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9 PLACE DU GENERAL CATROUX 75017 PARIS - 01 42 12 80 80 AVRIL/JUIN 11 Bimestriel Surface approx. (cm²) : 6068 Page 1/12 LEHANNEUR 6111758200506/GTH/OTO/3 Eléments de recherche : MATHIEU LEHANNEUR : designer, passages significatifs Culte et culture... points de vue Depuis une quarantaine d'années, les bâtiments culturels - musées et opéras - se multiplient en France et dans le monde entier. Si l'on veut bien admettre que la culture soit un remède au désenchantement du monde, faut-il nécessairement voir dans ces édifices les sanctuaires d'une religion nouvelle dont le calendrier serait marqué par les expositions ou les représentations Les avatars du musée temple ll n'est pas de religion qui ne se conçoive, peu ou prou, comme un systeme englobant d'explication du monde et de conduite de la vie collective et indivi- duelle A ce titre, les activites qui relèvent de ce qu'on désigne aujourd'hui comme culture, qu'il s agisse des arts ou des mœurs, y occupent une place privilégiée Pour ne prendre qu'un exemple e était dans I en ceinte des temples antiques qu étaient conserves les objets precieux et c'était la que le public, dans une double demarche, artistique et « touristique >, les ap- préciait Et lorsque les abbayes ou les cathedrales du Moyen Âge et de I epoque moderne mirent un < tre sor » a disposition du pelerin ou du fidèle il faut voir dans cette continuité l'acte de naissance du musee et le projet d'intégrer celui ci au religieux Cette idée que la culture doit pour s affirmer pleinement, prendre sa place au sein du cultuel est encore aujourd'hui affir- mée, avec plus ou moins de nuances par le catholi- cisme romain, notamment par les écrits de Jean Paul ll, et fût-ce en nos temps de laïcité, elle ne peut pas être écartée d un revers de main quelle serait I œuvre d'art religieux qui, conservée au Louvre ou au musee d'art et d'histoire du judaisme souffrirai d'être appre cee sans que soient pris en compte son rôle liturgique et sa signification ' Ce n est pas la naissance des collections princieres ni celle des premiers musees, dans la Rome pontificale, qui remet en cause cette hiérarchisation maîs Tap paillon, vers la fin du XVIII e siecle, d'une conception nouvelle de la societe, en revendiquant une autono- mie progressivement integrale vis a vis du religieux et des institutions cultuelles La laïcité, quelle que soit la definition qu'on donne a ce concept, lequel n'a rien d univoque, organise tres tôt les premieres insti- tutions culturelles comme des rivales plus ou moins affirmées des religions établies En France, e est des la monarchie de juillet au moment ou les pouvoirs pu blics commencent d en construire, que le musée est En matière de compétition d'affluence... tes interminables queues cles musées - ici Grand Palais Musee d Orsay Louvre - et loir congestion intérieure traduisent-elles vraiment la sacralisation cle I art ?

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9 PLACE DU GENERAL CATROUX75017 PARIS - 01 42 12 80 80

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Eléments de recherche : MATHIEU LEHANNEUR : designer, passages significatifs

Culte et culture... points de vueDepuis une quarantaine d'années, les bâtiments culturels - musées et opéras - se multiplient en France et dans le mondeentier. Si l'on veut bien admettre que la culture soit un remède au désenchantement du monde, faut-il nécessairement voir dansces édifices les sanctuaires d'une religion nouvelle dont le calendrier serait marqué par les expositions ou les représentations

Les avatars du musée templell n'est pas de religion qui ne se conçoive, peu ouprou, comme un systeme englobant d'explication dumonde et de conduite de la vie collective et indivi-duelle A ce titre, les activites qui relèvent de ce qu'ondésigne aujourd'hui comme culture, qu'il s agisse desarts ou des mœurs, y occupent une place privilégiéePour ne prendre qu'un exemple e était dans I enceinte des temples antiques qu étaient conserves lesobjets precieux et c'était la que le public, dans unedouble demarche, artistique et « touristique >, les ap-préciait Et lorsque les abbayes ou les cathedrales duMoyen Âge et de I epoque moderne mirent un < tre

sor » a disposition du pelerin ou du fidèle il faut voirdans cette continuité l'acte de naissance du musee etle projet d'intégrer celui ci au religieux Cette idée quela culture doit pour s affirmer pleinement, prendre saplace au sein du cultuel est encore aujourd'hui affir-mée, avec plus ou moins de nuances par le catholi-cisme romain, notamment par les écrits de Jean Paulll, et fût-ce en nos temps de laïcité, elle ne peut pasêtre écartée d un revers de main quelle serait I œuvred'art religieux qui, conservée au Louvre ou au museed'art et d'histoire du judaisme souffrirai d'être apprecee sans que soient pris en compte son rôle liturgiqueet sa signification '

Ce n est pas la naissance des collections princieres nicelle des premiers musees, dans la Rome pontificale,qui remet en cause cette hiérarchisation maîs Tappaillon, vers la fin du XVIIIe siecle, d'une conceptionnouvelle de la societe, en revendiquant une autono-mie progressivement integrale vis a vis du religieux etdes institutions cultuelles La laïcité, quelle que soitla definition qu'on donne a ce concept, lequel n'arien d univoque, organise tres tôt les premieres insti-tutions culturelles comme des rivales plus ou moinsaffirmées des religions établies En France, e est desla monarchie de juillet au moment ou les pouvoirs publics commencent d en construire, que le musée est

En matière de compétition d'affluence...

tes interminables queues cles musées - ici Grand Palais Musee d Orsay Louvre -et loir congestion intérieure traduisent-elles vraiment la sacralisation cle I art ?

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sur une concurrence éventuellepériodiques, le rituel par l'achat d'un billet et la dévotion par l'appréciation des chefs d'œuvre ? N'est-il pas temps de revisiterces principes d'un vérité préétablie ? Et, au nom du libre examen, esquisser le rapide bilan d'une situation foisonnante ?Par Jean-Michel Leniaud, directeur d'études à 'École pratique des hautes études et professeur à l'École des chartes.

apprécie par certains comme un « temple » et, a cetitre, comme le rival de l'église , que l'opéra est affirmecomme la cathedrale des temps modernes , que labibliotheque est conçue comme la représentation d'unsavoir qui détrône la théologie Pendant des décen-nies, disons jusqu'à la fin des annees 1960, la Francea vécu de l'héritage du XIXe siecle, de ces architec-tures qui affirmaient plus ou moins clairement l'avène-ment d'une religion nouvelle, celle de la culture, en ac-cueillant les utilisateurs dans des bâtiments construitscomme des templesDans le courant des annees 1970, cette option a etemise en cause le lieu culturel a t-on dit alors, n est

La laïcité organise très tôtles premières institutions

culturelles comme des rivalesplus ou moins affirmées des

religions établies.

pas un temple érige au savoir ou aux arts, autrementdit le conservatoire des oeuvres de l'esprit Lin termepolémique a dessein est venu ridiculiser cette mission « necropole ». pour reprendre une expression del'époque, évoquant un lieu dans lequel un rare publicde « prêtres », entendez les conservateurs, pérennise-rait la memoire du genie A cette conception jugée ob-solète, les annees 1970 ont voulu opposer le principede ce qui sera plus tard appelé la « consommationculturelle », l'ouverture a la societe touristique Danscette optique, le temple necropole se transforme imperativement en forum, en espace d accueil pour lafoule, fût ce au pnx d'une transformation radicale de

sinon de méditation, la messe est-elle définitivement dite ?

architectes Renzo PisnoBuilding Workshop 2005

Capacite fi DOO places audedans 30 DOO dehors Surfaceconstruite20400m2 Toiturede

cuivre arcs Oe pierre

Cathedrale d'Eiry, franceanti Mario Botta 1995 Untout cylindre de brique au laitscouronne dune ligne Marbres4 800 nfpour 48 000 nf

Eglise notre Dame de l'Archede I Albanie, Parisissrcli Architecture Studio 199Slin cube inséré darts une resillemétallique Surface 1600 nf

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l'atmosphère et des fonctions du lieu « Mieux vaut lebrouhaha du forum que le silence d une necropole »a-t-on dit alors L'ambitieuse politique d'équipementculturel qui a marque le pays dans les annees 1980a permis la mise en oeuvre d une telle conceptionpartout, de sommeillants lieux de conservât on ont etetransformes en supermarches d'œuvres d'art et deI esprit dans lesquels depuis lors, de la pyramide duLouvre a la gare d'Orsay, bourdonnent sans discontmuer des foules de touristes qu'avec un soin obsessionnel on ne cesse de compterA ce compte-la, reste-t-il légitime d'invoquer la désor-mais traditionnelle métaphore issue des Lumieres queart et l'esprit donnent a la fois le socle et la pointe

de la religion nouvelle ? Les lieux dans lesquels onles met a la disposition du public sont ils encore des« temples > ? Les espaces interieurs ne sont-ils pasdésormais dictes par les seuls principes de la fonc-tionnalité qui associent les regles de securite, les imperatifs de la conservation preventive et l'optimisationdes condition d'écoute et de visibilité ? Par l'organisation d'un flux de visiteurs dont l'importance garantitI equilibre economique de I institution ? Et quant a cepublic, dispose-t il vraiment, dans le circuit et le tempsd'une deambulation obligatoire des moyens de s abs-traire de ses semblables au profit d'une contemplation

solitaire ? Justifie-t-il encore d'être métaphoriquementdésigne comme « fidèles » ou, de façon plus materialiste comme « consommateurs » ^ Au total, peut-onencore affirmer, apres trente ans d efforts au servicedu « brouhaha du forum », que les institutions culturelies peuvent rivaliser avec le sacré du sanctuaire ?

Les lieux de culte aujourd'hui,architecture et demande socialeAffirmons en premier que l'édifice du culte reposesur une conception complexe et a dessein plus oumoins contradictoire L'église, pour prendre le cas dulieu de cuite du catholicisme romain, suppose unepolyfonctionnalite qu'on ne trouve pas dans les es-paces cultuels consacres aux autres religions c'esta la fois un sanctuaire que Dieu vient visiter de façonprivilégiée et ou s opere un sacrifice rituel, celui deEucharistie, le lieu de la priere collective et aussi une

chaire d'où se dispense un enseignement A quois'ajoute, en certains cas, une fonction de vénérationles basiliques sont vouées au pelerinage Si I on meta part I orthodoxie, aucune autre religion, quelle quesoit leur conception du sacre, ne superpose l'ensemble de ces différentes fonctions les temples, lessynagogues et les mosquées ne sont pas conçuscomme des espaces sacrificiels Aussi peut-on affir-

mer que, quelle que soit la qualite des chefs d'œuvred'architecture et d arts decoratifs qu elles ont pususciter, aucune de ces religions n'a commande desprogrammes plus complexes que l'ont fait le catho-licisme romain et I orthodoxie Pour ces derniers,il faut des espaces qui appellent a l'évocation dumystere qui s'y déroule de façon periodique tout engarantissant de façon efficace les conditions de lapriere collective et de I enseignement Pour y par-venir, le concepteur de ces lieux doit combiner laplastique de la spatiale, celle de la lumière et cellede l'acoustique C'est la complexité de cet enjeuartistique qui attire les foules a Notre Dame de Pans,monument qui reste le lieu le plus visite du pays,porte I effort collectif en vue de I achèvement de laSagrada Familia, justifie l'intérêt que portent des architectes aussi dissemblables que Louis Kahn, LeCorbusier, Mario Botta ou Franck Hammoutene etsuscite des discussions passionnées lorsqu'il estprévu de construire de nouveaux lieux Quels qu'ensoient les enjeux politico diplomatiques, le projet denouvelle cathedrale russe a Paris sur le quai Branlyen donne l'exemple le plus récent peut-on innoveren matiere d architecture sans trahir la conception dulieu de culte orthodoxe, se demande aujourd'hui unetraction de la communaute ?

Églises vivantes revitalisées par l'art...

Eflst Saint Hilaire, Melle Deux SèvresFrance Designer Matthieu Lehanneur 2011Pour I aménagement du choeur de cetteeglise romane surgissement de marbreDiane pl issa creuse du baptistèremobilier liturgique puissant en écho auxme gies tellurii/ties eu site Superbe maîspeut eire rfri'iem pour les officiants

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À la qualite de l'enjeu s'ajoutent les transformations dela demande sociale On leur doit l'aménagement parle diocèse de Paris d'un centre culturel catholique auxBernardins, la construction de nouvelles eglises enîle de France en raison de l'expansion urbaine, l'ins-tallation de communautés religieuses dans d'ancienslieux monastiques comme la chartreuse de la Vergnedans le Var maîs aussi des discussions sur la placeà accorder aux religions nouvellement installées Surce point, l'islam pose une question sensible puisquecette religion développe une conception juridiquementenglobante de la societe, est il possible que la laïcitéaccepte l'érection de signes du culte public ? Ce n'estpas ic: la construction du futur Institut des Culturesd'Islam qui serait en cause que la forme, la fonc-tion et le nombre de minarets dans l'espace urbainApprécions donc au total la place des constructionsreligieuses dans le monde d'aujourd'hui certes, ellesne possèdent pas l'importance des operations cultu-relles lancées par l'Etat et les grandes collectivites lo-cales, le musee du quai Branly, le Beaubourg de Metzet le Louvre de Lens, le musee de Montpellier entreautres, sans compter les grands chantiers de l'etranger maîs, sous l'angle de la qualite et de l'innovation,elles n'ont parfois rien a leur envierll est vrai que les mêmes transformation sociales qui

Aucune de ces religionsn'a commande desprogrammes plus

complexes que l'ont faitle catholicisme romain et

l'orthodoxie.

conduisent a des chantiers nouveaux suscitent desabandons, des destructions ou la reaffectation de cer-tains lieux La France, dont le patrimoine cultuel a etebrutalement purge au début de la Revolution et a lafm du XIXe siecle dans le contexte des lois contreles congrégations, n'est que marginalement marquéepar la question des « redundant churches » voiciplus d'un siecle que le musee Rodin s'est installe al'hôtel de Biron, siege du couvent de la societe duSacre-Cœur de Marie Maîs elle se pose avec acuitédans certains pays moins en Grande-Bretagne qui,sur ce point, a ete en avance sur la plupart des paysdu monde qu'aux Pays-Bas et, surtout, en Ameriquedu nord est-il sérieusement possible de transformercertains de ces lieux de culte en equipements culturelssans nuire a la fois a la patnmonialite de leur archi-tecture et a la fonctionnalité des nouveaux usages ?

Au musee Rodin cite plus haut, la reorganisation dessalles a complètement nie les caractéristiques de l'an-cienne chapelle néo-gothique, de la même manierequ'un siecle plus tôt, au musee des Beaux arts deToulouse, dans l'ancien couvent des Augustins Cen'est qu'en de rares endroits, le musee David d'Angers dans l'ancienne abbaye Toussants d'Angers parexemple, que le musee s'accommode du caractèrereligieux préexistant

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... églises désaffectées livrées aux arts

Les Eglises, Chelles Francs designer mandataire MartinSzekely anti MarcBarani 2008 Vestige ie I abbaye démantelée

a la Révolution tour a tout auberge logement garage /edificeréhabilite abrite un centre ll art contemporain

La chapelle ile Bègles, sauvéeinextrem/sen 1933poutêtretransformée en salle us spectacless voit maintenant ceinturée duncloitre permettant détendre a

les activites testivesArch KingKong 2010

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Centre spirituel et culturel russeLes lieux de culte et de culture réunis en unemême entité se multiplient depuis quèlquesannees Exemples a Paris les projets deCentre spirituel et culturel russe et de I Institutdes Cultures d IslamLe premier vient de faire I objet d un concours(444 demandes de dossier 109 projets remis)en deux phases sélection de 10 equipes puischoix du lauréatLa consultation a suscité de grandesespérances Que les orthodoxes russes peuprésents en Europe de I ouest veuillent sedoter d un equipement associant eglise etcentre culturel est apparu a la plupart descandidats comme une volonté d ouverturea la creation architecturale I occasiond afficher le miroir d une Russie nouvelleErreur d analyse ' Apres 70 ans de Communismedes milliers de destructions de monastèreset d églises d une memoire batlue en brèchele Patriarcat de Moscou a retrouve une placeemmente dans la population et auprès dupolitique (la Federation de Russie apres avoirpaye le terrain 70 M euros environ le lui a

remis) Pour la partie russe du jury (majoritaireprésidé par Vladimir Kojine representant duSecrétariat du President Medvedev) il s agissaitde réaffirmer une identité culturelle et spirituellebafouée avec le bâtiment dedié au culte nonpas en en modifiant ses canons maîs en lessurexprimant Sur les dix candidats retenusseuls deux ont tente de reinventer I église(Frederic Borel Rudy Riccioth) Les autres avecparfois des propositions ne dépassant pas lemauvais projet d étudiant I ont mise en scenesur un podium sous cloche et à travers desmotifs repris de modeles séculaires se servantdu centre culturel pour afficher une architectureplus contemporaine Lequipe Muriez moinsmaladroite garde I église classique a bulbesdorés maîs la cerne d un vaste toit d acier etde verre qui s étend sur toute la longueurdu site (plus de 100 m) puis s incline pourenvelopper une partie de la façade du centreculturel De ce télescopage entre figuretraditionnelle et couverture technologique quien I etat sent un peu trop le collage il seradifficile de tirer le meilleur

«-Pans?1 Federation de Russie maître d ouvrage Architecte Arch Group (reunissant M Nunez YanovskyM Krymov A Goryamov) Nexity maître d ouvrage delegue Livraison 2013 Surface 4249m2 Budget20 a 30 Meures Programme Eglise salle de reception déclasses logements bibliothèque jardin

Paris 18e Maitre d ouvrage Ville de Paris Architectes Ateliers Yves Lion Livraison 2012-2013 Surface,2174m2SHON Budget 15 M euros Programme espace culturel salle de musique amplifiée hammamespace d interface foyer commun salles de culte direction-coordination logistique

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Institut des Cultures d'IslamLinstitut des Cultures d Islam développe unprojet inverse tant en termes arch tectural quesémantique Lobjectif annonce est de sensibilisere public aux cultures musulmanes sur deuxsites d fferents dans le 18e arrondissement (ruesPolonceau et Stephenson) Maîs aussi d accueillirles fidèles dans deux salles de prieres inclusesdans I nstitut Le mot dinstitut a I avantage deminim ser le caractère religieux et de le tirer du cotéculturel C est (tailleurs bien ainsi que I a comprisI architecte Ses deux propositions n affichentpas de caractères ou de formes attribuées auxmosquées (minarets coupoles arcs outrepasses)En revanche elles reinterpretent es thèmes deinvention géométrique et du moucharabieh

récurrents dans I histo re de I architectureslamique Les deux batiments dec nentdesieuxde masses parallelepiped ques décalées da êtesnettes et pures marquées ou creusées par devastes entes et fenêtres horizontales symbolesappuyés d ouverture Cbacun des deux édifices estcalepiné de pierre en partie basse et au dessusenveloppé par une maille d acier inox perforé audessin très étudié déclinaison infinie et savante

d un motif en triangle Contextuel a I alignementrespectueux des hauteurs et des gabarits voisinsles deux édifices jouent la carte de I integration aI urbain miroir symbolique d intégration cultuelleet culturelle Financée par la Ville de Paris (coûtde 20 M d euros puis rétrocession de 6 M d eurospar I association qui s occupe de I Institut pourles deux sa les de prières) I operation se deva tde rechercher le consensus En I etat elle sat slaitles fidèles qui prof teront de deux lieux de culted gne de ce nom et d un ensemble de services(hammam bibliotheque etc) maîs aussi leshabitants du quartier qui n auront plus a supporterles débordements de la priere dans les rues levendredi Elle rassure ceux espérant un Islampacifie ceux qui pensent pouvoir intégrer I Islam ala societe occidentale par le biais de la culture ceuxattaches a la lettre du Coran et sa verite qui veulentI imposer et ne peuvent le faire encore que souscouvert de culture En revanche pour ceux inquietsd une expans on de I Islam qui dans les paysou il est majoritaire refuse et combat athéismeagnosticisme et pratiques d autres religions ellenestquelamarquedesavitalité JFP

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Contemplation, consommationPourquoi ? Parce que le musee ne se conçoit plusvraiment comme un temple Certes, on y deambule dans une sorte de silence attentif et, en ensortant, on acheté des cartes postales comme onle faisait des cierges et des chapelets maîs cela nesuffit pas Les collections ne nécessitent plus d'êtresacralisées dans un espace, une lumiere uneacoustique particuliers maîs présentées dans desconditions de securite et de visibilité optimales ,leur accrochage et leur scénographie privilégientsouvent la quantite sur la mise en valeur Quant aupublic il ne communie pas en un objet unique devénération comme tel est le cas dans une eglisede pelerinage maîs se livre, a titre individuel, aquèlques centaines de regards d appréciation dontla duree a-t-il ete calcule ne dépasse pas une poi-gnee de secondes, cherche plus ou moins en vaina mémoriser les informations dispensées par descartels qu'il n a guère le temps ni bientôt la force delire Tout au plus possède-t-il la conscience du ca-ractère collectif de son acte en se disant qu'il s estrendu au musee ou au lieu d exposition pour nepas faire moins que « tout le monde » Est il possible de faire autrement ? Peut-être pas maîs unechose est certaine la recherche des records en

matiere de frequentation ne conduit pas le musée aun statut de templell en va différemment de I opera et de la salle deconcert maîs aussi du theâtre Sous l'angle de laplasticité architecturale, ces lieux ne s imposent, enprincipe aucune complexité particulière il leur suffitd'offrir la securite, la commodité de circulation, lavisibilité, la qualite de l'écoute et le confort toutesdonnees fonctionnelles Maîs le public en ces es-paces participe, a la difference de ce qui se passeau musee, a une émotion unique et collective, cellede l'audition et de l'appréciation de la mise en sceneSon attitude s apparente a celle de la communiondes fidèles qui prient ensemble en un espace cultuelou y participent a un rituel Ajoutons que nombre deces lieux de Shangai a Pekin en passant par Sydneysont conçu comme des monuments géants, s'im-posant a la ville par leurs volumes exterieurs et leurtechnologie triomphante et I on aura compris quela salle de spectacle peut légitimement s'imposerdans l'espace urbain comme une sorte de cathe-drale laque, d'icône culturelle

Maîs peut-on dire au total que le lieu culturel dumusee a l'opéra, se substitue au lieu de culte? Ouque l'un et I autre tendent a se superposer voire

à se confondre ? Deux reponses se profilent auxextrêmes l'église n'est pas un musee maîs un lieufait pour la liturgie le musee, ou l'opéra, n'est pasun temple maîs un espace fonctionnel Dans l'entredeux de ces extrêmes on entend ceux qui affirmentque I œuvre d'art et la musique trouvent a l'égliseune place privilégiée , ceux qui font valoir que la mo-numentalite de l'édifice culturel contribue a la mamfestation d'une sorte de religion au sein de la citeceux encore qui mettent en évidence ici ou la la scé-nographie d'un accrochage Autrement dit on ob-serve parfois une sorte de parente dans le projet despatiale visuelle et acoustique Maîs pour aller plusloin, encore faudrait-il reconnaître dans I œuvre d artsa dimension hors du commun la marchandisationculturelle, incontournable caractéristique de notreepoque, ne facilite ni l'émotion ni la communion ettend inexorablement a la nier Et ce n'est pas le vo-lontarisme politique et budgétaire de la commandepublique ni l'obsession des records qu'elle concernent la taille des édifices ou les performances de labilletterie, qui amélioreront la situation Le dogme duquantitatif dans la frequentation culturelle, d ailleurshente de la sociologie religieuse possède encore debeaux jours devant lui Maîs pourquoi serait-il vaind'espérer autre chose ? J M L

Recentralisations urbaines des nouvelles églises...

Chapelle de Sainte Mmedes Anges, Mont JamardSuisse anti Mario Botta 1996Un "viaduc entre terre et ciel2 820 nf

Extension de la Cathedrale de Creteil, France arch Architecture Studio2013 La "petite fleur dans le beton édifiéeen 1370 est coiffée cl une coupoledoublant son volume devenant signal et I IBU d'accueil cultuel et culturel pourune population du Val de Maine grandissante

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Ambivalence respective,démocratisation,instrumentalisationéconomico-politique,production occidentaleexponentielle,contamination mondiale,star-système...

Zooms épars d'Archicréé

Regain spirituelSi, un peu partout en France, des eglises sont ferméesou réaffectées - souvent en lieux culturels, d'ailleurs -ce n'est pas pour autant que les diocèses français ontcesse de bâtir L'urbanisation croissante des agglomé-rations au détriment des campagnes continue a fairenaître de nouveaux besoins, y compris sp rituels Ainsien fut-il en son temps avec la creation des villes nouvelles ou du redecoupage administratif de l'Ile de Franceayant engendre de nouveaux départements et doncd'evêches Evry se vit de la sorte dotée d une cathedrale conçue par Mario Botta tout comme Creteil dontI edifice originel - moins monumental car volontairement« enfoui dans la cite » par Charles-Gustave Skoskopfson architecte - va connaître une renaissance architecturale et urbaine Architecture Studio va non seulementy donner a voir une coupole en ogive asymétrique et unclocher désolidarise tel un campanile futuriste, maîs aus-si pourvoir l'institution d une galerie d exposition d'artcontemporain et d'un espace d'accueil d evenementsculturels et artistiques, la nouvelle nef pouvant abriterdes concerts Ce même redimensionnement du Cultevia la Culture se retrouve désormais dans d autres religions comme l'atteste, a Pans, les programme et intitulerespectifs des futurs Centre Culturel Russe Orthodoxeou l'Institut des Cultures d'Islam i

Redéploiement muséalTandis que le Musee des Arts Premiers est venu pa-rachever les Grands Travaux présidentiels a vocationplus spécifiquement museale, les operations pharesétatiques en cours concrétisent une demarche davantage décentralisatrice, qui plus est dans des villesdéfavorisées voire sinistrées Mucem a Marseillepar Rudy Ricciotti, annexes du Centre GeorgesPompidou a Metz par Shigeru Ban et du Louvre aLens par Sanaa Apres les déboires constructifs etbudgétaires du Musee des Confluences a Lyon parCoop Himmelb(l)au et a l'exception de la FondationLouis Vuitton par Frank O Gehry (de statut prive),I effet Bilbao semble avoir ete mis entre parenthèsedans I Hexagone tout comme la vague des ecomusees regionaux initiée par le museologue GeorgesHenri Riviere fondateur du Musee National des Arts &Traditions Populaires, aujourd'hui ferme En effet, lesrécents chantiers en la matiere en regions concernenttantôt des rénovations motivées par de nécessairesremises aux normes débouchant sur des embellisse-ments, y compris museographiques voire des extensions suite a des donations comme la nouvelle aile duMusee Fabre a Montpellier dédiée a Soulages ou leLAM de Villeneuve d'Ascq par Manuelle GautrandEt tantôt des créations valorisant un patrimoine recem-

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et décentralisation des musées pour tous.

Musëe iles Civilisations d'Europe elie méditerranée, Marseille arch fiudy èciottiLivraison prévue 2013 Surface 15555rrf

Musee Cocteau a Menton France arch Rudy Ricciotti Livraison fin 2011 Surface.? 700 nf

Musee iles Confluences, Lyon arch Coop-Himrreblau Concours 2001 Le projet combine le cristalet le verre symboles respectifs du connu et de I inconnu clarté de lenvironnement familier dau/ourrjhui etflou incertain dè demain On ne pouvait pas dire mieux en 2011 le chantier démarre enfinLmivnLens arch Sanaa Livraison 201Z Surlace 28 m m2

Centre Georges Pompidou Metz France arch ShigeruBan 2010

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L'architecture internationale,produit marketing ?Lexamen du listing des projets d envergure met en évidence la transformation des grandsnoms de I architecture en grilles de luxe Le tour du monde de la discipline se fait désormaisnon en 80 iours maîs en 25 architectes-stars qui se partagent les commandes de prestigeissues de maîtres d ouvrage que rassure I imagerie occidentale de la modernite

t Abu Dhabi Maire d ouvrage TDIC Surface 25 800 rn2

i Vilnius Maître douvrage, Vi l le de Vilnius Surface 13000m2

De Zaha Hadid, Salomé auxLarchitecture déconstructiviste de ZahaHadid est restée un certain temps dans lescartons avant que le couplage de I outilnumerique entre concepteur el entrepreneurne la rende enfin constructible TelleSalomé I architecte irako-bntanniqueensorcelle par la danse des sept voiles

de ses créations ses commanditaires qu ilssoient Azéris (Heydar Ahyev Cultural Centerde Bakou) Chine s (opera de Guangzhou)Emiratis (Performmg Arts Center d AbuDhabi) Italiens (Maxxi a Rome Muséed Architecture de Gênes) Jordaniens(King Abdallah u House of Culture & Artsd Amman) Lithuaniens (Musee de Vilnius)Marocains (Grand Theâtre de Rabat)ou Néerlandais (Dance & Music Centerà La Haye)A Abu Dhabi elle conçoit I une des cinq

sept voiles-institutions majeures du nouveau quartierculturel de Saadiyat Island dont les270 hectares accueilleront sous peu leGuggenhe rn (Gehry) et le Louvre (Nouvel)locaux le Musée Maritime (Tadao Ando) leSheik Zayed National Muséum (Foster) etson Performmg Arts Center Ce promontoireaux allures musculeuses abritera pas moinsde cinq salles de spectacles a savoir unmusic hall une salle de concert un opéraun theâtre et un auditorium que compléteraune Academie des Arts du SpectacleEn Lituanie mille par la fondation SolomonGuggenheim et le State Hermitage Muséumle Musee d Arts & Media Contemporainsde Vilnius viendra - tel un objet mystérieuxdéfiant la gravité - réveiller le nouveauquartier d affaires par ses courbesdynamiques a la carapace sculptée

9 PLACE DU GENERAL CATROUX75017 PARIS - 01 42 12 80 80

AVRIL/JUIN 11Bimestriel

Surface approx. (cm²) : 6068

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...à jean Nouvel, DarkVadorDepuis I Institut du Monde Arabe Jean Nouvel- le sombre chevalier de notre architecturehexagonale - parcourt le monde pour y taillerdes édifices puissants qui partout exacerbentla fascination de sa rencontre avec le paysson histoire et sa géographie Exerçant sestalents tous azimuts il excelle dans la sphèreculturelle comme l'attestent déjà les récentsmusees des Arts Premiers Pema Sofia a Madrid(extension) ou I Auditor um de la Radio Danoisea Copenhague ll en sera bientôt de même avecla Philharmonie de Paris le Musee National duQatar a Doha et du Louvre Abu DhabiAléatoirement perforée la double coupole de180 rn de diamètre de ce dernier accessibledepuis la mer et de la terre ferme - abriteI archipel de parallélépipèdes que constituent les

différentes salles d expositions permanentes ettemporaires le musee des enfants I auditoriumles restaurants boutiques espaces publ cs etréserves [architecte y cree un univers des plussereins associant lumieres et ombres refletsinstables et mmobilite calmeMarquant audacieusement I entrée nord de lacapitale la Philharmonie de Paris accueilleradid deux a trois ans 2 400 spectateurs dansson auditorium symphomque dont aucun nesera à plus de 35 rn de I orchestre ' Hebergeantles formations musicales de l'Orchestre de Pariset a proximite du Conservatoire National deMusique et de la Danse cette < colline » pavéed aluminium abritera des salles de répétition etd exposition une bibliothèque ainsi qu un pôlepedagogique et documentaire

t Abu Dhabi Maitre douvrage TDIC Surface 63 000 m2shob dont 22 500 m2 utilespparis Mates douvrage Etat Ville de Pans, Region Ile de France 19000m2 Budget (2007) 200 M euros

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ment constitue par des dations ou donations et doncsouvent monographiques Musee Paul Belmondo aBoulogne Billancourt par Chartier Corbasson, JeanCocteau a Menton par Rudy Ricciotti Soulages aRodez par HCR A moins qu'il ne s'agisse de FondsRegionaux d'Art Contemporain qui aspirent désor-mais a rendre visibles leurs acquisitions (Marseille parKengo Kuma Rennes par Odile Decq)

Contamination à l'échelle planétaireDepuis ses origines I identité du musee est ambiguëD'un lieu de conservation de la memoire a un instrument de developpement economique d'outil de com-munication politique - pour ne pas dire marketing - aun signal monumental qui contribue au developpementurbain le visage du musee - son architecture commele projet politique et culturel qu I incarne - est protei-forme En dépit du desenchantement qui inéluctablement semble transformer l'amateur en consommateuril demeure un lieu ambivalent une fiction sociale, unespace fondamentalement paradoxal qui convoquedifférentes temporalités Si comme le suggérait LouisEtienne Boullee a la fin du XVIIIe'e siecle, « le monumentle plus precieux pour une nation est certainement celuiqui conserve toutes les connaissances existantes >l'équipement museal est peut-être devenu ce sanc-

tuaire ou se trouvent confondues consommation etexaltation de la memoire collective iQu elles soient idéologiques, industrielles ou econo-miques les révolutions susctent des changements tantsocietaux que culturels que l'urbanisme et I architectureincarnent avec plus ou moins de bonheur mas presquetoujours avec grandiloquence Dans notre pays, lestourmentes révolutionnaires successives depuis 1789ont vu les emblèmes de la Royauté (le Louvre, puisle Château de Versailles) muer en musees le secondEmpire donner les gares maîs aussi l'Opéra Garnier etle Muséum d Histoire Naturelle plus pres de nous I avenement de la gauche en 1981 engendra I IMA, le GrandLouvre la Cite de la MusiqueLa Chute du Mur de Berlin en fit la nouvelle capitale del'Allemagne réunifiée dont tous les anciens musees est-allemands ont ete rénoves, donnant lieu a des reconsti-tutions de grandes collections L'effondrement des paysde l'Est et la dislocation de l'Union Soviet que ont faitrenaître ou eclore des etats independants dont tes (nouvoiles) capitales et grandes villes se dotèrent rap démentde symboles culturels forts surtout celtes de pays ayantprogressivement intègre la CEE, a l'image de I Espagneou du Portugal, une fois débarrasses du fascismeLeffet Bilbao va faire des émules ici et la un edificeculturel signe par une des vedettes de l'architecture

contemporaine permettant soudainement à une villed exister sur la carte de la Culture Internationale ! Bienque ne disposant d'aucune collection en propre, le mo-deste musee du design de Ren Arad a Holon vient enfinde faire connaître cette ville satellite de Tel Aviv L'ornoir des pays du Golfe et surtout des émirats arabesa fait jaillir du desert des villes jusque la quasiment as-similables a des sous préfectures voire des caravan-sérails i Leur urbanisation fulgurante a vite révèle queni les plus hautes tours du monde ni les lotissementshaut de gamme les plus ahurissants ne suffiraient a mobiliser a long terme l'intérêt des touristes occidentauxseules de « prestigieuses » institutions culturelles parviendraient a asseoir leur nouveau statut international

Des projets grandiosesLes moyens financiers ne manquant pas, ce sontdonc des projets grandioses qui y fleurissent. auQatar, Pei a livre le Musee des Arts Islamiques tandisque Jean-François Bodin vient d'achever le Mathal(Arab Muséum of Modem Art) , a Abu Dhabi, despartenariats conclus a coup de millions de dollars ontattire des antennes du Louvre et du Guggenheim queconstru sent respectivement Jean Nouvel et FrankGehry alors que Zaha Hadid est en charge d'un em-blématique Performmg Art Center

Ambivalence d'intentions et de fonctions..

fiai Dhabi arc/) Foster et partnersConcours 2007 Cinq grandes

p/umes fonctionnant comme riestours thermiques solaires poir

abriter les exposition

Extension do Haram,la Mecque ArabieSaoudite architcteArchitecture StudioConcours 2008 Prévuepour porter de 560 000a 2 250 000 pèlerins lacapacité daccueil unesuccession danimauxterrasses survolant laville et formant omonereabriteront aussi hôpital

Centre culte/culturel de Tirana,Albanie arch Big Concours 2011

Surf xe 27 000 m'Mosquée Centreislamique et Musee ile I Harmonie

religieuse pour favoriser la paix entreles 3 cultes orthodoxe catholique et

islam pratiques dans le pays

Musee National ti'archéologieet des Sciences dè li Terre, RabatMaroc Arch CMA Kern Koo/haas/ KiloConcours 2010 Surface 25 000 ofNouvel outil structurant pour unepolitique culturelle nationale ambitieuse

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Plus a I est, la Coree du Sud a déjà succombe a latendance I y une dizaine d annees avec le SamsungMuséum dont le campus réunit trois réalisations ca-ractéristiques de Mario Botta Jean Nouvel et RemKoolhaas L'énorme condomimum singapounen duMarina Bay Sands concocte par Moshe Safdie comprend un ArtScience Muséum dont la coquille inverséeaimerait devenir comme l'Opéra de Sydney un symbole identitaire de ce confetti asiatique iS'étant ouverte il y a un quart de siecle a l'économiede marche la Republique Populaire de Chine est entram d operer une nouvelle revolution culturelle quiheureusement n a pas engendre I hécatombe d'artistes de la premiere les seuls victimes étant les ouvners accidentes sur les chantiers L'opéra dess nea Shanghai par Jean Marie Charpent er puis celui dePaul Andreu a Pekin ont amorce la pompe du redeploiement urbain et culturel de I ancien Empire duMilieu Au même titre que les temples du Ciel, desNuages de I Harmonie Suprême structuraient en laponctuant la ville mperiale autour de la Cite Interditeselon I esprit taoïste ou confucianiste les mégalopolesnaissantes font aujourd'hui de même avec les bâtiments publics parmi lesquels musees et auditoriumsrivalisent avec les equipements olympiques récentsles gares et les tours de bureaux toujours plus hautes i

Starisation tous azimutsEt d ailleurs ce n'est pas une surprise si ce sont par-fois les mêmes architectes-stars qui en sont les auteurs I Arep a ainsi déjà construit les gares TGV deShanghai et Pekin maîs aussi le musee d Histoire decette dern ere ' Chacune des deux rives de Shanghaia pour cœur une agora monumentale la Place duPeuple de Puxi concentre dans un parc autour deI hôtel de ville I opera et trois musees (Urbanisme Villeet Art Moderne) tandis que I avenue du Siecle structurant sur 5 kms Pudong est encadrée par la tour de television et le musee h stonque municipal côte fleuve eta I oppose par celui des sciences et de la technologieet les trois salles de spectacles de I Oriental Art Centerimagine par Paul Andreu La nouvelle extension deGuangzhou s organise a partir d un campus cultureldope par des grands noms de I architecture actuelleMiroirs des technologies les plus récentes ces ouvrages sont tous aussi audacieux que gigantesques aI échelle des mégalopoles qu les accueillentDe I autre cote du Pacifique les USA continuent aconstruire des equipements culturels maîs ces der-niers y affichent davantage la réussite financiere desentrepreneurs américains incites au mecenat grâcea une f scalite avantageuse Incarnant le NouveauMonde rien d'étonnant a ce que I art contemporain y

ait le vent en poupe quand bien même si la spécula-tion n en est jamais tres lom ' L'Histoire nous dira cequ en retiendront les s ecles prochainsPlus au sud le Mexique - quelque peu americanise - connaît un phénomène semblable a Guadalajaradont l'agglomération forte de quatre millions d'ha-bitants abrite quatre mega projets dont le colossalCentre JVC - a caractère culturel et sportif - portepar le milliardaire Jorge Vergara A Rio Christian dePortzamparc voit sa Cidade da Musica prendre labo-rieusement forme au sein d une rocade géante des-servant un quartier émergent en périphérie de la capitaie brésilienne dont elle deviendra le symbole urbainLa démesure de certains projets et des budgets affé-rents ont de quoi nous laisser dubitatifs Si l'on peutencore supposer que les musees - désormais lar-gement fréquentes par les scolaires et le trois emeâge via des réductions tarifaires (qui concourent, parailleurs a augmenter leur taux de frequentation defaçon conséquente au grand bonheur dè leurs strateges marketing) - concourent a démocratiser I Art,les philharmoniques et auditoriums de plus en plusgrands et coûteux semblent hélas destines a une elitecles plus restreintes et a priori peu populare On estbien loin, des lors de 'la Culture pour tous' prônéepar Andre Malraux i L B /J -F P /A L

..et bientôt les favelas aux balcons ?

Casa da Musica RobertoHinnin!, Rio dè JaneiroBresil Arcti Christian dePortumparc 2002/2011

Surface 40 000 rn* stim Ungrand repère visible au centre

de la plaine nouvellementurbanisée qui accueille deuxsalles de tm et 500 places

salle electro acoustiqueecole de musique

médiathèque 3 cinemasrestaurant Un autre festival

Elbfliilarmonia Hambourg Allemagnearch Herzog et de Meuron 2013Cet ancien entrepot de tabac reconverticumule 120000m* de planchers29 niveaux hauteur depuis le fleuve110m deux salles de concert 2 ISOet 500 places hotel de 246 chambreset 45 appartements sans compter locauxou spa Une montagne1