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PATTY WIPFLER

A L’ÉCOUTE

DES ENFANTS

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Listening Effectively to Childrenby Patty Wipfler

French translation by Brigitte Guimbal, Rebecca Arndt, Régis Courtin,Marie-Claude Ferrier, and Laurent Petit

Layout by Régis Courtin

Photos for cover collage by Danna Byrom, Christine Diamandopoulos,James Maddry, Zoe Ann Perry, and Aliza Shapiro

Copyright © 1999, 2003 by Rational Island Publishers. All rightsreserved. No part of this pamphlet may be used or reproduced in anymanner whatsoever without written permission except in the case of briefquotations embodied in critical articles or reviews.

A l’écoute des enfants de Patty Wipfler

Traduction française de Brigitte Guimbal, Rebecca Arndt, Régis Courtin,Marie-Claude Ferrier et Laurent Petit

Mise en page de Régis Courtin

Photos en couverture de Danna Byrom, Christine Diamandopoulos,James Maddry, Zoe Ann Perry et Aliza Shapiro

Copyright © 1999, 2003 par Rational Island Publishers. Tous droitsréservés. Toute utilisation ou reproduction même partielle de ce fasciculeest interdite sans autorisation écrite préalable, excepté dans le cas decourtes citations au sein d’articles ou de revues critiques.

Pour toute information, contacter:

Rational Island PublishersP.O. Box 2081, Main Office Station

Seattle, Washington 98111, USAe-mail: ircc@rc.org; Fax: +1-206-284-8429

ISBN: 1-58429-126-5$7.00 U.S.8.00 Euros

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction ............................................................................. iLe temps particulier ............................................................... 1Le jeu-écoute .......................................................................... 13Les pleurs ............................................................................... 33Crises de rage et indignation .............................................. 51Guérir les enfants de leurs peurs ........................................ 63Approcher votre enfant en colère ....................................... 87

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INTRODUCTION

Félicitations ! Vous êtes l’un des heureux parents àavoir rencontré la Réévaluation par la Co-écoute et sesdécouvertes sur la manière dont les humainss’épanouissent et se débarrassent de leur souffrances.Vous allez apprécier chaque jour la chance qui est lavôtre. Vous avez à présent accès à des idées fiables etréalisables qui vont vous aider à exprimer votre amour etvotre tendresse envers vos enfants. Vous allez égalementapprendre à les aider à guérir des expériences blessantesqu’ils ont connues ou connaîtront un jour. A mesure quevotre compréhension de ce processus de guérison sedéveloppera, le plaisir dans votre vie de mère ou de pèreira croissant. Vous serez moins déstabilisé(e) lorsquevotre enfant fera appel à vous pour résoudre lesproblèmes de la vie. Votre puissance en tant que parentaimant et aussi en tant que bâtisseur ou bâtisseuse decommunauté va aller en augmentant. C’est bien là le typede savoir et de puissance que chaque parent espèretrouver un jour !

L’idée maîtresse autour de laquelle notre approches’élabore est que les enfants s’épanouissent lorsqu’ils sesentent en relation avec ceux qui les entourent. Dès lapetite enfance, le besoin qu’une* enfant a d’établir descontacts humains significatifs avec de nombreusespersonnes est aussi intense que le besoin de se nourrir, dedormir ou d’avoir un toit au-dessus de la tête. Vousverrez parfois des bébés absorber le regard aimant de leur

* Pour simplifier, les genres féminin et masculin sont alterna-tivement employés tout au long de ce fascicule pour représenter lesenfants des deux sexes.

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père ou de leur mère au travers de longs échangessoutenus. Vous remarquerez parfois le corps d’une jeuneenfant s’éveiller et s’emplir d’espoir à l’écoute de son nomprononcé par une personne proche. Vous entendrezsouvent le ton clair et bienfaisant du rire d’une enfantlorsqu’elle joue en toute sécurité avec ses amis. Ces mo-ments de contact permettent à une jeune enfant d’asseoirsa confiance défi après défi dans un monde qu’elle necomprend pas totalement et qu’elle ne peut pas entière-ment contrôler.

La confiance qu’une enfant possède en soi-même, enses capacités, et dans les personnes qui lui sont chères estintense. La plupart d’entre nous avons du mal à nousrappeler ce que peut être la vie quand nous sommesgonflés à bloc par l’espoir “qu’aujourd’hui sera un grandjour !” Cette confiance est un droit que nos enfants ontacquis en venant au monde, et c’est également le nôtre.

Cette confiance étaye la formidable capacitéd’apprendre des enfants, leur volonté d’entreprendre,leur créativité, et leur franchise. En un sens, ils seconnaissent eux-mêmes, ils connaissent leur intelligence, et ilsn’ont pas à s’interrompre pour s’interroger ou se censurertandis qu’ils explorent leur monde et leurs relationspersonnelles. Cette confiance est profonde, elle estprécieuse. Cela vaut vraiment la peine que l’on déploiedes efforts importants pour préserver la confiance quenos enfants ont en eux-mêmes ou en nous.

Pour cela, vous pouvez utiliser l’information qui suitpour développer votre capacité à être en contact, ou àrenouer le contact, avec votre enfant. Les sentiments desouffrance, d’irritation, et de confusion ont un effetd’usure sur ce contact, mais notre situation est pleined’espoir. Nos enfants sont constamment à la recherched’un contact, par conséquent nous ne sommes pas seuls

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pour prendre l’initiative. Ils nous font savoir quand ilsont été blessés, si bien qu’il n’est pas difficile dereconnaître à quel moment nous devons nous mettre autravail. De plus, ils rayonnent tellement lorsque nousavons réussi à trouver le moyen de les aider.

Tout en développant cette compréhension de lamanière dont les idées de la Réévaluation par la Co-écoute s’appliquent aux enfants, nous parents, avonsbeaucoup tâtonné. Nous avons échangé du tempsd’écoute les uns avec les autres, déchargeant nos senti-ments de tristesse, de frustration et d’irritation par leslarmes, le rire et la parole animée. Ensuite, nousretournions auprès de nos enfants pour essayer decomprendre comment écouter valablement leurs besoinsd’attention de notre part. Même si l’information sur lafaçon de faire travailler les enfants sur leurs blessuresémotionnelles est aujourd’hui relativement bienorganisée, notre processus d’apprentissage, lui, ne le futpas ! Ce que nous avons appris a semble t-il été déterminésoit par les incidents que nos enfants nous rapportaient leplus souvent, soit par ceux que nous pouvions le moinssupporter. Quoiqu’il en soit, “Décharge, décharge,décharge” finit par devenir la Réponse Numéro Un à laplupart des questions que nous nous posions. Parconséquent, au moment où vous commencez à mettre enpratique ces idées, ne vous inquiétez pas si vous faîtes denombreuses erreurs (on en fait forcément dès que l’onapprend quelque chose !), ou bien si cela vous paraîtdifficile. Cela vous semblera difficile. Toutefois, laproximité que vous et votre enfant parviendrez à établirsur la base de ces idées vous récompensera grandementde ces efforts.

Les difficultés que vous rencontrerez auront deuxorigines: les automatismes rigides de comportement quevotre famille vous aura transmis, et la dureté de

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l’oppression des parents. Grâce à l’assistance d’autres co-écoutants, les rigidités issues de votre famille serontrelativement faciles à attaquer dans vos séances. Vousaurez ainsi l’opportunité d’acquérir la patience que vospropres parents ne purent jamais connaître, d’exprimervotre tendresse sur un ton de voix que vous n’avez jamaisentendu, de jouer avec une légèreté qui vous étaitinconnue en tant qu’enfant, et vos co-écoutants vousmèneront là où ceux avec qui vous avez grandi nepouvaient vous mener.

A cause de l’oppression des parents dans notre société,vos efforts pour soutenir votre enfant, et pour établir desrelations plutôt que contrôler, vont déranger certainespersonnes. Vous, comme l’ensemble des parents, êtes déjàla cible des critiques. Vous devrez apprendre à gérer cesbouleversements parmi les membres de votre famille, devotre voisinage, et du cercle de vos amis. Ces personnesvont remarquer un type d’attention envers les enfantsqu’elles n’ont jamais eu l’occasion de voir, et vousprendrez des décisions en tant que parent qu’elles necomprendront pas. Par exemple, vous autoriserez peut-être votre enfant à pleurer jusqu’à ce que les larmes setarissent. Le simple fait de tenter de mettre en pratique unensemble d’idées claires concernant les enfantsdéclenchera l’irritation dans certains milieux. Essayez dene pas vous laisser déboussoler par ces bouleversements.Continuez à décharger vos propres sentiments dans desséances d’écoute. Poursuivez votre apprentissage,continuez à communiquer votre pensée tout en étantconfiant que les gens ont un cœur.

En tant que parent, vous avez le droit d’apprendre, depenser, de tenter des choses, de tester des idées. Tout par-ent fait la même chose, consciemment ou non.Quotidiennement, il se trouvera bien des moments oùvous ne saurez pas quoi faire, et il se trouvera aussi des

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moments où vous ferez avec une belle assurance quelquechose qui se révélera conduire à une impasse. Il n’existeaucun apprentissage sans gâchis de la façon d’être en bonrapport avec les enfants. Le piège de l’oppression des par-ents vous prive du temps et de l’énergie dont vous avezbesoin pour faire cet apprentissage. La société estorganisée de façon à “vous donner des conseils”, à “vousadmonester”, et à vous tenir suffisamment occupé(e) pourque vous soyez déconnecté(e) de la meilleure pensée desautres parents. Au bout du compte, elle est organiséedans l’ignorance des soins nécessaires à votre enfant et devos efforts en tant que parent, considérant ce stadeprofondément essentiel de vie et d’amour comme s’iln’avait que peu d’importance. L’état d’esprit général estque votre vraie vie commencera aussitôt que vous vous“remettrez au travail”. Votre travail avec votre enfantfabrique l’avenir de la société tout entière, mais il n’y aaucun moyen d’en tirer profit dès cette année, si bien quepour la société oppressive, cela de “compte” pas.

Afin d’asseoir votre confiance dans le fait que vous êtesd’une importance vitale, vous aurez avantage à mettre enplace un groupe de soutien de parents qui peut vousaider à vous rappeler combien compte votre travail entant que mère ou père. Les liens au sein de nos famillessont précieux. Ce que nous apprenons en prêtant atten-tion à nos enfants peut être profond et est susceptibled’insuffler une grande puissance dans notre vie future.Les lacunes de notre intelligence que nos enfants nousaident à identifier valent la peine qu’on s’y attarde. Deplus, passer du temps avec d’autres mères et pères estune vraie joie. C’est une grande et belle chose que detravailler ensemble en tant qu’êtres humains au projet quiconsiste à répondre aux besoins de nos enfants et aussi ànos besoins en tant que personnes qui prennent soind’eux.

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LE TEMPS PARTICULIER

L’ÉCOUTE DES ENFANTSLORS DU “TEMPS PARTICULIER”

Nous, parents, adorons nos enfants ! Notre amour poureux est souvent l’émotion la plus intense que nousconnaissions. Il n’est peut-être pas toujours faciled’exprimer cet amour, mais il est certainement une forceimportante dans notre vie ! Les moments où nouspouvons nous détendre, jouer et créer des liens avec nosenfants sont le fondement de notre précieuse relation aveceux. Mais nous manquons de temps de détente où par-ents et enfants échangent leur amour.

Ce n’est pas la faute des parents si le temps manquetoujours pour ces moments agréables. Dans notre société,le temps des parents est sous-estimé et mal compris. Laplupart des parents s’attendent à des relationschaleureuses et intimes au sein de la famille, mais setrouvent chargés d’assez de responsabilité pour occupertrois personnes à plein temps. La surcharge de travailnous sépare de nos enfants. Nous essayons d’arrangernotre vie de famille avec tout notre cœur, mais avec peude moyens et très peu d’aide. A long terme, une destâches principales de la société consistera à donner auxmères et aux pères les moyens et l’aide dont ils ont besoinpour les soutenir dans leur important travail de parents.Nous devrions avoir pour objectif qu’il soit possible aux

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parents de profiter de leurs enfants et de leur rôle deparents sans devoir toujours se préoccuper de survivre.

La pratique du “temps particulier” avec votre enfantest un excellent outil pour le travail de parent dans lesmoments difficiles. C’est un moyen simple mais puissantde construire et de renforcer des relations intimes avecnos enfants. Cela peut être aussi un antidote contre lessentiments de “ne pas être suffisamment bon parent” quinous parasitent et gâchent notre enthousiasme. Quandnous nous donnons du temps pour nous concentrerentièrement sur notre relation avec nos enfants, noussatisfaisons quelques uns des besoins profonds d’amouret d’intimité propres aux gens de tout âge. Nous noussentons plus fiers de nous en tant que parents. Nosenfants se nourrissent de notre confiance grandissante ennos capacités de parents, et de l’attention que nous leurdonnons.

Le “temps particulier” est une manière de créer la rela-tion sûre dont votre enfant a besoin pour déchargerpleinement les blessures et les confusions qu’elle aenregistrées jusqu’à présent. Lorsque vous concentrezvotre attention sur elle, vous l’invitez à compter sur vousen tant qu’écoutant(e). Le jeu de votre enfant devient lesupport pour vous dire ce qu’elle vit et ressent.

Pour commencer, vous donnez toute votre attention àvotre enfant. Ce n’est pas un jeu accidentel ou un contactindirect ! Portez attention à tous les détails concernant lesmots, l’expression, le ton de voix, la posture et lesmouvements de votre enfant. Absorbez ces informationspar chacun de vos pores, comme si voter enfant étaitnouveau pour vous ! Voici quelques indicationssupplémentaires pour organiser un “temps particulier”:

• Définissez une courte période pendant laquelle il n’yaura aucune interruption: pas de téléphone, de

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visiteurs, de frères ou sœurs à surveiller, de thé àpréparer, rien d’autre à faire qu’être avec votre enfant.(Vous pouvez utiliser une minuterie si vous voulez,pour montrer que vous allez garantir ce temps entrevous.)

• Faites ce que vous pouvez pour vous libérer des souciset de la fatigue. Choisissez un moment où vous pouvezfaire une bonne pause, laissez la vaisselle dans l’évier,et prenez le temps de profiter de l’enfant remarquableque vous avez amenée dans la famille.

• Pendant le “temps particulier”, rendez l’enfantresponsable de sa relation avec vous. Faites-lui savoirque pendant cette période vous voulez tout ce qu’ellevoudra. Suivez ses directions, qu’elle vous dise ouvous montre ce qu’elle veut faire. Ce renversement deséquilibres habituels de pouvoir va encourager votreenfant à vous communiquer des pensées et des senti-ments qu’elle ne peut pas vous confier dans la paniquequotidienne de la vie familiale.

• Montrez lui que vous aimez profondément être avecelle. Montrez votre affection, votre intérêt et votre ap-probation par votre expression, votre voix, et par lecontact physique. Il se peut que votre enfant sembleignorer votre surcroît de chaleur, mais ne vous arrêtezpas pour attendre de la gratitude ou des manifestationsen retour. Votre enfant va absorber l’affection que vouslui donnez, et décidera d’elle-même quand et commentl’utiliser.

• Attendez-vous à ce qu’il se passe du nouveau. Votreattente et votre intérêt vont inciter votre enfant àutiliser cette occasion pour vous montrer de nouveauxaspects d’elle-même.

• Ne vous laissez pas aller à la tentation de diriger le jeuselon vos idées, ou de lui “apprendre” comment cela

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pourrait être “mieux”. Votre enfant a besoin debeaucoup d’occasions d’utiliser son propre jugement etde faire librement des expériences. Les modificationsque vous suggérez dans le jeu vous empêchent de biencomprendre ses idées, ses préférences et sonenthousiasme. Ne modifiez le jeu que si ce que votreenfant suggère pose manifestement des problèmes desécurité.

VOTRE ÉCOUTE CONSTRUITLA CONFIANCE DE L’ENFANT

Quand vous donnez régulièrement du “tempsparticulier” à votre enfant, elle développe sa confiance envous. Elle va vous montrer plus d’elle-même, commentelle voit le monde et ce qu’elle ressent. Vous allezprobablement passer par les étapes suivantes (pasforcément dans cet ordre), qui montrent que votre enfantse sent plus en sécurité avec vous.

• Elle va vous tester. Votre enfant peut choisir le genrede jeu que vous trouvez le plus ennuyeux ou le plusirritant, pour voir si vous êtes vraiment enchanté(e)d’ elle “quoi qu’il arrive”. Cela peut signifier qu’elle vavous demander de faire du patin à roulettes, ou dejouer à des jeux vidéo, ou d’éclabousser l’évier de lacuisine. Vous pouvez essayer de parler de ce que vousn’aimez pas dans les jeux que votre enfant choisit avecquelqu’un qui sait bien écouter, pour diminuer votretension. Quand vous pourrez accueillir avecenthousiasme les jeux que votre enfant choisit pendantle “temps particulier”, sa confiance grandirarapidement.

• Elle va explorer de nouvelles activités ou denouveaux territoires, avec votre attention. L’enfant vasouvent décider d’utiliser la sécurité donnée parl’attention de l’adulte pour tester ses capacités phy-

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siques, par exemple en sautant sur les lits de toutes lesmanières possibles, ou en se promenant dans lequartier plus loin qu’elle n’a jamais été, ou en mettanttout ce qu’elle peut dans une flaque de boue. Elle va seservir de votre permission et de votre approbationpour faire un apprentissage intensif, avec tout soncorps.

• Elle va vous révéler des problèmes importants. Votreplaisir sans réserve et votre attitude détendue vont tôtou tard encourager votre enfant à faire face à desdifficultés qui lui posent problème. Par exemple, sivotre enfant a subi une piqûre douloureuse chez lemédecin, elle peut vous infliger allègrement despiqûres vigoureuses pendant le “temps particulier”.Ou, si sa maîtresse l’a grondée, elle va jouer “à lamaîtresse” et vous gronder avec les même mots et lamême intonation. Elle vous fait partager un problèmeimportant. Votre offre de l’écouter a été accueillie avecconviction.

• Elle va explorer une large gamme de sujets. Lasécurité du “temps particulier” va permettre à votreenfant de vous montrer en détail ses idées et sesdifficultés concernant le pouvoir, la violence, lestraitements médicaux, la douleur physique, son corps,la séparation, la nourriture, toute une série de peursspécifiques, et d’autres choses encore. Elle va utiliser letemps ou vous l’écoutez pour travailler sur les tensionsautour de ces sujets par le jeu, la parole, et par descrises d’émotion.

• Elle va vous montrer de plus en plus d’attachement.Votre enfant va découvrir qu’il est très rassurantd’avoir du “temps particulier” avec vous. Vous allezremarquer des changements positifs en elle: plusd’affection, d’optimisme, de plaisir de vivre, de partage

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de ses pensées et de ses réussites. Votre enfant varemarquer ces changements elle aussi et voudra plusd’attention pour pouvoir se sentir mieux. Sesdemandes d’attention au cours de la journée peuventdevenir fréquentes. Il se peut qu’elle se sente assez ensécurité pour vous montrer des sentiments dedépendance ou des peurs indicibles qui traînent depuisl’enfance, comme d’avoir de nouveau peur du noir.Cela peut sembler une “régression” vers uncomportement “plus immature”, et cela va probable-ment vous irriter plus ou moins au début. En réalité,c’est un progrès: votre enfant a utilisé la confiancegénérée pendant le “temps particulier” pour oser vousmontrer des problèmes qu’elle avait supportés touteseule. Elle est maintenant capable de vous demandervotre aide pour résoudre ces difficultés importantes.

• D’anciens problèmes que vous pensiez que votreenfant avait résolus vont peut-être réapparaître.Quand les enfants essayent de montrer leurs problèmesà leurs parents et que ceux-ci les distraient, lesignorent, les réprimandent ou les envoient s’isoler, ilsfinissent par abandonner l’idée d’obtenir de l’aide, etadoptent des comportements répétitifs ou des rituelspour éviter de se sentir trop mal dans les momentsdifficiles. Si elle reçoit une sécurité plus grande dans sarelation à vous, il se peut que votre enfant décided’utiliser l’aide de votre écoute pour revenir à cesproblèmes non résolus. Elle ne va pas limiter sesdemandes de temps d’écoute au “temps particulier”,mais va tout simplement se mettre à se plaindre, à fairedes crises de rage ou à pleurer quand elle a des ennuis.De son point de vue, elle se sent sûre de votreconsentement, elle ne peut donc tout simplement pasretenir ses sentiments pénibles plus longtemps.

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LA RÉPONSE AUX DIFFICULTÉSDES ENFANTS PAR LE “JEU-ÉCOUTE”

Une des clés fondamentales pour écouterprofondément et attentivement un enfant est une formede réponse active assez différente de ce que nousconsidérons ordinairement comme un jeu. Le “jeu-écoute” est une forme d’écoute dans lequelle vousmontrez votre désir de savoir ce que votre enfant pense etressent en lui donnant clairement le rôle le plus puissantdans le jeu. Quand vous assumez le rôle du plus petit, dumoins compétent, votre enfant se sent assez confiant pourvous montrer ses pensées et ses sentiments sur les ques-tions importantes. En tant qu’écoutant, vous cherchez desopportunités de l’aider à résoudre ses tensions autourd’un problème particulier par le rire, en jouant avec lui.

Prenons l’exemple d’un enfant qui veut taper son papa(ayant lui-même été tapé peu avant). Il a montré sonproblème à papa. Si le papa, laissant tomber son sang-froid habituel, joue à se tortiller et à essayer des’échapper, ou à glapir et à dire de manière théâtrale“Non ! Ne me tape pas ! A l’aide !”, alors l’enfant peutrire et continuer à faire à son papa ce qui lui a été fait. Sil’adulte joue avec légèreté le rôle impuissant et permet àl’enfant de prendre le rôle puissant, il sera souvent pos-sible à l’enfant de rire tout son soûl tout en montrant endétail son problème.

Ce renversement de rôle dans le jeu permet à l’enfantde rester en charge de la relation. Il a la charge de laisserparaître ses sentiments et ses perceptions sur le sujet. Sonrire élimine des tensions importantes liées à sonproblème: l’enfant, peut rire pendant une demi-heure ouplus, si l’adulte peut continuer à jouer tout ce temps-là.Un jeu qui commence par beaucoup de rires sur le thèmede taper papa qui essaye en vain de s’échapper, peutensuite évoluer vers un jeu consistant à faire des bruits

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très forts tandis que papa sursaute de peur simulée, puisfinir en le faisant basculer en lui lançant un oreillerchaque fois qu’il se remet tant bien que mal à quatrepattes, le tout avec énormément de rires et d’allégresse.

Pour commencer le “jeu-écoute”, remarquez les chosesqui font rire votre enfant, et quelles qu’elles soient,répétez-les encore et encore. Un bon “écoutant de jeu”agira de manière suffisamment impuissante pour ne pasparaître une menace, mais suffisamment active pour êtreintéressant. Il va mettre son attention sur ce que montrel’enfant sur le sujet. Par exemple, si votre enfant veut quevous le poursuiviez, ne décidez pas que vous êtes un“monstre” qui le poursuit. (Nous avons en tantqu’adultes une fâcheuse tendance à changer com-plètement le thème du jeu de l’enfant pour le fairecorrespondre à nos propres idées). Si on vous demandeune poursuite, poursuivez simplement votre enfant avecdes efforts bruyants mais peu de succès. Vous pouvezattraper un moment le pan de sa chemise, ou réussir à lesaisir (cherchez ce qui amène le plus de rires), mais il doittoujours finir pas s’échapper. D’un autre côté, si votreenfant dit qu’il veut que vous soyez un monstre, jouez lerôle d’un monstre stupide, maladroit et incapable, pas ungros monstre menaçant.

Quand un enfant est tout petit, il faut que les adultesjouent un rôle très impuissant pour l’amener à rire.Quand l’enfant grandit, devient plus fort et plus sûr delui, il faut qu’il rencontre plus de résistance et decompétition pour continuer à rire. Si vous jouez en leforçant trop, l’enfant va pousser des cris frénétiques,parce que ses peurs l’empêchent d’être sûr de vos bonnesintentions. Si votre enfant crie au lieu de rire, ralentissezet devenez plus incapable, afin qu’il puisse reprendrel’initiative. Pour pouvoir relâcher le tension liée à sonproblème, il faut qu’il soit complètement en sécurité et encontrôle. Autre danger: ne le chatouillez pas. Les

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chatouilles sont une forme de contact physique incontrôléqui peut facilement mettre l’enfant en position de victime.

Les parents ont quelquefois peur que s’ils prennent lerôle le moins puissant dans le jeu, leurs enfants perdentleur respect pour eux. Cette inquiétude n’est pas fondée.Par conte, votre enfant va effectivement être excité parcette opportunité de vous montrer ses soucis et sesproblèmes de cette manière non douloureuse, et vaprobablement vouloir beaucoup plus de jeu-écoute que ceque vous vous sentez prêt à faire. Après un temps de jeuet de rire, votre enfant sera peut-être visiblementaffectueux, proche et détendu. D’autres fois, des senti-ments plus profonds feront surface plus facilement: aprèsle temps de jeu rempli d’éclats de rire, de petits incidentspourront amener une longue période de pleurs du fonddu cœur. Le jeu et les rires ont profondément rassurél’enfant. Maintenant, il vous fait voir ses sentiments lesplus douloureux.

Il n’est pas facile pour la plupart d’entre nous de joueractivement et de manière sécurisante avec les enfants. Engénéral, nos parents travaillaient trop et subissaient tropde pressions pour jouer avec nous de cette manièrelorsque nous étions enfants. Nous n’avons pas souventété témoins d’adultes qui pouvaient laisser de côté leurssoucis et jouer activement sans rentrer dans la domina-tion. Si le jeu-écoute est difficile pour vous, essayez detrouver quelqu’un pour vous écouter et parlez-lui de cequi est difficile. Si vous prenez le temps de parler del’énervement et des soucis qui vous empêchent de jouer,ce la vous aidera à continuer à expérimenter malgré votreinconfort.

L’ÉCOUTE DES SENTIMENTSLES PLUS PROFONDS DE L’ENFANT

Les adultes comme les enfants cherchent des relationsdans lesquelles ils sont suffisamment en sécurité pour

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leur permettre d’exprimer non seulement des idées maisaussi des sentiments. Nos relatons les plus intimes sontgénéralement avec les personnes qui nous aimentsuffisamment pour nous laisser montrer ce que nousressentons, sans nous obliger à nous maîtriser. Lesenfants montrent facilement des sentiments profonds: lescrises de rage de la frustration, la transpiration et lestremblements qui accompagne la peur, et beaucoup depleurs pour la tristesse. Les enfants dont les parentsécoutent bien pleurent et ragent fréquemment pendantleur enfance; cela fait partie d’un processus d’éliminationdes tensions et des confusions. Les peurs et les chagrinsde l’enfant sont comme un bagage indésirable: ils vontexiger beaucoup d’attention de sa part s’il faut qu’il s’enoccupe et les traîne avec lui. Mais si l’enfant peut lesmontrer complètement et s’en décharger, il est libre deretrouver sa nature aimante, confiante et coopérative.

Il est très utile à l’enfant qu’on lui permette de continuer àmontrer ses sentiments tant que les sentiments subsistent. Laréaction typique que nous pouvons avoir lorsque notreenfant montre ses sentiments est de “faire quelque choserapidement” pour l’aider à reprendre son contrôle. Nous,les adultes, avons peur que l’enfant ne plonge dansl’irrationnel et ne retrouve jamais une perspectiveéquilibrée. En fait, c’est l’inverse qui est vrai. Quand unepersonne écoute et rassure, apporte de la sollicitude et durespect, on peut être sûr que montrer ses sentiments vaaméliorer la perspective et la confiance de l’enfant.

Quand les larmes ou la crise de rage commencent, il estimportant qu’un parent continue à écouter avec douceur,reste attentivement près de l’enfant, le touche ou le tiennedoucement et lui dise quelques mots avec sollicitude. Parexemple “Raconte-moi”, “Je t’aime”, ou “Je suis désolé(e)que ça se soit passé comme ça.” Si vous en dites trop,vous allez dominer l’interaction, et vous n’allez plus

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écouter. Si vous savez écouter ce qu’il ressent sans essayerde “corriger” ses sentiments, votre enfant aural’impression que vous vous souciez profondément de lui.Quand votre enfant aura tempêté ou pleuré pourexprimer ses sentiments, il commencera à vous remarquerde nouveau ainsi que ce qui l’entoure, et se sentiragénéralement soulagé et requinqué. Des rires légers et desbâillements suivront souvent la tempête, indiquant quel’enfant est en train de réajuster sa perspective.

Quand un enfant se sent tendu et isolé, il peut “ar-ranger” une situation de façon qu’un adulte ait à mettredes limites à son comportement. Quand des limitesraisonnables ont été fixées, l’enfant prend cette occasionpour pleurer ou pour rager, et peut relâcher les tensionsqu’il ressentait. Si on lui permet de travailler sesdifficultés en étant rassuré et bien écouté, l’enfant vasortir de la crise détendu, attentif et raisonnable, accep-tant les limites qui lui ont été données. Cependant, s’ilexiste un arriéré important de tension, de colère ou deméfiance, il se peut que votre enfant ait besoin de pleurerou de rager longuement plusieurs fois avant d’être ca-pable de vider suffisamment les émotions accumuléespour se rappeler qu’on l’aime et le chérit.

Beaucoup de parents trouvent qu’il est finalementbeaucoup plus facile et gratifiant d’écouter les pleurs etles crises de rage de l’enfant sans exiger qu’il se “tiennebien”, plutôt que d’essayer de le contrôler, de le distraire,ou de l’obliger à un comportement poli. Les moments depleurs et de rage sont des moments où vous pouvezcommuniquer très efficacement votre amour à votreenfant, qui ressent que son monde s’est effondré. Quandvous restez proche sans rien exiger, il peut reconstruireson monde à son propre rythme, votre sollicitude étantun élément actif du tableau. Il se sentira profondémentaimé parce que vous aurez continué à montrer que vousvous souciez de lui dans ses pires moments.

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Donner régulièrement du “temps particulier” à votreenfant vous mettra sur le chemin du respect de sonjugement, et de l’écoute des tensions et des sentimentsdont il est avide de se défaire. Ce genre d’écoute estd’abord extrêmement difficile pour pratiquement tous lesparents ! Pour la plupart, nous n’avons jamais reçu legenre de sollicitude et d’écoute que nous apprenons àdonner. Dans ce territoire inexploré, il est inévitable quenous nous sentions parfois en position inconfortable.Cependant, la réponse de nos enfants peut être notreguide. Chaque fois que nous écoutons bien leurs pleurs,chaque fois qu’un “temps particulier” provoque explora-tion et rires, ils vont nous montrer que nous sommes entrain de renforcer les liens d’amour et de confiance quenous voulons construire avec eux.

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LE JEU-ÉCOUTE

DEVENIR PLUS PROCHEDE VOTRE ENFANT PAR LE RIRE

Les enfants adorent rire. Plus ils peuvent rire, plus ilsdeviennent vivants. Ils sont enchantés d’eux-mêmes et deleurs partenaires de jeu. Quand les adultes se détendent,se rapprochent d’eux et laissent le jeu et le rire démarrerlibrement, les enfants se sentent en sécurité et compris.Pour nous aussi, c’est formidable de provoquer le rire denos enfants. Leurs éclats de rire sont l’une des joies réellesdu rôle de parent. Les plaisirs simples qui consistent àpromener nos enfants à califourchon, jouer à sepoursuivre, ou les attraper quand ils se jettent du dossierdu canapé dans nos bras, rendent nos vies meilleures.

Il existe une manière particulière de jouer avec lesenfants qui peut être très drôle et, en même temps, lesaider à résoudre certaines de leurs hésitations, peurs etsoucis. C’est un jeu guidé par l’enfant, dans lequel vousprenez un rôle qui construit la confiance et le dynamismede votre enfant à travers le rire. Le but de ce jeu estd’avoir des contacts affectueux et vivants avec votreenfant, avec la garantie que sa fierté ne sera pas blessée. Jel’appelle le “jeu-écoute”.

Pour votre enfant, le jeu-écoute est le plus merveilleuxdes jeux ! Votre rôle est de laisser votre enfant avoir ledessus, de lui permettre de prendre l’initiative en toutesécurité, pendant que vous restez à tout instant

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attentif(ve) à ses initiatives et à ses réponses. Vousrecherchez des manières de jouer qui lui permettent derire de tout son cœur, sans modifier le jeu qu’elle a choisi.Dans notre société compétitive, le jeu devient souvent uneépreuve pour déterminer qui est “le meilleur”. Le jeu-écoute est un temps pendant lequel l’adulte s’assure quetoute compétition sera joyeuse, et qu’elle sera remportéepar la force supérieure et l’intelligence de l’enfant. Bienqu’avec nos enfants, dans notre vie de tous les jours, nousorganisions intuitivement de temps en temps des jeux oùnous rions, le fait de comprendre et de savoir initier cetype de jeu peut apporter une touche de légèreté dansnotre rôle de parent, et aider nos enfants à se sentirprofondément aimés. C’est un outil que nous pouvonsutiliser pour nous rapprocher de nos enfants, les aider àrésoudre leurs problèmes, et leur donner de l’assurance.

JOUEZ EN ASSUMANT LE ROLE DU PLUS FAIBLE

Le jeu-écoute commence dès que vous permettez àvotre enfant de prendre le rôle du plus fort dans un jeu,vous mettant dans le rôle du plus petit, du plus lent, dumoins capable. Votre enfant est intelligente, et vous êtesstupide. Votre enfant est forte, et vous êtes faible. Votreenfant est gracieuse, et vous êtes maladroit(e). Votreenfant est audacieuse, et vous êtes timoré(e). L’idée n’estpas d’essayer de vous comporter de manière puérile, maisd’adopter d’un cœur léger le rôle du moins capable. Vousn’essayez de tromper personne sur vos capacités réelles.Vous n’abandonnez pas vos responsabilités de parent.Vous offrez à votre enfant un peu de soulagement desrigueurs de l’enfance, qui comportent le fait d’être pluspetite, plus faible, moins respectée, moins capable, etmoins libre de conduire sa vie. Quand votre enfant seretrouve plus puissante que vous, le rire qui en découlerelâche des tensions importantes. Cela va aussi vousrapprocher l’un(e) de l’autre.

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Par exemple, une enfant peut vouloir que son papa lepousse sur la balançoire au parc public. Le papa la poussepar devant, afin de pouvoir l’inonder d’affection etd’approbation. En réponse à cette attitude pluschaleureuse, l’enfant bouscule son papa du pied tandisqu’il la pousse. Le papa, laissant de côté son sang-froidhabituel, sursaute de surprise et de peur feintes. L’enfantrit de tout son cœur. Maintenant, chaque fois que sonpapa se penche vers elle, elle le pousse un peu du pied, etle pauvre papa embrouillé glapit et saute de côté: “Hé !Qu’est-ce que c’était que ça ? Il me semble que j’ai sentiquelque chose.” Il lui demande innocemment: “Est-ce quetu n’as pas touché mon estomac avec ton pied ?” L’enfantrit et prétend ne rien savoir, alors le papa dit: “Bon, alorsje vais simplement te balancer et t’aimer !” Il encourageson enfant chaleureusement encore et encore, et l’enfantrit de tout son cœur en jouant à repousser son affectionavec des petits coups de pied qui le “terrorisent” et“l’embrouillent”.

TANDIS QUE LE JEU-ÉCOUTE CONTINUE,DES PROBLÈMES SPÉCIFIQUES PEUVENT SE DENOUER

Cet échange de rôle dans le jeu rend l’enfantresponsable de la relation, et lui permet de déterminer ledéroulement du jeu. Pour démarrer les choses dansl’exemple ci-dessus, il a suffi que le père se montre pluschaleureux que d’habitude, et qu’il prenne le rôle du plusfaible quand son enfant y a répondu. Nous ne pouvonsque deviner ce sur quoi les enfants travaillent par le rire.Peut-être cette enfant était-elle en train de résoudre sagêne à recevoir de l’affection. Peut-être était-elle en trainde rire alors que se résorbait la tension d’avoir un papahabituellement sérieux et surchargé de travail. Noussavons que quand les enfants dirigent le jeu-écoute, ilsamènent rapidement le jeu à répondre à leurs besoins.Souvent, ils orienteront le jeu vers les tensions spécifiquesqu’ils espèrent relâcher.

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Par exemple, à partir de ce jeu sur la balançoire,l’enfant peut commencer à faire des bruits menaçantsenvers son papa, qui obligeamment sursaute de peur avecexagération. L’enfant rit et lui fait peur encore et encore.Alors, elle saute de la balançoire et court vers son papa, leplaquant à terre d’un geste des plus audacieux. Elle ritjoyeusement tandis que son papa essaye de s’échapper enrampant, appelant faiblement à l’aide. L’enfant pousseson papa à terre plusieurs fois avec beaucoup de rires etd’énergie, devenant de plus en plus audacieusephysiquement et verbalement. Très vite, elle en vient àdire: “Si tu ne fais pas ce que je te dis, je vais t’enfermerdans ta chambre !” employant exactement les mêmesmots et le même ton de voix qu’utilise son grand frèrequand elle le pousse à bout à la maison. Elle a soulevé unproblème spécifique: comment gérer cette menace de lapart de son frère. Si son papa répond en jouant la protes-tation: “Ne me fais pas ça !” ou lui boxe affectueusementle ventre en protestant: “Pas question ! Je ne vais pas telaisser m’enfermer !” l’enfant va pouvoir rire de tout soncœur. Elle rejoue la lutte pour le pouvoir qu’elle a sisouvent perdu jusqu’à présent, et gagne une réelleconfiance en “remportant” le jeu.

LE RIRE SOIGNE LES TENSIONS DES ENFANTS

Le pouvoir de guérison du jeu-écoute réside dans lerire de l’enfant. La gêne, les peurs légères et la timiditédisparaissent. Un moment de jeu plein de rires remplitl’enfant d’espoir. Cela crée un fort sentiment de proximitéet de compréhension entre les enfants et les adultes quijouent avec eux. Si un adulte y consent, les enfantspeuvent rire et mettre en jeu des problèmes pendant plusd’une heure d’affilée. Le jeu concerne des tensions aussibien générales que spécifiques, et permet de les relâcherpar le rire. Vous ne comprendrez pas toujours quelles ten-sions votre enfant relâche en jouant, mais vous verrez deschangements positifs en lui après coup.

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Par exemple: un enfant de six ans que je connais étaittrès réticent à apprendre à lire ou écrire les lettres del’alphabet. Il refusait toute préparation à la lecture. Il étaitmécontent de lui quand on le forçait à écrire, parce qu’iln’y arrivait pas bien. Il faisait partie d’un groupe de jeudans lequel il y avait plusieurs adultes prêts à pratiquer lejeu-écoute autant que les enfants le voulaient. Ilchoisissait toujours de chahuter et de jouer à sepoursuivre, sautant sur les adultes et les “attrapant”, puisriant intensément quand ils essayaient de “l’attraper” luiaussi. C’était un jeu rapide et énergique, et il y était desplus créatifs, inventant des captures surprises et deséchappatoires audacieuses.

Après une longue période d’action continuelle avecbeaucoup de lutte et de rire, il se détendait, reprenait sonsouffle et allait boire. Puis il demandait à son copainadulte de venir au tableau, où il se concentrait (sans y êtreincité) à apprendre l’alphabet. Après ces moments de jeu,sa capacité d’attention et sa tolérance envers ses propreserreurs étaient remarquables. Nous ne savions pas quelsétaient les problèmes sur lesquels il travaillait, mais ilsavait manifestement comment diriger le jeu poursurmonter ses peurs, et comment utiliser la confianceregagnée pour s’attaquer à un défi important.

LES ENFANTS ONT SOIF DE JEU-ÉCOUTE

Quand vous voyez la délectation et l’énergie aveclesquelles les enfants s’engagent dans le jeu-écoute, vouscommencez à avoir une idée de leur soif pour ce genred’attention de la part d’adultes. Les enfants fontimmédiatement usage du jeu pour se débarrasser par lerire des tensions qu’ils accumulent en tant que petitespersonnes au sein d’un monde vaste et effréné. Ilschérissent les adultes qui vont se dépenser avec eux, leuremboîter le pas, et leur permettre de rire.

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COMMENT COMMENCER

Pour commencer le jeu-écoute, prenez simplement notede ce qui fait rire votre enfant, et renouvelez l’expérience.Comme le père qui balançait sa fille, vous pouvez com-mencer par être chaleureux(se) par jeu. Suivez lesindications de votre enfant, en trouvant des prétextespour prendre affectueusement le rôle du moins fort. Parexemple, au jeu de cache-cache, au lieu de la trouverfacilement, vous pouvez chercher bruyamment toutautour, vous rapprocher, et finalement tâtonner partoutautour de ses pieds sans la trouver. Ou si elle veut jouer àun jeu de société, et si vous n’êtes pas content(e) de votrerésultat aux dés, vous pouvez vous lamenter et lui tirer lebras en la suppliant de vous laisser rejouer. Aucun de voscollègues de travail ne risque de passer la porte pendantque vous jouez, vous pouvez donc expérimenterlibrement l’abandon de votre dignité. Votre enfant vaadorer vos capacités croissantes à être maladroit(e) et àsupplier.

Les occasions de jeu-écoute sont fréquentes. Chaqueamorce de rire y donne accès. Un jour, à la garderie dontje m’occupe, une assistante s’amusait à chanter avec lesenfants. Elle se leva, traversa la pièce pour ouvrir lafenêtre, et trébucha légèrement sur un pli du tapis. Elleentendit quelques rires fuser derrière elle, et se mit audiapason de huit petites personnes profondémentintéressées dans l’art de marcher et de courir. Elle seretourna en simulant l’indignation, disant avec légèreté:“Qui est-ce qui se moque de moi ? Je sais très bienmarcher ! Regardez !” Ils la regardèrent avec délectationtraverser la pièce et trébucher de nouveau. Cette fois, denombreux rires fusèrent. “Mon dieu ! Bon, je supposequ’il faut que je réessaye. Allez, j’y vais.” Elle trébuchaencore de nombreuses fois, essayant de manière trèsexagérée de marcher gracieusement, ce qui déclencha unecascade de rires. Finalement, plusieurs enfants

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commencèrent à courir à travers la pièce, tombant sur lederrière et riant, ravis d’eux-mêmes et de leurscamarades. Enfin, ils n’étaient pas les seuls à avoir desdifficultés à marcher ! Ils éclataient de joie et desoulagement.

RÈGLES DE BASE DU JEU-ÉCOUTE

Au fur et à mesure de vos expériences, vous arriverez àfaire vôtre le jeu-écoute. Voici quelques règles généralesqui peuvent vous aider à déclencher le rire au pouvoirguérisseur chez votre enfant, sans dominer le jeu.

• Entrez en contact physique. Soyez activement affec-tueux(se).

Il n’y a rien de plus rassurant pour une enfant que lesentiment que quelqu’un l’aime. La plupart des contactsque nous avons avec nos enfants sont par natureconventionnels ou pratiques: leur coiffer les cheveux,boutonner leur chemise, les embrasser sur la joue en lesquittant. Quand un parent aimant recherche son enfantaffectueusement et activement, cela va souventdéclencher beaucoup de rires. Se pelotonner, se câlineravec enthousiasme, se rouler ensemble sur le sol,s’ébattre, lutter corps à corps, tout cela donne beaucoupde plaisir aux enfants.

Il faut cependant dire un mot sur la sécurité. Uneenfant se sent en sécurité dans des jeux physiques sil’adulte qui recherche le contact est conscient(e) à toutmoment des désirs de l’enfant. Les enfants vont adorers’enfuir et se faire prendre et câliner encore et encore,mais seulement si l’adulte joue en restant flexible, etn’essaye pas de combler des besoins présupposéesd’amour et d’affection de l’enfant. Dès que le jeu évoluevers une compétition intense pour voir qui va décider dece que fait l’enfant, elle ne va plus se sentir en sécurité. Enfait, ce ne sera plus vraiment un jeu.

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• Assurez-vous de ne pas envahir ni dominer votreenfant.

Votre but est que votre enfant soit ravie et triomphante.C’est merveilleux de la voir comme cela ! Pour établir lebon équilibre entre le défi et la victoire, l’adulte doit êtresensible aux nuances dans la réponse de l’enfant, àchaque seconde. Si vous la forcez trop, l’enfant va rirefrénétiquement ou crier d’une voix perçante. Essayez dene pas pousser l’enfant jusqu’à ces limites, proches de lapanique, de ses peurs. Certains enfants sont très peu sûrsd’eux-mêmes, et des détails subtils, comme d’approchertrop près ou trop vite, peuvent stopper leur rire. Si vousobservez des signes de peur, choisissez une approcheplus douce, pour que la sécurité reste présente dans le jeu.Jouez plus lentement, soyez plus maladroit(e). Unepersonne bien à l’écoute va jouer son rôle avecsuffisamment d’impuissance pour ne pas être menaçante,mais assez activement pour être intéressante, et va garderson attention sur la manière dont l’enfant dévoile sesproblèmes.

En particulier, ne chatouillez pas l’enfant. Leschatouilles ne sont ni une marque d’affection ni une aidepour les enfants. Une enfant qui est chatouillée n’a aucuncontrôle, et peut avoir très peur parce que ses riresl’empêchent de demander d’arrêter les chatouilles. Denombreux adultes qui ont été chatouillés sans merci étantenfants ont maintenant des difficultés à se détendrequand ils sont près de quelqu’un. Nous ne devons passubmerger nos enfants par des chatouilles, même s’ilsemble en résulter des rires.

• Adaptez l’intensité du jeu à votre enfant.

Quand les enfants sont tous petits, les adultes doiventjouer le rôle d’être très impuissants pour les aider à rire.Pour amener le rire quand une enfant de 2 ans touche

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votre épaule, vous vous effondrez sur le sol en grognant.Au fur et à mesure que les enfants grandissent en force eten confiance en eux, il leur faut une plus granderésistance et plus de compétition pour continuer à rire.Des jeunes se sentant forts et compétents riront pluscomplètement si vous démarrez une lutte vigoureuseavant d’être épuisé(e) ou vaincu(e). Ils veulent être testés,mais ils ont encore besoin de savoir qu’avec vous ils nevont pas perdre.

Les enfants, filles ou garçons, adorent les jeux de lutteet culbute, sauf s’ils ont été amenés à se sentir les plusfaibles ou à avoir peur. Pendant que le jeu et les rirescontinuent, l’enfant construit son courage et sa confiance.Vous verrez qu’après 15 ou 20 minutes de jeu où vousaurez laissé le dessus à votre enfant, elle jouera avec plusd’audace, plus d’adresse qu’avant. Vous devrez changerde rôle dans le jeu au fur et à mesure des changements età l’initiative de votre enfant. Il faut de réels talents pouraccorder finement votre écoute et votre attention auxdétails de sa manière de jouer, pour qu’elle continue à sesentir défiée d’une manière qui excite son intérêt etdéchaîne ses rires.

• Ne laissez pas vos propres problèmes s’en mêler.

Quelquefois, à cause des problèmes que nous n’avonspas résolus étant enfant, nous aurons tendance à orienterle jeu vers des problèmes qui n’ont pas été amenés parl’enfant. Peut-être votre enfant a t-elle demandé à êtrepoursuivie. Le jeu est très animé, avec beaucoup de rirespendant un moment. Chaque fois que vous arrivez à larattraper, elle s’échappe en riant, très contente d’elle.Alors, pour une raison quelconque, vous vous mettez àdire: “Je suis le Monstre du Lac Vert. Arrrgh !” Vous vousamusez de plus en plus, claquant des lèvres et faisant desbruits effrayants, marchant pesamment à travers lamaison en respirant bruyamment. Au bout d’un moment,

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vous remarquez qu’elle s’est réfugiée dans un coin etvous fixe d’un air sérieux et effrayé. Oups ! Le monstreétait votre idée, et cela a rendu le jeu inquiétant. Revenez-en à la poursuite que votre enfant a choisie.

Ce n’est pas facile de se laisser mener par l’enfant dansle jeu. Nous avons nos propres préférences, et nous nesommes pas toujours à l’aise avec les problèmes que notreenfant choisit de travailler. En fait, quelquefois, lesenfants choisissent, avec leur merveilleuse intelligence,d’explorer les sortes de jeu qu’ils savent que leurs parentsn’aiment pas. Je pense que c’est leur manière de nousinviter à élargir notre horizon. Par exemple, le jeu favoride mes fils, pour les faire rire, a été pendant un momentque je sois étendue sur le tapis, eux se tenant debout bienau-dessus de moi sur le dossier du canapé: l’un aprèsl’autre, ils sautaient comme pour atterrir à pieds joints surmon pauvre estomac; à la dernière seconde, ils écartaientles pieds, et atterrissaient sur le plancher; je riais et metortillais et me demandais à voix haute (ce n’était qu’àdemi une plaisanterie) si j’allais y survivre. Au cours descentaines de sauts qu’ils ont faits, ils ne m’ont jamais faitmal. Je pense qu’ils m’ont donné des leçons de courage etde confiance que je n’aurais jamais choisies moi-mêmesans cela. Quand vous vous sentez mal à l’aise dans le jeuque votre enfant a choisi, et s’il n’y a pas de danger réel,son rire se déclenchera si vous jouez à exagérer votre mal-aise: “Oh non ! Tu vas sauter du canapé ! Oh, s’il te plait –tu es mon unique fille ! Que va t-il se passer si le matelaspar terre ne te protège pas bien ? Ma précieuse fille ! Queva t-il arriver à tes superbes genoux ? A ton frontcharmant ? Est-ce que tu dois vraiment sauter ?” Si vousfaites tout un cinéma de vos soucis, vous et votre enfantallez rire et être mis au défi.

• Quand il faut mettre une limite (et que la situationn’est pas dangereuse), essayez de la mettre en jouantavec le jeu-écoute.

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Les enfants testent les limites parce qu’ils sont tendus,ou parce qu’ils se sentent séparés des autres. Le jeu-écoute peut souvent dissiper cette tension, en apportant àl’enfant assez d’affection et de contact pour lui rappelerqu’elle n’est pas isolée et qu’elle est aimée.

Il y a beaucoup de manières de dire “non” d’un tonenjoué, aussi léger qu’une plume. Le problème est quepeu d’entre nous ont pu l’entendre dire de cette manière,et nous ne pouvons pas imaginer un “non” sans menaceou dureté derrière. Essayez d’expérimenter avec le ton devoix, les mots, et en exagérant des “non” sérieux degrande personne pour voir si vous pouvez découvrir vostalents en la matière. J’aime utiliser un “Oh-oh ! Tu vasavoir des problèmes maintenant !” exagéré, dit avecbeaucoup d’affectation, ou sur un ton aigu “Ohhh ! Com-ment as-tu PU FAIRE ça !” en protestation enthousiaste.Vous pouvez poursuivre lentement la jeune offenseusepour finalement la blottir contre vous ou l’attirer dans uncâlin vigoureux. Toujours, le “non” dit avec humour doitêtre suivi d’affection et de contact enjoué, pour amenerl’enfant à rire et à relâcher ses tensions dans le jeu.

Le “non” enjoué s’adresse aux tensions qui ont amenél’enfant à tester les limites, et il indique que vousreconnaissez cette tension. Bien sûr, ce n’est pas la seuleréponse appropriée à une enfant qui cherche les limites,mais c’est un moyen puissant de construire proximité etcompréhension. En ajoutant le “non” enjoué à vos rela-tions, vous permettez à l’enfant de vous montrer en toutesécurité, encore et encore, les choses interdites qu’ellevoudrait faire, et d’éliminer la tension par le rire. Parexemple, pendant que votre enfant essaye de prendre lerobot chéri de son frère, vous fondez sur elle, la cueillezdans vos bras, et courez avec désinvolture l’emporterdans la pièce d’à côté. Elle rit, elle s’échappe en setortillant, et retourne vers le robot. Vous l’attrapez en

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jouant juste avant qu’elle n’y arrive. Elle peut continuerencore et encore, riant, vous montrant à quel point elleveut justement ce robot-là. Vous lui donnez de l’affectionet un contact vigoureux à la place. Souvent, après unetelle période de jeu, l’enfant peut pleurer de tout soncœur dans vos bras en disant qu’elle ne veut plus jouer àce jeu, mais qu’elle veut vraiment l’objet interdit.

Cela permet de relâcher encore une partie de la tensionqui a fixé son désir sur quelque chose qu’elle ne peut pasavoir. Quand ses larmes et ses rires l’auront ramenée à unmeilleur jugement, elle pourra se rappeler d’autresplaisirs que ce robot. Le jeu-écoute du “non” peut rendrebeaucoup plus intéressant votre devoir d’imposer deslimites. La possibilité d’une solution créative auxproblèmes est plus grande quand vous ajoutez l’humouret à la légèreté à vos outils.

• Mettez votre “dignité” dans votre poche, et soyezactif(ve).

Les enfants sont rassurés par l’enthousiasme desadultes. Dans le jeu-écoute, vous finirez presque toujourspar être amené(e) à jouer à fond. Promenez-vous à quatrepattes derrière votre enfant de 2 ans (c’est plus facile avecdes genouillères !) Laissez votre enfant de dix ans vouspoursuivre dans les escaliers. Jouez à vous enfuir enpoussant des cris perçants quand votre enfant de cinq ansbondit de derrière la porte pour vous faire peur. Plusvous vous bougerez, plus vos enfants seront créatifs pourinventer des jeux qui les font rire et les rendent plusconfiants.

GUÉRIR DES TENSIONS SPÉCIFIQUESPAR LE JEU-ÉCOUTE

Quand vous voyez que votre enfant s’enferme dans uncomportement répétitif d’isolement, vous pouvez utiliser

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le jeu-écoute pour alléger la tension qui la bloque. Lesenfants présentent des comportements répétitifs commesucer leur pouce ou pleurnicher face à nous dans l’espoirque nous allons les aider. Ils préféreraient nettement jouerde manière constructive, mais ils sont tombés dans uneornière de solitude, et ne savent pas comment s’en sortir.Quand vous approchez une enfant de manièrechaleureuse et enjouée, elle peut généralement utiliservotre attention pour rire jusqu’à revenir en contact avecvous, puis à jouer de manière flexible.

Pour une enfant qui suce son pouce avec un regardvide, un peu de jeu-écoute apportera la chaleur et le con-tact dont elle a besoin pour s’engager à nouveau dans lavie. Essayez de la blottir contre vous en jouant, degrignoter ses cheveux ou ses oreilles, ou de faire rebondirdes baisers sur son ventre. Elle arrêtera de sucer sonpouce dès que votre invitation au jeu aura été assezpersistante. Si sa passivité cache de la tristesse, elle vapeut-être pleurer au lieu de rire quand vous lui donnerezvotre attention active. Mais qu’elle se mette à pleurer ou àrire, votre inébranlable affection va l’aider à se libérer destensions qui la tiennent à l’écart.

Une enfant qui pleurniche peut aussi être amenée auxlarmes ou au rire de guérison si vous lui apportezproximité et chaleur de manière joueuse. Nous sommesquelquefois tentés de nous moquer d’une enfant quipleurniche – de pleurnicher aussi ou de la tourner endérision. Ce n’est pas une bonne méthode. Quand votreenfant geint désespérément “Je veux un biscuiiit” vouspouvez ignorer délibérément la demande, et vousadresser plutôt au fait qu’elle se sent très isolée.Regardez-la avec entrain, et dites: “Et moi je veux un petitbout de ton oreille” et commencez à l’embrasser avecdésinvolture le long du bras en remontant vers l’oreille.Ou ramassez-la joyeusement, tenez-la dans vos bras, et

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marchez dans la maison avec elle en chantant “Nousvoulons un biscuit ! Nous voulons un biscuit !” encherchant à amener son rire par vos bêtises.

Dans les deux exemples ci-dessus, vous approchez uneenfant qui se sent mal à l’aise, et ce qui est le plus impor-tant, hors de contact avec vous. (Les enfants peuvent sesentir comme cela même s’ils sont entourés de beaucoupd’attention de la part des adultes.) Vous surgissez dansson monde avec affection et légèreté, cherchant le rire quiva commencer à reconstruire son sens de l’intimité et del’appartenance. Ce que vous dites et faites en surgissantn’a pas besoin d’être sensé. C’est votre ton affectueux,insouciant, qui va apporter le succès. C’est pour nous unemanière bien plus intéressante et créative de répondreaux difficultés de l’enfant que le traditionnel: “Je veuxque tu arrêtes ça tout de suite !” Une réponse pleined’humour est, d’une certaine manière, le refus de tomberdans l’ornière de tristesse avec l’enfant. Quand nousdécidons de répondre chaleureusement, nous essayonsd’atteindre la petite personne que nous connaissons etaimons. Souvent, nous la retrouvons et nous passons unbon moment tous les deux.

Au fur et à mesure de vos expériences de jeu-écoute,essayez de trouver aussi des moyens d’aider votre enfantà vaincre certaines de ses peurs. Si vous voyez qu’elle apeur d’apprendre à nager, vous pouvez vous serrercontre elle, la regarder d’un air inquiet, tâter l’eau de lapiscine de la pointe du pied et le retirer aussitôt avec uncri craintif. Elle va trouver moyen de rire, peut-être envous forçant à remettre le pied dans l’eau, pour que vousle retiriez en criant de nouveau. Si votre enfant se cachedans vos jupes quand elle rencontre un étranger, vouspouvez vous pencher vers elle et draper la jupe autourd’elle, en disant fièrement: “Et voici Rébecca, quelquepart là-dedans.” Elle va rire pendant que vous tripotez

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votre jupe pour essayer de la “trouver”. Votre enfant etvous allez trouver beaucoup de moyens ingénieux pourl’aider à rire et guérir de ses peurs. Ces activités vontaussi vous protéger de l’ennui d’une vie convenable etbien rangée.

Il est un ensemble de peurs que presque tous lesenfants acquièrent, et qui est en rapport avec les injures.Quand une enfant a fait l’expérience d’être injuriée d’unton méprisant, cette expérience subsiste et la perturbe telun caillou dans sa chaussure. Elle ne comprend pas.Pourquoi quelqu’un lui en voudrait-il ? Que voulaient-ilsdire ? Sa manière d’essayer d’obtenir de l’aide va être derefaire la même chose à d’autres, ce qui va en général luiattirer des ennuis avec maman ou papa. Vous pouvezl’aider par le jeu-écoute.

Si votre enfant traite sa sœur de “crâne de piaf”, vouspouvez surgir par jeu dans la pièce et, chaleureusement etaffectueusement, lui frapper la poitrine en disant: “Ohhh !Je t’ai entendue dire cette chose affreuse ! C’est une chosehorrible à dire à ta sœur !” Gardez un ton de voix aigu etléger, pour qu’elle sache que vous n’êtes pas en colère dutout. Si elle veut travailler sur les injures, elle va direquelque chose comme: “Tu es un crâne de piaf toi aussi !”Vous pouvez sauter et crier: “Je ne suis pas un crâne depiaf ! Ohhh, je vais t’avoir maintenant !” et vousapprocher pour lui faire subir un simulacre de raclée, quin’est en fait q’un câlin vigoureux. La chaleur et le contactphysique permettent à l’enfant de se sentir assez ensécurité pour rire et travailler sur la tension ressentiequand les autres l’ont rejetée. Elle était probablement tropabasourdie pour se défendre sur le moment. Maintenant,vos protestations exagérées la font rire très fort. Ce rire vadiminuer son besoin de reproduire avec empressement cequi lui a été fait. Cela va aussi lui éviter de prendre àcœur si profondément de nouvelles insultes. Jouer à se

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montrer insulté(e) avec affectation est aussi un moyenefficace de s’attaquer à d’autres comportements agressifsque les enfants ont pu acquérir. L’enfant ne peut pasgarder longtemps en tête son besoin de faire mal si vousvous montrez joyeux(se) et à l’affût de ses rires.

LE JEU-ÉCOUTE DONNE ACCÈSÀ DES TENSIONS PLUS PROFONDES

Quand une enfant a mis assez de rire en réserve, elle sesent en sécurité et aimée. Arrivée à ce stade, elle vasouvent trouver spontanément un moyen de mettre aujour des tensions plus profondes qui l’habitent. Elle vas’énerver, être triste ou frustrée, généralement pourquelque chose d’insignifiant. Par exemple, elle voudramettre son pull rouge, qui est au linge sale, ou elle aurabesoin d’un crayon avec la bonne gomme. Elle se sentmaintenant assez en sécurité pour vous faire confiance etfaire face à ces difficultés qui l’empêchent de se sentircomplètement bien dans la vie. Vouloir le pull rouge ou labonne gomme sont les moyens qu’elle a sous la main pourallumer la mèche qui va mettre le feu aux poudres devieux sentiments qui ne signifient plus rien, mais neveulent pas disparaître.

Si vous restez proche et êtes d’un bon soutien pendantque le problème prend son ampleur, sans essayerd’apaiser ses émotions ou de “lui faire entendre raison”,elle va saisir l’occasion de faire une crise de rage ou depleurer abondamment. Ce sont des moments qui mettentles parents à l’épreuve. Toutes ces émotions déclenchéespar ce qui semble complètement insignifiant ! Mais cedéchaînement est en fait une bénédiction. Quand elle enaura fini, elle aura balayé au loin un fardeau écrasant. Ellesera détendue, reposée, et beaucoup plus proche de vousqu’auparavant. Ces longs pleurs profonds permettent àl’enfant de relâcher les tensions qui rendent son approche

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de la vie pleine de peur et de rigidité. Le jeu-écoute nedonnera pas chaque fois accès à des problèmes plusprofonds. Mais quand cela arrive, souvenez-vous que celafait aussi partie du processus de guérison que vous avezenclenché par l’humour et le rire.

AUTRES CAS OÙ METTRE DES LIMITES

Après que les enfants aient éliminé par le rire certainesde leurs peurs légères dans le jeu actif, ils demandentquelquefois de l’aide pour des peurs plus fortes qui leshabitent. L’enfant demande de l’aide vis-à-vis de sespeurs quand, au milieu de la bagarre et des rires, ellevous donne intentionnellement un fort coup de coudedans les côtes, ou vous pince le bras avec une grimaceméchante. L’humeur de votre enfant s’est durcie, et elleveut soudain vous faire mal ou détruire quelque chose.C’est le moment de mettre des limites raisonnables.Faites-lui savoir d’un ton neutre que vous ne lui laisserezpas vous faire mal ou abîmer quelque chose. “Sylvie, je nevais pas te laisser me griffer.” “Pardon, Tanya ! Je nepeux pas te laisser cogner la vitre avec ton pied.” Vouspouvez poser des limites de manière à la fois douce etcomplètement efficace, tant que vous prenez laresponsabilité d’arrêter physiquement le comportementexcessif. Vous vous protégez de ses griffes. Vousmaintenez son pied hors de portée de la fenêtre.

Quand le comportement de l’enfant sort des limites dubon sens, nous nous attendons généralement à ce qu’ellenous écoute et nous obéisse. Elle ne va pratiquementjamais répondre à cette attente. Elle ne le peut pas. Ellen’est plus en état de penser. Elle nous montre desproblèmes en espérant que nous pouvons les résoudre.Elle veut désespérément de l’aide, aussi continue t-elle àpincer ou à taper la vitre, montrant combien elle se sentméchante. Si vous lui dites ce que vous ne permettez pas,

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puis prenez doucement mais fermement la responsabilitéd’obtenir que cette limite soit respectée, elle va souventpouvoir laisser les tensions sous-jacentes surgir pourpouvoir les guérir par le rire, les larmes, ou la lutte avectranspiration qui élimine la peur.

Par exemple, un père et un fils se sont bagarrés et ontri, en bonne entente, un long moment. Soudain, le filsdonne un fort coup de pied au père. Le père dit: “Aie !C’était trop fort ! Je ne veux pas que ça se reproduise !”d’une voix amicale et égale. Le fils essaye de nouveau etle père attrape le pied au vol. Le fils rit beaucoup enluttant pour libérer son pied. Le père finit par le relâcher,et recommence la bagarre en riant. Après une minute oudeux, le fils redevient sérieux, essaye de lui donner unnouveau coup de pied, et le père coince son pied entre sesjambes. L’humeur du fils se durcit. Il devient plusdéterminé à faire mal à son père. Des sentiments de colèreet d’aversion se font jour. Bientôt, le fils ne rit plus dutout. Ses sentiments de colère l’ont envahi. Le père resteproche, aussi doux que possible tout en se protégeant. Lefils essaye toujours de lui donner des coups de pied, maisle père ne relâche pas son emprise. S’il le faisait il seraitfrappé. Le père dit: “Je ne peux pas te laisser me faire mal.Si je te lâche, tu vas me frapper, alors je pense qu’il vautmieux que je te tienne les pieds pour le moment. Je nevais pas te faire mal, fiston.” Si le père est assez gentil touten allant vers son fils en colère, celui-ci va commencer àpleurer fort, à trembler et à transpirer. Il aura la sécuritédont il a besoin pour travailler à résoudre ce problèmequi le fait se sentir méchant et violent.

Il y a bien d’autres choses à dire en ce qui concerne laprise en charge des peurs les plus profondes de nosenfants. Si votre enfant se met à avoir un comportementviolent au cours du jeu, il vous sera utile de lire ou relireles chapitres “Guérir les enfants de leurs peurs”, “Les

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pleurs”, et “Approcher votre enfant en colère”. Le pointimportant est que le jeu-écoute peut amener votre enfantà demander de l’aide par un comportement violent. Ilvous faudra mettre des limites quand cela se produira.Vous aurez typiquement le choix entre: accompagnervotre enfant dans son travail sur ses problèmes plusdifficiles, ou arrêter le jeu-écoute dès qu’uncomportement “hors limite” apparaît, et sortir le ballon,les sandwichs et le jus d’orange, ou les crayons decouleur. Si vous choisissez d’éviter la demande d’aide devotre enfant, parce que vous ne vous sentez pas encoreprêt(e) à faire face à ses peurs, soyez assuré(e) qu’ellen’abandonnera pas. Les enfants ont beaucoup deconstance dans leurs tentatives d’obtenir de l’aide pourrésoudre leurs problèmes.

DÉFIS ET RÉCOMPENSES

Le jeu-écoute nous apporte beaucoup à nous aussi.Pour pouvoir le faire, il nous faut nous entraîner à êtredynamique, à faire un peu le clown. Dans le jeu, noustrouvons un bon antidote aux soucis et responsabilitésqui gâchent la vie d’adulte. Les enfants sont desspécialistes dans l’art de relâcher les tensions par le rire.Si vous vous laissez guider par votre enfant, vous aurezun professeur expert qui sera ravi de vous aider à voussouvenir du rire et du jeu.

La plupart des parents apprendront plus facilement cetoutil d’écoute en faisant des séances de co-écouterégulières et en participant à un groupe de soutien pourles parents. Ces occasions d’entrer en connexion avecd’autres parents et de se focaliser sur nos relations avecnos enfants peuvent nous aider à transformer le rôle deparent pour qu’au lieu d’être un exploit d’endurance, ildevienne un effort largement récompensé comme nousl’espérions au départ.

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LES PLEURS

QUAND VOTRE ENFANT SE MET À PLEURER

Après avoir écouté des parents pendant des années, j’aiappris une vérité toute simple: Les parents souhaitent unebelle vie pour leurs enfants. Nous voulons que nos petitssoient heureux, aimés, respectés et compris. Nousvoulons aussi, autant que faire se peut, corriger leserreurs commises par nos propres parents. Pour laplupart d’entre nous, ces objectifs sont bien plus difficilesà atteindre que nous ne l’avions imaginé. Nousdécouvrons qu’aimer un enfant et en prendre soin est untravail complexe qui représente un défi même pour laplus robuste des grandes personnes. L’aide nous faitdéfaut, alors que nous jonglons avec le travail quis’accumule, le temps qui file, et les demandes incessantesde nos enfants: “Viens jouer, Papa !”, “Regarde, Mama !”

Dès lors, il n’est pas étonnant que nous soyons affectésquand nos enfants se mettent à pleurer. Ces pleurs nousdonnent souvent un sentiment d’échec. Le scénario estbien connu: Nous nous traînons toute la journée avec unehumeur acceptable, navigant entre les besoins des enfants,nos propres besoins, avec dans la tête cette longue liste dechoses à faire. L’un des enfants veut un biscuit. S’il setrouve que la boite est vide, il se met à pleurer. A ce mo-ment-là, notre estomac se noue. Nous devenons irrités,inquiets, fatigués, exaspérés. Nous essayons de faire cesserles pleurs. Pour cela, nous pouvons employer plusieurstactiques: calmer l’enfant, essayer de lui proposer un

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substitut au biscuit, lui faire remarquer son erreur devouloir un biscuit juste avant le dîner, ou bien le gronderpour ne pas s’arrêter de pleurer pour quelque chosed’aussi futile. Nous voulons que les pleurs cessent pourqu’ainsi le mal disparaisse.

Mais à y regarder de plus près, nous pouvonsremarquer que le mal ne disparaît pas toujours quand lespleurs s’arrêtent. L’enfant peut se calmer, mais souvent ilcontinuera à se sentir mal à l’aise. Il aura un air renfrognéet refusera de regarder qui que ce soit. Ou bien, il pourradevenir hargneux envers les gens qu’il aime. Un incidentqui déclenche des pleurs à propos d’un petit rien, commeun camion cassé ou la page d’un cahier déchirée, peutengendrer une longue période de frustration et decontrariété. L’enfant semble ne pas pouvoir “s’enremettre”, ni faire à nouveau confiance aux autres. Il n’estpas satisfait, les parents sont fâchés et la vie de famillen’est pas harmonieuse.

Quand nos enfants se mettent à pleurer, unchangement tout simple mais décisif dans notre manièrede faire peut apporter un soulagement au cœur même deleurs tensions. Si nous écoutons en restant près de lui, unenfant pleurera jusqu’à la résorption complète de sapeine. C’est là le point essentiel: les pleurs guérissent ladouleur. Et parce que vous aurez laissé votre enfant pren-dre en charge cet épanchement de ses sentimentsdouloureux, il s’en trouvera plus fort et plus sûr de lui.L’écoute est un outil puissant qui peut transformer lescrises des enfants en autant d’occasions d’accroître leurconfiance en eux-mêmes. L’écoute vous permet detravailler avec votre enfant. C’est lui qui fait le travaild’élimination de ses mauvais sentiments et vous, vousrestez auprès de lui, offrant le soutien dont il a besoinpour émerger plein de confiance et d’espoir quand il aurafini. Nous sommes en mesure de jouer un rôle efficace de

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guérison quand nous nous arrêtons pour écouter unenfant qui se met à pleurer.

LES PLEURS SONT UN PROCESSUSNATUREL DE GUÉRISON

Une façon de comprendre le besoin de pleurer de nosenfants est de se les représenter comme des funambulessur le fil de la confiance. Sur ce fil, leur joyeux optimismeleur permet d’apprendre rapidement et de nous faireconfiance quand nous leur faisons des suggestions ouleur offrons de l’aide. Ils se sentent en sécurité, aimés, etvont d’expérience en expérience. Quand leurs expériencesne réussissent pas, ils essaient simplement derecommencer. (Vous rappelez-vous combien de fois votrebébé est tombé quand il apprenait à marcher ?) Mais cesens précieux de confiance et d’intimité est facilementperturbé. Quand leurs plus grands efforts aboutissenttrop souvent à un échec, ou quand l’entourage sembledistant ou désapprobateur, les sentiments des enfantssont blessés et ils tombent de ce fil sur lequel le mondeparait sûr et bon. Déviés de leur “chemin”, nos enfants nepeuvent trouver la confiance dont ils ont besoin pour con-tinuer leurs expériences. Ils se sentent tristes, et se mettentà pleurer.

La méthode d’écoute des enfants à des momentscomme ceux-là est fondée sur l’intuition que les pleursfont partie d’un processus de guérison. Votre enfantpleure dans le but de se débarrasser de ses sentimentsdouloureux. Quand vous restez avec lui, il éprouve lesentiment d’être encouragé et objet de soins attentifs aumoment même où il se sent le plus mal. De son point devue, sa vie s’écroule, et c’est alors que vous êtes à sescôtés essuyant avec lui la tempête. Une fois qu’il aexpulsé ses sentiments de tristesse par le moyen despleurs, votre enfant retourne à ses occupations toutragaillardi. Sa confiance, son enthousiasme et son intelli-

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gence passent à la vitesse supérieure, lui permettantd’apprendre et d’aimer à nouveau. Quand vous écoutezvotre enfant qui pleure, vous le rendez capable de tirerparti des rudes défis qu’il rencontre et de se remettre desincidents qui l’ont blessé.

DES INCIDENTS MINEURS PEUVENT DONNERNAISSANCE A DES SENTIMENTS TRÈS FORTS

Le processus de guérison – pleurer jusqu’à ladisparition de la blessure – est pour nos enfants une chosenaturelle. Ils y ont recours chaque fois qu’ils ont de lapeine à se sentir aimés et confiants. Quand un enfantmanque de la confiance nécessaire pour s’en tirer dans lademi-heure qui suit, il choisira habituellement unproblème anodin comme centre de sa contrariété. Parexemple, après avoir été exclu du jeu par sa sœur, votreplus jeune enfant demande une tartine. Vous lui endonnez une et il éclate aussitôt en sanglots. Vous l’avezcoupée en deux et il la voulait entière. Si vous vousmettez simplement à genoux en l’entourant de votre bras,les pleurs peuvent se prolonger longtemps. Il ressenttragiquement cette demi-tartine: c’est la goutte d’eau quifait déborder le vase, après qu’il ait entendu toute l’après-midi: “Je ne veux pas de toi ici ! Va t’en !” Votre enfantn’est pas capricieux ou manipulateur. C’est la façon donttous les enfants (pas seulement les nourrissons et lesbébés) demandent de l’aide à leurs moments difficiles.Nous autres adultes ne sommes d’ailleurs pas sidifférents. Souvent, par exemple, quand nous avons unfort sentiment d’isolement, nous n’en venons à pleurerqu’au moment où nous nous cognons le pied contre lemontant de la porte, ou quand les toilettes débordent.C’est le genre de petits incidents qui ouvrent la porte àdes sentiments bien plus importants.

Les petits problèmes qui permettent à votre enfant depleurer peuvent beaucoup vous irriter tant que vous

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perdez de vue qu’ils cachent de plus gros problèmes. Il yaura des moments, à la fin de longs pleurs déclenchés parune tartine malencontreusement coupée ou un biscuitcassé, où votre enfant sera capable de vous dire quel étaitson vrai problème: “Maman, j’ai vu une émission à la téléquand tu étais partie, et dedans la mère est tombéemalade et elle est morte,” ou bien, “Papa, je veux que tum’aimes autant que Rachel.” A d’autres moments, votreenfant va pleurer et, quand il aura fini, retournera d’uncoup sans rien dire à ses jeux. Nous parents cherchonsdésespérément les causes d’une telle souffrance cheznotre enfant. Mais parfois, il ne peuvent pas mettre demots sur leurs sentiments. Par bonheur, il suffit que noussoyons à l’écoute. Lorsque nous sommes à leurs côtés, ilspeuvent faire l’important travail de guérison, même sinous ne comprenons pas exactement la nature de ce tra-vail.

DES MOMENTS HEUREUX FONT SOUVENTRESSURGIR DE VIEUX CHAGRINS

Comme s’ils voulaient mettre leurs parents encore plusà l’épreuve, les enfants choisissent souvent des momentsde bonheur et d’intimité avec vous pour laisser remonterà la surface leurs sentiments de détresse. J’appelle cela lephénomène de la “sortie gâchée”. Vous venez de passerune journée heureuse avec vos enfants, peut-être dans leparc ou avec leurs cousins, jouant et participant à desactivités qu’ils aiment. Alors que vous prenez le chemindu retour, vos enfants deviennent malheureux etfacilement contrariés. Ils pleurent quand il faut s’asseoir àl’arrière de la voiture, ou quand vous demandez quechacun prenne son vêtement ou parce que vous vous êtesarrêté(e) chez McDonald’s et pas chez Burger King. A desmoments comme ceux-là, l’humeur des parents tend às’assombrir: “Si c’est comme ça que vous vous conduisez,je ne vous emmènerai plus au parc !”

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Le comportement des enfants consiste en fait à tirerparti du supplément de sécurité et d’intimité qu’ilsressentent, accumulé tout au long de la journée. Commepar réaction, les satisfactions de la journée font ressortirles imperfections de la vie, comme des taches de sauce surune nappe blanche. Parce qu’il a eu une journée heureuse,votre enfant veut déverser la tristesse qu’il porte encoreen lui. Pour votre enfant, c’est une façon de vider lesdétresses emmagasinées en lui. Certes, si vous ne vous yattendez pas, une “sortie gâchée” peut être frustrante oumême exaspérante. Mais si vous vous rendez compte quecela survient de façon mécanique, vous êtes en bienmeilleure posture pour écouter votre enfant évacuer sespeines par les pleurs, jusqu’à ce qu’il retrouve satranquillité d’esprit. Par exemple, vous pouvez com-mencer à donner le signal du retour à la maison avantd’avoir épuisé vos réserves d’énergie, sachant que sur lechemin il y aura des catastrophes à gérer positivement.

LIGNE DE CONDUITEPOUR LA PERSONNE QUI ÉCOUTE

Voici les dispositions de base à prendre quand votreenfant a recours à ce processus de guérison profondémentefficace.

• Remédiez à toute situation de douleur physique etéloignez tout danger réel de la scène.

Cela veut dire retirer les doigts des jouets où ils se sontpincés, enlever la bicyclette tombée sur la jambe de votreenfant, ou tenir à distance frères et sœurs ou camaradesqui pourraient être fâchés et vouloir lui faire du mal.Faites ce que votre bon sens vous dicte, aussi calmementque possible.

• Gardez votre propre contrariété et vos conseils pourvous-mêmes.

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Maintenant que vous êtes là et à l’écoute, votre enfantrecherche votre soutien. Ajouter votre contrariété ou vosconseils ne fera que compliquer ses efforts pourcomprendre ce qui s’est passé en lui. Par exemple, si votreenfant tombe en courant, contentez-vous de l’écouter enle tenant dans vos bras. Vous serez tenté de le gronder oude lui faire la leçon à propos des trottoirs mouillés. Necédez pas à cette impulsion. Quand il pleure, votre enfanttient éloigné de son esprit la plupart des choses quil’entourent, pour concentrer toute son attention sur cequ’il ressent et sur votre présence rassurante. Il a réduitson champ de vision pour accomplir son travail deguérison. Il ne peut accomplir cette tâche qu’en seconcentrant pleinement sur elle. Ne le distrayez pas avecun sermon sur la façon dont il aurait pu mieux faire. Tantqu’il pleure, il ne peut assimiler vos conseils, et la colèreque vous pourriez exprimer ne ferait qu’ajouter à sapeine.

Après qu’il aura pleuré tout son soûl et se sentira ànouveau en sécurité et sûr de lui, il sera avide de tirer laleçon de ce qui lui est arrivé, avec une aide minime devotre part. Vous n’aurez qu’à dire: “Tu as vu où tu estombé ? C’est mouillé.” Du fait que ses pleurs ont dissipéson choc émotionnel, il peut répondre fièrement: “Oh !J’ai glissé sur la partie mouillée. Maintenant, je vais courirdoucement où c’est mouillé, Papa. Regarde !”

• Rapprochez-vous de votre enfant, en le tenant avecdouceur et de façon à ce que vos regards puissent secroiser.

Le contact physique et un regard aimant sont parmi lesplus puissants réconforts que nous puissions donner.Tenez votre enfant de façon qu’il puisse vous voir s’il ledésire. Ne le mettez pas sur votre épaule, ne le laissez pasnon plus terré dans votre giron trop longtemps. Votreencouragement délicat à vous regarder rappellera à votre

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enfant votre amour pour lui. S’il croise votre regardaimant, il se mettra le plus souvent à pleurer plus fortparce qu’il voit combien vous êtes attentif. Cependant, ilse peut qu’il ne soit pas du tout capable de vous regarder.Ne vous en faites pas, cela veut dire simplement qu’il seconcentre sur ses sentiments de tristesse et qu’il n’en apas terminé avec eux. Après encore quelques pleurs etvotre patient encouragement, il sera capable de sedétendre et de vous regarder à nouveau franchement.

Quand votre enfant est en larmes, toutes ses défensessont anéanties. Alors qu’il est tout concentré sur satristesse, votre attitude en réponse a chez lui un profondretentissement. Votre tendre contact, votre caresse sur sajoue, votre façon de le tenir niché dans vos bras, un petitbaiser de temps à autre sur ses doigts, voilà autant degestes qui manifestent une présence attentive et qui vontdroit au cœur de votre enfant. Il vous suffit de peu demots. Votre enfant paraîtra sans doute indifférent à votreaffection, mais quand vous verrez combien il est détenduaprès coup, vous saurez qu’il a absorbé chaque miette devotre amour.

• Invitez-le avec douceur à vous dire son malaise.N’insistez pas pour obtenir une réponse.

Les enfants qui se sont mis à pleurer ont toujours uneraison, et une bonne raison, à ce qu’ils ressentent. Plus sessentiments sont profonds, plus il est difficile pour l’enfantd’en parler. Dites-lui que vous voulez comprendre ce quis’est passé, et acceptez simplement ce qu’il pourra vousdire. Certaines fois, la seule idée d’avoir à parler de sonmalaise maintiendra longtemps l’enfant dans ses pleurs,jusqu’à ce qu’il puisse émettre une seule parole. Vous neserez cependant pas complètement ignorant de ce qu’ilressent: le ton de sa voix, l’aspect de son visage, la façondont il vous regarde (ou tient ses paupières serrées)peuvent vous renseigner beaucoup sur sa détresse. Restez

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bien attentif à lui, qu’il vous parle ou non de sonproblème.

Une enfant de ma connaissance vivait souvent un mo-ment difficile quand l’un de ses parents était parti envoyage d’affaires. Un jour, alors que son père était endéplacement, Amy, âgée de 2 ans, fut particulièrementcontrariée lorsque sa mère la laissa à la crèche. Le soir, lapuéricultrice raconta qu’elle était restée triste, à l’écart etombrageuse, la plus grande partie de la journée. Ce soir-là, quand Amy et sa mère furent revenues à la maison,Amy montrait son mécontentement devant tout ce quefaisait sa mère. La mère s’approcha d’elle, mit ses brasautour d’elle, et lui dit: “Parlons un peu de ce qui est sidifficile pour toi.” Amy pleura et cria pendant longtempsdans les bras de sa mère. Elle ne dit rien mais était àl’évidence occupée par un gros chagrin. Sa mère,devinant que son père lui manquait, la rassura de tempsen temps sur le fait que son père allait revenir. QuandAmy s’arrêta de pleurer, elle ne parut pas tout à fait enpaix. Alors sa mère lui demanda: “Amy, qu’est-ce quit’inquiète tant ?” Amy, qui n’avait rien dit pendant salongue séance de pleurs, regarda sa mère et dit d’un tonpéremptoire: “Le chat que nous avons donné à grand-mère avait une maman, mais sa maman à lui ne revientpas !” Deux semaines auparavant, ils avaient retiré unchaton d’une portée et l’avait apporté à la grand-mère. Ilfut alors facile de comprendre comment l’absence de sonpère avait pu provoquer un tel chagrin. Elle pensait: “Sic’est cela que l’on fait aux petits chats, que va t-ilm’arriver à moi ?” Enfin renseignée, sa mère put luiexpliquer que les mères, les pères et les enfants restentproches toute leur vie, mais pas les chats et les chatons.Amy parut satisfaite, ferma les yeux et dormit pendantquatorze heures. Le jour suivant, elle était beaucoup plusdétendue. Amy avait commencé par se débarrasser deson chagrin, puis en avait parlé, et c’est alors qu’elle fut

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en mesure d’assimiler les informations dont elle avaitbesoin. D’abord les pleurs, ensuite les mots et enfin lacompréhension de choses nouvelles. C’est souvent ainsique cela se passe.

• Si vous voyez votre enfant avoir peur d’une choseprécise, rassurez-le sur le fait que vous le protégerez dece danger particulier.

Pour un enfant qui est submergé par ses sentiments,vos paroles rassurantes jouent le rôle d’un rappel endouceur à la réalité. Par exemple: “Maman reviendraaprès les courses. Elle reviendra toujours près de toi.”“Rémi ne voulait pas casser ton planeur. Il est désolé luiaussi.” “Ton genou va vite guérir. Cela ne te fera pas maltrès longtemps.” N’attendez pas de votre enfant qu’ils’arrête de pleurer simplement parce que vous dites qu’iln’y a pas de danger. Appliquez-vous à dire les paroles deréconfort dont vous pensez qu’il peut avoir besoin alorsqu’il élabore sa propre notion de la sécurité.

• Ne jugez pas des sentiments de votre enfant.

Que cela est difficile ! Nous sommes tellement habituésà ne voir le monde que par le bout de notre lorgnette. Sinous ne nous sentons pas tristes, personne d’autre ne doitl’être. Mais les sentiments des enfants, dont leschangements d’humeur sont caractéristiques, sontaffectés par des forces que souvent vous ne voyez pas.Dire à votre enfant qu’il devrait se sentir heureux quandil est triste est à peu près aussi efficace que d’ordonner àune tempête de s’arrêter. Des phrases telles que: “Je suisdésolé que tu sois aussi triste,” ou, “Je resterai à côté detoi tout le temps que ce sera difficile,” donnent à votreenfant la permission d’aborder ses sentiments négatifs etde travailler dessus. Au contraire, des phrases telles que:“Ne te plains pas, c’est toi qui a commencé la bagarre !”et, “Ce n’est qu’un bout de papier déchiré. Cesse de te

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conduire comme un bébé !” ne font que faire honte à unenfant. Elles vont à l’encontre de votre but d’aider votreenfant à recouvrer son sentiment de bien-être.

Ecouter ne veut pas dire nécessairement fermer lesyeux sur les sentiments de votre enfant, ni le gâter. C’estau contraire l’aider à guérir. Les enfants ne pleurent quelorsqu’ils sont trop bouleversés pour pouvoir raisonner.Les sentiments douloureux peuvent submerger un enfantet l’amener à faire des choses qui n’ont aucun sens, etc’est là la raison pour laquelle votre enfant cherche à leséliminer par le moyen des pleurs. Il déteste être hors deses gonds, perdant la maîtrise de lui-même. En l’écoutant,vous résorbez le pouvoir qu’ont ces sentiments. Ilretrouvera tout son jugement quand vous l’aurez écoutéjusqu’au bout.

Tandis que votre enfant pleure, il se peut que vousentendiez de dures récriminations contre vous ou contredes personnes importantes dans la vie de votre enfant:“Tu ne m’aimes pas, et tu ne m’as jamais aimé !” “Jevoudrais que tu ne sois plus ma maman.” “Je te déteste,Papa ! Tous les autres papas sont plus gentils que toi.” “Jedéteste mon frère. Il pue et je ne veux plus jamais levoir !” C’est le genre de choses que les enfants disentquand ils sont occupés à résoudre leurs peines. Pour sedébarrasser de leurs sentiments douloureux par les pleurset retrouver leur bon caractère, les enfants ont besoin dece qu’un de mes amis appelle “la liberté de la bouche”.S’ils peuvent pleurer et vous exprimer toute la laideur deleurs sentiments, leur amertume se dissipera. (Cela aideun enfant qu’on lui fasse savoir: “Quels que soient tessentiments, je t’aimerai toujours.”) Ne prenez pas ces sen-timents trop à cœur. Ce qu’un enfant dit lorsqu’il pleurene constitue pas le jugement définitif qu’il porte sur vous.Cela représente seulement la douleur qu’il est occupé à

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évacuer. Il reprendra conscience de votre bonté dès qu’ilse sera débarrassé de ses sentiments agressifs.

• Accordez beaucoup de temps à votre enfant pourpleurer.

Votre enfant qui se mettra à pleurer d’abord à proposd’un incident qui vient de se produire, peut ensuite con-tinuer à pleurer pour des choses plus importantes, sansvous prévenir qu’il a changé de sujet. Si l’écoute est unepratique adoptée récemment dans votre famille, il estprobable que les pleurs des débuts seront longs etpoignants. Une demi-heure ou une heure ne serait pasanormal. Il a attendu cette occasion depuis si longtemps !Plus vous êtes chaleureux(se), plus les pleurs de votreenfant seront longs et intenses, parce ce qu’il est sécuriséde sentir votre soutien et votre attention. Beaucoupd’entre nous se souviennent des larmes qui leur sont ven-ues aux yeux quand quelqu’un a exprimé une sympathieinattendue envers nous à un moment de crise. Pour votreenfant, c’est exactement la même chose. Plus il est ensécurité, plus il pourra vous exprimer sans retenue sessentiments et plus son soulagement et son bien-êtreseront profonds une fois les pleurs terminés.

Devant cette question du temps, nous autres parentslevons les bras au ciel de découragement. Commentpouvons-nous passer ces demi-heures assis à écouter nosenfants ? Qui s’occupera du déjeuner ? Qui va arbitrer lesdisputes que les autres enfants ne vont pas manquerd’avoir ? Le temps est un bien précieux dans la vie deparent, et la plupart d’entre nous se rebiffent à l’idée depasser davantage de temps ou d’en faire encore plus.

Il n’y a pas de réponse facile au problème de manquede temps. Cependant, beaucoup de parents trouvent quequand on considère les pleurs comme un processus deguérison, il s’ensuit une libération de certaines obligations

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désagréables. Les réprimandes, les tracas et les tentativesincessantes pour calmer votre enfant quand il est agité,cela n’est plus nécessaire. Maintenant, quand rien nesatisfait votre enfant grognon, vous pouvez simplementvous asseoir quelques instants en le tenant dans vos braset le laisser pleurer tout son soûl, sachant que son tour estvenu de travailler sur sa tristesse et le vôtre de vousdétendre, d’écouter, et de laisser votre amour couler ànouveau dans son cœur.

• Les pleurs prolongés d’un enfant peuvent se ter-miner par le sommeil.

Le sommeil peut jouer un rôle dans ce processus deguérison, et ce de deux manières. Après avoir pleuré toutson soûl, il arrive qu’un enfant se mette à bâiller plusieursfois, se niche dans vos bras et tombe sans tarder dans unsommeil profond. Ce sommeil est important. Il donne àl’enfant le temps et la paix nécessaires pour se forger unpoint de vue plus rationnel que ce que lui avaient permisses sentiments douloureux. Il se réveillera le plus souventdétendu et prêt à vivre pleinement sa vie.

A d’autres moments, le sommeil servira plutôt depause que d’achèvement du processus de guérison. Auxprises avec un ensemble de sentiments pénibles etprofonds, un enfant peut chercher le sommeil de manièredésordonnée, continuant à pleurer de temps à autrejusqu’à sombrer. Il se réveille malheureux, mais avec uneénergie renouvelée pour en finir avec cette grossedétresse à laquelle il s’était attaqué. Quand un enfant estassez pris par les pleurs pour que ce genre de pause soitnécessaire, il est probable que vous verrez un changementsignificatif dans son comportement. Il est en traind’enlever un fardeau particulièrement lourd qui pesaitsur son esprit et sur son cœur.

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• Après avoir écouté ses pleurs jusqu’au bout, soyezattentif(ve) aux signes de changement dans les jeux devotre enfant, son intelligence, sa proximité et sacréativité.

Après un bonne séance de pleurs avec le soutien d’unadulte, les enfants se sentent détendus, aimés et pleinsd’espoir. De façon ténue mais significative, il nous fontsavoir qu’ils ressentent maintenant les chosesdifféremment. Un enfant peut tendrement écarter lescheveux de votre visage après des pleurs et des motsamers, s’aventurer à jouer avec les enfants dont il avaitpeur, inventer de petits chants joyeux ou finir le devoir demaths qu’il ne pouvait affronter. Restez toutes antennesdéployées pour saisir son génie à vivre et à aimer. Vousne voulez pas perdre une miette du regain d’affectionqu’il aura pour vous, ni des manifestations de saconfiance grandissante. Ce sont là les récompenses d’unebonne écoute. Vous les avez bien méritées !

Une mère de ma connaissance vivait toujours un mo-ment déchirant quand elle laissait sa fille à la maternelle.L’enfant se cramponnait, gémissait et pleurait chaquematin au moment où sa mère la quittait, s’arrêtant depleurer peu de temps après, et passait alors sa journéetimide et à l’écart. Finalement, la mère décida de venir àl’école de bonne heure, de commencer à dire au revoir etde rester avec sa fille pendant que celle-ci pleurerait sadouleur. Chacun des trois premiers jours, la mère écoutapendant près d’une heure le profond chagrin de sa filledans la voiture. Quand elle s’arrêtait de pleurer, elle luidisait: “C’est l’heure de rentrer dans l’école. Es-tu prête ày aller avec moi ?” Et de nouveau, sa fille sanglotait et secramponnait. Chaque matin, après ce qui semblait uneséance de pleurs interminables, sa fille s’arrêtait enfin,regardait autour d’elle un moment, jetait un coup d’œilsur sa boite de casse-croûte ou jouait avec le volant, puisconsentait à aller à l’école.

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Le quatrième jour, sa fille pleura plus fort que jamaispendant quinze minutes, puis décida sans tarder qu’ellevoulait entrer. Le cinquième jour, il n’y eut pas de pleurs.La petite fille donna à sa mère une grosse et longueétreinte et lui dit qu’elle voulait remonter toute seulel’allée de l’école. Après un instant, sa mère la suivit pourl’inscrire sur le registre du jour et constata que sa filleavait déjà rangé ses affaires et était occupée à jouer. Lesinstitutrices signalèrent qu’un changement marquants’était produit dans la confiance de sa fille au cours decette semaine-là, un changement qui parut évident à lamère dès le cinquième jour.

Autre exemple: un petit garçon de 22 mois souffraitd’une infection aux yeux qui devait être soignée par desgouttes. Comme sa mère lui parlait du médicament et dela façon dont elle allait le lui mettre dans l’œil, il se mit àpleurer très fort. Voulant savoir ce qui arriverait si ellel’écoutait sans le forcer, elle tint la bouteille de façon à cequ’il puisse la voir, le maintint bien serré contre elle etécouta ses pleurs. Il commença à se calmer au bout dequarante-cinq minutes environ, et elle lui demanda alorss’il voulait qu’elle ouvre la bouteille pour qu’il puisse voirle compte-gouttes. A cette idée, il se remit à pleurer en-core dix minutes. Quand elle posa de nouveau laquestion, il répondit oui. Elle ouvrit la bouteille et montracomment on pouvait faire sortir les gouttes, ce quidéclencha de nouveaux pleurs puissants. Elle lui expliquaensuite qu’elle devait lui mettre des gouttes, mais qued’abord, s’il le voulait, il pouvait essayer lui-même defaire tomber des gouttes. Il toucha l’objet puis se rejeta enarrière pour pleurer à nouveau. Après un moment, il sereleva et commença à faire tomber des gouttes demédicament avec précaution dans la bouteille. Sa mère lelaissa faire un moment, puis lui rappela qu’elle devait luimettre le médicament dans les yeux. Il pleura encore uncourt instant seulement. Alors il demanda s’il pouvait le

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faire lui-même. Elle lui répondit qu’il pouvait essayer. Ils’étendit sur le dos, elle mit la quantité voulue demédicament dans le compte-gouttes, et il plaçatranquillement deux gouttes dans chaque œil, n’enlaissant tomber qu’une seule à côté sur son nez. Elle étaitstupéfaite. Par la suite, il garda tout son calme lors desséances de gouttes et choisit souvent de les mettre lui-même.

Les enfants qui, comme dans ces exemples, sont encou-ragés à pleurer sans retenue à l’occasion des épreuvesqu’ils rencontrent, peuvent se révéler capables d’uneconfiance surprenante en leurs propres capacités. Sedébarrasser d’une douleur peut demander denombreuses “séances”, pendant lesquelles votre enfant sesentira complètement désarmé. Mais l’enfant que vousretrouverez après chaque séance se sentira moinsdésarmé et agira de façon plus confiante qu’auparavant.

ÊTRE À L’ÉCOUTE DES ENFANTS N’EST PASCHOSE FACILE POUR LES PARENTS

Ecouter un enfant qui pleure est une chose toutesimple, tout à fait bénéfique pour l’enfant, mais qui n’estpas facile. Pour pouvoir être entièrement présents à nosenfants quand ils guérissent de leurs sentiments dou-loureux, nous autres parents avons aussi besoin de tempspour faire entendre nos pensées et nos sentiments. Lesémotions fortes de nos enfants ravivent les nôtres. Nousavons tant à dire: combien il est difficile d’être parent,combien nous aimons nos enfants, les choses qu’ils font etqui nous irritent, nos inquiétudes, nos déceptions, nosespoirs pour eux. C’est ici que les séances régulières deco-écoute peuvent apporter une aide précieuse. A mesureque nous déchargeons les détresses de notre enfance,nous devenons de meilleurs écoutants, plus confiantsdans le fait qu’une bonne séance de pleurs est bénéfiquepour un enfant. Quand nous nous laissons aller à dire à

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quelqu’un qui nous écoute combien nous sommes tristeset fatigués, nous nous débarrassons des automatismesd’inquiétude, d’impatience et de désapprobation que nosparents nous ont transmis sans le savoir. Nous brisons lecycle d’oppression qui gâche la vie des jeunes personnes,et dans le même temps, nous récupérons davantage notreintelligence bienveillante.

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CRISES DE RAGE

ET INDIGNATION

DE NOUVELLES HYPOTHÈSES

La plupart d’entre nous parents mesurons notrecompétence d’une manière très directe. Quand nosenfants sont heureux, coopératifs, aimants et polis, nouspouvons nous sentir fiers de nous en tant que parents, etaussi fiers d’eux. Quand nos enfants sont malheureux oudéraisonnables, soit nous nous en blâmons nous-mêmes,soit nous les en blâmons eux. Nous avons tendance àpartir du principe largement répandu que les difficultésdes enfants sont “mauvaises”. Par la persuasion insistanteou par la force, nous exerçons une pression sur nosenfants pour qu’ils redeviennent “bons”, parce que nousne voulons pas nous sentir “mauvais” parents de“mauvais” enfants.

Pourtant, il existe une nouvelle approche qui libère lesmères et les pères du travail déplaisant et difficiled’essayer de rendre les enfants “bons”. Elle est basée surla Réévaluation par la Co-écoute, qui fait les hypothèsessuivantes, généreuses et cependant bien fondées:

• Les enfants sont naturellement faciles, aimants,coopératifs, et désireux d’apprendre.

• La bonne nature des enfants peut être masquée parde mauvais sentiments.

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Quand les enfants sont tristes, effrayés, frustrés,embarrassés, ou quand ils se sentent seuls ou pasappréciés, cela peut masquer leur bonne nature. De tellestensions font “dérailler” le comportement de l’enfant,l’éloignant de la confiance, la coopération,l’enthousiasme.

• Des sentiments de souffrance enferment l’enfantdans un comportement non aimant, craintif, ou inflex-ible, qui est clairement un appel à l’aide.

• Un enfant qui est soucieux ou inflexible récupérerade ses sentiments de souffrance si un adulte attentionnése rapproche de lui chaleureusement et écoute tandisqu’il exprime son problème.

Les parents qui adoptent cette nouvelle approche lorsdes moments difficiles découvrent rapidement que ladifficulté de l’enfant, qui semblait à un moment indiquerun grave problème, ne signale en fait qu’un besoin d’êtreécouté. L’attention gentille d’un parent encourage l’enfantà ressentir complètement la difficulté. Avec une grandeénergie, il va pleurer, faire une crise de rage, trembler ourire jusqu’à ce qu’il ait libéré les sentiments qui ontempêché son bon jugement. Les débordementsémotionnels des enfants sont un processus naturel deguérison qui rétablit leur capacité à se détendre, à aimeret à apprendre. Nous avons découvert que les enfantsdont les sentiments profonds sont écoutés prennentconfiance dans leur propre force et intelligence, etconfiance dans l’amour de leurs parents. L’espoir etl’affection jaillissent dans le cœur de l’enfant lorsque sessentiments pénibles ont été évacués bruyamment etvigoureusement.

En particulier, la frustration est un problème fréquentqui touche tous ceux qui essayent avidement d’acquérirde nouvelles capacités. Les enfants possèdent une

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approche de l’apprentissage du type “Bien sûr que jepeux le faire !” et un réel désir passionné de réussite. Ilsont de grandes idées sur ce qu’ils veulent faire, etpourtant leurs capacités n’augmentent que par le proces-sus incertain des approximations successives. Dessentiments de frustration constituent un accroc quotidiendans le processus d’apprentissage, un résultat naturel dudécalage entre les attentes des enfants et ce qu’ils sontcapables de faire.

LA FRUSTRATION ENTRAVE LE PROCESSUSD’APPRENTISSAGE

La frustration est un ennemi déroutant pour ceux quiapprennent, quel que soit leur âge. Nous savons touscomment cela se passe: l’enfant ne peut pas faire aller leschoses comme il veut et, ce qui est tout à son honneur, iln’abandonnera pas. Finalement, il épuise sa capacité àtrouver de nouvelles approches. Il veut réussir, maisn’arrive pas à trouver comment. Il se sent hors de lui. Lessuggestions d’un adulte bien intentionné ne peuvent pasl’aider, parce que ses sentiments ont dominé sa capacitéde réflexion. A ce stade, si les crises de rage sontinterdites, l’enfant doit abandonner ses tentativesd’apprentissage. La frustration va se hérisser comme unporc-épic chaque fois que l’enfant se trouvera face à unesituation ou à une tâche d’apprentissage similaire.

COMMENT LES ENFANTS SE REMETTENTDES FRUSTRATIONS

Quand un enfant frustré se sent en sécurité, il com-mence une crise de rage, le processus de guérison quiélimine la frustration. Se dépensant avec force bruits etgesticulations, son corps devient chaud; des larmes et dela transpiration peuvent aussi apparaître. Souvent,l’enfant se jette à terre, battant des bras et des jambes, ouse presse contre un obstacle inamovible, et continue à

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pousser inutilement. Les crises de rage ne sont en généraldirigées contre personne en particulier. Elles ne sont pasempreintes de méchanceté ou de malveillance. Ledéchaînement de l’enfant correspond à un relâchementanimé de tensions qui s’enflamment instantanément.

Les crises de rage ne sont pas une perspective agréablepour la plupart des parents, mais vous en viendrez à lesapprécier quand vous verrez combien elles soulagentprofondément votre enfant. La plupart d’entre nousn’avons jamais vu une crise de rage rétablir la capacitéd’un enfant à penser et à apprendre, parce que noussommes entourés de gens qui se mettent en colère ou quimenacent quand les enfants montrent leurs sentiments.On nous a appris que les enfants ne doivent pas faire decrises de rage, bien que tous les enfants sains essayentencore et encore de soulager leur frustration de cettemanière.

Une crise de rage ne signifie pas forcément qu’il y aitquoi que ce soit d’anormal chez vous, dans la situation,ou chez l’enfant. Toutefois, des crises de rage répétéesdans des situations similaires peuvent signifier que lecomportement de votre enfant est l’objet d’attentes ou delimitations inappropriées. Par exemple, attendre d’unenfant qu’il fasse les magasins sans toucher à rien ne peutamener que de la frustration. De jeunes enfants nepeuvent pas réprimer leur désir instinctif d’apprendre, etils apprennent en touchant. Même quand nos attentes cor-respondent bien à nos enfants, ils sont nécessairementfrustrés par moments. Leurs espoirs et leurs idéesdépassent leurs capacités. Les crises de rage sont lemoyen par lequel les enfants font face à la frustration,s’en débarrassent et reviennent à une vie satisfaisante.

Quand nous permettons à sa crise de rage de suivrelibrement son cours, l’enfant est libéré de la tension quientrave son processus d’apprentissage. Un enfant frustré

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fait les mêmes erreurs encore et encore. Il ne peut ac-cepter l’aide de personne. Après une saine crise de rage,l’enfant admet ce qu’il ne peut pas faire, et retourne auxjoies de l’apprentissage et de la coopération. Les crises derage jouent un rôle important pour garder les enfantsoptimistes quant à leur intelligence. S’ils ont cet exutoire,ils n’ont pas à refuser le défi chaque fois que le processusd’apprentissage devient difficile.

À L’ÉCOUTE DES CRISES DE RAGEDE VOTRE ENFANT

Vous avez probablement à l’esprit plusieurs situationsqui frustrent régulièrement votre enfant. Quelquefoisc’est un événement qui déclenche l’incident, commed’attacher sa ceinture dans la voiture, ou que le petit frèrevienne mettre les pieds dans un jeu, ou un dessin àremettre pour l’école. Quelquefois les crises de ragesemblent plutôt connectées à un certain moment de lajournée qu’à un type particulier d’activité. Par exemple,rentrer à la maison après une journée de garderie ou quit-ter la maison le matin peuvent être des moments délicatspour les enfants, parce qu’ils n’ont pas vraiment leur motà dire sur ce qui se passe à ces moments-là. Après quevous ayez identifié ces périodes ou ces activités, préparez-vous. Plutôt que d’espérer que ce problème persistant aitdisparu pendant la nuit, décidez qu’il va probablementresurgir, comme d’habitude. Quand votre enfant devientcrispé, rapprochez-vous. S’il est près d’abandonner lorsd’un effort frustrant, soutenez-le gentiment en restantprès de lui. Calmement, doucement, aidez-le à faire face àses sentiments pénibles.

La première étape dans l’écoute d’une crise de raged’un enfant consiste quelquefois à décider de ne pasapaiser votre enfant énervé. Si votre enfant a choisi unvêtement pour l’école, mais commence une crise de rage

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quand vous essayez de le lui enfiler, vous pouvez lui de-mander quel autre vêtement il veut mettre. S’il commenceà faire des histoires pour le second vêtement choisi, vouspouvez être sûr(e) qu’il recherche le soulagement d’unecrise de rage. Tout ce que vous avez à faire pour aidervotre enfant à guérir c’est de cesser de lui chercher unvêtement. Dites doucement: “Je pense que tu vas devoirchoisir un des vêtements que tu as déjà sortis.” Cela luidonne la permission de commencer.

Etre à l’écoute des crises de rage de votre enfant n’estpas fondamentalement différent de l’assister dans unebonne crise de pleurs, une fois que vous en avez prisl’habitude (Voir le chapitre “Les pleurs”). C’estsimplement le côté éclairs et tonnerre du système météointerne de votre enfant. Voici quelques règles générales.

• Restez proche de votre enfant, mais n’essayez pasde le consoler.

Une crise de rage comporte beaucoup de bruit et degesticulation. Votre enfant va avoir très chaud et peut semettre à transpirer abondamment. Il a besoin de setordre, de trépigner et de se jeter par terre, pour évacuersa frustration. Vous pouvez être responsable de sasécurité, en vous assurant qu’il ne se cogne pas pendantqu’il poursuit sa crise. Tous ces trépignements, tout cebruit et toute cette lutte contre des forces invisiblesl’aident à récupérer de l’insulte de n’être pas capable demettre ses idées en œuvre (vous savez ce que c’est !).Laissez-le gesticuler.

La plupart des crises de rage sont relativement courtes.Vous pouvez vous attendre à devoir écouter de cinq àquinze minutes. Une fois qu’on l’a écoutée, une crise derage disparaît vite, peut-être avec quelques rires etmarques d’affection chaleureuses entre l’enfant etl’écoutante. Cette transformation de votre enfant effondréen une personne douce et raisonnable est l’un des

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véritables prodiges résultant de l’écoute. Il va souvent ygagner une bonne réserve de patience que vous allezapprécier pendant les heures ou les jours suivants.

• Si vous êtes dans un lieu public, vous pouvezdésirer transporter votre enfant avec précaution jusqu’àvotre voiture ou un autre endroit mieux protégé pourlaisser passer l’orage.

Les enfants semblent souvent choisir des endroits pub-lics pour commencer des crises de rage. Il se peut qu’ils sesentent plus en sécurité pour exploser quand il y abeaucoup de gens autour d’eux, ou peut-être la contrainted’être dans un environnement d’adultes finit-elle parsaturer leur tolérance vis-à-vis de la frustration.

Souvent, cela vaut la peine de transporter votre enfantgigotant jusqu’à un endroit moins public, pour que vousvous sentiez plus libre de prendre les choses en main avectoute votre attention. Si vous n’avez pas de voiture auxalentours, la zone de livraison du supermarché, le rayonmoins fréquenté des sous-vêtements et chaussettes dugrand magasin, ou les marches à l’entrée de l’église ou dutemple, peuvent servir de refuge de fortune pendant quevotre enfant remet les choses en place. Demandez del’aide si vous en avez besoin: “Pouvez-vous mettre monchariot de côté, s’il vous plait ? Je reviens dans quelquesminutes.” Si vous y arrivez, un peu d’humour peut aider:“Il semble que nous ayons des difficultés techniques ! J’ail’intention d’acheter ces draps; je reviens dès que monami ici présent ira mieux.” La plupart des spectateursseront heureux que vous ayez l’air de savoir ce que vousfaites. En fait, la plupart des spectateurs ont eu à faire faceà un moment ou à un autre à la même situation que vous.Ne vous en faites par trop pour eux.

Un parent que je connais, confronté à une bonne crisede rage dans un magasin de jouets surpeuplé du centreville, n’ayant pas trouvé d’endroit satisfaisant où aller,

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marcha dans la rue, portant son enfant qui se tortillait etglapissait pendant les 10 minutes nécessaires. Sa femme,embarrassée par le remue-ménage, marchait plusieursmètres derrière. Quand ce fut fini, ils s’attendait à ce queleur enfant de deux ans soit fatigué et à cran, commec’était son habitude en début d’après-midi. Ils osèrentquand même entrer dans un café pour déjeuner, et là leurfils charma la serveuse et resta paisiblement assis, contentet alerte, pendant tout le repas.

INDIGNATION

Une autre émotion pour laquelle beaucoup de parentsont peu de tolérance est l’indignation. Il est quelquefoisdifficile pour nous de distinguer entre frustration et in-dignation, parce que les deux sont bruyantes et les deuxsont au-delà des limites des bonnes manières et ducontrôle de soi, telles qu’elles ont été définies pour laplupart d’entre nous. L’indignation est une réponse saineet spontanée à l’injustice. C’est l’une de ces expressionsculturellement interdites qui, quand elles sont compriseset écoutées, vont rendre service à la fois à votre enfant et àvotre famille.

Quelquefois, nos enfants ont de bonnes raisons d’êtreindignés par les traitements qu’ils reçoivent de notre part,de la part des autres adultes et de leurs pairs. Le nonrespect des jeunes est largement répandu dans notresociété. Quand on fait du tort à des enfants confiants, ilsprotestent avec véhémence. Leur réponse est immédiate,spontanée, forte, et n’a pour but de blesser personne. Leurobjectif est d’être entendus et de remettre les choses à leurplace. Un enfant indigné vous dira (à vous ou àquelqu’un d’autre) en termes précis ce qu’il a trouvéirrespectueux ou injuste: “Ne parle pas comme ça à monfrère ! Tu es méchante avec lui. Calme-toi !” “Tu ne peuxpas me dire que je suis stupide parce que j’ai perdu mesdevoirs ! Je ne suis pas stupide ! Ne dis pas ça !” “Tu

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penses que tous les enfants qui sont coiffés à la mode punksont des délinquants ! Tu te trompes complètement ! Jeveux que tu arrêtes d’insulter mes amis ! Je ne supportepas ça !” Ces exemples montrent comment un enfantdéfendra ce qu’il pense être juste. Les bébés et les jeunesenfants aussi insisteront pour être traitésrespectueusement, sans employer les mots mais avec uneintention tout aussi sérieuse. Il semble que les êtreshumains viennent au monde avec une attente innéed’amour et de respect. Seuls la maladie ou de mauvaistraitements répétés peuvent venir à bout de la volontéd’une personne de se battre pour ce qui est juste.

Quand nous, les parents, sommes au bord del’épuisement, cela peut être un soulagement que nosenfants nous interrompent lorsque nous sommes durs ouinjustes. En fin de compte, nous voulons que nos enfantsgardent leur sens aigu de la justice, et insistent pourobtenir le respect qu’ils méritent, même si c’est notrecomportement qu’il mettent au défi. Ils ont raison de sedéfendre, quand nous sommes fatigués, irrationnels oupréoccupés, contre nos paroles et nos actes injustes.

À L’ÉCOUTE DE L’INDIGNATION

Quand un enfant pense qu’on a fait du tort, soit à lui,soit à quelqu’un qui compte pour lui, et qu’il s’en indigne,le mieux que nous ayons à faire est de l’écouter. Que dit-il ?A t-il raison ? Que peut-on y faire ? Quand une personneindignée rencontre une bonne écoute et de vraies solu-tions, l’incident est vite clos et le problème résolu. Desexcuses, un revirement, ou la promesse d’une discussionapprofondie de la question sont le genre de solutions quenous pouvons offrir. Si vous écoutez puis travaillez avecvotre enfant à rétablir les choses, il sera satisfait et contentde lui et de vous.

Par exemple, quand mes deux fils se lançaient dansleurs inévitables disputes, il m’est arrivé d’écouter et

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d’être persuadée que l’un d’eux était dans son tort.J’entrais alors dans la bagarre avec colère, blâmant l’un etdéfendant l’autre. Souvent, le fils que je défendais setournait vers moi et criait: “Sors de là, maman ! Tu luidonnes tort et tu ne sais rien de ce qui se passe ! Tu teligues contre lui et tu aggraves les choses. C’est notre dis-pute !” Je partais en tapant des pieds, vexée bien sûr etsurprise. Ils retournaient à leur bagarre, furieux l’uncontre l’autre de nouveau, mais sans avoir en plus monproblème à gérer. Etaient-ils “sympa” envers moi ? Non,ils étaient épris de justice. Se défendaient-ils pour unebonne raison ? Oui, ils se battaient pour trouver une solu-tion et mon intervention accusatrice ne faisait quecompliquer le problème. Est-ce qu’ils crient sur moichaque fois que je dis quelque chose au milieu d’unebagarre ? Non, si je suis judicieuse et que je pose desquestions pertinentes plutôt que de leur asséner unblâme, ils vont souvent utiliser mon aide. L’indignationde nos enfants peut nous préserver de la négligence dansla manière dont nous les traitons, eux et les autres. Leursens de la justice finement aiguisé peut être un véritablecadeau pour nous.

CETTE APPROCHE PAR L’ÉCOUTEEST-ELLE TROP PERMISSIVE ?

Si j’écoute les crises de rage et l’indignation, est-ce quemes enfants vont redevenir sages un jour ? Telle est laquestion. Il nous semble que se produisent trop souventdes incidents désordonnés. Si nous écoutons chaque fois,est-ce que notre vie ne va devenir un vrai vacarme ? Est-ce que nous ne renforçons pas une manque de contrôle ?Comment allons-nous pouvoir supporter un telcomportement ?

Permettre aux crises de rage d’un enfant de suivre leurcours, ou permettre à l’indignation d’être entendue, peutvraiment faire dresser les cheveux à un parent les toutes

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premières fois. Cela peut alimenter notre peur du chaos,et cela nous met souvent en colère de voir de tels senti-ments à l’état brut. Nous prenons les sentiments del’enfant de façon personnelle, comme si nos enfants nousmettaient une mauvaise note dans notre rôle de parent.Notre interprétation des crises de rage et de l’indignationsont fortement négatives, et nous avons vraiment besoind’une stratégie pour lutter contre ce qui se passe en nous.

Des relations réciproques d’écoute entre parents (quin’ont pas besoin d’être apparentés) sont un excellentmoyen de progresser dans le rôle difficile d’écoutant.Dans une relation réciproque d’écoute, deux parentsprennent le temps, loin des enfants, de se pencher sur letravail de parent. Chacun prend un tour de parole pourexprimer ce qui va bien et ce qui est difficile dans le faitd’être parent. C’est un temps que nous pouvons utiliserpour aborder nos propres sentiments d’avoir un enfantfrustré ou indigné. Ayant la possibilité de nous penchersur les situations qui rongent notre patience, nouspouvons patauger au cœur de l’action avec la tête plusfroide et une approche plus intentionnelle.

De nombreux parents qui ont osé écouter les crises derage et l’indignation de leurs enfants ont constaté queleurs enfants ont hâte de relâcher ces tensions. Au début,vous pouvez être confronté(e) à de tels débordementsanimés plusieurs fois par jour, si votre enfant estexaspéré. Mais alors que l’accumulation des ses senti-ments de frustration s’évacue, vous allez voir émerger unenfant beaucoup plus heureux et hardi. Il va certainements’exposer à de nouvelles situations qui le frustreront,parce qu’il est avide d’apprendre. Mais une fois quel’accumulation a été écoutée, il ne va plus se hérisser detensions à chaque occasion de défi. Les enfants adorentêtre en bon contact avec les autres. Ils adorent être assezsûrs d’eux-mêmes pour passer sans problème d’uneaventure à une autre. Ils n’ont des crises de rage que

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quand ils ont besoin de guérir d’une aventure qui a sapéleur confiance.

Une mère que je connais se lamentait de l’entrée de sonfils dans sa “terrible” troisième année. Il avait été grognonet têtu pendant une semaine ou deux, voulant que chaquedétail de sa vie soit exactement comme il le décidait, sansinterférence des adultes. Quand elle s’approcha et écouta,il eut plusieurs crises de rage sur une période de trois ouquatre jours, puis revint à ses manières faciles ethabituelles. Son “changement de personnalité” étaitsimplement le besoin de libérer son cœur de quelquesproblèmes, avant qu’il puisse retrouver son plaisir en lui-même et en les adultes.

Les enfants ne choisissent pas les meilleurs moments etles meilleurs endroits pour leurs crises de rage etd’indignation, aussi ne vous attendez pas à ce que votrebonne écoute résulte en un enfant parfaitement poli. Tantqu’il est petit, votre enfant fera des crises de rage chaquefois qu’il en aura besoin. Les enfants qui ont été écoutésde cette manière par leurs parents, une fois entrés dansl’adolescence, ne s’effondrent pas à chaque petite frustra-tion. Ils ont tiré parti de cet exutoire pendant l’enfance, etont accumulé beaucoup de flexibilité et de confiance dansle processus.

En utilisant cette approche, vous pouvez vous attendreà ce que votre enfant soit de plus en plus capable derelever des défis importants. Il va persister dans sonapprentissage même quand il a des difficultés, et il vadéfendre son intégrité face à l’irrationnel. Tout au long desa vie, ces points forts le mettront en bien meilleure posi-tion qu’une stricte adhésion aux règles du savoir-vivre.Libéré de ses tensions, il va pouvoir être vraiment contentdes gens la plupart du temps. S’il est écouté aux momentsdifficiles, il acquerra une véritable empathie, parce que cesera ainsi que vous l’aurez traité.

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GUÉRIR LES ENFANTS

DE LEURS PEURS

D’OÙ VIENNENT LES PEURS DES ENFANTS ?

Les enfants viennent au monde en sachant très peu dechoses, et s’attendant à de l’amour, de la gentillesse et dela compréhension. Bien que les parents donnent autantd’amour et d’attention qu’ils le peuvent, un ou deuxadultes ne sont pas toujours suffisants pour donner toutel’attention et la tendresse qu’une jeune enfant attend.Quand il arrive des choses que les enfants necomprennent pas, ou quand ils sont trop laissés seuls, ilspeuvent facilement avoir peur. Beaucoup d’expériencesqui semblent anodines et allant de soi pour des adultespeuvent faire peur à une enfant, qui est beaucoup plussensible à des tensions que nous considérons commebanales. En particulier, nos enfants ne sont pas préparés àdes événements brusques, douloureux, ou bien danslesquels ils ne sont pas respectés. Une séparation précoced’avec la mère ou le père, des changements soudains etinexpliqués dans les personnes qui s’occupent d’elle, desconversations tendues dans la famille, des taquineries pardes proches agressifs, ou une exposition à la violencetélévisuelle sont le genre de choses qui peuvent faire peurà une enfant, bien que rien de physiquement douloureuxne se soit produit.

De plus, certains enfants sont confrontés à des trauma-tismes physiques directs très tôt dans leur vie. Une

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naissance longue ou difficile, ou prématurée, le traitementcontre la jaunisse, ou même la circoncision peuventeffrayer un bébé et diminuer les sentiments de paix et debéatitude des premiers mois de la vie. Certains enfants, àcause de traumatismes graves, mènent une vie tendue enpermanence à cause d’une peur sous-jacente.

Quand une enfant a peur, elle a du mal à rester encontact intime avec ceux qu’elle aime. Elle ne peut passoutenir longtemps votre regard; soit elle va mettrelongtemps avant de tenter des expériences et faireconfiance aux gens, soit elle va être “constamment sur labrèche”, incapable de ralentir et de prendre un plaisirdétendu à votre présence. La peur rend aussi les enfantsnerveux et difficiles à satisfaire: les choses doivent être“comme ça”, ou l’enfant effrayée s’emporte avec impa-tience et colère. Pour la jeune enfant qui a peur, la vien’est pas une partie de plaisir où l’on passe d’un diver-tissement merveilleux à un autre.

Quelquefois, votre enfant fera appel à vous pour l’aiderà se remettre de sa peur juste après sa frayeur. Parexemple, un chien qui bondissait vient juste d’êtreentraîné loin de votre enfant, qui n’a pas été touchée maisqui reste terrifiée et qui hurle. Plus fréquemment, votreenfant viendra à vous avec une peur qu’elle ressentdepuis un certain temps déjà. Rien de réel ne la menace,mais la peur l’étreint exactement de la même manière.L’enfant qui a eu peur une fois d’un chien bondissant estsaisie par la même peur quand à l’école on l’invite àtoucher un lapin somnolent. Une enfant qui a toujours eupeur de rencontrer de nouvelles personnes est prise depanique une fois de plus le premier jour de maternelle.

COMMENT LES ENFANTSSE REMETTENT DE LEURS PEURS

Nous pouvons, nous les parents, aider nos enfants à seremettre complètement de leurs peurs. Peu d’entre nous

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ont été témoins plus d’un instant du processus deguérison que nos enfants essayent d’utiliser. Il est difficileà supporter pour les parents, parce que quand les enfantsse débarrassent de leurs peurs, ils se sententprofondément effrayés. Les enfants évacuent leurs peursen tremblant, en pleurant bruyamment sans larmes, entranspirant et en faisant pipi. Les enfants ont besoin quenous soyons proches et que nous écoutions leurs peurs,exactement comme ils ont besoin que nous soyonsproches et que nous écoutions leurs pleurs. Pendant queles enfants se soignent de leurs peines, ils se sententtotalement tristes, comme si le chagrin ne devait jamaisfinir. De la même manière, quand vous vous rapprochezde votre enfant effrayée, ses peurs deviennent plusintenses. Elle peut se débattre tandis qu’elle tremble ettranspire. Si désordonné et bruyant qu’il puisse paraître,ce procédé est très efficace. Au fil du temps, une enfantdifficile, timide ou belliqueuse transformera complète-ment son comportement et son approche de la vie si onlui donne la possibilité de se débarrasser des peurs qu’elleporte en elle. En écoutant la panique et les peursfrénétiques, vous pouvez débarrasser la vie de votreenfant d’importants obstacles. Vous pouvez l’aider àrécupérer la confiance que ses peurs lui ont volée.

Votre enfant a probablement fait des tentativesrépétées pour utiliser ce processus de guérison et sedébarrasser de ses peurs. Les bébés effrayés vont essayerde guérir en criant bruyamment, les yeux fermés et leurpetit menton tremblant. Ils remuent vigoureusement,transpirent et tremblent tout en criant, et souventpoussent avec les jambes ou se tirent les oreilles. Après lapetite enfance, les enfants poussent des cris aigus etcourent se cramponner à un adulte dans lequel ils ontconfiance au moment où quelque chose les effraie. Si on leleur permet, ils vont trembler, se débattre, transpirer etcrier tandis que l’adulte les tient contre lui et demandepatiemment ce qui s’est passé.

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Voir une enfant ressentir la peur pendant ce processusde rétablissement est troublant pour la plupart des par-ents: le processus de guérison nous fait peur, aussi nousfaisons tout ce qui est en notre pouvoir pour l’arrêter.Nous apaisons, nous distrayons, nous grondons. Nousarrêtons le processus de guérison parce que nousassimilons le fait d’arrêter l’expression de la peur àl’élimination de la peur. Rien ne peut être plus éloigné dela vérité. L’enfant s’arrête, et conserve sa peur. Si elle nepeut pas continuer à pleurer et trembler jusqu’à éliminersa peur, elle ne peut pas émerger pour faire face à ce dontelle avait si peur et comprendre qu’elle a survécu. Soncomportement sera gouverné par cette peur non résolue àdes moments qui ne semblent pas toujours avoir un rap-port avec l’incident effrayant. Elle peut se réveillerrégulièrement avec des cauchemars ou éviter certainesactivités qui la terrorisent. Quand l’un de mes filscommença à avoir peur de me quitter à l’âge de treizemois, il ne voulut plus marcher avec moi jusqu’au parc. Ilinsistait pour être porté. Si je le posais et lui demandais demarcher, il criait, transpirait et plongeait de peur dansmes bras. Je ne comprenais pas à l’époque qu’il avaitbesoin de ressentir la peur et de l’évacuer de manière àpouvoir continuer sa quête d’indépendance. Lestentatives des enfants pour travailler sur la peur sont trèstroublantes: qui devinerait que les laisser être anéantispar la peur dans vos bras peut leur tailler un chemin di-rect vers la confiance ?

LES ENFANTS MONTRENT SOUVENTLEURS PEURS DE FAÇON INDIRECTE

Quelquefois, les enfants ne peuvent pas entamer ceprocessus de guérison de manière directe. Ils ne peuventpas crier et courir pour obtenir de l’aide, parce qu’ils ontappris à avoir peur du fait d’avoir peur. A la place, ilsdemandent de l’aide en “dépassant les bornes” à dessein.

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Soit ils insistent pour éviter certaines activités, personnesou endroits, soit ils agissent agressivement dans des situ-ations qui leur font peur. Il est aussi fréquent que lespeurs des enfants fassent surface indirectement sousforme de colère. (Voir le chapitre “Approcher votre enfanten colère”.)

Ce qui suit contient quelques principes pour aider uneenfant à se remettre de la peur. Ils vous donneront lesinformations de base dont vous avez besoin au momentoù votre enfant crie de peur et où vous vous présentezpour l’aider. Après que les bases du processus deguérison aient été esquissées, suivront des informationspour aider les enfants qui montrent des peursindirectement, par l’esquive ou l’agression.

• Tenez votre enfant près de vous, et assurez-vousqu’elle peut vous voir quand elle le décide.

Une enfant terrifiée a besoin que vous soyez prèsd’elle. Elle a besoin de sentir votre corps tout contre lesien et elle a besoin de voir votre visage calme, attentifchaque fois qu’elle ouvre les yeux. Elle est en train derevivre un moment effrayant, et quand elle porte son at-tention sur vous elle vérifie que vous n’êtes pas vousaussi complètement anéanti(e) par sa peur. Faites ce quevous pouvez pour montrer votre confiance dans le faitque tout va bien. Elle a besoin que vous soyez le solidecontrepoids à la panique qu’elle essaye d’évacuer. Pen-dant qu’elle travaille sur sa peur, une enfant que voustenez dans vos bras va quelquefois crier et arquer le dos,rejeter la tête en arrière les yeux hermétiquement clos.Attirez-la doucement mais fermement vers vous etencouragez-la à vous regarder. Dites-lui que vousresterez près d’elle, et qu’elle peut vous regarder chaquefois qu’elle s’y sent prête.

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• Restez proche, même si votre enfant se débat pourvous repousser.

La peur de votre enfant doit se focaliser sur un sujetpour que le processus de guérison fonctionne. Vousconstituerez en général le point d’attention le plus sûr etle plus fiable alentour. C’est pourquoi, alors que vousvous rapprochez pour l’aider, il se peut que votre enfantcommence à vous repousser, transférant ses sentimentsde peur sur vous. Elle va soudain ressentir votreproximité comme une chose terrifiante, et que vous lamettez en danger mortel en restant avec elle. Sa peur,acquise au cours d’un incident effrayant du passé,s’attache à vous parce que votre enfant ne peut pas livrerbataille aux fantasmes abstraits du passé. Elle livrebataille contre vous. Vous êtes suffisamment proche,suffisamment sans danger, suffisamment dévoué(e) pourrester à ses côtés pendant qu’elle combat cette force quil’a un jour effrayée jusqu’à la soumission. Si vous luipermettez de se débattre, de pleurer et de trembler, sansrépondre avec colère, vous accélérez sa guérison de cetteterreur.

C’est une situation très délicate à gérer. D’une part,nous ne devons pas dominer ou manipuler nos enfants.Quand nous les forçons de manière unilatérale à fairenotre volonté en usant de notre supériorité en taille et enforce, nous leur causons un tort réel. D’autre part, uneenfant ne guérit pas de sa peur si un adulte sûr, conscient,ne reste pas suffisamment près pour permettre à l’enfantde sentir sa peur tandis qu’elle transpire, pleure ettremble pour l’évacuer. Tant que nous apprenons àécouter la peur, il vaut mieux procéder par petits pas.Quand votre enfant commence à avoir peur, approchez-vous doucement pour la prendre dans vos bras. Si ellecrie et s’enfuit, approchez-vous de nouveau, lentement etde manière rassurante. A un certain point, elle va com-

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mencer à crier, trembler et peut-être vous agresser.Contrairement aux apparences, à ce moment-là vouspouvez être satisfait(e). Le processus de guérison acommencé. Vous n’avez pas besoin de vous précipiter:vous avez atteint un bon équilibre entre offrir laproximité et écouter ses peurs.

• Expliquez à votre enfant pourquoi vous restez prèsd’elle.

Votre enfant souhaiterait ardemment ne pas avoir àressentir ses peurs. Pour lui montrer que vous êtesréellement en train de vous occuper d’elle, et non de luirendre simplement la vie plus difficile, vous devrez luiexpliquer encore et encore pourquoi vous restez prèsd’elle. Plus vous pourrez expliciter votre pensée, plus ellepourra vous faire confiance. Alors, pourquoi restez-vousprès d’elle ? Vous restez près d’elle parce que vous voulezêtre vraiment avec elle quand elle a peur. Vous restezparce que vous savez qu’elle ne court aucun danger. Vousrestez parce que vous voulez être avec elle lorsqu’ilsemble que les pires choses lui arrivent. Vous l’aimez etvous ne la laisserez pas avoir peur toute seule. Voustrouverez vos propres raisons en apprenant à faireconfiance à ce processus de guérison de la peur. Vos ex-plications n’empêcheront pas votre enfant de ressentir lapeur. Elles commenceront à prendre un sens pour elleaprès qu’elle aura déchargé suffisamment de peur pourréaliser qu’elle est en sécurité dans vos bras.

• Si votre enfant se débat contre vous, protégez-vouspour ne pas avoir mal.

Pendant que votre enfant se débat avec des sentimentsd’impuissance et de terreur, ne vous attendez pas à cequ’elle soit “polie” ou “gentille”. Elle ne peut pas. Elle abesoin de vous pour comprendre qu’elle combat sespeurs, qu’elle ne vous insulte pas intentionnellement.

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Dans sa peur, une enfant va se battre vigoureusement; sivous restez attentif(ve), elle va trembler, transpirer et sedébattre pendant un certain temps. Essayez de trouverdes moyens de vous approcher et de la prendre dans vosbras, tout en vous protégeant de ses mouvementsfrénétiques. Si elle veut frapper, opposez une mainprotectrice à ses bras, ou tournez-vous pour que sespoings frappent votre dos ou vos épaules, là où vousn’aurez pas mal. Si elle donne des coups de pieds, vouspouvez la prendre doucement sur vos genoux et luienlever ses chaussures, pour que ses pieds tapent sur letapis et pas sur vous. En rendant cette lutte possible, vouspermettez à votre enfant de vaincre avec puissance sessentiments d’impuissance. Et en vous protégeant, vousvous assurez qu’elle ne va pas se sentir coupable de cettelutte nécessaire. Vous lui donnez une chance de se battreen sécurité pour trouver son chemin à travers unévénement effrayant, plutôt que de pleurnicher, se sentirvictime ou se retirer dans la passivité.

Une enfant qui a fait face à des situations terrifiantes vase battre avec ce qui semble une farouche détermination àblesser la personne sûre qui l’aide. Il est possible de déve-lopper sa capacité à écouter et à être tendre tout en seprotégeant soi-même rapidement et fermement. Si uneenfant essaye de tirer les cheveux ou de griffer, vousdevrez lui tenir les mains doucement mais fermementhors de portée de votre visage, en lui faisant savoir quevous ne tiendrez ses mains qu’aussi longtemps qu’elleessayera de vous faire mal. Elle peut continuer à travaillersur ses peurs, luttant en sécurité contre toutes lescontraintes souples qu’elle rend nécessaires.

• Rassurez votre enfant sur le fait que le présent estsans danger.

Pendant qu’ils se débarrassent de leur peur, les enfantsrevivent souvent des fragments de l’incident qui les a

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terrifiés. Les enfants qui ont eu des difficultés à respirer àla naissance ont souvent l’impression qu’ils ne peuvent ànouveau plus respirer; de fait, ils peuvent commencer àtousser et être congestionnés pendant un moment. Lesenfants qui ont souffert d’une blessure ou d’uneopération précoce peuvent ressentir le fait que vous lestouchiez comme une douleur insupportable; les enfantsqui ont été menacés par un adulte, ou par un frère ou unesœur vont être persuadés que vous êtes furieux(se) contreeux et prêt(e) à les blesser. Vos paroles constammentrassurantes sont une aide pour l’enfant qui travaille sur sapeur. Par exemple, peut-être votre enfant a t-elle peur dene pas pouvoir respirer, et plus tard, peur parce que soncorps est si chaud. (Dans ce processus de guérison, lesenfants évacuent de grandes quantités de chaleurcorporelle.) Vous pouvez dire d’une voix ferme: “Je suislà juste à coté de toi. Tu arrives très bien à respirer. Jesurveille chaque respiration, et je vais m’assurer que tu net’arrêtes pas de respirer. Je ne vais pas te laisser te battrecontre ça toute seule. Je surveille tout le temps pour êtresûr(e) que tu vas bien. C’est juste moi qui te tiens. Tu aschaud, mais tu vas bien. Tu te refroidiras plus tard. Je vaismettre ma main sur ta tête pour t’aider à te refroidir. Quoique ce soit qui t’ait fait peur, c’est fini maintenant. Rien nepeut te blesser avec moi ici à coté de toi.” Votre ton devoix est important. Vos mots sont une force apaisante,mais un ton calme, confiant, rassure beaucoup plus queles mots eux-mêmes.

Ne vous attendez pas à ce que vos mots rassurantscalment votre enfant. Une fois qu’elle a plongé dans letravail sur ses peurs, vos mots et votre ton signalent àvotre enfant que vous n’avez pas peur. Cela la fera sesentir en sécurité pour continuer à travailler. Plus vousparaissez confiant, plus elle peut se sentir paniquée. Sivos mots pour la rassurer adressent de manièreappropriée l’incident sur lequel l’enfant travaille, elle va

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pleurer et trembler intensément. Par exemple, un enfantde deux ans que je connais avait trébuché sur un jouet.Quand sa mère vint à ses cotés, il commença à se battrecontre elle avec des pleurs bruyants, les yeux fermés. Ellelui dit qu’elle resterait avec lui, et lui parla de manièrerassurante. Il devint plus apeuré, agité et bruyant. Ilcommença à donner des coups de pieds et à crier: “Porte-moi ! Porte-moi !” Sa mère le prit et le mit sur ses genoux.Il continua à crier pour qu’elle le porte, transpirant etbattant des jambes les yeux fermés sur ses genoux. Sessentiments le rendaient fou. Au bout de cinq à dix min-utes, il est venu à l’esprit de la mère que six mois plus tôtil s’était coupé au visage pendant une chute, et bienqu’elle ait été avec lui quand le docteur lui faisait lespoints de suture, il avait été sanglé pendant l’opération.Elle lui dit: “Je suis désolée de n’avoir pas pu te porterquand tu étais à l’hôpital. Je voulais te porter. Je te tiensmaintenant, et tu es en sécurité. Je suis désolée, chéri.” Sesyeux se sont ouverts brusquement, et il l’a regardéedirectement, puis s’est accroché à elle, tremblant etsanglotant intensément pendant qu’elle répétait ses ex-cuses pendant encore un quart d’heure. Ses motsrassurants et appropriés lui avaient permis de travailleren profondeur pour effacer sa peur.

• Continuez à vous rapprocher pour prendre l’enfantdans vos bras.

Votre enfant aura besoin que vous vous rapprochiez demanière graduelle et attentionnée jusqu’à la tenir complè-tement dans vos bras. Vous n’avez besoin de vousrapprocher qu’un petit peu à la fois, en disant ce que vousallez faire avant de le faire: “Je vais poser la main sur tonfront, ma chérie. Je sais que tu as peur, mais c’estseulement ma main.” Quelquefois, alors que vous dites ceque vous allez faire, l’enfant va avoir une peur intense dusimple mouvement que vous proposez. Quand la seule

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pensée que vous vous rapprochiez la fait se débattre ettranspirer, continuez à lui dire ce que vous voulez fairemais faites-le extrêmement graduellement. Vous pouvezprendre dix minutes pour toucher réellement son front,en gardant votre main visible pendant qu’elle tremble etpleure comme si c’était une terrible menace. Il est trèsutile pour l’enfant d’avoir ce genre de prétexte sans dan-ger pour focaliser ses peurs.

Plus votre enfant se débat, tremble, pleure et transpirelongtemps, plus il devient clair qu’elle élimine des peursanciennes. Elle ne vous dira pas: “Oh, maintenant jecomprends ! Je suis en sécurité dans tes bras et je merappelle quand je suis née et que je n’arrivais pas àrespirer au début !” Mais son attention tandis qu’elle sedébat contre vous va passer graduellement de la peur devous aux sentiments qu’elle avait lors de l’incident surlequel elle travaille. Elle va changer de ton, depuis: “Tu esméchante et je veux que tu te pousses de là”, pour arriverà: “Je ne peux pas respirer, Maman (Papa) je n’ai pasassez d’air ! Aide-moi ! Je ne respire plus du tout !” (Pen-dant ce temps, elle prend de profondes inspirations.) ouencore: “Je ne peux pas prendre mon souffle ! Aide moi !Oh, j’ai peur !” Pendant qu’elle se rappelle ce momenteffrayant, elle aura besoin de vous auprès d’elle, corpscontre corps.

Souvent, à la fin d’un travail important sur la peur,l’enfant va passer du sentiment de peur au sentiment desoulagement et d’intimité avec vous. Elle va se détendredans vos bras et sangloter tandis qu’elle réalise que vousavez traversé ses pires sentiments avec elle. Tenez-latendrement. Elle se sent proche de vous, soulagée etprofondément comprise. C’est un moment importantdans sa relation avec vous.

Après avoir travaillé les peurs, les enfants ont besoinde temps pour réadapter leur perception du monde. Ils le

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voient et le ressentent comme un endroit différentmaintenant qu’il y a moins à craindre. Vous allez voirvotre enfant observer, écouter et toucher tranquillementavec une conscience nouvelle. Elle peut vouloir seulementvous regarder et toucher votre visage quelques minutes,ou elle peut tomber dans un profond sommeil dans vosbras après des pleurs détendus et quelques bâillements.

• Si à un moment quelconque vous commencez àressentir peur ou colère, n’essayez plus d’aider votreenfant.

Il est important que nous essayions d’aider nos enfantsà vaincre leurs peurs seulement quand nous sommesnous-mêmes raisonnables. Si nous commençons àressentir peur ou colère, il vaut mieux s’arrêter et dire: “Jene peux plus t’aider pour ça. Restons-en là tous les deux –je ne peux pas t’écouter plus longtemps.” Il est très im-portant de conserver la confiance de notre enfant en neprétendant pas les aider quand nous sommes bouleversésou en colère. Soyez cependant prévenu(e) qu’une foisqu’une enfant a commencé à travailler sur ses peurs, il luiest difficile de s’arrêter au milieu du gué. Si vous devezvous écarter abruptement, cela peut lui prendre un cer-tain temps pour revenir à son état normal. Elle peutcontinuer à trouver des raisons d’être contrariée, en colèreou effrayée, espérant que vous allez revenir l’aider à ter-miner le travail qu’elle avait commencé.

Parce que nous nous sentons tellement concernés parles peurs de l’enfant, et parce que nous avons tendance ànous mettre facilement en colère quand il y a luttedéclarée contre nous, il faut beaucoup de temps et depratique pour apprendre le rôle qui consiste à écouter lespeurs de l’enfant. Il se peut que vous remarquiez quevous pouvez donner votre soutien jusqu’à ce qu’elle vousinsulte dans votre manière d’être parent, ce qui vous meten colère, ou jusqu’à ce qu’elle vous regarde avec

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panique, ce qui vous panique à votre tour. Faire desséances régulières de co-écoute sur ce qui déclenche vospeurs ou votre colère vous aidera à naviguer toujoursplus loin sur ce territoire inexploré. Pour écouter les peursd’une enfant, il faut que les parents s’attaquent à des sen-timents forts, à la fois ceux de leur enfant et les leurs.

QUAND LES ENFANTS ÉVITENTCE DONT ILS ONT PEUR

Quand votre enfant accourt vers vous et essaye de secacher d’une situation terrifiante, votre rôle pourdémarrer le processus de guérison est simple. D’abord,assurez sa sécurité. Supprimez toute menace réelle. Puisencouragez-la à faire face à la situation qui l’effraie. Luidemander de regarder la personne ou la chose qui lui faitpeur, ou de se rapprocher un petit peu, peut être un bonpremier pas. Si l’enfant est raide de peur, il vous faudrareculer à une distance de plus grande sécurité avant delui demander de regarder. Vous pourrez avoir à insisterun peu, relevant son visage de vos genoux ou vousglissant tous les deux quelques centimètres plus près.Vous essayez d’arriver à un équilibre délicat: attentionaimante et sécurité, plus une touche de ce qui apparaît àl’enfant comme un danger. Si vous ne montrez pas assezde chaleur et de tolérance (“Allez maintenant, marchevers ce toutou. Allons-y !”) l’enfant se sent forcée à agir, etne peut pas se débarrasser librement de ses peurs. Si vousmontrez trop de sympathie (“Viens-là, mon cœur. C’estun gros toutou très effrayant. Allons là où il n’y a pas detoutou”) l’enfant n’a pas le soutien dont elle a besoin pourfaire face aux sentiments de peur qui doivent monter à lasurface pour que la guérison puisse avoir lieu.

A la garderie dont je m’occupe, une enfant commença àavoir peur tous les jours au moment du déjeuner. Elle nevoulait pas s’asseoir pour manger, et était très contrariéequand on lui offrait une autre nourriture que du lait et

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des céréales. Elle restait tranquille et se retirait à l’autrebout de la pièce lorsque c’était l’heure d’un repas chaud.Pour démarrer le processus de guérison de ses peurs, il asuffi qu’une puéricultrice en qui elle avait confiancevienne vers elle, passe doucement un bras autour d’elle,et suggère (sans obliger) qu’elle vienne déjeuner. Tandisqu’elle ressentait la légère poussée vers la table, ellecommença à crier, protester et transpirer. Quand elles’arrêta pour regarder autour d’elle après quelques min-utes de panique, la puéricultrice lui dit: “Pouvons-nousaller à table maintenant ?” et la poussa de nouveau danscette direction. Elle se focalisa de nouveau sur ses peurs.Quelquefois, nous devions la porter à table contre savolonté, parce que les autres enfants avaient besoin de lapuéricultrice. Elle avait toute latitude pour trembler etpleurer sur les genoux de la puéricultrice pendant ledéroulement du déjeuner des autres enfants. Aprèsbeaucoup de paniques pendant tout le déjeuner, elle acommencé à pouvoir rire en essayant de toucher sanourriture, et enfin, elle a commencé à choisirvolontairement et manger des plats qu’elle n’avait pas étécapable de regarder auparavant. Nous n’avons jamais sucomment sa peur de la nourriture avait commencé, maisnous avons effectivement réussi à l’aider à l’éliminer.

LE RIRE AIDE LES ENFANTS À ÉLIMINER LES PEURS

Si la peur de votre enfant n’est pas trop envahissante,vous pouvez commencer à aider à la dissiper enencourageant le rire, qui relâche les tensions plus légèrescausées par la peur. Votre enfant va rire si vous vousmontrez comiquement effrayé(e) par ce dont elle a peur, àun moment où elle ne se sent pas menacée. Quand voussimulez la peur d’une manière fofolle, joueuse, votreenfant va pouvoir rire de bon cœur encore et encore, et vaprobablement participer au jeu dans un rôle puissant: “Jete dis quoi faire et tu dois le faire !” Ce nouvel équilibre

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du pouvoir – la grande personne terrorisée etimpuissante, la petite personne intrépide et dominatrice –est un tel soulagement par rapport à l’expériencequotidienne d’une enfant que le rire éclate pleinementtandis que les tensions se relâchent.

Un enfant de six ans que je connais avait peurd’appeler au téléphone. Tous ses amis se servaientfacilement du téléphone, mais il demandait toujours à samère d’appeler pour lui, d’une voix gémissante et avec unregard de chien battu. Un jour où sa mère et lui étaientseuls ensemble à la maison, elle déposa le téléphone sur lesol là où il jouait et dit avec un manque d’assuranceexagéré: “Je dois appeler Mary, mais je ne crois pas que jepuisse le faire ! Oh mon Dieu ! Si seulement je n’avais pasà le faire !” Elle commença à faire le numéro, mais jeta lecombiné par terre avec panique. “Je ne peux pas leFAIRE !” A ce moment, son fils paraissait curieux etamusé, mais ne riait pas encore. Elle continua. “Oh !Comment vais-je faire ? Je ne saurai pas quoi dire !” Ellerecommença à faire le numéro, poussa des cris perçants etrejeta le combiné comme si c’était une pomme de terrebrûlante. A ce moment, il rit de bon cœur. La mère con-tinua son monologue de froussarde, s’assurant de rejeterle combiné souvent, puisque cela semblait être la clé pourle faire éclater de rire. Après un moment, il commença àlui donner des instructions: “Décroche le téléphone,Maman. Allez, tu dois l’appeler, maintenant !” Finalement,elle tapa sept chiffres, fit semblant de commencer uneconversation, puis raccrocha avec panique. Rires plusforts. Son fils commença à se moquer d’elle: “Maman, tues si bête ! Est-ce que tu ne peux même pas parler autéléphone ?” Il lui tendait le téléphone, et elle le jetait parterre avec peur. Il s’ensuivit beaucoup de rires et un peude chahut, tandis que la maman essayait d’échapper à sondevoir et que son fils la tirait en riant vers le téléphonemalgré ses protestations pitoyables.

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Après environ vingt minutes de jeu animé, la mamandit qu’elle devait retourner à son travail et arrêta le jeu. Adeux autres reprises la semaine suivante, elle trouva letemps de jouer au “jeu du téléphone”, observant les mo-ments qui faisaient rire son fils et brodant sur ces thèmes.Elle ne lui dit rien de sérieux ou d’instructif sur le fait detéléphoner lui-même. Quelques jours après sa troisième“séance de téléphone”, son fils lui demanda le numéro deson meilleur ami. Elle lui demanda s’il voulait de l’aidepour appeler. Il répondit que non, qu’il voulait qu’elleaille dans l’autre pièce pendant qu’il le faisait lui-même.Elle y alla, et écouta de loin pendant qu’il donnait sonpremier coup de téléphone de façon indépendante.

Ce jeu maternel illustre un point général: les enfantspeuvent regagner plus de confiance grâce au rire. Lesenfants adorent jouer à des jeux dans lesquels ellestiennent le rôle de celle qui est rapide, brave, sure d’elle,et l’adulte de celui qui est lent, timide, emberlificoté. Lerire et la permission de se dépenser librement permettentd’avoir un aperçu de pouvoir et de relâcher la tensionaccumulée en tant qu’habitants d’un monde vaste,bruyant, surprenant, et où les adultes imposent leurrythme.

Ce genre de jeu donne souvent à votre enfant unmoyen d’étaler et de travailler ses peurs les plusprofondément enracinées. Par exemple, votre fille a peut-être sauté sur vous pour essayer de “faire du cheval”,riant gaiement tandis que vous la secouez doucementpour la faire tomber et essayez faiblement de vous enfuir.Le jeu a continué une vingtaine de minutes. Elle se cogneun peu le genou sur le tapis – manifestement, sans se fairetrès mal. Mais elle vous regarde avec dans les yeuxsouffrance et reproche, se tait et roule loin de vous. Ellereste étendue là, éloignée et immobile. Tandis que vous latenez doucement et l’encouragez à vous regarder, elle

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commence à crier et à donner des coups de pied comme sivous lui faisiez mal. Elle a utilisé la sécurité du jeumerveilleux auquel vous avez joué comme un tremplinvers la guérison de ses peurs les plus pénibles. Ce passagedu rire aux sentiments profonds de peur est presquetoujours soudain. Cela déroute les parents, qui essayentd’écourter le jeu avant qu’il n’arrive à ce stade productifmais difficile. Nous avons des enfants qui sont avides defaire le travail de guérison de leurs peurs, et qui sententune opportunité de premier choix quand nous jouonsavec eux librement et en les respectant.

LES PEURS NOCTURNES

Beaucoup d’enfants ont du mal à aller se coucher lesoir, ou se réveillent apeurés avant le matin. Un bonmoyen de commencer à guérir les peurs du coucher est debeaucoup jouer activement, avec rires et chahut (pas dechatouilles) permettant à l’enfant d’avoir le dessus, avantla coucher. Cela vous met en contact physique étroit avecvotre enfant, ce qui est un moyen primordial pourrassurer les enfants. Cela donne aussi à votre enfant lesentiment d’être comprise: les enfants se sentent trèsproches des adultes quand le temps qu’ils passent en-semble est rempli de jeux et de rires. Quand il sera l’heured’aller au lit, votre enfant aura accès bien plus facilementà ses peurs et autres sentiments qui interfèrent avec sonsentiment de sécurité. Elle peut commencer par protestercontre la coucher, ou par refuser de se laver les dents, oupar insister que lui soit lue histoire après histoire. Soyezsimplement content(e), confiant(e), et continuez à allerdans la direction du coucher. “Je sais que tu n’aimes pasça, Célia, mais c’est l’heure d’aller au lit maintenant.”“Tourne-toi vers la salle-de-bains, où se trouve ta petitebrosse à dents bleue !” “J’ai lu trois histoires. Il va falloirgarder celle-ci pour demain.” Une fois de plus vousvoulez lui donner de la sécurité par votre chaleur, en

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même temps qu’une petite poussée en direction de ce quecraint votre enfant.

A un certain moment, votre enfant pourra se laisseraller à la lutte, la transpiration et les pleurs effrayés. Quelque soit le point de déclenchement, insistez légèrementdessus: si votre enfant pleure et se débat pour ne pas allerà la salle-de-bains se brosser les dents, tenez-la etrappelez-lui de temps en temps: “C’est toujours l’heured’aller à la salle-de-bains et de te préparer à te coucher,Célia.” Si elle crie et s’agrippe à vous quand vous bougezle bras pour partir après lui avoir fait un câlin dans le lit,écartez un peu votre bras, pour qu’elle puisse sentir laséparation imminente (en même temps que la sécurité devotre autre bras autour d’elle). Si vous vous focalisez sur“le résultat final”, lui faire se brosser les dents ou en ter-miner avec la séparation pénible, ces moments de travailsur la peur vont beaucoup vous irriter. Pour aider àguérir les peurs d’une enfant, nous les adultes devonsassouplir notre emploi du temps immédiat. Le travailprend du temps et des efforts, mais il libère finalementvous et votre enfant de la dépendance de longs rituels decoucher, qui ne masquent que temporairement les peurssous-jacentes d’une enfant. Le travail sur les peurs ducoucher semble aussi améliorer le sentiment global desécurité de l’enfant dans le monde.

Un couple, après avoir passé deux heures chaque soirpendant des mois à essayer d’endormir leur fille de 3 ans,décida de l’aider à s’attaquer à ses peurs. Ils la câlinèrent,lui dirent qu’ils allaient se lever et aller dans l’autre pièce,et s’écartèrent juste assez pour qu’elle commence àpleurer. S’ils la tenaient de trop près, les pleurs et la luttes’arrêtaient, aussi ils la tinrent doucement à une trentainede centimètres d’eux pour qu’elle puisse les voir. Elle sedébattit, pleura et transpira abondamment pendantenviron deux heures. Ils étaient épuisés. Enfin, son regard

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apeuré s’éclaircit, elle demanda à chacun de l’embrasser,puis dit qu’elle voulait se coucher. Ils la bordèrent etrestèrent à l’entrée de sa chambre un moment pendantqu’elle s’endormait. Ils avaient très peur de lui avoircausé du mal. Quand sa mère la récupéra à la garderie lelendemain après-midi, la puéricultrice, qui ne savait pasce qui s’était passé la nuit précédente, vint vers la mère etlui dit: “Cora a été extraordinaire aujourd’hui. Elle était siamicale, si ouverte, si prévenante avec les autres enfants.Nous ne l’avions jamais vue aussi sûre d’elle !” Elle eutquelques autres courtes périodes de pleurs au coucherpendant les quelques semaines suivantes, mais pouvait sedétendre et se coucher beaucoup plus rapidementqu’auparavant.

Quand votre enfant se réveille terrorisée la nuit, vouspouvez l’aider à faire des progrès significatifs pouréliminer les peurs qui s’emparent d’elle. Le plus grandproblème avec les terreurs nocturnes, c’est que nous lesparents ne sommes pas à notre meilleur niveaud’attention aux petites heures de la nuit. Votre enfant estprête à se débattre, transpirer et pleurer pour éliminer sespeurs, et elle a seulement besoin de votre présence pourencourager le processus. Il est souvent positif d’allumer lalumière, ou de l’emmener dans une pièce éclairée, pourque quand elle revient à l’état conscient elle sache où ellese trouve. Ne vous préoccupez pas trop de la réveiller deson rêve. Elle se réveillera quand elle aura pu combattreses peurs suffisamment longtemps. D’une certainemanière, le rêve lui est utile. Il donne accès aux senti-ments de peur, qui montent à la surface puis se dissolventpar les tremblements et la transpiration.

Donner de l’attention aux peurs de votre enfant pen-dant la journée, avec des jeux où l’on rit et avec lapermission de trembler et de pleurer, aidera à résoudrecertaines de ses peurs nocturnes. Cependant, il semble

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que les enfants n’abordent certaines de leurs peurs quependant le sommeil, quand leur garde consciente serelâche. Vous pouvez aussi trouver, si vous dormez avecvotre enfant, que quelquefois elle transpire ou tremblenotablement pendant la nuit. C’est le processus deguérison au travail – sans beaucoup d’aide de votre part,pour une fois.

QUAND LA PEUR PROVOQUE L’AGRESSION

Quelquefois les enfants masquent leurs peurs. Ils sesentent inconfortablement distants et seuls maisn’arrivent pas à trouver le moyen de s’en sortir. Dans cetétat, ils se conduisent normalement aussi longtempsqu’ils le peuvent, puis brusquement ils frappent un autreenfant, tirent les cheveux de la petite sœur, oucommencent à vous agresser. Ces moments d’agressivitésont une plaie pour les parents. Ils sont facilement malinterprétés comme des actes intentionnels de méchancetéet ils provoquent une montée d’irritation entre parent etenfant. Nous pensons: “Pourquoi n’arrive-t-elle pas en-core à se contrôler ? Elle a déjà __ ans !”

Quel que soit le nombre d’années que les gens ontvécu, quand ils ont peur ils ne peuvent pas penser.Quand les enfants ont trop peur pour penser, ils imitentles événements qui les ont blessés. Ainsi si votre enfant aété poussée dans la cour de récréation, elle aura tendanceà pousser quelqu’un quand elle est tendue ou qu’elle apeur. Des enfants qui ont été injuriés ou qui en ont vud’autres souffrir d’être injuriés vont, quand ils se sententtendus ou seuls, dire ces injures, qu’ils comprennent lesmots qu’ils utilisent ou non. Les incidents effrayantss’impriment dans le comportement d’une enfant demanière très littérale.

Pour aider une enfant à travailler sur des peurs qui luifont agresser les autres, un parent doit anticiper le

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problème, être là avant que le mal ne soit fait, ets’interposer pour l’empêcher. Si vous intervenez aprèsqu’une enfant ait fait mal à un autre, l’agresseuse se senten général si coupable qu’elle ne peut montrer aucun sen-timent. Elle ne se sent pas assez en sécurité pour pleurerefficacement ou pour trembler de manière à évacuer sesémotions.

Tous les enfants donnent des signaux d’alarmeindiquant que leurs peurs prennent le dessus sur eux.Cela va demander un certain travail d’investigation derepérer ces signaux d’alarme. Regardez et écoutezsoigneusement. Ce qui suit est un certain nombre designaux dont je me souviens, venant de certains enfantsque j’ai connus. “Quand Maman passe la soirée hors de lamaison, Louis va mordre un autre enfant à la garderie lelendemain matin.” “Quand d’autres enfants restent assisprès de Carole plus d’une minute ou deux, elle va lesfrapper ou leur donner un coup de pied.” “Quand Bobbyrevient à la maison après l’école et claque la porte derrièrelui sans regarder personne, il va commencer à insulter sapetite sœur avant dix minutes.” “Quand la petite Jennyest laissée en présence d’un bébé, elle peut être tendrependant une demi-minute environ, puis elle commence àle pousser et le piquer.” “Quand Nathan arrive tard à lamaternelle, il commence immédiatement à injurier lesautres enfants.”

Une fois que vous connaissez les signaux d’alarme,dissiper la peur de l’enfant consiste simplement à être làpour apporter votre chaleur et votre attention à la situa-tion qui dérape. Vous voulez permettre aux peurs del’enfant de monter à la surface, où elles peuvent êtreressenties et éliminées. C’est pourquoi vous restezchaleureux(se) et proche, peut-être juste à coté de l’enfantdont vous pensez qu’elle va agresser un autre. En mêmetemps, vous êtes en alerte pour protéger les autres de

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l’agression. Quand finalement elle se penche pourmordre, ou allonge la main pour tirer les cheveux, oucommence à donner des coups de pieds, vous arrêtezl’action doucement mais fermement. Prenez-la sur vosgenoux, ou attrapez sa main dans son mouvement versles cheveux du petit frère, ou tenez-lui la jambe pourqu’elle ne puisse pas donner des coups de pied, avant quequiconque ne soit touché. Vous n’avez pas besoin de diregrand chose. Peut-être direz-vous: “Je ne peux pas telaisser faire mal à Antoine.” “Il semble que tu veuillesmordre. Viens sur mes genoux un moment.” “Je vais tenircette jambe pour qu’elle ne puisse pas faire mal àAudrey.” Si votre voix est ferme et naturelle, une enfantne sera pas effrayée par vos sentiments et pourra seconcentrer sur les siens. Quand elle sent le besoin de fairemal à quelqu’un mais qu’on l’empêche de le faire sansblâme ou émotion excessive, votre enfant va être capablede sentir et travailler sur les peurs qui la poussent àdonner des coups. Elle va essayer de se débattre pourvous échapper, ou va simplement laisser éclater sesémotions. Si elle reste raide et distante, encouragez-lachaudement à vous regarder et à vous dire ce quil’ennuie.

Un jeune enfant à la garderie dont je m’occupe mordaitsystématiquement un autre enfant quand il n’avait pas vusa mère la nuit précédente. Comme elle assistaitrégulièrement à des cours, nous savions exactement quelsmatins nous attendre à ce qu’il soit suffisamment effrayépour mordre. Il entrait dans la pièce un peu troptranquille et discret ces jours-là, mais il disait au-revoirsans se coller et commençait à jouer. Nous avons appris àavoir une puéricultrice qui l’accueillait chaleureusement,puis restait à peu de distance de lui, pour que quand ils’élançait vers le bras d’un enfant elle ait une bonnechance de l’arrêter avant qu’il ne l’ait atteint. Elle passaitun bras autour de sa taille pour qu’il ne puisse pas aller

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plus loin, et le prenait sur ses genoux. Il se tortillait etregardait ailleurs. Si elle lui parlait doucement, disant:“Louis, je suis désolée que tu ne te sentes pas bienaujourd’hui. Je ne peux pas te laisser mordre Annie. Dis-moi ce qui t’a ennuyé”, il pleurait et se débattait pours’échapper, transpirant et travaillant sur ses peurs. Si lapuéricultrice devait le quitter en cours de route pours’occuper d’un autre enfant il restait assis par terre l’airdésespéré. Quand elle revenait avec des mots chaleureuxet son étreinte rassurante, il se débattait et pleurait encore.Nous avons découvert que s’il pouvait travailler de cettemanière sur ses peurs et sa tristesse pendant un quartd’heure environ, il en sortait plus gai et étaitgénéralement capable de passer la matinée sans mordre.Si nous ne pouvions pas lui donner assez de temps pourtravailler, ou si nous étions si énervées qu’il ne pouvaitpas trouver assez de sécurité pour pleurer, la tendance àmordre refaisait surface encore et encore. Au long desnombreux mois où il eut de courtes occasions detravailler ses peurs, il devint plus doux, nous fit plusconfiance et fut plus facilement capable de simplementpleurer quand il était contrarié plutôt que d’emmagasinerla tension jusqu’à ce qu’il ait besoin de frapper.

ÉCOUTER LES PEURS D’UNE ENFANT, C’ESTCOMME FAIRE DE LA CORDE RAIDE

Pratiquement aucun parent n’a jamais vu un autreadulte écouter une enfant travailler sur ses peursprofondes. Ce que nous avons vu est de la rudesse, del’humiliation ou du rejet adressés à des enfantssubmergés par leurs peurs. “Arrête tout de suite teshistoires, ou je vais te tanner la peau !” “Allez, ne fais pasle bébé. Tu vas dans la classe maintenant ou je dis à lamaîtresse que tu veux rester à la maison dans les jupes demaman !” “Chaque fois que tu frappes ta sœur, je vais temettre dans ta chambre et fermer la porte. Ca t’apprendra !”

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Cela prend du temps, de la pratique et beaucoup desoutien de sortir de nos habitudes de punir les enfantsquand ils agissent par peur. Nous cherchons à acquérir lacapacité à les aider à se débarrasser de leurs peurs, àdéterrer la racine de leurs timidités et de leurs agressions.Comme des funambules, nous devons contre-balancerprécautionneusement l’attraction exercée par lesanciennes habitudes. Nous avançons peu à peu avec uneconfiance toute neuve dans le pouvoir récupérateur denos enfants: quand ils sont lovés dans nos bras, se sentantprofondément effrayés, nous écoutons. Nous restons aveceux à travers les sentiments, les tenant doucement jusqu’àce qu’ils retrouvent leur sentiment de sécurité. Alors,enfin de l’autre coté du fil, nous les regardons apprécierde nouveau leur monde, moins effrayés et plus puissantsqu’avant.

Pour la plupart des parents, apprendre ce typed’écoute requiert des efforts conscients et répétés. Nousavons trouvé au cours des années que les parents quiveulent améliorer leur capacité à écouter progressentmieux lorsqu’ils sont eux-mêmes écoutés. Les séances deco-écoute et des groupes de soutien pour les parents quise rencontrent régulièrement constituent deux sourcesefficaces de soutien. Ils donnent une chance aux parentsde réfléchir, de rire ensemble des difficultés communes etde voir combien chacun de nous se soucie profondémentde ses enfants.

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APPROCHER VOTRE

ENFANT EN COLÈRE

LE DÉFI

Quand nos enfants sont en colère, c’est un véritabledéfi pour nous les parents. L’intensité de leurs sentimentsest grande, et nos sentiments en réponse sont forts. Nousessayons souvent en premier lieu de “faire entendreraison à l’enfant”. Les raisonner résout rarement leproblème pourtant, parce que les enfants sont piégés parleurs sentiments de colère. Leur intelligence et leur bonsens usuels se retrouvent temporairement, maistotalement, hors d’usage. Ils ne peuvent ni écouter nicomprendre ce que nous disons. Notre propre frustrationgagne du terrain à mesure qu’ils s’enferment dans leurposition “impossible”. Nous tombons souvent nous aussisous le coup de la colère quand nos enfants se mettent encolère.

Comment transformer des moments de colère en mo-ments constructifs ? Comment réduire la distance quecrée la colère ? Ce dont nous avons besoin, c’est d’unmoyen de rétablir une bonne communication entre nosenfants en colère et nous. Nous voulons leur faire savoirqu’ils sont aimés, même si les choses ne vont pas toujourscomme ils le veulent. Si nous tendons la main à uneenfant en colère, offrant attention et amour, elle aura unechance de se frayer un chemin à travers son ressentiment

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et de l’éliminer. L’alternative est de punir ou d’isolerl’enfant, qui met alors sa colère en réserve à l’intérieurd’elle-même, où elle tend à s’accroître et à s’assombrir.

Gérer la colère des enfants est l’une des tâchesparentales les plus difficiles, et également l’une des plusuniverselles. Les informations et les techniques présentéesici sont basées sur l’observation montrant que lorsque lesenfants se sentent bouleversés ou hors contact, ils vontretrouver leur sentiment de bien-être s’il leur est permisde décharger: pleurer, trembler et transpirer, faire unecrise de rage, ou rire. La décharge expulse la souffrance,et si le parent reste proche, permet à l’enfant de se sentir ànouveau capable et aimée.

NOTE: Avant de poursuivre, veuillez lire les cinqautres chapitres: “Le temps particulier”, “Le jeu-écoute”,“Les pleurs”, “Cris de rage et indignation”, et “Guérir lesenfants de leurs peurs”.

Pour avoir de bonnes bases pour progresser pendantles moments de colère, nous les parents pouvons bienpréparer le terrain en instaurant des “momentsparticuliers” avec notre enfant. Les “momentsparticuliers” jouent le rôle d’antidote aux temps de crisequi nous posent problème. Ils permettent à nos enfants decommuniquer avec nous en leurs termes et à leur manière.Tandis que nous leur donnons de l’attention, trouvant desmoyens de les faire rire et d’explorer, ils développent leurconfiance dans le fait que nous sommes de leur côté. Ilspeuvent voir que nous les aimons exactement tels qu’ilssont.

Quand, enfants, nous étions en colère, la plupartd’entre nous étions traités sans ménagement. Avec de lachance, nous étions envoyés nous calmer ailleurs sansmauvais traitement physique ou verbal. Beaucoup d’entrenous n’ont pas eu cette chance. Nos parents ne pouvaientpas supporter notre colère; ils étaient trop bouleversés

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pour nous aider à traverser nos périodes difficiles. Parceque nous avons hérité de cette intolérance vis-à-vis de lacolère, un aperçu général de ce qu’est la colère peut êtreutile.

LA COLÈRE RECOUVRE DES BLESSURESPLUS PROFONDES

Une enfant en colère est en fait vraiment effrayée ettriste sous ses dehors durs. Même si l’incident semble depeu d’importance, elle ressent que quelque chose de vitalpour elle est menacé, et elle n’a pas d’autre choix que dese battre. Elle se sent aussi très seule. Pour autant qu’ellepuisse en juger, personne ne la comprend, personne ne vavenir à son secours, tout le monde veut la blesser. Lesenfants ont un penchant naturel pour l’affection et la ca-maraderie. Quand vous voyez une enfant attaquerfurieusement ceux qu’elle aime, vous pouvez supposerqu’elle a sur le cœur des sentiments extrêmement dou-loureux. Elle lève sa garde, nous défiant de prêterattention au fait qu’elle est blessée et qu’elle a besoind’aide.

Quand les enfants se sentent tristes, ils peuventéliminer leur souffrance en pleurant. Quand ils ont peur,ils évacuent leur peur en pleurant, tremblant ettranspirant. Quand ils sont frustrés, ils retrouvent lechemin de la satisfaction de vivre par des crises de rage.On peut se fier à ces processus de guérison pour restituerà une enfant sa capacité d’aimer, de raisonner etd’apprendre. Cependant, il n’y a pas de processusspécifique pour guérir les sentiments de colère. La colèreest le fil barbelé au travers duquel nous parents devonsramper pour atteindre une enfant qui est effrayée etremplie de chagrin. Dès que nous apprenons à nousfrayer un chemin vers nos enfants pendant qu’ils sont encolère, nous pouvons les aider à se débarrasser du cha-grin et de la peur qui constituent le nœud du problème.

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LA COLÈRE D’UNE ENFANT SOUS-TEND TOUJOURSUNE EXPÉRIENCE DE PEUR

Quand les enfants se sentent en danger, qu’ils sont troplaissés seuls, ou quand ils sont les témoins dessouffrances d’autrui, de fortes peurs les empoignent. Pen-dant ces périodes blessantes, ils sont presque toujourstrop effrayés ou écrasés pour se défendre. Un combat àoutrance serait une réaction saine face au danger, mais sila peur est écrasante, elle rend les enfants passifs. Ilsbattent en retraite ou se figent, et essayent discrètementde survivre. Ces moments effrayants font une forte im-pression. Les enfants restent effrayés longtemps aprèsavoir retrouvé la sécurité. Ils gardent en mémoire la peurà la fois de la difficulté particulière rencontrée et de lapassivité qui les a envahis.

Pour donner une image de ces sentiments de peur,essayez de vous souvenir des pires cauchemars que vousayez eus. La plupart d’entre nous avons eu des rêves où ilfallait échapper à un sort terrible et où il était impossiblede bouger, où nous voulions appeler à l’aide mais nousn’avions plus de voix. Cette combinaison effrayante dedanger et d’impuissance ressemble aux peurs que portentbeaucoup d’enfants.

Des incidents insignifiants peuvent raviver la peurd’une crise ancienne mais réelle de votre enfant. Elle sesent toute aussi seule et effrayée qu’au temps de cettedifficulté réelle, mais maintenant que la menace présenteest mineure, elle se défend enfin. Elle se met en colère. Parexemple, si votre enfant d’un an est assise et qu’une autreenfant vient s’asseoir trop près d’elle, il se peut qu’elletende la main pour lui tirer les cheveux. Ou, s’il s’agitd’une enfant plus grande et qu’un ami la taquine un peu,elle peut répondre par des coups de poings. Bien sûr, laréaction de l’enfant n’a plus de raison d’être – la criseréelle est passée. L’enfant en colère combat un adversaireinvisible. Ses peurs la hantent encore, transformant des

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incidents sans danger en rééditions de cette anciennecrise. Comme vous l’avez sûrement découvert, lui direqu’elle n’a pas besoin de se mettre en colère est sans effetsur ce qu’elle ressent. Mais vous pouvez l’aider àsurmonter sa peur et sa tristesse en restant près d’ellequand sa colère monte.

UNE ENFANT EN COLÈRE NE PEUT PASVOUS DIRE LA SOURCE RÉELLE DE SA PEUR

Une enfant ne peut pas vous dire: “J’avais peur pourma vie exactement comme quand je suis restée coincéetrois heures dans le col de l’utérus à ma naissance.” Elleva simplement se montrer paniquée ou indignée chaquefois qu’une autre enfant se presse trop près d’elle. Elle nedira pas: “Je suis terrorisée, de la même manière quequand je me suis coupée à la tête l’année dernière.” Maisquand vous essayez de vous occuper de son genouécorché, elle va vous donner un coup de pied et exigerque vous la laissiez seule. Les vraies crises affectentprofondément une enfant et sont enregistrées en détaildans son cerveau; mais elles ne sont pas toujoursaccessibles en tant que souvenirs conscients. Il estgénéralement impossible à une enfant de faire référencedirectement à une crise. Au lieu de cela, les sentimentsrésiduels blessent votre enfant dans son expérience detous les jours comme des épines dans la chair, l’amenant àréagir avec colère, même à des moments chaleureux etintimes. Il se peut que vous n’appreniez jamais ce qui aeffrayé votre enfant à l’origine. Par chance, les enfantsn’ont pas besoin que nous comprenions complètementleur fonctionnement interne. Ils ont simplement besoin denotre attention pendant qu’ils expulsent les sentimentsqui les mettent “hors d’eux”.

VOUS SEREZ PRIS(E) POUR “CIBLE”

Quand vous essayerez de dépasser la colère de votreenfant pour lui offrir votre soutien, vous verrez et

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entendrez les manifestations d’une solitude longtempsressassée. Soit votre enfant n’a pas pu obtenir l’aide dontelle avait besoin au moment de la crise, soit elle était sieffrayée qu’elle ne pouvait pas sentir l’aide qui était là.Dans les deux cas, l’enfant effrayée se sent seule contre lemonde entier, et terriblement déçue par vous. C’est injusteet irrationnel, mais il semble que lorsque les enfants sesont sentis en danger et impuissants, ils dirigent leurréaction – généralement de colère et de défiance – contreles personnes les plus proches d’eux.

Bien sûr, vous ne méritez pas d’être la cible de toutecette amertume. Vous avez fait le maximum d’effortspour être aimant(e), gentil(le), loyal(e) et généreux(se).Votre enfant hurle que vous ne vous êtes jamais occupé(e)d’elle, que vous avez été méchant(e) et que vous n’avezpensé qu’à vous. Essayer d’aider une enfant en colèren’est pas une partie de plaisir. Mais si vous êtes occupé(e)à vous défendre et à rectifier “la vérité”, vous ne vousconcentrerez pas sur votre enfant effrayée. Elle a besoinde vous dire combien elle se sent loin de vous avant depouvoir vous laisser l’aider contre ses peurs. Ecouter uneamertume passionnément ressentie tout en contribuant àoffrir votre attention semble être la voie la plus rapide etla plus efficace à travers l’enchevêtrement. Souvenez-vous qu’au fond d’elle même votre enfant est effrayée ettriste, et qu’elle veut trouver un moyen d’avoir denouveau confiance en vous, afin de pouvoir finalementsangloter dans vos bras et sentir votre protection, votreamour pour elle.

VOTRE OBJECTIF AU-DELÀ DE LA COLÈRE

Votre objectif est de rester près de votre enfant avecamour malgré sa colère, son intense désir d’être seule, etsa défiance envers vous. Une enfant en colère déploiebeaucoup d’efforts pour expulser une souffranceprofonde, mais elle ne se sent pas assez aimée pour le

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faire. Vous ne pouvez pas la faire se sentir aimée, maisvous pouvez offrir votre attention avec persistancejusqu’à ce qu’elle se soit débarrassée de cette souffrance.Après avoir crié, tremblé, transpiré et pleuré, votre enfantsera surprise et encouragée de découvrir que vous avezété de son côté pendant tout le temps de sa colère contrevous.

VOUS AUREZ BESOIN D’AIDE

Dans son soutien à une enfant en colère, un parent abesoin de présence esprit, de beaucoup de temps, etd’avoir foi dans le fait qu’un cœur tendre se trouve àl’intérieur de cette jeune personne furieuse. Cela requiertaussi des talents que vous ne pourrez obtenir que par lapratique. Personne n’a ces ressources sous la main chaquefois que la colère de son enfant jaillit, et peu d’entre nousont beaucoup d’expérience dans ce domaine. Gérer lacolère est comme apprendre à jongler avec des torchesenflammées: il vaut mieux jongler d’abord avec des objetsfaciles, puis essayer les torches éteintes, enfin ajouter lesflammes. Commencez par écouter quand votre enfantpleure et qu’il n’y a pas de manifestation de colère. Vousavez besoin de ressentir ce que c’est que de l’aider à tra-verser son chagrin, et elle a besoin d’apprendre à vousfaire confiance dans les moments difficiles. Puis, essayezde rester calmement près d’elle pendant ses crises de rageet d’écouter ses peurs, afin d’acquérir également unecompréhension de ces processus de rétablissement. Vousaurez besoin de voir qu’une enfant charmante etraisonnable peut émerger d’un état de crispation,d’excitation qui semble hors de contrôle. A ce moment,vous avez peut-être créé suffisamment de confiance entrevous pour ajouter les flammes: vous pouvez commencer àvous attaquer à la colère.

On peut comprendre que les adultes dans notre sociétésoient assez médiocres pour aider une enfant en colère.

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La plupart d’entre nous avons été menacés ou agressésphysiquement pour un comportement coléreux. Nousperdons notre calme quand il s’agit de colère, parce quec’est la manière dont nos parents réagissaient. Nous quinous battons contre les moments de tension et de colèrede nos enfants méritons une aide véritable pour démêlernos émotions des leurs. Obtenir de l’aide pour nous-mêmes est une étape clé pour approcher nos enfants encolère.

Nos propres réponses de colère, comme celles de nosenfants, ferment la porte aux sentiments de tristesse et depeur. Nous sommes effrayés par la vivacité de notrepropre colère, la peur d’avoir échoué, la peur que nosenfants échouent, ou la peur que nous ne survivions pasau stress du rôle de parent. Recherchez un ami qui puissevous donner une écoute attentionnée. Parlez de vous, devotre enfant, de vos espoirs et de vos déceptions. Avec letemps, tandis que votre ami écoute et vous donne sonattention, vous trouverez peut-être assez de sécurité pourvous laisser pleurer ou trembler tout en faisant face àl’amoncellement de difficultés. Parler et vous libérer devos propres émotions vous donnera plus de latitude pourécouter votre enfant et plus d’endurance quand vousessayerez de venir à son aide quand elle est en colère.

RÈGLES POUR APPROCHERVOTRE ENFANT EN COLÈRE

Voici quelques règles qui peuvent vous aider àdépasser la colère de votre enfant et à aller vers laguérison de la peur et du chagrin sous-jacents.

• Quand votre enfant paraît en colère, restez avec elleet essayez d’apprendre tout ce que vous pouvez sur lanature du problème.

“Tu as pris mon dernier morceau de poisson, et jen’avais même pas encore fini !” Votre première tâche

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dans une situation de colère est d’écouter et decomprendre ce qui se passe. L’indignation vive et la crisede rage sont l’une et l’autre bruyantes, mais trèsdifférentes de la colère qui a tendance à être violente,menaçante et empreinte de méchanceté. Il vous faudrapeut-être quelques minutes pour comprendre si votreenfant est en train de rectifier une injustice avec indigna-tion, de commencer une saine crise de rage, ou de dresserun bouclier de colère. (Quelquefois, une enfantcommencera par de l’indignation, et se retrouvera piégéedans une colère noire après quelques instants.)

Restez proche et encouragez votre enfant à vous endire plus: “Qu’est-ce qui s’est passé ?”, “Raconte moi”,“Qu’est-ce que tu veux ?” Si vous constatez del’amertume, un ton de voix tendu, méfiant, ou un désir deblesser, vous ou quelqu’un d’autre, votre enfant est entrain de lever sa garde. Si cependant, elle est en colèremais est déjà en train de pleurer, transpirer ou trembler,alors le processus de rétablissement qui va la guérir deses peurs et de ses chagrins sous-jacents a commencé. Elleest déjà en train d’utiliser votre assistance pourprogresser.

• Vérifiez votre propre état d’esprit. Etes-vous assezd’aplomb pour tenter d’aller vers elle à cet instant ?

Quand votre enfant se met en colère, il est bon de testervotre réserve de patience et de compréhension. Avez-vous du temps ? Pouvez-vous décider de ne pas êtrecontrarié(e) par sa colère ? Etes-vous prêt(e) à passer lecap d’un moment difficile dans le but de l’aider ? Si oui,allez-y.

Si vous vous sentez attaqué(e) ou furieux(se), votre at-tention se porte sur vos propres sentiments et non sur lesbesoins de votre enfant. Pour le moment, vous ne pouvezpas l’aider. C’est sans doute une bonne idée d’essayer de

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briser l’étreinte de votre propre colère. Appelez un amiou trouvez un endroit – peut-être votre chambre, les toi-lettes ou le garage – où vous pouvez crier, taper despieds, et bourrer de coups quelque chose qui ne casse pas.Le bruit et le mouvement vous aideront à regagnerquelque capacité à penser de manière constructive. Sivous pouvez pleurer et trembler, un peu de votre propretension va s’évacuer. Une mère que je connais avaitl’habitude de s’enfermer dans la salle-de-bains quand elleétait vraiment furieuse. Elle se regardait dans le miroir,tapait sur le lavabo et se criait à elle-même qu’elle étaitune bonne mère qui ne méritait pas tous ces problèmes.Elle pleurait intensément pendant cinq à dix minutes surles difficultés de son existence et en sortait fortementsoulagée, prête à s’occuper de son enfant en colère. Nousne devons pas prétendre approcher notre enfant quandnous sommes intérieurement en effervescence. Et il vautmieux que nous exprimions nos désordres émotionnelsde manière inoffensive quand nous devenons tropemportés pour nous contrôler.

Pendant que nous essayons d’aider une enfant encolère, nous devons nous promettre d’interrompre le pro-cessus dès que nous-mêmes nous sentons en colère.Quand nous commençons à être hargneux nous aussi ouà argumenter, il est temps de faire une pause ou d’arrêter.Dites simplement: “Je ne peux pas t’aider maintenant. Jene veux pas me battre avec toi. Je reviendrai quand jeserai plus calme.” Quand votre colère s’emballerapidement, il vous est possible de simplement vous leveret quitter la pièce. Expliquez-vous plus tard après avoirtapé du pied pendant un moment dans l’autre pièce. Nosenfants peuvent apprendre à se débrouiller pendant quenous passons notre propre colère ailleurs. Ces procéduresd’urgence feront en sorte que les erreurs que vous faitesen apprenant ne durent pas.

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• Offrez à votre enfant chaleur et proximité. Nel’imposez pas, mais persistez à l’offrir.

Essayez de “vous accrocher”. Une enfant en colère abesoin de découvrir qu’elle ne perdra pas votre amour.Vous essayez de vous rapprocher d’elle en dépit de sesattaques en montrant que vous voulez être avec elle etqu’elle compte pour vous. La guérison du chagrin et de lapeur peut commencer quand elle comprend qu’elle nepeut pas se débarrasser de votre amour, quoiqu’elle diseou fasse. Vous devez écouter pleinement ses sentimentsmais ne pas vous éloigner d’elle à cause d’eux. Pendantque vous tendez les bras vers elle ou l’approchez pour latoucher doucement, elle sera absolument certaine quevous êtes la dernière personne sur terre avec qui elle aitenvie d’être à ce moment-là. Elle va vous combattre aumoins verbalement, vous exprimant les sentimentsaffreux qu’elle a envers vous. “Je te déteste !” “Tu me faistoujours me sentir mal !” “Tu ne m’écoutes jamais, et tune m’écoutes pas maintenant !” “Tu me rends encore plusen colère ! Va-t’en !” voilà le genre de paroles que vouspouvez entendre tandis qu’elle se bat pour masquer lablessure sous-jacente à sa colère.

• Restez avec votre enfant, et continuez à écouter.

Votre enfant peut essayer de s’enfuir et de s’isoler. Elleva vous dire que c’est ce dont elle a besoin, et que vous lamettez encore plus en colère en la suivant. Vous serezalors sur un terrain glissant, parce qu’aucun(e) de nousn’est expert(e) à rester attentif(ve) pendant que quelqu’unse comporte comme si nous étions l’ennemi. De plus, il ya eu des moments où vous ne l’avez pas écoutée et elle vacertainement s’en souvenir maintenant. Votre tâche est derester assez proche pour que votre enfant puisse sentirque vous essayez de l’aider, et de montrer en mêmetemps que vous prenez vraiment en considération ce

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qu’elle dit. Cela peut se traduire, si elle vous ordonne“Va-t’en !”, par la réponse: “D’accord, je vais m’éloignerun peu maintenant, mais ce que je souhaite réellementc’est de venir m’asseoir près de toi sur le lit.”

La situation est paradoxale. Nos enfants sont piégéspar de profonds sentiments de souffrance, et ne se sententpas assez en sécurité pour nous faire directementconfiance. Que ce soit juste ou injuste, ils nous reprochentleurs difficultés, et ne peuvent pas supporter notreprésence. Pourtant, en dépit de nos insuffisances, noussommes à ce moment la personne la plus sûre, la plusdévouée, qu’ils puissent trouver. Nous sommes aussi lesseules personnes assez intelligentes pour leur tendre lamain en période de difficulté. D’une certaine façon,quand nos enfants dirigent leur colère contre nous, ilsnous mettent au défi de venir les rechercher. S’ils avaientdésespéré de notre amour, ils seraient résignés, abandon-neraient et ne s’engageraient pas dans une chaudebataille. Une enfant en colère fait votre éloge de manièredétournée: sur votre médaille il est inscrit “Personneassez sûre pour être la cible de notre colère”.

• Expliquez à votre enfant pourquoi vous avezl’intention de rester.

Votre enfant a besoin d’entendre pourquoi vous avezl’intention de rester avec elle après qu’elle vous aitsupplié(e) de la laisser seule. Vous devez être bref(ve),mais donner des informations. Soyez conscient(e) du faitque les raisons que vous invoquez ne seront comprisesqu’après que sa colère soit passée. Pour une enfant enpleine colère, rien n’a de sens.

Pourquoi restez-vous près d’elle ? Vous restez parceque quand vous êtes parti(e) en d’autres occasions cela nel’a pas aidée à en finir avec sa colère, aussi vous avezdécidé de rester avec elle cette fois-ci. Vous restez parce

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qu’elle ne devrait pas avoir à être seule quand elle se sentaussi mal. Vous restez, même si cela lui semble horrible,parce que si vous partiez elle pourrait penser que vous nevous souciez pas vraiment d’elle. Vous restez parce quevous l’aimez et que vous voulez rester proche dans lesmoments les plus difficiles. L’important est que vous luidisiez, d’une manière ou d’une autre, que vous faites devotre mieux pour essayer de bien l’aimer.

• Si votre enfant lutte contre vous, protégez-vousautant que nécessaire. Si vous le pouvez, restez avec elleet laissez-la continuer à lutter.

Quand vous vous approchez graduellement, avec at-tention, d’une enfant en colère, elle va souvent essayer dese battre, de la manière dont il aurait fallu qu’elle se batteface à un véritable problème dans le passé. Il semble qu’ilne soit pas possible qu’une enfant qui a été terrifiéepleure calmement sur la période où elle s’est sentieprofondément menacée. Elle ne veut en aucun casredevenir passive dans la peur, et parce que vous vous“obstinez” à être là comme une cible sûre, tangible, ellepeut vous attribuer le rôle de la menace à laquelle elle afait face un jour. Cela aide votre enfant de se battre contreces sentiments de victime mal aimée. C’est généralementle point crucial dans cet effort d’approche de votre enfant:l’attention que vous lui donnez pendant qu’elle se batlibère presque toujours les larmes et tremblements quivont la ramener proche de vous.

• Ne permettez pas à votre enfant de détruire desobjets de valeur ni de blesser quelqu’un dans sa colère.

Les enfants qui essayent de se débarrasser de leursémotions ne veulent pas blesser qui que ce soit. Ils neveulent pas qu’on leur permette d’abîmer les choses. Uneboite de mouchoirs écrasée ou un magazine déchiré neméritent pas qu’on s’en soucie, mais ne permettez pas à

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une enfant d’abîmer des objets qui ont de la valeur pourvous ou pour d’autres. Elle ne pourra que se sentircoupable ultérieurement. Vous devez intervenir et, sansblesser ni agresser votre enfant, empêcher que le mal nesoit fait. Mettez une enfant qui donne des coups de piedhors de portée de sa sœur, maintenez fermement le jouetqu’elle s’apprête à lancer, ou tenez-la sur vos genouxpour l’empêcher d’arracher les feuilles de la plante qu’elleveut détruire. Laissez votre enfant montrer combien elleest bouleversée, et laissez-la utiliser sa force tant qu’ellelutte, mais intervenez pour l’empêcher de faire desdégâts.

• Résistez à la tentation de sermonner, gronder oucritiquer.

Votre enfant ne peut pas raisonner sous le coup de lacolère. Tout ce que vous faites pour essayer de montrerque vous avez “raison” et qu’elle a “tort” ne fera que luiprouver que personne ne se soucie d’elle. Si elle s’est miseen colère à la suite d’une position raisonnable que vousavez prise (“Tu dois porter ton casque quand tu es àmobylette”, ou, “Je ne te laisserai pas regarder cetteémission de télévision.”), ce n’est pas le moment de vousétendre sur vos raisons. Maintenez simplement votre po-sition, aimez votre enfant, offrez votre attention, restezprès d’elle, et laissez-la se frayer un chemin à travers cetorage d’irrationalité. Si vous pouvez faire preuve dechaleur et de douceur, elle va finalement trembler,pleurer et se détendre assez pour se souvenir du fait quevous l’aimez. Une fois qu’elle aura repris contact avecvous, son jugement va s’améliorer, et vous pourrezdiscuter les choses intelligemment. A ce moment-là, il estplus que probable que votre sermon ne sera plusnécessaire. L’attention que vous lui portez aura fait sonœuvre, et l’importance de l’incident aura repris des pro-portions réalistes.

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Voici un exemple décrivant l’approche d’un enfant encolère. Dans cette famille, il y a deux fils, de 12 et 14 ans,et une mère seule. Le plus jeune fils se sent souvent encompétition avec son frère aîné. Leurs anniversaires sontà trois semaines d’écart et la période des anniversaires esttoujours un peu délicate, parce que celui de l’aîné a lieuen premier, donnant au plus jeune le sentiment d’êtrenégligé. Cette année-là, la maman se rappela la sensibilitédu plus jeune, aussi le jour de l’anniversaire de l’aîné elledemanda au plus jeune de dire exactement ce qu’ilvoudrait pour le sien. Elle écrivit tout soigneusement, ycompris une demande pour une chaise de bureau commecelle qu’elle avait offerte à l’aîné ce jour-là.

Quand l’anniversaire du plus jeune garçon arriva, ellelui offrit comme plus beau cadeau la même chaise de bu-reau, d’une couleur différente. Il était furieux. “Pourquoiest-ce que tu me donnes ça – je n’en voulais pas ! Est-ceque j’ai demandé une chaise de bureau ? Hein ? Maman,tu es vraiment dégueulasse ! Tu ne penses pas du tout àmoi ! Tu ne penses qu’à Randy, et tu me donnes ce qu’ilvoulait. Tu ne te soucies même pas assez de moi pour medonner quelque chose pour moi ! C’est le pire anniversaireque j’aie jamais eu !” La tirade dura un bon moment. Sonfils quitta brusquement la salle, passa dans une autrepièce, puis une autre, et essaya alors de projeter la chaisede bureau. Sa maman qui le suivait de pièce en piècemaintenait la chaise pour qu’il ne la casse pas. Elle lui ditune première fois, calmement, qu’il lui avait demandéune chaise de bureau. Elle lui fit des excuses, disant àplusieurs reprises: “Je suis désolée qu’elle ne te plaisepas.” “Je voulais te donner quelque chose de vraimentbien. C’est ton anniversaire, et tu comptes beaucoup pourmoi.” “Je t’aime beaucoup, et je ne veux pour rien aumonde te faire de la peine, si je peux l’éviter.” “Je suisdésolée si je me suis trompée.” Elle se rapprocha de lui

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petit à petit, et il s’assit sur son lit. Elle s’assit sur le solprès de lui, et posa les bras sur sa jambe. Dans cette posi-tion, calcula t-elle, il verrait au moins en visionpériphérique qu’elle le regardait dans les yeux.

Il se mit finalement à pleurer lorsqu’elle dit: “Pete, tuas compté beaucoup pour moi depuis le jour où tu es né.J’étais si heureuse de te voir ce jour-là, je me sentais desailes. Je t’ai trouvé très beau ce jour-là, et je te trouve toutsimplement parfait maintenant.” Il tendit la main et laposa sur son épaule; elle se leva, s’assit près de lui et leserra contre elle. Il pleura plus fort. Au bout d’un mo-ment, elle demanda: “Veux-tu que je te dise encorecombien je t’aimais quand tu étais bébé ?” Il acquiesça dela tête et ils s’étendirent ensemble, son visage tourné versle mur, et il pleura par intermittence tandis qu’elle letenait et lui racontait d’autres souvenirs heureux de leurvie commune. Après une demi-heure de pleurs et decâlins, il se leva et alla grignoter un morceau. Un peu plustard, il vint vers sa mère et lui dit qu’il aimait bien lachaise après tout, et qu’il était content qu’elle en aitchoisie une bleue, parce que cette couleur allait bien aveccelle de sa chambre.

Cette maman avait compris que les sentiments sous-tendus par la colère de son fils étaient d’ancienssentiments – des sentiments qu’elle avait prévus. Elleavait fait tout ce qui était en son pouvoir pour que leschoses soient justes. Elle essaya de ne pas se sentir tropmal d’avoir choisi un “mauvais” cadeau, se rendantcompte que c’était un problème qui, bizarrement, pouvaitêtre constructif. Si Pete pouvait pleurer sur le fait d’êtrenégligé, alors elle aurait une chance de l’aider à corrigerune perception erronée qui lui posait souvent problème.Elle calcula que, si d’ici le lendemain il ne voulait toujourspas de son cadeau, elle et Pete pourraient toujours allerarranger ça. Pour le moment, elle se concentra sur son

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écoute, son rapprochement avec lui, et petit à petit, sur lesmoyens de faire passer son amour. Elle maintint son at-tention sur le point important, son amour pour lui, et nese laissa pas trop distraire par ses mouvements de colère,ses insultes et sa déception.

LA QUESTION DE LA VIOLENCE

Aller au-delà de la colère d’une enfant pour l’aiderdans ses peurs signifie souvent se trouver avec une enfantqui lutte ou se débat. Beaucoup de gens pensent quelorsqu’une enfant commence à se battre, on devrait setenir en retrait et lui ordonner d’arrêter: on ne devrait paspermettre à une enfant d’être violente. C’est presque vrai.L’enfant a vraiment besoin qu’on l’empêche de faire du malaux autres. Mais l’enfant, débordée par ses sentiments,n’est pas en mesure d’obéir à des ordres qui ne font quemettre de l’huile sur le feu. L’intervention décidée (maisnon brutale) d’un adulte est beaucoup plus efficace.L’adulte maintient le livre qui est sur le point d’êtreprojeté, passe un bras autour de la taille de l’enfant quilance ses jambes, démêle les doigts des cheveux d’unfrère. Après limitation des dégâts, l’enfant tirera grandbénéfice du fait que l’adulte lui permette de continuer àse battre contre ses peurs, afin qu’elle puisse pleurer,trembler, et transpirer jusqu’à ce qu’elle se soitdébarrassée de la blessure.

Tous les enfants savent au départ que la violence n’estpas une manière de résoudre les problèmes. Quand dansleur colère, ils essayent de blesser leurs amis, frères etsœurs, ou vous-même, il est clair qu’ils supplient pourqu’on intervienne et qu’on les aide. Une enfant en colèrequi blesse quelqu’un veut qu’un adulte intervienne etfournisse suffisamment de résistance pour qu’elle puissese battre sans être réprimée ou humiliée. Elle essaye determiner une bataille importante qu’elle a perdue autre-

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fois. Elle veut vaincre la peur et la haine d’elle-même quila poussent à frapper.

VOUS AVEZ DU TEMPS DEVANT VOUSPOUR FAIRE DES ERREURS ET APPRENDRE

Ne vous en veuillez pas si vous faites beaucoupd’erreurs tandis que vous essayez de gérer la colère devotre enfant avec cette nouvelle approche. L’idée estsimple, mais les émotions négatives de nos enfants nousprennent à rebrousse-poil. Il est si tentant de répondre àl’insulte par l’insulte, ou de prouver le bien-fondé de nospositions.

N’oubliez pas d’examiner vos sentiments et vosexpériences dans des séances de co-écoute qui vouspermettront de réfléchir, de planifier, et de vider votre sacen préparation du prochain épisode de colère. Cela aideraà alléger un peu la solitude que ressentent les parentspendant les moments difficiles. Avec une aide fiable, ildeviendra plus facile d’approcher votre enfant en colère.Lentement, mais sûrement, vous développerez votrecapacité à affronter puissamment toute critique et toutelutte afin de rétablir le sentiment d’amour entre vous etvotre enfant.

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