activité répondre à une réponse argumentée au format
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Activité – répondre à une réponse argumentée au format terminale 1) Rappel des attentes au bac en terminale
• « Il s'agit d'une réponse rédigée et construite. Le candidat doit montrer qu'il a acquis des capacités d'analyse, qu'il maîtrise des connaissances, sait les sélectionner et les organiser de manière à répondre à la problématique de la question. »
• La problématique est donnée MAIS pas le plan. 2) Sujet : montrer que l’expérience combattante de la Première Guerre mondiale fut unique. 3) Objectif : proposer un plan détaillé
• Introduction en 3 parties
• Plan détaillé en 2 ou 3 parties
• Conclusion en 2 parties 4) Etapes :
• Analyse du sujet
• Extraction des informations des dossiers documentaires
• Elaboration d’un plan détaillé : idées – arguments – exemples
• Rédaction : introduction et conclusion
THEME N°1
Source n°1 : Ossuaire de Douaumont et cimetière 1921
Source n°2 : Le petit journal, dimanche 2 novembre 1919
Source n°3 : Dessin de Louis Raemaeckers – Massacre des civiles belges - 1914-1918
Source n°4 : Reims bombardé - L'Illustration mars 1919.
Document n°1 : La démographie de 1921
Document n°2 : Le bilan humain de la guerre
THEME N°2
Source n°1 : Extrait d’Ambroise Harle, Mémoire d’un Poilu breton, Editions Ouest-France, 2012
« Vendredi 25 février 1916
Depuis trois jours, les Allemands ont déclenché une attaque formidable contre nos lignes du nord de Verdun.
Mardi 29 février 1916
Le carnage est immense. La débauche des projectiles d’armements est incroyable, 80.000 obus en quelques
heures, sur un espace de 1.000 mètres de long sur 3 à 400 mètres de profondeur. Trois millions d’obus en
quelques jours. On se demande comment des êtres vivants arrivent à se maintenir et à combattre dans un
pareil enfer, où il ne reste pas un seul pied carré qui ne soit labouré par les obus de gros calibre.
Mercredi 29 mars
Nos poilus héroïques tiennent bon, malgré le déluge d’acier. »
Source n°2 : Extrait Gabriel Chevalier, La peur, 1930.
« [Les obus] nous assaillirent à coups pressés, bien réglés sur nous, ne tombant pas à plus de cinquante
mètres. Parfois si près qu'ils nous recouvraient de terre et que nous respirions leur fumée. Les hommes qui
riaient ne furent plus qu'un gibier traqué, des animaux sans dignité dont la carcasse n'agissait que par
instinct. Je vis mes camarades pâles, les yeux fous, se bousculer et s'amonceler pour ne pas être frappés
seuls, secoués comme des pantins par les sursauts de la peur, étreignant le sol et s'y enfouissant le visage.
Les éclatements étaient si continus que leur souffle chaud et âcre éleva la température de cet endroit et que
nous transpirions d'une sueur qui se glaçait sur nous, mais nous ne savions plus si ce froid n'était pas de la
chaleur. Nos nerfs se contractaient avec des brûlures d'entaille et plus d'un se crut blessé et ressentit jusqu'au
cœur la déchirure terrible que sa chair imaginait à force de la redouter. [...] Une salve, si directe qu'elle nous
surprit debout, tailla dans notre colonne, comme dans la propre chair de chacun de nous. La panique nous
botta les fesses. Nous franchîmes comme des tigres les trous d'obus fumants, dont les lèvres étaient des
blessés, nous franchîmes les appels de nos frères, ces appels sortis des entrailles et qui touchent aux
entrailles, nous franchîmes la pitié, l'honneur, la honte, nous rejetâmes tout ce qui est sentiment, tout ce qui
élève l'homme, prétendent les moralistes - ces imposteurs qui ne sont pas sous les bombardements et exaltent
le courage! Nous fûmes lâches, le sachant, et ne pouvant être que cela. Le corps gouvernait, la peur
commandait. »
Source n°3 : Extrait d’un article du Filon, journal des tranchées, mars 1917
« Avec la vague, la mort nous a enveloppés, elle a imprégné nos vêtements et nos couvertures, elle a tué
autour de nous tout ce qui vivait, tout ce qui respirait. Les petits oiseaux sont tombés dans les boyaux, les
chats et les chiens, nos compagnons d’infortune se sont étendus à nos pieds et ne se sont plus réveillés. Puis
nous avons vu se diriger vers le poste de secours nos camarades de combats et, avec anxiété, nous avons,
pendant longtemps, attendu l’ennemi ou la mort. Nous avons passé là, chers camarades, les heures les plus
douloureusement longues de notre existence de soldats. Nous avions tout vu : les mines, les obus, les
lacrymogènes, le bouleversement des bois, les noirs déchirements des mines tombant par quatre, les
blessures les plus affreuses et les avalanches de fer les plus meurtrières, mais tout cela n’est pas comparable
à ce brouillard qui, pendant des heures longues comme des siècles, a voilé à nos yeux l’éclat du soleil, la
lumière du jour, la blanche pureté de la neige. »
Source n°4 : Photographie – Délégation des « gueules cassées » à Versailles lors de la signature du traité
de paix.
Document : Extrait de Stéphane Audoin-Rouzeau, La guerre au XXe siècle – L’expérience combattante,
La documentation française, 2004.
A partir des années 1860, l’évolution de l’armement commence à permettre le tir en position couchée. Mais
ce sont les paliers technologiques franchis au cours des années 1880-1890, et que concrétisent d’abord les
conflits du début du XXe siècle, puis surtout la Première guerre mondiale, qui transforme de manière
décisive la technique corporelle du combattant occidental. Au début du XXe siècle, le fusil à répétition
envoie plus de dix projectiles par minute sous la forme de balles coniques, rapides, pivotantes, et donc
extrêmement vulnérantes, jusqu’à une distance utile de six cents mètres environ ; à cette efficacité nouvelle
du fusil individuel s’ajoute celle de la mitrailleuse, cette arme typique de la guerre industrielle, capable alors
de dresser devant elle un mur de balles à raison de quatre cents à six cents projectiles par minutes. Quant
aux nouveaux projectiles de l’artillerie, ils permettent d’écraser le champ de bataille sur une profondeur de
plusieurs kilomètres, rendant précaire, voire illusoire, toute mise à l’abri individuelle.
Le sentiment d’impuissance physique des soldats fut également aggravé par tous les traumatismes
provoqués par l’affrontement moderne. La balle rapide, conique et pivotante, qui triomphe dès les débuts
du siècle, infligea des blessures d’une gravité sans précédent en raison de sa force de pénétration et de l’effet
de souffle accompagnant son impact. Quant aux éclats d’obus projetés à haute vitesse au moment de
l’explosion des projectiles, leur force vive est telle qu’elle permet au plus gros d’entre eux de dilacérer les
corps, d’arracher n’importe quelle partie de l’organisme humain.
Cette violence nouvelle resta, il faut le remarquer, largement anonyme. Cet anonymat de la blessure et de
la mort infligée est lié à la portée croissante des armes, qui fait que l’on ne sait qui l’on tue ni qui vous tue.
Ce sont les conflits modernes qui ont considérablement accru le nombre de « blessés psychiques » et forcé
les services de santé des armées à prendre leur cas en considération et à mettre ne place des procédures
thérapeutiques. C’est une fois de plus 1914-1918 qui constitue la rupture majeure : du côté français par
exemple, les « pertes » psychiques s’y élèvent à 14% du total des indisponibilités. La confusion du
vocabulaire révèle pourtant celle des représentations : les médecins français parlent de « commotion », leurs
homologues britanniques de « shell-shock » : signe que les uns comme les autres imaginent que les troubles
psychiques qu’ils sont amenés à prendre en charge sont liés à des désordres neurologiques induits par la
violence sans précédent des explosions.
THEME N°3
Source n°1 : Extrait de Victor Giraud, Histoire de la Grande Guerre, Flammarion, 1932.1916
« Subir pendant des heures interminables des bombardements d’enfer, se blottir, s’accrocher, se terrer où
l’on peut, se coucher par terre et feindre la mort quand passe un avion allemand, grelotter sous la pluie, sous
la neige, ne pas dormir, souvent n’avoir rien à manger ni à boire, voir à côté de soi tomber des camarades
atrocement déchiquetés, entendre les cris des blessés et les râles des mourants, et tenir, tenir jusqu'au bout,
jusqu’à la mort, parce qu’il faut, parce c’est la consigne et le devoir. »
Source n°2 : Extrait de « Tableau des évènements particuliers et journaliers du 1er octobre 1914 au 19
janvier 1918 » de Maria Degrutère
« Triste jour de Pâques. Les vivres sont de plus en plus rares, nous aurons pour dîner du pain et du riz,
n'ayant pas trouvé autre chose [...]. Pendant la nuit, les Allemands réveillent les habitants du quartier pour
contrôler la feuille de recensement. Enfin, pour compléter, les Allemands font partir dans d'autres pays
occupés des familles entières qui ne demandaient qu'à rester chez elles. On le fait à Roubaix, Tourcoing,
Lille. On commence par Fives. Tous les habitants doivent se tenir prêts, on leur donne une heure et demie,
ils ont droit à trente-cinq kilos de bagages, mais il faut emporter des ustensiles de cuisine. Pour les empêcher
de se révolter, on installe des mitrailleuses dans les rues et, en attendant le départ, on les enferme dans
l'église et les écoles. Vive émotion partout et panique dans les environs. La vie devient vraiment de plus en
plus pénible sous tous rapports. Cet enlèvement dure toute la semaine à Lille. Chaque jour des soldats
allemands (vingt par maison) baïonnette au canon arrivent dans un quartier vers trois heures du matin, font
lever tout le monde et emmènent des hommes, mais surtout des femmes et des jeunes filles de vingt à trente-
cinq ans, pour les conduire on ne sait où. Il y a des scènes indescriptibles, des heures d'angoisse et d'agonie
pour les mères à qui on arrache ainsi les enfants. Plusieurs personnes s'évanouissent, d'autres deviennent
folles, certaines sont malades d'essayer de se débattre avec les officiers. Plusieurs de nos amies ont à subir
cette terrible épreuve. Ici on est malade rien qu'à la pensée de savoir si cette terrible épreuve sera appliquée
à La Madeleine. C'est un spectacle navrant, on nous conduit comme des criminels à l'échafaud. »
Source n°3 : Extrait de la lettre adressée par le consule des Etats-Unis à Kharpout à l’ambassadeur des
Etats-Unis en Turquie, 30 juin 1915
J'ai l'honneur de porter à la connaissance de l'ambassade l'une des mesures les plus sévères jamais prises
par un gouvernement, et l'une des plus grandes tragédies de l'histoire. [...] Ainsi que je l'ai indiqué dans les
dépêches susmentionnées, un mouvement révolutionnaire de la part de certains Arméniens a été découvert,
et de sévères mesures ont été adoptées afin de l'enrayer. Ces mesures ont été prises à une échelle globale,
en faisant fort peu de distinction entre ceux qui étaient entièrement innocents et ceux que l'on soupçonnait
d'avoir participé au mouvement. Ici, presque tous les Arméniens de sexe masculin de quelque importance
ont été arrêtés et jetés en prison. Beaucoup d'entre eux ont été soumis aux tortures les plus cruelles,
auxquelles certains ont succombé. Plusieurs centaines des Arméniens les plus en vue ont été emmenés la
nuit et il semble clairement établi que la plupart, sinon tous, ont été tués. La semaine dernière, on a entendu
les rumeurs les mieux fondées faisant état de la menace d'un massacre. A mon avis, il fait peu de doute qu'il
y en a un de prévu. On a néanmoins trouvé une autre méthode pour détruire la race arménienne. Il s'agit de
rien moins que de la déportation de toute la population arménienne, non seulement de ce vilayet mais,
d'après mes informations, des six vilayets constituant l'Arménie. Il y aurait environ soixante mille
Arméniens dans ce vilayet environ
un million dans l'ensemble des six vilayets. Tous doivent être expulsés, entreprise probablement sans
précédent dans l'histoire. La semaine dernière, des rumeurs ont couru pendant plusieurs jours à ce sujet,
mais cela semblait incroyable.
Le samedi 28 juin, on annonça publiquement que cinq jours plus tard, tous les Arméniens et tous les
Syriens* devaient partir. [...] La signification réelle d'un tel ordre est à peine imaginable pour ceux qui ne
sont pas familiers avec les conditions particulières régnant dans cette région isolée. Comparé à cette mesure,
un massacre, quelle que soit l'horreur que le mot puisse évoquer, serait humain. Dans un massacre, beaucoup
de gens peuvent en réchapper, mais une déportation générale de ce genre dans ce pays signifie une mort
progressive et peut-être plus horrible pour presque tous. Je ne crois pas qu'il puisse en survivre un sur cent,
peut-être même pas un sur mille.
Document n°1 : Extrait de S. Audouin-Rouzeau, Retrouver la guerre.
« Dès les premiers jours de la guerre, sur tous les fronts, des violences particulièrement atroces ont été
commises contre le civil qui se trouvaient sur les voies d’invasion, en particulier les femmes, dont les très
nombreux viols ont été attestés par des témoignages. Toute entrée en guerre est marquée du même
phénomène, toute troupe se trouvant en territoire ennemi s’est comportée de façon semblable : les Russes
en Prusse orientale et en Galicie, les Allemands en Belgique et dans le nord de la France, les Austro-
Hongrois en Serbie… »
Document n°2 : Extrait de Stéphane Audoin-Rouzeau, La guerre au XXe siècle – L’expérience
combattante, La documentation française, 2004.
« Si se nourrir était souvent une obsession des soldats, l’eau pouvait en constituer une autre, son transport
devenant souvent très difficile dès lors que la bataille venait en dégrader les conditions d’acheminement.
Les soldats de la Grande Guerre comme la plupart de ceux du XXe siècle ont souvent atrocement souffert
du manque d’eau… La matérialité de la vie combattante a trait également au défaut de propreté corporelle.
Le phénomène de la campagne continue ne laisse que très peu de possibilités aux hommes pour laver leur
tenue, leur linge, leur corps… Quant aux conditions climatiques, elles peuvent aussi transformer la vie
combattante en expérience limite… Restent la matérialité dégradante de la vie de soldat, la médiocrité des
conditions d’existence et surtout leur monotonie génératrice d’un ennui écrasant. »
THEME N°4 :
Source n°1 : Extrait de Blaise Cendras, J’ai tué, G. Crès, 1919. « Il faut nettoyer ça. Je revendique alors l'honneur de toucher un couteau à cran. On en distribue une dizaine et quelques grosses bombes à la mélinite. Me voici l'eustache à la main. C'est à ça qu'aboutit toute cette immense machine de guerre. Des femmes se crèvent dans les usines. Un peuple d'ouvriers trime à outrance au fond des mines. La merveilleuse activité humaine est prise à tribut. La richesse d'un siècle de travail intensif. L'expérience de plusieurs civilisations. Sur toute la surface de la terre on ne travaille que pour moi. [...] La foule des grandes villes se rue au ciné et s'arrache les journaux. Au fond des campagnes les paysans sèment et récoltent. Des âmes prient. Des chirurgiens opèrent. Des financiers s'enrichissent. Des marraines écrivent des lettres. Mille millions d'individus m'ont consacré toute leur activité d'un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voilà qu'aujourd'hui j'ai le couteau à la main. L'eustache de Bonnot*. "Vive l'humanité !" Je palpe une froide vérité sommée d'une lame tranchante. J'ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J'ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l'homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. A nous deux maintenant. A coups de poing, à coups de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J'ai tué le Boche. J'étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J'ai frappé le premier. J'ai le sens de la réalité, moi, poète. J'ai agi. J'ai tué. Comme celui qui veut vivre. » *Jules Bonnot, chef de bande anarchiste
Source n°2 : Affiche de G. Jouas octobre 1917 – BDIC Paris
Source n°3 : Extrait Lettre de juillet 1915, cité dans Paroles de Poilus. Lettres et carnets du front, 1914-
1918, Librio, 2006.
« Nous étions à Bully avant-hier soir, on nous dit que le lendemain le réveil était à 2 heures, que nous allions
passer la revue de notre vénérable général Joffre et d’être le plus propre possible. Si je m’étais attendu à ça,
je me serais fait porter malade, j’aurais eu huit jours de prison mais au moins je n’aurais pas assisté à un
assassinat. Nous sommes partis du cantonnement vers les 3 heures, on nous a conduits dans un parc. Là on
nous a fait former un rectangle et en voyant le poteau nous avons compris mais trop tard à la scène que nous
allions assister. C'était pour fusiller un pauvre malheureux qui dans un moment de folie tant que nous étions
à Lorette a quitté la tranchée et a refusé d’y revenir. »
Document n°1 : Extrait de Stéphane Audoin-Rouzeau, La guerre au XXe siècle – L’expérience
combattante, La documentation française, 2004.
« Le droit de la guerre, censé protéger aussi bien les soldats blessés que les combattants désarmés ainsi que
les civils, avait fait l’objet au XIXe siècle et au début du siècle suivant d’une codification internationale
écrite qui prenait la suite d’un jus belli coutumier bien plus ancien : c’est l’objet des conventions de Genève
de 1864 et celles de La Haye de 1899 et 1907. Mais, au XXe siècle, la violence extrême n’eut pas seulement
pour origine les mutations technologiques que nous avons soulignées ; ses racines sont aussi d’ordre
culturel : elles doivent être recherchées dans les systèmes de représentation des combattants eux-mêmes.
Dans la violence extrême du combat moderne, à travers le sentiment très souvent ressenti de se défendre et
de défendre son propre pays en toute légitimité, bien des procédures de limitation de la violence
disparaissent. L’ancienne tradition de la captivité sur parole, réservée aux officiers ennemis et maintenue
jusque dans les premiers jours de la Grande Guerre, disparaît à son tour au profit de l’internement dans des
camps. Cette dimension concentrationnaire propre aux conflits du XXe siècle entretient une relation étroite
avec l’extermination : la mortalité des soldats captifs russes ou roumains aux mains des Allemands pendant
la première guerre monde fut bien plus élevée que celle qui toucha les Français ou les Britanniques. A cette
dimension concentrationnaire et exterminatrice s’ajoutèrent des pratiques de cruauté spécifiques : massacre
sur place des prisonniers, blessés ou non, immédiatement après leur capture ou sur le chemin des enclos de
regroupement ; mutilation et découpe des cadavres, profanation et exposition des corps. La radicalité de
l’activité guerrière du XXe siècle a poussé à l’extrême les réflexes d’animalisation de l’ennemi, et ce
d’autant plus aisément que son infériorité raciale avait été à l’avance proclamée et intériorité raciale avait
été à l’avance proclamée et intériorisée. Les pires atrocités entre combattants se sont ainsi produites sur des
fronts out toute appartenance à une humanité commune a été refusée à l’Autre. »
Document n°2 : Extrait François Buton, André Loez, Nicolas LMariot et Philippe Olivera, « 19141918 :
retrouver la controverse », 2008
« Il s’agit bien plutôt de sortir résolument de l’alternative entre consentement et contrainte pour mettre en
évidence d’autres attitudes, faites d’indifférences, de résignations, de remise de soi ou, plus généralement,
de conformisme. Il s’agit de redonner leur force de mobilisation aux institutions qui ont pesé sur ce rapport,
de puis l’école républicaine à travers l’apprentissage scolaire de l’obéissance en groupe jusqu’à l’armée de
conscription (et son lent travail éducatif de « nationalisation » des masses) en passant par les organisations
politiques et syndicales, l’Eglise catholique bien sûr, sans oublier les puissants appareils bureaucratiques et
coercitifs dont se dote un Etat-nation en temps de guerre. »