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Mise en valeur du patrimoine: un exemple breton Toute personne dotée d'un minimum de culture, voire de simples sentiments humains, est horrifiée des destructions de patrimoine et des pillages auxquels - entre deux massacres d'êtres humains, crimes évidemment bien pires encore - se livrent les séides de l'Etat islamique. Dans ce triste contexte d'actualité, nous avons choisi de mettre en valeur une initiative bretonne, qui sert la noble cause du patrimoine, en l'occurrence religieux, de cette belle région française. L a SPREV (Sauvegarde du patrimoine religieux en vie) est une association qui met en valeur le patrimoine religieux de Bretagne à travers ses édifices, son mobilier, ses objets cultuels. Tous les étés, elle favorise la vie culturelle des édifices en formant des guides bénévoles. Ces derniers sont présents à pied d’œuvre, pour accueillir les visiteurs et leur of- frir une découverte des lieux. Le but de la SPREV est de mettre en valeur la richesse du patri- moine religieux, non à la manière d’un musée, mais comme char- gé de la vie d’une communauté chrétienne. Ainsi, si la présen- tation peut être culturelle, elle comprend aussi l’explication de la fonction liturgique, du sens sacré. Afin de vous faire décou- vrir plus en détails cette associa- tion, nous reproduisons ici l’ar- ticle diffusé par le site Narthex (Conférence des évêques de France - www.narthex.fr), qui a interviewé l’actuel président de la SPREV, Antoine Fortin. - En quelle année est née votre association? - La SPREV a été créée en 1984. L’an dernier, nous en avons commémoré les 30 ans. - Qui a fondé cette association et quelle était l’idée de départ? - Elle a été fondée par le Père Maurice Dilasser, alors curé de Locronan, dans le Finistère. Un objectif était de fédérer les associations de chapelles dont beaucoup avait été créées à la fin des années 1970. Ensuite, la SPREV devait organiser des accueils et des visites guidées d’édifices religieux bretons. Enfin, elle pouvait aussi propo- ser des manifestations cultu- relles. La première activité a très vite été abandonnée. Les deux autres se sont dévelop- pées par la mise en place de guides dans les églises et l’or- ganisation de Soirées du Patri- moine. - Que symbolise votre emblème, une clef? - Ce logo est inspiré de la clef de Saint-Philibert, conservée au Musée Dobré de Nantes. Elle est la clef qui ouvre la porte de l’église et permet d’y entrer. Elle est également la clef qui permet de donner le sens de ce qui se trouve dans cette église: fonc- tions liturgiques, symboles, ico- nographie… - Tous les départements de la Bretagne participent-ils à ce projet? - La SPREV est présente dans toute le Bretagne historique, c’est-à-dire de Guérande en Loire-Atlantique à Dol en Ille-et- Vilaine. Elle est majoritairement présente dans le Finistère, dans lequel elle est née. - Comment choisissez-vous les églises qui participent au projet? - Actuellement, la SPREV ré- pond surtout à des demandes locales. Elles émanent d’une paroisse, d’une commune ou d’une association. Ensuite, nous instruisons cette demande au regard de l’intérêt historique, artistique et spirituel de l’édifice. - Tous les guides sont-ils béné- voles? Y a-t-il un âge limite? - Un des fondements de la SPREV est la gratuité. C’est ainsi que les visites ne sont pas payantes. C’est aussi pour cela que les guides sont tous béné- voles. Cette gratuité est un atout pour permettre un véritable échange entre le guide et ses visiteurs. Il n’y a pas de limites d’âge même si, de fait, la qua- si-totalité des guides sont des jeunes étudiants. - Comment recrutez-vous les guides bénévoles? Faut-il être un guide expert ou peut-on être PATRIMOINE 4 Eglise de Plougonven. www.plr.ch Liberté, cohésion et innovation - par amour de la Suisse. Protégez vos libertés, affirmez vos responsabilités : votez PLR.

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Page 1: 4 PATRIMOINE Mise en valeur du patrimoine: un exemple breton · frir une découverte des lieux. Le but de la SPREV est de mettre en valeur la richesse du patri-moine religieux, non

Mise en valeur du patrimoine: un exemple bretonToute personne dotée d'un minimum de culture, voire de simples sentiments humains, est horrifiée des destructions de patrimoine et des pillages auxquels - entre deux massacres d'êtres humains, crimes évidemment bien pires encore - se livrent les séides de l'Etat islamique. Dans ce triste contexte d'actualité, nous avons choisi de mettre en valeur une initiative bretonne, qui sert la noble cause du patrimoine, en l'occurrence religieux, de cette belle région française.

La SPREV (Sauvegarde du patrimoine religieux en vie) est une association

qui met en valeur le patrimoine religieux de Bretagne à travers ses édifices, son mobilier, ses objets cultuels. Tous les étés, elle favorise la vie culturelle des édifices en formant des guides bénévoles. Ces derniers sont présents à pied d’œuvre, pour accueillir les visiteurs et leur of-frir une découverte des lieux. Le but de la SPREV est de mettre en valeur la richesse du patri-moine religieux, non à la manière d’un musée, mais comme char-gé de la vie d’une communauté chrétienne. Ainsi, si la présen-tation peut être culturelle, elle comprend aussi l’explication de la fonction liturgique, du sens

sacré. Afin de vous faire décou-vrir plus en détails cette associa-tion, nous reproduisons ici l’ar-ticle diffusé par le site Narthex (Conférence des évêques de France - www.narthex.fr), qui a interviewé l’actuel président de la SPREV, Antoine Fortin.

- En quelle année est née votre association?- La SPREV a été créée en 1984. L’an dernier, nous en avons commémoré les 30 ans.

- Qui a fondé cette association et quelle était l’idée de départ?- Elle a été fondée par le Père Maurice Dilasser, alors curé de Locronan, dans le Finistère. Un objectif était de fédérer les associations de chapelles dont

beaucoup avait été créées à la fin des années 1970. Ensuite, la SPREV devait organiser des accueils et des visites guidées d’édifices religieux bretons. Enfin, elle pouvait aussi propo-ser des manifestations cultu-relles. La première activité a très vite été abandonnée. Les deux autres se sont dévelop-pées par la mise en place de guides dans les églises et l’or-ganisation de Soirées du Patri-moine.

- Que symbolise votre emblème, une clef?- Ce logo est inspiré de la clef de Saint-Philibert, conservée au Musée Dobré de Nantes. Elle est la clef qui ouvre la porte de l’église et permet d’y entrer. Elle est également la clef qui permet de donner le sens de ce qui se trouve dans cette église: fonc-tions liturgiques, symboles, ico-nographie…

- Tous les départements de la Bretagne participent-ils à ce projet?- La SPREV est présente dans toute le Bretagne historique, c’est-à-dire de Guérande en

Loire-Atlantique à Dol en Ille-et-Vilaine. Elle est majoritairement présente dans le Finistère, dans lequel elle est née.

- Comment choisissez-vous les églises qui participent au projet? - Actuellement, la SPREV ré-pond surtout à des demandes locales. Elles émanent d’une paroisse, d’une commune ou d’une association. Ensuite, nous instruisons cette demande au regard de l’intérêt historique, artistique et spirituel de l’édifice.

- Tous les guides sont-ils béné-voles? Y a-t-il un âge limite?- Un des fondements de la SPREV est la gratuité. C’est ainsi que les visites ne sont pas payantes. C’est aussi pour cela que les guides sont tous béné-voles. Cette gratuité est un atout pour permettre un véritable échange entre le guide et ses visiteurs. Il n’y a pas de limites d’âge même si, de fait, la qua-si-totalité des guides sont des jeunes étudiants.

- Comment recrutez-vous les guides bénévoles? Faut-il être un guide expert ou peut-on être

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• Eglise de Plougonven.

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www.plr.ch Liberté, cohésion et innovation - par amour de la Suisse.

Protégez vos libertés, affirmez vos responsabilités : votez PLR.

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simplement passionné pour par-ticiper? Doit-on également être chrétien?- Il y a de nombreux canaux pour trouver des guides bénévoles. Nous faisons une recherche dans plusieurs Universités à travers la France; elle est assurée par des guides anciens, étudiants, voire enseignants. Nous nous tournons aussi vers des paroisses ou des aumôneries d’étudiants. Ensuite, nous utilisons les divers réseaux sociaux, y compris le bouche-à-oreille et notre site Internet. Nous ne nous limitons à aucune filière. C’est ainsi que nous avons accueilli des étudiants en droit, en sciences, en mathématique et même en médecine. Cela étant, la majorité suit des filières en his-toire ou en histoire de l’art, en tourisme ou encore en langues. Il arrive aussi que le temps de présence comme guide SPREV puisse être validé comme stage auprès de certains organismes de formation.L’activité n’est pas réservée aux seuls chrétiens baptisés. La seule exigence est d’être bienveillant vis-à-vis de l’Eglise comme institution qui accueille les guides au sein d’une pa-roisse. Je dois dire aussi qu’être guide dans une église est aussi une expérience spirituelle pour les guides, puisqu’ils deviennent porte-parole d’une communauté chrétienne qui a traduit sa Foi dans la pierre, le bois, le verre…

- Combien de guides comptez-vous en moyenne sur l’ensemble de la Bretagne ?

Les guides sont entre 80 et 90, selon les années.

- Organisez-vous des sessions de formation pour préparer l’événement?- Les guides sont formés en deux temps. Tout d’abord, tous les candidats participent à un stage de 3 jours, pendant les vacances de Pâques. C’est l’occasion d’acquérir quelques connaissances générales, de s’entraîner au guidage et de connaître le fonctionnement de l’association. Puis, dans le lieu d’affectation, une formation spécifique est organisée pour prendre connaissance du ou des édifices. Je précise aussi que les guides disposent de trois fasci-cules de documentations géné-raliste: architecture et mobilier, symbolique, culture religieuse. Ensuite, chaque centre dispose d’une documentation propre, à disposition des guides.

- Comment répartissez-vous les guides sur les différents sites? Sont-ils seuls ou plusieurs? - Pendant le stage de Pâques, les guides peuvent faire des vœux quant au centre d’affectation. Le placement se fait en fonc-tion de ces vœux, mais aussi de contraintes telles que la néces-sité de disposer d’une voiture, le choix d’associer ancien et nou-veau, de faire des équipes fémi-nines ou masculines… La plupart du temps, les guides sont deux. Ils peuvent aussi être seuls, ou exceptionnellement trois. Dans chaque centre, un responsable

assure la coordination entre la paroisse, la commune, la SPREV et les guides. Cette personne a aussi le souci de l’accueil des guides par la remise du loge-ment, de la documentation, l’or-ganisation de la formation. Par sa connaissance de la paroisse ou de la commune, ce respon-sable de centre est un maillon

essentiel à notre fonctionne-ment.

- Pour les visiteurs qui seraient intéressés par des visites, sont-elles gratuites ou payantes? Comment reconnaître un guide SPREV sur le site?- Une fois encore, le principe est la gratuité. Les visites sont

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• PAT R I M O I N E

TOUT L’IMMOBILIER • NO 779 • 7 SEPTEMBRE 2015

donc bien offertes aux visiteurs, les diverses charges étant assu-rées grâce à des subventions des collectivités locales ou du mécé-nat. Ceci étant, il est également autorisé de soutenir les guides, par un petit pourboire, même si ils n’ont pas le droit de le solli-citer. Le guide se reconnaît au badge qu’il porte. En outre, un panneau signale sa présence.

- Ce projet, au-delà de la mise en valeur d’un patrimoine artis-tique exceptionnel, est égale-ment une volonté de témoigner de la foi chrétienne. Peut-on dire que c’est en ça que les visites proposées par la SPREV sont uniques?- La SPREV est membre d’une fédération européenne dont le nom est «Ars et Fides», avec siège à Bruges, en Belgique. Celle-ci regroupe une quaran-taine d’associations, qui ont un fonctionnement similaire de mise en valeur du patrimoine re-

ligieux et de gratuité de la visite. Elles concernent un seul site ou plusieurs. - Au-delà des visites guidées, des Soirées du Patrimoine sont également organisées. En quoi consistent-elles?- Une Soirée du Patrimoine est l’occasion de découvrir un édifice le temps d’une soirée. Les moda-lités sont très diverses. Cela pour-ra être la visite d’une cathédrale en privilégiant un seul aspect comme les vitraux, le mobilier ou encore l’héraldique. Il peut aussi s’agit d’ouvrir exceptionnellement une chapelle pour la faire visi-ter ou proposer une conférence sur une thématique comme l’art baroque, le culte des saints… Il existe aussi des soirées du patri-moine sur le thème des contes et légendes. Enfin, ces soirées peuvent aussi permettre des élé-ments peu connus ou habituelle-ment inaccessibles comme l’orfè-vrerie ou la paramentique.

- Les visites guidées de la SPREV connaissent-elles du succès auprès des visiteurs? - L’obligation de rendre des comptes à nos financeurs nous force à comptabiliser nos visi-teurs. Je peux donc dire que nous accueillons chaque été entre 45 000 et 60 000 per-sonnes, qui suivent effective-ment nos visites. Les retours sont très bons. Des personnes accueillies nous écrivent pour nous faire connaître leur satis-faction. Par ailleurs, les guides eux-mêmes peuvent témoi-gner de la richesse de certains échanges. Pendant les vacances, souvent loin de chez soi, les tou-ristes peuvent prendre du temps pour réfléchir sur ce qui fonde leur vie. Ainsi, la présentation d’un calvaire montrant la Pas-sion et Résurrection ou encore celle d’une pièta, peut favoriser cet échange sur des choses es-

sentielles. J’ai pour habitude de qualifier ces échanges, de «pas-torale de quelques minutes». Dans ce temps, l’échange est vrai car il est gratuit, sans valeur financière, mais aussi sans que le visiteur craigne d’être «hap-pé» par une paroisse.

- Avez-vous d’autres projets en cours pour faire évoluer l’asso-ciation?- Pour les 30 ans de la SPREV, nous avons organisé un colloque sur le patrimoine religieux bre-ton. Notre principal projet est donc désormais d’en publier les actes. Ensuite, nous res-tons attentif aux enjeux liés à ce patrimoine: sa restauration physique avec la question finan-cière, la relation entre le cultuel et le culturel, le lien avec les re-cherches universitaires… n

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