a marseille, la nuit debout se heurte durement à la réalité des quartiers nord

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  • 8/18/2019 A Marseille, La Nuit Debout Se Heurte Durement à La Réalité Des Quartiers Nord

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     A Marseille, la Nuit debout se heurte durement à laréalité des quartiers nord

    LE MONDE | 24.04.2016 à 00h 43 • Mis à jour le 24.04.2016 à 00h51 | Par Gilles Rof (Marseille, correspondance)

    « Vous êtes les bienvenus. » La phrase est finalement arrivée, mais elle a beaucoup tardé.

    Ponctuant une longue « mise au point » que la maigre assistance de la première Nuit debout

    organisée dans les quartiers nord de Marseille ce samedi 23 avril – une centaine de personnes au

    plus fort de la soirée – a encaissée sans broncher  . Fatima Mostefaoui, 50 ans, figure militante de

    la cité des Flamants (14e), joue le rôle de la puissance accueillante et tient à « dire les choses »

    en introduction. « Même si certains vont faire une dépression après… » s’amuse-t-elle.

    Juchée sur les petits gradins en bois de palette qui font face au public, cette membre du collectif 

    Pas sans nous cogne :

    « Ici, cela fait trente ans qu’on est debout. On n’a pas attendu pour combattre

    la précarité, les violences policières, les injustices sociales… Vous venez libérer  notre parole ? Mais notre parole est libre. Personne ne l’entend parce

    qu’elle est censurée et stigmatisée »

    Face à elle, l’auditoire est presque exclusivement composé de militants associatifs, d’étudiants et

    de journalistes… Des habitués des Nuits Debout marseillaises, qui, depuis le 31 mars, se

    déroulent au cours Julien, en plein cœur du quartier populaire et culturel de La Plaine (6 e),

    réunissant chaque semaine quelques centaines de personnes.

    « Les gens se foutent de la réforme du code du travail  »

    Comme Félix, 31 ans, ils arrivent du centre -ville et découvrent pour la plupart cet ensemble

    immobilier  d’un millier d’habitants, fraîchement chamboulé par le chantier de la rénovation

    urbaine. « Quand j’ai vu que la Nuit debout se déplaçait dans les quartiers nord, j’étais ravi,

    explique cet enseignant-chercheur . J’ai pris mon métro, mon bus… Ça a duré une demi-heure. »

    Lire aussi : Le mouvement Nuit debout peine à s’étendre en banlieue

    (http://www.lemonde.fr/banlieues/article/2016/04/14/le-mouvement-nuit-debout-peine-a-s-et endre-en-

    banlieue_4901663_1653530.html)

    Ce soir, la distance entre centre-ville et quartiers défavorisés de Marseille ne se mesure pas qu’en

    durée de trajet. « Où sont les habitants des Flamants ? Ceux des quartiers nord ? », prend à

    témoin Kader Atia, en pointant le public. « Il y a une telle relégation sociale dans nos cités que les

    gens se foutent de la réforme du code du travail, de la loi El-Khomri,   poursuit cet ancien du centresocial de la cité de la Castellane (15e), acteur reconnu de la lutte contre le mal-logement . Ils ont 

    d’autres priorités. »

    Certains participants ont beau rappeler  , au cours des débats , qu’à Marseille, « la précarité ne

    touche pas que les cités » , Zoubida Meguenni voit une déchirure plus grande : « Quand on est 

    dans la merde dans nos quartiers, personne ne vient, souligne la fondatrice de l’association

    Sheba, trente ans de combats pour le s femmes issues de l’i mmigration. Alors aujourd’hui, face à

    cette bienveillance, il y a une haine, c’est sûr. »

    Lire aussi : Nuit debout à Nice : « La Côte d’Azur, c’est pas que des riches retraités ! »

    (http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/04/16/nuit-debout-a-nice-la-cote- d-azur-c-est-pas- que-des-riches-

    http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/rappeler/http://www.lemonde.fr/afrique-debats/http://www.lemonde.fr/social/http://www.lemonde.fr/social/http://www.lemonde.fr/logement/http://www.lemonde.fr/banlieues/article/2016/04/14/le-mouvement-nuit-debout-peine-a-s-etendre-en-banlieue_4901663_1653530.htmlhttp://www.lemonde.fr/immobilier/http://www.lemonde.fr/centre/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/faire/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/faire/http://www.lemonde.fr/marseille/http://www.lemonde.fr/vous/http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/04/16/nuit-debout-a-nice-la-cote-d-azur-c-est-pas-que-des-riches-retraites_4903465_823448.htmlhttp://www.lemonde.fr/afrique-debats/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/rappeler/http://www.lemonde.fr/logement/http://www.lemonde.fr/social/http://www.lemonde.fr/banlieues/article/2016/04/14/le-mouvement-nuit-debout-peine-a-s-etendre-en-banlieue_4901663_1653530.htmlhttp://www.lemonde.fr/immobilier/http://www.lemonde.fr/centre/http://www.lemonde.fr/travail/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/lib%C3%A9rer/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/combattre/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/faire/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/broncher/http://www.lemonde.fr/marseille/http://www.lemonde.fr/vous/

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    retraites_4903465_823448.html)

    Incompréhensions et maladresses

    Les organisateurs de l a Nui t Debout marseillaise pressentaient une p remière difficile. Tout au l ong

    de la semaine, le dialogue avec les associations et les personnalités des quartiers nord qui ont

    accepté de collaborer  , s’est ponctué d’incompréhensions, de maladresses. La diffusion du film

    emblématique du mouvement, Merci Patron !, a été abandonnée au dernier moment. « Pour 

    converger  , il faut un sens, souffle Fatima Mostefaoui. Tu ne vas pas passer  Merci Patron ! à des

    gens qui, en majorité, n’ont pas de travail. » « On ne nous a pas donné le temps de préparer  , de prévenir  les habitants », regrette Rachida Tir, membre, elle aussi, des Pas sans nous.

    Sur la place des Flamants, le centre social, inauguré la veille, a fermé ses lourds rideaux de fer,

    ignorant l’événement. Pour l’électricité de la sono, les organisateurs ont dû faire fléchir le gardien

    de l’école d’infirmières voisine… « Le lieu choisi n’était peut-être pas le bon » , s’interroge Gérald,

    l’une des chevilles ouvrières de la Nuit debout à Marseille, avant de glisser  , irrité par les critiques

    et les problèmes du soir : « Je ne suis pas sûr qu’on réédite l’expérience. »

    Elu Front de gauche du secteur, figure de l’opposition au maire FN Stéphane Ravier, Samy Johsua

    veut quand même y croire : « L’idée est excellente. Le résultat montre que la construction du tous

    ensemble n’est pas si facile. Mais le bilan reste bon parce qu’on a essayé de le faire. »

    Lire aussi : Nuit debout ne sait pas sur quel pied communiquer 

    (http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/20/nuit-debout-ne-sait-pas -sur-quel-pied-communiquer_4905 506_ 3224 .html)

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/20/nuit-debout-ne-sait-pas-sur-quel-pied-communiquer_4905506_3224.htmlhttp://www.lemonde.fr/parti-de-gauche/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/glisser/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/pr%C3%A9venir/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/pr%C3%A9parer/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/converger/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/collaborer/http://www.lemonde.fr/l-invite/http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/04/16/nuit-debout-a-nice-la-cote-d-azur-c-est-pas-que-des-riches-retraites_4903465_823448.html