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ENTRETIEN Nicolas Prisse, Patricia Coursault, MILDECA ACTUS Dispositif SST : l’enquête de satisfaction de l’INRS sst MAG MARS-AVRIL-MAI 2020 N° 12 Addictions, une réalité encore tabou

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Page 1: A sst MARS-AVRIL-MAI 2020 Nicolas Prisse, Patricia ... · le sujet et 60 % à juger que les outils de e-santé sont utiles en matière de prévention selon un sondage réalisé par

ENTRETIEN

NicolasPrisse, PatriciaCoursault,MILDECA

ACTUS

Dispositif SST : l’enquête desatisfactionde l’INRSsst

MAG

MARS-AVRIL-MAI 2020

N° 12

Addictions,une réalité encore tabou

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UN GESTE À LA LOUPE BRÛLURE INTERNE PAR INGESTION

6 GRAND FORMATPas de déchets sans risques

8 ACTUSL’actualité du SST : news, rendez-vous!

12 Formation SST : un bilan flatteur

34 ENTRETIENNicolas Prisse, président de la MILDECA et Patricia Coursault, directrice du travail et chargée de mission prévention des conduites addictives en milieu de travail

36 FOCUSProgramme Secours Expo 2020

42 DÉBATAddictions : problématique publique ou privée ?

44 MAQUILLAGE (CONCOURS 2019)46 CONCOURS MAQUILLAGE48 LIVRESLes dernières parutionsA la loupe : “Se doper pour travailler”50 JEUX

Quiz secourisme et préventionCAHIER ÉQUIPEMENTZOOM

14 Alco’View contre la prise de stimulant

16 Pulsio Santé : repérer les addictions par le numérique

18 INNOVATIONSMatériel : les dernières tendances

CAHIER EXPERTISE20 UN GESTE À LA LOUPE

Brûlure interne par ingestion22 SANTÉ

Pratiques addictives au travail :entre jugement moral et compréhension

26 MANAGER LE RISQUESolutions de sevrage du tabagisme en entreprise

28 PSYCHOLOGIE Addictions : dépasser tabou et déni

30 PÉDAGOGIEUn Plan d’actions prévention (PAP)pour aborder la prévention

32 JURIDIQUEDes sanctions pour les addictions en entreprise

SOMMAIRE NUMÉRO 12 MARS-AVRIL-MAI 2020

DANS CE NUMÉRO, LE POSTER SUR LES ADDICTIONS AU TRAVAIL

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22SANTÉ

PRATIQUES ADDICTIVES AU TRAVAIL :

ENTRE JUGEMENT MORAL ET

COMPRÉHENSION

4 Mars-Avril-Mai 2020 a n° 12

20ENTRETIEN NICOLAS PRISSE,PATRICIA COURSAULT, MILDECA

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Sommaire. SST12 SR.qxp_Actus 18/02/2020 12:25 Page4

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14 Mars-Avril-Mai 2020 a n° 12

Conducteur ou cariste ?Choisissez votre métier.Embarquez à bord de votre

véhicule et voyez quels sont les effetsde l’alcool sur votre vision grâce àAlco’View. Chaque utilisateur aura simulé au préalable un taux d’alcoolémiecomprenant plusieurs informations :l’usager est-il un homme ou unefemme ? Est-il à jeun ou a-t-il mangé ?Quel est son poids ? Combien deverres a-t-il consommés avant deprendre le volant ? En fonction du résultat obtenu, la solution rappellequ’au-delà de 0,8 gramme par litred’alcool dans le sang, l’usager encourtune infraction pénale (amende, pertedu permis) et que ses réflexes sontamoindris. L’outil mentionne égalementque chaque verre d’alcool consomméfait monter le taux dans le sang de0,20 à 0,25 gramme par litre enmoyenne, et que rien ne permet defaire baisser son taux en dehors del’attente. Une dernière interface rappelle enfin les fondamentaux dedépistage et de sécurité à mettre enplace au sein de l’entreprise.

IMMERSIF, MOBILE, AUTONOMEET PERSONNALISABLE

Lorsque tous les paramètres sont déterminés, l’utilisateur peut visionnerun trajet sous l’emprise de l’alcool. Le contraste est saisissant. La vue est trouble et assombrie, les lignes dela route apparaissent en double… « En

matière d’immersion, notre outil estplus efficace que les lunettes ou lesmasques de vision car vous avez lapossibilité de plonger les salariés aucœur même de leur entreprise », explique Alexis Peschard, cofondateuret directeur associé de GAE Conseil.De fait, la solution est personnalisableaux métiers et à la politique de

prévention de l’entreprise. Ainsi,chaque scénario peut être simulé dansl’environnement de travail des salariés,que ce soit au sein de l’entreprise ouen dehors comme lors de trajets sur laroute par exemple. Conçu notammentà destination des préventeurs et managers qui possèdent d’un livretd’animation pour optimiser son usage,le dispositif s’utilise en totale autono-mie lors de l’animation d’ateliers de prévention, de quarts d’heure dédiés à la sécurité ou encore au moment de l’accueil de nouveaux salariés. Il peut être décliné sur de multiplesvecteurs (ordinateurs, tablettes,smartphones...), offrant ainsi une très grande flexibilité d’utilisation. « Alco’View s’intègre parfaitement dansles sessions de sensibilisation, de prévention et de formation. Il complètela formation théorique en permettantaux conducteurs de ressentir presquephysiquement les sensations et les limitations qu’ils pourraient avoir enayant bu », relève le Pr Michel Reynaud, psychiatre addictologue etprésident du Fonds Actions Addictions.

TOUCHERDE NOUVEAUX MÉTIERS

Spécialiste de la prévention desconduites addictives en milieux professionnels, le cabinet GAE Conseilentend faire de la prévention primaire

CAHIER EQUIPEMENT ZOOM

Simulateur digital de vision altérée par l’alcool en milieux professionnels, Alco’Viewest un outil développé par le cabinet GAE Conseil en partenariat avec le groupe STEF.Destinée aux préventeurs et managers, la solution s’utilise en totale autonomie lorsd’animations d’ateliers de prévention.

ALCO’VIEW

Simuler poursensibiliser

Ya n n B e l l o n

GAE Conseil a Date de création : 2014 a Statut juridique : SASa Effectif : 31

”“La prévention en

entreprise, un pivotessentiel des

politiques de santépublique à l’heure

où la consommationd’alcool causechaque année 41 000 décès

en France.

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en entreprise, un pivot essentiel despolitiques de santé publique à l’heureoù la consommation d’alcool causechaque année 41 000 décès en France,selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publiqueFrance publié en février 2019. Et ce

alors que l’addiction au travail resteune problématique complexe pour lessalariés français. Si 44 % d’entre euxdéclarent les pratiques addictives fréquentes, ils sont 70 % à se sentir démunis quant à la manière d’aborderle sujet et 60 % à juger que les outilsde e-santé sont utiles en matière de prévention selon un sondage réalisépar le cabinet d’études et de conseilElabe. Or, à l’avenir, GAE Conseil souhaite élargir son offre auprès d’une

grande entreprise du secteur automo-bile autour de 12 métiers. À plus longterme, l’objectif est clair : déployer lasolution auprès d’une quinzaine deprofessions (jardinage, élagage, gru-tier, transport ferré...) avec toujours lemême but : prévenir les risques et susciter les prises de conscience enmontrant comment la prise d’alcoolpeut altérer la vision des professionnels,quels qu’ils soient. a

www.sstmag.fr 15

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Décliné sur de multiples vecteurs :ordinateur, tablette, smartphone... le simulateur Alco’View offre unegrande flexibilité d’utilisation.__

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Il est de notoriété publique que la consommation de produits psychoactifs est taboue. Elle l’est d’autant plus lorsqu’elle engendre des conséquences dans le milieu professionnel.

Si le travail protège plus les travailleurs d’en consommerqu’il ne les y incite, il n’en est

pas pour autant épargné. À titred’exemple : la consommation à risquesd’alcool concernait 24,7 % des chômeurscontre 15,2 % des actifs français (selonune analyse secondaire du BaromètreSanté 2010 menée en 2016). Lesconduites addictives ont donc une importance qui n’est pas anodine dansle domaine du travail. En effet, 44 %des salariés français estiment fréquentesles conduites addictives en milieu professionnel (étude Elabe pour GAEConseil, 2019).

UN BESOIND’INFORMATION

Malgré une grande exposition, descraintes quant à l’appréhension decette problématique persistent. Eneffet, souvent évaluées personnelles,les conduites addictives sont assez peuabordées par le collectif de travail.Ainsi, sept salariés sur dix ne se considèrent pas bien informés sur la manière d’aborder le sujet avec un collègue ou un collaborateur. Cesconduites étant combinées à des peurs liées à la cohésion de l’équipe, à la crainte de la nouveauté ainsi qu’à de possibles répercussions disci-plinaires pour le salarié, le collectif detravail préfèrera souvent les passer

L i s a B r i c q u e t

CAHIER EXPERTISE PSYCHOLOGIE

ADDICTION

Dépasser tabou et déni

28 Mars-Avril-Mai 2020 a n° 12

être perçu de manière ambivalente parles collaborateurs en raison du voletpréventif et répressif qu’il représente.La sensibilisation et la communicationen interne sont donc primordialespour avoir une position claire. L’employeur doit mettre l’accent surles ressources qu’il possède pourl’accompagnement des salariés dépen-dants et du collectif. Il est nécessairede bien redéfinir les rôles et les actionsde chacun (CSSCT, médecine du travail, RH, pôle QSE…) pour favoriserl’orientation et pallier au sentimentd’impuissance des salariés. Ainsi, la prévention a pour objectif de désamplifier le tabou lié à la consom-mation ou à l’addiction au travail, encourager l’orientation de la personneconcernée et par ce biais, favoriserl’accès aux soins. Car plus la personnedans l’addiction est prise en charge tôt,plus elle a de chances d’en sortir.

IMPLIQUERLE COLLECTIF

On parle de codépendance lorsquel’entourage professionnel du salariéest impacté par son addiction. En intervention, il est primordial de toujours prendre en considérationl’environnement de travail dans lequel se trouve le salarié dépendant. Le collectifest souvent le premier au courant de la

”“Le salarié

dépendant devient

la personne dont tout le monde

parle mais à quipersonne

ne dit rien...

sous silence plutôt que tenter d’y remédier. Progressivement s’installealors le déni du collectif et le salariédépendant devient « la personne donttout le monde parle mais à qui personne ne dit rien ». Par ailleurs,des problématiques de qualité de travailet de situations à risques sont à antici-per : baisse de productivité, accidentsdu travail, absences, retards...

DÉSAMPLIFIERLE TABOU

En réponse à cela, l’employeur - autantque les salariés - peut se trouver démuni. Au-delà du cadre légal et sonobligation de résultats concernant lasanté et la sécurité au travail (Article4121-1 du Code du travail), l’employeurse doit de mettre en place des actionsde prévention concernant ce type derisques. Le message du dirigeant peut

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LISA BRICQUETPsychologue sociale spécialisée en communication et management, Lisa Bricquet est préventrice et formatrice au sein du cabinet GAEConseil, expert des addictions en milieux professionnels.

situation problématique. Toutefois, unealerte à la hiérarchie peut être perçuecomme de la délation. Le travail dupsychologue intervenant est alors decerner les freins et les problématiquesqu’engendre l’addiction du salarié et principalement de sensibiliser le collectif à cette thématique. Mieuxcomprendre une addiction, c’est déjàmieux l’appréhender.

LA PRISE EN CHARGEPAR LE PSYCHOLOGUE

L’intervention d’un expert externesera bénéfique et reflètera la volontéde l’employeur de solutionner la situation sans utiliser la répression.Par sa neutralité et son expertise, lepsychologue est en charge de donnerdes éléments de discours au collectif etd’apporter des outils managériaux àl’encadrement. Après un audit, son

intervention consiste dans un premiertemps, à informer des risques et del’aspect médical et social de l’addiction.Le psychologue devra redéfinir ensuiteclairement les rôles des intervenantsafin de permettre un meilleur accompa-gnement et de réinstaurer le dialogueentre tous les protagonistes.

Malgré le sentiment d’impuissanceface à la détresse du salarié, c’est justement la conjonction des actionset des forces de l’ensemble des acteursprofessionnels alliée à l’expertise dupsychologue, qui conduira au retourde l’équilibre au sein de l’équipe detravail. a

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La prévention a pour objectif de désamplifier le tabou lié à la consommation ou à l’addiction.—

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