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AAM association des anciens de la météorologie AAM association des anciens de la météorologie bulletin quadrimestriel ® 3/3 - 2018 n uméro 187

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A A Massociation des anciens de la météorologie

A A Massociation des anciens de la météorologie

bulletin quadrimestriel ® 3/3 -2018 numéro 187

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sommaire du numéro 187

Édito de Christine Dreveton

LA VIE DE L’ASSOCIATION2 Compte-rendu de

l’AG 21089 Pèlerinage nocturne

à Chartres avecla délégation Ile-de-France

12 Visite de la soufflerie Eiffel15 Remise du prix 2018

AAM – Patrick Brochet –16 Mémoire primé :

Adaptation d’un modèlede surcote cyclonique pourla Nouvelle-Calédonie

page 22

AU TEMPS PASSÉ22 Réseaux météos

aux XVIIe et XVIIIe siècles

page 33

TRIBUNE LIBRE33 Ces années là…35 En souvenir

de Jean-Pierre Musiedlak37 Notes de lecture

Pour éviter le chaos climatiqueet financierpar J. Jouzel et P. LarrouturouLe changement climatiqueMenace pour la démocratie ?par V. Laramée de Tannenberg

page 25

ACTUALITÉS MÉTÉO25 22 août 2018 :

lancement du satelliteAeolus

28 Actualités météorologiques

page 39

ACTION SOCIALE39 Infos retraite41 Action social en faveur

des retraités de Météo-France

page 29

SOUVENIRS ET TEMOIGNAGES29 Il était une fois…

un pilotin météosur un pétrolier…

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Édito

arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 186

Aumoment où vous lirez ces lignes, 2018 sera déjà derrière nous. Une année inscrite dans la conti-nuité des années précédentes au niveau de l’AAM ; je profite de cet éditorial pour remercier tousceux qui, par leur participation et leur implication, contribuent à faire vivre l’association. Grâce àvous tous, l’AAMest une association dynamique, comme vous pourrez le constater une fois de plusdans ce numéro de notre revue Arc En Ciel, avec des articles qui traitent de la vie de l’association,des témoignages du passé, des préoccupations actuelles concernant les évolutions scientifiques ettechnologiques, du changement climatique, des discussions sur l’évolution des retraites, …

Notre Assemblée Générale, à Saint-Sauves d’Auvergne, s’est déroulée dans un climat convivial eta suscité des débats constructifs et intéressants. Elle a permis d’annoncer la distinction, en tant quemembres honoraires, de Nicole Gazonneau et de Jean-Paul Bénec’h, pour leur implication dans lavie de l’association, et de nommer Président d’Honneur Jean-Louis Plazy, qui a été Président del’AAM de 2013 à 2017 et continue à s’impliquer fortement dans la vie de l’association. Félicitationsà eux trois et également aux trois nouveaux administrateurs, qui ont été élus lors de l’AssembléeGénérale : Danielle Garnier, Marc Gillet et Claude Nano- Ascione.

Suite à cette assemblée générale, le règlement intérieur de l’association a été modifié, de manièreà préciser l’aide apportée aux régions, pour favoriser l’organisation d’activités locales, et prendreen compte la création du nouveau comité communication. Le règlement du prix Patrick Brochet, quipermet de récompenser un jeune diplômé de l’ENM, a également été revu, de manière à disposerd’un nombre suffisant de candidats chaque année.

Les activités régionales continuent à se développer et c’est une très bonne chose. On ne peut quedéplorer le fait que notre couverture régionale soit insuffisante et ne permette pas de proposer desactivités locales à l’ensemble des membres de l’association.

Il est important de rappeler l’aide apportée par Météo-France, qui a accepté de renouveler notreconvention pour les trois prochaines années, jusque fin 2021. Cette aide nous est précieuse, notam-ment pour l’édition de notre revue et nos actions Mémoire.

Pour 2019, nous avons de nombreux projets, notamment la modernisation de notre site internet,afin de le rendre plus clair et de bénéficier de nouvelles technologies. Le développement du nou-veau site a bien avancé en 2018 et la bascule devrait avoir lieu mi-2019.

Bien sûr, nous n’oublions pas ceux d’entre nous qui ne sont pas familiers au monde internet et ilest primordial pour l’AAM de garder la qualité de notre revue AEC, qui constitue un lien importantentre les membres de l’association et contribue largement à faire connaître l’AAM auprès des insti-tutionnels et des services de Météo-France où elle est distribuée. N’hésitez surtout pas à nousfaire part de vos propositions d’articles pour faire vivre notre revue AEC.

Nous essaierons également de poursuivre nos actions de communication, notamment vers lesactifs de Météo-France, de manière à nous faire connaître des futurs retraités.

Des efforts seront également menés pour unemeilleure couverture régionale, de manière à propo-ser au plus grand nombre d’entre vous des activités locales.

Nous ne pouvons que souhaiter que le dynamisme de l’AAM perdure et permette une longue vie ànotre association.

Dans le cadre de l’association et sur le plan personnel, je vous souhaite, à vous tous ainsi qu’à vosproches, une très bonne et heureuse année 2019 et une bonne santé.

CHRISTINE DREVETON

1arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

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arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 1872

LA VIE DE L’ASSOCIATION…

L’assemblée générale de l’Associationdes Anciens de la Météorologie s’est tenuele 2 octobre 2018 dans une salle du centrede vacances « Le domaine des Puys »à Saint-Sauves d’Auvergne (63).45 membres y ont assisté (photo 1),certains accompagnés de leurs conjoints,portant ainsi la participation à 65 personnesy compris les invités (voir liste).Le bureau de vote a été ouvertpar Pierre Chaillot et Colette Vichery,dans la même salle permettant ainsi à ceux quine l’avaient pas déjà fait par correspondanced’exprimer leur avis et de répartiréquitablement les 112 pouvoirs reçus.Notre Présidente Christine Dreveton ( photo 2)a ensuite prononcé cette courte introduction :

Bonjour à toutes et à tous,chers amis de l’AAM,

Merci de vous être déplacés nombreux pour assister àl’assemblée générale de notre association organisée cetteannée sur le site du VTF à Saint-Sauves d’Auvergne.

Je tiens, en tant que présidente de l’AAM et au nom de noustous, à remercier Jean-Noël Veyron-Churlet pour nous avoirdonné l’idée de tenir notre Assemblée Générale sur ce siteet Jean-Louis Plazy pour l’organisation du séjour associé.J’ai le plaisir de vous présenter nos invités : ChristianMalgarini, Président du CCAS et Marie-Christine Dufresne,Présidente de l’ANAFACEM. Je vous fais part des excusesdes assistantes de service social qui, pour des raisons d’em-ploi du temps, n’ont pas pu se joindre à nous. IsabelleGrosgeorge de la DRH de Météo-France pensait venir et aété contrainte d’annuler au dernier moment. Elle nous a faitpart de ses excuses et de toute l’attention que porte Météo-France aux activités de l’AAM qui permettent de développeret maintenir un lien social fort entre anciens météos.Egalement invité mais n’ayant pu venir, Philippe Bozzio,Président d’ARAMIS, souhaite entretenir de bonnesrelations entre nos deux associations.

Nous déplorons également quelques désistements, notam-ment celui de notre trésorier, Jean-Claude Biguet, qui n’a paspu venir au dernier moment et nous regrettons l’absence detoutes celles et ceux à qui l’âge ou la santé ne permettentpas de nous rejoindre.

Je déclare donc la 71e Assemblée Générale de l’Associationdes Anciens de la Météorologie ouverte.

Nous allons commencer par le rapport moral.»

COMPTE-RENDUde l’Assemblée générale 2018

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arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187 3

La vie de l’association…

Liste des participants à l’AG 2018

Bigot Marie-ClaudeCastanet Jean-Pierre et ThérèseCelhay EmmanuelChaillot Pierre et AnnickChalon Jean-Pierre et Gaubert MichèleChampeaux Jean-Louis et DominiqueClavier Joseph et Marie-ThérèseCoiffier Jean et FlorenceDreveton ChristineDufresne Marie-Christine*Dutartre Francis et Cabrière YvetteFichaux ClaudeM. et Mme Gaumet Jean-LouisGillet MarcGodefroid GuyGuillemot Marie-Martine et Jean-PhilippeImbard MauriceLambergeon Denis et MoniqueLarmagnac PhilippeLe Quentrec AnnickLemesnager Liliane et PatriceLeparoux Paul et MichèleLeroy Patrick et MartineLuneau BernardMeillieux Michel et Christiane PicardMurati MarcNano-Ascione Claude et Marie-ClairePailleux JeanPlazy Jean-LouisPoiret Jean-Marie et MichèleRival Lionel et FrançoiseSaurel Jean-Pierre et MartineSiméon JacquesStéphan GeorgetteTardieu Jean et FrançoiseThomasset Jean-Louis et YvetteVerdou Jean-Pierre et MoniqueVeyron-Churlet Jean-Noël et SoniaVichery Jean-Jacques et ColetteVoirin RégisYvert-Jalu Hélène Anne-Marie

*Invités : Marie-Christine Dufresne (membrede l’AAM et Présidente de l’ANAFACEM)Christian Malgarini (Président du CCAS)

Rapport moral

“Je voudrais commencer par remer-cier tous ceux qui m’ont aidée dansma nouvelle fonction de présidente,notamment au sein du bureau et duconseil d’administration. Je remercieégalement les responsables et lesmembres de nos différents comitéset délégations régionales, qui se sontpleinement investis dans leurs mis-sions, pour faire vivre l’association etassurer la continuité des actionsmenées les années précédentes.

Ainsi, le comité loisirs a organisé unvoyage en Crète cette année et a déjàdes propositions à vous faire pour2019 et 2020. 2019 sera une annéeparticulière. Suite au sondage effec-tué et pour permettre au plus grandnombre de participer à l’AssembléeGénérale, le conseil d’Administrationn’a pas retenu l’idée d’organiser l’As-semblée Générale à La Réunion maisuniquement le voyage qui, pour desraisons climatiques, se tiendra enseptembre. De ce fait, l’AssembléeGénérale, qui se tiendra à Lyon, seraavancée exceptionnellement au prin-temps. Le comité Mémoire, pour desraisons diverses de manque de dispo-nibilité de ses membres, a relative-ment peu avancé mais a toutefois étérelancé. Certaines actions sont restéesen suspens notamment des inter-views réalisées qu’il reste à mettre enforme, ce travail sera finalisé dès quepossible. Par contre, l’action concer-nant l’historique des stations ferméesa pu démarrer cette année.

Nous verrons tout à l’heure les nou-veautés concernant le règlement duprix de l’AAM, qui a été revu demanière à disposer d' un nombre suf-fisant de candidats chaque année.

Nous verrons également que les délé-gations régionales ont continué àœuvrer, même s’il nous reste deszones non couvertes. Il faudra nouspencher sur ce problème, pour pou-voir proposer des activités locales aumaximum d’entre nous.

Le comité rédaction a continué à pro-mouvoir son action pour proposer

une revue de qualité avec 3 numérosd’ arc en ciel parus cette année. Jecrois que l’on peut vraiment dire ungrand merci au comité de rédactionpour la qualité de la revue arc en ciel,très importante pour tous et, en parti-culier, pour ceux qui peuvent difficile-ment se déplacer pour participer auxactivités régio-nales ou nationales.Cette revue est très appréciée par lesmembres de l’AAM, et contribue parailleurs à faire connaître l’associa-tion, notamment au sein des servicesde Météo-France où elle est distri-buée. Elle constitue une vitrine impor-tante de l’association.

Une autre vitrine et vecteur d’infor-mation de l’AAM est, bien sûr, notresite internet, géré de manière remar-quable par Marc Murati, que l’on peutégalement remercier, pour tout letravail qu’il fait pour l’association eten particulier pour sa réactivité.

Il nous a semblé important cetteannée de développer des actionsde communication, pour mieux faireconnaître l’association, notammentauprès des personnels de Météo-France encore en activité. Pour coor-donner ces actions et en assurer lesuivi, un comité communication a étécréé. Des discussions au sein de cecomité ont conduit à la proposition dedévelopper un nouveau site internet,pour utiliser de nouveaux outils etbénéficier de nouvelles fonctionna-lités. Le travail a déjà bien avancégrâce à une bonne implication etune bonne synergie entre Jean-LouisChampeaux et Marc Murati. Uneprésentation avec démonstration dunouveau site vous sera faite tout àl’heure ; la bascule vers celui-ci estprévue d’ici l’été 2019.

Nous avons continué à maintenir nosrelations avec d’autres associationset avec Météo-France. Nous avonseu l’accord de Jean-Marc Lacave,PDG de Météo-France, pour recon-duire la convention qui nous lie àMétéo-France jusqu’à fin 2021 ; c’estune très bonne chose pour notreassociation.

Comme vous avez pu le voir, nousavons un ordre du jour assez chargé.Si vous n’avez pas de questions, jevous propose de passer la parole àMarie-Claude Bigot qui va vous pré-senter le rapport d’activités.”

Photo 1 : Une partie des participantsavec au premier plan à gauche nos deux invités :Christian Malgarini (à gauche)et Marie-Christine Dufresne.

Photo 2 : Au bureau de séance,de gauche à droite, Marie-Claude Bigotet Christine Dreveton.

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arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

La vie de l’association…

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Rapport d’activités

La secrétaire générale, Marie-ClaudeBigot prend ensuite la parole pour pré-senter le rapport d’activité 2017. Celle-ci a évoqué les points suivants : lefonctionnement interne, les effectifs del’AAM, la situation financière, les rela-tions entre l’AAM et Météo-France,l’activité envers les jeunes, les publica-tions et le site Internet, les voyages etles sorties, l’honorariat, et le lien avecles autres associations.

Ce rapport d’activités n’a pas fait l’objetde commentaires* et a été adopté àl’unanimité.

Puis, uneminute de silence a été obser-vée en souvenir de nos amis décédésdepuis la dernière assemblée (voir listepage 7).

Rapport financier

LaPrésidente adonné laparole àPatrickLeroy (Trésorier Adjoint 2017) pour lerapport financier. Celui-ci a lu le rapportétabli en collaboration avec Jean-ClaudeBiguet (Trésorier 2017) et PhilippeLarmagnac (soutien équipe financière) :

1 - Compte d’exploitation 2017Le compte d’exploitation brut 2017, quiconcerne les recettes et les dépensesreçues et payées en 2017, fait ressortirun déficit de 547,82 €. Cela est dû aufait que les frais de réservation pour laprésente AG ont été faits en décembre2017 alors qu’il n’y avait encore aucunerecette correspondante. Sans cela,l’exercice aurait été largement excé-dentaire.

Côté recettes : Les recettes, hors sor-ties/voyages se sont élevées à18 791,90 €. A noter une rentrée descotisations (8 425 €) en nette augmen-tation par rapport à 2016. Ceci est dûaux nombreux rappels par mail, cour-riers ou appels téléphoniques auprèsd’adhérents qui « oublient » de payerleur cotisation en début d’année.Malheureusement, 2018 s’annonce, ànouveau, en recul.

Côté dépenses : Les dépenses, horssorties/voyages se sont élevées à15 803,14 € auxquelles il faut ajouter, jel’ai déjà dit, une avance de 4 219€ pourcette AG soit un total de 20 022,14 €.

Sorties/voyages : Par définition, ceux-ci étant payés par les participants, lesdépenses équilibrent à peu de choseprès les recettes, et bien qu’ellessoient prises en compte dans le comp-te d’exploitation, elles influent assezpeu sur la balance finale.

2 - Bilan financierRappelons que le bilan est le cumul desavoirs sur le compte courant et le livret Adiminués des dépenses dues etnon encore réalisées. C’est le cas desdépenses d’impression du bulletin Arc-en-ciel par exemple. Au 31/12/2017, lebilan s’élève à 36 775,28 €, en quasistabilité par rapport à 2016 (+ 38 €). Lasituation financière de l’AAM reste doncsaine (voir page 4 les bilans des troisdernières années).

2018 est bien entamée et tout laisse àpenserquenous terminerons l’annéeenfort excédent, essentiellement dû aufait que la dépense de 4 219 € pour l’AGeffectuée en 2017 se retrouve en recette

sur 2018. Compte-tenu des résultats2017 et des perspectives pour 2018, leCA propose de laisser inchangé le mon-tant de la cotisation soit 30 € pour unecotisation entière et 15 € pour une coti-sation réduite.

3 - Activité « Mémoire »Pour diverses raisons, l’activité« Mémoire » a été en sommeil en 2017.Rappelons que le budget dédié à cetteactivité comprend : une subventionallouée par Météo France de 3 500 €,reçueen2011 ; une réserve sur les fondspropres de l’AAMde3500€ également.Les sommes non dépensées à ce jourfigurent actuellement dans nos comptessur le livret A. Au 31/12/2017, il restait3 132 € à dépenser sur cette action.

Rapport du vérificateuraux comptes

Ce rapport a consisté en une vérificationcomplète et par comparaison, des étatsde comptes, des éléments justifiantdes montants et d’informations figurantdans les comptes annuels fournis parles trésoriers. Il convient de noter que lavérification des comptes a pu êtremenée de manière approfondie. Latenuedes comptesest faite avec sérieuxet professionnalisme malgré les outilsutilisés, moins puissants que les logi-ciels professionnels.

La trésorerie de l’AAMest suivie grâce àun fichier Excel et par la consultationdes comptes sur internet. Il faut égale-ment souligner le fait qu’une certainesomme d’argent est en réserve. Lacontinuité avec les exercices précé-dents a été assurée de manière trèsconcluante. En conclusion, le quituspeut être accordé pour 2017 au tréso-rier et à son adjoint.

Ndlr : le contenu intégral du rapportpeut être adressé sur demande.

* Le contenu intégral de ce rapport estdisponible à la permanence de Trappes etpeut être consulté sur le site de l’AAMwww.anciensmeteos.info

Ils nous ont quittés depuis l'AGd’octobre 2017*

Claude Depresles le 14.04.2018,domicilié à Drancy (93700)Josette Hayez le 05/12/2017,domiciliée à Cormeilles-en-Parisis (95240)Philippe Ladoy le10/10/2018,domicilié à Melun (77000)Hélène Larroucau le 22/09/2018,domiciliée à Paris (75007)Marcel Lopez le 15/02/2018,domicilié à Juvignac (34990)Jean-Pierre Musiedlak le 29/05/2018,domicilié à Villelongue Dels Monts (66740)Gérard Nicod le 21/06/2018,domicilié à Dole (39100)Louis Paranthoën le 7/01/2018et Eulalie - son épouse - le 18/05/2018,domiciliés à Guipavas (29490)Tony Pellegrini le 20/03/2018,domicilié à Seysses (31600)Jean Philippe le 04/01/2018,domicilié à Pessac (33600)André Prevost le 25/05/2018,domicilié à Calais (62100)Simone Treussart,domiciliée à Saint-Pierre d'Oléron

A toutes les familles concernées Arc enCiel renouvelle les sincères condoléancesde l’AAM.

* Liste non exhaustive de membres del'AAM établie d’après les décès qui nousont été signalés.

Page 7: AAM associationdesanciensdelamétéorologieanciensmbh.cluster026.hosting.ovh.net/wp-content/uploads/... · page2 sommaire du numéro 187 ÉditodeChristineDreveton LA VIE DE L’ASSOCIATION

arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187 5

L’AssembléeGénéralede l’AAM, réunieàSt-Sauves le 2 octobre 2018, après avoirentendu le rapport financier du trésorieret le rapport duvérificateurdes comptes,donne quitus à l’unanimité au trésorieret à son adjoint pour la gestion descomptes de l’exercice 2017, ainsi que lemaintien à 30 € de la cotisation.

Par ailleurs il est à noter que ColetteVichery a proposé de remplir le rôlede vérificateur aux comptes pour leprochain exercice.

Cette proposition a été acceptée parl’Assemblée Générale à l’unanimité.

Propositions de modificationsdu règlement intérieur

Il est procédé ensuite à la discussion surles propositions de modifications durèglement intérieur faites par le Conseild’administration et soumises à l’appro-bation de l’Assemblée Générale (article10 des statuts). La dernière versiondu règlement intérieur est celle du01/10/2013 ; elle figure dans l’annuaireet sur le site de l’association.

a - Le Conseil d'Administration proposela modification suivante :Article 3.5 dernier paragraphe : Lesdélégués régionaux se voient attribuersur leur demande chaque année unesomme fixée par le conseil d'administra-tion sur proposition du bureau, afind'assurer les dépenses administrativesde leur région. Ils sont tenus de fournirannuellement un état de ces dépenses.

Remplacer « afin d'assurer les dépensesadministratives de leur région » par« afin de faciliter la participation à desactivités locales de l’Association ».

Cette modification est approuvée parl’AG : 35 pour, 10 abstentions.

b - Le Conseil d’Administration proposeune gratuité de l’inscription la 1ereannée.Si cette gratuité est actée par l’Assem-blée Générale, il faudra modifier l’ar-ticle 1.4, 3 paragraphe :« Les personnes adhérant à l’associa-tion au cours du quatrième trimestresont dispensées de cotisation pourl’année en cours. Elles recevrontcependant les informations ou publica-tions éditées au cours de cette période.Elles règleront leur première cotisationlors de l’appel qui leur sera adressé audébut de l’année suivante »

Remplacer « Les personnes adhérant àl’association au cours du quatrième tri-mestre sont dispensées de cotisationpour l’année en cours » par « Les nou-veaux adhérents à l’association serontdispensés de cotisation la premièreannée civile ».

Ce point a amené un débat très animéau sein de l’Assemblée générale.

Cette modification a été rejetée : 17contre, 12 abstentions, 8 pour.

c - La réécriture ci-dessous de l’article2.7 : «Le groupe de travail Site internetcoopte l’administrateur « webmestre »du site et organise sa réalisation logi-cielle. La forme et le contenu du sitesont harmonisés par les membresdu bureau. » est proposée pour tenircompte de la création du nouveaucomité communication actée par leConseil d’Administration :« Le comité communication a pourobjectif de développer et mettre à jourdes supports de communication, deproposer etmettre en place des actionsde communication (hors publicationsde l’Association qui restent sous laresponsabilité du comité de rédaction),de suivre le contenu et l’évolution dusite web. Le responsable du site websera membre de ce comité qui devracomporter au-moins un membre ducomité de rédaction. »

Cette réécriture a été adoptée à l’una-nimité.

Le règlement intérieur modifié estdisponible sur le site web de l’AAM.

Rapports des comités,du jury du prix AAM,et des délégations régionales

Ensuite, la parole est donnée aux rap-porteurs de Comités et aux Déléguésrégionaux.

Jean-Louis Plazy, ici au titre du comitéloisirs, nous informe que la prochaineAG 2019 se fera vers le mois de maien région lyonnaise ; plus de détailsseront fournis au plus vite. Le voyageannuel est prévu en automne 2019 àLa Réunion.

Au titre du comité Mémoire, qui serelance, Jean-Louis Plazy indique qu’ilreste un certain nombre d’interviews àretranscrire et fait appel aux bonnes

volontés. L’équipe travaille égalementsur la mémoire des sites de Magny lesHameaux et du Bourget et MichelBeaurepaire continue son travail sur lacorrespondance entre Léon Teisserencde Bort et son homologue HugoHildebrand Hildebrandsson.

Jean Pailleux intervient au titre du Comi-té Jeunes et du prix Patrick Brochet.

Les RME (Rencontres Météo Espace)2018 se sont déroulées sur le site duCNES toulousain le 17 mai 2018. L’AAMa participé, parmi de nombreuses au-tres organisations, en particulierMétéo-France, CNES et “Planète-Scien-ces” (association organisatrice). Il s’a-git de recevoir 200 à 300 élèves del'académie de Toulouse ayant réalisédes projets sur les thèmes de la météo-rologie et de l'espace.

Pour le Prix AAM – Patrick Brochet –, unnouveau règlement a été établi au pre-mier semestre 2018, en liaison avecl’ENM (Ecole Nationale de la Météoro-logie), afin de disposer d’un nombre decandidatures suffisant pour attribuerchaque année un prix à un élève sor-tant de cette école. Le nouveau règle-ment doit entrer en vigueur en octobre2018, et donc remplacer l'ancien ; ontrouvera ce règlement en particulier surle web de l’AAM.

Le “prix techniciens 2018” (le dernierselon l’ancien règlement) a été attribuéà Christophe Point-Dumont, en posteen Nouvelle Calédonie, pour son travailENM-2017 sur la prévision des surcotesen situation cyclonique. L'article, issude ce travail, paraîtra dans le prochainnuméro d' arc en ciel (187).

Ensuite, les délégués régionaux nousont rappelé les activités qu’ils ont pro-posées dans leur région (Région franci-lienne, Sud-Est, Sud-Ouest, Ouest etNord). Ces sorties, à caractère culturelou scientifique, sont l’occasion denouer des liens conviviaux et amicauxentre lesmembres de l’AAM ; elles sontrelatées dans arc en ciel .

Puis Jean-Louis Champeaux et MarcMurati ont présenté le nouveau siteAAM :« Un constat a été fait sur la richessedu siteWEB actuel et sur la gestion trèsefficace de Marc.

La vie de l’association…

Page 8: AAM associationdesanciensdelamétéorologieanciensmbh.cluster026.hosting.ovh.net/wp-content/uploads/... · page2 sommaire du numéro 187 ÉditodeChristineDreveton LA VIE DE L’ASSOCIATION

arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

La vie de l’association…

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Cependant, la nécessité de faire évoluerle siteWEBest apparue évidente pour lerendre plus clair et surtout pour bénéfi-cier de nouvelles technologies (e.g. pos-sibilité de lettre info par mail, forum, …).

Le nouveau site est développé sousWordpress et hébergé chez OVH.

Une analyse fonctionnelle a été faitepour définir le contenu et a été validéepar le bureau et le CA de juin.

Marc Murati a mis en place, avec l’aidede Jean-Louis Champeaux, ce nouveausite tout en maintenant le site actuelopérationnel.Grâce à Marc, le développement dunouveau site est bien avancé. La bas-cule devrait avoir lieu dans le premiersemestre 2019 ».

Proclamationdes résultats des électionsau Conseil d’AdministrationLa commission électorale, présidéepar Pierre Chaillot, assisté de ColetteVichery, s’est réunie pendant la pre-mière partie de l’AG pour procéder audépouillement des votes.

La Présidente fait l’annonce desrésultats :Parmi les membres de l’AAM au débutde 2018, seuls les 280 membres à jourde leur cotisation de l’année à la datede l’AG pouvaient s’exprimer. Parmiceux-ci, 158 ont voté sur place, parprocuration ou par correspondance.

7 bulletins étant nuls ou blancs, ce sont151 votes qui ont été valablementexprimés et qui donnent les résultatssuivants (par ordre alphabétique) :– Jacques Auchère : .................................................82– Jean-Claude Biguet : ......................................147– Jean-Pierre Chalon : ........................................143– Emmanuel Celhay :..........................................140– Danielle Garnier :................................................148– Marc Gillet :.................................................................139– Marc Murati :.............................................................138– Claude Nano-Ascione :................................114

3

Le Conseil d’Administration ne dispo-sant pour 2019 que de 7 postes pour 8candidats, Jacques Auchère, qui arecueilli le plus petit nombre de voix,n’est donc pas retenu.

Un nouveau bureau sera élu lors du CAqui doit avoir lieu après cette AG pourune mise en place dès le 1er janvier2019.

Interventions des invitésMarie-Christine Dufresne, Présidentede l’Anafacem, a souligné le rôlesocial de cette association qui, main-tenant, s’exerce au-delà des memb-res de l’Anafacem pour s’ouvrir à tousles retraités de l’Aviation Civile et dela Météo ; cela s’est traduit notam-ment par « Les journées retraités »organisées avec les Clas et les béné-voles de l’Anafacem. Elle a égalementrappelé les diverses activités de cet-te association dont beaucoup demembres de l’AAM font partie.

Christian Malgarini, Président duCCAS, quant à lui, nous fait part deson plaisir d’avoir accepté notre invi-tation et félicite l’AAM pour sesactions et son dynamisme. Il nousrappelle également que l’actionsociale commune de la DGAC et deMétéo-France, nous est applicable.

Nominationdes membres honoraireset remise des diplômesChristine Dreveton nous fait part de ladistinction en tant quemembres hono-raires de Jean-Paul Bénec’h et deNicole Gazonneau, absents de cetteassemblée ; leurs diplômes leur serontremis à la première occasion.

Enfin, il est proposé à l’assemblée lanomination de Jean-Louis Plazy enqualité de Président d’Honneur, ce quiest accepté à l’unanimité (photo 3).

– Présidente : Christine Dreveton– Vice-Président : Jean-Pierre Chalon– Vice-Président : Jean Tardieu– Trésorier : Jean-Claude Biguet– Trésorier Adjoint : Patrick Leroy

– Renfort Trésorerie : Philippe Larmagnac– Secrétaire Général : Jean-Louis Champeaux– Secrétaire Adjointe : Danièle Garnier– Renfort Bureau : Marie-Claude Bigot– Renfort Bureau : Emmanuel Celhay

Suite à cette réunion du CA, le bureau 2019 sera le suivant :

Photo 3 : Jean-Louis Plazy et son diplôme remis par Christine Dreveton.

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La vie de l’association…

Photo 4 : de gauche à droite,Jean-Jacques Vichery, Jean-Louis Plazy(et son cadeau en tant qu’organisateurde cette AG) et Marc Murati.

Crédit photos : 1 et 2 : Jean-Louis Champeaux.3, 4 et 5 : Jean Coiffier

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Questions diverses,perspectives 2019et clôture de l’AG 2018Après avoir évoqué les perspectives2019, notamment le voyage à LaRéunion et l’AG 2019 au printemps àLyon, et répondu aux questions, laPrésidente Christine Dreveton a remer-cié l’assistance pour sa participation àla bonne tenue de cette AssembléeGénérale et invité les participants àaller rejoindre les conjoints qui ren-traient d’une visite organisée pour eux

à la cathédrale d’Orcival, avant de tousse retrouver, dans la soirée, pour lecocktail (photos 4 et 5) et le diner degala.

MARIE-CLAUDE BIGOT

Photo 5 : le cocktail est ouvert.

0Nouveaux membresdepuis le 1er novembre 2017Dominique André (31320)Patrick David (59800)Jocelyne Domergue (77550)Claude Fichaux (13090)Anne Fournier (60260)Claude Gaillard (31100)François Gérard (94420)Rémy Grand (38610)Catherine Gueguen (78960)Sylvain Hennique (41000)Hertz Gilles (31100)Christine Marchyllie (09230)Laurent Merindol (38000)Robert Legarnisson (97417)Alain Lepape (31170)Pierre Moureau (30120)Jacques Mouries (34990)Marc Payen (31100)Constantin Pontikis (97190)Jean-Pierre Rocafort (31100)Anne-Christine Roux (78190)Jacques Siméon (78210)Jean-Michel Treels (28300)

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La vie de l’association…

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Année 2016

Actif PassifBanque compte courant au 31/12/2016 1 598,06 € Banque compte courant au 31/12/2015 6 509,16 €

Banque compte Livret A au 31/12/2016 38 876,26 € Banque compte Livret A au 31/12/2015 33 566,70 €

Provision pour éditions AEC -1 475,04 € Provision pour éditions AEC -1 475,04 €

Provision pour envois AEC -1 293,00 € Provision pour envois AEC -1 293,00 €

Provision pour éditions hors bulletins -500,00 € Provision pour éditions hors bulletins -500,00 €

Provision pour envois hors bulletins -431,00 € Provision pour envois hors bulletins -431,00 €

Intérêts Livret A 2015 309,56 €

Résultat brut du Compte d’Exploitation 2016 88,90 €

Total 36 775,28 € Total 36 775,28 €

Année 2017

Actif PassifBanque compte courant au 31/12/2017 1 050,24 € Banque compte courant au 31/12/2016 1 598,06 €

Banque compte Livret A au 31/12/2017 39 214,08 € Banque compte Livret A au 31/12/2016 38 876,26 €

Provision pour éditions 2016 (AEC 179 et 180) -1 475,04 € Provision pour éditions 2016 (AEC 179 et 180) -1 475,04 €

Provision pour envois 2017 (AEC 182 et 183) -1 475,04 € Provision pour envois 2017 (AEC 182 et 183) -1 475,04 €

Provision pour éditions hors bulletins (annuaire) -500,00 € Provision pour éditions hors bulletins (annuaire) -500,00 €

Provision pour envois hors bulletins -431,00 €

Intérêts Livret A 2017 337,82 €

Résultat brut du Compte d’Exploitation 2016 -547,82 €

Total 36 814,24 € Total 36 814,24 €

Année 2015

Actif PassifBanque compte courant au 31/12/2015 6 509,16 € Banque compte courant au 31/12/2014 6 333,91 €

Banque compte Livret A au 31/12/2015 33 566,70 € Banque compte Livret A au 31/12/2014 26 789,91 €

Provision pour éditions AEC -2 702,00 € Provision pour éditions AEC -2 702,00 €

Provision pour envois AEC -530,00 € Provision pour envois AEC -530,00 €

Provision pour éditions hors bulletins -348,00 € Provision pour éditions hors bulletins -348,00 €

Provision pour envois hors bulletins -600,00 € Provision pour envois hors bulletins -600,00 €

Provision repas des Franciliens de 12/2015 -945,00 € Provision repas des Franciliens de 12/2015 -945,00 €

Intérêts Livret A 2015 280,79 €

Résultat brut du Compte d’Exploitation 2015 6 675,25 €

Total 34 950,86 € Total 34 950,86 €

Bilans financiers 2014-2015-2016

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La vie de l’association…

PELERINAGE NOCTURNEà CHARTRESavec la délégation Ile-de-France

Ala nuit tombante, directionla cathédrale de Chartrespour une visite nocturnede sa crypte. Celle-ci faisait

partie d’une cathédrale romane(Saint-Fulbert), construite vers 1020et détruite par un incendie à la fin duXIIe siècle. La cathédrale gothiqueactuelle date du XIIIe siècle maiscomprend donc des parties plusanciennes. Cette crypte consacrée à

Marie, la plus grande de Fran-ce, relie les 2 tours de la

cathédrale en passantau dessous de l’absi-de, avec une lon-gueur totale de230 mètres etune largeur de 5à 6 mètres.

Notre visite sefait à la lumiè-re des bougiesque nous a dis-tribuées le gui-

de afin que les visiteurs aient ainsi lesmêmes impressions que les pèlerins duMoyen Age. Après descente d’un es-calier assez sombre, nous arrivonsdans une grande galerie voûtée,longue d’une centaine de mètres(Photo 1) : en chantant une mélodiereligieuse, le guide nous en faitremarquer l’acoustique remarquable,conçue pour les processions ; eneffet, on ne perçoit pas d’écho com-me dans la plupart des églises. Dansla pénombre, nous remarquons, surles parois, des fresques datant duXIIe siècle (Photo 2) et des commen-taires du XIXe siècle au dessous decelles-ci. Au fond de cette gale-rie, nous découvrons la chapelleNotre-Dame-Sous-Terre, l’un des plusanciens sanctuaires de France consa-crés à Marie (Photo 3).

Photo 1 : Entrée dans la galerie voûtéeà la lueur des bougies.

Photo 2 : Fresques datant du XIIe siecle

C’est, cette fois, une escapadede deux jours que propose l’équipe

“Loisirs” d’Ile-de-France.Le 14 mai 2018, vers 18 h,

les 16 membres IDF, les uns arrivésavec le minibus ARAMIS,

les autres en voitures particulières,sont accueillis à l’hôtel

Logis de France et partagent ensuiteun bon dîner au restaurant des

3 Écus.

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La vie de l’association…

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Lors de notre progression, le guidenous fait distinguer un reliquaire célè-bre contenant le voile de Marie, objetde nombreux pèlerinages. Un peu plusloin, il nous montre un autre pointremarquable de ce lieu : un puits gallo-romain, appelé “Puits des Saints-Forts”, d’une profondeur de 33 mètresdans lequel auraient été jetés les restesdes premiers chrétiens massacrés parles romains. Puis, nous entrons dansla crypte Saint-Lubin, située sous lechœur de la cathédrale et datant duIXe siècle : c’est le reste d’une églisecarolingienne. Nous pouvons ici obser-ver les murs de 4 mètres d’épaisseur etles colonnes larges de 2 mètres quisupportent le chœur de la cathé-drale grâce à leur hauteur totale de27 mètres !

Un autre point intéressant de cette vi-site est le baptistère datant de 1150 etencore utilisé de nos jours (Photo 4).Enfin, après avoir passé rapidementdevant différentes chapelles gothiqueset romanes, nous remontons (par lemême escalier sombre !) dans la nef dela cathédrale. Seul le maître-autel avecses magnifiques décorations et sculp-tures est éclairé. Le guide nous faitobserver l’incroyable labyrinthe réaliséau sol que les pèlerins empruntaientpour arriver à la “Lumière”. Puis, noussortons de la cathédrale par le monu-mental portail central pour une prome-nade nocturne dans Chartres.

Ayant pris place dans un petit train,nous pouvons, en attendant le départ,admirer l’illumination animée et trèscolorée de la façade de la cathédrale,évoquant les phases de sa construc-tion (Photo 5). Nous descendonsensuite dans le vieux Chartres par larue des Changes : certaines vieillesmaisons en sont illuminées, telle lamaison des Poissonniers ; le petittrain s’arrête brièvement devant l’égli-se Saint-Pierre, elle aussi illuminéeaux lasers avec différentes couleurs,donnant une apparence très féériqueà ce monument.

Nous longeons ensuite les rives del’Eure, pour assister aux scénogra-phies réalisées sur les ponts et lavoirs

Photo 3 : La chapelle Notre-Dame sous terre.

Photo 4 : Le baptistère datant de 1150et encore utilisé.

Photo 5 : Façade de la cathédraleen illuminations laser animées.

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La vie de l’association…

de ce quartier ; on y perçoit les gestesde la lavandière sur les deux lavoirs Glo-riette. Les autres animations évoquentdes scènes imaginairesdecaractère trèspoétique. Puis, nous quittons ce quar-tier d’artisans (rue de la Tannerie, rue dela Foulerie), pour nous rendre dansle quartier moderne. Le théâtre deChartres est l’objet d’une scénographieévoquant une pièce de théâtre ayantpour thème la séduction. Enfin la der-nière scénographie de ce tour est celle

depuis 36 ans (Photo 6) ; ce dernier vanous tenir en haleine pendant uneheure !

Le travail commence par l’étude de lacommande du client : tout peut se faire(taille, forme, couleur, peinture, …)mais a, bien sûr, un coût. De là découleune maquette sur papier, à l’échelle(Photo 7), couleurs à l’aquarelle, et entenant déjà compte de l’épaisseur desjoints de plomb. On réalise ensuite, àl’aidede feuillesde carbone, undessin àtaille réelle, qui est découpé, par pièces,grâce à un ciseau à trois lames cor-respondant à la largeur du plomb. Cescalibres seront utilisés pour la taille despièces de verre, une taille, non pas audiamant, mais à l’aide d’une pointe aucarbure de tungstène.

de la médiathèque Apostrophe. Celle-ciprésente différents animaux ou légen-des relatées dans les ouvrages de cettemédiathèque. Ces spectacles à la tech-nique novatrice sont vraiment magni-fiques et nous laisseront de très beauxsouvenirs de Chartres.

Si, à la seule lumière de nos chandellesau cours de notre soirée envoûtante desimili-pèlerins, nous n’avons qu’entr’aperçu les magnifiques vitraux médié-vaux de la cathédrale, ils constituenttoutefois le plus grand ensemble devitraux au monde, ce qui confère à laville le titre de capitale du vitrail. Nousne pouvions donc pas quitter Chartressans visiter un de ses ateliers ; c’est ain-si quenousnous rendons, le lendemain,à l’atelier Picol, artisans de père en fils

Photo 6 : L’enseigne de l’Atelier reproductiondu chef d'oeuvre de compagnon du fils Picol.

Photo 7 : Découpage des pieces de la maquette

Photo 8 : Explications et demonstration.

Photo 9 : Après la pose des joints de plomb.

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La vie de l’association…

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* Le tthheerrmmooffoorrmmaaggee consiste, par une cuis-son dans un moule, à donner une forme ouune structure particulière à une plaque deverre. Le ffuussiinngg est l’assemblage, en unepièce unique, dans un four à 800 °C, deplusieurs morceaux de verre de nature etou de couleurs différentes juxtaposés surun support de verre. Une autre nouvelletechnique existe, nommée TTiiffaannyy,, maisn’est pas pratiquée dans cet atelier.

Puis, notre hôte effectue (Photo 8),devant nous, chacune de ces étapespour éclairer ses explications : noussommes passionnés. Les plaques deverre utilisées ont été teintées pleinemasse, cuites à 830 °C pendant 24 heu-res ; une palette de 800 couleurs estdisponible, certaines très coûteuses. Nesubsistent, en Europe, que six ateliersde souffleurs spécialisés dans le verreplat, dont un seul en France : Saint-Just,situé près de Saint-Etienne. Pour sépa-rer la pièce prédécoupée, on utilise unepince plate, puis on ébavure. Ces étapessont invariables, quelle que soit laméthode envisagée pour la phase sui-vante, l’assemblage. En effet, issu desmaîtres du temps passé, l’art du vitrailest un art vivant évolutif. Pour restaurerles vitraux anciens ou faire œuvre decréation, tant pour des édifices publicsque pour les particuliers, les maîtres-verriers poursuivent l’œuvre des an-ciens, mais ils mettent aussi en œuvredenouvelles techniques, telles le thermo-formage ou le fusing*.

Enfin, nous assistons à la démonstrationde la pose traditionnelle des joints deplomb et leur soudure à l’étain facilitéepar quelques gouttes de stéarine(Photo 9). À noter que, quand des piè-ces sont à peindre, il faut effectuer cetravail auparavant car cette peinture està cuire, couleur par couleur, de la plusclaire à la plus foncée, à 610 °C. Puis,c’est la finition qui consiste en la pose, àla brosse, d’un mélange de mastic, huilede lin et Blanc de Meudon, mélangedont on ôte le surplus en disséminantdélicatement de la sciure de bois. Unematinée passée avec un passionné quisait enthousiasmer son public !

L’originalité et la complémentarité deses visites ont fait de cette sortie surdeux jours une vraie réussite.

RÉGIS VOIRIN ET FRANÇOISE TARDIEU

UUnn ggrroouuppee ddee 1144 FFrraanncciilliieennss ss’’eesstt rreenndduu aauu LLaabboorraattooiirree aaéérrooddyy--nnaammiiqquuee EEiiffffeell ((PPhhoottoo 11)),, ssoorrttiiee oorrggaanniissééee ddaannss llee ccaaddrree ddeess aaccttii--vviittééss ddee ll''AAAAMM//IIDDFF eett oouuvveerrttee àà ll’’AANNAAFFAACCEEMM..

CCee lliieeuu mmééccoonnnnuu ddee ttoouuss,, aa ppeerrmmiiss ddee ddééccoouuvvrriirr uunn GGuussttaavvee EEiiffffeell,,nnoonn sseeuulleemmeenntt ccoonnssttrruucctteeuurr ddee ppoonnttss eett dd’’uunnee ccééllèèbbrree ttoouurr,,mmaaiiss aauussssii ddeevveennuu ggrraanndd aaéérrooddyynnaammiicciieenn ppaarr ssaa ppaassssiioonn ppoouurr llaammééttééoorroollooggiiee ::

« Tout ce qui est soumis au vent, il faut le tester pour l’améliorer »

Visite de la Soufflerie Eiffel

Photo 1 : Plaque apposé�e à l'entrée du Laboratoire.

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La vie de l’association…

Comme à l’accoutu-mée, la journée adébuté par le par-tage d’un repas, au

menu original, au Relai Char-don. Puis, tout le mondes’est retrouvé rue Boileau,autour d’une belle grandetable ovale (Photo 2), nonpas pour le café, déjà pris,mais pour écouter pendantplus d’une heure, subju-gués, le conservateur du lieu(Peter Martin, ingénieurayant travaillé 30 ans sur lesite) nous narrer la vie et la personnalité de Gustave Eiffel, cet homme dont l’u-nique moteur était de faireprogresser la science.

À la fin du XIXe siècle, les phénomènes aérodynami-ques sont mal connus et lescalculs empiriques des cons-tructeurs conduisent parfoisà des accidents. En 1903,Gustave Eiffel entreprenddes travaux sur la résistancede l’air. Il conçoit la “Droptest machine” (Photo 3),installée sur sa Tour, depuislaquelle il lâchait un objet enchute libre (en prenant laprécaution d’attendre uneaccalmie de vent), mesuraitses paramètres de chute et

en déduisait son coefficientde pénétration dans l’airselon sa forme.

Pour agrandir son échelle demesures, il a projeté de tirerun câble entre la Tour et l’École militaire, mais l’autori-sation lui a été refusée, d’au-tant plus qu’il était alorsprévu de détruire la Tour, seu-lement commandée pourl’Exposition Universelle. Enoutre, la soufflerie installéeen 1907 au pied de la Tour nelui suffisait plus ; c’est ainsiqu’il a acquis, en 1912, le sitesur lequel nous sommes etprocédé à la réalisation d’une grande soufflerie. Ilvérifie d’abord que sa souf-flerie horizontale donne lesmêmes résultats que sonappareil de chute verticale ;puis, il prouve que la notionde mouvement relatif lui per-met d’étudier les effets duvent sur un objet fixe quandle but de l’étude est le dépla-cement d’un objet mobiledans l’air. Il peut alors faireexécuter de nombreusesmaquettes, dont nous allonspouvoir admirer certaines,conservées par notre hôte, lamajorité des autres étantexposées à la Cité de l’Air.

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photo 2 : Le groupe pendant la présentation

Photo 3 : Martin Peter devant la Drop test machine

Photo 4 : Sche�mas de principe des deux souffleries Eiffel.

Photo 5 : Une partie du groupe sous l’entre�e d’air de la Chambre Eiffel.

Paris,le 21 septembre 2018

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La vie de l’association…

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En 1912, il va améliorer sasoufflerie (en fait un “aspira-teur”) en lui ajoutant un dif-fuseur qui, permettant debaisser la vitesse du vent,augmente la pression obte-nue tout en ne nécessitantqu’un moteur moins puis-sant, donc moins cher(Photos 4 et 5). NomméeWind Tunnel, elle sera plus communément appelée“Chambre Eiffel”. Lorsque,un peu plus tard, nousaurons droit à une démons-tration, nous serons étonnésdu quasi-silence de l’enginet de la directivité du ventobtenu, que l’on ne ressentqu’en plaçant la main dansle faisceau. Entre autresexpériences, Eiffel a réitéréici son expérience avec laboule et constaté que, parvent fort, elle avance, maisque, par vent encore plusfort, elle recule ; ces obser-vations l’amèneront à laconclusion de l’existence dedeux régimes : critique etturbulent.

Ayant précédemment acquisune fortune importante parles constructions que nousconnaissons, en France et àl’étranger (où il les vendait“en kit” : ce principe n’estdonc pas à attribuer àIKEA !), il a pu proposer gra-tuitement, à tout un chacun,industriel ou particulier,mesures et essais, aux seu-les conditions que cela puisse être immédiatementpublié (en français, russe,allemand et anglais) et quele nom de son Laboratoiresoit indiqué. Cette politiquelui a fourni des supports d’étude des effets aéro-dynamiques extrêmementvariés, aussi bien fixes (bâtiments, monuments,quartiers citadins, …) quemobiles (les profils d’ailesd’avions bien sûr qui enétaient à leurs balbutie-ments, les hélices, … , pen-dant la guerre, les obus etles bombes, les avions dechasse, et plus tard, les voitures, les dirigeables...).

Une petite anecdote : c’est à Eiffel que nous devons,en 1914, la roue de vélo pleine, plus performante sur piste que la roue à rayons ! Les 5000 essais effectués entre 1909 et 1911, ont permis, soit d’améliorer les performances des objetsétudiés par leurs maquettes,soit de prévoir leurs éven-tuels dysfonctionnements etont mené G. Eiffel à écrire unlivre, manuel qui fut surnom-mé “Bible des aviateurs”.

Eiffel avait, déjà, aupara-vant, écrit des ouvrages demétéorologie très remar-qués (Photo 6) : – Etudes pratiques demétéorologie et obser-vations comparées des stations de Beaulieu, Sèvreset Vacquey pour l'année1903 (ces stations, instal-lées dans chacune de ses résidences secondaires,donnaient lieu à des compa-raisons avec les relevésnationaux).– Atlas météorologique, d'après vingt-cinq stationsfrançaises ; ouvrage paru,chaque année, de 1906à 1912, comprenant texte etplanches illustratives.

Il avait, en effet, de toustemps, été passionné par lamétéorologie et c’est celaqui l’a mené à l’aéronau-tique. Il a fait installer ausommet de la Tour en 1890,

par le Bureau national deMétéorologie, une stationpour mesurer la pressionatmosphérique, la pluviosi-té, la vitesse et la directiondu vent. Il a aussi inventé un “héliographe photogra-phique” qui permettait demesurer la durée d’insola-tion.

Finalement, Eiffel aura testé,dans sa soufflerie, avec sescollaborateurs (puis ses suc-cesseurs, dont notre guideenthousiaste), tant de cho-ses si différentes, qu’une liste exhaustive en estimpossible à dresser. Fran-çais ou étrangers, tous lesconstructeurs de voitures et

grand nombre d’architectes,sont passés là ; mais on y atesté aussi des skis, desraquettes de tennis, … On nele sait pas, mais la premièreéolienne est française etnée, ici, en 1958 (H=30 m,P=800 kWh), mais c’étaittrop tôt … À noter que, bienqu’au ralenti, les activités sepoursuivent encore, dans la“Chambre Eiffel” originelle ;par exemple, dans le do-maine de la construction ouencore pour les plateformespétrolières. Lors de notrevisite, une noria d’archi-tectes a défilé pour faire étu-dier leurs plans urbains(Photo 7).

En 1920, à 88 ans, Eiffel secherche un successeur et serésout à mettre l’établisse-ment en gérance, une SCI etune SARL. En 1981, le bâti-ment sera inscrit, grâce à lapersévérance de Peter Martinet son équipe, à l’inventairedes Monuments historiques,puis, en 1997, l’intérieur seraaussi classé.

Ce fut une visite pleine desurprises et qui a été gran-dement appréciée par lesparticipants !

FRANÇOISE TARDIEUPhoto 7 : Maquette de quartier urbain realisée pour les tests.

Photo 6 : Deux des ouvrages de météorologie de Gustave Eiffel.

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La vie de l’association…

A droite, Christophe Point-Dumont en visio-conférence depuis la Nouvelle Calédonie.

Crédit photo : Patrice Lechanteur

de la cérémonie a été fixé à 8h30 heu-re de la France métropolitaine (soit18h30 heure en Nouvelle-Calédonie et11h30 heure à La Réunion) afin de four-nir un horaire acceptable aux partici-pants des trois sites. La cérémonie était suivie à Toulousepar une dizaine de personnes dont lamoitié était des membres de l’AAM. ANouméa, le lauréat était accompagnéde collègues de Météo-France, maisaussi de l’IRD et de l’IFREMER, organi-sations très proches de Météo-France(à la fois géographiquement et en ter-mes de travail) . A La Réunion, AdrienColomb (qui avait encadré le stage deChristophe Point-Dumont en 2017) aégalement participé à la cérémonie.Christophe Point-Dumont a présentéson travail en une vingtaine de minutes.La discussion qui a suivi a permis d’élargir le sujet de la prévision des sur-cotes à tous les outils de prévision uti-les à la prévision des cyclones et dessurcotes marines. Ces outils sont bienconnus des prévisionnistes travaillant àLa Réunion et en Nouvelle-Calédonie,mais moins connus de l’auditoire tou-lousain qui a pu ainsi se familiariseravec eux, avec l’observation du niveaude la mer, et avec la géographie néo-calédonienne en général. La cérémonie par visio-conférence aduré une heure environ, elle a été sui-vie de discussions à Toulouse autourd’un café, et précédée à Nouméa d’unapéritif.

JEAN PAILLEUX

La visio-conférence, organisée parl’ENM à partir de la météopole, s’estdéroulée le vendredi 7 décembre, enliaison avec le centre météorologiquede Nouvelle-Calédonie, et aussi celuide La Réunion qui avait accueilli le lau-réat pendant son stage ENM en 2017,et qui de plus est un centre spécialisédans la prévision cyclonique. Le début

Depuis plus de 20 ans, l’AAM offrechaque année un prix (actuellement de1200 euros) à un élève diplômé de l’Ecole Nationale de la Météorologie(ENM). Le prix est décerné par un juryde membres de l’AAM sur la base d’untravail effectué au cours de la scolaritéENM, en particulier pendant les stagesde fin de scolarité. Voir le règlement duprix sur :http://www.anciensmeteos.info/aam5/prix_aam.htmlLe prix 2018 était ouvert aux Techni-ciens Supérieurs de la Météorologie(TSM) sortis de l’ENM en 2015, 2016 et2017. Christophe Point-Dumont est lelauréat qui a été désigné par le jury surla base d’un travail sur la prévision desurcote océanique en situation cyclo-nique, travail documenté dans son arti-cle publié dans ce même numérod’Arc-En-Ciel. Le travail a été effectuéau Centre Météorologique de La Réuni-on en 2017, alors que Christophe Point-Dumont est maintenant en poste enNouvelle-Calédonie.Ces dernières années, la remise du prixau lauréat était toujours intégrée à lacérémonie de remise des diplômesENM organisée sur le site de la météo-pole toulousaine. Cette année l’éloi-gnement de la Nouvelle-Calédonie parrapport à Toulouse rendait impossiblele déplacement de Christophe Point-Dumont. Exceptionnellement, la remisede prix s’est donc déroulée au moyend’une visio-conférence.

Prix AAM – Patrick Brochet – 2018remis à Christophe Point-Dumont

« L'auditoire Toulousain suit la présentation de Christophe Point-Dumont à Nouméa ». De gauche à droite au premier plan : Alain Lepape, Jean Coiffier, Christine Dreveton et Jean PailleuxCrédit photo : Paul Leparoux

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La vie de l’association…

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Adaptation d’un modèle de surcote cyclonique pour la Nouvelle-Calédonie

Christophe Point-DumontDirection Inter-régionale de Météo-France de Nouvelle-CalédonieStage effectué à la Direction Inter-régionale de l'Océan Indien

La surcote est un phénomène affectant la hauteur du niveau de la mer qui peut avoir des effets importants près descôtes, sur l’activité humaine et la sécurité des personnes et des biens, notamment lors d’événements exceptionnels telsque les cyclones. C’est pourquoi l’enjeu concernant la prévision des phénomènes de surcote, qui peuvent être des-tructeurs et meurtriers, est primordial. Les passages récents des cyclones Cook (avril 2017) et Donna (mai 2017) en Nou-velle-Calédonie ont rappelé et confirmé l’intérêt pour la DIRNC (Direction inter-régionale de Météo-France enNouvelle-Calédonie) de disposer d’un tel outil de prévision.

La DIROI (Direction inter-régionale de Météo-France pour l’Océan Indien) est le Centre Météorologique Régional Spé-cialisé (CMRS) chargé du suivi des systèmes dépressionnaires tropicaux dans le sud-ouest de l’océan Indien. Elle doit,de fait, répondre à une attente forte des pays exposés de sa zone de responsabilité (Madagascar, Mayotte, Comores,Maurice, Mozambique) concernant les prévisions de surcote cyclonique. C’est pourquoi la DIRNC a sollicité l’appui dela DIROI pour qu’un modèle de prévision de surcote cyclonique, déjà en usage à la DIROI, soit adapté au domaine deresponsabilité de la DIRNC, pour être mis en service opérationnel.

Éléments théoriques et cadre du projet

Le phénomène de surcoteEn région océanique, la surcote est un soulèvement de la surface de la mer par rapport au niveau que prévoit le calcul dela seule marée astronomique. Ce soulèvement est généralement dû à l’effet d’une dépression météorologique.

Le décalage entre niveau réel de la surface de la mer et niveau de la marée astronomique provient principalement desvariations dans le poids de l’atmosphère, tel que le supporte la surface de l’océan. Pareilles varia-tions sont mises en évi-dence par la répartition des valeurs de pression atmosphérique au niveau de la mer : là où se dessine un anticyclone, lasurface océanique se creuse sous l’effet d’une atmosphère plus lourde et l’on mesure une décote, c’est-à-dire une diffé-rence négative de niveau par rapport à la marée astronomique ; là où apparaît une dépression, l’atmosphère plus légèrequi surplombe la surface de la mer la fait se soulever, provoquant ainsi une surcote, c’est-à-dire une différence positive deniveau par rapport à la marée astronomique.

L’action des vents se combine fréquemment à celle de la pression atmosphérique pour amplifier la valeur et les effets dedécote et de surcote.

Le contexte en Nouvelle-CalédonieLa Nouvelle-Calédonie est un archipel situé dans l’océan Pacifique à 1500 km à l’est de l’Australie et à 2000 km au nordde la Nouvelle-Zélande, à quelques degrés au nord du tropique du Capricorne, et distant de la France métropolitaine deprès de 20 000 km.

Le territoire jouit d’un climat tropical, tempéré par l’influence océanique et influencé régulièrement par les phénomènes El Niñoet La Niña. Les vents dominants sont les alizés (soufflant d’est à sud-est). Les températures moyennes sont relativement chau-des et l’humidité y est assez forte. La Zone de Convergence du Pacifique Sud (ZCPS) est la structure atmosphérique qui influen-ce le plus le climat des îles du Pacifique Sud. D’un point de vue climatologique, elle se traduit par une bande de fortesprécipitations annuelles qui s’étire de la Papouasie à la Polynésie, avec une branche zonale à l’ouest et une branche diagona-le à l’est. D’un point de vue météorologique, elle se manifeste sur les images satellites par une longue bande nuageuse plusou moins continue, constituée en grande partie de puissants nuages verticalement très développés (cumulonimbus). La Nouvelle-Calédonie n’y est directement soumise que de façon intermittente en saison chaude, ces épisodes sont en particulierpropices à la formation des systèmes cycloniques.

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La modélisation de la surcote

Comment modéliser la surcoteDeux types de modèles peuvent être utilisés pour prévoir les surcotes : les modèles statistiques et les modèles dynamiques.L’utilisation d’un modèle statistique nécessite un enregistrement continu du niveau de la mer sur une longue période, ce quipermet de calibrer le modèle en fonction de différents paramètres atmosphériques. Ce système est peu coûteux en tempsde calcul, mais ne permet pas de faire des prévisions en dehors des zones où il existe des points de mesure. Météo-Frances’est donc tourné vers les modèles dynamiques permettant de pallier le manque de mesures. L’apparition des stations detravail puissantes permet l’utilisation de ces modèles hydrodynamiques dans les centres de prévision opérationnels.

Principes de fonctionnementLes principales variations, à court terme, de la circulation océanique, en particulier sur un plateau continental, sontdues au vent et à la pression atmosphérique. Les effets baroclines peuvent donc être négligés pour la prévision de lacirculation océanique sur des périodes de quelques jours. Un modèle, utilisant les équations de Saint-Venant, intégréessur la profondeur de l’océan a donc été développé par Météo-France pour la prévision des surcotes (Daniel et al., 2008).

Ce modèle de prévision numérique de surcote, est un modèle forcé par le vent et la pression atmosphérique (via l’interfaceSynergie-cyclone1). Il utilise une trajectoire cyclonique préalablement élaborée sous Synergie-cyclone sur un large domainedu Pacifique (160° E – 170° W ; 27° S – 10° S). À l’intérieur de celui-ci il est possible de créer autant de sous-domaines quesouhaités sur différentes positions du territoire. Le modèle de surcote, avant même l’intégration temporelle des équationsde Saint-Venant (plus connues en météorologie sous le nom « d’équations barotropes ») , effectue automatiquement deuxopérations numériques :

– Sélection automatique d’un ou plusieurs sous-domaines touchés par la trajectoire du cyclone, parmi des sous-domai-nes configurés à l’avance.

– Suivant le schéma de cyclone développé par Holland (1980), évaluation en chaque point de grille de ces sous-domai-nes (résolution horizontale variable de 600 à 900 m selon la bathymétrie choisie), et pour chaque instant pertinent, d’unchamp de pression et d’un champ de vent à 10 m.

Le schéma de Holland n’est pas un modèle de prévision au sens météo, c’est un modèle analytique qui permet de défi-nir un champ de pression (et de vent) à un instant t, à partir de quelques paramètres caractérisant le cyclone (lat/londe son centre, pression au centre, ... rayon du vent max...). Il a l’avantage de caractériser la structure de ces champsbien plus finement que les modèles météorologiques classiques. Il fournit donc un meilleur forçage à l’intégrationnumérique des équations du modèle de surcote proprement dit (pas de temps de l’ordre de la minute).

Il faut noter que le modèle est dit « non pénétrant », c’est-à-dire que la côte y est représentée comme un mur, cela peutavoir une influence sur les résultats de simulation et donc les éloigner un peu des observations faites. Remarquons aus-si que ce genre de modèle est difficile à évaluer du fait du manque d’observations réellement disponibles pour per-mettre des vérifications.

Les observations de surcotes

Le réseau marégraphique de Nouvelle-CalédonieLa Nouvelle-Calédonie dispose de 8 marégraphes installés et gérés par le SHOM (Service Hydrographique et Océanogra-phique de la Marine). On en dénombre 5 installés sur la Grande-Terre, les 3 autres marégraphes sont installés sur chacunedes îles Loyauté que sont Ouvéa, Lifou et Maré. Toutefois il s’est avéré, lors de l’analyse des observations choisies initiale-ment (pour vérifier les prévisions de surcote), qu’un certain nombre de marégraphes n’étaient pas en service pendant lespériodes concernées, ou bien n’ont pas fourni de relevés de mesures du niveau de la mer de façon suffisamment régulière.

Les surcotes observéesLe calcul de la surcote observée en un point, à un moment donné, consiste à soustraire au niveau de la mer observé, leniveau de la marée astronomique prévu. Pour le cyclone Cook, les observations retenues sont celles fournies par les maré-graphes de Hienghène, Ouinné et Ouvéa. Pour le cyclone Donna, seules les observations fournies par le marégraphe d’Ou-véa ont été retenues, les marégraphes de Maré et Lifou n’ayant pas fourni de mesures régulières. Les marégraphes de laGrande-Terre, situés trop loin de la trajectoire du cyclone, n’ont pu fournir des mesures pertinentes pour la vérification desrésultats du modèle de prévision de surcote qui s’attache essentiellement à modéliser la surcote liée à l’effet barométriqueinverse du système et à ses vents associés.

1. Synergie est l’outil logiciel des prévisionnistes de Météo-France. Synergie-Cyclone est la version adaptée à l’analyse et la prévision descyclones. Voir : http://www.meteo.fr/temps/domtom/La Renion/webcmrs9.0/français/cmrs/ telecom.html

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Les simulations de surcoteChacune des situations retenues a été rejouée par le modèle selon différentes bathymétries2. Les résultats sont pré-sentés ci-dessous.

Surcote simulée au niveau du marégraphe de Hienghène au passage du cyclone Cook La figure N°1 présente les résultats de surcote obtenus lors des simulations réalisées avec les fichiers de bathymétrie 0,5’et 0,3’, ainsi que la surcote observée au niveau du marégraphe de Hienghène, lors du passage du cyclone Cook.

Sur la première partie du graphique (du 09/04 07 UTC au 09/04 15 UTC) les surcotes observées (en marron) et simulées (enrouge et en bleu) semblent proches malgré un décalage dans le temps de 2 heures, surtout avec le fichier de résolution 0,5’(en bleu) qui affiche une surcote simulée autour de 4 cm pour une surcote observée (en marron) de 10 cm. Alors que danscertaines zones du globe, les surcotes cycloniques peuvent atteindre plusieurs mètres, 10 cm est une valeur observée faible,et le modèle reproduit bien cet ordre de grandeur malgré le rapport 4 entre surcote observée et surcote prévue.

Figure 1 : Cyclone Cook, observations du marégraphe de Hienghène.

Sur la deuxième partie du graphique (du 09/04 19 UTC au 10/04 11 UTC) une longue période de surcote est observéeavec un maximum situé autour de 22 cm, et cette surcote n’est pas du tout vue par le modèle. Cela semble pouvoir s’ex-pliquer, en partie, par le fait que le marégraphe de Hienghène est situé à l’embouchure d’une rivière, la crue probablede cette dernière, due aux fortes précipitations liées au cyclone (80 mm en 24 heures à Hienghène et 133 mm en 24 heures à Tango, situé dans un massif proche de Hienghène), n’est pas prise en compte dans ce modèle qui n’est forcé que par la pression atmosphérique et les vents.

Une autre explication possible se trouve dans l’analyse des champs de vent associés au cyclone lors de son passage au niveaude la côte Est de la Grande Terre. En effet du 09/04 18 UTC au 10/04 18 UTC, Hienghène se trouve soumis à des vents venant dela terre, dont la vitesse est plus faible que les vents sur mer (les seuls utilisés par le modèle pour le calcul des surcotes). Cesvents (estimés trop forts dans le modèle) peuvent repousser au large l’eau du littoral, produisant ainsi par erreur une surcotetrop faible (ou même une décote plutôt qu’une surcote).

Surcote simulée au niveau du marégraphe de Ouinné au passage du cyclone CookLa figure N°2 présente les résultats de surcote obtenus lors des simulations réalisées avec les fichiers de bathymétrie0,5’ et 0,3’, ainsi que la surcote observée au niveau du marégraphe de Ouinné, lors du passage du cyclone Cook.

Le modèle semble bien réagir et présente une courbe de simulation (en rouge et en bleu) de surcote proche de la courbe desurcote observée (en marron), malgré un décalage temporel de l’ordre de 3 heures. On note toutefois une simulation obtenueavec le fichier de bathymétrie de résolution 0,5’ (en bleu), qui indique une surcote maximale de l’ordre de 29 cm, plus prochede la mesure observée que la simulation réalisée avec le fichier de bathymétrie de résolution 0,3’ (en rouge), qui indique unesurcote maximale de l’ordre de 14 cm. La surcote maximale observée au niveau du marégraphe de Ouinné est de 36 cm.

2. La bathymétrie est la mesure de la profondeur de l’océan. Pour cette étude nous avons utilisé les données bathymétriques à deux réso-lutions différentes : 0,5 minutes d’arc soir environ 900 m, et 0,3 minutes soit environ 600 m.

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Bien que le marégraphe de Ouinné se situe lui aussi à l’embouchure d’une rivière, le modèle semble mieux réagir qu’au niveaudu marégraphe de Hienghène. Une explication possible est que la rivière débouchant à Hienghène semble avoir subi une plusgrande crue que celle débouchant à Ouinné, le relief montagneux situé à proximité de Hienghène étant plus élevé que celuisitué à proximité de Ouinné. Une autre explication semble à nouveau pouvoir se trouver dans l’analyse des champs de ventassociés au cyclone lors de son passage au niveau de la côte Est de la Grande Terre. En effet, sur la même période allant du09/04 18 UTC au 10/04 18 UTC, Ouinné, contrairement à Hienghène, est soumis à des vents venant de l’océan, donc mieuxreprésentés dans le modèle, et générant correctement une surcote de quelques dizaines de cm par accumulation de l’eau auniveau du littoral.

Ce constat se fait aussi dans l’analyse des observations puisque le marégraphe de Hienghène affiche une surcote maxi-male observée de 22 cm tandis que celui de Ouinné affiche une surcote maximale observée de 36 cm, pour des confi-gurations de bathymétries proches.

Surcote simulée au niveau du marégraphe d’Ouvéa au passage du cyclone CookLa figure N°3 présente les résultats de surcote obtenus lors des simulations réalisées avec les fichiers de bathy-métrie 0,5’ et 0,3’, ainsi que la surcote observée au niveau du marégraphe d’Ouvéa, lors du passage du cyclone Cook.

Figure 3 :Cyclone Cook, observations du marégraphe d’Ouvéa.

Figure 2 : Cyclone Cook, observations du marégraphe de Ouinné.

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On remarque immédiatement, à l’allure des courbes, que la simulation faite avec un fichier de bathymétrie de résolution0,5’(en bleu) est plus proche de la réalité observée (en marron) que la simulation faite avec un fichier de bathymétrie0,3’(en rouge).

Au niveau de la surcote maximale (milieu du graphique), l’observation affiche une mesure de l’ordre de 38 cm, la simu-lation à résolution 0,5’ affiche une valeur de l’ordre de 21 cm et la simulation à résolution 0,3’ fait plutôt apparaître...une décote !. Donc pour ce qui est de la valeur de la surcote maximale, la simulation la plus proche de la réalité obs-ervée est celle réalisée à partir du fichier de bathymétrie de résolution 0,5’.

Pour ce qui est de la décote simulée et non observée dans la première partie du graphique (du 09/04 18 UTC au 10/0400 UTC), elle s’explique peut-être par le fait que le marégraphe subit un vent venant de la terre (vent d’est à nord-est).Comme dans le cas du marégraphe de Hienghène, c’est une situation qui conduit notre modèle à utiliser localementdes vents trop forts, à accentuer les décotes et à sous-estimer les surcotes. Une autre explication possible est le défer-lement des vagues dont on sait qu’il joue un rôle important sur cette côte et qu’il n’est pas pris en compte dans lemodèle. La grosse différence entre les deux simulations (0,5’ et 0,3’ pour bathymétrie et résolution horizontale) resteà étudier.

Surcote simulée au niveau du marégraphe d’Ouvéa au passage du cyclone DonnaLa figure N°4 présente les résultats de surcote obtenus lors des simulations réalisées avec les fichiers de bathymétrie0,5’ et 0,3’, ainsi que la surcote observée au niveau du marégraphe d’Ouvéa, lors du passage du cyclone Donna.

Figure 4 : Cyclone Donna, observations du marégraphe d’Ouvéa.

Les remarques à apporter sont sensiblement les mêmes que dans le cas de la simulation à Ouvéa pour le cyclone Cook,si ce n’est que dans ce cas, au lieu d’avoir une surcote maximale simulée légèrement inférieure à la surcote maximaleobservée, celle-ci est cette fois légèrement supérieure.

Au niveau de la surcote maximale, la courbe représentant l’observation affiche une mesure de l’ordre de 34 cm, alorsque la courbe représentant la simulation de résolution 0,5’ affiche une valeur de l’ordre de 40 cm et la courbe repré-sentant la simulation de résolution 0,3’affiche une valeur de l’ordre de 55 cm. Donc pour ce qui est de la valeur de sur-cote maximale, la simulation réalisée avec un fichier de bathymétrie de résolution 0,5’ reste la plus proche del’observation.

Au niveau de l’allure des courbes, on remarque une concordance acceptable des courbes de surcotes simulées et obs-ervées uniquement dans la période allant du 09/05 05 UTC au 09/05 19 UTC, et ce malgré un décalage dans le tempsrécurrent (tantôt retard, tantôt avance).

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Conclusion et perspectivesPour le modèle de prévision de surcote ici étudié, les simulations réalisées avec la bathymétrie à 0,5’donnent presquesystématiquement de meilleurs résultats que les simulations réalisées avec la bathymétrie à 0,3’. La configuration dumodèle pour la DIRNC se fera donc, au moins temporairement, avec les fichiers de bathymétrie de résolution 0,5’. Lesvaleurs de surcotes simulées ne coïncident pas toujours bien avec les surcotes observées, il peut y avoir en particulierun léger décalage dans le temps au niveau des surcotes maximales observées et simulées. Il est important de noter quele modèle de prévision de surcote cyclonique n’est forcé que par le vent et la pression liés au cyclone. Le déferlementdes vagues, la houle ou encore les crues des fleuves et des rivières, qui viennent se déverser dans le lagon de la Gran-de-Terre, ne sont pas pris en compte dans les simulations. Tous ces sujets offrent des perspectives d’études et de déve-loppements en modélisation destinés à améliorer la prévision de surcote en situation cyclonique. Une étude destinéeà comprendre pourquoi la bathymétrie la plus fine donne les moins bons résultats serait aussi souhaitable pour les pro-grès futurs.

Il est à noter aussi que les simulations faites au cours de cette étude s’appuyaient sur le forçage issu des trajectoirescycloniques présentes dans la base synergie-cyclone de la DIRNC, celles-ci présentant un point d’analyse positionnétoutes les 6 heures. Le décalage temporel observé entre les surcotes maximales simulées et mesurées peut s’expliqueren partie par le manque de points d’analyses. Une autre piste possible d’amélioration pour l’opérationnel serait deprévoir les trajectoires avec des points d’analyse disposés toutes les 3 heures, pour corriger le biais du décalagetemporel et affiner la précision de la surcote.

Enfin, les vagues constituent avec la marée l’un des processus moteurs de l’hydrodynamique côtière. Elles agissentlocalement sur les surcotes au niveau du rivage par déferlement, mais aussi un peu plus au large par la modification ducoefficient de friction du vent. Il serait donc intéressant, à l’avenir, de coupler le modèle de prévision de surcote à unmodèle de prévision de vagues et de houle, et pourquoi pas aussi à un modèle hydrographique de prévision des cruesdes rivières.

Aujourd’hui (juin 2018), le modèle de prévision de surcote cyclonique est utilisé en opérationnel à la DIRNC. Il a étééprouvé lors de la saison cyclonique 2017-2018, qui s’étend de novembre à avril en Nouvelle-Calédonie. Les résultatsdes simulations obtenues avec la bathymétrie de résolution 0,5’ ont été satisfaisants. Le décalage temporel a été dimi-nué en intégrant des points d’analyse espacés de 3 h au lieu de 6 h, sous Synergie-cyclone. Au cours des semaines àvenir, un nouveau fichier de bathymétrie de résolution 200 m va être intégré au modèle. Des tests seront effectués pouréprouver les résultats de simulations réalisées avec cette nouvelle bathymétrie, de façon à configurer au mieux lemodèle de prévision de surcote pour la prochaine saison cyclonique. Cela permettra peut-être au passage de com-prendre pourquoi l’usage d’une bathymétrie à 900 m de résolution a donné systématiquement de meilleurs résultatsque celle à 600 m de résolution dans cette étude.

BibliographieHolland, G.,J., 1980. An analytic model of the wind and pressure profiles in hurricanes. Mon. Wea. Rev., 108, 1212-1218.

Daniel P., B. Haie and X. Aubail, 2009: Operational Forecasting of Tropical Cyclones Storm Surges at Meteo-France, Marine Geodesy, 32:2, 233-242.

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AU TEMPS PASSÉ…

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Réseaux météorologiques aux XVIIe et XVIIIe sièclesLes buts de ces réseaux d’observation étaient demieux connaître le climat, notion encore embryon-naire au XVIIe et XVIIIe siècle. Il s’agissait aussid’étudier le lien entre l’atmosphère et la santé, les maladies étant encore nombreuses à cetteépoque et souvent associées à une atmosphèreviciée, comme le pensait Hippocrate !

D’après l’article paru dans Météo et Climat, CR du colloque AIC Nice

L’étude des réseaux d’observation météorologique au XVIe et XVIIe siècle est importante sur le plan historique. Enoutre, le changement climatique récent pousse à examinerminutieusement les climats passés à l’ère préindustrielle.L’existence de ces réseaux est liée aux progrès de l’instru-mentation, mais réside aussi dans la volonté de mieux con-naître les différents climats de l’Europe, voire de la Terre.Montesquieu, dans sa théorie des climats (Esprit des lois,1748), développe l’idée que le comportement de l’homme estfortement conditionné par le climat. Par ailleurs, si l’on parlede réseau d’observation, on a plutôt à faire à des listes de sta-tions et de données, pas à des cartes géographiques oumétéorologiques ; la météorologie est en effet une science

balbutiante à cette époque et la diffusion des données n’estpas effectuée en temps réel. En outre, le thermoscope inventépar le médecin italien Santorio en 1608 après des études deGalilée sur le chaud et le froid, oriente les mesures principale-ment vers la température, avec des échelles de mesure varia-bles (thèse de doctorat de Michel Beaurepaire : “L’observationthermique de l’atmosphère en France et dans les pays prochesaux XVIIe et XVIIIe siècles ; l’invention du thermomètre - le trai-tement des données anciennes”, Université de Paris IV, ParisSorbonne, 26 avril 1994).

1. Le réseau Médicis (1654-1670)Le duché de Florence du temps des Médicis eut l’ambitiond’une connaissance objective de la nature (au contraire d’A-ristote) et, dans ce but, développa un réseau de onze sta-tions d’observations météorologiques de 1654 à 1670, dontsept en Italie autour de Florence. C’est l’Académie del Cimen-to (1657-1667), Académie de l’expérience qui soutient ceréseau. Il s’agit d’une connaissance qui éprouve les faitsd’observation, opposée à Aristote qui privilégie la penséesubjective (Météorologiques). Ce réseau s’étend jusqu’àInnsbruck, Varsovie et Paris, avec des observations envoyéesrégulièrement au Grand Duc Ferdinand II, à l’origine duréseau avec son frère Léopold de Médicis (Camuffo et Berto-lin, 2012). Les stations utilisent le thermomètre à esprit devin, inventé à Florence par le Grand Duc vers 1650 (inspiré duthermoscope), et la même méthode incluant divers paramè-tres météorologiques. La liste des stations et des observa-teurs figure dans le Tableau 1 tiré d’un article antérieur, qui

Station Latitude Longitude Altitude Période Observateur

1 Florence 43° 47’ 11° 15’ 50 m 15-12-1654 Inconnu31-03-1670

2 Vallombrosa 43° 44’ 11° 34’ 980 m 01-01-1656 Paceschi, Casini,31-05-1670 Signorini

3 Pise 43° 43’ 10° 24’ 4 m 26-11-1657 Borelli, Viviani08-05-1658

4 Cutigliano 44° 6’ 10° 45’ 678 m 06-03-1658 Inconnu31-03-1659

5 Bologne 44° 29’ 11° 20’ 54 m 01-12-1654 Riccioli31-03-1656

6 Parme 44° 48’ 10° 20’ 57 m 23-12-1654 Terrillo31-12-1660

7 Milan 45° 27’ 9° 11’ 137 m 17-02-1655 del Re30-04-1656

8 Innsbruck 47° 16’ 11° 23’ 574 m 06-03-1655 Inconnu30-04-1655

9 Varsovie 52° 13’ 21° 00’ 97 m 10-05-1655 Inconnu16-05-1655

10 Osnabrück 52° 17’ 8° 03’ 63 m Observations Inconnuperdues

11 Paris 48° 51’ 2° 20’ 33 m 25-05-1658 Ismaël Boulliau19-09-1660

Tableau 1 : Liste des stations avec leur position (latitude, longitude), leur altitude, la période d’observation et le nom des observateurs (Camuffo et Bertolin, 2012).

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Au temps passé…

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consacre une longue étude au thermomètre florentin utilisé(un exemplaire original se trouve au Musée de Florence) etqui cherche à vérifier la cohérence des échelles de tempéra-ture pour les mesures en différentes stations. Les observa-tions sont faites en général dans des couvents, puisque lavie monacale garantit des observations régulières (de jourcomme de nuit), même s’il y a des changements inévitablesd’observateurs ! Ils sont bénédictins à Florence et Vallom-brosa, jésuites ailleurs en Italie (donc de bon niveau intel-lectuel) ! Les stations principales de Florence et Vallombrosaeffectuent cinq à huit observations par jour. Proches duGrand Duc, ces stations cesseront leur activité trois ansaprès l’arrêt officiel du réseau, à la mort du Grand Ducen 1670. Les autres stations du réseau, stations secondai-res, fonctionnent surtout l’hiver et l’été pour repérer lesextrêmes de température, mais aussi pour définir le climat“moyen” de la région, état milieu entre les extrêmes froidset chauds. Le réseau devait aussi permettre de répondre àdes questions simples : Comment varie la température dansdifférents pays, en fonction de l’altitude ou de la latitude ?La glace fond-elle à la même température, quelle que soit lalocalisation ou l’altitude ? La densité des liquides dépend-elle de la température ? Quelle différence de températureentre l’ombre et le soleil ?

Voici d’autres détails intéressants sur ce réseau. À Pise, sonteffectuées les toutes premières observations de pression enEurope pour les années 1657-1658, permettant de caractéri-ser l’hiver 1657-1658. Varsovie intègre le réseau en 1655,grâce à la reine de Pologne Marie-Louise de Nevers quiconnaît le Grand Duc et a reçu de lui un thermomètre flo-rentin ! Plus tard, Ismaël Boulliau obtient un tel thermomè-tre, parce qu’il connaît Pierre des Noyers, secrétaire de lareine de Pologne ! Le réseau s’arrêtera complètementen 1670, à la mort du Grand Duc, date à laquelle cette Aca-démie de l’expérience devra cesser ses activités.

2. La longue série de Louis Morin(1665-1713)À peu près à la même époque, en France, sous le règne deLouis XIV, le médecin Louis Morin (1635-1715) relève lestempératures à Paris de février 1665 à juillet 1713, avec unthermomètre “de type Florentin” (Legrand et Le Goff, 1987).C’est la série française la plus longue (environ 50 ans) ; là,il ne s’agit pas de réseau, mais d’un seul point d’observa-tion. Les relevés sont effectués à son domicile rue Quincam-poix jusqu’en 1683, puis à l’hôtel de Rohan-Soubise (devenules Archives nationales) pour quelques années. Il gagnealors l’Abbaye de St Victor en 1688, où il poursuit ses obser-vations. En plus de la température, il note aussi pression,humidité, pluie et brouillard. Les données recueillies ont faitl’objet de publications, l’une, détaillée, dans un mémorial dela Météorologie Nationale (Legrand et Le Goff, 1992), l’au-tre, des températures, dans La Météorologie (Rousseau2015). Louis Morin est un personnage illustre : médecin deRacine et de la duchesse de Guise, il entre à l’Académie desSciences en 1707. Il mène une vie austère et rangée, qui luipermet de faire des observations régulières, ce qu’illustrebien l’éloge funèbre de Fontenelle :

« Il en est de même d’un journal de plus de quaranteannées où il marquait exactement l’état du Baromètre etdu Thermomètre, la sécheresse ou l’humidité de l’air, le

Vent, ses changements dans le cours de la journée, laPluye, le Tonnerre et jusqu’aux Brouillards, tout cela dansune disposition fort commode et fort abrégée, qui pré-sentait une grande suite de choses différentes en peud’espace. Il échapperait un nombre infini de ces sortesd’observations à un homme plus dissipé dans le Monde,et d’une vie moins uniforme. »

3. Le réseau de James Jurin en Grande-Bretagne (1724-1735)Environ cinquante ans plus tard, la Grande-Bretagne voitnaître le réseau de James Jurin (1684-1750), avec la Sociétéroyale britannique, dont il est le secrétaire. J. Jurin, médecinconnu pour ses travaux sur la variole, mais aussi physicien àl’origine d’une loi sur la capillarité, est resté célèbre pourdéfendre Newton dans les controverses académiques. Il lan-ce un appel en 1723, pour constituer un réseau d’observa-teurs, qui fonctionnera de 1724 à 1735 (Camuffo et al.,2010). Son but est médical, inspiré par la théorie néo-hippo-cratique et pour cette raison, les observations sont réaliséesà l’intérieur. J. Jurin est membre du Collège royal de Médeci-ne de 1717 jusqu’en 1750, où il en devient président. C’estaussi l’année de sa mort.

4. La Société Royale de Médecine(1776-1792) En France, vingt-cinq ans plus tard, un réseau va se déve-lopper avec Félix Vicq d’Azyr (1748-1794) et la Société roya-le de médecine qu’il a fondée en 1776. C’est un médecin (ilsoigne Marie-Antoinette), mais surtout un anatomiste etnaturaliste, qui s’intéresse aux animaux et à leurs maladies.Il rentre en 1774 à l’Académie des Sciences, où on luidemande d’étudier les moyens de juguler une épizootiedans le Sud-Ouest de la France. En 1776, l’année du premiergrand froid depuis 1740, il lance une enquête de médecineet de météorologie qui remporte un vif succès (Arrêt duConseil Royal du 29 avril 1776). Le réseau comprend137 correspondants en France et 35 à l’étranger pour lapériode 1776-1792 (Desaive et al., 1972). Les observateursrelèvent trois fois par jour (à 7h, 12h ou 14h et le soir à 21hou 23h) température et pression, notent la direction princi-pale du vent pour la journée, et, chaque mois, le nombre dejours de pluie, et une appréciation climatique générale(froid, assez humide par exemple). L’enregistrement desdonnées est réalisé avec le formulaire du Traité de Météoro-logiedu père Cotte (1774) ce qui permet de disposer de don-nées comparables dans leur présentation.

5. Les observations de Louis Cotte,prêtre et météorologiste (1740-1815) C’est un prêtre oratorien, qui devient curé d’Enghien en 1764,petite ville dont il découvre les eaux sulfureuses (Caron,2002). Sa rencontre avec le botaniste Duhamel du Monceau(1700-1782), intéressé aussi par la météorologie, fait naître savocation de météorologiste. En effet Henri-Louis Duhameldu Monceau s’est passionné pour les plantes, l’agriculture etla météorologie, notamment dans son domaine de Denain-villiers près de Pithiviers dans le Gâtinais. « Né avec le siècle,ce grand savant avait commencé en 1740, l’année du grandfroid (la plus froide du siècle en Europe), ses observations

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Au temps passé…

24 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

botanico-météorologiques dans sa propriété du Gâtinais qu’ilpoursuivit régulièrement toute sa vie trois fois par jour malgréses multiples activités. … À sa mort, en 1782, il laissait plus dequarante années d’observations météorologiques (Pueyo,1980). » Ainsi Louis Cotte visite Duhamel, dans son domainedu Gâtinais, et lui fait découvrir cette science relativement jeu-ne qu’est la météorologie. Il revient enthousiasmé à Montmo-rency, se procure les instruments pour constituer un posted’observation sur la terrasse du presbytère (1767). Il com-mence des observations régulières (trois fois par jour) de tem-pérature, pression, humidité, pluie et vent. Par la suite le pèreCotte sera capable de mener à bien ses deux vocations : prê-tre et météorologiste. Il entretiendra une correspondanceavec beaucoup de scientifiques mais aussi d’observateurs,comme le Docteur Maret à Dijon, qui fournira sept ans d’ob-servations à la Société Royale de Médecine. Il établira denombreux contacts avec les observateurs dans différentesrégions de France (Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne,Bourgogne,…). Homme éclectique mais aussi scientifiquerigoureux, il publie en 1774 un monumental Traité de météo-rologie de 700 pages, qui fait référence et qui contient à lafois la physique des phénomènes, les appareils de mesure, etenfin des observations, ouvrage complété en 1788 par sesMémoires sur la Météorologie. À sa mort en 1815, en plus d’une œuvre scientifique considérable, il laisse quaranteannées d’observations (1765-1803) en région parisienne, àParis et à Montmorency (Pueyo, 1994).

6. La Société Météorologique Palatine(1780-1792) développe un réseau qui fonctionne de 1780 à 1792, avectrente-neuf stations qui vont jusqu’au Groenland et en Russiemais ignorent l’Espagne et la Grande-Bretagne. Il s’agit d’unréseau mondial qui fait la synthèse des réseaux précédents etbénéficie des progrès de la science et de l’instrumentationmétéorologique. Il est organisé comme suit. Les observateursenvoient leurs relevés à Mannheim où se trouve le secrétairede la Société, J. Hemmer, qui publie les Ephémérides de cesobservations journalières (en latin). Kington (1974) donne laliste des principaux observatoires et des observateurs, où l’ontrouve des scientifiques illustres (Euler à St-Petersbourg)mais aussi des religieux : augustins, bénédictins, francis-cains, puisque les observations étaient souvent réaliséesdans des couvents. Sont relevées les variables météorolo-giques et aussi astronomiques. Le codage employé sur lestables a été mis au point par le physicien néerlandais P. VonMusschenbroek. L’état du ciel concerne uniquement la nébu-losité. Le Tableau 2 fournit les relevés météorologiques effec-tués à Mannheim du 1er au 15 janvier 1785 par le secrétaire dela Société Palatine J. Hemmer (Kington, 1974).

Après la révolution, une douzaine de stations en France ontcontinué les séries. On trouvera, dans Kington (1988), la listedes observatoires météorologiques existant en Europeen 1780 avec la période et les paramètres d’observation. Parailleurs, il est pertinent de noter que l’on puisse lire cette his-toire des réseaux au XVIIe et XVIIIe siècles dans des articlesqui reconstituent des séries de températures dans le cadredu changement climatique (Camuffo et al., 2010). En effet lechangement climatique récent pousse à examiner en détail leclimat passé. L’Union européenne soutient des projets derecherche sur l’histoire du climat pour reconstituer les séries

d’observations passées (Millenium1, Euro-Climhist2). Pour cesprojets, les mesures de température, en particulier, font l’ob-jet d’une analyse minutieuse pour assurer l’homogénéité dela mesure et la qualité de la série temporelle. Elles permettentune reconstitution de longues séries de températures sur unepériode très longue, comme l’a fait Rousseau (2009)3 à Paris,mais aussi de préciser l’ampleur et la vitesse du changementclimatique, en comparaison avec ces périodes. En conclusion,à l’ère du changement climatique, ces données anciennes detempérature sont absolument essentielles comme témoinschiffrés de l’ère préindustrielle.

RÉGIS JUVANON DU VACHAT

Tableau 2 : Observations journalières faites par Johann Hemmer à Mannheimdu 1er au 15 janvier 1785 d’après les Ephémérides de la Société Météorolo-gique Palatine (Kington, 1974)

1. Le projet européen Millenium vise à reconstituer le climat del’Europe au cours du dernier millénaire pour étudier si le chan-gement climatique du 20e siècle excède la variabilité de cettepériode.2. Euro-Climhist est une base de données normalisées d’origi-nes diverses constituée à partir de l’année 1500 par l’Universi-té de Berne (Suisse).3. Rousseau D., 2015 : Les températures moyennes en régionparisienne 1676 à 2008 in La Météorologie (2009 8ème série,67, 43-55.

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ACTUALITÉS…

Le 22 août 2018, à partir de la base guyanaise de Kourou, une fusée Vega a mis sur orbite le satellite Aeolusmuni d’un lidar, le premier instrument spatial capable d’observer des profils verticaux de vent dans l’atmosphère. Ce satellite, appelé aussi ADM-Aeolus (ADM = Atmospheric Dynamics Mission) est placé surune orbite héliosynchrone à 320km d’altitude. Il est équipé d’un seul instrument : le lidar-vent Aladin(Atmospheric Laser Doppler Instrument) mesurant le vent par effet Doppler. Il s’agit d’une mission expéri-mentale pilotée par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) dans sa série dite « Earth Explorers ». Les donnéesdoivent être mises à disposition de la communauté scientifique mondiale (en particulier de tous les servi-ces météorologiques nationaux) d’ici quelques mois, et la durée de vie de la mission est estimée à 3 ans(2018-2021). Si elle est couronnée de succès, elle prouvera la viabilité de ce concept de “idar-vent spatial”et ouvrira la voie à des missions pleinement opérationnelles basées sur le même concept.

Pourquoi un nouveau satellite pour mesurer le vent ?Une description détaillée de l’atmo-sphère en termes de température, humi-dité et vent, est nécessaire pour laprévision du temps et les études clima-tiques. Pour toutes ces variables, il estimportant de pouvoir observer en conti-nu ou très régulièrement leurs profilsverticaux, en particulier pour alimenterles modèles numériques qui fournissenten temps réel analyses et prévisionsmétéorologiques. En 2018, ces modèlestraitent leurs équations sur un nombrede niveaux de l’ordre de la centaine (137pour le CEPMMT, Centre Européen dePrévision Météorologique à Moyen Terme). Idéalement, il faudrait pouvoirdisposer sur tout le globe d’observa-tions météorologiques se présentantsous forme de profils verticaux ayant lemême niveau de détail.

Le réseau mondial de radiosondages estle seul système d’observation fournis-sant opérationnellement des profils ver-ticaux de température, d’humidité et devent depuis le sol jusqu’à 20 ou 30 kmd’altitude. Mais sa couverture de la pla-nète est limitée aux zones habitées, laissant presque inobservés océans,déserts continentaux et calottes polai-res. Concernant la température et l’hu-midité, dès les années 1970, le manquede profils verticaux observés sur leszones inhabitées a été en partie com-pensé par le lancement de satellitesmétéorologiques équipés de sondeurs(radiomètres observant la Terre dans lesfréquences visibles, infrarouges oumicro-ondes) fournissant des détails surla structure verticale de l’atmosphère,sans toutefois atteindre la résolutionverticale des radiosondes. Aujourd’hui,en 2018, les instruments spatiaux ob-

22 août 2018 : lancement du satellite Aeolus

servant nuages, état du sol, températu-re et humidité dans leurs structures ver-ticales ont beaucoup progressé en qualité, en nombre et en diversité detechniques. Mais la structure verticaledu vent reste inobservée depuis l’espace, bien qu’il existe de nombreuxsystèmes d’observation satellitaire per-mettant d’estimer le vent à un niveauunique de l’atmosphère (vents obtenuspar le suivi du déplacement des nuages ;vents obtenus à la surface de l’océanpar des diffusiomètres mesurant depuisl’espace la rugosité de la surface océa-nique). Voir par exemple le site deMétéo-France donnant en temps réel lesdivers types d’observation disponiblespour la prévision numérique (sur tout le globe) : cliquer sur « Data coveragemaps » après avoir rejoint le lien :http://www.meteo.fr/special/minisi-tes/monitoring/menu.html

Données de radiosondages disponibles à Météo-France au voisinage du 8 septembre 2018, 0hUTC.Source : Météo-France (site web cité dans le texte)

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Actualités…

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Le réseau mondial de radiosondagesest maintenant renforcé dans sacapacité à mesurer des profils verti-caux de vent par les mesures d’avions(atterrissages, décollages) ainsi queles mesures télédétectées de profi-leurs (radars ou lidars) opérant à par-tir du sol. Mais les premières ne sonteffectuées que près des aéroports, etles deuxièmes ne sont disponiblesque sur les zones habitées. Donc ellesn’aident pas à compenser le manquede profils observés sur les zonesocéaniques et désertiques. Depuisles années 80, cette lacune a amenéles scientifiques à réfléchir à la pos-sibilité d’observer le vent depuisl’espace, en particulier par la tech-nique du lidar.

Que mesure le lidar Aladinembarqué sur Aeolus ?

Pour mesurer les vents depuis l’espace,Aeolus va tester une technique lidarnouvelle mise au point par AirbusDefence and Space (précédemment« Matra Marconi Space (MMS) » puis“Astrium”). Il s’agit d’un laser de fortepuissance qui va sonder les couchesatmosphériques depuis une trentainede kilomètres d’altitude jusqu’au sol. Ilenvoie des impulsions depuis le satel-lite à une longueur d’onde unique fixéeà 355 nm (dans l’ultra-violet), selon unangle de visée s’écartant de 35° dunadir, sur la droite par rapport au mou-vement du satellite. La principale mesu-re du lidar Aladin est donc un ensemblede valeurs du vent le long de cette lignede visée inclinée à 35°, valeurs obte-nues à partir des échos reçus en retourpar l’instrument depuis différentes cou-ches de l’atmosphère (et du décalageDoppler de ces échos). Les cibles princi-pales du laser sont essentiellement lesmolécules des principaux constituantsde l’air (azote et oxygène) en ciel clair.Toutefois sa forte résolution spectralelui permet d’identifier aussi plusieurstypes d’aérosols ainsi que le sommetdes nuages.

Seule la composante du vent le longde la ligne de visée (LOS – Line OfSight) est obtenue par cette tech-nique. Elle est appelée « vent LOS »(« LOS wind » en anglais). De plus,afin d’obtenir une bonne précision lessignaux Doppler sont accumulés etmoyennés sur une distance de l’ordrede 87 km (voir figure) le long de la tra-

jectoire du satellite (ou plutôt de satrace au sol selon la ligne de visée)afin de produire un profil de vent LOS.A cette échelle horizontale, le ventvertical est généralement négligeabledevant le vent horizontal, ce qui per-met d’extraire tous les 87 km environdes vents horizontaux selon la lignede visée appelés « vent HLOS » (Hori-zontal Line Of Sight winds). Ce venthorizontal est le produit qui intéressele plus les utilisateurs, en particulierceux s’occupant de l’assimilationpour les modèles de prévision numé-rique du temps et pour les réanalysesclimatiques. On espère pouvoir leproduire sur une vingtaine de niveauxen ciel clair le long de la ligne devisée.

Les principales limitations de ce systè-me d’observation sont les suivantes :– une seule composante du vent observé, celle dans la direction devisée (qui est perpendiculaire à la tra-jectoire du satellite Aeolus).– Peu de points d’observation du faitde la ligne de visée unique et de l’in-terdistance de 87 km entre profilsobservés ; donc couverture globaleen données peu dense si on la com-pare aux autres instruments spatiaux

sondant l’atmosphère en températu-re et humidité.– Comme pour les sondeurs infrarou-ges satellitaires, le lidar Aladin nepénètre pas les nuages, et donc lesobservations sont limitées aux par-ties de l’atmosphère en ciel clair ousituées au-dessus des nuages.

La vidéo de l’ESA, visible sur le sitesuivant explique très bien à la fois lefonctionnement de l’instrument etl’intérêt de mesurer le vent sur toutela planètehttp://www.esa.int/spaceinvideos/Videos/2018/08/Why_measure_wind

Aeolus : une mission résultant d’un long processus, pouvant déboucher sur plusieurs autres missions spatiales

Le lidar a été utilisé en météorologiedepuis un demi-siècle pour étudier àpartir du sol la composition chimiquede l’atmosphère, les aérosols, les nua-ges et le vent. Dans ce domaine, la com-munauté scientifique française s’estmontrée très active. A partir des années 80, la plupart des campagnes

Principe de la mesure du vent par la mission spatiale Aeolus. Crédit ESA (www.esa.int).

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Actualités…

27arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

de mesures en météorologie ont utilisédifférents types de lidars, d’abordinstallés au sol, puis souvent aussiembarqués sur des avions de recher-che. Dès le début du XXIe siècle, ils ontcommencé à fonctionner régulièrementdans le contexte des réseaux de profi-leurs opérationnels en météorologie.En 2018, Météo-France opère en routineune dizaine de stations profileurs-lidarsobservant les aérosols (cendres volca-niques en particulier) ou le vent. Voir :http://www.meteofrance.fr/prevoir-le-temps/observer-le-temps/moyens/les-lidars-et-sodars

La technologie du lidar a mis beau-coup plus de temps à se développer defaçon à être utilisée à bord d’un satel-lite, ce qui explique qu’il a fallu atten-dre 2018 pour voir le premier lidar-ventdans l’espace, alors que plusieurs pro-jets étaient déjà étudiés dans lesannées 1980. C’est en 1999 que l’ESA adécidé de développer la mission spa-tiale expérimentale Aeolus. 2007 étaitalors la date envisagée pour le lance-ment. La mission a été confiée à AirbusDefence and Space qui a mis au pointl’instrument et le satellite dans soncentre toulousain. Dès 2003 unemaquette de l’instrument a été réali-sée, produisant des observations devent correctes à partir du sol. Mais ellen’a plus fonctionné dès qu’on l’a misedans les conditions de l’espace, et il afallu plusieurs années de reconfigura-tions, de réajustements et de testspour aboutir au lancement d’août2018.

Deux problèmes au moins contribuentà expliquer les difficultés techniquesdes missions spatiales embarquantdes lidars par rapport aux instrumentsbasés au sol :– le lidar-vent est un instrument actifgros consommateur d’énergie ; ceciexplique en particulier que la durée devie estimée pour Aeolus soit de 3 ans,alors que par exemple le premier satel-lite Metop, lancé en 2006, voit fonc-tionner encore la plupart de sesinstruments 12 ans plus tard.– Aladin est un type d’instrument trèssensible au milieu dans lequel il setrouve plongé et à ses variations. Il estdonc très difficile de s’assurer qu’ilfonctionnera bien dans l’espace pardes tests au sol simulant l’environne-ment spatial. Ainsi, le transport d’Aeo-lus depuis l’Europe jusqu’à Kourou,avant son lancement, a dû être effec-

tué en bateau plutôt qu’en avion, pourlui éviter les brusques variations depression atmosphérique au momentdu décollage et de l’atterrissage de l’avion.

Aeolus est une mission expérimentale.Il s’agit de vérifier si un lidar spatial estcapable de mesurer le vent sur uneépaisseur de l’atmosphère de l’ordrede 30 km avec suffisamment de préci-sion et de fiabilité. La durée de vie dusatellite a été estimée à 3 ans. Le com-promis choisi par les concepteurs duprojet a été de favoriser plus la qualitéde la mesure que la quantité d’obser-vations produites, en particulier eneffectuant une moyenne des signauxsur 87 km et en produisant seulementune composante de vent tous les 87 km, selon une ligne de viséeunique. La couverture de données(représentée ici sur une période de 12 h) est peu dense (quelques milliersde points d’observation) comparée àcelle des sondeurs atmosphériquestels que IASI (quelques centaines demilliers d’observations, mais très rap-prochées et très redondantes). Notonsque le nombre d’observations (profilsverticaux) de Aeolus est du même ord-re que le nombre de stations du réseaumondial de radiosondages, principalesource directe d’information sur le pro-fil vertical du vent jusqu’à maintenant,mais avec une répartition sur le globeplus homogène.

La mission Aeolus sera un plein succèssi des données lidar sont finalementproduites en temps réel sur une pério-de proche de 3 ans, si elles s’avèrentsuffisamment fiables et précises, et si

elles peuvent être assimilées dans unmodèle en améliorant la prévision glo-bale de manière significative.

C’est le CEPMMT qui doit se charger duprétraitement des données brutesfournies par l’ESA, de la productiondes vents (sous forme de composan-tes HLOS) et de leur diffusion en tempsréel auprès des divers utilisateurs(autres centres météorologiques etcommunauté scientifique en général).C’est donc le CEPMMT qui est en pre-mière ligne pour le monitoring desfutures données (évaluation en tempsréel de leur disponibilité et de leurqualité), pour tester leur impact sur laprévision, et pour les utiliser en lesassimilant dans le modèle global si lestests se révèlent positifs. Les mêmesopérations de monitoring et d’assimi-lation doivent être effectuées dansplusieurs autres centres météorolo-giques équipés de modèles globaux(Météo-France et son modèle Arpègepar exemple) à partir des mêmes don-nées fournies par le CEPMMT. Notonsque le produit principal d’Aeolus (descomposantes de vent HLOS plutôt quedes vecteurs vent) est difficilement uti-lisable autrement que dans une assi-milation globale conçue pour traiterdes types d’observation très variés.

La mission expérimentale Aeolus nesera pas pérennisée, du moins pas toutde suite. Mais si elle est un plein succèselle ouvrira la voie à plusieurs autresmissions qui devraient permettre à par-tir des années 2020 ou 2030 de biencouvrir le globe en données de ventpleinement opérationnelles. En renfor-çant le nombre total d’observations et

Couverture de données simulées Aeolus sur une période de 12h. Image : CEPMMT (Michael Rennie)

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Actualités…

28 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

ActualitésMétéorologiques

donc la couverture de données par rap-port à Aeolus, on peut espérer une avan-cée majeure dans l’observation globaledu vent, dans la qualité des prévisionset des réanalyses climatiques.

Comment s’informer sur les principaux satellitesmétéorologiques ?

Le web Oscar de l’Organisation Météo-rologique Mondiale, maintenu entemps réel, permet de s’informer de lasituation concernant tous les satellitesmétéorologiques et environnemen-taux, avec une fiche technique concer-nant chaque instrument. Ainsi, tous lesdétails concernant Aeolus et Aladinsont accessibles à partir de :https://www.wmo-sat.info/oscar/satellites/view/4

et à partir d’une page du même site :https://www.wmo-sat.info/oscar/spacecapabilities

On peut y découvrir les satellites récemment lancés (cliquer sur « Recen-tly launched »), les satellites qui doi-vent être bientôt lancés (cliquer sur « Planned launches 20xx »). Pour s’in-former sur un satellite ou un instru-ment particulier, il suffit d’introduireson nom dans la case « Quick search »en haut à droite.Ainsi, en cliquant sur « Planned laun-ches 2018 » on découvre une listeimpressionnante de satellites devantêtre lancés à l’automne 2018. Parmieux on trouve le 3e satellite de la série européenne Metop (programmeEumetsat) : Metop-C, prévu pournovembre 2018. Les deux premiers(Metop-A lancé en 2006 et Metop-Blancé en 2012) sont toujours opération-nels avec la quasi-totalité de leursinstruments.

JEAN PAILLEUX

Photo laurent KerjeanMétéo sur Mars

La Nasa a lancé en maila sonde InSight. La station météo complètequi va “amarsir” (atterrirsur Mars !) en novembrecomporte à son bord le sismomètre françaisultrasophistiqué SEIS(Seismic Experiment forInterior Structure), instru-ment principal de la mis-sion. Sa fonction sera dedifférencier les vibrationssismiques de la planètedes différents bruits de fond produits par son atmosphère.Plusieurs autres stations météos sont déjà présentes sur Mars, mais celle-ci effectuera des mesures en continu et son capteur de pression atteint laprécision inégalée du dix millionième de Pascal. De plus, enveloppée dansun imposant système de protection contre les vents et les variations detempérature, elle pourra, pour la première fois, reposer sur le sol. Les scien-tifiques disposeront ainsi d’informations d’une grande précision.

D’après Sciences et Avenir - Mai 2018

Un drone naval sur les océans

Adieu les bouées quenous connaissons bien !La société britanniqueAutonaut a conçu, et réa-lisé en pièces imprimées3D, un navire autonome,surveillé par satellite,tirant de la houle son éner-gie de déplacement. Son-des et capteurs sont, eux,alimentés par une surface de panneaux solaires.

D’après Sciences et Avenir - Mai 2018

Propagation du panache des incendies

Des chercheurs de l’université de Paris-Saclay ont mis en évidence le che-min parcouru par les fumées émises par les incendies survenus au Canadaet aux Etats Unis lors de l’été 2017. Ils ont observé une dispersion dansl’hémisphère Nord (jusqu’en France) comparable à celle d’une éruption vol-canique.

D’après Sciences et Avenir - Mai 2018

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SOUVENIRS ET TÉMOIGNAGES…

Il y a tout juste 60 ans, pendant l’été 1958, j’ai embarquéà 17 ans comme “Pilotin”1 sur le pétrolier “Caltex Bayon-ne”2 au départ du Bec D’Ambès (ancienne raffinerie Cal-tex située près de Bordeaux, au confluent de la Garonneet de la Dordogne).

Notre périple : pour chargement du pétrole, soit à Sidonau Liban, soit à Ras Tanura au Golfe Persique près de Bah-rein, aux deux extrémités du “Tapline” (Trans ArabianPipeline) avec des livraisons de produits à Brest, Ambes etLavera.

À bord, le “statut” de pilotin m’a permis de pratiquer desactivités très variées, entre autres :– approche des métiers de la Marine Marchande, lors des“quarts” à la passerelle comme à la machine (local attei-gnant des températures de 60°C, gants obligatoires pourtenir les rambardes des “échelles”, en buvant 20 litresd’eau par quart : …),– corrections des cartes marines « papier » à la main,pour des modifications de phares, d’épaves, de hautsfonds, 800 pendant mon séjour,– tenue de la “Barre” traditionnelle au “Compas”, sanspilote automatique de route,– veille, de jour et de nuit, pour le repérage et le suivi desautres navires et objets flottants,

– mise à l’heure manuelle de toutes les pendules du bordà chaque changement de fuseau horaire, et tenue du livreofficiel ad hoc,– manipulation du sextant, et calcul du “point” quotidien derecalage à midi (pas encore de centrale à inertie ou de GPS …),– “dépannage” du radar du bord, un des premiers instal-lés sur un navire de Marine Marchande. Sortant du lycéeet avant la prépa, je n’avais aucune compétence enélectronique. Mais, pas peu fier, j’ai résolu le problème en48 heures (en testant l’une après l’autre ses lampes aveccelles en réserve dans l’armoire…),– et, pour l’anecdote, recherche de nouvelles “planques”indétectables lors des visites des douanes locales auxescales pour cigarettes et alcools (à l’époque, plus clas-siques que la drogue …).

IL ÉTAIT UNE FOIS…

un pilotin météo sur un pétrolier…Photo 1 : itinéraire du Trans Arabian Pipeline (TAPLINE)

Photo 2 : le “Caltex-Bayonne”

Photo 3 : pilotin à la barre

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Souvenirs et témoignages…

30 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

Enfin et surtout, la METEO, que le pétrolier, “Navire sélec-tionné”, n’exploitait pas précédemment par manque d’opérateur volontaire.

À l’initiative du Commandant3 et avec l’aide du Radio, j’aidonc remis en service les relevés des données météo etleur communication au centre de collecte à travers lemonde, le Centre Radio-maritime de Saint-Lys Radio4 àproximité de Toulouse.

Ceci supposait deux prérequis : – l’apprentissage du Morse niveau débutant (seul vecteurde communication fiable à l’époque), sous la responsabi-lité du Radio du bord avec le matériel dédié,– l’assimilation des consignes (sur un fascicule de procé-dures de la Météorologie Nationale, avec un album detypologie et codification des nuages illustré par leursphotos en noir et blanc) ainsi qu’une “boîte à outils”,sommaire et limitée à un baromètre, un “psychromètrecrécelle” et les abaques pour les calculs du taux d’humi-dité et de la direction du vent réel (fonction de celle duvent apparent et de celle du navire).

Je renvoie en nota la description détaillée par METMAR5

du matériel mis à disposition des navires sélectionnés40 ans plus tard, plus particulièrement du fameux psy-chromètre et de ses conditions d’usage.

Avouons qu’en 1958, ces spécifications n’étaient pasrespectées à la lettre :– la température de la mer était tout simplement relevée,dans la machine, sur le thermomètre de la prise d’eau demer de refroidissement du condenseur,– la vérification du 0° C de référence des thermomètresnécessitait de la “glace fondante”, plutôt réservée à bordau pastis ou au whisky.

Mes difficultés provenaient surtout de l’évaluation “pifo-métrique” de la hauteur et de la direction des vagues, ain-si que du choix de la nature des nuages d’après lesphotos du catalogue (27 types).

Et, pour évoquer le “psychromètre crécelle”, j’ai d’abord lesouvenir de l’absence de gaine en mousseline du thermomè-tre dit « mouillé » (précédemment disparue en mer ?). Je laremplaçais par un morceau du coton hydrophile subtilisé àl’infirmerie : mais celui-ci s’envolait souvent au vent ambiant,avant la mesure ou pendant la rotation de la crécelle, d’où larépétition fréquente des mesures avant de pouvoir utiliser

l’abaque. Quant à l’imbiber avec de l’eau distillée, réservéeau petit labo de contrôle de la machine du navire … L’eauprovenant du “bouilleur” (distillateur de l’eau de mer, sou-vent déréglé ou en panne) me paraissait suffisante.

Cependant le pire est l’utilisation de cet engin en condi-tions défavorables de vent sérieux, et du roulis qui enrésulte. Il s’agit de mesurer la température de l’air, doncobligatoirement à l’extérieur, en tentant de rester accro-ché, d’une main au bastingage, de l’autre à la poignée dela crécelle pour ne pas laisser tomber l’appareil à la mer.Il convenait en outre de le faire tourner d’un mouvementrégulier pendant 2 minutes (et, bien sûr, à l’abri du rayon-nement solaire direct, ou de celui du pont brûlant…),sachant que tout choc contre un obstacle, dans un mou-vement imprévu, soit sur la monture métallique et son axede rotation, soit sur les thermomètres à mercure en verrefragile, est évidemment néfaste.

N’ayant pas toujours la possibilité de regarder ma montreen même temps, je n’ai jamais garanti le référentiel des120 secondes, la limite étant la conservation en bon étatde mes deux poignets (et du psychromètre).

Je dois toutefois positiver la démarche : avant mes étudesd’ingénieur, l’usage intensif de la crécelle m’a permisd’appréhender, très physiquement, la combinaison aléa-toire de mouvements linéaires, tournants et oscillatoiressur un navire, ce que ses utilisateurs terriens n’ont pas eula chance de connaitre !

Malgré ces difficultés et approximations, on peut admet-tre que, toujours obtenus par le même opérateur, lesrésultats des mesures et évaluations étaient cohérents(notamment pendant une dizaine de jours entre Mer Rouge, Océan Indien et Golfe Persique : température del’eau de mer entre 32 et 35° C, de l’air entre 35 et 40° Cjour et nuit et taux d’humidité jusqu’à 90 % !).

Quoi qu’il en soit, tous les résultats étaient codifiés, en9 nombres de 5 chiffres chacun, transcrits sur un “météo-gramme” que je “montais” à la passerelle pour que leRadio en assure la transmission.

Les vacations devaient être effectuées toutes les 3 heures(en principe …), ce qui demandait une adaptation desactivités dans la journée et dans la nuit, plus facile pourun pilotin « horaire libre » que pour un marin souscontraintes. En compensation, une rémunération « à latâche » était attribuée par la Météorologie Nationale à

Photo 4 : psychromètre

crécelle

Photo 5 : radio à bord

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Souvenirs et témoignages…

31arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

l’observateur et au Radio. Pour moi, le tarif unitaire de60 Francs correspondait à celui du paquet de Gauloisesdétaxées à bord. C’est ainsi que j’ai commencé à fumerpendant certaines longues journées ou nuits de mer… (cequi était autorisé sur le pont, à l’arrière de la cheminée).

Au débarquement, le Radio m’a remis 6 000 Francs (106 euros de 2017) pour les 100 “Obs” valides effectuées.

En complément, voici un extrait de mon “journal de bord”personnel, manuscrit de 163 pages que je rédigeais tousles jours, avec la copie du journal réglementaire. À défautd’appareil photo, je dessinais les profils des côtes, lesplans des mouillages et certaines installations du navire.Ce document garde la mémoire des événements, des cir-constances, des lieux que je découvrais tout au long des16 800 milles (32 000 km) parcourus en 1 335 heures deroute (à 13 nœuds de moyenne), avec seulement 105 heu-res d’escales pour chargement/déchargement des produits.

Ci-dessous, la description « brute » de ma toute premiè-re expérience météo.En conclusion de cette découverte de la “Météo à l’an-cienne”, je ne peux que recopier la dernière phrase de cette page, telle que je l’avais écrite, en clôture de la jour-née du 20/08/1958 :

“Je suis surpris, et un peu fier, de constater qu’avec mes45 chiffres transformés en “points-traits”, je contribueun peu à l’établissement des prévisions !”

JEAN-CLAUDE MARCIACQ

Mercredi 20 août 1958(Etape Ambes >> Sidon/Liban)

À 8h30 nous sommes passés devant ALGER, éclairéepar le soleil qui commençait à monter. C’est la troisiè-me fois que nous croisons au large.Après le déjeuner, je travaille le morse, puis je monte àla passerelle pour la leçon de « météo » avec le Lieutenant. Il faut se servir de 3 livres, de 3 largestableaux, et d’un cahier spécial. On mesure, ou on éva-lue : pression, température, nuages, vagues, vents,etc … Tous ces résultats sont « chiffrés ». On écrit cesnombres sur un « météogramme », que le radio trans-met aussitôt à la station spécialisée. Le Bayonne est undes 60 bateaux sélectionnés par la Météo.L’observateur gagne 60 frs par observation (1,06 eurosde 2017). Le radio 26 frs (0,46 euros) pendant sonquart, et 110 frs (1,94 euros) en dehors du quart. Aujour-d’hui j’ai donc gagné 180 frs (3,18 euros), et le radio246 rs (4,34 euros).Pour faire le premier relevé en étant aidé, j’ai mis 3/4 d’heure. Ce qui est difficile, c’est de trouver le codeexact correspondant à la mesure, car il faut communi-quer 45 chiffres. De plus, certaines parties sont difficilesà évaluer : nature des nuages (il y en a 27 sortes), hau-teur des vagues, vitesse du vent (car il faut tenircompte de la route et de la vitesse du bateau).”

NOTES

1. PPIILLOOTTIINN.. Mon statut officiel : “Pilotin machine” = élève offi-cier stagiaire.Comment en suis-je arrivé là ? L’année précédente, en fin declasse de 1ère, j’avais participé à un concours sur dossier. Monprojet a été retenu par la Fondation CALTEX pour une boursede “Voyage d’études économiques”. Sujet proposé par laChambre de Commerce de la Gironde : la commercialisationdu lait au Danemark. Budget limité : d’où trajet Bordeaux –Copenhague et circulation au Danemark pour les enquêtes, envélomoteur (« Bima » Peugeot). Ce type d’aventure, assez rareen 1957 pour un jeune de 16 ans, a fait l’objet de plusieursarticles dans les journaux danois et français (Sud-Ouest, Pro-grès de Lyon,…).Au retour, mon rapport a obtenu le 1re prix, avec comme« récompense » un voyage sur un pétrolier de la compagnie.Avant la rentrée de 1958 en prépa, une fois enregistré sur le« rôle du Quartier de Bordeaux », j’ai embarqué sur le « CAL-TEX BAYONNE » parmi un équipage d’une trentaine de per-sonnes.

2. CCAALLTTEEXX BBAAYYOONNNNEE :: Pétrolier de type T2, de 16 000 ton-nes. Construit en 1944, il a été « déconstruit » en 1968 (com-me le Cuirassé Richelieu sur lequel j’ai passé 6 mois en 1965à Brest…). Près de 500 T2 ont été construits aux USA entre1940 et fin 1945, après Pearl Harbour (800 au total, commeles cargos « Liberty Ships »). Durée moyenne de constructiond’un navire : 70 jours, record 33 jours ! C’étaient les plusgrands pétroliers militaires de l’époque : longueur 160 m, pro-pulsion turboélectrique jusqu’à 7 000 chevaux, vitesse16 nœuds, autonomie 12 000 milles. Cependant, ils n’étaient pas climatisés et présentaient unezone de fragilité au centre de la coque, particulièrement sensi-ble à une longueur de houle de l’ordre de 160 m … On savaitque le risque était la rupture de la coque à son mitan, surve-nue sur plusieurs T2 ! Un autre risque dont on était égalementinformés : les pirates, en particulier dans la zone de la dite“Côte des pirates”, au nord de l’Océan Indien. Mais, différen-ce essentielle avec les pratiques actuelles, en ce temps-là,seule les cargaisons, pétrole ou autres, intéressaient les pira-tes, et on ne trouvait plus trace des équipages. Aujourd’hui,l’humain prévaut : les otages ont a priori beaucoup plus devaleur que la cargaison ou le navire, si toutefois les négocia-tions ne durent pas trop longtemps !...

3. Notre CCOOMMMMAANNDDAANNTT venait d’être “débarqué” du groupe despilotes français du Canal de SUEZ, (où il exerçait depuis plusieursannées), suite aux opérations franco-anglaises de 1956 et à laguerre des Six Jours de 1957. Le ressentiment contre les Françaisétait encore très vif, exprimé sur les quais de PORT-SAÏD commepar les personnes montant à bord pour les manœuvres sur leCanal. À l’aller, en remplacement des Anglais et des Français, not-re pilote était Bulgare, avec une connaissance de la « route » aus-si approximative que de la langue anglaise …

4. SSAAIINNTT--LLYYSS RRAADDIIOOJ’emprunte, ci-dessous, quelques informations à un ouvragerécent (2015) que j’avais découvert lors d’une conférence duMusée de la Marine à Paris le 10/05/2017. Il peut intéresser les “anciens” en liaison professionnelle (ou géographique) avec ces “oreilles de la mer”, connues de tous les marins, mais dont la plupart en ignoraient la localisation, on ne peut plus terrestre :« Histoire des communications avec le monde de la mer. Saint-Lys Radio, Le Vernet Radio »Editions Art Culture Patrimoine, Centre culturel 31470 SAINT-LYS 9,80 € + port 4,80 €.

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Souvenirs et témoignages…

32 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

“SAINT-LYS Radio”, créé en 1948 pour le trafic avec les navi-res, était composé d’un Centre récepteur à SAINT-LYS, et d’unCentre émetteur au VERNET, également près de TOULOUSE.Il a cessé de fonctionner en 1998. Il a assuré la radiotélégra-phie morse manuelle dès le début, et jusqu’en 1996. La radio-téléphonie s’y ajouta, le radio-télex ensuite.

Pour la sécurité de la navigation, outre les cas d’urgence àbord (maladies, accidents et parfois détresse), il avait un qua-druple rôle :– recevoir des navires les radiotélégrammes météorologiquesappelés « OBS », (observations faites à bord), adressés toutesles 3 heures à la Météorologie Nationale,– diffuser deux fois par jour (matin et soir) deux bulletins météo,l’un pour l’Atlantique Est, l’autre pour la Méditerranée Occi-dentale. Cette diffusion, en morse et radio-télex, durait20 minutes en morse !... – diffuser des avis urgents fournis par le Service Hydrogra-phique de la Marine « AVURNAV », ainsi que les avis de tem-pête de la Météorologie Nationale,– diffuser des avertissements de navigation après les bulletinsmétéos Atlantique sur 2 ou 3 émetteurs spéciaux.

C’était, à bord, le seul moyen permettant aux marins de com-muniquer avec leur famille, comme je l’ai utilisé en 1958 avecmes parents : le message (retranscrit à bord sur un formulairesimilaire au télégramme de l’époque) était passé en morse parle radio. L’opérateur réception de SAINT-LYS l’imprimait aussi-tôt sur papier. Il était alors mis sous enveloppe, et posté (cour-rier PTT) au destinataire indiqué.

Il me faut néanmoins signaler une autre méthode, quoiqueconjoncturelle et locale, pour joindre les parents par courrier :la “bouteille à la mer”. Je l’ai pratiquée, comme d’autres mem-bres de l’équipage qui m’avaient fourni le tuyau : au passagedu Détroit de Messine, une enveloppe enroulée glissée dans legoulot avec une vingtaine de cigarettes. Des pêcheurs récupé-raient les bouteilles flottantes, collaient les timbres et postaientles courriers, effectivement parvenus à leurs destinataires, j’aipu en témoigner.

5. INNSSTTRRUUMMEENNTTSS,, notamment le “Psychromètre crécelle”encore en service en 2003

Sous le titre “Du seau à la puce électronique”, un article deM. HONTARREDE, JC. ORDONNAUD et J. LECARPENTIERdécrit “L’évolution des instruments météorologiques équipantles navires sélectionnés» (MET MAR n°201 – décembre 2003).

Cet article porte plus particulièrement sur les matériels en service et leur utilisation au début des années 2000 sur les70 navires de commerce sélectionnés. Je présume qu’ils sontdésormais exposés au musée, avec ceux de la “trousse àoutils”, encore plus rustiques, que j’utilisais 40 ans auparavant.Mais on y trouve toujours le psychromètre à crécelle. J’em-prunte à METMAR quelques extraits de sa description, et desspécifications de son utilisation pour les mesures de tempéra-ture de l’air et d’hygrométrie :“Il s’agit d’une monture métallique supportant deux thermo-mètres à mercure. Une poignée permet de faire tourner l’en-semble afin de créer une ventilation forcée des thermomètres.L’un deux a son réservoir enveloppé d’une mousseline qu’ilfaut au préalable imbiber d’eau distillée.Plus l’air est sec, plus l’eau de la mousseline s’évapore vite,plus la température du “thermomètre mouillé” est inférieure àcelle du « thermomètre sec ». À partir de ces deux températu-res, des tables permettent de calculer le taux d’humidité.Les notices instrumentales précisent qu’il faut faire tourner lacrécelle pendant deux minutes à l’abri du rayonnement solaire,lire rapidement les thermomètres, et recommencer jusqu’à ceque l’indication du thermomètre « mouillé » soit stabilisée.Moyennant quoi, avec un matériel qui réclame très peu de main-tenance (changement fréquent de la mousseline et vérification dela valeur 0° C des thermomètres dans la glace fondante en labo-ratoire tous les deux ou trois ans), on obtient une mesure d’unebonne précision : les thermomètres sont précis à 0,1° C, maisune bonne vue est nécessaire pour apprécier une telle valeur (sile navire ne bouge pas trop, et sans les embruns, NDLR).”

… Mais on imagine bien que faire tourner la crécelle, aprèsavoir humidifié la mousseline, pendant deux minutes est unecontrainte forte -attention à la crampe du poignet !-,aujourd’hui en passe d’être totalement abandonnée ...

Crédits photos : Photo 1 : www.marine-marchande.net/PerchocPhoto 2 : Données cartograhiques ©2018 GeoBasis DE/BKG (©2009), Google Imagerie ©2018 TerraMetricsPhoto 3 : souvenirs-de-mer.cloudns.org/article204Photo 4 : Météo-FrancePhoto 5 : www.trafficlist.net/radio-officer/ian-coombe

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33arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

TRIBUNE LIBRE…

• le 13 mars 1914, naissance de Pierre Duvergé, une des grandes figures de notre maison puis de l’AAM après son imposante carrière.• le 1er octobre 1923, naissance au Moule en Guadeloupe de Marie-Thérèse Vivier, “Marité’’ pour ses amis, l’une de nos grandes anciennes au sein de l’AAM qui participe toujoursavec ses 95 printemps aux AG de l’ANAFACEM ou aux Rencontres Ouest de l’AAM !• l’année 1945, entrée à la Météo de Marie-Thérèse... et année de ma naissance ! • l’an 1977 où Pierre Duvergé prend sa retraite.

19141923194519772018

Cette même année, je fais la connais-sance de Marité affectée au servicemétéorologique martiniquais. Amisdepuis lors, j’ai à présent le bonheurde la voir régulièrement, chez elle, àSaint-Brévin-les-Pins (44), seule mal-heureusement depuis qu’André, sonmari*, l’a quittée.

Marité est donc entrée à la Météo en1945. C’est à dire qu’elle affiche en 2018,entre ses années d’activité et de retraitecumulées, autant d’annuités que moidans l’existence. Pas mal, même s’il doity avoir quelques exemples similaires,privilège des longues vies. “Mais encore,direz-vous ? Où veut-il en venir avec tou-tes ces dates ? ”

J’y viens. Tout récemment Marité memontre une vieille coupure de pressed’un journal guadeloupéen de 1977(voir document presse).

L’article relate au moment du départ à laretraite de Pierre Duvergé, les senti-ments et l’initiative des météorolo-gistes de l’île papillon qui ont connu ou entendu parler de « monsieur Duvergé ». Outre leurs remerciements,l’article dit surtout avec leur ressenti,leur admiration et une profonde affec-

tion, tant son empreinte et son souve-nir sont restés importants, indélébileslà-bas même si le passage de PierreDuvergé aux Antilles fût assez court1.

En réponse à cette initiative et à leurscadeaux d’amitié, la lettre qu’il leurécrit en retour témoigne de son atta-chement passé à sa période guade-loupéenne, comme de sa modestie etde ses qualités humaines.

S’il n’était que cette trouvaille heu-reuse dans les archives de Marité, ceserait déjà un beau témoignage à com-muniquer au lecteur lequel viendraits’ajouter aux articles et hommagespubliés dans notre revue à la mort dePierre Duvergé2... mais il y a mieux.

Car l’évocation de Pierre Duvergé autravers de ce petit papier, amèneMarie-Thérèse – Traventhal à cetteépoque – belle jeune fille de Guade-loupe, à me raconter son entrée à laMétéo, et sa rencontre avec notrehomme.

Nous sommes en 1945, Marité a 22 ans. Elle a cessé ses études etcherche un emploi sur Pointe-à-Pitreoù une tante l’héberge.

Ces années là

Quel est le rapport entre ces cinq années,

et pourquoi cet inventaire ?

Réponse : elles concernentdeux personnes importantes

de notre maison ; grâce à elleset à la lecture fortuite

d’un petit article de quotidienantillais, il m’a été permis

de découvrir une belle histoireMétéo.

L’une de ces histoires du passé,professionnelles et humaines

comme nous aimons en raconterdans arc en ciel et qui

contribuent à la mémoire de notre Météo ...d'avant.

Il était une ffois.....

Marie-Thérèse Traventhal à 20 ans en Guadeloupe.

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34 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

Tribune libre…

Pierre Duvergé, jeune ingénieur Météodu corps colonial (30 ans) arrive deDakar, affecté en Guadeloupe avec lamission de créer et de structurer un service, sans guère de moyensd’ailleurs en cette période difficile d’après-guerre.

Bien qu’en “délicatesse’’ avec son col-lègue responsable Antilles-Guyane enMartinique, lequel veut mettre la mainsur le service, il ouvre un stage suivid’un concours afin de recruter sur pla-ce de futurs météorologistes, dans unpremier temps contractuels, avant unetitularisation comme aide-météo.

C’est ainsi que cinq jeunes gens sontadmis, deux hommes et, coup de maî-tre de Duvergé, les toutes premièresfemmes à la Météorologie dans lescorps techniques bien avant que lamétropole ne leur ouvre les portes !

Marie-Thérèse Traventhal, et deux autres jeunes filles3.

Et voici ce petit groupe en formationqui part tous les matins dans unecamionnette, de Pointe à Pitre à Gosier,apprendre la radio et le morse qui ser-viront à la transmission des messageset observations météorologiques desnavires. Cet apprentissage s’effectue àl’hôtel « La Pergola »! sous la houlettede Gaidu Sadi!

Puis avec monsieur Duvergé, à BasseTerre les rudiments de l’observation,des codes et nuages, et le samedimatin, la physique au lycée GervilleRéache, ceci avant l’examen.

Reçus tous les cinq, voici Marité obser-vatrice à la station de Gosier d’où par-tent les observations pour Fort deFrance à destination essentiellement de la Panam4, tout en poursuivant leurapprentissage météorologique.

C’est le début d’une longue carrièrepour Marité. Quarante années, quasi-ment toutes en Martinique où elle arapidement été affectée après sa for-mation et qu’elle a rejointe par bateauavec Trébert. Suivront divers postesen Martinique, de la clim à Desaix àl’observation d’alerte cyclonique à lapointe de La Caravelle5... avant saretraite de chef technicienne en 1984,d’abord dans sa commune natale duMoule, puis en Bretagne sud à Saint-Brévin.

*Ndlr : André Vivier, membre de l’AAM com-me Marie Thérèse, est décédé en févier2010

1. 20 avril 1944 au 21 novembre 19452. Bulletin Spécial arc en ciel n°8 ; Hommageà Pierre Duvergé arc en ciel n° 160, page 333. Irmice Bertogal et Laurette Gainard -Charles-Camille Trébert et Servin Selbonne 4. Compagnie d'aviation américaine PanAmerican Airways5. En liaison directe avec Pointe-à-Pitre

C’est ainsi que, lors d’une de mes visitesà Marie-Thérèse, comme nous évo-quions une fois de plus nos carrièresrespectives, le hasard d’une lointainecoupure de journal ultramarin (doc. 1),nous offrit à redécouvrir la personnalitéattachante de Pierre Duvergé.

« Duvergé était un patron que j’ado-rais », me confia ce jour là Marité, mettant en avant son humanité, sa

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35arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

Tribune libre…

gentillesse et sa patience tout autantque sa rigueur. En 2018 elle lui vouetoujours une véritable adoration.

Opportunité surtout, quant à moi,d’apprendre un événement majeurdans notre établissement, celui del’entrée des premières femmes à lamétéo dans les corps techniques, grâ-ce à Pierre Duvergé, et aux Antilles.

Merci à toi Marité qui fut de cette tou-te première promotion, sans qui ce faitd’importance ne resterait sans douteconnu que de quelques initiés.

Avec ton assentiment, tes deux photoset cet article feront vivre dans notrerevue, à laquelle tu es si attachée,l’histoire de la météo comme celle de ton île, et continuer à parler aujour-d’hui...de ces années là.

JEAN-PAUL BÉNEC’H

Marie-Christine Dufresne au côté de Marité (95 ans)à Évian en juin 2018 (AG ANAFACEM).

Sa carrièreJean-Pierre Musiedlak est né le2/08/1944. Il va faire ses études àNeuilly-sur-Seine et après les classespréparatoires aux grandes écoles varéussir le concours d’entrée à l’EcoleNationale de la Météorologie, en 1967,installée alors au Fort de St. Cyr, dans ledépartement des Yvelines. Un de sesconfrères, devenu plus tard DRH deMétéo-France, indique que Jean-Pierreétait en classe préparatoire à Toulousepour le concours à l’ENICA ou ENSICA(Ecole Nationale Supérieure d’Ingé-nieurs des Constructions Aéronau-tiques). Il avait déjà un BTS enaéronautique obtenu à l’Institut Uni-versitaire de Technologie de Ville d’A-vray. Cette année 1967 verra la réussiteau concours d’entrée à l’Ecole Nationa-le de la Météorologie, la moitié des élèves venant de Toulouse et l’autremoitié venant de Toulon et un seul élève venant de la région parisienne. Ses études d’ingénieur se terminent àl’automne 1969. Il aura en sortie d’école une pré-affectation dans uncentre météorologique important, leCTM ou Centre Technique et du Maté-riel, un des services de la Météorolo-gie Nationale, qui se trouvait àTrappes. Il est bon de rappeler que cequi s’appelait alors la Direction de laMétéoro-logie Nationale regroupait leSMM (Service Météorologique Métro-politain) dont la direction était à Pariset ayant le plus de personnel dans laCapitale, la Province et les Départe-ments et Territoires d’Outre-Mer,l’EERM (Etablissement d’Etudes et deRecherches Météorologiques) installéà Paris et Magny les Hameaux (Yveli-nes) avec plus de 200 chercheurs etingénieurs, le CTM (Centre Techniqueet du Matériel) avec près de 400 per-sonnes de toutes formations et l’ENM(Ecole Nationale de la Météorologie)au Fort de Saint-Cyr et à Paris.

Jean-Pierre va accepter sa nominationau CTM compte tenu de ses aptitudeset ses goûts. Il va habiter à Trappes, au square JeanMacé où beaucoup de météorolo-gistes s’étaient installés. Ce service – la division Technique –s’occupait des développements tech-nologiques, de la recherche instru-mentale et de l’armement des centresmétéorologiques en matériel de hautequalité. L’autre division, – la divisiondu Matériel – s’occupait des problè-mes de maintenance des matérielsinstallés et des nouveaux qui équipe-ront les centres météorologiques. Mais, il doit faire son service militaireet le fera dans le cadre de la coopéra-tion technique. A son retour du servi-ce armé, en mars 1971, Jean-Pierre varejoindre alors le CTM au départementtechnique des instruments. La Météo-rologie Nationale développe de nou-veaux instruments de mesures avantque les industriels ne les construisentet en fassent la commercialisation. Ilva s’occuper des mesures de visibilitéatmosphérique sur des instrumentsdivers comme le diffusomètre, le télé-mètre de nuage et plus tard le Lidar,qui est la mesure par rayons laser, etle Sodar pour la mesure du vent dansles basses couches par réflexion duson. Il est porté sur l’électronique. Son parcours le mènera vers les sys-tèmes automatiques de mesureindispensables dans les milieux où laMétéorologie n’a pas la possibilitéd’installer du personnel. Il participeraalors à l’équipement des nouveauxcentres météorologiques installés surles nouvelles plateformes aéropor-tuaires de Roissy-Charles De Gaulle etd’Orly. Il verra l’installation de radarsde haute performance ce qui jouerasur son choix professionnel plus tard.Au début des années 1980, Jean-Pierre pilote le développement opéra-

En souvenir deJean-Pierre Musiedlak

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Tribune libre…

tionnel des mesures de visibilité sur lesaéroports et des radars météorolo-giques de mesure du vent en altitude etde détection des précipitations. A ce titre, il va ainsi conduire entre 1980 et1984 le développement, la mise en ser-vice et la maintenance des premiersradars numérisés de détection des pré-cipitations et va mener la recherche dessites des radars RODIN de détectiondes précipitations de Lyon-Satolas,Nancy-Réchicourt, Bourges et Abbe-ville. Il va également superviser l’auto-matisation et la télécommande de cesradars et a joué un rôle important dansle regroupement de ces radars dans lenouveau réseau ARAMIS de suivi desprécipitations par radar. Jean-Pierre a participé à de nombreuxdossiers sensibles ; il a ainsi apportéson soutien à la mise en place desradars RODIN du Kenya et la formationdes techniciens kenyans en 1982 et1983, et a également piloté la mainte-nance des radars de mesure du venten altitude par suivi des ballons deradiosondages sur les deux derniersnavires météorologiques stationnairesjusqu’à leur arrêt.Son esprit curieux, ses qualités humai-nes, ses connaissances dans les tech-niques instrumentales le désignentpour être membre des jurys des exa-mens professionnels de chef techni-cien et d’ingénieur des travauxmétéorologiques. Il se révèle un exa-minateur rigoureux, sachant détecterles candidates et candidats méritantsafin qu’on s’intéresse à eux. Il n’estpas question de laisser passer leserreurs, d’être laxiste, de faire dupaternalisme ou du corporatisme.Jean-Pierre est un adepte du mérite,car cela a été sa philosophie de vie

depuis sa jeunesse. Les autres mem-bres des jurys allaient dans le mêmesens et on peut assurer que pourle Service des équipements et destechniques instrumentales de lamétéorologie (SETIM), service qui aremplacé le CTM en 1986, les candi-dats reçus étaient de qualité.” La Météorologie Nationale doit évo-luer en EPA (Etablissement Public àcaractère Administratif ) au début desannées 1990 car il faut trouver d’autressources de financements que celui del’Etat. Les matériels exigent des amé-liorations, le territoire métropolitaindemande des équipements de plus enplus pointus. La prévision immédiatedu temps, dans les 3 ou 4 heures àvenir, exige l’installation de nouveauxradars et la densification du réseauradar. Jean-Pierre va donc être unacteur essentiel au titre de ses compé-tences et de ses responsabilités auservice Radar IMT/RP, puis CMR/IMIlors de la création du Centre de Météo-rologie Radar au sein de la nouvelleDirection des Services d’Observation(DSO) qui remplace le SETIM en 1999. Au début des années 1990, le réseauradar sur la Métropole comprenait 8radars, ce qui était nettement insuf-fisant pour prévoir les phénomènesviolents et rapides. Avec des finance-ments débloqués et de l’Europe, leréseau de mesure radar ARAMIS vaprendre de l’ampleur et compte denos jours plus de 30 radars en Métro-pole. En tant que responsable de l’ins-tallation et de la maintenance desradars, Jean-Pierre est « incontour-nable ». Ses activités allaient de larecherche de nouveaux sites, à larédaction de cahiers des charges, desrecettes du matériel chez l’industriel…

Photo 2 : de gauche à droite, Gérard Oualid, Michel Lartigue et Jean-Pierre MusiedlakPhoto 3 : de gauche à droite, Jean-Pierre Musiedlak,son épouse Hélène, Michel André, Jean-Louis Gaumet et son épouse

Le DRH, cité plus haut, de la mêmepromo 1967, alors Directeur du ServiceMétéorologique de la Réunion recon-nait à Jean-Pierre, « son sérieux nelaissant pas beaucoup de place auhasard et son professionnalisme lors-qu’il était venu installer le radar de laRéunion ».D’une certaine façon, Jean-Pierre étaitun spécialiste (et expert) des événe-ments extrêmes puisque après le passage de l’ouragan Hugo sur la Gua-deloupe et l’arc Antillais en septembre1989 et le passage du cyclone Dina surla Réunion en janvier 2002, il n’a pashésité à quitter sa famille pour menersur site les expertises qui allaient per-mettre la remise en service des radarsde la Météorologie Nationale, devenueMétéo-France, dans les meilleursdélais.Cet intérêt pour les phénomènes tropi-caux, ses compétences, son expériencedes réseaux de radars météorologiqueset leur mise en place dans divers paysjustifieront bien évidemment sa nomi-nation en tant qu’expert de la Commis-sion Européenne, dans le cadre dumontage d’un réseau de radars météo-rologiques couvrant l’arc Caribéendepuis la Guyane Française au Sud jus-qu’à Cuba au Nord. Il sera moins sou-vent au service radar et va mener à biencette mission de 1999 à 2002. Il seraremplacé officiellement à Météo-Francele 1/12/2002 et partira à la retraite.Il ne perdra pas le contact avec ses collègues et amis (photos 2 et 3) de la Météorologie jusqu’à ce que la maladie l’en empêche.

PHILIPPE GARNIERET UN COLLECTIF D’ANCIENS DE TRAPPES

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Tribune libre…

Notes de Lectures

Pour éviter le chaos climatique et financier J. Jouzel et P. Larrouturou(O. Jacob, 2017)

review” a chiffré le coût du changement climatique.Maintenant que le thème“finance et changement cli-matique” est introduit, voicil’architecture de l’ouvrage,volumineux et très docu-menté, qui se décline en3 parties.

Première partie(chapitres 1 à 3)Ce sont les impacts au cha-pitre 1 : hausse de tempéra-ture, évènements extrêmes,souvent plus fréquents etplus intenses (leur nombre atriplé en 30 ans d’aprèsMunich Ré), régression desglaciers et de la neige. Aussi,moins de glace de mer, pertede volume du Groenland etde l’Antarctique, accélérationde la hausse du niveau desmers. En conséquence lesincendies de forêt augmen-tent, les rendements agrico-les stagnent et les maladies(hommes, animaux, plantes)s’étendent. Ces résultatssont issus des observationsrécentes au niveau nationalet international. Le chapitre 2répond au climato-scepticis-me, en examinant et réfutantcinq critiques que formulentles climato-sceptiques. Lechapitre 3 examine lesconséquences de ne rien fai-re, en prenant le scénarioRCP 8.5 (GIEC). La situationest désastreuse : on atteint 50 °C dans l’hexagone en2050, les écosystèmes et labiodiversité sont boulever-sés, avec des risques accrussur les ressources en eau, lasécurité alimentaire, et lasanté, ensemble qui pourraitengendrer migrations depopulation et conflits, sanscompter les possibilités desurprises climatiques avec lafonte du pergélisol en arc-tique ou celle des hydratesde méthane dans les fondsocéaniques.

Deuxième partie(chapitres 4 à 7)Le chapitre 4 “Trois ans pouragir” explique ce délai de3 ans, tiré de l’article de

C. Figueres (Nature, Juin2017), ancienne présidentede la Convention Climat (Rio),écrit avec d’autres scien-tifiques. L’article étudiedivers scénarios de réductiondes émissions, dont le pic nedevrait pas dépasser 2020,pour pouvoir stabiliser lesconcentrations. Le chapitre 5 développe l’engagement“facteur quatre”. En divisantpar quatre les émissions enFrance d’ici à 2050, on sta-bilise la machine climatique.Cet engagement a été prispar Jean-Pierre Raffarin, alorsPremier Ministre en 2003.Qu’en est-il aujour-d’hui ? LaFrance a réduit ses émissionssi l’on s’en tient à l’inventairenational (mieux que Kyoto)mais, si l’on inclut les émis-sions dues aux importations,le résultat est moins flatteur,puisqu’on passe de 7,3 t à10,6 t par personne (en ton-nes équivalent CO2). C’estl’empreinte carbone. Si l’oncompare les émissions enEurope et en Chine, on voitque l’Europe stagne alorsque la Chine s’envole depuis2002, quelles que soient lesapproches ! La Chine estmaintenant à un niveau équi-valent à l’Europe pour l’ap-proche territoire, mais 30%plus faible pour l’approcheempreinte. Le facteur “qua-tre” coûte 2% du PIB(N. Stern), 50 milliards pendant 20 ans et la taxeTobin (transactions finan-cières) serait trop faible !On entre dans la finance pro-prement dite avec le chapi-tre 6 “Mille milliards ? Ce n’est pas possible !”. C’est ce que l’on a mis pour sauverles banques en 2008 (crisedes “subprimes”). Le chapi-tre présente la crise finan-cière et ses antécédents, lacréation monétaire par laBanque Centrale Européen-ne, l’évolution des dettespubliques en Europe et auxUSA, et les risques de crisefinancière future. Le chapi-tre 7 “Aux racines de la crisefinancière” approfondit la crise de 2008 en remontant

jusqu’aux années Reaganpour les Etats-Unis et en sou-lignant le problème de la dette et le rôle des banques centrales.

La troisième et dernière partie présente et justifie le pacte Finance-Climat. Le chapitre 8 “Planet First !Une nouvelle ambition pourl’Europe” explique pourquoiil faut un traité pour assurerla stabilité à long terme desdécisions. Il serait conclu auniveau européen après unréférendum qui se déroule-rait simultanément dans lesdifférents pays en 2020, avecun plan d’action nationaldans chaque pays. C’est aus-si une façon de relancer l’Eu-rope en lui donnant un projetmajeur. Ce sera un chantiercolossal, “Un chantier jamaisvu” (chapitre 9), comme cesgrands chantiers réalisés dansle passé : “Montparnasse-Bienvenue” et son métro, le“Victory Program” de Roose-velt en 1942, le plan Marshallde reconstruction de l’Europeaprès la guerre, ou la déci-sion de J. Kennedy en 1962d’aller sur la Lune. Ces exem-ples démontrent que s’il y aune volonté politique, onpeut réussir un chantiercolossal ! Pour finir, les sour-ces de financement (taxe car-bone, taxe aux frontières,impôts sur les bénéfices)sont examinées. Le chapi-tre 10 détaille les projets quiseraient développés pour lut-ter contre le changement climatique : rénovation ther-mique des bâtiments, so-briété en général, énergiesrenouvelables, modes detransport alternatifs, … Enfinle chapitre 11 nous livre “Lerêve de Mario Draghi”,puisque la BCE a un rôle ma-jeur pour ce pacte Finance-Climat ! Le livre se conclut“2018, l’année du choix”,puisque ce projet de pacteFinance-Climat pourrait êtreévoqué lors de la rencontredu Président E. Macron avecla Chancelière A. Merckel endécembre 2018. Des lettres

Jean Jouzel, chercheur enclimatologie bien connu etmembre du GIEC, et l’éco-nomiste Pierre Larrouturou(connu pour ses proposi-tions de réduction de lasemaine de travail) se sontalliés pour rédiger cetouvrage sorti juste avant lesommet sur la planète(“One Planet Summit” du12 décembre 2017), deuxans après la signature de laCOP21 à Paris. On sait quedans l’engagement de laCOP21 figure une proposi-tion de financement despays du Sud à hauteur de100 milliards de dollars paran à partir de 2020, cequ’on appelle le “fondsvert”. Par ailleurs, on en-tend souvent les économis-tes Verts déclarer que l’on peut créer beaucoupd’emplois en orientant l’économie vers l’écologie,notamment dans la rénova-tion thermique des bâti-ments ! Enfin la publicationdu rapport de l’économistebritannique Nicholas Sternen 2006 a été un événe-ment important : la “Stern

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les menaces que fait peser lechangement climatique sur lasécurité internationale, rap-ports rédigés par les stratè-ges militaires, mais aussi parle monde des affaires. Ainsipour l’OTAN, le Global War-ming est un risque émergent,tandis que des officiers amé-ricains déclarent en 2007(sous l’administration Bush)“qu’il ne faut pas attendre lacertitude pour passer à l’ac-tion”. Pour les dirigeants bri-tanniques, il est un risquepour la sécurité géopolitique,et l’ancien chef d’Etat-majordes armées Pierre de Villiersconsidère qu’il va engendrerde nouvelles missions, et, àce titre, nécessite de nou-veaux moyens. C’est ainsiqu’un colloque s’est tenu en2015, avant la COP21, sur lesliens entre guerre et climat.

Mais l’auteur du livre évoqueaussi l’opinion contradictoirede Bruno Tertrais, chercheurà la fondation pour la recher-che stratégique, qui minimisele rôle du changement clima-tique dans les conflits1. Enrésumé, l’ouvrage développele thème des guerres du cli-mat, déjà évoqué par H. Welzer en 2009(Ed. Gallimard), en actuali-sant les chiffres et les statis-tiques, et en se plaçant surun terrain géopolitique etnon anthropologique. Entre2007 et 2015, le nombre deconflits armés dans le mondea doublé selon la Coface2. Lenombre annuel de victimes abaissé à la fin de la guerrefroide, avec un minimum de27 000 en 2005, puis estreparti, depuis, à la hausse,avec 250 000 morts en 2015.Enfin, on observe une autreconséquence de ces conflits,les migrations massives, sou-vent causées par un manquede démocratie et qui sontaggravées par le changementclimatique.

Cependant cette observationd’une augmentation globaledes conflits, avec le réchauf-fement climatique, doit être

d’engagement de personnali-tés européennes complètentl’ouvrage, notamment M. A.Moratinos, ancien ministreespagnol des affaires étran-gères qui rédige le traité.C’est un très bel ouvrage surle changement climatique,complet et très documentésur le plan scientifique maisaussi très engagé sur le planpolitique et financier. S’ilparaît un peu gros en déve-loppant un argumentairedétaillé, les mêmes auteursproposent, avec Anne Hes-sel, depuis octobre dernier,un livre plus condensé sur le même sujet. Enfin, les au-teurs présentent ce pacteFinance-Climat lors de nom-breuses conférences, à l’ima-ge de celle tenue à l’ÉcolePolytechnique le 26 septem-bre 2018 devant un auditoirede 700 personnes !

RÉGIS JUVANON DU VACHAT

Le changement climatique, menace pour la démocratie ?V. Laramée de Tannenberg(Buchet/Chastel - 2017)

plus étayée en examinant lasituation des pays les plusvulnérables. Sont présentés :le Nigeria, le Niger, l’Ethiopie,l’Ouganda et le Pérou, où l’in-sécurité alimentaire et l’ac-cès à l’eau alimentent desconflits qui sont souvent d’origine interethnique ; enoutre ce sont des pays où lastructure étatique est très fai-ble. Allons maintenant enChine et aux USA, les plusgrands émetteurs de gaz car-bonique. En Chine, la crise del’eau, avec la diminution desprécipitations et les besoinscroissants pour l’énergie, sefait sentir mais aussi lesrisques d’affaissement du soldes grandes villes (Pékin,Shanghai) et la submersiondes grands ports (hausse duniveau des mers). La crise dela terre conduit à l’achat deterres agricoles à l’étranger,pouvant compromettre lasécurité alimentaire despays. Mais l’expansionnismechinois vise aussi les matiè-res premières et les participa-tions dans les industries,notamment de l’énergie. Letableau est plus nuancé pourles USA qui se sont retirés del’accord de Paris, ce qui a faitréagir les grandes villes amé-ricaines, comme New-York etLos Angeles, mais aussi unecentaine de multinationales.Les incendies de forêt en Cali-fornie, où la surface brûléeest passée de 10 000 ha en2010 à 230 000 ha en 2016restent un triste marqueur du changement climatique ! Enfin le paysage politiqueaméricain (républicains/démocrates) est maintenantassez contrasté dans l’enga-gement pour la lutte contre lechangement climatique.

Venons-en au chapitre IV “Lapaix ou le réchauffement”,qui propose des solutionspour éviter cet embrasementgénéralisé de la planète. Apriori cela va coûter cher :90 000 milliards de dollarsen 15 ans pour amorcer latransition écologique selonG. Giraud de l’AFD3. Le coût

du changement climatiquepour l’Europe serait de 2%environ du PIB selonN. Stern. Mais on pronos-tique la création d’un milliond’emplois en France avec latransition écologique. Aprèsces chiffres globaux, voici uncatalogue de mesures plutôtclassiques : dé-carboner laproduction d’électricité, rou-ler sans polluer, transformerles villes, rénover les loge-ments, réduire les émissionsagricoles, ce qui est d’ailleursle plus gros problème en lienavec l’insécurité alimentaire,responsable de conflits. Bref,ceci n’aborde pas direc-tement la question de la démocratie ! Pour finir, onremarque que la question del’adaptation n’est évoquéeque de façon limitée, et pour-tant elle sera un enjeu majeurcompte tenu de l’inertie duclimat. Le livre n’aborde pasnon plus le fait que le chan-gement climatique vient sou-vent aggraver des conflitsdont l’origine est tout autre :politique, ethnique, … ce quipourrait constituer le pointde départ d’une tentative depaix.

En conclusion, cet ouvrageprésente un panorama géo-politique très documenté surle changement climatique,même si l’analyse politiqueet démocratique suggéréepar le titre reste limitée.

RÉGIS JUVANON DU VACHAT

1. « Les guerres du climat.Contre-enquête sur un mythemoderne » (CNRS Editions,2016), ouvrage présenté parP. Ladoy dans le N°184 d’AEC.2. Coface : Compagnie françai-se d’assurance pour le com-merce extérieur3. AFD : Agence Française deDéveloppement

Le rédacteur en chef du Jour-nal de l’Environnement nouslivre un diagnostic politiqueglobal sur le changement cli-matique, considéré commeresponsable de guerres à l’in-térieur des Etats et entre lesEtats. D’ailleurs beaucoup derapports ont été publiés sur

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Action sociale…

39arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

INFO RETRAITES

Agnès Buzyn, Ministre desSolidarités et de la Santé,a confié à Jean-Paul

Delevoye (photo 1), Haut-commissaire à laréforme des retraites, l’organisation d’unelarge concertation citoyenne dans le Pays.Entre le 6 septembre et le 23 octobre, ce der-nier a animé, en sus de la concertation despartenaires sociaux, une série de 8 ateliers àMontreuil, Lorient, Arras, Strasbourg, Toulon,Angoulême, Dijon et enfin Toulouse.

Voici un essai du rendu relatif à ce dernieratelier, pour tenter de vous éclairer sur lefutur système universel de retraites (photo 2)que le Gouvernement a l’intention de mettreen place dès 2019.

Une centaine de participants (il convenait de s’inscrire préalablement sur le sitehttps://reforme-retraite.gouv.fr) issus dedivers milieux sociaux professionnels enmajorité actifs (fonction publique, secteurprivé, indépendants, agriculteurs…) étaientprésents.

Nous étions répartis par tables de 6 partici-pants avec un modérateur (issu majoritaire-ment des systèmes complémentaires). Cedispositif a permis de s’exprimer, chaquetable décidant des questions ou suggestionsà soumettre au Haut-commisaire qui y répon-dait personnellement ou avec son équipedurant toute la journée.

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Action sociale…

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Des fiches thématiques nous ont présenté les divergencesdues à la multiplicité des régimes actuels, pour des par-cours professionnels équivalents.

Les enjeux de la réforme ont été rappelés : sortir d’un sys-tème complexe et peu lisible pour arriver à un systèmeunique et équitable, avec la fameuse maxime :

«« ppoouurr 11 € ccoottiisséé,, lleess mmêêmmeess ddrrooiittss ppoouurr cchhaaccuunn »»..

Le monde du travail évolue, avec la transition numérique,l’intelligence artificielle… ce qui impactera les salaires, lesmasses salariales… et donc le système de « cotisations ».

Les propositions consistent à aligner les différents régi-mes (privé, public, indépendants), pour l’achat de points,en prenant le temps de la convergence, d’analyser les spécificités, tout en renforçant la solidarité intergénéra-tionnelle.Cela passe par l’intégration des systèmes de primes dusecteur public pour l’achat des points, la prise en comptedes interruptions d’activité (chômage, maladie, invalidité),l’attribution de points dès le premier enfant, la refonte dusystème de réversion (mariages, PACS, remariages, divor-ces) pour maintenir un niveau de vie moyen acceptablepour tous, la définition d’un minimum de pension…

Les retraités actuels ne sont pas concernés par ces évolu-tions possibles (montant des pensions, réversions…). Il nepeut y avoir de rétroactivité sur ce sujet. Les personnes àmoins de 5 ans de leur retraite seraient aussi exclues dunouveau dispositif.Il reste à définir la génération impactée par le nouveau sys-tème (on parle en coulisse de 1963 ?).

Le système de points fonctionne par répartition et non parcapitalisation. Il convient de mettre en place un systèmede gouvernance avec les partenaires sociaux pour définiret gérer la valeur du point. Le système devra prévoir 6 moisde réserves sur une projection de 10 ou 15 ans pour assu-rer sa pérennité. Il remplace la notion de trimestres acquis.Le système serait valable pour tout revenu annuel inférieurà 120 000 €, ce qui exclut de fait les régimes complémen-taires qui sont voués à disparaitre.

Les modérateurs ont rendu leur feuille de route qui servi-ra à faire une synthèse globale de l’ensemble des atelierslors d’une grand-messe parisienne d’ici la fin de l’année.La concertation s’est terminée le 30 octobre, avec les der-niers retours sur le site dédié.

Le Haut-commissaire se donne encore 6 mois de travailavant de déposer le projet de Loi qui sera soumis au Parle-ment courant 2019.Il a mis en avant plusieurs fois la nécessité de verrouiller ledispositif pour éviter sa remise en cause en cas d’alter-nance politique, et conclu par un seul mot : espoir

Avant de nous quitter, il a été rappelé la version espagnoledu mot « retraite » :

Jubilation !

PAUL LEPAROUX

Quelques chiffres clés nous ont été donnés en introduction

pour mieux comprendre la problématique

15,6 millionsde retraités aujourd’hui

(650 000 nouveaux chaque année)

308 milliards € versés chaque année

1,7 actif cotisant par retraité actuellement

42 régimesde retraite différents

la retraite à taux plein avec 43 annuités

(172 trimestres) pour les natifs d’après 1973

âge légal fixé à 62 ans, avec un système de décote/surcote

autour de cette valeur

1532 € bruts en moyenne

(1760 pour les hommes, 1322 pour les femmes)

553 000 retraités au minimum vieillesse

Nous avons travaillé,table par table

sur diverses thématiques, dont

En France,comparé aux autres pays européens,

le revenu moyen des plus de 65 ans est le plus élevé

et le taux de pauvreté est assez bas

� Comment conforter la confiance dans notre système de retraites ?

� Prendre sa retraite, à quel âge et à quelles conditions ?

� Quelle prise en compte du handicap et des aidants familiaux dans la retraite ?

� Comment améliorer l’acquisition des droits pour les plus jeunes ?

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Action sociale…

ACTION SOCIALE EN FAVEUR DES RETRAITES DE METEO FRANCEPour ceux qui ne le savent peut-être pas, nous vous rappelons que les retraités de notre administration et leursconjoints continuent de bénéficier de l'accompagnement des assistantes de service social et de certaines prestationssociales, comme du temps de leur vie professionnelle.

Les assistantes sociales s'occupent des retraités en fonction de la localisation de leur domicile.

Suite à un redécoupage de leurs secteurs d'intervention au 1er janvier 2019, Carole CRIQUILLION, en poste à Saint Man-dé, s'occupera désormais des retraités de Météo-France résidant :

• en région Parisienne, départements 75, 77, 78, 91, 92, 93, 94 et 95 ;

• en région Centre-Val de Loire, départements 18, 28, 36, 37, 41 et 45 ;

• en région Normandie, départements 27 et 76 ;

• en région Hauts de France, départements 02, 59, 60, 62 et 80 .

Vous pouvez la joindre au 01 77 94 71 53 ou [email protected]

Pas de changements d'interlocuteurs pour les autres retraités, qui trouveront les coordonnées de leur assistante socia-le sur le site www.alpha-sierra .org ou bien en téléphonant à Jocelyne SCHNEER ( 01 58 09 45 62) ou à Marie Cécile BELLEVUE (01 58 09 43 27)

N'hésitez pas à les contacter en cas de difficultés ou plus simplement pour vous renseigner sur vos droits et les diffé-rentes prestations dont vous pouvez bénéficier.

ACTUALITES SOCIALES EN BREF• Une nouvelle assistante sociale a pris ses fonctions à Météo-France Toulouse :Madame Alda CUGNIER DECOUESCON (05 57 92 84 77) ou [email protected]

• ARAMIS met en place une nouvelle billetterie en ligne offrant de nombreuses réductions : pour accéder aux différen-tes offres, il est nécessaire de vous inscrire sur le site d'ARAMIS (www.aramis-asso.fr)

• Pour les retraités du privé : La fusion des organismes de retraites complémentaires AGIRC-ARRCO fait évoluer lesconditions d'âge pour pouvoir bénéficier d'une pension de réversion. Pour les décès survenus à partir du 1er janvier2019, la condition d'âge requise est désormais de 55 ans, contre 60 précédemment pour le régime AGIRC.

RUBRIQUE PRÉPARÉE PAR MADAME DANIELLE GARNIER, DÉLÉGUÉE SOCIALE DE L'AAM

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arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 187

conception, réalisation, impression: DG/COM/CGN (Météo-France) ISSN 1298-3152

Bulletin quadrimestriel

publié par l’association des anciens

de la météorologie7 rue Teisserenc de bort

CS70588 78190 Trappes

Directeur de la publicationMICHEL BEAUREPAIRE

Rédacteur en chef : PIERRE CHAILLOT

Comité de rédaction :MICHEL BEAUREPAIREJEAN-MICHEL BIDÉONDOJEAN CANIOTPIERRE CHAILLOTJEAN-PIERRE CHALONJOSEPH CHOUCHANAMICHEL RUCHONFRANÇOISE TARDIEUJEAN-JACQUES VICHERY

n° SIRET: 49324 104 6000 17

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TrésorierJean-Claude Biguet : 06 03 50 03 47

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Couverture : satellite AeolusCrédit photo : ESA (www.esa.int)

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