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Ministère de l’Égalité des territoires et du LogementMinistère de l'Écologie, du Développement durable et de l’Énergie

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5es assises nationales de l’accessibilité

Les actes

Salon Autonomic - Paris

Parc des expositions Hall 7 - niveau 3 - salle Sirius

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SOMMAIRE1 - OUVERTURE ...............................................................................................................................4

2 - ACCESSIBILITÉ ET CONCEPTION UNIVERSELLE..................................................................52.1 - Introduction.................................................................................................................................52.2 - Synthèse de la conférence conception universelle du 9 décembre 2011 .................................52.3 - Design et esthétisme..................................................................................................................62.4 - Domotique pour tous .................................................................................................................72.5 - Le concept de conception universelle .......................................................................................82.6 - Débat avec la salle ....................................................................................................................8

3 - TRANSPORTS, DÉPLACEMENTS ...........................................................................................113.1 - Recueil de belles pratiques et de bons usages en matière d’accessibilité .............................113.1.1 -Introduction ............................................................................................................................................................................................................11

3.1.2 -Les transports en commun de l’agglomération de Brive-la-Gaillarde ...................................................................................................................11

3.1.3 -Gare du Val d’Or à Saint-Cloud ............................................................................................................................................................................13

3.1.4 -Débat avec la salle ................................................................................................................................................................................................13

3.2 - Étude : difficultés de déplacements des personnes handicapées mentales ..........................143.2.1 -Présentation de deux études universitaires ..........................................................................................................................................................14

3.2.2 -Témoignages ........................................................................................................................................................................................................15

3.2.3 -Débat avec la salle ................................................................................................................................................................................................17

4 - VOIRIE ET ESPACES PUBLICS ...............................................................................................184.1 - Recueil de belles pratiques et de bons usages en matière d’accessibilité .............................184.1.1 -Une voirie entièrement accessible : l’exemple de Sommières-du-Clain ..............................................................................................................18

4.1.2 -Aménagement du sentier de l’Yeuseraie ..............................................................................................................................................................18

4.1.3 -Présentation du guide « Accueil des personnes handicapées sur les sites du Conservatoire du littoral » .........................................................19

4.1.4 -Débat avec la salle ................................................................................................................................................................................................20

4.2 - Travaux de normalisation sur les bandes de guidage .............................................................20

5 - CADRE BÂTI : ERP ET LOGEMENTS .....................................................................................255.1 - Recueil de belles pratiques et de bons usages en matière d’accessibilité .............................255.1.1 -Habitat Saint-Quentinois .......................................................................................................................................................................................25

5.1.2 -Le hameau de la mixité .........................................................................................................................................................................................27

5.1.3 -Organiser un recensement de l’offre de logements accessibles par une CAPH .................................................................................................28

5.2 - Mise en accessibilité des commerces .....................................................................................30

6 - CLÔTURE ...................................................................................................................................34

7 - INDEX .........................................................................................................................................35

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1 - Ouverture Marie PROST-COLETTADéléguée ministérielle à l'accessibilitéMme PROST-COLETTA se réjouit d’ouvrir pour la seconde fois les Assises nationales de l’accessibilité qui se déroulent cette année encore dans le cadre du salon Autonomic. Elle rappelle que la question de la nouvelle gouvernance de l’accessibilité avait été au cœur des débats en 2010. Le programme de l’édition 2012 a, lui, été construit dans un contexte de relative incertitude compte tenu des échéances électorales à venir. C’est néanmoins l’occasion de faire le point sur les avancées et les problématiques en matière de transports en commun, voirie et construction. Il est en effet important de débattre collectivement des progrès qui ont été accomplis et des interrogations qui subsistent.

En 2010, le gouvernement a demandé qu’un bilan sur l’accessibilité soit effectué dans chaque département. Cette volonté politique a permis l’organisation de journées territoriales de l’accessibilité auxquelles 95 départements et plus de 10 000 personnes ont participé. Grâce à ces journées, la Délégation ministérielle à l’accessibilité a pu élaborer un atlas des démarches d’accessibilité. Cet atlas est en cours d’actualisation afin d’examiner l’état d’avancement de la mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics. Forte des remontées de 2010, la Délégation a également effectué un recensement de belles pratiques et bons usages.

La Conférence nationale du handicap a constitué un temps fort de la politique d’accessibilité. Elle s’est traduite par 102 engagements sur lesquels les différents ministères travaillent. Le Ministère du Développement durable a été notamment chargé d’une part d’améliorer l’accessibilité des voiries afin de garantir le lien social et la qualité de vie des personnes en situation de handicap, d’autre part d’ouvrir un centre de ressources chargé de rechercher, répertorier, valoriser et diffuser les bonnes pratiques en matière d’accessibilité et de conception universelle pour le compte de l’Observatoire interministériel de l’accessibilité et de la conception universelle. Le centre de ressources est géré suivant une charte de déontologie. Il accueillera pendant les assises son 45 000ème visiteur.

Ces assises sont par ailleurs l’occasion de débattre d’une nouvelle thématique, celle de la conception universelle. Cette notion est en effet montée en puissance suite à la ratification par la France de la convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées. Une journée entière lui a été consacrée le 9 décembre 2011.

Mme PROST-COLETTA souhaite finalement de bons travaux aux intervenants et aux participants. Elle cède la parole à Nicolas Merille, conseiller national de l’APF, pour lancer les premiers échanges.

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2 - Accessibilité et conception universelle

Francesc ARAGALL, Design For All FoundationFlorent ORSONI, L’École du Design Nantes-AtlantiqueSylvie MATHON, CETE Nord-PicardieAndré AUGST, CEP-CICATLa session est animée par Nicolas MERILLE, APF.

2.1 - Introduction

M. MERILLE confirme que ces assises sont l’occasion d’examiner les déclinaisons du principe de conception universelle à l’international et d’approfondir ses applications éventuelles en France. Grâce aux quatre intervenants successifs, il propose d’effectuer un état des lieux des réflexions sur la conception universelle, d’examiner les possibilités d’acculturation dans une école de design, d’observer l’exemple de la domotique pour tous et enfin de dresser un panorama international du principe.

Il rappelle que l’article 2 de la convention de l’ONU a défini la conception universelle comme « la conception de produits, d’équipements, de programmes et de services qui puissent être utilisés par tous, dans toute la mesure possible, sans nécessiter ni adaptation ni conception spéciale ». L’institut pour une conception anthropo-centrée a par ailleurs défini sept principes conducteurs. Les produits de conception universelle doivent être utiles à des personnes aux capacités diverses. Ils doivent être d’une utilisation flexible. Ils doivent ensuite être d'un usage aisé, quels que soient l'expérience, les connaissances et le niveau de concentration courant de l'utilisateur.

Les informations nécessaires à l’utilisation doivent être transmises effectivement à l'utilisateur quelles que soient ses capacités sensorielles. Le hasard et les conséquences d'actes involontaires ou accidentels doivent être minimisés. Les produits doivent pouvoir être utilisés efficacement, confortablement et avec un minimum de fatigue. Enfin, l’utilisateur doit disposer d'un espace suffisant pour l'approche, la préhension et la manipulation des produits.

M. MERILLE cède la parole à Sylvie Mathon.

2.2 - Synthèse de la conférence conception universelle du 9 décembre 2011

Mme MATHON souhaite mentionner les points les plus saillants des débats qui ont eu lieu en décembre. Un des points importants est qu’en vertu du principe d’universalité, les produits de conception universelle doivent être accessibles au plus grand nombre. L’évolution de l’âge et des caractéristiques physiques de la population au niveau mondial rend donc nécessaires des adaptations. Ce constat interroge la notion même de mobilité réduite.

Les débats ont ensuite interrogé les notions de capacité et d’incapacité mais aussi

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l’acceptabilité des normes. En effet, le handicap est souvent vécu par les professionnels comme une contrainte. Or, une minorité en augmentation du fait du vieillissement de la population sera à un moment amenée à fixer la norme. La mobilité réduite d’aujourd’hui peut donc constituer une référence pour adapter les villes de demain. Prendre ces contraintes en compte dès aujourd’hui permettra d’imaginer une ville moderne dans laquelle chacun pourra se développer.

La conférence du 9 décembre a ensuite permis de questionner l’objectif de rendre le plus grand nombre de personnes autonomes. Les participants se sont interrogés sur la possibilité d’appliquer cet objectif à tous et sur l’opportunité de conserver des approches au cas par cas. Ils ont finalement mis en avant la notion d’approche personnalisée de service. Cette personnalisation suppose que les designs puissent s’adapter et que les acteurs soient en capacité de se concerter.

Mme MATHON explique ensuite que la conception universelle est un champ nouveau, porteur d’innovation. Elle rappelle que l’innovation peut se définir comme la capacité à trouver des solutions pour un individu à un moment donné et que c’est en détournant cet usage que l’on parvient à un objet universel et innovant. Le problème est que la notion de propriété et la tendance des chercheurs et des entreprises à protéger leurs innovations nuisent à la diffusion de l’innovation. Mme MATHON souligne par ailleurs que la conception universelle n’est pas naturelle et ne va pas de soi. En effet, l’être humain n’est pas naturellement enclin à diffuser ses innovations. Cette diffusion doit donc être organisée.

Un autre débat important a consisté à confronter innovation technologique et lien social. La conception universelle suppose en effet de faire travailler tous les acteurs –spécialistes, professionnels, collectivités, usagers – ensemble. La nouveauté de la conception universelle est aussi que cette notion ne s’attache plus à l’objet en lui-même –un mode de transport par exemple – mais à l’ensemble de la chaîne qui permet à un individu de se rendre d’un point A à un point B.

2.3 - Design et esthétisme

En préambule, M. ORSONI tient à dénoncer l’idée suivant laquelle le design ne serait qu’esthétisme et effet de style. Le problème est que l’esthétisme est souvent interprété dans un sens péjoratif. Pourtant, il n’est pas seulement superficiel. C’est même ce qui fonde un projet dans toutes les dimensions de conception. Le design est en fait la résultante de trois composantes – l’usage, la technique et l’esthétique – articulées dans un contexte économique, social et culturel donné.

Le design consiste par exemple à concilier patrimoine historique et accessibilité dans un château où l’accès des PMR n’est pas assuré faute d’ascenseur. La solution consiste alors à imaginer une extension qui viendrait se greffer au bâti en respectant les codes esthétiques existants. Grâce au design, il est possible de proposer un espace qui n’est pas caché et qui constitue une évolution logique du bâti.

En termes de méthodologie, il existe un lien très fort entre handicap et innovation. L’innovation transforme en effet les contraintes de départ (le handicap moteur, mental, visuel ou auditif) et la réglementation pour les intégrer dans une approche positive débouchant sur un projet de qualité. Cette qualité consiste à proposer un produit qui assurera un effort minimal, un sentiment de sécurité, une bonne communication et une bonne utilisation/compréhension. L’innovation dépasse ainsi la seule accessibilité pour parvenir à une conception universelle.

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M. ORSONI observe ensuite que le risque dans toute opération d’accessibilité est de réaliser un aménagement pour personnes handicapées qui supprime la barrière physique mais qui crée une barrière du regard. Cependant, dans l’urgence que représente la mise en accessibilité de nombreux bâtiments, il faut s’interroger sur la possibilité matérielle de parvenir à chaque fois à une conception universelle.

Le couple conception universelle/design doit permettre la participation réelle des personnes en situation de handicap à la vie de la cité. L’accessibilité ne doit pas seulement répondre à des besoins primaires, elle doit aussi répondre au besoin d’estime et d’accomplissement de chacun. Ainsi, mettre en place une entrée unique accessible dans une école permet de répondre au besoin technique des élèves en situation de handicap mais aussi à leur besoin d’estime.

Le design doit ensuite traiter la question de l’adaptabilité qui est une des clés de la conception universelle. Il s’agit par exemple d’optimiser les rangements ou d’anticiper les adaptations au fil de la vie.

En conclusion, M. ORSONI rappelle que l’accessibilité n’est pas une contrainte. Il invite chacun à prendre conscience qu’elle fait partie intégrante des qualités du projet. Le design permet bien de réconcilier accessibilité et esthétique.

2.4 - Domotique pour tous

M. AUGST explique que les produits de domotique conçus par le CEP s’adaptent aux besoins, sont accessibles à tous et invisibles pour tous. Le CEP imagine des produits dont l’utilisabilité et l’évolutivité sont élevées. Les personnes peuvent attendre un résultat efficace et efficient et un usage satisfaisant et confortable.

La domotique est une technologie complexe car elle fait appel à un grand nombre de métiers. Elle permet cependant de compenser des situations de handicap et de dépendance en donnant aux personnes plus d’autonomie, de sécurité et de capacité à communiquer et en détectant les chutes et les oublis.

M. AUGST donne l’exemple du projet Adorha d’habitat intergénérationnel évolutif intégrant les technologies de l’information et de la communication. Faisant suite à un appel à projets du Conseil général du Bas-Rhin, ce projet ambitieux comprend trois actions : rénover un appartement habité du parc de logements sociaux, configurer un système domotique dans un appartement neuf dans le cadre d’un programme de logements sociaux et configurer un système dans une maison individuelle dans le cadre de la construction d’une maison témoin à Obernai.

Une dimension importante a consisté à normaliser un modèle économique à l’attention du bailleur social et du promoteur immobilier afin que les systèmes domotiques puissent être reproduits. D’autres problématiques essentielles sont liées au coût de la domotique, à la difficulté de faire communiquer des objets entre eux et à la nécessité de faire communiquer l’extérieur et l’habitat. Des box intelligentes capables de gérer l’interopérabilité des produits sont donc nécessaires. La difficulté est aussi que les personnes ont besoin d’habitudes et qu’il faut pouvoir gérer le choix limité d’actions proposé par la domotique. L’habitat doit savoir mémoriser les habitudes de la personne pour faciliter sa vie quotidienne en termes de confort, de communication, de chauffage, d’éclairage et de prévention des risques.

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2.5 - Le concept de conception universelle

M. ARAGALL explique qu’il y a plus de 20 ans, des Américains ont créé le principe de la conception universelle pour que les personnes invalides puissent vivre dans un monde de valides. Aujourd’hui, partant du principe que tous les humains sont valides, l’objectif est de faire disparaître les environnements « handicapants ». Les produits et services de conception universelle doivent s’inspirer de dix valeurs fonctionnelles : respecter et exalter la diversité humaine, garantir la sécurité, promouvoir la santé, favoriser la compréhension, augmenter la puissance, améliorer l’efficacité, augmenter l’attrait, apporter de la fiabilité, améliorer la durabilité et enfin garantir l’accessibilité économique.

M. ARAGALL donne ensuite quelques exemples internationaux. Il explique qu’au Japon, les entreprises développent la conception universelle car elles la considèrent comme une manière intelligente d’assurer le développement économique. A Singapour, le gouvernement a décidé de rendre le pays sûr, sain, durable et accessible à tous et a notamment mis l’accent sur l’accessibilité et sur le confort des espaces publics et des commerces. En Grande-Bretagne, l’Equality Act de 2010 a pour objectif de combattre tous types de discrimination, notamment en matière de handicap.

Enfin, la France participe au projet IDeALL qui a pour objectif de resserrer les liens entre design, innovation et compétitivité au niveau européen en permettant à des laboratoires de donner des outils aux PME pour qu’elles comprennent mieux les usagers et qu’elles conçoivent des produits pour et avec eux.

M. ARAGALL souligne finalement que la conception universelle doit déboucher sur une réflexion sociale mais aussi économique. C’est en effet une opportunité de développement économique et social pour l’Europe qui pourrait exporter au monde des produits et des services liés au respect des droits humains, à la durabilité et à la qualité de vie. Pour M. ARAGALL, l’Europe doit songer à se spécialiser dans ce domaine.

2.6 - Débat avec la salle

Un participant, directeur d’un centre de ressources sur les aides techniques en Guadeloupe, demande si et comment les universités se sont saisies de la question de la conception universelle.

M. ORSONI explique que l’Ecole du Design de Nantes s’est assez naturellement saisie de la question. Répondre aux besoins des personnes en situation de handicap permet en effet d’apporter des éléments de confort et d’utilisabilité pour tous. Le handicap est facteur d’innovation car il est en général révélateur d’un dysfonctionnement. S’agissant de l’enseignement en architecture, M. ORSONI souligne qu’il faudrait passer d’un enseignement classique sur les normes d’accessibilité à un enseignement beaucoup plus large conciliant usages, technique et esthétique. Il souhaite d’ailleurs que l’accessibilité ne soit pas enseignée dans un module spécifique mais qu’elle constitue un fil conducteur dans les formations.

M. MERILLE ajoute que l’intégration de la conception universelle dans les cursus des établissements d’enseignement supérieur est un enjeu essentiel. Au-delà des formations, les acteurs de la Fédération du design essayent de faire connaître le principe de conception universelle pour parvenir à une application industrielle. Une problématique essentielle est de ne pas rester centré sur le cadre bâti et d’adopter une vision d’ensemble, qu’il s’agisse de la qualité d’usage des déplacements et de la signalétique ou du schéma d’information et de

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communication via des supports papier ou Internet. L’objectif est d’éviter des ruptures dans les circuits de déplacement. Finalement, parvenir à ce que les industriels fassent de la conception universelle un argument marketing serait une grande victoire.

M. AUGST souligne que le CEP défend cet objectif d’industrialisation par des partenariats forts avec les fabricants. Ces derniers sont d’ailleurs désireux de tracer la valeur ajoutée de leurs produits. Une solution consisterait à mettre en place une classification du niveau d’usage des produits : produit conforme, confortable, confortable et agréable, etc.

Un participant n’est pas favorable à ce que l’Europe cherche à exporter une certaine qualité sociale car cette qualité sera appréciée différemment suivant les contextes locaux. Il estime dangereux que la vieille Europe essaye de donner des leçons. Il s’interroge ensuite sur la qualité des réseaux de distribution de domotique. Il constate en effet que depuis 35 ans, des solutions très chères sont proposées pour des résultats moyens.

Mme MATHON observe que la société n’était peut-être pas jusqu’à aujourd’hui prête pour la domotique.

M. ARAGALL rappelle que la Chine produit d’une manière impropre alors que la France – même si elle n’est pas totalement exemplaire – essaye d’être respectueuse de l’environnement et des personnes. Il lui semble que l’Europe qui a mis un terme à la peine de mort a toute légitimité pour défendre et exporter – y compris en termes économiques – des principes autour des droits humains et de l’égalité des personnes.

M. MERILLE souligne que le Comité européen de normalisation souhaite inclure la conception universelle dans ses normes afin d’inciter les industriels à s’approprier le principe et à proposer des produits. Concernant la France, il souhaite que l’INPI intègre dans les brevets des critères liés à la conception universelle.

Une participante demande s’il existe un lien entre conception universelle et développement durable et si les deux notions sont compatibles. Elle s’interroge par ailleurs sur le caractère durable des solutions domotiques.

M. ARAGALL souligne que conception universelle et développement durable sont indissociables dans la mesure où les deux notions mettent en avant l’égalité des droits pour tous, y compris pour les générations futures. Il explique ensuite que la domotique permet d’économiser de l’énergie puisque mettre en place un système intelligent d’ouverture des portes par exemple est plus écologique que de fabriquer une clé.

M. AUGST confirme que la domotique n’est pas un obstacle au développement du couple développement durable/conception universelle.

M. ORSONI indique que le laboratoire Ville durable veille à choisir des matériaux en fonction de leur localisation et de l’énergie à mobiliser. Il ajoute que le laboratoire a mené une réflexion sur les déplacements urbains et sur la place des piétons. La contrainte du 1,40 mètre libre de tout obstacle conduit en effet à modifier le rapport à la ville et les fonctions urbaines. Le handicap pose la question des « modes de ville » et fait l’éloge de la lenteur.

M. MERILLE souligne que la France a une vision très écologique du développement durable et a tendance à oublier ses deux autres piliers. Il invite à adopter une approche globale mêlant le social, l’économique et l’écologique. De la même manière, il regrette que la question de l’accessibilité soit mentionnée sous l’égide du Ministère chargé des personnes handicapées. En effet, l’amalgame entre accessibilité et handicap gomme la dimension globale de l’accessibilité.

Un participant met l’accent sur un problème saillant, celui de l’accessibilité des

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établissements recevant du public, qui sont pour la plupart anciens. Il s’interroge sur la manière d’améliorer la formation des acteurs sur le terrain de façon à diffuser le principe de conception universelle.

M. AUGST indique que les formations existent mais que la difficulté est de mobiliser les acteurs et de dégager du temps de formation.

Pour M. ARAGALL, la conception universelle souffre d’un problème d’ordre marketing. Il donne l’exemple des centres commerciaux qui sont absolument tous accessibles car leurs exploitants ont tout intérêt à ce que chacun y accède et y reste le plus longtemps possible. Faire de la conception universelle c’est simplement adapter les services aux besoins. Pour convaincre les propriétaires d’un hôtel par exemple de rendre leur établissement accessible, il faut leur rappeler qu’ils répondent à la diversité de leurs clients.

Un participant explique que la formation des architectes était initialement basée sur deux piliers : la connaissance et la transcription de la forme d’une part et la connaissance des usages d’autre part. Comment réhabiliter ce second pilier ? Au-delà de la définition même de la conception universelle, il faudrait construire une pédagogie, une méthode et pouvoir classifier des objets. C’est à ce prix qu’un enseignement pourra être construit.

M. MERILLE ajoute que l’Ordre des architectes a manifesté la volonté de promouvoir les usages auprès de ses membres. Par exemple, les architectes ne doivent pas multiplier les ascenseurs en application stricte de la réglementation mais plutôt chercher à répondre à des besoins. M. MERILLE confirme par ailleurs qu’un grand champ reste à ouvrir en termes de formation et qu’il faudra plusieurs années avant d’en voir les premières applications.

Un participant, vice-président de CDCPH, s’étonne qu’un escalier par exemple soit défini de deux manières différentes dans les réglementations sur la voirie et sur le bâti.

M. MERILLE confirme que des problématiques de non-concordance réglementaire sont remontées à la Délégation ministérielle à l’accessibilité.

M. ARAGALL ajoute que les normes d’accessibilité sont partout un sujet de négociation entre les promoteurs, les architectes, les usagers, etc. Il regrette le manque de développement légal du point de vue scientifique car cette absence conduit à mettre en place des équipements pas adaptés à tous. Il donne l’exemple d’une étude coréenne qui a calculé la pente idéale de rampe (4 %) permettant une consommation d’oxygène égale pour les personnes à pied et en fauteuil.

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3 - Transports, déplacements

Laurent COLIN, SNCFMario LORENZO, SNCFFabienne CASSAGNES, Communauté d’agglomération de Brive-la-GaillardeGilbert PIRES, Communauté d’agglomération de Brive-la-GaillardeMarine BALLE, Université Lille 3Virginie DEJOUX, Université Paris 1Joël MEISSONNIER, CETE Nord-PicardieJean-Philippe FALQUE, Association « Nous Aussi »Marie-Christine LEGROS, UNAPEILa table ronde est animée par Marie PROST-COLETTA, Déléguée ministérielle à l’accessibilité.

3.1 - Recueil de belles pratiques et de bons usages en matière d’accessibilité

3.1.1 - Introduction

Mme PROST-COLETTA rappelle qu’un dispositif de recueil des belles pratiques et bons usages a été lancé après les journées territoriales de l’accessibilité afin de capitaliser sur ces expériences, de permettre à d’autres acteurs de se poser les bonnes questions et de trouver de belles réponses. 220 dossiers ont été traités par des jurys départementaux composés des services de l’État, des associations, de maîtres d’ouvrage et de maîtres d’œuvre. Ces jurys ont sélectionné 160 dossiers répondant à différents critères : qualité d’usage, qualité urbanistique et esthétique, sécurité réelle et ressentie, qualité environnementale, gouvernance et concertation et enfin économie générale de la réalisation.

Ces 160 dossiers sont venus alimenter le centre de ressources accessibilité. Le jury a finalement retenu 14 lauréats. Avec 46 autres projets, ils ont fait l’objet d’un recueil national des plus belles réalisations. La délégation ministérielle souhaite valoriser ces réalisations, par exemple celle de Brive-la-Gaillarde en matière de transports en commun.

3.1.2 - Les transports en commun de l’agglomération de Brive-la-Gaillarde

Mme CASSAGNES explique que la Communauté d’agglomération de Brive (CAB) existe depuis 2001 et regroupe 16 communes dont deux communes urbaines (Brive et Malemort) et 14 communes rurales pour un total de 81 000 habitants. La CAB est l’autorité organisatrice des transports urbains sur le territoire. Elle a mis en place le réseau Libéo qui regroupe des transports urbains, des transports scolaires, des

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transports à la demande dans les communes rurales et un service de transport accessible. En 2011, 1,81 million de voyages environ ont été effectués sur l’ensemble de ces services, dont 6 523 sur le seul service Libéo Accessible. Depuis 2009, la CAB s’est engagée dans une politique de mise en accessibilité de son réseau de transport collectif. Pour atteindre cet objectif à l’horizon 2015, elle a profité de la restructuration de son réseau de transport collectif et du renouvellement des abribus et des poteaux. Cette action s’inscrit dans le cadre du Schéma Directeur d’Accessibilité des services de transports publics et du Plan des Déplacements Urbains dont l’amélioration du cadre de vie et l’accessibilité pour tous constituent deux des principaux objectifs. Concrètement, l’action a consisté à acquérir 18 véhicules neufs accessibles et à mettre en accessibilité 76 arrêts de bus parmi les plus empruntés. L’objectif final consiste à favoriser l’utilisation des transports collectifs par tous.

Avec la nouvelle délégation de service public, la CAB est devenue propriétaire des véhicules affectés aux services Libéo et Libéo accessible. Les véhicules neufs répondent aux dernières normes environnementales en matière d’émission de particules et offrent un confort aisé pour les usagers. Le réseau de transport comporte 593 arrêts dont 106 sont matérialisés par des abribus et 189 par des poteaux. Au 1er janvier 2011, 76 d’entre eux étaient accessibles. Deux niveaux d’accessibilité ont été définis pour l’aménagement des arrêts, le tissu urbain ne permettant pas toujours de disposer d’un espace suffisant : accessibilité optimale et accessibilité limitée. Le renouvellement de ces espaces a par ailleurs été l’occasion de rénover la voirie aux alentours.

Mme CASSAGNES souligne les points forts de cette action : l’acquisition des nouveaux matériels a redonné une image dynamique au réseau de transport ; le recours à un nouveau nom commercial, la pose d’une nouvelle découpe de bus et les équipements embarqués ont amélioré la perception des transports collectifs par toute la population. La simplification de la signalétique a facilité les déplacements des usagers. Enfin, l’aménagement des arrêts de bus a permis aux usagers comme aux automobilistes de facilement les identifier et aux PMR et piétons de circuler facilement et dans de bonnes conditions de sécurité.

La mise en œuvre de l’action a été rendue possible par une démarche partenariale forte entre les communes, les autres autorités organisatrices de transports, les associations et l’exploitant du réseau de transport urbain. La création de la CIAPH, le 12 février 2009, a permis à tous les acteurs de prendre part à la réflexion et de lancer ce vaste projet.

D’un point de vue formel, la CAB et les communes de Brive et Malemort ont élaboré une convention définissant les principes d’aménagement et les conditions de financement des travaux pour les arrêts de bus. Les communes ont ensuite réalisé les travaux relatifs à la mise en accessibilité des arrêts. Les matériels roulants ont demandé un investissement de 3,6 millions d’euros HT pris en charge à 100 % par la CAB. Les arrêts de bus ont demandé un investissement de 0,6 million d’euros HT pris en charge à 50 % par la CAB.

Mme CASSAGNES indique ensuite les difficultés rencontrées. S’agissant des arrêts de bus, le principal obstacle concerne le partage des compétences entre la voirie et les transports collectifs. Il est important de bien prendre en compte les intérêts et objectifs de chacun et d’examiner les modalités de financement. Les points de vigilance consistent à bien identifier les besoins des PMR, à connaître les évolutions technologiques permettant de répondre à ces besoins, à être attentif aux travaux de voirie affectant les arrêts de bus et enfin à effectuer un suivi constant du dispositif.

En conclusion, Mme CASSAGNES indique que fin 2012, 80 % des transports de l’agglomération seront accessibles. La barre des 100 % sera atteinte en 2014.

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Mme PROST-COLETTA demande si les chauffeurs sont formés à la prise en charge des PMR.

Mme CASSAGNES assure que la CAB est très sensible à cette question. Les chauffeurs reçoivent obligatoirement une formation pour l’utilisation du nouveau matériel. Ils sont aussi formés à l’éco-conduite et à la compréhension des différents handicaps.

M. PIRES précise que la CAB réalise des contrôles inopinés auprès de l’exploitant et lui demande un rapport annuel mentionnant les formations suivies par les chauffeurs.

Mme CASSAGNES indique que la CAB travaille beaucoup avec les associations qui n’hésitent pas à faire remonter les difficultés rencontrées au quotidien dans les transports.

3.1.3 - Gare du Val d’Or à Saint-Cloud

Mme PROST-COLETTA demande comment une « vieille dame » comme la SNCF arrive à s’occuper d’accessibilité.M. COLIN explique que c’est pour la SNCF une préoccupation très importante. Une délégation chargée d’une mission transverse sur l’ensemble des branches de la SNCF (matériel, gares, RH, etc.) a donc été créée. Cette délégation est chargée de fixer le cap de ce que doit être l’accessibilité à la SNCF. Elle mène pour cela des concertations régulières avec l’ensemble des associations depuis six ans afin de faire évoluer les politiques au fil du temps. L’une de ces politiques concerne la mise en accessibilité des gares.

M. LORENZO confirme que les modes de pensée ont évolué depuis six ans et que les retours d’actions, d’échanges et de réflexions ont permis de construire un référentiel interne. La rénovation de la gare du Val d’Or à Saint-Cloud est symptomatique de cette expérience. M. LORENZO explique que la commune de Saint-Cloud est équipée d’une passerelle qui relie les parties haute et basse de la ville mais qui dessert aussi le chemin de fer. Après 110 ans de services, cette passerelle arrivait en fin de vie. Il a donc fallu imaginer un projet qui perpétue ces fonctions et qui ne crée pas de conflit entre les différents usages. Une autre contrainte était la protection de l’espace naturel du Mont Valérien.

De nombreux équipements accessibles ont été mis en place : double main courante, passages de contrôle élargis, rampes accessibles, places de parking PMR, contremarches des escaliers et peignes des escaliers mécaniques contrastés, ascenseurs accessibles aux non-voyants, guichets adaptés, pictogrammes et signalétiques adaptés, etc. L’objectif était de rendre les échanges aussi faciles et agréables que possible.

Ce projet partagé par plusieurs partenaires – STIF, ville, SNCF – et approuvé par tous permet aujourd’hui à la SNCF de poursuivre sa politique de mise en accessibilité. Le projet du Val d’Or intègre en effet de nombreuses informations et contraintes et peut être décliné dans d’autres villes.

3.1.4 - Débat avec la salle

Mme CASSAGNES indique que la gare de Brive sera, elle, aussi réaménagée d’ici à fin 2014. Le projet intègre une nouvelle passerelle réalisée par des artisans locaux, des ascenseurs et un parking accessible.Un participant demande si les sourds et malentendants peuvent communiquer avec l’extérieur dans les ascenseurs de la gare de Saint-Cloud.

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M. COLIN indique que différents moyens de communication ont été prévus quel que soit le handicap.

Un participant, médecin du travail, souligne que parfois les gares sont accessibles mais pas les quais. Cette incohérence pose la question des relations entre les villes, la SNCF et RFF.

M. COLIN confirme que c’est un point central. Il explique que la SNCF a rédigé un référentiel commun avec RFF et que pour chaque nouveau projet, une équipe va à la rencontre des collectivités pour traiter la question de l’accessibilité de la gare. La difficulté est de gérer les intérêts et le planning de chacun. La SNCF essaye à tout le moins d’avoir un planning commun avec RFF.

Mme PROST-COLETTA ajoute que lorsque la loi ne prévoit pas de partenariats, l’intelligence humaine trouve des solutions. Les conventions de partenariat signées à Brive en sont un bon exemple.

M. ARAGALL s’enquiert des raisons pour lesquels on choisit de mettre en place un transport à la demande ou non. Il indique ensuite qu’une solution pour permettre aux malentendants de communiquer dans l’ascenseur est l’envoi de SMS.

M. COLIN rappelle que la SNCF a mis en place le dispositif « Accès Plus » d’accueil et d’accompagnement.

Mme CASSAGNES signale que le transport à la demande est accessible à tous sur des arrêts prédéfinis tandis que le transport accessible est réservé aux personnes handicapées titulaires de la carte européenne.

3.2 - Étude : difficultés de déplacements des personnes handicapées mentales

3.2.1 - Présentation de deux études universitaires

Mme BALLE explique que son laboratoire de psychologie est spécialisé dans l’étude des phénomènes cognitifs. Il intervient aussi bien en recherche fondamentale, pour étudier les facteurs qui favorisent ou qui empêchent l’orientation spatiale, qu’en recherche appliquée pour mettre en place des produits susceptibles d’aider les personnes à se déplacer.

Mme BALLE définit l’autonomie dans les déplacements comme la capacité à se déplacer sans aide dans un environnement familier ou non. C’est donc une condition nécessaire à la participation sociale puisqu’elle permet d’établir des liens entre la vie résidentielle, la vie professionnelle et les loisirs. L’autonomie implique de pouvoir planifier des déplacements, les réaliser sans erreur et faire face aux imprévus. Elle met donc en jeu des facteurs cognitifs et émotionnels.

Une étude a été menée auprès de personnes déficientes intellectuelles présentant des capacités et des profils individuels très variés. Le plus souvent, ces personnes se trouvent en situation de handicap quand il s’agit de se déplacer dans un environnement étranger. Elles sont capables d’apprendre un itinéraire fixe mais elles manquent de flexibilité et utilisent des points de repères pas toujours pertinents pour s’orienter (repères mobiles). Leur capacité à se déplacer ou non est aussi influencée par des facteurs environnementaux tels que les réticences des proches et des professionnels.

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Cette étude a été menée auprès de 70 personnes en ESAT à travers des entretiens semi-directifs. Cette méthode n’était pas d’un usage facile pour les chercheurs et pour les personnes interrogées mais les résultats se sont révélés très instructifs. Les personnes ont été questionnées sur trois sujets : les déplacements en autonomie, la planification d’un nouveau trajet et la gestion des imprévus.

Interrogées sur la fréquence de leurs déplacements autonomes, 50 % des personnes répondent qu’elles se déplacent rarement ou jamais seules dans leur quartier et 70 % répondent qu’elles ne se déplacent jamais seules hors de leur quartier. Les raisons de cette absence de déplacements hors quartier sont les craintes personnelles, les craintes des proches et l’absence d’intérêt.

Lorsqu’il s’agit de planifier un nouvel itinéraire, 40 % des personnes renoncent au déplacement et 35 % sollicitent une personne inconnue. En cas d’imprévu tel qu’une panne des informations sonores dans le métro, 41 % des personnes lisent le nom des stations de métro, 41 % ne savent pas quoi faire.

Mme BALLE souligne en conclusion l’importance des restrictions à l’autonomie dans les déplacements et le poids des facteurs émotionnels. Elle invite à prendre en compte ces éléments pour adapter les procédures d’apprentissage.

Mme DEJOUX présente ensuite une étude lancée par l’Université Paris I en partenariat avec le CRIDUP, le CETE Nord-Picardie, la Communauté d’Agglomération d’Amiens Métropole, la Ville d’Amiens et l’IFSTTAR /DEST. L’objectif est d’enrichir les diagnostics de déplacements des PDU par la prise en compte des personnes à mobilité réduite et de définir des méthodes de diagnostic pour compléter l’action des SDA et des PAVE en termes d’accessibilité des personnes avec déficiences mentales, cognitives ou psychiques.

Deux méthodes ont été utilisées : une approche quantitative basée sur les enquêtes transports et handicaps et une approche qualitative basée sur des focus group (groupes de parole) et des parcours commentés. Ces méthodes permettent d’examiner les conséquences de déficiences plus ou moins restrictives en termes de mobilité.

M. MEISSONNIER explique que les focus group consistent à réunir pour les faire discuter un public « naïf », des personnes présentant une déficience, leurs proches et des professionnels. Les parcours commentés permettent dans un second temps d’entrer dans le détail des difficultés rencontrées individuellement.

Mme DEJOUX indique que ces recherches se poursuivent actuellement mais que certaines solutions peuvent déjà être suggérées : former les personnels et sensibiliser la population, rendre plus visibles les numéros des maisons et les noms des rues, annoncer les arrêts et la prochaine station dans les transports ou encore mettre en place des bandes de couleur dans couloirs du métro.

Un exemple de parcours commenté est diffusé.

3.2.2 - Témoignages

Mme PROST-COLETTA s’enquiert des initiatives prises par l’UNAPEI.

Mme LEGROS témoigne de son émotion à la découverte de ce parcours commenté. Ce n’est en effet pas sans angoisse que les familles guident leurs enfants vers l’autonomie. Mme LEGROS présente ensuite les demandes de l’UNAPEI en matière d’accès aux déplacements et aux transports.

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Bénéficier d’un accueil adapté et de qualité Cette qualité d’accueil suppose de former le personnel en contact direct avec les voyageurs à l’accueil des personnes handicapées mentales (formation initiale et continue), de bénéficier d’une aide lorsque c’est nécessaire (achat d’un titre de transport par exemple) et de bénéficier d’un service d’assistance et/ou d’accompagnement assuré par du personnel formé au handicap mental.

Améliorer les conditions d’accès L’objectif est de faire évoluer les conditions d’accès des services et prestations proposés par les transporteurs, de permettre aux personnes handicapées mentales de voyager en avion et de les mettre à l’abri de tout refus arbitraire une fois le billet vendu.

Pouvoir se repérer, s’orienter et se déplacer L’UNAPEI invite à utiliser une signalétique directionnelle simple, compréhensible par le plus grand nombre et homogène.

Permettre l’utilisation des équipements à disposition Il faudrait rendre les équipements disponibles simples d’utilisation (bornes d’appel, automates, etc.).

Permettre un accès aux informations disponibles sur le site et à bord du matériel L’UNAPEI demande la mise à disposition d’informations simplifiées (plans, fiches horaires, sites Internet, guides tarifaires, etc.), le renforcement des informations visuelles par une annonce sonore (direction, arrêts desservis) et l’installation de systèmes de suivi du trajet à bord du matériel roulant.Mme LEGROS indique finalement que certains outils disponibles sur le site de l’UNAPEI (Guide pratique de l’accessibilité, Règles européennes du Facile à lire et à comprendre, Guide pratique sur la signalétique et les pictogrammes) peuvent faciliter la mise en application de ces préconisations par les acteurs.

Mme PROST-COLETTA accueille ensuite Jean-Philippe Falque et lui demande pourquoi il a accepté de témoigner à l’occasion de ces assises.

M. FALQUE explique qu’il est accueilli en ESAT à Chambéry et qu’il fait partie du Conseil d’administration de l’association « Nous aussi ». Il ajoute que lui et les autres membres de l’association parlent souvent de leurs droits et veulent être reconnus comme des citoyens à part entière, notamment en matière d’accessibilité. Un article de la convention de l’ONU affirme en effet que les personnes en situation de handicap doivent pouvoir se déplacer.

M. FALQUE explique qu’il arrive à se déplacer dans les bus à Chambéry car il sait lire et écrire mais qu’il rencontre tout de même des problèmes de sécurité et de manque de respect. Les difficultés sont encore plus grandes à Lyon ou à Paris, surtout en cas de correspondance.

Mme PROST-COLETTA lui demande s’il a constaté des progrès.

M. FALQUE estime que certains progrès ont été accomplis, notamment pour les personnes en fauteuil, mais que les déplacements restent difficiles pour les handicapés mentaux, faute de panneaux lumineux ou d’indications sonores.

Mme PROST-COLETTA demande quelles sont les situations les plus difficiles.

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M. FALQUE explique qu’en cas de grèves ou de travaux, les personnes handicapées mentales n’ont plus aucun repère.

Mme PROST-COLETTA lui demande s’il prend le train.

M. FALQUE indique que oui et qu’il s’en sort bien à Chambéry. A Paris en revanche, s’orienter, sortir de la gare et prendre le métro est difficile. M. FALQUE s’appuie donc sur le pictogramme 3A, sur son accompagnant et sur le service « Accès Plus » de la SNCF.

3.2.3 - Débat avec la salle

Un participant s’interroge sur le regard que les personnes valides peuvent porter sur la mise en accessibilité et en qualité des espaces publics.

Un participant, représentant du STIF, explique que le syndicat a jusqu’ici mis l’accent sur l’accessibilité physique et a du mal à aller plus loin pour les personnes porteuses d’un handicap mental. Il demande aux intervenants s’ils connaissent des exemples d’initiatives réussies.

M. ARAGALL indique qu’il a réalisé quelques années plus tôt une étude de benchmarking sur les réseaux ferroviaires. Il a ainsi constaté qu’au Japon, chacun, y compris les jeunes enfants ou les handicapés mentaux, pouvait circuler facilement et que les employés étaient formés pour les aider. A Barcelone, un automate qui reproduit le ticket qui est en possession de l’usager facilite les déplacements.

Concernant le regard porté par les valides, M. MEISSONNIER explique que les participants aux focus groups finissaient rapidement en entendant les témoignages des personnes handicapées par avoir des doutes sur la facilité à circuler dans les transports publics. Il donne ensuite l’exemple d’Istanbul où le réseau de transports est extrêmement complexe mais où les voyageurs s’aident systématiquement les uns les autres et souligne par là-même les limites de l’automatisation dans l’aide à l’autonomisation des personnes handicapées.

Un participant demande si dans les bus par exemple, il ne faudrait pas faire un choix entre la publicité et la signalétique.

Un participant, représentant de la Direction Départementale des Territoires d’Indre-et-Loire, rappelle que contrairement à ce qui est prévu pour les ERP, il n’existe pas de date limite pour la mise en accessibilité des espaces publics. Il ajoute qu’il sera difficile pour les communes de rendre l’ensemble de leur territoire accessible.

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4 - Voirie et espaces publics

4.1 - Recueil de belles pratiques et de bons usages en matière d’accessibilité

Jean-Yves MOUGNAUD, DDT 86Christiane GRAS, Ville de NîmesDominique RABET, DR ConsultantLa table ronde est animée par Maryvonne DEJEAMMES, CERTU.

4.1.1 - Une voirie entièrement accessible : l’exemple de Sommières-du-Clain

M. MOUGNAUD explique que Sommières-du-Clain est située dans la Vienne, au sud de Poitiers, sur une route relativement fréquentée. Cette commune de 800 habitants accueille une douzaine de commerces, des services publics (poste, camping, salle polyvalente, bibliothèque, etc.) et des établissements publics (école primaire, espace intergénérationnel, service pour personnes handicapées mentales vieillissantes). La mise en place du projet a d’abord consisté à lister les objectifs recherchés – recenser les non-conformités sur l'espace public, améliorer la sécurité et le confort des usagers et proposer des solutions d'aménagement de qualité – et à constituer un groupe de travail associant le maire et les élus, l’APF, les parents d’élèves, les structures locales, les concessionnaires et l’architecte des bâtiments de France.

Préalablement aux travaux, un recensement des lieux ouverts au public et des cheminements existants a été effectué. Un objectif final a alors été défini : assurer une continuité des cheminements entre tous les lieux, espaces et bâtiments ouverts au public. Pour y parvenir, des fiches de synthèse ont été rédigées pour chaque espace. Elles ont finalement permis d’élaborer un plan d’accessibilité de la voirie.

Différents types de travaux ont alors été effectués : traitement de surface des chaussées et des trottoirs, élargissement de trottoirs, aménagements de sécurité, création de passages alternés, aménagement d’espaces végétaux, créations de passerelles en bois permettent le franchissement d’ouvrages d’art ou de ruisseaux.

4.1.2 - Aménagement du sentier de l’Yeuseraie

Mme GRAS explique que cette opération prend place dans un espace naturel d’une centaine d’hectares situé aux portes de Nîmes qui comprend des espaces préservés, des sentiers de découverte balisés et des aires de détente. La mairie de Nîmes a souhaité faciliter l’accès à ces espaces aux personnes en situation de handicap en aménageant 1,6 kilomètre de sentiers. L’ambition de la commune était de faire cohabiter toutes les populations.

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Deux sentiers de 600 mètres et d’un kilomètre ont donc été aménagés dans une partie relativement plate. Visuellement, seul leur revêtement permet de les différencier des autres sentiers. La mairie avait en effet le souci de ne pas différencier les publics et de conserver la logique d’aménagement initiale. Les sentiers aménagés sont équipés d’un revêtement tactilement repérable, roulable, esthétique et perméable. La difficulté a été d’appliquer à un espace naturel préservé (sol rocailleux de garrigue) une bonne accessibilité.

Pour éviter que les sentiers soient empruntés par des cyclistes, une entrée avec chicane qui bloque les vélos mais permet le passage des fauteuils et des poussettes a été installée. Les visiteurs disposent également de tables de pique-nique adaptées, d’un plan général en relief, d’un fil d’Ariane au sol, de panneaux en braille, de panneaux à gros caractères et fort contraste. Pour pallier les difficultés de lecture, les panneaux d’information sont largement illustrés.

Cet aménagement a demandé un investissement total de 131 000 euros entièrement financé par la ville de Nîmes dont 80 000 euros de voirie, 29 000 euros de supports de communication et 22 000 euros de mobilier.

4.1.3 - Présentation du guide « Accueil des personnes handicapées sur les sites du Conservatoire du littoral »

Mme RABET explique que le commanditaire de ce guide est le Conservatoire du littoral, elle-même ayant contribué à la rédaction en tant que consultant. Le Conservatoire du littoral a été créé en 1975 pour acheter des espaces naturels et rendre le bord de mer accessible à tous. En 2002, il a pris la décision d’ouvrir au public ces sites mais il s’est heurté à une opposition locale contre toute ouverture large.L’accueil du public est pourtant un fondement de l’aménagement des sites naturels. L’accès des publics handicapés est donc un devoir et un défi. Le Conservatoire et les gestionnaires des sites ont appris à travailler ensemble sur un champ très pragmatique et en utilisant un large panel de solutions.

L’idée est alors née de construire un guide méthodologique en partant des attentes et remarques du terrain. L’objectif était d’offrir, à partir d’une analyse des diverses déficiences, un éventail le plus large possible de pistes techniques à explorer pour progresser dans l’accessibilité des sites. Il est en effet impossible dans des espaces forcément uniques et complexes d’imposer des normes.

Plusieurs difficultés ont très vite été constatées. D’une part, l’accessibilité entre souvent en opposition avec d’autres éléments liés à la protection de l’espace. D’autre part, la cohabitation avec des activités liées au littoral et avec des « déviances » telles que le quad ou le trial pose problème. Enfin, selon l’espace naturel, l’accès en autonomie totale peut être impossible. Il n’existe donc définitivement pas de solution normée de mise en accessibilité.

En termes d’organisation, le projet s’appuie sur un porteur technique (Rivages de France), un groupe de pilotage composé de guides du littoral, du cabinet Alpha et du cabinet D.R. Consultant, un financeur majeur, la Fondation Procter & Gamble, et un partenaire technique, l’APF.

Le guide méthodologique a été diffusé auprès de tous les guides du littoral et mis en ligne. Il a également été présenté lors des réunions des guides et a permis la mise en place d’opérations d’accessibilité de l’espace marin. L’une des difficultés cependant est que tout

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support écrit doit faire l’objet d’une présentation orale et d’un usage en équipe.

4.1.4 - Débat avec la salle

Mme DEJEAMMES souligne que dans chacun de ces trois cas, la volonté forte de suivre l’esprit de la loi a été un facteur déclenchant. Elle demande si des difficultés particulières ont été rencontrées.M. MOUGNAUD indique que le maire a dû faire preuve de ténacité, notamment en sensibilisant le Conseil général à la question de l’accessibilité afin qu’il accepte les travaux sur les espaces dont il a la charge (route départementale, franchissement de rivière). Le dialogue avec les acteurs qui implantent l’éclairage public par exemple et l’identification des financements sont tout aussi cruciaux.

Pour Mme GRAS, la difficulté a été de réunir l’ensemble des partenaires, de dompter un site sauvage, de tenir compte du voisinage, de permettre aux personnes handicapées de se rendre sur le site et d’obtenir des financements.

Mme DEJEAMMES souligne d’intérêt de combiner accessibilité et sécurité routière d’une part et accessibilité et protection des milieux d’autre part.

Un participant, vice-président de CDCPH, se félicite des décisions prises à Sommières-du-Clain qui sont d’autant plus courageuses qu’il n’existe aucune définition réglementaire de ce qu’est un trottoir. L’exemple de Nîmes lui semble également très intéressant. Il demande si des bancs ont été prévus au bord du sentier.

Mme GRAS confirme que des bancs ont été installés, y compris des bancs naturels en pierre sèche.

4.2 - Travaux de normalisation sur les bandes de guidage

Thierry JAMMES, CFPSAAMarc COURBOT, AITFSylvie HENRY, Nantes MétropoleLa table ronde est animée par Maryvonne DEJEAMMES, CERTU.

Mme DEJEAMMES rappelle que la normalisation des bandes de guidage est en chantier depuis plus d’un an. Cette table ronde est l’occasion de faire le point sur l’avancée des travaux.

M. JAMMES explique que les personnes déficientes visuelles ont toujours eu besoin de repères tactiles forts, une canne longeant le bâti par exemple. En effet, une personne aveugle développe son audition puis recherche des repères tactiles. L’implantation d’un chemin sécurisé et repérable est donc essentielle. Un chemin sécurisé est un chemin continu qui offre des balises tactiles, sonores et visuelles. Certaines de ces balises (informations sonores, cheminement dans une gare) peuvent d’ailleurs servir à tous.

M. JAMMES ne souhaite cependant pas l’implantation de kilomètres de bandes de guidage spécifiques dans les villes. Ces bandes sont en effet très fatigantes à suivre et peuvent être remplacées par des éléments de guidage naturels (murs, bordures, portes, etc.). La priorité

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est toujours d'aménager un espace de manière à orienter les utilisateurs spontanément sans avoir recours à un dispositif spécifique.

Les dispositifs de guidage doivent être implantés dans les lieux ne présentant aucun cheminement intuitif, ni d'éléments auditifs, architecturaux ou tactiles fiables permettant de s'orienter. Sur un trottoir large par exemple, il est important d’implanter des bandes de localisation qui coupent le chemin et qui indiquent un arrêt de bus ou un passage clouté. Des repères tactiles forts sont particulièrement utiles quand les passages piétons sont en biais ou multiples.

Une autre difficulté majeure est la circulation des vélos sur les trottoirs. Il faut donc prévoir des séparateurs d’espaces pour redonner une limite naturelle aux trottoirs, par exemple une bordure arrondie de deux centimètres.

M. JAMMES précise que la réflexion sur ces différents sujets doit être menée avec les associations. Il indique en conclusion que, bientôt, un tiers des personnes de plus de 70 ans souffriront de déficiences visuelles. Ne rien faire pour leur permettre de se déplacer serait catastrophique.

M. COURBOT souligne de son côté qu’aucune réglementation ne s’impose aux collectivités en matière de guidage des personnes aveugles ou malvoyantes. Il est cependant persuadé que la mise en œuvre de ce guidage fournit un complément d’informations très pertinent sur certains espaces, facilitant ainsi le quotidien des déficients visuels. De nombreuses collectivités ont d’ailleurs déjà mis en place des dispositifs en collaboration avec les associations locales.

Il s’agit soit de doubles bandes de guidage avec ou sans nervures, dans des matériaux et des espacements différents, soit de bandes simples de différentes largeurs. Ces dispositifs peuvent être utilisés en extérieur mais aussi dans les bâtiments.

M. COURBOT explique qu’il a été décidé d’homogénéiser les pratiques sur l’ensemble de la chaîne de déplacement dans un souci d’uniformisation des messages adressés aux usagers. La Commission de Normalisation des Aménagements de Voirie Spécifiques (CNAVS) s’est donc emparée du sujet en septembre 2010 avec pour objectif de produire dans un délai de deux ans une norme sur les bandes de guidage et d’orientation. Il faut entendre par « guidage » une information dynamique, obtenue au cours du déplacement et par « orientation » une information permettant à la personne de prendre la direction souhaitée.

Cette normalisation « produit » s’accompagnera d’un guide de recommandations pour l’application des dispositifs. Un groupe de travail national piloté par le CERTU mène en parallèle une démarche d’expérimentations et d’évaluations de l’ensemble des dispositifs utilisables. Ce travail permettra de dégager les principes et les lieux d’application les plus pertinents à reprendre dans le guide de recommandations.

Au-delà du guidage, la question des signaux d’interception ou d’orientation et celle des dispositifs complémentaires (repérage sur les passages piétons, délimitation entre espaces d’usages) sont en cours de réflexion.

Mme DEJEAMMES souligne que Nantes Métropole a été très active dans ce domaine.

Mme HENRY confirme que Nantes Métropole a souhaité tester et évaluer deux dispositifs de guidage : l’un concernant le repérage des passages piétons, l’autre la séparation des usages sur les trottoirs. L’objectif de Nantes Métropole à travers cette action est de rechercher des réponses à un sentiment d’insécurité des PMR, de rechercher des alternatives aux bandes de guidage dont le repérage des limites n’est pas la fonction, de participer à la connaissance et d’évaluer les expérimentations. Ces évaluations concernent la détection des dispositifs, leur niveau de perception par les personnes aveugles et malvoyantes, les conditions de mise

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en œuvre de ce type de dispositif, la tenue dans le temps des matériaux et les incidences sur les autres usagers.

Mme HENRY présente le déroulement des tests. Au commencement, l’instructeur de locomotion explique le déroulement des actions. Il fait découvrir aux testeurs les caractéristiques du profil testé puis explique le protocole de la traversée. Le test est effectué plusieurs fois dans chaque sens et avec différents positionnements. Chaque testeur est ensuite interviewé. L’instructeur de locomotion remplit enfin une fiche d’observation par testeur ainsi qu’une fiche finale synthétisant tous les tests.

Dans l’expérimentation sur le repérage du passage piéton, cinq dispositifs ont été testés. Ils varient par le matériau utilisé – résine gravillonnée ou pâte bi-composante à base de liant hydraulique – la largeur, l’espacement et l’orientation des bandes. Au final, aucun profil n’a été reconnu à l’unanimité. Néanmoins, 44 % du panel a préféré le profil dans lequel les bandes de guidage sont situées sur les bandes blanches perpendiculairement au cheminement.

L’expérience a ensuite mis en avant une problématique d’entretien. Une usure a en effet été constatée après quatre mois. Après quatorze mois, les bandes de guidage avaient parfois totalement disparu. Il est donc essentiel d’identifier des matériaux plus efficaces. Nantes Métropole a par ailleurs pris l’avis de la Fédération française des motards en colère. Celle-ci a indiqué que les profils perpendiculaires à l’axe de circulation ne posaient aucune difficulté de franchissement mais que l’impact acoustique pouvait être conséquent, notamment en zone résidentielle.

En termes de perspectives, Mme HENRY indique qu’il est prévu d’améliorer la performance mécanique pour garantir une épaisseur pérenne de cinq millimètres et de tester des dispositifs associant bandes extérieures et bandes perpendiculaires à la progression.

Elle présente ensuite l’expérimentation sur la séparation des espaces piétons/cyclistes. Quatre dispositifs ont été testés : une bordure P1 en béton gris présentant un dénivelé de deux et cinq centimètres et des pavés en résine à surface gravillonnée rose, espacés de cinq et dix centimètres. Le test a été effectué par des personnes aveugles mais aussi par des personnes déficientes motrices, des piétons et des cyclistes.

Les personnes aveugles et malvoyantes ont préféré la bordure dénivelée de cinq centimètres car elle est bien détectable. Elles ont en revanche rejeté les pavés qui peuvent provoquer des chutes et sont peu détectables. Elles ont enfin été stressées par la proximité des cyclistes. Les personnes déficientes motrices ont fait part de la difficulté à franchir les dispositifs. Elles ont rejeté la bordure dénivelée de cinq centimètres et ont préféré celle de deux centimètres malgré les difficultés de franchissement avec le fauteuil manuel.

Les piétons ensuite n’ont eu aucune difficulté à se positionner sur le bon espace et à détecter les bordures. Ils ont cependant indiqué que les pavés pouvaient entraîner des chutes et que la proximité des cyclistes était stressante. Les cyclistes, enfin, ont trouvé les pavés faciles à franchir mais inconfortables. La majorité d’entre eux a préféré la bordure de deux centimètres malgré les difficultés de franchissement et le risque de chute.

Au final, aucun dispositif n’a fait consensus. Les recherches se poursuivent donc. Mme HENRY souligne qu’il est très important de bien choisir les matériaux des aménagements (type de revêtement et d’élément séparatif) et de bien calibrer le profil du trottoir (au moins 1,80 mètre pour les piétons et au moins 1,50 mètre pour les cyclistes). Elle ajoute qu’il faut s’interroger sur le contexte avant tout choix d’aménagement : densité piétonne, niveau de service vélo, type d’usage, contraintes particulières liées au site.

Mme HENRY rappelle que ces expérimentations ont été évaluées scientifiquement. L’objectif

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était d’obtenir une analyse impartiale, de valider les résultats des tests et d’avoir l’appui d’experts (instructeur de locomotion, CERTU, prestataire extérieur chargé de l’analyse des expérimentations). Cette évaluation a permis en outre d’alimenter la connaissance, de participer à la réflexion nationale et de valoriser les tests.

Mme HENRY explique enfin que cette action s’est largement appuyée sur une démarche de concertation. La mission handicap de la ville de Nantes a en effet créé un comité nantais des personnes handicapées (CNPH) au sein duquel onze ateliers thématiques ont été mis en place. Les participants à ces ateliers font part de leur expertise d’usage et participent aux expérimentations et aux inaugurations éventuelles. Un partenariat a par ailleurs été mis en place entre les directions concernées de Nantes Métropole. Il se traduit par le copilotage d’expérimentations associant les actions politiques et techniques dans l’objectif commun de faire cohabiter les différents modes de déplacements.

Débat avec la salle Une participante explique que des plans accessibilité voirie ont été lancés dans chacune des douze communes de son agglomération. A cette occasion, un prestataire a indiqué qu’il était suffisant pour sécuriser les personnes aveugles de remplacer les bandes de peinture des passages piétons par de la résine à picot. Elle demande si c’est vraiment le cas.

Mme DEJEAMMES indique que ce problème a été soulevé par de nombreuses villes mais que la doctrine n’est pas totalement figée.

Mme HENRY ajoute que la résine gravillonnée ne tient pas dans le temps et demande des reprises régulières qui finissent par coûter très cher.

Une participante demande s’il est possible de placer des petits pavés en bordure de traversée.

Mme HENRY répond que ce dispositif va être testé en limite d’espace à Nantes et qu’elle attend par ailleurs un retour d’expérience de la ville de Rennes.

Mme DEJEAMMES confirme que c’est un dispositif prometteur.

Un participant, membre de l’association « Les droits du piéton », observe que les trois intervenants ont posé la question de la présence des cyclistes sur les trottoirs et qu’il a été question de trottoirs où le piéton ne dispose que d’1,80 mètre pour circuler. Il souligne qu’avec cette largeur, une personne en fauteuil accompagnée ne peut pas croiser un piéton venant dans l’autre sens et que trop souvent, les collectivités se contentent de tracer un trait de peinture pour séparer les piétons des cyclistes. Il demande finalement si les aménageurs de voirie débattent du problème des largeurs de circulation.

M. COURBOT assure que les ingénieurs territoriaux essayent de trouver une place pour chacun et de bien délimiter les espaces. Il explique que parfois la configuration des lieux impose de faire circuler les cyclistes sur le trottoir. Il faut alors mettre en place une frontière tactile. Toute la difficulté est de trouver le juste compromis entre les intérêts des différents usagers.

Un participant constate qu’il a été largement question des indications au sol mais pas des indications en hauteur. Pourtant, les malvoyants rencontrent de nombreux obstacles : branches, étals, etc.

Mme DEJEAMMES indique que la réglementation intègre des dispositions pour éviter de rencontrer des obstacles en hauteur.

Un participant s’étonne que les tests soient effectués par les communautés de communes et

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non centralisés au niveau national.

M. COURBOT assure que ces expérimentations sont coordonnées par le CERTU et qu’elles permettront d’alimenter le guide de recommandations.

Mme HENRY ajoute que la deuxième expérimentation a coûté la somme non négligeable de 30 000 euros à Nantes Métropole.

Un participant, responsable du pôle accessibilité de la société des transports intercommunaux de Bruxelles, indique que la question de l’accessibilité a été largement traitée en Belgique. Il invite les participants à venir observer les résultats.

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5 - Cadre bâti : ERP et logements

5.1 - Recueil de belles pratiques et de bons usages en matière d’accessibilité

Natacha BRUNEL, Habitat Saint-Quentinois Jean-Luc CHARLOT, Alter DomusValérie SCHUTT, Communauté urbaine de DunkerqueLa table ronde est animée par Laurent SABY, CERTU.

5.1.1 - Habitat Saint-Quentinois

Mme BRUNEL indique que Habitat Saint-Quentinois est l’Office Public de l’Habitat de la ville de Saint-Quentin, située dans le département de l’Aisne. Fondé en 1922, l’Office fête cette année ses 90 ans. Il compte actuellement 5 214 logements dont 8,3 % ont été adaptés aux handicapés par la Cellule Autonomie.Cette Cellule Autonomie est née en 2006 pour répondre à des demandes de locataires vieillissants qui ont porté à la connaissance de l’Office leurs difficultés à utiliser les équipements de leur logement. Elle s’est mise en place grâce à une collaboration avec une ergothérapeute de l’APF. Le principe de la Cellule Autonomie est d’offrir aux locataires des aménagements à la carte en fonction du ou des handicap(s) qu’ils présentent.

Le coût des interventions dans les logements varie entre 430 euros TTC pour une simple adaptation de WC avec mise en place d’une barre de maintien et remplacement du sol et 45 000 euros TTC pour les adaptations les plus lourdes, le coût moyen étant de 12 000 euros TTC par logement.

Mme BRUNEL souligne que cette démarche est réalisée sans solliciter de participation financière des locataires. Habitat Saint-Quentinois a en effet choisi de recourir au dégrèvement de TFPB (Taxe Foncière sur le Patrimoine Bâti) afin de financer les travaux d’adaptation.

La réalisation des prestations est pilotée par une équipe interne dédiée composée de trois collaborateurs. Ces collaborateurs gèrent chaque adaptation de logement depuis la première demande du locataire jusqu’à la réception, en passant par l’exécution des travaux et les demandes de dégrèvement de TFPB. L’ergothérapeute joue également un rôle essentiel puisque c’est elle qui détermine le bien fondé des demandes puis qui conseille les personnes, détermine leurs besoins et aide à choisir les équipements les mieux appropriés.

La réalisation des adaptations comprend six étapes clés. La première est la formalisation de la demande. Cette étape administrative consiste à enregistrer les demandes faites exclusivement par écrit et accompagnées d’un certificat médical. La seconde étape consiste à rencontrer le demandeur à son domicile afin de déterminer ses besoins réels et de définir la nature des modifications à apporter. La troisième étape est celle de l’examen de la faisabilité technique de la demande. L’étape suivante est celle de l’engagement. Elle consiste

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en l’élaboration d’une fiche d’engagement qui reprend les aménagements à mettre en œuvre ainsi que les plans avant/après. Cette fiche est ensuite validée par l’ergothérapeute, le locataire et le chargé d’opérations. La détermination du planning et l’exécution des travaux constituent la cinquième étape. L’ensemble des travaux ne dure pas plus de trois semaines, dont cinq jours au maximum pour remplacer une baignoire par une douche adaptée. La dernière étape est celle de la réception. Elle consiste à se rendre chez les demandeurs quelques semaines après la fin des travaux afin de vérifier que les aménagements réalisés répondent bien à la demande initiale et procurent satisfaction.

Un collaborateur de Mme Brunel explique que les aménagements les plus courants consistent à mettre en place des douches extra-plates avec siège repliable, des WC rehaussés avec barre de maintien, des éviers adaptés, des seuils à la suisse, des portes coulissantes, des portes extérieures motorisées ou encore des rampes d’accès PMR.

Un participant, architecte dans le Nord, s’étonne que les travaux durent si peu longtemps. Il demande ensuite si des diagnostics pollution sont réalisés dans les logements.

Mme BRUNEL explique que l’Office tient sans difficulté le délai de trois semaines en faisant appel à des entreprises qui connaissant bien ce type de chantier et qui disposent généralement d’une équipe dédiée. Elle ajoute que l’Office ne réalise pas de diagnostics pollution au moment des travaux.

Le participant rappelle que les diagnostics avant travaux sont obligatoires. Il ajoute qu’il a l’habitude de demander un relogement temporaire le temps des travaux.

Mme BRUNEL précise que le service réhabilitation a effectué des diagnostics sur tout le parc de logements et que les travaux d’adaptation sont réalisés sans risque pour les occupants.

Une participante demande ce qui est prévu par rapport à l’exonération de TFPB sur les constructions et ce qui se passe au moment de la relocation.

Mme BRUNEL rappelle que les logements de plus de trente ans ne sont pas soumis au dégrèvement de TFPB. Elle explique qu’en cas de relocation, le service locatif essaye de trouver un locataire dont les pathologies correspondent aux équipements du logement.

Une participante demande si ces adaptations entraînent un surcoût de loyer.

Mme BRUNEL répète qu’aucun locataire ne paye de supplément de loyer et que l’Office finance les travaux grâce au dégrèvement de TFPB ou à ses fonds propres.

Mme MIQUEL, représentante de l’ANPEA, demande si des adaptations sont prévues pour les personnes malvoyantes ou malentendantes.

Mme BRUNEL explique n’avoir reçu aucune demande de ce type. Des réponses seront apportées si nécessaire.

Mme MIQUEL demande si un malvoyant peut entrer dans l’immeuble de façon autonome.

Mme BRUNEL indique que cette problématique est prise en compte dans les constructions neuves mais que le problème reste entier dans le parc ancien.

Une participante demande ce qu’est un seuil « à la suisse ».

Le collaborateur de Mme BRUNEL explique que c’est un morceau de bois taillé en triangle qui facilite le franchissement du seuil.

M. ARAGALL estime important d’anticiper les difficultés visuelles que les occupants âgés ne manqueront pas de rencontrer. Il demande ensuite si des équipements pas toujours esthétiques ne sont pas stigmatisants pour les nouveaux locataires.

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Mme BRUNEL assure que le retour des occupants mais aussi de leurs voisins est très positif même s’ils regrettent parfois le caractère « hospitalier » des équipements.

5.1.2 - Le hameau de la mixité

M. CHARLOT explique que la démarche Ti’hameau de fabrication de logements accessibles associe le bureau d’étude Alter Domus et l’association Autonomie et Habitat. Les premiers logements ont été livrés début 2008 à Ifs dans le Calvados. Une autre résidence sera livrée en juillet au Havre. Des chantiers et des études de faisabilité sont également en cours.M. CHARLOT indique que ces logements sont destinés à des personnes en situation de handicap moteur nécessitant une surveillance régulière et une compensation pour les actes de la vie quotidienne. Il explique ensuite que toute action d’habitat accessible implique un agencement local de solutions. C’est pour cette raison que 18 mois avant la mise en chantier, un travail partenarial, associant le maire, le bailleur social, le Conseil général, la MDPH et les personnes en situation de handicap, est lancé pour qualifier les besoins et identifier les solutions les plus pertinentes.

L’objectif est de produire des logements accessibles, où les personnes entrent et sortent en autonomie, mais aussi confortables, adaptés – en termes de surface, de circulation, d’aménagement – et adaptables au fil de l’évolution des besoins. Les logements doivent aussi être accessibles dans la cité. A Ifs, les logements sont situés en zone pavillonnaire et se trouvent à moins de 500 mètres du tram et des commerces et services.

Un autre enjeu est celui de la mixité car les locataires n’ont pas forcément envie de ne croiser que des personnes elles aussi en situation de handicap. Les logements adaptés sont donc situés dans des zones d’habitat classique. Pour multiplier les occasions de se rencontrer, le projet d’Ifs intègre un hall convivial.

Les occupants ayant besoin d’une surveillance régulière, une intervention humaine a été rendue possible, notamment en cas de danger. Grâce à une mutualisation des moyens, une personne peut intervenir à la demande 24 heures sur 24 pour effectuer des gestes du quotidien ou venir en aide aux locataires.

Tous ces éléments visent à construire les conditions d’une vie agréable et digne. Depuis 2008, la démarche a beaucoup avancé. Les principes ici présentés sont déclinés et travaillés localement, donnant lieu à des formes d’habitat à chaque fois singulières.

M. SABY souligne que cette démarche met l’accent sur le partenariat et sur l’identification de solutions locales. Il demande ensuite quel est le retour d’expérience sur la démarche de mixité.

M. CHARLOT indique que les appartements accessibles sont regroupés afin de permettre la mise en place du service d’assistance mais qu’ils s’inscrivent dans un ensemble mixte. Le programme d’Ifs par exemple comportait quatorze logements dont huit pour des personnes en situation de handicap. La solution idéale serait cependant qu’une personne handicapée puisse disposer d’un logement adapté dans un immeuble classique.

M. CHARLOT explique ensuite qu’une fois construits, les logements sont vendus à un bailleur social. Dans le cas particulier d’Ifs, Alter Domus est bureau d’étude mais aussi bailleur social. L’expérience de gestion de ces quatorze logements a montré que les habitants rencontraient des problèmes classiques de cohabitation mais aussi qu’une certaine convivialité s’était installée. Si un mode de vie presque ordinaire est aujourd’hui possible, il a

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fallu au départ faire preuve de pédagogie et impliquer le maire pour préparer l’arrivée des huit personnes en situation de handicap. Les premières réactions ont d’ailleurs parfois été négatives.

Mme MIQUEL demande par qui est payé le service mutualisé.

M. CHARLOT répond que le principe consiste à mutualiser des heures de PCH surveillance, chaque personne handicapée contribuant au pot commun. Les habitants se constituent en groupe d’employeurs par exemple et passent contrat avec un service. Ce fonctionnement pose cependant un certain nombre de questions sur le plan juridique, y compris pour le Conseil général. Ces problématiques sont en cours d’étude avec d’autres opérateurs qui travaillent sur la question des appartements regroupés.

Une participante, ergothérapeute, demande si les appartements sont adaptés aux besoins spécifiques de chacun.

M. CHARLOT confirme que les appartements fournis sont totalement adaptables, même s’ils ne sont pas immédiatement occupés par des personnes en situation de handicap. Un travail doit ensuite être effectué pour adapter finement les aménagements aux besoins de chacun.

M. MARIANO, président de l’association Accès simple, demande si le coût de ces projets est supportable pour les locataires.

M. CHARLOT rappelle que les logements sont vendus à des bailleurs sociaux. Le locataire, qu’il soit handicapé ou non, paye donc un loyer classique de logement social. Le surcoût – qui n’est d’ailleurs pas très élevé – est pris en charge par les collectivités locales notamment.

Un participant demande quel est le coût de la surveillance mutualisée et si les appartements sont adaptables à des personnes en situation de handicap mental ou visuel.

M. CHARLOT indique que deux à trois heures de PCH coûtent environ 60 euros par jour. Il ajoute que, sans mutualisation, les personnes ne pourraient pas bénéficier de ce service. Il indique enfin que l’adaptation fine des logements peut être prise en charge en PCH technique.

5.1.3 - Organiser un recensement de l’offre de logements accessibles par une CAPH

Mme SCHUTT explique que la Communauté urbaine de Dunkerque regroupe 17 communes, 210 000 habitants, 13 bailleurs sociaux et 27 600 logements sociaux. Elle dispose d’une commission intercommunale pour l’accessibilité aux personnes handicapées compétente en matière de transport, d’ERP et de logement.Cette commission peut s’appuyer sur un contexte local favorable. La communauté a en effet compétence en matière de logement social depuis sa création en 1969. La compétence habitat et PLH lui a ensuite été déléguée en 1997. Cette compétence a enfin été renforcée en 2005 par la délégation des aides à la pierre pour le financement du logement social, puis en 2007 pour le parc privé. Un autre point positif est la création en 2000 d’un collectif inter-bailleurs qui s’est bien approprié la démarche de recensement même s’il connaissait mal au départ la question du logement accessible.

L’objectif du recensement de l’offre de logements accessibles est d’interpréter et intégrer les résultats dans les programmes de construction et dans le PLH mais aussi de mettre en cohérence l’offre et la demande de logements adaptés.

En termes de méthode, la première étape a consisté à définir la notion de « logement accessible ». Le repérage a d’abord concerné les déficiences motrices. L’engagement a par

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ailleurs été pris de travailler sur les autres déficiences à partir de fiches techniques explicitant les besoins des personnes présentant un handicap mental, auditif ou visuel. La deuxième étape a permis de construire l’outil de recensement et son système d’exploitation. Compte tenu de l’ancienneté du parc de logements, la commission s’est appuyée sur les usages plutôt que sur la réglementation. Le service géomatique de la communauté a été associé à ce travail afin de construire des cartographies. La dernière étape a consisté à former les personnes chargées de l’exécution du recensement.

Le questionnaire comporte des informations générales (localisation, typologie, année de construction, etc.), 16 questions éliminatoires (présence ou non d’un ascenseur par exemple), 19 questions complémentaires et des annexes (croquis permettant aux recenseurs de bien comprendre les attendus).

Environ 100 personnes ont été formées au recensement. Une fois les questionnaires récupérés, les données ont été saisies et ont montré des résultats peu satisfaisants puisque seuls 300 logements ont été identifiés comme accessibles. Des objectifs supérieurs ont donc été fixés dans le PLH. Mme SCHUTT souligne que l’obligation d’accessibilité dans les logements neufs permettra d’améliorer les résultats.

M. ESCUDIER demande si le recensement est tenu à jour.

Mme SCHUTT indique qu’un marché est en cours pour identifier un prestataire extérieur chargé d’accompagner les personnes en situation de handicap dans leur recherche de logement et de mettre à jour le fichier.

Une participante demande s’il est prévu de recenser les logements accessibles du parc privé.

Mme SCHUTT estime qu’il sera difficile d’obtenir une adhésion du parc privé. Il lui semble préférable de mettre en place des actions de sensibilisation et d’information plutôt que d’étendre la démarche de recensement.

Une participante demande si le parc de logements est géré par la commission et par la communauté urbaine.

Mme SCHUTT répond que les logements appartiennent tous à des bailleurs, la commission s’étant uniquement chargée de la démarche de recensement.

M. SABY demande si un lien a été établi avec les autres outils de planification de la communauté urbaine.

Mme SCHUTT confirme que le recensement a été intégré dans les autres outils de planification dans l’objectif de prioriser l’adaptation de la voirie, des places de stationnement et des transports dans les secteurs concernés.

M. SABY signale que le CETE de Lyon a produit un rapport méthodologique qui précise les points de vigilance à prendre en compte pour effectuer ce type de recensement.

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5.2 - Mise en accessibilité des commerces

Amélie GOEPP, CETE Normandie-CentreStéphane GEMMANI, Ville de GrenoblePhilippe SOUDE, Ville de BeauvaisBertrand LECOURT, UMIHMichèle LEPOUTRE, SYNHORCATLa table ronde est animée par Laurent SABY, CERTU.

M. SABY explique que Michèle Lepoutre et Bertrand Lecourt ont participé à l’élaboration d’un guide intitulé « Cafés, hôtels, restaurants, discothèques : réussir l’accessibilité » et sous-titré « Une qualité d’accueil au service de la modernisation ». Il demande quels sont les motivations et les enjeux qui ont conduit à la publication de ce guide.

M. LECOURT indique que ce guide est né du constat que l’obligation réglementaire d’accessibilité posait problèmes aux ERP existants, notamment les plus petits. La branche CHRD regroupe en effet des établissements de tailles très variés dont l’accessibilité est souvent problématique, du petit café rural au grand hôtel de 300 chambres.

M. LECOURT explique qu’avant la sortie de la loi, un dialogue a été mis en place avec les associations. Des messages ont également été transmis aux établissements sur la nécessité de se mettre en conformité. C’est dans ce contexte qu’est né ce guide de 115 pages qui a été téléchargé des milliers de fois.

Mme LEPOUTRE ajoute que la complexité de la loi et la nécessité de la décliner ont rendu indispensable la rédaction de ce guide. Cet outil a d’ailleurs été très bien reçu. Au-delà des recommandations techniques, c’est un moyen d’entrer dans une démarche de concertation par rapport à une loi au départ mal ressentie par les professionnels. En 2005, les professionnels se disaient que le délai de dix ans était bien suffisant. En 2010, ils ont commencé à s’inquiéter. Dans cette urgence, le guide permet que les problèmes soient partout traités de la même façon.

M. SABY demande quels sont les acteurs qui ont travaillé sur ce guide.

M. LECOURT explique que la délégation ministérielle à l’accessibilité a aidé les branches professionnelles à nouer des contacts avec les associations. Une collaboration positive s’est alors engagée, page après page. Au final, les associations ont agréé le guide.

M. SABY s’enquiert du contenu du guide.

M. LECOURT indique que le guide rappelle la réglementation puis indique pour chaque profession les difficultés potentielles et les solutions préconisées.

M. SABY demande à Amélie Goepp quelles sont les aides apportées aux commerces par les collectivités et les chambres consulaires.

Mme GOEPP présente une étude qui a permis de recenser les différentes actions et politiques mises en place pour aider les commerces à se mettre en conformité avec la loi. Ces actions concernent d’abord la communication : guides, réunions d’information, rencontres, journées coup-de-poing ou actions rattachées à des réunions plus générales. Ce sont ensuite des aides concrètes et techniques : guides de préconisations techniques, appui

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de conseillers, accompagnement au diagnostic, financement de diagnostics complets, mise en place d’un réseau d’entreprises en mesure de réaliser les travaux, aides aux démarches administratives, etc. Les aides peuvent également être financières : financements du Fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce, pour des opérations en interface voirie/commerces par exemple, opérations collectives de modernisation de l’artisanat et des commerces ou encore subventions départementales ou régionales pour la réalisation de travaux.

Enfin, certaines villes telles que Beauvais ou Grenoble ont mis en place une démarche globale. Mme GOEPP souligne d’ailleurs l’importance de la complémentarité entre les différentes actions.

M. SABY demande quel est, parmi ce large panel d’outils, le volet le plus développé.

Mme GOEPP répond que c’est dans le champ de la communication que le plus d’actions ont été identifiées. En effet, de nombreuses chambres consulaires sont mobilisées sur le sujet et mettent en place des actions variées en fonction du contexte local : journées de sensibilisation, partenariats avec des associations de commerçants ou de handicapés, porte-à-porte à la rencontre des commerçants, etc. L’événement Passion Commerce permet de décliner ces bonnes pratiques. Les CAUE peuvent également être de bons vecteurs de communication. Mme GOEPP souligne finalement l’importance de la couverture médiatique pour accompagner la mise en place des dispositifs.

M. SABY demande quels sont les outils de communication employés à Grenoble.

M. GEMMANI explique que Grenoble est une ville de 156 000 habitants située dans un territoire contraint. En effet, si les ERP de la ville présentent une capacité d’accueil de 450 000 personnes, la fiscalité ne pèse que sur 80 000 habitants. A ce jour, 41 % des ERP et 68 % de la voirie de la ville sont accessibles.

M. GEMMANI souligne ensuite que toute action de communication doit être à la fois qualitative et bien diffusée. Il estime tout aussi important de ne pas se reposer sur ses lauriers dès lors que l’on obtient un prix et de rester pugnace. L’objectif doit être de créer de la transversalité entre le monde du handicap et le reste de la population et de diffuser de la connaissance.

M. GEMMANI expose qu’à un moment où plus personne n’était chargé de la mise en accessibilité des ERP au sein de la mairie, cette dernière a fait le choix de déléguer deux personnes issues des services voirie et bâti pour aller à la rencontre des commerçants et créer une connaissance partagée. Cette démarche a permis de comprendre que de nombreux commerçants étaient désireux de se mettre en conformité avec la loi mais n’en avaient pas les moyens matériels.

La ville a alors créé un dispositif de subvention communale permettant de prendre en charge 30 % des travaux dans la limite de 4 000 euros. Ces travaux devaient comporter une dimension environnementale puisque l’accessibilité est intégrée à Grenoble dans le champ plus large de l’environnement.

M. SOUDE présente la ville de Beauvais, préfecture du département de l’Oise qui compte 55 000 habitants. La voirie et le cadre bâti y sont accessibles à 50 %. M. SOUDE explique que le maire et les élus ont manifesté la volonté d’accompagner les acteurs commerciaux dans la mise en accessibilité. La difficulté a été de trouver un cadre juridique à cette volonté politique. La ville s’est alors emparée du thème des diagnostics qui avait été discuté entre initiés lors de la préparation de la loi de 2005. Il a été décidé, avec l’accord du ministère, de rendre ces diagnostics obligatoires à Beauvais. Les diagnostics ont été réalisés gratuitement par un ingénieur-conseil. Cette démarche a permis de prendre la mesure du niveau

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d’accessibilité des commerces : seuls 8 % des établissements étaient accessibles en autonomie. Il a alors été décidé de concentrer les efforts de pédagogie et de travaux sur la fonction entrée/sortie des ERP.

M. GEMMANI ajoute qu’il n’est pas facile de mobiliser des financements. Le FISAC par exemple suppose des modifications urbanistiques importantes. A Grenoble, la mise en place d’une nouvelle ligne de tramway impactant six kilomètres de voirie a été l’occasion de rehausser le niveau des trottoirs et ainsi de passer le taux d’accessibilité des ERP et des immeubles de 20 à 90 %.

M. GEMMANI explique ensuite que dans l’ancien quartier Saint-Laurent dont l’accessibilité ne dépassait pas 15 à 20 %, il a été possible en choisissant les bons matériaux et en mobilisant les architectes de parvenir à une accessibilité totale tout en gardant les spécificités architecturales du site. Accessibilité et esthétique ne sont donc pas contradictoires.

M. GEMMANI observe enfin qu’il faut prendre en compte l’accessibilité du public mais aussi celle des travailleurs handicapés. Conjuguer les aides de l’Agefiph et les aides aux commerçants permet de traiter l’accessibilité dans son ensemble.

M. SABY insiste sur la nécessité de mobiliser un grand nombre d’acteurs. Il sait que cela a été le cas à Beauvais.

M. SOUDE le confirme. Il estime que le pilier central de la chaîne d’acteurs est le chef d’entreprise qui a la responsabilité d’appliquer la réglementation et qui veut élargir sa cible de clientèle. Un autre acteur important est le propriétaire de l’établissement, d’où une collaboration avec la chambre des notaires. Les acteurs du commerce et les élus locaux ont ensuite un rôle d’impulsion et de convergence tandis que les services municipaux (droit des sols, occupation du domaine public, commerce, accessibilité, placiers, etc.) sont mobilisés dans l’accompagnement.

Sont aussi concernées les entreprises qui réalisent les travaux pour le compte des exploitants et les associations qui doivent faire preuve de vigilance pour éviter des régressions dans l’accessibilité. M. SOUDE ajoute que pour éviter ces errements, la ville a instauré des visites dans les établissements de cinquième catégorie même si la loi ne les rend pas obligatoires. Ces visites permettent de vérifier la bonne mise en œuvre de l’accessibilité. La ville va ainsi au bout de la commande politique d’accessibilité parfaite. M. SOUDE précise enfin que les dérogations sont limitées au maximum. Seules des rampes amovibles sont parfois autorisées.

M. GEMMANI indique qu’à Grenoble, les rampes sont autorisées uniquement à titre précaire et exceptionnel. Aucune dérogation n’est accordée afin d’éviter que le phénomène ne se généralise sur tout un pan de rue. En cas de besoin, les services techniques se rendent sur place pour trouver une solution et peuvent autoriser un dépassement sur l’espace public.

M. SOUDE souhaite ajouter deux dimensions dans la chaîne de compétences : l’environnement urbain et les conditions d’accès à l’ERP d’une part et le partenariat avec les services de l’État d’autre part.

Un participant observe que la réglementation accessibilité ne doit pas être dissociée de la réglementation incendie. Il note ensuite que cette réglementation est sortie avant la crise et que dans le contexte économique actuel, il sera difficile, pour les établissements, notamment les hôtels les plus enclavés et exigus, de se mettre en conformité d’ici à 2015.

M. GEMMANI fait savoir que 40 % des hôtels grenoblois peuvent aujourd’hui accueillir des PMR. Cependant, faute de crédits suffisants dans la collectivité, tous ne seront pas accessibles en 2015. L’objectif est néanmoins de mettre dès maintenant en place une

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programmation afin que la mise en accessibilité se poursuive au-delà de 2015.

Mme LEPOUTRE ajoute que les finances des établissements sont tout aussi problématiques que celles des collectivités locales. Elle souligne ensuite le manque de qualité des diagnostics. Enfin, si elle se félicite que des subventions soient proposées pour aider à faire face aux travaux, elle observe que rien n’est prévu pour compenser la baisse future de l’activité commerciale. Elle prend l’exemple d’un supermarché obligé d’élargir ses allées et qui voit donc son linéaire diminuer. Mme LEPOUTRE invite finalement à trouver un équilibre entre les besoins des entreprises et ceux des personnes en situation de handicap.

Souhaitant lui aussi conjuguer les intérêts des professionnels et ceux des personnes en situation de handicap, M. LECOURT émet l’idée d’assouplir la loi et propose de privilégier une qualité d’usage et de service afin de ne pas mettre en péril la vie des entreprises. Il note par exemple que des ascenseurs plus petits que ceux demandés par la loi permettent d’accueillir la majorité des fauteuils.

M. GEMMANI confirme que, dans certaines situations très contraintes, l’accessibilité est difficile à mettre en place. Pour lui, la solution n’est pas de modifier la loi mais de traiter les situations au cas par cas, en identifiant éventuellement certains établissements comme non accessibles. Il indique enfin que certains diagnostiqueurs sont très efficaces et savent prendre en compte les contraintes économiques.

Un participant regrette l’accumulation de réglementations car, pour appliquer la loi sur l’accessibilité et le Code du travail, les ERP devraient prévoir des sanitaires séparés pour le personnel et pour les clients et à chaque fois accessibles. Il demande si cette problématique est prise en compte à Beauvais.

M. SOUDE est bien conscient de cette double problématique mais il explique que le FISAC ne permet pas de financer autre chose que la fonction entrée des ERP.

Un participant regrette qu’aucun représentant d’association ne participe à cette table ronde alors que les associations siègent dans les commissions départementales d’accessibilité régulièrement et bénévolement. S’il comprend que la réglementation pose parfois problème, il rappelle que dans un Etat de droit, la loi de 2005 constitue un minimum pour permettre l’accessibilité de tous partout. Chacun doit être conscient de cette obligation qui vise au respect des droits de tous les Français. En 2015, les associations veilleront à ce que la loi soit respectée et à ce que des sanctions soient prises contre les contrevenants.

M. GEMMANI est tout à fait favorable à cette accessibilité universelle mais il veut avoir l’honnêteté de dire que tout ne sera pas accessible en 2015, les budgets ne pouvant pas être entièrement consacrés à cette problématique. C’est pour cette raison qu’il faut programmer dès maintenant l’après 2015.

Un participant rappelle que les ERP ont eu dix ans pour appliquer la loi.

Une participante, commerçante et membre d’une association de professionnels et de handicapés à Nantes, souligne qu’après la sortie de la loi, les bureaux d’étude qui ne connaissaient à peu près rien au handicap se sont multipliés. Elle sait cependant qu’il existe des associations bien informées qui peuvent conseiller utilement les commerçants. En effet, le diagnostic ne doit pas être un moyen d’obtenir une dérogation.

Cette participante estime, elle aussi, que l’accessibilité ne sera pas totale en 2015 car même si le commerçant réalise les travaux nécessaires, la voirie environnante n’est pas forcément adaptée. En conclusion, il lui semble que les choses avancent et qu’il faut bien plus compter sur des collaborations entre les collectivités et les commerçants que sur des sanctions.

M. SABY se félicite que les différents points de vue aient pu s’exprimer.

5èmes assises nationales de l'accessibilité : les actes33/36

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6 - Clôture Marie PROST-COLETTADéléguée ministérielle à l'accessibilité

Mme PROST-COLETTA estime particulièrement intéressant que cette matinée de débats ait pris la forme d’un condensé de la société française. Il a en effet été question de positions contradictoires, des élections, de la réalité économique, de la réglementation et des besoins des associations. Chacun a ainsi eu l’occasion de s’exprimer. Répondre à toutes ces demandes suppose de trouver des équilibres entre les attentes sociales et les possibilités du secteur économique. L’objectif d’accessibilité s’inscrit dans un cadre porté par une dynamique présidentielle, européenne et internationale mais vivre tous ensemble dans ce cadre suppose encore une fois de prendre le temps d’échanger, de s’écouter et de trouver des équilibres.

Pour Mme PROST-COLETTA, il est illusoire de dire que tout sera prêt en 2015. La loi de 2005 trace un chemin mais l’échéance de 2015 est plus un aiguillon qu’une réalité accessible. Pour autant, il ne faut pas baisser les bras et, tous, faire pression ensemble dans la même direction.

Mme PROST-COLETTA souligne qu’un nouvel acteur devra être pris en compte en 2015 en la personne du juge. Le risque judiciaire renvoie chacun à ses responsabilités. Le secteur professionnel a d’ailleurs eu le courage d’être présent à ces assises. Les villes ont également fait partager leur dynamisme. C’est ensemble qu’il faut continuer à travailler et chercher des solutions pour que 2015 devienne – dès que possible – une réalité.

Mme PROST-COLETTA tient enfin à remercier tous les intervenants et participants pour la qualité des échanges. Grâce à eux, ces assises ont constitué un bel exemple de démocratie participative.

5èmes assises nationales de l'accessibilité : les actes34/36

Page 34: 5es assises nationales de l’accessibilité Les actes · 2012. 9. 30. · conception universelle pour le compte de l’Observatoire interministériel de l’accessibilité et de

7 - Index AGEFIPH : Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées

AITF : Association des ingénieurs territoriaux de France

ANPEA : Association nationale des parents d'enfants aveugles

APF : Association des paralysés de France

CAB : Communauté d'agglomération de Brive

CAPH : Commission (inter)communale pour l'accessibilité aux personnes handicapées

CAUE : Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement

CETE : Centre d'études techniques de l'équipement

CFPSAA: Confédération française pour la promotion sociale des aveugles et amblyopes

CIAPH : Commission intercommunale pour l'accessibilité aux personnes handicapées

CERTU : Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques

CHRD : Cafés, hôtels, restaurants, discothèques

CNCPH : Conseil national consultatif des personnes handicapées

CRIDUP : Centre de recherches de l'Institut de Démographie de l'Université Paris 1

DDT : Direction départementale des territoires

ERP : Établissement recevant du public

ESAT : Établissement ou service d'aide par le travail

FISAC : Fonds d'intervention pour les services, l'artisanat et le commerce

IFSTTAR : Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux

INPI : Institut national de la propriété industrielle

MDPH : Maison départementale des personnes handicapées

ONU : Organisation des nations unies

PAVE : Plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics

PCH : Prestation de compensation du handicap

PDU : Plan de déplacements urbains

PLH : Programme local de l'habitat

PME : Petites et moyennes entreprises

PMR : Personnes à mobilité réduite

RFF : Réseau ferré de France

SDA : Schéma directeur d'accessibilité des services de transport

TFPB : Taxe foncière sur les propriétés bâties

5èmes assises nationales de l'accessibilité : les actes35/36

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Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l'ÉnergieDélégation ministérielle à l’accessibilitéTour Voltaire 92 055 La Défense cedexTél. 01 40 81 21 22