0001 (0.00)

-0.06 (0.04)

2.03

-1.69

0.37

-1.36

0.02 (0.01) *

-0.01 (0.01)

0.00 (0.00)

-0.004 (0.003)

1.37 (0.21) *

0.83 (0.09) *

0.99 (0.00)

0.94 (0.04)

0.28 (0.09) **

-0.29 (0.08) ***

0.00009 (0.00)

-0.02 (0.03)

3.85

3.25

0.72

-0.61

0.04 (0.01) **

-0.04 (0.10) ***

-0.00 (0.00)

-0.001 (0.01)

1.33 (0.11) **

0.74 (0.06) ***

1.00 (0.00)

0.98 (0.29)

Page 192: Adoption et impact des innovations technologiques

175

3.9.2. L’influence moyenne du fait d’être une femme sur l’adoption d’une

technologie agricole

Pour déterminer l’influence moyenne de la variable genre sur l’adoption d’une technologie

agricole, nous avons calculé les grandeurs d’effets standardisées.

3.9.2.1. Influence du genre sur l’adoption toutes technologies agricoles confondues

Notre méta-analyse de régression a révélé comme grandeur d’effet standardisée un t-

statistique standardisé ( tandst ) égale à -2.261 avec un intervalle de confiance au seuil de 95%

de 2,262, 2,261 . Ce résultat signifie qu’en moyenne le fait d’être une femme diminue la

probabilité d’adopter les innovations technologiques agricoles et de façon significative.

Ainsi, comme cela a souvent été souligné dans la littérature, en moyenne, la probabilité

d’adopter une innovation technologique agricole diminue quand on est femme (Zellera,

Diagne et Matayab, 1998; Adégbola, Arouna et Ahoyo, 2000; Moyo et al., 2007; Ndiritu,

Kassie et Shiferaw, 2014; Takele, 2017; Kurgat et al.,2018; Gao et al., 2019 etc.). Cette

situation défavorable aux femmes est justifiée selon ces auteurs par les différences dans

l’accès aux ressources productives agricoles telles, le crédit, le service de conseil agricole, la

terre entre autres même si cet accès s’est amélioré au fil des années. La deuxième source,

quant à elle, réside dans la position de la femme dans son ménage (Doss et Moriss, 2001;

Fisher et Kandiwa, 2014; Fisher et Carr, 2015).

Nous avons également trouvé un coefficient de corrélation Pearson moyen de 0.026 en valeur

absolue et un intervalle de confiance au seuil de 95% égale à 0,026,0,027 qui atteste une

relation faible entre le fait d’être une femme et l’adoption d’une technologie agricole selon

le guide d’interprétation de Cohen (1969).48

3.9.2.2. Influence du genre sur l’adoption selon le type de technologie agricole

Lorsqu’on analyse par type de technologie les grandeurs d’effets standardisées, on trouve en

moyenne que l’influence de la variable genre (femme) sur l’adoption d’une technologie

48 Pour Cohen (1969), un r = 0.1 est faible, un r = 0.30 est modéré et un supérieur à 0.50 est fort.

Page 193: Adoption et impact des innovations technologiques

176

agricole est négative et significative pour les semences améliorées et non significative pour

les bonnes pratiques et fertilisants.

Pour ce qui concerne les semences améliorées, nous avons trouvé un t-statistique standardisé

égale à (-2.963) avec un intervalle de confiance au seuil de 95% de 2,964, 2,962 .

La valeur moyenne du -statistique pour les technologies portant sur les bonnes pratiques

agricoles est de (1,95) avec un intervalle de confiance au seuil de 95% équivaut à

0.999,1.002 .

Pour les technologies relatives aux fertilisants, nous avons trouvé t-statistique standardisé de

0,998 dans un intervalle de confiance au seuil de 95% égale à 0.997,0.999 .

Cette situation laisse entrevoir d’avantage le faible accès des femmes aux semences

améliorées (Dillon et Quinones, 2010 ; Yisha et al., 2016 etc.).

Page 194: Adoption et impact des innovations technologiques

177

Conclusion

Cette recherche a tenté d’étudier, à travers une méta-analyse de régression, les facteurs

d’hétérogénéité de travaux sur l’influence de la variable genre (avec la femme comme base)

sur l’adoption d’une innovation technologique agricole. Elle visait également à déterminer

en moyenne l’influence du fait d’être une femme sur la probabilité d’adopter une technologie

agricole.

Cette méta-analyse s’est basée sur une sélection rigoureuse de 124 études empiriques portant

sur le genre et l’adoption d’une technologie agricole. Les technologies en question

concernent les semences améliorées, les bonnes pratiques agricoles, les fertilisants, les

matériels et autres. Elles couvrent quatre continents notamment, l’Afrique, l’Amérique,

l’Asie et l’Europe.

Nous avons en premier lieu investigué l’hétérogénéité des caractéristiques des études à

travers des tests d’égalité des moyennes et des proportions des caractéristiques des études.

Les tests d’hétérogénéité en méta-analyse ont aussi été effectués pour confirmer l’effectivité

de cette hétérogénéité. Pour déterminer les facteurs d’hétérogénéité des résultats, nous avons

utilisé les modèles logit pour comprendre les facteurs qui influencent la significativité tout

court du résultat du fait d’être une femme sur la probabilité d’adoption d’une technologie

agricole. Pour comprendre les facteurs qui jouent à la fois sur le sens de la variation et la

significativité, nous avons fait recours à un modèle logit multinomial.

L’estimation de l’effet du genre sur l’adoption de technologies agricoles montre qu’en

moyenne le fait d’être une femme diminue la probabilité d’adopter une technologie agricole.

Cependant, lorsque l’on s’intéresse à l’influence par type de technologie, elle s’est avérée

négative et significative pour les variétés améliorées de semences et non significative pour

les technologies de types bonnes pratiques agricoles et fertilisants.

Il ressort également de cette étude que l’hétérogénéité de l’influence du genre sur l’adoption

de technologies agricoles dépend de plusieurs facteurs, comme le type de publication, le type

de données, l’année moyenne de collecte des données et l’année de publication mais aussi le

fait d’avoir une femme parmi les auteurs, le contexte d’étude et la méthodologie d’estimation

utilisée.

Page 195: Adoption et impact des innovations technologiques

178

Les travaux publiés dans un journal (ou une revue) académique ont une probabilité plus forte

de trouver un impact positif mais ont un degré de significativité de l’impact moindre,

comparé aux études en dehors des revues académiques. Les travaux pour lesquels, il y a une

femme parmi les auteurs ont trouvé un impact plus positif et significatif par rapport aux

travaux pour lesquels, il n’y a aucune femme parmi les auteurs. Les travaux menés en Asie

et en Amérique ont trouvé un impact plus positif et significatif par rapport à ceux conduits

sur l’Afrique.

Les études publiées plus récemment et portant sur des données plus récentes ont trouvé une

influence plus positive que celles moins récentes et ayant utilisé des données plus anciennes.

Les études ayant utilisé des données en coupe transversale ont trouvé une influence plus

négative et significative que celles ayant fait recours à des données de panel. Les recherches

ayant utilisé un modèle probabiliste ont trouvé une influence moins significative que celle

ayant fait usage de modèle linéaire.

Les tests de biais de sélection effectués ont mis en évidence la présence d’un biais de sélection

de type II qui est faible. Ce biais a été corrigé en introduisant dans la régression l’inverse des

erreurs standards des études. Ces résultats semblent indiquer que le type de publication n’est

pas neutre dans les résultats obtenus en matière d’influence du genre sur l’adoption de

technologies agricoles.

Le fait de publier dans une revue semble diminuer la significativité de l’impact du genre sur

l’adoption, du fait de l’utilisation de techniques d’estimation plus robustes, en dépit du fait

que les revues préfèrent des travaux ayant mis en évidence un impact des femmes. La

principale recommandation qui pourrait découler de ce type de résultat est que les travaux

publiés dans des revues académiques sont plus rigoureux dans l’étude de l’influence du genre

que les autres travaux. La prise de décision sur le genre et l’adoption de technologies

agricoles devraient davantage s’appuyer sur les travaux académiques pour plus de crédibilité.

De même, la présence d’une femme parmi les auteurs favorise l’obtention d’un résultat

positif quant à l’impact de la femme sur l’adoption d’une technologie agricole. Ce résultat

pousserait à dire que la présence d’une femme dans l’équipe de recherche ne devrait pas être

négligée lorsque l’influence du genre sur l’adoption est positive.

Page 196: Adoption et impact des innovations technologiques

179

Les différences de résultats entre régions montrent qu’une attention particulière devrait être

accordée à l’accès des femmes en Afrique aux ressources agricoles en général et aux

innovations technologiques agricole en particulier. La principale recommandation que nous

faisons au regard de ce résultat est que les politiques de lutte contre la pauvreté et les

inégalités au niveau mondial, doivent s’atteler à un meilleur accès des femmes en Afrique

aux innovations technologiques agricoles.

Les résultats trouvés en fonction du type de données utilisées nous amènent à encourager

l’usage des données de panel dans les recherches portant sur le genre et l’adoption d’une

technologie agricole. Le fait que l’usage des modèles de probabilité réduit la probabilité que

l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption d’une technologie agricole soit positive

et significative, laisse préconiser l’importance d’utiliser des méthodes d’estimation mixtes

dans les recherches portant le genre et l’adoption.

Le fait d’avoir trouvé une influence négative du fait d’être une femme sur la probabilité

d’adoption d’une technologie agricole nous amène à recommander la mise en place des

politiques favorisant et facilitant un meilleur accès des femmes aux innovations

technologiques agricoles, surtout les semences améliorées. Il en va de la sécurité alimentaire

des pays notamment particulièrement de celle des pays en développement.

Notre recherche comporte quelques limites. En effet, bien qu’elle porte sur plusieurs pays,

elle ne tient pas compte des diversités entre les zones agricoles à l’intérieur des pays.

Également, nous avons considéré la femme comme étant d’un seul type, alors qu’elle pouvait

être désagrégée en plusieurs catégories (mariée, cheffe de famille, étant dans un ménage

polygame ou non, veuve, pauvre ou riche, etc.) comme souligné par Doss et Moriss (2001);

Fisher et Kandiwa (2014) ; Fisher et Carr (2015) ou encore Gebre et al. (2019). D’autres

méta-analyses pourraient être effectuées avec un enrichissement de la même base de données

tout en considérant cette désagrégation du genre.

Page 197: Adoption et impact des innovations technologiques

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Page 214: Adoption et impact des innovations technologiques

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Conclusion

Cette thèse à traité de la problématique de l’adoption et l’impact des innovations

technologiques en agriculture. Il y était question d’analyser les déterminants de l’adoption et

l’impact des technologies agricoles diffusées au Sénégal par le Programme de Productivité

agricole en Afrique de l’Ouest. Les technologies concernées sont des variétés améliorées de

semences de maïs pluvial diffusées au Sénégal Orientale et en Haute Casamance, et une table

de traitement de l’huile artisanale d’arachide contre l’aflatoxine distribuée chez des

groupements de transformatrice d’arachide dans le Bassin Arachidier du Sénégal.

Pour répondre à cette question de recherche, après confrontation des études dans la littérature,

nous avons dégagé les questions suivantes.

- Comment sont adoptées et utilisées les innovations technologiques dans les filières

du maïs et de l’arachide au Sénégal ?

- Quels sont les stades et facteurs qui influencent l’adoption des semences améliorées

de maïs au Sénégal?

- Quel est l’impact de l’utilisation de la technologie table de traitement chez les

transformatrices d’huile artisanale d’arachide au Sénégal ?

- Quelle est la véritable influence du fait d’être une femme sur l’adoption des

technologies agricoles et qu’est ce qui explique les variabilités des résultats?

Ces questions ont abouti à nous fixer les objectifs spécifiques suivants :

- déterminer la dynamique et les facteurs d’adoption des variétés améliorées de maïs

chez les producteurs au Sénégal;

- étudier les facteurs et le degrés d’adoption de la table de traitement de l’huile

artisanale d’arachide au niveau des groupements et évaluer ses effets chez les femmes

trituratrices de l’huile artisanale d’arachide du bassin arachidier du Sénégal;

- et déterminer l’influence du fait d’être une femme sur l’adoption d’une technologie

agricole et les facteurs qui explique le signe de cet impact à travers une méta-analyse.

Page 215: Adoption et impact des innovations technologiques

198

Nous avons tenté de répondre à ces objectifs spécifiques à travers l’élaboration de deux

chapitres qui utilisent des méthodes quantitatives et un chapitre ayant fait usage d’une

approche qualitative.

D’abord, dans le premier chapitre, la dynamique et les facteurs d’adoption des semences

améliorées de maïs ont été étudiés. Nous avons regroupé les producteurs adoptants les

variétés de maïs pluvial dans quatre groupes (pionniers/innovateurs, suiveurs, adoptants

tardifs et abandonneurs) et effectué des tests statistiques pour monter l’hétérogénéité entre

les groupes. Le modèle logit multinomial avec et sans hétérogénéité inobservable a été utilisé

pour nos estimations des facteurs d’adoption entre les groupes.

Les résultats des tests ont mis en évidence la dynamique de l’adoption chez les producteurs

de maïs pluvial et montré que les facteurs d’adoption peuvent être dissemblants entre les

groupes d’adoptants.

Dans le groupe des pionniers/innovateurs, la disponibilité de la main d’œuvre, la taille du

ménage, les chocs, et la fréquence d’accès au conseil influencent l’adoption des semences

améliorées de maïs pluviale de façon positive tandis que les contraintes d’écoulement et le

nombre élevé de parcelles diminuent leur probabilité l’adopter. Les producteurs appartenant

à la catégorie des suiveurs, ont tendance à être plus âgés et alphabétisés que ceux les autres

catégories. Leur adoption est toutefois freinée par leur insécurité alimentaire et les chocs

comme les maladies. Chez les adoptants tardifs, l’adoption est expliquée en particulier par la

taille de leur ménage et la disposition d’infrastructures de stockage. Cependant, le nombre de

parcelles et les chocs diminuent la probabilité d’adoption. Les abandonneurs ont tendance à

être confrontés aux chocs et avoir une insécurité alimentaire.

Ensuite, dans le chapitre qualitatif, nous avons analysé l’adoption de la table de traitement

de l’huile artisanale d’arachide au niveau de 23 groupements de trituratrices et évalué ses

effets chez les femmes trituratrices de l’huile artisanale d’arachide du Bassin Arachidier du

Sénégal.

Pour ce faire, nous avons utilisé le cadre d’analyse de Rogers (1962, 1983, 1995) enrichi du

modèle de Bukchin et Kerret (2018). Des entrevues ont été réalisées auprès de 17

groupements de femmes bénéficiaires et 6 non bénéficiaires de la table et deux structures de

recherche. L’analyse thématique a permis de regrouper et analyser les informations

Page 216: Adoption et impact des innovations technologiques

199

recueillies lors des entrevues. Les connaissances en aflatoxines sont faibles chez les membres

des groupements non bénéficiaires et moins faibles chez ceux des bénéficiaires.

Certains groupements de femmes ont adopté totalement la table tandis que d’autres l’ont

adoptée partiellement. L’homophilie des membres, l’hétérogénéité des caractéristiques entre

les groupements, l’espoir, des émotions positive, la force de caractère, les caractéristiques de

la table vues au sens de Rogers et les défaillances dans l’opérationnalisation des activités des

projets de diffusion de la table ont influé sur l’adoption de la table de traitement de

l’aflatoxine. En matière d’impact, l’adoption de la table a augmenté les revenus des

groupements de femmes, amélioré l’autonomie financière des femmes, amélioré les

connaissances en aflatoxines, et renforcé leurs capacités.

Enfin, dans le deuxième chapitre quantitatif nous avons utilisé la méta-analyse pour

déterminer l’influence de la variable genre sur l’adoption d’une technologie agricole. À partir

d’une sélection de 124 études empirique, nous avons calculé l’influence du fait d’être une

femme sur l’adoption d’une technologie agricole. Les modèles Logit binaire et Logit

multinomial ont été utilisés pour déterminer les facteurs qui expliquent l’hétérogénéité des

résultats portant sur le genre et l’adoption. Il est ressorti de ce chapitre que le fait d’être une

femme diminue la probabilité d’adopter une technologie agricole en moyenne. Cependant

lorsque l’on analyse selon le type de technologies agricoles, elle varie. Cette influence est

négative et significative pour les variétés améliorées de semences et non significative pour

les technologies de types bonnes pratiques agricoles et fertilisants.

Ainsi, au vu des résultats trouvés, nous pouvons souligner que nous avons confirmé la

première hypothèse selon laquelle l’adoption des semences améliorées de maïs au Sénégal

n’est pas un phénomène dichotomique et les facteurs peuvent différer en fonction des groupes

d’adoptants.

Également, nous avons pu vérifier que l’adoption de la table de traitement de l’huile

artisanale d’arachide pouvait se faire partiellement ou globalement et améliorer les

conditions de vie des membres des groupements bénéficiaires.

En revanche, nous n’avons pas pu confirmer la troisième hypothèse de cette thèse selon

laquelle les femmes ont une probabilité plus élevée d’adopter les nouvelles technologies

agricoles.

Page 217: Adoption et impact des innovations technologiques

200

Au regard des résultats trouvés dans nos chapitres, les recommandations de politiques

suivantes s’imposent.

Premièrement, vu le caractère dynamique de l’adoption, les futures recherches portant sur

innovations technologiques agricoles devraient tenir compte de cet aspect pour déterminer

les facteurs d’adoption spécifiques à chaque groupe d’adoptant. Plus d’efforts devraient être

déployés au Sénégal pour favoriser l’adoption des technologies agricoles chez les femmes et

les moins jeunes.

Deuxièmement, en rapport avec la table de traitement de l’aflatoxine, les futurs projets y

relatifs devraient être mieux gouvernés dans le but de permettre aux transformatrices

d’arachide en huile une adoption totale et durable des tables et améliorer leur pouvoir.

Également, davantage de séances de sensibilisation sont nécessaires pour une meilleure

connaissance des méfaits de l’aflatoxine chez les femmes transformatrice d’arachide du

Bassin Arachidier.

Troisièmement, en lien avec la méta-analyse, il importe de développer des politiques

favorisant l’accès des femmes aux innovations technologiques agricoles en générale et les

variétés améliorées de semences en particulier.

En rapport avec les méthodologies à utiliser, vu le caractère complexe de l’adoption des

technologies agricoles, la combinaison des approches quantitative et qualitative s’avère

pertinente dans les futures études. Elle permettrait en effet de mieux saisir les soubassements

des facteurs de non-adoption des technologies agricoles diffusées dans les pays.

Il serait aussi important d’intégrer dans les futurs cadres théoriques à appliquer dans les

recherches relatives à l’adoption des aspects liés à la gestion des projets qui diffusent les

technologies agricoles. Nous ne retrouvons pas beaucoup cet aspect dans les modèles

d’analyse de l’adoption.

Notre thèse comporte quelques limites.

La taille limitée de l’échantillon de nos producteurs de maïs pluvial ne nous pas permis de

considérer un potentiel autre groupe d’adoptant à savoir ceux qui abandonnent et reviennent

par la suite. Le cadre de Bukchin et Kerret (2018) est plus applicable dans des études reposant

sur des entretiens individuels. Elle aurait été également plus complète si elle comptait une

Page 218: Adoption et impact des innovations technologiques

201

section relative à l’empowerment des trituratrices d’huile artisanale d’arachide. Dans notre

méta-analyse nous avons considéré la femme comme étant d’un seul type, alors qu’une

désagrégation aurait pu être faite (mariée, cheffe de famille, étant dans un ménage polygame

ou non, veuve, pauvre ou riche, etc.).

Page 219: Adoption et impact des innovations technologiques

202

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Bukchin, S. et Kerret, D. ‘Food for Hope: The Role of Personal Ressoures in Farmers’

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Rogers, E. M. ‘The Diffusion of innovations’, 1ère

Edition, New York: The Free Press (1962).

Rogers, E. M. ‘The Diffusion of innovations’, 3éme

Edition, New York: The Free Press

(1983).

Rogers, E. M. ‘The Diffusion of innovations’, 4éme

Edition, New York: The Free Press

(1995).

Page 220: Adoption et impact des innovations technologiques

203

Annexes A1

Chapitre 1

Tableau A 2.1: Description des variables

Variables Description

Caractéristiques

sociodémographiques et

économiques du

producteur

Genre

Chef-men

Âge

Instruction

Alphabétisation

Écoulement-production

Organisation

Projet-développement

Sensibilisation

formation information

Sensibilisation

Formation

Fiche technique

Conseil agricole

Ménage producteur

Taille du ménage

Transferts

Chef-men-fem

Assurance

Caractéristiques de

l’exploitation

Stockage

Traction animale

Main d’œuvre

Région

Nombre parcelle maïs

Pédologie

Contraintes-sol

Sécurité alimentaire

Repas enfants

Repas adultes

Insécurité alimentaire

Si le producteur est un homme = 1 si le producteur est une femme =0

Le producteur est le chef de son ménage = 1, = 0 sinon

Âge du producteur en année révolue

Le producteur a été à l’école = 1, le producteur n’a jamais été à l’école = 0

Si le producteur sait lire et écrire au moins dans une des langues (français, arabe,

langue nationale autres langue) = 1, = 0 sinon

Le producteur a des contraintes d’écoulement de sa production = 1, = 0 sinon

Le producteur est membre d’une association =1, = 0 sinon

Le producteur bénéficie au moins d’un des projets de développement (crédit, intrant,

accès au marché) = 1, = 0 sinon

Le producteur a accès à l’information sur les variétés de semences=1, 0 sinon

Le producteur a été formé à l’utilisation des variétés =1, 0 sinon

Le producteur dispose d’une fiche technique de la semence de maïs =1, 0 sinon

Le nombre de fois que le producteur a reçu un conseil agricole

Nombre de membres du ménage du producteur

Le producteur reçoit des transferts d’un membre de sa famille = 1, = 0 sinon

Le chef de ménage du producteur est une femme = 0, = 1 sinon

Le ménage du producteur a souscrit à une assurance agricole=1, 0 sinon

Si le producteur dispose d’un moyen de stockage 1= grenier, 2 -= pièce habitée, 3=

magasin de stockage, 4 = autres

Le producteur utilise la traction animale = 1, 0 sinon

Nombre de personnes travaillant dans l’exploitation

L’exploitation se trouve dans la région de Tambacounda ou Kolda

Le nombre de parcelles de maïs dans l’exploitation

L’exploitation du producteur est au moins confrontée à l’une des contraintes

(ensablement, pente forte ; stagnation d’eau ; plantes parasites ; erosion hydrique ;

érosion éolienne ; 7 Enherbement ; divagation des animaux) = 1, 0 Sinon

Le nombre de repas pris par jour par les enfants de moins de 5 ans du ménage du

producteur

Le nombre de repas pris par jour par les adultes plus de 5ans du ménage du

producteur

Si le nombre de repas pris par jour par enfants et adultes varie (1= à la baisse, 0= à

la hausse ou constance)

Page 221: Adoption et impact des innovations technologiques

204

Chocs

Maladie

Décès

Perte

Le ménage du producteur est victime de maladie au cours des derniers mois = 1, =

0 sinon

Le ménage du producteur est victime de décès au cours des derniers mois 1, = 0

sinon

Le ménage du producteur a perdu son outil principal de production au cours des

derniers mois 1, =0 sinon

Source : Construction des auteurs.

Tableau A1.2. Déterminants de l’appartenance à une organisation

Variables Coefficients Z

Genre (homme) 0.334 0.84

Sensibilisation 0.329* 1.81

Formation Itinéraire techniques

Age 0.013 1.42

Instruction - 0.102 - 0.32

Alphabétisation 0.443 1.56

Conseil agricole 0.005 0.08

Contraintes écoulement 0.528* 2.30

Projet-développement 0.960*** 3.68

Stockage

Pièce habitée

Magasin de stockage

Autres types de stock

0.514*

1.010**

1.920**

2.10

2.91

2.70

Taille du ménage -0.004 -0.22

Main d’œuvre

Traction animale 0.157 0.67

Nombre de parcelle de maïs 0.008 0.08

Repas enfants (-5ans)

Repas adultes

Baisse nbre repas -0.364 -1.30

Décès -0.117 -0.31

Maladie 0.440 1.57

Pertes -0.424 -1.27

Constante -3.10*** -4.54

LR Chi2 (19) = 103.77

Pseudo R2 = 0.329

N=303

Source : Nos calculs à partir des données de l’enquête CRES (2015-2016).

Page 222: Adoption et impact des innovations technologiques

205

Annexes A2

Chapitre 2

Tableau A2.1. Texte téléphonique pour les responsables des groupements

Les messages suivants leur seront communiqués au cas où ils accepteraient ou non.

Bonjour,

Je m'appelle Aminata Diagne. Je suis étudiante au Doctorat à l'Université Laval. Je vous

contacte aujourd’hui à propos de mon projet de recherche doctoral qui s’intitule « Adoption

et impact des innovations technologiques dans les filières maïs et arachide dans le bassin

arachidier du Sénégal.

Pour les groupements utilisateurs de la table

J’ai su par le biais du porteur des projets de diffusion des tables de traitement de l’huile

artisanale d’arachide contre l’aflatoxine à savoir l’ITA que vous avez obtenu la table

de traitement de l’huile artisanale d’arachide. Mon thème de doctorat est relatif à cette

table et je souhaiterais avoir une rencontre avec vous et les membres de votre

groupement qui seront d’accord et disponibles pour discuter de l’utilisation de cette

table au sein de votre organisation.

Si elle est d’accord à participer à ma recherche

Je lui explique de façon concrète comment les entretiens vont se dérouler et lui

demande une date à laquelle je pourrai passer. Étant donné qu’il y’a une forte

probabilité que le responsable du groupement discute avec ses membres pour avoir

leur approbation ou non, il lui sera demandé la date à laquelle je pourrai les rappeler

pour connaitre le nombre de membres qui consentent à participer à cette recherche ou

pas.

Lorsque je vais rappeler le responsable du groupement, Il lui sera demandé de donner

leurs (lui et les membres) préférences pour un rendez-vous (date, lieu).

Je lui rappellerai enfin que sa décision de participer, ou non à cette étude reste

complètement confidentielle, tout comme les données qui seront récoltées lors des

entrevues de recherche.

Si la personne contactée n’est pas d’accord,

Elle sera remerciée. Je lui rappellerai que son refus ne fera l’objet d’aucune sanction

et qu’il sera confidentiel.

Si les membres du groupement ne sont pas d’accord,

Le responsable du groupement sera remercié d’abord. Ensuite, je lui demanderai

d’adresser mes remerciements aux membres. Enfin, je lui demanderai de souligner aux

membres que leur refus ne fera l’objet d’aucune sanction et qu’il sera confidentiel.

Page 223: Adoption et impact des innovations technologiques

206

Pour les groupements non-utilisateurs de la table

J’ai su par le biais des groupements des villages bénéficiaires de la table que vous vous

activez dans la transformation de l’huile artisanale d’arachide. Dans le cadre de ma

thèse je m’intéresse aux procédés de transformation et de traitement de l’huile

artisanale d’arachide contre l’aflatoxine. Mon thème de doctorat est spécifiquement

relatif à une table de traitement de l’huile contre l’aflatoxine qui a été diffusée par

l’institut de technologie alimentaire au sein de groupements. Je sais que vous n’utilisez

pas la table. Cependant, je souhaiterais avoir une rencontre avec vous et les membres

de votre groupement qui seront d’accord et disponibles pour discuter de votre activité,

des techniques que vous utilisez pour lutter contre l’aflatoxine, et de la gouvernance

au sein de votre organisation.

Si elle est d’accord à participer à ma recherche

Je lui explique de façon concrète comment les entretiens vont se dérouler et lui

demande une date à laquelle je pourrai passer. Étant donné qu’il y’a une forte

probabilité que le responsable du groupement discute avec ses membres pour avoir

leur approbation ou non, il lui sera demandé la date à laquelle je pourrai les rappeler

pour connaitre le nombre de membres qui consentent à participer à cette recherche ou

non.

Lorsque je vais rappeler le responsable du groupement, Il lui sera demandé de donner

leurs (lui et les membres) préférences pour un rendez-vous (date, lieu).

Je luis rappellerai enfin que sa décision de participer, ou non, à cette étude reste

complètement confidentielle, tout comme les données qui seront récoltées lors des

entrevues de recherche.

Si la personne contactée n’est pas d’accord

Elle sera remerciée. Je lui rappellerai que son refus ne fera l’objet d’aucune sanction

et qu’il sera confidentiel.

Si les membres du groupement ne sont pas d’accord

Le responsable du groupement sera remercié d’abord. Ensuite, je lui demanderai

d’adresser mes remerciements aux membres. Enfin, je lui demanderai de souligner aux

membres que leur refus ne fera l’objet d’aucune sanction et qu’il sera confidentiel.

Page 224: Adoption et impact des innovations technologiques

207

Tableau A 2.2. Répartition des groupements bénéficiaires et non-bénéficiaires de la table de

traitement de l’aflatoxine

Région Village

Nom du

groupement

Nombre de

membres

Nombre de

membres

interviewés

Bénéficiaires

Oui ou Non

Date

d’obtention

de la table

Groupements bénéficiaires

Thiès Ngadiaga Ngadiaga 100 10 Oui DAG 2016

Thiès

Touba

Niagane

Diam

Buggum II 100 12 Oui DAG

2014

Thiès Mérina GIE Mérina Plus de 230 8 Oui DAG 2015

Thiès

Sobb

Khodjléne

Diam

Buggum 40 11 Oui DAG

2015

Fatick Diossong Fipou 74 10 Oui Pilote

2012

Fatick Mbafaye Niolor 110 7 Oui Pilote

2012

Diourbel Réfane

And Takku

ligueye 130 13 Oui Pilote

2012

Diourbell Bokh Takki ligueye Plus de 70 10 Oui DAG

2014

Diourbel Diane Diouf

Mame Diara

Bousso Plus de 100 10 Oui DAG

2014

Kaolack Koki Saloum Bokk Diom Plus de 110 10 Oui 2016

Kaolack

Keur

Yorodou Bokk Diom 71 10 Oui DAG

2015

Kaolack

Sinthiou

Limby Bokk Jubbo 52 11 Oui

2015

Kaolack

Wack

Ngoumba

GIE WaCK

Ngoumba 35 6 Oui Pilote

2012

Kaffrine Ngody Ba

Sop serigne

Babou Top 43 9 Oui pilote

2013

Kaffrine Diamacolong

Takki

Ligueye

Dane sa dolé 111 10 Oui DAG

Kaffrine Ngada centre

GIE

Dimbalante 35 6 Oui DAG

Kaffrine Taba

Takku

ligueye 30 6 Oui DAG

2015

Groupements non-bénéficiaires

Fatick Cité Bonnois

Niakk

Dieurignou 54 8

Fatick

Thiarakholé

extension

Jappo

Ligueye 31 9

Diourbel

Ngouy gou

ndaw Takki ligueye 160 10

Thiès

Ndourene

Bata

GIE

Ndourene

Bata 30 7

Kaolack

Keur

Yorodou

GIE Adam

Dione 15 6

Kaffrine

Ndiobene

Tay

GIE

Diapalane 25 8

Source : L’auteure à partir des données des entrevues. Notes : DAG = Diffusion à grande échelle.

Page 225: Adoption et impact des innovations technologiques

208

Tableau A 2.3. Guide d’entretien pour les groupements de trituratrices d’huile artisanale

d’arachide bénéficiaires de la table

Présentation du chercheur

Bonjour à toutes et à tous,

Tout d’abord permettez-moi de vous remercier pour votre présence et le temps que vous

voudrez bien m’accorder.

Je m’appelle Aminata Diagne et je suis une étudiante candidate au Ph. D. en agroéconomie

à l’Université Laval au Canada. Je suis présente devant vous aujourd’hui pour requérir des

informations dans le cadre de mon projet de recherche doctorale sous la direction de Lota

Dabio Tamini, professeur titulaire au département d'économie agroalimentaire et des

sciences de la consommation à l’Université Laval et de Patrick Mundler qui est également

professeur titulaire au département d'économie agroalimentaire et des sciences de la

consommation à l’Université Laval.

Avant d’entamer l’entrevue avec vous permettez-moi de vous fournir des renseignements sur

la recherche et sur ce qui est attendu de votre participation.

Ne vous gênez pas, s’il vous plait, pour me poser toutes les questions que vous jugerez utiles

pour une meilleure compréhension des objectifs de ma recherche.

Nature et objectifs de la recherche

Ma recherche s’intitule « Adoption et impact des innovations technologiques agricoles dans

les filières maïs et arachide dans le Bassin Arachidier du Sénégal ». Elle a pour objectif de

déterminer les facteurs d’adoption et les impacts des technologies agricoles chez les

agriculteurs dans les filières maïs et arachide au Sénégal.

Comme je viens de vous le mentionner, cette recherche s’intéresse à l’introduction

d’innovations technologiques dans deux filières : le maïs et l’arachide. Les deux filières vont

être étudiées séparément. L’objectif de ma présence aujourd’hui est de discuter avec vous de

la filière arachide et plus précisément de la technologie utilisée pour lutter contre l’aflatoxine,

à savoir la table de traitement de l’huile artisanale d’arachide. Dans ce volet de la recherche,

l’objectif général est d’étudier la façon dont cette table est utilisée au sein des groupements

d’une part et d’analyser les retombées économiques et sociales de cette technologie pour les

transformatrices d’arachide membres des groupements d’autre part.

Page 226: Adoption et impact des innovations technologiques

209

Les thématiques à aborder avec vous

Caractéristiques des groupements et de leurs membres Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie du guide nous voulons recenser les éléments pouvant nous permettre de

présenter les groupements et faire une description des membres qui les composent.

Caractéristiques des groupements

Région, département communauté rurale, village où est localisé le groupement

Date de création du groupement

Raison de création du groupement, d’où vient l’initiative

Nombre de membres et genre

Statut juridique du groupement (SA, SARL, GIE, GPF, autres à préciser)

Appartenance à un réseau (CLOP, OP mère, faitière)

Partenaires du groupement

Mode de financement du groupement

Activités effectuées au sein du groupement (transformation de l’arachide en pâte,

savon, huile arachide de bouche etc.)

Les équipements dont disposent les groupements (presse artisanale, électrique, ou

manuelle, autres matériels)

1. Les caractéristiques des groupements et de leurs membres

2. La description concrète des activités des groupements

3. Le mode d’acquisition de la table de traitement de l’huile artisanale

d’arachide contre l’aflatoxine et la compréhension de sa vocation

4. La raison d’utilisation ou non la table de traitement de l’huile artisanale

d’arachide contre l’aflatoxine,

5. avantages et difficultés liés à son utilisation

6. Utilisation de la table (totale, partielle, respect des procédures, degrés

d’appropriation)

7. Leurs connaissances sur l’aflatoxine et degrés de prise en compte de

ses méfaits

8. La gouvernance et l’organisation des groupements dans l’utilisation

de la table

9. L’huile triturée (qualité, spécificité, marketing et circuit de

commercialisation)

10. Avantages socioéconomiques de l’innovation technologique

11. Les perspectives d’avenir du groupement avec la technologie

12. Les effets de la table sur l’empowerment des membres

Page 227: Adoption et impact des innovations technologiques

210

Accès à l’information, à la formation et au service et conseil agricole ou autres

organismes

Caractéristiques des membres des groupements

Prénom, et nom du responsable du groupement

Pour les membres présents à la rencontre

Âge, statut matrimonial, nombre d’enfants des membres,

Alphabétisation dans une langue,

Niveau d’instruction moyen

Accès au crédit, travail non agricole, accès à la terre

Date d’adhésion au groupement

Accès à l’information, à la formation et au service du conseil agricole ou autres

organismes

Utilisation de la table et mode d’obtention Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie du guide nous souhaitons comprendre comment les groupements ont été

informés de l’existence de l’innovation technologique du Programme de Productivité

Agricole en Afrique de l’ouest (PPAAO) à savoir la table de traitement de l’huile artisanale

contre l’aflatoxine et s’ils l’ont obtenu. La structure coordonnatrice du projet de diffusion

de cette table est l’Institut de Technologie Alimentaire du Sénégal, (ITA). Nous voulons

donc savoir les critères qu’ont respectés ou non les groupements pour obtenir ou non la

table de l’ITA.

Accès à l’information sur l’existence de la table et son utilisation ou non par les groupements

Est-ce que le groupement a été informé de l’existence de la table de traitement de

l’huile

Comment avez-vous eu l’information du projet WAAPP/ITA?

Si oui depuis quand le groupement connait-il la table?

Le groupement a-t-il exprimé le besoin d’avoir cette innovation technologique?

Mode de participation au projet PPAAO/ITA le cas échéant et critères de

participation et sélection

Mode d’obtention de la table (achat au comptant, achat à crédit, subvention, don

etc.)

Date d’obtention de la table

Difficultés rencontrées dans la démarche d’obtention

Est-ce que le groupement a postulé et n’a pas obtenu une table ?

Le cas échéant donner les raisons

Est-ce que les groupements étaient volontaires pour recevoir cette table?

Est-ce les tables ont été distribuées aléatoirement?

Connaissance en matière d’aflatoxine et prise en compte de ses méfaits

Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie, nous souhaitons avoir une idée des connaissances des membres en

matière d’aflatoxine dans un premier temps. Dans un deuxième temps il s’agit de voir si les

membres sont conscients que la table est une solution à la lutte contre l’aflatoxine et

l’utilisent à cet effet. Connaissances de / sur l’aflatoxine

Page 228: Adoption et impact des innovations technologiques

211

Si les membres connaissent l’aflatoxine

Depuis quand le cas échéant et comment l’ont-elles connue?

Par qui (ITA, agent de vulgarisation du conseil agricole et rural, ANCAR, les

médias, d’autres projets, chef de village, autres groupements etc.)

Selon les membres, quels sont les dangers de l’aflatoxine sur la santé?

Existe-t-il des méthodes traditionnelles développées par les groupements pour

lutter contre l’aflatoxine (méthodes différentes de la table si groupement

utilisateur)

Est-ce que les membres du groupement faisaient/ font attention à la qualité de

l’arachide qu’elles utilisaient/utilisent dans leur processus de production ? (tri ?

séchage ? stockage ?)

Si les femmes membres des groupements sont productrices d’arachide, étaient-elles

au courant des techniques de lutte opérées dans les autres segments de la filière

arachidière comme le tri, le séchage et le stockage?

Conscience de la vocation de la table / (Avantage relatif et compatibilité)

Pourquoi utiliser la table

Sa particularité ou spécialité par rapport aux autres presses artisanales

Quelle appréciation sur l’utilisation de la table (praticité, ergonomie, …)

Si la méthode de trituration faite avec la table est compatible avec les valeurs de

femmes

Si cela dérange les femmes

Comment sont vues les membres des groupements par les autres femmes

transformatrices après l’introduction de la table

Est-ce que le fait d’avoir la table occasionne une certaine gêne par rapport aux

autres

Est-ce que cela heurte certaines de leurs valeurs

Gouvernance du groupement et organisation des membres dans l’utilisation de

la table Ce que nous voulons savoir

Dans cette section il est question de voir le mode de gouvernance des groupements face à

l’introduction de la table. Nous cherchons à comprendre comment sont organisées les

femmes membres dans leur travail quand elles utilisent l’innovation technologique.

Organisation

Organisation du travail au sein du groupement (travail en petits groupes, ateliers

collectifs de transformation etc.). Est-ce toujours les mêmes groupes ? modes de

constitution des groupes ?

Mode de passage des petits groupes s’il y’a lieu (calendrier, travail par quart etc.)

Mode de rémunération

Rapport de force

Comment se déroule le travail en groupe, y’a-t-il des superviseurs ?

Comment jugent-elles la synergie dans le travail?

Est-ce que les femmes ont beaucoup de responsabilité dans le groupement ?

Page 229: Adoption et impact des innovations technologiques

212

Est-ce que les femmes sont autonomes dans le groupement?

Existence ou non de problèmes dans le fonctionnent des groupes de travail?

La technologie en tant que telle : Avantage relatif, Compatibilité, Complexité, Testabilité, Observabilité

Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie nous souhaitons déterminer si la table est utilisée à son effet et son degré

d’utilisation ou d’appropriation par les membres des groupements mais également

répertorier les avantages et inconvénients de la table en matière d’utilisation. Maitrise du fonctionnement de la table et degré d’utilisation par les femmes (Complexité, testabilité)

Participation formation ou démonstration usage table

Le cas échéant, fréquence de participation

Qui a dispensé la formation

Appréciation de la formation

Maitrise ou non du procédé d’utilisation de la table

Simplicité des procédures d’utilisation ou non

Respect des procédures ou non

Usage réel de la table pour traiter l’huile ? Utilisation partielle ou totale de la table

Existence éventuelle d’autres travaux avec la table

Précision dans la mesure des quantités d’attapulgite (argile) lors du traitement de

l’huile

Priorité des membres dans l’utilisation de la table

Fréquence des prestations de service pour d’autres groupements

Avantages et inconvénients dans l’utilisation (Avantage relatif et complexité)

Les techniques utilisées avant la technologie

Leurs efficacités

Les différences selon les femmes

Les avantages (en terme de temps, de force de travail, de nouveauté, de perception

du groupement par les autres, sur le plan financier …..)

Pénibilité dans l’utilisation car manuelle

Procédures d’utilisation compliquées

Nécessite moins d’effort

Dégage beaucoup de chaleur

Gain en termes de temps ou non

Pertes de volumes produites par rapport aux presses traditionnelles

Cherté des matières premières différentes de l’arachide (attapulgite)

Qualité de l’huile traitée

Maintenance (nettoyage) de la table (faite par qui)

Avantages en termes de qualité du produit, hausse du nombre de clients, plus de

revenus pour les femmes, plus de temps pour leur famille etc.

Approvisionnement matière première et évolution production Ce que nous voulons savoir

Dans cette section, il est question d’avoir une idée du circuit d’approvisionnement en

matière première des groupements et des quantités de leurs productions.

Page 230: Adoption et impact des innovations technologiques

213

Approvisionnement

Provenance de l’arachide transformée en huile (champ collectif du groupement,

membres du groupement, achat au marché etc.)

Cherté de l’arachide coque ou non

Choix des graines à acheter ou non

Conditionnement dans l’achat des graines

Production

Évolution des quantités produites et des volumes de ventes des trois dernières

années (hausse, baisse, constance)

Plus de clients, moins de clients

Bénéfices (plus de bénéfice, moins de bénéfice)

changements éventuels depuis l’introduction de la table (volumes transformés,

marchés visés, …)

Comment sont utilisés les sous-produits de l’arachide? (fane, tourteau, graines

non-utilisées etc.) ?

Valorisation du produit et circuit de commercialisation Ce que nous voulons savoir

Il est question ici de déterminer comment l’huile traitée avec la table est valorisée dans la

vente. Cela donnera une idée des caractéristiques de l’huile, des méthodes de marketing des

groupements et des questions d’appartenance géographiques ou non du produit et des

marchés visés par le produit. Nous voulons également connaitre de circuit de

commercialisation de l’huile et les relations de proximité ou non des groupements avec

leurs clients.

Le produit (l’huile traitée)

Caractéristiques de l’huile traitée avec la table

Différences par rapport aux autres huiles (plus claire, moins claire, meilleur goût,

propre etc.)

Qualité emballage, étiquetage

Labélisation, allégation (existence ou non)

Prix (plus cher, moins cher)

Apprécié par les clients

Commercialisation

Les chargés de la vente de l’huile (le groupement, les femmes etc.)

Où se vend l’huile (au sein du groupement, au marché local, dans les domiciles des

membres etc.) ?

À qui (des proches, des commerçants détaillants (banabana) au marché etc.)?

Comment se fait la publicité du produit?

Avantages socioéconomiques de la table

Ce que nous voulons savoir

L’idée que nous souhaitons capter dans cette section du guide est la valeur ajoutée tirée par

le groupement en général et ses membres en particulier avec l’utilisation de la table de

Page 231: Adoption et impact des innovations technologiques

214

traitement de l’huile. Nous voulons savoir également si l’utilisation de la table est source

d’autonomie financière chez les femmes.

Au niveau du groupement

Avantages économiques de la table (plus de clients, hausse de la production,

hausse des volumes de vente, hausses bénéfices)

le cas échéant : coûts supplémentaires, pertes, etc.

Avantages ou inconvénients en matière de gouvernance et d’organisation

Extension des activités du groupement

Gain de notoriété du groupement par rapport aux autres groupements voisins et ne

disposant pas d’une table de traitement.

Au niveau des membres du groupement (observabilité)

L’activité effectuée dans le groupement est génératrice de revenu pour elles

Travaillent plus maintenant

Augmentation de leurs revenus

Autonomie financière

autres améliorations vécues ou ressenties (se sentir mieux formé, plus

professionnel, satisfaction de faire du meilleur travail)

le cas échéant, regrets et inconvénients

Les membres du groupement étaient-elles sures des bénéfices à tirer de la table

Perspectives d’avenir du groupement Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie, il est question de discuter avec les membres du groupement de leur

perspective d’avenir avec la technologie

Avenir de la table et projections futures du groupement

Si le groupement va continuer à utiliser la table

Si le groupement va chercher à obtenir une ou d’autres tables

Si le groupement loue ou va louer la table

Si le groupement fait ou va faire plus de prestation de service que la vente d’huile

Autres………..

Autres sujets de conversation Ce que nous voulons savoir

Dans cette section, nous demandons aux membres du groupement si elles veulent aborder des sujets qui n’ont pas été

évoqués dans les thèmes du guide.

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………

Page 232: Adoption et impact des innovations technologiques

215

Date : ____ /____/______ Heure : de ___h___ à ___h___

Nom du Village :

____________________________________

Nom du groupement :

_______________________________

Page 233: Adoption et impact des innovations technologiques

216

Tableau A 2.4. Guide d’entretien Guide d’entretien pour professionnel de l’Institut de

Technologie Alimentaire du Sénégal (ITA) et de l’Agence Nationale de Conseil Agricole et

Rurale (ANCAR)

Présentation du chercheur

Bonjour,

Tout d’abord permettez-moi de vous remercier pour votre disponibilité et le temps que vous

voudrez bien m’accorder.

Je m’appelle Aminata Diagne et je suis une étudiante candidate au Ph. D. en agroéconomie

à l’Université Laval de Québec au Canada. Je suis présente devant vous aujourd’hui pour

recueillir des informations dans le cadre de mon projet de recherche doctorale sous la

direction de Lota Dabio Tamini, professeur titulaire au Département d'économie

agroalimentaire et des sciences de la consommation à l’Université Laval et de Patrick

Mundler qui est également professeur titulaire au Département d'économie agroalimentaire

et des sciences de la consommation à l’Université Laval.

Avant d’entamer l’entrevue avec vous permettez-moi de vous fournir des renseignements sur

la recherche et sur ce qui est attendu de cette entrevue. Ne vous gênez pas s’il vous plait pour

me poser toutes les questions que vous jugerez utiles pour une meilleure compréhension des

objectifs de ma recherche.

Nature et objectifs de la recherche

Ma recherche s’intitule « Adoption et impact des innovations technologiques agricoles dans

les filières maïs et arachide dans le Bassin Arachidier du Sénégal ». Elle a pour objectif de

déterminer les facteurs d’adoption et les impacts des technologies agricoles chez les

agriculteurs dans les filières maïs et arachide au Sénégal.

Comme je viens de vous le mentionner, cette recherche s’intéresse à l’introduction

d’innovations technologiques dans deux filières : le maïs et l’arachide. Les deux filières vont

être étudiées séparément. L’objectif de ma présence aujourd’hui est de discuter avec vous de

la filière arachide et plus précisément de la technologie utilisée pour lutter contre l’aflatoxine,

à savoir la table de traitement de l’huile artisanale d’arachide. Dans ce volet de la recherche,

l’objectif général est d’étudier la façon dont cette table est utilisée au sein des groupements

d’une part et d’analyser les retombées économiques et sociales de cette technologie pour les

transformatrices d’arachide membres des groupements d’autre part. Nous savons que la table

de traitement de l’huile artisanale d’arachide a été créée par un chercheur de l’ITA. Nous

avons également eu comme information - par le biais de la structure coordonnatrice du

Programme de productivité Agricole en Afrique de l’ouest - que l’ITA et l’ANCAR ont été

les structures coordonnatrices des projets de diffusion à petite et grande échelle des tables.

Vous avez donc joué un rôle important dans la diffusion des tables au sein des groupements

de trituratrices d’huile artisanales d’arachide.

Page 234: Adoption et impact des innovations technologiques

217

Les thématiques à aborder avec vous

1. Aflatoxine définition, méfaits et ampleur au Sénégal

Ce que nous voulons connaître Questions, termes clés mots de relance

Définir aflatoxine

Comprendre les conséquences de

l’aflatoxine sur la santé

Évaluer son ampleur au Sénégal

comprendre comment le problème

est géré au Sénégal

connaître les actions de votre

structure dans ce domaine.

- Qu’est-ce que l’aflatoxine ?

- Ses conséquences sur la santé

- Les problèmes qu’elle cause au

Sénégal

- Sa compréhension par les acteurs de

la filière arachide au Sénégal

- Sa prise en compte par les autorités

publiques

- Les autres projets de lutte contre

l’aflatoxine développés par votre

structure (techniques différentes de

la table)

2. Le contexte de création de la table

Ce que nous voulons connaître Questions, termes clés mots de relance

Connaître le contexte de création de

la table de traitement de l’huile

artisanale d’arachide au Sénégal.

Connaître le contexte de création des

deux projets de diffusion

Comprendre le processus de

financement des projets

Date de création de la table

Pourquoi avoir créé la table

Pourquoi se focaliser sur l’huile

Émane-t-elle d’une demande ? De

qui ?

Prix de la table

Relation PPAAO et ITA et ANCAR

Financement de la table par la

Banque Mondiale

- L’aflatoxine au Sénégal

Le contexte de création de la table

- La table de traitement et son fonctionnement

-Le mode de recrutement des groupements et les impacts pour les

utilisateurs

-Les critères à respecter dans la sélection

- et les caractéristiques de l’huile traitée

-

Page 235: Adoption et impact des innovations technologiques

218

3. La table de traitement et son fonctionnement

Ce que nous voulons connaître Questions, termes clés mots de relance

Comprendre la façon dont

fonctionne la table

Comprendre l’utilité de la table

Clarifier le pourcentage exact de

réduction de l’aflatoxine

Connaître le nombre de tables

diffusées et la provenance des

données

Description technique de la table,

comment marche-t-elle ?

Sa vocation première

Taux de réduction de l’aflatoxine

Pourquoi une baisse de 90%

Pourquoi 10 tables diffusées en 2011

et 61 en 2013

4. Mode de recrutement des groupements et impacts pour les utilisateurs

Ce que nous voulons connaître Questions, termes clés mots de relance

Comprendre la façon dont les

groupements ont été informés de

l’existence de la table

Comprendre comment les

groupements ont été choisis

Comprendre si des regroupements

sont en attente d’obtenir une table

Savoir comment va se poursuivre la

diffusion

Comprendre quels sont les avantages

pour les groupements et leurs

membres d’utiliser la table de

traitement

Comprendre quels sont les

inconvénients pour les groupements

et leurs membres d’utiliser la table

de traitement

Techniques d’information de

l’existence de la table

Sources de diffusion de

l’information

Comment ont été répertoriés les

groupements?

Auteurs des critères de sélection

(PPAAO, BM, ITA ANCAR,

groupements eux-mêmes)

Quels sont ces critères?

Existence d’une démarche

participative?

Existence de groupements non

desservis ? Raisons ?

Suite envisagée pour poursuivre la

diffusion des tables

impacts positifs de l’utilisation de la

table pour les regroupements

(impacts sanitaires, sociaux,

économiques, ….)

le cas échéant, impacts négatifs ?

(par exemple perte d’une partie de la

récolte, accroissement du travail,

absence d’une rémunération

supplémentaire, …

Page 236: Adoption et impact des innovations technologiques

219

5. Les critères à respecter par les groupements

Ce que nous voulons connaître Questions, termes clés mots de relance

Comprendre les critères que les

groupements devaient respecter pour

obtenir la table

Évaluer simplicité ou non des

critères

Respect ou non par les groupements

Quel suivi ? quel contrôle ?

Quelle évaluation faite jusqu’ici ?

Difficultés rencontrées par les

groupements dans le respect desdits

critères

6. Les caractéristiques de l’huile traitée

Ce que nous voulons connaître Questions, termes clés mots de relance

Connaitre la particularité de l’huile

traitée avec la table

Connaître les qualités particulières

de l’huile

Caractéristiques de l’huile traitée

avec la table

Cette huile se différentie-t-elle des

autres huiles végétales présente sur

le marché?

Date : ____ /____/______ Heure : de ___h___ à ___h___

Nom de l’interviewé :

____________________________________

Prénom de l’interviewé :

_______________________________

Poste occupé

____________________________________

Coordonnées :

_______________________________

Page 237: Adoption et impact des innovations technologiques

220

Tableau A 2.5. Guide d’entretien pour les groupements de trituratrices d’huile artisanale

d’arachide non-bénéficiaires de la table

Guide d’entretien pour les groupements de trituratrices d’huile artisanale d’arachide

non-usagers de la table

Présentation du chercheur

Bonjour à toutes et à tous,

Tout d’abord permettez-moi de vous remercier pour votre présence et le temps que vous

voudrez bien m’accorder.

Je m’appelle Aminata Diagne et je suis une étudiante candidate au Ph. D. en agroéconomie

à l’Université Laval au Canada. Je suis présente devant vous aujourd’hui pour requérir des

informations dans le cadre de mon projet de recherche doctorale sous la direction de Lota

Dabio Tamini, professeur titulaire au département d'économie agroalimentaire et des

sciences de la consommation à l’Université Laval et de Patrick Mundler qui est également

professeur titulaire au département d'économie agroalimentaire et des sciences de la

consommation à l’Université Laval.

Avant d’entamer l’entrevue avec vous permettez-moi de vous fournir des renseignements sur

la recherche et sur ce qui est attendu de votre participation.

Ne vous gênez pas, s’il vous plait, pour me poser toutes les questions que vous jugerez utiles

pour une meilleure compréhension des objectifs de ma recherche.

Nature et objectifs de la recherche

Ma recherche s’intitule « Adoption et impact des innovations technologiques agricoles dans

les filières maïs et arachide dans le Bassin Arachidier du Sénégal ». Elle a pour objectif de

déterminer les facteurs d’adoption et les impacts des technologies agricoles chez les

agriculteurs dans les filières maïs et arachide au Sénégal.

Comme je viens de vous le mentionner, cette recherche s’intéresse à l’introduction

d’innovations technologiques dans deux filières : le maïs et l’arachide. Les deux filières vont

être étudiées séparément. L’objectif de ma présence aujourd’hui est de discuter avec vous de

la filière arachide et plus précisément des technologies utilisées par vous pour lutter contre

l’aflatoxine. Dans un des volets de la recherche, l’objectif général est d’étudier la façon dont

une technologie du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest nommée table

de traitement de l’aflatoxine est utilisée au sein des groupements d’une part et d’analyser les

retombées économiques et sociales de cette technologie chez les transformatrices d’arachide

membres des groupements d’autre part. Au cas où vous n’utilisez pas la table, nous nous

intéresserons à votre activité de transformation et à l’empowerment des femmes membres de

votre groupement.

Page 238: Adoption et impact des innovations technologiques

221

Les thématiques à aborder avec vous

Caractéristiques des groupements et de leurs membres

Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie du guide nous voulons recenser les éléments pouvant nous permettre de

présenter les groupements et faire une description des membres qui les composent.

Caractéristiques des groupements

Région, département communauté rurale, village où est localisé le groupement

Date de création du groupement

Raison de création du groupement, d’où vient l’initiative

Nombre de membres et genre

Statut juridique du groupement (SA, SARL, GIE, GPF, autres à préciser)

Appartenance à un réseau (CLOP, OP mère, faitière)

Partenaires du groupement

Mode de financement du groupement

Activités effectuées au sein du groupement (transformation de l’arachide en pâte,

savon, huile arachide de bouche etc.)

Les équipements dont disposent les groupements (presse artisanale, électrique, ou

manuelle, autres matériels)

Accès à l’information, à la formation et au service et conseil agricole ou autres

organismes

Caractéristiques des membres des groupements

13. Les caractéristiques des groupements et de leurs membres

14. La description concrète des activités des groupements

15. Les avantages et difficultés rencontrés dans leurs activités

16. Les techniques qu’ils utilisent

17. Leurs connaissances sur l’aflatoxine et degrés de prise en compte de

ses méfaits

18. La gouvernance et l’organisation des groupements dans l’utilisation de

la table

19. L’huile triturée (qualité, spécificité, marketing et circuit de

commercialisation)

20. Les perspectives d’avenir du groupement avec la technologie

21. L’empowerment de leurs membres

Page 239: Adoption et impact des innovations technologiques

222

Prénom, et nom du responsable du groupement

Pour les membres présents à la rencontre

Âge, statut matrimonial, nombre d’enfants des membres,

Alphabétisation dans une langue,

Niveau d’instruction moyen

Accès au crédit, travail non agricole, accès à la terre

Date d’adhésion au groupement

Accès à l’information, à la formation et au service du conseil agricole ou autres

organismes

Utilisation des techniques de lutte contre l’aflatoxine Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie du guide nous souhaitons comprendre comment les groupements ont été

informés de l’existence de l’innovation technologique du Programme de Productivité

Agricole en Afrique de l’ouest (PPAAO) à savoir la table de traitement de l’huile artisanale

contre l’aflatoxine et s’ils l’ont obtenue. La structure coordonnatrice du projet de diffusion

de cette table est l’Institut de Technologie Alimentaire du Sénégal, (ITA). Nous voulons

donc savoir les critères qu’ont respectés ou non les groupements pour obtenir ou non la

table de l’ITA.

Accès à l’information sur l’existence de la table et son utilisation ou non par les groupements

Est-ce que le groupement a été informé de l’existence de la table de traitement de

l’huile

Comment avez-vous eu l’information du projet WAAPP/ITA?

Si oui depuis quand le groupement connait-il la table?

Le groupement a-t-il exprimé le besoin d’avoir cette innovation technologique?

Mode de participation au projet PPAAO/ITA le cas échéant et critères de

participation et sélection

Difficultés rencontrées dans la démarche d’obtention

Est-ce que le groupement a postulé et n’a pas obtenu une table ?

Le cas échéant donner les raisons

Est-ce que les groupements étaient volontaires pour recevoir cette table?

Est-ce le groupement utilise une technique de lutte contre l’aflatoxine?

Connaissance en matière d’aflatoxine et prise en compte de ses méfaits Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie, nous souhaitons avoir une idée des connaissances des membres en

matière d’aflatoxine dans un premier temps. Dans un deuxième temps il s’agit de voir si les

membres sont conscients que la table est une solution à la lutte contre l’aflatoxine et

l’utilisent à cet effet. Connaissances de / sur l’aflatoxine

Si les membres connaissent l’aflatoxine

Depuis quand le cas échéant et comment l’ont-elles connue?

Par qui (ITA, agent de vulgarisation du conseil agricole et rural, ANCAR, les

médias, d’autres projets, chef de village, autres groupements etc.)

Selon les membres, quels sont les dangers de l’aflatoxine sur la santé?

Page 240: Adoption et impact des innovations technologiques

223

Existe-t-il des méthodes traditionnelles développées par les groupements pour

lutter contre l’aflatoxine (méthodes différentes de la table si groupement

utilisateur)

Est-ce que les membres du groupement faisaient/ font attention à la qualité de

l’arachide qu’elles utilisaient/utilisent dans leur processus de production ? (tri ?

séchage ? stockage ?)

Si les femmes membres des groupements sont productrices d’arachide, étaient-elles

au courant des techniques de lutte opérées dans les autres segments de la filière

arachidière comme le tri, le séchage et le stockage?

Gouvernance du groupement et organisation des membres dans l’utilisation de

la table Ce que nous voulons savoir

Dans cette section il est question de voir le mode de gouvernance des groupements. Nous

cherchons à comprendre comment sont organisées les femmes membres dans leur travail.

Organisation

Organisation du travail au sein du groupement (travail en petits groupes, ateliers

collectifs de transformation etc.). Est-ce toujours les mêmes groupes ? modes de

constitution des groupes ?

Mode de passage des petits groupes s’il y’a lieu (calendrier, travail par quart etc.)

Mode de rémunération

Rapport de force

Comment se déroule le travail en groupe, y’a-t-il des superviseurs ?

Comment jugent-elles la synergie dans le travail?

Existence ou non de problèmes dans le fonctionnent des groupes de travail?

Approvisionnement matière première et évolution production Ce que nous voulons savoir

Dans cette section, il est question d’avoir une idée du circuit d’approvisionnement en

matière première des groupements et des quantités de leurs productions. Approvisionnement

Provenance de l’arachide transformée en huile (champ collectif du groupement,

membres du groupement, achat au marché etc.)

Cherté de l’arachide coque ou non

Choix des graines à acheter ou non

Conditionnement dans l’achat des graines

Production

Évolution des quantités produites et des volumes de ventes des trois dernières

années (hausse, baisse, constance)

Plus de clients, moins de clients

Bénéfices (plus de bénéfice, moins de bénéfice)

Valorisation du produit et circuit de commercialisation Ce que nous voulons savoir

Page 241: Adoption et impact des innovations technologiques

224

Il est question ici de déterminer comment l’huile produite est valorisée dans la vente. Cela

donnera une idée des caractéristiques de l’huile, des méthodes de marketing des

groupements et des questions d’appartenance géographiques ou non du produit et des

marchés visés par le produit. Nous voulons également connaitre de circuit de

commercialisation de l’huile et les relations de proximité ou non des groupements avec

leurs clients.

Le produit (l’huile produite)

Caractéristiques de l’huile artisanale produite

Qualité emballage, étiquetage

Labélisation, allégation (existence ou non)

Prix

Apprécié par les clients

Commercialisation

Les chargés de la vente de l’huile (le groupement, les femmes etc.)

Où se vend l’huile (au sein du groupement, au marché local, dans les domiciles des

membres etc.) ?

À qui (des proches, des commerçants détaillants (banabana) au marché etc.)?

Comment se fait la publicité du produit?

Avantages socioéconomiques de leur activité Ce que nous voulons savoir

L’idée que nous souhaitons capter dans cette section du guide est la valeur ajoutée tirée par

le groupement en général et ses membres en particulier de leur activité de trituration

d’huile. Au niveau du groupement

Avantages économiques (la production, des volumes de vente, bénéfices)

le cas échéant : coûts supplémentaires, pertes, etc.

Avantages ou inconvénients en matière de gouvernance et d’organisation

Extension des activités du groupement Au niveau des membres du groupement (observabilité)

L’activité effectuée dans le groupement est génératrice de revenu pour elles

Travaillent plus maintenant

Augmentation de leurs revenus

Autonomie financière

autres améliorations vécues ou ressenties (se sentir mieux formé, plus

professionnel, satisfaction de faire du meilleur travail)

le cas échéant, regrets et inconvénients

Perspectives d’avenir du groupement Ce que nous voulons savoir

Dans cette partie, il est question de discuter avec les membres du groupement de leur

perspective d’avenir.

Avenir de la table et projections futures du groupement

Si le groupement va continuer son activité

Page 242: Adoption et impact des innovations technologiques

225

Si le groupement va chercher à obtenir une table de traitement

Si le groupement va faire filtrer son huile chez les bénéficiaires

Autres sujets de conversation Ce que nous voulons savoir

Dans cette section, nous demandons aux membres du groupement si elles veulent aborder des sujets qui n’ont pas été

évoqués dans les thèmes du guide.

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………………………

Date : ____ /____/______ Heure : de ___h___ à ___h___

Nom du Village :

____________________________________

Nom du groupement :

_______________________________

Page 243: Adoption et impact des innovations technologiques

226

Annexes A3

Chapitre 3

Tableau A 3.1. Tests d’égalité des moyennes et des proportions des caractéristiques des études.

Variables Positive

Négative

Positive significative

Négative

significative

Positive

significative

Non significative

Négative

significative

Non significative

Non

significative

Significative Segment filière et type de technologie étudiée

Segment filière (ᵡ𝟐) 0.02 0.01 0.01 0.004 0.01 Semences (ᵡ𝟐) -0.12 ** -0.25 ** -0.12 0.13 * 0.06 Bonnes pratiques agricoles (ᵡ𝟐) -0.01 0.07 -0.03 -0.05 -0.03 Fertilisants (ᵡ𝟐) -0.01 0.07 0.03 -0.04 -0.02 Produit phyto (ᵡ𝟐) 0.03 0.09 0.06 -0.04 -0.01

Zones géographiques Type de pays (ᵡ𝟐) -0.11 *** -0.06 -0.003 0.05 0.04 Types d’étude (ᵡ𝟐) -0.03 -0.06 0.01 0.07 ** 0.06 **

Approche d’estimation Type de Modèle (ᵡ𝟐) 0.09 ** 0.32 *** 0.32 *** -0.003 0.09 **

Sources : Calculs des auteurs. Notes : Les T-tests ont été utilisés pour les variables d'intervalle, alors que les tests de chi-2 ont été

utilisés pour les variables catégorielles. *** 0.001,** 0.05,* 0.1p p p .

Page 244: Adoption et impact des innovations technologiques

227

Tableau A 3.1. (suite). Tests d’égalité des moyennes et des proportions des caractéristiques des études.

Variables Positive

Négative

Positive

significative

Négative

significative

Positive

significative

Non significative

Négative

significative

Non significative

Non significative

Significative

Caractéristiques du document

Auteure-Femme (ᵡ𝟐) -0.07 -0.04 0.09 0.12 * 0.11 *

PubJR (ᵡ𝟐) -0.07 -1.15 -0.05 0.1 * 0.05

Pub-bulletin (ᵡ𝟐) 0.07 ** 0.12 * -0.04 -0.08

**

-0.05

Autre type de document (ᵡ𝟐) 0.03 0.07 0.03 -0.04 -0.02

Avec rang (ᵡ𝟐) -0.11 ** -0.09 0.04 0.12 * 0.09

Adop_Seulement (ᵡ𝟐) -0.01 0.02 -0.07 -0.10 -0.10

Adop_Impact (ᵡ𝟐) 0.01 -0.02 -0.07 0.10 0.10

Caractéristiques des données du document

Approche (ᵡ𝟐) 0.01 0.01 -0.02 -0.03 -0.29

Source des données (ᵡ𝟐) -0.06 0.10 -0.06 0.05 0.02

Type de données (ᵡ𝟐) -0.06 -0.05 -0.03 0.02 0.003

Fréquence des données (ᵡ𝟐) -0.04 -0.04 0.07 0.10 ** 0.10 **

Année de publication (𝐭) 0.99 -2.45 ** -1.94 ** 0.51 -0.19

Moyenne année de collecte

des données (𝐭)

0.18

-3.60 **

-1.55

2.05 **

1.03

Nombre de variables (𝐭) -0.54 0.71 2.46** 1.75 ** 1.95 **

Taille de l’échantillon (𝐭) 3885 ** 1678 -307 -1986 -1508

Sources : Calculs des auteurs 2020. Notes : Les T-tests ont été utilisés pour les variables d'intervalle, alors que les tests de chi-2 ont été utilisés pour les

variables catégorielles. *** 0.001,** 0.05,* 0.1p p p .

Page 245: Adoption et impact des innovations technologiques

228

Analyses des résultats du Tableau A 3.1

- Influence positive versus influence négative

D’abord, en comparant les résultats des études ayant trouvés une « influence positive » et

ceux ayant trouvé une « influence négative », on constate des différences significatives au

seuil de 5% au niveau des variables publiées dans un bulletin 0.07,Pr 0.03t , avec

rang 11, Pr 0.05)(t , type de modèle 0.32, Pr 0.000  t , taille de l’échantillon

2( 2,31,Pr 0.03)x , le fait que la technologie étudiée soit une semence

( 0.12,Pr 0.05)t , et le type de pays 0.11, Pr 0.010  t .

Ces résultats laissent apparaitre que le sens de variation de la variable genre sur l’adoption

d’une technologie agricole dépendrait de ces caractéristiques.

- Influence significative versus influence non significative

Ensuite, entre les groupes de résultats « influence significative » et « influence non

significative », la fréquence des données ( 0.10,Pr 0.015)t , le type de modèle

( 0.09,Pr 0.013)t , le nombre de variables 2( 1,96,Pr 0.012)x , et le type d’étude

( 0.06,Pr 0.031)t , semblent expliquer la différence des résultats. Ceci laisse présager

qu’en moyenne la significativité du genre sur l’adoption d’une technologie agricole pourrait

être relative à ces caractéristiques.

- Influence positive et significative versus influence non significative

Les études ayant trouvé des résultats positifs et significatifs par rapport à celles ayant trouvé

des résultats non significatifs ont des différences significatives au niveau des caractéristiques

type de modèle 0.32, Pr 0.000  t , année de publication 2( 1,93,Pr 0.053)x et

nombre de variables 2( 2,46,Pr 0.052)x .

- Influence positive et significative versus influence négative et significative

Enfin, en analysant les caractéristiques des groupes de résultats « influence positive et

significative » et « influence négative et significative », on s’aperçoit que la publication dans

un bulletin ( 0.12,Pr 0.100)t ,le type de modèle ( 0,32,Pr 0.000)t , l’année de

publication 2( 2,45,Pr 0.031)x , l’année moyennes de collecte des données

2( 3,60,Pr 0.026)x et le fait que la technologie soit de type semence

( 0,25,Pr 0.021)t sont significativement différents au seuil de 5% et 10%. Ainsi, la

direction du signe combinée à la significativité des résultats des études pourtant sur le genre

et l’adoption, serait impactée par ces caractéristiques.

Page 246: Adoption et impact des innovations technologiques

229

Tableau A 3.2. Aperçu des 124 études de la méta-analyse

Auteur (s) Journal, revue, bulletin etc,

Année de

publication

Avec ou sans

rang Pays

Taille

échantillon

Nombre de

variables

Influence

femme sur

adoption

Moyo, Norton, Jeffrey, Rhinehart

et Deom (2007)

American Journal of Agricultural

Economics 2007 Classé Uganda 2059 13 NS

Adégbola, Arouna et Ahoyo (2001)

Bulletin de la Recherche

Agronomique du Bénin 2011 Non classé Bénin 684 14 NS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)a

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper

and Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 4908 11 PNS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)b

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper

and Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 4908 11 NS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)c

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper

and Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 4908 11 NS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)d

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper

and Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 4908 11 NNS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)e

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper

and Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 4908 11 NS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)f

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper

and Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 6149 11 NNS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)g

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper and

Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 6149 11 NNS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)h

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper and

Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 6149 11 NS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)i

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper and

Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 6149 11 NNS

Uaiene, Arndt et Masters (2009)j

National Directorate of Studies of

Mozambique discussion paper and

Policy Analysis 2009 Non classé Mozambique 6149 11 NS

Ntsama Etoundi et Kamgnia Dia

(2008) Université Yaoundé II 2008 Non classé Cameroun 87 8 PNS

Abebaw et Haile (2013) Food Policy 2013 Classé Éthiopie 181 10 PNS

Adéoti, Coulibaly et Tamò

(2002)a

Bulletin de la Recherche

Agronomique du Bénin. 2002 Non classé Nigéria 145 9 NS

Adéoti, Coulibaly et Tamò

(2002)b

Bulletin de la Recherche

Agronomique du Bénin. 2002 Non classé Senegal 132 9 PNS

Paraïso et al. (2017) European Scientific Journal 2017 Classé Bénin 110 15 PNS

Mabah Tene Gwladys, Ludovic et

Michel (2013)

Agrar les presses agronomiques

de Gembloux 2013 Non classé Cameroun 52 11 NNS

Arslan et al. (2013)a

Agriculture, Ecosystems and

Environment 2013 Classé Zambie 8208 28 NNS

Arslan et al. (2013)b

Agriculture, Ecosystems and

Environment 2013 Classé Zambie 8208 28 PNS

Arslan et al. (2013)c

Agriculture, Ecosystems and

Environment 2013 Classé Zambie 1835 21 PNS

Arslan et al. (2013)d

Agriculture, Ecosystems and

Environment 2013 Classé Zambie 1835 21 NNS

Nkala, Mango et Zilkhali (2011) Journal of Sustainable Agriculture 2011 Classé Mozambique 165 10 PNS

Asfaw et al. (2012)a Food Policy 2012 Classé Tanzanie 613 28 NNS

Asfaw et al. (2012)b Food Policy 2012 Classé Éthiopie 700 28 PNS

Becerril et Abdulai (2010)a World Development 2010 Classé Mexique 163 10 PNS

Becerril et Abdulai (2010)b World Development 2010 Classé Mexique 163 10 PNS

Cunguara et Darnhofer (2011)a Food Policy 2011 Classé Mozambique 1729 11 PNS

Cunguara et Darnhofer (2011)b Food Policy 2011 Classé Mozambique 1729 11 PNS

Cunguara et Darnhofer (2011)c Food Policy 2011 Classé Mozambique 1053 13 PNS

Cunguara et Darnhofer (2011)d Food Policy 2011 Classé Mozambique 1053 13 NNS

Cunguara et Darnhofer (2011)e Food Policy 2011 Classé Mozambique 1898 12 NNS

Cunguara et Darnhofer (2011)f Food Policy 2011 Classé Mozambique 1898 12 NNS

Cunguara et Darnhofer (2011)g Food Policy 2011 Classé Mozambique 1688 12 NS

Cunguara et Darnhofer (2011)h Food Policy 2011 Classé Mozambique 1688 12 NS

Dercon et Christiaensen (2011)a

Journal of Development

Economics 2011 Classé Éthiopie 1477 9 NS

Dercon et Christiaensen (2011)b

Journal of Development

Economics 2011 Classé Éthiopie 1477 9 PS

Dercon et Christiaensen (2011)c

Journal of Development

Economics 2011 Classé Éthiopie 1477 9 NS

Doss et Morris (2001)a Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 12 NNS

Doss et Morris (2001)b Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 14 NNS

Doss et Morris (2001)c Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 14 NS

Doss et Morris (2001)d Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 14 NNS

Doss et Morris (2001)e Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 13 NS

Doss et Morris (2001)f Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 13 PNS

Page 247: Adoption et impact des innovations technologiques

230

Doss et Morris (2001)g Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 12 PNS

Doss et Morris (2001)h Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 14 PNS

Doss et Morris (2001)i Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 14 PNS

Doss et Morris (2001)j Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 12 PNS

Doss et Morris (2001)k Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 14 PNS

Doss et Morris (2001)l Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 14 PNS

Doss et Morris (2001)m Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 14 PNS

Tableau A 3.2. (suite). Aperçu des 124 études de la méta-analyse

Auteur (s) Journal, revue, bulletin etc,

Année de

publication

Avec ou sans

rang Pays

Taille

échantillon

Nombre

de

variables

Influence

femme sur

adoption

Doss et Morris (2001)n Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 13 NNS

Doss et Morris (2001)o Agricultural Economics 2001 Classé Ghana 420 13 PNS

Selvarajah et Geretharan (2013)a

Eastern University of

Sri Lanka Working Paper 2013 Non classé Sri Lanka 100 8 NNS

Selvarajah et Geretharan (2013)b

Eastern University of

Sri Lanka Working Paper 2013 Non classé Sri Lanka 100 8 NNS

Selvarajah et Geretharan (2013)c

Eastern University of

Sri Lanka Working Paper 2013 Non classé Sri Lanka 100 8 PS

Selvarajah et Geretharan (2013)d

Eastern University of

Sri Lanka Working Paper 2013 Non classé Sri Lanka 100 8 NNS

Adu-Baffour, Daum et Birner (2019) Food Policy 2019 Classé Zambie 250 9 NNS

Fisher et Ketiwa (2014)a Food Policy 2014 Classé Malawi 11051 27 NNS

Fisher et Ketiwa (2014)b Food Policy 2014 Classé Malawi 11051 27 NNS

Kleemann, Abdulai et Buss (2014) World Development 2014 Classé Ghana 368 29 PS

Kabunga, Dubois et Qaim (2014) Food Policy 2014 Classé Kenya 385 11 NNS

Keil, Zeller et Franzel (2005) Agroforestry Systems 2005 Classé Zambie 100 12 NNS

Zellera, Diagne et Matayab (1998)a Agricultural Economics 1998 Classé Malawi 790 32 NS

Zellera, Diagne et Matayab (1998)b Agricultural Economics 1998 Classé Malawi 790 32 PNS

Zellera, Diagne et Matayab (1998)c Agricultural Economics 1998 Classé Malawi 790 32 PNS

Mendola (2007)a Food Policy 2007 Classé Bangladesh 2562 9 NS

Mendola (2007)b Food Policy 2007 Classé Bangladesh 2562 17 PS

Mendola (2007)c Food Policy 2007 Classé Bangladesh 2618 17 NS

Mendola (2007)d Food Policy 2007 Classé Bangladesh 1316 16 NS

Mendola (2007)e Food Policy 2007 Classé Bangladesh 2562 9 PNS

Mendola (2007)f Food Policy 2007 Classé Bangladesh 2618 17 PNS

Mendola (2007)g Food Policy 2007 Classé Bangladesh 1316 16 PS

Mendola (2007)h Food Policy 2007 Classé Bangladesh 2562 17 NNS

Mendola (2007)i Food Policy 2007 Classé Bangladesh 218 17 PNS

Mendola (2007)j Food Policy 2007 Classé Bangladesh 1316 16 PNS

Moser et Barrett (2006) Agricultural Economics 2007 Classé Madagascar 1585 20 NS

Ndiritu , Kassie et Shiferaw (2014)a Food Policy 2014 Classé Kenya 2687 30 PNS

Ndiritu , Kassie et Shiferaw (2014)b Food Policy 2014 Classé Kenya 2687 30 PNS

Ndiritu , Kassie et Shiferaw (2014)c Food Policy 2014 Classé Kenya 2687 30 PNS

Ndiritu , Kassie et Shiferaw (2014)d Food Policy 2014 Classé Kenya 2687 30 NNS

Ndiritu , Kassie et Shiferaw (2014)e Food Policy 2014 Classé Kenya 2687 30 NS

Ndiritu , Kassie et Shiferaw (2014)f Food Policy 2014 Classé Kenya 2687 30 NNS

Ndiritu , Kassie et Shiferaw (2014)g Food Policy 2014 Classé Kenya 2687 30 NS

Nkamleu et Adesina (2000)a Agricultural Systems 2000 Classé Cameroun 327 12 NNS

Nkamleu et Adesina (2000)b Agricultural Systems 2000 Classé Cameroun 327 12 NS

Adesina et al. (2000)

Agriculture, Ecosystems and

Environment 2000 Classé Cameroun 155 14 NS

Akudugu, Dua et Dadzie (2012)

Journal of Biology,

Agriculture and Healthcare 2012 Classé Ghana 300 10 NS

Asmelash (2014)

Journal of Agricultural

Extension and Rural

Development 2014 Non classé Éthiopie 120 15 NS

Gizaw, Batu et Tola (2017)

Journal of Economics and

Sustainable Development 2017 Non classé Éthiopie 191 10 NNS

Meta et al. (2019) World Development 2019 Classé Nigéria 1525 17 NNS

Arega (2009)

HARAMAYA UNIVERSITY

RESHERCH DOCUMENT 2009 Non classé Éthiopie 160 23 PNS

Jama, Kuntashula et Samboko (2019)

Sustainable Agriculture

Research 2019 Classé Zambie 1206 22 PNS

Ojo, Dimelu et Okeke (2018)

African Journal of Food

Agriculture and Nutrition 2018 Classé Nigéria 52 7 NNS

Adegbola et Adekambi (2010)

Programme Analyse de la

Politique Agricole

(PAPA/INRAB), Porto-Novo,

Bénin 2010 Non classé Bénin 202 15 PNS

Budhathok et Bhatta (2016) Agricultural research 2016 Non classé Népal 3350 17 PS

Diagne et al. (2016)a

Document de recherche de

Africa Rice 2016 Non classé

Plusieurs

pays

d'Afrique

(18) 2998 21 NS

Diagne et al. (2016)b

Document de recherche de

Africa Rice 2016 Non classé

Plusieurs

pays

d'Afrique

(18) 4308 21 PNS

Okeke, Tor et Iheanacho (2017)

International Journal of

Environment, Agriculture and

Biotechnology 2017 Classé Nigéria 288 10 PS

Page 248: Adoption et impact des innovations technologiques

231

Onumadu et Osahon (2014)a

International journal of

Scientific & Technology

Research 2014 Classé Nigéria 120 8 PS

Onumadu et Osahon (2014)b

International journal of

Scientific & Technology

Research 2014 Classé Nigéria 120 8 PS

Onumadu et Osahon (2014)c

International journal of

Scientific & Technology

Research 2014 Classé Nigéria 120 8 PS

Onumadu et Osahon (2014)d

International journal of

Scientific & Technology

Research 2014 Classé Nigéria 120 8 PS

Gao et al.(2019) Ecological Economics 2019 Classé Chine 375 13 NS

Ajibola et Fatoki (2017)

International Journal of

Environment, Agriculture and

Biotechnology (IJEAB) 2017 Classé Nigéria 87 14 PS

Nangobi et Mugonola (2018)

Journal of Development and

Agricultural

Economics 2018 Non classé Uganda 150 11 PS

Takele (2017)

International Journal of

Environment, Agriculture and

Biotechnology (IJEAB) 2017 Classé Éthiopie 163 9 NS

Magrini et Vigani (2016)a Food Security 2016 Classé Tanzanie 1543 19 NNS

Page 249: Adoption et impact des innovations technologiques

232

Tableau A 3.2. (suite) Aperçu des 124 études de la méta-analyse

Auteur (s) Journal, revue, bulletin etc,

Année de

publication

Avec ou sans

rang Pays

Taille

échantillon

Nombre

de

variables

Influence

femme sur

adoption

Magrini et Vigani (2016)b Food Security 2016 Classé Tanzanie 1543 19 NNS

Dibba et al. (2015)

Quarterly Journal of International

Agriculture 2015 Classé Gambia 515 11 PNS

Tanellari et al.(2014)

African Journal of Agricultural and

Resource Economics 2014 Classé Uganda 373 10 NS

Ahmed et Tetteh Anang (2019)

Agricultural Socio-Economics

Journal 2019 Non classé Ghana 160 11 PS

Asfaw et al. (2011)a

Journal of Development and

Agricultural Economics 2011 Non classé Éthiopie 677 22 NNS

Asfaw et al. (2011)b

Journal of Development and

Agricultural Economics 2011 Non classé Éthiopie 677 22 NNS

Ajibola (2017)

Journal of Agricultural Research and

Development 2017 Non classé Nigéria 144 14 NNS

Wollni et etersson (2014) Ecological Economics 2014 Classé Honduras 239 22 PNS

Beltrán-Esteve, Picazo-Tadeo et Reig-

Martínez (2012)

Spanish Journal of Agricultural

Research 2012 Classé Espagne 238 11 PNS

Kleemann et Abdulai (2012)

Kiel Institute for the World

Economy Working Paper 2012 Non classé Ghana 386 17 NS

Wollni, Lee et Thies (2010) Agricultural Economics 2010 Classé Honduras 241 15 PNS

Odendo,Obare et Salasya (2010)a Conference Paper, 2010 Non classé Kenya 331 13 PS

Odendo,Obare et Salasya (2010)b Conference Paper, 2010 Non classé Kenya 331 10 NS

Kurgat et al.(2018)a

International Journal of Agricultural

Sustainability 2018 Non classé Kenya 685 24 NS

Kurgat et al.(2018)b

International Journal of Agricultural

Sustainability 2018 Non classé Kenya 685 24 PS

Kurgat et al.(2018)c

International Journal of Agricultural

Sustainability 2018 Non classé Kenya 685 24 NNS

Kurgat et al.(2018)d

International Journal of Agricultural

Sustainability 2018 Non classé Kenya 685 24 NNS

Freguin-Gresh, Nseeuw et D’haese

(2012)

Agrekon: Agricultural Economics

Research, Policy and Practice in

Southern Africa 2012 Classé

Afrique du

sud 106 7 PNS

Farmer et al. (2014)a

Journal of Agriculture, Food

Systems, and Community

Development 2014 Non classé États-Unis 141 10 PNS

Farmer et al. (2014)b

Journal of Agriculture, Food

Systems, and Community

Development 2014 Non classé États-Unis 141 15 PNS

Alexopoulos, Koutsouris et

Tzouramani (2010)

Agricultural University of Athens

Working Paper 2010 Non classé Grèce 364 32 PNS

Marenya et Barrett (2007)a Food Policy 2007 Classé Éthiopie 179 11 NS

Marenya et Barrett (2007)b Food Policy 2007 Classé Éthiopie 179 11 NS

Marenya et Barrett (2007)c Food Policy 2007 Classé Éthiopie 179 11 NS

Marenya et Barrett (2007)d Food Policy 2007 Classé Éthiopie 179 11 NS

Nsimbe et al. (2018)

Journal of Environmental and Public

Health 2018 Classé Uganda 368 19 PNS

Djokoto, Owusu et Awunyo-Vitor

(2016) Cogent Food & Agriculture 2016 Non classé Ghana 658 12 NS

Belzile, Gaudreau et Li (2015)a

Rapport, Agriculture, PecherieS et

Alimentqtion Québec 2015 Non classé Canada 1567 15 NNS

Belzile, Gaudreau et Li (2015)b

Rapport, Agriculture, PecherieS et

Alimentqtion Québec 2015 Non classé Canada 2348 11 PNS

Belzile, Gaudreau et Li (2015)c

Rapport, Agriculture, PecherieS et

Alimentqtion Québec 2015 Non classé Canada 1240 16 NNS

Belzile, Gaudreau et Li (2015)d

Rapport, Agriculture, PecherieS et

Alimentqtion Québec 2015 Non classé Canada 747 14 PS

Belzile, Gaudreau et Li (2015)e

Rapport, Agriculture, PecherieS et

Alimentqtion Québec 2015 Non classé Canada 1865 14 PNS

Belzile, Gaudreau et Li (2015)f

Rapport, Agriculture, PecherieS et

Alimentqtion Québec 2015 Non classé Canada 7100 24 PNS

Ahmed et al. (2017)a Journal of Economic Structures 2017 Classé Éthiopie 480 21 PNS

Ahmed et al. (2017)b Journal of Economic Structures 2017 Classé Éthiopie 480 21 NNS

Ahmed et al. (2017)c Journal of Economic Structures 2017 Classé Éthiopie 480 21 NS

Ahmed et al. (2017)d Journal of Economic Structures 2017 Classé Éthiopie 480 21 PS

Afolami, Obayelu et Vaughan (2015) Agricultural and Food Economics 2015 Classé Nigéria 312 15 NNS

Fischer et Qaim (2012)a World Development 2012 Classé Kenya 338 21 PNS

Fischer et Qaim (2012)b World Development 2012 Classé Kenya 444 21 PNS

Bezu et al, (2014)a World Development 2014 Classé Malawi 3933 21 NNS

Bezu et al, (2014)b World Development 2014 Classé Malawi 3933 23 NNS

Bryan et al. (2012)a

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 653 21 PNS

Bryan et al. (2012)b

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 601 21 PNS

Bryan et al. (2012)c

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 653 22 PS

Bryan et al. (2012)d

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 541 21 PNS

Bryan et al. (2012)e

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 562 21 PNS

Bryan et al. (2012)f

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 541 21 PNS

Bryan et al. (2012)g

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 653 21 NS

Bryan et al. (2012)h

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 530 20 NNS

Page 250: Adoption et impact des innovations technologiques

233

Bryan et al. (2012)i

Journal of Environmental

Management 2012 Classé Kenya 541 21 PNS

Umeh et Changleterre wu (2015)

Journal of Biology, Agriculture and

Healthcare 2015 Classé Nigéria 240 10 NNS

MÉtats-Unisra et al. (2019)a

Spanish Journal of Agricultural

Research 2019 Classé Zimbabwe 380 26 NNS

MÉtats-Unisra et al. (2019)b

Spanish Journal of Agricultural

Research 2019 Classé Zimbabwe 380 26 PNS

Nazziwa-Nviiri,Van Campenhout et

Amwonya (2017)a IFPRI Discussion Paper 01608 2017 Non classé Uganda 1554 18 NS

Nazziwa-Nviiri,Van Campenhout et

Amwonya (2017)b IFPRI Discussion Paper 01608 2017 Non classé Uganda 812 18 NS

Nazziwa-Nviiri,Van Campenhout et

Amwonya (2017)c IFPRI Discussion Paper 01608 2017 Non classé Uganda 742 18 NNS

Kinuthia et Mabaya (2015)a Cornell University Working Paper 2017 Non classé Uganda 43714 27 PS

Kinuthia et Mabaya (2015)b Cornell University Working Paper 2017 Non classé Uganda 43714 27 NNS

Kinuthia et Mabaya (2015)c Cornell University Working Paper 2017 Non classé Tanzanie 36588 26 NNS

Kinuthia et Mabaya (2015)d Cornell University Working Paper 2017 Non classé Tanzanie 36588 26 NNS

Page 251: Adoption et impact des innovations technologiques

234

Tableau A 3.2. (suite). Aperçu des 124 études de la méta-analyse

Auteur (s) Journal, revue, bulletin etc,

Année de

publication

Avec ou sans

rang Pays

Taille

échantillon

Nombre

de

variables

Influence

femme sur

adoption

Bekele (2014)

African journal of agricultural

research 2014 Classé Éthiopie 160 13 NS

Meta et al (2015) Food Security 2015 Classé Zambie 670 26 PNS

Okon et Idiong (2016)

American-Eurasian Journal of

Agricultural and Environmental

Science 2016 Classé Nigéria 396 12 NS

Kassie, Jaleta et Mattei (2014)a Food Security 2014 Classé Tanzanie 680 23 NS

Kassie, Jaleta et Mattei (2014)b Food Security 2014 Classé Tanzanie 680 23 NNS

Kassie, Jaleta et Mattei (2014)c Food Security 2014 Classé Tanzanie 680 23 PNS

Xiong, Li et Peng He (2016) Cogent Food & Agriculture 2016 Non classé Chine 420 20 NNS

Abebe et Debebe (2019) Cogent Food & Agriculture 2019 Non classé Éthiopie 155 12 NS

Burton et Young (1999)

Journal of Agricultural

Economics 1999 Classé Angleterre 237 17 PNS

Mmbeto, Wale et Baiyegunhi (2015)a Agrekon 2015 Classé Tanzanie 663 23 NS

Mmbeto, Wale et Baiyegunhi (2015)b Agrekon 2015 Classé Tanzanie 253 23 NNS

Radeny, Ogada et Kimeli (2019)a CGIAR Technical Report 2019 Non classé

Afrique de

l'Est 407 25 NS

Radeny, Ogada et Kimeli (2019)b CGIAR Technical Report 2019 Non classé

Afrique de

l'Est 429 24 NS

Radeny, Ogada et Kimeli (2019)c CGIAR Technical Report 2019 Non classé

Afrique de

l'Est 413 24 NS

Radeny, Ogada et Kimeli (2019)d CGIAR Technical Report 2019 Non classé

Afrique de

l'Est 430 26 NS

Radeny, Ogada et Kimeli (2019)e CGIAR Technical Report 2019 Non classé

Afrique de

l'Est 384 26 NS

Saiful Islam, Barman et Murshed-e-Jahan

(2015)a Aquaculture 2015 Classé Bangladesh 232 15 NS

Saiful Islam, Barman et Murshed-e-Jahan

(2015)b Aquaculture 2015 Classé Bangladesh 232 15 NS

Takele et Selassie (2018) Cogent Food & Agriculture 2018 Non classé Éthiopie 130 15 NS

Kangmennaang (2015)a Thesis 2015 Non classé Malawi 2230 13 NNS

Kangmennaang (2015)b Thesis 2015 Non classé Malawi 2230 13 PNS

Kangmennaang (2015)c Thesis 2015 Non classé Malawi 2230 13 NNS

Kangmennaang (2015)d Thesis 2015 Non classé Malawi 2230 13 NS

Verkaart et al.(2017)a Food Policy 2017 Classé Éthiopie 1212 18 NNS

Verkaart et al.(2017)b Food Policy 2017 Classé Éthiopie 1212 18 NNS

Verkaart et al.(2017)c Food Policy 2017 Classé Éthiopie 606 16 PS

Verkaart et al.(2017)d Food Policy 2017 Classé Éthiopie 606 16 NNS

Yang et al. (2017)a Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 NNS

Yang et al. (2017)b Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 PNS

Yang et al. (2017)c Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 NS

Yang et al. (2017)d Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 PS

Yang et al. (2017)e Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 PS

Yang et al. (2017)f Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 PS

Yang et al. (2017)g Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 PNS

Yang et al. (2017)h Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 PNS

Yang et al. (2017)i Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 PS

Yang et al. (2017)j Sustainability 2017 Classé Chine 230 21 NNS

Adeyemo et al. (2019) Sustainability 2019 Classé Nigéria 541 12 PNS

Nkamleu, Coulibaly et Endamana (2000)a Pronaf Working Paper 2000 Non classé Cameroun 126 10 NS

Nkamleu, Coulibaly et Endamana (2000)b Pronaf Working Paper 2000 Non classé Cameroun 126 10 NS

Coulibaly et al. (1999)

International Institute of

Tropical Agriculture 1999 Non classé Cameroun 701 16 PNS

Plantinga (2019)a

Advance Journal of Science,

Engineering and Technology 2019 Classé Zambie 138 16 PNS

Plantinga (2019)b

Advance Journal of Science,

Engineering and Technology 2019 Classé Zambie 138 16 NNS

Plantinga (2019)c

Advance Journal of Science,

Engineering and Technology 2019 Classé Zambie 138 16 NS

Audu et Aye (2014)a Cogent Economics & Finance 2014 Classé Nigéria 125 11 PNS

Audu et Aye (2014)b Cogent Economics & Finance 2014 Classé Nigéria 125 10 PNS

Audu et Aye (2014)c Cogent Economics & Finance 2014 Classé Nigéria 125 9 PNS

Audu et Aye (2014)d Cogent Economics & Finance 2014 Classé Nigéria 125 8 PNS

Ahmed et al. (2017) Development Studies Research 2017 Classé Éthiopie 355 20 NNS

Thirtle, Beyers et Ismael (2003) World Development 2003 Classé

Afrique du

sud 100 4 PS

Kijima, OtsAngleterre a, et Sserunkuuma

(2010)a World Development 2010 Classé Uganda 347 16 PNS

Kijima, OtsAngleterre a, et Sserunkuuma

(2010)b World Development 2010 Classé Uganda 347 14 NS

Semalulu, Kirinya et Mugonola (2016)a

Journal of Development and

Agricultural Economics 2016 Non classé Uganda 155 7 PS

Semalulu, Kirinya et Mugonola (2016)b

Journal of Development and

Agricultural Economics 2016 Non classé Uganda 146 6 NS

Asfaw et al. (2012) Journal of Development Studies 2012 Classé Tanzanie 613 16 NNS

Noltze, Schwarze et Qaim (2013) Ecological Economics 2013 Classé

Timor-

Leste 397 14 NNS

Ghimire, Wen-chi et Shrestha (2015) Rice Science 2015 Classé Népal 416 17 NNS

Page 252: Adoption et impact des innovations technologiques

235

Aniedu (2016)

Journal of Agriculture and

Social Research (JASR) 2016 Non classé Nigéria 60 10 PNS

Varma (2017)

INDIAN INSTITUTE OF

MANAGEMENT Working

Paper 2017 Non classé India 386 15 NNS

Meta et al. (2017)

Agriculture, Ecosystems and

Environment 2017 Classé Zambie 810 13 NNS

Mmbeto et al.(2015)a Food Security 2015 Classé Tanzanie 663 14 NS

Mmbeto et al.(2015)b Food Security 2015 Classé Tanzanie 253 14 NNS

Ketema et Bauer (2011)a

Quarterly Journal of

International Agriculture 2011 Classé Éthiopie 211 27 PNS

Ketema et Bauer (2011)b

Quarterly Journal of

International Agriculture 2011 Classé Éthiopie 211 27 PNS

Teferi, Philip et Jaleta (2015) Developing Country Studies 2015 Non classé Éthiopie 300 22 PNS

Beshir et Wegary (2014)

African journal of agricultural

research 2014 Classé Éthiopie 277 12 NNS

Page 253: Adoption et impact des innovations technologiques

236

Tableau A 3.2. (fin) Aperçu des 124 études de la méta-analyse

Auteur (s) Journal, revue, bulletin etc,

Année de

publication

Avec ou sans

rang Pays

Taille

échantillon

Nombre

de

variables

Influence

femme sur

adoption

Yirga, Atnafe et AwHassan (2015)a

Ethiopian Journal of Agricultural

Sciences 2015 Non classé Éthiopie 1469 23 PS

Yirga, Atnafe et AwHassan (2015)b

Ethiopian Journal of Agricultural

Sciences 2015 Non classé Éthiopie 1469 23 PNS

Yirga, Atnafe et AwHassan (2015)c

Ethiopian Journal of Agricultural

Sciences 2015 Non classé Éthiopie 1496 23 PNS

Yirga, Atnafe et AwHassan (2015)d

Ethiopian Journal of Agricultural

Sciences 2015 Non classé Éthiopie 1469 23 NNS

Ketema et Kebede (2017)a Journal of Agricultural Science 2017 Classé Éthiopie 383 19 NNS

Ketema et Kebede (2017)b Journal of Agricultural Science 2017 Classé Éthiopie 383 19 NNS

Abebe et al. (2013) Agricultural Systems 2013 Classé Éthiopie 346 25 NS

Yirga et al. (2013)a

International Maize and Wheat

Improvement Center 2013 Non classé Éthiopie 3339 23 PNS

Yirga et al. (2013)b

International Maize and Wheat

Improvement Center 2013 Non classé Éthiopie 3339 23 PNS

Beshir et al. (2012)

Journal of Research in Economics

and International Finance 2012 Non classé Éthiopie 252 16 PNS

Yu et Nin Pratt (2014)a

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 110162 12 NNS

Yu et Nin Pratt (2014)b

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 89533 12 NS

Yu et Nin Pratt (2014)c

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 60228 12 PS

Yu et Nin Pratt (2014)d

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 62026 12 NNS

Yu et Nin Pratt (2014)e

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 110162 12 NS

Yu et Nin Pratt (2014)f

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 110162 22 NNS

Yu et Nin Pratt (2014)g

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 89533 22 NS

Yu et Nin Pratt (2014)h

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 60228 22 NS

YYu et Nin Pratt (2014)i

Journal of Development and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 62026 22 NNS

Masresha et al. (2017)

Journal of Development and

Agricultural Economics 2017 Non classé Éthiopie 394 25 PNS

Asfaw, Shiferaw et Simtowe (2010)a

International Maize and Wheat

Improvement Centre

(CIMMYT) Working Paper 2010 Non classé Éthiopie 700 22 NNS

Asfaw, Shiferaw et Simtowe (2010)b

International Maize and Wheat

Improvement Centre

(CIMMYT) Working Paper 2010 Non classé Éthiopie 700 22 NNS

Vetercasteelen et al. (2013)

LICOS Centre for Institutions and

Economic Performance Discussion

Paper 344/2013 2013 Non classé Éthiopie 984 17 NS

Cavatassi, Lipper et Narloch (2010) Agricultural Economics 2010 Classé Éthiopie 720 29 PNS

Tafese (2016) Open Access Library Journal 2016 Non classé Éthiopie 300 22 NNS

Hailu, Abrha et Weldegiorgis (2014)a

International Journal of Food and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 270 13 NS

Hailu, Abrha et Weldegiorgis (2014)b

International Journal of Food and

Agricultural Economics 2014 Non classé Éthiopie 270 13 NNS

Hountondji et al. (2019)

International Journal of Food and

Agricultural Economics 2019 Non classé Bénin 155 13 NNS

Ubertino, Mundler et Tamini (2016) Sustainable Agriculture Research 2016 Non classé Mexique 119 14 PNS

Ubertino, Mundler et Tamini (2016) Sustainable Agriculture Research 2016 Non classé Mexique 119 14 NS

Ubertino, Mundler et Tamini (2016) Sustainable Agriculture Research 2016 Non classé Mexique 119 14 NNS

Ubertino, Mundler et Tamini (2016) Sustainable Agriculture Research 2016 Non classé Mexique 119 14 NNS

Zhou et al. (2008)

Canadian Journal of Agricultural

Economics 2008 Classé Chine 240 16 NS

Fisher et Carr (2015) Global Environmental Change 2015 Classé Uganda 979 26 NS

Duong et Thanh (2019) Economic Analysis and Policy 2019 Classé Vietnam 2119 23 NS

Gebre et al. (2019)a

Women's Studies International

Forum 2019 Classé Éthiopie 560 21 NNS

Gebre et al. (2019)b

Women's Studies International

Forum 2019 Classé Éthiopie 560 22 NNS

Gebre et al. (2019)c

Women's Studies International

Forum 2019 Classé Éthiopie 560 22 NNS

Mariano, Villano et Fleming (2012) Agricultural Systems 2012 Classé Philippines 3164 22 NNS

Source : Les auteurs. Notes : NS= négative et significative ; PS= positive et significative ; NNS= négative et

non significative ; PNS= positive et non significative.