50 ans téléveysonnaz

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50 ans Téléveysonnaz

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Vue imprenable(du Chalet Royal)

Préambule 7

Vous reprendrez bien un peu d’utopie! 9Jacques Melly, Président du Gouvernement valaisan

I. L’ESPRIT PIONNIER (1950 -1964) 13Créer une base économique locale saine et durable,une utopie? 16

Avec le président Délèze - Jean-Pierre Fragnière 17

A bâtons rompus avec Michel Fragnière 22

II. UNE VISION PORTEUSE D’AVENIR(1964 -1986) 27Promotion immobilière et professionnalisme 29Les 4 Vallées: une idée de visionnaires 31La Piste de l’Ours et sa télécabine 33Collaboration avec la commune 36

René Fournier: élégance discrèteet efficacité sans compromission - Henry Fournier 40

III. UN QUART DE SIÈCLEDE GRANDS DÉFIS (1986 - 2011) 43Les canons à neige, planche de salut 45Les Coupes du monde, la belle aventure 46

Trente Coupes du monde - Joseph Zenhäusern 50

Poursuite de la promotion immobilière, un nouveau restaurant d’altitude 52

Deux idées en une: le Chalet Royalet le parking des Grangettes 54

Et pourtant elle tourne! 57

Le privilège d’être président de Téléveysonnaz etvice-président de Télénendaz - Jean-Pierre Ramseyer 59

Regarder plus loin que le bout de son nez 60

Le fabuleux domaine skiable des 4 ValléesChristophe Dumoulin, président de la communede Bagnes) 61

L’accord des 4 Vallées tient très bien la pisteChristian Melly, président de la société des 4 Vallées 62

EnsembleFrancis Dumas, président de la commune de Nendaz 65

Télénendaz - Téléveysonnaz: gardiens du templePhilippe Lathion, président du Conseil d’administrationde Télénendaz 68

EnchantementNadine Ruchti, directrice de Veysonnaz Tourisme 71

4

Sommaire

Déjà de nouveaux défis pour Téléveysonnaz 72Et le village de Veysonnaz, pendant ce temps-là?

Et Clèbes ? 72

Le village où la politique la plus activeest celle du tourisme - Henri Bernard Fragnière,président de la commune de Veysonnaz 74

Des acteurs de l’économie locale s’expriment 77

- Le café BonVin - Un trait d’union entre les générationsGeneviève Praz, Café BonVin

- Ma folie n’en était pas une Marcel Fournier, promoteur de l’hôtel Magrappé

- Les promoteurs de Téléveysonnaz à l’originede nombreuses initiativesNorbert Lathion, restaurant La Remointze

- «Chapeau aux pionniers de Téléveysonnaz!»Simon Fournier

Jean-Marie Fournier : qu’en pensez-vous ? 86

Demi-siècle - Vue imprenableFrançois Dayer, journaliste 88

Epilogue 91

5

6

HIER

AUJOURD’HUI

Après la seconde guerre mondiale, Veysonnaz connaît le

sort de la plupart des villages valaisans: une économie

agraire qui peine à nourrir ses enfants, basée sur l’agricul-

ture traditionnelle, l’élevage, puis des cultures de rente

(fraise, framboise) ; à l’orée des années 1960, les activités

agricoles deviennent encore plus marginales; attachés à

leur coin de terre, les gens du pays cherchent des emplois

en usine, sur les barrages, dans la construction. C’est le

temps des ouvriers-paysans.

Fondé déjà en 1928, le ski club de Veysonnaz fait preuve

d’initiative: promotion du ski avec les moyens du bord,

participation à des courses régionales, nationales. Certains

villageois sont membres du Club alpin. C’est au sein de ces

cercles que l’idée germe d’ouvrir Veysonnaz au tourisme,

au-delà des visiteurs occasionnels qui découvrent les

charmes de ce coin de terre. Pour une commune de mon-

tagne si peu pourvue en ressources financières, une

bataille de pionniers s’engage, sous la houlette d’Henri

Délèze, avec à la clé le pari insensé de construire une télé-

cabine. C’est chose faite en 1961. On pense alors rentabili-

ser l’installation en attirant principalement la clientèle

régionale. Il faut déchanter : les premières années d’exploi-

tation sont décevantes. Une autre vision, mieux arrimée

aux contraintes commerciales et financières, doit être for-

gée. René Fournier en est la cheville ouvrière. D’où la pro-

motion immobilière, l’intégration et la professionnalisation

de l’ensemble des activités touristiques, ainsi que l’affir-

mation, dès 1976, du concept des 4 Vallées; les trois maî-

tres d’œuvre, Rodolphe Tissières, Michel Michelet et René

Fournier jettent alors les bases d’un tourisme régional via-

ble de Veysonnaz/Thyon à Nendaz et Verbier.

Le village de Veysonnaz en tire profit : l’emploi se déve-

loppe, des perspectives de vie locales se dégagent, à pas

comptés d’abord, puis de façon plus affirmée. Les recettes

communales augmentent; les autorités nourrissent le

souci d’aménager le territoire: la station touristique se

développera au-dessus de l’espace villageois.

1986, dans la force de l’âge René Fournier meurt dans un

accident de voiture. A 26 ans, son fils Jean-Marie reprend

les rênes de la station au pied levé, confronté à des défis

énormes. Il trouve peu à peu ses marques et sait relever le

gant: fort d’un soutien populaire remarquable et de l’appui

des ski clubs du Valais central, un noyau de bénévoles

7

Le demi-siècle de TéléveysonnazPréambule

conduit par Veysonnaz-Timing organisera une trentaine

de compétitions de Coupes du monde; grâce à l’enneige-

ment artificiel, les pistes sont parfaites. Conscient des exi-

gences de la clientèle et du coût des remontées

mécaniques de nouvelle génération, Jean-Marie Fournier

poursuit le développement de la station; de 1988 à 1993/94,

des investissements de près de 40 millions de francs sont

réalisés, tout en créant des synergies et une collaboration

étroite avec Télénendaz. Le remplacement de la première

télécabine de Veysonnaz s’opère en 2005, alors que le pro-

jet de la nouvelle installation de la Piste de l’Ours est à bout

touchant.

Les retombées économiques de 50 ans de tourisme pour

Veysonnaz et Clèbes sont évidentes. Veysonnaz a vu ses

recettes fiscales passer de 40000 francs en 1960 à 3,5 mil-

lions de francs en 2010. Développement fort réjouissant, les

jeunes construisent ou reviennent au pays: la commune,

fort intelligemment, décide en 2009 de créer une zone à

bâtir pour 80 ménages sous le village, réservée aux rési-

dants permanents. Le village connaît une belle vitalité et

devient de plus en plus attrayant.

Clèbes n’est pas en reste: ce village de 150 habitants, par

son implication constante dans les activités touristiques, a

su tirer son épingle du jeu; aujourd’hui des perspectives

intéressantes de développement s’ouvrent: la commune

de Nendaz est sur le point d’homologuer un plan d’aména-

gement comportant une zone à bâtir touristique au-dessus

de l’espace villageois, ainsi qu’une zone pour résidants

permanents en contrebas du village.

L’accouchement de cette nouvelle économie montagnarde

ne se fait pas sans mal. Que d’affrontements, de rivalités,

d’intrigues! Mais quelle ténacité et quels visionnaires!

Cette ouvrage retrace les grandes étapes du demi-siècle

d’une épopée alpine digne des plus grands matchs de

reines. Un moment passionné et passionnant de l’histoire

de ce coin de terre.

8

9

Le demi-siècle de Téléveysonnaz

Un demi-siècle de défis lancés à la plus petite com-

mune du canton, une aventure hors du commun menée

par une poignée de passionnés, amoureux de leur coin

de pays!

Cinquante années de luttes aussi, traversées par le

doute, combattues avec une foi inébranlable. Le

regard visionnaire des pionniers, alors que le village

faisait carême toute l’année, qui ont pour noms René

Fournier, Rodolphe Tissières, Michel Michelet et

Henri Délèze, a permis à Téléveysonnaz de prendre

son envol vers les sommets, avec le soutien généreux

des autorités et de la population. Les grandes intui-

tions des hommes ne sont-elles pas les projets oubliés

par Dieu?

«Ce pays, arrêté à mi-chemin entre la terre et les cieux»

comme le déclamait si bien Rilke, avait-il besoin de

pylônes pour concurrencer de leur hauteur les arbres

séculaires? Pour éviter l’exode des jeunes générations,

la fuite vers la vallée, l’abandon d’un savoir-être ances-

tral, le fil d’acier qui imite le bruit du vent dans les

branches fut la saignée de vie porteuse d’avenir pour les

«barlouka». Le tourisme était et demeure l’avenir de

Veysonnaz et, partant, du Valais tout entier. Un village,

une région, illuminés au fil des années par un fantas-

tique coup de projecteur en forme de compétitions de

ski. La célérité des descendeurs évoque la non moins

célèbre promptitude de quelques indigènes à faire place

nette pour créer la Piste de l’Ours. Tracé mythique qui

devint progressivement le cadre de compétitions de

haut niveau et permit à Veysonnaz de rivaliser en noto-

riété avec les plus grandes stations suisses.

Vous reprendrez bien un peu d’utopie!

10

Avec la volonté farouche d’unir les villages au passé par-

fois antagoniste pour créer un espace alpin de grande

valeur avec plus de 400km de pistes!

Le domaine des 4 Vallées était né. Connu du monde

entier, il est un maillon économique majeur pour la

région et ses habitants.

Avec l’élaboration d’une promotion immobilière cohé-

rente et respectueuse de la nature dans un cadre

enchanteur non seulement pour les hôtes de passage et

les résidants occasionnels, mais aussi pour favoriser la

population indigène et la rendre ainsi participative des

projets élaborés, dans un esprit constructif.

«Tout ici chante la vie de naguère, non pas dans un sens

qui détruit le demain» nous rappelle encore Rainer Maria.

Tous les défis lancés avec opiniâtreté n’ont pas éteint les

chants du passé ni altéré l’avenir. Loin s’en faut!

L’aventure commencée il y un demi-siècle garde toute

sa fraîcheur et sa pertinence. Elle a lentement porté à

maturation les idées et les réalisations. Pour que sur-

gissent de nouveaux défis liés à l’économie du tourisme

soumise à une concurrence de tous les instants au

niveau national et international. La préservation des

paysages et du patrimoine tout entier, fierté de ce can-

ton, alliée à la capacité de nouer les liens pour renfor-

cer les synergies et réinventer sans cesse le dialogue

sont, plus que jamais, les ingrédients d’un futur pro-

metteur.

Une chose est certaine: 50 ans c’est la force de l’âge où

tous les rêves sont possibles. Le futur des remontées

mécaniques de Veysonnaz puise son dynamisme dans

l’imagination débordante des années passées. L’utopie,

nous le savons bien, c’est simplement ce qui n’a encore

jamais été réussi. Repousser les limites avec le cœur,

11

c’est aimer cette région exceptionnelle qui a pour

hôte d’honneur un soleil qui ne se lasse pas de bril-

ler et de réchauffer la ténacité des Valaisans!

Les générations futures seront les témoins de la

promesse renouvelée aujourd’hui. Toujours des

questions se poseront, des doutes surgiront et des

prophètes crieront. Le fils de René, Jean-Marie

Fournier, entrepreneur infatigable à la croisée de

plusieurs vallées et de plusieurs projets, saura à

n’en pas douter, élargir l’horizon et hisser les rêves

sur les plus hauts sommets. Avec un panorama

couvrant la vallée du Rhône, les Alpes bernoises, le

Val d'Hérens, le Cervin et la Dent-Blanche, je vous

dis – pour que le Valais de demain continue de

tutoyer les nuages – vous reprendrez bien un peu

d’utopie.

I Jacques Melly, président du

L’ESPRIT PIONNIER1950 -1964

Arrimé au promontoire issu du cône de déjection des

alpages de Thyon et Combyre, Veysonnaz égrène ses habi-

tations et son fier clocher sur la rive gauche du Rhône.

L’une des premières publicités connues fait rêver :

Veysonnaz, le soleil y passe le plus clair de son temps: il

doit bien y avoir une raison.

Fief de l’Evêché de Sion, à la frontière des possessions de

la Maison de Savoie, Veysonnaz vit à travers les siècles

d’une économie proche de l’autarcie, fondée sur l’agricul-

ture, l’élevage, les petits métiers et, depuis la première

guerre mondiale, la vigne, principalement à Vétroz. Au fil

des saisons, on tire ses ressources de la terre sur un mode

transhumant, du village à la montagne, du village aux

coteaux de vignes de la rive droite du Rhône. On marche

beaucoup en ce temps-là, accompagné pour les transports

du fidèle mulet. Ce n’est qu’en 1943 qu’une route est

construite vers Sion, via Beuson / Nendaz. Depuis lors, les

cars postaux relient le village à la capitale.

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, les activités agro-

sylvo-pastorales connaissent un développement significa-

15

tif : amélioration de la productivité laitière (doublement de

la production par vache en 10-15 ans), construction de

conduites d’arrosage, introduction de la fraise de mon-

tagne au milieu des années 1950 avec des revenus non

négligeables (jusqu’à 500000 francs par an), puis de la

framboise, sur une échelle plus restreinte. C’est l’époque

de l’ouvrier-paysan. Contraint de compléter ses revenus,

l’agriculteur doit s’essayer à d’autres occupations sur les

barrages, dans la

construction, en

usine. Dur labeur que

cette vie de pendu-

laire partagée entre

deux ports d’attache.

Des familles quittent

alors le village et les

jeunes au bénéfice

d’une formation com-

mencent à s’installer

ailleurs. En 1960, la

population stagne

autour de 350 habi-

tants.

Créer une base économique localesaine et durable: une utopie?

La question taraude les esprits à ce moment-là. Déjà créé

en 1928, le ski club donne une impulsion à la pratique du

ski et à la compétition. Avec l’appui de responsables parti-

culièrement motivés, des jeunes du village prennent part à

des concours régionaux, voire à l’échelle nationale (l’un

d’entre eux, Hermann Fragnière, sort 2e des championnats

suisses de descente). On apprend à connaître les stations

de l’époque. Leur président, Henri Délèze, par ailleurs éga-

lement président de commune jusqu’en 1952, peut alors se

convaincre dans d’autres contrées alpines du potentiel de

développement des activités touristiques.

C’est sous sa houlette que l’idée de construire une télé-

cabine de Veysonnaz à Thyon s’affirme peu à peu. Rêve

insensé pour une si petite commune (111 ha, la plus

petite du canton) et une population si peu argentée,

dotée de recettes fiscales de l’ordre de 20 000 à 40 000

francs. Des années de gestation marquées par des oppo-

sitions, des doutes, des interrogations mais aussi des

liens noués avec des personnalités politiques, des res-

16

Pays, arrêté à mi-chemin

entre la terre et les cieux

aux voix d’eau et d’airain,

doux et dur, jeune et vieux,

comme une offrande levée

vers d’accueillantes mains:

beau pays achevé,

chaud comme le pain!

I Quatrains valaisans,

Rainer Maria Rilke

de magistrats, d’artistes,

d’intellectuels et de clercs.

Ensemble, ils vont permettre

de préparer et de prendre les

décisions nécessaires, au

moment venu. La modestie

des lieux et la discrétion des

édifices ne sauraient occulter

le fait que le village a été une

pépinière d’esprits et un ren-

dez-vous culturel fort bien

fréquenté. Celles et ceux qui

sont entrés dans la cave du

président Délèze et qui ont, bienheureux, dégusté son

fameux Humagne blanc, se souviennent de ces mots gravés

au fronton: «Bienvenue à ceux qui arrivent, Paix à ceux quirestent et Bénédiction à ceux qui s’en vont».

Quand la terre est austère, beaucoup de jeunes esprits

parient sur le savoir. Veysonnaz a beaucoup donné et sans

doute beaucoup reçu. Le rôle majeur d’Henri Délèze, avec

ses proches amis, a été de cristalliser ces énergies en un pro-

jet d'avenir. Et aussi de dépasser les vaines querelles pour

faire naître des promesses. Mission de bâtisseur et de pion-

nier, dans la durée, avec cette attitude qui vient sur le tard:

la patience du détachement.

Ce ne sont pas «Marie du président» et ses huit enfants, ni

même ses contemporains qui démentiraient de tels propos.

Merci, Monsieur le Président.

I Jean-Pierre Fragnière

Là-haut les idées sont fortes, il faut s’y rendre avec les hal-

lebardes de l’esprit. Les enfants de la génération qui a écar-

quillé les yeux devant les bennes silencieuses de la première

télécabine ont grandi sous l'autorité du président Henri

Délèze.

Né quelques mois avant le siècle, ce jeune instituteur allait

revenir sur les terres de ses ancêtres pour reprendre le bureau

postal des mains de son père. Il poursuivait aussi une lignée

de «premiers magistrats du village», on disait syndics.

L’exercice de ce mélange de pouvoir, de respectabilité et de

responsabilité, il connaissait. Il mesurait bien vite les limites

de son fief et l’ampleur des besoins à honorer, ne serait-ce que

pour donner une chance à l’avenir. Impossible de se borner à

jouer le roitelet dans ce charmant village, sur la colline, dont

les feux, le soir, vus de la plaine, se confondent avec les

étoiles.

Les défis n’étaient pas minces; il fallait tout faire, ou

presque. D’abord, tenir ses troupes, entendons le parti. Et

puis, ouvrir les portes de l’avenir. La mémoire retiendra,

entre autres, la caisse-maladie de Nendaz et Veysonnaz, la

caisse Raiffeisen, la maison d’école et la salle communale

avec la superbe fresque d’Albert Chavaz. Et aussi cette

ouverture qu’offrait en ces temps la fréquentation des chas-

seurs, par la société Diana et, surtout le Club alpin. Ce labo-

ratoire allait forger les convictions et les espérances qui sont

à la source du développement de ce qui est devenu la station

de Veysonnaz et des 4 Vallées.

Parallèlement, le Président Délèze tissait une discrète et

solide toile où vont trouver place nombre d'esprits éclairés,

Avec le président Délèze

17

ponsables de l’économie, de l’Administration cantonale

et fédérale. Ski club, Club alpin, Société de chasse sont

dans ces années-là autant de viviers de discussion, d’oc-

casions de rencontres fort utiles quand on se lance dans

des projets audacieux. Le projet de la télécabine mûrit et

se concrétise. Président de commune dès 1952, Lucien

Fournier appuie le projet. Ce rapprochement symptoma-

tique des Délèze et Fournier préfigure un changement

d’ère : bientôt les partis de familles ne seront plus de

mise.

Une demande de concession en bonne et due forme est

adressée à l’Office fédéral des transports en 1956. Les

arguments présentés s’avèrent convaincants: le projet de

Veysonnaz, contesté pourtant du côté des téléskis de

Thyon par crainte de la concurrence, passe la rampe. Pour

la petite histoire: refusé dans un premier temps, le projet

de télécabine de Nendaz sera aussi accepté par Berne. On

considère qu’il y a place, sur les coteaux voisins de

Veysonnaz et Nendaz, pour deux installations de remon-

tées mécaniques. Michel Michelet, le futur patron de

Télénendaz, préconise déjà à l’époque une approche régio-

nale.

Reste le plus difficile: mobiliser le financement. Le devis

s’élève à 1040000 francs et le capital social soumis à sous-

cription à 450000 francs (il sera porté à 800000 en 1961), le

solde devant être couvert par l’emprunt. La recherche du

financement nécessite des mois de porte à porte, de contacts

noués avec de possibles investisseurs, d’implication de per-

sonnalités politiques, telles que Roger Bonvin, Conseiller

national, futur Conseiller fédéral. Entre temps, le Comité

d’initiative élargi sollicite l’appui de Me Emile Taugwalder,

versé dans ce type d’affaires dans le Haut Valais: «avec celui-

là, nous irons en Amérique», affirme Henri Délèze.

Le capital social est péniblement réuni (plus de 250 sous-

cripteurs!). Symbolique mais significative vu l’état des

19

Ne point lutter contre, mais avec.

Veysonnaz aura sa concession, c’est fort

bien; mais Nendaz doit avoir la sienne.

Les régions sont complémentaires, pas

concurrentes; elles réussiront ensem-

ble, ou échoueront. I Michel Michelet, 1956

«

»

recettes fiscales, la part de la commune s’élève à 10000

francs, dont 50% souscrit par la bourgeoisie.

Un jour la bonne nouvelle arrive: la Banque Cantonale du

Valais accorde un crédit de 350000 francs. Sauvés? Pas

tout à fait car les entreprises à qui l’appel d’offres est sou-

mis ne se pressent pas au portillon. Dans le climat de

l’époque, on pense à des intrigues souterraines de la part

de concurrents malveillants. Finalement des offres sont

proposées et c’est l’entreprise Giovanola qui sera choisie.

Les tractations pour la mise à disposition de terrains avec l’al-

page de Combyre butent sur des oppositions. Les biens-fonds

sont sacrés! Henri Fragnière, président du Conseil d’administra-

tion, s’implique personnellement en faisant valoir les arguments

d’utilité publique. Un arrangement pragmatique est trouvé.

Les travaux peuvent commencer. Les stations de départ et

d’arrivée sortent de terre, les pylônes sont mis en place.

Des curieux assistent, émerveillés, à l’épissure du câble,

puis à l’amarrage des cabines. C’est le 22 juillet 1961 que

Berne autorise la mise en exploitation. Jours de liesse. Les

premiers employés locaux, les Henri Praz, Michel

Fragnière, Cyrille Glassey, Hermann Lathion assurent le

fonctionnement des installations.

Quelques années plus tard, André-Jean Fournier entre en

service. Il sera trente ans durant chef d’exploitation.

Dans la foulée, les téléskis Combyre I et II seront construits

ainsi qu’une buvette rustique au sommet et une colonie de

jeunes, à titre privé. Deux investisseurs de l’endroit, Cyrille

Fournier, et Marcel Fournier (avec des associés de Nendaz),

ouvrent respectivement le Relais des Mayens, puis en 1962

l’Auberge de Magrappé, au départ de la télécabine.

L’emploi local non agricole démarre modestement: dans les

remontées mécaniques, un premier commerce de sport

(Fragnière Sports), l’école de ski, la restauration, la construc-

tion de chalets. Il séduit les jeunes. Certains délaissent alors

malheureusement les efforts de formation professionnelle.

En plein mitan des trente glorieuses, la vie paraît facile. Le

contact avec les gens de l’extérieur – principalement du

bassin lémanique – nourrit de nouveaux rêves: une société

de jeunes se crée, avec un journal. Elle rencontre le succès

20

Passionné de mécaniqueTout jeune, la mécanique, c’était ma passion. Lorsque j’ai

été engagé par Giovanola pour la construction de la téléca-

bine de Veysonnaz, j’ai appris le métier sur le tas et ça s’est

très bien passé. Ils auraient bien voulu me garder mais j’ai

choisi de rester ici, avec un salaire moindre. Nous avons

appris à faire fonctionner l’installation. Ce n’est qu’à de très

rares occasions que nous avons dû faire venir des monteurs

de l’extérieur. Après deux ou trois ans, nous avons dû chan-

ger les sécurités sur les pylônes. Nous (les employés) l’avons

fait nous-mêmes, selon les directives édictées. Les vérifica-

tions de Berne ont montré qu’on l’avait fait en ordre.

Homme à tout faireEn plus de cette responsabilité, je participais également au

damage des pistes qui se pratiquait à ski, de Combyre à la

station de départ. Certains jours, nous descendions en esca-

liers jusqu’à trois fois sur l’ensemble du parcours. J’avais

alors une forme olympique. Mais je m’occupais aussi de la

sécurité des skieurs. En cas d’accident, c’est moi qui des-

cendais les blessés sur la luge de secours. Pendant ce

temps-là, j’appelais occasionnellement mon père Ernest qui

me remplaçait à l’arrivée de la télécabine.

La neige: abondance et pénurieLes deux premiers hivers (1961/62 et 1962/63), on l’a eue

en abondance. Une année, il y en avait tellement que la sta-

tion d’arrivée était presque enfouie sous la neige. On n’a pu

y accéder que par la cabine de secours. Mais la saison

1963/64 fut catastrophique : pour relier les portions ennei-

gées de la piste du grand téléski de Combyre jusqu’à la haie

de l’alpage, on a dû aménager des passages et transporter la

neige par luge à foin dans de grandes serpillières. Quel bou-

lot!

Sur le cône de Thyon, chacun dans son coinAvec le voisin de Thyon - Les Collons, il n’y avait pas de col-

laboration. Les skieurs qui descendaient sur Thyon devaient

payer la remontée par les téléskis de Theytaz, puis dès sa

construction, par le Télésiège de l’Arolle. De même, ceux de

Thyon qui descendaient la piste des mayens de Veysonnaz

devaient payer au retour le billet de la télécabine. Petit pro-

grès, on a introduit un jour un système de coupons. Avec les

chamailleries de l’époque, on ne peut pas dire que le client

était roi.

Yves Maître, si proche des gensIl me tient à cœur de dire combien Yves Maître, président

alors du Conseil d’administration, nous a épaulés, moi en

particulier. Il ne manquait jamais de prendre des nouvelles.

Souvent le soir, après le travail, il nous invitait à partager une

assiette valaisanne. J’ai été invité, à plusieurs reprises, à une

raclette dans son chalet. Il veillait aussi, et ce n’était pas

facile à l’époque, à ce que nos salaires soient versés. Il s’est

également battu pour que nous ayons en fin de saison une

prime d’encouragement. C’était un homme bien.

Que de souvenirs!Ce fut une période très dense et formidable de ma vie. On se

débrouillait avec les moyens du bord. J’ai construit alors ma

maison. Le toit, par exemple, m’a coûté à peine4'000 francs

car on faisait beaucoup par soi-même. Ma femme, Georgette,

s’étonne que je parle encore et toujours de ces années-là.

C’est vrai, elles m’ont profondément marqué.

A bâtons rompus avec Michel Fragnière, employé de Téléveysonnaz de 1961 à 1968

22

et génère des liens d’amitié durables avec des hôtes de la

station. On vit des soirées mémorables.

Le bonheur de se faire de nouveaux amis

23

Le rat des villes et le rat des champs

Rencontre au mayen de la Raïre entre jeunes du vil-

lage et jeunes de l’arc lémanique.

Un violent orage remet au lendemain la divine

raclette au feu de bois. Au petit jour, on s’ébroue

d’une courte nuit: les conteurs du groupe ont fait

étalage de leur talent. Le matin de juillet s’ouvre à

la lumière. Le ciel parfaitement bleu se détache à

travers les mélèzes.

Notre conteur préféré, Martial, installe dans le pré

une chaise longue et s’écrie en voyant le soleil se

lever sur la rive droite du Rhône: regardez lachance que nous avons; aujourd’hui tout le mondepeut se payer de beaux villages.

Il faut dire qu’à l’époque il était encore au chô-

mage…

Pour épauler Téléveysonnaz, la Société de développement

de Veysonnaz et environs est mise sur pied en 1963. Elle ne

dispose que d’un budget fort limité (2000 francs.). Mais elle

peut compter sur l’engagement assidu de ses membres

qui s’emploient à améliorer les conditions d’accueil de la

clientèle, à favoriser les contacts avec les gens du village,

à promouvoir des loisirs attrayants.

Pour Téléveysonnaz, l’engouement du départ commence

toutefois à s’effilocher. La fréquentation de la télécabine se

situe bien en deçà des espérances. Les années de neige

abondante n’y font rien: le bassin de clientèle de la région

sédunoise est sollicité par nombre de stations locales et

celle de cercles plus lointains comme l’arc lémanique ne

vient qu’occasionnellement. Facteur aggravant: l’enneige-

ment naturel s’avère bien aléatoire. L’hiver 1963/64

demeure dans les mémoires: les pistes ne sont aménagées

que jusque vers 1800 mètres, et encore. Sur l’alpage de

Combyre, on transporte la neige par luge à foin pour offrir

à la clientèle, sur les passages exposés, un parcours de ski

praticable.

24

On doit se rendre à l’évidence. Les hypothèses de rentabi-

lisation des installations faites au départ ne tiennent pas la

route. Les recettes engrangées couvrent à peine les frais

de personnel. L’assainissement financier de la société

s’impose. Yves Maître, Conseiller national de Genève,

vient de construire un chalet à Veysonnaz; il est appelé à

s’impliquer dans les affaires de Téléveysonnaz. C’est lui

qui intéresse Robert Leclerc au sort de la société. Le capi-

tal-actions de cette dernière est réduit de moitié et le ban-

quier genevois accepte d’y investir 1 million de francs.

Pour sauver l’entreprise et partant le tourisme à

Veysonnaz, un nouveau concept de développement

devient indispensable.

La personne qui va imaginer et concrétiser les orientations

porteuses d’avenir a été repérée. C’est un enfant du pays,

René Fournier, employé de la Banque Cantonale du Valais.

Fils du président Lucien Fournier, il a entre temps épousé

l’une des filles du président Henri Délèze. La rivalité de ces

Capulet et Montaigu des montagnes valaisannes trouve

son épilogue dans une idylle, cette fois encouragée de part

et d’autre.

En 1964, René Fournier est nommé directeur de

Téléveysonnaz; il va dès lors s’investir sans compter pour

le développement de la station. C’est Félix Carruzzo, prési-

dent de la ville de Sion, qui se trouve à ce moment-là à la

tête du Conseil d’administration de la société.

25

Une nouvelle ère s’ouvre…

UNE VISIONPORTEUSE D’AVENIR1964 -1986

La vision qui va faire la force du tourisme à Veysonnaz ne

s’impose pas en un jour. Elle se construit progressivement

autour d’un noyau d’acteurs clés – dont Me Roger

Fragnière – sous la conduite avisée de René Fournier.

Au fil des années, les orientations stratégiques que voici

vont s’affirmer:

- promotion immobilière ordonnée avec, en point de mire,

un plan de zone; professionnalisation de l’ensemble des

services liés à l’offre touristique

- liaison avec Nendaz et Verbier : les 4 Vallées se dessinent

- ouverture d’une piste de descente de haut niveau, dotée

d’une télécabine

- coopération constructive avec l’autorité communale et la

Société de développement.

Promotion immobilière et professionnalisme

Les premières années de Téléveysonnaz le démontrent à

l’envi : sans un vivier local permanent de clientèle, la ren-

tabilisation des remontées mécaniques est un leurre. La

promotion immobilière devient incontournable.

C’est le 29 août 1969 que la commune accorde l’autorisation

de construction, à proximité du départ de la télécabine, d’un

premier immeuble résidentiel de plus de 50 appartements à

des fins touristiques. L’initiative en revient à des investis-

seurs de Sion. La vente toutefois des appartements s’avère

des plus ardues. La faillite guette. C’est René Fournier qui

reprend l’immeuble à son compte, alors que l’UBS et la

Banque Leclerc renflouent l’affaire. Entre-temps, on s’est

assuré les services d’une professionnelle hollandaise du tou-

risme, Fleurette Wagemakers, qui va apporter une contribu-

tion marquante au développement de la station. Des

contacts sont noués avec des agences immobilières des

Pays-Bas, d’Allemagne, d’Italie. A Zurich les visites d’ap-

partements sont organisées par cars entiers avec, à la clé,

raclette et accordéon. La nouvelle approche fait recette. Non

sans mal, les ventes d’appartements s’accélèrent. Avec un

grand «ouf» de soulagement, la faillite est évitée: les der-

niers contrats sont conclus et les emprunts remboursés.

On se lance alors dans la construction de nouveaux immeu-

bles. Dès 1965, la commune a établi un plan d’aménagement

qui réserve le haut du village au développement touristique.

Décision bienvenue: elle localise la promotion immobilière

29

en-dehors de l’espace villageois. De leur côté, les promoteurs

auront à cœur de ne pas construire de façon désordonnée.

Conçus et réalisés principalement par des entreprises de

l’endroit, dont celle d’André Lathion, les nouveaux immeu-

bles vont surgir, à la même altitude, de part et d’autre de

l’actuelle route centrale de la station. L’image de cette der-

nière, telle qu’elle apparaît aujourd’hui, se profile. Alors

que de nombreux chalets poussent dans les zones qui leur

sont dévolues.

Dorénavant, la vente d’appartements se fera sur plans. Le

recours à l’emprunt bancaire n’est plus nécessaire.

Concept nouveau pour l’époque : les propriétaires d’ap-

partements sont invités à les louer, d’où un allègement

Fleurette Wagemakers et l’un des premiers employés de Télé -

veysonnaz, Hermann Lathion

Cyrille Glassey, employé dès le départ par Téléveysonnaz

30

significatif des frais financiers. La collaboration avec les

tours opérateurs s’intensifie et se professionnalise. Des

forfaits sont offerts pour la location et l’abonnement aux

remontées mécaniques. Pionnier des lits chauds,

Veysonnaz louera jusqu’à 400 appartements, y compris

l’été. Les effets seront très bénéfiques. Ils permettront

entre autres de financer, à titre privé, une piscine et un

tennis.

Cerise sur le gâteau, René Fournier peut acquérir les

actions de Téléveysonnaz que le banquier Leclerc, en dif-

ficulté, met en vente. Il se trouve par là-même en position

dominante dans la société, ce qui lui permet de dévelop-

per à sa guise des synergies avec les autres secteurs

d’activité de la station. Situation de quasi monopole

inconfortable à maints égards et qui ne manquera pas de

susciter critiques et jalousies. Elle est toutefois le gage

d’une approche globale et intégrée des activités touris-

tiques.

Les 4 Vallées: une idée de visionnaires

Trois paysans ont fait un pays, trois montagnards vont

marquer de leur empreinte une région. Et cela dès 1976.

Trois personnages hors du commun. Tout d’abord

Rodolphe Tissières, concepteur et patron de Téléverbier,

puis Michel Michelet, cheville ouvrière de Télénendaz et,

bien sûr, René Fournier. Au cours de randonnées en mon-

tagne, ils se figurent les liaisons susceptibles d’unir ces

espaces alpins. Dans leur esprit s’esquisse le concept des

31

Me Roger Fragnière, membre du Conseil d’administration dès

1964, président de 1992 à 1998

32

33

4 Vallées: relier les champs de ski de Veysonnaz - Thyon à

ceux de Nendaz et Verbier. Un domaine skiable fabuleux.

La toile va se tisser progressivement. Pour sa part, Télé -

veysonnaz construit les téléskis de la Cheminée, de la Tsa et

de Combyre III, puis le télésiège des Greppons Blancs, en

commun avec Télénendaz. Et du côté Nendaz, des maillons

essentiels se mettent en place: télésiège de Noveli, téléski

des Greppons Blancs, téléskis puis télésiège de Tortin, le

tout couronné six ans plus tard, en copropriété avec

Téléverbier, par l’équipement du domaine du Mont-Fort. Au

final, ce seront 400km de pistes offertes aux skieurs!

Quelle belle carte pour la promotion de la région sur le mar-

ché suisse et européen!

La Piste de l’Ours et sa télécabine

Les responsables du ski, tout comme Téléveysonnaz, cares-

sent depuis belle lurette le projet d’une vraie piste de des-

cente, épreuve reine des compétitions de ski. Un tracé se

prête à merveille, des alpages de Thyon - Combyre au Mayen

de l’Ours à travers la forêt et des pâturages. Les autorisations

de coupe de bois sont soumises à Berne dans le cadre de la

candidature olympique de Sion pour 1976. Dès l’accord de

principe du Conseil fédéral – Roger Bonvin n’y est pas étran-

ger, ni son collègue Hans-Peter Tschudi – les déboisements

sont entrepris… sans attendre les documents officiels

dûment signés et estampillés. Enorme levée de boucliers

dans les médias, particulièrement outre-Sarine. Tous se

découvrent une âme d’écologiste. Le reboisement de sur-

faces de compensation n’apaise pas les esprits. La polé-

mique agite aussi la bourgeoisie sédunoise. Elle ne

s’apaisera – et encore – que lorsque les premières compéti-

tions de haut niveau seront organisées sur cette piste rendue

célèbre par l’une des controverses écologiques les plus

mémorables du pays. En 1971, Bernard Russi gagnera la des-

cente des Championnats suisses, devant Roland Collombin.

L’année suivante, les Klammer, Griesmann et Roux marque-

ront l’épreuve de Coupe d’Europe qui y sera disputée.

Et c’est ainsi que la Piste de l’Ours devient une référence:

d’innombrables courses de ski, depuis les concours OJ

jusqu’aux championnats nationaux et autres Coupes

d’Europe, seront mises sur pied. Avec le recul du temps, on

dira que les responsables locaux et régionaux ont pu se

faire la main en attendant la grande aventure des Coupes

du monde dont il sera question plus loin.

La télécabine de l’Ours, prototype, sera construite par von

Roll en 1981. Dans le plus grand respect de Dame Forêt,

nous dit l’histoire. Dût-on élever un pylône de 39 mètres

pour laisser à leur place deux ou trois mélèzes, non sécu-

laires, ceux-là. Etait-ce bien raisonnable quand on sait que

la surface boisée valaisanne s’est accrue de plus de 30%

depuis les années 1960?

Peu de temps après, en 1984, le restaurant du Mont Rouge

sort de terre, à proximité de la station d’arrivée des téléca-

bines. Un édifice avenant, bien équipé, sans comparaison

avec les cantonnements d’origine: plus de 700 places à

disposition.

Collaboration avec la commune

Le plan d’aménagement de 1965, tout comme le plan de

zones de 1981, assurent à Veysonnaz un développement

ordonné, voire «harmonieux», comme le dit ci-après le pré-

sident de l’époque (de 1964 à 1984), David Praz.

En 20 ans, l’économie locale connaît une véritable muta-

tion. Le tourisme prend le pas sur les activités agro-sylvo-

pastorales. En 1985, le groupe Téléveysonnaz/VIP assure à

lui seul près d’une centaine d’emplois. Ajoutés à ceux des

entreprises et commerces, ces revenus contribuent de

façon substantielle à l’accroissement des recettes commu-

nales qui passent de 40000 francs en 1960 à 1200000

francs en 1980.

36

37

38

Sur le plan économique, je dois affirmer que le tourisme

est la seule solution actuellement pour sauver les popu-

lations de montagne de l’exode…

En 25 ans, Téléveysonnaz a investi 20 millions de

francs…

Notre conception du développement nous permet d’en-

visager le futur en toute sérénité. Notre politique a tou-

jours tenu compte des aspects sociaux, économiques et

spatiaux du tourisme.

Grâce à un développement sans à coup, nous avons à

Veysonnaz un tourisme au service de toute la commu-

nauté. La compréhension de la population indigène pour

les questions touristiques a ainsi été grandement facili-

tée car ni le rejet du tourisme, ni l’adoption intégrale de

ses modes de vie ne sont judicieux.

Ainsi Veysonnaz est désormais sortie de son isolement.

Reliés au monde par le tourisme, nous construisons

dans l’ordre et l’harmonie.

…comme jadis, il est impératif que le Veysonnard

prenne des risques; mette en œuvre les moyens les plus

divers; fasse preuve de volonté d’entreprendre afin d’as-

surer le développement et l’essor économique de la

région.

I David Praz, président de la commune de VeysonnazExtraits de la plaquette «Les 25 ans deTéléveysonnaz», Liliane Varone, 1986

Veysonnaz se développe harmonieusement

Le village voisin de Clèbes, situé sur Nendaz, n’est d’ail-

leurs pas en reste. Il a toujours été partie prenante des acti-

vités touristiques et sportives de Veysonnaz et il a su en

tirer profit, particulièrement en termes d’accès à l’emploi.

Cela dit, les populations des villages de Veysonnaz et

Clèbes restent viscéralement attachées à la terre et aux

activités agropastorales, même si ces dernières devien-

nent, au plan économique, secondaires. L’élevage bovin

suscite toujours autant d’intérêt, voire de la passion. Les

combats de reines restent inscrits dans les gènes. Chaque

année, l’inalpe de Combyre crée l’événement et attire la

foule.

Depuis les années 1950/60, l’image de Veysonnaz,

Clèbes ainsi que du charmant hameau de Verrey s’est

transformée : aménagement de routes et chemins, réno-

vation des maisons, équipements sanitaires… Sur un

autre plan, les sociétés locales ont plutôt bien digéré le

choc de cette ouverture au monde que constitue l’arri-

vée des flots de touristes. Avec le temps, les mariages

exogames se sont multipliés, apportant du sang neuf et

de nouvelles idées.

Lorsqu’il disparut en 1986, victime d’un accident de la

route, l’homme clé de ces évolutions, René Fournier, laisse

un bilan remarquable et plein de promesses.

39

40

C’est à Kinshasa, au Zaïre où je représentais le CICR, le

25 novembre 1986, que Paul Praz, lui-même chef d’es-

cale de la Lufthansa, m’a transmis la nouvelle de la mort

brutale de René Fournier. Unis tous les deux à René par

des liens familiaux, nous avons ensemble imaginé et par-

tagé la détresse de ceux que le destin privait en l’espace

de quelques heures d’un mari et d’un père mais aussi de

l’homme clé dans des nombreux engagements sociaux,

économiques et financiers du groupe VIP.

A des milliers de kilomètres de Veysonnaz, c’est aussi le

destin de notre village qui occupa notre réflexion et

celle-ci se nourrissait essentiellement du rôle et des réa-

lisations de René Fournier.

25 ans après son décès, René Fournier promène encore

dans les rues de la station et du village son regard de

superviseur, de chef d’entreprise, d’homme de goût et

d’autorité prêt à exprimer généreusement conseils avi-

sés et aide sollicitée.

Son mariage avec Mariette Délèze fut la pierre angulaire

d’un rôle qui contribua, dans un premier temps, à apai-

ser les querelles villageoises ancestrales et mesquines

et à encourager la solidarité tant nécessaire dans un vil-

lage qui, dans les dernières années de 1950, flirtait

avec une pauvreté pouvant devenir chronique. Il est vrai

que les difficultés évidentes de la jeune société de

Téléveysonnaz ont offert à René Fournier les éléments

facilitateurs d’une carrière locale mais il n’en est pas

moins essentiel de souligner l’un des traits que j’ai pu,

lors de brèves années de proximité, identifier chez lui:

René Fournier se sentait nanti d’une mission: celle de

faire survivre Veysonnaz et d’inscrire son nom sur la

carte touristico-économique du Valais central.

Sa tâche ne fut pas aisée et, mise à part une amitié pri-

vilégiée avec Me Michel Michelet et André Luisier, René

Fournier a dû, le plus souvent, se battre contre les incom-

préhensions ou les trivialités des jalousies locales mais

René Fournier: élégance discrète et efficacité sans compromission

41

surtout contre l’entêtement d’une classe valaisanne d’af-

faires pour laquelle le développement touristique de la

région ne passait pas forcément par celui du cône de

Veysonnaz. Seul, René Fournier a su maintenir

Téléveysonnaz et le développement des structures de la

station en état de fonctionnement et de développement.

Sa vision stratégique consistant à desservir la Piste de

l’Ours par une remontée mécanique et à s’imposer

comme modeste mais sérieux partenaire de Téléverbier

et Télénendaz fut déterminante pour la survie du village-

station qui impose aujourd’hui respect et crédibilité.

Le villageois s’est imposé comme un acteur économique

important du Valais central. Politiques et investisseurs

ont recherché sa proximité, ses conseils et son soutien.

René Fournier fut un homme d’influence. Une influence

acquise par l’expérience de ses propres engagements et

la maîtrise de ces derniers. René Fournier n’a certaine-

ment jamais joué à la loterie. Il n’aimait pas le risque

imprévisible mais il était capable d’audace, dès lors que

seules sa force et sa responsabilité étaient engagées.

Il a certainement pu compter sur quelques amitiés indé-

fectibles qui lui ont facilité la réalisation de ses ambi-

tions; celles-ci ont cependant été le fruit de sa

détermination à réussir.

Son exemple agit vraisemblablement comme motivation

beaucoup plus que comme défi pour la famille qu’il a

laissée derrière lui et qui a décidé de continuer son

œuvre, dont Jean-Marie Fournier, son fils, est le princi-

pal dépositaire et responsable de son rayonnement

régional fantastique.

Il est heureux de constater, à l’occasion des 50 ans de

Téléveysonnaz, que les 25 dernières années ressem-

blent étrangement aux 25 premières dans leurs diffi-

cultés et leurs réussites. Il s’agit vraisemblablement là

d’une œuvre coulée dans le marbre d’un héritage qui,

sans être fusionnel, demeure extrêmement cohérent.

I Henry Fournier, juillet 2011

UN QUART DE SIÈCLEDE GRANDS DÉFIS1986 - 2011

A la disparition de René Fournier, la question épineuse de

son remplacement se pose. C’est son fils, Jean-Marie, qui

est appelé à prendre la direction des affaires.

Rien ne le prépare à de telles fonctions. Ni sa formation (com-

merciale et bancaire, somme toute sommaire), ni les emplois

occupés jusque là (gestion du bar Le Barloucâ), ni la connais-

sance encore très superficielle des dossiers de la station. En

quelques mois il doit pourtant, à l’invite de sa famille, retrous-

ser les manches et endosser l’habit de directeur.

Certes, les bases du tourisme à Veysonnaz sont alors

saines. Mais de grands défis doivent être affrontés, dans

un contexte de concurrence internationale accrue:

- l’enneigement naturel fait souvent des siennes; capri-

cieux, aléatoire, il ne permet pas de répondre de façon

régulière aux exigences de la clientèle et il occasionne

des manques à gagner considérables

- la Piste de l’Ours est certes exploitée, mais encore bien

en deçà de son potentiel ; certains rêvent secrètement de

compétitions de haut niveau

- la promotion immobilière a connu un développement

remarquable (2500 lits jusqu’en 1986) ; les remontées

mécaniques de nouvelle génération, ainsi que les goûts

toujours plus exigeants des hôtes, appellent cependant à

viser un nombre de lits plus élevé et des infrastructures

de meilleure qualité, notamment de restauration

- la capacité hôtelière de la station est quasi inexistante:

par manque d’entretien, les chambres de l’Auberge de

Magrappé ne sont guère louées; comment relever le défi

d’une hôtellerie digne de ce nom?

- l’aménagement de la station laisse à désirer : créer un

centre attrayant, des places de parc appropriées?

Face à ces défis, Jean-Marie Fournier, avec sa fougue, ses

tripes, sa ténacité, va révéler son sens stratégique inné.

Les choses vont avancer et la dimension régionale prendre

toute sa signification. Au plan local toutefois des difficultés

surgissent: l’aménagement central de la station tarde à se

réaliser.

Les canons à neige, planche de salut

Celles et ceux qui n’ont pas vécu les années de pénurie de

neige en montagne, parfois jusqu’à la limite des alpages,

45

ne peuvent imaginer le désarroi des personnes qui

misaient sur le tourisme d’hiver. De son temps déjà, René

Fournier met en place quelques canons à neige sur la Piste

de l’Ours. Essai prometteur. Mais on est loin du compte. Le

manque de neige frappe souvent la station. La Piste de

l’Ours ne présente pas les garanties suffisantes, notam-

ment pour les compétitions.

Jean-Marie Fournier demande et obtient l’autorisation

d’installation d’une première cohorte de canons à neige,

alimentée par l’eau du barrage de la Dixence. C’est un

succès. Par la suite il équipera l’ensemble du domaine

skiable. Coût de l’opération : environ 10 millions de

francs.

Les défenseurs de l’environnement, on s’en doute, mon-

tent au créneau. Les altercations sont houleuses. Avec le

recul, on s’aperçoit que les canons n’utilisent, dans le cas

de figure qui nous concerne, que des produits de Dame

Nature: eau, air, froid. Sur le domaine des pistes de ski, les

prairies, encore mieux irriguées, sont belles, ou en passe

de redevenir belles, de leur flore diversifiée. Mais il est vrai

que le débat ne se limite pas à ces seules considérations.

Les Coupes du monde, la belle aventure

Les canons à neige installés, l’expérience engrangée de

l’organisation de compétitions régionales et nationales, on

se sent prêt à relever de nouveaux défis.

L’occasion va se présenter en janvier 1990. Adelboden

connaît des conditions d’enneigement médiocres et doit

renoncer, la mort dans l’âme, à organiser son fameux Géant

Hommes. La Fédération Internationale du Ski (FIS) se

tourne vers Veysonnaz, toute heureuse de l’aubaine. Au

pied levé et dans l’enthousiasme, on accepte le défi. En

quatre jours, on mobilise la population, les ski clubs, les

médias. On prépare les pistes. Entre-temps, une associa-

tion s’est créée localement pour l’organisation de compéti-

tions, appelée Veysonnaz Timing. Sous la houlette de

Jean-Michel Praz et de quelques compagnons tout aussi

motivés, elle atteint un haut niveau de compétence. C’est

elle qui sera la cheville ouvrière de l’organisation dirigée

par Jean-Marie Fournier et, au plan technique, par Henri-

Bernard Fragnière, responsable de l’Ecole de ski.

Ce premier essai est un coup de maître.

46

mondial», s’écrie Jean-Michel Praz. En 1990, Veysonnaz

Timing sera la cheville ouvrière de la mise sur pied de six

épreuves de Coupe du monde, pour un budget global de près

de 1 million de francs. Son équipe de bénévoles, bien rôdée,

assume la responsabilité de la plupart des secteurs d’organi-

sation, et cela dans des délais très courts. De leur côté, les

ski clubs de la région mettent à disposition 150 personnes.

Par la suite, un accord est passé avec les dirigeants des ski

clubs du Valais central pour la mise à disposition du person-

nel requis par les travaux exigés par la FIS.

Occasionnellement l’Armée suisse apporte également sa

contribution aux épreuves.

L’équipe de base de Veysonnaz Timing est finalement portée

de 30 à 60 personnes. En plus des courses de ski, VeysonnazTiming s’investit également dans des activités telles que le

nettoyage de la Piste de l’Ours, celui du Bisse de Vex, l’or-

ganisation des Championnats du monde de Motoneige

(2007), participations à l’organisation du match cantonal de

reines à Aproz.

Une mention particulière doit être faite de la mise sur pied

de quatre arrivées du Tour de Romandie. Les victoires

d’étape de Laurent Dufaux, d’Alex Zuelle sont restées dans

les mémoires. Excellent pour l’image de marque de

Veysonnaz.

Présidé par Dany Fournier depuis 2006, Veysonnaz Timingse mobilise sans compter pour l’organisation d’événements

divers. Au plan des compétitions de ski, il bénéficie des com-

pétences et du réseau étendu de relations de Didier Bonvin,ancien entraîneur de l’équipe suisse des Dames.

Constitué au milieu des années 1970 sur une base béné-

vole, Veysonnaz Timing vise à organiser des manifestationssportives, en priorité de ski, et cela la plupart du temps, dans

des délais très brefs. Il a fallu identifier et mobiliser des

volontaires prêts à s’engager au pied levé, tout en disposant

des compétences nécessaires, acquises dans leur parcours

professionnel. La première équipe se compose de 15 per-

sonnes.

Téléveysonnaz reçoit constamment des demandes pour l’or-

ganisation de compétitions de ski (sorties d’entreprises et de

ski clubs, courses populaires). Il ne peut que se féliciter

d’avoir un interlocuteur tel que Veysonnaz Timing. Uneconvention de partenariat est passée par laquelle les remon-

tées mécaniques s’engagent à prendre en charge les frais

effectifs et à offrir des avantages en nature aux bénévoles.

Dans les années 1980, avec la mise en service de la

Télécabine de la Piste de l’Ours, Veysonnaz Timing est man-

daté par les organes officiels du ski pour l’organisation de

courses de ski plus importantes, à divers niveaux: courses OJ

régionales, championnats valaisans, championnats suisses,

mais aussi un beau jour Coupes du monde.

La fréquence de ce type de manifestations, ainsi que les exi-

gences techniques et administratives de plus en plus élevées

conduisent Veysonnaz Timing à améliorer son organisation et

à augmenter le nombre de bénévoles qui passe de 15 à 30

personnes. A la fin des années 1980, l’ensemble de la Piste

de l’Ours, orientée plein Nord, est équipée en canons à

neige. «C’est tout naturellement que la FIS se tourne vers

Veysonnaz pour l’organisation d’épreuves de ski de niveau

Veysonnaz Timing: la force du bénévolat

47

En 1990, pour un budget global de près de 1 million de

francs, Veysonnaz va mettre sur pied encore cinq compéti-

tions de Coupe du monde: deux descentes dames, un géant

dames, un géant et un slalom hommes. C’est le temps des

Katrin Gutensohn, Carole Merle, Frederik Nyberg et autres

Alberto Tomba. On vit dans l’euphorie, avec à la clé, une

publicité gratuite sans précédent, au niveau de la planète

ski.

En 1993, Veysonnaz se voit confier la compétition reine: la

descente hommes. Celle qui aurait dû se tenir au

Lauberhorn. C’est un défi redoutable, particulièrement en

termes de sécurisation de la piste. En 4 à 5 jours, avec l’ap-

pui notamment d’une équipe technique de Téléverbier,

conduite par Pierre-Denis Maillifard, on dote la Piste de

l’Ours de mâts d’ancrage et de filets de sécurité. Réaliser

une telle opération en si peu de temps confine à l’exploit.

48

L’équipe de Veysonnaz Timing Un trio peu banal

Adolf Ogi, Jean-Michel Praz et Jean-Marie Fournier

HOMMES (13)4 slaloms • 3 géants • - super G3 descentes • 3 combinés

FEMMES (17)3 slaloms • 3 géants • 3 super G7 descentes • 1 combiné

23.01.90 Géant hommes1. Richard Krœll Aut 2’46’’622. Hubert Strolz Aut 2’47’’153. Rudolf Nierlich Aut 2’47’’16

03.02.90 Descente dames1. Katrin Gutensohn-Knopf Brd 1’17’’412. Carole Merle Fra 1’17’’953. Michela Figini Sui 1’18’’01

04.02.90 Descente dames1. Katrin Gutensohn-Knopf Brd 1’17’’862. Carole Merle Fra 1’18’’053. Karin Dedler Brd 1’18’’29

05.02.90 Géant dames1. Mateja Svet Jug 1’54’’312. Anita Wachter Aut 1’55’’153. Diann Roffe USA 1’55’’81

03.03.90 Géant hommes1. Frederik Nyberg Swe 2’25’’502. Hubert Strolz Aut 2’25’’813. Richard Krœll Aut 2’25’’94

04.03.90 Slalom hommes1. Armin Bittner Brd 1’33’’812. Alberto Tomba Ita 1’34’’073. Hubert Strolz Aut 1’35’’37

19.01.93 Géant hommes (Adelboden)1. Michael Von Gruenigen Sui 2’29’’512. Alberto Tomba Ita 2’29’’583. Lasse Kjus Nor 2’29’’71

23.01.93 Descente hommes (Lauberhorn)1. Franz Heinzer Sui 1’59’’532. Patrick Ortlieb Aut 1’59’’543. William Besse Sui 1’59’’60

24.01.93 Slalom hommes1. Thomas Stangassinger Aut 1’30’’422. Alberto Tomba Ita 1’30’’993. Tomas Fogdoe Swe 1’31’’64

23-24.01.93 Combiné hommes1. Marc Girardelli Lux 28.612. Kjetil André Aamodt Nor 31.483. Guenther Mader Aut 33.90

26.02.93 Descente dames (Haus)1. Katja Seizinger Ger 1’34’’472. Kerrin Lee-Gartner Can 1’34’’503. Miriam Vogt Ger 1’34’’52

27.02.93 Descente dames1. Anja Haas Aut 1’34’’472. Régine Cavagnoud Fra 1’29’’123. Heidi Zurbriggen Sui 1’34’’99

Kate Pace Can 1’34’’99

28.02.93 Super-G dames1. Carole Merle Fra 1’28’’502. Anita Wachter Aut 1’28’’893. Régine Cavagnoud Fra 1’29’’12

11.12.93 Géant dames1. Deborah Compagnoni Ita 2’29’’862. Martina Ertl Ger 2’32’’783. Vreni Schneider Sui 2’33’’83

12.12.93 Slalom dames1. Pernilla Wiberg Swe 1’26’’122. Morena Gallizio Ita 1’26’’943. Christine Von Gruenigen Sui 1’27’’05

20.12.95 Super-G dames1. Alexandra Meissnitzer Aut 1’28’’722. Heidi Zurbriggen Sui 1’28’’903. Michaela Dorfmeister Aut 1’29’’17

21.12.95 Géant dames1. Martina Ertl Ger 2’00’’062. Sabina Panzanini Ita 2’01’’553. Anita Wachter Aut 2’01’’79

22.12.95 Slalom dames1. Pernilla Wiberg Swe 1’14’’422. Urska Hrovat Slo 1’14’’723. Kristina Andersson Swe 1’14’’73

19.01.96 Descente hommes1. Bruno Kernen Sui 2’03’’142. William Besse Sui 2’03’’153. Daniel Mahrer Sui 2’03’’39

20.01.96 Descente hommes1. Bruno Kernen Sui 2’02’’692. Luc Alphand Fra 2’03’’493. Patrick Ortlieb Aut 2’03’’49

21.01.96 Slalom hommes1. Sébastien Amiez Fra 1’38’’792. René Milekuz Slo 1’39’’163. Thomas Sykora Aut 1’39’’48

21.01.96 Combiné hommes1. Marc Girardelli Lux 2’44’’442. Gunther Mader Aut 3’45’’413. Kjetil-André Aamodt Nor 3’48’’30

18.01.98 Slalom hommes1. Thomas Stangassinger Aut 1’38’’122. Kristinn Bjornsson Isl 1’38’’913. Kiminobu Kimura Jpn 1’38’’92

18.01.98 Combiné hommes(avec descente de Wengen)1. Hermann Maier Aut 3’25’’012. Bruno Kernen Sui 3’27’’673. Paul Accola Sui 3’28’’74

18.12.98 Descente dames1. Hilde Gerg Ger 1’41’’132. Pernilla Wiberg Swe 1’41’’553. Bibiana Perez Ita 1’41’’63

19.12.98 Descente dames1. Alexandra Meissnitzer Aut 1’42’’682. Régine Cavagnoud Fra 1’43’’003. Renate Goetschl Aut 1’43’’17

20.12.98 Slalom dames1. Karin Roten Meier Sui 1’28’’812. Kristina Koznick Usa 1’29’’313. Anja Paerson Swe 1’29’’62

20.12.98 Combiné dames1. Hilde Gerg Ger 3’15’’152. Martina Ertl Ger 3’16’’193. Trude Gimle Nor 3’16’’54

10.01.2004 Descente dames1. Renate Gœtschl Aut 1’38’’582. Michaela Dorfmeister Aut 1’39’’073. Hilde Gerg Ger 1’39’’07

11.01.2004 Super-G dames1. Hilde Gerg Ger 1’21’’342. Michaela Dorfmeister Aut 1’21’’583. Silvia Berger Aut 1’22’’10

Coût de ces installations: 1 million de francs. Remportée par

Franz Heinzer, devant Patrick Ortlieb et Wiliam Besse, cette

compétition suscite un engouement populaire sans précé-

dent. C’est une carte de visite incomparable pour la station.

De 1990 à 2004, Veysonnaz va organiser à la satisfaction

générale trente compétitions de Coupe du Monde. La Piste

de l’Ours est mondialement connue.

Le label Veysonnaz s’imprime dans les esprits.

Descente 1996, exploit suisse:

William Besse, Bruno Kernen et Daniel Mahrer

Trente Coupes du monde

La fameuse Piste de l’Ours a accueilli pas moins de 30 Coupes

du monde entre 1990 et 2004. Pas toutes figuraient au calen-

drier officiel de la Fédération Internationale de Ski (FIS).

Veysonnaz se profilait grâce à sa garantie de neige et un comité

d’organisation très flexible en cas de prise en charge de course

qui devait être déplacée d’autres stations dû au manque de

neige ou pour d’autres raisons. Kitzbühel, Wengen, Adelboden

et d’autres courses de très haute renommée ont été réalisées

sur ces pistes valaisannes. Sur les listes des gagnants nous

retrouvons des noms comme Alberto Tomba, Bruno Kernen,Karin Roten, pour n’en citer que quelques-uns.

Souvent il me suffisait de lancer un coup de fil – ou même

pas – à Jean-Marie Fournier pour qu’il joue la carte de

Veysonnaz dans ce marché convoité des Coupes du monde.

Ce qui nous a permis de garder les courses en Suisse ou d’en

ramener d’autres dans notre pays.

La Piste de l’Ours

Les athlètes, entraîneurs et même les directeurs de courses

de la FIS répondaient et répondent encore aujourd’hui à

l’unanimité: la Piste de l’Ours fait partie des parcours les

plus sélectifs du cirque de Coupes du monde. Karl Frehsner,entraîneur: «La Piste de l’Ours séduit les athlètes et les

spectateurs, elle est attractive et exigeante».

Les critiques – et cela n’est pas à nier – mettent plutôt en

avant les possibilités limitées de l’hébergement ainsi que

l’âge un tant soit peu antique de la télécabine. Certes, mais

jamais la qualité de la piste! Il ne faut que poser la question

à Didier Cuche, Aksel Lund Svindal, Silvan Zurbriggen etBode Miller ce qu’ils retirent de s’entraîner à Veysonnaz. La

piste est dans un excellent état, l’infrastructure et l’organi-

sation correspondent pleinement à leurs attentes. Allez trou-

ver une station qui prépare la piste d’entraînement avec de

l’eau afin que les athlètes retrouvent les mêmes conditions

que lors d’une Coupe du monde!

Veysonnaz, à l’écoute de Swiss Ski et de Ski Valais

Ce qui m’impressionne le plus? Malgré que Veysonnaz ne

voit plus de course de Coupe du monde depuis plusieurs

années, ils continuent inlassablement à soutenir le ski alpin

ainsi que la relève. Avec la nomination de Didier Bonvin en

tant que directeur sportif nous retrouvons un professionnel

hautement qualifié. Des compétitions comme les champion-

nats suisses, courses FIS, courses de Coupe d’Europe, des

courses pour la relève sont organisées par Swiss Ski et Ski

Valais. La Coupe du monde est-elle de retour avec les nou-

velles disciplines bordercross et télémark?

Pour cet engagement infatigable et cet enthousiasme, je

remercie Jean-Marie Fournier et son équipe de tout cœur!

I Dr Josef Zenhäusern,Vice-président Swiss Ski 1984-1992,

directeur Swiss Ski 1992-2000

Veysonnaz au service du ski suisse

50

Jacques Deschenaux de la TSR, Alberto Tomba et Primin Zurbriggen Steve Locher dans ses œuvres

Depuis 2004, Veysonnaz ne se voit plus attribuer de

Coupes du monde. Pour quelles raisons?

Certains évoquent l’absence d’un village touristique au

bas de la Piste de l’Ours, une capacité hôtelière insuffi-

sante – bien que Sion ne se trouve qu’à vingt minutes en

voiture. La vraie raison réside, selon Jean-Marie Fournier,

dans l’attribution à la Suisse d’un nombre inapproprié de

compétitions: huit courses, dont trois pour dames. Pour

l’une des plaques tournantes du ski alpin, c’est insuffisant.

Il revient à la Fédération Suisse de Ski de se battre pour

obtenir au moins deux compétitions supplémentaires.

Dans ce cas de figure, la paire Montana-Crans/Veysonnaz

retrouve toutes ses chances. Et tant mieux si d’ici-là le vil-

lage touristique prévu au départ de la télécabine de l’Ours

voit le jour. C’est aussi un argument de poids. Mais Jean-

Marie Fournier évoque également l’empressement de la

Fédération Suisse de Ski à ramener les compétitions en

Suisse alémanique…

L’ouverture des 4 Vallées et les Coupes du monde ont

donné des impulsions décisives à la station. Les remontées

mécaniques ont franchi depuis belle lurette le seuil de ren-

tabilité. Toutefois la question de leur remplacement est

inéluctable. Les estimations de coût suscitent bien des

cogitations. La barre des dix millions de francs sera vrai-

semblablement largement dépassée pour chacune des

télécabines.

Poursuite de la promotion immobilièreUn nouveau restaurant d’altitude

Jean-Marie Fournier en est convaincu: le financement des

installations de remontées mécaniques de nouvelle généra-

tion implique un nouveau développement de la promotion

immobilière. En une vingtaine d’années, de 1988 à 2007, une

douzaine d’immeubles de moyenne grandeur vont se

construire et des lotissements de chalets se mettre en place.

La station se dote alors de plus de 2500 lits supplémentaires.

Evolution réjouissante: ces dernières années, des investis-

seurs locaux et de l’extérieur entreprennent la construction

d’immeubles et de chalets. Veysonnaz est devenue

attrayante au plan économique et commercial. Que de

chemin parcouru!

52

Au niveau des alpages de Combyre et Meinaz, un nouveau

défi se présente. Le magnifique domaine skiable des

Greppons Blancs ne dispose encore d’aucun restaurant au

début des années 1990.

Entre-temps, certains caressent l’idée de fusionner les

deux alpages – le nombre de vaches s’est contracté depuis

les années 1950/60: de 250 à un peu plus de 100 têtes –

d’autres personnes s’opposent farouchement à cette idée.

Joutes oratoires mémorables, intrigues, rancunes. La rai-

son économique finira par prévaloir et Michel Praz, conseil-

ler agricole, verra ses efforts enfin récompensés. Le préfet

de Conthey préside l’assemblée des deux consortages et

arbitre un vote séparé. Une majorité se dégage dans les

deux camps pour la fusion. Décision est alors prise de réno-

ver l’une des deux chottes pour le bétail. Ce sera celle de la

Meinaz, en meilleur état.

Que faire de celle de Combyre? L’aménager en restau-

rant? L’idée séduit, bien qu’audacieuse. Au début des

années 1990, elle est finalement retenue. Un acte notarié

se conclut avec le consortage issu de la fusion.

53

Téléveysonnaz obtient un droit de superficie et un droit

d’exploitation définitif. L’architecte Narcisse Fournier de

Clèbes se montrera particulièrement inspiré et créatif,

dans le respect de l’esprit des lieux. Le Restaurant des

Chottes voit le jour en 1992, dans une étable. Tous s’ac-

cordent sur la réussite de cette réalisation, agrémentée

d’une terrasse s’ouvrant sur un cirque alpin à couper le

souffle. Sous la baguette aujourd’hui de Dominique

Michelet, dit «Migou», le succès de ce restaurant ne se

dément pas.

Mais quittons le plancher des vaches reconverti en bonne

table, parmi les plus appréciées à cette altitude.

Et revenons à Veysonnaz station.

Deux idées en une:le Chalet Royal et le parking des Grangettes

Reproche souvent adressé à Veysonnaz en ce temps-là : la

faiblesse de sa capacité hôtelière. Seule l’Auberge de

Magrappé dispose de quelques chambres, désaffectées

par manque d’entretien. Une rénovation s’impose.

Le Groupe VIP/Téléveysonnaz va s’employer à transformer

cette auberge, en portant le nombre de lits à 36 et en

modernisant l’ensemble de l’établissement. Projet réussi

au plan architectural, salué dans la presse.

Mais dans la tête des responsables de la station trotte une

idée bien plus ambitieuse: construire un hôtel haut de

gamme, doté d’une capacité d’accueil mieux en rapport

avec les besoins de la station. Ce sera le Chalet Royal, dont

l’appellation fleure un petit parfum de Hollande. Fleurette

Wagemakers est toujours dans les parages. Niché au pied

de la télécabine, il est inauguré en 1993. Il dispose de 56

chambres, de 6 appartements et de tous les équipements,

ainsi que des facilités d’un établissement de ce niveau.

Pour le financement, un investisseur genevois s’est joint

au Groupe VIP/Téléveysonnaz.

Deux idées en une, le Chalet Royal est construit sur un par-

king imposant: le parking des Grangettes, doté de 415

places. L’ambition des promoteurs est d’offrir aux proprié-

taires d’appartements ou de chalets une opportunité d’y

garer leur voiture, laissant place à l’aménagement de l’ar-

tère centrale de la Station en rue (semi) piétonne. Hélas!

54

55

Chalet Royal, parking des Grangettes, hôtel Magrappé et station de départ de la nouvelle télécabine

56

En 1969 déjà, Téléveysonnaz crée en son sein un bureau adhoc pour gérer l’ensemble des services de promotion et degestion de la station. Sans statut juridique propre jusqu’à lafin des années 1970, ce bureau devient alors VIP SA(Veisonne Immo Promotion SA). C’est Fleurette Wagemakersqui gère ce bureau dès ses débuts; elle s’acquittera avecbeaucoup de compétence de ses fonctions de DG jusqu’en2000; cette année-là, la direction de VIP SA passe sous labaguette experte de Jacky Schiess. Acquis à la cause deVeysonnaz, d’un dévouement exemplaire, il apporte sonsavoir-faire aussi bien dans le cadre de VIP SA que dans celuide la société des 4 Vallées. Avec Jean-Marie Fournier, ils for-ment une paire parfaitement complémentaire et efficiente.

Les attributions de VIP vont se diversifier et s’enrichir dansle temps. Elles se déclinent ainsi à l’heure actuelle: - construction d’immeubles de vacances, parkings, restau-

rants, hôtels, commerces, bars, discothèques, aménage-ments sportifs

- location et réservation d’appartements, de chalets;contacts avec les tours opérateurs

- conciergerie et entretien- gestion des biens de Téléveysonnaz S.A. (contrat de loca-

tion): exploitation des remontées mécaniques et des res-taurants d’altitude, gestion des dameuses de pistes etcanons à neige

- mise en location de commerces selon contrat de bail,mise en exploitation des hôtels, du parking desGrangettes, des équipements sportifs

- collaboration à l’organisation de manifestations sportivesavec Veysonnaz Timing (Coupes du monde, Tour deRomandie, Trophée de l’Ours (Mountain Bike…).

VIP est tenu de verser à Téléveysonnaz S.A. un loyer annuelvariable, couvrant l’ensemble des frais financiers des remon-tées mécaniques (montant de 600000 francs au début deses activités jusqu’à 2,3 millions de francs aujourd’hui).

Faisons connaissance avec VIP

Ce noble et beau projet ne s’est pas encore concrétisé.

Par la volonté de René Fournier, la commune est devenue

propriétaire des espaces jouxtant les immeubles bordant la

rue centrale de la station. Dans un premier temps, elle ne

s’investit pas dans cet aménagement; par la suite, elle pro-

pose un projet qui soulève moult oppositions. Aujourd’hui,

on en est toujours au même stade.

Grandeur et misère du développement local.

Et pourtant, elle tourne!

De 1988 à 1993/94, le groupe VIP SA/Téléveysonnaz a

investi près de 40 millions de francs, dont 10 millions res-

pectivement pour l’Hôtel Chalet Royal et le Parking des

Grangettes. Le non aménagement de l’artère centrale de la

station, on peut s’en douter, a donné des sueurs froides aux

promoteurs: la vente et la location des places de parc pour

voitures ont marqué le pas et pesé des années durant sur

les comptes des sociétés concernées.

57

58

Et pourtant, elle tourne!

Fort heureusement, la station connaît alors des années

fastes, avec les impulsions apportées par les Coupes du

monde et le développement des 4 Vallées. A l’heure

actuelle, le Parking des Grangettes est encore sous utilisé.

Puisqu’on en est à l’évocation des projets qui n’ont pas

abouti, parlons de celui du funiculaire, destiné à remplacer

la première télécabine, inaugurée en 1961. A l’image de St-

Luc et d’autres stations valaisannes, ce type de remontée

mécanique présente bien des avantages: fonctionnement

par tous les temps, durée de vie considérable, faible coût

d’entretien; localement, c’est aussi une invite de plus à

mieux valoriser le bâti existant dans les mayens. Devisé à

près de 25 millions de francs, il constitue un pari financier

considérable.

Le projet est présenté à la population. Il séduit mais suscite

aussi auprès de certains propriétaires de mayens des réac-

tions de rejet particulièrement virulentes. Discussions sans

fin, intrigues, polémiques dans les médias. De guerre

lasse, le Conseil d’administration de Téléveysonnaz

change de fusil d’épaule et se décide pour une télécabine

de nouvelle génération.

L’atmosphère au niveau de la population locale s’apaise.

Le nouveau projet passe la rampe et sera inauguré en

grande pompe le 22 décembre 2005, avec le gratin des per-

sonnalités valaisannes. Coût total : 14 millions de francs.

Montant à comparer avec celui de la première télécabine:

1 million! Les temps changent.

du destin d’une telle société. Il faut, en plus, un ancrage si

fort dans le tissu économique régional que la seule pensée

de réaliser un «carton financier» sur la vente d’un tel joyau

déclenche un réflexe de rejet. Les résultats sont liés. D’une

centaine de salariés en 1986, le groupe a passé à plus de

deux cent cinquante en hiver. A cela il faut ajouter tous les

emplois créés sur place par l’émulation suscitée.

Cette optique a amené la famille Fournier à ouvrir le capital-

actions de Téléveysonnaz aux collectivités régionales. Ce

n’est pas par hasard. Ce n’est pas par hasard non plus que la

commune de Bagnes a pris, il y a peu, une participation

significative dans Téléverbier.

Voilà, les Fournier-Délèze de Veysonnaz sont comme ça et

tant qu’ils le resteront Téléveysonnaz et Télénendaz auront

de beaux jours devant elles.

I Jean-Pierre Ramseyer, président de Téléveysonnaz*et vice-président de Télénendaz

* Conseil d’administration actuel:

Jean-Pierre Ramseyer, président

Jean-Marie Fournier, administrateur délégué

Pierre-Alain Lathion, membre

Fêter le 50e anniversaire de Téléveysonnaz en étant son pré-

sident et en étant aussi vice-président de Télénendaz est un

rare privilège.

Cette double casquette, comme celle d’administrateur délé-

gué des deux sociétés de Jean-Marie Fournier, illustre bien

le chemin parcouru, tel qu’il est décrit magistralement dans

cet ouvrage. Le petit dernier, de santé précaire au début, est

devenu costaud et il est désormais un partenaire incontour-

nable dans les 4 Vallées. Mais comment?

René Fournier a su voir que le développement du tourisme

de montagne dépendait de la maîtrise de deux clés: les

remontées mécaniques (la colonne vertébrale) et les loca-

tions d’appartements (le corps nourricier). L’image est de lui.

Mais par où commencer quand les investissements sont

énormes et que l’on n’est pas Crésus? Qu’à cela ne tienne, a

pensé René Fournier: par les deux sinon le siphon ne s’amor-

cera jamais! C’est ce qu’il a fait résolument avec le succès

que l’on connaît. C’est ce qu’a fait aussi son fils Jean-Marie

quand il a relancé la promotion immobilière à vocation loca-

tive avant même la fin du marasme dans ce secteur. Il a ainsi

été possible de financer le renouvellement de la télécabine

de Veysonnaz dont d’aucuns, dans les 4 Vallées, raillaient la

vétusté. Cela permettra, selon les mêmes principes, de

financer celle de la Piste de l’Ours. C’est le même esprit qui

a été nécessaire pour décider de doter la station d’infra-

structures hôtelières et de parking dignes de ce nom.

Pour atteindre de tels objectifs, il a fallu et il faut encore une

vision stratégique, une audace, une persévérance hors du

commun. Mais ce n’est pas suffisant pour assurer la maîtrise

Le privilège d’être président de Téléveysonnaz et vice-président de Télénendaz

59

Regarder plus loin que le bout de son nez

Le mot est de Rodolphe Tissières, à la conférence de presse

tenue à l’immeuble de la piscine de Veysonnaz à l’occasion

du lancement des 4 Vallées en 1976: «La plus petite com-

mune du canton, Veysonnaz, rejoint la plus grande, celle de

Bagnes; mais Veysonnaz dispose de la plus grande piscine

de cette région!» Et c’était vrai à l’époque…

COMMUNE COMMUNEDE VEYSONNAZ DE BAGNES

Superficie 111 ha 28221 ha

Habitants 350 (1960) 4237 (1960)

558 (2009) 7467 (2009)

Recettes 3527024 59663314

communales (2010) (2009)

60

Sources:- Le Valais en chiffres 2010 Office de la statistique du canton du Valais- Commune de Veysonnaz

A l’heure où l’un des partenaires importants des 4 Vallées

fête ses 50 ans d’existence, il est bon de rappeler ici le

second objectif visé par la commune de Bagnes: la pérennité

des 4 Vallées. Le communiqué de presse de notre Conseil

communal en septembre 2009 l’a clairement rappelé en ces

termes:

L’arrivée de la commune comme actionnaire important favo-risera les relations avec l’ensemble des communes et dessociétés de remontées mécaniques du fabuleux domaineskiable des 4 vallées.

En toute modestie, je suis fier aujourd’hui de pouvoir rendre

hommage par ces quelques lignes aux pionniers et vision-

naires qui ont bâti pistes et remontées mécaniques. Ils ont

ainsi très largement contribué au maintien de la population

dans nos vallées de montagne en leur permettant de déve-

lopper des activités économiques locales. Mieux encore, ils

ont réussi à bâtir, dès 1976, le plus grand domaine skiable

entièrement sur le territoire valaisan. A l’heure où il devient

quasiment impossible de développer le moindre nouveau

domaine skiable ou de nouvelles liaisons, notre reconnais-

sance en est d’autant plus grande.

Je présente donc les meilleurs vœux de la communauté

bagnarde à la société Téléveysonnaz et souhaite longue vie

au fabuleux domaine skiable des 4 Vallées dont elle est l’une

des initiatrices!

I Christophe Dumoulin,président de la commune de Bagnes

Le samedi 25 juillet 2009, le Conseil communal et le

Conseil général de Bagnes, tous deux réunis en urgence à

7h30, respectivement 10h00, ratifiaient à l’unanimité l’ac-

quisition des actions détenues par la Compagnie des Alpes

dans le capital-actions de Téléverbier. Cette décision faisait

suite à la signature inattendue d’un protocole d’accord le

vendredi 24 juillet à midi, dans les bureaux de la CdA à

Paris. Elle débouchait sur l’avis informatif suivant, affiché au

pilier public:

Réuni en séance le 25 juillet 2009, en présence de 33membres, le Conseil Général a pris la décision suivante:

- il accepte à l’unanimité d’acquérir 20,3% du capital-actions de Téléverbier SA, représentant 284161 actions,détenues par SWISSALP SA (société appartenant à laCompagnie des Alpes (CDA), pour un montant de13824432 euros, correspondant à CHF 21069816.80.

La participation actuelle dans le capital-actions deTéléverbier SA s’élève ainsi à ce jour à 24,53% pour laCommune et 1,13% pour la Bourgeoisie, soit à 25,66% autotal.

L’annonce officielle de cette transaction à la bourse de Paris

le lundi soir 28 juillet à 18h00 créait une grande surprise

bien au-delà des frontières du Canton. Pour la première fois,

une communauté valaisanne ramenait dans le pays une par-

ticipation importante dans une société florissante afin d’as-

surer la concordance des projets et de rendre ainsi plus

homogène et cohérent le développement de sa principale

activité: le tourisme.

Le «fabuleux domaine skiable des 4 Vallées»

61

Au nom de la Société des 4 Vallées, j’ai l’agréable

mission de féliciter TéléVeysonnaz qui célèbre son

demi-siècle d’existence! Quelle réussite! Le récit

de ces 50 années est un hommage à tous ceux qui

ont participé à cette longue épopée. C’est aussi un

formidable tremplin vers l’avenir de TéléVeysonnaz

dont le succès s’affirme d’année en année.

Il est donc heureux que l’on ait songé à rassembler

dans cet ouvrage les principaux éléments de la

longue histoire de la vénérable jubilaire qui garde

intacte, malgré les ans, sa vitalité. TéléVeysonnaz

a joué un rôle en vue dans le développement de la

commune de Veysonnaz et mérite la reconnais-

sance de toute une région, voire du canton du

Valais dans son ensemble. Nos sociétés de remon-

tées mécaniques, est-il nécessaire de le rappeler,

ont été la seule planche de salut à même de pro-

curer et d’assurer un avenir aux montagnards que

nous sommes tout en offrant à nos hôtes la possi-

bilité de pratiquer le ski et de s’évader dans un

environnement exceptionnel. Gratitude aux pion-

niers, gratitude à ceux qui ont repris la barre et la

tiennent fermement.

A la présidence des 4 Vallées depuis huit ans, je

puis vous assurer que notre société se porte mieux

que le reflet qui en est parfois donné et que l’orga-

nisation opérationnelle mise en place donne pleine

satisfaction aux quatre sociétés partenaires. C’est

L’accord des 4 Vallées tient très bienla piste

Malgré ses atouts incomparables, Veysonnaz ne peut faire

cavalier seul. Son sort est intimement lié à celui de ses

grandes voisines. Les maîtres d’œuvre de la station se sont

rendus à l’évidence: il n’y a de solution que régionale.

D’entrée de jeu, le concept des 4 Vallées s’est avéré parti-

culièrement porteur. Et pourtant, dans ces vallées alpines,

l’esprit de clocher n’est pas bien loin, sans parler du goût

parfois immodéré des combats de reines, qui ne manque

pas d’inspirer les modes d’interaction entre ces chers

humains.

Depuis sa création, l’histoire des 4 Vallées n’a pas été un

long fleuve tranquille : que de tiraillements, de calculs, de

dénonciations de conventions, de procès d’intention à

propos des tarifs, de la répartition des recettes, des sys-

tèmes de comptage… Pour la petite histoire, on relèvera

que seul Téléveysonnaz n’a jamais dénoncé la fameuse

convention.

Au final, les 4 Vallées ont tenu la route au profit de toutes

les parties concernées et pour le plus grand bonheur des

amoureux de la pratique du ski.

62

dans cette collaboration exigeante que l’immense domaine

skiable qui relie les stations de Verbier, Nendaz, Veysonnaz

et Thyon est à même d’apporter une offre, une destination et

un produit de très haut niveau à même de rivaliser, tout

comme Zermatt, avec les plus grandes stations d’Europe.

Plus de 400 kilomètres de pistes et 92 installations dans un

décor sublime avec, en toile de fond, la vallée du Rhône et

Sion, la capitale du Valais! Vous en conviendrez, la destina-

tion a de quoi faire rêver.

Conscient des atouts que représente cette destination, mal-

gré les intrigues qui existent encore au vu des enjeux, du

pouvoir que représentent les quatre sociétés, chacun démon-

tre sa volonté de défendre la destination des 4 Vallées et de

la protéger en toute occasion. C’est avec cette ambition que

des hommes responsables sauront relever le défi de vivre et

de réussir ensemble afin de transmettre aux générations

futures une œuvre digne des précurseurs.

L’accord historique signé en décembre 2005 tient très bien

la piste, si vous me permettez l’expression. Il favorise une

action concertée et garantit un dialogue que j’ai pour mission

de privilégier.

Je saisis l’occasion pour remercier les responsables des qua-

tre sociétés siégeant à mes côtés pour leur confiance et les

directeurs - véritables chevilles ouvrières de notre cohésion -

pour leur engagement sans réserve au service de la cause. En

ces jours de liesse pour TéléVeysonnaz, j’adresse un message

particulier à son véritable patron, M. Jean-Marie Fournier et

à son bras droit, M. Jacquy Schiess, qui dispose d’une

grande faculté de saisir les enjeux et tient ainsi un rôle

constructif très apprécié.

Il a fallu tout le savoir et le dynamisme de MM. Henri Délèze

et René Fournier pour permettre à TéléVeysonnaz de naître,

assurer sa survie et se développer jusqu’à atteindre la taille

que nous lui connaissons aujourd’hui.

Il a fallu MM. René Fournier, Rodolphe Tissières et Michel

Michelet, trois montagnards visionnaires, pour que s’es-

quisse et se concrétise le concept des 4 Vallées.

C’est en considérant avec respect et reconnaissance l’au-

dace et l’esprit d’entreprise dont ces pionniers ont fait

preuve dans le contexte économique difficile de l’époque

que tout un chacun se doit de puiser ses forces afin que le

pouvoir confié serve la cause et fasse perdurer à jamais le

rêve réalisé des 4 Vallées.

«Que vivent la montagne et ce peuple heureux qui la sert

avec fidélité et attachement!»

I Christian Melly,président de la société des 4 Vallées

63

Le Valais économique moderne s’est dessiné en

trois grands mouvements pendant le 20e siècle:

- avec le développement des axes de communica-

tion: l’arrivée du train et le percement des tun-

nels, la construction des routes donnant accès aux

vallées latérales

- puis avec l’épopée des barrages et la mise en

place d’un impressionnant dispositif de produc-

tion hydroélectrique

- enfin avec le tourisme, dont l’impulsion a été don-

née par la création d’un vaste réseau de remontées

mécaniques.

Le président de Nendaz du début du 21e siècle

constate, avec un brin de fierté, que sa commune a

été pionnière – à un moment ou à un autre – dans

chacune de ces étapes. Et Veysonnaz par consé-

quent, dont le destin est lié au nôtre même si l’his-

toire s’est montrée facétieuse par le passé en

divisant, administrativement, un territoire et une

population qui ont tout en commun. Car, disons-le,

quelle différence entre vos Fournier et les nôtres,

entre nos Délèze et les vôtres; quelle différence entre

nos patois identiques; nos écoliers ne fréquentent-ils

pas les même classes? Et puis, nos gens boivent de

la même eau, jouent la même musique, skient sur les

mêmes pistes… Jusqu’à ceux qui viennent en séjour

chez nous de ne pas savoir distinguer les uns des

autres. Seule la Constitution ne l’entend pas de cette

oreille. Le dessin des districts, origine des treize

étoiles de notre drapeau valaisan, vous a voulus

Ensemble

Immergée dans le territoire de sa grande voisine Nendaz,

Veysonnaz a tissé dans l’histoire des liens innombrables

avec cette dernière: route, bisses, alpages, paroisses, asso-

ciations diverses, caisse maladie…, sans parler de Clèbes

et Verrey si proches par la parenté, les propriétés foncières,

les cérémonies religieuses et tant d’autres choses.

Pas étonnant dès lors qu’avec le temps, les responsables

de Téléveysonnaz et Télénendaz aient multiplié les

échanges et les recherches de synergies. Ils ont aussi pré-

senté un front uni face aux desseins de la Compagnie des

Alpes, en défendant avec lucidité les intérêts de la région.

64

Sédunois et nous Contheysans. Allez savoir pourquoi?

Mais qu’importe. Nous nous sentons bien ainsi.

Amis Veysonnards, votre anniversaire est ainsi un peu le nôtre.

Fêtons ensemble.

La genèse de nos remontées mécaniques pourrait donner à

penser que nos aînés respectifs étaient… concurrents.

Heureusement, l’histoire, cette fois, vient à notre rescousse en

rapportant les faits. Me Michel Michelet, fondateur de

TéléNendaz SA, eut cette remarquable réaction, alors que

l’autorité fédérale lui refusait une concession (1956) sujette

à recours: «Veysonnaz aura sa concession, c’est fort bien,

mais Nendaz doit avoir la sienne. Les régions sont complé-

mentaires, pas concurrentes; elles réussiront ensemble, ou

échoueront». La suite a démontré maintes fois la pertinence

de l’argument.

Bien sûr, chacun de nous avons été de l’avant seul ou en col-

laboration. Veysonnaz des débuts avait des ambitions, des

idées, des moyens; Nendaz voisine avait du territoire, des bras

disponibles. Nos bonnes relations ont fait le reste.

Rapidement nos domaines skiables se sont joints (1972).

Puis il y eut l’épisode dit «des trois Suisses» selon l’image de

la journaliste Liliane Varone, «l’homme de Verbier, l’homme

de Nendaz et l’homme de Veysonnaz – leurs noms ne sont

plus à citer, tous les connaissent – s’unissent pour devenir

plus forts». C’est la naissance des 4 Vallées (1976).

Dans le sillage, Veysonnaz comme Nendaz ont mis en œuvre

les services publics nécessaires à l’exploitation touristique.

Souvent en collaboration. Si les sociétés de développement

sont juridiquement séparées, leurs rayons d’action sont

concertés et leurs moyens souvent conjoints. Il en va de même

pour ce qui relève des administrations communales; les ser-

vices communs sont nombreux. Naturellement, serais-je tenté

de dire. N’en déplaisent aux signes topographiques des carto-

graphies qui s’obstinent à délimiter des territoires par-dessus

lesquels… on skie.

Au nom des Nendettes et des Nendards, je formule les meil-

leurs vœux à Téléveysonnaz SA. Bravo pour ce qui a été fait :

courage et persévérance pour ce qui est à faire. De votre réus-

site dépend un peu – voire beaucoup peut-être – la qualité de

vie future de toute une population désireuse de demeurer sur

un balcon du ciel.

Pour de longues années encore!

I Francis Dumas, président de Nendaz

65

66

Veysonnaz, vu de Nendaz

67

Troupeau paissant autour du restaurant des Chottes

Et c’est dans ce contexte qu’est né le Valais d’aujourd’hui. Il

y a 50 ans, quelques pionniers, visionnaires, avec audace et

ténacité, ont relevé le défi du tourisme, à Veysonnaz, comme

dans d’autres régions. Ce qu’ils ont fait, est aujourd’hui una-

nimement reconnu et nous leur adressons ici notre profonde

et sincère gratitude. Mais combien d’obstacles ont-ils dû sur-

monter, combien de sceptiques ont-ils dû convaincre ou pire,

ignorer, au risque d’en faire des ennemis, pour tracer un ave-

nir à leur petit village de montagne.

«Ils» avaient ici pour nom Délèze, Fragnière, Praz… et bien

sûr Fournier. Comment en effet retracer les 50 années de

Téléveysonnaz sans parler de René et Jean-Marie Fournier.

Nous ayant quitté bien trop tôt, j’ai peu connu René. En

revanche, pour côtoyer Jean-Marie au quotidien, l’héritage

que lui a légué son père est évident. Tous les deux sont restés

attachés à leur village avec cette conviction profonde que seul

le tourisme, les remontées mécaniques et la promotion immo-

bilière lui assureraient un avenir. Ce qu’ils ont fait l’un et l’au-

tre pour leur région relève de cette volonté d’entreprendre

avec le souci permanent de permettre à leurs propres enfants

de vivre à Veysonnaz, sans avoir à rougir du travail accompli

par leur père. Le pouvoir et l’argent qui dictent les stratégies

à court terme, les coups financiers d’un jour, n’ont pas leur

place dans cette quête de développement pour le bien de

toute une région. C’est parce que, enfant de Nendaz, je par-

tage ces valeurs que j’apprécie de travailler avec Jean-Marie.

Intuitivement, il a toujours su l’importance des 4 Vallées et le

difficile équilibre à préserver entre petites et grandes stations.

Il a toujours su aussi l’importance de se rapprocher de

Télénendaz pour ne pas rester isolé. Son père René Fournier

La fin des années 50 nous a vus naître, Jean-Marie et moi,

tous les deux un 28 mai, drôle de hasard. Le Valais d’alors

vivait au rythme des montées à l’alpage, des vendanges, de la

cueillette des framboises et des abricots, des festivals et des

processions. Les rares industries, comme l’usine d’aluminium

de Chippis, la construction des barrages ou l’administration,

procuraient quelques emplois. Pour les autres, il fallait vivre

de la campagne. Mais le Valais n’était pas pour autant pauvre.

Ce n’est du moins pas le souvenir que j’en ai gardé et c’est

avec beaucoup de nostalgie que je repense à ces années-là.

L’été avait l’odeur des foins et l’hiver la neige était abon-

dante. Avec nos skis en bois, nos chaussures en cuir et nos

fixations à longues lanières, nous découvrions les joies du

ski. D’intrépides entrepreneurs, à Nendaz, comme à

Veysonnaz, avaient déjà construit les premières installations

ultra modernes pour leur temps. Elles nous comblaient de

bonheur et lorsque nous passions devant l’employé au bas

d’une installation, muni de notre carte à point, celui-ci sou-

vent, avec un sourire familier, poinçonnait sur le trou précé-

dent et nous lançait une «bonne montée» qui sentait bon

l’enfant du coin.

Nous ne manquions de rien, parce que nos parents, en vrais

montagnards qu’ils étaient, savaient partager. Si le quotidien

était parfois égayé de petites querelles, si la politique a tou-

jours eu en Valais plus de relief que partout ailleurs, à chaque

fois que le destin s’acharnait sur eux, nos parents se serraient

les coudes pour se relever et avancer. Ce sont certainement

ces valeurs de générosité et de solidarité, profondément

ancrées dans le cœur des valaisannes et valaisans, qui pré-

destinaient ce canton au tourisme.

Télénendaz - Téléveysonnaz: gardiens du temple

68

avait d’ailleurs pris le train en marche des 4 Vallées dès la pre-

mière heure et quelques années plus tard, c’est Jean-Marie

qui acceptait que Téléthyon rejoigne l’aventure, mettant un

terme à d’interminables querelles, pour le bien de la région et

parce que l’union fait la force.

Mais il devait être écrit quelque part que l’histoire des 4

Vallées ne serait jamais celle d’un long fleuve tranquille. Alors

que toutes les liaisons étaient construites et que toutes les

sociétés de remontées mécaniques du domaine de ski des

4 Vallées s’étaient enfin accordées, la Compagnie des Alpes,

l’ogre français à l’appétit féroce, s’invita au capital de

Téléverbier. La dénonciation de l’accord des 4 Vallées ne se fit

pas attendre, première étape de la stratégie à peine cachée de

la Compagnie des Alpes de mettre la main sur les 4 Vallées.

Avec Jean-Marie, nous partagions l’idée que pour notre grand

voisin et son nouveau partenaire, l’intérêt des 4 Vallées se

limitait au Mont-Fort et que Tracouet, décentré par rapport à

l’axe des 4 Vallées, risquait l’isolement et l’oubli si la

Compagnie des Alpes parvenait à ses fins. Ensemble, nous

avons alors combattu la Compagnie des Alpes, convaincu

qu’une société française, dont l’actionnaire principal était

l’Etat français, n’était pas une solution à long terme pour le

développement de notre région.

C’est dans ces moments difficiles, de combat pour le maintien

d’une économie régionale, que j’ai appris à connaître Jean-

Marie. Combien de sceptiques avons-nous dû aussi convain-

cre et combien d’entre eux avons-nous dû ignorer. Alors que

les bienfaits de la mondialisation étaient sur toutes les lèvres

dans les salons feutrés de la haute finance, que la population

même ne comprenait pas pourquoi s’opposer à une compa-

gnie internationale sensée apporter professionnalisme et

argent comptant et que la fusion semblait être la seule

planche de salut pour les sociétés de remontées mécaniques

valaisannes, nous avons, envers et contre tous, dit non… et la

Compagnie des Alpes s’en est allée. Depuis, l’Euro dégringole,

la Grèce est en faillite, les europhiles se cachent pour mourir

et l’économie vraie, celle de proximité, redevient une valeur

sûre.

Qu’à cela ne tienne, les 4 Vallées se déclineront tôt ou tard à

l’unisson, avec autour de la table des montagnards qui parta-

geront les mêmes valeurs que celles qui ont animé les

Tissières, Michelet, Fournier et autres pionniers du tourisme.

Ce n’est qu’ainsi qu’un rapprochement pourra voir le jour et

«La petite station des grands champions», qui a vu sur ses

pentes nord de la Piste de l’Ours s’élancer tous les plus grands

noms du circuit de la Coupe du monde de ski, y occupera une

place de référence.

Je félicite en mon nom et au nom de Télénendaz, les membres

du Conseil d’administration de Téléveysonnaz, son président

Jean-Pierre Ramseyer et son administrateur délégué Jean-

Marie Fournier, la direction, les collaboratrices et les collabo-

rateurs de Téléveysonnaz pour leur engagement et la qualité

du travail qu’ils ont accompli, la commune, la Société de

développement et tous ceux qui ont contribué au succès de

cette belle entreprise et souhaite un avenir radieux à

Téléveysonnaz que nous partagerons sans aucun doute avec

aussi nos amis de Verbier et de Thyon.

I Philippe Lathion, président de Télénendaz

69

Au fil des ans, Jean-Marie Fournier a pu acquérir des

actions au capital social de Télénendaz. Sa participation

est devenue majoritaire, annonce à la une le Nouvelliste du

24 septembre 2008. La collaboration avec Téléveysonnaz

est déjà tellement étroite et diversifiée que cette évolution

ne suscite pas de remous.

Depuis les débuts du tourisme dans ces vallées, les rap-

ports de partenariat se sont complètement transformés.

Aujourd’hui les synergies se multiplient entre les deux

sociétés sœurs: gestion des dameuses de pistes et des ate-

liers, achat des pièces de rechange, approvisionnement

des restaurants, location d’appartements…

Les Sociétés de développement elles-mêmes coopèrent de

plus en plus: campagnes de marketing en commun, ani-

mations partagées, navettes des bisses… Les moyens à

disposition ont bien évolué depuis les années 1960: les

deux sociétés disposent respectivement d’un budget de

500000 francs et de 2500000 francs: la mise en commun de

ressources pour les campagnes de publicité ne peut

qu’amplifier leur impact. En particulier, la palette de pro-

duits, de services et d’animations pour le tourisme d’été,

qui marque le pas depuis des années, est appelée à se

diversifier et s’enrichir, avec un accent tout particulier sur

les aspects qualitatifs.

70

71

D’un point de vue extérieur et neutre, j’ai remarqué en

quelques semaines les atouts de Veysonnaz. Ce petit vil-

lage, simple, convivial, est un endroit où les gens pren-

nent le temps de se rencontrer en redonnant qualité aux

relations humaines. Une des plus grandes richesses de

la région est sans aucun doute sa situation privilégiée.

Perché tel un nid d’aigle sur un magnifique versant,

Veysonnaz peut se prévaloir d’une nature relativement

peu transformée par l’homme. Au village, on en prend

plein les yeux! La vue plongeante sur la Vallée du Rhône

est vertigineusement belle… Les vieux chalets typiques,

sa taille humaine et l’esprit bénévole de ses habitants

m’ont conquise.

Pour l’avenir, il est important d’analyser ce qui se passe

aujourd’hui et avancer sans se focaliser sur les gloires du

passé. Les collaborations entre acteurs locaux, notam-

ment Téléveysonnaz/VIP, et les destinations voisines de

Nendaz, les Mayens-de-Sion et Thyon sont déjà en train

de se renforcer et de se développer. Il faut également

créer des financements communs pour développer des

animations été/hiver, des produits touristiques com-

muns, l’accès à de nouvelles technologies et élargir la

promotion. Actuellement les moyens à notre disposition

sont trop limités pour continuer à faire cavalier seul.

C’est de bonne augure: il existe déjà de nombreuses

expériences concrètes qui ont été menées à bien d’un

commun accord par les Sociétés de développement de

Nendaz et Veysonnaz: application iphone, navette hiver

et été, accueil médias et Tours Opérateurs, etc.

Allons ensemble dans la même direction!

I Nadine Ruchti, nouvelle directricede Veysonnaz Tourisme

Enchantement

Déjà, de nouveaux défis pour Téléveysonnaz

A peine sorti de son demi-siècle d’existence, Télé -

veysonnaz se voit confronté à de nouveaux défis. Mise en

place en 1981, la première télécabine de la Piste de l’Ours

doit être remplacée. L’appel d’offres a été lancé. Le coût

avoisine les 13 millions de francs.

Et puis, avec l’exiguïté du territoire de la commune, les

zones de construction touristique de Veysonnaz se rédui-

sent comme peau de chagrin. Des projets concernent

aujourd’hui les Mayens de l’Ours. L’un d’entre eux, au

bénéfice d’une autorisation de construire, semble particu-

lièrement avancé: il s’agit d’un village touristique au

départ de la télécabine.

On le voit, les challenges ne manquent pas. Pour mener à

bonne fin tous ces paris, Téléveysonnaz saura, comme par le

passé, tirer parti de son réseau de relations, d’autant que

Jean-Marie Fournier est devenu avec le temps un acteur

profilé aussi bien au plan des instances valaisannes du Parti

Démocrate Chrétien que des médias (président de Rhône

Média/Nouvelliste et vice-président de Rhône FM).

Et le village de Veysonnaz, pendant ce temps là?Et Clèbes?

Le village de Veysonnaz a su garder son quant à soi, en

maîtrisant son expansion et en ordonnant sur son territoire

les différents types de zones à bâtir. Décision particulière-

ment bienvenue, la Commune vient de créer et d’aména-

ger un lotissement de 80 parcelles en dessous du village

destinées aux résidents permanents. C’est une aubaine

pour les jeunes de l’endroit, ou de retour au pays, de

construire sur des terrains meilleur marché qu’à la station,

dans le prolongement du village.

72

Au village même, la plupart des habitations ont été réno-

vées; des logements sont mis en location. L’un ou l’autre

quartier, quasiment tombés en désuétude, reprennent

ainsi vie.

Depuis 1960, la population a passé de 350 habitants à 558 en

2010. Et dans le même laps de temps, les recettes commu-

nales ont bondi de 40000 francs à 3500000 francs, ce qui

laisse entrevoir une capacité d’investissement non négli-

geable. L’aménagement de l’artère centrale de la station

serait-il à portée de main? Selon le président, Henri Bernard

Fragnière, le projet est prioritaire pour la commune.

Avec le tourisme, Veysonnaz s’est trouvé en mesure de

développer une économie locale relativement saine et

durable. C’est devenu un lieu attrayant, particulièrement,

on l’a dit, pour les franges plus jeunes de la population. Les

sociétés locales font preuve de dynamisme. Elles mettent

sur pied chaque année un comité chargé d’organiser la

Fête au village à la mi-août, fête qui rencontre un grand

succès populaire.

73

Les pouvoirs publics sont amenés à réaliser l’infrastructure –

voies d’accès, eau potable – ce qui n’est pas une mince

affaire pour une commune enregistrant 40000 francs de

recettes en 1960, 239600 francs en 1970. Néanmoins, les

premières zones touristiques sont équipées et permettent,

dès lors, un développement mesuré et contrôlé. L’attractivité

du site fait que les possibilités d’hébergement augmentent

et par conséquent le premier but est atteint. Téléveysonnaz

se développe également en étoffant son offre qui débouche

en 1976 sur les «4 Vallées».

Cette petite commune acquiert ainsi la possibilité, grâce à

l’initiative privée, soit trois sociétés de remontées méca-

niques: Téléverbier - Télénendaz - Téléveysonnaz, d’établir

un trait d’union avec, à l’époque, la plus grande commune

de Suisse: Bagnes. Cette entente du plus petit et du plus

grand s’est faite par le biais et le dynamisme des hommes,

des entrepreneurs qui les dirigeaient: Me Rodolphe Tissières,Me Michel Michelet et M. René Fournier. Cette ouverture

représente dorénavant une carte de visite majestueuse, non

seulement pour la région, mais également pour tout le Valais

touristique puisque l’ensemble du domaine est le plus grand

de Suisse avec ses 400km de pistes et 100 installations de

remontées mécaniques.

Téléveysonnaz s’oriente vers une nouvelle étape qui

devient, vu son développement, incontournable : l’équipe-

ment de la «Piste de l’Ours». En 1981, la télécabine nou-

vellement construite répond aux vœux d’une clientèle

toujours plus exigeante et avide de piste sélective. Cette

réalisation complète l’offre régionale et permet à

Veysonnaz de franchir le cap des 150000 nuitées les-

Veysonnaz, comme la plupart des communes de montagne

du canton, était agricole vers 1950, habitée essentiellement

par une population qualifiée d’ouvrier-paysan. L’agriculture

ne nourrissant plus son homme, le défi était, bien entendu,

d’éviter l’exode à l’instar d’autres villages de la région. Une

activité nouvelle devenait, dès lors, indispensable.

Le TOURISME: l’idée germait depuis des années dans l’esprit

de quelques pionniers qui concrétisèrent leur rêve, un beau

jour de juillet 1961, en partant à l’assaut de Thyon avec la

première cabine. Téléveysonnaz réussissait son pari, retardé

par d’innombrables embûches administratives et autres!

Une nouvelle ère débute avec l’offre touristique qui apporte

des places de travail, si recherchées, et complète avanta-

geusement l’activité agricole. Du coup, les saisons d’hiver

offrent une alternative. Le tourisme devient une activité au

service de la population locale.

Cela dit : hier, comme aujourd’hui, pour assurer l’existence

de l’entreprise, il fallait des «utilisateurs», car ce n’était pas

avec les 350 habitants de Veysonnaz que le but était atteint.

La nécessité d’augmenter la capacité résidentielle s’est fait

rapidement sentir. D’autre part, les structures existantes de

Téléveysonnaz ne suffisaient plus à assurer une exploitation

optimale. Il fallait une personne au gouvernail… M. RenéFournier est confirmé au poste de directeur. Son premier

acte traduit cette volonté d’assurer la pérennité de «son»

entreprise. C’est ainsi que le premier immeuble, avec plus

de 50 appartements destinés à des fins touristiques, a vu le

jour en 1970, sous son impulsion et l’agence de location VIP

qui assure une occupation régulière.

Veysonnaz, village où la politique la plus active est celle du tourisme

74

quelles concrétisent l’efficacité du système de location

mis en place.

En parallèle, l’autorité communale officialise le premier plan

d’aménagement du territoire réservant au Tourisme une part

importante correspondant à la volonté largement exprimée

d’assurer un développement durable de cette activité. Les

recettes communales franchissent, pour la première fois, la

barre des 1200000 francs et le nombre d’habitants pro-

gresse. Le résultat est donc positif. Le tourisme «est la

grande chance de la montagne» écrivait un politicien valai-

san. Veysonnaz l’a bien compris puisque le développement

se poursuit d’une manière toujours mesurée avec à la clef un

investissement public pour les services et privé pour étoffer

son offre touristique, en particulier sécuriser l’enneigement

aux moyens d’installations qui deviennent une nécessité en

raison des conditions climatiques.

Au passage du millénaire, après avoir véhiculé dans les cinq

continents l’image du Valais et de la Suisse, au moyen des

30 Coupes du monde de ski, l’objectif prioritaire de

Téléveysonnaz est le remplacement de la télécabine. 2005

reste donc un millésime riche en émotion. Cette nouvelle ins-

tallation apporte l’excellence à la «Piste des Mayens» et

estampille le «produit Veysonnaz» dont l’attractivité a des

effets directs. Les nuitées touristiques franchissent la barre

des 220000 et les recettes communales approchent les

2500000 francs.

L’aménagement du territoire est un sujet vital pour l’avenir

de cette commune. Un nouveau plan de zone homologué en

2007 offre toutes les perspectives pour assurer un dévelop-

pement harmonieux et durable. Une zone touristique bien

définie et un périmètre urbain réservé aux résidences princi-

pales sont les défis choisis et réalisés par l’autorité commu-

nale.

Le souci majeur de tous les responsables politiques et tou-

ristiques tient en un mot: la qualité de l’accueil et du ser-

vice. L’orientation future, sur le plan communal, devra être

consacrée à l’amélioration qualitative du produit en appor-

tant un soin particulier aux infrastructures de la première

heure.

Au seuil des 5000 lits, Veysonnaz a pratiquement atteint sa

vitesse de croisière, si l’on tient compte de sa superficie. Les

buts recherchés au départ en 1961, lors de la naissance de

Téléveysonnaz, se profilent, à savoir :

- créer un village touristique répondant au désir des hôtes et

des indigènes

- procurer du travail, sur place, à une population sans autre

alternative.

A l’occasion du cinquantenaire de Téléveysonnaz, la com-

munauté locale se réjouit de ce grand succès et avec les

remerciements pour services rendus, lui souhaite «bon vent»

vers de nouveaux défis!

I Henri-Bernard Fragnière, président de Veysonnaz 75

76

Le café BonVin – Un trait d’union entre les générationsEn 1933, ma grand-maman maternelle Mariette Sala -

molard-Bonvin ouvrait le café BonVin. L'établissement se

voulait être un relais de convivialité pour les gens du village

et déjà une halte revigorante pour les visiteurs de l’endroit.

Ma maman, Anne-Marie, l’exploita durant plus de quatre

décennies. Pour des raisons diverses, le café demeura

fermé durant 29 ans. Après l’avoir rénové tout en conser-

vant l’authenticité du bon goût et la simplicité originale des

lieux, je l’ai réouvert le 23 mai 2008.

Je reprends le flambeau du service carrément «sur l’injonc-

tion» de nombreux amis pour qui le Café BonVin pouvait

fonctionner comme trait d’union entre la station et le vil-

lage. Des vins du Valais alliés à une restauration qui sent

bon les produits de nos cultures peuvent rassembler à l’oc-

casion les villageois et les hôtes du moment. Il n’est même

pas rare que je puisse assister à d’amicales rencontres et

discussions entre gens qui ne se connaissaient pas

quelques instants auparavant.

Redonner une âme à un petit café de village où l’on se sent

comme chez soi, où se mêlent tradition et modernité, c’est

en fait imaginer qu’un jour il ne sera plus nécessaire de

marquer une différence entre la station et le village; un jour

de fête, car la convivialité entre tourisme et les activités

pastorales de notre région aura trouvé sa parfaite harmo-

nie.

C’est à cette fin-là que je destine la réouverture du Café

BonVin et que je comprends ma contribution au dévelop-

pement de notre communauté de Veysonnaz. Un dévelop-

pement dont Téléveysonnaz aura été et demeurera la

colonne vertébrale puisque le ski et les autres sports d’hi-

ver restent la meilleure opportunité d’évasion que nous

pouvons offrir à ceux qui choisissent la montagne et l’hiver

pour se ressourcer. Cela ne diminue pas la merveilleuse

attraction que constitue le réseau de balades que repré-

sente pour les vacances notre belle région du Valais cen-

tral.

Geneviève Praz

77

Les acteurs de l’économie locale s’expriment

78

79

Ma folie n’en était pas une!L’auberge de Magrappé fut inaugurée le 20 décembre

1962. Il s’agissait de la concrétisation d’un coup de folie.

J’avais 24 ans, je devais imaginer l’exploitation la plus

judicieuse de nos terrains attenants à la gare de départ de

la télécabine récemment mise en place. Ma persuasion

que le tourisme était sur le point de modifier les données

économiques du développement de notre village a vrai-

semblablement participé à mon engouement débridé

pour cette aventure. J’avais aussi l’ambition d’être mon

propre chef. Lorsque je regarde l’auberge de Magrappé

aujourd’hui, 50 ans plus tard, je ne peux que me conforter

en réalisant que ma folie n’en était pas une et que

l’Auberge a été durant toutes ces années un pilier indis-

pensable à l’accueil et au développement touristique de

Veysonnaz. Cela ne m’empêche pas toutefois de recon-

naître que j’y ai versé des larmes de joie mais aussi de

peine.

L’hiver 1963-1964 fut sans neige. Donc pas de touristes, pas

de clients. Et seule la fidélité des villageois nous a permis

d’assurer les frais généraux. Durant les deux premières

années, le fonctionnement de la partie hôtel fut entière-

ment redevable aux familles Thévenoz et Maître qui y pas-

saient tous leurs week-ends. Cinq ans plus tard, des rai-

sons personnelles, m’ont cependant forcé à faire un choix:

devenir un hôtelier ou demeurer un employé de banque. Ce

fut l’employé de banque qui s’imposa et l’hôtel fut mis en

gérance jusqu’à sa vente au début des années 90.

La construction de l’hôtel Magrappé était à son départ

d’une audace comparable à celle des promoteurs de la télé-

cabine. En ce qui me concernait, il s’agissait aussi d’une

envie débordante de vouloir contribuer au maintien du

développement économique de mon village. Télé -

veysonnaz comme l’Auberge Magrappé font partie de la

même vision fantasque de l’époque qui s’avère avoir été

une planche de salut aujourd’hui.

S’il fallait recommencer… j’y renoncerais toutefois… Ce fut

très difficile et en ce qui concerne l’hôtellerie, un pionnier

solitaire est destiné à s’épuiser rapidement.

Marcel Fournier, initiateur du projet

et premier propriétaire de l’Auberge de Magrappé

80

La Remointze: un élément de leur visionA l'aube de mes 50 ans, en 1997, j'ai aussi voulu, en prenant

mes propres risques, apporter ma pierre à l’édifice touris-

tique de Veysonnaz. Cette décision fut certainement moti-

vée, d’une part, par l’exemple de mon père qui, des années

auparavant, s’était engagé dans la mise en place d’une

entreprise de construction principalement orientée vers la

promotion touristique et, d’autre part, par mon ambition à

développer mon propre projet, avec mes propres moyens.

La construction du café-restaurant de la Remointze a

débuté en 1990. L’établissement fut géré dès son ouver-

ture, en 1994, par mon épouse. Les exigences du comm-

merce et les difficultés logistiques de gestion m’ont

poussé, en 1997, à faire un choix difficile : quitter ma posi-

tion de cadre, à la Banque Cantonale à Sion, et apprendre

les rudiments d'un nouveau métier aux multiples facettes.

Ma conviction que Veysonnaz avait un potentiel énorme

dans l’économie touristique du Valais a énormément

contribué à me conforter dans mon choix.

Le défi que nous avons relevé, avec mon épouse, nous a

procuré beaucoup de satisfactions. La Remointze se veut

une respiration à mi-parcours, dans le cadre majestueux

des Alpes, pour les skieurs en hiver et une halte bienvenue

pour les randonneurs, dans le charme bucolique des

Mayens, en été.

Les initiateurs de Téléveysonnaz sont en fait à l’origine de

plusieurs initiatives et idées développées parallèlement ou

à la suite de la construction de la première télécabine. La

Remointze est un élément de leur vision.

Norbert Lathion, restaurant La Remointze

81

Le village de Clèbes, pour sa part, a pris une part active, on

l’a dit, aux activités touristiques; il en a tiré profit en termes

d’emploi, de développement de la petite entreprise…

Sis sur la Commune de Nendaz, le village est partie pre-

nante de la station. Le plan d’aménagement qui se décide

en ce moment prévoit une zone à bâtir touristique, ainsi

qu’une zone pour les résidants permanents.

Quant au hameau de Verrey, grâce aux rénovations, il

retrouve son lustre d’antan.

Depuis le lancement du tourisme, la population a su faire

preuve d’un esprit constructif, sans perdre son âme.

82

Chapeau aux pionniers de Téléveysonnaz!En 1961, quand des promoteurs ont eu l’idée de développer

la station de Veysonnaz par la construction d’une téléca-

bine, c’était alors pour moi, à 11 ans, un bonheur que de

pouvoir pratiquer mon sport favori, le ski, sans devoir

remonter la pente à pied avec les skis sur les épaules. Les

premières années, nous étions les dameurs de pistes en

descendant en escalier depuis Thyon afin de donner à nos

touristes les plus beaux souvenirs sportifs de notre région.

Bien sûr, nous fûmes récompensés par un abonnement

journalier pour le dimanche suivant. Le développement a

suivi avec les dameuses qui nous ont remplacés et l’instal-

lation de plusieurs téléskis donna un plus grand choix de

pistes.

Puis vint l’ouverture de restaurants et bars de nuit où nous

passions, en compagnie de jeunes touristes étrangers, des

moments inoubliables. Jusqu’au jour où, en ce qui me

concerne, je rencontrai une jeune Hollandaise venue tra-

vailler à l’agence VIP et qui depuis est devenue ma femme

et travaille toujours encore en tant que caissière à

Téléveysonnaz.

Ce développement m’a aussi permis de vivre et d’avoir une

activité professionnelle en tant que technicien sanitaire sur

tout le territoire veysonnard, soit en installant des salles

d’eau spacieuses dans les nouveaux chalets construits sur

Clèbes et Veysonnaz ou en réparant les anciennes

constructions ou encore en assurant la construction ou

l’entretien de nouveaux réseaux d’eau potable de la com-

mune.

50 ans plus tard, la mise en place de nouvelles remontées

mécaniques attirent toujours plus de touristes, donc plus

de travail. Nous ne pouvons que tirer un grand coup de

chapeau à ces pionniers de la construction de la téléca-

bine, premier maillon du développement touristique à

Veysonnaz.

Simon Fournier, époux de Marije

83

84

Inalpe de Combyre, chaque année l’événement

85

Les 4 Vallées demain?Le concept des 4 Vallées garde toute sa pertinence et

demeure évidemment vital. L’ouverture sur d’autres

champs de ski apporte à tous une valeur ajoutée. Nous

serons d’ailleurs à nouveau confrontés à cette question

dans un futur proche, j’en suis persuadé. Cela dit, depuis

1976, date du lancement des 4 Vallées, la donne a beau-

coup changé; un actionnariat majoritaire existe tant à

Nendaz qu’à Veysonnaz et Télénendaz dispose d’une par-

ticipation de 11% au capital de Téléverbier. Cette situation

nouvelle devrait contribuer à assurer la pérennité des

4 Vallées. Dans les prochains temps, il conviendra de se

mettre à table afin de prendre des décisions allant dans ce

sens et permettant d’éviter les problèmes rencontrés par le

passé. Certains évoquent la fusion des 4 sociétés: Télé -

verbier, Télénendaz, Téléveysonnaz et Téléthyon. Il faut se

rendre compte que les économies d’échelle risquent d’être

peu conséquentes; les frais fixes des remontées méca-

niques représentent environ 80% du chiffre d’affaires et

déjà aujourd’hui Télénendaz et Téléveysonnaz ont prati-

quement une exploitation commune. Mais nous restons

bien évidemment ouverts à toute solution qui pourrait ren-

forcer la compétitivité de notre domaine skiable, y compris

une fusion.

Préférence aux investisseurs de la région?Nous sommes convaincus que les acteurs locaux ont une

meilleure vision des intérêts légitimes de la région.

L’épisode mouvementé de la Compagnie des Alpes a bien

montré que les sensibilités et les priorités n’étaient pas les

mêmes. Cela posé, les investisseurs extérieurs sont les

bienvenus. A nous de faire en sorte que certaines règles du

jeu et conditions essentielles soient respectées. Tout en

étant conscients que la personnalité et l’attachement à

leur région des différents acteurs assureront la maîtrise de

l’économie touristique de montagne en mains locales.

Quel tourisme pour nos régions de montagne?Notre principal atout, c’est bien sûr la beauté des paysages

et de la nature. C’est nous qui avons donc un intérêt vital

à préserver ce formidable patrimoine.

Notre région de montagne est un terrain idéal pour la mise

en valeur touristique, tant hivernale qu’estivale. L’offre de

base classique bénéficie de compléments attractifs tels

que l’agrotourisme, les bisses, les raquettes, la peau de

phoque, etc. Ces dernières activités sont parfois identi-

fiées sous l’appellation «tourisme doux». Mais que l’on ne

s’y trompe pas, en tant que tel, le tourisme doux est un

complément attrayant mais n’a pas pour mission de per-

mettre l’exercice d’une activité économique performante

susceptible d’assurer « le maintien de la population de

montagne en montagne». De plus, les faibles incidences

financières qu’elles génèrent ne permettront jamais la ren-

tabilisation des investissements.

Maintenant il faut s’atteler au cœur du problème, à savoir

la commercialisation et le marketing. Points à mon sens

faibles de notre produit, dus à l’insuffisance de moyens.

Quelles relations avec le microcosme cantonal?De tout temps, pour la plus petite commune du canton, il a

été vital de nouer des liens avec l’extérieur et de chercher

86

Jean-Marie Fournier: qu’en pensez-vous?

des appuis appropriés. On l’a vu pour la construction de la

première télécabine. Cette même attitude d’ouverture

s’est avérée payante par la suite que ce soit dans le cadre

des 4 Vallées ou dans la recherche de synergies avec

Nendaz. Nous avons investi dans les activités sportives en

soutenant divers clubs et associations dans le canton dans

le but de corriger un déficit de notoriété important et

d’étoffer, d’améliorer par là-même le tissu de relations de

Veysonnaz à travers le Valais.

Quels contours pour la nouvelle loi sur le tourisme?Pour bien appréhender la nouvelle loi sur le tourisme, je

dois dire deux mots d’abord sur l’ancienne loi. Je me suis

engagé contre ce projet que je trouvais inéquitable, car

notamment, il ne mettait pas à contribution les grands

secteurs de l’économie: la grande distribution, les

banques, les assurances etc. qui tirent, on le sait, et c’est

tant mieux, grand profit du tourisme; il y avait aussi la dis-

torsion à la concurrence entre les entreprises due à la taxe

de promotion touristique et surtout l’imposition aux sta-

tions ou régions de résultats en terme de nuitées et l’exi-

gence d’un budget minimal pour exister. Ceci aurait

conduit immanquablement à la disparition d’activités tou-

ristiques dans certaines régions, ce qui était bien évidem-

ment inacceptable. L’obligation imposée à certaines

stations de se regrouper sans qu’il y ait de cohérence entre

elles ne m’apparaissait non plus pas une bonne idée.

Je pense qu’aujourd’hui nous devons laisser les stations se

regrouper naturellement, sans contraintes. Il y a déjà nom-

bre de regroupements qui se sont faits, d’autres suivront.

Certaines stations resteront seules car il n’y a pas d’autre

choix. Cela ne sera pas grave : si la nouvelle loi passe, elles

bénéficieront de plus de moyens quand même et profite-

ront aussi de l’augmentation sensible des moyens de la

promotion cantonale.

En ce qui concerne le financement, sans entrer dans le

détail, le législateur doit tout d’abord prendre en compte

l’urgente nécessité de l’augmentation des moyens de mar-

keting pour le tourisme et plus largement pour la promo-

tion économique du canton.

Mais, encore une fois, il est essentiel de corriger l’énorme

différence de moyens existant par rapport aux principaux

concurrents européens, sans compter l’énorme apport de

contributions étatiques chez nos voisins pour la réalisation

de leurs infrastructures. Ce qui n’a bien évidemment pas

été le cas chez nous.

Il s’agit donc d’augmenter fortement le budget actuel de la

promotion touristique. On peut l’obtenir en proposant une

contribution faible mais équitable de tout le monde, ce qui

engendrerait des moyens importants et suffisants.

D’autres perceptions pourraient être introduites, à leur

guise, par les communes. Une proposition de loi compor-

tant ce type de mesures devrait emporter une large adhé-

sion et je fais personnellement confiance au sens des

responsabilités de la classe politique et des citoyens pour

doter l’activité économique principale de ce canton des

moyens nécessaires à sa compétitivité dans un marché en

ébullition permanente. ❚

87

grandes destinées touristiques. Alors que Veysonnaz gardait,

pour nous autres écoliers salinsards, des airs de bois de lune

et le goût sauvage de la conquête. Un espace de randonnées

dominicales au-dessus des sapins. Skis sur l’épaule et redes-

cente infernale jusqu’aux villages d’en-bas, dans l’abon-

dance des neiges d’antan.

Toutes ces réminiscences pour situer le propos: bien avant

d’en écrire, j’avais pour ce coin un fond d’appartenance. Et

cela m’autorise un brin de pertinence dans la mesure d’une

évolution.

Il faut dire, en plus, que dans ces années 40 à 60, Veysonnaz

n’était encore, pour la bonne société sédunoise, excusez-

moi du peu, que l’arrière-pays des Mayens de Sion. Cet

ouvrage le raconte bien: un village en pleine dépopulation,

aux perspectives agricoles mourantes et aux emplois liés au

passage, à l’aube, du car de Chippis. Comme ailleurs, l’ex-

ception confirmait la règle: une terre de pauvreté fournit une

grande richesse d’intellectuels. Droit, église, diplomatie et

académie doivent à cette montagne un terreau fertile. A

condition d’en sortir…

Quoi qu’on en dise aujourd’hui, la bouche pleine, le tourisme

a balayé tout ça.

LE DÉPART ET L’ARRIVÉEJe vous parle d’un temps… Mais revenons à la case départ

et posons-nous en prophètes de l’après-coup. Connaissant

les fondamentaux, combien de chances avait Veysonnaz, par

comparaison avec les autres acteurs potentiels de la pièce, à

jouer les premiers rôles dans l’économie régionale? Dans la

Veysonnaz est sans conteste le plus bel endroit du monde.La preuve: c’est de là qu’on voit le mieux Savièse. L’inversen’est pas tout-à-fait aussi vrai : de Savièse, on ne voit pasd’abord Veysonnaz, mais la grande pyramide – on n’ose pasdire le cône, ça sent la politique – de Thyon. Comme un toutmonumental, cohérent. Avec la saignée de la piste de l’Oursau milieu, évident trait d’union vu d’en face, mais me dit-on,dernière pomme de discorde dans un verger où tout porte àl’harmonie.La célébration d’un anniversaire est un grand moment d’au-tosatisfaction. Exercice salutaire dans ce monde qui oubliesi facilement le chemin parcouru. C’est aussi l’instant privi-légié de se dire l’essentiel. Pour que demain soit un peumeilleur encore.

Enfants de la vallée, nous gardions trois vaches et une chè-

vre à Praperoz, au départ du bisse d’Hérémence. Une occu-

pation dont je ne saisissais pas toute la portée pastorale,

mais qui laissait du temps à la rêverie. Aurais-je alors seu-

lement imaginé qu’un demi-siècle plus tard, sur ces pentes

herbeuses où ma grand-mère mettait en scène les proces-

sions des âmes du Purgatoire, allaient déferler les hordes

de skieurs, randonneurs, planchistes et raquetteurs déva-

lant du Greppon? Sortis tout droit de la saga moderne des

4 Vallées?

De là-bas, au bord de la Dixence, Veysonnaz était une sorte

d’abstraction. Le bout du monde! Que l’on atteignait en

pente douce, au bout du bisse, avant de tourner sur

Planchouet, terra incognita… Thyon, la réalité du ski, se

résumait alors aux Crêtes, à Theytaz I, au tire-fesse à

Debons, à la cabane de la JOC. Tous trésors promis aux plus

Demi-siècle, vue imprenable

88

course effrénée qui s’est engagée dès la fin des années cin-

quante pour la réalisation des infrastructures du triangle Les

Collons-Thyon-Veysonnaz, la ligne de départ était encombrée

et la dernière nommée n’était pas favorite.

Aujourd’hui, et pour autant que l’on soit sur la ligne d’arri-

vée, Veysonnaz peut aligner, dans la partition touristique, de

ces éléments qui font que l’on amène un «plus» à l’aventure

valaisanne des trente glorieuses:

- la place gagnée sur la scène internationale du sport d’hiver

est primordiale. L’enjeu est cantonal. Le fait que cette

place soit disputée souligne encore sa pertinence. Il va fal-

loir remettre l’ouvrage sur le métier;

- le modèle VIP mis en œuvre par René Fournier – avec l’hy-

peractive Fleurette – ne fait que des envieux. Cette inté-

gration verticale des activités d’une station est le credo des

investisseurs autant que des politiques. Reste à en tirer les

enseignements réels, éviter que la concentration du pou-

voir ne conduise à l’étranglement des initiatives;

- la bataille, légalement mais provisoirement gagnée, des

canons à neige, est un apport décisif pour l’avenir des sta-

tions hivernales. Il faut en tirer une politique;

- le rapprochement avec le grand voisin, Nendaz, est pro-

metteur. On voit mieux les choses avec du recul.

Sans compter la valeur ajoutée du réseau des 4 Vallées sur

le plan de l’offre en domaine skiable. Primordial, mais ne pas

oublier les petits pas qui ont fait les grands: où serait-on

sans Tortin-Chassoure?

LA SUEUR ET LE BRUITTout cela, d’accord, s’est fait dans la sueur, le bruit et par-

fois la confusion. Mais quelle station pas encore quinquagé-

naire peut se targuer d’une telle contribution pour faire avan-

cer la cause du tourisme cantonal?

Hélas, de l’octroi de concession de la télécabine de 1961 à

la réalisation de la Piste de l’Ours et jusqu’à la mise en place

du concept des 4 Vallées, toute l’histoire de ce secteur est

une suite d’affrontements, de rapports de force, de rivalités

et de luttes d’intérêts. Cela dans une constance et une inten-

sité sans pareilles dans la construction touristique valai-

sanne.

Pourquoi? C’est toute la question. L’évidence de la commu-

nauté de destins est criante. Vu d’en face, cet ensemble

régional a tous les atouts pour faire face aux défis de la nou-

velle génération du tourisme. A condition de réunir les forces

et de cesser de disperser les énergies.

Les prémices et les augures sont là: les perspectives de mise

en commun des sociétés de remontées mécaniques, le rap-

prochement des communes dans un remaniement territorial

indispensable, les nouveaux investissements prévus de part et

d’autre, tout devrait faciliter une remise à plat des objectifs et

un nouveau tour de table avec les acteurs locaux et régionaux.

Jean-Marie Fournier faisait ses premières dents quand son

père a inauguré la première télécabine de Veysonnaz.

Cinquante et quelques hivers plus tard, ce grand dévoreur

d’idées a encore assurément assez d’appétit pour jouer le

rôle qui s’impose au final dans cette pièce exemplaire: être

le rassembleur des volontés d’avancer. Bon anniversaire!

I François Dayer, journaliste

89

90

Elévation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,Par delà le soleil, par delà les éthers…

Baudelaire

Epilogue

Les 50 ans de Téléveysonnaz, c’est l’histoire d’une longue

course d’épreuves tantôt épuisantes, tantôt lumineuses,

parfois sombres mais toujours passionnées, le plus souvent

gagnantes avec, à l’arrivée, une réussite économique

incontestable. Ce fut l’affaire d’un grand nombre d’acteurs

qui y ont cru, qui ont mouillé leur maillot et qui, là où ils

étaient, ont contribué à construire l’édifice. Ils méritent

aujourd’hui notre hommage. La clé de voûte de l’entreprise

a été bâtie par une poignée de personnages hors du com-

mun, hommes et femmes, qui ont pensé le développement

de ce petit coin de terre en nouant les alliances straté-

giques indispensables et qui ont su profiler Veysonnaz sur

la scène régionale et internationale.

Cette histoire s’est écrite en trois temps, brièvement

esquissés dans cet ouvrage. Chacun de ces temps a eu sa

raison d’être. Sans l’intuition et la ténacité des pionniers

de départ, Veysonnaz, qui sait? serait encore un village

assoupi, fréquenté par quelques visiteurs occasionnels. Et

sans la maîtrise économique de certains acteurs-clés qui

ont pris un jour les rênes du tourisme local, on en serait

peut-être à quémander des aides providentielles. Mais on

ne refait pas l’histoire.

Veysonnaz dispose aujourd’hui d’atouts déterminants

pour forger son avenir : une population jeune en augmen-

tation, enrichie d’apports extérieurs des plus précieux, un

aménagement du territoire maîtrisé, un vivier d’emplois

dont bon nombre peuvent être créatifs et enrichissants,

une commune dotée d’une capacité d’investissement non

négligeable. Il revient aux acteurs du crû d’affronter les

enjeux structurels et qualitatifs de développement qui sont

aujourd’hui les leurs en cherchant, ce qui fut souvent labo-

rieux par le passé, à promouvoir entre eux des relations

délibérément constructives et institutionnalisées. Il y a sur

place un capital humain remarquable. C’est la «mayon-

naise» qui peine à prendre parfois.

Encore plus que par le passé, le sort des communes voi-

sines de Veysonnaz et Nendaz est intimement lié. Les col-

laborations se sont déjà diversifiées, dans plusieurs

domaines. Un jour ou l’autre, ne devrait-on pas se mettre à

table et esquisser, puis concrétiser une vision intercom-

munale du développement territorial?

91

Quant au groupe VIP/Téléveysonnaz, il se trouve aujourd’hui

en excellente position pour parachever ses investissements

en termes d’amélioration des remontées mécaniques et de

promotion immobilière, en synergie avec les autres investis-

seurs intéressés par le développement de la région. Bientôt

forte de 7000 à 8000 lits, Veysonnaz-station atteint peu à peu

les limites des zones à bâtir touristiques, le magnifique ver-

sant des mayens étant réservé au tourisme doux et aux acti-

vités agro-pastorales. C’est du côté de Clèbes, on l’a évoqué,

que des possibilités attrayantes s’ouvrent pour une promo-

tion immobilière mesurée, mais aussi au Mayen de l’Ours,

sur les communes de Salins et des Agettes.

Reste un enjeu de taille qui doit titiller l’esprit de l’ensem-

ble des acteurs: le tourisme d’été. On a déjà fait preuve

d’imagination. Une offre intéressante d’activités diverses

est à disposition. Mais on est encore loin du compte. C’est

dans ce domaine tout particulièrement que la collaboration

entre les sociétés de développement de la région peut être

fructueuse, avec la production d’une palette partagée

d’activités, d’événements, de services, d’équipements. De

quoi nourrir les campagnes de publicité menées d’un com-

mun accord.

92

De par la répartition actuelle du capital-actions des deux

sociétés, Téléveysonnaz et Télénendaz collaborent de plus

en plus étroitement et constituent au sein des 4 Vallées un

pôle central incontournable. Quand on connaît la détermi-

nation des responsables actuels de continuer à «penser

régional», il y a de fortes chances que le concept forgé par

les Tissières, Michelet et Fournier vivra encore de beaux

jours. Il n’est pas interdit de rêver.

Belle épopée que ces 50 ans de Téléveysonnaz!

❚ Jean-Maurice Délèze*

* L’auteur de cet ouvrage est unenfant du pays. Fils cadet d’HenriDélèze, il a fait ses études au collègede Sion (option classique), puis auxUniversité de Fribourg et Oxford(sciences économiques et politiques,économie rurale). Il a œuvré pendant40 ans dans la coopération interna-tionale auprès de la Direction duDéveloppement et de la Coopération

(DDC). De 1993 à 2005, il a conduit la Section Afrique occiden-tale. Très attaché au continent africain, il a gardé des racines enValais. Actuellement en retraite active, il poursuit son engage-ment en faveur de rapports Nord-Sud plus équitables et il coor-donne un groupe, créé en 2005, qui vise à documenter le passéet le présent de Veysonnaz, Clèbes et Verrey (voir le site internetwww.veysonnaz-chroniques.ch)

93Un grand merci aux personnes qui ont facilité la rédaction de cet ouvrage, en particulier à Olivier Fournier pour la mise

à disposition de documents, à Henry Fournier pour ses appuis, à Michel Praz pour la qualité de ses informations, à notre

fils aîné Jean-Baptiste pour la patiente relecture de l’épreuve. Notre reconnaissance va aussi à celles et ceux qui y ont

apporté leur contribution ou leur témoignage et, cela va de soi, aux professionnels d’IGN SA (Impression Graphisme

Nendaz), à Basse-Nendaz.

Veysonnaz - Nendaz, destin commun

GRAPHISME

IGN SA - Impression Graphisme Nendaz

RELIURE

Schumacher AG

PHOTOS

Michel Darbellay Martigny, Jean-Pierre Guillermin Nendaz,

Le Matin Dimanche, Le Nouvelliste François Mamin, Aline Fournier Nendaz, Bernard Dubuis Erde,

Klopfenstein Adelboden, Photo Perrochet SA Lausanne, collections privées

Achevé d’imprimer en septembre 2011

par IGN SA

sur papier couché demi-mat 170gm2,

composé en caractères Serifa et TradeGothic

et tiré à 1000 exemplaires

ISBN 978-2-8399-0933-4

ISBN 978-2-8399-0933-4