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OUVELLEs OUMANIE SOMMAIRE Actualité Vie internationale Politique Economie Finances Social Société Vie quotidienne Evénements Enseignement, Santé, Religion Sports Insolite, Internet Connaissance et découverte Livres Littérature Sciences Mémoire Portrait Tourisme Echanges Traditions Humour Infos pratiques Coup de coeur Numéro 10 - Mars - Avril 2002 Lettre d’information bimestrielle Les de L a corruption est le phénomène qui menace le plus l'avenir de la Roumanie. Alors que la communauté internationale salue les efforts qu'elle fournit en vue de son redressement et leurs premiers résultats, tout semble pouvoir être remis en question par ce fléau qui ne finit pas de s'étendre et menace de ravaler le pays au rang de ses malheureux voisins orientaux, où la loi de la mafia tient lieu de cadre démocratique. Le danger est si grand que l'ambassadeur américain à Bucarest s'est permis d'intervenir publiquement pour rappeler l'enjeu devant une assemblée de juges… corps considéré comme le plus corrompu du pays. Sans crédibilité dans ce domaine, la Roumanie ne peut espérer rejoindre l'OTAN qui entend ne pas se laisser gangrener par ce genre de pratique. Il en va de même pour l'adhésion à l'UE. Or l'admission dans le monde occidental constitue non seulement le credo de la politique étrangère roumaine, elle conditionne la réforme même de sa société, laquel- le nécessitera beaucoup de sacrifices et donc leur juste répartition, pour parvenir un jour à un niveau équivalent à celui du reste du continent. Chaque jour apporte son lot de nouveaux scandales où sont compromis des per- sonnalités de premier plan, mais aussi des administrations et institutions entières, lais- sant à penser à la population que tout l'édifice est vermoulu. Le discrédit de l'Etat est grand, le citoyen n'a plus confiance en ses dirigeants, sa police, son système de santé, d'éducation… Si on n'était pas en Roumanie, où le fatalisme constitue souvent une forme de réponse politique, la porte serait ouverte à toute forme d'aventure ou de déri- ve, tant l'écœurement est général. Mais la corruption atteint aussi le pays dans son niveau de vie. On estime que les pots de vin grèvent de 10 % les prix des produits fabriqués, le rendant moins compé- titif et décourageant certains investisseurs étrangers alors que le marché est promet- teur.Il est donc apparu urgent au gouvernement de réagir et 2002 a été décrété "année de lutte contre la corruption". Mais quel peut-être le crédit d'une telle campagne quand ceux qui la lancent sont eux-mêmes englués dans des "affaires" ? L'ambassadeur américain n'a pas caché son scepticisme, rejoint dans son senti- ment par la population qui, à 85 %, confie n'espérer aucune amélioration dans ce domaine… Plus de la moitié des Roumains interrogés pensent même que la situation sera pire après ! Autant dire que le pouvoir est au pied du mur. Ce ne sont plus des paroles qui sont attendues… mais des actes. Henri Gillet Corruption : passer des mots aux actes 2 à 5 6 à 9 10 à 12 13 14 et 15 16 à 18 19 et 20 21 22 et 23 24 25 26 et 27 28 et 29 30 à 32 33 34 et 35 36 37 38 39 40

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Page 1:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

40

Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du

pays où l'on se trouve, résumant également dans votre

langue les principaux évènements internationaux et

de chez soi, est un privilège rare. Surtout si ce pays n'est pas

francophone, même s'il est francophile. Le retrouver dans son

hôtel, à bord de l'avion ou dans les principales librairies des

grandes villes, n'est pas seulement d'un grand réconfort quand on

se sent un peu déphasé, c'est aussi une aide précieuse.

"Bucarest Matin" fait partie de cette poignée de journaux, extrêmement réduite, qui

chaque jour maintient la présence de la langue et de l'influence française à travers le monde.

Une gageure que l'on ne retrouve nulle part sur le continent européen et dans aucun autre ex pays de l'Est. Même pas en Pologne,

autre pays traditionnellement ami de la France et disposant de moyens et d'aides supérieurs. Depuis la Suisse, il faut aller jusqu'au

Moyen-Orient, au Caire et à Beyrouth, pour retrouver cette forme "d'exception culturelle".

Le pari d'un quotidien en français en Roumanie remonte à 1995. Radu Bogdan, son propriétaire, misait alors sur l'ouverture de

son pays à l'économie de marché et la place de choix que la France ne manquerait pas d'y occuper, au vu de l’influence qu’elle y

exerce depui bientôt deux siècles.. Il recevait son aide, essentiellement technique, pour le démarrage, fourniture d'ordinateurs, mise

à disposition d'un coopérant afin de veiller au niveau du français.

Au fil des ans, l'intérêt de Paris a faibli. "Bucarest Matin" s'est retrouvé seul

à défendre la présence française dans la sphère médiatique roumaine. Alors que

l'autre quotidien du groupe, "NINE O' CLOCK", destiné aux anglophones, pros-

pérait, augmentait le nombre de ses pages et de ses chroniques, bénéficiant du sou-

tien des annonceurs anglais et américains, "Bucarest-Matin" s'étiolait, pratique-

ment sevré de publicité, bien que la France soit le premier investisseur dans le

pays et que ses plus grosses entreprises y soient présentes, Renault, Carrefour,

Michelin, Lafarge, Alcatel, Accord, la Société générale, France Télécom…

Journaux anglais et italien risquent de rester seuls sur la place

Tirant toujours à 5000-6000 exemplaires, le journal survit aujourd'hui sans moyens, grâce à la synergie (impression, distribu-

tion, abonnement) développée par "NINE O' CLOCK" et "SETTE GIORNI", le nouvel hebdomadaire en italien du groupe, qui

déjà s'autofinance avec la publicité apportée par les investisseurs transalpins.

La rédaction est réduite à deux jeunes femmes, épaulées par quelques étu-

diants, soit un effectif quatre à cinq fois inférieur à celui de son confrère anglais.

Ruxandra et Camelia se battent depuis l'origine pour que la présence française au

quotidien soit assurée sur la place de Bucarest et dans le reste du pays.

L'abattement n'est pas loin parfois quand elles constatent que leurs efforts non

seulement ne sont pas reconnus, mais souvent même ignorés. Comment ne pas se

sentir découragées quand on consacre chaque semaine des colonnes à l'activité

culturelle francophone de la capitale, réservant une place de choix au prestigieux

Institut français… et que celui-ci n'a pas deux francs (0,3 �) par jour à donner

pour abonner sa bibliothèque ? "Ces maudits Français" diraient les Québécois,

devant tant d'ingratitude et de désintérêt … mais à Bucarest, on est plus polis.

Oh, certes le journal aurait besoin de conforter son niveau d'écriture. Mais

comment faire quand on est si peu et écrasés par la tâche… avec un seul dic-

tionnaire de français à disposition.

“Bucarest-Matin” se meurt… comme le français en Roumanie. A petit feu. Mais il faudrait très peu de choses pour le sauver.

Un peu de publicité pour permettre à son directeur d'étoffer la rédaction, l'envoi d'un jeune coopérant-journaliste chargé du bon

usage du français, et l'aide régulière de quelques professionnels amis de la Roumanie. A ce faible prix, la francophonie aurait tou-

jours son irremplaçable vitrine dans un pays où elle compte tant, et la défense de son influence ne se limiterait pas à des mots…

qu'on n'imprimera peut-être même bientôt plus à Bucarest.

Seul quotidien en français du Caire à Zurich

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Religion

Sports

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Connaissance

et découverte

Livres

Littérature

Sciences

Mémoire

Portrait

Tourisme

Echanges

Traditions

Humour

Infos pratiques

Coup de coeur

Numéro 10 - Mars - Avril 2002

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

La corruption est le phénomène qui menace le plus l'avenir de la Roumanie.

Alors que la communauté internationale salue les efforts qu'elle fournit en

vue de son redressement et leurs premiers résultats, tout semble pouvoir

être remis en question par ce fléau qui ne finit pas de s'étendre et menace de ravaler le

pays au rang de ses malheureux voisins orientaux, où la loi de la mafia tient lieu de

cadre démocratique. Le danger est si grand que l'ambassadeur américain à Bucarest

s'est permis d'intervenir publiquement pour rappeler l'enjeu devant une assemblée de

juges… corps considéré comme le plus corrompu du pays. Sans crédibilité dans ce

domaine, la Roumanie ne peut espérer rejoindre l'OTAN qui entend ne pas se laisser

gangrener par ce genre de pratique. Il en va de même pour l'adhésion à l'UE.

Or l'admission dans le monde occidental constitue non seulement le credo de la

politique étrangère roumaine, elle conditionne la réforme même de sa société, laquel-

le nécessitera beaucoup de sacrifices et donc leur juste répartition, pour parvenir un

jour à un niveau équivalent à celui du reste du continent.

Chaque jour apporte son lot de nouveaux scandales où sont compromis des per-

sonnalités de premier plan, mais aussi des administrations et institutions entières, lais-

sant à penser à la population que tout l'édifice est vermoulu. Le discrédit de l'Etat est

grand, le citoyen n'a plus confiance en ses dirigeants, sa police, son système de santé,

d'éducation… Si on n'était pas en Roumanie, où le fatalisme constitue souvent une

forme de réponse politique, la porte serait ouverte à toute forme d'aventure ou de déri-

ve, tant l'écœurement est général.

Mais la corruption atteint aussi le pays dans son niveau de vie. On estime que les

pots de vin grèvent de 10 % les prix des produits fabriqués, le rendant moins compé-

titif et décourageant certains investisseurs étrangers alors que le marché est promet-

teur.Il est donc apparu urgent au gouvernement de réagir et 2002 a été décrété "année

de lutte contre la corruption". Mais quel peut-être le crédit d'une telle campagne

quand ceux qui la lancent sont eux-mêmes englués dans des "affaires" ?

L'ambassadeur américain n'a pas caché son scepticisme, rejoint dans son senti-

ment par la population qui, à 85 %, confie n'espérer aucune amélioration dans ce

domaine… Plus de la moitié des Roumains interrogés pensent même que la situation

sera pire après ! Autant dire que le pouvoir est au pied du mur. Ce ne sont plus des

paroles qui sont attendues… mais des actes.

Henri Gillet

Corruption :

passer des mots aux actes

Bucarest Matin se meurt

dans l'indifférence

de ses amis

2 à 5

6 à 9

10 à 12

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Depuis près de sept ans, chaque jour de la semaine,Camelia et Ruxandra assurent la sortie d’un journal destiné aux francophones et écrit dans leur langue.

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Actualité

Pas de rush vers les frontières… mais sur les p asseport s

Les Roumains ont fêté leur droit à circuler librement

dans l'Esp ace Schengen

Vie internationale

Les NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

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TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

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Les autorités roumaines s'atten-daient à un flot de départs avec lalevée de l'obligation de visasSchengen. Leur décision d'instaurerun minimum de 100 � (650 F) parjour et par personne pour pouvoir quit-ter le pays visait même à découragerun mouvement d' immigration massi-ve. Mais les Roumains n'ont pas étéplus nombreux à quitter le pays quel'année précédente, le flux de sortiesétant même inférieur de 10 % à lanormale les premiers jours de janvier.

Il faudra attendre 90 jours - ladurée légale d'autorisation de séjour àl'étranger - pour connaître le nombrede personnes qui ont profité de cettefacilité pour émigrer. Les autorités ontprévenu qu'elles encourraient dessanctions sévères, allant jusqu'à l'an-nulation de leurs passeports.

En fait, le rush s'est produit là oùon ne l'attendait pas. Les Roumainsse sont précipités pour obtenir lesnouveaux passeports, établis auxnormes de l'UE, bien que l'ancien soittoujours valable. Des queues de 200personnes se sont formées dans lesservices concernés. Ces documents,d'un coût de 30 � (200 F), valablescinq ans et renouvelables, n'ayant pasété fabriqués à temps, plusieursjudets (départements) s'en sont vitetrouvés démunis. Ce fût notamment lecas à Cluj, Focsani, Piatra Neamt,Vaslui, des incidents éclatant. Lesautorités ont assuré que la situationdevrait revenir à la normale dans lestrois mois et ont réservé la priorité auxcas d'urgence : camionneurs, per-sonnes travaillant à l'étranger, où dontun proche y est décédé.

DEVA

CLUJ

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Infos pratiques

CHANGE*( en lei )

Euro 27911

Franc 4254

Franc belge 692

Franc suisse 18879

Dollar 32139

Dollar canadien 20215

Forint hongrois 115

*Au 20 février 2002

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,

pour un an / 6 numéros, port compris

Normal: 100 � TTC / an

Associations et particuliers : 75 � TTC / an

Nom:………………………………………………………………………………

Adresse :………………………………………………………………………….

Code postal :.......................Ville……………………...........................................

Pays :.................................Tel :………………........Fax :…………………….....

E-mail :……………………………………. Cachet, signature :

*Chèque bancaire ou postal joint , uniquement en Euro, à l'ordre de ADICA.

R.I.B : Crédit Lyonnais, agence Saint-Pierre, Nantes 44 000. Code banque:

30 002. Code guichet : 07 437. N° de compte : 00000794 30 H. Clé RIB : 11.

Coupon à retourner à : Les Nouvelles de Roumanie-ADICA

8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France

Les NOUVELLES

de ROUMANIENuméro 10, mars - avril 2002

Adresses utiles

Consulats de Roumanie en France :

Paris : 3, rue de l'Exposition, 75007 Tel:01.47.05.10.46 (de 10h à 12h et 16h à 17h)

Strasbourg : 19, rue du Conseil des Quinze. (Tel 03.88.61.98.96 )

Marseille 157 Bd Michelet ,13009 . (Tel : 04 91 22 17 41)

Office du tourisme de Roumanie: 12, rue des Pyramides, 75002 Paris. Tel :

01.40.20.99.33. Minitel : 36.15 ROUMANIE

Consulat de Roumanie en Belgique : 105, rue Gabrielle, 1180 Bruxelles

Tel:(02).345.26.80

Office du tourisme : 17, Galerie de la Toison d'Or, 1050 Bruxelles Tel / Fax :

02.502.46.42

Consulat de Roumanie en Suisse :79, Kirchenfeldstrasse, Berne Tel : 0 31 352 35 21

ou 22

Office du tourisme :10, Schweizergasse, 8001 Zurich Tel : 01 211 17 30

Consulat s en Roumanie

Consulat de France: 13-15, strada Biserica Amzei, Bucarest. (ouvert le matin). Tel :

(00 40) 1 312 02 17 à 21

Brasov : 148, strada Lunga. (ouvert de 16 h à18 h, du mardi au jeudi, ne délivre pas

de visa). Tel/fax (00 40) 68 47 67 67

Chambre de commerce International française: 142-146, Calea Victoriei, sector 1,

Bucarest. Tel/fax : (00 40) 1 310 33 51

Consulat de Belgique: 32, boulevard Dacia, Bucarest (ouvert le matin). Tel : (00 40)

1 212 3680

Consulat de Suisse:12, strada Pitar Mos, Bucarest (Ouvert de 9h à 17 h)

Tel : (00 40) 1 210 0324

Consulat du Canada : 36, strada Nicolae Iorga Bucarest Tel : (00 40) 1 222-98-45.

(Ouvert de 9 h à 17 h)

Office du tourisme de Roumanie à Bucarest : 7, Boulevard Magheru, Bucarest

(ouvert de 8h à 20h). Tel : (00 40) 1 312 25 98.

Alors qu'au soir du 31 décembre, les Européens fêtaient l'entrée dans l'eu-

ro, les Roumains, eux, célébraient une date tout autant symbolique : la

suppression des visas leur permettant de circuler désormais librement

dans l'Espace Schengen. Un immense feu d'artifice a marqué l'événement dans la capi-

tale, alors que les chaînes de télévision privées PRO TV et PRIMA TV rivalisaient

d'initiatives, conviant des dizaines de milliers de Bucarestois à se rendre Piatia

Revolutiei et dans le parc Izvor pour assister à des concerts publics en plein air, bap-

tisés "Vive la Libération", avec la participation des meilleurs groupes du pays,

"Holograph", "Asia", "Iris", "Voltaj", "Fan Factory"… et, c'était de circonstance,

"Vama Veche" ("Vieille Douane").

Une trentaine de consuls mobilisés dans les aéroports de l'UE

Les politiciens n'étaient pas en reste. Bête noire du gouvernement, le maire de

Bucarest et président du Parti Démocrate, Traïan Basescu, avait organisé un immense

réveillon, au cours duquel, après avoir démoli un mur symbolique séparant la

Roumanie du reste du continent depuis plus de cinquante ans, il faisait tirer au sort

trois couples de danseurs pour qu'ils s'envolent immédiatement vers Vienne et soient

les premiers Roumains à pénétrer librement dans l'UE.

Manque de chance… celui que le pouvoir considère comme son rival le plus dan-

gereux pour les présidentielles de 2004, se faisait doubler sur le fil par le Ministre du

tourisme. A minuit tapante, Dan Mateï Agathon débarquait à l'aéroport de Berlin à la

tête d'une délégation d'une vingtaine de jeunes lauréats des Olympiades (équivalent du

concours général), pour un périple d'une semaine dans les pays Schengen.

Encore plus pressée, une jeune Roumaine n'avait pas voulu attendre le 1er janvier

pour sortir du pays et avait tenté de traverser la frontière la veille, cachée dans le coffre

de la voiture de son fiancé italien. Découverte, elle a été refoulée par les douaniers.

Les autorités roumaines avaient pris leurs précautions pour que leurs ressortis-

sants ne se heurtent pas à l'ignorance des nouvelles dispositions par les polices des

frontières des pays Schengen. Une trentaine de consuls avaient été mobilisés pour leur

apporter assistance et étaient présents dans les grands aéroports internationaux ou aux

points d'entrée dans l'UE les plus importants.

Par ailleurs, ne voulant pas prêter le flanc à la critique, les autorités frontalières se

sont montrées intraitables vis à vis des voyageurs n'étant pas en règle, les refoulant,

comme cela a été le cas d'un autocar avec 43 personnes à bord, dont 9 enfants, la licen-

ce du transporteur n'étant pas valide. Soupçonnés de vouloir passer à l'Ouest, des

Ukrainiens, Moldaves, etc.., au total près de 500 personnes, se sont vus refuser l'en-

trée en Roumanie ou notifier l'interdiction de quitter le territoire roumain.

"N'oubliez pas de dire s'il vous plait"

Dans les jours précédents le 1er janvier, le gouvernement avait multiplié les mises

en garde afin que "les Roumains donnent une bonne image de leur pays". Un docu-

ment, édité par le ministère de l'intérieur, intitulé "Guide de voyage dans l'Espace

Schengen", donnait les conseils les plus divers - estimés déplacés par ceux qui le

recevaient - du genre : "N'oubliez pas de dire s'il vous plait", "Ne jetez pas de mégots

dans les endroit publics" ou "Ne consommez pas de drogue".

Par ailleurs, le ministre rappelait que " tout Roumain se rendant à l'étranger devait

connaître l'adresse et le téléphone de son ambassade, les règles aéroportuaires et doua-

nières, les horaires des moyens de transport, les signes de l'autorité, la façon d'utiliser

les services publics, les coutumes, le modèle culturel, les expressions usuelles et le

langage des gestes des pays qu'ils visitaient.

"Vive la Libération"

Lettre d'information bimestrielle sur

abonnement éditée par ADICA

(Association pour le Développement

International, la Culture et l’Amitié)

association loi 1901

Siège social, rédaction :

8 Chemin de la Sécherie

44 300 Nantes, France

Tel. : 02 40 49 79 94

Fax: 02 40 49 79 49

E-Mail : [email protected]

Directeur de la publication

Henri Gillet

Rédactrice en chef

Dolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :

Ruxandra Radoslavescu, Camelia

Cusnir, Nichita Sîrbu, Ionel

Funeriu, Alain Defline, Bernard

Camboulives,Philippe Gillet,

Francky Blandeau

Autres sources : agences de presse

et presse roumaines, françaises et

francophones, télévisions rou-

maines, sites internet, fonds de

documentation ADICA

Impression : Helio Nantes

12 rue Félix Faure, BP 41 814

44 018, Nantes Cédex 1

Numéro de Commission paritaire:

1102 G 80172

ISSN 1624-4699

Prochain numéro : Mai

VASLUI

PIATRANAEAMT

FOCSANI

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverte

Blagues à la roumaineHumour

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

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TIMISOARA

CLUJARAD

DEVA l

SIBIU

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

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Leçon interprétée

Dans un village, le pope a réuni ses

fidèles pour une veillée afin de leur expli-

quer pourquoi le racisme est un grave

péché. Vasile, n'étant pas sûr d'avoir tout

compris, veut en avoir le cœur net :

- Si mon voisin pousse un Noir dans

la rivière parce qu'il n'y a pas de place

pour deux dans le bateau, c'est du racis-

me?

- Evidemment, s'étrangle le pope.

Vasile, rassuré :

- Ah bon… moi c'était un Hongrois.

Femme unique

Dieu créa la première femme à partir

d'une côte d'Adam et dit à celui-ci :

- Choisis toi une femme.

C'était la première élection de type

stalinien.

Bon sens

Le Bon Dieu distribue qualités et

défauts à ses créatures. Arrive le tour de

Marin, paysan d'Olténie (région brocar-

dée par les autres Roumains pour son soi-

disant faible niveau intellectuel)

- Mon pauvre Marin, tu es le dernier

à passer, je n'ai pas grand chose à te pro-

poser. Tu n'as plus le choix qu'entre la

beauté et la bêtise.

- Ah, ben, vous savez, la beauté

passe…

Choix raisonnable

Ion, au lycée, est pressé de choisir

une langue.

- Hébraïque ! décide-t-il

- Mais pourquoi ? s'étonne son pro-

fesseur.

- Parce que quand j'irai au Paradis, je

pourrai dire ce que je pense au Bon Dieu

- Et si tu vas en Enfer ?

- Le roumain, je le parle déjà…

Largesse

Après la mort d'un député d'origine

hongroise, une quête est faite parmi les

parlementaires pour son enterrement.

Chargé de la collecte, un collègue de

Corneliu Vadim Tudor, se risque timide-

ment auprès de celui-ci, connaissant la

vindicte anti-magyare du leader ultra-

nationaliste.

- Vous ne voulez pas faire un geste ?

- Combien ont donné les autres ?

- Cent mille lei

- Alors, en voici deux cent mille…

Mais vous en enterrez deux.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

223

Actualité

Le trafic de visas s'est déjà reconverti en celui de document s

L'entrée en vigueur du dispositif Schengen s'est tra-

duit par quelques ratés, principalement en Italie et

en Autriche où des Roumains n'ont pas été admis à

pénétrer bien qu'ils aient été en règle, notamment des camion-

neurs, lesquels n'ont pas été exemptés de l'obligation de visas

les premiers jours, en violation des accords passés, les choses

rentrant cependant dans l'ordre rapidement. La situation a été

plus difficile à l'entrée de la Grèce, près de 500 Roumains étant

refoulés, ce qui les a amenés à manifester devant les agences

de voyage à leur retour à Bucarest et à bloquer la circulation

dans une rue de la capitale, en signe de protestation.

Policiers déguisés en touristes

Les autorités avaient été rendues suspicieuses en décou-

vrant un trafic d'entrées illégales dans ce pays pour y travailler

au noir, prenant le relais de celui des visas. Un Grec fournis-

sait tous les documents nécessaires aux voyageurs, au moment

de leur montée dans l'autocar à Bucarest, à savoir un billet

aller-retour, les assurances maladies, une somme de 500 dol-

lars qui lui était restituée ensuite, et la photocopie d'une attes-

tation montrant qu'ils avaient bien retenu un hôtel à Athènes.

Un principe un peu semblable est actuellement utilisé par

les chauffeurs de bus assurant le passage de la frontière entre

la Roumanie et la Hongrie. Ceux-ci se transforment en mini-

banques populaires pour leurs passagers, leur prêtant les 250 �

(1640 F) exigés pour rentrer en Hongrie ou 500 � (3280 �)

pour un pays de l'UE, somme qui leur est restituée après le

contrôle frontalier, moyennant une commission allant de 4 �

(26 F) pour la Hongrie à 50 � (330 F) pour l'UE. L'infraction

de prêt usurier étant difficile à prouver, la police a décidé d'in-

filtrer quelques uns de ses agents parmi ces "touristes", ce qui

lui a permis de déjouer plusieurs tentatives.

250 candidats au départ escroqués

Au poste frontalier de Valea lui Mihaï, au nord d'Oradea,

un passager s'est vendu lui-même, en déclarant que, comme

tous les autres passagers du bus, il avait remis ses 250 � au

chauffeur… lequel n'a pu présenter que des lei ou des forints

hongrois. Tout le monde a été invité à retourner chez soi.

A Timisoara, la colère grondait parmi les 250 personnes

venues de toute la Roumanie et remplies d'espoir qui atten-

daient leur départ pour Milan après avoir signé un contrat de

travail de trois ans en bonne et due forme, approuvé par le gou-

vernement dans le cadre d'un projet aidé par l'UE. Malgré les

325 � (2100 F) qu'elles avaient versés, aucun bus n'est venu les

chercher.

Environ 160 millions de dollars ont été transférés de

Roumanie au bénéfice d'organisations terroristes…

Telle est la conclusion d'un rapport adressé au

Premier ministre, Adrian Nastase, par une commission d'en-

quête mise en place après les attentats du 11 septembre aux

Etats Unis.

Le rapport conclut qu'il n'y a pas de réseau terroriste en

Roumanie, mais met en garde contre plusieurs hommes d'af-

faires d'origines arabes qui ont alimenté des terroristes. Le

principal suspect est l'Egyptien Rachid Osman, qui a transféré

des fonds de 1999 à 2001, via la MISR Roumanian Bank.

Les enquêteurs ont découvert que les fonds sont arrivés en

Egypte, à Alexandrie, sur les comptes de certains hommes

d'affaires proches de groupes islamistes extrémistes ou sus-

pectés de trafic de drogue. Selon le quotidien "Adevarul",

Rachid Osman avait même réussi l'exploit de créer en

Roumanie une société paravent en onze jours, de transférer des

sommes importantes, et de quitter le pays aussitôt. Sont égale-

ment cités un Irakien et un Libanais, qui ont disparu de la cir-

culation. La Roumanie qui s'est engagée dans la coalition anti-

terroriste a promis de combattre toutes les actions liées au ter-

rorisme sur son territoire.

Vie internationale

Transfert de dollars au bénéfice d'organisations terroristes

DEFY (Développement del'Entraide Francophone Yvelinoise)consacre l'essentiel de ses moyens àaider la section française de la biblio-thèque G. Baritiu de Brasov.. DEFYveut également épauler la créationd'une activité ciné-club, avec la pro-jection de films et documentaires enfrançais, et s'efforce de réunir 2300 à3000 � (15-20 000 F) pour l'achatd'un téléviseur grand écran. DEFYveut également acheminer de nou-veaux livres. L'association recherchedonc des "parrains" susceptibles del'aider à boucler son budget transportde livres et des cinéphiles, amateursde vidéo-cassettes, prêts à donnercelles qui ne les intéressent plus, s'ils'agit de films français.

Contact : Arlette Renaud-Boué[email protected] .

Chauffeurs de bus transformés

en banquiers pour passer les frontièreslADJUD

Ne jetez pas vos vidéo-cassettes de films français !

Epreuve de véritéCouvert de flatteries par ses collaborateurs qui lui affirment à longueur de journée

que les Roumains l'adorent, Ceausescu a décidé d'en avoir le cœur net. Il se grime et,

devenu méconnaissable, se rend dans un bistrot où il demande à un client ce qu'il

pense du "conducator".

Le visage de ce dernier se ferme. Il rentre la tête dans les épaules, regarde apeuré

autour de lui puis répond d'une voix inaudible :

- Suivez moi discrètement dans les toilettes.

Une fois dans les lieux, après avoir fermé la porte à double tour et s'être assuré

qu'ils sont seuls, il lui chuchote à l'oreille :

- Vous savez, faut pas croire ce que pensent les autres, moi je vous aime bien.

Le sens de la réplique

De policiers reviennent d'une inspection dans une coopérative agricole où on leur

a fait "cadeau" d'un cochon. Ils s'arrêtent pour prendre un pope qui fait du stop pour

aller à la ville, mais aussi pour s'en moquer, comme cela était courant au temps du

communisme, de la part des représentants du pouvoir.

Dans la voiture, le prêtre demande :

- Qu'est ce que vous allez faire du cochon ?

- On l'emmène passer un examen de théologie.

- S'il ne réussit pas… Vous le gardez dans la police ?

La situation économique s'étant

dégradée, à la suite de l'aggra-

vation de la situation au

Moyen-Orient, le gouvernement israélien

a décidé de renvoyer chez eux les 250

000 ouvriers étrangers que compte le

pays, dont 150 000 travailleurs au noir.

Parmi eux 60 000 Roumains, dont 20 000

sont clandestins et sont en cours d'expul-

sion. Les 40 000 autres, qui ont un contrat

d'une durée maximale de deux ans, seront

obligés de quitter Israël à son terme. Dix

mille départs par mois sont prévus. Outre

les Roumains, la plupart des ouvriers sont

des Thaïlandais ou des Chinois qui tra-

vaillent essentiellement dans le bâtiment.

Leurs patrons redoutent une crise de la

main d'œuvre dans le secteur.

C'est le gouvernement de Yitzhak

Rabin et Shimon Pérès qui avait fait venir

ces travailleurs à partir de 1996 pour rem-

placer les Palestiniens, bloqués dans la

bande de Gaza ou dans les territoires

occupés.

Contrairement aux promesses qui

leur avaient été faites, ces ouvriers étaient

moins bien payés que leurs prédécesseurs

et travaillaient dans des conditions plus

difficiles, notamment sur le plan de la

sécurité dans les chantiers, ne pouvant se

plaindre s'ils étaient en situation illégale,

risquant l'expulsion et la perte des

salaires dus.

Soixante mille Roumains obligés de quitter Israël

La Maison de l'Europe à Paris pro-pose une exposition d'une cinquan-taine de photos sous le thème :"Hommage à la Roumanie : filled'Europe" , du 19 mars au 9 avrilprochain. Ami de ce pays, Jean-YvesDelaune y présente de superbes cli-chés le déclinant sous trois angles :"un vieux pays d'Europe" à la natureintacte et à la ruralité vivante, "lesgens d'Europe", un peuple attachantau génie créateur, "la fille prodigued'Europe", après une aussi longueabsence, le retour.

"Hommage à la Roumanie : fille

d'Europe", du 13 mars au 9 avril,

Maison de l'Europe, 37 rue des Francs

Bourgeois, Paris IVème.

"Hommage à laRoumanie, Filled'Europe" en photos

Page 4:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Cette année, contrairement à 2001 où les deux fêtes

religieuses tombaient le même jour, les

Orthodoxes célébreront Pâques cinq semaines

après les Catholiques, le dimanche

5 mai. Dans de nombreuses mai-

sons, les femmes auront préparé les

traditionnels œufs colorés. La

légende veut que cette pratique soit

inspirée des derniers moments du

Christ. Alors qu'on le crucifiait,

Marie-Madeleine aurait apporté un

panier rempli d'œufs aux soldats

pour qu'ils mettent un terme à leurs

tortures. Des gouttes de sang

seraient tombés sur les oeufs, leur

donnant une teinte rougeâtre. Trois

jours plus tard, lorsque Jésus fût

ressuscité, Marie-Madelaine se rendit chez ses sœurs, distri-

buant à chacune un œuf, s'exclamant "Christ est ressuscité !"

("Hristos a înviat !"), ce à quoi elles répondirent "C'est vrai

qu'il est ressuscité !" ("Adevarat c-a inviat !").

Ce sont ces formules que reprennent aujourd'hui les

fidèles, en se saluant après la messe de la résurrection, le

dimanche matin de Pâques. Alors seulement commencent les

festivités, avec l'échange des œufs qu'on entrechoque, pour se

revoir dans l' "Au-delà", avant de les consommer.

Une tâche strictement réservée aux femmes

La tâche de colorer les œufs revient strictement aux

femmes. Aujourd'hui, elles se contentent de les plonger dans

des bains de teintures artificielles, un ou deux jours à l'avance.

Mais en Bucovine (Suceava), région où la tradition se

conserve le plus, la décoration atteint des sommets de virtuo-

sité, exigeant un travail minutieux, commencé bien à l'avance,

vers la mi-carême.

Dès cette époque, on peint des œufs "încondeiate", c'est à

dire ornés de motifs le plus souvent géométriques que l'on

retrouve brodés sur les costumes. Points qui serpentent, points

en dents de loup, en queue d'hirondelles, combinés à des asso-

ciations de couleurs extraordinaires, rouge et jaune, vert et

noir, vert et bleu, blanc et bleu, donnent naissance à de véri-

tables œuvres d'art populaire.

Les œufs de cane appréciés

Les dessins les plus compliqués sont exécutés en

Bucovine mais aussi dans le Banat (Timisoara), alors que les

paysans d'Olténie (Craïova) et de Muntenie ( Ploïesti ) utilisent

des motifs plus simples. Les œufs "ferrés", dans lesquels sont

enfoncés un petit fer à cheval, sont spécifiques au Baragan

(Slobozia), ainsi que les œufs "perlés", sur lesquels ont été col-

lées de petites perles en verre qui forment des motifs popu-

laires vivement colorés.

Le choix des oeufs est minutieusement fait. Seuls sont

retenus ceux qui ne sont pas fécondés et parmi eux, les plus

gros, les plus beaux, les plus

propres, avec une coquille brillan-

te. Les oeufs de cane sont particu-

lièrement recherchés pour leur

grosseur.

Après cette sélection, les œufs

sont soigneusement lavés,

bouillis, séchés, et ensuite recou-

verts de cire, laquelle servira à

durcir et à protéger la couleur.

Lorsque celle-ci est bien sèche, on

y trace le premier motif décoratif,

ce qui est difficile, la forme ovale

ne se prêtant guère à cet art. L'œuf

est ensuite plongé dans un bain de couleur. L'opération est

répétée avec une autre couche de cire, un autre motif, une autre

couleur… et ainsi de suite, mais pas dans n'importe quel ordre:

le rouge en premier, puis le vert, le bleu et le noir.

Après trois ou quatre bains, la cire sera enlevée à l'aide

d'un chiffon chauffé qui sera conservé pour embaumer le

panier d'œufs que l'on porte à l'église pour la bénédiction du

dimanche de Pâques… et pour les fumigations contre les maux

de gorge ou les douleurs aux oreilles ! Puis, afin de lui donner

un certain éclat, l'œuf sera frotté avec un peu de graisse ou de

lard, remplacés souvent, maintenant, par de la laque.

Aujourd'hui, le contenu

est retiré à l'aide d'une seringue

Aujourd'hui, les œufs font l'objet d'un commerce artisanal

destiné aux touristes. Vendus encore 3 cents ( 0,2 F) l'unité à

la sortie des monastères, en mai 1990, ils se négociaient à 1,5

� (10 F), l'an passé. Pour résister plus longtemps, ils ne sont

plus bouillis et leur contenu est retiré à l'aide d'une seringue.

Par ailleurs, les motifs traditionnels sont souvent remplacés

par des motifs occidentaux, tels le visage du Christ, la

Crucifixion ou des scènes bibliques. Des œufs en bois ont éga-

lement fait leur apparition.

Selon la coutume, les oeufs sont consommés le dimanche

de Pâques. En Transylvanie, en Bucovine et dans le

Maramures (Baïa Mare), on mange d'abord un œuf blanc,

après avoir donné l'aumône dans le village. Des vertus leur

sont aussi attribués par la médecine populaire. Ils protègent

également les fermes contre les forces du mal, tout au long de

l'année, quand ils sont conservés à l'intérieur, et les moissons

de la grêle, pendant l'été, s'ils sont enfouis dans la terre près

des bornes délimitant les propriétés.

Mais les œufs les plus amoureusement décorés seront

conservés, mis en évidence sur une table du salon ou un buf-

fet, suscitant le regard admiratif et les compliments des invi-

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2237

Connaissance et découverte

En Bucovine, la décoration des œufs atteint des sommet s de virtuositéTraditions

Les NOUVELLES de ROUMANIE

224

Actualité

Alors que la Roumanie commençait tout juste l'année qui devrait lui ouvrir

les portes de l'OTAN, lors du sommet de Prague, à l'automne prochain, un

rapport mystérieux sur son armée, paru sur Internet, met en doute sa capa-

cité opérationnelle. Baptisé "Armagedon", le document, dont l'origine n'a pu être

encore percée par les services secrets du pays, affirme que "l'Armée roumaine est

incapable de riposter en cas d'attaque". Il met en cause la vétusté de l'armement, la

mauvaise qualité des équipements, la médiocrité des cadres. Aux yeux des autorités

militaires, gouvernementales et politiques, il s'agit là d'une manipulation pour torpiller

la candidature du pays, en déconsidérant son armée. Toutefois, celles-ci ont reconnu

que certains éléments étaient véridiques, sans entrer plus dans le détail, attribuant leur

responsabilité à la faible dotation budgétaire de l'Armée.

En écho aux dysfonctionnements cités, le chef de l'Etat-major général, le général

Mihaï Popescu, a indiqué "qu'il s'agissait de cas isolés, des mesures ayant été prises

pour y mettre bon ordre, et qu'en aucune façon ils ne pouvaient caractériser l'en-

semble de l'Armée".

"Une partie de la nourriture disparaît

avant d'arriver dans les assiettes"

Le rapport décrit avec détails l'univers quotidien dans lequel se retrouvent les

simples soldats et appelés qui auraient reçu, en 2001, des brodequins fabriqués en

1985, des uniformes datant de 1992 et des masques à gaz de 1975. L'hygiène et les

conditions de vie de la troupe sont mises en cause. "Mousse à raser, savon, dentifrice,

cirage, font parfois défaut pendant des mois, faute de fonds suffisants. Les soldats sont

obligés de porter des sous-vêtements fournis par l'Armée, qui ne permettent pas la res-

piration du corps. Il n'est pas rare de voir des dortoirs de cent lits dans les centres

d'instruction. Les réfectoires sont souvent insalubres. Si les cuisines sont ravitaillées

normalement, les soldats doivent se contenter fréquemment de haricots blancs et de

pommes de terre, une partie de la nourriture ayant disparu avant d'arriver dans les

assiettes".

"Armagedon" poursuit son réquisitoire : "Les infirmeries n'ont pas assez de per-

sonnel. Les problèmes de santé sont traités superficiellement. Le commandement tient

rarement compte des contre-indications médicales à certains exercices". Les gradés,

souvent formés avant 1989, le renouvellement étant faible, sont jugés comme "ayant

l'esprit borné, ne dépassant pas les limites de la caserne, avec un manque de culture

consternant, leur horizon étant l'alcool qu'ils consomment en grande quantité, même

pendant le service".

"Des appelés considérés comme des esclaves"

Le rapport indique que "Les jeunes appelés sont considérés comme des esclaves,

obligés de nettoyer la voiture des officiers et sous-officiers ou de réparer leurs télévi-

sions. L'obtention des permissions est conditionnée par des cadeaux faits au retour,

colis de nourriture, boissons, voire des prêts d'argent".

Les vexations les plus courantes s'adresseraient aux Magyars ou Tsiganes, "obli-

gés de se partager les corvées les plus rebutantes. Il arrive que des gradés hilares

contraignent les premiers à défiler en chantant des airs patriotiques hostiles à la

Hongrie et les seconds à danser en mimant l'ours ou à entonner des chansons à

boire". Dubitative sur l'objectif du rapport, la presse roumaine, notant que les auteurs

d'"Armagedon" semblent bien renseignés, estime qu'il s'agit de proches de l'Armée ou

plus simplement d'appelés, révoltés par les humiliations qu'ils subissent. Un précédent

du même genre avait concerné la Police, l'an passé. Ecoeurés par le degré de corrup-

tion de leurs supérieurs, des policiers de Constantsa avaient dénoncé leurs agissements

et leur enrichissement, sur un site Internet.

Un mystérieux rapport

accable l'Armée roumaine Vie internationale

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

DEVA

CLUJ

FETESTIl

Pâques a suscité la naissance d'un véritable art populaire

Afghanist an : un contingent roumain sur place

Fin janvier-début février, trois volsd'un avion Hercules ont acheminé lecontingent de 50 soldats roumains etleur matériel, qui sont intégrés à laForce Internationale d'Assistance etde Sécurité (ISAF) en Afghanistan,dirigée par la Grande Bretagne.

Tony Blair en cause

Le Premier ministre britanniqueTony Blair est suspecté d'être interve-nu auprès de son homologue rou-main Adrian Nastase, en juillet der-nier, en faveur du numéro deux del'acier, LNM-Ispat, pour que celui-cireprenne le combinat sidérurgiqueSIDEX de Galati, en cours de privati-sation, rendant ainsi la politesse augroupe anglo-indien qui avait financéla campagne du Parti Travailliste auxdernières élections. LNM avait souffléle contrat au français Usinor quicomptait l'emporter, alors que LionelJospin se trouvait à Bucarest.

Visas brit anniques

La Grande-Bretagne, qui imposedes visas aux Roumains pour péné-trer sur son territoire, pourrait révisersa position après l'analyse desconséquences de l'accès de laRoumanie à l'Espace Schengen.

CHISINAU

l

Page 5:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2236

Connaissance et découverte

EchangesL'association lorraine est présente

dans les Maramures depuis dix ans

Depuis bientôt dix ans, "Gradinitsa" agit dans le département des

Maramures pour prévenir l'abandon d'enfants. L'association lorraine de

Bar le Duc, reconnue d'intérêt général par les autorités françaises, suit

actuellement 200 enfants, vivant à Baia Mare, la préfecture, ou à Sighet, pour éviter

que certains ne soient placés en orphelinat, ou bien sous-nourris et, de plus, privés de

"gradinitsa" (jardin d'enfants ou maternelle).

Son expérience lui a montré que, dans l'immense majorité des cas, c'est l'absence

cruelle de moyens qui pousse les parents à l'abandon. Même s'il faut faire évoluer les

mentalités qui, à travers des réflexes conditionnés sous l'ancien régime, conduisent

des familles à remettre leurs enfants à des institutions d'Etat, ce à quoi l'association

s'emploie par son action et des réunions d'information.

Du pain et de la margarine comme unique repas

A Sighet, 60 % de la population est confrontée au problème du chômage. Des

mères confient qu'elles ne peuvent offrir à leurs enfants que du pain avec de la mar-

garine ou du lard. Les allocations familiales existent, mais sont très faibles.

"Gradinitsa" a entrepris de compenser leur insuffisance en participant financièrement

aux contributions des familles les plus pauvres afin que leurs enfants soient reçus en

crèche ou en maternelle. Pour cela, l'association a mis au point un système simple de

parrainage - un "parrain" étranger aide un "filleul(e)" - qui permet à ses protégés de

bénéficier d'une enfance normale, dans leur famille, et de profiter des apports sociaux

et éducatifs de la maternelle ainsi que d'une nourriture suffisante.

Ainsi le parrainage participe pour moitié à la contribution pour la crèche ou la

maternelle, en internat du lundi au vendredi. La famille paie les 50 % restant. Dans

certains cas de ressources inexistantes, l'enfant est pris en charge jusqu'à 90 ou 100 %.

L'argent est versé directement à l'association partenaire de "Gradinitsa" en Roumanie,

qui remet chaque mois la somme correspondante à l'établissement qui s'occupe de lui.

Le don fait par le parrain est versé intégralement pour les enfants. Les problèmes

de santé, comme les comptes, sont suivis de près. Tous les membres de l'association

sont bénévoles. Les missions de longue durée en Roumanie sont assurées par des

retraités ou des étudiants. Les frais de fonctionnement et de déplacement sont couverts

par les cotisations et les subventions. L'association s'appuie sur les structures roumai-

ne existantes dans le domaine de l'enfance et veille à compléter leurs moyens de

mener à bien leur action.

Près de mille enfants soutenus… et un seul abandon

Depuis sa création, en 1993, "Gradinitsa" a ainsi soutenu près de mille enfants,

les suivant sur plusieurs années chacun. Parmi eux, un seul a été abandonné… en

cachette. Des interventions de psychologues auprès d'éducatrices de centres de place-

ment leur ont permis de persuader des familles de reprendre leurs enfants. Celles ci

sont suivies pour être encouragées dans leur décision.Grâce au soutien des Lorrains et

de leurs "parrains", la crèche à la semaine de Sighet n'a pas fermé. Elle reçoit 60

enfants, dont aucun parent ne peut payer intégralement la contribution. Même avec

l'aide de l'association, c'est encore dur pour beaucoup, mais ils s'accrochent.

"Gradinitsa" ne limite pas son action aux seuls parrainages. Elle mène des for-

mations en Roumanie et en France pour des éducatrices de crèches et des institutrices

de maternelles roumaines, finance des travaux d'amélioration de bâtiments, l'achat de

mobilier, de matériel, apporte une aide pour les voyages de classes, organise des

échanges franco-roumains avec les adolescents.

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

l

l

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVAl

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

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l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

l

Les NOUVELLES de ROUMANIE

225

Actualité

Trente

c i n q

mille

Moldaves dans

les rues de

Chisinau, à la

mi-février, la

troupe prenant

position, flan-

quée d'un char

d'assaut… du jamais vu, depuis les manifestations pour l'indé-

pendance de la Moldavie, ancienne république de l'URSS, en

1989 et 1991. Le pays s'enflamme depuis que le pouvoir com-

muniste, issu des élections de l'an passé, multiplie les provo-

cations à l'égard des Roumains, qui représentent plus de 60 %

de la population.

Début janvier, le président-général Vladimir Voronine,

apparatchik de 60 ans, secrétaire général du Parti communiste

depuis 1993, décrétait l'enseignement obligatoire du russe,

déclenchant les premières manifestations dans les rues de la

capitale, lesquelles se succèdent depuis tous les jours, regrou-

pant des milliers d'étudiants et enseignants vêtus aux couleurs

nationales et arborant des drapeaux de l'Union Européenne,

scandant "Plutôt mort que communiste", "Nous voulons être

dans l'Espace Schengen" et repoussant la russification en

cours. Ce mouvement a été appuyé par le principal parti d'op-

position, le Parti populaire chrétien démocrate, ce qui lui a

valu d'être interdit pendant un mois et menacé de sanctions

plus graves.

Loin de reculer, le pouvoir en place a décidé d'interdire

l'emploi des termes "langue et littérature roumaine" pour

désigner certaines disciplines, se préparant à éliminer des pro-

grammes scolaires les bases de l'enseignement du roumain.

Quelques jours plus tard, il achevait de mettre le feu aux

poudres, faisant sortir un nombre toujours plus important de

manifestants sur la place de la Grande Union Nationale, en

décidant que le manuel "L'histoire des Roumains" serait rem-

placé par "L'histoire de la Moldavie".

Cet ouvrage a été élaboré par Vladimir Taranov, l'un des

promoteurs de la "théorie moldave", largement vulgarisée pen-

dant la période soviétique, laquelle professe que peuples et

langues roumains et moldaves sont différents, ces derniers

"étant slaves", présentant au passage les Russes comme des

libérateurs et protecteurs naturels… et les Roumains comme

des occupants.

Immédiatement, les élèves roumains, majoritaires, annon-

çaient qu'ils n'utiliseraient pas ces livres, quatorze imprimeurs

ou éditeurs refusant de les imprimer, dénonçant des mesures

affectant les relations interethniques normales. En réaction, les

élèves russes, très minoritaires, déclaraient ne plus vouloir des

manuels roumains.

Retour à l'administration de type soviétique

Pour corser le tout, le président Voronine envisageait,

avant d’être contraint d’y renoncer, de convoquer des élections

municipales anticipées, début avril, après l'entrée en vigueur

de la loi marquant le retour à une administration locale de type

soviétique, les citoyens n'élisant plus leurs maires mais des

conseils de villages et de villes qui les désigneront. Le Conseil

de l'Europe, qui avait dépensé 800 000 � (5,2 MF), voici trois

ans, pour aider la Moldavie à se débarrasser de ce type de

structures staliniennes et passer à la départementalisation, a

menacé la Moldavie de sanctions pouvant aller à l'exclusion.

L'enseignement du russe décrété obligatoire, le roumain mis à l'écartVie internationale

Gradinitsa et ses "parrains" prouvent

que l'abandon n'est pas une fatalité

Un simple geste pour accomp agner un enfant

"Gradinitsa" a noté avec un vif inté-rêt, la décision du gouvernement rou-main de mener une intense cam-pagne de prévention des abandons…tout en espérant qu'elle ne se limiterapas à un seul aspect médiatique,mais qu'elle sera accompagnée demesures concrètes, seules vraimentdissuasives, comme l'augmentationsensible des allocations familialespour les familles les plus démunies etleur indexation régulière sur les prix.Elle suggère également que une com-mission permette aux associations etaux structures concernées de donnerune suite à cette campagne.

14 ou 20 � par mois

Les personnes désireuses d'aider"Gradinitsa " peuvent choisir un par-rainage simple (anonyme) ou person-nalisé. Dans ce cas, elles reçoiventune photo de leur filleul(e), des infor-mations, des dessins et, si elles lesouhaitent, peuvent entretenir unerelation avec la famille, aller visiterl'enfant.

Le "parrain" verse une contributionde 14 � (90 F) ou 20 � (130 F) parmois (le versement peut être trimes-triel). Les dons sont également pos-sibles. L'association étant reconnued'intérêt général, on peut déduire deses impôts 50 % du montant annuelde sa contribution grâce au reçu fiscalqu'elle délivre.

"Gradinitsa-RLM", 11 rue des Ducs, 55

000 Bar le Duc, France. T el-fax : (00 33)

03 29 76 11 28 ou 03 29 75 95 69. E-

mail: gradinit [email protected]

Moldavie : les autorités communistes

mettent le feu aux poudres

Le Premier ministre, Adrian

Nastase, et son homologue

hongrois, Viktor Orban, sont

parvenus à un accord sur le problème du

statut des Magyars, voté l'année dernière

par le parlement de Budapest. Cette affai-

re empoisonnait l'atmosphère entre les

deux capitales en introduisant une discri-

mination entre citoyens roumains et en

empiétant sur les compétences de la

Roumanie. La Hongrie avait reçu un dis-

cret rappel à l'ordre des institutions euro-

péennes qui redoutaient de voir encoura-

gées des aspirations nationalistes.

Au terme du mémorandum signé par

les deux chefs de gouvernement, les

citoyens roumains bénéficieront du

même traitement en Hongrie, qu'ils soient

Magyars ou non. Ils pourront ainsi tra-

vailler temporairement dans ce pays, se

faire rembourser leurs dépenses de santé

s'ils y tombent malades.

Magyars de Roumanie et Roumains

de Hongrie pourront également recevoir

une assistance de leur pays d'origine dans

le domaine de la culture et de l'enseigne-

ment. Enfin, la carte attestant de l'origine

Magyare de son titulaire ne sera délivrée

que sur le territoire de la Hongrie, et elle

n'aura aucune valeur en Roumanie. Le

conjoint roumain d'un couple mixte ne

pourra pas en bénéficier.

A la suite de cet accord, plusieurs

partis politiques de Hongrie ont protesté,

notamment les ex communistes qui

déclarent redouter voir leur pays "envahis

par les travailleurs roumains".

Le marché hongrois du travail peut

accueillir 50000 étrangers, la plupart rou-

mains. Selon les autorités, la nouvelle

réglementation, en légalisant le séjour

des Roumains en Hongrie, devrait mettre

un frein au travail au noir.

L'Ukraine et la Slovaquie, qui comp-

tent d'importantes minorités hongroises,

ont demandé à Budapest que le mémo-

randum signé avec la Roumanie soit éga-

lement appliqué chez elles.

l PLOIESTI

Statut des Magyars de Roumanie : Budapest met de l'eau dans son vin

“Ne nous enfoncez pas la langue russe dans lagorge !” ... Depuis début janvier, des dizaines

de milliers de manifestants protestent contre larussification de la République de Moldavie.

SIGHET

SLOBOZIA

l

l

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2235

Connaissance et découverte

A500 mètres d'altitude, Sovata, l'une des stations

roumaines les plus connues, se trouve sur une

montagne de sel… ce qui n'empêche pas cette

ville de 12 000 habitants, proche de Târgu Mures, d'être entou-

rée de vertes forêts de châtaigniers, boulots, hêtres et chênes.

Sept lacs

proches, qui

ont envahi

d'anciens sites

de mines, for-

ment un col-

lier: le lac de

l'Ours (lacu

Ursu), le plus

grand avec une

superficie de

quatre hectares

et aussi le plus

profond, dix-

huit mètres, celui des Serpents (Serpilor), des Merles

(Mierlei), les lacs Vert (Verde), Noir (Negru), Rouge (Rosu), et

des Noisetiers (Alunis).

Leur concentration en chlorure de sodium varie entre 40 et

250 grammes par litre, bien plus que l'océan (35 g) et presque

autant que le Grand Lac salé aux USA ou que la Mer Morte

(280 g). La salinité des eaux change suivant leur profondeur

pour atteindre son maximum au fond. Alimentées par de

petites rivières, des pellicules d'eau douce jouent le rôle d'iso-

lant thermique

et protègent les

strates d'eau

chaude. Les bai-

gneurs, qui fré-

quentent les plages aménagées des lacs Ursu et Alunis, flottant

sans effort sur leurs eaux, peuvent constater par eux-mêmes ce

phénomène héliothermique : en surface, l'eau est à 10-20°, à

un mètre, entre 30 et 40°… à 1,5 m, entre 40 et 60°.

"Pas besoin de l'intervention des hommes…

pour tomber enceinte"

Les boues sapropéliques du lac sont utilisées en empaque-

tage ou en application pour les rhumatismes. Les vertus gyné-

cologiques de ses eaux sont largement reconnues. Leur réputa-

tion est telle que l'on dit que les femmes s'y baignant n'ont pas

besoin de l'intervention des hommes… pour tomber enceinte.

La station dispose de plusieurs hôtels d'une capacité de

mille places, de villas à louer, de cabanes et d'un terrain de

camping, au bord d'une rivière, d'une discothèque, d'un bow-

ling, d'une piscine couverte, d'un cinéma.

Les possibilités d'excursion à pied sont nombreuses dans

la région, empruntant des circuits de 5 à 15 km, demandant de

3 à 6 heures de marche. Le "canyon salé", taillé par endroits

dans des roches de sel par la rivière Corund, se révèle particu-

lièrement spectaculaire à observer l'été quand les reflets du

soleil lui donnent l'apparence d'un glacier. Piques-niques en

forêts, balades à cheval sont également possibles dans les

environs, tout comme une visite au village de Corund où exis-

tent des ateliers de céramique.

Les touristes peuvent partir pour une journée ou deux, en

bus ou en voiture, à la découverte des splendides gorges de

Bicaz, paysage le plus renommé des Carpates orientales, à une

centaine de kilomètres, visiter à proximité les beaux lacs

d'Izvorul Muntelui et Rosu, pousser jusqu'aux monastères

d'Agapia, de Varatec et de Neamt, près de Târgu Neamt.

A Praid, on peut se marier dans une église

œcuménique en sel, à 110 mètres sous terre

A sept kilomètres de Sovata, la mine de sel de Praid,

exploitée depuis les Romains et aujourd'hui reconvertie en

centre de "spéléothérapie", constitue cependant la principale

attraction de la région. Pendant que les curistes y suivent leur

traitement, des séances quotidiennes de quatre heures, enfants

et accompagnateurs partent à sa découverte, les différentes

excavations étant reliées par des couloirs souterrains, et vont

admirer une église œcuménique, construite en sel. Amateurs

d'originalité, de jeunes couples viennent s'y marier religieuse-

ment, à 110 mètres sous terre. Des concerts de musique clas-

sique y sont donnés.

Dans d'immenses salles de dix mètre de haut, longues de

plusieurs dizaines de mètres, aux murs en sel, le visiteur peut

jouer au billard, disputer des parties de tennis de table, boire

un thé, prendre son petit-déjeuner ou se restaurer.

Depuis peu, un concours de sculpture en sel et de peintu-

re est organisé l'été dans un des boyaux de la mine, pendant

une semaine. Située dans une région où vivent de nombreux

Magyars, la station de Praid, outre ses bains d'eau salée et ses

nombreuses possibilités de logement, offre également plu-

sieurs animations, dont des cours pour apprendre à préparer le

fameux "Kürtôs Kalacs", brioche fourrée aux noix et enroulée

autour d'un rouleau à pâtisserie. Les touristes ont également la

possibilité de participer au concours international de "töltött-

kaposzta", qu'ils connaissent certainement davantage sous le

nom roumain de… "sarmale".

Les NOUVELLES de ROUMANIE

226

Actualité

Sorin Ovidiu Vântu était un homme discret voici encore un an. La presse ne

disposait que d'une seule photo de cet homme d'affaires multimillionnaire

en dollars, symbole de la réussite du passage du communisme au capitalis-

me, que l'on ne désigne plus maintenant que sous ses initiales, SOV. Brusquement, à

la suite d'une campagne de presse déclenchée par le journal "Romania Libera", proche

de l'opposition, les projecteurs de l'actualité se sont focalisés sur celui qui est devenu

le Roumain le plus riche, à la tête d'un empire financier comprenant deux banques, des

dizaines d'entreprises, un groupe de presse, des sociétés de valeurs mobilières.

Chacune des révélations du journal, égrenées au jour le jour, a mis en lumière un

peu plus la turpitude des milieux politiques, la corruption généralisée de l'appareil

d'état. Au fil des ans, SOV, ancien repris de justice, condamné sous Ceausescu pour

détournement de fonds alors qu'il n'était qu'un obscur comptable, a tissé autour de lui

une immense toile d'araignée où se trouvent liés par des intérêts communs, gouver-

nants, parlementaires, banquiers, hauts fonctionnaires, services secrets, administra-

tions, institutions, entreprises d’état… Pots de vin, prébendes, complicités, renvois

d'ascenseurs, secrets, chantages, menaces et plus si besoin, font tourner le système.

La confiance des citoyens ruinée

A la manière des poupées russes, dévoilant toujours une autre affaire, cet immen-

se scandale ruine ce qui restait de confiance des citoyens vis à vis de l'Etat, et n'est pas

sans rappeler la célèbre affaire Stavisky qui, en France, a failli mettre à bas le régime

parlementaire en 1934. Tout cela alors que le gouvernement, sur les instances euro-

péennes et internationales vient d'engager une campagne nationale contre la corrup-

tion. Personne n'est épargné. Tout le monde est suspecté. Du Président qui aurait tou-

ché des sommes importantes de SOV pour financer sa dernière campagne électorale,

au Premier ministre, suspecté d'avoir été appointé de 4 à 6000 � (25 à 40 000 F) par

mois pendant des années, et dont un rapport anonyme a révélé la fortune.

L'actuel président du Sénat, Nicolae Vacaroiu, ancien Premier ministre de Ion

Iliescu, est son obligé. Propulsé directeur de la Banque d'Investissement et de

Développement, dont SOV est l'actionnaire majoritaire, il aurait reçu 800 000 � (5,3

MF) pour occuper ses fonctions et émargerait à plus de 11 000 � (70 000 F) par mois.

Trois cents officiers des Services secrets embauchés

Ce brassage d'affaires et d'argent heurte au plus haut point les Roumains, réduits

à leur triste sort quotidien. Surtout par ce qu'il s'opère sur leur dos. SOV se trouve au

centre de la plus grande escroquerie que la Roumanie ait connue : la faillite, voici deux

ans, du Fonds national d'Investissement (FNI), dont il a retiré des dizaines de millions

d'euro. Ce système de financement pyramidal, promettant des rendements exception-

nels, a berné 300 000 petits épargnants, les laissant sans un sou. Les analystes poli-

tiques estiment que le scandale du FNI a contribué à la chute du pouvoir précédent.

Un grain de sable vient cependant de contrarier l'itinéraire de Sorin Ovidiu Vântu.

Fin 2001, la Banque Roumaine d'Escompte qu'il avait cédée à son complice de tou-

jours, Mihaï Iacob, ami d'enfance de sa femme, a été mise sous contrôle de la Banque

Nationale de Roumanie, à la suite de détournements. SOV aurait perdu 10 M� (65

MF) dans cette affaire, et les deux hommes, désormais à couteaux tirés, règlent leurs

comptes par des révélations qui ont entraîné leurs mises en examen.

Mais SOV a de la ressource. Proche de longue date, du chef des services de ren-

seignements roumains qui ont succédé à la Securitate, Radu Timofte, il a embauché

plus de 300 officiers des services secrets ou de sécurité dans ses différentes sociétés.

Politique

SOV : trois initiales ébranlent

tout l'appareil d'Etatn

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DEVA

CLUJ

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Dans les sept lacs de Sovata, l'eau passe

de 10 à 60 degrés en moins de deux mètresTourisme

Dans certaines anciennes mines de sel, des églises ont été aménagées.

Le plus grand scandale de l'histoire de la Roumanie

Fortune et mégalomanie

Quarante sept ans, portant beau,un physique à la Marcello Mastroïani,mais complexé par une forte claudi-cation due à une poliomyélitecontractée pendant son enfance,Sorin Ovidiu Vântu a été marié deuxfois et a deux enfants. Il a fait parlerde lui pour la première fois en 1980,lorsque il fut condamné à 5 ans deprison pour faux et détournementsdans l'entreprise d'Etat où il travaillaitcomme comptable.

Au lendemain de la "Révolution",SOV a ouvert la première "consigna-tie", boutique d'objets et vêtementsd'occasion. Quatre ans plus tard, ilétait à la tête de dizaines de maga-sins.Aujourd'hui, sa fortune lui permetde laisser libre cours à sa mégaloma-nie. Possédant un hôtel dans le deltadu Danube, il se déplace sur le fleu-ve à bord de sa flotte de bateaux,surveillé par des gardes armés, dontune péniche somptueusement amé-nagée en piscine flottante, avecappartement et cabines de luxe, oùl'on voit fréquemment des danseuseset vedettes de la télévision.

S'affirmant de droite, SOV n'enouvre pas moins largement son por-tefeuille à l'actuelle majorité et rêved'un destin présidentiel, envisageantde fonder son propre parti et promet-tant de créer 800 000 emplois.

Les immensessalles souterraines

de Praid, près de Sovata.

Page 7:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2234

Connaissance et découverte

Mines et montagnes de sel, lacs salés, constituent l'une des plus grandes

curiosités de la Roumanie et, par leur étendue, en font un lieu excep-

tionnel en Europe, destiné aux curistes, qui peuvent y apprécier les bien-

faits de la "spéléothérapie" et de ses traitements sous terre, mais aussi aux touristes

qui y découvrent des paysages extérieurs et souterrains fascinants, tout en pratiquant

des activités dans des conditions pittoresques. Pour ne rien gâcher, ces endroits se

trouvent dans une région réputée pour sa beauté, les Carpates orientales.

Ces hauts lieux du tourisme d'autrefois, qui ont contribué à donner à la Roumanie

sa réputation de réservoir de stations thermales du Vieux continent, se répartissent sur

les deux versants de la montagne, en Transylavnie (stations de Sovata, Praid, Ocna

Muresului, Turda, Cojocna, Sic, Ocna Dejului, Ocna Sibiului) et dans la région de

Bacau, en Moldavie (Slanic Moldova, Târgu Ocna, Poiana Sarata, Poiana Uzului),

sans oublier Slanic Prahova, plus au sud.

Pour les plus importantes d'entre elles, ces stations sont ouvertes toute l'année. Le

climat y est qualifié de sub-alpin, l'air y est sec en hiver, avec des températures

moyennes de - 4 ° en janvier, et agréable en été (19 ° en juillet). Les curistes viennent

y soigner ou soulager toutes sortes d'affections : cardio-vasculaires, gynécologiques,

du système nerveux, post-traumatiques, rhumatismales, hépathiques, digestives, uri-

naires, métaboliques, dégénératives, respiratoires, le diabète, l'obésité…

Les eaux de source se révèlent riches en toutes sortes d'éléments recommandés

par les médecins, avec leurs carbonates, bi-carbonates, leurs composants chlorés,

sodés, sulfurés, leurs oligo-éléments. Des qualités qui font comparer, depuis un siècle

et demi, les eaux minérales de cette région à celles de Karlovy-Vary et Vichy, et leur

ont valu de nombreuses médailles d'or dans les concours internationaux.

Un lieu exceptionnel en EuropeTourisme

Les NOUVELLES de ROUMANIE

227

Actualité

Ce n'est plus le

grand amour entre

le Palais Cotroceni,

où réside le Président de la

République, et le Palais

Victoria, siège du gouverne-

ment et du Premier ministre.

Irrité par le comportement

ostentatoire de son poulain qui occupe le devant de la scène et

donne le sentiment de diriger le pays, Ion Iliescu s'est laissé

aller à distiller quelques petites phrases sur la tentation des

hommes aux commandes "à être trop sûrs ou trop contents

d'eux-mêmes, le pouvoir changeant les caractères".

Puis le Président s'est fait plus précis à la suite des réac-

tions jugées disproportionnées de son Premier ministre à

l'égard de la presse et de l'opposition, lorsque le nom de celui-

ci a été cité dans un rapport anonyme concernant le scandale

SOV (Sorin Ovidiu Vântu), aux dimensions nationales. "La

démocratie et la liberté d'expression sont des valeurs que l'on

ne peut pas mettre en cause" s'est exclamé Ion Iliescu qui,

après avoir rendu hommage au travail d'Adrian Nastase, lui a

reproché "une certaine arrogance dans son comportement",

rajoutant que "la vie apprenait à s'en défaire".

Le Premier ministre n'a pas apprécié. Lors d'une réunion

du PSD (Parti Social Démocrate) qu'il préside et qui forme

l'actuelle majorité, il a fait adopter une proposition visant à

modifier la constitution et à transformer la Roumanie en répu-

blique parlementaire, dans l'année à venir pour que cette réfor-

me soit applicable dès après les élections de 2004.

Le président élu par le Parlement, et non plus au suffrage

universel, n'aurait alors qu'un rôle décoratif - "Inaugurer les

chrysanthèmes" selon l'expression du général De Gaulle - le

pouvoir revenant au Premier ministre. Même si cette réforme

ne concerne pas directement le mandat actuel de Ion Iliescu,

qui n'a plus le droit de se représenter, elle n'en affaiblirait pas

moins son rôle si elle venait à être adoptée.

L'énorme majorité des Roumains entend

continuer à élire directement son président

Adrian Nastase a justifié sa proposition en invoquant

l'exemple de la France où président et gouvernement peuvent

être opposés, indiquant également que la perspective d'adhé-

sion à l'UE nécessitait un toilettage de la constitution.

Proche d'Ion Iliescu, son ancien Premier ministre, Nicolae

Vacaroïu, Président du Sénat, a contre-attaqué en demandant

aux parlementaires de "mieux assurer la surveillance et le

contrôle du gouvernement qui abuse de l'urgence des ordon-

nances d'urgence", ce qui laisse à penser que l'actuel pouvoir

est en train de se scinder en deux camps.

Ion Iliescu, lui, n'a pas bronché face à la manœuvre de son

Premier ministre et ancien protégé, indiquant toutefois qu'il

aurait son mot à dire si on voulait changer la constitution… Il

s'en est remis à l'avis de ses compatriotes, lesquels, à plus de

80 % ne veulent pas entendre parler d'un projet qui leur retire-

rait le droit d'élire eux-mêmes leur président.

Adrian Nastase veut confiner Ion Iliescu

à "inaugurer les chrysantèmes"

Politique

Les Bucarestois vont être appe-

lés à élire un nouveau conseil

municipal, sans-doute au mois

de mai. Début janvier, le Premier ministre

a décidé de sa dissolution à la suite d'une

enquête menée par un organisme de

contrôle de l'administration publique.

Celle-ci a révélé que, sur les 55

conseillers de la capitale, 38, soit près de

70 % d'entre eux, disposaient d'intérêts

dans des sociétés ayant passé des contrats

avec les mairies d'arrondissement, por-

tant sur l'asphaltage des rues, l'approvi-

sionnement en fuel, gaz-oil, matériaux de

construction, etc… et émargeaient d'une

façon importante au budget de quelques

400 M� (2,5 milliards de F) de la capita-

le. Cette décision a été prise alors

qu'Adrian Nastase venait de lancer une

campagne nationale contre la corruption,

bien qu'aucune loi sur les conflits d'inté-

rêt n'existe en Roumanie.

Pour se justifier, le Premier ministre

s'est également appuyé sur les dysfonc-

tionnements de la municipalité. Toutes

les mairies d'arrondissement sont dirigées

par des élus de la majorité, laquelle

compte 30 conseillers, alors que le maire

général, Traïan Basescu, appartient à l'op-

position. Ainsi, en 18 mois, 12 décisions

du conseil ont été annulées par la Justice

et 12 autres suspendues, à la suite de

recours. Une quarantaine d'arrêtés du

maire ont été attaqués en contentieux

administratifs, vingt étant annulés.

Par ailleurs, Octav Cozmânca,

Ministre de la Fonction publique, a adres-

sé un dernier avertissement au préfet

chargé de la capitale, pour sa mauvaise

administration, et a démis deux sous pré-

fets pour incompétence.

La dissolution du conseil municipal

ne concerne pas le maire, qui est élu indé-

pendamment. Toutefois, le pouvoir poli-

tique tente par diverses méthodes de le

discréditer, laissant entendre que des irré-

gularités ont été constatées dans sa ges-

tion, évoquant des pots de vin, espérant

ainsi le décrédibiliser et aboutir à sa des-

titution. Sans succès pour l'instant.

Populaire dans sa capitale et dans

tout le pays, ayant bâti sa réputation sur

son franc-parler et son action énergique,

qualités qui font défaut à la classe poli-

tique en général, Traïan Basescu, par

ailleurs président du Parti Démocrate

après avoir évincé Petra Roman, apparaît

comme l'adversaire le plus dangereux

d'Adrian Nastase dans la perspective des

élections présidentielles de 2002.

Près de 70 % des élus municip aux confondaient leurs affaires et celles de la mairie

n

BUCAREST

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TULCEA

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SUCEAVA

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Jugé arrogant p ar son Président, le Premier ministre propose de modifier la constitution

Mines et montagnes de sel

des Carpates orientales

Quand le sel peutdevenir de l'or…

Le Président Ion Iliescu sous leregard de son Premier ministre.

A85 km au sud de Bacau,

Slanic Moldova est appelée

la perle de la Moldavie.

Située dans un paysage enchanteur de

collines et de vertes vallées arrosées par

plusieurs rivières, au pied des Carpates

orientales, la station thermale offre toute

une palette de soins et indications pour

les curistes ainsi que de nombreuses pos-

sibilités de logements.

A quelques kilomètres, les mines de

sel de Târgu Ocna, toujours en activité,

abritent une impressionnante station ther-

male souterraine, la plus importante

d'Europe, que les touristes peuvent égale-

ment visiter. A 200 mètres de profondeur,

répartie sur huit niveaux que l'on atteint

par un couloir de près de deux kilomètres

de long, suffisamment large pour laisser

deux véhicules se croiser, elle abrite

salles de soins avec lits, terrains de sport,

halle de bowling.

Les curistes y viennent pour la quali-

té remarquable de son air dépourvu d'élé-

ments allergisants, à l'humidité et à la

température constante et, surtout, conte-

nant des ions négatifs qui auraient des

effets bénéfiques sur l'asthme, les bron-

chites chroniques, les sinusites.

Efficace à 90% pour

les enfants asthmatiques

Une cure de trois semaines est

recommandée. Les effets ne se font pas

ressentir immédiatement, un contre-choc

étant même parfois enregistré… mais,

une patiente anglaise, fortement asthma-

tique, confiait que, deux mois après, elle

avait pu danser au mariage de sa fille, ce

qui était inimaginable avant. Les amélio-

rations sont particulièrement sensibles,

dans 90 % des cas, pour les enfants

atteints d'affections pulmonaires.

Plusieurs pays, l'Italie, l'Allemagne,

Israël, se proposent d'utiliser leurs res-

sources géologiques pour donner nais-

sance à des stations similaires.

Près de Slanic Moldova, la plus grande st ationthermale souterraine du continent

La station balnéo-climatique deSovata, dans le département duMures, à majorité magyare, a étémalheureusement laissée à l'abandondepuis une dizaine d'années.Pourtant, comme sa voisine de Praid,distante de sept kilomètres, elle enre-gistre une fréquentation de plus enplus forte de curistes et touristes rou-mains mais aussi étrangers, notam-ment hongrois. Deux cent mille per-sonnes y ont séjourné, en 2001.

L'attrait de Sovata, plus grandestation thermale roumaine de l'"Entre-deux-guerres ", ne s'est pas effacémalgré les vicissitudes. Sa réputationd'endroit où l'on guérit remonte à lafin du XVIème siècle et le statut destation à 1850. Les souverains deRoumanie y invitaient fréquemmentleurs cousins, les familles royales deGrèce et de Grande-Bretagne. Sousles communistes, la station a étéoubliée, aucun investissement n'yétant fait jusqu'en 1970, date àlaquelle Ceausescu décidait de larelancer, faisant construire cinqhôtels, attirant des vagues de tou-ristes étrangers jusqu'en 1990.

Depuis, rien n'a été entrepris. Lestour-opérateurs ont résilié leurscontrats. Le FPS (Fonds dePropriétés de l'Etat) a bien tenté devendre quelques villas pour relancerla station, mais les 350 000 � (2,3MF) injectés paraissent dérisoires àcôté des 7,5 M� (50 MF) nécessaires.Des investisseurs se sont présentés,mais un contentieux avec d'anciensexploitants qui subodorent que le selpourrait bien redevenir de l'or, bloquele processus de privatisation et laconstruction d'un hôtel quatre étoiles.

Les Bucarestois appelés à nouveau aux urnes

SLANICMOLDOVA

SLANICPRAHOVA

SOVATA

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2233

Lo r s q u ' o n

évoque le trem-

blement de

terre du 4 mars 1977, un

nom vient tout de suite à

l'esprit des Roumains :

Toma Caragiu. Le grand

acteur compte parmi les

victimes de la catastrophe,

son corps ayant été retrou-

vé dans la cage d'escalier

de son immeuble. Il avait

52 ans et était au fait de la

gloire. Sa disparition a été

un choc pour ses compa-

triotes qui l'adoraient. Vingt cinq ans après, les visiteurs s'arrê-

tent devant sa tombe, au cimetière Bellu de Bucarest, bien que

seulement son nom y soit gravé.

Caragiu était à lui seul un registre vivant des rôles du

répertoire théâtral. Il avait campé plus d'une centaine de per-

sonnages principaux, des plus sérieux, tragiques, comme

Othello, aux plus comiques. Dans ce dernier genre, son appa-

rition sur scène déclenchait les rires avant même qu'il n'ait

ouvert la bouche.

Succès monstre dans une fable

sur la coexistence à la roumaine…

Le comédien devait notamment sa popularité au rôle de

Ianke qu'il interprètera 306 fois devant plus de 100 000 spec-

tateurs, dans la pièce de Victor Ion Popa Take, Ianke, et

Cadâr, une fable toujours d'actualité sur les Roumains, leurs

diversités ethniques, encore jouée à guichets fermés aujour-

d'hui au théâtre "Ion Luca Caragiale" de Bucarest.

Trois voisins, respectivement Roumain, Juif et Turc, com-

merçants dans une même rue, s'entendent comme de bons

vieux amis, malgré toutes les différences, les habitudes, les

accents, la religion, la culture, les séparant, et que la pièce met

savoureusement en scène… Du moins, jusqu'à ce qu'une idyl-

le entre leurs enfants les amènent à se recroqueviller sur leurs

réflexes communautaires. Mais la Roumanie n'est pas Vérone

et les tourtereaux n'auront pas à connaître le sort de Roméo et

Juliette, leurs pères s'avérant même finalement complices…

pourvu que leurs principes soient sauvegardés en public.

Toma Caragiu a joué les plus grands classiques du réper-

toire théâtral roumain, notamment la pièce O scrisoare pier-

duta (Une lettre perdue) de Caragiale où il interprète le rôle

du célèbre Catavencu, un politicien démagogue, s'emmêlant

dans des discours qui font crouler de rire les Roumains et dont

le personnage donnera plus tard son nom à un journal satirique

très prisé, mettant en boite la nomenklatura actuelle, dans le

style du "Canard enchaîné".

Un million et demi de spectateurs se sont

déplacés pour venir le voir jouer sur scène

L'acteur se multipliait, interprétant parfois quatre ou cinq

rôles la même année. De 1965 jusqu'à sa mort, il se produira

1729 fois devant le public du théâtre "Lucia Sturza Bulandra",

du nom d'une grande actrice du début du XXème siècle (1873-

1961), où 800 000 Roumains ont pu le voir jouer un soir sur

deux. Au total, tout au long de sa carrière, un million et demi

de ses compatriotes se seront déplacés pour le voir sur scène.

"Génial", "formidable", "comédien unique", "acteur

total", "difficile à égaler et à dépasser", "plus grand

comique"… sont quelques unes des formules qui reviennent le

plus souvent à son sujet. Capable de passer instantanément du

vaudeville à la tragédie, Toma Caragiu a été consacré par les

Roumains meilleur comédien du pays à la suite d'une enquête

lancée par la revue "Flacara", en 1971.

Les auditeurs ne rataient pas son émission radiophonique

du dimanche "Unda vesela" ("L'onde de gaîté"), où des allu-

sions, tolérées par le pouvoir, sans-doute comme soupape de

sécurité, pouvaient percer. Ainsi, un biologiste détaille-t-il les

caractéristiques du lézard… nom donné aussi aux mauvaises

langues et, par extension, aux mouchards de la Sécuritate.

Toma Caragiu tourna également 40 longs métrages dont le

dramatique Actorul si salbaticii (L'acteur et les sauvages)

mettant en scène la vie du grand acteur Constantin Tanase, aux

prises avec les Gardes de fer, mourant après une tirade, et dont

un théâtre de Bucarest porte aujourd'hui le nom. Dans le film,

le héros interprété par Caragiu s'appelle Caratase…

Connaissance et découverte

Aimé des Roumains, Toma Caragiu

savait faire rire et pleurer

Portrait

Les NOUVELLES de ROUMANIE

228

Actualité

Selon une étude diligentée par le gouvernement, la Roumanie atteindra en

2030 le niveau d'équipement actuel des communes des différents pays de

l'UE, pour les principales commodités offertes aux populations. Le rapport

estime par ailleurs qu'à l'époque la Roumanie ne comptera plus que 20,3 millions d'ha-

bitants, ayant perdu une population de 2,2 millions de personnes, soit l'équivalent de

Bucarest.

Suivant les types d'équipements et les secteurs, urbains ou ruraux, où ils seront

installés ou rénovés, il faudra entre 15 et 28 ans pour se mettre aux normes euro-

péennes. Cet objectif ne sera atteint que si l'Etat lui consacre 1,4 milliards d'� (9 mil-

liards de F) par an, soit au total 25 milliards d'� (165 milliards de F) et 1230 � (8000

F) par habitant, ce qui représente près de six fois les réserves actuelles de la Banque

Nationale de Roumanie. Pour y parvenir, le gouvernement table sur les investisseurs

privés et l'aide des organismes financiers internationaux.

Dans cette projection, la modernisation des transports publics compte pour 2,5

milliards d'� (16 milliards de F), la réfection des routes et rues pour 2 milliards d'� (13

milliards de F), et l'éclairage public pour 250 M� (1,6 milliards de F).

Concernant l'adduction d'eau, la facture se montera à 10,6 milliards d'� (70 mil-

liards de F). En milieu urbain, les pouvoirs publics prévoient qu'il faudra 20 ans, entre

la réhabilitation du réseau, de la distribution, la création de stations d'épuration, avant

que les quelques 12,3 millions de consommateurs des villes de l'époque ne bénéficient

d'une qualité et d'un service équivalents à ceux rencontrés dans l'UE. Il en coûtera 4,6

milliards d'� (30 milliards de F), soit 375 � (2460 F) par habitant.

Le délai passe à 28 ans en milieu rural. L'opération y sera beaucoup plus coûteu-

se pour ses 8 millions d'habitants estimés, atteignant 6 milliards d'� (40 milliards de

F), soit 670 � (4400 F) par habitant. Dans une première phase, devant se terminer en

2017, l'eau sera amenée jusque dans les rues des villages, les habitants se servant avec

des pompes. Les branchements individuels seront effectués par la suite et s'achèveront

en 2030, assurant un débit de 170 litres par habitant et par jour.

Quinze ans pour moderniser le réseau de chauffage

L'autre grand chantier concerne la modernisation du réseau de chauffage, 6,5 mil-

lions d'habitants et 2,3 millions d'appartements. Il devrait être finalisé dans 15 ans,

demandant un investissement de 7,5 milliards d'� ( 50 milliards de F), portant sur les

systèmes de production, de transport et de distribution. Enfin, il reste à installer prati-

quement complètement le système de collecte et de traitement des ordures ménagères,

toujours selon les normes européennes. L'objectif est d'y parvenir en 2017. Le coût

estimé à 1,5 milliards d'� (10 milliards de F) pourrait être légèrement réduit par l'in-

troduction de la collecte sélective, du recyclage et de l'incinération.

Entre 15 et 28 ans pour rattraper le niveau d'équipement des communes de l'UE

Pour la première fois en

Roumanie, la mairie de

Timisoara a mis en place un

procédé informatique permettant de limi-

ter considérablement la bureaucratie.

Jusqu'ici, les personnes qui voulaient

entreprendre des travaux, solliciter une

autorisation, demander un relevé des

lieux, étaient obligées de se présenter

dans sept endroit différents, ce qui pre-

nait des semaines, voire des mois.

Dorénavant, grâce à un système per-

mettant de visualiser tous les réseaux

souterrains de la ville, il suffira au

demandeur de frapper à une seule porte,

un avis unique, assorti d'une seule taxe,

regroupant toutes les autorisations et

informations, lui sera délivré sous quin-

zaine. La mise en place de ce système a

coûté 1,7 M� (11 MF).

Bureaucratie réduite à T imisoara

Politique

n

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lPITESTI

l

Les impôts locaux des habitants dela capitale ont presque doublé en cedébut d'année et les Bucarestois nese précipitent pas pour les payer,contrairement à 2001 où ils avaientbénéficié d'une réduction de 50 %s'ils les acquittaient avant le 15 mars.Cette mesure n'a pas été reconduite,si bien qu’avec l’inflation (+ 30 %),l'augmentation est de + 80 %.L 'imposition pour un appartement dedeux pièces se monte environ à unmillion de lei soit 38 � (250 F) et à 19� (125 F), par pièce supplémentaire.

Les contribuables les plus vernissont ceux de Cluj, la municipalitémajorant la taxe d'habitation de seule-ment 4 %, celle-ci se situant entre 8et 33 � (50 à 220 F), suivant lenombre de pièces. A Timisoara, oùl'augmentation se borne à répercuterle niveau de l'inflation, une réductionde 25 % a été accordée aux loge-ments de moins de 50 m2, censésêtre habités par les habitants les plusdémunis. A Piatra Neamt, les per-sonnes ayant un revenu mensuelinférieur à 1,5 millions de lei, soit 57 �(375 F) sont exonérées à 50 %.

Impôts sur le revenu : les taux

La nouvelle grille d'imposition surles revenus est entrée en applicationen janvier, la déduction de base étantportée à 60 � (400 F). Pour les reve-nus mensuels jusqu'à 75 � (500 F), letaux d'imposition est de 18 %.

- de 75 � à 175 � (1100 F) : 23 %- de 175 � à 275 � (1800 F) : 28 %- de 275 � à 380 � (2500 F) : 34 %- au dessus de 380 � : 40 %.

Impôt s locaux : addition salée pourles Bucarestois

Le grand acteur est la victime la plus célèbre du séisme de 1977

25 ans après sa mort,Toma Caragiu reste un des

comédiens préférés des Roumains.

Comme le footballeur

Gheorghe Hagi, Toma

Caragiu était d'origine arou-

maine, cette communauté roumaine fixée

au sud du Danube, en Macédoine.

L'acteur était né en Grèce en 1925, ses

parents regagnant la Roumanie par étapes

au gré des évènements de l'histoire.

Finalement, la famille se fixa à Ploiesti en

1940. Son père mobilisé, le jeune Toma,

15 ans, aîné des enfants, prit sa place der-

rière le comptoir du café qu'il tenait.

Ploesti devint sa ville d'adoption. Il

en dirigera le théâtre plus tard. Après la

guerre, élève doué, Toma poursuivit ses

études au Conservatoire Royal de

Musique et d'Art Dramatique, menant de

front ses cours et ses premiers pas sur la

scène du Théâtre National. Mais les

temps changèrent et le jeune acteur, tout

en continuant sa formation, participa à la

naissance de la "brigade culturelle" mise

en place par les communistes, à Ploiesti,

qui fût transformée ensuite en "Théâtre

des syndicats unis", allant jouer dans les

usines et découvrant une autre forme

d'apprentissage.

Apprenti acteur dans les usines

L'eau dans tous les foyers en 2030

lBUZAU

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2232

Connaissance et découverte

Ce 4 mars 1977, Liana Lungu se reposait dans une chambre de la maternité

Steaua, près de la gare du Nord, à Bucarest. La chanteuse et comédienne

francophone y était surveillée médicalement à cause d'une grossesse déli-

cate. La nuit était tombée, le dîner avait été servi. Dehors, le froid était intense. Le

médecin, la voyant dévorer son repas avec appétit, s'était exclamé, rieur, "Mais vous

mangez comme si c'était votre dernier repas "…

Cinq minutes plus tard, peu après 21 h, la jeune femme percevait un hululement

angoissant qui s'amplifiait. "Les filles, c'est un tremblement de terre" criait-elle à ses

compagnes de chambre. De son lit, Liana voyait les grandes usines Grivita, un des

plus importants complexes industriels du pays, tanguer, "comme sur des patins à rou-

lettes". Les immeubles dansaient devant sa fenêtre. Le ciel était devenu rouge alors

que la terre se mettait à hurler. Plus tard, un soldat en faction sur la terrasse d'un bâti-

ment, lui confiera qu'un vent très fort s'était levé, vite transformé en tornade, soule-

vant des milliers de tonnes de poussière sur la ville. Il avait dû se cramponner à une

antenne pour ne pas être balayé et, dans son regard rempli d'épouvante, voyait l'hôtel

Intercontinental se balancer comme les branches d'un saule pleureur.

"Plutôt mourir vite"

Dans la maternité, où un accouchement était en train de se dérouler, les plafonds

s'effondraient, la panique s'installait. Des patientes, devenues hystériques, criaient,

courraient dans tous les sens, à la recherche d'aide, gagnant la sortie.

Malheureusement, des autoclaves de stérilisation, couchés à travers le sol, avaient blo-

qué les portes. Affolées, des femmes sautèrent par la fenêtre du premier étage, cer-

taines avec leurs perfusions, se blessant, s'occasionnant des fractures ou provoquant

des fausses couches. L'une, désespérée, cherchait un morceau de verre pour tenter de

se suicider. "Plutôt mourir vite" s'exclamait-elle… Les gens étaient désemparés.

Comment se protéger ? Où se réfugier ? Rien n'avait été dit, ni préparé par les autori-

tés au cours des dernières années, alors qu'elles connaissaient les risques auxquels

Bucarest était exposée.

"Le plus terrible, c'était de n'avoir aucune nouvelle de l'extérieur" se souvient

Liana qui était restée bloquée et ne savait pas si on se préoccupait d'elle et des autres

survivants. Les secours s'organisaient-ils ? Sous les décombres, l'oreille collée à son

transistor, elle entendait le speaker continuer à débiter ses habituels messages sans

mentionner aucunement le séisme. Les programmes continuaient, comme s'il ne s'était

rien passé.

Préparer sa valise avec de l'eau et des piles pour le transistor

Finalement sauvée, la chanteuse se rappelle aujourd'hui avec effroi ces moments

terribles, interminables. Les tremblements de terre ne sont pas un sujet de plaisanterie

pour les Bucarestois. Le père de Liana avait déjà vécu celui de 1940 et lui avait racon-

té les scènes horribles auxquelles il avait été confronté. Alors, aujourd'hui, la colère de

sa fille est grande contre les médias qui, l'an passé, avaient amplifié les prévisions d'un

scientifique américain lequel, fort de ses mesures, avait annoncé un séisme d'une

encore plus grande magnitude pour septembre 2001.

L'échéance se rapprochant, chaque jour les journaux faisaient monter la pression.

Comme de nombreux habitants de la capitale, Liana avait préparé sa valise, n'oubliant

pas d'y glisser des bouteilles d'eau et des piles pour son transistor. Puis, elle avait arrê-

té ses dispositions testamentaires et en avait informé par téléphone sa fille unique,

Adriana, étudiante au Caire, dont on devine la réaction affolée. Sa fille dont elle atten-

dait justement la naissance voici 25 ans…

"Mais vous mangez comme si c'était votre dernier repas".. .Mémoire

Les Bucarestois vivent dans lacrainte d'un nouveau tremblement deterre. Ils savent que celui-ci est iné-luctable et s'efforcent de déchiffrerdans les séismes les plus importantsde l'histoire de la capitale, les proba-bilités de sa puissance et de la datede son déclenchement, épiant lesintervalles les séparant:

1677-1734 : 57 ans1734-1786 : 52 ans1786-1789 : 3 ans1789-1794 : 5 ans1794-1802 : 8 ans1802-1829 : 27 ans 1829-1838 : 9 ans1838-1908 : 70 ans1908-1940 : 32 ans1940-1977 : 37 ansLes habitants doutent cependant

de la capacité des autorités àprendre les mesures préventivesnécesaires. Des dépliants sont biendistribués dans les écoles donnantdes conseils à suivre, annonçant desexercices de sécurité… mais ceux-cin'ont jamais lieu. Les pompierss'avouent impuissants. Hôpitaux, ser-vices de secours… Rien ne leurparaît préparé. Simplement degrands cercles rouges ont été dispo-sés sur les bâtiments du centre-villeles plus menacés, pour les repérer…au plus grand mécontentement deleurs occupants qui ont vu la valeurde leurs logements baisser.

Cependant, dès juillet prochain,grâce à une station d’observationfinancée par les Américains, laRoumanie pourra détecter les pré-misses d’un séisme une semaine àl’avance et non plus un quart d’heure.

Des exercices de sécurité qui n'ont jamais lieu

Les NOUVELLES de ROUMANIE

229

Actualité

En dévoilant les noms d'un millier d'agents ayant col-

laboré avec l'ancienne police politique, l'ancien

sénateur Ticu Dumitrescu a dénoncé les tergiversa-

tions des autorités pour appliquer la loi qu'il avait fait voter

voici deux ans, laquelle donne le droit d'accès à ses compa-

triotes aux dossiers de la Securitate les concernant. Parmi

ceux-ci 450 officiers, 350 employés de la Securitate de

Bucarest, quelques dizaines de juges, procureurs, policiers,

gendarmes, gardiens de prison, et une liste comprenant 140

indicateurs portant des noms d'emprunt que Ticu Dumitrescu a

demandé au SRI (Service Roumain d'Informations), succes-

seur de la Securitate, d'identifier.

L'ancien sénateur, qui a passé six mois a éplucher les dos-

siers du CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives

de la Securitate) a regretté ses réticences à fournir les identités

des informateurs de la police lorsqu'il étaient prêtres ou jour-

nalistes. Il a expliqué sa démarche par sa volonté de voir net-

toyer les services secrets roumains, afin de leur rendre leur cré-

dibilité, soulignant que l'OTAN n'était pas dupe de leur nature.

Il souhaite également que, par cette

exigence de transparence, les

postes-clés de l'Etat ne soient plus

occupés que par des personnes au-

dessus de tout soupçon.

Ticu Dumitrescu a indiqué que

les archives de la Securitate conte-

naient 2 millions de dossiers en

1993, 80 000 d'entre-eux, sans-doute

"sensibles" ayant disparu ou ayant

été détruits dans les trois mois sui-

vant la "Révolution" de décembre

1989. A cette époque, la police poli-

tique comptait 150 000 indicateurs.

Il a également révélé qu'en 1968 plus de 400 000 Roumains

étaient surveillés par le régime, ce chiffre tombant à 40 000

cette année là, après la crise du "Printemps de Prague" condui-

sant à une tension entre la Roumanie et l'URSS, pour remon-

ter en flèche dès l'année suivante.

Politique

Donnant droit à différents

avantages, réductions, gra-

tuités, priorités, dans les

transports et plusieurs services d'état, les

"certificats de révolutionnaires", délivrés

après les évènements de décembre 1989,

sont prisés. Un peu plus de 16 000 per-

sonnes devraient en être possesseurs…

mais 26 000 en bénéficient. Le gouverne-

ment et les associations ont décidé de

partir à la chasse aux faux titulaires et aux

trafiquants, découvrant que le précieux

document, habilement imité, était vendu

à la sauvette dans les bouches de métro

ou se retrouvait sur les étals des mar-

chands des rues, son prix se négociant

parfois jusqu'à 600 � (4000 F).

Au lendemain de la "Révolution",

une commission avait été créée, fonction-

nant jusqu'en 1992. Elle était chargée

d'examiner les dossiers de demande de

carte, en rejetant beaucoup, n'en accor-

dant qu'environ 7000. Les "révolution-

naires" exclus avaient alors entamé toute

une série d'actions, meetings, grèves de la

faim, auto-mutilations, immolations par

le feu, qui n'ont cessé qu'avec l'arrivée du

président Emil Constantinescu au pou-

voir, fin 1996. Pendant un an, une nou-

velle commission a examiné 30 000 dos-

siers, en validant 18 000.

Au total, le pays se retrouvait avec un

peu plus de 26 000 "révolutionnaires"

avérés. Parmi eux : 2400 parents,

conjoints ou enfants de personnes tuées

pendant les évènements, 2800 blessés

dont 400 mutilés ou grands invalides, 21

000 personnes s'étant fait remarquer par

leurs actes, dont 1800 arrêtées ou empri-

sonnées, 500 victimes indirectes.

Depuis, 4000 titulaires de la carte

sont décédés, près de 6000 n'ont deman-

dé aucun droit, après que leurs états de

service aient été reconnus. Le nombre de

"révolutionnaires" réellement identifiés

se situe donc entre 16 000 et 17 000.

Bucarest en possède le plus grand

nombre (7000), devant Timisoara (2800),

Brasov (1400), Constantsa (1300), Sibiu

(700), Buzau (600), Cluj (550), Arad

(500), Târgu Mures (350), etc…

Dix mille "révolutionnaires" en trop

L'identité d'un millier

d'agents de l'ex-Securitate dévoilée

Surpris par les photographes en compagnie de jolies

filles dévêtues, lors du lancement de la revue por-

nographique "Hustler" du magnat américain Larry

Flint, le Secrétaire d'Etat à la culture et aux cultes, Ion

Antonescu, avait été chargé par le Premier ministre de rédiger

un projet de loi sur la pornographie… en punition.

Le malheureux (ou heureux ?) homme vient de rendre sa

copie. Il est désormais interdit de siffler les filles, de proférer

des sons qui peuvent être interprétés et porter atteinte à la

pudeur, d'avoir des gestes ou comportements obscènes. Films,

publications, dessins, photos à caractère pornographiques ne

peuvent être projetés ou exposés en public, ces dispositions ne

concernant toutefois pas les œuvres d'art ou les créations

scientifiques. Les boutiques devront faire disparaître de leur

présentoir les revues osées. Les sites Internet dotés de mot de

passe ne pourront être accessibles qu'après le paiement d'une

taxe d'au moins 11 � (72 F).

Le projet de loi interdit l'accès aux mineurs et la présence

de lieux où l'on vend des livres ou documents licencieux à

moins de 200 mètres des écoles, des églises et des casernes.

Un autre de ses chapitres punit sévèrement tout ce qui concer-

ne la pédophilie.

Pornographie : à celui qui a pêché de jeter la première pierre…

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

l

DEVA

CLUJ

PLOIESTIl

Vingt cinq ans après

Liana en tremble encore

Trafic de fausses cartes pour bénéficier d'avant ages

Selon Ticu Dumitrescu,80 000 dossiers sensibles

auraient disparu.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2231

Connaissance et découverte

Au printemps 2001, une

secousse sévère (5,3 sur

l'échelle de Richter), a rap-

pelé aux habitants de Bucarest qu'ils

habitaient dans la capitale la plus expo-

sée d'Europe. Une psychose s'est instal-

lée, faisant état de l'imminence d'un séis-

me dévastateur. La rumeur prenait appui

sur la répétition de tels phénomènes, un

autre tremblement (5,5 grades) ayant déjà affecté tout le sud-

est du pays, en avril 1999. Les derniers tremblements sérieux

enregistrés à Bucarest sont tout à fait présents dans les esprits

puisqu'ils remontent seulement au 30 et 31 mai 1990 (6,9 et

6,4 grades) et au 30 août 1986 (7,1 grades). Ils ne firent heu-

reusement que des dégâts matériels.

Les scientifiques roumains ont tenu toutefois à rassurer

leurs compatriotes : il n'y aura pas de tremblement de terre

majeur en Roumanie avant 2006. Le scientifique base ses pré-

visions sur l'observation des statistiques depuis six siècles,

fiables à 100 % selon lui, qui montrent que la fréquence mini-

mum entre deux séismes majeur est de 18,6 années. Toutefois,

la probabilité d'un tremblement de terre d'une magnitude de

6,8 à 7,6 grades entre cette date et 2013 est estimée à 80 %.

Si les bâtiments construits après les

séismes de 1940, puis 1977, ont bénéfi-

cié de normes adaptées leur permettant

de résister à une forte secousse, les

craintes sont vives, par contre, pour les

vieux édifices de la capitale.

La survie au quotidien

plus importante que la sécurité

Sur 3400 immeubles expertisés dans la région la plus

exposée du pays, 600 ont été classés dans la catégorie à hauts

risques, 115 ayant plus de quatre étages. Nombre d'entre eux

ont été renforcés ou sont en cours de consolidation, avec l'aide

d'experts étrangers, notamment japonais, ou le projet européen

Risk-UE. C'est le cas du Palais Victoria, qui abrite le gouver-

nement, de la mairie de Bucarest, du central téléphonique, des

sièges de la télévision, de la radio, d'hôpitaux, d'écoles…

Les pouvoirs publics ont mis des fonds à la disposition des

associations de propriétaires, mais les travaux sont rarement

entrepris, celles-ci ne pouvant apporter le complément du

financement. Dans la conjoncture actuelle, assurer sa survie au

quotidien est plus important que garantir sa sécurité.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2210

Actualité

Quand nous sommes arrivés, Dacia avait cessé de respirer. Aujourd'hui, il

est en phase de réanimation" : Christian Estève et Manuel Roldan, char-

gés depuis 1999 par Renault, de sauver le constructeur automobile rou-

main, après qu'il ait acquis la majorité de son capital, ont tiré le bilan de leur action

lors d'un récent passage à Nantes.

Plutôt satisfaits de l'action menée depuis trois ans, les deux managers Français ont

même prédit : "A l'horizon 2004-2005, Dacia devrait être une belle affaire". Une date

qui n'est pas choisie au hasard puisqu'elle correspond au lancement de la voiture à

5000 � que le groupe prépare activement dans ses ateliers de Pitesti, dans le départe-

ment d'Arges. Ce véhicule "écobasique", conçu selon les critères d'aujourd'hui, rem-

placera la traditionnelle Dacia, version de la R 12, dont le modèle élaboré en 1965 n'a

guère évolué depuis.

Des salaires de 100 � et une réduction de 40 % des effectifs

Mais pour gagner son pari de faire une voiture moderne, qui soit la moins chère

du monde, Dacia-Renault se doit de comprimer au maximum ses coûts et profiter de

"l'avantage stratégique" que représente la faiblesse des salaires en Roumanie, de

l'ordre de 100 � (650 F).

Le personnel a été en première ligne subissant une réduction quoi doit ramener

ses effectifs, d'ici 2004, de 27 600 personnes à 16 280, soit une contraction de 40 %.

Plus de 11 000 employés remerciés en cinq ans, dont seulement un faible pourcenta-

ge concerné par des mesures de pré-retraite… c'est presque autant que la fermeture

des chantiers de la construction navale en France, avec ses 14 000 licenciés, mais

avec beaucoup moins de vagues et de mouvements sociaux, malgré le poids phéno-

ménal de l'usine de Pitesti dans la région.

Les deux dirigeants de Dacia-Renault ont négocié un accord avec le gouverne-

ment et les syndicats, jugés "coopératifs", qui prévoient des listes de départs chaque

trimestre et une aide à la reconversion. Jusqu'ici seulement 20 % du personnel licen-

cié s'est lancé à la recherche d'un autre emploi. Les autres ? Le constructeur a peu d'in-

formations. Soit ils avaient déjà une autre activité, soit ils sont retournés à la terre…

Une quinzaine de sous traitants incités à s'installer dans le pays

Christian Estève et Manuel Roldan ont également convaincu une quinzaine de

gros fournisseurs (Valeo, etc…) de tenter l'aventure roumaine, leur offrant le marché

captif de l'équipement de leurs véhicules, à charge pour eux de fournir des produits de

qualité avec des prix ciblés. Dacia-Renault, qui voulait éviter d'importer des pièces

comme l'a fait son concurrent en Roumanie, le sud-coréen Dawoo, leur a cédé une

partie des ses activité et du personnel, leur laissant le choix d'une association ou de

faire une "joint venture" avec un partenaire roumain.

Les deux dirigeant sont aussi partis à la recherche de partenaires européens ou

roumains, fonderies, fabricants de tissus, de machines-outils, marchands de ferraille,

disposés à s'installer dans le pays ou à travailler avec eux. Ils s'efforcent également de

susciter la naissance de bureaux d'études, misant sur le potentiel intellectuel élevé des

Roumains et ont en projet la création d'un pôle logistique de transport à Pitesti, afin

de remplir les camions qui repartent à vide de leur usine.

Avec ces cartes en main, mais aussi grâce aux avantages fiscaux accordés par le

gouvernement, Dacia-Renault pense qu'il a des chances raisonnables de gagner son

pari. A l'orée 2007, le constructeur envisage de produire 180 000 véhicules par an,

dont la moitié destinés à l'exportation.

Le départementd'Arges retient sa main d'oeuvre

En reprenant le poids lourd del'économie locale, Dacia, Renault arelancé l'usage du français dans ledépartement d'Arges, tout comme il adéjà amené les entreprises rou-maines locales à changer leur modede fonctionnement. Le constructeur aconfié à Brunhes international unemission d'accompagnement visant àrenforcer son implantation.

Le cabinet parisien de consultantsa la charge de "vendre" le départe-ment auprès d'investisseurs poten-tiels et a donc établi une fiche de pré-sentation où on peut lire que l'Argesa un passé industriel, non seulementdans l'automobile, mais aussi la chi-mie et le caoutchouc ce qui lui per-met de disposer d'une main d'œuvreayant le sens du travail et qualifiée,qui requiert cependant un encadre-ment. La tentation de partir à l'étran-ger est moins forte ici qu'ailleurs,malgré l'abondance de métiersrecherchés en UE, comme fraiseurs,tourneurs, mécaniciens.

Vins, cognacs, tsuica - le départe-ment compte le plus grand nombrede pruniers par tête d'habitant dansle pays - font la réputation de l'Arges.Dans cette région arrosée un secteurmaraîcher prospérait, jusqu'à la créa-tion de Dacia, en 1968. Cette activitéreprend peu à peu, aidée par lesdépartements de la Savoie et de laNièvre. Pitesti (185 000 habitants),"globalement sous équipé", disposantd'un seul hôtel correct, peu de res-taurants, pas de supermarchés, acependant l'avantage de se trouver àune heure de Bucarest, au bout del'unique autoroute roumaine.

Economie

Bucarest est construite sur un

sol sablonneux et des marais.

Seules deux ou trois collines

de la capitale - le quartier Drumul Tabereï

et celle sur laquelle a été construite le

palais de Ceausescu - révèlent une

consistance plus solide. La capitale est

donc particulièrement vulnérable aux

tremblements de terre. Celui de 1977 a

duré 1 mn 32. Pendant cinq secondes, les

immeubles se sont soulevés de 1,96

mètres, puis se sont déplacés de 3,92 m

dans le sens nord-sud, et de 3,13 m dans

celui est-ouest.

Ce sont les quartiers du centre qui ont

été les plus touchés, ceux où le régime

avait logé l'intelligentsia du pays, dans de

beaux immeubles anciens, ce qui a

conduit les Bucarestois a donné au séis-

me de 1977 le nom de "Tremblement de

luxe". Un ouvrage intitulé Les neuf pour

l'éternité évoque le destin tragique de

quelques uns de ses écrivains, musiciens,

artistes disparus alors. Le plus célèbre

était certainement Toma Caragiu. Une

heure avant la terrible secousse, le comé-

dien avait accepté un rôle dans un film

intitulé "Un autobus pour la mort", bla-

guant avec le metteur en scène en lui

demandant s'il n'avait pas une autre desti-

nation à lui proposer.

Quatre autres artistes avaient conve-

nu de faire la fête dans l'appartement de

l'un d'eux. Surpris par le séisme, ils déva-

lèrent les escaliers mais les murs du bâti-

ment s'effondrèrent sur eux, les écrasant,

alors qu'ils atteignaient l'entrée. D'autres

eurent plus de chance, comme la poétes-

se Ana Blandania, déjà suspectée par le

régime à l'époque. Sortie promener son

chien, elle retrouva son mari en pyjama

dans la rue… alors qu'il dormait au sep-

tième étage.

Popularité pour Ceausescu

Pendant des heures, la radio se tut. La

première station à annoncer l'événement

fût Radio Free Europe, la radio anti-com-

muniste des Occidentaux, basée à

Munich, que les Roumains écoutaient

clandestinement.

Ceausescu étant en visite en Iran, le

pouvoir, paralysé, ne savait quelle attitu-

de prendre. Sa première réaction fût de

dénoncer "les constructions bourgeoises,

sans solidité, responsables des immenses

dégâts". Mais cette propagande cessa

immédiatement quand, sur ses ondes,

Radio Free Europe rappela que c'est le

"Conducator" en personne qui avait

affaibli ces immeubles en faisant entre-

prendre des travaux qui avaient détruit

leurs fondations et soutènements.

De retour de Téhéran, deux jours

plus tard, Ceausescu et sa femme, Elena,

visitèrent tous les quartiers touchés,

réconfortant la population, y gagnant une

grande popularité. Deux évènements

émurent les Roumains. Sur l'insistance

d'une mère indiquant où devait être son

fils, les fouilles durèrent onze jours et

permirent de le retrouver vivant. Un père

effondré chercha sa femme, qui venait

d'accoucher, pendant trois jours. Partagé

entre larmes et cris de joie, il la découvrit

morte, mais serrant contre sa poitrine leur

bébé bien vivant.

Pour le régime, même les cat astrophes naturelles ét aient d'origine bourgeoise...

Le coût, avantage stratégique

et atout de la Roumanie

A Pitesti, Dacia-Renault s'est lancédans l'aventure de la voiture à 5000 �

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

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l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

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CONSTANTA

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TARGU MURES

GALATI

l

l

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lBRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

l

DEVA

CLUJ

CERNAVODA

l

Un tremblement baptisé "de luxe"

Probabilité à 80 % d'un séisme

de grande magnitude avant 2013Mémoire

Le Palais Victoria, siège du gouvernement, est un des édifices les plus menacés,

les autorités envisageant même de déménager.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2230

Connaissance et découverte

Voici un quart de siècle, le 4 mars 1977 au soir - il était 21h20 - La

Roumanie subissait le tremblement de terre le plus destructeur de son his-

toire. D'une magnitude de 7,4 grades sur l'échelle de Richter et d'une pro-

fondeur de 95 km, son épicentre se situait à 150 km au nord-est, dans la zone sismique

de Vrancea (Focsani), qui provoque 95 % des tremblements de terre du pays. Le séis-

me causa la mort de 1570 personnes, en blessant 11 300, laissant 35 000 famille sans

logements. Près de 200 immeubles de plus de 6 étages s'étaient effondrés ou étaient

fortement endommagés, notamment les plus vieux qui n'avaient pas de structures

métalliques et avaient déjà subi d'autres secousses.

Ceausescu en profita pour faire place nette

Des immeubles lézardés vacillaient, le centre de la capitale était trouée de cre-

vasses béantes, vites cernées de hautes palissades qui soustrairont les dégâts à la vue

du public. Ceux-ci furent estimés à deux milliards de dollars de l'époque, mais aucun

chiffre ne sera donné.

Les témoins se souviennent d'une nuit glaciale où "le ciel était rouge comme le

sang", déchirée par les cris de désespoir des rescapés ayant perdu leurs proches et les

plaintes inhumaines des habitants ensevelis sous les décombres, écrasés ou mourant

asphyxiés. Par chance, aucun incendie de grande ampleur ne se déclencha. Parmi les

victimes, on releva le nom d'artistes connus comme l'acteur Toma Caragiu, la chan-

teuse Doina Badea, le metteur en scène Alexandru Bocanet, l'écrivain Alexandru

Ivasiuc.

Les autorités communistes se montrèrent très avares d'informations sur la catas-

trophe et réagirent lentement, sans-doute pour cacher leur impéritie dans le domaine

des secours et de la prévention. Aucun rapport détaillant son étendue ne fût publié. Les

Roumains ne devineront l'ampleur de la catastrophe que par ouïe-dire, et au fil du

temps. Mais Ceausescu profita de ce cataclysme pour lancer dans les années suivantes

son programme bouleversant l'urbanisme et l'architecture du centre de la capitale, fai-

sant disparaître des quartiers entiers, des églises. Place nette était faite pour son palais

gigantesque et l'avenue qui lui fait face.

En 1940, les Gardes de Feret les Allemands au secours des survivants

Bucarest n'en était pas à son premier tremblement de terre. La ville a connu douze

séismes majeurs au cours du XXème siècle, d'une magnitude comprise entre 6,4 et 7,7

grades, allant jusqu'à une profondeur de 150 km, ce qui fut le cas de celui du 10

novembre1940, le plus fort. Son bilan fût moins lourd - tout de même 500 morts - les

constructions n'étant pas aussi hautes. Dix mille maisons et immeubles furent détruits

ou sérieusement endommagés par une terrible secousse qui dura trois minutes, sur-

prenant la population en plein sommeil, à trois heures du matin. Parmi eux, le célèbre

hôtel Carlton, dont le spectaculaire effondrement de ses 14 étages, dotés pourtant

d'une structure en béton armé, marqua les mémoires.

Fraîchement installées dans le pays, les troupes allemandes se montrèrent très

actives, déblayant les édifices écroulés, dégageant les survivants. Elles reçurent le ren-

fort des légionnaires de la Garde de Fer qui en tirèrent momentanément profit politi-

quement. Ce fut bien le seul moment où ces sympathisants fascistes gagnèrent la sym-

pathie des habitants de la capitale, reconnaissants, alors qu'ils partageaient le pouvoir

avec le maréchal Antonescu, lequel les éliminera en janvier suivant.

Mémoire Plus de 1500 morts, 35 000 familles sans abri…

La zone sismogène de Vrancea(Focsani) a été le centre d'une centai-ne de secousses telluriques en unsiècle, dont douze d'importancemajeure qui ont affecté la moitié dupays. Située dans une région monta-gneuse des Carpates orientales, à150 km au nord-est de Bucarest, elleoccupe une superficie de 2000 km2.

Cette zone est au point de ren-contre de trois plaques tectoniques,les plaques est européennes, sub-alpines et sub-carpatiques. Elle setrouve à l'origine de deux ou troistremblement de terre dévastateurs etmeurtriers au cours de chaque siècle,se caractérisant le plus souvent pardeux fortes secousses successives,avec des effets macro-sismiques surun territoire important, dépassant lar-gement les frontières du pays, etatteignant une profondeur de 60 à200 km.

Ce fût sans doute le cas du plusimportant tremblement de terre del'histoire de la Roumanie, remontantau 26 octobre 1802. Aucune échellene permettait à l'époque de mesurerson intensité - elle est estimée aujour-d'hui à 7,8 ou 8 grades sur l'échellede Richter - mais il fut ressenti jus-qu'à Varsovie, Moscou, Saint-Pétersbourg, Belgrade, Budapest etConstantinople. Le 23 janvier 1838,un autre séisme violent et meurtrier,parti de Vrancea, toucha aussi laGrèce et l'Ukraine.

Avec l'Italie, la Turquie, laRoumanie est considérée comme lepays européen le plus menacé et estclassée dans les régions à hautrisque, avec le Japon, la Californie, laColombie…

La région de V ranceaau cœur des séismes

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2211

Actualité

Habitué à voyager à travers les usines Renault dans

le monde, Christian Estève confie volontiers que

l'expérience qu'il vit chez Dacia se révèle fasci-

nante. La négociation pour la reprise du constructeur l'a

conduit pour la première fois de sa carrière à mener les dis-

cussions en français… facilité qu'il a abandonnée au bout de

trois jours, pour revenir à un anglais, certes moins convivial

mais plus rigoureux et commercial.

Les premiers ingénieurs envoyés par Renault ont retrouvé

dans les ateliers les fiches techniques en français, établies en

1967 par leurs prédécesseurs, lors de l'ouverture de l'usine de

Pitesti, et qui servent toujours. Cadres et employés se sont vite

remis à cette langue. Aujourd'hui, les échanges se font dans un

franco-roumain parfois pittoresque mais finalement efficace.

Immédiatement, les carences du système en place sont

apparues. "Si les Roumains disent méchamment d'eux mêmes

qu'ils ne savent pas travailler, c'est parce qu'on ne leur en

fournit pas les moyens" note Christian Estève qui évoque le

poids des mentalités : "Ici, on baisse la tête depuis toujours,

devant les Turcs, les Russes, les communistes. C'était indis-

pensable pour survivre… Alors on continue, devant le chef

d'atelier qui, lui-même, aura peur de prendre des décisions".

"Pour faire tourner la boutique,

il faut la confier à des femmes"

A Pitesti, comme dans toute la Roumanie, le problème de

l'encadrement est dramatique. Pas d'initiative, responsabilités

que l'on fuit… Pour transformer les méthodes de travail, il est

impératif d'avoir quelqu'un en permanence sur place et un

étranger se doit d'être le plus fréquemment présent. Mais dès

que le management fonctionne, les résultats sont là. Sans

aucun doute bien meilleurs quand on a à faire à des femmes

qu'à des hommes. Un constat qui est général en Roumanie et

repose sur une question de génération et de système de valeurs.

En s'installant, les dirigeants venus de Renault constatè-

rent que plusieurs métiers faisaient défaut à Dacia, comme

vendeurs ou contrôleurs de gestion. Une équipe de jeunes

femmes fut envoyée six mois en formation à l'IUT de gestion

de Clermont-Ferrand. Aujourd'hui, elles sont devenues des

contrôleuses redoutables. "Si vous voulez faire tourner une

boutique en Roumanie, confiez là à des femmes" conseille

Christian Estève qui, par ailleurs, ne tarit pas d'éloges sur la

très grande capacité à apprendre des Roumains.

Mauvais payeurs : 0,5 %

au lieu de 1,8 % en France

"C'est le pays qui, avec 15 %, fournit le plus grand

nombre de vainqueurs aux olympiades internationales" (équi-

valents du concours général ouvert aux élèves français de ter-

minale les plus brillants) relève-t-il. A ses yeux, les Roumains

disposent d'une intelligence conceptuelle étonnante, moins

adaptée à la pratique, l'enseignement -"il se dégrade depuis

dix ans" - étant davantage conçu pour mettre en valeur le

potentiel intellectuel.

Le manager français, qui va de découverte en découverte,

ne cache pas que la Roumanie lui réserve beaucoup de sur-

prises. Au printemps dernier, Dacia-Renault a lancé la premiè-

re opération de crédit direct pour les voitures dans le pays.

N'ayant aucune base pour estimer le risque de mauvais

payeurs, le fabricant s'est référé aux normes françaises (1,8 %)

et, vue la conjoncture roumaine, l'a évalué à 7 %. Au bout de

neuf mois, le taux ne dépassait pas 0,5 %.

"Dès que le management fonctionne, les résultats sont là"Economie

Bucarest, capitale à hauts risques

Comme toute entreprise rou-

maine ou étrangère, Renault

doit subir l'inertie de la

bureaucratie qui s'avère redoutable et

décourageante. L'administration se révèle

inefficace certes à cause du poids de l'hé-

ritage de l'ancien régime communiste

mais aussi parce que l'Etat, faute de res-

sources, ne lui donne pas les moyens

d'être opérationnelle.

Mais, chez le constructeur français

on relativise : "Le problème c'est de trou-

ver les bons interlocuteurs car, alors, on

peut faire bouger les choses. Pour

reprendre Dacia, il a fallu faire voter

trois lois et le gouvernement a sorti qua-

torze décrets d'application, le tout en

sept-huit mois. Combien de temps cela

aurait-il pris en France ?"

Renault estime que la marche vers

l'UE, avec ses exigences, son contingent

de mesures réglementaires, va contribuer

à "normaliser" le fonctionnement de l'ad-

ministration roumaine. "Le pays n'a pas

été géré et s'est enfoncé dans la crise,

jusqu'à fin 2000 " observe Christian

Estève, manager du constructeur en

Roumanie, relevant que "cela va mieux

depuis le retour des post-communistes

aux commandes qui ont réussi à transfor-

mer l'image exécrable du pays à l'étran-

ger. La reprises est significative. La

Banque Nationale gère très bien le leu

pour lui conserver sa compétitivité face

au dollar ou à l'euro. Les exportations

sont en progression sensible".

La Roumanie est devenue "l'usine à

textile" de l'Europe, avec notamment, la

présence de nombreux italiens. Le sec-

teur du bois est également porteur. Le

Suédois Ikéa, même sil ne s'en vante pas,

y fait fabriquer une bonne partie de ses

meubles. Enfin, le pays devient auto-suf-

fisant sur le plan de l'agriculture, sans

avoir encore de potentiel à l'exportation.

"Il est dommage que les grands groupes

agro-alimentaires ne soient pas présents"

regrette Christian Estève qui note que

John Deere, le fabricant américain de

matériel agricole, a réalisé ses meilleures

ventes en Roumanie, en 2001.

"L'image exécrable du pays à l'étranger est en train de changer"

Face au poids des mentalités roumaines,

Renault va de découverte en découverte

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Voici un quart de siècle, la Roumanie subissait son tremblement de terre le plus destructeur

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2229

Connaissance et découverte

Après vingt ans de travaux, Henri Coanda fera breveter en

France, en 1934, l'une de ses 250 découvertes, portant sur la

circulation d'un fluide à travers un autre. Baptisée depuis

"Effet Coanda", elle donna naissance à la mécanique des

fluides avec des applications importantes ou inédites, comme

la soucoupe volante, inventée l'année suivante par le Roumain,

toujours en France, et appelée "Aerodina Lenticulara", mais

aussi concernant la propulsion

et la sustentation des aéronefs,

la réduction du bruit, l'amélio-

ration du fonctionnement des

turbines à gaz, des amplifica-

teurs de fluides, etc…

S'inspirer des cyclones

A la fin de sa vie, le vieux

savant se montrait insatisfait de

l'évolution de l'aéronautique. Il ne voyait dans les appareils

modernes guère plus que le perfectionnement des avions en

papier que les enfants font voler. L'inventeur préconisait de

changer totalement de conception, en s'appuyant sur le princi-

pe qu'il avait découvert, pour que les engins du futur décollent

et atterrissent verticalement et se déplacent en volant. Il basait

sa réflexion sur l'observation des cyclones, de leur puissance et

de leur déplacement. Henri Coanda était retourné dans son

pays en 1970, pour y mourir deux ans plus tard, à Bucarest, le

25 novembre 1972, à l'âge de 86

ans. Auparavant, en 1971, il

avait fondé dans la capitale rou-

maine l'Institut de création

scientifique et technique. Les

Américains lui avaient rendu

hommage, quelques années plus

tôt, en affirmant que le

Roumain était "le passé, le pré-

sent et l'avenir de l'aviation".

Ses principales inventions peu-

vent être vues au musée de technologie "Professeur Dimitrie

Leonida" de Bucarest.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2212

Actualité

Le gouvernement avait tout fait pour éviter que l'inflation ne franchisse le

seuil psychologique des 30 %en 2001 mais, malgré ses efforts, celle-ci s'est

inscrite à 30,3 % contre 40,7 % l'année précédente. Lors de sa prise de

fonction, en décembre 2000, le Premier ministre avait tablé sur un pourcentage com-

pris entre 23 et 25 %, révisé en hausse en cours d'année à 25-27 %, promettant une

inflation à un seul chiffre en 2004. Il lui faudra prendre son mal en patience, car la spi-

rale inflationniste est toujours bien là.

Rendu prudent, Adrian Nastase prédit 22 % d'augmentation des prix en 2002. Il

se base sur la décélération des derniers mois de 2001, où l'inflation mensuelle s'est

limitée à 2,2 % contre 2,9 % à la même époque, l'année précédente. En 2001, les prix

ont surtout dérapé dans les services, avec + 36,2 %. Au "tableau d'honneur" : le train

(+ 117 %), les transports routiers (+ 48 %), l'avion (+ 43 %). Les biens non alimen-

taires suivent avec + 31,4 % (gaz : + 100 %, chauffage : + 57 %, électricité : + 36 %).

L'alimentation s'est limitée à une hausse de 27 %, les " champions " étant la viande de

bœuf (+ 61 %), de porc (+ 52 %), la charcuterie (+ 41 %), la volaille (+ 36 %).

L'industrie roumaine de l'armement espère doubler cette année ses exporta-

tions, qui se montaient à 45 M� (300 MF) en 2001, et les porter à 110 M�

(720 MF) dans les 3 ou 4 années à venir, en partant à la reconquête de ses

marchés traditionnels ou en trouvant de nouveaux débouchés. Parallèlement, le gou-

vernement a entamé la restructuration du secteur et entend ramener ses effectifs de 45

000 à 18 000 employés.

Les licenciements ont commencé au 1er février et concerneront 10 000 personnes

cette année, lesquelles conserveront leurs salaires sous forme d'indemnités de chôma-

ge pendant 14 mois. 7500 autres employés suivront des cours de reconversion profes-

sionnelle, et le ministère de l'intérieur, qui a l'intention d'augmenter de 2500 gen-

darmes ses effectifs chargés de surveiller les oléoducs et gazoducs, recrutera en prio-

rité parmi les licenciés du secteur de la Défense.

Aide de la BERD

La Banque Européenne pour laReconstruction et le Développement(BERD) investira cette année enRoumanie environ 350-400 M� (2,3-2,6 milliards de F), dans des projetsdestinés à la restructuration du systè-me énergétique, à l'amélioration del'infrastructure en télécommunica-tions, aux transports, à la distributionde l'eau et de l'énergie thermique,ainsi qu'au soutien aux PME.

Axes économiquespriorit aires

Le gouvernement a arrêté sespriorités dans le domaine écono-mique pour les trois années à venir,en fonction des aides qu'il peut rece-voir de l'UE. Il s'agit du développe-ment régional, du secteur productif,de ceux de la technologie, de larecherche, de l'innovation, de l'infor-mation et des communications, del'amélioration des infrastructures, dusoutien à l'agriculture et de la créa-tion d'emplois.

La Roumanie branchée sur l'UE

En 2003, la Roumanie et l'Europede l'Ouest pourront effectuer deséchanges d'énergie électrique, aprèsle branchement du système énergé-tique roumain (SEN) au système detransport d'électricité de l'UE (UCTE),ce qui réclame un investissement de120 M� (800 MF). Dans l'attente, lesystème de transport roumain estinterconnecté à celui de la Bulgarieet, en partie, de la Yougoslavie.

Inflation : la barre

des 30 % franchie en 2001

Armement: doubler les export ations

Economie

Inventeur prolifique, Henri

Coanda a déposé plus de 250 bre-

vets, dont beaucoup n'avaient pas

trait à son domaine de prédilection, l'aé-

ronautique. Dès 1918, il mit au point le

concept de maisons préfabriquées fon-

dant, cinq ans plus tard, une société char-

gée de les commercialiser. Le béton-bois,

nouveau matériau qu'il avait créé, servant

pour la décoration architecturale, fut uti-

lisé pour orner entièrement le palais de la

culture de Iasi, en 1925. De son imagina-

tion naquit les wagons et citernes en

béton, les installations solaires pour des-

saler l'eau de mer.

Le Roumain conçut également un

appareil pour détecter la présence de

liquides ou fluides dans le sol, efficace

pour repérer les gisements de pétrole ou

de gaz. Il construisit en mer, dans le

Golfe Persique, des réservoirs pour stoc-

ker le pétrole extrait, préfigurant les

plates-formes offshore.

Ses nombreux voyages à travers le

monde l'amenèrent à s'intéresser de plus

près à deux régions, le Hunza, dans le

nord du Pakistan, Vilcabamba en

Equateur, où l'on vivait centenaire, sans

maladies, ni caries dentaires, leurs habi-

tants se montrant pleins de vitalité. Ses

observations le conduisirent à mettre en

avant la qualité de l'eau potable, qu'il rap-

procha du besoin vital de l'organisme de

cet élément, dont il est constitué à plus de

70 %.

Pendant près de 60 ans, Henri

Coanda se pencha sur ce phénomène, per-

suadé que se trouvait là la clé de la lon-

gévité. Il était capable d'analyser l'eau de

n'importe quelle région et de prédire la

longévité des populations.

Associant un prodige américain

de 17 ans à ses recherches

Le savant s'efforça de reconstituer un

"élixir de jouvence" qui aurait les mêmes

qualités que l'eau de Hunza, associant à

ses recherches un jeune Américain de 17

ans dont il s'était pris de sympathie,

Patrick Flanagan, qui se révéla par la

suite un génie à sa dimension. A près de

80 ans, s'estimant trop vieux pour mener

à bien ce travail, Henri Coanda lui confia

le résultat de ses travaux.

En 1997, Flanagan fut proposé pour

le prix Nobel de biochimie pour ses

découvertes dans le domaine de la nutri-

tion. Grâce à l'apport de son vieil ami, il

avait réussi à mettre au point une solu-

tion, la "Crystal Energy", qui, ajoutée à

de l'eau distillée, reproduisait les qualités

de l'eau de Hunza, mais aussi un anti-

oxydant, la microhydrine, mille fois plus

actif que les vitamines C, E ou le bétaca-

rotène, et le dentifrice "MicroBrite", pre-

mière pâte alcaline du monde, les autres

étant jusqu'ici acides.

Henri Coanda ne reçut jamais le Prix

Nobel, comme aucun autre Roumain

d'ailleurs. Il se contenta de l'Ordre

National du Mérite que la France lui

décerna, avec le grade de commandeur.

Ce geste de reconnaissance alla droit au

cœur du savant qui y avait passé la

majeure partie de sa vie, installant une

usine dans les environs de Poitiers en

1939 et faisant l'acquisition d'un château

dans la région, à Migné-Auxances, qu'il

revendit en 1957. Il utilisera les nom-

breuses dépendances et les prés du

domaine, pour faire les essais de proto-

types munis de turbo-propulseurs, préfi-

gurant des hydroglisseurs et de futures

soucoupes volantes.

Pendant soixante ans, le savant chercha à mettre au point son "eau miraculeuse", promise à devenir un élixir de jouvence

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Henri Coanda aux cotés de son jeune proté-gé, l’américain Patrick Flanagan,

un génie à sa dimension.

Henri Coanda exposa le premier prototype d’avion à réaction lors du deuxième Salon Aéronautique International de Paris,

en 1910, suscitant le scepticisme des visiteurs.

L'Institut Européen de

Roumanie a effectué une

étude sur le coût de l'adhésion

à l'UE pour six pays candidats. Il en res-

sort, qu'à court terme, les coûts seront

supérieurs aux bénéfices. Si la Roumanie

et la Bulgarie deviennent membres en

2007, leur manque à gagner pourrait per-

durer jusqu'à l'horizon 2015.

L'adoption du tarif douanier commun

à l'UE et les baisses des taxes qu'il engen-

drera conduira à l'augmentation des

importations. La mise en application de

l'acquis communautaire, entraînant des

efforts d'investissements pour les entre-

prises qui devront respecter les standards

européens, handicapera leur compétitivi-

té et, par ricochet, les exportations. Ces

deux effets conjugués aggraveront le

déficit de la balance commerciale.

L'adhésion induira également des

pressions sur le budget de l'Etat, celui

étant invité à co-financer des projets

communautaires ou des actions comme le

développement régional. De la même

façon, la politique agricole commune

s'avèrera intenable pour les pays candi-

dats s'ils n'ont pas recours à des subven-

tions ou ne reçoivent pas de compensa-

tions pour soutenir ce secteur, notamment

à l'exportation, face à la concurrence des

autres pays membres. Mais l'ensemble du

processus devrait moderniser l'économie

de ces pays et la mettre à niveau définiti-

vement. Le scénario évoqué pourrait

d'ailleurs évoluer d'une manière plus

positive et rapide si l'UE décidait d'aug-

menter son volume d'aide.

Dans un premier temp s, l'adhésion à l'UE coûtera plus cher qu'elle ne rapportera

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2228

Connaissance et découverte

Sciences

Encore enfant, Henri Coanda (1886-1972)

était attiré par tout ce qui touche au "plus

lourd que l'air" et fasciné par le "miracle du

vent". Ses parents ne se doutaient pas que leur second

fils marcherait sur les pas de Léonard de Vinci, en

devenant l'un des plus grands inventeurs de son temps,

dont celui de l'aviation moderne, mettant au point un

prototype avec trente ans d'avance sur son essor.

Le jeune Henri, né à Bucarest le 7 juin 1886, passa

une partie de son enfance avec ses quatre frères et deux

sœurs en France, où son père était attaché d'ambassa-

de. De retour en Roumanie, il acheva ses études secon-

daires dans la capitale et à Iasi. Sorti officier d'artille-

rie de l'école militaire de Bucarest, il construisit dès l'âge de 19 ans, en 1905, un mis-

sile pour équiper les futurs avions de l'armée de son pays… alors que l'aviation mili-

taire n'existait pas encore.

Le jeune Roumain se spécialisa en suivant les cours de l'université de Liège, puis

de l'école supérieure d'aéronautique de Paris dont il sortit avec le diplôme d'ingénieur

en 1909. Mais il en savait déjà beaucoup plus que ses professeurs. Le savant Paul

Painlevé et le célèbre Gustave Eiffel le prirent en amitié et l'aidèrent à construire un

banc d'essai pour ses expériences. Il l'installa sur une locomotive filant à 90 km/h entre

Paris et Saint Quentin, ce qui lui permit d'étudier les phénomènes de l'aérodynamis-

me, science dans laquelle il se spécialisera et dont il va devenir une sommité mondia-

le. Il filma ses essais avec une caméra de son invention et put ainsi affiner le profil des

ailes des avions.

"Ce garçon est né trente ans trop tôt" dira de lui Gustave Eiffel

En décembre 1910, Henri Coanda, étonna les visiteurs du second salon interna-

tional de l'aéronautique de Paris, en présentant un monoplan révolutionnaire, conçu

dès 1905, mû par un moteur sans hélice, utilisant le principe des futurs avions à réac-

tion. Pour domestiquer les flammes qui jaillissaient le long du fuselage, il mit au point,

après des études approfondies, une tuyère dont le principe est toujours utilisé aujour-

d'hui par les constructeurs aéronautiques.

Dès 1916, l'inventeur conçut le principe d'un bi-réacteur placé à la queue de

l'avion, anticipant de quatre décennies la création de la fameuse "Caravelle", pour

laquelle il sera d'ailleurs consulté. Mais toutes ces avancées de la science, en avance

sur leur temps, n'aboutirent pas dans l'immédiat, faute de financement, ce qui fera dire

à Gustave Eiffel, lui aussi passionné d'aérodynamisme, "Ce garçon est né trente ans

trop tôt ".

Père de la soucoupe volante

Outre les nombreux avions qu'il mit au point, en Angleterre, à Bristol, ou pour des

constructeurs français, près de Paris, Henri Coanda développa aussi ses inventions

dans le domaine militaire. En 1914, le canon sans recul voit le jour, puis les armes

avec frein de recul, le viseur automatique pour avion. Près d'un demi-siècle plus tard,

en 1960, il réalisera pour le Pentagone une torpille sous marine indétectable, capable

de filer à 160 km/h sans faire la moindre vague. La NASA s'entourera de ses conseils

pour les missions Apollo.

Dès 1910, le génial inventeur avait mis au point le premier avion à réaction de l'histoire

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2213

Actualité

Le secteur bancaire roumain affecté p ar un nouveau scandaleFinances

Un nouveau scandale jalonne les premiers pas du

secteur bancaire roumain de l'après-Révolution.

Dans l'attente d'être déclarée en faillite, la BRS

(Banque Roumaine d'Escompte) a été placée sous l'adminis-

tration spéciale de la Banque Nationale de Roumanie, à la suite

de la disparition de 20 M� (130 MF) de ses comptes. Son

directeur, Teodor Nicolaescu, a été arrêté pour fraude.

La BRS appartenait à l'empire financier du sulfureux

Sorin Ovidiu Vântu, au centre de multiples affaires qui affec-

tent tous les rouages de la société roumaine. Vântu avait reven-

du la banque et son groupe de presse à son vieux complice

Mihaï Iacob, mêlé à toutes ses manigances mais devenu

aujourd'hui son ennemi, et affirme avoir perdu 10 M� (65 MF)

dans cette faillite.

Alors qu'elle ne représentait que 0,5 % des capitaux drai-

nés par le système bancaire roumain, la BRS comptait parmi

ses clients des compagnies d'Etat comme la société d'assu-

rances Astra, qui voit s'évanouir près de 5 M� (33 MF) dans

l'escroquerie, ou bien la Poste roumaine, ce qui étonne les

enquêteurs, d'autres établissements bancaires nettement plus

sérieux et réputés existant sur la place. Les observateurs se

demandent si leurs dirigeants ont été attirés par les taux d'inté-

rêts avantageux proposés par la BRS… ou des commissions

occultes.

La banqueroute de la BRS n'est qu'un épisode dans la série

de scandales qui, ces dernières années, ont affecté successive-

ment Bancorex, la Banque Dacia Felix, la Banque Populaire,

la Banque Internationale Religieuse, le FNI (Fonds National

d'Investissements) - où l'on retrouve le nom de Sorin Ovidiu

Vântu - ruinant des dizaines de milliers de petits épargnants.

Malgré les craintes exprimées par les organismes internatio-

naux qui ont appelé à diverses reprises les autorités roumaines

à mettre de l'ordre dans leur système bancaire, aucune crise

financière majeure n'a ébranlé jusqu'ici sérieusement le pays.

Lors du deuxième salon aéronau-tique international de 1910, au GrandPalais, à Paris, soit seulement un anaprès que Louis Blériot ait traversé laManche, beaucoup de visiteurs restè-rent sceptiques devant l'avion à réac-tion que Henri Coanda, alors âgé de24 ans, exposait. Ils n'avaient jamaisvu une machine aussi étrange, ni nonplus entendu parler d'avion sans héli-ce. Autant dire qu'ils doutaient de levoir voler un jour…

Touché par ces critiques, le jeuneingénieur fit transporter son inventionà Issy les Moulineaux, à la fermeturede la manifestation, le 12 décembre,et entreprit de la vérifier, mais sansintention de voler. Henri Coanda nesavait d'ailleurs piloter que des pla-neurs. Il mit le réacteur en route, lelassa chauffer quelques minutes etappuya sur le bouton commandant sapuissance. L'avion se mit à avanceret prit de la vitesse, des flammes etde la fumée fusaient.

Avant même qu'il ne réalise ce quise passait, Coanda avait décollé.Effrayé par les flammes qui jaillis-saient de toutes parts, il ne contrôlaplus la machine, laquelle perdit vites-se et altitude pour, quelquessecondes plus tard, s'écraser au solet prendre feu. Le jeune homme futéjecté… et s'en tira avec de légèresbrûlures et contusions. Il n'était pasharnaché, n'ayant pas eu l'intentionde voler, ce qui lui évita d'être brûlévif. Ce jour là, le premier avion àréaction du monde avait volé et sonpilote était aussi son inventeur! Mais,faute de financement, le génialRoumain dût renoncer à fabriquer undeuxième prototype.

Pilote d'essai malgré lui

La Banque Roumaine d'Escompte placée sous contrôle

Petrom mise sur de nouveaux gisement s

Petrom prévoit de réaliser un chiffre d'affaires de 3,5 milliards d'� (23 milliards

de F) en 2002, pour un profit brut de 83 M� (550 MF). Le groupe pétrolier national

mise sur la découverte de nouveaux gisements de 2 millions de tonnes de pétrole et

de 3 millions de tonnes de gaz, investissant 80 M� (525 MF) dans la recherche au

Kazakhstan, en République de Moldavie, en Yougoslavie, en Iran, Hongrie et Inde.

Il compte moderniser, cette année, 41 stations services, 55 dépôts, construire 10 nou-

velles stations et en franchiser une centaine.

Roumains à bon compte

Selon une étude de la BERD (Banque Européenne de Reconstruction et de

Développement) portant sur la dernière décennie, 4000 spécialistes originaires du

Sud-Est de l'Europe, ont occupé ou occupent des postes importants dans des orga-

nismes financiers ou des banques, à Londres, Paris, Francfort, Bruxelles, Zurich…

Parmi eux de nombreux Roumains, qui ont finalisé leurs études dans des capitales

européennes, n'ont pas trouvé de postes à leur mesure dans leur pays, et travaillent

maintenant dans des établissements réputés comme JP Morgan, Meryll Lynch,

Deutsche Bank… où leurs salaires représentent un tiers de ceux de leurs collègues

occidentaux.

Garantie en cas de faillite bancaire

Le Fonds de Garantie bancaire a majoré son plafond d'intervention en cas de

faillite d'une banque, pour les clients titulaires d'un compte, leur garantissant un rem-

boursement de 3800 � (25 000 F) au maximum.

Taxes sur les import ations de sucre

En vue de relancer la production de betterave sucrière, le gouvernement a déci-

dé de réintroduire une taxe douanière de 30 % sur le sucre d'importation. Les six raf-

fineries roumaines, autrefois une trentaine, n'utilisent guère plus que des matières

premières venant de l'étranger ce qui a fait s'effondrer la récolte de betteraves.

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

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TIMISOARA

ARAD

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SIBIU

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BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

DEVA

CLUJ l

l

l

SIGHISOARA

CHISINAU

BISTRITA

Henri Coanda : le passé,

le présent et l'avenir de l'aviation

A savoir

Tarom réduit ses pertes

Tarom,dont la privatisation annoncée

voici deux ans a été repoussée sine die a

réduit ses pertes de 20 M� (130 MF) en

2001 par rapport à l'année précédente.

Parallèlement à une hausse des tarifs, la

compagnie nationale à pris des mesures de

restructuration portant sur la fermeture de

lignes déficitaires ou peu rentables, le

renouvellement de ses représentations à

l'étranger, une meilleure administration de

la vente des places.

Tarom, qui n'a bénéficié d'aucune sub-

vention de l'Etat après les attentats du 11

septembre, cherche à former une joint-

venture avec une grande compagnie inter-

nationale concernant les préachemine-

ments et les vols intérieurs.

La construction navale redémarre à T ulcea

Après sa privatisation et une réorgani-

sation massive de la direction et de l'enca-

drement en 2001, conduite par son nou-

veau propriétaire, la firme norvégienne

Aker, le chantier naval de Tulcea a relancé

son activité. Sans réduction de personnel,

la productivité a doublé… ainsi que les

salaires des 2500 employés. Onze bateaux

sont sortis des cales l'an passé, soit prati-

quement un par mois, destinés à des pays

européens ou asiatiques.

Page 14:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2227

Connaissance et découverte

La communion de l'homme et la nature

De sa table de travail, Sadoveanu embrasait du regard la

Moldavie, de la rivière Prut au Ceahlaul. Chasseur et pêcheur

passionné, il arpentait forêts et vallées. Cette communion de

l'homme et la nature se retrouve au détour de chaque page, tout

comme l'auteur sait rendre l'atmosphère monotone des vil-

lages, bourgades, engourdis par l'hiver ou plongés dans la tor-

peur de l'été. Ce sera d'ailleurs le

titre de l'un de ses romans, Locul

unde nu s-a intimplat nimic (Le

lieu où il ne s'est rien passé).

Imprégné de son pays,

Sadoveanu, a été un écrivain

populaire, très publié et autant lu

par un public de tous âges. Son

œuvre est empreinte d'idées

humanistes et généreuses, où

perce parfois une pointe de mora-

le, à vertu pédagogique comme

dans Crâsma lui Mos Precu (Le

bistrot du Père Precu).

Sadoveanu y présente un pope

ivrogne, connu pour ses frasques,

allant jusqu'à baptiser un cheval

dans une cave où il s'enivrait.

Se reconnaissant sous les traits du personnage, un prêtre

des environs, après avoir envisagé de faire un procès, jugea

plus prudent, "toute honte bue", de demander sa mutation dans

un village éloigné où le livre ne risquait pas de parvenir, tout

en renonçant à son vice. Il viendra remercier l'écrivain

quelques années plus tard.

Abandonnant ses études

médiocres pour devenir écrivain

Sadoveanu était très attaché à sa Moldavie natale. Il avait

vu le jour le 5 novembre 1880, à Pascani, dans une famille

bourgeoise. Son père était avocat et sa mère, fille de "razesi",

paysans ayant de la terre. Contrairement à bien d'autres génies

roumains, montrant une précocité stupéfiante, l'enfant ne

brillait pas à l'école, redoublant à deux reprises. Ses maîtres

estimaient que son éducation rurale l'handicapait. Cela ne

l'empêchera pas de devenir plus tard docteur "honoris causa"

de l'Université de Iasi, ville dont il a dirigé le Théâtre national

entre 1910 et 1919, et dont le grand lycée porte aujourd'hui son

nom, et membre éminent de l'Académie roumaine.

Jeune homme, il entreprit sans conviction des études de

droit à Bucarest, sur les instances de son père, les abandonnant

et n'exerçant jamais le métier de juriste. Mihaï Sadoveanu

avait alors vingt ans. Il avait pris la décision difficile de deve-

nir écrivain et de vivre de ses livres. Il ne s'agissait pas d'un

coup de tête. Dès l'âge de seize ans, l'adolescent avait voulu

entreprendre une biographie de Stefan cel Mare, renonçant

faute de documents, mais montrant là son goût prononcé pour

les fresques historiques. Un an plus tard, il écrivait son premier

ouvrage, sous le pseudonyme de "Mihaï din Pascani ".

Sadoveanu collaborait à des revues, des journaux, y

côtoyait des membres éminents de l'intelligentsia roumaine.

Bien des années après, il deviendra directeur d' "Adevarul"

("La vérité") et "Dimineata" ("Le Matin"), dénonçant dans ses

articles "le véritable visage de l'obscurantisme fasciste".

Quatre romans, la même année

Mais, en attendant il fallait vivre. Après s'être marié avec

Ecaterina Bâlu, en 1904, dont il

aura neuf enfants, le jeune auteur

trouva une place de copiste à

Bucarest. Décidément voué à être

prolifique, il publia la même

année quatre romans… Ce qui

amènera le maître à penser de

cette époque, Nicolae Iorga, a

baptisée 1904 "année

Sadoveanu".

Sa carrière était lancée.

L'écrivain s'affirma alors comme

un véritable conteur, avec une

grande capacité à écrire "authen-

tique". Sous sa plume, boyards et

iobagi (paysans serfs) s'expriment

comme dans la vie. Avocats, sol-

dats, curé, marchands, braconniers, voleurs sont plus vrais que

nature. Sadoveanu est alors de plain pied dans la grande

époque du roman réaliste. Dans Tara de dincolo de negura

(Le pays d'outre-brouillard) pêcheurs, chasseurs de

Moldavie de Dobroudja prennent place au rythme des saisons

qui se succèdent . Le poète de la nature qu'il est apparaît aussi

avec Imparatia Apelor (L'Empire des eaux), Valea

Frumoasei (La vallée de la Belle).

Reposant aux côtés d'Eminescu et Caragiale

Toutefois, ce sont ses romans historiques qui assureront sa

réputation. Sadoveanu crée le genre, le rend vivant, rapproche

ainsi les grandes figures de l'histoire roumaines du public, ce

qui en fait, même aujourd'hui, un auteur très important, tou-

jours en bonne place dans les programmes scolaires.

L'écrivain voit l'histoire comme une scène immense où se

mêlent chefs des voleurs et grands voïvodes, dans des décors

d'épopées, mythes et légendes, le lecteur ayant le sentiment de

participer aux plus beaux ou plus terribles événements. Ainsi

en est-il avec la trilogie Fratii Jderi (Les frères Jderi),

vaillants chevaliers luttant aux côtés de Stefan cel Mare, le

prince qui a repoussé les Turcs à quarante reprises, construi-

sant autant de monastères pour remercier Dieu. Zodia

Cancerului (Le signe du cancer) montre un autre visage de

l'histoire de la Moldavie, néfaste celui- là, l'époque de Duca

Voda, voïvode corrompu, cruel et sans scrupules.

Même contesté aujourd'hui, il était naturel que le grand

historien prenne place dans la mémoire des Roumains…

Mihaïl Sadoveanu, presque aveugle, mort le 19 novembre

1961, à l'âge de 81 ans, repose dans le cimetière Bellu de

Bucarest, aux côtés de Mihaï Eminescu et Ion Luca Caragiale.

Sa maison de Iasi a été transformé en musée.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2214

Actualité

Alors que le début de l'hiver a été glacial, suivi d’un long redoux, de nom-

breux Roumains ont grelotté dans leurs logements. Certains, ne pouvant

plus acquitter les charges communes, ont demandé à être débranchés du

système de chauffage, d'autres, considérés comme mauvais payeurs, l'ont été d'office

par les fournisseurs d'énergie. C'est en Moldavie que la situation s'est avérée la plus

dramatique. A Iasi, depuis début février, seulement un tiers des familles bénéficient de

l'eau chaude et du chauffage. Des quartiers entiers de la périphérie de la ville ont été

déjà débranchés. Radet, le distributeur d'énergie thermique, s'efforce de récupérer 6

M� (40 MF) de dettes auprès des abonnés et a entrepris de débrancher individuelle-

ment ceux qui n'ont pas payé leur facture depuis trois mois, et non plus de procéder à

des débranchements collectifs d'immeubles comme il le faisait jusqu'ici.

A Vaslui, le distributeur s'apprêtait à faire des débranchements massifs. Dès jan-

vier, à Suceava, chauffage et eau chaude commençaient à être rationnés, les mauvais

payeurs étant avertis qu'ils n'auraient de l'eau chaude qu'une fois par semaine, comme

au temps de Ceausescu. Dans les quartiers périphériques de Braïla, là où le chauffage

n'est plus qu'un souvenir, les fenêtres sont calfeutrées avec des cartons et des matelas.

Orsova, ville complètement débranchée du réseau de chauffage

A Orsova, sur le Danube, les habitants ont renoncé au chauffage devant son coût.

Le fournisseur, qui n'a encaissé que 4 % de ses factures en novembre dernier, ne

comptait plus que 800 abonnés sur 3000 appartements en ville, en 2001, et 350 au

début de cette année. N'ayant plus assez de clients pour rentabiliser son activité, crou-

lant sous les impayés, il envisageait de mettre la clé sous la porte.

Les habitants de la cité ont choisi de se chauffer au bois. Cheminées et tuyaux de

poêle dépassant les toits, se multiplient. La municipalité a proposé de construire des

cheminées communes dans les immeubles. La mairie elle-même a été débranchée du

réseau… et le maire travaille à son bureau, emmitouflé dans un grand manteau.

Au plan national, il semble que l'instauration au 1er janvier dernier d'un revenu

mensuel garanti de 23 � (150 F), assorti d'une aide pour le chauffage comprise entre

9 � (60 F) et 18 � (120 F) à chaque Roumain ayant des ressources inférieures, ait eu

un effet pervers. Ce "RMI" a remplacé d'autres dispositifs sociaux, entraînant la sup-

pression du système dégressif des bons de chauffage délivrés par les mairies qui

concernait les personnes ayant des ressources mensuelles un peu supérieures, com-

prises entre 30 � (200 F) et 60 � (400 F).

Social

Pendant l'hiver, des centaines deSDF et d'enfants des rues se réfu-gient auprès des canalisations d'eauchaude souterraines de Bucarest,pour fuir le froid. Au mois de janvier,l'une d'entre elles a explosé, déver-sant son flot d'eau à plus de centdegrés. Plusieurs sans abris ont réus-si de justesse à s'échapper, mais unemère de 46 ans et son petit garçonde 18 mois ont été rattrapés par letorrent qui les a ébouillantés.

Vice-championne dumonde… de la misère

Liliana Chirila, médaille d'argent auchampionnat du monde d'aviron de1987, survit aujourd'hui à Iasi, avecson indemnité de chômage de 13,7 �(90 F), immobilisée dans son lit parun corset de plâtre, luttant pour trou-ver de quoi manger et des médica-ments pour soulager ses souffrances.

Soumise à un entraînement inten-sif, la jeune femme avait dû renoncerà participer aux J.O. de Séoul, en1988, ressentant d'atroces douleursdans le dos, et avait subi ultérieure-ment des opérations pour des herniesdiscales. Par la suite, forcée d'aban-donner sa carrière sportive, ne pou-vant plus travailler, elle s'est adresséeà sa fédération, demandant à bénéfi-cier d'une pension d'invalidité, qui luia été refusée car celle-ci est réservéeaux champions ayant remporté untitre olympique ou mondial. ACopenhague, où elle était devenuevice-championne du monde, LilianaChirila et sa co-équipière ElisabetaLipa, avaient raté la médaille d'or…pour un dixième de seconde.

Hiver glacial… familles

frigorifiées dans leurs

logements sans chauffage

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TULCEABRAILA

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La maison de Sadoveanu, construite en 1842 par MihailKogalniceanu, homme politique de premier plan,

et habitée un temps par le musicien George Enescu, est devenue aujourd’hui un musée consacré à l’écrivain.

Devant les difficultés de plus en plus grandes des Roumains à payer leur

chauffage, le Premier ministre, a reconnu que le prix de l'énergie ther-

mique et électrique avaient été multiplié par vingt depuis 1996, alors que

celui des autres tarifs ou biens de consommation ne l'avaient été que de trois fois, en

corrélation avec l'inflation. "C'est déraisonnable" a déclaré Adrian Nastase, recon-

naissant que "plus personne n'avait les moyens de payer les dépenses d'entretien des

logements qui atteignent parfois la moitié d'un salaire moyen". Pour remédier à la

situation, le gouvernement envisage de baisser la première tranche d'impôt (18 %) qui

concerne les revenus les plus faibles, soit environ 2,3 millions de salariés. Il mise sur

la compréhension du FMI (Fonds Monétaire International) qui lui a accordé un prêt,

pour déroger à ses mesures de rigueur économique. Afin de développer l'offre d'éner-

gie et stimuler la concurrence, la réalisation du deuxième réacteur nucléaire de

Cernavoda va être activée ainsi que la privatisation des centrales hydrauliques.

Le prix de l'énergie thermique a été multiplié p ar vingt depuis 1996

Une sans-abri et son bébé ébouillantés

M. CIUC

P. NEAMT

VASLUI

ORSOVA

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ALBA IULIA

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2226

Sadoveanu, metteur

en scène de l'Histoire

Littérature

Connaissance et découverte

De son vivant, Mihaïl Sadoveanu

(1880-1961), était souvent compa-

ré au "Ceahlaul" pour la densité de

son œuvre. L'impressionnant massif monta-

gneux des confins de la Moldavie correspondait

aussi bien au physique robuste de l'écrivain. A

la fin de sa vie, les critiques ne lésinaient pas

sur les superlatifs lyriques, qualifiant également

le romancier de “Stefan cel Mare (Etienne le

Grand ) de la littérature roumaine", ou de

"Troisième Mihaï de l'Histoire du Peuple rou-

main", après Mihaï Viteazul (Michel le Brave),

premier unificateur de la Roumanie, et Mihaï

Eminescu, le poète national.

L'époque, il est vrai, se prêtait à la dithy-

rambe. Sadoveanu était devenu une importante figure du régime communiste, dont il

présida le Présidium de la Grande Assemblée Nationale de 1947 jusqu'à sa mort, en

1961, jouissant de tous les privilèges dus à son rang. Quelques années plus tard, dans

un tout autre registre, les thuriféraires du pouvoir porteront aux nues un "Génie des

Carpates", également "Danube de la pensée", pour les résultats que l'on sait.

Autant dire que la collaboration de l'écrivain avec les communistes lui attire

aujourd'hui les foudres des critiques dont la plume a été libérée, d'autant plus que le

personnage était mesquin, connu pour son égoïsme notoire, et avait accumulé une des

plus grandes fortunes du pays à l'époque. " Son œuvre a été surévaluée", "Sadoveanu

a été utilisé par l'idéologie et en a aussi tiré profit", "Les commentateurs l'ont encen-

sé parce qu'il fallait courber l'échine devant l'appareil de propagande du Parti"…

sont quelques unes des appréciations peu flatteuses que l'on peut lire à son sujet.

Ses livres brûlés par les apprentis fascistes en 1937

S'il était de ce monde, Mihaïl Sadoveanu s'en offusquerait-il pour autant ? Le

créateur de l'épopée du peuple roumain, inventeur du genre du roman historique dans

son pays, a été au centre de controverses, tout au long de sa vie. D'obédience franc-

maçonne, grand maître d'une loge, il était voué aux gémonies par les apprentis fas-

cistes légionnaires qui, en 1937, brûlèrent ses livres en place publique. Cet autodafé,

aboutissement d'une campagne de presse, souleva l'indignation des intellectuels, mais

il annonçait aussi le temps des épreuves pour le peuple roumain qui ne se terminera

qu'un demi-siècle après, avec la chute de Ceausescu.

Bien avant les flatteries excessives à venir ou une haine abjecte, l'écrivain savou-

ra la reconnaissance émue et sincère que le peuple et le pays lui exprimèrent en 1930,

lors de manifestations nationales organisées à l'occasion de son cinquantième anni-

versaire, pour avoir su mettre en scène leur histoire.

Cette époque, entre les deux guerres, fût la plus heureuse de sa vie. Sadoveanu,

revenu du front, où il avait combattu avec le grade de lieutenant, après avoir gagné ses

galons contre les Bulgares dès 1913, s'installa avec sa famille à Iasi, dans l'ancienne

maison de Kogalniceanu, historien et Premier ministre sous Cuza (1859-1866). Il y

écrira trente romans, le quart de son œuvre qui en comporte cent vingt, dont Baltagul

(La Hache), bouclée en deux semaines, traduite en 24 langues, inspirée de la célèbre

ballade populaire Mioritsa. Le personnage central en est une sorte de Hamlet féminin

qui veut venger la mort de son mari.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2215

Actualité

L'accord signé entre la

Roumanie et l'Espagne pour

permettre à 865 travailleurs

roumains d'aller ramasser les fraises en

Espagne a provoqué des scènes frisant

l'émeute. Le contrat de travail était allé-

chant puisqu'il garantissait un salaire brut

quotidien de 28 � (183 F), pour un travail

de 6 heures par jour, six jours par semai-

ne, ce qui représentait un revenu mensuel

brut de 730 � (4800 F), près de sept fois

supérieur au salaire moyen en Roumanie.

Plusieurs milliers de Roumains ont

pris d'assaut les quatre agences pour l'em-

ploi d'Alba Iulia, Craiova, Calarasi et

Piatra-Neamt, lesquelles avaient organisé

une présélection pour ces saisonniers.

A Alba Iulia, mille personnes se sont

présentées le premier jour, seulement 120

étant retenues. Le lendemain, 1500 autres

candidats faisaient la queue dès l’aube.

Les voitures venant des départements

voisins bloquaient le quartier qui se

retrouvait presque en état de siège après

l'intervention de la police.

A Piatra Neamt, dès la veille, des

dizaines de personnes s'étaient rassem-

blées. Lors de l'ouverture des bureaux,

elles étaient un millier. La police devait

également intervenir pour calmer les per-

sonnes énervées dont le dossier avait été

refusé. Beaucoup s'étaient présentées

sans connaître les conditions à remplir et

sans les documents nécessaires (passe-

port valide, certificat médical, casier judi-

ciaire, avoir entre 18 et 50 ans, posséder

une expérience dans le domaine agrico-

le). A Calarasi, des femmes suppliaient

qu'on retienne leur candidature pour pou-

voir sauver leur famille.

La sélection finale a eu lieu à

Bucarest, début février, avec la participa-

tion des Espagnols et du Ministère rou-

main du Travail, ce qui apportait une

garantie de sérieux, après les différentes

escroqueries qui ont marqué "le miroir

aux alouettes du travail" à l'étranger. Elle

a cependant provoqué une énorme décep-

tion et la colère des hommes, les femmes

étant retenues en grande majorité, "jugées

plus adroites pour ce genre d'activité".

Sélectionné, le directeur du lycée

d’Ocna Sibiului a démissionné, jugeant

plus rentable d’aller ramasser des fraises.

Plus de deux millions de personnes vont toucher le Revenu minimum garanti

Alba Iulia en ét at de siège pour la présélection des ramasseurs de fraises en Esp agne

SocialCompromis avec le pouvoir communiste,

l'écrivain demeure une immensefigure de la littérature roumaine

Les anecdotes authentiques four-millent sur l'écrivain, rapportées parses proches, dont sa fille aînée,Profira Sadoveanu, aujourd'hui âgéede 96 ans, la seule de ses trois gar-çons et six filles encore en vie.

Au cours d'une promenade enradeau sur la rivière Bistrita dans uncadre enchanteur qu'il n'a jamais eul'occasion d'apprécier, l'auteur ne lèvepas les yeux, absorbé par la partied'échecs qu'il dispute. Quelques moisplus tard, ses accompagnateursdécouvriront une description magni-fique et minutieuse de l'endroit, dansun de ses romans.

Devenu président du Présidium dela Grande Assemblée Nationale, sousle régime communiste, Sadoveanureçoit un journaliste dans une maisonfastueuse. On lui apporte un plateaugarni de toutes sortes de sandwichs,qu'il dévore, sauf le dernier qu'il parta-ge en deux. "Vous voyez, je suiscommuniste… Je partage fraternelle-ment tout ce que j'ai”, glisse-t-il à soninterlocuteur qui ne sait quoi penser.

Un de ses amis le rencontre et luireproche d'avoir mis son talent à ladisposition des nouveaux maîtres dupays. "Un artiste ne doit pas sevendre " le sermonne-t-il. "Que veux-tu… Que ne ferait pas l'homme pourun bout de pain ? " se justifieSadoveanu, s'attirant une réponseimplacable : "Pour le pain peut-être.Mais pour toi, il s'agit de brioche" !

Apiculteur averti, l'écrivain avait denombreuses ruches. Après la guerre,alors que tout manquait, un médecinami vint quémander du miel pour unpoète démuni et qui se mourrait.Sadoveanu lui remit un pot. Par poli-tesse, le médecin demanda combienil devait. "Voyez avec mon secrétaire"s'entendit-il répondre.

Nouveau en

Roumanie,

le Revenu

minimum garanti est

entré en application. Ce

RMI à la roumaine, non

cumulable avec d'autres

ressources, assure aux

personnes démunies un

revenu mensuel de 630 000 lei ( 23 �, 150 F) et donne accès à

d'autres aides pour le chauffage et l'eau chaude, le gaz , les

enfants scolarisés. Plus de 2 millions de personnes sont

concernées, soit 760 000 familles.

Les bénéficiaires étaient priés de s'inscrire en mairie,

début janvier. Dans plusieurs villes, les files d'attente ont pro-

voqué des scènes à la limite de l'hystérie, comme à Constantsa

où, malgré le froid intense, des personnes faisaient la queue

dès quatre heures du matin. Une vieille dame dont la pension

de retraite se montait à 600 000 lei a grelotté des heures dans

l'espoir de gagner 30 000 lei supplémentaires chaque mois (0,5

�… 3,30 F). "Cela compte pour moi" expliquait-elle.

A Timisoara, par contre, des Tsiganes habitant dans de

véritables palaces d'une vingtaine de pièces, qu'ils se sont faits

construire avec l'argent récupéré de manière suspecte en

Occident, provenant souvent de différents trafics, roulant en

jeeps ou 4x4, ont fait scandale en déposant leurs dossiers de

demande. La mairie a effectué une enquête. L'un a déclaré qu'il

n'avait pas les moyens de payer les impôts fonciers que la ville

lui demandait. Un autre qu'il devait subvenir aux besoins de sa

nombreuse famille. Le maire de Timisoara a regretté que la loi

ne permette pas de sanctionner les demandes abusives.

Le dispositif du RMI autorise les mairies à demander aux

bénéficiaires de participer à des travaux d'intérêt communaux

dans la limite de 9 jours par mois, huit heures par jour, sous

peine de perdre leurs indemnités, ce qui a provoqué un vif

mécontentement. A Arad, sur les 550 personnes concernées,

250 ont été dirigées vers les travaux d'entretien des espaces

verts et de voirie de la ville, et 300 vers ses services de net-

toyage. Seulement une soixantaine d'entre elles se sont pré-

sentées, nombreux étant celles ayant obtenu une dispense

médicale. A Miercurea Ciuc, les services municipaux ont

attendu en vain les personnes convoquées.

La même allocation

de chômage pour tout le monde

La réforme de l'indemnisation du chômage est entrée éga-

lement en vigueur ce 1er mars. Au lieu d'une indemnité de 9

mois suivie d'une aide sociale d'une durée maximale de 11

mois, les chômeurs percevront désormais une indemnité

unique de 1,3 millions de lei (48 �, 315 F), quelque soit leur

salaire antérieur, correspondant à 75 % du salaire de base

minimum brut au plan national. Pour en bénéficier, il faudra

avoir travaillé au moins un an. La durée d'indemnisation est

fixée à six mois pour les personnes ayant exercé une activité

pendant une période de un à cinq ans, neuf mois, entre cinq et

dix ans, un an au-dessus. Les chômeurs sont tenus d'accepter

toute proposition de travail correspondant à leur formation ou

à leur niveau d'études, se situant à moins de cinquante kilo-

mètres de chez eux.

Les Roumains acceptent le RMI…

mais pas "les travaux forcés"

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BACAU l

lPITESTI

l

DEVA

CLUJ

PASCANIl

Se vendre pour du pain... ou de la brioche?

Comme ici à Arad, les bénéficiaires du Revenu minimum garanti

doivent en contrepartie assurer des travaux au profit des communes.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

2225

Livres

Les éditions Maisonneuve et Larose mettent à la dis-

position du public les contes roumains d'Arthur et

Albert Schott, publiés pour la première fois dès

1845, dans les pays germaniques et en allemand. L'œuvre exis-

tait également en français, mais n'étaient plus disponible à ce

jour. Tout autant que ceux des frères Grimm qui datent de la

même époque, ces contes sont assurément des classiques du

genre. Dans la première moitié du XIXème siècle, inspirés jus-

tement par le travail de ces illustres conteurs qu'ils admirent, les

frères Schott retranscrivent des récits issus du fonds légendaire

de la Valachie, province danubienne qui constituera quelques

années plus tard la Roumanie, par l'Union avec la Moldavie.

Les deux frères se partageaient le travail

Les deux frères se partagent le travail. Au cours de ses

voyages, Arthur enregistre les récits merveilleux que lui font les

gens rencontrés sur place. Profitant d'un séjour de six ans dans

le Banat occidental, il se fera traduire "Le trésor de contes et

récits qui ornait la mémoire de la vieille Valaque Florika" ou

bien récupérera des contes directement écrits en allemand

comme ceux de "Monsieur Dragulesku, un Valaque originaire

d'Oravitza".

Consciencieux, Arthur Schott se fait raconter à nouveau les

histoires - comme un journaliste aujourd'hui, recoupe ses

sources - puis peaufine sa première mouture. Albert, qui est

resté en Allemagne, réalise alors un remaniement prudent mais

fidèle au sujet, afin de satisfaire aux critères de la publication.

Les frères Grimm considéraient que les contes ne sont en

fait que "d'anciens mythes qu'on croyait perdus mais qui sub-

sistent encore dans cette forme". Ils assuraient qu'ils venaient

d'un fonds primitif commun développé à leur façon par chaque

peuple. Pas étonnant alors de retrouver des parentés étroites

entre légendes grecques, contes germaniques et roumains… et

donc entre les contes des frères Grimm et Schott, qu'une même

identité chrétienne a, par la suite, patinés quelque peu sembla-

blement.

Ainsi, comme le disent les frères Schott, les lecteurs pour-

ront retrouver dans ces récits valaques "à côté de maint trait

nouveau, maint visage depuis longtemps connu, mainte voix

qui, depuis les jours de notre enfance, a fait notre joie". Le beau

prince, le miroir magique, les enfants d'or, le diable et son éco-

lier, la nymphe de la forêt, la sirène d'or, etc… entrent ainsi dans

l'univers des amateurs du merveilleux et de l'imaginaire.

Bernard Camboulives

Contes Roumains d'Arthur et Albert Schott, (traduit de l'allemand

par Denise Modigliani). Nouv ed, Maissonneuve et Larose, 2001

Deux ouvrages pourront être

lus avec profit par ceux que

l'ancienneté de la culture

roumaine et son enracinement dans de

vieux fonds de pensée mythologique inté-

ressent.L'un part à la recherche des struc-

tures mentales révélées par les rituels qui

se pratiquent encore dans les Carpates. Il

s'agit de Mémoires des Carpates de Jean

Cuisenier, ethnologue rigoureux formé à

l'école de Levy-Strauss, qui use de

méthodes quasi scientifiques pour tenter

de cerner une Roumanie millénaire.

L'autre provient d'une romancière

dont la démarche est fondée sur les senti-

ments que lui inspire un retour au pays

après une longue absence. Il s'agit de

l'ouvrage, plus ancien, de Marthe

Bibesco, intitulé Izvor, le pays des

saules dont le propos tente de circonscri-

re une Roumanie éternelle afin de mieux

la comprendre.

Jean Cuisenier a parcouru la

Roumanie à de nombreuses reprises,

avant comme après la chute du commu-

nisme. Ses pas l'ont conduit partout où

existait du matériau ethnologique. C'est à

dire en de nombreuses régions, notam-

ment au Maramures, en Olténie et en

Bucovine. Autant de régions rurales dans

lesquelles les paysans ont conservé de

prodigieuses constructions de l'esprit…

enchâssées dans la splendeur des grands

rituels célébrant la vie, la mort, chantant

le passage des saisons et l'intervention

des saints.

Aux observations scrupuleusement

notées sur les fêtes, les obsèques, les tra-

vaux, l'habitat, la cuisine, les vêtements,

etc… s'ajoutent de remarquables photos

en noir et blanc et quelques beaux textes

qui témoignent largement de la poésie à

l'œuvre dans ces campagnes roumaines.

Jeter des ponts avec les paysans

Le livre de Marthe Bibesco, bien que

différent et datant de 1947, est tout autant

intéressant. L'émotion est souvent pré-

sente, notamment lorsque cette grande

aristocrate roumaine, ayant choisi de

s'installer à Paris, s'aperçoit qu'elle doit sa

richesse à l'extrême exploitation des pay-

sans qui vivent sur ses terres.

Désireuse de jeter des ponts avec ces

derniers, elle comprend vite qu'ils ne sont

pas en dessous des propriétaires, mais

"ailleurs, et loin, au fond des âges". Des

paysannes ignorantes vont ainsi lui per-

mettre d'entrer dans un monde rempli de

poésie. "La poésie abonde, coule de sour-

ce, dès qu'on s'enfonce avec ce peuple

dans la forêt enchantée qu'il habite". Ce

sont les saisons de l'année et leurs rituels

inchangés depuis bien longtemps qui ser-

vent de fil conducteur à ce beau livre de

Marthe Bibesco.

B.C.

Mémoire des Carpates, Roumanie mil-

lénaire : un regard intérieur de Jean

Cuisenier. Plon, 2000.

Izvor, le pays des saules, la Roumanie

éternelle de Marthe Bibesco. Christian de

Bartillat éditeur, 1994 (Plon, 1947).

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2216

Société

Vie quotidienne

Nicole Wentzo et son association, "Le Flocon", située à Wahlenheim, près

de Strasbourg, ont une longue pratique de la Roumanie, intervenant

depuis 1990 dans une petite commune du Maramures, Calinesti, où leur

aide prend de nombreuses formes, notamment en direction des enfants handicapés

dont certains ont été recueillis en Alsace.

Pourtant, Nicole Wentzo n'avait jamais été confrontée autant à la réalité roumai-

ne que lors d'un voyage effectué à l'occasion des vacances de la Toussaint 2000. Elle

était partie avec deux amies et quatre de ses petits protégés, ravis de retrouver leur

pays d'origine. Quelques affaires à régler sur place, des mission à remplir… et huit

jours heureux en perspective avec son petit groupe.

Le premier soir, rentrant à Calinesti, alors que la nuit est tombée, leur véhicule

accroche une charrette non éclairée avec quatre personnes dont deux se révèleront être

complètement ivres. La conductrice réussit à l'éviter, mais non les barres de fer qui

débordent de tous les côtés. La charrette est renversée, coinçant le cheval. Un homme

est couché sur la chaussée, saignant abondamment, alors que deux autres, un homme

et une femme, se plai-

gnent. La voiture est

endommagée. Un

attroupement se

forme. Le blessé est

finalement évacué

vers l'hôpital de

Sighet, la grande ville

voisine, par une auto-

école de passage.

Au bout d'une

heure, la police arri-

ve, sans ambulance.

Un expert est égale-

ment là. Il faut faire

des photos. Nicole Wentzo prête son appareil, fournit la pellicule. Le lendemain,

quand elle les fera développer en urgence, elles lui seront facturées 55 � (360 F) l'uni-

té, celui qui a effectué les prises de vue, ayant auparavant réclamé 11 � (70 F), pour

avoir appuyé sur le bouton.

Assignée à résidence, permis de conduire et passeport retirés

Les policiers embarquent la Française dans leur voiture, direction le dispensaire

pour une prise de sang et des tests neurologiques du genre, marcher sur une jambe,

reculer, monter sur une chaise. L'assistante médicale se présente avec un "haricot" peu

engageant, au fond duquel se trouvent une aiguille et une seringue.

Nicole Wentzo proteste, exigeant qu'elles soient emballées, provoquant des réac-

tions furieuses et des cris, mais obtenant finalement gain de cause. Elle demande des

nouvelles du blessé, mais personne ne s'occupe plus d'elle. Le téléphone sonne et,

ostensiblement, on lui fait entendre la conversation dont elle comprend les mots

chocs: traumatismes crâniens multiples, nombreuses fractures des membres et du bas-

sin, coma…

Le monde vacille pour l'Alsacienne, isolée, qui est mise en condition, sans s'en

apercevoir. En pleine nuit, elle est conduite dans un petit commissariat pour un inter-

rogatoire. Il fait froid, elle grelotte, alors que les policiers enfilent de gros parkas.

L'enquêteur veut lui faire écrire et signer ce qu'il veut, mais elle refuse.

Magouilles, corruption, étranger dont on profite...

Interviewé par la presse roumainesur la corruption, un responsable dela Banque Mondiale a indiqué que, sile phénomène était généralisé dansles ex pays communistes, il étaitbeaucoup plus important dans larégion du sud-est de l'Europe, àlaquelle appartient la Roumanie.

La corruption y apparaît commeune entrave pour les investisseurs,étrangers ou roumains, décourageantbeaucoup d'entre-eux. Les nom-breuses taxes, et les dessous detable les accompagnant, qu'ils doi-vent acquitter pour démarrer uneaffaire peuvent se révéler dissuasifs,rendant l'investissement prohibitif.

L'expérience montre que lesgrosses entreprises acceptent depayer ces pots de vin, et qu'elles lesrépercutent ensuite sur leurs coûts.On a ainsi estimé que la corruptionpouvait peser pour 10 % dans le prixde vente des produits, les rendantd'autant moins compétitifs, affectantainsi l'économie en général.

La première question que se poseun investisseur est "Combien va-t-ilfalloir que je donne ?". Et d'énumérerensuite les "gestes" qu'il va devoirfaire vis à vis des administrations etde leur hiérarchie pour obtenir lesautorisations nécessaires, puis desorganismes de contrôle, la police,pour ne pas voir son activité "suffo-quer" sous leurs contrôles.

Même si pour la Banque Mondialele phénomène de la corruption ne vapas disparaître de sitôt, il faut aumoins le réduire. Elle préconise uneméthode simple : diminuer le nombred'étapes administratives à franchirpour ouvrir une activité.

La corruption a aussiun coût économique

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

l

l

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVAl

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

l

Les " Contes roumains " des frères Schott à nouveau disponibles en librairie

l

l

Un voyage transformé en dix jours

de cauchemar à la suite d'un accident

A la poursuite du merveilleux et de l'imaginaire en Valachie

Roumanie millénaire et Roumanie éternelle

La nuit, les charettes non éclairées constituent un véritable dangerpour les automobilistes qui redoutent de les découvrir

au dernier moment dans leurs phares.

SIGHET CALINESTI

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2224

Insolite

Météo à l'oignon

Pour prévoir le temps tout au longde l'année, les vieux Ceangaï, issusd'une minorité hongroise venue deTransylvanie et installée dans larégion de Bacau, ont leur méthode. ANoël, ils coupent en deux un oignon,le décortiquent en douze morceaux,leur attribuant chacun un mois, qu'ilsrecouvrent de pincées de sel pendantune semaine.

Au premier de l'an, les Ceangaïprédisent ainsi les mois pluvieux,ceux dont le sel est gorgé d'humidité,ou secs, quand il n'a pas bougé. Ceprocédé, infaillible, selon leurs utilisa-teurs, était aussi employé, autrefois,dans plusieurs autres régions.

Quelle ne fut pas la surprise des douze habitants de Plaietu, dans le dépar-

tement de Prahova, quand ils ont vu débarquer, le 24 décembre dernier, le

Père Noël, encadré de gendarmes… Dans ce village, recouvert en grande

partie par les eaux du lac d'un barrage, seules trois maisons restent habitées et on ne

voit personne pendant de longs mois.

Isolé, sans électricité, ni eau courante, Plaietu n'est accessible que par un mauvais

chemin, impraticable en hiver, période où les trois familles demeurant sur place sont

coupées du reste du monde, une barque assurant les liaisons quand le lac n'est pas gelé.

La gendarmerie départementale a donc décidé de leur apporter un peu de récon-

fort, le général la commandant ayant troqué son uniforme contre le costume de Père

Noël et distribuant à chacune cadeaux et mets pour les fêtes d'une valeur de 200 �

(1350 F). Voyant ce personnage magique pour la première fois - on ne reçoit pas la

télévision à Plaietu - une fillette de dix ans se montrait très intimidée et découvrait

aussi bananes et oranges… ne sachant trop comment s'y prendre pour les éplucher.

n

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

l

l

l

l

TIMISOARA

CLUJ

ARAD

HUNEDOARAl

SIBIU

l

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2217

Société

Heureusement, une amie roumaine parlant bien le fran-

çais, est arrivée et lui sert d'interprète. Les palabres se suivent

sans résultats. Finalement son véhicule, son permis de condui-

re et son passeport lui sont retirés. Nicole Wentzo est "assignée

à résidence" chez les gens qui l'hébergent et convoquée au

commissariat de Sighet. C'est l'heure des remises en question :

"Je n'aurais jamais dû mettre les pieds en Roumanie. Çà fait

dix ans qu'ils bouffent et ma vie et mon

porte-monnaie".

Des amis roumains l'ont attendu

dans la cour jusqu'à 5 heures du matin,

bien qu'ils travaillent à 8 heures.

Pendant dix jours que durera ce cau-

chemar, ils seront à ses côtés, comme

chauffeur avec leurs véhicules, accom-

pagnateur, traducteur.

Mise en condition

L'un est allé voir le blessé et lui a

apporté des bananes qu'ils dévorent…

quelques heures après son "coma" qui se révèle être de simples

ecchymoses et deux côtes cassées. Pourtant à l'hôpital, on n'en

démord pas : "C'est grave. Il faut compter 60 jours d'hospita-

lisation et çà va vous coûter 1700 � (11 000 F), parce que vous

êtes responsable". Par la même occasion, un médecin sollicité

pour faire un certificat médical afin de justifier le retard prévi-

sible pour le retour en France, réclame 100 marks (53 �, 350

F). Un autre l'établira pour 15 � (100 F). A la pharmacie, deux

boites de médicaments pour le groupe, qu'il faut faire venir de

Cluj (10 �, 65 F de transport) seront facturés 70 � (460 F) la

boite, soit cinq fois leur prix en France.

Au commissariat de Sighet, où Nicole Wentzo sera convo-

quée pratiquement quotidiennement de 9 heures à 17 heures,

l'état du blessé est toujours considéré comme très grave. De

manière à être entendus, les policiers parlent entre eux d'acci-

dents avec les étrangers: des milliers de marks, de dollars à

payer… Parfois le téléphone sonne. L'enquêteur doit aller chez

lui. On lui livre du bois. Il faut revenir l'après-midi, pour rien,

sauf des insultes et des cris sur les gens de Calinesti qui aident

"la Française".

"Il va vous falloir de l'argent pour payer tout çà"

Les jours suivants, même scénario. Les policiers insistent:

"il va vous falloir de l'argent pour payer tout çà". Nicole

Wentzo a fait venir d'urgence 7000 � (45 000 F), mais ne peut

pas les retirer, faute de passeport confisqué. Les policiers se

radoucissent tout à coup : "On vous accompagne à la

banque"… banques qui se servent au passage : 260 � (1700 F)

à l'envoi… et 335 � (2200 F) à la réception.

Puis le résultat de la prise de sang arrive. Nicole Wentzo a

bu une bière quelques heures avant l'accident, mais le taux

d'alcoolémie autorisé est de zéro en Roumanie. On lui fait

comprendre que c'est grave, qu'elle va être déclarée respon-

sable et devra payer tous les frais… avant de lui suggérer qu'il

est possible de changer le flacon qui la "met en cause". Elle

bondit et obtient la présence d'un avocat parlant français. Il

arrivera deux heures plus tard. "Vous êtes en Roumanie… tout

est possible, tout est légal", lui dira-t-il lors d'un entretien

autorisé de dix minutes, lui demandant 100 marks.

Mais l'Alsacienne ne veut pas de "magouilles". Quelques

jours plus tard, le même avocat, qui ne s'est pas dérangé, lui

conseille au téléphone de laisser faire la police… et lui

demande de passer à son bureau pour régler le prix de cette

assistance, soit 100 marks. Pendant

tous ces épisodes, policiers et avocats

se servent impunément de son télépho-

ne portable, même pour des coups de

fil personnels. Un comble… Il lui fau-

dra même, à ses frais, aller faire ache-

ter dans une papeterie du papier, un

carbone et un dossier cartonné, pour

que sa déposition soit consignée…

"Ici tout est possible,

tout est permis"

Après six jours d'affres, les amis

roumains de Nicole Wentzo sont inquiets de la voir extrême-

ment fatiguée et ont peur qu'elle ne craque. Elle ne dort plus la

nuit. "Ici, tout est possible, tout est permis" lui disent-ils, avec

une grande tristesse dans leurs regards, poursuivant "ils atten-

dent tous de l'argent. Si tu ne passes pas par leurs combines,

dans six mois tu seras encore là".

Le lendemain, remontée, elle retourne à la police de

Sighet. "Je veux le rapport d'expertise de l'assurance, faire

réparer ma voiture pour rentrer en France. Combien ?". Un

billet de 100 marks sorti du sac à main n'attire qu'une moue,

celui de 100 dollars disparaît en un clin d'œil.

Pour la même somme, Nicole Wentzo obtient aussi sa

"liberté sous caution". Elle refuse toutefois la suggestion d'al-

ler chez un garagiste recommandé par la police et entreprend

elle-même la tournée des carrossiers. Le premier lui demande

400 dollars (450 �, 3000 F), simplement pour décabosser une

portière. Sans facture… donc sans remboursement possible

par l'assurance. Pare-brise, vitres, capot, essuie glace sont

aussi à remplacer. Le second se contenterait de 400 marks (210

�, 1400 F). Un autre - un grand garage de Baia Mare- qui n'a

pas de pièces de rechange, lui propose de les récupérer sur des

véhicules impayés qu'il a en dépôt… et de les déclarer volées.

Finalement ce sont ses amis qui décabosseront la voiture et

boucheront les trous avec des sacs poubelles et du gros scotch,

ces réparations sommaires tenant jusqu'en Alsace.

Tout à 100 marks ou à 100 dollars

Un autre problème se pose. Les enfants du groupe ont des

visas de dix jours qui se terminent. Ils vont être en situation

irrégulière. Moyennant 100 marks pour téléphoner, un inter-

médiaire obtient un rendez-vous au service adéquat à Baia

Mare pour les faire prolonger… rendez vous qu'il faudra faire

confirmer par un autre billet de 100 marks. On la prévient que

ce renouvellement devrait coûter 100 dollars par enfant, soit

au total 450 � (3000 F), au lieu de 1 � en France !

(A suivre page 18)

Gendarmes au grand cœur

On peut voyager à travers la Roumanie, en restant tranquillement chez soi,

devant son écran, pourvu que l'on dispose d'Internet. C'est une balade vir-

tuelle à travers le pays qui vous est proposée dans cette chronique… à

vous de la transformer en réalité, lors de vos prochaines vacances !

Commençons par Bucarest dont la vision ne s'arrête pas au palais du Parlement,

ni à l'avenue de l'Union et ses immeubles sans âme, commandés par le "Conducator"

à ses 700 architectes qui devaient redessiner la capitale dont il rêvait. Déjà, un diapo-

rama sur http://www.virtourist.com/europe/bucharest/ présente une autre face de

la ville et, pour vous faire définitivement changer d'avis sur cet univers glacé, il faut,

avec http://www.geocities.com/tanyamurzin/postcards00.html, poursuivre la visite

par une galerie photos . Maintenant vous avez une toute autre idée de Bucarest et vous

ne pourrez plus jamais dire "qu'elle est une ville sans aucune valeur touristique" . Ces

sites vous auront sans-doute donné envie de flâner dans ce qu'il reste de ce "petit

Paris", tant vanté par l'écrivain et diplomate Paul Morand, dans les années 30. Voici

un plan pour ne pas vous perdre : http://www.pmb.ro/.

Dirigeons nous à présent vers la Transylvanie et plus précisément à Brasov, au

cœur des Carpates. Brrr…très froid l'hiver (- 25° en décembre dernier), mais + 20°

début février (à y perdre son slavon !). http://brasov.ro/ fourmille d'infos pratiques,

avec un petit plus, la série de cartes postales anciennes datant de la fin du XIXème

siècle. A transmettre à vos amis par E-cards pour compléter leurs collections.

Deux sites permettent de continuer la découverte de l'ancienne cité allemande, en

cours de restauration grâce à des capitaux germaniques : http://www.brasovtravel-

guide.ro/attractions/citadel.htm et http://brasov.free.fr (site en français).

Avec http://www.primsb.ro/internet/ro/start.html poussons maintenant notre

voyage jusqu'à Sibiu. Le site officiel de la ville propose une galerie photos importan-

te. Enfin, et plus surprenant, ce site très joli graphiquement conçu par un habitant de

Nouvelle-Zélande http://www.sibiu.f2s.com/. Il doit y avoir une Roumaine dans la

confidence pour le faire avec tant d'amour !

La suite de cette balade dans le prochain numéro …

Alain Defline

Balade en Roumanie : Bucarest, Brasov et Sibiu

Bonnes adresses sur le Net Sighetul Marmatiei est une ville chargée d’histoire,située au nord du Maramures,

près de la frontière avec l’Ukraine.

Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le sitehttp://laroumanie.de-France.org,

partenaire des "Nouvelles de Roumanie" .

Internet

Les villages de la communed'Horea dans les monts Apuseni, ontété mis en état d'alerte maximumpendant les grands froids du débutde l'hiver, des meutes de loups affa-més rodant autour des habitations.Les hurlements de ces animaux sau-vages terrorisaient la population quis'est calfeutrée dans les maisons,interdisant aux enfants de sortir,ramassant le bétail. Des chiens ontété dévorés.

De mémoire de villageois, il fautremonter à longtemps pour retrouverune telle invasion de loups. Les tem-pératures sibériennes et les abon-dantes chutes de neige les ont faitsortir en nombre des forêts, à larecherche de nourriture. Aucuneautorisation de chasse n'ayant étéaccordée, les habitants ont dûprendre "leur peur en patience", enattendant l'arrivée du redoux.

Prendre sa peur en patience

HOREAl

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Les fédérations roumaines dis-

posent d'un budget pour l'ali-

mentation des sportifs de haut

niveau qui était, quotidiennement, en

1999, de 7,5 � (50 F), porté à 10 � (65 F)

pendant la période de préparation des

J.O. de Sydney. Ces sommes sont reve-

nues à leur niveau initial ensuite, sans

tenir compte de l'inflation (45 % en 2000,

30 % en 2001), ce qui les a réduites res-

pectivement à 3,7 � (24 F) et 5,2 � (34 F).

Du coup, la saison passée, les ath-

lètes se sont plaints de ne plus manger à

leur faim. Cela a été particulièrement le

cas chez les rameurs, dont la débauche

d'énergie considérable exige en retour un

apport en calories très important. Au

cours d'une séance d'entraînement, ces

sportifs éliminent de 2 à 3 litres de sueur,

leur réhydratation nécessitant l'absorp-

tion de 3 à 4 litres d'eau minérale par jour.

Pour faire des économies, les entraî-

neurs ont été obligés de couper celle-ci

avec de l'eau du robinet et de rogner sur

la nourriture. Le problème se pose moins

pendant la saison pluvieuse ou froide. La

sudation est plus limitée, la consomma-

tion d'eau aussi… ce qui permet d'aug-

menter les portions dans les assiettes.

Les rameurs roumains, hommes et

femmes, ont ramené trois titres olym-

piques et deux de champion du monde à

leur pays, ces deux dernières années.

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2223

Léonard Doroftei : la rage de vaincre

Un boxeur de Ploiesti donne à la Roumanie son premier grand titre de champion du monde

Leonard Doroftei a

donné à la Roumanie

son premier grand

titre de champion du monde de

boxe, version WBA, en ravis-

sant sa ceinture de diamant à

son dépositaire, l'Argentin Raul

Balbi, le 5 janvier à San Antonio

(USA). Balbi, 28 ans, 48 vic-

toires en 53 combats, défendait

pour la première fois le titre des

mi-légers (62 kg), qu'il avait

arraché au Français Julien Lorcy, trois mois plus tôt.

Au terme d'un combat dramatique en douze reprises, deux

juges-arbitres sur trois ont accordé la victoire au Roumain, qui

l'a emporté par un petit point d'écart (140-139). Le boxeur

demeure invaincu chez les professionnels, avec 20 victoires,

dont 7 par KO. Blessé à l'arcade sourcilière au début du com-

bat, saignant abondamment, subissant le pressing de son

adversaire, Doroftei s'est repris dans les dernières reprises

pour terminer déchaîné. Les juges ont finalement récompensé

sa plus grande agressivité et sa précision, 1083 coups distri-

bués à son adversaire dont 476 arrivant à destination, contre,

respectivement, 927 et 325.

Balbi a violemment contesté la décision et n'a pas remis sa

ceinture de diamant au Roumain, déclarant l'avoir oubliée chez

lui. Un match revanche devrait avoir lieu, peut-être en

Roumanie, tout dépendra de la bourse offerte. A San-Antonio,

l'Argentin a reçu 200 000 � (1,32 MF)… ce qui met le coup de

poing encaissé à 420 � (2755 F). Son challenger s'est contenté

de 55 000 � (360 000 F), soit 170 � (1110 F) l'œil au beurre

noir, somme sur laquelle il a dû défalquer l'achat d'une paire

de lunettes de soleil pour être présentable afin d'aller fêter son

nouveau titre dans son pays natal, où il a été accueilli en héros.

Haut comme trois pommes…

mais doué d'une volonté farouche

Originaire de Ploïesti, Leonard Doroftei, âgé de 31 ans, a

déjà une longue carrière derrière lui. L'adolescent a commen-

cé à boxer à 14 ans dans le club de sa ville. Deux ans plus tard,

il était champion de Roumanie junior et s'attribuera cinq titres

nationaux chez les seniors. Chez les amateurs, il décrochera

deux médailles de bronze, aux JO de Barcelone (1992) et

d'Atlanta (1996), le titre de champion d'Europe en 1996 et de

champion du monde, à Berlin en 1995, remportant 239 vic-

toires et ne s'inclinant que 15 fois.

Le boxeur a décidé de passer professionnel en 1997, à

l'âge de 27 ans et est parti s'entraîner à Montréal, après avoir

signé un contrat avec un agent canadien. Marié, père de deux

enfants, il espère acquérir la nationalité canadienne cette

année, tout en demeurant très attaché à son pays. Petit gabarit

(1,60 m), ayant une volonté exceptionnelle et faisant preuve

d'intelligence du ring, il a saisi la première chance qui s'offrait

à lui de devenir champion du monde. Doroftei dépasse ainsi

dans la légende de la boxe roumaine, Mihaï Leu, également

champion du monde des moyens, en 1994, mais dans la ver-

sion moins cotée de la WBC.

Sports

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2218

Société

Mais le fonctionnaire qui la reçoit, apprenant l'action humanitaire que mène "Le

Flocon" depuis une décennie, s'indigne quand il entend le récit de l'odyssée de la

Française. Il se lève et déclare : "Madame, je vous présente mes excuses. Je doute que

vous les acceptiez. J'ai honte pour mon pays et mes compatriotes. A partir de mainte-

nant, vous ne donnerez plus un lei, et je vous promets qu'on va vous laisser tranquille.

Vos visas vous les aurez gratuitement".

Reste à définir les responsabilités de l'accident. L'expert commis par la police la

fait porter à Nicole Wentzo. Celui de l'assurance, qu'il a fallu payer 100 marks, aux

paysans. La police demande son rapport, mais la Française en a besoin ainsi que de la

quittance pour se faire rembourser en France. Une photocopie est faite discrètement à

la Poste. Coût : 100 marks.

"Il est donc impossible de rester honnête en Roumanie ?"

… "Oh si, Madame, mais on en crève !"

Une confrontation est organisée chez le paysan, où on commence à évoquer un

accord à l'amiable, en même temps que celui-ci promet à un des experts, un tailleur

pour sa femme, et à l'autre, un dîner au "Perla", un grand restaurant des environs

Devinant encore une "magouille", Nicole Wentzo fait immédiatement appel à un

troisième expert qui confirme que la charrette n'était pas éclairée. Le bout du tunnel ?

Non. Pour rédiger le procès-verbal, il faut avoir recours à une traductrice assermentée

- et, bien sûr - la payer. Sa traduction ne correspond pas aux déclarations faites par la

Française.

Nouvelle convocation au commissariat de Sighet, dans une pièce dont on a volé

les ampoules, bien qu'elle soit fermée à clés. Un gradé vient, poli, présentant ses

excuses. L'affaire semble s'arranger, mais Nicole Wentzo devra revenir quelques

semaines plus tard, à Noël, pour la conclusion de l'enquête par le procureur de la

République, deux de ses amis roumains se portant garants pour elle. Le procureur lui

donnera alors raison, non sans qu'elle ait à revivre le même genre d'épreuves, mais en

y étant cette fois-ci préparée. Ce sera aussi l'occasion de constater que les blessées sont

en pleine forme.

Son passeport et son permis de conduire lui sont remis en présence de son avocat.

Connaissant le tarif, Nicole Wentzo avait préparé son billet de 100 marks. Avant de

regagner l'Alsace, elle a demandé à l'officier de police : "Il est donc impossible de res-

ter honnête en Roumanie ?", s'entendant répondre : "Oh, si Madame, mais on en

crève!".

"Ne nous abandonnez pas, vous êtes un coin de ciel bleu pour nous"

Quelques jours avant son retour, la Française avait assisté à la messe du dimanche

à Calinesti. Dès son entrée dans l'église, une grand-mère était venue s'asseoir à ses

côtés, ainsi qu'un villageois, apostrophant les fidèles, expliquant ce qui se passait.

Pendant la cérémonie, Nicole Wentzo offrait un peu d'argent pour acheter un cierge et

prier, afin de se sortir de sa situation. Mais on lui refusait son obole, en même temps

qu'elle découvrait qu'un chapeau circulait dans les rangs… et que le plus gros cierge

qu'on ait jamais vu brûler dans ces lieux ne lui soit remis.

Le curé intervenait longuement, lui traduisant : "Nous savons ce que vous vivez

actuellement, nous comprendrions que vous ne vouliez plus revenir en Roumanie,

mais ne nous abandonnez pas. Vous êtes un coin de ciel bleu pour nous". A la sortie

de l'office, entourée et choyée par les voisins et les villageois, elle avait l'impression

d'être une petite fille.

Près de dix-huit mois après ces épreuves, Nicole Wentzo n'en démord pas :

"J'aime la Roumanie et les Roumains encore plus que jamais. Il n'est pas si facile d'y

vivre. J'admire les gens qui y restent honnêtes". Dans son Alsace, elle a fait la tournée

des exploitations agricoles, brocantes, et a récupéré tout un stock de catadiopres. De

retour dans le Maramures, elle sillonne tous les marchés de la région avec des amis

roumains, munie d'un marteau et, dès qu'elle aperçoit une charrette non éclairé, elle les

cloue à l'arrière… pour s'assurer que les paysans ne les revendront pas.

Le gouvernement a décidé de fairede 2002 l'année de la lutte contre lacorruption, lançant un plan d'action.Une enquête a révélé que ce phéno-mène avait augmenté de 30 % en unan. Le nombre de fonctionnairesreconnaissant avoir été mêlés à cegenre de pratique s'est accru de moi-tié. 56 % des employés du secteurfinancier et bancaire admettent êtreconfrontés à ce problème.

La douane est l'un des secteurs leplus touché. En 2001, 150 officiersont été destitués pour corruption, 880ont été sanctionnés. Pour endiguer cefléau, la Police des Frontières roumai-ne a signé un protocole d'accord avecson homologue hongroise et s'apprê-te à en faire de même avec laBulgarie. Cette même année, uneenquête a été menée sur 4000 poli-ciers à travers le pays, soupçonnésd'enrichissement illicite, 430 faisantl'objet d'investigations plus pousséeset 120 étant poursuivis.

Le gouvernement aura fort à faire,car un rapport révèle que, parmi lesadministrations les plus suspectéesde corruption, on relève le nom decelle… qui est chargée de la com-battre. Le Premier ministre a d'ailleursdécidé de porter le fer dans les rangsdu Ministère de l'Intérieur, dont l'ac-tion conditionne le succès de sonplan, et d'avoir recours à un trèsgrand nombre d'enquêteurs ano-nymes dans différents secteurs.

Interrogeant ses lecteurs sur l'effi-cacité de ces mesures,"RomaniaLibera" s'est entendu répondre à 32% qu'elles seraient sans effet, et à 53% que la corruption devrait mêmeaugmenter, seulement 10 % espérantqu'elle baisserait.

2002, année anti-corruption

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Des rameurs qui ne mangent p as à leur faim

TURNUSEVERIN

MEDGIDIA

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Nageurs et plongeurs roumains n'ont

pas pu s'entraîner pendant deux mois,

le système de chauffage du seul bas-

sin qui leur est réservé, étant tombé en panne et

nécessitant de grosses réparations. Le bassin de

remplacement, sans entretien depuis trois ans,

était également inutilisable.

Au cours du match de ligue anglaise opposant Newcastle à

Sarencens, une collecte de matériel a été organisée pour venir en

aide aux joueurs roumains. 180 paires de chaussures, un jeu de

400 maillots et 240 shorts, 75 paires de protège-tibias et 55 ballons ont été

récupérés et acheminés par British Airways, sponsor de Saracens. Les joueurs

anglais avaient été effarés par la misère des équipements de leurs collègues

roumains, lors d'un match de coupe d'Europe récent, disputé à Bucarest.

Collecte pour les rugbymen roumains Les nageurs privés de bassin

Page 19:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

22

Tricolores (bleux-blancs-rouges)… contre Tricolorii (rosu-galben-albastru,

rouge-jaune-bleu) : l'affiche était alléchante au Stade de France, le 13

février. Les Français avaient choisi les Roumains, éliminés de la coupe du

monde, comme sparring-partner en vue du grand rendez-vous qui les attend en juin

prochain en Corée du Sud et au Japon.

Devant 80 000 spectateurs, dont 3000 supporters roumains, ce match de prépara-

tion a tenu toutes ses promesses, malgré une pluie battante. Les hommes de Anghel

Iordanescu, qui reprenait les commandes de la sélection roumaine après l'épisode

Hagi, ont tenu la dragée haute à ceux de Roger Lemerre, ne s'inclinant que par 2 buts

à un, s'offrant même le luxe de rater un penalty.

Un violoniste qui déclenche un scandale national

Mais cette rencontre a été aussi l'occasion de mesurer une nouvelle fois le fossé

de méconnaissance et d'incompréhension qui sépare les Français des Roumains, et

l'extrême sensibilité de ces derniers sur les sujets qui fâchent. Afin d'attirer le public,

la Fédération Française de Football avait chargé une agence de communication de réa-

liser une superbe affiche. Pour donner un caractère exotique à la rencontre, les cham-

pions du monde y étaient flanqués d'un violoniste jouant de son instrument devant un

monastère de Bucovine.

Immédiatement, l'ensemble de la presse roumaine a reconnu un Tsigane sous les

traits du musicien et a crié au scandale, déclenchant un véritable tollé dans tout le

pays. Une nouvelle fois, montrant par là son inculture, la France amie assimilait et

réduisait le peuple roumain aux Roms.

"Est-ce qu'il viendrait aux Roumains l'idée

de représenter les Français sous les traits d'un

Maghrébin ?" se demandent les Roumains,

atteints dans leur fierté. "Ce n'est pas la même

chose" répliquent ces derniers qui ignorent tota-

lement les problèmes posés par la communauté

tsigane en Roumanie et la détestable image qu'ils

donnent du pays à l'étranger, dont tous ses habi-

tants souffrent. Les Roumains se montrent d'au-

tant plus ulcérés que les Français, d'une ignoran-

ce crasse sur le sujet, se posent volontiers en don-

neurs de leçons, les taxant en outre de racisme

quand ils entendent leurs protestations.

Délit de récidive

L'affaire a été durement ressentie en

Roumanie car il s'agit d'une récidive. En 1994, lors de la Coupe du monde aux USA,

après la brillante victoire de l'équipe emmenée par Hagi sur l'Argentine, l'une des

favorites de la compétition, le journaliste de l'Agence France Presse avait intitulé son

article "Les virtuoses tsiganes ont ensorcelé les Argentins", titre qui avait été repris par

l'ensemble de la presse française. Le scandale avait été énorme en Roumanie. Le

Président Iliescu avait convoqué l'ambassadeur de France, lui demandant des explica-

tions. Des Roumains vivant en France avaient exigé des rectificatifs dans les journaux

incriminés, les menaçant d'entamer une grève de la faim devant leurs sièges. A

Bucarest, les passants reconnaissant des Français, peinés que des amis puissent les

considérer ainsi, exprimaient leur incompréhension. Ces derniers avaient beaucoup de

mal à leur expliquer que l'image des Tsiganes chez eux était toute autre, revêtant un

aspect romantique… et qu'il ne fallait peut-être pas exiger d'un chroniqueur sportif des

connaissances dépassant les limites d'un terrain de football.

Sports

La première rencontre de footballentre la France et la Roumanieremonte à 1932 et s'est déroulée àBucarest, les Roumains l'emportant6 à 3. En 70 ans, les deux équipes sesont affrontées dix fois, la Francegagnant 6 fois, la Roumanie, 3 fois,un match nul étant enregistré. LesFrançais ont dû attendre 1969 pours'imposer. Ils ont disputé six matchs àdomicile, les Roumains, trois, chaquesélection ayant remporté une victoireà l'extérieur. Au total, les Français ontmarqué 14 buts et en ont encaissé12, les Roumains l'inverse. Si lesdeux équipes se sont affrontées lorsdu championnat d'Europe des nationsde 1996 (éliminatoires puis phasefinale), elles n'ont jamais été adver-saires en coupe du monde. La der-nière victoire de la Roumanie sur laFrance remonte à 30 ans.

12 juin 1932 (Bucarest) :Roumanie 6 - France 3

22 mars 1967 (Paris) : France 1 -Roumanie 2

30 avril 1969 (Paris) : France 1 -Roumanie 0

20 avril 1970 (Reims) : France 2 -Roumanie 0

8 avril 1972 (Bucarest) :Roumanie 2 - France 0

23 mars 1974 (Paris) : France 1 -Roumanie 0

8 octobre 1974 (Saint-Etienne) :France 0 - Roumanie 0 (match allerdes éliminatoires du Championnatd'Europe des Nations de 1996)

10 octobre 1995 (Bucarest) :Roumanie 1 - France 3 (retour)

9 juin 1996 (Newcastle) : France 1- Roumanie 0 (phase finale enAngleterre).

13 février 2001 (Paris) : France 2 -Roumanie 1.

Les dix face-à-face

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2219

Société

EvénementsTricolores contre T ricolorii

Les Roumains doutent

souvent de leur sens de la

générosité et, plus géné-

ralement, des qualités humaines de

leurs compatriotes. Pourtant, il suffit

que survienne un événement tou-

chant la famille, les voisins, pour

que, spontanément, ils se révèlent

tout autre. Cela est aussi vrai lors-

qu'il s'agit de catastrophes natu-

relles, comme à l’occasion des inon-

dations de l’an passé. L'image d'un

vieil homme sans ressources venant donner son dernier sac de

pommes de terres, à l'appel d'une télévision organisant une

opération d'entre aide, est encore présente à l'esprit.

Cette réaction est d'autant plus méritoire que, plus

qu'ailleurs sur le continent, les Roumains doivent vivre avec

leurs propres difficultés. Elle relève de ce cœur chaleureux que

tant d'Européens apprécient en eux. La rigueur du début de

l'hiver en a été l'illustration avec, en outre, le sens de l'action

commune, ce qui constitue une nouveauté dans un pays où

tout ce qui est associatif provoque un mouvement de recul,

séquelle du régime précédent et de ses réunions obligatoires.

Hélicoptères cloués au sol, médecins ne répondant plus aux urgences

A Bucarest, 85 jeunes gens, informaticiens, vendeurs,

journalistes, mécaniciens, etc…, ont créé un club, "Off-road

adventure" ("L'aventure, hors des sentiers battus "), pour vivre

des moments forts et apporter leur aide. Après le travail, pen-

dant leurs congés, ou se rendant libres s'ils le peuvent, ils fon-

cent à travers le pays, là où leurs concitoyens ont besoin d'eux,

au volant de leurs propres véhicules.

A Noël, à Pâques, ces bénévoles se rendent dans des vil-

lages isolés, apportent un peu de réconfort, transportent les

habitants, vont chercher du ravitaillement, rendent mille petits

services. Quelques sponsors et donateurs paient le carburant.

La terrible vague de froid a conduit neuf d'entre eux vers

les zones les plus touchées, en Moldavie. Parti un vendredi

matin, leur convoi de cinq véhicules 4 x 4 n'a réussi à rejoindre

Iasi qu'en fin de soirée, après douze heures de route, les condi-

tions de circulation étant épouvantables avec, par endroits, des

congères de deux à trois mètres. Hors d'état de poursuivre son

chemin, une voiture a dû même être

abandonnée. Sur place, l'équipe a

proposé ses services à la Protection

Civile qui l'a immédiatement diri-

gée vers les services médicaux et

des ambulances. Faute de véhicules

tous terrains, les médecins ne pou-

vaient plus répondre aux urgences

dans des villages devenus inacces-

sibles à cause du mauvais temps.

Les appels de détresse se multi-

pliaient, notamment de la part de

femmes sur le point d'accoucher.

Les hélicoptères ne pouvaient pas décoller. Des chasses-

neige étaient transformés tant bien que mal en ambulances,

mais les autorités les réquisitionnaient le plus souvent pour

dégager les routes, dont certaines étaient fermées au trafic.

Devant la gravité de la situation, la police de Iasi interdisait

même aux automobilistes de quitter la ville.

Bloqués dans la neige et le froid,

avec une femme sur le point d'accoucher

Nombreuses étaient les femmes qui se résignaient à mettre

au monde leur bébé à la maison, sans assistance, effrayées par

le récit fait par les radios du calvaire de l'une d'entre elles qui

avait mis sept heures pour rejoindre la clinique. Prise dans la

tourmente, la voiture conduite par son mari ne s'était frayée un

chemin que grâce à l'intervention d'un véhicule de service.

Les neuf volontaires de "Off-Road Adventure" et leurs

quatre Jeep n'étaient pas en peine pour se rendre utiles. Tout

juste rentrés d'une mission, ils étaient dirigés vers un autre vil-

lage, accompagnant parfois l'auto-chenillette servant d'ambu-

lance, que l'on avait sorti de son garage pour les cas extrêmes.

Leur tâche n'allait pas sans risques, ni angoisse. Deux

d'entre-eux se sont ainsi retrouvés bloqués pendant quatre

heures sous un mur de neige, dans le noir et le froid, avec une

femme pouvant accoucher à tout moment à bord de leur véhi-

cule, la situation étant sauvée par des villageois alertés par

téléphone mobile.

Après avoir réalisé quinze missions avec succès et secou-

ru autant de personnes, nuit et jour pendant 48 heures, les

jeunes Bucarestois ont regagné la capitale le dimanche soir…

pour reprendre leur travail le lendemain matin.

Hiver rigoureux, chaleur des cœurs

Un gynécologue chypriote de 42 ans a été condamné à 7000 � (46 000 F) d'amende par un tribunal de Nicosie, pour

avoir vendu quatre nouveaux nés roumains à des couples sans enfant, ce qui lui avait rapporté 30 000 � (200 000 F).

Il avait été arrêté pour trafic de faux papiers alors qu'il remettait un nourrisson de trois jours à un couple grec, lequel

avait acquitté 18 000 � (120 000 F), plus les frais médicaux. La mère de l'enfant, qui était venue accoucher dans son établissement,

avait reçu 2800 � (18 000 F). Le trafic d'enfants reste une pratique quasiment impunie à Chypre, du fait de lacunes dans la légis-

lation sur les adoptions.

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Vente de nouveaux nés roumains à Chypre

Des habitants ont été bloqués plusieurs jours dans leurs maisons, entendant le bétail mugir de faim

dans les étables, avant que les secours n’interviennent.

L'affiche qui fâche

Près d’un cent aine de jeunes bénévoles bucarestoisse mettent au service de leurs comp atriotes

Zinédine Zidane aux prises avecCristian Chivu, lors de la rencontre

amicale France-Roumanie, au Stadede France, le 13 février dernier.

l PLOIESTI

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2221

Société

Ala fin 2000, le nombre de cas de syphilis avait

doublé en Roumanie, par rapport à 1990. La pré-

valence de la maladie est passée de 19,8 cas pour

cent mille habitants à 45, soit dix mille personnes infectées à

travers le pays, dont 4600 pour la seule année 2000. Bucarest

se plaçait en tête, avec 1361 nouveaux cas, suivi de Constantsa

(753), Galati (448), Iasi (397), Cluj (303), le département de

Covasna (Sfântu Gheorghe) fermant la marche (36). Un méde-

cin de Bucarest qui, jusqu'ici, n'avait enregistré dans son ser-

vice de dermato-vénérologie d'un hôpital que deux cas de

syphilis congénitale en a dénombré 161 parmi les nouveaux

nés, en 2000.

Encore, d'après les spécialistes, ces chiffres sont-ils en-

dessous de la réalité, les personnes atteintes ne consultant pas

forcément leurs médecins. Près des trois quarts d'entre-elles ne

sont dépistées qu'à un stade avancé de la maladie, par hasard,

à la faveur d'un examen portant sur autre chose.

Les causes de cette recrudescence sont à mettre au débit de

l'insuffisance de l'éducation sexuelle et de l'usage du préserva-

tif, mais aussi de l'échange grandissant de partenaires et du

développement de la prostitution.

Parmi la population la plus touchée, on trouve les chauf-

feurs de poids lourds, les soldats, les détenus, les personnes

marginalisées par la pauvreté, les Tsiganes, les adolescents

placés en institution, les prostituées. Une campagne de pré-

vention doit être lancée à leur intention, mais des voix de plus

en plus nombreuses s'élèvent, notamment au Parlement, pour

demander la légalisation de la prostitution et l'ouverture de

maisons closes contrôlées sanitairement.

Les cas de syphilis ont doublé en dix ansSanté

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2220

Société

L'afflux en masse d'immigrants des anciens pays communistes au Portugal

s'est accompagnée de l'implantation des mafias de l'Est qui se livrent à l'ex-

torsion de fonds et à des actes de violence sur leurs compatriotes. Pour la

première fois, 25 membres présumés de l'une de ces organisations criminelles, dont 14

Moldaves, ont été traduits en justice à Lisbonne, le procès ayant été entouré de

mesures de sécurité exceptionnelles.

Le Portugal avait adopté en janvier 2001 un décret-loi permettant d'accorder aux

étrangers en situation irrégulière un permis de séjour d'un an, renouvelable pendant

cinq ans, à condition qu'ils aient un contrat de travail.

Sur les 131 000 immigrés clandestins dont le Portugal a régularisé la situation en

2001, plus de 70 000 sont originaires des pays de l'Est, dont un fort contingent

d'Ukrainiens (45 000), des Moldaves (9000), des Roumains (7500) et des Russes

(5000). Pourtant plus qualifiés que l'immigration brésilienne et africaine habituelle, ils

travaillent dans le bâtiment et les travaux publics.

Il resterait 60 000 clandestins dans le pays, les filières criminelles, très organisées,

continuant à les acheminer, percevant à chaque étape une substantielle rémunération

et prélevant leur dîme sur place, même si tous les arrivants ne tombent pas dans leurs

griffes. Bon nombre d'entre eux se dirigent vers les bourgades de l'intérieur du pays

pour tenter d'échapper aux mafias qui sévissent dans les grandes villes.

Accord avec la Roumanie

Ce trafic est d'autant plus profitable que le secteur du BTP, souvent montré du

doigt pour sa propension à employer des clandestins sans contrat de travail, estime

qu'il a besoin de 10 000 à 20 000 travailleurs étrangers supplémentaires. Le Portugal

connaît une situation de quasi plein emploi alors qu'il doit encore construire dix stades

pour accueillir l'Euro 2004, le championnat européen de football.

Mais le gouvernement portugais veut désormais favoriser l'immigration légale et

stopper les régularisations afin de décourager les filières clandestines. Il a déjà passé

des accords avec la Roumanie et la Russie afin de favoriser l'octroi de contrats de tra-

vail délivrés dans le pays d'origine, et négocie avec les autres.

Portugal : l'arrivée

des immigrants de l'Est

attire les mafias

Evénements

Près de 250 enfants, âgés de dix àquinze ans, ont été repérés par lapolice de Iasi en train de mendierdans les rues, l'an passé. Ils ontconfié qu'ils se livraient à cette pra-tique pour pouvoir fréquenter lescafés Internet et jouer aux jeux vidéo,leur parents ne leur donnant pas d'ar-gent de poche. Certains ont mêmeavoué qu'ils avaient volé pour pouvoirs'offrir une heure de jeux, dont le prixcoûte 0,5 � (3 F). La police a avertiles parents qu'ils seraient eux-mêmesverbalisés si leurs enfants étaientrepris sur le fait.

Fréquenter les cafés Internet estdevenu plus qu'une mode, une véri-table psychose. Les enfants viennentle plus souvent en groupe de 3 à 5 etse livrent des batailles par consolesinterposées, l'ambiance restant toute-fois calme. Les lieux sont bondés jus-qu'à 20 heures, mais c'est entre 11 het 16 h qu'ils sont le plus fréquentés,les élèves "séchant" leurs cours pourvenir y jouer. Des enfants fuguent del'orphelinat pour les rejoindre. Internetn'a plus de secrets pour eux. Mêmeles adolescents venant de la cam-pagne s'y mettent rapidement, rattra-pant en un ou deux mois leurs cama-rades de la ville.

Mendiant s pour joueraux jeux vidéo

Dans plusieurs endroits du pays, à

l'occasion de "Boboteaza", la

célébration du baptême du Christ,

le 6 janvier, les fidèles orthodoxes ont renoué

avec une tradition qui remonte à avant Mihaï

Viteazul et n'était plus pratiquée depuis le départ du Roi Michel. Cette année, cette

date tombait un dimanche. A Bucarest, après la messe, plus d'un millier de paroissiens

du quartier de Grozavesti se sont rendus en procession près du pont sur la Dimbovita.

Là, le prêtre a lancé dans la rivière une croix pour bénir ses eaux. Par moins dix

degrés, cinq courageux nageurs, se sont lancés afin de la récupérer, se livrant une

farouche bataille pour s'en emparer, le gagnant

étant assuré de bonne fortune et de sagesse

pendant l'année, et recevant un million de lei

(40 �, 250 F), les autres, la moitié.

Autrefois, pendant la semaine suivante, les

femmes étaient invitées à ne pas faire de lessi-

ve, de crainte de souiller de l'eau qui avait

peut-être reçue l'onction. Les fidèles se sont

ensuite dirigés vers la cathédrale devant

laquelle huit tonneaux d'eau ont été bénits en

présence de deux évêques, avant une distribu-

tion générale. Il fallait patienter trois heures

pour remplir le récipient apporté, souvent une bouteille de tsuika ou de bière, un verre

de moutarde ou de ketchup. Une croix en glace avait été dressée sur les lieux.

Cette cérémonie s'est répétée dans plusieurs autres villes, sur le Danube, le Siret,

dans le port de Constantsa. A Focsani, les chasseurs ont tiré des salves au dessus de la

rivière, les enfants poussant des cris stridents, pour chasser les mauvais esprits.

Certains mineurs roumains qui

pillaient les parcmètres de

Paris sont contraints de se

prostituer depuis l'été dernier, note la

mission française d'information parle-

mentaire sur l'esclavage moderne. Cette

"reconversion" est due au développement

du paiement par cartes qui a rendu le tra-

fic beaucoup moins rentable pour les

réseaux exploitant ces jeunes.

Elle illustre la capacité d'adaptation

des filières et le passage progressif d'en-

fants contraints à la délinquances vers

l'exploitation sexuelle, constituant un

danger latent, y compris en province.

Selon les différentes estimations, de

140 à 400 jeunes Roumains se sont livrés

au pillage des horodateurs, depuis début

2000. Au premier trimestre 2001, la poli-

ce avait enregistré 300 000 effractions

sur les quelques 7500 parcmètres de la

capitale, pour un préjudice évalué au

minimum à un millions d'euros (6,5 MF).

Ces enfant n'ont parfois que 9 ou 10

ans, en tous cas toujours moins de seize

ans pour ne pas pouvoir être tenus res-

ponsables pénalement et être relâchés. Ils

sont recrutés dans le Maramures, contre

de l'argent versé aux parents. Logés le

plus souvent en banlieue, dans des

immeubles abandonnés, des squats ou

des camps de gens du voyage, ils doivent

gagner au minimum 230 � (1500 F) par

jour, sous peine de sévices corporels.

France : les petit s pilleurs de p arcmètres "reconvertis" à la prostitution

Selon la ministre de la Santé, Angela Bartos, un car-

net de santé, obligatoire pour tous les Roumains,

sera introduit à partir de cette année. Leurs titulaires

devront être enregistrés auprès d'un médecin de famille, sous

peine de ne plus bénéficier de traitements, sauf pour les cas de

maladies contagieuses ou transmissibles, présentant un danger

de contamination. La gratuité totale des traitements sera accor-

dée pour les vaccinations, les grossesses, les soins aux enfants,

le dépistage de la tuberculose.

Institution du carnet de santé

Depuis la chute du commu-

nisme, la centrale nucléai-

re bulgare de Koslodui, de

type Tchernobyl, fait peur aux occiden-

taux mais aussi à ses voisins, au pre-

mier rang desquels se trouve la

Roumanie. Cette centrale, vétuste,

située au bord du Danube, à 70 km au

sud de Craiova, fournit 40 % de son

électricité à la Bulgarie.

Sofia a accepté, à la demande de

l'UE pour raison de sécurité, de fermer

avant 2003 les deux plus anciens réac-

teurs, de 440 MW chacun. Mais le nou-

veau président bulgare, Gueorgui

Paravanov, un ancien communiste,

exhorte son gouvernement à être ferme

dans les négociations pour la fermeture

des deux tranches suivantes, proposant

2008 comme échéance, alors que l'UE

souhaite 2006. Outre ces quatre réac-

teurs, Koszlodui compte deux tranches

plus modernes de 1000 MW chacune.

Bruxelles a toutefois un atout de poids

pour faire prévaloir son point de vue :

les 100 M� (6,5 milliards de F) qu'elle

a promis en cas d'accord.

Koslodui : la centralenucléaire qui fait peur

“Boboteaza” :eaux glacées et bénites

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ReligionEnvironnement

Lors de Boboteaza, un prêtre bénit leseaux en y jetant un crucifix...

Des bureaux départementaux pourles Tsiganes vont être mis en placedans les préfectures, ayant pour mis-sion d'élaborer le plan d'action "Roms2001-2004" et de s'occuper de lacoordination de l'activité desconseillers pour cette communauté auniveau des mairies. Ils comprendrontà la fois des Tsiganes et des spécia-listes de leurs problèmes.

Bureaux pour T siganes

...que des plongeurs s’efforcent de ramener sur la terre,

le vainqueur étant recompensé.

KOSLODUI

SF. GHEORGHE

FOCSANI

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2221

Société

Ala fin 2000, le nombre de cas de syphilis avait

doublé en Roumanie, par rapport à 1990. La pré-

valence de la maladie est passée de 19,8 cas pour

cent mille habitants à 45, soit dix mille personnes infectées à

travers le pays, dont 4600 pour la seule année 2000. Bucarest

se plaçait en tête, avec 1361 nouveaux cas, suivi de Constantsa

(753), Galati (448), Iasi (397), Cluj (303), le département de

Covasna (Sfântu Gheorghe) fermant la marche (36). Un méde-

cin de Bucarest qui, jusqu'ici, n'avait enregistré dans son ser-

vice de dermato-vénérologie d'un hôpital que deux cas de

syphilis congénitale en a dénombré 161 parmi les nouveaux

nés, en 2000.

Encore, d'après les spécialistes, ces chiffres sont-ils en-

dessous de la réalité, les personnes atteintes ne consultant pas

forcément leurs médecins. Près des trois quarts d'entre-elles ne

sont dépistées qu'à un stade avancé de la maladie, par hasard,

à la faveur d'un examen portant sur autre chose.

Les causes de cette recrudescence sont à mettre au débit de

l'insuffisance de l'éducation sexuelle et de l'usage du préserva-

tif, mais aussi de l'échange grandissant de partenaires et du

développement de la prostitution.

Parmi la population la plus touchée, on trouve les chauf-

feurs de poids lourds, les soldats, les détenus, les personnes

marginalisées par la pauvreté, les Tsiganes, les adolescents

placés en institution, les prostituées. Une campagne de pré-

vention doit être lancée à leur intention, mais des voix de plus

en plus nombreuses s'élèvent, notamment au Parlement, pour

demander la légalisation de la prostitution et l'ouverture de

maisons closes contrôlées sanitairement.

Les cas de syphilis ont doublé en dix ansSanté

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2220

Société

L'afflux en masse d'immigrants des anciens pays communistes au Portugal

s'est accompagnée de l'implantation des mafias de l'Est qui se livrent à l'ex-

torsion de fonds et à des actes de violence sur leurs compatriotes. Pour la

première fois, 25 membres présumés de l'une de ces organisations criminelles, dont 14

Moldaves, ont été traduits en justice à Lisbonne, le procès ayant été entouré de

mesures de sécurité exceptionnelles.

Le Portugal avait adopté en janvier 2001 un décret-loi permettant d'accorder aux

étrangers en situation irrégulière un permis de séjour d'un an, renouvelable pendant

cinq ans, à condition qu'ils aient un contrat de travail.

Sur les 131 000 immigrés clandestins dont le Portugal a régularisé la situation en

2001, plus de 70 000 sont originaires des pays de l'Est, dont un fort contingent

d'Ukrainiens (45 000), des Moldaves (9000), des Roumains (7500) et des Russes

(5000). Pourtant plus qualifiés que l'immigration brésilienne et africaine habituelle, ils

travaillent dans le bâtiment et les travaux publics.

Il resterait 60 000 clandestins dans le pays, les filières criminelles, très organisées,

continuant à les acheminer, percevant à chaque étape une substantielle rémunération

et prélevant leur dîme sur place, même si tous les arrivants ne tombent pas dans leurs

griffes. Bon nombre d'entre eux se dirigent vers les bourgades de l'intérieur du pays

pour tenter d'échapper aux mafias qui sévissent dans les grandes villes.

Accord avec la Roumanie

Ce trafic est d'autant plus profitable que le secteur du BTP, souvent montré du

doigt pour sa propension à employer des clandestins sans contrat de travail, estime

qu'il a besoin de 10 000 à 20 000 travailleurs étrangers supplémentaires. Le Portugal

connaît une situation de quasi plein emploi alors qu'il doit encore construire dix stades

pour accueillir l'Euro 2004, le championnat européen de football.

Mais le gouvernement portugais veut désormais favoriser l'immigration légale et

stopper les régularisations afin de décourager les filières clandestines. Il a déjà passé

des accords avec la Roumanie et la Russie afin de favoriser l'octroi de contrats de tra-

vail délivrés dans le pays d'origine, et négocie avec les autres.

Portugal : l'arrivée

des immigrants de l'Est

attire les mafias

Evénements

Près de 250 enfants, âgés de dix àquinze ans, ont été repérés par lapolice de Iasi en train de mendierdans les rues, l'an passé. Ils ontconfié qu'ils se livraient à cette pra-tique pour pouvoir fréquenter lescafés Internet et jouer aux jeux vidéo,leur parents ne leur donnant pas d'ar-gent de poche. Certains ont mêmeavoué qu'ils avaient volé pour pouvoirs'offrir une heure de jeux, dont le prixcoûte 0,5 � (3 F). La police a avertiles parents qu'ils seraient eux-mêmesverbalisés si leurs enfants étaientrepris sur le fait.

Fréquenter les cafés Internet estdevenu plus qu'une mode, une véri-table psychose. Les enfants viennentle plus souvent en groupe de 3 à 5 etse livrent des batailles par consolesinterposées, l'ambiance restant toute-fois calme. Les lieux sont bondés jus-qu'à 20 heures, mais c'est entre 11 het 16 h qu'ils sont le plus fréquentés,les élèves "séchant" leurs cours pourvenir y jouer. Des enfants fuguent del'orphelinat pour les rejoindre. Internetn'a plus de secrets pour eux. Mêmeles adolescents venant de la cam-pagne s'y mettent rapidement, rattra-pant en un ou deux mois leurs cama-rades de la ville.

Mendiant s pour joueraux jeux vidéo

Dans plusieurs endroits du pays, à

l'occasion de "Boboteaza", la

célébration du baptême du Christ,

le 6 janvier, les fidèles orthodoxes ont renoué

avec une tradition qui remonte à avant Mihaï

Viteazul et n'était plus pratiquée depuis le départ du Roi Michel. Cette année, cette

date tombait un dimanche. A Bucarest, après la messe, plus d'un millier de paroissiens

du quartier de Grozavesti se sont rendus en procession près du pont sur la Dimbovita.

Là, le prêtre a lancé dans la rivière une croix pour bénir ses eaux. Par moins dix

degrés, cinq courageux nageurs, se sont lancés afin de la récupérer, se livrant une

farouche bataille pour s'en emparer, le gagnant

étant assuré de bonne fortune et de sagesse

pendant l'année, et recevant un million de lei

(40 �, 250 F), les autres, la moitié.

Autrefois, pendant la semaine suivante, les

femmes étaient invitées à ne pas faire de lessi-

ve, de crainte de souiller de l'eau qui avait

peut-être reçue l'onction. Les fidèles se sont

ensuite dirigés vers la cathédrale devant

laquelle huit tonneaux d'eau ont été bénits en

présence de deux évêques, avant une distribu-

tion générale. Il fallait patienter trois heures

pour remplir le récipient apporté, souvent une bouteille de tsuika ou de bière, un verre

de moutarde ou de ketchup. Une croix en glace avait été dressée sur les lieux.

Cette cérémonie s'est répétée dans plusieurs autres villes, sur le Danube, le Siret,

dans le port de Constantsa. A Focsani, les chasseurs ont tiré des salves au dessus de la

rivière, les enfants poussant des cris stridents, pour chasser les mauvais esprits.

Certains mineurs roumains qui

pillaient les parcmètres de

Paris sont contraints de se

prostituer depuis l'été dernier, note la

mission française d'information parle-

mentaire sur l'esclavage moderne. Cette

"reconversion" est due au développement

du paiement par cartes qui a rendu le tra-

fic beaucoup moins rentable pour les

réseaux exploitant ces jeunes.

Elle illustre la capacité d'adaptation

des filières et le passage progressif d'en-

fants contraints à la délinquances vers

l'exploitation sexuelle, constituant un

danger latent, y compris en province.

Selon les différentes estimations, de

140 à 400 jeunes Roumains se sont livrés

au pillage des horodateurs, depuis début

2000. Au premier trimestre 2001, la poli-

ce avait enregistré 300 000 effractions

sur les quelques 7500 parcmètres de la

capitale, pour un préjudice évalué au

minimum à un millions d'euros (6,5 MF).

Ces enfant n'ont parfois que 9 ou 10

ans, en tous cas toujours moins de seize

ans pour ne pas pouvoir être tenus res-

ponsables pénalement et être relâchés. Ils

sont recrutés dans le Maramures, contre

de l'argent versé aux parents. Logés le

plus souvent en banlieue, dans des

immeubles abandonnés, des squats ou

des camps de gens du voyage, ils doivent

gagner au minimum 230 � (1500 F) par

jour, sous peine de sévices corporels.

France : les petit s pilleurs de p arcmètres "reconvertis" à la prostitution

Selon la ministre de la Santé, Angela Bartos, un car-

net de santé, obligatoire pour tous les Roumains,

sera introduit à partir de cette année. Leurs titulaires

devront être enregistrés auprès d'un médecin de famille, sous

peine de ne plus bénéficier de traitements, sauf pour les cas de

maladies contagieuses ou transmissibles, présentant un danger

de contamination. La gratuité totale des traitements sera accor-

dée pour les vaccinations, les grossesses, les soins aux enfants,

le dépistage de la tuberculose.

Institution du carnet de santé

Depuis la chute du commu-

nisme, la centrale nucléai-

re bulgare de Koslodui, de

type Tchernobyl, fait peur aux occiden-

taux mais aussi à ses voisins, au pre-

mier rang desquels se trouve la

Roumanie. Cette centrale, vétuste,

située au bord du Danube, à 70 km au

sud de Craiova, fournit 40 % de son

électricité à la Bulgarie.

Sofia a accepté, à la demande de

l'UE pour raison de sécurité, de fermer

avant 2003 les deux plus anciens réac-

teurs, de 440 MW chacun. Mais le nou-

veau président bulgare, Gueorgui

Paravanov, un ancien communiste,

exhorte son gouvernement à être ferme

dans les négociations pour la fermeture

des deux tranches suivantes, proposant

2008 comme échéance, alors que l'UE

souhaite 2006. Outre ces quatre réac-

teurs, Koszlodui compte deux tranches

plus modernes de 1000 MW chacune.

Bruxelles a toutefois un atout de poids

pour faire prévaloir son point de vue :

les 100 M� (6,5 milliards de F) qu'elle

a promis en cas d'accord.

Koslodui : la centralenucléaire qui fait peur

“Boboteaza” :eaux glacées et bénites

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

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TIMISOARA

ARAD

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SIBIU

l

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

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lPITESTI

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DEVA

CLUJ

ReligionEnvironnement

Lors de Boboteaza, un prêtre bénit leseaux en y jetant un crucifix...

Des bureaux départementaux pourles Tsiganes vont être mis en placedans les préfectures, ayant pour mis-sion d'élaborer le plan d'action "Roms2001-2004" et de s'occuper de lacoordination de l'activité desconseillers pour cette communauté auniveau des mairies. Ils comprendrontà la fois des Tsiganes et des spécia-listes de leurs problèmes.

Bureaux pour T siganes

...que des plongeurs s’efforcent de ramener sur la terre,

le vainqueur étant recompensé.

KOSLODUI

SF. GHEORGHE

FOCSANI

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

22

Tricolores (bleux-blancs-rouges)… contre Tricolorii (rosu-galben-albastru,

rouge-jaune-bleu) : l'affiche était alléchante au Stade de France, le 13

février. Les Français avaient choisi les Roumains, éliminés de la coupe du

monde, comme sparring-partner en vue du grand rendez-vous qui les attend en juin

prochain en Corée du Sud et au Japon.

Devant 80 000 spectateurs, dont 3000 supporters roumains, ce match de prépara-

tion a tenu toutes ses promesses, malgré une pluie battante. Les hommes de Anghel

Iordanescu, qui reprenait les commandes de la sélection roumaine après l'épisode

Hagi, ont tenu la dragée haute à ceux de Roger Lemerre, ne s'inclinant que par 2 buts

à un, s'offrant même le luxe de rater un penalty.

Un violoniste qui déclenche un scandale national

Mais cette rencontre a été aussi l'occasion de mesurer une nouvelle fois le fossé

de méconnaissance et d'incompréhension qui sépare les Français des Roumains, et

l'extrême sensibilité de ces derniers sur les sujets qui fâchent. Afin d'attirer le public,

la Fédération Française de Football avait chargé une agence de communication de réa-

liser une superbe affiche. Pour donner un caractère exotique à la rencontre, les cham-

pions du monde y étaient flanqués d'un violoniste jouant de son instrument devant un

monastère de Bucovine.

Immédiatement, l'ensemble de la presse roumaine a reconnu un Tsigane sous les

traits du musicien et a crié au scandale, déclenchant un véritable tollé dans tout le

pays. Une nouvelle fois, montrant par là son inculture, la France amie assimilait et

réduisait le peuple roumain aux Roms.

"Est-ce qu'il viendrait aux Roumains l'idée

de représenter les Français sous les traits d'un

Maghrébin ?" se demandent les Roumains,

atteints dans leur fierté. "Ce n'est pas la même

chose" répliquent ces derniers qui ignorent tota-

lement les problèmes posés par la communauté

tsigane en Roumanie et la détestable image qu'ils

donnent du pays à l'étranger, dont tous ses habi-

tants souffrent. Les Roumains se montrent d'au-

tant plus ulcérés que les Français, d'une ignoran-

ce crasse sur le sujet, se posent volontiers en don-

neurs de leçons, les taxant en outre de racisme

quand ils entendent leurs protestations.

Délit de récidive

L'affaire a été durement ressentie en

Roumanie car il s'agit d'une récidive. En 1994, lors de la Coupe du monde aux USA,

après la brillante victoire de l'équipe emmenée par Hagi sur l'Argentine, l'une des

favorites de la compétition, le journaliste de l'Agence France Presse avait intitulé son

article "Les virtuoses tsiganes ont ensorcelé les Argentins", titre qui avait été repris par

l'ensemble de la presse française. Le scandale avait été énorme en Roumanie. Le

Président Iliescu avait convoqué l'ambassadeur de France, lui demandant des explica-

tions. Des Roumains vivant en France avaient exigé des rectificatifs dans les journaux

incriminés, les menaçant d'entamer une grève de la faim devant leurs sièges. A

Bucarest, les passants reconnaissant des Français, peinés que des amis puissent les

considérer ainsi, exprimaient leur incompréhension. Ces derniers avaient beaucoup de

mal à leur expliquer que l'image des Tsiganes chez eux était toute autre, revêtant un

aspect romantique… et qu'il ne fallait peut-être pas exiger d'un chroniqueur sportif des

connaissances dépassant les limites d'un terrain de football.

Sports

La première rencontre de footballentre la France et la Roumanieremonte à 1932 et s'est déroulée àBucarest, les Roumains l'emportant6 à 3. En 70 ans, les deux équipes sesont affrontées dix fois, la Francegagnant 6 fois, la Roumanie, 3 fois,un match nul étant enregistré. LesFrançais ont dû attendre 1969 pours'imposer. Ils ont disputé six matchs àdomicile, les Roumains, trois, chaquesélection ayant remporté une victoireà l'extérieur. Au total, les Français ontmarqué 14 buts et en ont encaissé12, les Roumains l'inverse. Si lesdeux équipes se sont affrontées lorsdu championnat d'Europe des nationsde 1996 (éliminatoires puis phasefinale), elles n'ont jamais été adver-saires en coupe du monde. La der-nière victoire de la Roumanie sur laFrance remonte à 30 ans.

12 juin 1932 (Bucarest) :Roumanie 6 - France 3

22 mars 1967 (Paris) : France 1 -Roumanie 2

30 avril 1969 (Paris) : France 1 -Roumanie 0

20 avril 1970 (Reims) : France 2 -Roumanie 0

8 avril 1972 (Bucarest) :Roumanie 2 - France 0

23 mars 1974 (Paris) : France 1 -Roumanie 0

8 octobre 1974 (Saint-Etienne) :France 0 - Roumanie 0 (match allerdes éliminatoires du Championnatd'Europe des Nations de 1996)

10 octobre 1995 (Bucarest) :Roumanie 1 - France 3 (retour)

9 juin 1996 (Newcastle) : France 1- Roumanie 0 (phase finale enAngleterre).

13 février 2001 (Paris) : France 2 -Roumanie 1.

Les dix face-à-face

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2219

Société

EvénementsTricolores contre T ricolorii

Les Roumains doutent

souvent de leur sens de la

générosité et, plus géné-

ralement, des qualités humaines de

leurs compatriotes. Pourtant, il suffit

que survienne un événement tou-

chant la famille, les voisins, pour

que, spontanément, ils se révèlent

tout autre. Cela est aussi vrai lors-

qu'il s'agit de catastrophes natu-

relles, comme à l’occasion des inon-

dations de l’an passé. L'image d'un

vieil homme sans ressources venant donner son dernier sac de

pommes de terres, à l'appel d'une télévision organisant une

opération d'entre aide, est encore présente à l'esprit.

Cette réaction est d'autant plus méritoire que, plus

qu'ailleurs sur le continent, les Roumains doivent vivre avec

leurs propres difficultés. Elle relève de ce cœur chaleureux que

tant d'Européens apprécient en eux. La rigueur du début de

l'hiver en a été l'illustration avec, en outre, le sens de l'action

commune, ce qui constitue une nouveauté dans un pays où

tout ce qui est associatif provoque un mouvement de recul,

séquelle du régime précédent et de ses réunions obligatoires.

Hélicoptères cloués au sol, médecins ne répondant plus aux urgences

A Bucarest, 85 jeunes gens, informaticiens, vendeurs,

journalistes, mécaniciens, etc…, ont créé un club, "Off-road

adventure" ("L'aventure, hors des sentiers battus "), pour vivre

des moments forts et apporter leur aide. Après le travail, pen-

dant leurs congés, ou se rendant libres s'ils le peuvent, ils fon-

cent à travers le pays, là où leurs concitoyens ont besoin d'eux,

au volant de leurs propres véhicules.

A Noël, à Pâques, ces bénévoles se rendent dans des vil-

lages isolés, apportent un peu de réconfort, transportent les

habitants, vont chercher du ravitaillement, rendent mille petits

services. Quelques sponsors et donateurs paient le carburant.

La terrible vague de froid a conduit neuf d'entre eux vers

les zones les plus touchées, en Moldavie. Parti un vendredi

matin, leur convoi de cinq véhicules 4 x 4 n'a réussi à rejoindre

Iasi qu'en fin de soirée, après douze heures de route, les condi-

tions de circulation étant épouvantables avec, par endroits, des

congères de deux à trois mètres. Hors d'état de poursuivre son

chemin, une voiture a dû même être

abandonnée. Sur place, l'équipe a

proposé ses services à la Protection

Civile qui l'a immédiatement diri-

gée vers les services médicaux et

des ambulances. Faute de véhicules

tous terrains, les médecins ne pou-

vaient plus répondre aux urgences

dans des villages devenus inacces-

sibles à cause du mauvais temps.

Les appels de détresse se multi-

pliaient, notamment de la part de

femmes sur le point d'accoucher.

Les hélicoptères ne pouvaient pas décoller. Des chasses-

neige étaient transformés tant bien que mal en ambulances,

mais les autorités les réquisitionnaient le plus souvent pour

dégager les routes, dont certaines étaient fermées au trafic.

Devant la gravité de la situation, la police de Iasi interdisait

même aux automobilistes de quitter la ville.

Bloqués dans la neige et le froid,

avec une femme sur le point d'accoucher

Nombreuses étaient les femmes qui se résignaient à mettre

au monde leur bébé à la maison, sans assistance, effrayées par

le récit fait par les radios du calvaire de l'une d'entre elles qui

avait mis sept heures pour rejoindre la clinique. Prise dans la

tourmente, la voiture conduite par son mari ne s'était frayée un

chemin que grâce à l'intervention d'un véhicule de service.

Les neuf volontaires de "Off-Road Adventure" et leurs

quatre Jeep n'étaient pas en peine pour se rendre utiles. Tout

juste rentrés d'une mission, ils étaient dirigés vers un autre vil-

lage, accompagnant parfois l'auto-chenillette servant d'ambu-

lance, que l'on avait sorti de son garage pour les cas extrêmes.

Leur tâche n'allait pas sans risques, ni angoisse. Deux

d'entre-eux se sont ainsi retrouvés bloqués pendant quatre

heures sous un mur de neige, dans le noir et le froid, avec une

femme pouvant accoucher à tout moment à bord de leur véhi-

cule, la situation étant sauvée par des villageois alertés par

téléphone mobile.

Après avoir réalisé quinze missions avec succès et secou-

ru autant de personnes, nuit et jour pendant 48 heures, les

jeunes Bucarestois ont regagné la capitale le dimanche soir…

pour reprendre leur travail le lendemain matin.

Hiver rigoureux, chaleur des cœurs

Un gynécologue chypriote de 42 ans a été condamné à 7000 � (46 000 F) d'amende par un tribunal de Nicosie, pour

avoir vendu quatre nouveaux nés roumains à des couples sans enfant, ce qui lui avait rapporté 30 000 � (200 000 F).

Il avait été arrêté pour trafic de faux papiers alors qu'il remettait un nourrisson de trois jours à un couple grec, lequel

avait acquitté 18 000 � (120 000 F), plus les frais médicaux. La mère de l'enfant, qui était venue accoucher dans son établissement,

avait reçu 2800 � (18 000 F). Le trafic d'enfants reste une pratique quasiment impunie à Chypre, du fait de lacunes dans la légis-

lation sur les adoptions.

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

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TIMISOARA

ARAD

SIBIU

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IASI

BRASOV

CONSTAN-CRAIOVA

TARGU MURES

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

l

CLUJ

Vente de nouveaux nés roumains à Chypre

Des habitants ont été bloqués plusieurs jours dans leurs maisons, entendant le bétail mugir de faim

dans les étables, avant que les secours n’interviennent.

L'affiche qui fâche

Près d’un cent aine de jeunes bénévoles bucarestoisse mettent au service de leurs comp atriotes

Zinédine Zidane aux prises avecCristian Chivu, lors de la rencontre

amicale France-Roumanie, au Stadede France, le 13 février dernier.

l PLOIESTI

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Les fédérations roumaines dis-

posent d'un budget pour l'ali-

mentation des sportifs de haut

niveau qui était, quotidiennement, en

1999, de 7,5 � (50 F), porté à 10 � (65 F)

pendant la période de préparation des

J.O. de Sydney. Ces sommes sont reve-

nues à leur niveau initial ensuite, sans

tenir compte de l'inflation (45 % en 2000,

30 % en 2001), ce qui les a réduites res-

pectivement à 3,7 � (24 F) et 5,2 � (34 F).

Du coup, la saison passée, les ath-

lètes se sont plaints de ne plus manger à

leur faim. Cela a été particulièrement le

cas chez les rameurs, dont la débauche

d'énergie considérable exige en retour un

apport en calories très important. Au

cours d'une séance d'entraînement, ces

sportifs éliminent de 2 à 3 litres de sueur,

leur réhydratation nécessitant l'absorp-

tion de 3 à 4 litres d'eau minérale par jour.

Pour faire des économies, les entraî-

neurs ont été obligés de couper celle-ci

avec de l'eau du robinet et de rogner sur

la nourriture. Le problème se pose moins

pendant la saison pluvieuse ou froide. La

sudation est plus limitée, la consomma-

tion d'eau aussi… ce qui permet d'aug-

menter les portions dans les assiettes.

Les rameurs roumains, hommes et

femmes, ont ramené trois titres olym-

piques et deux de champion du monde à

leur pays, ces deux dernières années.

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2223

Léonard Doroftei : la rage de vaincre

Un boxeur de Ploiesti donne à la Roumanie son premier grand titre de champion du monde

Leonard Doroftei a

donné à la Roumanie

son premier grand

titre de champion du monde de

boxe, version WBA, en ravis-

sant sa ceinture de diamant à

son dépositaire, l'Argentin Raul

Balbi, le 5 janvier à San Antonio

(USA). Balbi, 28 ans, 48 vic-

toires en 53 combats, défendait

pour la première fois le titre des

mi-légers (62 kg), qu'il avait

arraché au Français Julien Lorcy, trois mois plus tôt.

Au terme d'un combat dramatique en douze reprises, deux

juges-arbitres sur trois ont accordé la victoire au Roumain, qui

l'a emporté par un petit point d'écart (140-139). Le boxeur

demeure invaincu chez les professionnels, avec 20 victoires,

dont 7 par KO. Blessé à l'arcade sourcilière au début du com-

bat, saignant abondamment, subissant le pressing de son

adversaire, Doroftei s'est repris dans les dernières reprises

pour terminer déchaîné. Les juges ont finalement récompensé

sa plus grande agressivité et sa précision, 1083 coups distri-

bués à son adversaire dont 476 arrivant à destination, contre,

respectivement, 927 et 325.

Balbi a violemment contesté la décision et n'a pas remis sa

ceinture de diamant au Roumain, déclarant l'avoir oubliée chez

lui. Un match revanche devrait avoir lieu, peut-être en

Roumanie, tout dépendra de la bourse offerte. A San-Antonio,

l'Argentin a reçu 200 000 � (1,32 MF)… ce qui met le coup de

poing encaissé à 420 � (2755 F). Son challenger s'est contenté

de 55 000 � (360 000 F), soit 170 � (1110 F) l'œil au beurre

noir, somme sur laquelle il a dû défalquer l'achat d'une paire

de lunettes de soleil pour être présentable afin d'aller fêter son

nouveau titre dans son pays natal, où il a été accueilli en héros.

Haut comme trois pommes…

mais doué d'une volonté farouche

Originaire de Ploïesti, Leonard Doroftei, âgé de 31 ans, a

déjà une longue carrière derrière lui. L'adolescent a commen-

cé à boxer à 14 ans dans le club de sa ville. Deux ans plus tard,

il était champion de Roumanie junior et s'attribuera cinq titres

nationaux chez les seniors. Chez les amateurs, il décrochera

deux médailles de bronze, aux JO de Barcelone (1992) et

d'Atlanta (1996), le titre de champion d'Europe en 1996 et de

champion du monde, à Berlin en 1995, remportant 239 vic-

toires et ne s'inclinant que 15 fois.

Le boxeur a décidé de passer professionnel en 1997, à

l'âge de 27 ans et est parti s'entraîner à Montréal, après avoir

signé un contrat avec un agent canadien. Marié, père de deux

enfants, il espère acquérir la nationalité canadienne cette

année, tout en demeurant très attaché à son pays. Petit gabarit

(1,60 m), ayant une volonté exceptionnelle et faisant preuve

d'intelligence du ring, il a saisi la première chance qui s'offrait

à lui de devenir champion du monde. Doroftei dépasse ainsi

dans la légende de la boxe roumaine, Mihaï Leu, également

champion du monde des moyens, en 1994, mais dans la ver-

sion moins cotée de la WBC.

Sports

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2218

Société

Mais le fonctionnaire qui la reçoit, apprenant l'action humanitaire que mène "Le

Flocon" depuis une décennie, s'indigne quand il entend le récit de l'odyssée de la

Française. Il se lève et déclare : "Madame, je vous présente mes excuses. Je doute que

vous les acceptiez. J'ai honte pour mon pays et mes compatriotes. A partir de mainte-

nant, vous ne donnerez plus un lei, et je vous promets qu'on va vous laisser tranquille.

Vos visas vous les aurez gratuitement".

Reste à définir les responsabilités de l'accident. L'expert commis par la police la

fait porter à Nicole Wentzo. Celui de l'assurance, qu'il a fallu payer 100 marks, aux

paysans. La police demande son rapport, mais la Française en a besoin ainsi que de la

quittance pour se faire rembourser en France. Une photocopie est faite discrètement à

la Poste. Coût : 100 marks.

"Il est donc impossible de rester honnête en Roumanie ?"

… "Oh si, Madame, mais on en crève !"

Une confrontation est organisée chez le paysan, où on commence à évoquer un

accord à l'amiable, en même temps que celui-ci promet à un des experts, un tailleur

pour sa femme, et à l'autre, un dîner au "Perla", un grand restaurant des environs

Devinant encore une "magouille", Nicole Wentzo fait immédiatement appel à un

troisième expert qui confirme que la charrette n'était pas éclairée. Le bout du tunnel ?

Non. Pour rédiger le procès-verbal, il faut avoir recours à une traductrice assermentée

- et, bien sûr - la payer. Sa traduction ne correspond pas aux déclarations faites par la

Française.

Nouvelle convocation au commissariat de Sighet, dans une pièce dont on a volé

les ampoules, bien qu'elle soit fermée à clés. Un gradé vient, poli, présentant ses

excuses. L'affaire semble s'arranger, mais Nicole Wentzo devra revenir quelques

semaines plus tard, à Noël, pour la conclusion de l'enquête par le procureur de la

République, deux de ses amis roumains se portant garants pour elle. Le procureur lui

donnera alors raison, non sans qu'elle ait à revivre le même genre d'épreuves, mais en

y étant cette fois-ci préparée. Ce sera aussi l'occasion de constater que les blessées sont

en pleine forme.

Son passeport et son permis de conduire lui sont remis en présence de son avocat.

Connaissant le tarif, Nicole Wentzo avait préparé son billet de 100 marks. Avant de

regagner l'Alsace, elle a demandé à l'officier de police : "Il est donc impossible de res-

ter honnête en Roumanie ?", s'entendant répondre : "Oh, si Madame, mais on en

crève!".

"Ne nous abandonnez pas, vous êtes un coin de ciel bleu pour nous"

Quelques jours avant son retour, la Française avait assisté à la messe du dimanche

à Calinesti. Dès son entrée dans l'église, une grand-mère était venue s'asseoir à ses

côtés, ainsi qu'un villageois, apostrophant les fidèles, expliquant ce qui se passait.

Pendant la cérémonie, Nicole Wentzo offrait un peu d'argent pour acheter un cierge et

prier, afin de se sortir de sa situation. Mais on lui refusait son obole, en même temps

qu'elle découvrait qu'un chapeau circulait dans les rangs… et que le plus gros cierge

qu'on ait jamais vu brûler dans ces lieux ne lui soit remis.

Le curé intervenait longuement, lui traduisant : "Nous savons ce que vous vivez

actuellement, nous comprendrions que vous ne vouliez plus revenir en Roumanie,

mais ne nous abandonnez pas. Vous êtes un coin de ciel bleu pour nous". A la sortie

de l'office, entourée et choyée par les voisins et les villageois, elle avait l'impression

d'être une petite fille.

Près de dix-huit mois après ces épreuves, Nicole Wentzo n'en démord pas :

"J'aime la Roumanie et les Roumains encore plus que jamais. Il n'est pas si facile d'y

vivre. J'admire les gens qui y restent honnêtes". Dans son Alsace, elle a fait la tournée

des exploitations agricoles, brocantes, et a récupéré tout un stock de catadiopres. De

retour dans le Maramures, elle sillonne tous les marchés de la région avec des amis

roumains, munie d'un marteau et, dès qu'elle aperçoit une charrette non éclairé, elle les

cloue à l'arrière… pour s'assurer que les paysans ne les revendront pas.

Le gouvernement a décidé de fairede 2002 l'année de la lutte contre lacorruption, lançant un plan d'action.Une enquête a révélé que ce phéno-mène avait augmenté de 30 % en unan. Le nombre de fonctionnairesreconnaissant avoir été mêlés à cegenre de pratique s'est accru de moi-tié. 56 % des employés du secteurfinancier et bancaire admettent êtreconfrontés à ce problème.

La douane est l'un des secteurs leplus touché. En 2001, 150 officiersont été destitués pour corruption, 880ont été sanctionnés. Pour endiguer cefléau, la Police des Frontières roumai-ne a signé un protocole d'accord avecson homologue hongroise et s'apprê-te à en faire de même avec laBulgarie. Cette même année, uneenquête a été menée sur 4000 poli-ciers à travers le pays, soupçonnésd'enrichissement illicite, 430 faisantl'objet d'investigations plus pousséeset 120 étant poursuivis.

Le gouvernement aura fort à faire,car un rapport révèle que, parmi lesadministrations les plus suspectéesde corruption, on relève le nom decelle… qui est chargée de la com-battre. Le Premier ministre a d'ailleursdécidé de porter le fer dans les rangsdu Ministère de l'Intérieur, dont l'ac-tion conditionne le succès de sonplan, et d'avoir recours à un trèsgrand nombre d'enquêteurs ano-nymes dans différents secteurs.

Interrogeant ses lecteurs sur l'effi-cacité de ces mesures,"RomaniaLibera" s'est entendu répondre à 32% qu'elles seraient sans effet, et à 53% que la corruption devrait mêmeaugmenter, seulement 10 % espérantqu'elle baisserait.

2002, année anti-corruption

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BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

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Des rameurs qui ne mangent p as à leur faim

TURNUSEVERIN

MEDGIDIA

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Nageurs et plongeurs roumains n'ont

pas pu s'entraîner pendant deux mois,

le système de chauffage du seul bas-

sin qui leur est réservé, étant tombé en panne et

nécessitant de grosses réparations. Le bassin de

remplacement, sans entretien depuis trois ans,

était également inutilisable.

Au cours du match de ligue anglaise opposant Newcastle à

Sarencens, une collecte de matériel a été organisée pour venir en

aide aux joueurs roumains. 180 paires de chaussures, un jeu de

400 maillots et 240 shorts, 75 paires de protège-tibias et 55 ballons ont été

récupérés et acheminés par British Airways, sponsor de Saracens. Les joueurs

anglais avaient été effarés par la misère des équipements de leurs collègues

roumains, lors d'un match de coupe d'Europe récent, disputé à Bucarest.

Collecte pour les rugbymen roumains Les nageurs privés de bassin

Page 24:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2224

Insolite

Météo à l'oignon

Pour prévoir le temps tout au longde l'année, les vieux Ceangaï, issusd'une minorité hongroise venue deTransylvanie et installée dans larégion de Bacau, ont leur méthode. ANoël, ils coupent en deux un oignon,le décortiquent en douze morceaux,leur attribuant chacun un mois, qu'ilsrecouvrent de pincées de sel pendantune semaine.

Au premier de l'an, les Ceangaïprédisent ainsi les mois pluvieux,ceux dont le sel est gorgé d'humidité,ou secs, quand il n'a pas bougé. Ceprocédé, infaillible, selon leurs utilisa-teurs, était aussi employé, autrefois,dans plusieurs autres régions.

Quelle ne fut pas la surprise des douze habitants de Plaietu, dans le dépar-

tement de Prahova, quand ils ont vu débarquer, le 24 décembre dernier, le

Père Noël, encadré de gendarmes… Dans ce village, recouvert en grande

partie par les eaux du lac d'un barrage, seules trois maisons restent habitées et on ne

voit personne pendant de longs mois.

Isolé, sans électricité, ni eau courante, Plaietu n'est accessible que par un mauvais

chemin, impraticable en hiver, période où les trois familles demeurant sur place sont

coupées du reste du monde, une barque assurant les liaisons quand le lac n'est pas gelé.

La gendarmerie départementale a donc décidé de leur apporter un peu de récon-

fort, le général la commandant ayant troqué son uniforme contre le costume de Père

Noël et distribuant à chacune cadeaux et mets pour les fêtes d'une valeur de 200 �

(1350 F). Voyant ce personnage magique pour la première fois - on ne reçoit pas la

télévision à Plaietu - une fillette de dix ans se montrait très intimidée et découvrait

aussi bananes et oranges… ne sachant trop comment s'y prendre pour les éplucher.

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BUCAREST

ORADEABAIA MARE

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

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lPITESTI

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2217

Société

Heureusement, une amie roumaine parlant bien le fran-

çais, est arrivée et lui sert d'interprète. Les palabres se suivent

sans résultats. Finalement son véhicule, son permis de condui-

re et son passeport lui sont retirés. Nicole Wentzo est "assignée

à résidence" chez les gens qui l'hébergent et convoquée au

commissariat de Sighet. C'est l'heure des remises en question :

"Je n'aurais jamais dû mettre les pieds en Roumanie. Çà fait

dix ans qu'ils bouffent et ma vie et mon

porte-monnaie".

Des amis roumains l'ont attendu

dans la cour jusqu'à 5 heures du matin,

bien qu'ils travaillent à 8 heures.

Pendant dix jours que durera ce cau-

chemar, ils seront à ses côtés, comme

chauffeur avec leurs véhicules, accom-

pagnateur, traducteur.

Mise en condition

L'un est allé voir le blessé et lui a

apporté des bananes qu'ils dévorent…

quelques heures après son "coma" qui se révèle être de simples

ecchymoses et deux côtes cassées. Pourtant à l'hôpital, on n'en

démord pas : "C'est grave. Il faut compter 60 jours d'hospita-

lisation et çà va vous coûter 1700 � (11 000 F), parce que vous

êtes responsable". Par la même occasion, un médecin sollicité

pour faire un certificat médical afin de justifier le retard prévi-

sible pour le retour en France, réclame 100 marks (53 �, 350

F). Un autre l'établira pour 15 � (100 F). A la pharmacie, deux

boites de médicaments pour le groupe, qu'il faut faire venir de

Cluj (10 �, 65 F de transport) seront facturés 70 � (460 F) la

boite, soit cinq fois leur prix en France.

Au commissariat de Sighet, où Nicole Wentzo sera convo-

quée pratiquement quotidiennement de 9 heures à 17 heures,

l'état du blessé est toujours considéré comme très grave. De

manière à être entendus, les policiers parlent entre eux d'acci-

dents avec les étrangers: des milliers de marks, de dollars à

payer… Parfois le téléphone sonne. L'enquêteur doit aller chez

lui. On lui livre du bois. Il faut revenir l'après-midi, pour rien,

sauf des insultes et des cris sur les gens de Calinesti qui aident

"la Française".

"Il va vous falloir de l'argent pour payer tout çà"

Les jours suivants, même scénario. Les policiers insistent:

"il va vous falloir de l'argent pour payer tout çà". Nicole

Wentzo a fait venir d'urgence 7000 � (45 000 F), mais ne peut

pas les retirer, faute de passeport confisqué. Les policiers se

radoucissent tout à coup : "On vous accompagne à la

banque"… banques qui se servent au passage : 260 � (1700 F)

à l'envoi… et 335 � (2200 F) à la réception.

Puis le résultat de la prise de sang arrive. Nicole Wentzo a

bu une bière quelques heures avant l'accident, mais le taux

d'alcoolémie autorisé est de zéro en Roumanie. On lui fait

comprendre que c'est grave, qu'elle va être déclarée respon-

sable et devra payer tous les frais… avant de lui suggérer qu'il

est possible de changer le flacon qui la "met en cause". Elle

bondit et obtient la présence d'un avocat parlant français. Il

arrivera deux heures plus tard. "Vous êtes en Roumanie… tout

est possible, tout est légal", lui dira-t-il lors d'un entretien

autorisé de dix minutes, lui demandant 100 marks.

Mais l'Alsacienne ne veut pas de "magouilles". Quelques

jours plus tard, le même avocat, qui ne s'est pas dérangé, lui

conseille au téléphone de laisser faire la police… et lui

demande de passer à son bureau pour régler le prix de cette

assistance, soit 100 marks. Pendant

tous ces épisodes, policiers et avocats

se servent impunément de son télépho-

ne portable, même pour des coups de

fil personnels. Un comble… Il lui fau-

dra même, à ses frais, aller faire ache-

ter dans une papeterie du papier, un

carbone et un dossier cartonné, pour

que sa déposition soit consignée…

"Ici tout est possible,

tout est permis"

Après six jours d'affres, les amis

roumains de Nicole Wentzo sont inquiets de la voir extrême-

ment fatiguée et ont peur qu'elle ne craque. Elle ne dort plus la

nuit. "Ici, tout est possible, tout est permis" lui disent-ils, avec

une grande tristesse dans leurs regards, poursuivant "ils atten-

dent tous de l'argent. Si tu ne passes pas par leurs combines,

dans six mois tu seras encore là".

Le lendemain, remontée, elle retourne à la police de

Sighet. "Je veux le rapport d'expertise de l'assurance, faire

réparer ma voiture pour rentrer en France. Combien ?". Un

billet de 100 marks sorti du sac à main n'attire qu'une moue,

celui de 100 dollars disparaît en un clin d'œil.

Pour la même somme, Nicole Wentzo obtient aussi sa

"liberté sous caution". Elle refuse toutefois la suggestion d'al-

ler chez un garagiste recommandé par la police et entreprend

elle-même la tournée des carrossiers. Le premier lui demande

400 dollars (450 �, 3000 F), simplement pour décabosser une

portière. Sans facture… donc sans remboursement possible

par l'assurance. Pare-brise, vitres, capot, essuie glace sont

aussi à remplacer. Le second se contenterait de 400 marks (210

�, 1400 F). Un autre - un grand garage de Baia Mare- qui n'a

pas de pièces de rechange, lui propose de les récupérer sur des

véhicules impayés qu'il a en dépôt… et de les déclarer volées.

Finalement ce sont ses amis qui décabosseront la voiture et

boucheront les trous avec des sacs poubelles et du gros scotch,

ces réparations sommaires tenant jusqu'en Alsace.

Tout à 100 marks ou à 100 dollars

Un autre problème se pose. Les enfants du groupe ont des

visas de dix jours qui se terminent. Ils vont être en situation

irrégulière. Moyennant 100 marks pour téléphoner, un inter-

médiaire obtient un rendez-vous au service adéquat à Baia

Mare pour les faire prolonger… rendez vous qu'il faudra faire

confirmer par un autre billet de 100 marks. On la prévient que

ce renouvellement devrait coûter 100 dollars par enfant, soit

au total 450 � (3000 F), au lieu de 1 � en France !

(A suivre page 18)

Gendarmes au grand cœur

On peut voyager à travers la Roumanie, en restant tranquillement chez soi,

devant son écran, pourvu que l'on dispose d'Internet. C'est une balade vir-

tuelle à travers le pays qui vous est proposée dans cette chronique… à

vous de la transformer en réalité, lors de vos prochaines vacances !

Commençons par Bucarest dont la vision ne s'arrête pas au palais du Parlement,

ni à l'avenue de l'Union et ses immeubles sans âme, commandés par le "Conducator"

à ses 700 architectes qui devaient redessiner la capitale dont il rêvait. Déjà, un diapo-

rama sur http://www.virtourist.com/europe/bucharest/ présente une autre face de

la ville et, pour vous faire définitivement changer d'avis sur cet univers glacé, il faut,

avec http://www.geocities.com/tanyamurzin/postcards00.html, poursuivre la visite

par une galerie photos . Maintenant vous avez une toute autre idée de Bucarest et vous

ne pourrez plus jamais dire "qu'elle est une ville sans aucune valeur touristique" . Ces

sites vous auront sans-doute donné envie de flâner dans ce qu'il reste de ce "petit

Paris", tant vanté par l'écrivain et diplomate Paul Morand, dans les années 30. Voici

un plan pour ne pas vous perdre : http://www.pmb.ro/.

Dirigeons nous à présent vers la Transylvanie et plus précisément à Brasov, au

cœur des Carpates. Brrr…très froid l'hiver (- 25° en décembre dernier), mais + 20°

début février (à y perdre son slavon !). http://brasov.ro/ fourmille d'infos pratiques,

avec un petit plus, la série de cartes postales anciennes datant de la fin du XIXème

siècle. A transmettre à vos amis par E-cards pour compléter leurs collections.

Deux sites permettent de continuer la découverte de l'ancienne cité allemande, en

cours de restauration grâce à des capitaux germaniques : http://www.brasovtravel-

guide.ro/attractions/citadel.htm et http://brasov.free.fr (site en français).

Avec http://www.primsb.ro/internet/ro/start.html poussons maintenant notre

voyage jusqu'à Sibiu. Le site officiel de la ville propose une galerie photos importan-

te. Enfin, et plus surprenant, ce site très joli graphiquement conçu par un habitant de

Nouvelle-Zélande http://www.sibiu.f2s.com/. Il doit y avoir une Roumaine dans la

confidence pour le faire avec tant d'amour !

La suite de cette balade dans le prochain numéro …

Alain Defline

Balade en Roumanie : Bucarest, Brasov et Sibiu

Bonnes adresses sur le Net Sighetul Marmatiei est une ville chargée d’histoire,située au nord du Maramures,

près de la frontière avec l’Ukraine.

Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le sitehttp://laroumanie.de-France.org,

partenaire des "Nouvelles de Roumanie" .

Internet

Les villages de la communed'Horea dans les monts Apuseni, ontété mis en état d'alerte maximumpendant les grands froids du débutde l'hiver, des meutes de loups affa-més rodant autour des habitations.Les hurlements de ces animaux sau-vages terrorisaient la population quis'est calfeutrée dans les maisons,interdisant aux enfants de sortir,ramassant le bétail. Des chiens ontété dévorés.

De mémoire de villageois, il fautremonter à longtemps pour retrouverune telle invasion de loups. Les tem-pératures sibériennes et les abon-dantes chutes de neige les ont faitsortir en nombre des forêts, à larecherche de nourriture. Aucuneautorisation de chasse n'ayant étéaccordée, les habitants ont dûprendre "leur peur en patience", enattendant l'arrivée du redoux.

Prendre sa peur en patience

HOREAl

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

2225

Livres

Les éditions Maisonneuve et Larose mettent à la dis-

position du public les contes roumains d'Arthur et

Albert Schott, publiés pour la première fois dès

1845, dans les pays germaniques et en allemand. L'œuvre exis-

tait également en français, mais n'étaient plus disponible à ce

jour. Tout autant que ceux des frères Grimm qui datent de la

même époque, ces contes sont assurément des classiques du

genre. Dans la première moitié du XIXème siècle, inspirés jus-

tement par le travail de ces illustres conteurs qu'ils admirent, les

frères Schott retranscrivent des récits issus du fonds légendaire

de la Valachie, province danubienne qui constituera quelques

années plus tard la Roumanie, par l'Union avec la Moldavie.

Les deux frères se partageaient le travail

Les deux frères se partagent le travail. Au cours de ses

voyages, Arthur enregistre les récits merveilleux que lui font les

gens rencontrés sur place. Profitant d'un séjour de six ans dans

le Banat occidental, il se fera traduire "Le trésor de contes et

récits qui ornait la mémoire de la vieille Valaque Florika" ou

bien récupérera des contes directement écrits en allemand

comme ceux de "Monsieur Dragulesku, un Valaque originaire

d'Oravitza".

Consciencieux, Arthur Schott se fait raconter à nouveau les

histoires - comme un journaliste aujourd'hui, recoupe ses

sources - puis peaufine sa première mouture. Albert, qui est

resté en Allemagne, réalise alors un remaniement prudent mais

fidèle au sujet, afin de satisfaire aux critères de la publication.

Les frères Grimm considéraient que les contes ne sont en

fait que "d'anciens mythes qu'on croyait perdus mais qui sub-

sistent encore dans cette forme". Ils assuraient qu'ils venaient

d'un fonds primitif commun développé à leur façon par chaque

peuple. Pas étonnant alors de retrouver des parentés étroites

entre légendes grecques, contes germaniques et roumains… et

donc entre les contes des frères Grimm et Schott, qu'une même

identité chrétienne a, par la suite, patinés quelque peu sembla-

blement.

Ainsi, comme le disent les frères Schott, les lecteurs pour-

ront retrouver dans ces récits valaques "à côté de maint trait

nouveau, maint visage depuis longtemps connu, mainte voix

qui, depuis les jours de notre enfance, a fait notre joie". Le beau

prince, le miroir magique, les enfants d'or, le diable et son éco-

lier, la nymphe de la forêt, la sirène d'or, etc… entrent ainsi dans

l'univers des amateurs du merveilleux et de l'imaginaire.

Bernard Camboulives

Contes Roumains d'Arthur et Albert Schott, (traduit de l'allemand

par Denise Modigliani). Nouv ed, Maissonneuve et Larose, 2001

Deux ouvrages pourront être

lus avec profit par ceux que

l'ancienneté de la culture

roumaine et son enracinement dans de

vieux fonds de pensée mythologique inté-

ressent.L'un part à la recherche des struc-

tures mentales révélées par les rituels qui

se pratiquent encore dans les Carpates. Il

s'agit de Mémoires des Carpates de Jean

Cuisenier, ethnologue rigoureux formé à

l'école de Levy-Strauss, qui use de

méthodes quasi scientifiques pour tenter

de cerner une Roumanie millénaire.

L'autre provient d'une romancière

dont la démarche est fondée sur les senti-

ments que lui inspire un retour au pays

après une longue absence. Il s'agit de

l'ouvrage, plus ancien, de Marthe

Bibesco, intitulé Izvor, le pays des

saules dont le propos tente de circonscri-

re une Roumanie éternelle afin de mieux

la comprendre.

Jean Cuisenier a parcouru la

Roumanie à de nombreuses reprises,

avant comme après la chute du commu-

nisme. Ses pas l'ont conduit partout où

existait du matériau ethnologique. C'est à

dire en de nombreuses régions, notam-

ment au Maramures, en Olténie et en

Bucovine. Autant de régions rurales dans

lesquelles les paysans ont conservé de

prodigieuses constructions de l'esprit…

enchâssées dans la splendeur des grands

rituels célébrant la vie, la mort, chantant

le passage des saisons et l'intervention

des saints.

Aux observations scrupuleusement

notées sur les fêtes, les obsèques, les tra-

vaux, l'habitat, la cuisine, les vêtements,

etc… s'ajoutent de remarquables photos

en noir et blanc et quelques beaux textes

qui témoignent largement de la poésie à

l'œuvre dans ces campagnes roumaines.

Jeter des ponts avec les paysans

Le livre de Marthe Bibesco, bien que

différent et datant de 1947, est tout autant

intéressant. L'émotion est souvent pré-

sente, notamment lorsque cette grande

aristocrate roumaine, ayant choisi de

s'installer à Paris, s'aperçoit qu'elle doit sa

richesse à l'extrême exploitation des pay-

sans qui vivent sur ses terres.

Désireuse de jeter des ponts avec ces

derniers, elle comprend vite qu'ils ne sont

pas en dessous des propriétaires, mais

"ailleurs, et loin, au fond des âges". Des

paysannes ignorantes vont ainsi lui per-

mettre d'entrer dans un monde rempli de

poésie. "La poésie abonde, coule de sour-

ce, dès qu'on s'enfonce avec ce peuple

dans la forêt enchantée qu'il habite". Ce

sont les saisons de l'année et leurs rituels

inchangés depuis bien longtemps qui ser-

vent de fil conducteur à ce beau livre de

Marthe Bibesco.

B.C.

Mémoire des Carpates, Roumanie mil-

lénaire : un regard intérieur de Jean

Cuisenier. Plon, 2000.

Izvor, le pays des saules, la Roumanie

éternelle de Marthe Bibesco. Christian de

Bartillat éditeur, 1994 (Plon, 1947).

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2216

Société

Vie quotidienne

Nicole Wentzo et son association, "Le Flocon", située à Wahlenheim, près

de Strasbourg, ont une longue pratique de la Roumanie, intervenant

depuis 1990 dans une petite commune du Maramures, Calinesti, où leur

aide prend de nombreuses formes, notamment en direction des enfants handicapés

dont certains ont été recueillis en Alsace.

Pourtant, Nicole Wentzo n'avait jamais été confrontée autant à la réalité roumai-

ne que lors d'un voyage effectué à l'occasion des vacances de la Toussaint 2000. Elle

était partie avec deux amies et quatre de ses petits protégés, ravis de retrouver leur

pays d'origine. Quelques affaires à régler sur place, des mission à remplir… et huit

jours heureux en perspective avec son petit groupe.

Le premier soir, rentrant à Calinesti, alors que la nuit est tombée, leur véhicule

accroche une charrette non éclairée avec quatre personnes dont deux se révèleront être

complètement ivres. La conductrice réussit à l'éviter, mais non les barres de fer qui

débordent de tous les côtés. La charrette est renversée, coinçant le cheval. Un homme

est couché sur la chaussée, saignant abondamment, alors que deux autres, un homme

et une femme, se plai-

gnent. La voiture est

endommagée. Un

attroupement se

forme. Le blessé est

finalement évacué

vers l'hôpital de

Sighet, la grande ville

voisine, par une auto-

école de passage.

Au bout d'une

heure, la police arri-

ve, sans ambulance.

Un expert est égale-

ment là. Il faut faire

des photos. Nicole Wentzo prête son appareil, fournit la pellicule. Le lendemain,

quand elle les fera développer en urgence, elles lui seront facturées 55 � (360 F) l'uni-

té, celui qui a effectué les prises de vue, ayant auparavant réclamé 11 � (70 F), pour

avoir appuyé sur le bouton.

Assignée à résidence, permis de conduire et passeport retirés

Les policiers embarquent la Française dans leur voiture, direction le dispensaire

pour une prise de sang et des tests neurologiques du genre, marcher sur une jambe,

reculer, monter sur une chaise. L'assistante médicale se présente avec un "haricot" peu

engageant, au fond duquel se trouvent une aiguille et une seringue.

Nicole Wentzo proteste, exigeant qu'elles soient emballées, provoquant des réac-

tions furieuses et des cris, mais obtenant finalement gain de cause. Elle demande des

nouvelles du blessé, mais personne ne s'occupe plus d'elle. Le téléphone sonne et,

ostensiblement, on lui fait entendre la conversation dont elle comprend les mots

chocs: traumatismes crâniens multiples, nombreuses fractures des membres et du bas-

sin, coma…

Le monde vacille pour l'Alsacienne, isolée, qui est mise en condition, sans s'en

apercevoir. En pleine nuit, elle est conduite dans un petit commissariat pour un inter-

rogatoire. Il fait froid, elle grelotte, alors que les policiers enfilent de gros parkas.

L'enquêteur veut lui faire écrire et signer ce qu'il veut, mais elle refuse.

Magouilles, corruption, étranger dont on profite...

Interviewé par la presse roumainesur la corruption, un responsable dela Banque Mondiale a indiqué que, sile phénomène était généralisé dansles ex pays communistes, il étaitbeaucoup plus important dans larégion du sud-est de l'Europe, àlaquelle appartient la Roumanie.

La corruption y apparaît commeune entrave pour les investisseurs,étrangers ou roumains, décourageantbeaucoup d'entre-eux. Les nom-breuses taxes, et les dessous detable les accompagnant, qu'ils doi-vent acquitter pour démarrer uneaffaire peuvent se révéler dissuasifs,rendant l'investissement prohibitif.

L'expérience montre que lesgrosses entreprises acceptent depayer ces pots de vin, et qu'elles lesrépercutent ensuite sur leurs coûts.On a ainsi estimé que la corruptionpouvait peser pour 10 % dans le prixde vente des produits, les rendantd'autant moins compétitifs, affectantainsi l'économie en général.

La première question que se poseun investisseur est "Combien va-t-ilfalloir que je donne ?". Et d'énumérerensuite les "gestes" qu'il va devoirfaire vis à vis des administrations etde leur hiérarchie pour obtenir lesautorisations nécessaires, puis desorganismes de contrôle, la police,pour ne pas voir son activité "suffo-quer" sous leurs contrôles.

Même si pour la Banque Mondialele phénomène de la corruption ne vapas disparaître de sitôt, il faut aumoins le réduire. Elle préconise uneméthode simple : diminuer le nombred'étapes administratives à franchirpour ouvrir une activité.

La corruption a aussiun coût économique

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BUCAREST

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TIMISOARA

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TARGU MURES

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

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Les " Contes roumains " des frères Schott à nouveau disponibles en librairie

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Un voyage transformé en dix jours

de cauchemar à la suite d'un accident

A la poursuite du merveilleux et de l'imaginaire en Valachie

Roumanie millénaire et Roumanie éternelle

La nuit, les charettes non éclairées constituent un véritable dangerpour les automobilistes qui redoutent de les découvrir

au dernier moment dans leurs phares.

SIGHET CALINESTI

Page 26:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2226

Sadoveanu, metteur

en scène de l'Histoire

Littérature

Connaissance et découverte

De son vivant, Mihaïl Sadoveanu

(1880-1961), était souvent compa-

ré au "Ceahlaul" pour la densité de

son œuvre. L'impressionnant massif monta-

gneux des confins de la Moldavie correspondait

aussi bien au physique robuste de l'écrivain. A

la fin de sa vie, les critiques ne lésinaient pas

sur les superlatifs lyriques, qualifiant également

le romancier de “Stefan cel Mare (Etienne le

Grand ) de la littérature roumaine", ou de

"Troisième Mihaï de l'Histoire du Peuple rou-

main", après Mihaï Viteazul (Michel le Brave),

premier unificateur de la Roumanie, et Mihaï

Eminescu, le poète national.

L'époque, il est vrai, se prêtait à la dithy-

rambe. Sadoveanu était devenu une importante figure du régime communiste, dont il

présida le Présidium de la Grande Assemblée Nationale de 1947 jusqu'à sa mort, en

1961, jouissant de tous les privilèges dus à son rang. Quelques années plus tard, dans

un tout autre registre, les thuriféraires du pouvoir porteront aux nues un "Génie des

Carpates", également "Danube de la pensée", pour les résultats que l'on sait.

Autant dire que la collaboration de l'écrivain avec les communistes lui attire

aujourd'hui les foudres des critiques dont la plume a été libérée, d'autant plus que le

personnage était mesquin, connu pour son égoïsme notoire, et avait accumulé une des

plus grandes fortunes du pays à l'époque. " Son œuvre a été surévaluée", "Sadoveanu

a été utilisé par l'idéologie et en a aussi tiré profit", "Les commentateurs l'ont encen-

sé parce qu'il fallait courber l'échine devant l'appareil de propagande du Parti"…

sont quelques unes des appréciations peu flatteuses que l'on peut lire à son sujet.

Ses livres brûlés par les apprentis fascistes en 1937

S'il était de ce monde, Mihaïl Sadoveanu s'en offusquerait-il pour autant ? Le

créateur de l'épopée du peuple roumain, inventeur du genre du roman historique dans

son pays, a été au centre de controverses, tout au long de sa vie. D'obédience franc-

maçonne, grand maître d'une loge, il était voué aux gémonies par les apprentis fas-

cistes légionnaires qui, en 1937, brûlèrent ses livres en place publique. Cet autodafé,

aboutissement d'une campagne de presse, souleva l'indignation des intellectuels, mais

il annonçait aussi le temps des épreuves pour le peuple roumain qui ne se terminera

qu'un demi-siècle après, avec la chute de Ceausescu.

Bien avant les flatteries excessives à venir ou une haine abjecte, l'écrivain savou-

ra la reconnaissance émue et sincère que le peuple et le pays lui exprimèrent en 1930,

lors de manifestations nationales organisées à l'occasion de son cinquantième anni-

versaire, pour avoir su mettre en scène leur histoire.

Cette époque, entre les deux guerres, fût la plus heureuse de sa vie. Sadoveanu,

revenu du front, où il avait combattu avec le grade de lieutenant, après avoir gagné ses

galons contre les Bulgares dès 1913, s'installa avec sa famille à Iasi, dans l'ancienne

maison de Kogalniceanu, historien et Premier ministre sous Cuza (1859-1866). Il y

écrira trente romans, le quart de son œuvre qui en comporte cent vingt, dont Baltagul

(La Hache), bouclée en deux semaines, traduite en 24 langues, inspirée de la célèbre

ballade populaire Mioritsa. Le personnage central en est une sorte de Hamlet féminin

qui veut venger la mort de son mari.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2215

Actualité

L'accord signé entre la

Roumanie et l'Espagne pour

permettre à 865 travailleurs

roumains d'aller ramasser les fraises en

Espagne a provoqué des scènes frisant

l'émeute. Le contrat de travail était allé-

chant puisqu'il garantissait un salaire brut

quotidien de 28 � (183 F), pour un travail

de 6 heures par jour, six jours par semai-

ne, ce qui représentait un revenu mensuel

brut de 730 � (4800 F), près de sept fois

supérieur au salaire moyen en Roumanie.

Plusieurs milliers de Roumains ont

pris d'assaut les quatre agences pour l'em-

ploi d'Alba Iulia, Craiova, Calarasi et

Piatra-Neamt, lesquelles avaient organisé

une présélection pour ces saisonniers.

A Alba Iulia, mille personnes se sont

présentées le premier jour, seulement 120

étant retenues. Le lendemain, 1500 autres

candidats faisaient la queue dès l’aube.

Les voitures venant des départements

voisins bloquaient le quartier qui se

retrouvait presque en état de siège après

l'intervention de la police.

A Piatra Neamt, dès la veille, des

dizaines de personnes s'étaient rassem-

blées. Lors de l'ouverture des bureaux,

elles étaient un millier. La police devait

également intervenir pour calmer les per-

sonnes énervées dont le dossier avait été

refusé. Beaucoup s'étaient présentées

sans connaître les conditions à remplir et

sans les documents nécessaires (passe-

port valide, certificat médical, casier judi-

ciaire, avoir entre 18 et 50 ans, posséder

une expérience dans le domaine agrico-

le). A Calarasi, des femmes suppliaient

qu'on retienne leur candidature pour pou-

voir sauver leur famille.

La sélection finale a eu lieu à

Bucarest, début février, avec la participa-

tion des Espagnols et du Ministère rou-

main du Travail, ce qui apportait une

garantie de sérieux, après les différentes

escroqueries qui ont marqué "le miroir

aux alouettes du travail" à l'étranger. Elle

a cependant provoqué une énorme décep-

tion et la colère des hommes, les femmes

étant retenues en grande majorité, "jugées

plus adroites pour ce genre d'activité".

Sélectionné, le directeur du lycée

d’Ocna Sibiului a démissionné, jugeant

plus rentable d’aller ramasser des fraises.

Plus de deux millions de personnes vont toucher le Revenu minimum garanti

Alba Iulia en ét at de siège pour la présélection des ramasseurs de fraises en Esp agne

SocialCompromis avec le pouvoir communiste,

l'écrivain demeure une immensefigure de la littérature roumaine

Les anecdotes authentiques four-millent sur l'écrivain, rapportées parses proches, dont sa fille aînée,Profira Sadoveanu, aujourd'hui âgéede 96 ans, la seule de ses trois gar-çons et six filles encore en vie.

Au cours d'une promenade enradeau sur la rivière Bistrita dans uncadre enchanteur qu'il n'a jamais eul'occasion d'apprécier, l'auteur ne lèvepas les yeux, absorbé par la partied'échecs qu'il dispute. Quelques moisplus tard, ses accompagnateursdécouvriront une description magni-fique et minutieuse de l'endroit, dansun de ses romans.

Devenu président du Présidium dela Grande Assemblée Nationale, sousle régime communiste, Sadoveanureçoit un journaliste dans une maisonfastueuse. On lui apporte un plateaugarni de toutes sortes de sandwichs,qu'il dévore, sauf le dernier qu'il parta-ge en deux. "Vous voyez, je suiscommuniste… Je partage fraternelle-ment tout ce que j'ai”, glisse-t-il à soninterlocuteur qui ne sait quoi penser.

Un de ses amis le rencontre et luireproche d'avoir mis son talent à ladisposition des nouveaux maîtres dupays. "Un artiste ne doit pas sevendre " le sermonne-t-il. "Que veux-tu… Que ne ferait pas l'homme pourun bout de pain ? " se justifieSadoveanu, s'attirant une réponseimplacable : "Pour le pain peut-être.Mais pour toi, il s'agit de brioche" !

Apiculteur averti, l'écrivain avait denombreuses ruches. Après la guerre,alors que tout manquait, un médecinami vint quémander du miel pour unpoète démuni et qui se mourrait.Sadoveanu lui remit un pot. Par poli-tesse, le médecin demanda combienil devait. "Voyez avec mon secrétaire"s'entendit-il répondre.

Nouveau en

Roumanie,

le Revenu

minimum garanti est

entré en application. Ce

RMI à la roumaine, non

cumulable avec d'autres

ressources, assure aux

personnes démunies un

revenu mensuel de 630 000 lei ( 23 �, 150 F) et donne accès à

d'autres aides pour le chauffage et l'eau chaude, le gaz , les

enfants scolarisés. Plus de 2 millions de personnes sont

concernées, soit 760 000 familles.

Les bénéficiaires étaient priés de s'inscrire en mairie,

début janvier. Dans plusieurs villes, les files d'attente ont pro-

voqué des scènes à la limite de l'hystérie, comme à Constantsa

où, malgré le froid intense, des personnes faisaient la queue

dès quatre heures du matin. Une vieille dame dont la pension

de retraite se montait à 600 000 lei a grelotté des heures dans

l'espoir de gagner 30 000 lei supplémentaires chaque mois (0,5

�… 3,30 F). "Cela compte pour moi" expliquait-elle.

A Timisoara, par contre, des Tsiganes habitant dans de

véritables palaces d'une vingtaine de pièces, qu'ils se sont faits

construire avec l'argent récupéré de manière suspecte en

Occident, provenant souvent de différents trafics, roulant en

jeeps ou 4x4, ont fait scandale en déposant leurs dossiers de

demande. La mairie a effectué une enquête. L'un a déclaré qu'il

n'avait pas les moyens de payer les impôts fonciers que la ville

lui demandait. Un autre qu'il devait subvenir aux besoins de sa

nombreuse famille. Le maire de Timisoara a regretté que la loi

ne permette pas de sanctionner les demandes abusives.

Le dispositif du RMI autorise les mairies à demander aux

bénéficiaires de participer à des travaux d'intérêt communaux

dans la limite de 9 jours par mois, huit heures par jour, sous

peine de perdre leurs indemnités, ce qui a provoqué un vif

mécontentement. A Arad, sur les 550 personnes concernées,

250 ont été dirigées vers les travaux d'entretien des espaces

verts et de voirie de la ville, et 300 vers ses services de net-

toyage. Seulement une soixantaine d'entre elles se sont pré-

sentées, nombreux étant celles ayant obtenu une dispense

médicale. A Miercurea Ciuc, les services municipaux ont

attendu en vain les personnes convoquées.

La même allocation

de chômage pour tout le monde

La réforme de l'indemnisation du chômage est entrée éga-

lement en vigueur ce 1er mars. Au lieu d'une indemnité de 9

mois suivie d'une aide sociale d'une durée maximale de 11

mois, les chômeurs percevront désormais une indemnité

unique de 1,3 millions de lei (48 �, 315 F), quelque soit leur

salaire antérieur, correspondant à 75 % du salaire de base

minimum brut au plan national. Pour en bénéficier, il faudra

avoir travaillé au moins un an. La durée d'indemnisation est

fixée à six mois pour les personnes ayant exercé une activité

pendant une période de un à cinq ans, neuf mois, entre cinq et

dix ans, un an au-dessus. Les chômeurs sont tenus d'accepter

toute proposition de travail correspondant à leur formation ou

à leur niveau d'études, se situant à moins de cinquante kilo-

mètres de chez eux.

Les Roumains acceptent le RMI…

mais pas "les travaux forcés"

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Se vendre pour du pain... ou de la brioche?

Comme ici à Arad, les bénéficiaires du Revenu minimum garanti

doivent en contrepartie assurer des travaux au profit des communes.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2227

Connaissance et découverte

La communion de l'homme et la nature

De sa table de travail, Sadoveanu embrasait du regard la

Moldavie, de la rivière Prut au Ceahlaul. Chasseur et pêcheur

passionné, il arpentait forêts et vallées. Cette communion de

l'homme et la nature se retrouve au détour de chaque page, tout

comme l'auteur sait rendre l'atmosphère monotone des vil-

lages, bourgades, engourdis par l'hiver ou plongés dans la tor-

peur de l'été. Ce sera d'ailleurs le

titre de l'un de ses romans, Locul

unde nu s-a intimplat nimic (Le

lieu où il ne s'est rien passé).

Imprégné de son pays,

Sadoveanu, a été un écrivain

populaire, très publié et autant lu

par un public de tous âges. Son

œuvre est empreinte d'idées

humanistes et généreuses, où

perce parfois une pointe de mora-

le, à vertu pédagogique comme

dans Crâsma lui Mos Precu (Le

bistrot du Père Precu).

Sadoveanu y présente un pope

ivrogne, connu pour ses frasques,

allant jusqu'à baptiser un cheval

dans une cave où il s'enivrait.

Se reconnaissant sous les traits du personnage, un prêtre

des environs, après avoir envisagé de faire un procès, jugea

plus prudent, "toute honte bue", de demander sa mutation dans

un village éloigné où le livre ne risquait pas de parvenir, tout

en renonçant à son vice. Il viendra remercier l'écrivain

quelques années plus tard.

Abandonnant ses études

médiocres pour devenir écrivain

Sadoveanu était très attaché à sa Moldavie natale. Il avait

vu le jour le 5 novembre 1880, à Pascani, dans une famille

bourgeoise. Son père était avocat et sa mère, fille de "razesi",

paysans ayant de la terre. Contrairement à bien d'autres génies

roumains, montrant une précocité stupéfiante, l'enfant ne

brillait pas à l'école, redoublant à deux reprises. Ses maîtres

estimaient que son éducation rurale l'handicapait. Cela ne

l'empêchera pas de devenir plus tard docteur "honoris causa"

de l'Université de Iasi, ville dont il a dirigé le Théâtre national

entre 1910 et 1919, et dont le grand lycée porte aujourd'hui son

nom, et membre éminent de l'Académie roumaine.

Jeune homme, il entreprit sans conviction des études de

droit à Bucarest, sur les instances de son père, les abandonnant

et n'exerçant jamais le métier de juriste. Mihaï Sadoveanu

avait alors vingt ans. Il avait pris la décision difficile de deve-

nir écrivain et de vivre de ses livres. Il ne s'agissait pas d'un

coup de tête. Dès l'âge de seize ans, l'adolescent avait voulu

entreprendre une biographie de Stefan cel Mare, renonçant

faute de documents, mais montrant là son goût prononcé pour

les fresques historiques. Un an plus tard, il écrivait son premier

ouvrage, sous le pseudonyme de "Mihaï din Pascani ".

Sadoveanu collaborait à des revues, des journaux, y

côtoyait des membres éminents de l'intelligentsia roumaine.

Bien des années après, il deviendra directeur d' "Adevarul"

("La vérité") et "Dimineata" ("Le Matin"), dénonçant dans ses

articles "le véritable visage de l'obscurantisme fasciste".

Quatre romans, la même année

Mais, en attendant il fallait vivre. Après s'être marié avec

Ecaterina Bâlu, en 1904, dont il

aura neuf enfants, le jeune auteur

trouva une place de copiste à

Bucarest. Décidément voué à être

prolifique, il publia la même

année quatre romans… Ce qui

amènera le maître à penser de

cette époque, Nicolae Iorga, a

baptisée 1904 "année

Sadoveanu".

Sa carrière était lancée.

L'écrivain s'affirma alors comme

un véritable conteur, avec une

grande capacité à écrire "authen-

tique". Sous sa plume, boyards et

iobagi (paysans serfs) s'expriment

comme dans la vie. Avocats, sol-

dats, curé, marchands, braconniers, voleurs sont plus vrais que

nature. Sadoveanu est alors de plain pied dans la grande

époque du roman réaliste. Dans Tara de dincolo de negura

(Le pays d'outre-brouillard) pêcheurs, chasseurs de

Moldavie de Dobroudja prennent place au rythme des saisons

qui se succèdent . Le poète de la nature qu'il est apparaît aussi

avec Imparatia Apelor (L'Empire des eaux), Valea

Frumoasei (La vallée de la Belle).

Reposant aux côtés d'Eminescu et Caragiale

Toutefois, ce sont ses romans historiques qui assureront sa

réputation. Sadoveanu crée le genre, le rend vivant, rapproche

ainsi les grandes figures de l'histoire roumaines du public, ce

qui en fait, même aujourd'hui, un auteur très important, tou-

jours en bonne place dans les programmes scolaires.

L'écrivain voit l'histoire comme une scène immense où se

mêlent chefs des voleurs et grands voïvodes, dans des décors

d'épopées, mythes et légendes, le lecteur ayant le sentiment de

participer aux plus beaux ou plus terribles événements. Ainsi

en est-il avec la trilogie Fratii Jderi (Les frères Jderi),

vaillants chevaliers luttant aux côtés de Stefan cel Mare, le

prince qui a repoussé les Turcs à quarante reprises, construi-

sant autant de monastères pour remercier Dieu. Zodia

Cancerului (Le signe du cancer) montre un autre visage de

l'histoire de la Moldavie, néfaste celui- là, l'époque de Duca

Voda, voïvode corrompu, cruel et sans scrupules.

Même contesté aujourd'hui, il était naturel que le grand

historien prenne place dans la mémoire des Roumains…

Mihaïl Sadoveanu, presque aveugle, mort le 19 novembre

1961, à l'âge de 81 ans, repose dans le cimetière Bellu de

Bucarest, aux côtés de Mihaï Eminescu et Ion Luca Caragiale.

Sa maison de Iasi a été transformé en musée.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2214

Actualité

Alors que le début de l'hiver a été glacial, suivi d’un long redoux, de nom-

breux Roumains ont grelotté dans leurs logements. Certains, ne pouvant

plus acquitter les charges communes, ont demandé à être débranchés du

système de chauffage, d'autres, considérés comme mauvais payeurs, l'ont été d'office

par les fournisseurs d'énergie. C'est en Moldavie que la situation s'est avérée la plus

dramatique. A Iasi, depuis début février, seulement un tiers des familles bénéficient de

l'eau chaude et du chauffage. Des quartiers entiers de la périphérie de la ville ont été

déjà débranchés. Radet, le distributeur d'énergie thermique, s'efforce de récupérer 6

M� (40 MF) de dettes auprès des abonnés et a entrepris de débrancher individuelle-

ment ceux qui n'ont pas payé leur facture depuis trois mois, et non plus de procéder à

des débranchements collectifs d'immeubles comme il le faisait jusqu'ici.

A Vaslui, le distributeur s'apprêtait à faire des débranchements massifs. Dès jan-

vier, à Suceava, chauffage et eau chaude commençaient à être rationnés, les mauvais

payeurs étant avertis qu'ils n'auraient de l'eau chaude qu'une fois par semaine, comme

au temps de Ceausescu. Dans les quartiers périphériques de Braïla, là où le chauffage

n'est plus qu'un souvenir, les fenêtres sont calfeutrées avec des cartons et des matelas.

Orsova, ville complètement débranchée du réseau de chauffage

A Orsova, sur le Danube, les habitants ont renoncé au chauffage devant son coût.

Le fournisseur, qui n'a encaissé que 4 % de ses factures en novembre dernier, ne

comptait plus que 800 abonnés sur 3000 appartements en ville, en 2001, et 350 au

début de cette année. N'ayant plus assez de clients pour rentabiliser son activité, crou-

lant sous les impayés, il envisageait de mettre la clé sous la porte.

Les habitants de la cité ont choisi de se chauffer au bois. Cheminées et tuyaux de

poêle dépassant les toits, se multiplient. La municipalité a proposé de construire des

cheminées communes dans les immeubles. La mairie elle-même a été débranchée du

réseau… et le maire travaille à son bureau, emmitouflé dans un grand manteau.

Au plan national, il semble que l'instauration au 1er janvier dernier d'un revenu

mensuel garanti de 23 � (150 F), assorti d'une aide pour le chauffage comprise entre

9 � (60 F) et 18 � (120 F) à chaque Roumain ayant des ressources inférieures, ait eu

un effet pervers. Ce "RMI" a remplacé d'autres dispositifs sociaux, entraînant la sup-

pression du système dégressif des bons de chauffage délivrés par les mairies qui

concernait les personnes ayant des ressources mensuelles un peu supérieures, com-

prises entre 30 � (200 F) et 60 � (400 F).

Social

Pendant l'hiver, des centaines deSDF et d'enfants des rues se réfu-gient auprès des canalisations d'eauchaude souterraines de Bucarest,pour fuir le froid. Au mois de janvier,l'une d'entre elles a explosé, déver-sant son flot d'eau à plus de centdegrés. Plusieurs sans abris ont réus-si de justesse à s'échapper, mais unemère de 46 ans et son petit garçonde 18 mois ont été rattrapés par letorrent qui les a ébouillantés.

Vice-championne dumonde… de la misère

Liliana Chirila, médaille d'argent auchampionnat du monde d'aviron de1987, survit aujourd'hui à Iasi, avecson indemnité de chômage de 13,7 �(90 F), immobilisée dans son lit parun corset de plâtre, luttant pour trou-ver de quoi manger et des médica-ments pour soulager ses souffrances.

Soumise à un entraînement inten-sif, la jeune femme avait dû renoncerà participer aux J.O. de Séoul, en1988, ressentant d'atroces douleursdans le dos, et avait subi ultérieure-ment des opérations pour des herniesdiscales. Par la suite, forcée d'aban-donner sa carrière sportive, ne pou-vant plus travailler, elle s'est adresséeà sa fédération, demandant à bénéfi-cier d'une pension d'invalidité, qui luia été refusée car celle-ci est réservéeaux champions ayant remporté untitre olympique ou mondial. ACopenhague, où elle était devenuevice-championne du monde, LilianaChirila et sa co-équipière ElisabetaLipa, avaient raté la médaille d'or…pour un dixième de seconde.

Hiver glacial… familles

frigorifiées dans leurs

logements sans chauffage

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La maison de Sadoveanu, construite en 1842 par MihailKogalniceanu, homme politique de premier plan,

et habitée un temps par le musicien George Enescu, est devenue aujourd’hui un musée consacré à l’écrivain.

Devant les difficultés de plus en plus grandes des Roumains à payer leur

chauffage, le Premier ministre, a reconnu que le prix de l'énergie ther-

mique et électrique avaient été multiplié par vingt depuis 1996, alors que

celui des autres tarifs ou biens de consommation ne l'avaient été que de trois fois, en

corrélation avec l'inflation. "C'est déraisonnable" a déclaré Adrian Nastase, recon-

naissant que "plus personne n'avait les moyens de payer les dépenses d'entretien des

logements qui atteignent parfois la moitié d'un salaire moyen". Pour remédier à la

situation, le gouvernement envisage de baisser la première tranche d'impôt (18 %) qui

concerne les revenus les plus faibles, soit environ 2,3 millions de salariés. Il mise sur

la compréhension du FMI (Fonds Monétaire International) qui lui a accordé un prêt,

pour déroger à ses mesures de rigueur économique. Afin de développer l'offre d'éner-

gie et stimuler la concurrence, la réalisation du deuxième réacteur nucléaire de

Cernavoda va être activée ainsi que la privatisation des centrales hydrauliques.

Le prix de l'énergie thermique a été multiplié p ar vingt depuis 1996

Une sans-abri et son bébé ébouillantés

M. CIUC

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2228

Connaissance et découverte

Sciences

Encore enfant, Henri Coanda (1886-1972)

était attiré par tout ce qui touche au "plus

lourd que l'air" et fasciné par le "miracle du

vent". Ses parents ne se doutaient pas que leur second

fils marcherait sur les pas de Léonard de Vinci, en

devenant l'un des plus grands inventeurs de son temps,

dont celui de l'aviation moderne, mettant au point un

prototype avec trente ans d'avance sur son essor.

Le jeune Henri, né à Bucarest le 7 juin 1886, passa

une partie de son enfance avec ses quatre frères et deux

sœurs en France, où son père était attaché d'ambassa-

de. De retour en Roumanie, il acheva ses études secon-

daires dans la capitale et à Iasi. Sorti officier d'artille-

rie de l'école militaire de Bucarest, il construisit dès l'âge de 19 ans, en 1905, un mis-

sile pour équiper les futurs avions de l'armée de son pays… alors que l'aviation mili-

taire n'existait pas encore.

Le jeune Roumain se spécialisa en suivant les cours de l'université de Liège, puis

de l'école supérieure d'aéronautique de Paris dont il sortit avec le diplôme d'ingénieur

en 1909. Mais il en savait déjà beaucoup plus que ses professeurs. Le savant Paul

Painlevé et le célèbre Gustave Eiffel le prirent en amitié et l'aidèrent à construire un

banc d'essai pour ses expériences. Il l'installa sur une locomotive filant à 90 km/h entre

Paris et Saint Quentin, ce qui lui permit d'étudier les phénomènes de l'aérodynamis-

me, science dans laquelle il se spécialisera et dont il va devenir une sommité mondia-

le. Il filma ses essais avec une caméra de son invention et put ainsi affiner le profil des

ailes des avions.

"Ce garçon est né trente ans trop tôt" dira de lui Gustave Eiffel

En décembre 1910, Henri Coanda, étonna les visiteurs du second salon interna-

tional de l'aéronautique de Paris, en présentant un monoplan révolutionnaire, conçu

dès 1905, mû par un moteur sans hélice, utilisant le principe des futurs avions à réac-

tion. Pour domestiquer les flammes qui jaillissaient le long du fuselage, il mit au point,

après des études approfondies, une tuyère dont le principe est toujours utilisé aujour-

d'hui par les constructeurs aéronautiques.

Dès 1916, l'inventeur conçut le principe d'un bi-réacteur placé à la queue de

l'avion, anticipant de quatre décennies la création de la fameuse "Caravelle", pour

laquelle il sera d'ailleurs consulté. Mais toutes ces avancées de la science, en avance

sur leur temps, n'aboutirent pas dans l'immédiat, faute de financement, ce qui fera dire

à Gustave Eiffel, lui aussi passionné d'aérodynamisme, "Ce garçon est né trente ans

trop tôt ".

Père de la soucoupe volante

Outre les nombreux avions qu'il mit au point, en Angleterre, à Bristol, ou pour des

constructeurs français, près de Paris, Henri Coanda développa aussi ses inventions

dans le domaine militaire. En 1914, le canon sans recul voit le jour, puis les armes

avec frein de recul, le viseur automatique pour avion. Près d'un demi-siècle plus tard,

en 1960, il réalisera pour le Pentagone une torpille sous marine indétectable, capable

de filer à 160 km/h sans faire la moindre vague. La NASA s'entourera de ses conseils

pour les missions Apollo.

Dès 1910, le génial inventeur avait mis au point le premier avion à réaction de l'histoire

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2213

Actualité

Le secteur bancaire roumain affecté p ar un nouveau scandaleFinances

Un nouveau scandale jalonne les premiers pas du

secteur bancaire roumain de l'après-Révolution.

Dans l'attente d'être déclarée en faillite, la BRS

(Banque Roumaine d'Escompte) a été placée sous l'adminis-

tration spéciale de la Banque Nationale de Roumanie, à la suite

de la disparition de 20 M� (130 MF) de ses comptes. Son

directeur, Teodor Nicolaescu, a été arrêté pour fraude.

La BRS appartenait à l'empire financier du sulfureux

Sorin Ovidiu Vântu, au centre de multiples affaires qui affec-

tent tous les rouages de la société roumaine. Vântu avait reven-

du la banque et son groupe de presse à son vieux complice

Mihaï Iacob, mêlé à toutes ses manigances mais devenu

aujourd'hui son ennemi, et affirme avoir perdu 10 M� (65 MF)

dans cette faillite.

Alors qu'elle ne représentait que 0,5 % des capitaux drai-

nés par le système bancaire roumain, la BRS comptait parmi

ses clients des compagnies d'Etat comme la société d'assu-

rances Astra, qui voit s'évanouir près de 5 M� (33 MF) dans

l'escroquerie, ou bien la Poste roumaine, ce qui étonne les

enquêteurs, d'autres établissements bancaires nettement plus

sérieux et réputés existant sur la place. Les observateurs se

demandent si leurs dirigeants ont été attirés par les taux d'inté-

rêts avantageux proposés par la BRS… ou des commissions

occultes.

La banqueroute de la BRS n'est qu'un épisode dans la série

de scandales qui, ces dernières années, ont affecté successive-

ment Bancorex, la Banque Dacia Felix, la Banque Populaire,

la Banque Internationale Religieuse, le FNI (Fonds National

d'Investissements) - où l'on retrouve le nom de Sorin Ovidiu

Vântu - ruinant des dizaines de milliers de petits épargnants.

Malgré les craintes exprimées par les organismes internatio-

naux qui ont appelé à diverses reprises les autorités roumaines

à mettre de l'ordre dans leur système bancaire, aucune crise

financière majeure n'a ébranlé jusqu'ici sérieusement le pays.

Lors du deuxième salon aéronau-tique international de 1910, au GrandPalais, à Paris, soit seulement un anaprès que Louis Blériot ait traversé laManche, beaucoup de visiteurs restè-rent sceptiques devant l'avion à réac-tion que Henri Coanda, alors âgé de24 ans, exposait. Ils n'avaient jamaisvu une machine aussi étrange, ni nonplus entendu parler d'avion sans héli-ce. Autant dire qu'ils doutaient de levoir voler un jour…

Touché par ces critiques, le jeuneingénieur fit transporter son inventionà Issy les Moulineaux, à la fermeturede la manifestation, le 12 décembre,et entreprit de la vérifier, mais sansintention de voler. Henri Coanda nesavait d'ailleurs piloter que des pla-neurs. Il mit le réacteur en route, lelassa chauffer quelques minutes etappuya sur le bouton commandant sapuissance. L'avion se mit à avanceret prit de la vitesse, des flammes etde la fumée fusaient.

Avant même qu'il ne réalise ce quise passait, Coanda avait décollé.Effrayé par les flammes qui jaillis-saient de toutes parts, il ne contrôlaplus la machine, laquelle perdit vites-se et altitude pour, quelquessecondes plus tard, s'écraser au solet prendre feu. Le jeune homme futéjecté… et s'en tira avec de légèresbrûlures et contusions. Il n'était pasharnaché, n'ayant pas eu l'intentionde voler, ce qui lui évita d'être brûlévif. Ce jour là, le premier avion àréaction du monde avait volé et sonpilote était aussi son inventeur! Mais,faute de financement, le génialRoumain dût renoncer à fabriquer undeuxième prototype.

Pilote d'essai malgré lui

La Banque Roumaine d'Escompte placée sous contrôle

Petrom mise sur de nouveaux gisement s

Petrom prévoit de réaliser un chiffre d'affaires de 3,5 milliards d'� (23 milliards

de F) en 2002, pour un profit brut de 83 M� (550 MF). Le groupe pétrolier national

mise sur la découverte de nouveaux gisements de 2 millions de tonnes de pétrole et

de 3 millions de tonnes de gaz, investissant 80 M� (525 MF) dans la recherche au

Kazakhstan, en République de Moldavie, en Yougoslavie, en Iran, Hongrie et Inde.

Il compte moderniser, cette année, 41 stations services, 55 dépôts, construire 10 nou-

velles stations et en franchiser une centaine.

Roumains à bon compte

Selon une étude de la BERD (Banque Européenne de Reconstruction et de

Développement) portant sur la dernière décennie, 4000 spécialistes originaires du

Sud-Est de l'Europe, ont occupé ou occupent des postes importants dans des orga-

nismes financiers ou des banques, à Londres, Paris, Francfort, Bruxelles, Zurich…

Parmi eux de nombreux Roumains, qui ont finalisé leurs études dans des capitales

européennes, n'ont pas trouvé de postes à leur mesure dans leur pays, et travaillent

maintenant dans des établissements réputés comme JP Morgan, Meryll Lynch,

Deutsche Bank… où leurs salaires représentent un tiers de ceux de leurs collègues

occidentaux.

Garantie en cas de faillite bancaire

Le Fonds de Garantie bancaire a majoré son plafond d'intervention en cas de

faillite d'une banque, pour les clients titulaires d'un compte, leur garantissant un rem-

boursement de 3800 � (25 000 F) au maximum.

Taxes sur les import ations de sucre

En vue de relancer la production de betterave sucrière, le gouvernement a déci-

dé de réintroduire une taxe douanière de 30 % sur le sucre d'importation. Les six raf-

fineries roumaines, autrefois une trentaine, n'utilisent guère plus que des matières

premières venant de l'étranger ce qui a fait s'effondrer la récolte de betteraves.

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BUCAREST

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BAIAMARE

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SUCEAVA

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SIGHISOARA

CHISINAU

BISTRITA

Henri Coanda : le passé,

le présent et l'avenir de l'aviation

A savoir

Tarom réduit ses pertes

Tarom,dont la privatisation annoncée

voici deux ans a été repoussée sine die a

réduit ses pertes de 20 M� (130 MF) en

2001 par rapport à l'année précédente.

Parallèlement à une hausse des tarifs, la

compagnie nationale à pris des mesures de

restructuration portant sur la fermeture de

lignes déficitaires ou peu rentables, le

renouvellement de ses représentations à

l'étranger, une meilleure administration de

la vente des places.

Tarom, qui n'a bénéficié d'aucune sub-

vention de l'Etat après les attentats du 11

septembre, cherche à former une joint-

venture avec une grande compagnie inter-

nationale concernant les préachemine-

ments et les vols intérieurs.

La construction navale redémarre à T ulcea

Après sa privatisation et une réorgani-

sation massive de la direction et de l'enca-

drement en 2001, conduite par son nou-

veau propriétaire, la firme norvégienne

Aker, le chantier naval de Tulcea a relancé

son activité. Sans réduction de personnel,

la productivité a doublé… ainsi que les

salaires des 2500 employés. Onze bateaux

sont sortis des cales l'an passé, soit prati-

quement un par mois, destinés à des pays

européens ou asiatiques.

Page 29:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2229

Connaissance et découverte

Après vingt ans de travaux, Henri Coanda fera breveter en

France, en 1934, l'une de ses 250 découvertes, portant sur la

circulation d'un fluide à travers un autre. Baptisée depuis

"Effet Coanda", elle donna naissance à la mécanique des

fluides avec des applications importantes ou inédites, comme

la soucoupe volante, inventée l'année suivante par le Roumain,

toujours en France, et appelée "Aerodina Lenticulara", mais

aussi concernant la propulsion

et la sustentation des aéronefs,

la réduction du bruit, l'amélio-

ration du fonctionnement des

turbines à gaz, des amplifica-

teurs de fluides, etc…

S'inspirer des cyclones

A la fin de sa vie, le vieux

savant se montrait insatisfait de

l'évolution de l'aéronautique. Il ne voyait dans les appareils

modernes guère plus que le perfectionnement des avions en

papier que les enfants font voler. L'inventeur préconisait de

changer totalement de conception, en s'appuyant sur le princi-

pe qu'il avait découvert, pour que les engins du futur décollent

et atterrissent verticalement et se déplacent en volant. Il basait

sa réflexion sur l'observation des cyclones, de leur puissance et

de leur déplacement. Henri Coanda était retourné dans son

pays en 1970, pour y mourir deux ans plus tard, à Bucarest, le

25 novembre 1972, à l'âge de 86

ans. Auparavant, en 1971, il

avait fondé dans la capitale rou-

maine l'Institut de création

scientifique et technique. Les

Américains lui avaient rendu

hommage, quelques années plus

tôt, en affirmant que le

Roumain était "le passé, le pré-

sent et l'avenir de l'aviation".

Ses principales inventions peu-

vent être vues au musée de technologie "Professeur Dimitrie

Leonida" de Bucarest.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2212

Actualité

Le gouvernement avait tout fait pour éviter que l'inflation ne franchisse le

seuil psychologique des 30 %en 2001 mais, malgré ses efforts, celle-ci s'est

inscrite à 30,3 % contre 40,7 % l'année précédente. Lors de sa prise de

fonction, en décembre 2000, le Premier ministre avait tablé sur un pourcentage com-

pris entre 23 et 25 %, révisé en hausse en cours d'année à 25-27 %, promettant une

inflation à un seul chiffre en 2004. Il lui faudra prendre son mal en patience, car la spi-

rale inflationniste est toujours bien là.

Rendu prudent, Adrian Nastase prédit 22 % d'augmentation des prix en 2002. Il

se base sur la décélération des derniers mois de 2001, où l'inflation mensuelle s'est

limitée à 2,2 % contre 2,9 % à la même époque, l'année précédente. En 2001, les prix

ont surtout dérapé dans les services, avec + 36,2 %. Au "tableau d'honneur" : le train

(+ 117 %), les transports routiers (+ 48 %), l'avion (+ 43 %). Les biens non alimen-

taires suivent avec + 31,4 % (gaz : + 100 %, chauffage : + 57 %, électricité : + 36 %).

L'alimentation s'est limitée à une hausse de 27 %, les " champions " étant la viande de

bœuf (+ 61 %), de porc (+ 52 %), la charcuterie (+ 41 %), la volaille (+ 36 %).

L'industrie roumaine de l'armement espère doubler cette année ses exporta-

tions, qui se montaient à 45 M� (300 MF) en 2001, et les porter à 110 M�

(720 MF) dans les 3 ou 4 années à venir, en partant à la reconquête de ses

marchés traditionnels ou en trouvant de nouveaux débouchés. Parallèlement, le gou-

vernement a entamé la restructuration du secteur et entend ramener ses effectifs de 45

000 à 18 000 employés.

Les licenciements ont commencé au 1er février et concerneront 10 000 personnes

cette année, lesquelles conserveront leurs salaires sous forme d'indemnités de chôma-

ge pendant 14 mois. 7500 autres employés suivront des cours de reconversion profes-

sionnelle, et le ministère de l'intérieur, qui a l'intention d'augmenter de 2500 gen-

darmes ses effectifs chargés de surveiller les oléoducs et gazoducs, recrutera en prio-

rité parmi les licenciés du secteur de la Défense.

Aide de la BERD

La Banque Européenne pour laReconstruction et le Développement(BERD) investira cette année enRoumanie environ 350-400 M� (2,3-2,6 milliards de F), dans des projetsdestinés à la restructuration du systè-me énergétique, à l'amélioration del'infrastructure en télécommunica-tions, aux transports, à la distributionde l'eau et de l'énergie thermique,ainsi qu'au soutien aux PME.

Axes économiquespriorit aires

Le gouvernement a arrêté sespriorités dans le domaine écono-mique pour les trois années à venir,en fonction des aides qu'il peut rece-voir de l'UE. Il s'agit du développe-ment régional, du secteur productif,de ceux de la technologie, de larecherche, de l'innovation, de l'infor-mation et des communications, del'amélioration des infrastructures, dusoutien à l'agriculture et de la créa-tion d'emplois.

La Roumanie branchée sur l'UE

En 2003, la Roumanie et l'Europede l'Ouest pourront effectuer deséchanges d'énergie électrique, aprèsle branchement du système énergé-tique roumain (SEN) au système detransport d'électricité de l'UE (UCTE),ce qui réclame un investissement de120 M� (800 MF). Dans l'attente, lesystème de transport roumain estinterconnecté à celui de la Bulgarieet, en partie, de la Yougoslavie.

Inflation : la barre

des 30 % franchie en 2001

Armement: doubler les export ations

Economie

Inventeur prolifique, Henri

Coanda a déposé plus de 250 bre-

vets, dont beaucoup n'avaient pas

trait à son domaine de prédilection, l'aé-

ronautique. Dès 1918, il mit au point le

concept de maisons préfabriquées fon-

dant, cinq ans plus tard, une société char-

gée de les commercialiser. Le béton-bois,

nouveau matériau qu'il avait créé, servant

pour la décoration architecturale, fut uti-

lisé pour orner entièrement le palais de la

culture de Iasi, en 1925. De son imagina-

tion naquit les wagons et citernes en

béton, les installations solaires pour des-

saler l'eau de mer.

Le Roumain conçut également un

appareil pour détecter la présence de

liquides ou fluides dans le sol, efficace

pour repérer les gisements de pétrole ou

de gaz. Il construisit en mer, dans le

Golfe Persique, des réservoirs pour stoc-

ker le pétrole extrait, préfigurant les

plates-formes offshore.

Ses nombreux voyages à travers le

monde l'amenèrent à s'intéresser de plus

près à deux régions, le Hunza, dans le

nord du Pakistan, Vilcabamba en

Equateur, où l'on vivait centenaire, sans

maladies, ni caries dentaires, leurs habi-

tants se montrant pleins de vitalité. Ses

observations le conduisirent à mettre en

avant la qualité de l'eau potable, qu'il rap-

procha du besoin vital de l'organisme de

cet élément, dont il est constitué à plus de

70 %.

Pendant près de 60 ans, Henri

Coanda se pencha sur ce phénomène, per-

suadé que se trouvait là la clé de la lon-

gévité. Il était capable d'analyser l'eau de

n'importe quelle région et de prédire la

longévité des populations.

Associant un prodige américain

de 17 ans à ses recherches

Le savant s'efforça de reconstituer un

"élixir de jouvence" qui aurait les mêmes

qualités que l'eau de Hunza, associant à

ses recherches un jeune Américain de 17

ans dont il s'était pris de sympathie,

Patrick Flanagan, qui se révéla par la

suite un génie à sa dimension. A près de

80 ans, s'estimant trop vieux pour mener

à bien ce travail, Henri Coanda lui confia

le résultat de ses travaux.

En 1997, Flanagan fut proposé pour

le prix Nobel de biochimie pour ses

découvertes dans le domaine de la nutri-

tion. Grâce à l'apport de son vieil ami, il

avait réussi à mettre au point une solu-

tion, la "Crystal Energy", qui, ajoutée à

de l'eau distillée, reproduisait les qualités

de l'eau de Hunza, mais aussi un anti-

oxydant, la microhydrine, mille fois plus

actif que les vitamines C, E ou le bétaca-

rotène, et le dentifrice "MicroBrite", pre-

mière pâte alcaline du monde, les autres

étant jusqu'ici acides.

Henri Coanda ne reçut jamais le Prix

Nobel, comme aucun autre Roumain

d'ailleurs. Il se contenta de l'Ordre

National du Mérite que la France lui

décerna, avec le grade de commandeur.

Ce geste de reconnaissance alla droit au

cœur du savant qui y avait passé la

majeure partie de sa vie, installant une

usine dans les environs de Poitiers en

1939 et faisant l'acquisition d'un château

dans la région, à Migné-Auxances, qu'il

revendit en 1957. Il utilisera les nom-

breuses dépendances et les prés du

domaine, pour faire les essais de proto-

types munis de turbo-propulseurs, préfi-

gurant des hydroglisseurs et de futures

soucoupes volantes.

Pendant soixante ans, le savant chercha à mettre au point son "eau miraculeuse", promise à devenir un élixir de jouvence

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BUCAREST

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Henri Coanda aux cotés de son jeune proté-gé, l’américain Patrick Flanagan,

un génie à sa dimension.

Henri Coanda exposa le premier prototype d’avion à réaction lors du deuxième Salon Aéronautique International de Paris,

en 1910, suscitant le scepticisme des visiteurs.

L'Institut Européen de

Roumanie a effectué une

étude sur le coût de l'adhésion

à l'UE pour six pays candidats. Il en res-

sort, qu'à court terme, les coûts seront

supérieurs aux bénéfices. Si la Roumanie

et la Bulgarie deviennent membres en

2007, leur manque à gagner pourrait per-

durer jusqu'à l'horizon 2015.

L'adoption du tarif douanier commun

à l'UE et les baisses des taxes qu'il engen-

drera conduira à l'augmentation des

importations. La mise en application de

l'acquis communautaire, entraînant des

efforts d'investissements pour les entre-

prises qui devront respecter les standards

européens, handicapera leur compétitivi-

té et, par ricochet, les exportations. Ces

deux effets conjugués aggraveront le

déficit de la balance commerciale.

L'adhésion induira également des

pressions sur le budget de l'Etat, celui

étant invité à co-financer des projets

communautaires ou des actions comme le

développement régional. De la même

façon, la politique agricole commune

s'avèrera intenable pour les pays candi-

dats s'ils n'ont pas recours à des subven-

tions ou ne reçoivent pas de compensa-

tions pour soutenir ce secteur, notamment

à l'exportation, face à la concurrence des

autres pays membres. Mais l'ensemble du

processus devrait moderniser l'économie

de ces pays et la mettre à niveau définiti-

vement. Le scénario évoqué pourrait

d'ailleurs évoluer d'une manière plus

positive et rapide si l'UE décidait d'aug-

menter son volume d'aide.

Dans un premier temp s, l'adhésion à l'UE coûtera plus cher qu'elle ne rapportera

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2230

Connaissance et découverte

Voici un quart de siècle, le 4 mars 1977 au soir - il était 21h20 - La

Roumanie subissait le tremblement de terre le plus destructeur de son his-

toire. D'une magnitude de 7,4 grades sur l'échelle de Richter et d'une pro-

fondeur de 95 km, son épicentre se situait à 150 km au nord-est, dans la zone sismique

de Vrancea (Focsani), qui provoque 95 % des tremblements de terre du pays. Le séis-

me causa la mort de 1570 personnes, en blessant 11 300, laissant 35 000 famille sans

logements. Près de 200 immeubles de plus de 6 étages s'étaient effondrés ou étaient

fortement endommagés, notamment les plus vieux qui n'avaient pas de structures

métalliques et avaient déjà subi d'autres secousses.

Ceausescu en profita pour faire place nette

Des immeubles lézardés vacillaient, le centre de la capitale était trouée de cre-

vasses béantes, vites cernées de hautes palissades qui soustrairont les dégâts à la vue

du public. Ceux-ci furent estimés à deux milliards de dollars de l'époque, mais aucun

chiffre ne sera donné.

Les témoins se souviennent d'une nuit glaciale où "le ciel était rouge comme le

sang", déchirée par les cris de désespoir des rescapés ayant perdu leurs proches et les

plaintes inhumaines des habitants ensevelis sous les décombres, écrasés ou mourant

asphyxiés. Par chance, aucun incendie de grande ampleur ne se déclencha. Parmi les

victimes, on releva le nom d'artistes connus comme l'acteur Toma Caragiu, la chan-

teuse Doina Badea, le metteur en scène Alexandru Bocanet, l'écrivain Alexandru

Ivasiuc.

Les autorités communistes se montrèrent très avares d'informations sur la catas-

trophe et réagirent lentement, sans-doute pour cacher leur impéritie dans le domaine

des secours et de la prévention. Aucun rapport détaillant son étendue ne fût publié. Les

Roumains ne devineront l'ampleur de la catastrophe que par ouïe-dire, et au fil du

temps. Mais Ceausescu profita de ce cataclysme pour lancer dans les années suivantes

son programme bouleversant l'urbanisme et l'architecture du centre de la capitale, fai-

sant disparaître des quartiers entiers, des églises. Place nette était faite pour son palais

gigantesque et l'avenue qui lui fait face.

En 1940, les Gardes de Feret les Allemands au secours des survivants

Bucarest n'en était pas à son premier tremblement de terre. La ville a connu douze

séismes majeurs au cours du XXème siècle, d'une magnitude comprise entre 6,4 et 7,7

grades, allant jusqu'à une profondeur de 150 km, ce qui fut le cas de celui du 10

novembre1940, le plus fort. Son bilan fût moins lourd - tout de même 500 morts - les

constructions n'étant pas aussi hautes. Dix mille maisons et immeubles furent détruits

ou sérieusement endommagés par une terrible secousse qui dura trois minutes, sur-

prenant la population en plein sommeil, à trois heures du matin. Parmi eux, le célèbre

hôtel Carlton, dont le spectaculaire effondrement de ses 14 étages, dotés pourtant

d'une structure en béton armé, marqua les mémoires.

Fraîchement installées dans le pays, les troupes allemandes se montrèrent très

actives, déblayant les édifices écroulés, dégageant les survivants. Elles reçurent le ren-

fort des légionnaires de la Garde de Fer qui en tirèrent momentanément profit politi-

quement. Ce fut bien le seul moment où ces sympathisants fascistes gagnèrent la sym-

pathie des habitants de la capitale, reconnaissants, alors qu'ils partageaient le pouvoir

avec le maréchal Antonescu, lequel les éliminera en janvier suivant.

Mémoire Plus de 1500 morts, 35 000 familles sans abri…

La zone sismogène de Vrancea(Focsani) a été le centre d'une centai-ne de secousses telluriques en unsiècle, dont douze d'importancemajeure qui ont affecté la moitié dupays. Située dans une région monta-gneuse des Carpates orientales, à150 km au nord-est de Bucarest, elleoccupe une superficie de 2000 km2.

Cette zone est au point de ren-contre de trois plaques tectoniques,les plaques est européennes, sub-alpines et sub-carpatiques. Elle setrouve à l'origine de deux ou troistremblement de terre dévastateurs etmeurtriers au cours de chaque siècle,se caractérisant le plus souvent pardeux fortes secousses successives,avec des effets macro-sismiques surun territoire important, dépassant lar-gement les frontières du pays, etatteignant une profondeur de 60 à200 km.

Ce fût sans doute le cas du plusimportant tremblement de terre del'histoire de la Roumanie, remontantau 26 octobre 1802. Aucune échellene permettait à l'époque de mesurerson intensité - elle est estimée aujour-d'hui à 7,8 ou 8 grades sur l'échellede Richter - mais il fut ressenti jus-qu'à Varsovie, Moscou, Saint-Pétersbourg, Belgrade, Budapest etConstantinople. Le 23 janvier 1838,un autre séisme violent et meurtrier,parti de Vrancea, toucha aussi laGrèce et l'Ukraine.

Avec l'Italie, la Turquie, laRoumanie est considérée comme lepays européen le plus menacé et estclassée dans les régions à hautrisque, avec le Japon, la Californie, laColombie…

La région de V ranceaau cœur des séismes

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2211

Actualité

Habitué à voyager à travers les usines Renault dans

le monde, Christian Estève confie volontiers que

l'expérience qu'il vit chez Dacia se révèle fasci-

nante. La négociation pour la reprise du constructeur l'a

conduit pour la première fois de sa carrière à mener les dis-

cussions en français… facilité qu'il a abandonnée au bout de

trois jours, pour revenir à un anglais, certes moins convivial

mais plus rigoureux et commercial.

Les premiers ingénieurs envoyés par Renault ont retrouvé

dans les ateliers les fiches techniques en français, établies en

1967 par leurs prédécesseurs, lors de l'ouverture de l'usine de

Pitesti, et qui servent toujours. Cadres et employés se sont vite

remis à cette langue. Aujourd'hui, les échanges se font dans un

franco-roumain parfois pittoresque mais finalement efficace.

Immédiatement, les carences du système en place sont

apparues. "Si les Roumains disent méchamment d'eux mêmes

qu'ils ne savent pas travailler, c'est parce qu'on ne leur en

fournit pas les moyens" note Christian Estève qui évoque le

poids des mentalités : "Ici, on baisse la tête depuis toujours,

devant les Turcs, les Russes, les communistes. C'était indis-

pensable pour survivre… Alors on continue, devant le chef

d'atelier qui, lui-même, aura peur de prendre des décisions".

"Pour faire tourner la boutique,

il faut la confier à des femmes"

A Pitesti, comme dans toute la Roumanie, le problème de

l'encadrement est dramatique. Pas d'initiative, responsabilités

que l'on fuit… Pour transformer les méthodes de travail, il est

impératif d'avoir quelqu'un en permanence sur place et un

étranger se doit d'être le plus fréquemment présent. Mais dès

que le management fonctionne, les résultats sont là. Sans

aucun doute bien meilleurs quand on a à faire à des femmes

qu'à des hommes. Un constat qui est général en Roumanie et

repose sur une question de génération et de système de valeurs.

En s'installant, les dirigeants venus de Renault constatè-

rent que plusieurs métiers faisaient défaut à Dacia, comme

vendeurs ou contrôleurs de gestion. Une équipe de jeunes

femmes fut envoyée six mois en formation à l'IUT de gestion

de Clermont-Ferrand. Aujourd'hui, elles sont devenues des

contrôleuses redoutables. "Si vous voulez faire tourner une

boutique en Roumanie, confiez là à des femmes" conseille

Christian Estève qui, par ailleurs, ne tarit pas d'éloges sur la

très grande capacité à apprendre des Roumains.

Mauvais payeurs : 0,5 %

au lieu de 1,8 % en France

"C'est le pays qui, avec 15 %, fournit le plus grand

nombre de vainqueurs aux olympiades internationales" (équi-

valents du concours général ouvert aux élèves français de ter-

minale les plus brillants) relève-t-il. A ses yeux, les Roumains

disposent d'une intelligence conceptuelle étonnante, moins

adaptée à la pratique, l'enseignement -"il se dégrade depuis

dix ans" - étant davantage conçu pour mettre en valeur le

potentiel intellectuel.

Le manager français, qui va de découverte en découverte,

ne cache pas que la Roumanie lui réserve beaucoup de sur-

prises. Au printemps dernier, Dacia-Renault a lancé la premiè-

re opération de crédit direct pour les voitures dans le pays.

N'ayant aucune base pour estimer le risque de mauvais

payeurs, le fabricant s'est référé aux normes françaises (1,8 %)

et, vue la conjoncture roumaine, l'a évalué à 7 %. Au bout de

neuf mois, le taux ne dépassait pas 0,5 %.

"Dès que le management fonctionne, les résultats sont là"Economie

Bucarest, capitale à hauts risques

Comme toute entreprise rou-

maine ou étrangère, Renault

doit subir l'inertie de la

bureaucratie qui s'avère redoutable et

décourageante. L'administration se révèle

inefficace certes à cause du poids de l'hé-

ritage de l'ancien régime communiste

mais aussi parce que l'Etat, faute de res-

sources, ne lui donne pas les moyens

d'être opérationnelle.

Mais, chez le constructeur français

on relativise : "Le problème c'est de trou-

ver les bons interlocuteurs car, alors, on

peut faire bouger les choses. Pour

reprendre Dacia, il a fallu faire voter

trois lois et le gouvernement a sorti qua-

torze décrets d'application, le tout en

sept-huit mois. Combien de temps cela

aurait-il pris en France ?"

Renault estime que la marche vers

l'UE, avec ses exigences, son contingent

de mesures réglementaires, va contribuer

à "normaliser" le fonctionnement de l'ad-

ministration roumaine. "Le pays n'a pas

été géré et s'est enfoncé dans la crise,

jusqu'à fin 2000 " observe Christian

Estève, manager du constructeur en

Roumanie, relevant que "cela va mieux

depuis le retour des post-communistes

aux commandes qui ont réussi à transfor-

mer l'image exécrable du pays à l'étran-

ger. La reprises est significative. La

Banque Nationale gère très bien le leu

pour lui conserver sa compétitivité face

au dollar ou à l'euro. Les exportations

sont en progression sensible".

La Roumanie est devenue "l'usine à

textile" de l'Europe, avec notamment, la

présence de nombreux italiens. Le sec-

teur du bois est également porteur. Le

Suédois Ikéa, même sil ne s'en vante pas,

y fait fabriquer une bonne partie de ses

meubles. Enfin, le pays devient auto-suf-

fisant sur le plan de l'agriculture, sans

avoir encore de potentiel à l'exportation.

"Il est dommage que les grands groupes

agro-alimentaires ne soient pas présents"

regrette Christian Estève qui note que

John Deere, le fabricant américain de

matériel agricole, a réalisé ses meilleures

ventes en Roumanie, en 2001.

"L'image exécrable du pays à l'étranger est en train de changer"

Face au poids des mentalités roumaines,

Renault va de découverte en découverte

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Voici un quart de siècle, la Roumanie subissait son tremblement de terre le plus destructeur

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FOCSANI

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2231

Connaissance et découverte

Au printemps 2001, une

secousse sévère (5,3 sur

l'échelle de Richter), a rap-

pelé aux habitants de Bucarest qu'ils

habitaient dans la capitale la plus expo-

sée d'Europe. Une psychose s'est instal-

lée, faisant état de l'imminence d'un séis-

me dévastateur. La rumeur prenait appui

sur la répétition de tels phénomènes, un

autre tremblement (5,5 grades) ayant déjà affecté tout le sud-

est du pays, en avril 1999. Les derniers tremblements sérieux

enregistrés à Bucarest sont tout à fait présents dans les esprits

puisqu'ils remontent seulement au 30 et 31 mai 1990 (6,9 et

6,4 grades) et au 30 août 1986 (7,1 grades). Ils ne firent heu-

reusement que des dégâts matériels.

Les scientifiques roumains ont tenu toutefois à rassurer

leurs compatriotes : il n'y aura pas de tremblement de terre

majeur en Roumanie avant 2006. Le scientifique base ses pré-

visions sur l'observation des statistiques depuis six siècles,

fiables à 100 % selon lui, qui montrent que la fréquence mini-

mum entre deux séismes majeur est de 18,6 années. Toutefois,

la probabilité d'un tremblement de terre d'une magnitude de

6,8 à 7,6 grades entre cette date et 2013 est estimée à 80 %.

Si les bâtiments construits après les

séismes de 1940, puis 1977, ont bénéfi-

cié de normes adaptées leur permettant

de résister à une forte secousse, les

craintes sont vives, par contre, pour les

vieux édifices de la capitale.

La survie au quotidien

plus importante que la sécurité

Sur 3400 immeubles expertisés dans la région la plus

exposée du pays, 600 ont été classés dans la catégorie à hauts

risques, 115 ayant plus de quatre étages. Nombre d'entre eux

ont été renforcés ou sont en cours de consolidation, avec l'aide

d'experts étrangers, notamment japonais, ou le projet européen

Risk-UE. C'est le cas du Palais Victoria, qui abrite le gouver-

nement, de la mairie de Bucarest, du central téléphonique, des

sièges de la télévision, de la radio, d'hôpitaux, d'écoles…

Les pouvoirs publics ont mis des fonds à la disposition des

associations de propriétaires, mais les travaux sont rarement

entrepris, celles-ci ne pouvant apporter le complément du

financement. Dans la conjoncture actuelle, assurer sa survie au

quotidien est plus important que garantir sa sécurité.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2210

Actualité

Quand nous sommes arrivés, Dacia avait cessé de respirer. Aujourd'hui, il

est en phase de réanimation" : Christian Estève et Manuel Roldan, char-

gés depuis 1999 par Renault, de sauver le constructeur automobile rou-

main, après qu'il ait acquis la majorité de son capital, ont tiré le bilan de leur action

lors d'un récent passage à Nantes.

Plutôt satisfaits de l'action menée depuis trois ans, les deux managers Français ont

même prédit : "A l'horizon 2004-2005, Dacia devrait être une belle affaire". Une date

qui n'est pas choisie au hasard puisqu'elle correspond au lancement de la voiture à

5000 � que le groupe prépare activement dans ses ateliers de Pitesti, dans le départe-

ment d'Arges. Ce véhicule "écobasique", conçu selon les critères d'aujourd'hui, rem-

placera la traditionnelle Dacia, version de la R 12, dont le modèle élaboré en 1965 n'a

guère évolué depuis.

Des salaires de 100 � et une réduction de 40 % des effectifs

Mais pour gagner son pari de faire une voiture moderne, qui soit la moins chère

du monde, Dacia-Renault se doit de comprimer au maximum ses coûts et profiter de

"l'avantage stratégique" que représente la faiblesse des salaires en Roumanie, de

l'ordre de 100 � (650 F).

Le personnel a été en première ligne subissant une réduction quoi doit ramener

ses effectifs, d'ici 2004, de 27 600 personnes à 16 280, soit une contraction de 40 %.

Plus de 11 000 employés remerciés en cinq ans, dont seulement un faible pourcenta-

ge concerné par des mesures de pré-retraite… c'est presque autant que la fermeture

des chantiers de la construction navale en France, avec ses 14 000 licenciés, mais

avec beaucoup moins de vagues et de mouvements sociaux, malgré le poids phéno-

ménal de l'usine de Pitesti dans la région.

Les deux dirigeants de Dacia-Renault ont négocié un accord avec le gouverne-

ment et les syndicats, jugés "coopératifs", qui prévoient des listes de départs chaque

trimestre et une aide à la reconversion. Jusqu'ici seulement 20 % du personnel licen-

cié s'est lancé à la recherche d'un autre emploi. Les autres ? Le constructeur a peu d'in-

formations. Soit ils avaient déjà une autre activité, soit ils sont retournés à la terre…

Une quinzaine de sous traitants incités à s'installer dans le pays

Christian Estève et Manuel Roldan ont également convaincu une quinzaine de

gros fournisseurs (Valeo, etc…) de tenter l'aventure roumaine, leur offrant le marché

captif de l'équipement de leurs véhicules, à charge pour eux de fournir des produits de

qualité avec des prix ciblés. Dacia-Renault, qui voulait éviter d'importer des pièces

comme l'a fait son concurrent en Roumanie, le sud-coréen Dawoo, leur a cédé une

partie des ses activité et du personnel, leur laissant le choix d'une association ou de

faire une "joint venture" avec un partenaire roumain.

Les deux dirigeant sont aussi partis à la recherche de partenaires européens ou

roumains, fonderies, fabricants de tissus, de machines-outils, marchands de ferraille,

disposés à s'installer dans le pays ou à travailler avec eux. Ils s'efforcent également de

susciter la naissance de bureaux d'études, misant sur le potentiel intellectuel élevé des

Roumains et ont en projet la création d'un pôle logistique de transport à Pitesti, afin

de remplir les camions qui repartent à vide de leur usine.

Avec ces cartes en main, mais aussi grâce aux avantages fiscaux accordés par le

gouvernement, Dacia-Renault pense qu'il a des chances raisonnables de gagner son

pari. A l'orée 2007, le constructeur envisage de produire 180 000 véhicules par an,

dont la moitié destinés à l'exportation.

Le départementd'Arges retient sa main d'oeuvre

En reprenant le poids lourd del'économie locale, Dacia, Renault arelancé l'usage du français dans ledépartement d'Arges, tout comme il adéjà amené les entreprises rou-maines locales à changer leur modede fonctionnement. Le constructeur aconfié à Brunhes international unemission d'accompagnement visant àrenforcer son implantation.

Le cabinet parisien de consultantsa la charge de "vendre" le départe-ment auprès d'investisseurs poten-tiels et a donc établi une fiche de pré-sentation où on peut lire que l'Argesa un passé industriel, non seulementdans l'automobile, mais aussi la chi-mie et le caoutchouc ce qui lui per-met de disposer d'une main d'œuvreayant le sens du travail et qualifiée,qui requiert cependant un encadre-ment. La tentation de partir à l'étran-ger est moins forte ici qu'ailleurs,malgré l'abondance de métiersrecherchés en UE, comme fraiseurs,tourneurs, mécaniciens.

Vins, cognacs, tsuica - le départe-ment compte le plus grand nombrede pruniers par tête d'habitant dansle pays - font la réputation de l'Arges.Dans cette région arrosée un secteurmaraîcher prospérait, jusqu'à la créa-tion de Dacia, en 1968. Cette activitéreprend peu à peu, aidée par lesdépartements de la Savoie et de laNièvre. Pitesti (185 000 habitants),"globalement sous équipé", disposantd'un seul hôtel correct, peu de res-taurants, pas de supermarchés, acependant l'avantage de se trouver àune heure de Bucarest, au bout del'unique autoroute roumaine.

Economie

Bucarest est construite sur un

sol sablonneux et des marais.

Seules deux ou trois collines

de la capitale - le quartier Drumul Tabereï

et celle sur laquelle a été construite le

palais de Ceausescu - révèlent une

consistance plus solide. La capitale est

donc particulièrement vulnérable aux

tremblements de terre. Celui de 1977 a

duré 1 mn 32. Pendant cinq secondes, les

immeubles se sont soulevés de 1,96

mètres, puis se sont déplacés de 3,92 m

dans le sens nord-sud, et de 3,13 m dans

celui est-ouest.

Ce sont les quartiers du centre qui ont

été les plus touchés, ceux où le régime

avait logé l'intelligentsia du pays, dans de

beaux immeubles anciens, ce qui a

conduit les Bucarestois a donné au séis-

me de 1977 le nom de "Tremblement de

luxe". Un ouvrage intitulé Les neuf pour

l'éternité évoque le destin tragique de

quelques uns de ses écrivains, musiciens,

artistes disparus alors. Le plus célèbre

était certainement Toma Caragiu. Une

heure avant la terrible secousse, le comé-

dien avait accepté un rôle dans un film

intitulé "Un autobus pour la mort", bla-

guant avec le metteur en scène en lui

demandant s'il n'avait pas une autre desti-

nation à lui proposer.

Quatre autres artistes avaient conve-

nu de faire la fête dans l'appartement de

l'un d'eux. Surpris par le séisme, ils déva-

lèrent les escaliers mais les murs du bâti-

ment s'effondrèrent sur eux, les écrasant,

alors qu'ils atteignaient l'entrée. D'autres

eurent plus de chance, comme la poétes-

se Ana Blandania, déjà suspectée par le

régime à l'époque. Sortie promener son

chien, elle retrouva son mari en pyjama

dans la rue… alors qu'il dormait au sep-

tième étage.

Popularité pour Ceausescu

Pendant des heures, la radio se tut. La

première station à annoncer l'événement

fût Radio Free Europe, la radio anti-com-

muniste des Occidentaux, basée à

Munich, que les Roumains écoutaient

clandestinement.

Ceausescu étant en visite en Iran, le

pouvoir, paralysé, ne savait quelle attitu-

de prendre. Sa première réaction fût de

dénoncer "les constructions bourgeoises,

sans solidité, responsables des immenses

dégâts". Mais cette propagande cessa

immédiatement quand, sur ses ondes,

Radio Free Europe rappela que c'est le

"Conducator" en personne qui avait

affaibli ces immeubles en faisant entre-

prendre des travaux qui avaient détruit

leurs fondations et soutènements.

De retour de Téhéran, deux jours

plus tard, Ceausescu et sa femme, Elena,

visitèrent tous les quartiers touchés,

réconfortant la population, y gagnant une

grande popularité. Deux évènements

émurent les Roumains. Sur l'insistance

d'une mère indiquant où devait être son

fils, les fouilles durèrent onze jours et

permirent de le retrouver vivant. Un père

effondré chercha sa femme, qui venait

d'accoucher, pendant trois jours. Partagé

entre larmes et cris de joie, il la découvrit

morte, mais serrant contre sa poitrine leur

bébé bien vivant.

Pour le régime, même les cat astrophes naturelles ét aient d'origine bourgeoise...

Le coût, avantage stratégique

et atout de la Roumanie

A Pitesti, Dacia-Renault s'est lancédans l'aventure de la voiture à 5000 �

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Un tremblement baptisé "de luxe"

Probabilité à 80 % d'un séisme

de grande magnitude avant 2013Mémoire

Le Palais Victoria, siège du gouvernement, est un des édifices les plus menacés,

les autorités envisageant même de déménager.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2232

Connaissance et découverte

Ce 4 mars 1977, Liana Lungu se reposait dans une chambre de la maternité

Steaua, près de la gare du Nord, à Bucarest. La chanteuse et comédienne

francophone y était surveillée médicalement à cause d'une grossesse déli-

cate. La nuit était tombée, le dîner avait été servi. Dehors, le froid était intense. Le

médecin, la voyant dévorer son repas avec appétit, s'était exclamé, rieur, "Mais vous

mangez comme si c'était votre dernier repas "…

Cinq minutes plus tard, peu après 21 h, la jeune femme percevait un hululement

angoissant qui s'amplifiait. "Les filles, c'est un tremblement de terre" criait-elle à ses

compagnes de chambre. De son lit, Liana voyait les grandes usines Grivita, un des

plus importants complexes industriels du pays, tanguer, "comme sur des patins à rou-

lettes". Les immeubles dansaient devant sa fenêtre. Le ciel était devenu rouge alors

que la terre se mettait à hurler. Plus tard, un soldat en faction sur la terrasse d'un bâti-

ment, lui confiera qu'un vent très fort s'était levé, vite transformé en tornade, soule-

vant des milliers de tonnes de poussière sur la ville. Il avait dû se cramponner à une

antenne pour ne pas être balayé et, dans son regard rempli d'épouvante, voyait l'hôtel

Intercontinental se balancer comme les branches d'un saule pleureur.

"Plutôt mourir vite"

Dans la maternité, où un accouchement était en train de se dérouler, les plafonds

s'effondraient, la panique s'installait. Des patientes, devenues hystériques, criaient,

courraient dans tous les sens, à la recherche d'aide, gagnant la sortie.

Malheureusement, des autoclaves de stérilisation, couchés à travers le sol, avaient blo-

qué les portes. Affolées, des femmes sautèrent par la fenêtre du premier étage, cer-

taines avec leurs perfusions, se blessant, s'occasionnant des fractures ou provoquant

des fausses couches. L'une, désespérée, cherchait un morceau de verre pour tenter de

se suicider. "Plutôt mourir vite" s'exclamait-elle… Les gens étaient désemparés.

Comment se protéger ? Où se réfugier ? Rien n'avait été dit, ni préparé par les autori-

tés au cours des dernières années, alors qu'elles connaissaient les risques auxquels

Bucarest était exposée.

"Le plus terrible, c'était de n'avoir aucune nouvelle de l'extérieur" se souvient

Liana qui était restée bloquée et ne savait pas si on se préoccupait d'elle et des autres

survivants. Les secours s'organisaient-ils ? Sous les décombres, l'oreille collée à son

transistor, elle entendait le speaker continuer à débiter ses habituels messages sans

mentionner aucunement le séisme. Les programmes continuaient, comme s'il ne s'était

rien passé.

Préparer sa valise avec de l'eau et des piles pour le transistor

Finalement sauvée, la chanteuse se rappelle aujourd'hui avec effroi ces moments

terribles, interminables. Les tremblements de terre ne sont pas un sujet de plaisanterie

pour les Bucarestois. Le père de Liana avait déjà vécu celui de 1940 et lui avait racon-

té les scènes horribles auxquelles il avait été confronté. Alors, aujourd'hui, la colère de

sa fille est grande contre les médias qui, l'an passé, avaient amplifié les prévisions d'un

scientifique américain lequel, fort de ses mesures, avait annoncé un séisme d'une

encore plus grande magnitude pour septembre 2001.

L'échéance se rapprochant, chaque jour les journaux faisaient monter la pression.

Comme de nombreux habitants de la capitale, Liana avait préparé sa valise, n'oubliant

pas d'y glisser des bouteilles d'eau et des piles pour son transistor. Puis, elle avait arrê-

té ses dispositions testamentaires et en avait informé par téléphone sa fille unique,

Adriana, étudiante au Caire, dont on devine la réaction affolée. Sa fille dont elle atten-

dait justement la naissance voici 25 ans…

"Mais vous mangez comme si c'était votre dernier repas".. .Mémoire

Les Bucarestois vivent dans lacrainte d'un nouveau tremblement deterre. Ils savent que celui-ci est iné-luctable et s'efforcent de déchiffrerdans les séismes les plus importantsde l'histoire de la capitale, les proba-bilités de sa puissance et de la datede son déclenchement, épiant lesintervalles les séparant:

1677-1734 : 57 ans1734-1786 : 52 ans1786-1789 : 3 ans1789-1794 : 5 ans1794-1802 : 8 ans1802-1829 : 27 ans 1829-1838 : 9 ans1838-1908 : 70 ans1908-1940 : 32 ans1940-1977 : 37 ansLes habitants doutent cependant

de la capacité des autorités àprendre les mesures préventivesnécesaires. Des dépliants sont biendistribués dans les écoles donnantdes conseils à suivre, annonçant desexercices de sécurité… mais ceux-cin'ont jamais lieu. Les pompierss'avouent impuissants. Hôpitaux, ser-vices de secours… Rien ne leurparaît préparé. Simplement degrands cercles rouges ont été dispo-sés sur les bâtiments du centre-villeles plus menacés, pour les repérer…au plus grand mécontentement deleurs occupants qui ont vu la valeurde leurs logements baisser.

Cependant, dès juillet prochain,grâce à une station d’observationfinancée par les Américains, laRoumanie pourra détecter les pré-misses d’un séisme une semaine àl’avance et non plus un quart d’heure.

Des exercices de sécurité qui n'ont jamais lieu

Les NOUVELLES de ROUMANIE

229

Actualité

En dévoilant les noms d'un millier d'agents ayant col-

laboré avec l'ancienne police politique, l'ancien

sénateur Ticu Dumitrescu a dénoncé les tergiversa-

tions des autorités pour appliquer la loi qu'il avait fait voter

voici deux ans, laquelle donne le droit d'accès à ses compa-

triotes aux dossiers de la Securitate les concernant. Parmi

ceux-ci 450 officiers, 350 employés de la Securitate de

Bucarest, quelques dizaines de juges, procureurs, policiers,

gendarmes, gardiens de prison, et une liste comprenant 140

indicateurs portant des noms d'emprunt que Ticu Dumitrescu a

demandé au SRI (Service Roumain d'Informations), succes-

seur de la Securitate, d'identifier.

L'ancien sénateur, qui a passé six mois a éplucher les dos-

siers du CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives

de la Securitate) a regretté ses réticences à fournir les identités

des informateurs de la police lorsqu'il étaient prêtres ou jour-

nalistes. Il a expliqué sa démarche par sa volonté de voir net-

toyer les services secrets roumains, afin de leur rendre leur cré-

dibilité, soulignant que l'OTAN n'était pas dupe de leur nature.

Il souhaite également que, par cette

exigence de transparence, les

postes-clés de l'Etat ne soient plus

occupés que par des personnes au-

dessus de tout soupçon.

Ticu Dumitrescu a indiqué que

les archives de la Securitate conte-

naient 2 millions de dossiers en

1993, 80 000 d'entre-eux, sans-doute

"sensibles" ayant disparu ou ayant

été détruits dans les trois mois sui-

vant la "Révolution" de décembre

1989. A cette époque, la police poli-

tique comptait 150 000 indicateurs.

Il a également révélé qu'en 1968 plus de 400 000 Roumains

étaient surveillés par le régime, ce chiffre tombant à 40 000

cette année là, après la crise du "Printemps de Prague" condui-

sant à une tension entre la Roumanie et l'URSS, pour remon-

ter en flèche dès l'année suivante.

Politique

Donnant droit à différents

avantages, réductions, gra-

tuités, priorités, dans les

transports et plusieurs services d'état, les

"certificats de révolutionnaires", délivrés

après les évènements de décembre 1989,

sont prisés. Un peu plus de 16 000 per-

sonnes devraient en être possesseurs…

mais 26 000 en bénéficient. Le gouverne-

ment et les associations ont décidé de

partir à la chasse aux faux titulaires et aux

trafiquants, découvrant que le précieux

document, habilement imité, était vendu

à la sauvette dans les bouches de métro

ou se retrouvait sur les étals des mar-

chands des rues, son prix se négociant

parfois jusqu'à 600 � (4000 F).

Au lendemain de la "Révolution",

une commission avait été créée, fonction-

nant jusqu'en 1992. Elle était chargée

d'examiner les dossiers de demande de

carte, en rejetant beaucoup, n'en accor-

dant qu'environ 7000. Les "révolution-

naires" exclus avaient alors entamé toute

une série d'actions, meetings, grèves de la

faim, auto-mutilations, immolations par

le feu, qui n'ont cessé qu'avec l'arrivée du

président Emil Constantinescu au pou-

voir, fin 1996. Pendant un an, une nou-

velle commission a examiné 30 000 dos-

siers, en validant 18 000.

Au total, le pays se retrouvait avec un

peu plus de 26 000 "révolutionnaires"

avérés. Parmi eux : 2400 parents,

conjoints ou enfants de personnes tuées

pendant les évènements, 2800 blessés

dont 400 mutilés ou grands invalides, 21

000 personnes s'étant fait remarquer par

leurs actes, dont 1800 arrêtées ou empri-

sonnées, 500 victimes indirectes.

Depuis, 4000 titulaires de la carte

sont décédés, près de 6000 n'ont deman-

dé aucun droit, après que leurs états de

service aient été reconnus. Le nombre de

"révolutionnaires" réellement identifiés

se situe donc entre 16 000 et 17 000.

Bucarest en possède le plus grand

nombre (7000), devant Timisoara (2800),

Brasov (1400), Constantsa (1300), Sibiu

(700), Buzau (600), Cluj (550), Arad

(500), Târgu Mures (350), etc…

Dix mille "révolutionnaires" en trop

L'identité d'un millier

d'agents de l'ex-Securitate dévoilée

Surpris par les photographes en compagnie de jolies

filles dévêtues, lors du lancement de la revue por-

nographique "Hustler" du magnat américain Larry

Flint, le Secrétaire d'Etat à la culture et aux cultes, Ion

Antonescu, avait été chargé par le Premier ministre de rédiger

un projet de loi sur la pornographie… en punition.

Le malheureux (ou heureux ?) homme vient de rendre sa

copie. Il est désormais interdit de siffler les filles, de proférer

des sons qui peuvent être interprétés et porter atteinte à la

pudeur, d'avoir des gestes ou comportements obscènes. Films,

publications, dessins, photos à caractère pornographiques ne

peuvent être projetés ou exposés en public, ces dispositions ne

concernant toutefois pas les œuvres d'art ou les créations

scientifiques. Les boutiques devront faire disparaître de leur

présentoir les revues osées. Les sites Internet dotés de mot de

passe ne pourront être accessibles qu'après le paiement d'une

taxe d'au moins 11 � (72 F).

Le projet de loi interdit l'accès aux mineurs et la présence

de lieux où l'on vend des livres ou documents licencieux à

moins de 200 mètres des écoles, des églises et des casernes.

Un autre de ses chapitres punit sévèrement tout ce qui concer-

ne la pédophilie.

Pornographie : à celui qui a pêché de jeter la première pierre…

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Vingt cinq ans après

Liana en tremble encore

Trafic de fausses cartes pour bénéficier d'avant ages

Selon Ticu Dumitrescu,80 000 dossiers sensibles

auraient disparu.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2233

Lo r s q u ' o n

évoque le trem-

blement de

terre du 4 mars 1977, un

nom vient tout de suite à

l'esprit des Roumains :

Toma Caragiu. Le grand

acteur compte parmi les

victimes de la catastrophe,

son corps ayant été retrou-

vé dans la cage d'escalier

de son immeuble. Il avait

52 ans et était au fait de la

gloire. Sa disparition a été

un choc pour ses compa-

triotes qui l'adoraient. Vingt cinq ans après, les visiteurs s'arrê-

tent devant sa tombe, au cimetière Bellu de Bucarest, bien que

seulement son nom y soit gravé.

Caragiu était à lui seul un registre vivant des rôles du

répertoire théâtral. Il avait campé plus d'une centaine de per-

sonnages principaux, des plus sérieux, tragiques, comme

Othello, aux plus comiques. Dans ce dernier genre, son appa-

rition sur scène déclenchait les rires avant même qu'il n'ait

ouvert la bouche.

Succès monstre dans une fable

sur la coexistence à la roumaine…

Le comédien devait notamment sa popularité au rôle de

Ianke qu'il interprètera 306 fois devant plus de 100 000 spec-

tateurs, dans la pièce de Victor Ion Popa Take, Ianke, et

Cadâr, une fable toujours d'actualité sur les Roumains, leurs

diversités ethniques, encore jouée à guichets fermés aujour-

d'hui au théâtre "Ion Luca Caragiale" de Bucarest.

Trois voisins, respectivement Roumain, Juif et Turc, com-

merçants dans une même rue, s'entendent comme de bons

vieux amis, malgré toutes les différences, les habitudes, les

accents, la religion, la culture, les séparant, et que la pièce met

savoureusement en scène… Du moins, jusqu'à ce qu'une idyl-

le entre leurs enfants les amènent à se recroqueviller sur leurs

réflexes communautaires. Mais la Roumanie n'est pas Vérone

et les tourtereaux n'auront pas à connaître le sort de Roméo et

Juliette, leurs pères s'avérant même finalement complices…

pourvu que leurs principes soient sauvegardés en public.

Toma Caragiu a joué les plus grands classiques du réper-

toire théâtral roumain, notamment la pièce O scrisoare pier-

duta (Une lettre perdue) de Caragiale où il interprète le rôle

du célèbre Catavencu, un politicien démagogue, s'emmêlant

dans des discours qui font crouler de rire les Roumains et dont

le personnage donnera plus tard son nom à un journal satirique

très prisé, mettant en boite la nomenklatura actuelle, dans le

style du "Canard enchaîné".

Un million et demi de spectateurs se sont

déplacés pour venir le voir jouer sur scène

L'acteur se multipliait, interprétant parfois quatre ou cinq

rôles la même année. De 1965 jusqu'à sa mort, il se produira

1729 fois devant le public du théâtre "Lucia Sturza Bulandra",

du nom d'une grande actrice du début du XXème siècle (1873-

1961), où 800 000 Roumains ont pu le voir jouer un soir sur

deux. Au total, tout au long de sa carrière, un million et demi

de ses compatriotes se seront déplacés pour le voir sur scène.

"Génial", "formidable", "comédien unique", "acteur

total", "difficile à égaler et à dépasser", "plus grand

comique"… sont quelques unes des formules qui reviennent le

plus souvent à son sujet. Capable de passer instantanément du

vaudeville à la tragédie, Toma Caragiu a été consacré par les

Roumains meilleur comédien du pays à la suite d'une enquête

lancée par la revue "Flacara", en 1971.

Les auditeurs ne rataient pas son émission radiophonique

du dimanche "Unda vesela" ("L'onde de gaîté"), où des allu-

sions, tolérées par le pouvoir, sans-doute comme soupape de

sécurité, pouvaient percer. Ainsi, un biologiste détaille-t-il les

caractéristiques du lézard… nom donné aussi aux mauvaises

langues et, par extension, aux mouchards de la Sécuritate.

Toma Caragiu tourna également 40 longs métrages dont le

dramatique Actorul si salbaticii (L'acteur et les sauvages)

mettant en scène la vie du grand acteur Constantin Tanase, aux

prises avec les Gardes de fer, mourant après une tirade, et dont

un théâtre de Bucarest porte aujourd'hui le nom. Dans le film,

le héros interprété par Caragiu s'appelle Caratase…

Connaissance et découverte

Aimé des Roumains, Toma Caragiu

savait faire rire et pleurer

Portrait

Les NOUVELLES de ROUMANIE

228

Actualité

Selon une étude diligentée par le gouvernement, la Roumanie atteindra en

2030 le niveau d'équipement actuel des communes des différents pays de

l'UE, pour les principales commodités offertes aux populations. Le rapport

estime par ailleurs qu'à l'époque la Roumanie ne comptera plus que 20,3 millions d'ha-

bitants, ayant perdu une population de 2,2 millions de personnes, soit l'équivalent de

Bucarest.

Suivant les types d'équipements et les secteurs, urbains ou ruraux, où ils seront

installés ou rénovés, il faudra entre 15 et 28 ans pour se mettre aux normes euro-

péennes. Cet objectif ne sera atteint que si l'Etat lui consacre 1,4 milliards d'� (9 mil-

liards de F) par an, soit au total 25 milliards d'� (165 milliards de F) et 1230 � (8000

F) par habitant, ce qui représente près de six fois les réserves actuelles de la Banque

Nationale de Roumanie. Pour y parvenir, le gouvernement table sur les investisseurs

privés et l'aide des organismes financiers internationaux.

Dans cette projection, la modernisation des transports publics compte pour 2,5

milliards d'� (16 milliards de F), la réfection des routes et rues pour 2 milliards d'� (13

milliards de F), et l'éclairage public pour 250 M� (1,6 milliards de F).

Concernant l'adduction d'eau, la facture se montera à 10,6 milliards d'� (70 mil-

liards de F). En milieu urbain, les pouvoirs publics prévoient qu'il faudra 20 ans, entre

la réhabilitation du réseau, de la distribution, la création de stations d'épuration, avant

que les quelques 12,3 millions de consommateurs des villes de l'époque ne bénéficient

d'une qualité et d'un service équivalents à ceux rencontrés dans l'UE. Il en coûtera 4,6

milliards d'� (30 milliards de F), soit 375 � (2460 F) par habitant.

Le délai passe à 28 ans en milieu rural. L'opération y sera beaucoup plus coûteu-

se pour ses 8 millions d'habitants estimés, atteignant 6 milliards d'� (40 milliards de

F), soit 670 � (4400 F) par habitant. Dans une première phase, devant se terminer en

2017, l'eau sera amenée jusque dans les rues des villages, les habitants se servant avec

des pompes. Les branchements individuels seront effectués par la suite et s'achèveront

en 2030, assurant un débit de 170 litres par habitant et par jour.

Quinze ans pour moderniser le réseau de chauffage

L'autre grand chantier concerne la modernisation du réseau de chauffage, 6,5 mil-

lions d'habitants et 2,3 millions d'appartements. Il devrait être finalisé dans 15 ans,

demandant un investissement de 7,5 milliards d'� ( 50 milliards de F), portant sur les

systèmes de production, de transport et de distribution. Enfin, il reste à installer prati-

quement complètement le système de collecte et de traitement des ordures ménagères,

toujours selon les normes européennes. L'objectif est d'y parvenir en 2017. Le coût

estimé à 1,5 milliards d'� (10 milliards de F) pourrait être légèrement réduit par l'in-

troduction de la collecte sélective, du recyclage et de l'incinération.

Entre 15 et 28 ans pour rattraper le niveau d'équipement des communes de l'UE

Pour la première fois en

Roumanie, la mairie de

Timisoara a mis en place un

procédé informatique permettant de limi-

ter considérablement la bureaucratie.

Jusqu'ici, les personnes qui voulaient

entreprendre des travaux, solliciter une

autorisation, demander un relevé des

lieux, étaient obligées de se présenter

dans sept endroit différents, ce qui pre-

nait des semaines, voire des mois.

Dorénavant, grâce à un système per-

mettant de visualiser tous les réseaux

souterrains de la ville, il suffira au

demandeur de frapper à une seule porte,

un avis unique, assorti d'une seule taxe,

regroupant toutes les autorisations et

informations, lui sera délivré sous quin-

zaine. La mise en place de ce système a

coûté 1,7 M� (11 MF).

Bureaucratie réduite à T imisoara

Politique

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

l

l

TIMISOARA

CLUJARAD

DEVAl

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TIAGU MURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

l

Les impôts locaux des habitants dela capitale ont presque doublé en cedébut d'année et les Bucarestois nese précipitent pas pour les payer,contrairement à 2001 où ils avaientbénéficié d'une réduction de 50 %s'ils les acquittaient avant le 15 mars.Cette mesure n'a pas été reconduite,si bien qu’avec l’inflation (+ 30 %),l'augmentation est de + 80 %.L 'imposition pour un appartement dedeux pièces se monte environ à unmillion de lei soit 38 � (250 F) et à 19� (125 F), par pièce supplémentaire.

Les contribuables les plus vernissont ceux de Cluj, la municipalitémajorant la taxe d'habitation de seule-ment 4 %, celle-ci se situant entre 8et 33 � (50 à 220 F), suivant lenombre de pièces. A Timisoara, oùl'augmentation se borne à répercuterle niveau de l'inflation, une réductionde 25 % a été accordée aux loge-ments de moins de 50 m2, censésêtre habités par les habitants les plusdémunis. A Piatra Neamt, les per-sonnes ayant un revenu mensuelinférieur à 1,5 millions de lei, soit 57 �(375 F) sont exonérées à 50 %.

Impôts sur le revenu : les taux

La nouvelle grille d'imposition surles revenus est entrée en applicationen janvier, la déduction de base étantportée à 60 � (400 F). Pour les reve-nus mensuels jusqu'à 75 � (500 F), letaux d'imposition est de 18 %.

- de 75 � à 175 � (1100 F) : 23 %- de 175 � à 275 � (1800 F) : 28 %- de 275 � à 380 � (2500 F) : 34 %- au dessus de 380 � : 40 %.

Impôt s locaux : addition salée pourles Bucarestois

Le grand acteur est la victime la plus célèbre du séisme de 1977

25 ans après sa mort,Toma Caragiu reste un des

comédiens préférés des Roumains.

Comme le footballeur

Gheorghe Hagi, Toma

Caragiu était d'origine arou-

maine, cette communauté roumaine fixée

au sud du Danube, en Macédoine.

L'acteur était né en Grèce en 1925, ses

parents regagnant la Roumanie par étapes

au gré des évènements de l'histoire.

Finalement, la famille se fixa à Ploiesti en

1940. Son père mobilisé, le jeune Toma,

15 ans, aîné des enfants, prit sa place der-

rière le comptoir du café qu'il tenait.

Ploesti devint sa ville d'adoption. Il

en dirigera le théâtre plus tard. Après la

guerre, élève doué, Toma poursuivit ses

études au Conservatoire Royal de

Musique et d'Art Dramatique, menant de

front ses cours et ses premiers pas sur la

scène du Théâtre National. Mais les

temps changèrent et le jeune acteur, tout

en continuant sa formation, participa à la

naissance de la "brigade culturelle" mise

en place par les communistes, à Ploiesti,

qui fût transformée ensuite en "Théâtre

des syndicats unis", allant jouer dans les

usines et découvrant une autre forme

d'apprentissage.

Apprenti acteur dans les usines

L'eau dans tous les foyers en 2030

lBUZAU

Page 34:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2234

Connaissance et découverte

Mines et montagnes de sel, lacs salés, constituent l'une des plus grandes

curiosités de la Roumanie et, par leur étendue, en font un lieu excep-

tionnel en Europe, destiné aux curistes, qui peuvent y apprécier les bien-

faits de la "spéléothérapie" et de ses traitements sous terre, mais aussi aux touristes

qui y découvrent des paysages extérieurs et souterrains fascinants, tout en pratiquant

des activités dans des conditions pittoresques. Pour ne rien gâcher, ces endroits se

trouvent dans une région réputée pour sa beauté, les Carpates orientales.

Ces hauts lieux du tourisme d'autrefois, qui ont contribué à donner à la Roumanie

sa réputation de réservoir de stations thermales du Vieux continent, se répartissent sur

les deux versants de la montagne, en Transylavnie (stations de Sovata, Praid, Ocna

Muresului, Turda, Cojocna, Sic, Ocna Dejului, Ocna Sibiului) et dans la région de

Bacau, en Moldavie (Slanic Moldova, Târgu Ocna, Poiana Sarata, Poiana Uzului),

sans oublier Slanic Prahova, plus au sud.

Pour les plus importantes d'entre elles, ces stations sont ouvertes toute l'année. Le

climat y est qualifié de sub-alpin, l'air y est sec en hiver, avec des températures

moyennes de - 4 ° en janvier, et agréable en été (19 ° en juillet). Les curistes viennent

y soigner ou soulager toutes sortes d'affections : cardio-vasculaires, gynécologiques,

du système nerveux, post-traumatiques, rhumatismales, hépathiques, digestives, uri-

naires, métaboliques, dégénératives, respiratoires, le diabète, l'obésité…

Les eaux de source se révèlent riches en toutes sortes d'éléments recommandés

par les médecins, avec leurs carbonates, bi-carbonates, leurs composants chlorés,

sodés, sulfurés, leurs oligo-éléments. Des qualités qui font comparer, depuis un siècle

et demi, les eaux minérales de cette région à celles de Karlovy-Vary et Vichy, et leur

ont valu de nombreuses médailles d'or dans les concours internationaux.

Un lieu exceptionnel en EuropeTourisme

Les NOUVELLES de ROUMANIE

227

Actualité

Ce n'est plus le

grand amour entre

le Palais Cotroceni,

où réside le Président de la

République, et le Palais

Victoria, siège du gouverne-

ment et du Premier ministre.

Irrité par le comportement

ostentatoire de son poulain qui occupe le devant de la scène et

donne le sentiment de diriger le pays, Ion Iliescu s'est laissé

aller à distiller quelques petites phrases sur la tentation des

hommes aux commandes "à être trop sûrs ou trop contents

d'eux-mêmes, le pouvoir changeant les caractères".

Puis le Président s'est fait plus précis à la suite des réac-

tions jugées disproportionnées de son Premier ministre à

l'égard de la presse et de l'opposition, lorsque le nom de celui-

ci a été cité dans un rapport anonyme concernant le scandale

SOV (Sorin Ovidiu Vântu), aux dimensions nationales. "La

démocratie et la liberté d'expression sont des valeurs que l'on

ne peut pas mettre en cause" s'est exclamé Ion Iliescu qui,

après avoir rendu hommage au travail d'Adrian Nastase, lui a

reproché "une certaine arrogance dans son comportement",

rajoutant que "la vie apprenait à s'en défaire".

Le Premier ministre n'a pas apprécié. Lors d'une réunion

du PSD (Parti Social Démocrate) qu'il préside et qui forme

l'actuelle majorité, il a fait adopter une proposition visant à

modifier la constitution et à transformer la Roumanie en répu-

blique parlementaire, dans l'année à venir pour que cette réfor-

me soit applicable dès après les élections de 2004.

Le président élu par le Parlement, et non plus au suffrage

universel, n'aurait alors qu'un rôle décoratif - "Inaugurer les

chrysanthèmes" selon l'expression du général De Gaulle - le

pouvoir revenant au Premier ministre. Même si cette réforme

ne concerne pas directement le mandat actuel de Ion Iliescu,

qui n'a plus le droit de se représenter, elle n'en affaiblirait pas

moins son rôle si elle venait à être adoptée.

L'énorme majorité des Roumains entend

continuer à élire directement son président

Adrian Nastase a justifié sa proposition en invoquant

l'exemple de la France où président et gouvernement peuvent

être opposés, indiquant également que la perspective d'adhé-

sion à l'UE nécessitait un toilettage de la constitution.

Proche d'Ion Iliescu, son ancien Premier ministre, Nicolae

Vacaroïu, Président du Sénat, a contre-attaqué en demandant

aux parlementaires de "mieux assurer la surveillance et le

contrôle du gouvernement qui abuse de l'urgence des ordon-

nances d'urgence", ce qui laisse à penser que l'actuel pouvoir

est en train de se scinder en deux camps.

Ion Iliescu, lui, n'a pas bronché face à la manœuvre de son

Premier ministre et ancien protégé, indiquant toutefois qu'il

aurait son mot à dire si on voulait changer la constitution… Il

s'en est remis à l'avis de ses compatriotes, lesquels, à plus de

80 % ne veulent pas entendre parler d'un projet qui leur retire-

rait le droit d'élire eux-mêmes leur président.

Adrian Nastase veut confiner Ion Iliescu

à "inaugurer les chrysantèmes"

Politique

Les Bucarestois vont être appe-

lés à élire un nouveau conseil

municipal, sans-doute au mois

de mai. Début janvier, le Premier ministre

a décidé de sa dissolution à la suite d'une

enquête menée par un organisme de

contrôle de l'administration publique.

Celle-ci a révélé que, sur les 55

conseillers de la capitale, 38, soit près de

70 % d'entre eux, disposaient d'intérêts

dans des sociétés ayant passé des contrats

avec les mairies d'arrondissement, por-

tant sur l'asphaltage des rues, l'approvi-

sionnement en fuel, gaz-oil, matériaux de

construction, etc… et émargeaient d'une

façon importante au budget de quelques

400 M� (2,5 milliards de F) de la capita-

le. Cette décision a été prise alors

qu'Adrian Nastase venait de lancer une

campagne nationale contre la corruption,

bien qu'aucune loi sur les conflits d'inté-

rêt n'existe en Roumanie.

Pour se justifier, le Premier ministre

s'est également appuyé sur les dysfonc-

tionnements de la municipalité. Toutes

les mairies d'arrondissement sont dirigées

par des élus de la majorité, laquelle

compte 30 conseillers, alors que le maire

général, Traïan Basescu, appartient à l'op-

position. Ainsi, en 18 mois, 12 décisions

du conseil ont été annulées par la Justice

et 12 autres suspendues, à la suite de

recours. Une quarantaine d'arrêtés du

maire ont été attaqués en contentieux

administratifs, vingt étant annulés.

Par ailleurs, Octav Cozmânca,

Ministre de la Fonction publique, a adres-

sé un dernier avertissement au préfet

chargé de la capitale, pour sa mauvaise

administration, et a démis deux sous pré-

fets pour incompétence.

La dissolution du conseil municipal

ne concerne pas le maire, qui est élu indé-

pendamment. Toutefois, le pouvoir poli-

tique tente par diverses méthodes de le

discréditer, laissant entendre que des irré-

gularités ont été constatées dans sa ges-

tion, évoquant des pots de vin, espérant

ainsi le décrédibiliser et aboutir à sa des-

titution. Sans succès pour l'instant.

Populaire dans sa capitale et dans

tout le pays, ayant bâti sa réputation sur

son franc-parler et son action énergique,

qualités qui font défaut à la classe poli-

tique en général, Traïan Basescu, par

ailleurs président du Parti Démocrate

après avoir évincé Petra Roman, apparaît

comme l'adversaire le plus dangereux

d'Adrian Nastase dans la perspective des

élections présidentielles de 2002.

Près de 70 % des élus municip aux confondaient leurs affaires et celles de la mairie

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

ll

l

l

TIMISOARA

PRAID

ARAD

DEVAl

lIASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

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TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

Jugé arrogant p ar son Président, le Premier ministre propose de modifier la constitution

Mines et montagnes de sel

des Carpates orientales

Quand le sel peutdevenir de l'or…

Le Président Ion Iliescu sous leregard de son Premier ministre.

A85 km au sud de Bacau,

Slanic Moldova est appelée

la perle de la Moldavie.

Située dans un paysage enchanteur de

collines et de vertes vallées arrosées par

plusieurs rivières, au pied des Carpates

orientales, la station thermale offre toute

une palette de soins et indications pour

les curistes ainsi que de nombreuses pos-

sibilités de logements.

A quelques kilomètres, les mines de

sel de Târgu Ocna, toujours en activité,

abritent une impressionnante station ther-

male souterraine, la plus importante

d'Europe, que les touristes peuvent égale-

ment visiter. A 200 mètres de profondeur,

répartie sur huit niveaux que l'on atteint

par un couloir de près de deux kilomètres

de long, suffisamment large pour laisser

deux véhicules se croiser, elle abrite

salles de soins avec lits, terrains de sport,

halle de bowling.

Les curistes y viennent pour la quali-

té remarquable de son air dépourvu d'élé-

ments allergisants, à l'humidité et à la

température constante et, surtout, conte-

nant des ions négatifs qui auraient des

effets bénéfiques sur l'asthme, les bron-

chites chroniques, les sinusites.

Efficace à 90% pour

les enfants asthmatiques

Une cure de trois semaines est

recommandée. Les effets ne se font pas

ressentir immédiatement, un contre-choc

étant même parfois enregistré… mais,

une patiente anglaise, fortement asthma-

tique, confiait que, deux mois après, elle

avait pu danser au mariage de sa fille, ce

qui était inimaginable avant. Les amélio-

rations sont particulièrement sensibles,

dans 90 % des cas, pour les enfants

atteints d'affections pulmonaires.

Plusieurs pays, l'Italie, l'Allemagne,

Israël, se proposent d'utiliser leurs res-

sources géologiques pour donner nais-

sance à des stations similaires.

Près de Slanic Moldova, la plus grande st ationthermale souterraine du continent

La station balnéo-climatique deSovata, dans le département duMures, à majorité magyare, a étémalheureusement laissée à l'abandondepuis une dizaine d'années.Pourtant, comme sa voisine de Praid,distante de sept kilomètres, elle enre-gistre une fréquentation de plus enplus forte de curistes et touristes rou-mains mais aussi étrangers, notam-ment hongrois. Deux cent mille per-sonnes y ont séjourné, en 2001.

L'attrait de Sovata, plus grandestation thermale roumaine de l'"Entre-deux-guerres ", ne s'est pas effacémalgré les vicissitudes. Sa réputationd'endroit où l'on guérit remonte à lafin du XVIème siècle et le statut destation à 1850. Les souverains deRoumanie y invitaient fréquemmentleurs cousins, les familles royales deGrèce et de Grande-Bretagne. Sousles communistes, la station a étéoubliée, aucun investissement n'yétant fait jusqu'en 1970, date àlaquelle Ceausescu décidait de larelancer, faisant construire cinqhôtels, attirant des vagues de tou-ristes étrangers jusqu'en 1990.

Depuis, rien n'a été entrepris. Lestour-opérateurs ont résilié leurscontrats. Le FPS (Fonds dePropriétés de l'Etat) a bien tenté devendre quelques villas pour relancerla station, mais les 350 000 � (2,3MF) injectés paraissent dérisoires àcôté des 7,5 M� (50 MF) nécessaires.Des investisseurs se sont présentés,mais un contentieux avec d'anciensexploitants qui subodorent que le selpourrait bien redevenir de l'or, bloquele processus de privatisation et laconstruction d'un hôtel quatre étoiles.

Les Bucarestois appelés à nouveau aux urnes

SLANICMOLDOVA

SLANICPRAHOVA

SOVATA

l

ll

Page 35:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2235

Connaissance et découverte

A500 mètres d'altitude, Sovata, l'une des stations

roumaines les plus connues, se trouve sur une

montagne de sel… ce qui n'empêche pas cette

ville de 12 000 habitants, proche de Târgu Mures, d'être entou-

rée de vertes forêts de châtaigniers, boulots, hêtres et chênes.

Sept lacs

proches, qui

ont envahi

d'anciens sites

de mines, for-

ment un col-

lier: le lac de

l'Ours (lacu

Ursu), le plus

grand avec une

superficie de

quatre hectares

et aussi le plus

profond, dix-

huit mètres, celui des Serpents (Serpilor), des Merles

(Mierlei), les lacs Vert (Verde), Noir (Negru), Rouge (Rosu), et

des Noisetiers (Alunis).

Leur concentration en chlorure de sodium varie entre 40 et

250 grammes par litre, bien plus que l'océan (35 g) et presque

autant que le Grand Lac salé aux USA ou que la Mer Morte

(280 g). La salinité des eaux change suivant leur profondeur

pour atteindre son maximum au fond. Alimentées par de

petites rivières, des pellicules d'eau douce jouent le rôle d'iso-

lant thermique

et protègent les

strates d'eau

chaude. Les bai-

gneurs, qui fré-

quentent les plages aménagées des lacs Ursu et Alunis, flottant

sans effort sur leurs eaux, peuvent constater par eux-mêmes ce

phénomène héliothermique : en surface, l'eau est à 10-20°, à

un mètre, entre 30 et 40°… à 1,5 m, entre 40 et 60°.

"Pas besoin de l'intervention des hommes…

pour tomber enceinte"

Les boues sapropéliques du lac sont utilisées en empaque-

tage ou en application pour les rhumatismes. Les vertus gyné-

cologiques de ses eaux sont largement reconnues. Leur réputa-

tion est telle que l'on dit que les femmes s'y baignant n'ont pas

besoin de l'intervention des hommes… pour tomber enceinte.

La station dispose de plusieurs hôtels d'une capacité de

mille places, de villas à louer, de cabanes et d'un terrain de

camping, au bord d'une rivière, d'une discothèque, d'un bow-

ling, d'une piscine couverte, d'un cinéma.

Les possibilités d'excursion à pied sont nombreuses dans

la région, empruntant des circuits de 5 à 15 km, demandant de

3 à 6 heures de marche. Le "canyon salé", taillé par endroits

dans des roches de sel par la rivière Corund, se révèle particu-

lièrement spectaculaire à observer l'été quand les reflets du

soleil lui donnent l'apparence d'un glacier. Piques-niques en

forêts, balades à cheval sont également possibles dans les

environs, tout comme une visite au village de Corund où exis-

tent des ateliers de céramique.

Les touristes peuvent partir pour une journée ou deux, en

bus ou en voiture, à la découverte des splendides gorges de

Bicaz, paysage le plus renommé des Carpates orientales, à une

centaine de kilomètres, visiter à proximité les beaux lacs

d'Izvorul Muntelui et Rosu, pousser jusqu'aux monastères

d'Agapia, de Varatec et de Neamt, près de Târgu Neamt.

A Praid, on peut se marier dans une église

œcuménique en sel, à 110 mètres sous terre

A sept kilomètres de Sovata, la mine de sel de Praid,

exploitée depuis les Romains et aujourd'hui reconvertie en

centre de "spéléothérapie", constitue cependant la principale

attraction de la région. Pendant que les curistes y suivent leur

traitement, des séances quotidiennes de quatre heures, enfants

et accompagnateurs partent à sa découverte, les différentes

excavations étant reliées par des couloirs souterrains, et vont

admirer une église œcuménique, construite en sel. Amateurs

d'originalité, de jeunes couples viennent s'y marier religieuse-

ment, à 110 mètres sous terre. Des concerts de musique clas-

sique y sont donnés.

Dans d'immenses salles de dix mètre de haut, longues de

plusieurs dizaines de mètres, aux murs en sel, le visiteur peut

jouer au billard, disputer des parties de tennis de table, boire

un thé, prendre son petit-déjeuner ou se restaurer.

Depuis peu, un concours de sculpture en sel et de peintu-

re est organisé l'été dans un des boyaux de la mine, pendant

une semaine. Située dans une région où vivent de nombreux

Magyars, la station de Praid, outre ses bains d'eau salée et ses

nombreuses possibilités de logement, offre également plu-

sieurs animations, dont des cours pour apprendre à préparer le

fameux "Kürtôs Kalacs", brioche fourrée aux noix et enroulée

autour d'un rouleau à pâtisserie. Les touristes ont également la

possibilité de participer au concours international de "töltött-

kaposzta", qu'ils connaissent certainement davantage sous le

nom roumain de… "sarmale".

Les NOUVELLES de ROUMANIE

226

Actualité

Sorin Ovidiu Vântu était un homme discret voici encore un an. La presse ne

disposait que d'une seule photo de cet homme d'affaires multimillionnaire

en dollars, symbole de la réussite du passage du communisme au capitalis-

me, que l'on ne désigne plus maintenant que sous ses initiales, SOV. Brusquement, à

la suite d'une campagne de presse déclenchée par le journal "Romania Libera", proche

de l'opposition, les projecteurs de l'actualité se sont focalisés sur celui qui est devenu

le Roumain le plus riche, à la tête d'un empire financier comprenant deux banques, des

dizaines d'entreprises, un groupe de presse, des sociétés de valeurs mobilières.

Chacune des révélations du journal, égrenées au jour le jour, a mis en lumière un

peu plus la turpitude des milieux politiques, la corruption généralisée de l'appareil

d'état. Au fil des ans, SOV, ancien repris de justice, condamné sous Ceausescu pour

détournement de fonds alors qu'il n'était qu'un obscur comptable, a tissé autour de lui

une immense toile d'araignée où se trouvent liés par des intérêts communs, gouver-

nants, parlementaires, banquiers, hauts fonctionnaires, services secrets, administra-

tions, institutions, entreprises d’état… Pots de vin, prébendes, complicités, renvois

d'ascenseurs, secrets, chantages, menaces et plus si besoin, font tourner le système.

La confiance des citoyens ruinée

A la manière des poupées russes, dévoilant toujours une autre affaire, cet immen-

se scandale ruine ce qui restait de confiance des citoyens vis à vis de l'Etat, et n'est pas

sans rappeler la célèbre affaire Stavisky qui, en France, a failli mettre à bas le régime

parlementaire en 1934. Tout cela alors que le gouvernement, sur les instances euro-

péennes et internationales vient d'engager une campagne nationale contre la corrup-

tion. Personne n'est épargné. Tout le monde est suspecté. Du Président qui aurait tou-

ché des sommes importantes de SOV pour financer sa dernière campagne électorale,

au Premier ministre, suspecté d'avoir été appointé de 4 à 6000 � (25 à 40 000 F) par

mois pendant des années, et dont un rapport anonyme a révélé la fortune.

L'actuel président du Sénat, Nicolae Vacaroiu, ancien Premier ministre de Ion

Iliescu, est son obligé. Propulsé directeur de la Banque d'Investissement et de

Développement, dont SOV est l'actionnaire majoritaire, il aurait reçu 800 000 � (5,3

MF) pour occuper ses fonctions et émargerait à plus de 11 000 � (70 000 F) par mois.

Trois cents officiers des Services secrets embauchés

Ce brassage d'affaires et d'argent heurte au plus haut point les Roumains, réduits

à leur triste sort quotidien. Surtout par ce qu'il s'opère sur leur dos. SOV se trouve au

centre de la plus grande escroquerie que la Roumanie ait connue : la faillite, voici deux

ans, du Fonds national d'Investissement (FNI), dont il a retiré des dizaines de millions

d'euro. Ce système de financement pyramidal, promettant des rendements exception-

nels, a berné 300 000 petits épargnants, les laissant sans un sou. Les analystes poli-

tiques estiment que le scandale du FNI a contribué à la chute du pouvoir précédent.

Un grain de sable vient cependant de contrarier l'itinéraire de Sorin Ovidiu Vântu.

Fin 2001, la Banque Roumaine d'Escompte qu'il avait cédée à son complice de tou-

jours, Mihaï Iacob, ami d'enfance de sa femme, a été mise sous contrôle de la Banque

Nationale de Roumanie, à la suite de détournements. SOV aurait perdu 10 M� (65

MF) dans cette affaire, et les deux hommes, désormais à couteaux tirés, règlent leurs

comptes par des révélations qui ont entraîné leurs mises en examen.

Mais SOV a de la ressource. Proche de longue date, du chef des services de ren-

seignements roumains qui ont succédé à la Securitate, Radu Timofte, il a embauché

plus de 300 officiers des services secrets ou de sécurité dans ses différentes sociétés.

Politique

SOV : trois initiales ébranlent

tout l'appareil d'Etatn

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Dans les sept lacs de Sovata, l'eau passe

de 10 à 60 degrés en moins de deux mètresTourisme

Dans certaines anciennes mines de sel, des églises ont été aménagées.

Le plus grand scandale de l'histoire de la Roumanie

Fortune et mégalomanie

Quarante sept ans, portant beau,un physique à la Marcello Mastroïani,mais complexé par une forte claudi-cation due à une poliomyélitecontractée pendant son enfance,Sorin Ovidiu Vântu a été marié deuxfois et a deux enfants. Il a fait parlerde lui pour la première fois en 1980,lorsque il fut condamné à 5 ans deprison pour faux et détournementsdans l'entreprise d'Etat où il travaillaitcomme comptable.

Au lendemain de la "Révolution",SOV a ouvert la première "consigna-tie", boutique d'objets et vêtementsd'occasion. Quatre ans plus tard, ilétait à la tête de dizaines de maga-sins.Aujourd'hui, sa fortune lui permetde laisser libre cours à sa mégaloma-nie. Possédant un hôtel dans le deltadu Danube, il se déplace sur le fleu-ve à bord de sa flotte de bateaux,surveillé par des gardes armés, dontune péniche somptueusement amé-nagée en piscine flottante, avecappartement et cabines de luxe, oùl'on voit fréquemment des danseuseset vedettes de la télévision.

S'affirmant de droite, SOV n'enouvre pas moins largement son por-tefeuille à l'actuelle majorité et rêved'un destin présidentiel, envisageantde fonder son propre parti et promet-tant de créer 800 000 emplois.

Les immensessalles souterraines

de Praid, près de Sovata.

Page 36:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2236

Connaissance et découverte

EchangesL'association lorraine est présente

dans les Maramures depuis dix ans

Depuis bientôt dix ans, "Gradinitsa" agit dans le département des

Maramures pour prévenir l'abandon d'enfants. L'association lorraine de

Bar le Duc, reconnue d'intérêt général par les autorités françaises, suit

actuellement 200 enfants, vivant à Baia Mare, la préfecture, ou à Sighet, pour éviter

que certains ne soient placés en orphelinat, ou bien sous-nourris et, de plus, privés de

"gradinitsa" (jardin d'enfants ou maternelle).

Son expérience lui a montré que, dans l'immense majorité des cas, c'est l'absence

cruelle de moyens qui pousse les parents à l'abandon. Même s'il faut faire évoluer les

mentalités qui, à travers des réflexes conditionnés sous l'ancien régime, conduisent

des familles à remettre leurs enfants à des institutions d'Etat, ce à quoi l'association

s'emploie par son action et des réunions d'information.

Du pain et de la margarine comme unique repas

A Sighet, 60 % de la population est confrontée au problème du chômage. Des

mères confient qu'elles ne peuvent offrir à leurs enfants que du pain avec de la mar-

garine ou du lard. Les allocations familiales existent, mais sont très faibles.

"Gradinitsa" a entrepris de compenser leur insuffisance en participant financièrement

aux contributions des familles les plus pauvres afin que leurs enfants soient reçus en

crèche ou en maternelle. Pour cela, l'association a mis au point un système simple de

parrainage - un "parrain" étranger aide un "filleul(e)" - qui permet à ses protégés de

bénéficier d'une enfance normale, dans leur famille, et de profiter des apports sociaux

et éducatifs de la maternelle ainsi que d'une nourriture suffisante.

Ainsi le parrainage participe pour moitié à la contribution pour la crèche ou la

maternelle, en internat du lundi au vendredi. La famille paie les 50 % restant. Dans

certains cas de ressources inexistantes, l'enfant est pris en charge jusqu'à 90 ou 100 %.

L'argent est versé directement à l'association partenaire de "Gradinitsa" en Roumanie,

qui remet chaque mois la somme correspondante à l'établissement qui s'occupe de lui.

Le don fait par le parrain est versé intégralement pour les enfants. Les problèmes

de santé, comme les comptes, sont suivis de près. Tous les membres de l'association

sont bénévoles. Les missions de longue durée en Roumanie sont assurées par des

retraités ou des étudiants. Les frais de fonctionnement et de déplacement sont couverts

par les cotisations et les subventions. L'association s'appuie sur les structures roumai-

ne existantes dans le domaine de l'enfance et veille à compléter leurs moyens de

mener à bien leur action.

Près de mille enfants soutenus… et un seul abandon

Depuis sa création, en 1993, "Gradinitsa" a ainsi soutenu près de mille enfants,

les suivant sur plusieurs années chacun. Parmi eux, un seul a été abandonné… en

cachette. Des interventions de psychologues auprès d'éducatrices de centres de place-

ment leur ont permis de persuader des familles de reprendre leurs enfants. Celles ci

sont suivies pour être encouragées dans leur décision.Grâce au soutien des Lorrains et

de leurs "parrains", la crèche à la semaine de Sighet n'a pas fermé. Elle reçoit 60

enfants, dont aucun parent ne peut payer intégralement la contribution. Même avec

l'aide de l'association, c'est encore dur pour beaucoup, mais ils s'accrochent.

"Gradinitsa" ne limite pas son action aux seuls parrainages. Elle mène des for-

mations en Roumanie et en France pour des éducatrices de crèches et des institutrices

de maternelles roumaines, finance des travaux d'amélioration de bâtiments, l'achat de

mobilier, de matériel, apporte une aide pour les voyages de classes, organise des

échanges franco-roumains avec les adolescents.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

225

Actualité

Trente

c i n q

mille

Moldaves dans

les rues de

Chisinau, à la

mi-février, la

troupe prenant

position, flan-

quée d'un char

d'assaut… du jamais vu, depuis les manifestations pour l'indé-

pendance de la Moldavie, ancienne république de l'URSS, en

1989 et 1991. Le pays s'enflamme depuis que le pouvoir com-

muniste, issu des élections de l'an passé, multiplie les provo-

cations à l'égard des Roumains, qui représentent plus de 60 %

de la population.

Début janvier, le président-général Vladimir Voronine,

apparatchik de 60 ans, secrétaire général du Parti communiste

depuis 1993, décrétait l'enseignement obligatoire du russe,

déclenchant les premières manifestations dans les rues de la

capitale, lesquelles se succèdent depuis tous les jours, regrou-

pant des milliers d'étudiants et enseignants vêtus aux couleurs

nationales et arborant des drapeaux de l'Union Européenne,

scandant "Plutôt mort que communiste", "Nous voulons être

dans l'Espace Schengen" et repoussant la russification en

cours. Ce mouvement a été appuyé par le principal parti d'op-

position, le Parti populaire chrétien démocrate, ce qui lui a

valu d'être interdit pendant un mois et menacé de sanctions

plus graves.

Loin de reculer, le pouvoir en place a décidé d'interdire

l'emploi des termes "langue et littérature roumaine" pour

désigner certaines disciplines, se préparant à éliminer des pro-

grammes scolaires les bases de l'enseignement du roumain.

Quelques jours plus tard, il achevait de mettre le feu aux

poudres, faisant sortir un nombre toujours plus important de

manifestants sur la place de la Grande Union Nationale, en

décidant que le manuel "L'histoire des Roumains" serait rem-

placé par "L'histoire de la Moldavie".

Cet ouvrage a été élaboré par Vladimir Taranov, l'un des

promoteurs de la "théorie moldave", largement vulgarisée pen-

dant la période soviétique, laquelle professe que peuples et

langues roumains et moldaves sont différents, ces derniers

"étant slaves", présentant au passage les Russes comme des

libérateurs et protecteurs naturels… et les Roumains comme

des occupants.

Immédiatement, les élèves roumains, majoritaires, annon-

çaient qu'ils n'utiliseraient pas ces livres, quatorze imprimeurs

ou éditeurs refusant de les imprimer, dénonçant des mesures

affectant les relations interethniques normales. En réaction, les

élèves russes, très minoritaires, déclaraient ne plus vouloir des

manuels roumains.

Retour à l'administration de type soviétique

Pour corser le tout, le président Voronine envisageait,

avant d’être contraint d’y renoncer, de convoquer des élections

municipales anticipées, début avril, après l'entrée en vigueur

de la loi marquant le retour à une administration locale de type

soviétique, les citoyens n'élisant plus leurs maires mais des

conseils de villages et de villes qui les désigneront. Le Conseil

de l'Europe, qui avait dépensé 800 000 � (5,2 MF), voici trois

ans, pour aider la Moldavie à se débarrasser de ce type de

structures staliniennes et passer à la départementalisation, a

menacé la Moldavie de sanctions pouvant aller à l'exclusion.

L'enseignement du russe décrété obligatoire, le roumain mis à l'écartVie internationale

Gradinitsa et ses "parrains" prouvent

que l'abandon n'est pas une fatalité

Un simple geste pour accomp agner un enfant

"Gradinitsa" a noté avec un vif inté-rêt, la décision du gouvernement rou-main de mener une intense cam-pagne de prévention des abandons…tout en espérant qu'elle ne se limiterapas à un seul aspect médiatique,mais qu'elle sera accompagnée demesures concrètes, seules vraimentdissuasives, comme l'augmentationsensible des allocations familialespour les familles les plus démunies etleur indexation régulière sur les prix.Elle suggère également que une com-mission permette aux associations etaux structures concernées de donnerune suite à cette campagne.

14 ou 20 � par mois

Les personnes désireuses d'aider"Gradinitsa " peuvent choisir un par-rainage simple (anonyme) ou person-nalisé. Dans ce cas, elles reçoiventune photo de leur filleul(e), des infor-mations, des dessins et, si elles lesouhaitent, peuvent entretenir unerelation avec la famille, aller visiterl'enfant.

Le "parrain" verse une contributionde 14 � (90 F) ou 20 � (130 F) parmois (le versement peut être trimes-triel). Les dons sont également pos-sibles. L'association étant reconnued'intérêt général, on peut déduire deses impôts 50 % du montant annuelde sa contribution grâce au reçu fiscalqu'elle délivre.

"Gradinitsa-RLM", 11 rue des Ducs, 55

000 Bar le Duc, France. T el-fax : (00 33)

03 29 76 11 28 ou 03 29 75 95 69. E-

mail: gradinit [email protected]

Moldavie : les autorités communistes

mettent le feu aux poudres

Le Premier ministre, Adrian

Nastase, et son homologue

hongrois, Viktor Orban, sont

parvenus à un accord sur le problème du

statut des Magyars, voté l'année dernière

par le parlement de Budapest. Cette affai-

re empoisonnait l'atmosphère entre les

deux capitales en introduisant une discri-

mination entre citoyens roumains et en

empiétant sur les compétences de la

Roumanie. La Hongrie avait reçu un dis-

cret rappel à l'ordre des institutions euro-

péennes qui redoutaient de voir encoura-

gées des aspirations nationalistes.

Au terme du mémorandum signé par

les deux chefs de gouvernement, les

citoyens roumains bénéficieront du

même traitement en Hongrie, qu'ils soient

Magyars ou non. Ils pourront ainsi tra-

vailler temporairement dans ce pays, se

faire rembourser leurs dépenses de santé

s'ils y tombent malades.

Magyars de Roumanie et Roumains

de Hongrie pourront également recevoir

une assistance de leur pays d'origine dans

le domaine de la culture et de l'enseigne-

ment. Enfin, la carte attestant de l'origine

Magyare de son titulaire ne sera délivrée

que sur le territoire de la Hongrie, et elle

n'aura aucune valeur en Roumanie. Le

conjoint roumain d'un couple mixte ne

pourra pas en bénéficier.

A la suite de cet accord, plusieurs

partis politiques de Hongrie ont protesté,

notamment les ex communistes qui

déclarent redouter voir leur pays "envahis

par les travailleurs roumains".

Le marché hongrois du travail peut

accueillir 50000 étrangers, la plupart rou-

mains. Selon les autorités, la nouvelle

réglementation, en légalisant le séjour

des Roumains en Hongrie, devrait mettre

un frein au travail au noir.

L'Ukraine et la Slovaquie, qui comp-

tent d'importantes minorités hongroises,

ont demandé à Budapest que le mémo-

randum signé avec la Roumanie soit éga-

lement appliqué chez elles.

l PLOIESTI

Statut des Magyars de Roumanie : Budapest met de l'eau dans son vin

“Ne nous enfoncez pas la langue russe dans lagorge !” ... Depuis début janvier, des dizaines

de milliers de manifestants protestent contre larussification de la République de Moldavie.

SIGHET

SLOBOZIA

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Page 37:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

Cette année, contrairement à 2001 où les deux fêtes

religieuses tombaient le même jour, les

Orthodoxes célébreront Pâques cinq semaines

après les Catholiques, le dimanche

5 mai. Dans de nombreuses mai-

sons, les femmes auront préparé les

traditionnels œufs colorés. La

légende veut que cette pratique soit

inspirée des derniers moments du

Christ. Alors qu'on le crucifiait,

Marie-Madeleine aurait apporté un

panier rempli d'œufs aux soldats

pour qu'ils mettent un terme à leurs

tortures. Des gouttes de sang

seraient tombés sur les oeufs, leur

donnant une teinte rougeâtre. Trois

jours plus tard, lorsque Jésus fût

ressuscité, Marie-Madelaine se rendit chez ses sœurs, distri-

buant à chacune un œuf, s'exclamant "Christ est ressuscité !"

("Hristos a înviat !"), ce à quoi elles répondirent "C'est vrai

qu'il est ressuscité !" ("Adevarat c-a inviat !").

Ce sont ces formules que reprennent aujourd'hui les

fidèles, en se saluant après la messe de la résurrection, le

dimanche matin de Pâques. Alors seulement commencent les

festivités, avec l'échange des œufs qu'on entrechoque, pour se

revoir dans l' "Au-delà", avant de les consommer.

Une tâche strictement réservée aux femmes

La tâche de colorer les œufs revient strictement aux

femmes. Aujourd'hui, elles se contentent de les plonger dans

des bains de teintures artificielles, un ou deux jours à l'avance.

Mais en Bucovine (Suceava), région où la tradition se

conserve le plus, la décoration atteint des sommets de virtuo-

sité, exigeant un travail minutieux, commencé bien à l'avance,

vers la mi-carême.

Dès cette époque, on peint des œufs "încondeiate", c'est à

dire ornés de motifs le plus souvent géométriques que l'on

retrouve brodés sur les costumes. Points qui serpentent, points

en dents de loup, en queue d'hirondelles, combinés à des asso-

ciations de couleurs extraordinaires, rouge et jaune, vert et

noir, vert et bleu, blanc et bleu, donnent naissance à de véri-

tables œuvres d'art populaire.

Les œufs de cane appréciés

Les dessins les plus compliqués sont exécutés en

Bucovine mais aussi dans le Banat (Timisoara), alors que les

paysans d'Olténie (Craïova) et de Muntenie ( Ploïesti ) utilisent

des motifs plus simples. Les œufs "ferrés", dans lesquels sont

enfoncés un petit fer à cheval, sont spécifiques au Baragan

(Slobozia), ainsi que les œufs "perlés", sur lesquels ont été col-

lées de petites perles en verre qui forment des motifs popu-

laires vivement colorés.

Le choix des oeufs est minutieusement fait. Seuls sont

retenus ceux qui ne sont pas fécondés et parmi eux, les plus

gros, les plus beaux, les plus

propres, avec une coquille brillan-

te. Les oeufs de cane sont particu-

lièrement recherchés pour leur

grosseur.

Après cette sélection, les œufs

sont soigneusement lavés,

bouillis, séchés, et ensuite recou-

verts de cire, laquelle servira à

durcir et à protéger la couleur.

Lorsque celle-ci est bien sèche, on

y trace le premier motif décoratif,

ce qui est difficile, la forme ovale

ne se prêtant guère à cet art. L'œuf

est ensuite plongé dans un bain de couleur. L'opération est

répétée avec une autre couche de cire, un autre motif, une autre

couleur… et ainsi de suite, mais pas dans n'importe quel ordre:

le rouge en premier, puis le vert, le bleu et le noir.

Après trois ou quatre bains, la cire sera enlevée à l'aide

d'un chiffon chauffé qui sera conservé pour embaumer le

panier d'œufs que l'on porte à l'église pour la bénédiction du

dimanche de Pâques… et pour les fumigations contre les maux

de gorge ou les douleurs aux oreilles ! Puis, afin de lui donner

un certain éclat, l'œuf sera frotté avec un peu de graisse ou de

lard, remplacés souvent, maintenant, par de la laque.

Aujourd'hui, le contenu

est retiré à l'aide d'une seringue

Aujourd'hui, les œufs font l'objet d'un commerce artisanal

destiné aux touristes. Vendus encore 3 cents ( 0,2 F) l'unité à

la sortie des monastères, en mai 1990, ils se négociaient à 1,5

� (10 F), l'an passé. Pour résister plus longtemps, ils ne sont

plus bouillis et leur contenu est retiré à l'aide d'une seringue.

Par ailleurs, les motifs traditionnels sont souvent remplacés

par des motifs occidentaux, tels le visage du Christ, la

Crucifixion ou des scènes bibliques. Des œufs en bois ont éga-

lement fait leur apparition.

Selon la coutume, les oeufs sont consommés le dimanche

de Pâques. En Transylvanie, en Bucovine et dans le

Maramures (Baïa Mare), on mange d'abord un œuf blanc,

après avoir donné l'aumône dans le village. Des vertus leur

sont aussi attribués par la médecine populaire. Ils protègent

également les fermes contre les forces du mal, tout au long de

l'année, quand ils sont conservés à l'intérieur, et les moissons

de la grêle, pendant l'été, s'ils sont enfouis dans la terre près

des bornes délimitant les propriétés.

Mais les œufs les plus amoureusement décorés seront

conservés, mis en évidence sur une table du salon ou un buf-

fet, suscitant le regard admiratif et les compliments des invi-

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2237

Connaissance et découverte

En Bucovine, la décoration des œufs atteint des sommet s de virtuositéTraditions

Les NOUVELLES de ROUMANIE

224

Actualité

Alors que la Roumanie commençait tout juste l'année qui devrait lui ouvrir

les portes de l'OTAN, lors du sommet de Prague, à l'automne prochain, un

rapport mystérieux sur son armée, paru sur Internet, met en doute sa capa-

cité opérationnelle. Baptisé "Armagedon", le document, dont l'origine n'a pu être

encore percée par les services secrets du pays, affirme que "l'Armée roumaine est

incapable de riposter en cas d'attaque". Il met en cause la vétusté de l'armement, la

mauvaise qualité des équipements, la médiocrité des cadres. Aux yeux des autorités

militaires, gouvernementales et politiques, il s'agit là d'une manipulation pour torpiller

la candidature du pays, en déconsidérant son armée. Toutefois, celles-ci ont reconnu

que certains éléments étaient véridiques, sans entrer plus dans le détail, attribuant leur

responsabilité à la faible dotation budgétaire de l'Armée.

En écho aux dysfonctionnements cités, le chef de l'Etat-major général, le général

Mihaï Popescu, a indiqué "qu'il s'agissait de cas isolés, des mesures ayant été prises

pour y mettre bon ordre, et qu'en aucune façon ils ne pouvaient caractériser l'en-

semble de l'Armée".

"Une partie de la nourriture disparaît

avant d'arriver dans les assiettes"

Le rapport décrit avec détails l'univers quotidien dans lequel se retrouvent les

simples soldats et appelés qui auraient reçu, en 2001, des brodequins fabriqués en

1985, des uniformes datant de 1992 et des masques à gaz de 1975. L'hygiène et les

conditions de vie de la troupe sont mises en cause. "Mousse à raser, savon, dentifrice,

cirage, font parfois défaut pendant des mois, faute de fonds suffisants. Les soldats sont

obligés de porter des sous-vêtements fournis par l'Armée, qui ne permettent pas la res-

piration du corps. Il n'est pas rare de voir des dortoirs de cent lits dans les centres

d'instruction. Les réfectoires sont souvent insalubres. Si les cuisines sont ravitaillées

normalement, les soldats doivent se contenter fréquemment de haricots blancs et de

pommes de terre, une partie de la nourriture ayant disparu avant d'arriver dans les

assiettes".

"Armagedon" poursuit son réquisitoire : "Les infirmeries n'ont pas assez de per-

sonnel. Les problèmes de santé sont traités superficiellement. Le commandement tient

rarement compte des contre-indications médicales à certains exercices". Les gradés,

souvent formés avant 1989, le renouvellement étant faible, sont jugés comme "ayant

l'esprit borné, ne dépassant pas les limites de la caserne, avec un manque de culture

consternant, leur horizon étant l'alcool qu'ils consomment en grande quantité, même

pendant le service".

"Des appelés considérés comme des esclaves"

Le rapport indique que "Les jeunes appelés sont considérés comme des esclaves,

obligés de nettoyer la voiture des officiers et sous-officiers ou de réparer leurs télévi-

sions. L'obtention des permissions est conditionnée par des cadeaux faits au retour,

colis de nourriture, boissons, voire des prêts d'argent".

Les vexations les plus courantes s'adresseraient aux Magyars ou Tsiganes, "obli-

gés de se partager les corvées les plus rebutantes. Il arrive que des gradés hilares

contraignent les premiers à défiler en chantant des airs patriotiques hostiles à la

Hongrie et les seconds à danser en mimant l'ours ou à entonner des chansons à

boire". Dubitative sur l'objectif du rapport, la presse roumaine, notant que les auteurs

d'"Armagedon" semblent bien renseignés, estime qu'il s'agit de proches de l'Armée ou

plus simplement d'appelés, révoltés par les humiliations qu'ils subissent. Un précédent

du même genre avait concerné la Police, l'an passé. Ecoeurés par le degré de corrup-

tion de leurs supérieurs, des policiers de Constantsa avaient dénoncé leurs agissements

et leur enrichissement, sur un site Internet.

Un mystérieux rapport

accable l'Armée roumaine Vie internationale

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Pâques a suscité la naissance d'un véritable art populaire

Afghanist an : un contingent roumain sur place

Fin janvier-début février, trois volsd'un avion Hercules ont acheminé lecontingent de 50 soldats roumains etleur matériel, qui sont intégrés à laForce Internationale d'Assistance etde Sécurité (ISAF) en Afghanistan,dirigée par la Grande Bretagne.

Tony Blair en cause

Le Premier ministre britanniqueTony Blair est suspecté d'être interve-nu auprès de son homologue rou-main Adrian Nastase, en juillet der-nier, en faveur du numéro deux del'acier, LNM-Ispat, pour que celui-cireprenne le combinat sidérurgiqueSIDEX de Galati, en cours de privati-sation, rendant ainsi la politesse augroupe anglo-indien qui avait financéla campagne du Parti Travailliste auxdernières élections. LNM avait souffléle contrat au français Usinor quicomptait l'emporter, alors que LionelJospin se trouvait à Bucarest.

Visas brit anniques

La Grande-Bretagne, qui imposedes visas aux Roumains pour péné-trer sur son territoire, pourrait révisersa position après l'analyse desconséquences de l'accès de laRoumanie à l'Espace Schengen.

CHISINAU

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

2238

Connaissance et découverte

Blagues à la roumaineHumour

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Leçon interprétée

Dans un village, le pope a réuni ses

fidèles pour une veillée afin de leur expli-

quer pourquoi le racisme est un grave

péché. Vasile, n'étant pas sûr d'avoir tout

compris, veut en avoir le cœur net :

- Si mon voisin pousse un Noir dans

la rivière parce qu'il n'y a pas de place

pour deux dans le bateau, c'est du racis-

me?

- Evidemment, s'étrangle le pope.

Vasile, rassuré :

- Ah bon… moi c'était un Hongrois.

Femme unique

Dieu créa la première femme à partir

d'une côte d'Adam et dit à celui-ci :

- Choisis toi une femme.

C'était la première élection de type

stalinien.

Bon sens

Le Bon Dieu distribue qualités et

défauts à ses créatures. Arrive le tour de

Marin, paysan d'Olténie (région brocar-

dée par les autres Roumains pour son soi-

disant faible niveau intellectuel)

- Mon pauvre Marin, tu es le dernier

à passer, je n'ai pas grand chose à te pro-

poser. Tu n'as plus le choix qu'entre la

beauté et la bêtise.

- Ah, ben, vous savez, la beauté

passe…

Choix raisonnable

Ion, au lycée, est pressé de choisir

une langue.

- Hébraïque ! décide-t-il

- Mais pourquoi ? s'étonne son pro-

fesseur.

- Parce que quand j'irai au Paradis, je

pourrai dire ce que je pense au Bon Dieu

- Et si tu vas en Enfer ?

- Le roumain, je le parle déjà…

Largesse

Après la mort d'un député d'origine

hongroise, une quête est faite parmi les

parlementaires pour son enterrement.

Chargé de la collecte, un collègue de

Corneliu Vadim Tudor, se risque timide-

ment auprès de celui-ci, connaissant la

vindicte anti-magyare du leader ultra-

nationaliste.

- Vous ne voulez pas faire un geste ?

- Combien ont donné les autres ?

- Cent mille lei

- Alors, en voici deux cent mille…

Mais vous en enterrez deux.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

223

Actualité

Le trafic de visas s'est déjà reconverti en celui de document s

L'entrée en vigueur du dispositif Schengen s'est tra-

duit par quelques ratés, principalement en Italie et

en Autriche où des Roumains n'ont pas été admis à

pénétrer bien qu'ils aient été en règle, notamment des camion-

neurs, lesquels n'ont pas été exemptés de l'obligation de visas

les premiers jours, en violation des accords passés, les choses

rentrant cependant dans l'ordre rapidement. La situation a été

plus difficile à l'entrée de la Grèce, près de 500 Roumains étant

refoulés, ce qui les a amenés à manifester devant les agences

de voyage à leur retour à Bucarest et à bloquer la circulation

dans une rue de la capitale, en signe de protestation.

Policiers déguisés en touristes

Les autorités avaient été rendues suspicieuses en décou-

vrant un trafic d'entrées illégales dans ce pays pour y travailler

au noir, prenant le relais de celui des visas. Un Grec fournis-

sait tous les documents nécessaires aux voyageurs, au moment

de leur montée dans l'autocar à Bucarest, à savoir un billet

aller-retour, les assurances maladies, une somme de 500 dol-

lars qui lui était restituée ensuite, et la photocopie d'une attes-

tation montrant qu'ils avaient bien retenu un hôtel à Athènes.

Un principe un peu semblable est actuellement utilisé par

les chauffeurs de bus assurant le passage de la frontière entre

la Roumanie et la Hongrie. Ceux-ci se transforment en mini-

banques populaires pour leurs passagers, leur prêtant les 250 �

(1640 F) exigés pour rentrer en Hongrie ou 500 � (3280 �)

pour un pays de l'UE, somme qui leur est restituée après le

contrôle frontalier, moyennant une commission allant de 4 �

(26 F) pour la Hongrie à 50 � (330 F) pour l'UE. L'infraction

de prêt usurier étant difficile à prouver, la police a décidé d'in-

filtrer quelques uns de ses agents parmi ces "touristes", ce qui

lui a permis de déjouer plusieurs tentatives.

250 candidats au départ escroqués

Au poste frontalier de Valea lui Mihaï, au nord d'Oradea,

un passager s'est vendu lui-même, en déclarant que, comme

tous les autres passagers du bus, il avait remis ses 250 � au

chauffeur… lequel n'a pu présenter que des lei ou des forints

hongrois. Tout le monde a été invité à retourner chez soi.

A Timisoara, la colère grondait parmi les 250 personnes

venues de toute la Roumanie et remplies d'espoir qui atten-

daient leur départ pour Milan après avoir signé un contrat de

travail de trois ans en bonne et due forme, approuvé par le gou-

vernement dans le cadre d'un projet aidé par l'UE. Malgré les

325 � (2100 F) qu'elles avaient versés, aucun bus n'est venu les

chercher.

Environ 160 millions de dollars ont été transférés de

Roumanie au bénéfice d'organisations terroristes…

Telle est la conclusion d'un rapport adressé au

Premier ministre, Adrian Nastase, par une commission d'en-

quête mise en place après les attentats du 11 septembre aux

Etats Unis.

Le rapport conclut qu'il n'y a pas de réseau terroriste en

Roumanie, mais met en garde contre plusieurs hommes d'af-

faires d'origines arabes qui ont alimenté des terroristes. Le

principal suspect est l'Egyptien Rachid Osman, qui a transféré

des fonds de 1999 à 2001, via la MISR Roumanian Bank.

Les enquêteurs ont découvert que les fonds sont arrivés en

Egypte, à Alexandrie, sur les comptes de certains hommes

d'affaires proches de groupes islamistes extrémistes ou sus-

pectés de trafic de drogue. Selon le quotidien "Adevarul",

Rachid Osman avait même réussi l'exploit de créer en

Roumanie une société paravent en onze jours, de transférer des

sommes importantes, et de quitter le pays aussitôt. Sont égale-

ment cités un Irakien et un Libanais, qui ont disparu de la cir-

culation. La Roumanie qui s'est engagée dans la coalition anti-

terroriste a promis de combattre toutes les actions liées au ter-

rorisme sur son territoire.

Vie internationale

Transfert de dollars au bénéfice d'organisations terroristes

DEFY (Développement del'Entraide Francophone Yvelinoise)consacre l'essentiel de ses moyens àaider la section française de la biblio-thèque G. Baritiu de Brasov.. DEFYveut également épauler la créationd'une activité ciné-club, avec la pro-jection de films et documentaires enfrançais, et s'efforce de réunir 2300 à3000 � (15-20 000 F) pour l'achatd'un téléviseur grand écran. DEFYveut également acheminer de nou-veaux livres. L'association recherchedonc des "parrains" susceptibles del'aider à boucler son budget transportde livres et des cinéphiles, amateursde vidéo-cassettes, prêts à donnercelles qui ne les intéressent plus, s'ils'agit de films français.

Contact : Arlette Renaud-Boué[email protected] .

Chauffeurs de bus transformés

en banquiers pour passer les frontièreslADJUD

Ne jetez pas vos vidéo-cassettes de films français !

Epreuve de véritéCouvert de flatteries par ses collaborateurs qui lui affirment à longueur de journée

que les Roumains l'adorent, Ceausescu a décidé d'en avoir le cœur net. Il se grime et,

devenu méconnaissable, se rend dans un bistrot où il demande à un client ce qu'il

pense du "conducator".

Le visage de ce dernier se ferme. Il rentre la tête dans les épaules, regarde apeuré

autour de lui puis répond d'une voix inaudible :

- Suivez moi discrètement dans les toilettes.

Une fois dans les lieux, après avoir fermé la porte à double tour et s'être assuré

qu'ils sont seuls, il lui chuchote à l'oreille :

- Vous savez, faut pas croire ce que pensent les autres, moi je vous aime bien.

Le sens de la réplique

De policiers reviennent d'une inspection dans une coopérative agricole où on leur

a fait "cadeau" d'un cochon. Ils s'arrêtent pour prendre un pope qui fait du stop pour

aller à la ville, mais aussi pour s'en moquer, comme cela était courant au temps du

communisme, de la part des représentants du pouvoir.

Dans la voiture, le prêtre demande :

- Qu'est ce que vous allez faire du cochon ?

- On l'emmène passer un examen de théologie.

- S'il ne réussit pas… Vous le gardez dans la police ?

La situation économique s'étant

dégradée, à la suite de l'aggra-

vation de la situation au

Moyen-Orient, le gouvernement israélien

a décidé de renvoyer chez eux les 250

000 ouvriers étrangers que compte le

pays, dont 150 000 travailleurs au noir.

Parmi eux 60 000 Roumains, dont 20 000

sont clandestins et sont en cours d'expul-

sion. Les 40 000 autres, qui ont un contrat

d'une durée maximale de deux ans, seront

obligés de quitter Israël à son terme. Dix

mille départs par mois sont prévus. Outre

les Roumains, la plupart des ouvriers sont

des Thaïlandais ou des Chinois qui tra-

vaillent essentiellement dans le bâtiment.

Leurs patrons redoutent une crise de la

main d'œuvre dans le secteur.

C'est le gouvernement de Yitzhak

Rabin et Shimon Pérès qui avait fait venir

ces travailleurs à partir de 1996 pour rem-

placer les Palestiniens, bloqués dans la

bande de Gaza ou dans les territoires

occupés.

Contrairement aux promesses qui

leur avaient été faites, ces ouvriers étaient

moins bien payés que leurs prédécesseurs

et travaillaient dans des conditions plus

difficiles, notamment sur le plan de la

sécurité dans les chantiers, ne pouvant se

plaindre s'ils étaient en situation illégale,

risquant l'expulsion et la perte des

salaires dus.

Soixante mille Roumains obligés de quitter Israël

La Maison de l'Europe à Paris pro-pose une exposition d'une cinquan-taine de photos sous le thème :"Hommage à la Roumanie : filled'Europe" , du 19 mars au 9 avrilprochain. Ami de ce pays, Jean-YvesDelaune y présente de superbes cli-chés le déclinant sous trois angles :"un vieux pays d'Europe" à la natureintacte et à la ruralité vivante, "lesgens d'Europe", un peuple attachantau génie créateur, "la fille prodigued'Europe", après une aussi longueabsence, le retour.

"Hommage à la Roumanie : fille

d'Europe", du 13 mars au 9 avril,

Maison de l'Europe, 37 rue des Francs

Bourgeois, Paris IVème.

"Hommage à laRoumanie, Filled'Europe" en photos

Page 39:  · 40 Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du pays où l'on se trouve, résumant également dans votre langue les principaux évènements internationaux et de

2

Actualité

Pas de rush vers les frontières… mais sur les p asseport s

Les Roumains ont fêté leur droit à circuler librement

dans l'Esp ace Schengen

Vie internationale

Les NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

l

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lPITESTI

l

Les autorités roumaines s'atten-daient à un flot de départs avec lalevée de l'obligation de visasSchengen. Leur décision d'instaurerun minimum de 100 � (650 F) parjour et par personne pour pouvoir quit-ter le pays visait même à découragerun mouvement d' immigration massi-ve. Mais les Roumains n'ont pas étéplus nombreux à quitter le pays quel'année précédente, le flux de sortiesétant même inférieur de 10 % à lanormale les premiers jours de janvier.

Il faudra attendre 90 jours - ladurée légale d'autorisation de séjour àl'étranger - pour connaître le nombrede personnes qui ont profité de cettefacilité pour émigrer. Les autorités ontprévenu qu'elles encourraient dessanctions sévères, allant jusqu'à l'an-nulation de leurs passeports.

En fait, le rush s'est produit là oùon ne l'attendait pas. Les Roumainsse sont précipités pour obtenir lesnouveaux passeports, établis auxnormes de l'UE, bien que l'ancien soittoujours valable. Des queues de 200personnes se sont formées dans lesservices concernés. Ces documents,d'un coût de 30 � (200 F), valablescinq ans et renouvelables, n'ayant pasété fabriqués à temps, plusieursjudets (départements) s'en sont vitetrouvés démunis. Ce fût notamment lecas à Cluj, Focsani, Piatra Neamt,Vaslui, des incidents éclatant. Lesautorités ont assuré que la situationdevrait revenir à la normale dans lestrois mois et ont réservé la priorité auxcas d'urgence : camionneurs, per-sonnes travaillant à l'étranger, où dontun proche y est décédé.

DEVA

CLUJ

Les NOUVELLES de ROUMANIE

39

Infos pratiques

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*Au 20 février 2002

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,

pour un an / 6 numéros, port compris

Normal: 100 � TTC / an

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8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France

Les NOUVELLES

de ROUMANIENuméro 10, mars - avril 2002

Adresses utiles

Consulats de Roumanie en France :

Paris : 3, rue de l'Exposition, 75007 Tel:01.47.05.10.46 (de 10h à 12h et 16h à 17h)

Strasbourg : 19, rue du Conseil des Quinze. (Tel 03.88.61.98.96 )

Marseille 157 Bd Michelet ,13009 . (Tel : 04 91 22 17 41)

Office du tourisme de Roumanie: 12, rue des Pyramides, 75002 Paris. Tel :

01.40.20.99.33. Minitel : 36.15 ROUMANIE

Consulat de Roumanie en Belgique : 105, rue Gabrielle, 1180 Bruxelles

Tel:(02).345.26.80

Office du tourisme : 17, Galerie de la Toison d'Or, 1050 Bruxelles Tel / Fax :

02.502.46.42

Consulat de Roumanie en Suisse :79, Kirchenfeldstrasse, Berne Tel : 0 31 352 35 21

ou 22

Office du tourisme :10, Schweizergasse, 8001 Zurich Tel : 01 211 17 30

Consulat s en Roumanie

Consulat de France: 13-15, strada Biserica Amzei, Bucarest. (ouvert le matin). Tel :

(00 40) 1 312 02 17 à 21

Brasov : 148, strada Lunga. (ouvert de 16 h à18 h, du mardi au jeudi, ne délivre pas

de visa). Tel/fax (00 40) 68 47 67 67

Chambre de commerce International française: 142-146, Calea Victoriei, sector 1,

Bucarest. Tel/fax : (00 40) 1 310 33 51

Consulat de Belgique: 32, boulevard Dacia, Bucarest (ouvert le matin). Tel : (00 40)

1 212 3680

Consulat de Suisse:12, strada Pitar Mos, Bucarest (Ouvert de 9h à 17 h)

Tel : (00 40) 1 210 0324

Consulat du Canada : 36, strada Nicolae Iorga Bucarest Tel : (00 40) 1 222-98-45.

(Ouvert de 9 h à 17 h)

Office du tourisme de Roumanie à Bucarest : 7, Boulevard Magheru, Bucarest

(ouvert de 8h à 20h). Tel : (00 40) 1 312 25 98.

Alors qu'au soir du 31 décembre, les Européens fêtaient l'entrée dans l'eu-

ro, les Roumains, eux, célébraient une date tout autant symbolique : la

suppression des visas leur permettant de circuler désormais librement

dans l'Espace Schengen. Un immense feu d'artifice a marqué l'événement dans la capi-

tale, alors que les chaînes de télévision privées PRO TV et PRIMA TV rivalisaient

d'initiatives, conviant des dizaines de milliers de Bucarestois à se rendre Piatia

Revolutiei et dans le parc Izvor pour assister à des concerts publics en plein air, bap-

tisés "Vive la Libération", avec la participation des meilleurs groupes du pays,

"Holograph", "Asia", "Iris", "Voltaj", "Fan Factory"… et, c'était de circonstance,

"Vama Veche" ("Vieille Douane").

Une trentaine de consuls mobilisés dans les aéroports de l'UE

Les politiciens n'étaient pas en reste. Bête noire du gouvernement, le maire de

Bucarest et président du Parti Démocrate, Traïan Basescu, avait organisé un immense

réveillon, au cours duquel, après avoir démoli un mur symbolique séparant la

Roumanie du reste du continent depuis plus de cinquante ans, il faisait tirer au sort

trois couples de danseurs pour qu'ils s'envolent immédiatement vers Vienne et soient

les premiers Roumains à pénétrer librement dans l'UE.

Manque de chance… celui que le pouvoir considère comme son rival le plus dan-

gereux pour les présidentielles de 2004, se faisait doubler sur le fil par le Ministre du

tourisme. A minuit tapante, Dan Mateï Agathon débarquait à l'aéroport de Berlin à la

tête d'une délégation d'une vingtaine de jeunes lauréats des Olympiades (équivalent du

concours général), pour un périple d'une semaine dans les pays Schengen.

Encore plus pressée, une jeune Roumaine n'avait pas voulu attendre le 1er janvier

pour sortir du pays et avait tenté de traverser la frontière la veille, cachée dans le coffre

de la voiture de son fiancé italien. Découverte, elle a été refoulée par les douaniers.

Les autorités roumaines avaient pris leurs précautions pour que leurs ressortis-

sants ne se heurtent pas à l'ignorance des nouvelles dispositions par les polices des

frontières des pays Schengen. Une trentaine de consuls avaient été mobilisés pour leur

apporter assistance et étaient présents dans les grands aéroports internationaux ou aux

points d'entrée dans l'UE les plus importants.

Par ailleurs, ne voulant pas prêter le flanc à la critique, les autorités frontalières se

sont montrées intraitables vis à vis des voyageurs n'étant pas en règle, les refoulant,

comme cela a été le cas d'un autocar avec 43 personnes à bord, dont 9 enfants, la licen-

ce du transporteur n'étant pas valide. Soupçonnés de vouloir passer à l'Ouest, des

Ukrainiens, Moldaves, etc.., au total près de 500 personnes, se sont vus refuser l'en-

trée en Roumanie ou notifier l'interdiction de quitter le territoire roumain.

"N'oubliez pas de dire s'il vous plait"

Dans les jours précédents le 1er janvier, le gouvernement avait multiplié les mises

en garde afin que "les Roumains donnent une bonne image de leur pays". Un docu-

ment, édité par le ministère de l'intérieur, intitulé "Guide de voyage dans l'Espace

Schengen", donnait les conseils les plus divers - estimés déplacés par ceux qui le

recevaient - du genre : "N'oubliez pas de dire s'il vous plait", "Ne jetez pas de mégots

dans les endroit publics" ou "Ne consommez pas de drogue".

Par ailleurs, le ministre rappelait que " tout Roumain se rendant à l'étranger devait

connaître l'adresse et le téléphone de son ambassade, les règles aéroportuaires et doua-

nières, les horaires des moyens de transport, les signes de l'autorité, la façon d'utiliser

les services publics, les coutumes, le modèle culturel, les expressions usuelles et le

langage des gestes des pays qu'ils visitaient.

"Vive la Libération"

Lettre d'information bimestrielle sur

abonnement éditée par ADICA

(Association pour le Développement

International, la Culture et l’Amitié)

association loi 1901

Siège social, rédaction :

8 Chemin de la Sécherie

44 300 Nantes, France

Tel. : 02 40 49 79 94

Fax: 02 40 49 79 49

E-Mail : [email protected]

Directeur de la publication

Henri Gillet

Rédactrice en chef

Dolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :

Ruxandra Radoslavescu, Camelia

Cusnir, Nichita Sîrbu, Ionel

Funeriu, Alain Defline, Bernard

Camboulives,Philippe Gillet,

Francky Blandeau

Autres sources : agences de presse

et presse roumaines, françaises et

francophones, télévisions rou-

maines, sites internet, fonds de

documentation ADICA

Impression : Helio Nantes

12 rue Félix Faure, BP 41 814

44 018, Nantes Cédex 1

Numéro de Commission paritaire:

1102 G 80172

ISSN 1624-4699

Prochain numéro : Mai

VASLUI

PIATRANAEAMT

FOCSANI

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Lire un quotidien en français consacré à l'actualité du

pays où l'on se trouve, résumant également dans votre

langue les principaux évènements internationaux et

de chez soi, est un privilège rare. Surtout si ce pays n'est pas

francophone, même s'il est francophile. Le retrouver dans son

hôtel, à bord de l'avion ou dans les principales librairies des

grandes villes, n'est pas seulement d'un grand réconfort quand on

se sent un peu déphasé, c'est aussi une aide précieuse.

"Bucarest Matin" fait partie de cette poignée de journaux, extrêmement réduite, qui

chaque jour maintient la présence de la langue et de l'influence française à travers le monde.

Une gageure que l'on ne retrouve nulle part sur le continent européen et dans aucun autre ex pays de l'Est. Même pas en Pologne,

autre pays traditionnellement ami de la France et disposant de moyens et d'aides supérieurs. Depuis la Suisse, il faut aller jusqu'au

Moyen-Orient, au Caire et à Beyrouth, pour retrouver cette forme "d'exception culturelle".

Le pari d'un quotidien en français en Roumanie remonte à 1995. Radu Bogdan, son propriétaire, misait alors sur l'ouverture de

son pays à l'économie de marché et la place de choix que la France ne manquerait pas d'y occuper, au vu de l’influence qu’elle y

exerce depui bientôt deux siècles.. Il recevait son aide, essentiellement technique, pour le démarrage, fourniture d'ordinateurs, mise

à disposition d'un coopérant afin de veiller au niveau du français.

Au fil des ans, l'intérêt de Paris a faibli. "Bucarest Matin" s'est retrouvé seul

à défendre la présence française dans la sphère médiatique roumaine. Alors que

l'autre quotidien du groupe, "NINE O' CLOCK", destiné aux anglophones, pros-

pérait, augmentait le nombre de ses pages et de ses chroniques, bénéficiant du sou-

tien des annonceurs anglais et américains, "Bucarest-Matin" s'étiolait, pratique-

ment sevré de publicité, bien que la France soit le premier investisseur dans le

pays et que ses plus grosses entreprises y soient présentes, Renault, Carrefour,

Michelin, Lafarge, Alcatel, Accord, la Société générale, France Télécom…

Journaux anglais et italien risquent de rester seuls sur la place

Tirant toujours à 5000-6000 exemplaires, le journal survit aujourd'hui sans moyens, grâce à la synergie (impression, distribu-

tion, abonnement) développée par "NINE O' CLOCK" et "SETTE GIORNI", le nouvel hebdomadaire en italien du groupe, qui

déjà s'autofinance avec la publicité apportée par les investisseurs transalpins.

La rédaction est réduite à deux jeunes femmes, épaulées par quelques étu-

diants, soit un effectif quatre à cinq fois inférieur à celui de son confrère anglais.

Ruxandra et Camelia se battent depuis l'origine pour que la présence française au

quotidien soit assurée sur la place de Bucarest et dans le reste du pays.

L'abattement n'est pas loin parfois quand elles constatent que leurs efforts non

seulement ne sont pas reconnus, mais souvent même ignorés. Comment ne pas se

sentir découragées quand on consacre chaque semaine des colonnes à l'activité

culturelle francophone de la capitale, réservant une place de choix au prestigieux

Institut français… et que celui-ci n'a pas deux francs (0,3 �) par jour à donner

pour abonner sa bibliothèque ? "Ces maudits Français" diraient les Québécois,

devant tant d'ingratitude et de désintérêt … mais à Bucarest, on est plus polis.

Oh, certes le journal aurait besoin de conforter son niveau d'écriture. Mais

comment faire quand on est si peu et écrasés par la tâche… avec un seul dic-

tionnaire de français à disposition.

“Bucarest-Matin” se meurt… comme le français en Roumanie. A petit feu. Mais il faudrait très peu de choses pour le sauver.

Un peu de publicité pour permettre à son directeur d'étoffer la rédaction, l'envoi d'un jeune coopérant-journaliste chargé du bon

usage du français, et l'aide régulière de quelques professionnels amis de la Roumanie. A ce faible prix, la francophonie aurait tou-

jours son irremplaçable vitrine dans un pays où elle compte tant, et la défense de son influence ne se limiterait pas à des mots…

qu'on n'imprimera peut-être même bientôt plus à Bucarest.

Seul quotidien en français du Caire à Zurich

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Numéro 10 - Mars - Avril 2002

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

La corruption est le phénomène qui menace le plus l'avenir de la Roumanie.

Alors que la communauté internationale salue les efforts qu'elle fournit en

vue de son redressement et leurs premiers résultats, tout semble pouvoir

être remis en question par ce fléau qui ne finit pas de s'étendre et menace de ravaler le

pays au rang de ses malheureux voisins orientaux, où la loi de la mafia tient lieu de

cadre démocratique. Le danger est si grand que l'ambassadeur américain à Bucarest

s'est permis d'intervenir publiquement pour rappeler l'enjeu devant une assemblée de

juges… corps considéré comme le plus corrompu du pays. Sans crédibilité dans ce

domaine, la Roumanie ne peut espérer rejoindre l'OTAN qui entend ne pas se laisser

gangrener par ce genre de pratique. Il en va de même pour l'adhésion à l'UE.

Or l'admission dans le monde occidental constitue non seulement le credo de la

politique étrangère roumaine, elle conditionne la réforme même de sa société, laquel-

le nécessitera beaucoup de sacrifices et donc leur juste répartition, pour parvenir un

jour à un niveau équivalent à celui du reste du continent.

Chaque jour apporte son lot de nouveaux scandales où sont compromis des per-

sonnalités de premier plan, mais aussi des administrations et institutions entières, lais-

sant à penser à la population que tout l'édifice est vermoulu. Le discrédit de l'Etat est

grand, le citoyen n'a plus confiance en ses dirigeants, sa police, son système de santé,

d'éducation… Si on n'était pas en Roumanie, où le fatalisme constitue souvent une

forme de réponse politique, la porte serait ouverte à toute forme d'aventure ou de déri-

ve, tant l'écœurement est général.

Mais la corruption atteint aussi le pays dans son niveau de vie. On estime que les

pots de vin grèvent de 10 % les prix des produits fabriqués, le rendant moins compé-

titif et décourageant certains investisseurs étrangers alors que le marché est promet-

teur.Il est donc apparu urgent au gouvernement de réagir et 2002 a été décrété "année

de lutte contre la corruption". Mais quel peut-être le crédit d'une telle campagne

quand ceux qui la lancent sont eux-mêmes englués dans des "affaires" ?

L'ambassadeur américain n'a pas caché son scepticisme, rejoint dans son senti-

ment par la population qui, à 85 %, confie n'espérer aucune amélioration dans ce

domaine… Plus de la moitié des Roumains interrogés pensent même que la situation

sera pire après ! Autant dire que le pouvoir est au pied du mur. Ce ne sont plus des

paroles qui sont attendues… mais des actes.

Henri Gillet

Corruption :

passer des mots aux actes

Bucarest Matin se meurt

dans l'indifférence

de ses amis

2 à 5

6 à 9

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Depuis près de sept ans, chaque jour de la semaine,Camelia et Ruxandra assurent la sortie d’un journal destiné aux francophones et écrit dans leur langue.