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1 Forum-Evénement UiTC Pôle Afrique 05 au 07 juin 2013 Anouarite, Abomey-Calavi, Bénin. Dynamisation du commerce intra-régional des produits agricoles locaux et sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest : Quelle contribution des acteurs du secteur ? Actes du forum. Klid Malick AYI (Jinukun-Copagen), Charles BAKUNDAKWITA (ADEPA), Alain MBAYE (IPAR).

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Forum-Evénement UiTC Pôle Afrique

05 au 07 juin 2013

Anouarite, Abomey-Calavi, Bénin.

Dynamisation du commerce intra-régional

des produits agricoles locaux et sécurité

alimentaire en Afrique de l’Ouest :

Quelle contribution des acteurs du secteur ?

Actes du forum.

Klid Malick AYI (Jinukun-Copagen),

Charles BAKUNDAKWITA (ADEPA),

Alain MBAYE (IPAR).

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COPAGEN-BENIN

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Sommaire

Liste des acronymes …………………………………………………………………………………………………………….. 02 Introduction ………………………………………………………………………………………………………………………… 05 Cérémonie officielle d’ouverture…………………………………………………………………………………………. 06 Déroulement des travaux ………………………………………………………………………………… 08 Séquence 1 : L’évènement dans son contexte ……………………………………………….. 09 1.1. L’UiTC comme structure porteuse de l’évènement …………………………………………………………… 09 1.2. Problématique générale de l’évènement ………………………………………………………………………….. 10 1.3. Débat sur l’UiTC et sur la problématique de l’évènement …………………………………………………. 10 1.4. Enjeux du commerce intra-régional des produits agricoles locaux en Afrique de l’Ouest 10 Séquence 2 : Les filières, les acteurs et le marché ……………………………………………………………….. 13 2.1. Tomate industrielle au Sénégal ………………………………………………………………………………………….. 13 2.2. Débat sur la filière tomate industrielle ……………………………………………………………………………….. 15 2.3. La filière pomme de terre en Guinée………………………………………………………………………………….. 15 2.4. La filière viande bétail au Bénin …………………………………………………………………………………………. 17 2.5. La filière céréales au Burkina Faso …………………………………………………………………………………….. 20 2.6. L’expérience d’Afrique Verte au Burkina Faso …………………………………………………………………… 22 2.7. La pêche artisanale en Afrique de l’Ouest …………………………………………………………………………. 23 Séquence 3 : Dans quel sens faut-il aller ? ………………………………………………………………………….. 25 3.1. Travaux de groupes sur les axes transversaux 25 3.2. Expérience de systèmes alternatifs de commercialisation en Amérique Latine ………………… 28 Séquence 4 : Table ronde sur les questionnements soulevés ……………………………………………… 31 4.1. Présentation des panélistes ………………………………………………………………………………………………. 31 4.2. Les questions de la table ronde ………………………………………………………………………………………….. 32 Séquence 5 : Mise en perspective ……………………………………………………………………………………….. 36 5.1. Groupes de travail et missions précises ………………………………………………………………………………. 36 5.2. Quel peut être le rôle de l’UiTC et de son Pôle Afrique dans ce processus ? ………………………. 37 Evaluation et clôture duforum …………………………………………………………………………………………. 39 Evaluation du forum ……………………………………………………………………………………………………………….. 39 Cérémonie de clôture ……………………………………………………………………………………………………………….. 39 Annexes ……………………………………………………………………………………………………………………………… 40 Annexe 1 : L’agenda du forum ………………………………………………………………………………………………… 41 Annexe 2 : La liste et les contacts des participants …………………………………………………………………….. 43 Annexe 3 : Les attentes et craintes des participants ………………………………………………………………….. 45 Annexe 4 : Les idées forces et les questionnements après la présentation des filières ……………. 47 Annexe 5 : Allocution de M. René Segbenou lors de la cérémonied’ouverture ……………………….. 48 Annexe 6 : Allocution de M. Mahoussi Claude Allagbe lors de la cérémonie d’ouverture ………… 51.

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Liste des acronymes

ADEPA : Association Ouest Africaine pour le Développement de la pêche APROSSA/AV : Association pour la Promotion de la Sécurité et de la Souveraineté

Alimentaire/Afrique Verte

AVSF : Association des Agronomes et Vétérinaires sans Frontières

CES : Conseil Economique et Social

CILSS : Comité permanent Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

CNCFTI : Comité National de Concertation de la Filière Tomate Industrielle.

CNCPRT : Conseil National Consultatif des producteurs Ruraux du Tcahd

CNOP : Conseil National des Organisations Paysannes (Mali) COFENABVI : Confédération des Fédérations Nationales de la Filière Bétail Viande de l’Afrique

de l’ouest

CRDI : Centre de Recherche pour le Développement International (Canada)

DMDA : Dawanou Market Development Association

EISMV : Ecole Inter-Etats de Sciences et de Médecine Vétérinaire

EMPODERA : Bureau d’étude pour le Développement (Espagne/Chili) Enda GRAF : Environnement et Développement en Afrique- Groupe de Recherche-Action

Formation

FIDA : Fonds International de développement de l’Agriculture

FPFD : Fédération des Producteurs du Fouta Djalon

FPH : Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme

GAIPES : Groupement des Armateurs Industriels de la Pêche au Sénégal

ID PECHE : Initiative Développement Pêche (Bénin).

IPAR : Initiative Prospective Agricole Rurale

JINUKUN : JINUKUN

MICPME : Ministère du Commerce, des Petites et Moyennes Entreprises

ONASA : Office national de Sécurité Alimentaire (Bénin) PNOPPA/ROPPA : Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Ruraux en Afrique de

l’Ouest.

RBM : Réseau Billital Maroobé ROESAO : Réseau des Opérateurs Economiques du Secteur Agro-alimentaire en Afrique de

l’Ouest

SAIN : Solidarités Agricoles Intégrées (Bénin). SOCAS/CNCFTI : Société de Conserves Alimentaires au Sénégal / Comité National de Concertation

de la Filière Tomate Industrielle.

Social Watch : Social Watch

Synergie paysanne : Synergie paysanne

UEMOA : Union Monétaire Ouest Africaine

UiTC : Université Internationale Terre Citoyenne

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Introduction

Du mercredi 05 au vendredi 07 juin 2013, s’est tenu au Centre Sainte Anouarite de la Commune d’Abomey-Calavi au Bénin, un Forum Régional de l’Université internationale Terre Citoyenne (UiTC) dit « Evènement UiTC » sur la « dynamisation du commerce intra-régional des produits agricoles

locaux et sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest : quelle contribution des acteurs du

secteur ? ».

L’objectif global de l’évènement était de contribuer à la réflexion sur les voies et moyens de rendre plus dynamique le commerce intra-régional des produits agricoles locaux et de la pêche en vue de renforcer la sécurité et la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest. Cet objectif global était décliné en quatre (4) objectifs spécifiques : - identifier et analyser les obstacles qui entravent le développement du commerce intra-régional

des produits agricoles locaux et de la pêche en Afrique de l’Ouest ; - amener les principales catégories d’acteurs présents à se mobiliser autour de quelques actions

stratégiques réalistes et capables de dynamiser le commerce intra-régional des produits agricoles locaux et de la pêche en Afrique de l’Ouest ;

- mettre en place un mécanisme léger pour assurer le suivi de la mise en œuvre des actions stratégiques retenues ;

- faire connaître l’UiTC, ses valeurs et ses activités en Afrique et dans le monde. Trois résultats étaient attendus de cette manifestation : - identification de nouveaux leviers pour dynamiser le commerce intra-régional des produits

agricoles locaux et de la pêche ; - mobilisation de différents acteurs concernés pour mettre en œuvre des actions susceptibles de

dynamiser le commerce intra-régional des produits agricoles locaux et de la pêche en Afrique de l’Ouest ;

- renforcement du Pôle Afrique de l’UiTC. L’évènement a enregistré la participation de quarante trois (43) représentants de différentes organisations et institutions : JINUKUN-COPAGEN (Bénin), ONASA (Bénin), DMDA(Nigéria), RBM (Niger), ADEPA(Sénégal), SOCAS/CNCFTI (Sénégal), AVSF(Sénégal), CRDI(Kenya), CILSS (Burkina Faso), GAIPES (Sénégal), ID PECHE (Bénin), FPFD (Guinée), CNCFTI (Sénégal), EMPODERA (Espagne/Chili), PNOPPA/ROPPA (Bénin), SAIN (Bénin), APROSSA/AV (Burkina Faso), CES (Bénin), CNOP (Mali), AIVB (Bénin), IPAR (Sénégal), EISMV (Sénégal), ROESAO (Côte d'Ivoire), CNCRPT (Tchad), COFENABVI (Burkina Faso), Enda GRAF (Sénégal), FPH/UiTC (France), Synergie paysanne (Bénin), UEMOA (Burkina-Faso), et le Ministère du Commerce du Bénin. Le présent document se propose de restituer l’essentiel des échanges et résultats produits par le forum à chacune de ses trois étapes :

� La cérémonie officielle d’ouverture des travaux ; � Le déroulement des travaux ; � La clôture des travaux.

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CEREMONIE OFFICIELLE D’OUVERTURE

L’ouverture officielle du forum a été précédée par une session de présentation des participants et de recueil de leurs attentes. Il est revenu à M. Charles BAKUNDAKWITA, Secrétaire Exécutif de l’ADEPA (Sénégal) et modérateur du forum, d’animer cette session. M. BAKUNDAKWITA a tout d’abord au nom de l’UiTC, remercié les participants pour leur disponibilité et l’intérêt porté au forum par leur présence.

Les attentes des participants sont reprises en annexe 3. Elles ont été regroupées en quatre (4) grandes préoccupations : (i) la découverte de l’UiTC ; (ii) le plaidoyer, la défense des intérêts, l’engagement et les stratégies des acteurs ; (iii) le partenariat, la coopération, l’analyse et la réflexion, les échanges d’expériences ; (iv) les accords et les échanges commerciaux, le marché, les financements.

L’agenda des trois jours de travaux (annexe 1) a ensuite été présenté et validé par l’assemblée, à la suite des présentations et échanges sur les attentes des participants. La cérémonie officielle d’ouverture du forum a été présidée par M. Claude ALLAGBE, Directeur Général du Commerce et représentant du Ministre de l’industrie du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises du Bénin. A cette occasion, trois allocutions ont été prononcées : celle de M. René SEGBENOU, membre du Comité Promoteur de l’UiTC et membre du Conseil d’Administration de l’ADEPA représentant la Présidente, celle de M. Pierre VUARIN représentant la Fondation Charles Léopold Mayer pour le

progrès de l’Homme (FPH) et enfin celle de M. ALLAGBE. M. René SEGBENOU à salué la présence du ministère et énuméré les différentes organisations et structures participantes. Il a rappelé que cette initiative, la première du genre en Afrique pour l’UiTC, s’inscrit dans une démarche collective d’action-formation pour travailler à la construction de connaissances et de savoirs nouveaux. Il a profité de l’occasion pour relier le thème de la rencontre à la protection du patrimoine génétique et à la promotion de marchés pour la commercialisation des produits agro-écologiques. Tout en remerciant la Fondation Charles Léopold Mayer qui a financé l’événement, il a affirmé sa foi en l’UiTC, fruit de plusieurs rencontres et alliances internationales et espace virtuel (université sans murs) dans lequel la liberté de créer des connaissances est assurée à chaque participant. C’est aussi un espace où sont disponibles des expériences de tout genre. L’UiTC vise également à faire de tous les citoyens du monde des forces de proposition dans les espaces où l’on décide des affaires les concernant. Il a lancé un appel aux citoyens africains à rejoindre le pôle Afrique de l’UiTC. A l’entame de ses propos, M. Pierre VUARIN, en sa qualité de représentant de la Fondation Charles

Léopold Mayer pour le progrès de l‘Homme(FPH), a d’abord fait une présentation de cette fondation ainsi que des raisons de son soutien à l’UiTC et au présent événement. Il a fait comprendre que la fondation a été créée par M. Charles Léopold Mayer. Elle met les bénéfices du placement de sa fortune au service du progrès de l’Homme. Le soutien de la fondation à l’UiTC et à cet événement part du constat qu’il y a une utilisation de plus en plus forte des ressources naturelles et énergétiques non renouvelables qui risque de conduite l’humanité à sa propre perte. Il faut donc, d’après lui, trouver rapidement des solutions alternatives à cette dérive. L’UiTC s’inscrit dans cette perspective. M. VUARIN a énuméré quelques caractéristiques de la situation préoccupante que le monde vit à l’heure actuelle résultat du modèle de développement capitaliste dominant, source de

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beaucoup de « travers » : la course effrénée et insatiable au profit ; la concentration du capital qui a tendance à la marchandisation de toute chose et à tous les niveaux ; l’enrichissement scandaleux d’une petite frange d’hommes ; la paupérisation de plus en plus croissante de la grande majorité de la population mondiale ; la faim, la production d’armes chimiques et nucléaires, etc. M. VUARIN a suggéré quelques options à prendre pour sortir l’humanité de cet engrenage, options prônées par l’UiTC dans son approche : - lier les transformations locales à ce qui se passe au niveau international. Le travail que chacun

entreprend, dans sa localité, dans son pays, ne peut être efficace s’il n’est relié d’une manière ou l’autre à l’international. Il faut donc penser et agir de manière « translocale », c’est-à-dire à la fois locale (micro) et globale (macro) ;

- impliquer les différents acteurs dans la recherche de solutions. C'est-à-dire engager des processus multi-acteurs impliquant tout le monde : les producteurs, les transformateurs, les commerçants, les décideurs, les administrations, les chercheurs, etc. ;

- multiplier les lieux de formation et lier la formation et l’action. Aujourd’hui le constat est fait que

les modes de construction de connaissances et de savoirs dans nos universités et autres lieux de formation classiques ne peuvent pas, à eux seuls, fournir des réponses idoines aux défis de l’humanité. Il faut créer des espaces ouverts au plus grand nombre possible de citoyens qui veulent s’instruire et apporter leur contribution à la construction du monde ;

- croiser les connaissances pour créer une intelligence collective. Dans la recherche de solutions,

les connaissances scientifiques, les savoirs et les pratiques de différents acteurs, les connaissances locales et populaires doivent être croisés. Aucune frange de citoyens à quelque niveau que ce soit, si intelligente soit-elle, ne pourra, à elle seule, proposer des solutions qui satisfassent tout le monde. Le concours de tous est nécessaire et très vivement recommandé, tant au niveau de la réflexion que de l’action.

En tant que représentant du Ministre de l’industrie du Commerce et des petites et moyennes entreprises, en mission à l’étranger, M. Claude ALLAGBE a, au nom du gouvernement du Bénin, souhaité la bienvenu aux participants et félicité les initiateurs de l’événement. Il a déclaré que le thème choisi est d’une importance capitale et contribue au rêve d’une Afrique unie et forte prophétisée par Kwame Nkrumah. D’après lui, plusieurs actions sont actuellement menées par son ministère, pour que le commerce connaisse un plein essor. Il a ajouté qu’aucun pays ne s’est développé en restant fermé sur lui-même, ce qui justifie sa satisfaction de voir sur le continent des pôles de réflexion par filière d’activité. C’est donc une interpellation faite à l’Etat de jouer son le rôle régalien. Il a exhorté tous les acteurs, petits et grands, à une réelle implication dans les travaux afin de parvenir à des solutions collectivement adoptées. Il a conclu son adresse en ouvrant officiellement le forum et en souhaitant plein succès aux travaux. La cérémonie d’ouverture a été clôturée par une photo de famille (voir photo de couverture).

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DEROULEMENT DES TRAVAUX

Six séquences ont structuré le déroulement des travaux de cet atelier :

• Séquence 1 : L’évènement dans son contexte

• Séquence 2 : Les filières, les acteurs et le marché

• Séquence 3 : Dans quel sens faut-il aller ?

• Séquence 4 : Table ronde sur les questionnements soulevés

• Séquence 5 : Mise en perspective

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1. L’événement dans son contexte

1.1. L’UiTC comme structure porteuse de l’évènement.

La présentation de l’Université Internationale Terre Citoyenne-UiTC, a été faite par MM. Vladimir UGARTE et Sergi ESCRIBANO, tous deux cadres techniques d’appui au Comité Promoteur de l’UiTC. Ils ont réaffirmé que cette université est née d’un profond questionnement tel que présenté par M. Pierre VUARIN dans son allocution d’ouverture. Leur exposé s’est essentiellement basé sur le sur le site web de l’UiTC.

L’Université internationale Terre Citoyenne est conçue comme un espace international de réflexion/action qui collecte. Elle valorise et projette dans le futur l'expérience, au niveau international et local, des organisations sociales et de la société civile. Elle a pour objectif central, la formation des citoyens et des leaders sociaux capables de faire face avec la Communauté mondiale, aux enjeux de la mondialisation et du 21ème siècle.

Dans cette démarche d’alliance et de mobilisation, la composante éthique est placée au cœur même de l’UiTC et elle se décompose en quatre grandes orientations : la responsabilité, l'interdépendance, la conviction, et la reliance. A travers ces composantes éthiques, l’UiTC cherche à promouvoir les valeurs suivantes :

• la dignité humaine : la reconnaissance de la dignité humaine, la promotion et la défense de la vie,

• la liberté et l'esprit critique : la liberté, l’esprit critique, la tolérance et la vigilance envers toute forme de fanatisme,

• l’éthique de la responsabilité : l’université doit être en phase avec les préoccupations de tous, promouvoir un certain niveau de développement, s'engager au service de la communauté. Les produits de l’université sont publics,

• la solidarité et le vivre ensemble : l'université doit promouvoir l'éducation à la paix, à la gestion des conflits, à la diversité, au respect et à la gestion des différences. L’université doit encourager - par des moyens pédagogiques qui restent à construire – le dialogue et la coopération,

• l’unité dans la diversité : la culture est pluraliste, ouverte au dialogue interculturel des savoirs et des mentalités. Il nous fait prendre conscience de l'interdépendance de nos sociétés.

La charte de l’UiTC, son Comité Scientifique, les études de cas, le processus de visibilité et le processus de certification ou de labellisation participative qui se met en place, sont autant de rubriques qu’ils ont invité à découvrir sur le www.uitc-edu.org A la suite de cette présentation, M. René SEGBENOU est intervenu pour faire un rapprochement entre l’UiTC et l’Université Paysanne Africaine (ancêtre de l’UiTC). Il a souligné que l’UiTC rend les acteurs capables d’agir et de décider pour eux-mêmes. Ce renforcement de capacité est destiné à rompre les barrières et à changer les rapports entre les paysans/pêcheurs et les cadres. A la suite de cette contribution, M. SEGBENOU a introduit le thème du forum.

1 SEQUENCE

L’EVENEMENT DANS SON CONTEXTE

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1.2. Problématique générale de l’évènement, justification du thème choisi.

Le thème de l’évènement - « La dynamisation du commerce intra-régional des produits agricoles locaux et sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest : quelle contribution des acteurs du secteur ? » - a été choisi pour la simple raison que le marché est devenu un des facteurs incontournables pour assurer la sécurité alimentaire dans le monde. Or, en Afrique, la sécurité et la souveraineté alimentaires ne sont pas l’apanage de tout le monde. Un marché intra-régional des produits agricoles locaux bien organisé peut aider les pays à atteindre cet objectif. Par ailleurs, nous affirmons que si le marché régional était assez dynamique, les filières agricoles locales seraient plus performantes. Il va de soi qu’une production abondante et de qualité ainsi que la fluidité des produits contribuent à assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire des populations.

1.3. Débat sur l’UiTC et la problématique de l’évènement.

Après les présentations de l’UiTC et les explications sur la problématique de l’évènement, le modérateur a invité les participants à poser des questions d’éclaircissement, exposer leurs préoccupations ou faire des contributions. Les interventions enregistrées ont voulu :

- savoir si l’UiTC prend en compte le savoir traditionnel ; - savoir les thématiques développées par l’UiTC et si elle n’exclut par de fait les analphabètes

et les paysans qui n’ont pas accès à l’outil informatique ; - savoir les relations que développe l’UiTC avec les réseaux d’organisation paysannes, ses

ambitions politiques et les conditions pour être membres ; - demander de trouver une stratégie idoine pour impliquer les jeunes et les enfants des écoles

primaires africaines, sinon les cadres de demain n’auront aucun encrage dans la démarche proposée ;

- savoir comment faire comprendre aux paysans les concepts développés au haut niveau par des intellectuels ;

- savoir ce que fait l’UiTC pour faire adhérer les scientifiques à son approche.

Les différents intervenants concernés par les questions ont expliqué que l’UiTC ne se limite pas seulement à fournir des informations à travers son site WEB. Elle organise en plus, des visites de terrain et des formations en présentiel et en langues locales pour les leaders sociaux, des évènements comme la présente rencontre etc. En ce qui concerne les thématiques abordées, l’UiTC , à travers ses membres (institutions ou personnes physiques) a déjà travaillé sur des thématiques variées dont notamment la gestion des ressources naturelles et des biens communs, les filières alimentaires durables dans un contexte mondialisé, les impacts environnementaux et la restauration collective, leaders sociaux et laboratoires sociaux, leaders sociaux et processus multi-acteurs, agir et penser en complexité etc. Au sein de l’UiTC, le professeur chercheur n’est pas distingué du paysan. Tous sont des citoyens qui travaillent à la formation des citoyens. C’est un processus qui est ouvert à tous ceux qui ont une expérience à partager. Et précisément sur ce sujet, on remarque que bon nombres de citoyens détiennent de riches expériences mais sont dans une situation de dépendance. La question fondamentale est « comment agir sur les situations qui font que les gens qui sont dans la torpeur en sortent ». Le moyen proposé par M. SEGBENOU est de laisser de côté les cadres logiques imposés, pour échanger à bâtons rompus avec tout le monde dans un langage accessible à tous. 1.4. Enjeux du commerce intra-régional en Afrique de l’Ouest : de bonnes résolutions, peu ou pas

appliquées.

La volonté politique des Etats d’Afrique de l’Ouest de dynamiser le commerce intra-régional est évidente et se traduit par l’adoption de plusieurs textes règlementaires :

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• élaboration de la Politique Agricole de l’UEMOA (PAU) en 2001 ; • adoption de la Politique Agricole Régionale de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) par la CEDEAO

préconisant le scénario de la forte intégration et protection différenciée. � Deux orientations fortes pour cette politique : o libre circulation des hommes et des biens en interne; o une ouverture partielle vers l’extérieur (Tarif extérieur commun –TEC UEMOA et TEC CEDEAO).

Les Etats ouest africains de la CEDEAO ont pour le commerce intra-régional, une vision à long terme qui stipule que "la politique agricole s’inscrit dans la perspective d’une agriculture moderne et durable, fondée sur l’efficacité et l’efficience des exploitations familiales et la promotion des entreprises agricoles grâce à l’implication du secteur privé ».

Cette vision à long terme est canalisée par un objectif global : « Contribuer de manière durable à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement économique et social et à la réduction de la pauvreté dans les États membres »

Malheureusement, on constate que les pratiques sont très en deçà des intentions. Le marché est fortement fragmenté sur ses aspects commerciaux, monétaires, fiscaux et réglementaires. Cette insuffisance d’organisation se traduit par des tracasseries routières, des braquages, des restrictions aux exportations, une exigence du certificat d’origine aux frontières, la non-reconnaissance mutuelle des certificats sanitaires et phytosanitaires, l’application de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Le 18ème rapport de l’observatoire des pratiques anormales, publié en décembre 2011 illustre bien l’aggravation des rackets opérés par les forces de contrôle : Tableau 1 : Obstacles formels et informels aux échanges régionaux

Chaîne de

valeur Corridor Distance

Nb

contrôle

par

voyage

Nb

contrôle

au 100

km

Prélèvement

illicites par

voyage

(FCFA)

Prélèvement

illicites au

100 km

(FCFA)

Temps

de

contrôle

par

voyage

Temps

de

contrôle

au 100

km

Oignon/échalote Kanchtai (Burkina Faso) – Accra (Ghana)

1316 km 31 2,4 88 872 6 753 142 mn 1 mn

Bétail/viande Fada N’Gouma (Burkina Faso) – Parakou (Bénin)

469 km 13 2,8 122 629 26 147 11 mn 6 mn

Maïs Techima (Ghana) – Koutiala (Mali)

976 km 26 2,7 30 293 3 104 73mn 11 mn

Riz Bama (Burkina Faso) – Koutiala (Mali)

273 km 11 4,0 34 300 12 564 30 mn 2 mn

Mil/Sorgho Koutiala (Mali) – Dakar (Sénégal)

1865 km 60 3,2 218 255 11 703 50 mn 5 mn

Source : 18ème

rapport de l’OPA (2011)

Dans les normes, l’attestation délivrée par la chambre de commerce du pays d’origine devrait pouvoir permettre de circuler tout au long du trajet sans problème dans l’espace CEDEAO. Mais la réalité est tout autre. Le tableau 2 identifie les barrières politiques au commerce en Afrique de l’Ouest.

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Tableau 2 : Résumé des barrières politiques au commerce intra-régional de produits alimentaires de base

Chaîne de

valeur Barrières politiques au commerce intra-régional

Riz • Interdiction saisonnière des exportations • Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 18% imposée de manière discriminatoire • Des pays interdisent l’exportation du riz produit avec des intrants subventionnés • Il faut un certificat d’origine pour éviter de payer toute la gamme de droit de

douane • La Cote d’Ivoire demande des certificats d’origine pour les sacs dans lesquels les

céréales arrivent • Non respect de l’équivalence du certificat phytosanitaire • Refus de l’organisme de certification de Burkina Faso de certifier les semences qui

doivent être exportées.

Mil / Sorgho • Interdiction saisonnière des exportations • Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 18% imposée seulement sur les importations,

pas sur la production locale • Surtaxe spéciale du Sénégal sur les importations de mil • Il faut un certificat d’origine pour éviter de payer toute la gamme de droit de

douane • Non respect de l’équivalence du certificat phytosanitaire

Maïs • Interdiction saisonnière des exportations • Des pays interdisent l’exportation du maïs produit avec des intrants subventionnés • Il faut un certificat d’origine pour éviter de payer toute la gamme de droit de

douane • La Cote d’Ivoire demande des certificats d’origine pour les sacs dans lesquels les

céréales arrivent • TVA de 18% alors que le maïs exempté de la TVA • Non respect de l’équivalence du certificat phytosanitaire

Bétail/Viande • Il faut une autorisation d’exportation du gouverneur de Région au Mali • TVA et autres droits imposés sur les exportations maliennes par le Sénégal • Panier de frais pour les opérations de transit • Taxe d’exportation du Fond de développement de l’Elevage (FODEL) du Burkina

Faso • Non respect de l’équivalence du certificat vétérinaire dans les différents pays • Difficulté d’exporter vers la Côte d’Ivoire • « Taxe de parking » imposée par les autorités locales à Bitou au Burkina Faso

Source : Extrait de Plunkett, Daniel et Frank Ofei. «Barriers to Staple Food Trade among ECOWAS Countries »

Préparé par Abt Associates Inc. en association avec CARANA Corporation, Bethesda, MD, novembre 2011, p.x

S’agissant des atouts, des enjeux déterminants militent pour un réel marché sous-régional : • l’Afrique de l’Ouest a une population qui double presque tous les 25 ans, soit environ 400 millions

d’habitants en 2025 (plus de la moitié habitera les villes) ; • des crises alimentaires et nutritionnelles cycliques ; • un accroissement rapide de la demande alimentaire ; • une forte dépendance alimentaire ; • une faible interconnexion entre les zones de production excédentaire et les zones déficitaires ; • le rôle important du commerce dans les différentes dimensions de la sécurité alimentaire

(disponibilités, accessibilité, stabilité et nutrition)

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• L’absence d’une véritable politique commerciale régionale.

On pourrait conclure ce chapitre par cette citation : « D’un bout à l’autre de cette région, les contraintes semblent être les mêmes et se traduisent pour la plupart par un défaut d’application des engagements auxquels les Etats ont pourtant librement souscrits. A l’absence ou la défectuosité des infrastructures se joignent les tarifs douaniers relativement élevés, le nombre limité de produits et de services, la marginalisation du secteur privé régional, formel comme informel, les tracasseries administratives de toutes sortes et le manque de systèmes d’informations fiables sur les opportunités et les marchés régionaux. Par exemple, le manque d’information sur les domaines excédentaires et déficitaires pour un produit particulier de la région est un problème. Mais même là où l’information n’est pas une contrainte, les problèmes liés à l’infrastructure incitent à négocier avec des pays en dehors de la région plutôt qu’avec un pays voisin. C’est un facteur majeur, responsable du faible niveau observé du commerce intra-régional en Afrique de l’Ouest »1.

Pour dynamiser le commerce intra-régional des produits agricoles locaux en Afrique de l’Ouest, il faut lever les contraintes et valoriser les opportunités pour inverser les tendances. En volume et en valeur, le commerce régional est appelé à être multiplié par plus de quatre d’ici à 2030 pour suivre le rythme de l’évolution démographique. Des mesures et des mécanismes sont donc nécessaires pour libérer le potentiel du commerce régional des produits agricoles et assurer une meilleure sécurité alimentaire dans la sous-région.

2. Les filières, les acteurs et le marché

La deuxième séquence de cet atelier est faite de quatre études de cas à dimensions multiples (ECADIM), portant sur les filières tomate industrielle au Sénégal, la pomme de terre en Guinée, le marché du bétail au Bénin, la commercialisation des céréales locales au Burkina Faso et la commercialisation du poisson au Sénégal. La démarche utilisée consiste à présenter l’ECADIM sur la filière par un expert avisé, ensuite les acteurs directement impliqués dans ces filières ou dynamiques, sont invités à s’exprimer. Les quatre premières ECADIM citées ont été présentées par M. Alain MBAYE de l’IPAR (Sénégal) et celle sur la commercialisation du poisson par M. Charles BAKUNDAKWITA (ADEPA, Sénégal). La modération des communications et débats a été assurée par M. Kolyang PAABELE du CNCRPT (Tchad). Les institutions de ces trois intervenants, sont toutes membres du pôle Afrique de l’UiTC.

2.1. Tomate industrielle au Sénégal : un exemple d’une filière intégrée.

La production de tomate industrielle se fait exclusivement dans la Vallée du fleuve Sénégal (VFS) au nord du pays et joue un rôle de premier plan dans la politique de développement économique et social de cette région.

1 « Le futur du commerce intra-régional en Afrique de l’Ouest » sous la Direction de Cheik Tidiane Dieye – Enda

Tiers-Monde.

2 SEQUENCE

LES FILIERES, LES ACTEURS ET LE MARCHE

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Dès son implantation en 1969, la SOCAS propose des contrats d’achat de productions et d’assistance technique aux producteurs. La tomate fraîche achetée par contrat est passée de 200 t (1969/70) à 50 000 tonnes (aujourd’hui). Ce partenariat « gagnant-gagnant » entre les producteurs et l’industriel a progressivement conduit à la mise en place du CNCFTI qui regroupe, outre l’industriel et les producteurs, les transporteurs, les fournisseurs d’intrants, les institutions publiques (services agricoles, banque agricole, recherche), les commerçants et les consommateurs. La filière est soutenue par un contrat d’achat ferme à prix garantis (« contrats de culture ») négociés entre la SOCAS et les groupements de producteurs (GIE). Ce contrat stipule que : - les producteurs s’engagent à respecter leur production de tomates et à la vendre à la SOCAS ; - les producteurs s’engagent à cultiver les variétés de tomates sélectionnées par le CNCFTI ; - la SOCAS s’engage à prendre tous les camions de tomate stationnés devant son usine dans les 24

heures ; si la tomate est abîmée, la SOCAS se réserve le droit d’appliquer un abattement sur le prix.

Sous le couvert de ce contrat,

- au début de la campagne, les GIE contractent un crédit auprès de la banque agricole, qui n’est accordé que s’ils ont signé un contrat avec la SOCAS ;

- les remboursements des crédits sont prélevés directement lors des ventes de tomates à la SOCAS, qui paye les producteurs sur leur compte bancaire ;

- la banque sécurise ainsi les crédits octroyés grâce aux contrats interprofessionnels entre les producteurs et la SOCAS ;

- celle-ci a mis en place une ferme expérimentale pour tester de nouvelles variétés de tomates plus productives ;

- des formations en gestion sont données aux responsables des GIE.

Des avancées significatives sont également à l’actif du CNCFTI : - relèvement du prix de la tomate : de 39 FCFA/kg (97/98) à 49 FCFA/kg (09/10) ; - négociation d’une politique de qualité avec l’usinier ; - achat d’intrants par appels d’offres ; - mise en place d’un système d’information SAED/SOCAS; - cellule d’avertissement phytosanitaire pour sécuriser les conditions de production ; - renforcement de l’encadrement technique des producteurs, tant au niveau SOCAS qu’au niveau

SAED ; - augmentation des surfaces et des quantités livrées aux usines ; - économie d’échelle

o en amont par l’achat groupé des intrants par les GIE, pendant la production avec l’irrigation collective (périmètres collectifs) ;

o en aval par l’évacuation collective de la production ; - fonds de garantie alimenté à parité égale par l’industriel et les producteurs (0,5 FCFA/kg de

tomate acheté ou vendu). A l’arrière plan des points forts de la filière tomate industrielle, on note toutefois des difficultés telles que l’accès à la terre qui semble constituer une barrière pour entrer dans la filière et la difficulté des producteurs n’ayant pas de contrat avec la SOCAS à s’insérer dans le circuit officiel. A la suite de cette présentation, le modérateur a invité les représentants des deux principaux acteurs de la filière à présenter leurs activités. Il s’agit des producteurs et transformateurs de la CNCFTI-Sénégal. D’après leur exposé, la genèse du CNCFTI remonte aux années 1967 mais c’est plus tard en 1995 qu’a été mis en place le comité composé des producteurs, des industrielles et le collège des

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fournisseurs des services. La production de tomate est passée de à 80 000 tonnes en 1991 à 120 000 tonnes en 2005 où le maximum de production a été réalisé. Depuis deux ans, les producteurs ont opté pour l’utilisation de produits naturels et des variétés hybrides. Ils ont également adopté des produits tertiaires qui combinent trois ou quatre molécules phytosanitaires afin de réduire les risques liés à leur manipulation. Plusieurs atouts soutiennent la production ; ce sont notamment l’assurance du financent contre les risques éventuels et l’élévation par l’Etat de la taxe sur l’importation de la tomate en boîte double concentré. Toutefois, il y a une insuffisant de matériel agricole, la fraude au niveau de l’importation qui constituent des contraintes majeures.

2.2. Débat sur la filière tomate industrielle au Sénégal.

Dans les interventions enregistrées, certains participants ont voulu savoir :

- où va le reste de la production qui n’est pas transformé? - comment se calcule le prix de la tomate ? - la part du marché que la production arrive à couvrir ? - comment le fonds de garantie est-il mobilisé ? - quelle est la politique commerciale dans la sous région ? - quelle est la différence entre le fonds de garantie et l’assurance investissement ? - si une exportation des produits a été faite ? et s’il existe un système de suivi des marchés ?

Reprenant la parole, le duo formé par le représentant des producteurs, M. Ablaye Dieng, et le représentant de l’industriel, M. Yvan Moundor Barry, a affirmé que le Sénégal exprime un besoin de 150 000 tonnes de tomate contre une production intérieure de 76 000 tonnes. Cette production partagée entre trois unités, alimente prioritairement les unités de transformation et ensuite le marché local. Le fonds de garantie est constitué par un prélèvement qui est passé de 15F à 52F actuellement sur le kilogramme de tomate. Cet argent sert de fonds de roulement pour le comité de gestion de la filière. Par contre l’assurance investissement est une mesure qui garantie le remboursement des crédits contractés pour la production.

2.3. Filière pomme de terre en Guinée : une filière valorisée et développée par les OP.

La pomme de terre est essentiellement produite par de petits paysans en Moyenne Guinée dans le massif du Fouta Djalon. La culture utilise très peu d’intrants et se fait dans les bas-fonds, les plaines ou les ‘’tapades’’. La main d’œuvre familiale exécute manuellement les techniques culturales. A ces débuts dans les années 1990, la production était essentiellement destinée à l’autoconsommation et au marché national. Du fait, elle était faible (150-200 t/an) et ne couvrait pas les besoins nationaux (1 000 t/an) couverts par les importations. 50% de l’offre se fait sur deux mois (avril, mai) faute de pouvoir stocker la pomme de terre. La production se fait à partir de semences locales non améliorées et son coût reste élevé. La filière pomme de terre doit sa révolution à des éléments déclencheurs :

• l’appui apporté par l’Etat, dès 1991, en instaurant des mesures d’interdiction des importations de pomme de terre pendant les périodes d’écoulement de la production nationale.

• la volonté des OP, particulièrement les producteurs du Fouta Djalon et la Fédération des Producteurs du Fouta Djalon (FPFD), de se structurer et de développer leur production afin qu’elle puisse couvrir les besoins nationaux de consommation. Cette structuration a conduit à une diversification des acteurs aux fonctions et responsabilités multiples. Les producteurs et leurs

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organisations dont la FPFD qui compte 5 000 producteurs regroupés dans 130 groupements constituant 8 unions, les collecteurs, les commerçants, les transporteurs, les agents et opérateurs des magasins d’entreposage, les collecteurs et distributeurs de matière organique servant de fumure

La FPFD a entrepris plusieurs actions pour booster la production. On peut citer :

• la sécurisation de la production par l’aménagement des bas-fonds et plateaux avec le souci d’une bonne maîtrise de l’eau ; le désenclavement de zones de production (réhabilitation de pistes, réalisation de ponts, dalots…) et la construction de magasins de stockage.

• l’organisation de l’approvisionnement en intrants (semences, engrais, pesticides…) au moyen de crédits de campagne ;

• le blocage des importations sur la période d’écoulement de la production locale ; • l’amélioration des pratiques commerciales ; • la mise en œuvre d’un système d’information de marché (SIM) ; • la commercialisation collective des productions ; • le renforcement des capacités des producteurs (cellule de formation de la FPFD).

A la suite de ces actions des résultats considérables ont été obtenus avec :

• une production locale ayant supplanté les importations ; • le maintien de prix rémunérateurs aux producteurs ; • une production améliorée et mieux protégée ; • une offre de production étalée sur toute l’année ; • une filière pourvoyeuse d’emplois et génératrice de revenus substantiels.

La filière pomme de terre est aujourd’hui bien développée et organisée, mais elle reste fragile. En effet, l’insuffisance d’infrastructures de stockage et de conservation (magasins mal aérés par exemple) pour maintenir la qualité de la pomme de terre et éviter les attaques d’insectes (la teigne) constitue une menace importante pour la filière. Un autre enjeu concerne la protection du marché désormais au niveau régional. L’ambition de la FPFD de développer ses exportations de pommes de terre dans la sous-région, en raison notamment des risques de saturation du marché intérieur, pourrait bien être contrecarrée par la concurrence des importations hollandaises sur les marchés d’exportation de la Guinée. Le Tarif Extérieur Commun de l’UEMOA est bien peu protecteur et vient d’être étendu à la zone CEDEAO. La qualité des informations fournies dans cet exposé à été saluée par M. DIALLO Mamadou Kourahouyé, représentant de FPFD. M. DIALLO a présenté sa fédération créée depuis 1992. La FPFD s’occupe principalement de l’appui à la production, l’appui à la commercialisation, l’accompagnement des producteurs et la Représentation et la défense de leurs intérêts. Elle évolue actuellement autour de 5 filières agricoles (pomme de terre, oignon, tomate, maïs et riz). Sa zone d’intervention est la région naturelle de la moyenne guinée (10 préfectures) et elle regroupe 33 unions et 17 zones non formalisées en union. La FPFD pourvoit ainsi emplois et revenus pour ses 30

893 membres dont 64% de femmes. Les membres de la FPFD réalisent 80 % de la production nationale évaluée à 35 000 tonnes/an. Ce résultat est obtenu sur trois grandes périodes de production (production de saison sèche, production de saison des pluies sur coteaux et production d’intersaison). Par rapport à l’écoulement de la production, le marché de la consommation nationale est conquis mais la consommation nationale reste limitée à environ 5 000 tonnes ; d’où la nécessité de développer l’exportation. Le marché sous régional offre un potentiel important car il importe environ 100 000 t/an, notamment d’Europe. Ce marché sous régional présente toutefois des contraintes liées

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à l’état des routes, les formalités à l’exportation et les difficultés dans la circulation des produits aussi bien en Guinée que dans la sous région (interdiction d’export, taxes prohibitives, rançonnements). Face à cette situation, l’enjeu est de :

• maintenir et développer une commercialisation favorable aux paysans ; • plaider en faveur de l’amélioration de la circulation des produits agricoles en Guinée et dans la

CEDEAO ; • améliorer les infrastructures de base et la communication (pistes de désenclavement,

Infrastructure de conservation…) ; • assurer la relève en insérant les jeunes dans la production agricole.

2.4. Les marchés autogérés à bétail au Bénin : l’élaboration concertée de nouveaux rôles pour les

acteurs de la filière viande au Bénin.

L’élevage au Bénin est concentré dans la zone la plus sèche (900-1100 mm), au Nord du pays. Le cheptel est de 2 millions de bovins et 2,3 millions d’ovins/caprins (Faostat 2009). L’importance de cette filière a été favorisée par une installation massive des transhumants venus du Niger, Burkina Faso et Nigeria, suite aux sécheresses des années 1970 et 1980. Elle a également bénéficié de plusieurs politiques dont notamment le Programme de développement de l’élevage (PRSA) et le Projet d’Appui aux Filières Lait et Viande (PAFILAV) qui s’est occupé notamment du financement d’infrastructures de transformation et d’appui à la commercialisation, de puits pastoraux, de retenues d’eau, de couloirs de transhumance. La commercialisation du bétail est l’affaire de plusieurs acteurs que sont :

• les éleveurs de bétail : Peulhs et Gandos, éleveurs de gros ruminants ; • les commerçants de bétail d’ethnie haousa, zerma ou peulh, ce sont les grands commerçants et

revendeurs ; • les chargeurs, transporteurs d’animaux par l’intermédiaire de démarcheurs qui les mettent en

relation avec des acheteurs ; • les bouchers ou ‘’faawoobe’’ (fulfude) ; • les témoins (anciens « Dilaalï ») qui authentifient les transactions et versent les taxes perçues aux

secrétaires. Ils reçoivent 25% des taxes encaissées. Ils se chargent du logement des acheteurs et vendeurs et sont les seuls à connaître les prix de vente et d’achat des animaux ;

• les secrétaires, qui délivrent les tickets, encaissent les taxes et les reversent au comité de gestion (revenu d’environ 2 750 FCFA/marché) ;

• les contrôleurs, qui vérifient les tickets avant l’embarquement des bêtes (revenu d’environ 2000 FCFA/marché) ;

• les démarcheurs de véhicule, qui convoient les bêtes (payés par les chauffeurs 125 FCFA/tête) ; • les chargeurs qui embarquent les bêtes (payés par les commerçants 150 FCFA/tête) ; • les femmes restauratrices ; • le responsable du magasin d’intrants.

Les marchés autogérés sont une réponse des éleveurs pour des transactions directes avec les vendeurs. La structuration des éleveurs de la base (GPER) au sommet (UDOPER), sous l’impulsion de l’UIOPE, témoigne d’une responsabilisation et une professionnalisation progressive des éleveurs. En 2001, 9 marchés autogérés sont allés en Assemblée Générale pour constituer le Réseau Luumondji Marrefuji Sago (RLMS).

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Parmi les marchés autogérés performants, on peut noter celui de Gogounou. Les rôles et fonctions de son organe de gestion sont passés en revue. Cet organe a pour objectifs de :

• apporter son appui moral et matériel aux éleveurs pour la promotion de la santé animale ; • œuvrer pour réduire les intermédiaires commerciaux ; • faciliter le commerce de bétail entre éleveurs, acheteurs et consommateurs ; • assurer de façon régulière l’approvisionnement du parc-marché de bétail en bêtes sur pieds ; • animer et gérer le marché ; • assurer l’éducation et la formation associative des membres ; • faciliter à ses membres la pratique de la mutualité, de l’entraide et de la solidarité ; • mener toutes activités légales capables d’apporter un soutien moral, social et matériel à ses

membres. En ce qui concerne l’animation et la gestion du marché, l’organe procède au :

• prélèvement d’une taxe sur les transactions (1000 FCFA pour les bovins, 200 FCFA pour les ovins/caprins), payée à moitié par l’éleveur et à moitié par l’acheteur ;

• contrôle des transactions par les témoins et les secrétaires, qui encaissent les taxes, qui serviront (i) à payer les agents du marché, (ii) à réaliser des infrastructures et (iii) participer au développement communautaire;

• la tenue des réunions ordinaires (bilan technique et financier, programmation des activités) et extraordinaires (règlements des conflits, vols du bétail, etc.) ;

• la formations (santé animale, gestion comptable, alphabétisation, etc.) et visites d’échanges au profit des membres ;

• l’achat d’équipements et d’infrastructures pour le marché ; • l’approvisionnement en médicaments de base en lien avec les vétérinaires privés ; • la relations avec les institutions locales, les projets et partenaires techniques et financiers locaux ; • la promotion du modèle de marché autogéré et coordination du réseau national.

La mise en œuvre de toutes ces actions a conduit à des avancées collectives qui se traduisent par La prise de responsabilité des éleveurs au niveau des marchés et l’établissement d’une concertation permanente entre tous les acteurs au sein d’un comité de gestion du marché, régi par des textes légaux. La meilleure gestion des maladies animales et la promotion de la femme éleveuse (Peulh, Bariba, etc.) sont également à leur actif.

L’organisation du marché à bétail autogéré a pour corollaire l’application de prix de vente plus intéressants pour les éleveurs. En effet le prix de vente d’un animal sur le marché à bétail autogéré dépasserait de 15 à 70% le prix de vente du même animal dans un marché traditionnel. Il est à noter aussi que les éleveurs sont maintenant payés au comptant, alors qu’auparavant ils vendaient leurs bêtes à crédit (campements et marchés traditionnels).

Les impacts du marché à bétail autogéré sont multiples. Au plan fiscal, la filière représente pour les communes, une opportunité de générer de nouvelles ressources car la loi portant organisation des communes au Bénin, leur a accordé des prérogatives importantes dans la gestion des enjeux locaux liés à l’élevage : marchés, abattoirs, écoles, centres de santé, gestion des ressources naturelles, gestion de l’eau, etc. Au plan socio économique, elle a favorisé la scolarisation, la formation et l’alphabétisation des acteurs, l’amélioration de la gestion de l’espace pastoral, le développement de l’économie locale et l’amélioration de la productivité du secteur (développement de la vaccination de 90 à 97%, disponibilité des intrants vétérinaires avec la création de pharmacies vétérinaires, adoption de compléments alimentaires).

La pérennisation des acquis de cette filière est liée à des enjeux et perspectives dont les plus importants sont : la bonne articulation entre approche filière et développement local, la poursuite du

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renforcement de la responsabilisation des acteurs professionnels, la promotion de nouveaux marchés autogérés dans les zones où il existe de fortes résistances des commerçants et intermédiaires, la délimitation des couloirs de transhumance, le développement massif de l’alphabétisation des éleveurs et de la scolarisation des enfants.

L’expérience des marchés à bétail autogérés au Bénin, en montrant son efficacité et son impact positif, aussi bien au niveau de la filière que sur le développement local, a ainsi permis d’initier de nouvelles mesures de soutien au niveau de la politique agricole régionale. Les conditions sont désormais réunies pour permettre à d’autres organisations d’éleveurs dans la sous-région de mettre en place des dispositifs similaires, afin de renforcer leur place dans la filière tout en redéfinissant avec les autres acteurs, les règles de commercialisation.

A la suite de cette présentation, M. Timbila Thomas SAWADOGO représentant les éleveurs de la COFENABVI au Burkina Faso, à félicité M. Alain MBAYE pour avoir présenté des données judicieuses qui rendent effectivement compte de la réalité vécue par les éleveurs. Il a également salué la présentation du cas du marché de bétail autogéré de Gogounou au Bénin, un exemple qu’il avait lui-même prévu dans sa présentation. M. Timbila a ensuite mis l’accent sur la production en milieu local qui est le système de production qui ravitaille les marchés. Cette production est confrontée aux problèmes de l’accès aux ressources, la mobilité et le changement climatique, qui impactent sur la production immédiate et à long terme. Ces contraintes éjectent chaque année des milliers d’éleveurs du système. Les éleveurs sont ainsi livrés à leur sort car la réponse de l’Etat est très insuffisante. Toutefois, des réflexions sont en cours à la CEDEAO pour trouver des solutions aux problèmes posés. M. Timbila a conclu cette première partie de son intervention en déclarant que les pasteurs ont besoin de s’accorder avec les autres acteurs (agriculteurs, pêcheurs) et autres institutions pour régler le problème de la production. Il a ensuite fait une brève présentation de la Confédération des Fédérations Nationales de la filière Bétail Viande de l’Afrique de l’Ouest COFENABVI. C’est en 2004 que les Associations nationales des 8 pays de l’UEMOA sont allées en Assemblée Générale les 27 et 28 décembre à Bamako pour constituer la COFENABVI-PAM UEMOA. De 2008 à 2013 la COFENABVI a procédé à la restructuration des associations nationales en fédérations nationales reconnues, avec le soutien financier de l’USAID puis de l’UEMOA. En juin 2010 à Lomé, une nouvelle Assemblée Générale ordinaire a apporté des modifications aux statuts. La dénomination de la structure est changée en COFENABVI-AO et un Secrétariat Permanent est créé. La vision de la COFENABVI–AO est de faire de la Confédération, l’organisation sous régionale de référence de la filière Bétail/Viande dans le domaine de la production, de la transformation et particulièrement de la commercialisation. Elle pour objectifs principaux de :

• promouvoir la filière bétail/viande par la valorisation des ressources animales et une meilleure organisation des circuits commerciaux ;

• participer à l’élaboration des politiques de développement national, sous régional et international dans le secteur bétail/viande ;

• assurer la formation des acteurs de la filière ; • inciter les autorités étatiques à appliquer effectivement les règles communautaires relatives à la

libre circulation des personnes et des biens.

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Comme acquis de la COFENABVI–AO on peut citer :

• la Création/renforcement des fédérations nationales (échanges et partenariats entres acteurs sous régionaux - suivi des flux commerciaux) ;

• la visibilité de la Confédération (reconnaissance par les autorités nationales et communautaires, implication de la COFENABVI dans la gestion et la résolution des difficultés de transfert des fonds) ;

• implication de la COFENABVI-AO dans la gestion des abattoirs et marchés à bétail (gestion du marché du Port Bouet et marché de Bobo Dioulasso) ;

• participation à des séminaires et ateliers sous régionaux • participation à des manifestations commerciales (FIMO, Opérations Tabaski, Bourses régionales) ; • renforcement des capacités des acteurs en matière de plaidoyer, de bonne gouvernance,

techniques d’embouche, découpe et hygiène des abattoirs.

La COFENABVI-AO a élaboré un plan d’actions 2011 – 2015 décliné en trois axes :

• Axe 1: renforcement de l’assise institutionnelle ; • Axe 2: accroissement qualitatif et quantitatif de l’offre ; • Axe 3: amélioration de la compétitivité des produits de la chaîne de valeurs bétail/viande.

Ces axes d’intervention sont définis pour lever les difficultés majeures de la structure que sont : l’appui dans la structuration et la formation des acteurs des différents maillons de la chaîne de valeur bétail/viande.

2.5. Filière céréalière au Burkina Faso : commercialisation collective des céréales locales

Depuis la campagne 2001/2002, le Burkina Faso enregistre un bilan céréalier globalement excédentaire (PMASA/GAFSP/BF 2011-2015) avec 3,6 millions de tonnes, dont la partie mise en marché est estimée à environ 1 million de tonnes. Toutefois, la couverture des besoins est disparate à cause de la structuration de la région nord et la pauvreté des ménages. Les cultures sont réalisées sur des exploitations majoritairement familiales basées sur des systèmes extensifs fortement liés à la pluviométrie. Dans le but de promouvoir la structuration par filière, le gouvernement a élaboré en 1999 un Plan Stratégique Opérationnel qui s’appuie sur le développement des filières stratégiques dont le mil, le maïs et le sorgho. A ce plan s’ajoute le Programme spécifique pour la professionnalisation des acteurs pour favoriser le développement d’une économie de marché en milieu rural. L’offre régionale des céréales est estimée entre 60 et 65 millions de tonnes, avec une part des importations d’environ 20% de l’offre globale. Celle-ci est en pleine expansion depuis plusieurs décennies du fait de la forte poussée de la production de maïs, du mil et du sorgho. Le Nigeria concentre 55% de la production régionale. Quand à la demande régionale, elle est également en pleine mutation, avec une évolution des habitudes alimentaires et une augmentation de la demande de l’industrie agro-alimentaire. Du point de vue de la commercialisation, le marché régional reste faiblement intégré, mais globalement bien coordonné par de grands commerçants et certains marchés physiques. Le marché reste ainsi dominé par les acteurs privés, avec une prépondérance des réseaux traditionnels de commerçants et l’arrivée de quelques nouveaux acteurs, notamment sur le marché des importations de riz. Dans la boucle du Mouhoun, la commercialisation des céréales fait l’objet d’une organisation collective par l’Union des Groupements des Coopératives Agricoles (UGCPA). L’union intervient pour la Mise en place d’outils financiers et de gestion des risques, l’accès au crédit intrants et le conseil à

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l’exploitation familiale. Chacune de ces interventions de l’union est caractérisée par : un système de contractualisation mis en place entre l’union et ses membres ; un prix garanti et des paiements anticipés basés sur une évaluation du marché ; un système de fidélisation pour renforcer l’esprit coopératif des membres. Les résultats obtenus participent à la sécurisation de l’approvisionnement en intrants, la garantie sur les prix d’achat pour les exploitations et une professionnalisation des organisations de producteurs. Le système se caractérise par les éléments suivants :

• le paiement anticipé de la production à la récolte pour les producteurs qui respectent au moins 70% de leur contrat d’engagement signé en début de campagne ;

• une forte implication des producteurs dans la gestion de leur organisation (mécanismes de fixation des prix, système de fidélisation et de catégorisation des membres) ;

• des capacités de collecte et de commercialisation importantes (3000 tonnes de céréales) ; • l’existence de centres de paiements de proximité facilitant le règlement rapide des producteurs ; • une crédibilité auprès des partenaires institutionnels (PAM, SONAGESS), ce qui garantit des

débouchés sécurisés sur de gros volumes ; • la mise en place de stocks d’engrais (couverture de 50% des besoins de la campagne 2010/2011) ; • la mise en place de stocks de soudure dans les centres de collecte au profit des producteurs, pour

pouvoir passer plus facilement les années difficiles ; • la production de semences certifiées par les producteurs (42 producteurs impliqués, 50 tonnes de

semences maïs et 120 tonnes de semences de sorgho produites pendant la campagne 2009/2010) ;

• la mise en place d’une ligne de crédit au profit des producteurs à un taux de 8%, garantie par un fonds de garantie rémunéré à 4% ;

• les producteurs sont assurés d’un débouché, ce qui les incite à utiliser des engrais de bonne qualité aux quantités recommandées et des semences certifiées et donc leur permet d’avoir un rendement plus important. Cela renforce par la même occasion les services d’approvisionnement en intrants mis en place par les OP.

Au niveau des institutions partenaires, des avancées significatives sont également notées :

• les institutions offrent des prix en général un peu supérieurs à ceux du marché ; • en contractualisant directement avec les OP, le nombre d’intermédiaires est limité, ce qui permet

une meilleure répartition de la valeur ajoutée au niveau des producteurs ; • les institutions achètent de grandes quantités aux OP, elles peuvent ainsi plus rapidement

rembourser leurs banques pour les crédits de commercialisation et paient moins d’intérêts ; • grâce aux contrats d’achat signés, les OP disposent d’une plus grande confiance de la part des

banques ; • les institutions fixent des normes de qualité, qui oblige les OP et leurs membres à mettre en place

des stratégies d’amélioration de la qualité des produits livrés ; • l’achat de produits vivriers pour approvisionner les cantines scolaires contribue aussi à

développer la consommation de produits locaux et à changer les habitudes alimentaires des nouvelles générations.

Cependant, les achats institutionnels comportent aussi des limites :

• ils ne concernent que de gros volumes et s’adressent donc aux OP déjà très bien structurées ayant des capacités importantes de production ;

• les délais de paiement sont parfois assez longs ; • les appels d’offre ne sont pas toujours très transparents, ce qui peut à terme entraîner des risques

de développement de la corruption ;

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• ils sont encore peu utilisés par les espaces économiques régionaux (UEMOA, CEDEAO) dans le cadre de leur politique de gestion de stocks de sécurité ;

• les OP doivent veiller à diversifier leurs acheteurs pour limiter leur vulnérabilité. La commercialisation des céréales est confrontée à plusieurs risques comme le comportement opportuniste des producteurs qui, lorsque les prix montent, peuvent être incités à vendre eux-mêmes pour faire plus de bénéfices. La stratégie devient alors plus individuelle que collective. La multiplicité des intervenants, la non maîtrise des flux et l’absence de normes et de poids de qualité, confère un caractère très informel au marché céréalier. De plus, ce marché est souvent perturbé par les décisions politiques (restrictions aux frontières, politiques d’aide alimentaire, etc.). Néanmoins il reste une opportunité pour aider les OP à mieux structurer leurs activités et sécuriser leurs débouchés. Ce qui constitue un réel effet levier pour augmenter rapidement la production vivrière.

Pour revenir à un cas spécifique, l’expérience de APROSSA/AFRIQUE VERTE BURKINA dans l’accompagnement des acteurs de la filière céréale à été présenté par le Responsable de programmes, chargé des formations, M. Issiaka HEBIE.

2.6. Expérience d’APROSSA/Afrique Verte Burkina Faso.

L’Association pour la promotion de la sécurité et de la souveraineté alimentaire couramment appelé Afrique Verte Burkina, est une organisation de droit burkinabé, créée depuis 2005 a l’issue du processus d’autonomisation des antennes d’Afrique Verte France. En partenariat avec les Associations Malienne et Guinéenne pour la souveraineté et la sécurité alimentaire, elle travaille dans la promotion de la même cause, à travers l’accompagnement des acteurs de la filière céréale. Afrique Verte s’investit également dans le renforcement des capacités des organisations de gestion des banques de céréales et des petites unités de transformation des céréales locales (Accompagnement de 60 petites unités de transformation locale des céréales à travers les villes de Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Banfora). Elle s’emploie à créer des conditions d’accès facile aux ressources financières et aux informations de marchés auprès des acteurs de la filière. Dans le cadre de son appui aux Organisations Paysannes pour la commercialisation des céréales, Afrique Verte Burkina organise chaque année des bourses céréalières au profit des acteurs de la filière céréale. A l’échelle nationale, trois bourses sont organisées par an, tandis que l’espace CEDEAO accueille chaque année et de façon tournante, la bourse sous régionale avec la collaboration du Mali, du Niger et de la Guinée. En effet, la bourse céréalière est un espace et un temps où les acteurs et partenaires de la filière céréalière se retrouvent pour mettre en relation de façon plus efficace, l’offre et la demande de céréales. Elle à pour objectifs de :

• favoriser la mise en relation de l'offre et la demande en céréales pour la satisfaction des besoins des différentes régions.

• promouvoir la commercialisation des productions céréalières des régions excédentaires vers les régions déficitaires.

• promouvoir les relations entre Organisations Paysannes et structures d'appui et de financement du Monde Rural.

• favoriser une professionnalisation des acteurs de la commercialisation des céréales.

Les contraintes rencontrées dans l’accompagnement des acteurs se situent à deux niveaux : � u niveau des bourses de céréales :

• difficultés de circulation des produits agricoles entre les pays ; • faible implication des acteurs étatiques et des institutions sous régionales ;

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• fluctuation des prix ; • non respect des engagements contractuels des opérateurs.

� Au niveau de la transformation :

• accès limité aux équipements et emballages de qualité des femmes ; • faible niveau de consommation des produits locaux transformés ; • absence de politiques de financements des petites unités de transformation.

2.7. La pêche artisanale en Afrique de l’ouest

Le Contexte général de la pêche en Afrique de l’Ouest est marqué par un regain d’intérêt aux conséquences désastreuses. Longtemps sous-estimée, la pêche en général et la pêche artisanale en particulier a pris récemment beaucoup de considération suite aux revenus qu’elle procure aux Etats et aux particuliers. Du fait, la pêche a vite été hissée au rang des ministères avec les directions distinctes de la pêche industrielle et de la pêche artisanale. Les différents secteurs des pêches constituent un segment stratégique des économies nationales tant pour leur contribution au niveau des balances commerciales (exportations) que pour les aspects socioéconomiques engendrés par l’activité (absorption du chômage et de la satisfaction des besoins alimentaires des populations). Le déclin des activités agricoles lié à la grande période de sécheresse des années 1980, la chute du prix à l’exportation de certaines matières premières, le déficit des balances commerciales, les importants soutiens publics au secteur (nombreuses détaxes sur les équipements), l’expression de besoins croissants en produits de la pêche par l’Europe et l’Asie ont induit un développement très important des secteurs des pêches (industriel et artisanal) pour les pays d’Afrique de l’Ouest. Mais après plusieurs décennies de politiques incitatives et productivistes, portant prioritairement l’accent sur l’exploitation et l’augmentation des capacités de captures, il est à constater que le niveau de valorisation des produits de la pêche est demeuré très faible, exception faite des produits exportés vers l’UE par des établissements agréés. La raréfaction de la ressource, les difficultés d’accessibilité à certains marchés et les contraintes d’approvisionnement d’usines exportatrices en poissons « nobles » ont progressivement induit un développement très important des pêcheries artisanales et du mareyage. Les Etats ont donc sciemment contribué à la surexploitation de la ressource en encourageant l’acquisition des moteurs hors bord, en fermant les yeux sur l’accès libre pour la pêche artisanale, en accordant les facilités à la pêche industrielle, en exonérant le carburant, etc. La rétrogradation de ces « largesses » se fait avec prudence (licence pour la pêche artisanale, immatriculation des pirogues, …) pour éviter de provoquer un mécontentement populaire. L’exploitation du poisson à des fins commerciales par la pêche industrielle et la pêche artisanale menace gravement la ressource et fait constater des signes inquiétants :

• diminution de la taille moyenne des poissons capturés ; • réduction des prises par unité d’effort de plusieurs espèces notamment les espèces démersales

côtières ; • quantités de poissons de fond à haute valeur commerciale actuellement inférieures au

cinquième de ce qu’elles étaient en 1950.

Ces faits montrent l’incapacité des Etats à trouver seuls les solutions adéquates aux problèmes qui se posent au secteur de la pêche. L’alternative viable est donc la cogestion associant les administrations des pêches et les autres acteurs impliqués dans cette activité, notamment les pêcheurs artisans, débouchant au partage des responsabilités. Pour réussir la cogestion, il importe de donner la

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possibilité aux organisations professionnelles de participer à l’élaboration des politiques et à la prise de décision.

Sur un autre registre, le commerce des produits de pêche présente un caractère extraverti. Qu’il s’agisse de la pêche industrielle ou de la pêche artisanale, le meilleur des prises est destiné à l’étranger hors d’Afrique. Le consommateur africain n’est sauvé que par des barrières non tarifaires. Trois raisons expliquent cet état de fait : les prix intéressants ; la facilité dans les transactions financières et la facilité dans l’expédition des colis. Ainsi, la pratique du «deux poids, deux mesures » quant aux soins prodigués aux produits destinés à l’exportation hors Afrique et le laisser aller sur les produits destinés à la consommation locale est à la limite du scandale.

Fort heureusement, les échanges des produits artisanaux de la pêche (transformés ou non) connaissent sur le continent africain une très forte croissance que ce soit pour satisfaire des besoins alimentaires des pays enclavés ou pour compléter les insuffisances de certains Etats face à leurs limites actuelles en matière de disponibilité de ressources halieutiques.

Dans cette nouvelle dynamique et face à une reconsidération de la rentabilité des filières vers des marchés rémunérateurs comme l’UE, l’Afrique représente désormais une nouvelle « niche » pour les Etats africains potentiellement exportateurs de produits de pêche. Outre les opportunités axées sur un négoce de « produits primaires », le marché des produits artisanaux occupe désormais une place importante dans le volume des échanges.

Globalement et malgré cette très forte demande, le négoce, déjà reconnu pour être un des segments les plus rémunérateurs des filières, apparaît être, malgré des conditions critiques d’échanges liées à la faible valeur ajoutée des produits de la pêche ou à la qualité finale des produits, la source d’importantes plus-values réalisées sans impact direct pour les principaux acteurs représentés prioritairement par les artisans pêcheurs et les unités de transformation.

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3. Dans quel ses faut-il aller ?

Toutes les communications sur les filières ont été suivies de groupes de travail pour dégager les idées forces des expériences présentées et poser des questions pour leurs améliorations. Nous renvoyons le lecteur à l’annexe 4 de ce rapport pour prendre connaissance des résultats de ces travaux. La synthèse des réflexions à conduit à l’élaboration de quatre axes transversaux qui ont servi de boussole pour la suite des travaux : (i) renforcement du commerce intra-régional des produits agricoles ; (ii) renforcement des filières agricoles ; (ii) modèles de production et (iv) sécurisation des acteurs des filières

3.1. Travaux de groupe sur les axes transversaux et propositions d’actions de redressement.

Après la présentation des filières et le dégagement des idées forces et des questionnements qui s’en est suivi, la réflexion s’est poursuivie en travaux de groupes sur les axes transversaux ci-dessus dégagés. Le travail de groupes était libellé comme suit : « Sur chacun des axes transversaux identifiés, montrer les réussites (avancées significatives) enregistrées, déterminer les obstacles à éliminer et/ou à contourner et faire des propositions concrètes d’action localisées (niveaux local, national et régional) pour améliorer la situation ». Nous présentons brièvement les résultats des quatre groupes constitués.

3.1.1. Groupe 1 : « Renforcement du commerce intra-régional des produits agricoles ». Le groupe a commencé son travail par un briefing sur la situation de la commercialisation des produits agricoles dans la sous région. Les facteurs de succès, les contraintes et obstacles ont porté sur les produits commercialisés dans la sous région ; les acteurs de la commercialisation ; les textes (normes et qualités etc.) en matière d’échanges commerciaux. Le groupe a travaillé sur les produits suivants : les céréales et niébé : (maïs, sorgho, fonio, mil et Niébé) ; les oléagineux : (arachide, huile de palme, beurre de karité) ; les fruits et légumes ; les féculents (banane plantain, manioc, patate douce, pomme de terre, igname) ; les produits de pêche, de l’élevage et forestiers. Sur les produits commercialisés, le groupe a relevé un succès, le développement des marchés frontaliers, et une série d’obstacles : l’atomisation des offres ; la diversité des monnaies ; la diversité de qualités pour un même produit ; l’absence des infrastructures ; le problème de conservation des produits. Sur ce point, le groupe propose d’organiser et de structurer les marchés frontaliers et de

créer de nouveaux marchés. Sur les textes réglementaires, le groupé a souligné trois effets bénéfiques : l’harmonisation des taxes tarifaires ; l’existence des textes au sein de la CEDEAO ; la libre circulation des personnes. Les obstacles relevés sont : l’abus dans l’application des textes ; les tracasseries routières ; l’inexistence et la méconnaissance des normes au niveau national et régional. Sur ce point, le groupe a fait les propositions concrètes suivantes :

3 SEQUENCE

Dans quel sens faut-il aller ?

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- la révision des textes de l’UEMOA et de la CEDEAO sur les produits agricoles ; - l’engagement du ROPPA et du CILSS dans le plaidoyer pour la révision et l’application des textes

réglementaires ; - l’élaboration ou la mise à jour des normes des produits agricoles et en faire une large

vulgarisation ; - assurer une mise à disposition régulière des textes réglementaires régionaux et nationaux et

maintenir une veille régulière sur l’application des textes. Concernant les acteurs de la commercialisation que sont les producteurs, les commerçants, les intermédiaires, l’Etat, les transformateurs, les transporteurs, les structures, le groupe relève un succès : l’existence des organisations professionnelles et déplore les mêmes contraintes que sur le point précédent auxquelles il ajoute la faible circulation de l’information. Trois propositions sont faites pour redresser la situation : le renforcement des SIM existants ; la mise en réseau du SMI et la création du SIM là ou il n’existe pas. Concernant les infrastructures, le groupe a noté comme point fort l’existence des marchés physiques (nationaux et sous régionaux). Il a souligné comme contraintes l’insuffisance et la mauvaise qualité du réseau routier, l’insuffisance et la mauvaise qualité des infrastructures de stockage et de conservation et le mauvais état des marchés des produits agricoles. Le groupe recommande la construction et l’équipement des marchés nationaux par les Etats et des marchés sous régionaux par la CEDEAO, l’UEMOA et les opérateurs privés en collaboration avec les acteurs.

3.1.2. Groupe 2 : « Renforcement des filières agricoles ».

Le groupe a passé en revue les filières qu’il juge bien assez structurées : la tomate au Sénégal, le karité (Bénin), l’ananas (Bénin), la pomme de terre en Guinée et l’oignon (Niger). Cependant, il a relevé les points faibles suivants : l’insuffisance de la formation et de l’information, le déficit en matière d’organisation, la logistique insuffisante, les tracasseries routières (points de contrôle intempestifs), l’engagement insuffisant des Etats ; la non application des textes réglementaires. Le groupe a fait les propositions d’actions concrètes suivantes : - Communiquer sur les expériences réussies par les visites d’échange, la formation des acteurs, les

films documentaires sur les chaînes nationales, les ECDM (UiTC), etc. - Engager le processus de formation multi-acteurs pour créer la confiance entre eux et améliorer

les filières, prévoir un volet communication dans leurs budgets de fonctionnement. - Former des formateurs. - Créer une base de données où toutes les compétences acquises par expérience vont être

répertoriés.

3.1.3. Groupe 3 : « Modèles de production ».

Le groupe a travaillé presque exclusivement sur la filière tomate industrielle qui a retenu son attention et repéré les réussites suivantes :

• l’agriculture familiale est à encourager car le producteur est responsable de sa parcelle même si la vente est groupée ;

• l’organisation des producteurs en filière favorise une meilleure négociation des prix de vente des productions et l’achat d’intrants agricoles pour la production ; cela favorise également une force de proposition vis-à-vis de l’Etat ;

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• le regroupement des producteurs renforce la caution solidaire, ce qui facilite l’obtention de crédit à des taux bonifiés ;

• l’harmonisation des pratiques culturales influe positivement sur la qualité de la production ;

• la diversification des cultures à travers la polyculture et l’assolement : tomates, oignons, riz est préférable à la monoculture intensive qui appauvrit les sols ;

• la sécurisation des revenus pour les producteurs ;

• le meilleur suivi quant à l’utilisation des intrants et des pratiques culturales ;

• L’aménagement du foncier par l’Etat qui le rétrocède aux producteurs pour la mise en valeur, suivant un cahier de charges ;

• quelques cas de bonnes infrastructures routières, favorisant l’écoulement des productions ;

• la présence de l’assurance agricole ; Des problèmes ont été également soulignés :

• la vente à un seul acheteur créant une dépendance des producteurs vis-à-vis de l’industriel ;

• le risque de ne pouvoir négocier le prix à son avantage vis-à-vis de l’industriel ;

• les mesures de protection des filières certaines fois non appliquées ;

• l’utilisation des intrants agricoles chimiques ;

• l’enclavement des zones de production et logistique déficiente très souvent. Le groupe a proposé quelques solutions :

• renforcer les infrastructures routières, aériennes, ferroviaires et portuaires pour que les produits du cru puissent atteindre toutes les localités de la CEDEAO ;

• former et informer les producteurs sur les enjeux et défis des filières ;

• veiller à maintenir ce format de chaîne de valeurs et non la transformation des producteurs en ouvriers agricoles ;

• travailler à démontrer l’utilité socio-économique des filières agricoles au niveau local, national et sous-régional ;

• favoriser l’interaction : recherche – producteurs – transformateurs ;

• établir un référentiel de base au niveau des normes par filière au niveau sous-régional ;

• favoriser la traçabilité de la production ;

• parfaire l’organisation en termes de structuration de la filière production vivrière, surtout au niveau des producteurs ;

• favoriser un indice de taxation qui sauvegarde la production locale ainsi que les industries.

3.1.3. Groupe 4 : « Sécurisation des acteurs des filières ».

Le groupe a d’abord examiné les éléments clés nécessaires pour garantir la sécurité des acteurs des filières. Il a ensuite proposé des actions concrètes à mener au niveau de chaque composante comme le montre le tableau ci-dessous.

Composante sécuritaire Ce qu’il faut faire pour maximiser cette composante.

01 Garantir l’accès aux ressources (terre; pêche; forêts, pâturages).

� Elaborer et mettre en œuvre des politiques foncières et d’accès aux ressources naturelles facilitant l’accès et la sécurité aux exploitations familiales.

02 Garantir l’accès au crédit/ Assurance

� Garantir aux producteurs l’accès à des financements adaptés et aux garantis par l’Etat à des collectifs.

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03

Assurer la production et la transformation

� Mettre en place des prix de base garantie pour les produits agricoles (les céréales, la viande, le poisson…).

� Soutenir les exploitations familiales et les organisations de producteurs dans le cadre de la souveraineté alimentaire.

04

Garantir la vente des produits.

� Mettre un système d’information approprié sur les prix et la commercialisation des produits Agricoles.

� Mettre en place un système d’information utilisant les TIC pour suivre les cas de rackets.

� Réduire les postes de contrôle entre les pays de l’Afrique de l’Ouest.

� Former les policiers et les gendarmes à la citoyenneté.

� Former les transporteurs sur les normes de transport, de chargement et de circulation.

� Définir et harmoniser des normes de qualité pour faciliter la valorisation et le commerce des produits Agricoles.

� Sécuriser les axes de commercialisation des produits Agricoles.

Le groupe 4 a aussi proposé quelques actions spécifiques aux organisations de la société civile : � conduire des actions de plaidoyer et de lobbying pour que les Etats et les organisations

régionales intègrent et valorisent les directives et les lignes directrices de la FAO et de l’UA sur le foncier et l’accès aux ressources naturelles ;

� promouvoir la structuration des producteurs pour faciliter l’accès aux crédits et à la garantie assurance ;

� plaider pour qu’une part importante des 10% de Maputo soit orientée vers le crédit, la garantie, les investissements dans l’exploitation familiale et la transformation ;

� exercer une pression soutenue sur les Etats pour réduire les postes de contrôle et lutter contre les taxes illégales ;

� concevoir et promouvoir un module de formation sur le commerce des produits agricoles et leur importance pour l’économie nationale à l’intention des forces de sécurité et des transporteurs de marchandises ;

� s’organiser pour exiger des dirigeants la protection des produits agricoles de l’espace CEDEAO.

3.2. Expérience de systèmes alternatifs de commercialisation des produits paysans dans les pays

andins (Amérique Latine).

Monsieur Christophe BOSCHER de l’association « Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) » a présenté aux participants un système de commercialisation des produits paysans sur un circuit dit court mettant en relation directe les producteurs et les consommateurs. L’expérience se passe dans les pays andins en Amérique Latine notamment au Pérou et en Equateur. L’expérience na pas été présentée pour discréditer le commerce intra-régional mais pour montrer qu’il y a lieu de combiner différentes formes de commerce pour approvisionner le marché.

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3.2.1. Les causes à la base de cette expérience. - Avant 2008, les produits paysans avaient un accès limité au marché contrôlé par les

intermédiaires qui s’accaparaient la quasi-totalité de la marge bénéficiaire. Les prix n’étaient donc pas intéressants pour les producteurs pays et plus chers pour les consommateurs.

- Les grandes distributions exerçaient le monopole du commerce de tous les produits avec leurs exigences de normes de qualité et de santé. Par ailleurs, les paiements aux producteurs paysans étaient différés.

- Il y avait aussi une politique d’ouverture commerciale mettant en rude concurrence les produits paysans face aux produits importés du Nord.

- La hausse des prix des produits alimentaires en 2007-2008 a remis en cause la confiance exagérée que les gens avaient du secteur agro-alimentaire qui était la garant de l’alimentation pour tous, tant pour la quantité que pour la qualité. Cette remise en cause a remis sur le tapis le débat sur l’agriculture paysanne qui avait été larguée aux oubliettes.

- C’est à partir de cette remise en cause que les OP d’Amérique Latine se sont approprié le concept de la souveraineté alimentaire et se sent investies davantage dans la production, la commercialisation et la consommation des produits agricoles locaux.

3.2.2. C’est quoi un circuit court ?

Dans un circuit court, les échanges commerciaux se font sur un terroir relativement limité. L’offre est un éventail de produits variés issus directement de la production paysanne. Les échanges mettent en relation directe le producteur et le consommateur. Il n’existe pas d’intermédiaires. Physiquement et institutionnellement, tout est basé sur un contrat, souvent tacite, entre le producteur et le consommateur. Le commerce par circuit court vise quatre objectifs : (i) le développement du territoire ; (ii) les prix équitables ; (iii) la promotion de l’agro-écologie et (iv) le développement des activités sociales. Quatre variantes de circuits courts existent dans les pays andins : les marchés paysans, les paniers consommateurs, les grands magasins qui s’approvisionnent à la production paysanne et vendent aux consommateurs locaux ainsi que les achats publics décentralisés aux écoles, hôpitaux, prisons, etc. 3.2.3. Avantages du commerce en circuit court.

- Prix rémunérateurs aux producteurs et accessibles aux consommateurs (absence d’intermédiaires) ;

- Validation et valorisation de la qualité paysanne ; - Produits biologiques à moindre coût ; - Transformation paysanne génératrice de la valeur ajoutée ; - Accroissement des emplois familiaux et non familiaux sur le territoire ; - Valorisation du travail familial et de la femme ; - Structuration du monde rural (concertations régulières, renforcement des capacités des

paysans et de leur influence, …) ; - Offre de services variés, etc.

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3.2.4. Conditions pour réussir le commerce en circuit court.

La réussite du commerce en circuit court nécessite les préalables suivants : - l’existence d’OP solides et crédibles ; - le renforcement organisationnel des OP ; - l’information et l’appui-conseil notamment sur les aspects juridiques et de gestion ; - un système de production intensif en main d’œuvre (il faut éviter les ruptures de stock) ; - la mise en place des infrastructures de stockage et de vente, etc. 3.2.5. Cette expérience est-elle transposable en Afrique de l’Ouest ?

A priori, rien ne s’oppose à ce qu’une telle expérience soit tentée en Afrique de l’Ouest. Toutes les conditions énumérées au point précédent peuvent être réunies dans la sous-région. Ceci est à discuter entre les producteurs et les décideurs qui devraient d’abord mettre en phase les politiques agricoles nationales avec la politique agricole de l’UEMOA qui stipule qu’il faut privilégier l’agriculture familiale (voir point 1.4. ci-dessus). Il faudrait par ailleurs différencier les produits locaux des produits importés par la certification ; sécuriser les moyens de production des producteurs paysans, notamment l’accès au foncier ; développer des espaces de vente dédiés aux produits des terroirs ; appliquer des systèmes législatifs favorables aux produits pays, etc.

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4. Table ronde sur les questionnent soulevés

4.1. Présentation des panélistes.

La démarche de présentation et d’échange sur les expériences de production et de commercialisation transrégionale des produits agricole locaux, a permis de dégager quatre thématiques sur lesquelles il parait impérieux d’agir afin de (re)dynamiser le secteur. Les initiatives prises par les institutions au haut niveau, les infrastructures, les textes règlementaires, les normes et labels sont les quatre thèmes issus de la synthèse des discussions. Pour en débattre, une table ronde a rassemblé deux institutions : l’UEMOA et le CILSS d’une part, et trois organisations d’acteurs : DMDA, ROESAO et ROPPA d’autre part. Dans son introduction pour cette table ronde, le modérateur du débat a rappelé qu’il s’agit d’un exercice pratique dans lequel les organisations paysannes vont acquérir des indices et informations de source sûre, au sujet des actions menées par ces institutions pour résoudre les problèmes posés. Après cela, il a invité chaque représentant à se présenter et à présenter sa structure. Selon son représentant, M. Moussa CISSE, le Comité permanent Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) a été créé le 12 septembre 1973 à la suite des grandes sécheresses qui ont frappé le Sahel dans les années 70. Le CILSS regroupe aujourd’hui neuf Etats (Burkina Faso, Cap Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Tchad) et mène des actions qui se répartissent en 5 pôles de services :

i. Appui à la définition et la mise en œuvre des politiques sectorielles relatives à son mandat :

stratégies nationales de sécurité alimentaire, plans d’action nationaux de lutte contre la désertification et stratégies nationales pour les énergies domestiques

ii. Formations de base et continues pour des services techniques des états membres : agro-météorologie, protection des cultures et informatique appliquée, etc.

iii. Information : le CILSS anime depuis plus de 30 ans un dispositif de veille sur la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et met à la disposition des acteurs publics et privés une base de données récapitulant des séries longues sur la production agricole, les précipitations, l’hydrologie. Les informations produites par le CILSS sont diffusées à travers une série de bulletins et des bases de données tous accessibles en ligne.

iv. Recherche et capitalisation : Le CILSS mène régulièrement des études de fond sur des thèmes liés à la sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles, les liens entre population et développement.

v. Projets pilotes multi-pays : Le CILSS mène en partenariat avec les Etats, des ONG et des organisations paysannes une série de projets pilotes dont les actions participent à la mise en œuvre des politiques de sécurité alimentaire et environnementales. Il dispose d’une expertise en conception de projets et programmes qu’il peut mettre à la disposition des Etats et de leurs partenaires.

4 SEQUENCE

Table ronde sur les questionnements soulevés

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M. Christian A. Emmanuel SEGBO, représentant de l’Union Economique et Monétaire d’Afrique de l’Ouest (UEMO) a présenté brièvement sa structure. Créée le 10 janvier 1994, l’UEMOA compte huit (8) Etats (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) qui ont en partage l’usage d’une monnaie unique, le franc CFA. L’UEMOA est un vaste marché couvrant 3,5 millions de Km² et totalisant plus de 100 millions de consommateurs. L’objectif de l’UEMOA est « la création d’un espace économique harmonisé et intégré au sein duquel est assurée la jouissance effective des libertés de circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux ainsi que le droit d’établissement pour les professions libérales ». Poursuivant son exposé, M. SEGBO a choisi de présenter deux programmes de son institution qui

cadrent avec le thème de cet atelier. Il s’agit du Programme régional de promotion commerciale

(PRPC) qui vise à dynamiser le commerce intra-régional au sein de l’UEMOA. Ce programme poursuit

deux objectifs : (i) accroitre les exportations des différents États membres de l’Union, tant au niveau

intra-communautaire qu’avec le reste du monde; (ii) créer des débouchés par la promotion de la

commercialisation de produits à valeurs ajoutées. Ceci accroîtra les volumes de produits agricoles

commercialisés dans la sous-région. Le second programme est celui de la création de la bource

régionale des produits vivriers (BRPV) dont le but est de mettre en place un système d’information-

communication qui permet de savoir où sont disponibles des stocks et quels sont leurs

caractéristiques et prix, de sorte les acheteurs sachent où aller. La BRPV vise à renforcer la sécurité

alimentaire des populations en fluidifiant les échanges dans les filières agricoles identifiées.

M. Brahim OUATTARA est le représentant du Réseau des Opérateurs Economiques du Secteur Agro-alimentaire en Afrique de l’Ouest - ROESAO. Ce réseau a pour objectif de mettre en contact les opérateurs économiques dans le cadre de la commercialisation des produits agricoles. Mme. Fatima AJAO intervenait pour le double compte de la DMDA et de A-BAS IMPREX, une institution qui s’occupe depuis 2004 de la collette et de la diffusion d’informations sur le commerce céréalier dans le marché de Dawanou à Kano au Nigérian, dans le but d’inciter les opérateurs économiques à investir. Ce marché est l’un des plus grands de l’Afrique de l’Ouest avec une capacité de stockage de 200 000 tonnes. M. Jonas GBEFFO à représenté le Réseau des Organisations Paysannes et de Producteur de Afrique de l’Ouest ROPPA qui a beaucoup milité pour influencer la politique agricole de la CEDEAO en faveur des petits paysans. Le modérateur a ensuite invité ces interlocuteurs à se prononcer, à tour de rôle, sur chacune des quatre questions.

4.2. Les questions de la table ronde.

4.2.1. QUESTION 1 : les acteurs ont de plus en plus des difficultés à accéder aux

ressources. Quelles sont et quelles peuvent êtres les contributions de vos

institutions pour résoudre ce problème ?

Au niveau du CILSS, une réflexion est menée depuis 2005 pour aboutir à une assurance agricole car les producteurs n’arrivent pas à accéder crédit. Quant à l’UEMOA, il faut retenir qu’une mesure d’urgence à été prise après la crise agricole de 2008 au sein d’un comité de haut niveau. Les parlementaires de l’union se sont réunis en mai dernier à Bamako et ont recommandé l’élaboration d’une politique incitative, l’appui aux Petites et Moyennes

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Entreprises et la facilitation de l’accès des femmes à la terre. L’UEMOA n’étant pas une institution financière, elle n’a pas directement mis de fonds à la disposition des entreprises mais a plutôt renforcé leurs capacités à accéder au financement disponible à la BOAD. Le ROESAO élabore actuellement un projet de production vivrière pour favoriser l’insertion des jeunes dans l’agriculture. L’idée est de rétribuer 15% de la production au village comme allocation de la terre. Des études ont été faites pour mobiliser des ressources. Le représentant du ROPPA a avancé le cas concret du Bénin où la plate forme du réseau a amené les parlementaires à voter le 14 janvier 2013, un code foncier pour limiter les accaparements de terres et les jachères illimitées. Concernant le crédit et l’assurance, le réseau a mis en place l’Assurance Mutuelle Agricole du Bénin (AMAB) qui doit garantir l’accès des producteurs au crédit agricole. Après ce premier tour de table, le modérateur a invité les autres participants à exprimer leurs préoccupations. Il s’agissait notamment de savoir pourquoi l’UEMOA ne finance pas les Organisations Paysannes et n’œuvre pas pour la création d’une banque agricole car les paysans et pêcheurs sont disqualifiés par les banques commerciales. Ces préoccupations ont été éclairées par M. SEGBO de l’UEMOA qui a réaffirmé que L’UEMOA ne finance pas directement les Organisations Paysannes mais appuie les Etats dans les programmes nationaux d’investissement agricole. L’UEMOA a également mis en place un appui financier pour la mise en valeur des vallées à riche potentiel agricole et un autre fonds régional pour le développement agricole. Tous ces fonds sont logés au niveau des gouvernements qui décident de leur gestion. Il revient aux Organisations Paysannes de s’organiser et de faire des lobbyings pour réellement bénéficier de ces financements auprès de leurs Etats. Le lobbying doit également demander le retour des banques agricoles qui ont commencé par faire leur preuve.

4.2.2. QUESTION 2 : La question souvent soulevée est l’absence d’infrastructures

adéquates pour accueillir et valoriser les productions locales mises en marché

(infrastructures routières, magasins de stockage, plates-formes de distribution,

couloirs de passage pour le bétail). Quelles sont et que peuvent être les

contributions de vos institutions - organisations dans la résolution de ces

problèmes ?

Au sujet des infrastructures, le représentant de l’UEMOA a informé l’assemblée que dans le cadre de son institution et du NEPAD, des axes routiers régionaux sont privilégiés. L’UEMOA a aussi mis en place un programme de construction de magasins de stockage dans tous ses Etats membres pour un montant de 28 milliards de francs FCA. Concernant les plates formes de distribution, le programme Bourse régionale des produits viviers a retenu de créer une plate forme d’échange informatique destinée à renseigner sur les disponibilités de stocks dans la sous région. Le ROPPA a également procédé à la construction de magasins de petite taille mais qui sont très insuffisants pour régler le problème d’infrastructures. Il y a donc lieu de faire du lobbying pour obtenir des financements adéquats. Les informations apportées par les représentants des institutions ont été d’une grande utilité pour les acteurs. A l’UEMOA, ils ont demandé plus de précisions sur divers aspects : la localisation des magasins construits, la manière dont se faisait la mise en œuvre de la charte sur la sécurité alimentaire, les actions en direction du secteur de la pêche.

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M. CISSE du CILSS a répondu à ces interrogations en disant qu’il ya deux niveaux de localisation. Le premier est du ressort des Etats et est local, c'est-à-dire dans les villages et communes. Le deuxième niveau est d’intérêt régional et le CILSS construit de grands magasins qui sont mis en réseau pour permettre à tous les pays de disposer de l’information et d’y accéder à tout moment. Le secteur de la pêche n’a pas été oublié car l’UEMOA à récemment lancé un projet régional d’évaluation des stocks halieutiques. Ce projet vise à améliorer la connaissance de l’état des ressources halieutiques et à renforcer la coopération sous régionale et la participation des différents acteurs dans la gestion des ressources halieutiques partagées. Par rapport à la charte, il ne s’agit pas d’une charte de sécurité alimentaire mais plutôt d’une charte de prévention et de gestion des crises alimentaires, destinée à contrôler la qualité de l’aide alimentaire et les périodes où elle arrive, afin de ne pas perturber la vente des producteurs. Cette charte a été révisée en 2010 pour que les pays africains soient plus indépendants des aides alimentaires.

4.2.3. QUESTION 3 : Il y a nécessité d’adapter, de diffuser et d’appliquer les textes

réglementaires en matière de commercialisation des produits agricoles. Que font et

que peuvent faire vos institutions/organisations ?

D’après le modérateur, les textes devant promouvoir la production et la commercialisation des produits agricoles locaux existent en quantité et en qualité. Le problème qui se pose est celui de leur application. Il retourne donc la question aux institutions puis aux organisations paysannes pour leur demander ce qu’il faut faire. Le représentant du CILSS a confié à ce sujet que sa structure fait déjà la sensibilisation et recueille des informations qu’elle relayera auprès de l’UEMOA et de la CEDEAO pour les inciter à prendre des décisions. Concernant les textes, le représentant de l’UEMOA a cité la décision n°15 de 2007 portant modalités pratiques d’application du plan régional de contrôle sur les axes routiers inter-Etats, et la directive n°8 de 2007 relative à la réduction des points de contrôle sur les axes inter-Etats. Mieux, l’UEMOA a créé un projet de construction de poste de contrôle conjoint au niveau des frontières pour limiter les tracasseries et les pertes de temps. M. SEGBO a également rappelé que dans l’espace UEMOA, il n’y a pas de droit de douane sur les produits agricoles mais par contre, les engrais sont taxés à 5%. Pour ne citer que cela, M. SEGBO a précisé que l’UEMOA n’a pas de prérogative pour exercer une police sur les Etat mais exerce plutôt les mandats que les Etats lui attribuent. Même si le contexte s’apparente à une démission des Etats, il revient aux OP de s’organiser pour exiger de leur part, le respect des textes. M. GBEFFO du ROPPA a rebondi sur la question pour expliquer qu’il y a une incohérence des textes entre la CEDEAO et ses Etats membre et un mauvais fonctionnement des mécanismes de plaintes. Ce qu’il faut retenir de cette troisième question est que les Organisations Paysannes doivent faire un bloc pour revendiquer l’application des textes régionaux par leurs Etats, tout en se conformant aussi aux règles en vigueur.

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4.2.4. QUESTION 4 : Il y a également nécessité de standardiser et de disposer de normes

et de labels de qualité des produits pour mieux les valoriser et faciliter leur contrôle

et écoulement au sein de la sous-région. Quelles sont les dispositions prises ou à

prendre par vos institutions/organisations ?

La question des normes et labels est partie du constat que pour les produits halieutiques par exemple, la part destinée à l’exportation vers l’occident est sélectionnée avec soin et suivant des normes ; tandis que le reste, de qualité approximative, est déversé sur le marché local sans aucun contrôle. Il y a donc nécessité de standardiser et de disposer de normes et labels de qualité. Cette tâche étant dévolue à l’Etat, le modérateur s’est donc adressé aux deux institutions représentées pour savoir quelles sont les solutions prises ou à prendre. Sur la question, le représentant de l’UEMOA a informé les participants du Programme qualité UEMOA, démarré depuis les années 2002 et qui a le privilège d’avoir évoqué en premier, la démarche de qualité, aujourd’hui considérée par tous comme une priorité. L’UEMOA a également équipé des laboratoires dans la sous région et formé le personnel aux normes ISO, pour qu’ils soient à même d’analyser les produits alimentaires. Il a cité en exemples pour le compte du Bénin, le laboratoire de santé publique, celui de la Direction de l’élevage équipé à près de 6 milliards et le laboratoire des sciences du sol et de l’environnement. Sur le même registre, l’UEMOA a promu la création des Agences nationales de gestion et de promotion de la qualité. Ainsi, L’ABENOR a reçu les équipements et la formation pour assurer cette fonction. Actuellement, l’UEMOA envisage pour l’année 2014 un programme de gestion de l’hygiène et de la sécurité sanitaire dans la sous région pour un coût de 8 milliards. Ce programme a plusieurs buts : l’appui à la mise en place de la sécurité sanitaire des aliments dans l’UEMOA, la conception de guides sectoriels d’autocontrôle pour les produits vivriers stockés, rendre opérationnel le volet institutionnel, le volet sanitaire des aliments, impliquer les consommateurs et acteurs économiques de la chaîne alimentaire dans le contrôle de la sécurité sanitaire de la région et renforcer les autorités compétentes. Pour le présentant du CILSS, la question des normes est importante pour intégrer les marchés internationaux. Un travail de sensibilisation et de formation doit donc se faire à la base avec les Organisations Paysannes. Après l’intervention des institutions, les acteurs présents ont réagi pour exprimer leur satisfaction par rapport à toutes les informations utiles apportées et par la même occasion ont désapprouvé la main basse que font les universitaires et les services publics sur les équipements et ressources destinées au contrôle. Les acteurs n’ont pas manqué de citer quelques expériences de normalisation en Côte d’Ivoire pour les fertilisants, les phytosanitaire et les unités de mesure. Aussi, de vifs échanges ont été menés sur cette question dans le sens où les normes liées à l’exportation des produits n’intègrent pas les réalités socioculturelles des acteurs. Les problèmes liés à l’utilisation de moyens de transport inadéquats n’ont pas non plus été omis. En fermant la table ronde, le modérateur a remercié tous les intervenants et principalement les représentants de l’UEMOA et du CILSS pour avoir apporté de précieuses informations que les acteurs ignoraient. Il a souligné un élément important revenu tout au long du débat : les acteurs et organisations paysannes doivent forcer la main aux administrations de l’Etat pour une conformité et une application des textes et décisions. Ce lobbying ne peut pas se faire si les acteurs ne disposent pas d’informations sûres.

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5. Mise en perspective

5.1. Groupes de travail et missions précises.

Avant de clore l’atelier, les participants sont revenus aux résultats des travaux de groupes du point 3.1. pour identifier les actions concrètes à mener juste après cet atelier à court, moyen et long terme. Au cours de ce travail les participants se sont aussi engagés, individuellement et collectivement pour mettre en œuvre ces actions. Les groupes ont été recomposés et les missions précisées. Puisqu’il s’agit d’engagements individuels et collectifs, nous reprenons dans ce rapport la recomposition des groupes et les missions qu’ils se sont assignées. Groupe 1 : Amélioration de la circulation des produits agricoles, de l’élevage et de la pêche dans

l’espace CEDEAO.

Nom Prénoms Structure Pays Téléphone E-mail

Chef de file DIALLO Kourahouyé FPFD Guinée [email protected]

Membres COULIBALY Douguitigui GAIPES Sénégal +221776377400 [email protected]

BARRY Y. Moundor SOCAS/CNCFTI Sénégal +221774507079 [email protected]

SAWADOGO T. Thomas COFENABVI Burkina [email protected]

ALTINE Boubacar RBM Niger [email protected]

CISSE Moussa CILSS Burkina +22670314022 [email protected]

BAKUNDA Charles ADEPA Sénégal +211777263740 [email protected]

AYI Klid Malick JINUKUN Bénin +22996755737 [email protected]

SAGBO PATRICE JINUKUN Bénin [email protected]

Mission urgente : - Inscrire sur l’AGENDA 2014 du ROPPA le plaidoyer pour l’application de la libre circulation des

produits agricoles dans l’espace CEDEAO

Groupe 2 : Formation et information des acteurs.

Nom Prénoms Structure Pays Téléphone E-mail

Chef de

file PALEBELE Kolyang CNCRPT Tchad

[email protected]

Membres MUSABYE Bellancille EISMV Sénégal +221771750649 [email protected]

ZANNOU Clément FIDA Bénin +22968271391 [email protected]

DEHY Lucien ID PECHE Bénin +22997190611 [email protected]

JACOVETTI Chantal CNOP Mali +2237818793 [email protected]

HOUNKPE Jeanine CES Bénin [email protected]

VUARIN Pierre FPH France [email protected]

GBEFFO Jonas PNOPPA/ROPPA Bénin +22997325947 [email protected]

5 SEQUENCE

MMiissee eenn ppeerrssppeeccttiivvee

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Missions urgentes : - Communiquer sur les expériences réussies. - Engager le processus de formation multi-acteurs. Groupe 3 : Organisation des marchés.

Nom Prénoms Structure Pays Téléphone E-mail

Chef de

file

OUATTARA Brahim ROESAO CRCI +22549313169 [email protected]

Membres HEBIE Issiaka APROSSA/AV Burkina +22670286862 [email protected]

TAMOU K. Ilyassou Synergie pay. Bénin +229 95 09 19 91 [email protected]

LAWSON Valéry JINUKUN Bénin +229 95 56 29 77 [email protected]

MOUHAM-MED Ahmed ADEPA Nigéria

+2348036200281 [email protected]

DAGAICHA F. Landy MICPME Bénin +229 97 41 10 70 [email protected]

AGBESSI Roger T. A. ONASA Bénin [email protected]

Mission urgente :

- Elaborer un projet précis sur l’organisation des marchés et le mettre en œuvre. Groupe 4 : Projet d’agriculture agro-écologique.

Nom Prénoms Structure Pays Téléphone E-mail

Chef de

file SEGBENOU René JINUKUN Bénin

[email protected]

Membres HEBIE Issiaka APROSSA/AV Burkina +22670286862 [email protected]

ZOUNNON Inès JINUKUN Bénin +229 97 68 72 68 [email protected]

JACOVETTI Chantal CNOP Mali +2237818793 [email protected]

ZANNOU Clément FIDA Bénin +229 68 27 13 91 [email protected]

GBENOU Pascal SAIN Bénin +229 97 65 56 28 [email protected]

Mission urgente :

- Repérer, documenter, diffuser l’information et échanger sur les initiatives agro-écologiques en cours ou en projet dans l’espace ouest africain et ailleurs.

5.2. Quel peut-être le rôle de l’UiTC et de son Pôle Afrique dans l’accompagnement de ce

processus ?

Dans le groupe qui a travaillé sur « le renforcement des filières », le rôle de l’UiTC a été mis en exergue dans ce domaine. En effet, l’UiTC et son Pôle Afrique peuvent jouer les rôles suivants :

Communiquer sur les expériences réussies.

L’UiTC est en mesure de repérer, de rassembler, de capitaliser et de communiquer sur les expériences réussies pour faciliter la tâche aux acteurs. Ce serait une perte de temps de reprendre ce que les autres ont fait et réussi. La création collective des connaissances est à ce prix. Le Pôle Afrique a pris l’engagement pour ce travail. Un capital précieux existe déjà : les ECADIM réalisées ici et

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ailleurs par l’IPAR et les autres structures. Ces ECADIM ont été répertoriées par la FPH. Les expériences documentées de l’ADEPA, de JINUKUN-COPAGEN, d’INADES-Formation... Cette communication peut se faire à travers les publications, les formations, les évènements, les sites Web, etc.

Engager les processus de formation multi-acteurs. La formation des citoyens du monde est la raison d’être de l’UiTC. Comme il a été dit, l’approche holistique et pluridimensionnelle impliquant tous les acteurs doit être la règle. Le Pôle Afrique s’est déjà engagé dans de pareils processus à travers l’expérience de formation de l’ADEPA des leaders sociaux de la pêche artisanale et le plan de formation des acteurs ruraux que le CNCPRT (Tchad) vient d’élaborer.

Former les formateurs. Pour réussir le changement, il faut disposer d’une masse critique en mesure de le porter et de le défendre. Ceci nécessite une intense démultiplication de la formation et de l’information. Elle ne peut se faire que quand on dispose de relais actifs dans tous les milieux et à tous les niveaux. Les formations UiTC doivent donc s’adresser aux personnes en capacité de les répercuter elles-mêmes aux autres acteurs, c'est-à-dire des leaders charismatiques.

Créer une banque de données des expertises et des expériences réussies. Cette mission est à rattacher à la première : « communiquer sur les expériences réussies ».

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Evaluation et clôture du forum

Evaluation du forum Au terme des travaux prévus à l’agenda du forum, une évaluation rapide a été faite au vu des attentes énumérées par les participants à l’ouverture de la rencontre. Tous les participants ont félicité le comité d’organisation et l’UiTC, pour avoir rassemblé les réels acteurs et institutions concernés par la question posée. Ils ont également exprimé leur satisfaction pour les riches expériences partagées entre acteurs et les précieuses informations fournies par les représentants des institutions. Quant aux objectifs de la rencontre, les participants ont affirmé qu’ils sont atteints en ce sens que les bases d’un processus de construction sont posées et que des engagements personnels ont été pris par les participants pour poursuivre les actions retenues. Aussi les participants sont à même d’être des relais de ces actions dans leur structure de provenance. Toutefois, des faiblesses ont été relevées au niveau de l’agenda qui était un peu surchargé et n’a donc pas permis de disposer du temps nécessaire pour traiter en profondeur les thématiques soulevées. Aussi, les participants ont déploré la visite de terrain qui n’a pas pu se faire et qui aurait pu relancer le débat sur des aspects omis. Les participants recommandent à l’avenir, de constituer de petit de groupe de travail qui s’occupera d’un sujet précis avec des TDR préparés à l’avance et de leur accorder plus de temps pour approfondir le sujet.

Cérémonie de clôture Le modérateur du forum, a repris la parole pour féliciter les participants pour leur disponibilité, la qualité des travaux et l’ambiance conviviale dans laquelle des discussions constructives ont été menées. Il a, au nom de l’UiTC et du comité d’organisation, prit l’engagement de relancer au plut tôt, les participants sur leurs engagements tout en comptant sur leur promptitude. Dans son discours de clôture, M. René SEGBENOU a remercié tous les participants pour les résultats obtenus. Il exhorté les participants à se mettre vite au travail pour mettre en application les engagements pris. Il a remercié l’UiTC et la FPH pour l’appui apporté à la réalisation de cet atelier. Pour finir, il a souhaité un bon retour dans leurs pays à tous les participants. Un applaudissement synchronisé a salué la fin des travaux.

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Annexes

Annexe1 : L’agenda du forum

Annexe 2 : La liste et les contacts des participants

Annexe 3 : Les attentes et les craintes des participants

Annexe 4 : Les idées forces et questionnement après la présentation sur les filières.

Annexe 5 : Allocution de M. René SEGBENOU, Président de JINUKUN – COPAGEN, représentant la Présidente de l’Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale (ADEPA) lors de la cérémonie d’ouverture du forum.

Annexe 6 : Allocution de M. Mahoussi Claude ALLAGBE, Directeur Général du Commerce Intérieur représentant Mme la Ministre de l’Industrie, du Commerce, des Petites et Moyennes Entreprises.

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Annexe 1 : Agenda

Pôle Afrique

Agenda

ATELIER-EVENEMENT UiTC

Commerce intra-régional des produits

agricoles en Afrique de l’Ouest.

Cotonou, du 5 au 7 juin 2013.

Jour Heure Séquences et activités

Jour 1: Mercredi

5 juin 2013

8H00 Accueil et inscription des participants

8H30

En attendant les officiels pour l’ouverture

- Brève introduction sur les travaux de l’atelier - Présentation des participants (tour de table)

9H30

Ouverture officielle de l’évènement (30 min.)

- Allocution de M. René M. SEGBENOU au nom du Pôle Afrique et du Comité Promoteur de l’UiTC ainsi qu’au nom de l’ADEPA,

- Allocution de M. Pierre VUARIN, au nom de la FPH, - Discours d’ouverture - Ministère du Commerce.

10H00 Pause café, photo de famille (30 min.)

10H30

Séquence 1 : L’évènement dans son contexte

- Objectifs et programme du forum (CB - Adépa) - UiTC comme structure porteuse de l’évènement (VU, SE, RS - UiTC) - Problématique générale de l’évènement, justification du thème choisi (RS-

UiTC) - Enjeux du commerce intra-régional des produits agricoles en AO (CB, AM -

Adepa/Ipar)

13H00 Pause déjeuner

15h00

Séquence 2 : « Les filières, les acteurs et le marché »

Président de Séance : Kolyang Palébélé

Secrétaires de séance : René Segbenou et Alain Mbaye

Filières Etudes de cas Interventions des acteurs

Tomate industrielle

IPAR - Producteur CNCFTI-Sénégal - Transformateur CNCFTI

Pomme de terre IPAR Producteur du Fouta Djalon

Travaux de groupes (6 personnes/groupe) : questionnements et idées forces

sur ces deux filières.

Bétail IPAR - Réseau Billital Maroobé - COFENABVI

Céréales IPAR Afrique Verte-Burkina

Travaux de groupes (6 personnes/groupe) : questionnements et idées forces

sur ces deux filières.

18H30 Fin de la journée

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Jour Heure Séquences et activités

19h00 Equipe d’animation : Bilan de la journée et programmation de la journée

suivante.

Jour 2: Jeudi

06 juin 2013

8H30

Filières Contexte Interventions des acteurs

Poisson ADEPA - GAIPES - EISMV

Travaux de groupes (6 personnes/groupe) : questionnements et idées forces

sur cette filière.

- Rendu et synthèse en plénière des réflexions de groupes (construction des thèmes transversaux)

10H30 Pause café

11H00

Séquence 3 : Dans quel sens faut-il aller ?

- Travaux de groupes sur les axes transversaux et propositions d’actions de redressement.

13H00 Pause déjeuner

15H00 - Mise en commun des travaux de groupes

17h00 - Expérience d’appui aux producteurs des pays andins : Christophe Boscher

18H00 Fin de la deuxième journée

18h30 Equipe d’animation : Bilan de la journée et programmation de la journée

suivante.

Jour 3:

Vendredi

07 juin 2013

08H30

Séquence 4 : Table ronde sur les questionnements soulevés

Institutions Organisations des acteurs

- UEMOA - CILSS - CEDEAO

- ROPPA

- ROESAO

- DMDA (Nigeria)

10H30 Pause café

11H00

Séquence 5 : Mise en perspective

- Rappel des éléments clés de la réflexion et propositions précédentes (axes transversaux, actions à mener)

- Travaux de groupe thématiques (identification de projets et d’engagements)

13H00 Déjeuner

15h - Mise en commun des travaux de groupes

17h - Bilan/évaluation du forum.

18H00 - Clôture du forum.

18h30 Fin de la journée.

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Annexe 2 : Liste et contact des participants

N° Nom Prénoms Structures Pays Téléphones E-mail

1. ADAHOU Christophe JINUKUN Bénin [email protected]

2. AGBESSI Roger T. A. ONASA Bénin [email protected]

3. AJAO Fatima DMDA Nigéria [email protected]

4. AKIOLA Kayossi JINUKUN Bénin [email protected]

5. ALTINE Boubacar RBM Niger [email protected]

6. AYI Klid Malick JINUKUN Bénin 00229 96 75 57 37 [email protected]

7. BABAKA Badjibassa UEMOA Bénin [email protected]

8. BAKUNDAKWITA Charles ADEPA Sénégal 00221 77 726 37 40 [email protected]

9. BARRY Yvan Moundor SOCAS/CNCFTI Sénégal 00221 77 450 70 79 [email protected]

10. BOSCHER Christophe AVSF Sénégal [email protected]

11. BUTARE Innocent CRDI Kenya [email protected]

12. CISSE Moussa CILSS Burkina Faso 00226 70 31 40 22 [email protected]

13. COULIBALY Douguitigui GAIPES Sénégal 00221 77 637 74 00 [email protected]

14. DAGAICHA Fidèle Landy MICPME Bénin 00229 97 41 10 70 [email protected]

15. DEHY Lucien ID PECHE Bénin 00229 97 19 06 11 [email protected]

16. DEMAGBO Brice JINUKUN Bénin 00229 95 81 16 47 [email protected]

17. DIALLO Mamadou Kourahouyé FPFD Guinée [email protected]

18. DIENG Ablaye CNCFTI Sénégal 00221 33 963 15 91 [email protected]

19. ESCRIBANO Sergi EMPODERA Espagne [email protected]

20. GBEFFO Jonas PNOPPA/ROPPA Bénin 00229 97 32 59 47 [email protected]

21. GBENOU Pascal SAIN Bénin 00229 97 65 56 28 [email protected]

22. HANKAN Parfait social Watch Bénin [email protected]

23. HEBIE Issiaka APROSSA/AV Burkina Fasso 00226 70 28 68 62 [email protected]

24. HOUNKPE Jeanine CES Bénin [email protected]

25. JACOVETTI Chantal CNOP Mali 00223 76 81 87 93 [email protected]

26. KANDI Ali Adam Zakaria AIVB Bénin 00229 97 08 53 04

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27. LAWSON Valéry JINUKUN Bénin 00229 95 56 29 77 [email protected]

28. MBAYE Alain IPAR Sénégal 00221 33 869 0079 [email protected]

29. MOUHAMMED Ahmed ADEPA Nigéria 00234 80 36 20 02 81 [email protected]

30. MUSABYEMANIYU Bellancille EISMV Sénégal 00221 77 175 06 49 [email protected]

31. OUATTARA Brahim ROESAO Côte d'Ivoire 00225 49 31 31 69 [email protected]

32. PAABELE Kolyang CNCRPT Tchad [email protected]

33. SAGBO PATRICE JINUKUN Bénin [email protected]

34. SAWADOGO Timbila Thomas COFENABVI Burkina Fasso [email protected]

35. SECK Pape Enda GRAF Sénégal [email protected]

36. SECK Samba ADEPA Sénégal 00221 77 068 80 02 [email protected]

37. SEGBENOU René UiTC Bénin [email protected]

38. SEGBO Christian Emmanuel UEMOA Bénin [email protected]

39. TAMOU Koto Ilyassou Synergie paysanne Bénin 00229 95 09 19 91 [email protected]

40. UGARTE Vladimir EMPODERA France [email protected]

41. VUARIN Pierre FPH France [email protected]

42. ZANNOU Clément FIDA Bénin 00229 68 27 13 91 [email protected]

43. ZOUNNON Inès JINUKUN Bénin 00229 97 68 72 68 [email protected]

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Annexe 3 : Attentes et craintes des participants

EVENEMENT UiTC

Commerce intra-régional des produits agricoles en Afrique de l’Ouest

Cotonou, 5 – 7 juin 2013

Journée du 050613

ATTENTES DES PARTICIPANTS

• Intérêt pour l’UiTC

o Intéresser davantage de membres de l’UiTC Pôle Afrique

o Approfondir ma connaissance de l’UiTC (raisons d’être, objectifs, stratégie,

fonctionnements…)

o Avoir à la fin de la rencontre des engagements forts pour que le pôle Afrique de

l’UiTC ait du grain à moudre et que nous puissions être reconnus comme acteurs

capables de soutenir le commerce sous régional

• Plaidoyer, Défense d’intérêts, Engagements, Stratégies

o Comment construire un plaidoyer commun par rapport aux APE (tarif douanier,

OMC/Cycle de Doha…) et quelles actions communes ?

o Parvenir à trouver des solutions idoines pour les débouchés aux produits agricoles et

particulièrement le poisson

o A la fin du forum, les bases de la mise sur pied d’un réseau de commerce intra

régional doivent être élaborées

o Comment aider à la reconnaissance des produits agro-écologiques que produisent

nos paysans et faciliter leur commercialisation

o Dégager des recommandations fortes, objectives et faisables pour promouvoir le

commerce intra régional des produits agricoles et halieutiques pour assurer la

sécurité alimentaire

o Recommandations et propositions pour la libre circulation des produits alimentaires

o Des propositions concrètes, réalistes et réalisables immédiatement après l’atelier

o Atterrir sur des résultats concrets et qui devront nécessiter une poursuite de

réflexion et de l’action

� Points spécifiques : articulation entre commerce sous-régional , politiques

agricoles nationales et ECOWAP, agriculture paysanne, fonction set rôles des

organisations de petits producteurs entre autres

o Quelles propositions concrètes pour améliorer la circulation des produits agricoles

dans la zone CEDEAO

o Mettre en place un pôle des marchés de l’AO

o Institution de financement pour la promotion du commerce agroalimentaire

o To see that at end of this workshop, a breakthrough is discovered which will

practically promote regional trade of agriculture produce in West Africa. Against the

policies adopted by ECOWAS which are not practical

o Pistes/propositions en vue d’élaborer des projets/programmes pour dynamiser le

commerce des produits locaux

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o Propositions concrètes pour augmenter la disponibilité et l’accessibilité des aliments

périssables comme viandes, poissons dans nos pays

o Des propositions sont faites pour l’amélioration des politiques publiques sous

régionales dans le secteur du commerce

o Identifier des filières locales, nationales, sous régionales sur lesquelles une

intervention des différents acteurs est possible et intéressante, afin de développer

des filières plus durables permettant un revenu pour les paysans, pêcheurs et des

produits accessibles pour les consommateurs

o Quelles stratégies au niveau de nos états pour faciliter la circulation des produits

agricoles locaux ? Comment amener nos états à cela ?

o Comment permettre, de manière concrète, la circulation durable des produits

agricoles locaux au niveau de la sous-région ?

• Partenariat, Coopération, Echanges d’expériences, Réflexions, Analyses…

o Mutualiser les données, réflexions analyses

o Un mécanisme de partenariat entre les acteurs du commerce intra régional des

produits agricoles doit être défini

o Que les expériences des uns et des autres puissent ouvrir des possibilités pour le

commerce intra régional

o Analyse objective et réaliste de la dynamique du commerce intra régional

o Partage de réflexions avec acteurs à la base sur le commerce sous régional des

produits locaux

o Partage d’expériences ou d’acquis en matière de commercialisation des produits

locaux (niveau national ou régional)

o Des alliances fortes sont construites à l’échelle sous régionale entre acteurs pour la

promotion du commerce des produits agricoles

• Echanges commerciaux, Accords, Marchés, Financement…

o Favoriser les échanges agricoles entre pays et particulièrement produits vivriers

o Quelles sont les institutions de finance qui s’intéressent à investir dans le secteur du

commerce des produits alimentaires des petits producteurs locaux

o Comment renforcer les initiatives sous régionales de promotion des produits locaux

� Bourses agricoles régionales

� Journée de promotion des produits locaux transformés au niveau régional

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Annexe 4 : Idées forces et questionnement après la présentation sur les filières.

1. Renforcement du commerce intra-régional des produits agricoles

- Développer à travers les programmes de recherche appliquée des produits qui se conservent plus longtemps.

- Engagement des Etats pour la sécurité alimentaire des populations. - L’intervention de l’Etat (Burkina Faso) dans les filières de céréales locales est à revoir car, très

souvent, elle cause des perturbations au niveau des prix au détriment aussi bien des producteurs que des consommateurs.

- L’appui des Etats et des structures sous-régionales sont nécessaires pour dynamiser les échanges.

- Garder la maîtrise et le contrôle de la gestion de la production et de la commercialisation par les structures économiques des opérateurs.

- Sécurisation des structures et des circuits commerciaux. - Renforcer les stratégies de diffusion des informations commerciales auprès des producteurs de la

sous-région. - Comment créer un rapport de force sous-régional pour favoriser la circulation des produits (tarifs

douaniers, infrastructures, tracasseries et extorsions aux frontières, etc.) ?

2. Renforcement des filières agricoles

- Quel mode de financement approprié pour permettre le développement des chaines de valeurs ? - Promouvoir les filières qui garantissent un meilleur revenu à tous ses acteurs, de même qu’une

meilleure sécurité alimentaire à tout le pays. - L’importance d’intégrer le changement climatique dans le renforcement des filières. - La structuration des OP et la concertation interprofessionnelle sont des condition préalables au

renforcement des filières. - L’Etat doit jouer correctement son rôle régalien pour le renforcement des filières. - En dehors du prix, y-t-il des mécanismes connexes de prélèvement pour financer des

infrastructures sociales dans les zones de production (cas de la tomate industrielle au Sénégal) ? - Renforcement des organisations des producteurs au niveau sous-régional

3. Modèles de Production

- La spécialisation sur une culture unique ne constitue-t-elle pas une menace pour la sécurité alimentaire et pour les producteurs ?

- Est-il possible de passer de l’exportation du bétail sur pied à l’exportation de la viande ? - Quels systèmes de production pour réduire l’impact des produits chimiques ?

4. Sécurisation des acteurs des filières

- Sur quels leviers appuyer pour sécuriser les débouchés des filières agricoles ?

- L’incohérence entre les importations et le développement agricole. Comment gérer cette question dans le cadre des échanges de l’OMC ?

- Comment généraliser la mise en place de garanties au niveau du secteur agricole ?

- La gestion des risques dans l’organisation des filières, notamment celles de l’élevage. - Comment généraliser la mise en place des assurances agricoles dans nos Etats ?

- Chaque fois que les producteurs se sentent sécurisés, ils se prennent en charge et parviennent à satisfaire les besoins de la demande (le cas de la tomate industrielle au Sénégal).

- Assurer le financement et l’assurance de la production. - La réussite des expériences est liée au respect des engagements. - Faciliter l’accès aux ressources financières et foncières pour les exploitations agricoles familiales. - Quels mécanismes de sécurisation adopter pour protéger les producteurs paysans ?

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Annexe 5 : Allocution de M. René SEGBENOU, Président de JINUKUN – COPAGEN,

représentant la Présidente de l’Association Ouest Africaine pour le Développement

de la Pêche Artisanale (ADEPA) lors de la cérémonie d’ouverture du forum.

Monsieur le représentant de la Ministre du Commerce, des Petites et Moyennes Entreprises, Merci de nous faire l’honneur d’être présent. Veuillez transmettre nos remerciements à Madame la Ministre de vous avoir désigné pour la représenter à cette importante rencontre. Sont aussi présents dans cette salle, des personnalités qui représentent

des organisations internationales onusiennes,

des organisations inter Etats d’Afrique de l’Ouest,

des administrations publiques des Etats de la sous région,

la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme, communément appelé FPH. ,

le Comité Promoteur de l’Université internationale Terre Citoyenne (UiTC),

le Pôle Afrique de l’Université internationale Terre Citoyenne (UiTC),

des organisations régionales de paysans et de producteurs Agricoles d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale,

des organisations faîtières nationales de paysans et de producteurs agricoles,

des Organisations Non Gouvernementales d’Afrique de l’Ouest,

Mesdames, Messieurs Je voudrais, au nom du comité d’organisation de la présente rencontre, remercier toutes ces personnes qui ont répondu à notre appelle. Parmi elles, il y en a qui sont venues de loin, d’Europe et de plusieurs pays d’Afrique. Je souhaite à toutes et à tous la bienvenue au Bénin, en attendant qu’une voix officielle le fasse. Les œuvres de l’esprit humain ne sont utiles que si elles contribuent à améliorer l’humanité partagée par chacun de nous. La recherche scientifique a déjà prouvé que l’évolution de l’être humain ne connaîtra plus de grandes avancées au plan biologique, mais que par contre au plan intellectuel et social, des évolutions fulgurantes ont déjà eu lieu et sont encore attendues. Rien que sur le plan du traitement de l’information, les évolutions n’attendent plus le millier d’années et les transformations sociales n’arrêtent de nous surprendre. Quel que soit le domaine dans lequel nous sommes amenés à agir pour des transformations sociales positives, nous devons travailler à la construction de connaissances et de savoirs nouveaux ou tout au moins appropriés. La dynamisation du commerce intra régional qui va nous occuper pendant ces trois jours n’échappe pas à cette règle. Nous ne pouvons résoudre les problèmes posés qu’en nous inscrivant dans une démarche collective de construction de connaissances et de savoirs, en faisant appel aux expériences des acteurs qui y travaillent au quotidien. C’est pourquoi les catégories d’acteurs ci-dessus mentionnées ont été invitées, pour qu’elles mettent en commun toutes leurs capacités dans une démarche de recherche – action – formation. L’Université Internationale Terre Citoyenne, est justement un espace dans lequel cela est possible. Il s’agit en effet d’un espace plutôt virtuel dans lequel la liberté de créer des idées nouvelles est assurée à chaque participant. Aujourd’hui le constat est fait que les modes de construction de connaissances et de savoirs dans nos universités et autres lieux de formation fonctionnent de telle manière que leurs produits servent peu au changement social positif. C’est pourquoi les fondateurs de l’Université internationale Terre Citoyenne, ont décidé de relever le défi d’offrir à toute personne qui le désire, un espace, dans lequel sont disponibles des expériences de tout genre, des outils de réflexion, qui stimulent l’œuvre de l’esprit. Ceci est universel et donc accessible par tout.

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Généralement quand Jinukun prend la parole ici au Bénin, on s’attend à ce qu’il parle de la diversité biologique et des OGM. Aujourd’hui, ce n’est pas le sujet, mais je saisis l’occasion pour souligner comment ces questions de biodiversité et des OGM sont reliées à toutes les autres questions de développement. Nous disons pour cela qu’il faut avoir une vue holistique ou pluridimensionnelle des choses. Depuis quelques temps nous avons inauguré une nouvelle phase de notre travail, qui consiste à démontrer de façon pratique qu’il est possible de nourrir le monde avec une agriculture sans engrais chimiques et sans pesticides chimiques. Quand nous avons abordé la question avec les producteurs agricoles, l’un des obstacles qui ralentit l’adoption massive des pratiques agricoles écologiques, c’est le marché. Si donc nous voulons barrer la route à l’agriculture chimique dans la sous-région, il faut ouvrir le marché sous régional aux produits de cette agriculture non chimique. Aujourd’hui, les échanges commerciaux entre les pays de l’Afrique de l’Ouest représentent seulement un peu plus de 10% de leur commerce avec le monde. Ce n’est pas normal. L’autre chose qu’il me plait de souligner est comment le travail que nous faisons dans chacun de nos pays et même sous-régions, ne peut être efficace s’il n’est relié d’une manière ou l’autre à l’international, ne serait-ce que parce que certains des problèmes que nous voulons résoudre sont causés par des entités qui ont décidé d’être institutionnellement apatrides. Il faut donc penser et agir à la fois global (macro) et micro. C’est là que j’ai eu le privilège d’entrer en contact avec la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, à travers l’Association ouest africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale (ADEPA), au nom de laquelle la présidente absente, Mme Lucie TETEGAN ATIKPA m’a demandé de prendre la parole. La Fondation Charles Léopold Mayer a selon moi, la particularité de penser et d’agir global pour être efficace au niveau communautaire. L’une des missions de la Fondation pour le Progrès de l’Homme, appréciée à l’ADEPA, est qu’elle fait en sorte que toute personne, toute institution qui bénéficie de son appui, agisse de manière à être ou à créer un citoyen du monde, responsable à ce titre du bien être de la planète. La Fondation veut que nous puissions travailler ensemble à construire la planète telle que nous aimerions y vivre. C’est pourquoi elle a accepté de financer la présente rencontre. Au nom du Pôle Afrique de l’UiTC, je la remercie très sincèrement. Vers la fin des années 1990, l’ADEPA a été grandement ouverte sur le monde grâce à la Fondation pour le progrès de l’Homme. L’ADEPA a ainsi participé à de nombreuses rencontres de réflexion et d’échanges d’expériences dans le cadre de l’espace appelé Alliance Internationale Terre Citoyenne (AiTC). Ces réflexions vont donner naissance à l’Université internationale Terre Citoyenne. Tous les représentants de l’ADEPA qui ont participé à ces échanges revenaient toujours enrichis, parce que cela permettait d’être en contact avec des façons de penser et d’agir provenant à la fois de plusieurs continents (Afrique, Amérique, Asie, Europe), de plusieurs pays, de plusieurs civilisations et cultures. Nous avons ainsi participé à la création de l’Université internationale Terre Citoyenne et nous y croyons, bien sûr. Nous avons pu avoir une idée de comment les questions concernant la pêche artisanale sont posées et résolues ailleurs sur d’autres continents. Ce n’est donc pas par hasard que l’ADEPA a pris à bras le corps le rôle de leader dans le Pôle Afrique de l’UiTC. Nous avons ainsi engagé la première formation d’Afrique susceptible d’être labellisée UiTC. Il s’agit de la formation des leaders pêcheurs pour les rendre capables de transformer positivement les conditions d’exercice de leurs activités, mais aussi de devenir des forces de propositions dans des espaces où l’on élabore les stratégies de développement de leurs secteurs d’activité : la pêche. L’histoire des peuples nous enseigne que la qualité de vie et les possibilités de réalisation collective et individuelle, professionnelle et sociale, dépendent de la capacité des citoyens à influer sur le cours des événements qui impactent leurs conditions de vie. Tout processus réel de développement est fondé sur l’accès équitable aux connaissances et aux savoirs qui libèrent l’esprit humain. Les moyens utilisés par l’UiTC pour atteindre ses objectifs sont de formes diverses, notamment des formations présencielles, des formations en ligne, des rencontres annuelles, le site web, des supports audio visuel, etc. Par ailleurs l’UiTC organise périodiquement des manifestations appelées

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« évènements UiTC » comme celui dont nous ouvrons les travaux ce jour. Cet évènement est le premier que l’UiTC organise en Afrique. Il est porté par ses membres africains regroupés dans « le Pôle Afrique » que nous avons mis en palce en juin 2012 à Dakar. Les membres en sont les suivants : - Conseil National Consultatif des Producteurs Ruraux du Tchad (CNCPRT) – Tchad ; - Coordination Nationale des Organisations Paysannes au Mali (CNOP) – Mali ; - Solidarités Agricoles Intégrées (SAIN) – Bénin ; - Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) – Sénégal ; - Association JINUKUN – COPAGEN – Bénin - Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN) – Côte d’Ivoire ; - Initiatives Développement Pêche (ID PECHE) – Bénin ; - Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale (ADEPA/WADAF) –

Sénégal. Citoyens de l’Afrique, nous croyons fermement que le continent ne peut s’en sortir que si les Etats qui le composent acceptent résolument d’entrer dans la dynamique de l’intensification de leurs échanges. L’Organisation de l’Unité Africaine devenue Union Africaine vient de fêter ses 50 ans. Pourtant un Camerounais qui arrive à Cotonou après à peine une heure trente de vol a l’impression qu’il a atterri sur un autre continent. Les Etats ont mis de grands moyens pour créer des ensembles sous régionaux comme l’UEMO, la CEDEAO, la CEMAC, SADC, NEPAD, etc. Mais cela n’a pas eu un effet significatif sur leurs échanges. Au lieu de se lancer dans de grands discours, l’UiTC a décidé de partir de cas concrets pour voir comment circulent les produits agricoles locaux dans la sous région (les produits de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche), les atouts aujourd’hui, les problèmes et difficultés rencontrés, les solutions en cours et perspectives. Au nom du Pôle Afrique de l’UiTC, j’invite instamment tous les participants à l’événement qui va nous réunir pendant trois jours, à user de la liberté de penser que procure l’espace UiTC pour créer des idées nouvelles, mais aussi prendre des engagements, afin que cette rencontre ne soit pas une de plus, dont le rapport sera classé sur les étagères de nos bureaux et de ceux de nos partenaires. Il n’est jamais trop tard pour agir. Merci de votre attention.

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Annexe n° 6 : Allocution de M. Mahoussi Claude ALLAGBE, Directeur Général du Commerce

Intérieur représentant Mme la Ministre de l’Industrie, du Commerce, des Petites et

Moyennes Entreprises.

Mesdames, Messieurs les représentants des organisations internationales onusiennes,

Mesdames, Messieurs les représentants des organisations inter Etats d’Afrique de l’Ouest,

Mesdames, Messieurs les représentants des administrations publiques des Etats de la sous région,

Messieurs les membres du Comité Promoteur de l’Université internationale Terre Citoyenne (UiTC),

Mesdames, Messieurs les représentants du Pôle Afrique de l’Université internationale Terre Citoyenne (UiTC),

Mesdames, Messieurs les représentants des organisations régionales de paysans et de producteurs Agricoles d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale,

Mesdames, Messieurs les représentants des organisations faîtières nationales de paysans et de producteurs agricoles,

Mesdames, Messieurs les représentants des Organisations Non Gouvernementales d’Afrique de l’Ouest,

Mesdames, Messieurs Je voudrais tout d’abord, au nom du Gouvernement Béninois, souhaiter la bienvenue à tous nos hôtes, venus de près ou de loin pour participer à cette rencontre de haut niveau. Il me plaît ensuite de féliciter les initiateurs de la présente rencontre, qui a pour objet « Dynamisation du commerce intra-régional des produits agricoles locaux et sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest : quelle contribution des acteurs du secteur ? », en cette année anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine, aujourd’hui Union Africaine. Il y a 50 ans, les Pères de l’Unité Africaine rêvaient d’une Afrique Unie et Forte et nous pouvons dire que dans leur projet, ils portaient aussi une Organisation Africaine où les échanges seraient fluides entre ses Etats Membres. Malheureusement aujourd’hui, les échanges entre les Etats Africains ne représentent que difficilement les 12% de nos échanges avec le monde. C’est dire que le sujet sur lequel porte cette rencontre est d’une grande importance pour chacun de nos Etats. Au sein du Ministère, où je suis arrivée, il n’y a que très peu de temps, je me suis mise très vite au travail pour que le Commerce et les Petites et Moyennes Entreprises prennent un essor nouveau, pour jouer pleinement le rôle qui est le leur dans le développement de notre pays. Mais aucun des pays africains ne peut se développer s’il reste enfermé sur lui-même. Booster les échanges intra-régionaux en Afrique, c’est agir sur un levier incontournable pour le développement de chacun de nous. Cela demande de la réflexion et de l’action à un niveau élevé, pour qu’aucune chance ne soit laissée au tâtonnement dans le traitement d’un sujet d’une aussi grande importance pour nous tous. Même si d’une façon générale, nos institutions sous-régionales comme la CEDEAO et l’UEMOA pour l’Afrique de l’Ouest sont à pied d’œuvre pour lever les obstacles institutionnels à la libre circulation des personnes et des biens dans leurs espaces respectifs, l’approche que vous avez adoptée, de travailler filière par filière pour identifier et analyser les problèmes mais aussi les atouts que recèle chacune des filières considérée, est la bienvenue. Par ailleurs il est urgent que se constituent sur le continent africain, des pôles autonomes de réflexion et d’action qui bénéficient d’expertises non seulement des administrations publiques

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nationales et sous-régionales, mais aussi des structures non étatiques. La coopération ‘secteur privé / secteur public’ tant souhaitée pour accélérer le développement économique de nos pays, doit être pensée aussi bien au plan technique qu’éthique. C’est vous dire, Mesdames et Messieurs réunis ici ce matin pour une cause que je qualifie de juste, la haute conscience que nous avons au Ministère du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises, du rôle qui est le nôtre pour un développement équilibré et durable fondé sur des échanges qui doivent se faire bien loin de l’esprit du capitalisme sauvage qui ne peut que mettre à mal l’économie mondiale. L’Etat est plus que jamais appelé pour jouer le rôle régalien d’arbitre et de contrôleur pour que les règles du jeu restent le plus proche possible de l’équité. La meilleure garantie pour cela est de ne point écarter les principaux acteurs que sont les producteurs agricoles, les commerçants, les transporteurs, les administrations nationales et sous-régionales, les experts, etc. à l’heure de la décision, car une stratégie, une solution collectivement construite est plus facile à mettre en œuvre, quand l’heure de l’action sonne. En même temps que je vous recommande de l’assiduité aux travaux, je ne peux m’empêcher de vous exhorter à profiter du cadre agréable que vous offre l’agglomération de Cotonou (Cotonou, Abomey-Calavi et Sèmè-Kpodji) ou la ville d’Abomey-Calavi, dotée d’une taille à dimension humaine, frappée par la brise de l’Atlantique, regorgeant de curiosités gastronomiques et distractives. Pour ma part, je voudrais féliciter les initiateurs de cette rencontre qui réunit des participants non seulement du continent africain, mais aussi d’Europe, et souhaiter que les trois jours de travail à venir soient des moments d’échanges fructueux au profit du développement de nos pays respectifs. Sur ce, je déclare ouvert le forum régional sur « Dynamisation du commerce intra-régional des produits agricoles locaux et sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest : quelle contribution des acteurs du secteur ? ». Je vous remercie.