a propos de la description réaliste

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A Propos de La Description Réaliste

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  • 2/4/2014 A propos de la description raliste

    http://www.marocagreg.com/forum/sujet-a-propos-de-la-description-realiste-18266.html 1/7

    A propos de la description raliste

    Tout projet pdagogique qui ne prend pas systmatiquement en considration, et ds sa premiresquence ou ses premires sances, le volet esthtique de l'oeuvre tudie est un projet bcl. Il nesuffit pas de transmettre thoriquement les caractristiques gnrales de l'autobiographie, du contephilosophique, du rcit fantastique ou celles de la description raliste, par exemple ce volet thoriquepeut faire l'objet d'une squence notionnelle comme assise - mais il faut que ces caractristiques soientreleves de l'criture elle-mme. On a beau dire l'lve que Maupassant et Balzac sont des auteursralistes, que dans La Ficelle et Le Pre Goriot, l'criture est raliste, mais sans montrer l'lve lestraits distinctifs de cette esthtique raliste partir de l'oeuvre elle-mme, l'enseignement ne serait quemensonge et sans presque utilit aucune. Nous ne transmettons pas uniquement un contenu, mais aussiet surtout une forme, et c'est en ce sens que mme l'intitul du projet gnral doit intgrer dans saformulation et le ct esthtique et le ct thmatique (ex: La description raliste au service del'lment psychologique). Nous allons essayer dans cette modeste leon de recenser lescaractristiques de la description raliste en gnral et celles de la description raliste chez Balzac enparticulier, illustres d'exemples tires particulirement de La Ficelle et de la premire partiedescriptive du Pre Goriot:

    I-Les caractristiques de la description raliste

    La description dite raliste exploite la plupart des moyens utiliss dans tout nonc descriptif, auxniveaux lexical, syntaxique et stylistique, mais comme cette description se veut plus prcise, plusdtaille et plus objective, elle se caractrise par les traits suivants:

    1- Vocabulaire neutre et classifiant dominant

    a-adjectifs qualificatifs pithtes

    Une description qui se veut objective se voit domine par l'adjectif pithte et non par l'adjectif attribut.L'adjectif pithte, quand il n'est pas mtaphorique, impute l'objet dcrit une proprit qui lui estinhrent, et ce n'est plus le locuteur qui la lui attribue. D'emble, le dbut de l'incipit de La Ficelle sevoit domin par l'adjectif qualificatif pithte (Tranquilles, longues, torses, rudes, gauche, solide,lentes, pnibles, bleue, petit, blanc, osseux dformes, empese, brillante, vernie, orne,gonfle).

    b- adjectifs de couleur

    Les adjectifs de couleur se constituent les plus classifiants et les plus neutres quand ils ne sont pasemploys mtaphoriquement. La description raliste en use abondamment (voir la description del'espace de la pension Vauquer, par exemple, dans Le Pre Goriot).

    c-Jargontechnique appartenant des branches scientifiques telles l'architecture, la gomtrie, latopographie, la toponymie, l'archologie, etc (voir la description de l'espace ou la description duportrait physique des personnages chez Balzac).

    2- Prcision et minutie

    La description raliste est prcise et dtaille. Le narrateur donne de l'importance tous les dtails,mme aux dtails inutiles et insignifiants, mais qui produisent un effet de rel et affectent la fiction

  • 2/4/2014 A propos de la description raliste

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    d'un coefficient de crdibilit et de vraisemblance, ils sont l pour faire vrai. La description ralistechez Balzac ne s'tale sur plusieurs pages qu' cause de ces dtails qui foisonnent. D'autres procdscontribuent galement la prcision ou l'amplificationde cette description:

    a-Multiplication des proprits

    Le narrateur confre tel dcor, tel objet, tel portrait, consistance et paisseur en multipliant sesproprits (forme, volume, couleur, matire, chiffre, unit de mesure ): ruisseaux noirs, mainblanche, tons jaunes, couleurs brunes, couleur jaune, cadre de bronze, vasesde faence bleue etblanche, peinte en marbre vert, marbre de Sainte-Anne, marches en bois, cabareten porcelaine blanche, assiettes en porcelaine paisse, un ple vert, barreaux en fer,table ronde peinte en vert, large d'une toise, large d'environ vingt pieds, tombe angle droit, coupedans sa profondeur, un carrd'artichauts, leurs lignes, Le Pre Goriot.

    b- Les figures syntaxiques de l'numration et de l'accumulation

    Les figures de syntaxe, l'numration et de l'accumulation, contribuent l'amplification.Parl'accumulation, le narrateur accumule plusieurs proprits pour caractriser une chose (leurblousebleue, empese, brillante, comme vernie, orne au col et aux poignets d'un petit dessin de filblanc, gonfle autour de leur torse osseux, semblait un ballon prt s'envoler, d'o sortaient unette,deux bras et deux pieds, La Ficelle; ce mobilier est vieux, crevass, pourri, tremblant,rong, manchot, borgne, invalide, expirant, Le Pre Goriot ). Par l'numration, le narrateurnumre plusieurs choses diffrentes la fois (la vaste cour tait pleine de vhicules de touterace, charrettes, cabriolets, chars banc, tilburys, carrioles, La Ficelle; elle sent le renferm, lemoisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pntre les vtements; elle pue leservice, l'office, l'hospice, Le Pre Goriot

    Dans la description raliste, les figures de style s'approchent plus dans leurs images de la ralit: Larue Neuve-Sainte-Genevive surtout est comme un cadre de bronze, le seul qui convienne ce rcit,auquel on ne saurait trop prparer l'intelligence par des couleurs brunes, par des ides graves; ainsi que,de marche en marche, le jour diminue et le chant du conducteur se creuse, alors que le voyageurdescend aux Catacombes. Comparaison vraie!....

    3- La description raliste a une fonction d'attestation (mimsique)

    Prtendant poser le monde comme quasi rel, la description raliste recourt :

    a- Des rfrences historiquesou donnant l'illusion de l'histoire:

    - Indications temporelles (dates, jours, mois, annes). Ainsi, dans La Ficelle, le mardi, c'est bien le

    jour de march Goderville au 19me sicle (il l'est toujours ma connaissance). Dans Le PreGoriot,pour donner l'illusion de la ralit, le narrateur commence son histoire en disantNanmoins, en 1919, poque laquelle ce drame commence et conclue sa description par laphrase suivante:Telle tait la situation gnrale de la pension bourgeoise la fin du mois denovembre en 1819. Parlant du pre Goriot, le narrateur dit:Le pre Goriot, vieillard de soixante-neufans environ, s'tait retir chez madame Vauquer, en 1813).

    -Evocation d'vnements qui ont eu lieu dans la ralit

    Sous le socle, cette inscription demi efface rappelle le temps auquel remonte cet ornement parl'enthousiasme dont il tmoigne pour voltaire, rentr dans Paris en1777, Le Pre Goriot

  • 2/4/2014 A propos de la description raliste

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    -Noms de lieux, de rues, de quartiers appartenant un espace rel (topographie,toponymie).Goderville, Braut, Manneville, ect, sont bel et bien des villages rels qui se trouvent enNormandie, au Nord-Ouest de la France, La Ficelle. Montmartre, Montrouge, La rue Neuve-Sainte-Genevive, la rue de l'Arbalte, par exemple, sont bel et bien des espaces qui se trouvent Paris, LePre Goriot.

    -Peinture des ralits socio-conomiques, des modes de vie, des moeurs de l'poque (traditions,habitudes, coutumes, rites, couleurs locales, monuments, tableaux, gravures, dessins, objets, croyancesd'une classe, d'un groupe, d'une rgion, d'un pays).

    b-L'action est de tous les jours, appartenant la ralit sociale de l'poque. L'action du jour dumarch hebdomadaire, par exemple, est une action relle et qui se rpte dans l'espace campagnard

    Normand au 19me sicle.L'action du drame de l'amour-passion l'gard de ses enfants, et lesconsquences nfastes qui en dcoulent, est une action de tous les temps.

    c-L'illusion des personnages exemplaires, emblmes. Par leur onomastique (noms), leurs habits,leur comportement, leur langage, leur caractre, leurs passions, les personnages appartiennent laralit quotidienne de l'poque. Les paysans, dans La Ficelle , sont bien des personnages rels, avec

    leurs vtements propres la rgion au 19me sicle: une blouse bleue, une culotte et un chapeau pourles hommes; un chle, un linge blanc et un bonnet pour les femmes; avec leur langage dont le lexique etla syntaxe sont ceux des paysans, avec leur caractre propre la rgion ( conomes, sceptiques,susceptibles la rumeur, au commrage, la rancune, la ruse, voire au mensonge), avec leurmanire de se comporter, de marchander, de s'habiller, de parler en criant , de mdire Chez lesralistes, particulirement chez Balzac, chaque personnage est un prototype qui reprsente un caractreexistant dans la ralit. Les Vauquer, les Vautrin, les Poiret, les Goriot, les Michonneau, les Rastignac,les Grandet, les Eugnie, les Hauchecorne, etc, existent bel et bien, et le lecteur ne peut nier leurappartenance des classes ou des couches sociales.

    d-Le prsent valeur de contestation donnant l'illusion de la ralit (voir la description de lapension Vauquer dans Le Pre Goriot). Ds le dbut du roman, le narrateur semble exclure au temps duprsent toute valeur historique pour lui imputer des valeurs donnant l'illusion de la ralit; le prsent valeur d'actualit, ponctuelle ou dilate qui donne l'illusion que la pension bourgeoise et sonpropritaire existent toujours au moment mme de l'criture: Madame Vauquer, ne de Conflans, estune vieille femme qui, depuis quarante ans, tient Paris une pension bourgeoise tablie rue Neuve-Sainte-Genevive. A ct de ce prsent, simulant la valeur d'actualit, se ctoie un autre prsent valeur de caractrisation servant dcrire une proprit confre un tre, une notion ou une chose,pour une dure indtermine, et simulant que la caractristique impute l'entit appartient la ralitet non plus la fiction: deux monuments qui changent les conditions de l'atmosphre en y jetantdes tons jaunes, en y assombrissant tout par les teintes svres que projettent leurs coupoles; ged'environ cinquante ans, madame Vauquer ressemble toutes les femmes qui ont eu desmalheurs;Nul quartier de Paris n'est plus horrible, ni, disons-le, plus inconnu. La rue Neuve-Sainte-Genevive surtout est comme un cadre de bronze, etc.

    L'incipit d'Eugnie Grandet commence d'emble par une srie de verbes au prsent valeur decaractrisation:Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire unemlancolie gale celle que provoquent les clotres les plus sombres, les landes les plus ternes ou lesruines les plus tristes.

    e- La fiction du visiteur

    Un Parisien gar ne verrait l que des pensions bourgeoises ou des Institutions, de la misre ou del'ennui, de la vieillesse qui meurt, de la joyeuse jeunesse contrainte travailler, Le Pre Goriot

  • 2/4/2014 A propos de la description raliste

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    Peut-tre y a-t-il la fois dans ces maisons et le silence du clotre et l'aridit des landes et lesossements des ruines: la vie et le mouvement y sont si tranquilles qu'un tranger les croiraitinhabites, dbut de l'incipit d'Eugnie Grandet.

    f-ordre logique dans la description

    Gnralement la description raliste suit l'ordre logique qui va du gnral au particulier (voir ladescription de la pension Vauquer dans Le Pre Goriot).

    Toutes ces caractristiques, nous les trouvons bel et bien illustres ne se laisse que dans les premirespages du Pre Goriot (difficile de dlimiter l'incipit chez Balzac): Madame Vauquer, ne deConflans.elle va tomber en pourriture.

    Remarque: La description raliste peut pousser jusqu'au naturalisme lorsque le narrateur peintgalement le ct bestial de l'homme, c'est--dire voquer ses actes les plus naturels, (dans La Ficelle,Matre Hauchecorne ramasse un morceau de ficelle dans la crotte; les paysans dgagent une odeurbestiale; pendant le djeuner, dans l'auberge de Matre Jourdain, les paysans mangent comme des btes,la salive leur mouille la bouche).

    II- Les particularits du ralisme chez Balzac

    En plus de la prsence des prcdentes caractristiques, la description raliste chez Balzac secaractrise galement par les particularits suivantes:

    1-Le retour des personnages (ce qui fait de l'oeuvre de Balzac un ensemble organique et donnel'illusion du rel). L'ide, chez Balzac, de penser relier ses personnages pour en former une socitcomplte en volution a vu le jour avec Le Pre Goriot dans lequel nous voyons reparatre vingt-troispersonnages prsents dans des romans antrieurs. Rastignac, par exemple, est trs reparaissant dansLaComdie humaine, nous le retrouvons dans vingt-six romans.

    2- L'exploitation de certaines thories scientifiques

    Certaines thories scientifiques en vogue l'poque et exploites par l'auteur servent ce ct de sonralisme qui recoupe le monde extrieur et le monde intrieur.

    -La physiognomonie de Lavater, selon laquelle le portrait physique est le reflet du portrait moral:

    Ses yeux rids, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses l'amer renfrognement del'escompteur( propos de Madame Vauquer).

    ge d'environ cinquante ans, madame Vauquer ressemble toutes les femmes qui ont eudesmalheurs. Elle a l'oeil vitreux, l'air innocent d'une entremetteuse qui va se gendarmer prte toutpour adoucir son sort, livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou Pichegru taient encore livrer

    Des constitutions qui avaient rsist aux temptes de la vie; Les bouches fltries taient armes dedents avides( propos des pensionnaires).

    Ces pensionnaires faisaient pressentir des drames accomplis ou en action; non pas de ces dramesjous la lueur des rampes, entre des toiles peintes, mais des drames vivants et muets, des dramesglacs qui remuaient chaudement le coeur, des drames continus

  • 2/4/2014 A propos de la description raliste

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    Quoique le jeu des passions et ravag sa figure, il s'y trouvait encore certains vestiges d'uneblancheur et d'une finesse dans le tissu qui permettaient de supposer que le corps conservait quelquesrestes de beaut ( propos de la demoiselle Michonneau).

    Monsieur Poiret tait une espce de mcanique.

    Sa physionomie rousstre, ses cheveux d'un blond fauve, sa taille trop mince, exprimaient cette grceque les potes modernes trouvaient aux statuettes du Moyen Age. Ses yeux gris mlangs de noirexprimaient une douceur, une rsignation chrtienne. Ses vtements simples, peu coteux, trahissaientdes formes jeunes. Elle tait jolie par juxtaposition. Heureuse, elle et t ravissante ( propos deVictorine).

    Sa tournure, ses manires, sa pose habituelle dnotaient le fils d'une famille noble, o l'ducationpremire n'avait comport que des traditions de bon got ( propos de Rastignac).

    Sa figure, raye par des rides prmatures, offrait des signes de duret que dmentaient ses maniressouples et liantes; tant, malgr son air bonhomme, il imprimait de crainte par un certain regardprofond et plein de rsolution. A la manire dont il lanait un jet de salive, il annonait un sang-froidimperturbable qui ne devait pas le faire reculer devant un crime pour sortir d'une position quivoque.Comme un juge svre, son oeil semblait aller au fond de toutes les questions, de toutes lesconsciences, de tous les sentiments ( propos de Vautrin.

    D'ailleurs son mollet charnu, saillant, pronostiquait, autant que son long nez carr, des qualitsmorales auxquelles paraissait tenir la veuve, et que confirmait la face lunaire et navement niaise dubonhomme, avait quelque chose de jeune dans le sourire, Ses yeux bleus si vivaces prirent desteintes ternes et gris-de-fer, ils avaient pali, ne larmoyaient plus, et leur bordure rouge semblait pleurerdu sang ( propos de Goriot).

    -La thorie du milieu de Geoffroy Saint Hilaire, d'aprs laquelle il y a une influence rciproque entrel'espace et les tres.

    Le ralisme chez Balzac n'est pas uniquement extrieur, il est aussi et surtout psychologique. Ladescription chez Balzac est souvent au service de l'lment psychologique. Le dcor est frquemmentl'indice du personnage qui a faonn en lui son empreinte. Il peut souligner quel point tout espaceporte l'empreinte de modes de vie, de codes et de valeurs de ceux qui l'habitent. Ainsi, dcrire desmeubles, des objets, c'est une faon de dcrire des personnages, la description, tablissant unrapportlieu / personnage, permet souvent une caractrisation indirecte du personnage, de soncaractre et de son milieu, selon un rapport mtonymique et mtaphorique. La fonction de ladescription est, ici, diteexplicative. Mais la description d'un dcor, d'un portrait, d'un objet devientgalement porteuse de choix esthtiques et de jugements axiologiques et idologiques de l'auteur(thse ou thorie). Le jugement axiologique sur les personnages passe souvent par l'vocation,mliorative ou pjorative, de leur habitat. La description peut renvoyer une passion particulire del'auteur, un got, une tendance. La pratique descriptive peut aussi relever d'une conviction propre l'auteur. La fonction de la description est, ici, dite symbolique. Mais dans les deux cas (explicativeou symbolique), la description se double de la fonction ditesmiosique ou hermneutique. Ainsi en est-il dans le passage suivanto se recoupentfonction explicative et fonction symbolique:

    Cette premire pice exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu'il faudrait appeler l'odeur depension. Elle sent le renferm, le moisi, le rance; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pntreles vtements ; elle a le got d'une salle o l'on a dn ; elle pue le service, l'office, l'hospice (.). Pourexpliquer combien ce mobilier est vieux, crevass, pourri, tremblant, rong, manchot, borgne, invalide,expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l'intrt de cette histoire ().

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    Cette pice est dans tout son lustre au moment o, vers sept heures du matin, le chat de madameVauquer prcde sa matresse ; saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattescouvertes d'assiettes, et fait entendre son rourou matinal. Bientt la veuve se montre, attife de sonbonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis, elle marche en tranassant sespantoufles grimaces. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez bec deperroquet, ses petites mains poteles, sa personne dodue comme un rat d'glise, son corsage trop pleinet qui flotte, sont en harmonie avec cette salle o suinte le malheur, o s'est blottie la spculation, etdont madame Vauquer respire l'air chaudement ftide sans en tre coeure. Sa figure frache commeune premire gele d'automne, ses yeux rids, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme la pensionimplique sa personne. Le bagne ne va pas sans l'argousin, vous n'imagineriez pas l'un sans l'autre.Sonjupon de laine tricote, qui dpasse sa premire jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouates'chappe par les fentes de l'toffe lzarde, rsume le salon, la salle manger, le jardinet, annonce lacuisine et fait pressentir les pensionnaires, H.De Balzac, Le Pre Goriot

    Dans cet nonc, nous remarquons que la description, non seulement tablit un rapport entre le lieu (lapension) et le personnage (Madame Vauquer), savoir l'impact de l'espace sur la personne etl'empreinte que porte cet espace des modes de vie et des valeurs de cette personne , mais posegalement la thse d'un dterminisme de l'individu par le milieu gographique, familial et social, ce quimontre que la description sert prouver la validit des thories de l'auteur: Aussi le spectacle dsolantque prsentait l'intrieur de cette maison se rptait-il dans le costume de ses habitus, galementdlabrs.

    -La phrnologie de Gall, selon laquelle la morphologie du crne reflterait certains traits de caractreet que les dformations la surface du crne sont dues la pression des organes du cerveau lis telleou telle facult mentale:

    Elle avait une tte norme, le front masculin mais dlicat du Jupiter de Phidias; Eugnie, grande etforte, n'avait rien donc du joli qui plat aux masses, mais elle tait belle de cette beaut si facile mconnatre, et dont s'prennent seulement les artistes. Le peintre qui cherche ici-bas un type lacleste puret de Marie (.); Ce peintre, amoureux d'un si rare modle, et trouv tout coup dans levisage d'Eugnie la noblesse inne qui s'ignore; il et vu sous un front calme un monde d'amour ().Ses traits, les contours de sa tte que l'expression du plaisir n'avait jamais ni altrs ni fatigus,ressemblaient aux lignes d'horizon si doucement tranches dans le lointain des lacstranquilles,Eugnie Grandet

    -La thorie des Espces sociales comme semblables aux Espces Zoologiques de Cuvier, selonlaquelle l'animal vgte en l'homme et en lui vgte le loup, l'ne, le corbeau, le requin, la brebis, letigre, le boa, etc.

    Le Pre Goriot foisonne d'exemples de cette thorie:

    Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez bec de perroquet, ses petitesmains poteles, sa personne dodue comme un rat ( propos de Madame Vauquer).

    Enfin madame Vauquer avait bien vu, de son oeil de pie.

    Elle avait la voix clairette d'une cigale criant dans son buisson aux approches de l'hiver ( propos dela demoiselle Michonneau).

    Cet homme semblait avoir t l'un de ces nes de notre grand moulin social, l'un de

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    ces Ratonsparisiens qui ne connaissent mme pas leurs Bertrands; sa cravate corde autour de soncou dedindon ( propos de Monsieur Poiret). Rappelons que dans la fable de La Fontaine Le singeet le chat, Raton c'est le chat, Bertrand c'est le singe.

    Victorine faisait entendre de douces paroles, semblables au chant du ramier bless, dont le cri dedouleur exprime encore l'amour.

    Ses cheveux en ailes de pigeon ( propos du pre Goriot).

    Financirement parlant, monsieur Grandet tenait du tigre et du boa, Eugnie Grandet

    3 -La conception de ce que Balzac appellel'ide fixe ou les forces puissantesdestructrices:Lespassions (passion de l'argent, de l'amour, de l'ambition, de la science, passions qui brlent etravagent):

    Quel acide avait dpouill cette crature de ses formes fminines? Elle devait avoir t jolie et bienfaite : tait-ce le vice, le chagrin, la cupidit ? Avait-elle trop aim, avait-elle t marchande latoilette, ou seulement courtisane? Expiait-elle les triomphes d'une jeunesse insolente au-devant delaquelle s'taient rus les plaisirs par une vieillesse que fuyaient les passants ?, Quoique le jeu despassions et ravag sa figure ( propos de la demoiselle Michonneau).

    Quel travail avait pu le ratatiner ainsi ? Quelle passion avait bistr sa face bulbeuse, qui, dessine encaricature, aurait paru hors du vrai ? ( propos de Poiret).

    Ce devait tre une bte solidement btie, capable de dpenser tout son esprit en sentiment ( proposde Goriot).