4e trimestre 2019...buté en 2017. du fait de la baisse des reproductrices, les perspectives pour...

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1 Lait Conjoncture favorable mais des menaces Viande bovine Poursuite de la décapitalisation allaitante en Bretagne Porc Un record de 1,702 €/kg le 12 décembre 2019 Volaille Lélan breton se confirme Grandes cultures Une campagne vraiment atypique Alimentation animale La Chine tousse... et la fièvre risque de durer Définition de certains indicateurs utilisés en alimentation animale 4 1 Coordinaon par Nathalie Le Drézen Fin de rédacon le 18 mars 2020 Prochaine paruon le 11 juin 2020 [email protected] 2 3 4 5 6 Avec la participation financière du Conseil Régional de Bretagne 4 e trimestre 2019

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Lait Conjoncture favorable mais des menaces

Viande bovine Poursuite de la décapitalisation allaitante en Bretagne

Porc Un record de 1,702 €/kg le 12 décembre 2019

Volaille L’élan breton se confirme

Grandes cultures Une campagne vraiment atypique

Alimentation animale La Chine tousse... et la fièvre risque de durer Définition de certains indicateurs utilisés en alimentation animale

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1 1

Coordination par Nathalie Le Drézen Fin de rédaction le 18 mars 2020 Prochaine parution le 11 juin 2020 [email protected]

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6

Avec la participation financière du Conseil Régional de Bretagne

4e trimestre 2019

Page 2: 4e trimestre 2019...buté en 2017. Du fait de la baisse des reproductrices, les perspectives pour 2020 sont à une baisse du nombre de femelles abattues en France ce qui de-vrait permettre

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Les livraisons et le prix pro-gressent un peu en Bretagne. Les négociations commerciales achevées fin février 2020 sem-blent satisfaire les industriels. Le coronavirus risque de bous-culer les bonnes perspectives qui se dessinaient début 2020.

Les livraisons bretonnes de lait mar-

quent une petite hausse au 4e trimestre

2019 en comparaison à l’an dernier

(+0,7 %). Les pluies d’automne ont

permis une repousse de l’herbe favo-

rable à la production laitière en oc-

tobre, avant que l’excès d’eau ne rende

le pâturage impossible. Sur l’ensemble

de l’année, la collecte bretonne pro-

gresse d’environ 0,9 % par rapport à

2018. En parallèle, la production fran-

çaise se maintient presque.

Moins de vaches En janvier 2020, la collecte bretonne

apparaît tout juste stable par rapport à

janvier 2019 (-0,1 %). En février, les

livraisons manquent de dynamisme

d’après les sondages de FranceAgriMer.

Ces résultats sont à mettre en perspec-

tive avec les conséquences des étés

2018 et 2019 chauds et secs. Face au

manque de fourrage, de nombreux

éleveurs ont réduit leur cheptel et pri-

vilégié les animaux les plus productifs.

Ainsi en janvier 2020, la tendance au

recul du cheptel laitier breton se con-

firme (-1,6 % par rapport à janvier

2018).

Marge en hausse L’Ipampa lait de vache reflue au 4e

trimestre 2019 par rapport à un an plus

tôt (-0,5 %). Néanmoins, il s’enchérit

annuellement d’1,3 % en 2019 (hausse

du poste engrais et amendement no-

tamment) et atteint un niveau histori-

quement élevé.

Parallèlement, le prix du lait payé aux

éleveurs s’établit à 369 €/1 000 litres

au 4e trimestre 2019, soit 1,3 % de

croissance annuelle. En 2019, le prix

moyen se fixe à 357 €/ 1 000 litres, en

hausse de 4,7 % par rapport à 2018.

La marge des élevages français s’amé-

liore au 4e trimestre 2019 par rapport à

un an plus tôt. En moyenne annuelle,

en comparaison à 2018, la marge MILC

évaluée par Idele augmente de 9 %.

L’amélioration des prix du lait résulte

de cours mondiaux bien orientés. En

particulier, la valorisation du lait trans-

formé en beurre et en poudre pro-

gresse. Elle traduit aussi les revalorisa-

tions tarifaires obtenues en 2019 par

les transformateurs laitiers. Sur le mar-

ché français, les prix en magasin ont

augmenté pour toutes les catégories de

produits laitiers, même celles en dé-

croissance de consommation.

A noter qu’en 2019, les écarts de prix

se creusent entre les laiteries, en fonc-

tion entre autres de leur mix-produits,

de leurs stratégies de segmentation et

des formules de calcul de prix du lait.

Perspectives incertaines Les négociations commerciales 2020 se

sont conclues sur une note positive.

Plusieurs distributeurs ont consenti des

revalorisations tarifaires sur les pro-

duits vendus sous les marques des

transformateurs, ainsi que dans cer-

tains cas sur des produits vendus sous

marques de distributeur, ce qui est plus

inhabituel.

Au niveau mondial comme national, les

conditions de marché sont favorables

en début d’année. Mais l’évolution des

tensions politiques entre les Etats-Unis

et l’Europe, les modalités d’application

du Brexit, les caprices de la météo…

pourraient rebattre les cartes. Plus en-

core, l’épidémie de coronavirus péna-

lise déjà la demande chinoise (1er dé-

bouché vers pays tiers des exportations

bretonnes de produits laitiers), menace

la demande française… et tout le fonc-

tionnement de la filière, de l’organisa-

tion de la collecte à la transformation.

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Conjoncture favorable mais des menaces

Chambres d’agriculture de Bretagne. 4e trimestre 2019

Fin de rédaction 13 mars 2020. [email protected]

1 Lait

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A l’image du troupeau français, le cheptel allaitant breton conti-nue de se contracter du fait de prix peu rémunérateurs. Les cours des bovins laitiers sont encore plus chahutés fin 2019 – début 2020 suivant en cela la tendance européenne. Quant au marché des veaux de boucherie, la baisse des mises en place a permis la remontée des prix mais pénalise les veaux nourris-sons.

Les gros bovins commencent l’année

2020 avec des prix peu porteurs. Les

vaches laitières sont les plus pénali-

sées : la vache P= se vend à 2,54 €/kg

de carcasse début février après un der-

nier trimestre 2019 où son prix était

déjà 4 % au-dessous de la moyenne

quinquennale. Le nombre de vaches

bretonnes prenant la direction de

l’abattoir est en légère hausse de

1,8 % sur le dernier trimestre 2019 par

rapport à la même période de 2018, à

l’inverse de la tendance nationale.

Meilleure tenue en jeunes bovins Les vaches allaitantes, de meilleure

conformation, résistent mieux même si

les cours demeurent sous le niveau des

années antérieures. Ainsi, la vache R+

cotait en moyenne à 3,93 €/kg de car-

casse au 4e trimestre 2019 contre

3,94 €/kg un an plus tôt. Les prix ont

légèrement fléchit depuis et s’établis-

sent à 3,86 €/kg début février.

Le troupeau allaitant breton continue

de se contracter. En décembre 2019, il

restait 107 000 vaches allaitantes

(-2,3 %/2018). Ce mouvement s’ob-

serve aussi au niveau français et a dé-

buté en 2017. Du fait de la baisse des

reproductrices, les perspectives pour

2020 sont à une baisse du nombre de

femelles abattues en France ce qui de-

vrait permettre de soutenir les cours.

Du côté des jeunes bovins, le prix des

animaux de type viande résiste là aussi

mieux que ceux des animaux de type

laitier. Grâce à un marché italien por-

teur, le prix du JB U- est de 3,98 €/kg

de carcasse en moyenne au 4e tri-

mestre 2019, soit 1,2 % au-dessus de

la moyenne quinquennale et légère-

ment supérieur à 2018. En revanche,

dans le sillage d’un marché européen

très morose pour ces animaux, le JB

laitier O= vaut en moyenne 3,16 €/kg

de carcasse au 4e trimestre 2019, en

repli de 3,7 % par rapport au même

trimestre de 2018. Alors que la con-

sommation française de viande bovine

baisse de 1,1 % sur les 11 premiers

mois de l’année 2019 par rapport à la

même période sur 2018, l’Institut de

l’élevage table sur un nouveau repli de

1,7 % en 2020. Face à des abattages

français attendus à -2,4 %, l’organisme

s’attend à ce que les importations s’ac-

croissent cette année.

Prix planchers pour les veaux nour-rissons

Les veaux nourrissons s’échangeaient

pour 57 €/tête début février soit près

de 20 € de moins que la moyenne

quinquennale à pareil époque de l’an-

née. Malgré le recul des naissances de

veaux de mère laitière, le marché reste

très déprimé faute de demande suffi-

sante. Ainsi, les intégrateurs de veaux

de boucherie sont actuellement pru-

dents dans leurs mises en place après

les déconvenues de l’année dernière.

Par ailleurs, les éleveurs français dé-

laissent de plus en plus l’engraissement

de JB laitiers.

Concernant le marché des veaux de

boucherie, l’approche des intégrateurs

a permis aux prix de retrouver leurs

niveaux du début d’année. Mais la

hausse des cours de matières pre-

mières, poudre de lactosérum en tête,

pourrait affecter leurs marges. Les éle-

veurs sont eux protégés de ces évolu-

tions des cours grâce aux contrats

d’intégration. Certains d’entre eux ont

cependant été pénalisés par la baisse

d’activité ayant eu moins de lots qu’ha-

bituellement.

2

Chambres d’agriculture de Bretagne. 4e trimestre 2019

Fin de rédaction 13 mars 2020. [email protected]

Poursuite de la décapi-talisation allaitante en Bretagne

Viande bovine

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Malgré une baisse en toute fin d’année, le prix au MPB a atteint un niveau record. La demande asiatique au dernier trimestre est restée conséquente, alors que la demande intérieure a baissé.

Des volumes bretons en légère progression

En 2019, l’offre mondiale serait en

baisse de 7 millions de tonnes à cause

de la Chine, malgré une poursuite du

développement de la production aux

Etats-Unis et au Brésil. Dans l’Union

européenne, la hausse s’est poursuivie

dans certains pays (Pays-Bas, France,

Royaume-Uni et surtout Espagne) alors

que la baisse est notable en Belgique,

Danemark, Pologne et Allemagne. Cette

tendance s’est amplifiée au 4e trimestre

2019 par rapport au 4e trimestre 2018,

principalement en Belgique, au Dane-

mark, en Allemagne et en Pologne. En

France, le 4e trimestre 2019 est proche

de la stabilité en nombre de têtes par

rapport au dernier trimestre 2018, alors

qu’en tonnages c’est une progression de

0,8 %. En Bretagne, l’activité progresse

de 0,7 % au 4e trimestre 2019 par rap-

port au même trimestre 2018, avec sur

l’année +1,3 % en tonnages en 2019

par rapport à 2018 pour atteindre 13,98

millions de porcins, activité inférieure

de 426 000 porcins à l’activité maximale

atteinte en 2008.

En 2020, la hausse de la production

devrait se poursuivre sur le continent

américain (déjà 1,2 million de porcs

supplémentaires sur les 2 premiers

mois de 2020 selon le MPB). Dans

l’Union européenne, les résultats de

l’enquête cheptel de décembre mon-

trent une légère progression du cheptel

truie (+0,4 %). La baisse est marquée

en Allemagne, en France et en Belgique,

alors que la hausse est notable en Es-

pagne, en Pologne et au Royaume-Uni.

Selon le Baromètre porc, la production

européenne devrait diminuer au 1er se-

mestre 2020 par rapport au 1er se-

mestre 2019.

L’export continue de porter le mar-ché

L’Union européenne a largement profité

de la croissance de la demande asia-

tique, avec des ventes totales en

hausse de 20 % en 2019 par rapport à

2018, contre +9 % pour les ventes éta-

suniennes et une stabilité pour le Cana-

da. Cependant, sur les mois de no-

vembre et décembre les ventes cana-

diennes et étasuniennes montent en

puissance en raison de la fin de l’em-

bargo chinois sur les produits canadiens

et des accords passés avec les Etats-

Unis.

Les besoins en viande de porc des pays

asiatiques et principalement de la Chine

devraient continuer de diriger le marché

mais la concurrence sur le marché chi-

nois devrait se renforcer.

Alors que la fin d’année est en général

peu propice à une hausse des cours, le

prix maximum a été atteint au MPB le

12 décembre. Il est allé au-delà

dans d’autres places européennes

(Allemagne, Pays-Bas, Autriche). En

raison d’une baisse de la demande en

toute fin d’année le prix a diminué. La

moyenne du dernier trimestre 2019

atteint 1,685 €/kg supérieure de

50 cts/kg à celle du dernier trimestre

2018.

A ce jour, les perspectives évoquées ici

sont bien évidemment complètement

suspendues à l’évolution de l’épidémie

de Coronavirus dans le monde. En

France, en période de confinement,

l’enjeu est d’assurer l’alimentation des

français et donc du secteur de la distri-

bution. Les restrictions aux frontières

décidées par l’Europe mais aussi par

différents pays sont de nature à impac-

ter de nombreux flux.

Porc 3

Chambres d’agriculture de Bretagne. 4e trimestre 2019

Fin de rédaction 18 mars 2020. [email protected]

Un record de 1,702 €/kg le 12 décembre 2019

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Le quatrième trimestre 2019 confirme le dynamisme retrouvé de la volaille bretonne après un premier semestre en repli. Il consolide une nouvelle année de hausse d’abattage de poulet en Bretagne. Du côté des œufs, malgré la transition vers l’alter-natif, la demande pour les œufs cage ne faiblit pas.

Un 4e trimestre dynamique…

Le dernier trimestre 2019 a été favo-

rable aux principales espèces de vo-

lailles en Bretagne avec une hausse de

3,1 % de l’abattage par rapport au

même trimestre de 2018. Le poulet

confirme son allant avec une hausse de

5,6 % comparé au dernier trimestre

2018. La dinde termine l’année avec un

trimestre positif à +1,3 % par rapport

au même trimestre de 2018. La pintade

réalise un mois de décembre excep-

tionnel à 73 tonnes (+400 % par rap-

port à décembre 2018), mais 2018

avait été une année très défavorable.

A l’export, le 4è trimestre breton a été

globalement défavorable (-4 % en va-

leur, -2 % en volume par rapport au 4è

trimestre 2018), mais les évolutions

sont différentes selon les destinations.

Le volume de viandes de volaille expor-

té vers les pays tiers a en effet aug-

menté de 4 % alors que celui vers

l’Union européenne a baissé de 7 % sur

cette période. Le chiffre d’affaires, lui,

a baissé sur ces deux débouchés (-5 %

vers l’Union européenne, -3 % vers les

pays tiers).

…qui conclut une bonne année en poulet

En 2019, l’abattage de volailles en

France devrait reculer de 2,5 % par

rapport à 2018 (-1,2 % pour le poulet

et -5,1 % pour la dinde). La Bretagne

résiste et stabilise son volume d’abat-

tage (-0,2 %) grâce à une progression

qui se confirme sur le poulet (+2,7 %).

La dinde, en revanche, chute à nou-

veau : -4,4 % en un an. L’abattage de

canards se replie de 5,6 % par rapport

à 2018, année très favorable suite à

l’influenza aviaire du sud-ouest de la

France.

Alors que la baisse des exportations

bretonnes de viande de volailles en

2019 (-4 % en volume par rapport à

2018) est bien plus importante que la

baisse des abattages (-0,2 %), on

pourrait en déduire que le différentiel

s’est retrouvé sur le marché intérieur.

Est-ce à dire que la stratégie de recon-

quête du marché intérieur portée par

les acteurs bretons porte ses fruits ? Il

est sûrement trop tôt pour le dire, mais

les clignotants semblent au vert. D’au-

tant plus que la consommation natio-

nale de volaille a augmenté en 2019 :

+2,7 % avec 27,5 kg/an/habitant.

Résistance du marché de l’œuf cage

En 2019, le jeu de l’offre et de la de-

mande s’avère favorable à l’œuf cage.

En effet, la demande reste correcte,

notamment au niveau du conditionne-

ment, tandis que l’offre s’amenuise, via

un transfert important de la production

vers l’alternatif. En conséquence, la

TNO (tendance nationale officieuse) de

l’œuf calibré (cages) s’inscrit en hausse

de 16 % sur l’année 2019 par rapport à

la moyenne 2014-2016 (ante-fipronil)

même si elle affiche un léger recul de

3,7 % comparé à 2018.

Pour les œufs destinés à l’industrie, la

TNO a été en forte hausse sur le début

d’année 2020. Avec l’influenza aviaire

qui s’est déclarée en Pologne, les in-

dustriels du Nord de l’Europe ont chan-

gé leur stratégie. D’une part, ils privilé-

gient les approvisionnements en prove-

nance de zones indemnes, comme la

France. D’autre part, ils ont fortement

anticipé leurs achats pour être prêts si

l’influenza aviaire venait à avoir des

conséquences sur l’offre européenne.

Ainsi, sur les deux premiers mois de

l'année 2020, la TNO de l'oeuf industrie

atteint une moyenne de 0,85 €/kg, soit

une hausse de 15 % comparé à la

même période 2019.

Chambres d’agriculture de Bretagne. 4e trimestre 2019

Fin de rédaction 17 mars 2020. [email protected]

Volaille 4

L’élan breton se confirme

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Très humide, le 4e trimestre 2019 n’a été ni propice aux im-plantations des cultures d’hiver ni facilitant pour la récolte du maïs. Les prix connaissent déjà un sérieux revers dans un con-texte de propagation de l’épidé-mie du coronavirus au niveau mondial.

La Bretagne fait partie, avec le Centre,

des régions qui enregistrent le plus fort

recul des surfaces implantées en hiver

(-19 %, contre -4 % au national).

Attendre les beaux jours…

A cause de la pluviométrie très excé-

dentaire du 4e trimestre, seulement

46 % des semis bretons de blé tendre

étaient réalisés au 2 décembre, les dé-

partements des Côtes d’Armor et plus

particulièrement du Finistère ont enre-

gistré de très gros retards. Ce ne sont à

peine plus de 343 000 ha de céréales

d’hiver qui ont été semés (données

Agreste au 1er février 2020) soit

240 000 ha de blé (-20 % sur un an),

71 000 ha d’orge (-19 %) et 24 800 ha

de triticale (-14 %). Les producteurs

bretons vont donc devoir gérer cette

année le report des semis de culture au

printemps.

Les récoltes de maïs grain ont été déca-

lées dans le temps avec une date mé-

diane de récolte au 9 novembre soit 12

jours de décalage par rapport à la

moyenne des cinq dernières années.

Les rendements sont toutefois au ren-

dez-vous avec 88,5 qtx/ha (contre 88

qtx/ha pour la moyenne décennale).

Pour autant, ces difficultés ne doivent

pas venir occulter la campagne de com-

mercialisation qui s'est joué sur cette

période dans un contexte encore favo-

rable. La production mondiale

2019/2020 est le deuxième plus gros

volume historique (2 172 Mt), portée

par des récoltes exceptionnelles de blé

et d’orge qui compensent la moindre

récolte de maïs de cette année (à 1 112

Mt). Sur la campagne de commercialisa-

tion 2019/2020, les céréales françaises

sont bien au rendez-vous : FranceAgri-

Mer table ainsi sur 8,1 Mt de blé expé-

diées vers l’Union européenne et 12,7 Mt

vers les pays tiers. A noter que le blé et

l’orge français ont bénéficié d’un regain

d’intérêt de la part de la Chine, dans le

contexte de tensions commerciales sino-

américaines, avec respectivement 0,8 et

0,9 Mt expédiées.

Perspectives floues

A l’issue de cette campagne de com-

mercialisation 2019/2020 dynamique

aussi bien en blé, en maïs, qu’en orge,

le CIC table toutefois sur une nouvelle

diminution des stocks de céréales. Sa

prévision des superficies mondiales de

blé moissonnées en 2020/2021 est à ce

jour de 221 millions d’hectares (+2 %

sur un an).

Malgré des perspectives globalement

favorables de disponibilités des ma-

tières premières, la demande soutenue

avait entrainé une hausse de prix sur le

4e trimestre.

D’après l’enquête de FranceAgriMer, les

prix payés aux producteurs bretons à

l’issue du premier semestre de la cam-

pagne se sont renchéris de quelques

euros par rapport au début de la cam-

pagne à 135 €/t pour le blé au

31/12/2019 et 122 €/t pour l’orge.

A cette heure, les inquiétudes liées à la

propagation du coronavirus et à ses

impacts sur un ralentissement de la

demande font pression sur les prix à

l’exportation des céréales et des oléagi-

neux. Ces derniers sont en chute libre

depuis fin février sur les marchés à

terme.

Autre impact négatif, l’actuelle volatilité

des parités monétaires, dont un rouble

affaibli, grève la compétitivité française

des céréales sur les marchés tiers au

profit de l’origine russe.

Il est aussi difficile pour l’instant de

prévoir si les céréales françaises pâti-

ront de difficultés logistiques, alors que

des tensions sur le pétrole viennent

s’ajouter au contexte déjà très pertur-

bé.

Chambres d’agriculture de Bretagne. 4e trimestre 2019

Fin de rédaction 13 mars 2020. [email protected]

Grandes cultures 5

Une campagne vraiment atypique

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Le 4e trimestre 2019 confirme

les inquiétudes sur ce que sera

l’année à venir pour le secteur.

Si l’absence de rebond de l’acti-

vité générale du secteur sur le

trimestre et pour l’année était à

prévoir, c’est désormais plus

pour les perspectives à court et

moyen terme que les fabricants

bretons d’aliment du bétail vont

devoir garder la tête froide.

Sur la fin de l’année, les fabrications

nationales marquent le pas (-0,8 % sur

un an au 4e trimestre) mais pour au-

tant elles restent à l’équilibre en 2019.

Toujours pas de rebond en volaille en Bretagne

Pour le troisième trimestre consécutif,

les fabrications régionales d’aliments

pour porcs sont supérieures à celles d’il

y a un an (+1,1 %).

Avec un prix du porc attractif, la produc-

tion porcine bretonne s’est maintenue et

la demande en aliments aussi (+0,6 %

sur un an en 2019), plus particulière-

ment pour les porcs charcutiers.

La stabilisation des fabrications bre-

tonnes d’aliments pour volailles n’aura

pas duré longtemps, elles reculent de

nouveau au 4e trimestre (-1,5 % sur un

an), et ce malgré la stabilité des ali-

ments pour poulets (+0,2 %) et pon-

deuses (+0,2 %). L’activité est grevée

par les replis importants de catégories

d’aliments plus modestes : les dindes

(-3 %) et les palmipèdes (-25,5 %),

fortement concurrencés par d’autres

productions au niveau national.

Quant aux aliments bovins (hors mash),

l’activité de fabrication s’est calmée

(-3,8 % sur un an pour chacune des

catégories). Le maïs fourrage breton

enregistrait un rendement en repli de

9 % en 2019 par rapport à 2018.

Les fabricants bretons déplorent donc

cette année encore un repli de l’activité

globale (-0,7 % en 2019). Le recul des

fabrications d’aliments pour volailles

(-70 000 tonnes sur un an) grèvent

particulièrement l’activité globale des

usines (-55 000 tonnes). Et la dyna-

mique de demande que cette catégorie

connaît en bio est encore trop insuffi-

sante pour combler le déficit global.

La Chine donnera la température sur les marchés

Dans un contexte de renchérissement

du prix des matières premières sur la fin

de l’année, l’indice IFIP de l’aliment porc

charcutier se stabilise sur le 4e trimestre

2019 à 240 €/tonne après son repli qua-

si-continu depuis son plus haut niveau

en mars 2019 à 246 €/tonne.

L’indice ITAVI pour l’aliment poulet

standard rebondit sur la fin de l’année

2019.

L’indice IPAMPA de coût alimentaire

pour le lait de vache reste stable à son

niveau le plus haut de ces cinq der-

nières années. La sécheresse estivale a

eu raison du rendement fourrager, en

2019 le rendement des prairies est défi-

citaire de 3 % par rapport au rendement

annuel de référence d’après la DRAAF

Bretagne, obligeant les éleveurs à com-

pléter la ration avec de l’aliment.

Début 2020, l’épidémie de Coronavirus

pèse sur les prix. Elle gèle l’activité éco-

nomique d’un acteur important des mar-

chés, la Chine d’où l’épidémie mondiale

a démarré fin décembre.

La question est quand et comment le

redémarrage de la locomotive chinoise

se fera, tant ses besoins en matières

premières sont immenses.

La concurrence pourrait être rude sur la

protéine notamment, et ce, malgré un

accord d’engagement d’approvisionne-

ment de la Chine auprès des Etats-Unis.

Chambres d’agriculture de Bretagne. 4e trimestre 2019

Fin de rédaction 09 mars 2020. [email protected]

Alimentation animale 6

La Chine tousse… et la fièvre risque de durer

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Maïs

Chambres d'agriculture de Bretagne

A

Tourteau de colza

A

Source : Terres Univia au 09/03/20920

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Renchérissement des prix des matières premières au 4e trimestre 2019

Page 8: 4e trimestre 2019...buté en 2017. Du fait de la baisse des reproductrices, les perspectives pour 2020 sont à une baisse du nombre de femelles abattues en France ce qui de-vrait permettre

Indice Itavi :

Indice « coût matières premières » dans l’aliment des volailles (poulet, poulet label, dinde, pintade, poule pondeuse, canard) et des lapins dont le calcul repose sur une formulation au moindre coût. Il tient compte du coût de la matière première et de ses coûts de transport pour un rendu dans une usine fictive située en centre Bretagne, mais pas du prémix, ni des coûts de fabrication de l’aliment, ni des coûts commer-ciaux des fabricants, ni des coûts de transport des aliments composés de l’usine à l’élevage. La formulation au moindre coût consiste à sélectionner parmi une trentaine de matières premières disponibles, celles qui couvriront les besoins nutritionnels des animaux pour un coût minimum. Le coût d’une matière première est établi selon les cotations hebdomadaires ou mensuelles, lissées à partir des valeurs des 3 derniers mois connus afin de simuler un effet de couverture. La base de calcul de cet indice correspond à janvier 2006 (indice 100).

Aliment Ifip :

Prix de l'aliment « porc à l'engrais en croissance », il reflète un prix moyen mensuel et est basé sur les informations observées en GTE, collectées tous les six mois. Pour les mois les plus récents, tant que ces valeurs ne sont pas disponibles, des valeurs provisoires sont établies. Jusqu’à présent, ces valeurs provisoires étaient obtenues à partir d’un coût matières premières optimisé et lissé sur six mois. Désormais, ces valeurs provisoires du prix de l’aliment IFIP sont calculées en fonction de l’évolution de l’indice IPAMPA porc croissance/finition, élaboré par l’INSEE à partir d’une enquête mensuelle auprès des fabricants d’aliments du bétail (FAB). Cet indicateur est libellé en €/t.

Sources : Ifip, Insee, Snia (Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale) et

Coop de France Nutrition animale, Itavi, IDELE (Institut de l'élevage).

Ipampa (Insee-SCEES): L'indice des prix d'achat des moyens de production agricole (Ipampa) permet de suivre l'évolution des prix des biens et des services utilisés par les agriculteurs pour leur exploitation agricole (dont les aliments pour animaux). Il est calculé à partir des résultats de l’enquête IPCI (prix des consommations intermédiaires). Ces prix sont relevés auprès des vendeurs de produits nécessaires aux exploitations et sont spéci-fiques à chaque espèce. L’Ipampa est provisoire pendant une période de 6 mois. Cet indice est édité depuis mai 1997 et a succédé à l’Ippinea (indice des prix des produits industriels nécessaires aux exploitations agricoles). L’Ipampa est un indice harmonisé avec ceux des autres pays membres de l’Union européenne. La base de calcul de cet indice correspond à 2010 (indice 100). L’Ipampa Aliments composés, reflète l’évolu-tion des prix de vente sortie usine des aliments composés observés par le SSP.

Ipampa lait de vache :

Indice qui reflète l'évolution du prix des charges des élevages laitiers français. Il s'agit d'un indice en base 2010 calculé par IDELE (Institut de l'élevage) à partir de 12 in-dices IPAMPA de l'INSEE. Les 12 IPAMPA retenus correspondent aux principaux postes de charges d'un élevage laitier. Des coefficients de pondération issus du Réseau d'Information Comptable Agricole et des exploitations des Réseaux d'Elevage leur sont appliqués. Un certain nombre de charges telles que les travaux pour cultures, les travaux pour élevage, les fermages, les impôts et taxes, les frais de personnel, les charges sociales et les frais financiers ne sont pas intégrées.

Quelques indicateurs utilisés en alimentation animale

Sources : Ifip, Insee, Snia Coop de France Nutrition animale, Itavi.

Définitions