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HISTOIRES DE LA RUCHE A MIEL
par Enid BLYTON
AVEC une tortue gourmande, un cochon d'Inde très ignorant, des jouets qui s'animent.,, tout peut arriver! Même de rencontrer un lutin sur le chemin ou de chevaucher un balai de sorcière dans les airs.
Des histoires roses, des histoires gaies, des histoires folles...
Il se passe de drôles de choses chez Juliette, Patricia et Denis ! C'est ce que disent les abeilles du jardin qui surveillent les enfants tout en butinant.
Ce livre porte le label MINIROSE, c'est-à-dire qu'il intéresse les enfants dès qu'ils savent lire, et qu'il peut aussi bien leur être lu à haute voix.
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DU MÊME AUTEUR
dans la même série
dans la Bibliothèque Rose
1. Bonjour les Amis ! 2. Histoire de la lune bleue 3. Histoires de la boite de couleurs 4. Histoires de la cabane à outils 5. Histoires de la maison de poupées6. Histoires de la pipe en terre 7. Histoires de la ruche à miel 8. Histoires de la veille Horloge 9. Histoires des ciseaux d'argent 10. Histoires des quatre Saisons11. Histoires des trois loups de mer12. Histoires du bout du banc 13. Histoires du cheval à bascule14. Histoires du coffre à jouets15. Histoires du coin du feu 16. Histoires du fauteuil à bascule 17. Histoires du grenier de grand-mère18. Histoires du marchand de sable 19. Histoires du sac à malices20. Histoires du sapin de noël
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ENID BLYTON
HISTOIRESDE LA RUCHE
A MIEL ILLUSTRATIONS D’AGNES MOLNAR
HACHETTE
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TABLE
Prologue 6
1. L'impossible potion magique 92. Bravo, trottinette! 213. Pauvre toupie muette 344. L'aventure de trompillon 505. Le voyage de plume 676. Les trois méchants farfadets 777. Denis à l’« heure zéro» 90
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PROLOGUE
Au FOND du jardin de M. et Mme Pelletier, il y a une belle ruche peinte en vert, très active. Les enfants, Patricia, Juliette et Denis, voient les abeilles butiner les fleurs que leur père cultive, puis retourner, très affairées, à la ruche... Elles viennent même bourdonner très près
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d'eux quelquefois, mais tous les trois continuent à jouer sans s’inquiéter. Ils savent que les abeilles ne piquent que quand on les dérange ou si elles ont peur.
Et quand les enfants ne sortent pas, il arrive qu’une ou deux abeilles entrent dans leur chambre, comme si elles venaient écouter leurs conversations ou les histoires que leur maman leur raconte souvent ! Patricia, Juliette et Denis ont pris l'habitude de vivre avec les abeilles, qui ne les piquent jamais et les suivent partout Chez les Pelletier on aime les abeilles, on apprécie le bon miel doré et on utilise aussi la cire pour faire tout briller, même la carapace de la chère tortue Trottinette !
Mais personne ne se doute que les amies de la ruche sont au courant de tout ce qui se passe à la maison et dehors !/ Les abeilles connaissent toutes les aventures
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des enfants, de leurs jouets, de leurs animaux préférés !
Et que font-elles, ces curieuses ? Elles vont les raconter à leur reine dans le secret de la ruche. Leur reine ne sort jamais, il faut bien la distraire !
Les butineuses qui ont été dehors toute la journée en ont des histoires à raconter !
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CHAPITRE PREMIER
L'impossible potion magique
LORSQUE Patricia, Juliette ou Denis avait mal à la gorge, leur mère, Mme Pelletier, préparait son fameux remède magique et délicieux...
Elle sortait de l'armoire un grand pot de miel doré. Elle en prenait une bonne cuillerée qu'elle faisait fondre
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dans une tasse d'eau bouillante. Mme Pelletier ajoutait un peu de sucre, du citron, de la cannelle, et remuait soigneusement cette boisson qu'il fallait boire bien chaude. Un vrai régal !
Patricia, Juliette et Denis raffolaient de ce « thé au miel » comme ils l'appelaient
« Ça vous donnerait presque envie d'avoir mal à la gorge pour que maman vous en prépare ! disait quelquefois Juliette. Et puis, chaque fois que j'en bois, ma gorge se guérit !
Une vraie potion magique ! affirmait Denis.
- Et puis c'est si bon ! » disait Patricia.Une fois leur cousin Gilles vint
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faire un séjour chez eux. Les trois enfants lui parlèrent bien sûr du fameux «thé au miel» de leur maman.
Gilles était un peu comédien et très gourmand ; il se dit qu'un peu de thé au miel lui ferait plaisir et serait bien meilleur qu'une simple citronnade ! C'était trop bête d'attendre un mal de gorge pour en boire...
Alors, une drôle d'idée lui passa par la tête : il n'avait qu'à faire semblant d'avoir la gorge irritée, c'était bien facile !
Aussitôt il prit un air misérable et se força à tousser. Il avait une petite toux ridicule.
« J'ai mal à la gorge », dit-il à ses cousins qui le répétèrent à leur mère.
Celle-ci jeta un coup d'œil à
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Gilles; Elle se rappela qu'il avait avalé un gigantesque déjeuner et elle venait de l'entendre pousser des cris d'Indien dans le jardin. Malade, il n'aurait pas pu manger autant, ni crier à tue-tête s'il souffrait de la gorge. Elle connaissait bien Gilles et ses comédies.
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« Je ne croîs pas que ton mal de gorge soit très sérieux, Gilles ! dit-elle.
- Oh si ! tante Anne répliqua Gilles en toussant un peu plus fort. Un peu de thé au miel me ferait du bien.
- Bon, bon, nous verrons cela après le goûter, lui dit sa tante» Je n'ai guère envie de préparer ma «potion magique» pour soigner une gorge qui n'est pas vraiment malade, tu comprends ! »
Gilles se renfrogna, puis il toussa si fort qu'il s'érailla la gorge. Sa tante sortit de la pièce sans y faire attention.
«Je trouve que ta maman n'est pas très gentille pour moi, dit Gilles à Patricia.
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- Mais si ! répondit Patricia. Je crois qu'elle a été t'en préparer. Tu pourras en boire tout à l'heure. »
Gilles espérait que sa cousine ne se trompait pas. Mais il attendit en vain que sa tante revienne. Alors, il monta dans sa chambre, fît semblant de lire et bouda tout l'après-midi.
« Méchante tante Anne ! grognait-il. Si c'était maman, elle me soignerait, au moins! »
Il se décida enfin à descendre rejoindre les autres, mais ils étaient allés se promener. Gilles entra dans leur chambre, très en colère. Tout le monde lui en voulait!
Mais, tout à coup, sa figure s'éclaira : là, au milieu de la table, il y avait un gobelet rempli
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d'un liquide ambré - du thé au miel, bien sûr ! pensa Gilles.
Avait-il été préparé pour lui ? Gilles n'en savait rien. Aucune importance, de toute façon Gilles allait le boire ; cette boisson avait l'air si délicieuse !
Gilles souleva le gobelet et but le liquide ambré d'un trait II posa le gobelet vide et fit une grimace épouvantable. « Beuh ! Quel goût horrible ! Si c'est cela le thé au miel, jamais plus je n'en boirai. C'est vraiment dégoûtant ! Comment les autres peuvent-ils trouver cela si bon ? Pouah ! ça n'est même pas sucré ! »
II prit la décision de ne plus du tout parler de son mal de gorge, surtout si tante Anne lui proposait de boire de son horrible breuvage...
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Ainsi, quand ses cousins rentrèrent, annonça-t-il qu'il avait retrouvé sa forme et se sentait prêt à commencer un jeu.
« Ta gorge va mieux ? s'inquiéta Juliette.
- Oh oui ! j'ai bu une tasse de thé au miel préparé par ta mère, ça m'a guéri tout de suite ! affirma Gilles. A quoi joue-t-on ?
- C'est que Patricia n'a pas très envie déjouer, dit Juliette. Je crois qu'elle a pris froid pendant la promenade. Elle est allée demander à maman de lui préparer un peu de thé au miel. »
Patricia et sa mère revinrent bientôt. Patricia tenait à deux mains une tasse remplie d'un liquide ambré. Gilles frissonna. Il regarda sa
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tante; elle portait aussi une tasse pleine.« Tiens ! c'est pour toi, Gilles, dit-elle
en la lui tendant. Tu m'en as demandé tout à l'heure, ça te fera du bien à la gorge.
- Oh non merci, tante Anne ! J'en ai déjà bu une tasse pleine, ma gorge est tout à fait guérie, maintenant ! »
Sa tante le regarda, stupéfaite.« Qui t'en a donné ? demanda-t-elle. Je
viens seulement d'en préparer à l'instant !- J'en ai trouvé un gobelet plein sur la
table, dans la chambre de Patricia et Juliette, dit Gilles. C'était délicieux, tante Anne. J'ai tout bu et ma gorge va beaucoup mieux ! »
A la surprise de Gilles et de sa
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tante, Juliette, Denis et Patricia éclatèrent d'un rire bruyant.
« Oh ! là, là ! C'est épouvantable ! s'écria enfin Juliette en reprenant son souffle. Non... vous ne devinerez jamais ce que Gilles a bu !...
« Nous avons fait de la peinture cet après-midi dans nos cahiers avant de sortir... Nous avons tout rangé, sauf l'eau qui nous avait servi pour rincer nos pinceaux. Nous l'avons laissée dans un gobelet, sur la table ! Gilles a cru que c'était notre fameux thé au miel... Il a tout bu !
- Gilles, ce n'est pas possible ! » s'écria Mme Pelletier.
Le garçon était devenu écarlate. Sa tante fut prise à son tour d'un fou rire. Les enfants riaient aux larmes,
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se retenant les uns aux autres pour ne pas tomber,
« Dire qu'il a bu notre eau de peinture toute sale !
- Est-ce que c'était bon» Gilles ?- En veux-tu encore un peu ?- Ecoute, Gilles, conclut sa tante Je
suis enchantée d'apprendre que tu as guéri ton mal de gorge, en buvant l'eau qui avait servi à rincer les pinceaux... Je n'y aurais jamais pensé ! Mais, sois moins gourmand la prochaine fois et apprends à attendre.,. Tu ne veux vraiment pas goûter mon breuvage magique à moi ? »
Si, Gilles le goûta et le trouva délicieux. Puis il se mit à rire de bon cœur avec les autres.
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CHAPITRE II
Bravo, Trottinette !
TROTTINETTE était une tortue, une fort belle tortue qui vivait Depuis longtemps déjà dans le jardin des Pelletier. Juliette, Patricia et Denis l'aimaient beaucoup et la soignaient très bien.
Chaque année, quand venait l'automne, ils lui préparaient un bon lit
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dans une boîte remplie de terre. Juliette lui avait même fait une petite couverture marquée à son nom, « Trottinette », dont elle la recouvrait tous les ans. Trottinette passait tranquillement l'hiver à dormir à côté des plantes que Ton rentrait pour les empêcher de geler.
Dès le printemps, Trottinette se réveillait et commençait par se traîner péniblement autour de la caisse. Les enfants l'emportaient alors dans le jardin. La tortue adorait sentir la bonne chaleur du soleil ! Elle sortait avec plaisir sa petite tête et la tendait vers l'herbe verte.
Juliette allait chercher un peu de cire d'abeille à la cuisine, prenait un chiffon et faisait reluire la belle carapace de Trottinette jusqu'à ce
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qu'elle brille magnifiquement. La tortue aimait les trois enfants et les laissait la chatouiller sous le menton sans essayer de se réfugier dans sa maison.
Mais voilà qu'un jour, leur père, M. Pelletier, se mit en colère contre Trottinette.
« Votre tortue est entrée dans mes plates bandes, dit-il, furieux. Elle a dévoré tous mes pieds d'alouette, c'est une honte !
- Mais papa, ils vont repousser ! répondit Juliette.
- Repousser ! dit son père. Je l'espère bien, mais ce sera long ! »
Un autre jour, M. Pelletier se fâcha encore plus.
« Trottinette a mangé la moitié de mes pensées ! dit-il. Vous ne pouvez
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donc pas l'empêcher d'aller dans mes plates-bandes, les enfants ? Ce n'est vraiment pas la peine que je me fatigue à travailler dans le jardin ni que j'achète des graines pour que votre espèce de tortue stupide vienne tout abîmer ! Vous feriez mieux de vous en débarrasser ! - Oh non, papa ! cria Denis.
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Nous aimons trop Trottinette pouf l'abandonner. Nous allons la surveiller et l'empêcher d'aller dans tes plantations !»
Ils essayèrent en effet, mais un jour en revenant d'un goûter chez des amis, ils trouvèrent leur père de nouveau très en colère : cette fois, Trottinette avait mangé ses nouvelles laitues !
« Écoutez-moi bien, les enfants» dit leur père. Je suis désolé, vraiment désolé, mais votre tortue doit partir ! Je ne supporterai plus qu'elle Continue à abîmer le jardin. Notre jardin n'est pas très grand, chaque parcelle est précieuse et votre Trottinette fait des ravages !
Juliette, Patricia et Denis étaient très malheureux. Ils allèrent retrouver
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leur tortue dans le jardin. Elle les regardait venir en balançant sa drôle de petite tête.
« C'est une gentille tortue, pourtant. Je n'ai aucune envie de l'abandonner, moi ! Voilà maintenant trois ans que nous l'avons, nous nous ennuierions sans elle ! dit Denis.
- Elle a déjà bien grandi. Ce sera peut-être une tortue géante un jour, si papa nous permet de la garder ! » dit Patricia.
Juliette se baissa pour caresser Trottinette sous le menton. Elle poussa alors une exclamation de joie en montrant le dos de la tortue.
« Là, Denis, regarde ! Il y a un petit trou dans sa carapace ! Nous n'avons qu'à y passer une ficelle,
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une ficelle très longue que nous attacherons à un piquet. Trottinette pourra se promener partout où elle voudra sur la pelouse, mais sans pouvoir atteindre les plates-bandes de papa. Ça va peut-être marcher ! » Ils passèrent donc une ficelle dans la carapace de la tortue et attachèrent l'autre bout à un pieu. Trottinette
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était parfaitement heureuse, les enfants beaucoup plus tranquilles et leur père semblait satisfait.
Chaque jour Denis apportait quelques bonnes feuilles bien fraîches à Trottinette qui les dévorait de bon appétit.
Mais les choses se gâtèrent à nouveau. M. Pelletier s'aperçut que ses laitues disparaissaient…
« Ça ne peut être que votre tortue de malheur qui me les dévore ! dit-il. Il faut nous en débarrasser... Vous me dites qu'elle est retenue par une ficelle ; moi, je vous dis qu'elle se libère sûrement puisque tous les matins, quand je regarde mes salades, il en manque quelques-unes ! »
Cette fois, Juliette, Patricia et Denis
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ne savaient plus quoi faire. Mais quelque chose leur disait que Trottinette n'était pas coupable... D'ailleurs, comment aurait-elle pu détacher sa ficelle ?
Le soir même M. Pelletier avait trouvé une solution.
« J'ai prévenu M. Brun que nous lui donnions notre tortue, annonça-t-il au dîner. M. Brun n'a que de l'herbe dans son jardin, Trottinette ne pourra rien abîmer. Je la lui porterai demain ! »
Pauvre Juliette, pauvre Patricia et pauvre Denis ! Ils en auraient pleuré de chagrin, mais à quoi cela aurait-il servi ? Sûrement pas à faire changer leur père d'avis.
Le lendemain matin, M. Pelletier eut la bonne idée de se lever tôt pour
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faire un peu de jardinage. A 6 heures du matin, il était déjà debout et s'habillait devant la fenêtre, quand il vit quelque chose d'étonnant : un petit garçon escaladait la barrière du jardin. M. Pelletier se demanda ce qu'il avait l'intention de faire... Tout à coup... il devina !
« En voilà un qui aime les laitues ! pensa-t-il. C'est lui le voleur. Attends un peu que je t'attrape» toi ! »
M. Pelletier descendit les escaliers à toute vitesse, ce qui réveilla Mme Pelletier et les enfants. Ils se précipitèrent à la fenêtre pour voir ce qui se passait.
M, Pelletier surgit par la porte donnant sur le jardin, mais le petit chapardeur l'avait vu venir. Les bras
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« En voilà un qui aime les laitues / »
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chargés de salades, il voulut s'enfuir vers la barrière du jardin.
« Oh zut ! Papa va le manquer ! dit Denis tout excité. Regardez, il a évité papa, il traverse la pelouse en courant, il va réussir à se sauver ! »
Mais non !En traversant la pelouse, il ne vit pas
la ficelle de Trottinette... Son pied se prit dedans, et patatras le voilà qui tombe la tête la première. Avant qu'il ait le temps de se relever, M. Pelletier l'attrape par les épaules et le secoue un bon coup !
« Si tu aimes tant mes laitues, lui dit M. Pelletier, l'air sévère, viens donc m'aider à les arroser et je t'en donnerai volontiers ! »
Ce matin-là au petit déjeuner, M. Pelletier annonça qu'il n'avait
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plus l'intention de conduire Trottinette chez M. Brun.
« Votre tortue n'a rien volé, après tout ! dit-il
- Et c'est même Trottinette qui a coincé le chapardeur î précisa Juliette en riant.
- Parce que toi, papa, j'ai bien cru que tu le laissais filer ! dit Denis. Nous avons tout vu !
- C'est bien vrai, dit leur père. Bravo, Trottinette, tu nous as été très utile ; sans toi, le reste de mes laitues disparaissait !»
Voilà pourquoi la vieille Trottinette vit toujours chez Patricia, Juliette et Denis. Elle est devenue énorme maintenant et son dos brille comme jamais !
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CHAPITRE III
Pauvre toupie muette...
DANS le coffre à jouets des enfants, il y avait une très grosse toupie. Patricia, Juliette et Denis ne s'amusaient plus jamais à la faire tourner ; ils se trouvaient trop grands pour jouer avec leur vieille toupie... Ils ne savaient pas que tous les
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autres jouets l'aimaient beaucoup cette toupie, parce qu'en tournant très vite elle chantait Les jouets disaient qu'elle bourdonnait comme un essaim d'abeilles 1
Et c'était une toupie très gentille» elle permettait aux petites poupées de s'asseoir sur elle quand elle tournait et de se retenir à sa poignée. Quelle chevauchée extraordinaire pour Hélène» Julie, Sophie, et pour le petit marin et son compagnon le petit noir.
Mais un jour, la toupie ne chanta plus. Elle tourna, tourna comme d'habitude, mais on n'entendit pas le moindre bourdonnement Que s'était-il passé ? Les jouets se le demandaient et s'inquiétaient
« Je parie que c'est la faute de la
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grosse poupée Hélène qui s'est assise sur la toupie hier, elle voulait toujours continuer à tourner ! Elle a dû abîmer sa musique ! Quel dommage... » dit Kako, le petit noir.
La toupie aussi était triste. A quoi cela sert en effet d'être une belle toupie bourdonnante, si vous ne pouvez même plus bourdonner ?
Elle pleurait dans son coin et ne voulait même plus tourner pour amuser les petites poupées ou les animaux de l’Arche de Noé.
« Bon, il faut que nous t'aidions à retrouver ta musique ! » décida Martin le petit marin.
Chacun des jouets essaya à son tour de réparer la toupie. Ils tirèrent sur sa poignée, firent briller ses
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flancs argentés, collèrent l'oreille aux trous par où sortait la musique, soufflèrent dedans. En vain..» Aucun son ne venait plus de la belle toupie bourdonnante !
« J'ai une idée, dit Martin à la toupie. Nous allons nous adresser aux abeilles. Nous leur demanderons de te donner de quoi bourdonner. Nous irons dès ce soir ! »
Quand la nuit tomba, Kako le petit noir et Martin le marin descendirent dans le jardin en s'accrochant aux branches du pommier qui poussait le long de la fenêtre de la chambre à jouets. Puis ils se dirigèrent vers la ruche.
Les abeilles étaient toutes rentrées, elles dormaient. On n'entendait pas le moindre bourdonnement.
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Kako frappa contre la ruche.«Bzzzz !» fît l’abeille à moitié
endormie qui gardait l'entrée. Elle sortit la tête et dit : « Qu'est-ce que vous voulez ?
- Auriez-vous, s'il vous plaît, un bon bourdonnement à passer à notre toupie? demanda poliment le petit noir.
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- Bzzzz ! Que nous donnerez-vous en échange ? demanda l'abeille?
- Ça dépend de ce que vous désirez, dit Martin le petit marin.
— Rien de spécial, répondit l'abeille, mais il y a quelque chose que nous ne désirons pas du tout…
- Peut-on savoir ce que c'est? coupa le marin perplexe.
- Bzzzz ! Nous ne désirons pas que la mésange bleue vienne nous happer à l'entrée et à la sortie de notre ruche, voilà ! dit l'abeille. Elle vient nous guetter jusqu'ici ! Allez lui demander de ne pas le faire. Si elle promet de nous laisser en paix, nous vous, donnerons un bon « Bzzzz ! » pour votre toupie. »
Aussitôt Kako et Martin filèrent
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chez la mésange bleue. Ils grimpèrent en haut du poirier où elle dormait au fond de son trou creusé dans l’écorce. La mésange siffla et leur demanda ce qu'ils voulaient
« Ta promesse de ne plus avaler les abeilles à l'entrée ou à la sortie de leur ruche ! répondit Kako le petit noir. Nous avons besoin d'un nouveau bourdonnement pour notre toupie ; les abeilles nous en ont promis un si tu cesses de les dévorer !
- Si je promets, que me donnerez-vous? s'inquiéta la mésange en bâillant. Il me faudrait autre chose à manger !
- D'accord ! répondit Martin. Qu'est-ce que tu aimes en dehors des abeilles ?
- J'adore les noisettes ! dit la mésange
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bleue. Mais personne n'en a mis de côté pour moi cette année.
- Nous allons en demander pour toi à l'écureuil ! » dirent les deux jouets.
Vite, ils descendirent du poirier et allèrent à la recherche de Vif, l'écureuil. Martin et Kako savaient exactement dans quel arbre on pouvait le trouver. Ils allèrent jusqu'au chêne creux et y grimpèrent
L'écureuil dormait profondément. Il fut stupéfait de les voir.
« Des noisettes ? dit-il. Drôle d'idée de venir m'en demander à cette heure de la nuit ! Vous êtes cinglés ! C'est pour quoi faire ?
- C'est pour la mésange, expliqua Martin. Écoute bien : si nous lui apportons quelques noisettes, elle
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nous a promis de ne plus attraper les abeilles à la sortie de leur ruche... et alors, les abeilles nous donneront un « Bzzzz ! » pour la grosse toupie des enfants que nous aimons tant !
- Bon, je vais aller vous en chercher quelques-unes puisque vous en voulez ! dit l'écureuil en s'étirant
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Mais vous m'obligez à me lever ; il faut faire quelque chose pour me remercier !
- Que désires-tu ?- Écoutez : je cache mes noisettes un
peu partout avant l'hiver et ensuite je m'endors. Figurez-vous que quand je me réveille par beau temps, impossible de me rappeler où je les ai cachées... rien à faire ! Alors voilà, si vous pouviez noter sur un carnet toutes mes cachettes et me les indiquer à mon réveil, ce serait formidable! Si vous acceptez, je vous donne toutes les noisettes que vous voulez pour la mésange. Je vais même vous les décortiquer parce que je sais que la mésange ne peut pas le faire avec son petit bec de rien du tout !
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— Oh merci ! » dirent Kako et Martin, ravis. Le petit marin mit la main dans sa poche et en sortit un calepin et un crayon minuscules. Il était très fier de les posséder mais ne s'en servait jamais. Il ouvrit le carnet, lécha le crayon.
« Bon, j'y suis ! dit-il à l'écureuil. Dis-moi ce que je dois écrire.
- Il y a des noisettes cachées dans un creux sous les racines de cet arbre, dit l'écureuil qui réfléchissait Tu as noté ? Il y en a d'autres dans le fossé près de la vieille botte. J'en ai mis en réserve derrière l'épais buisson de houx qui pousse contre le vieux mur. Le reste, je l'ai ici, dans mon nid. C'est tout ! »
Martin avait noté toutes les cachettes de sa petite écriture nette et claire.
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Ensuite, il referma le carnet et le mit dans sa poche.
« Viens frapper à la fenêtre de la chambre à jouets chaque fois que le beau temps te réveillera, dit-il. Je t'indiquerai où se trouvent toutes tes cachettes. Tu pourras manger des noisettes chaque fois que tu en auras envie.
- Merci ! » dit l'écureuil. Il chercha à tâtons dans son nid et en sortit quatre magnifiques noisettes. Il les rongea un peu avec ses petites dents solides, de manière à laisser apparaître le fruit, puis il donna les coques entamées à Martin.
« Voilà ! dit-il. La mésange pourra les attraper facilement.
- Merci ! » dirent Kako et Martin reconnaissants.
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Ils allèrent tout droit voir la mésange dans son arbre. Celle-ci fut enchantée des noisettes et les piqua l’une après l'autre à coups de bec.
« Tu nous donnes ta promesse de ne plus gober d'abeilles ? » demanda le négrillon.
La tête bleue de la mésange fît un signe affirmatif.
« Promis ! » dit-elle.Aussitôt les jouets se dirigèrent vers la
ruche pour annoncer la bonne nouvelle aux abeilles. Plusieurs étaient postées à l'entrée de la ruche pour attendre les jouets. Elles furent ravies d'apprendre que la mésange ne viendrait plus les surprendre à l'entrée ni à la sortie de la ruche.
« Bzzzz ! firent-elles. C'est magnifique ! Maintenant, vous, les jouets,
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prenez une pincée de cette poudre jaune. Vous en mettrez dans les trous qui ornent les flancs de la toupie. Faites-la tourner immédiatement après et vous verrez qu'elle bourdonnera aussi fort qu'un essaim d'abeilles !»
Les jouets remercièrent les abeilles et partirent en courant Ils grimpèrent
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sur le pommier dont les branches montaient jusqu'à la fenêtre de leur chambre et se laissèrent tomber sur le sol. Puis ils se dirigèrent vers la toupie et lui mirent de la poudre jaune comme l'avaient indiqué les abeilles.
Alors, dans une grande agitation, car tous les jouets étaient sortis du coffre et de l'armoire pour voir cela, Kako le petit noir fit tourner la toupie encore et encore...
« Bzzzzzzzz ! » bourdonna la toupie, si fort que Kako eut peur qu'elle n'ait réveillé toute la maison et surtout Juliette, Patricia et Denis qui, pas plus que leurs parents, ne se doutaient de ce qui se passait dans la chambre à jouets.
Kako s'empressa d'arrêter la toupie-
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et tous les jouets ravis éclatèrent de rire, ce qui fit encore un peu trop de bruit mais ne réveilla personne. « Notre toupie a un magnifique « Bzzzz ! », bien meilleur qu'avant ! Quelle chance ! Elle ne restera plus à pleurer dans un coin. Regardez comme elle est contente ! » s'écrièrent le petit marin Martin et Kako le négrillon qui s'étaient donné beaucoup de mal.
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CHAPITRE IV
L'aventure de Trompillon
TROMPILLON était un petit cochon d'Inde bien dodu, tout à fait apprivoisé. Il vivait dans sa petite maison au fond du jardin. Patricia, Juliette et Denis n'oubliaient jamais de lui apporter de bonnes choses à manger. Trompillon avait une litière confortable pour dormir rien ne
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lui manquait. C'était un cochon d'Inde comblé...
Du moins, jusqu'à cette nuit où lui prit l'envie d'aller faire un tour dehors. A peine sorti, il rencontra Vif l'écureuil qui faisait le fou au clair de lune.
« Salut, toi ! lança Vif, très surpris. Je n'ai encore jamais rencontré quelqu'un comme toi I Quel genre d'animal es-tu ?
- Heu... C'est que... je ne sais pas exactement qui je suis, répondit le cochon d'Inde. On m'appelle Trompillon !
- Trompillon ! s'étonna Vif. Jamais je n'ai entendu parler de trompillon, jamais ! Alors tu es un trompillon ? »
L'écureuil fît quelques bonds autour du
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cochon d'Inde et éclata de rire.« Tu es sorti en oubliant ta queue!
dit-il. Où l'as-tu laissée ?- Ma queue ! s'étonna Trompillon. Par
mes moustaches î Je ne l'aurais pas sur moi?
- Non, dit Vif. Qu'en as-tu fait ? Tu l'as perdue ou quoi ?
- Il faut croire que oui, regretta Trompillon, tout triste, en regardant le magnifique panache de l'écureuil.
- Allons demander aux autres s'ils l'ont vue ! proposa Vif en entraînant Trompillon par la patte.
- Tiens ! Voilà Mme Couac, dit-il. Demandons-le-lui ! »
Ils allèrent à la rencontre de la grosse mère cane, très occupée à
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fouiller dans la mare à la recherche d'un ver bien gras.
En voyant approcher Trompillon, elle eut l'air stupéfait car elle n'avait encore jamais rencontré pareil petit animal.
« C'est un trompillon qui a perdu sa queue, dit Vif. Regarde I »
Mme Couac regarda.
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« Oh ! là, là ! dit-elle. Il a perdu sa queue, le pauvre ! »
Elle secoua les plumes de sa queue pour vérifier qu'elles étaient bien à leur place et Trompillon rêva d'en avoir une comme celle-là.
« Je n'ai vu traîner aucune queue de trompillon, dit-elle. Mais le chien Friquet en a peut-être vu, lui. Il n'est pas loin d'ici, occupé à chasser le rat ! »
Aussitôt, Vif, Trompillon et Mme Couac s'en allèrent ensemble à la recherche de Friquet. Le chien chassait en effet le rat, la tête au fond d'un trou. Friquet avait une belle queue touffue qui s'agita quand les autres l'interrogèrent. Trompillon en aurait bien voulu une pareille !
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« Salut ! Salut ! dit Friquet en sortant sa tête du trou pour voir qui venait. Qu'est-ce qui se passe ? Quelle est cette créature bizarre ?
- Un trompillon ! répondirent ensemble Mme Couac et Vif. C'est vrai qu'il est curieux ! Et il n'a pas de queue - regarde ! Ça se pourrait bien qu'il Tait perdue... Nous nous demandions si tu ne l'avais pas vue.
- Non ! dit Friquet vivement. Mais j'ai trouvé une vieille queue de rat, il peut la prendre si elle lui plaît !
» Non, merci ! s'écria Trompillon. Pas du tout mon genre ! J'en veux une comme celle de Vif, ou comme celle de Mme Couac, où encore pareille à la tienne, Friquet !
- Eh bien ! dit Friquet, si tu es si
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difficile, je ne pourrai pas t'aider. D'ailleurs, pourquoi aurais-je vu celle que tu as perdue ?
- Ne te fâche pas, Friquet, dit Vif. Toi qui es un chien intelligent, essaye plutôt de te concentrer pour trouver un moyen de récupérer la queue de ce trompillon. »
Friquet réfléchit un moment au problème, puis il aboya et dît :
« J'ai trouvé ! Il y a le puits magique. Si nous pouvons entraîner la vieille fée Trouvetout jusqu'au puits, elle fera réapparaître la queue du trompillon. »
Ils allèrent aussitôt consulter la vieille fée. Elle tricotait au coin du feu et fut bien étonnée de trouver Trompillon, Vif, Mme Couac et Friquet à sa porte.
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« A vos souhaits ! s'écria-t-elle. Qu'est-ce que c'est que cette troupe ? Pourquoi venez-vous me voir en pleine nuit ?
- Oh ! S'il vous plaît, madame la fée ! supplia Vif. Nous voudrions que vous veniez avec nous au puits magique et que vous fassiez .revenir la queue, que ce pauvre trompillon a perdue ! Il l'a égarée en sortant cette nuit et il est tellement malheureux sans elle !
- Jamais entendu parler d'un trompillon jusqu'ici ! marmonna la fée en regardant le petit cochon d'Inde derrière ses lunettes. Drôle de petit rien du tout ! D'accord, je viens î Mais tous les quatre, n'oubliez pas ceci : il me faudra un œuf de Mme Couac, une poignée de noisettes
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de Vif, et toi, Friquet, tu seras bien gentil de me garder la maison pendant une semaine ! Quant à toi, petit trompillon de machin, j'ignore si tu ponds des œufs ou autre chose, mais quand tu auras récupéré ta queue grâce à moi, il faudra que tu me rendes service d'une manière ou d'une autre! »
Sur ce, tous se dirigèrent vers le vieux puits magique au fond du jardin de la fée Trouvetout. Elle ramassa une pierre verte et brillante et la laissa tomber au fond du puits en disant d'une voix douce :
« Puits ! Puits magique ! m'entends-tu? Ramène-moi la queue de ce petit trompillon qui l'a perdue ! »
Elle fît descendre le seau et doucement le remonta. Elle mit sa main
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dans l'eau du seau pour prendre la queue qu'elle croyait y trouver.
« Comme c'est étrange ! dit-elle. Le seau ne me l'a pas ramenée... C'est la première fois que le puits magique n'exauce pas mon souhait. ! Il faut que je fasse descendre le seau de nouveau ! »
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II alla jusqu'au fond et remonta encore - mais sans queue !
La fée Trouvetout grommela quelque chose puis elle retourna chez elle, triste et préoccupée. Les quatre animaux la suivaient épouvantés. La vieille fée s'assit sur sa chaise, les sourcils froncés.
« Je n'y comprends rien, dit-elle. Pourquoi n'a-t-il pas réalisé mon souhait ?»
Elle se leva et alla vers la porte. Elle cria très fort :
« Escarbille ! Escarbille ! Escarbille ! »Un énorme chat noir aux yeux Verts
étincelants bondit dans la pièce. Il fut surpris de voir les quatre visiteurs de sa maîtresse et cracha Bans façon à la tête du chien.
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« Escarbille ! dit la vieille fée. J'ai fait le vœu que revienne la queue de ce petit trompillon qui Ta perdue ce soir, et elle n'est pas revenue !
- C'est qu'il ne l'a pas perdue ! dit le chat.
- Mais si ! il l’a perdue ! crièrent Mme Couac, Friquet et Vif. Puisqu’il ne l'a plus sur lui !
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- Montre-moi ça ! » dit le chat. Trompillon dut s'avancer et se tourner doucement pour montrer son postérieur.
Aucun doute, il n'avait pas de queue...Escarbille regarda de plus près, puis il
éclata de rire en montrant toutes ses petites dents blanches et bien aiguisées.
« Qu'est-ce qui te prend ? demandèrent les autres. Ça n'a rien de drôle !
- Idiots J C'est un cochon d'Inde et les cochons d'Inde n'ont jamais eu de queue ! dit le chat. Il n'a pas perdu sa queue puisqu'il n'en a jamais eu ! Ah ! Ah ! la bonne blague !
- « Vous m'aviez dit que c'était un
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trompillon, pas un cochon d'Inde ! cria la fée Trouvetout, mécontente.
- C'est lui qui nous l'avait appris ! répondit Vif.
- Pas du tout, je t'ai répondu qu'on m'appelait Trompillon, c'était vrai ! Les trois enfants de mon jardin m'ont donné ce nom ! » cria le cochon d'Inde épouvanté.
Tous les animaux avaient l'air si méchant, tout à coup, que le pauvre Trompillon n'eut qu'une envie : se sauver !
Il se glissa dehors et fila aussi vite que ses petites pattes le lui permettaient
« Rattrapons-le ! Vite ! » cria Friquet.Et tous se précipitèrent dehors, laissant
la fée sur sa chaise, bien
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Trompillon se cacha sous un buisson
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contente après tout de ne pas avoir utilisé ses pouvoirs magiques pour ces coquins-là !
Trompillon se cacha sous un buisson, Mme Couac, Friquet et Vif passèrent sans le voir. Un peu plus tard, il sortit de sa cachette et rentra en courant à toute vitesse dans sa petite maison. Quelle joie de se retrouver chez soi ! Il claqua la porte en la poussant d'un coup de son petit nez retroussé et se félicita d'être bien à l'abri chez lui.
« Pourquoi aurais-je besoin d'une queue ridicule ? se dit-il. Quand on en a une, il faut toujours penser à l'agiter, ça doit être assommant ! J'ai bien de la chance de ne pas en avoir ! »
Sur ce, il s'endormit et rêva que la
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fée Trouvetout avait volé la queue de Vif, celle de Friquet ainsi que celle de Mme Couac. Elle les avait toutes mises sur son chapeau du dimanche !
Il en riait encore à son réveil, quand Patricia» Juliette et Denis vinrent lui apporter son déjeuner. Quel drôle de petit Trompillon !
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CHAPITRE V
Le voyage de Plume
CE MATIN-LA, Patricia et Juliette n'avaient pas été en classe, elles étaient un peu malades. Leur maman leur avait promis de leur raconter une histoire.
« Une histoire d'abeilles ou de lutins ! réclamaient les deux filles
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- Je vais vous raconter ce qui arriva à Plume, le petit elfe», dit Mme Pelletier. Voici l'histoire :
Un jour, Plume appela une abeille qui volait près de lui.
« Hé, madame l'Abeille, emporte-moi, tu veux bien ?
- Où ? » demanda l'abeille qui vola un peu plus bas.
En bougeant ses ailes elle faisait un vrai courant d'air !
« II faut que j'aille porter ces paquets chez le vieux magicien Superbon, dit l'elfe. C'est très important ; il en a besoin aujourd'hui même, pour fabriquer un sort !
- Qu'y a-t-il dans ces paquets ? demanda l'abeille, en venant tout près de Plume. Ils sont lourds ?
- Non, tout petits et très légers !
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affirma Plume. Retire vite tes antennes de là. Nous ne devons pas voir ce que c'est!
- Bon, je t'emporte ! décida l'abeille. Saute sur mon dos, mais par pitié, cramponne-toi ! La dernière fois que j'ai pris quelqu'un en stop - voyons, qui était-ce ? Ah oui, c'était Biba, la coccinelle, elle a lâché prise. Une hirondelle l'a happée au vol pendant qu'elle tombait, la prenant pour une grosse mouche. Quel choc pour elle... Biba s'en est tirée juste à temps !
- Je saurai bien me cramponner ! » promit Plume qui grimpa sur le dos de l'abeille avec ses bagages.
Mais c'est très difficile de tenir les paquets et de s'accrocher en même temps au dos de l'abeille.
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« Attends ! Attends ! cria Plume, affolé, dès que les ailes de l'abeille se mirent à vrombir. Je ne suis pas prêt ! Je n'arrive pas à me tenir à deux mains à cause des paquets que je porte au magicien Superbon ! »
L'abeille arrêta net le mouvement de ses ailes.
« Mets les paquets dans un sac et porte-le en bandoulière sur ton épaule, dit-elle avec sagesse.
- Impossible ! Je n'ai pas de sac ! gémit le petit elfe. Malheur ! J'ai laissé tomber un de mes paquets. Il va falloir que je descende le chercher.
- Nous n'arriverons jamais à décoller! dit l'abeille impatiente. Mets les paquets dans tes poches, Plume !
- Je n'en ai pas non plus ! dit Plume.
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Et toi, l'abeille ? Tu n'en aurais pas, par hasard ?
- Si, mais elles sont déjà pleines, dit l'abeille.
- Pleines de quoi ? et où sont tes poches ? s'étonna Plume.
- Sur mes jambes, à la hauteur de mes genoux, dit l'abeille. Tu ne savais pas que les abeilles ont des poches à cet endroit-là ? On les appelle les « corbeilles».
- Non, je ne savais pas, dit Plume en observant l'abeille. En effet, je les vois maintenant. Quel drôle d'endroit pour des poches ! Et qu'est-ce que tu emportes ? Elles sont pleines d'un truc jaune !
- Bien sûr ! J'ai ramassé du pollen pour le rapporter à la ruche, expliqua l'abeille. On en fait du pain-de-pollen
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pain-de-pollen ; j'en bourre mes poches. J'allais juste rentrer à la ruche quand tu m'as appelée.
- Dans ce cas, l'abeille, dit le petit elfe, je suppose que tu ne voudras pas vider tes poches pour que je puisse y placer mes paquets...
- Mais si, regarde ! dit l'abeille en se débarrassant de sa provision de pollen. Tu peux y mettre tes paquets maintenant Mais fais vite, je t'en prie ! »
Plume enfonça ses minuscules paquets dans les poches de l'abeille puis se cramponna solidement à son dos. L'abeille s'éleva dans les airs en faisant bourdonner ses ailes.
Elle emporta ainsi le petit elfe jusqu'à la maison du vieux magicien Superbon au milieu de la lande.
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«Attends-moi, je voudrais tant que tu me ramènes ! » cria Plume en disparaissant dans la maison.
Superbon fut enchanté de voir Plume et de recevoir ses paquets de magie pour préparer de nouveaux sorts.
« Comme c'est gentil à toi, Plume, dit-il, d'être venu jusqu'ici. Comment te remercier de ce que tu as fait pour moi ?
- Je n'attends pas de récompense, dit Plume. Mais vous pourriez peut-être en donner une à l'abeille qui m'a porté jusque chez vous avec mon chargement ! Elle m'a permis de déposer mes paquets dans ses corbeilles pour que je puisse me tenir à deux mains pendant mon voyage dans les airs. »
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Le vieux magicien sortit voir l'abeille qui attendait dehors.
« Tu as été gentille d'aider Plume, dit-il à l'abeille. Je te remercie ! Regarde la lande, les bruyères sont en fleurs. Il y a du pollen pour faire un bon miel ! Sers-toi ! Prends-en autant que tu voudras !
- Miel de bruyère ! bourdonna l'abeille joyeusement, le meilleur de tous ! Merci, monsieur le magicien ! »
Et elle s'en alla butiner tout à son aise et ramena à la ruche autant de nectar et de pollen qu'elle pouvait en transporter.
Plume resta avec elle, enchanté de goûter le nectar des fleurs et de profiter d'une nouvelle chevauchée,
«Merci de m'avoir prêté tes
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drôles de poches de genoux ! dit le petit elfe à l'abeille. Avant, je ne savais même pas que tu en avais ! »
Mais Juliette et Patricia le savaient bien, car elles observaient souvent les abeilles qui allaient et venaient des fleurs du jardin à la ruche. Avec Denis, elles les avaient même vues tasser le pollen dans leurs « corbeilles » en frottant leurs pattes postérieures Tune sur l'autre.
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CHAPITRE VI
Les trois méchants farfadets
C'ÉTAIT un jour d'automne très pluvieux, Mme Pelletier ne voulait pas laisser sortir les enfants qui venaient d'être grippés. Bonne occasion pour eux de réclamer une histoire à leur maman !
«Une histoire de sorcière avec de méchants lutins ! demandait
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Denis qui avait envie d'avoir un peu peur.
- Une histoire vraie ! Une histoire vraie ! » suppliaient les deux filles.
Et Mme Pelletier se mit à raconter:Il était une fois trois farfadets appelés
Snip, Snap et Snorum. Ils menaient une vie errante et faisaient n'importe quoi pour gagner un peu d'argent.
Un jour, ils arrivèrent ainsi au château de la sorcière Belzeba, sorcière puissante, capable de vous envoyer les sorts les plus fantastiques...
Elle avait à son service un chat noir aux yeux d'or qui avait un nœud au bout de sa longue queue. Il s'appelait Zigzag. C'était Zigzag qui
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apportait à sa maîtresse tout ce qu'il lui fallait pour préparer ses sortilèges.
Mais un soir où la sorcière lui demandait quelque chose de vraiment bizarre, il secoua la tête et répondit :
« Non, sorcière Belzeba, je ne pourrai pas vous procurer cela I »
La sorcière avait l'intention de fabriquer un maléfice qui rendrait les gens méchants. Elle voulait l'essayer sur les fées, toujours gentilles et si gaies. Oh ! là, là I Ce serait la révolution au Pays des Fées, on ne les a jamais vues se battre et se griffer comme des chattes !
Mais pour préparer ce mauvais sort, Belzeba avait besoin des griffes pointues de douze chats et Zigzag
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n'avait pas l'intention de les lui fournir.« Non, répondait-il chaque fois que la
sorcière renouvelait sa demande. Je n'irai pas vous en chercher, II n'est pas question que je vole leurs armes à mes frères, sœurs ou cousins ! »
Ainsi, quand Snip, Snap, Snorum
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arrivèrent au château, fut-elle enchantée de les voir car elle savait qu'ils feraient n'importe quoi pour gagner quelques sous.
« Y a-t-il un service que nous puissions vous rendre, chère madame Belzeba ? demanda Snip en saluant très bas la sorcière.
- Oui, dit celle-ci. Il me faut absolument les griffes de douze chats. Si vous me les Rapportez, je vous donne à chacun une pièce d'or !
- Comptez sur nous ! Parfait ! Magnifique ! s'écrièrent Snip, Snap et Snorum qui s'élancèrent aussitôt vers le Pays des Fées.
- Une pièce d'or chacun, dit Snip, nous voilà bientôt riches !
- Écoutez-moi, dit Snorum. Je sais où il faut aller. Le Grand Prince
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du Pays des Fées habite près d'ici, il possède des centaines de chats, car il les adore. Allons nous emparer des griffes de douze d'entre eux. Ça ne les fera pas souffrir. Ce sera comme si nous leur coupions les ongles; nous coupons bien les nôtres. Allons-y ! »
Ils se dirigèrent aussitôt vers le magnifique château du Grand Prince du Pays des Fées, situé au sommet d'une colline. Un coup d'œil dans son jardin leur permit de voir une foule de chats ravissants. Certains donnaient, d'autres étaient assis ou se promenaient.
En un rien de temps, Snap passa de l'autre côté du mur et alla verser un philtre endormant dans leur jatte de crème.
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Les chats crurent qu'il avait mis quelque chose de bon dans leur plat et approchèrent. La plupart goûtèrent leur crème... Mais à peine l’avaient-ils léchée, qu'ils tombaient endormis !
Et voilà Snap brandissant ses ciseaux, tandis que Snip et Snorum surveillaient les alentours.
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Au bout de cinq minutes» Snap avait proprement coupé le bout des griffes de douze chats et les avait laissées tomber dans le sac que Snip tenait ouvert.
Snip, Snap» Snorum, leur travail fini, passèrent de nouveau le mur -mais, malheur ! juste au moment où ils descendaient de l'autre côté, une voix sévère retentit :
«Qu'êtes-vous venus faire chez moi ? »C'était le Grand Prince du Pays des
Fées lui-même !Il se rendait à son jardin pour voir ses chats.
« R-r-r-rien 1 bégaya Snap.- Alors qu'emportez-vous dans ce sac ?
demanda le Prince.— R-r-r-rien ! bredouilla Snip.-Montrez ! dit le Prince.
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- N-n-n-non ! » cria Snorum,Et tous trois, prenant leurs jambes à
leur cou, disparurent dans les bois qui entouraient le château.
« Chats ! rattrapez-les ! » ordonna le Prince.
En un instant tous les chats du jardin, même ceux qui donnaient un moment plus tôt, s'élancèrent, bondirent sur le haut du mur, retombèrent de l'autre côté et filèrent à la poursuite des trois méchants farfadets. Le Prince courait aussi.
De temps en temps Snip, Snap, Snorum regardaient derrière eux, terrorisés.
Jamais ils ne pourraient atteindre le château de la sorcière Belzeba à temps, jamais ! Ils couraient aussi vite qu'ils pouvaient Ils s'enfuyaient, s'enfuyaient... et
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bientôt ils se trouvèrent perdus dans les bois. Derrière eux venaient tous les chats et le Prince fou furieux.
«Impossible d'aller plus loin, soupira "Snip en se laissant tomber sous un fourré. Je n'en peux plus ! Je suis fourbu!»
Les autres se-glissèrent à leur tour sous ce buisson. Snip ouvrit le sac, prit toutes les griffes de chat et les lança dans le buisson.
«Poussez, toutes les griffes! Poussez!» ordonna-t-il.
Et les petites griffes arrondies et pointues s'accrochèrent aux tiges et se mirent à grandir.
Déjà le Prince arrivait entouré de ses chats. Il ne fut pas long à découvrir les trois farfadets et à les sortir
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de là. Le Prince ouvrit leur sac ; il était vide !
«Ils ont coupé les griffes de douze d'entre nous ! miaula l'un des chats.
- Où sont leurs griffes ? » demanda le Prince furieux.
Mais les farfadets ne Voulaient pas lui répondre.
Alors le Prince rampa sous le fourré où il avait découvert les farfadets, pensant qu'ils avaient caché les griffes à cet endroit-là. Mais les épines du fourré l'empêchèrent d'y pénétrer. Il comprit ce qui s'était passé. Les griffes avaient été jetées dans le buisson et avaient poussé sur les tiges !
« Sortez du Pays des Fées ! ordonna-t-il aux farfadets épouvantés.
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Et si jamais j'entends parler de vous, j'envoie tous mes chats à vos trousses! Vous saurez à quoi ressemblent leurs griffes quand elles auront repoussé ! 1 Maintenant, filez !»
Les farfadets s'enfuirent en se faufilant comme des lapins entre les arbres. Ils avaient si grand-peur des chats du Prince, qu'ils ne s'arrêtèrent qu'après avoir franchi le mur du Pays des Fées.
Il paraît même que depuis ce temps, ils tournent le dos chaque fois qu'ils aperçoivent un chat.»
Le Prince du Pays des Fées rentra chez lui avec tous ses chats dont les griffes repoussèrent très vite. La sorcière Belzeba n'eut jamais ce qu'elle avait demandé pour confectionner
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le fameux sortilège qui devait rendre les fées très méchantes...
« Et savez-vous ce qu'il advint de ce buisson aux griffes de chat ? demanda Mme Pelletier.
— Il pousse toujours, dirent les trois enfants qui avaient bien écouté l'histoire. Ce sont les ronces 1 Quand nous cueillons des mûres pour faire les confitures, nous nous piquons !
- On dirait de vraies petites griffes de chat ! conclut Denis. C'était une histoire de sorcière avec de méchants farfadets comme je voulais. Merci, maman ! »
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CHAPITRE VII
Denis à l’« heure zéro »
UN JOUR, en rentrant de l'école, Denis laissa ses sœurs prendre le chemin habituel et préféra passer à travers champs. Il n'avait pas fait trois pas qu'il remarqua une magnifique fleur de pissenlit toute en graines. « Qu'elle est belle ! se dit-il. Je
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vais m'amuser à souffler dessus pour savoir l'heure. Quelle heure est-il, fleur de pissenlit ?»
C'était un petit jeu que sa maman lui avait appris : on souffle sur la fleur en comptant, une heure l deux heures ! trois heures !... et ainsi de suite jusqu'à ce que toutes les graines se soient envolées.
Denis alla vite cueillir la fleur de pissenlit, si vite que toutes ses graines légères s'envolèrent avant qu'il ait eu le temps de souffler.
« Heure zéro ! » dit tout haut Denis, étonné et un peu déçu.
Dans la main, il ne lui restait que la tige.
Et c'est alors que tout commença.»Il lui sembla entendre des voix
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venant de l'herbe. Denis baissa la tête. Quelle surprise ! A ses pieds une foule de lutins très agités criaient :
« Hé, jeune homme ! tu as bien dit heure zéro ? Tu as bien dit heure zéro ?
- Oui, répondit Denis stupéfait. C'est la fleur de pissenlit qui me Ta dit : elle ne m'a pas laissé souffler une seule de ses graines!
- Malheur de malheur ! cria le plus grand des lutins. L’heure zéro n'arrive jamais qu'à la lune bleue ! Qu'allons-nous devenir ?
- Quoi ? Que se passe-t-il ? demanda Denis. Pourquoi êtes-vous si inquiets ?
- Tu n'es pas au courant ? crièrent les lutins en chœur.
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Écoute : à l’heure zéro exactement, toutes les sorcières quittent leur pays en chevauchant leur balai. Si elles aperçoivent le moindre farfadet, le plus petit elfe, lutin ou gnome en dehors du Pays des Fées... elles l'attrapent et remportent Oh ! mon Dieu ! Nous sommes perdus, perdus ! »
Denis commençait à avoir peur, lui aussi.
« Est-ce qu'elles emportent aussi les petits garçons ? demanda-t-il.
- Ça se pourrait bien mais ce n'est pas sûr, répondit le plus grand des lutins. Écoutez, j'entends souffler le vent des Sorcières ! »
Denis tendit l'oreille.Oui, le vent venait ; un vent curieux,
étrange, inquiétant, tout chuchotant…
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« Chut ! c'est le vent qui pousse les sorcières sur leurs balais ! dirent les lutins, Petit gars, tu ferais mieux de filer vite à la maison ! »
Mais Denis n'avait pas l'intention d'abandonner les lutins épouvantés. Puisqu'ils avaient peur, Denis devait s'occuper d'eux, les aider.
« Je reste ! dit-il, mais trouvez vite
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un truc pour que je devienne aussi petit que vous, sans quoi les sorcières me verront tout de suite et m'emporteront!
- Rien de plus facile, dit le plus grand des farfadets. Ferme les yeux, bouche-toi les oreilles, concentre-toi et dis tout bas trois fois : Rikiki -Minus - Mini – Pouf ! Tu vas devenir aussi petit que nous. Quand tu voudras reprendre ta taille, tu n'auras qu'à prononcer exactement les mêmes paroles magiques, mais à l'envers ! »
Denis était très pressé d'essayer. Vite ! Il ferma les yeux, se boucha les oreilles et chuchota trois fois :
«Rikiki - Minus - MM –Pouf !»Lorsqu'il ouvrît les yeux, il était
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devenu aussi petit que les farfadets ! Tous l'entourèrent en riant et en bavardant, oubliant leur inquiétude.
« Je suis Petipépin ! dit le plus grand des lutins. Et voici mon ami Abricotin. Voilà Eglantin, Fenouillet, Coquelicot».
- Et moi, je m'appelle Denis ! » dit le garçon devenu tout petit. Il leur serra la main poliment
Mais le vent enflait ; les farfadets se rapprochèrent les uns des autres, inquiets, regardant le ciel.
« Vite ! une cachette ! cria Eglantin. Que quelqu'un trouve un endroit sûr. Les sorcières arrivent, elles vont nous prendre!»
Chacun cherchait où disparaître et c'est Denis qui eut la bonne idée.
« En passant, j'ai remarqué une
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Les farfadets se rapprochèrent les uns des autres
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vieille casserole jetée sous la haie, dit-il. Tâchons de la retrouver et cachons-nous dessous ! Il y aura assez de place pour nous tous. »
Tous les lutins suivirent Denis qui ne fut pas long à découvrir la casserole. Tous ensemble réussirent à la faire basculer sur eux; ils étaient bien cachés ! Par un trou sur le côté ils pouvaient voir ce qui se passait dehors.
« Zut ! j'ai laissé tomber mon mouchoir ! cria tout à coup Abricotin en montrant une petite pochette rouge sur l'herbe un peu plus loin. Il faut que j'aille le chercher !
- N'y va pas ! dit Petipépin. Tu vas te faire prendre ! Les sorcières arrivent maintenant. Écoute le vent souffler !
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- Mais il faut que j'y aille ! cria Abricotin. Si je ne le ramasse pas, les sorcières vont l'apercevoir ; elles descendront voir ce que c'est. Une fois posées, elles sentiront la présence de lutins dans les environs et nous chercheront jusqu'à ce qu'elles nous découvrent sous notre casserole !
- Oh ! là, là ! Oh ! là, là ! gémirent tous les lutins terrorisés.
- Bon, va vite le chercher ! dit Petipépin. Mais dépêche ! »
Abricotin se glissa hors de la cachette ; les autres l'observaient avec inquiétude.
Le vent devenait encore plus puissant, couchant les herbes sur son passage. Denis s'efforça d'écouter ce que disait la bourrasque.
« Les sorcières arrivent !
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Voilà les sorcières ! » gémissait-elle d'une voix de basse qui roulait comme un grondement et envahissait tout.
Denis jeta un coup d'œil par le trou de la casserole pour observer Abricotin. IL vit le lutin se glisser entre les herbes, atteindre enfin le mouchoir, le ramasser et le fourrer; dans sa poche !
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Et alors... tous tes lutins réfugiés sous la casserole virent arriver les premières sorcières ! Ils appelèrent leur ami ; celui-ci leva la tête...
Oui, les sorcières étaient bien là, avec leurs chapeaux pointus et leurs grands manteaux, à califourchon sur leurs longs balais. Elles volaient dans les nuages...
«Vite, Abricotin! Vite! hurlèrent Denis et les lutins. Oh ! pourvu que les sorcières ne le voient pas ! »
Abricotin se tapit derrière un bouton d'or en attendant qu'elles passent, puis s'élança vers la casserole.
« En voilà deux autres ! Attention ! » crièrent les lutins.
C'était vrai : deux autres sorcières étaient en vue, elles volaient encore plus bas que les premières...
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Abricotin se camoufla sous un pied d'ortie et resta immobile jusqu’à ce que les sorcières soient passées.
« Oh, le pauvre ! il va être piqué partout ! » dit Petipépin, désolé.
Après leur passage, le petit lutin surgit de son ortie et atteignit la casserole où il se glissa enfin, sain et sauf ! Tous les lutins l'entourèrent et voulurent frotter ses piqûres d'ortie.
« Ce n'est rien, je suis sauvé ! » répétait Abricotin tout essoufflé.
« Il en arrive des tas ! cria Denis, l'œil collé au trou de la casserole pour surveiller le ciel. Oh î là, là ! Mais c'est incroyable, jamais je n'aurais cru cela possible ! »
C'était une vision impressionnante : le ciel était absolument rempli
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de sorcières volantes ! Certaines avaient leur chat noir installé derrière elles sur leur balai. Les chats se tenaient assis, la queue enroulée autour du manche à balai, comme des singes. C'était vraiment curieux.
«Cela arrive toujours à l’heure zéro ? demanda Denis.
- Toujours ! répondit Petipépin
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solennellement Mais cela ne peut arriver qu'une fois par lune bleue, comme je te l'ai dit. La lune devait être bleue ce mois-ci. Tu l'as remarqué ?
- Heu... non... pas vraiment ! dit Denis. Tu sais, je suis d'habitude dans mon lit quand la lune se lève. Oh ! attention î une des sorcières a laissé tomber son chat noir!»
Tous les lutins se précipitèrent pour regarder par le trou de la casserole.
En effet, l'un des chats avait lâché prise. Il s'était cru trop malin : il avait voulu faire sa toilette habituelle pendant le voyage ! Naturellement, il avait perdu l'équilibre. Il tombait maintenant dans l'espace, tandis que la sorcière piquait derrière
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lui sur son balai, faisant de son mieux pour le rattraper...
Elle réussit tout juste à le saisir avant qu'il ne touche terre, mais son balai cassa net et la sorcière tomba sur l'herbe où elle se mit à rouler sur elle-même, son chat dans les bras.
Denis la vit s'asseoir sur son séant
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et regarder autour d'elle. Voyant son balai brisé, elle gémissait :
« Sarabarata ! Tarabasara ! Il est cassé! cassé ! Plus jamais je ne pourrai rentrer chez moi ! »
Denis était inquiet pour la sorcière. Il était persuadé qu'elle s'était fait mal. Son bon cœur lui commandait d'aller lui demander comment elle se sentait après cette chute vertigineuse. Il voulut se glisser sous la casserole dans l'intention de secourir la sorcière, mais les lutins le retenaient
« N'y va pas ! n'y va pas ! chuchotaient-ils très bas, car la sorcière n'était pas loin. Elle te changerait en scarabée noir !
- Mais pourquoi ? pourquoi ? s'étonna Denis, puisque je vais être
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gentil avec elle. D'ailleurs, elle a Pair sympathique, elle ressemble même un peu à ma grand-mère. Ça ne peut pas être une vilaine sorcière ! »
Il réussit à échapper des mains des lutins et courut jusqu'à la sorcière. Elle était toujours assise sur l'herbe et pleurait à chaudes larmes, serrant son chat dans les bras.
Denis, pas très rassuré, s'arrêta tout près d'elle, et vit son très haut chapeau pointu et remarqua que son grand manteau noir était parsemé de soleils, de lunes et d'étoiles argentées.
La sorcière fut stupéfaite en voyant Denis. Quant au chat, il fît le gros dos et cracha méchamment en voyant ce minuscule petit garçon.
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« Excusez-moi, madame la sorcière, dit Denis poliment. Je vous ai vue tomber sur l'herbe quand votre balai s'est cassé. Vous ne vous êtes pas fait trop mal ?
~ Oh non, je n'ai pas grand-chose, dit la sorcière en levant le bras gauche, seulement une coupure à la main. J'ai dû me blesser sur une pierre en tombant.
- Je vais vous faire un pansement avec mon mouchoir, si vous voulez, proposa Denis. Il est très propre ! »
La sorcière était de plus en plus étonnée. Elle tendit la main et Denis la lui banda avec soin.
« Merci, petit homme ! dit-elle. C'est gentil à toi. Mais quel malheur ! regarde mon pauvre, balai : cassé en deux ! Plus jamais je ne
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pourrai retourner au Pays des Sorcières... »
Denis regarda le balai. Le garçon mit la main dans sa poche pour vérifier qu'il avait bien son canif sur lui. Oui, heureusement !
«Je vais vous tailler un autre manche avec un arbuste de la haie, dit-il. Vous pourrez y adapter la tête du balai et l'utiliser comme avant pour voler !
- Tu es le plus malin et le plus gentil de tous les petits garçons que j'aie jamais rencontrés ! dit la sorcière. Je te remercie beaucoup. Bien trop de gens ont encore peur des sorcières de nos jours ; ils imaginent qu'elles vont les changer en scarabées noirs ou en je ne sais quoi ! Les anciennes sorcières étaient comme
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ça, mais nous, les sorcières d'aujourd'hui, nous sommes des gens très bien et nos sorts ne font plus de mal à personne !
— Alors tant mieux ! Je suis bien content de vous l'entendre dire, madame la sorcière ! » s'écria Denis, souhaitant que tous ses amis lutins cachés sous la casserole aient tout entendu aussi.Le garçon alla jusqu'à la haie couper un bâton pour la sorcière. Celui-ci s'adapta exactement à la tête du balai. Denis jeta au loin les morceaux de balai inutilisables. La sorcière était ravie. Elle récita des paroles magiques sur le nouveau balai afin qu'il puisse voler, puis elle se tourna vers Denis.
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« Tu n'aimerais pas que je t'emmène faire un tour ? demanda-t-elle. C'est très amusant, tu sais. Et je ferai bien attention qu'il ne t'arrive rien !
- Oh oui ! ce serait épatant, magnifique! s'écria Denis enchanté. Mais vous êtes bien sûre que vous n'allez pas m'emmener au Pays des Sorcières ?
- Je t'ai déjà dit que les sorcières modernes ne font plus rien d'horrible ! dit la sorcière. Est-ce que j'ai l’air si vilaine ?
- Oh non ! pas du tout ! s'écria Denis. Je viens faire un tour avec vous. J'en ai tellement envie ! Tant pis si je suis en retard à la maison pour déjeuner; des aventures pareilles, on n'en a pas tous les jours !
Il grimpa sur le balai derrière la
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sorcière qui prit son chat noir sur ses genoux. Juste au moment où ils allaient décoller, on entendit un drôle de bruit de ferraille et la casserole renversée toute proche fut brusquement retournée par les lutins. Ils bondirent dehors en criant tant qu'ils pouvaient :
« Emmenez-nous aussi î Prenez-nous avec vous !»
La sorcière les regardait, l'air étonné. Elle ne s'était pas doutée que des lutins se cachaient si près. Elle éclata de rire en découvrant leur refuge.
« Grimpez sur mon balai î dit-elle. Je vous emmène tous ! »
Attention î avec les lutins, il ne restait plus de quoi glisser un brin d'herbe à bord du manche à balai.
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Ils étaient serrés comme des sardines !La sorcière prononça à haute voix une
série de mots magiques et le balai s'éleva brusquement... Denis se cramponnait. Les lutins, ravis, poussaient des cris de joie et bientôt ils entonnèrent une chanson très gaie, la « Marche des petits lutins ».
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Ce n'était pas très approprié, mais c'était la seule qu'ils connaissaient !
Les sorcières qui sillonnaient le ciel liaient de voir un balai aussi chargé. Denis était enchanté de voler, il se sentait léger, léger... Le vent sifflait dans ses oreilles et poussait ses cheveux en arrière. Comme c'était amusant !
« Préparez-vous à redescendre maintenant ! » annonça la sorcière, et le balai amorça son atterrissage. Il se posa doucement et tous les lutins culbutèrent l'un sur l'autre en riant.
Denis se remit sur pied et remercia beaucoup la sorcière pour cette chevauchée merveilleuse.
« II faut que je rentre maintenant, dit-elle. L’heure zéro est presque terminée» je dois retourner à temps au Pays des Sorcières !
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Au revoir, gentil petit bonhomme, je t'emmènerai sur mon balai à la prochaine heure zéro. Si tu m'attends ici, je t'emporterai jusqu'au Pays des Sorcières et je te ramènerai !»
Sur ce, la sorcière et son chat noir s'envolèrent. Denis restait cloué sur l'herbe à les regarder disparaître. Les lutins agitaient les bras pour la saluer et elle leur répondait.
« Oh là, là ! quelle aventure ! disaient-ils. Jamais plus nous n'aurons peur des sorcières, jamais plus ! Vive les sorcières !
- Je me demande quelle heure il est ? demanda Denis. Qu'est-ce qui vient après l'heure zéro ? Est-ce une heure ?
- Pas du tout ! dit Abricotin,
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l'heure zéro s'en va comme elle vient C'est un temps qui n'existe pas, tu sais !
- L’heure zéro, dit Petipépin, vient juste après midi, niais quand midi est passé, il est une heure ! comme s'il n'y avait pas eu de place pour l'heure zéro entre les deux !»
Quelque part l'horloge d'une église sonna une heure. Denis l'entendit
« Une heure ! Une heure ! » clamèrent les petits lutins. Mais leurs voix diminuaient, diminuaient., « l’heure zéro est terminée, au revoir ! au revoir ! » dirent-ils encore.
Denis les regardait s'effacer comme la brume.
Un moment plus tard, il ne restait
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plus rien d'eux, plus de petits lutins !« Maintenant, il faut que je reprenne ma
taille ! » se dit Denis.Par chance, il se rappelait parfaitement
les paroles magiques. Il fer* ma les yeux et se boucha les oreilles. Il ne fallait pas qu'il se trompe en les récitant à l'envers !
Denis réfléchit très fort et dit tout bas :« Pouf - Mini - Minus - Rikiki!»Quand il osa ouvrir les yeux, Denis vit
tout de suite qu'il avait retrouvé sa taille habituelle. Le garçon rentra à la maison en courant à toute vitesse car il avait peur que sa maman ne soit inquiète, depuis le temps! Denis entra en coup de vent
dans la maison et trouva sa mère occupée à mettre le couvert du déjeuner.
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Au lieu de lui reprocher son retard, elle lui dit :
« Bravo ! tu arrives juste à l'heure ! Je vois que tu es revenu directement de l’école sans traîner. Tes sœurs ne sont pas encore là !
- Mais, maman, dit Denis tout étonné, il s'est passé tant de choses au contraire depuis que j'ai quitté l'école. Je suis terriblement en retard !
- Pas du tout, mon chéri, lui dit sa mère en regardant la pendule. Une heure vient juste de sonner !
- Tu n'as pas eu l'heure zéro, toi aussi, ce matin ? demanda Denis en s'asseyant à table.
- Qu'est-ce que tu racontes !
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lui dit sa mère en riant l’heure zéro, ça n'existe qu'au Pays des Fées, lorsque la lune est bleue, il me semble!»
Denis réfléchissait. C'était peut-être vrai que l’heure zéro faisait partie du monde des fées et non de celui des garçons et des filles...
Alors, il en avait eu de la chance de passer cette heure magique avec les lutins et la sorcière ! A la prochaine heure zéro, il volerait sûrement encore sur un balai de sorcière.
« Pourvu qu'il y ait une autre heure zéro bientôt ! dit-il tout haut.
- En attendant, commence à déjeuner et ne dis pas de bêtises, dit Mme Pelletier en riant. Tiens ! j'entends Patricia et Juliette ouvrir la porte du jardin. »
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Enid Blyton
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