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Photo © Collection privée Bruno Decrock p. 18-19 1900 2012 À nos Olympiques Le Pas-de-Calais & les J.O. www.echo62.com N°3 - Janvier 2012 1924 1952 2004 ISSN 1254-5171 Jules Noël, le discobole

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  • Photo © Collection privée Bruno Decrock

    p. 18-19

    1900 2012

    À nosOlympiquesLe Pas-de-Calais & les J.O.

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    mN°3 - Janvier 2012

    1924

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    2004

    ISSN 1254-5171

    Jules Noël, le discobole

  • 2 À nos Olympiques • 1900-2012L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier 2012

    Né en 1886 rue des Capucins à Arras,Lucien Gaudin est le fils d’un militairede carrière, un jeune loup au caractèrebien trempé qui découvre l’escrime àl’âge de 12 ans, à Angers, un des nom-breux points de chute du paternel.L’escrime oui, mais entre autres sports.Lucien est un touche-à-tout. Il va allè-grement de la raquette de tennis à la sellede cheval en passant par quelques mou-vements de brasse. L’escrime n’est passon fer de lance, jusqu’à ce que l’orgueildu jeune Gaudin soit piqué au vif.Lycéen, Neuilléen depuis peu, il s’inclinedans un assaut aux airs de défi face àl’un de ses « camarades » de classe unpeu trop présomptueux à son goût.Lucien veut sa revanche, il l’aura, peude temps après, en finale du cham-pionnat scolaire. Il pousse les portes dela salle d’armes de son lycée, rencontreson premier mentor, le maître Carrichonqui flaire là un diamant brut qui nedemande qu’à être taillé. Nous sommesen 1903 et déjà aux yeux de tous, il estévident que le jeune gaucher deviendragrand.

    Les prémicesd’une malédictionL’escrime, sport de combat, à la foisfluide, rapide et violent. Un sport degentleman sans pitié sur la piste, maiscourtois en dehors, en apparence dumoins. Un sport dont la langue officielleest le français… son plus bel ambassa-deur le sera lui aussi ! Lucien Gaudincollectionne les titres nationaux aufleuret, avec sept victoires aux cham-pionnats de France entre 1904 et 1913. Ildevient champion du monde en 1905 etaussi bizarre que cela puisse paraître, lechampion n’est pas retenu pour les Jeuxolympiques de Londres en 1908. Aujeune prodige, la Fédération françaised’escrime préfère des tireurs plus expé-rimentés, des têtes d’affiche incontesta-bles et incontestées, des noms commeAllibert, Lippmann, Dillon-Kavanaghou encore Gravier de la Falaise.Première cartouche gâchée puis uneseconde, une olympiade plus tard alorsque d’aucuns considèrent qu’il est ausommet de son art. Non, la vivacité, laclasse, l’anticipation et le coup d’œil

    infaillible de Gaudin ne seront pas àStockholm en 1912, la faute à un règle-ment jugé inacceptable par la fédérationtricolore. Ironie du sort, l’Histoireamène Lucien Gaudin à prendre lechemin de sa région natale pour un toutautre combat… la première guerre mon-diale éclate, le capitaine de l’équipe deFrance est mobilisé : les Jeux de 1916n’auront pas lieu.

    Désillusionset consécrationSorti de cet épisode tragique, le désor-mais maréchal des logis-chef se remet enquête du graal olympique avec un toutautre grade, celui de « hors-classe » quile dispense de toute épreuve qualifica-tive. Gaudin est au-dessus du lot. LesJeux d’Anvers en 1920 sont annoncéscomme les siens et ceux d’une équipe deFrance archifavorite. Mais le sorts’acharne sur Gaudin qui se blesse aupied juste avant la finale du fleuret paréquipe. Valeureux combattant, il tentede masquer la douleur et se lance à l’as-saut de l’Italie, l’autre grande nation del’escrime mondiale. Sur sa route, uneautre star de l’escrime, le jeune et fou-gueux Aldo Nadi. Le transalpin ne faitpas de sentiment et s’impose. Malgré unsursaut d’orgueil de Gaudin, l’Italietriomphe. Première distinction olym-pique pour Gaudin, mais cruelle désillu-sion: ses Jeux s’arrêtent là.Deux ans plus tard, Lucien Gaudin al’occasion de prendre sa revanche surNadi, dans un assaut au fleuret déchaî-nant les passions, et que certainsjugeaient alors comme le combat dusiècle. Face-à-face, deux des meilleureslames de la planète. Aldo Nadi, pétri detalent, plus grand mais aussi beaucoupplus jeune que Lucien Gaudin. À Paris,devant un public acquis à sa cause, lechampion d’Europe d’épée ne laisse paspasser sa chance, surclasse l’Italien etlave « l’affront » des jeux. 1924, Jeux deParis, Lucien Gaudin conquiert à 38 ansses deux premiers titres olympiques àl’épée et au fleuret par équipe… mais lamalédiction frappe à nouveau: unenévrite lui paralyse la main gauche, il nedéfendra pas ses chances en individuel.Cruel, encore.

    De la gloire aux déboiresNouvelle chance, sans doute la der-nière pour Lucien Gaudin àAmsterdam en 1928. Les observateurssont sceptiques quant à ses chances devictoires… mais le hors-classe Gaudinn’en a que faire. Il veut aller au boutde son rêve, boucler la boucle enquelque sorte. Le fleuret par équipe estenlevé par l’Italie aux dépens d’uneéquipe de France revancharde, maisinférieure ce jour-là. Gaudin remporteici sa quatrième médaille olympique.Le lendemain, place au tournoi indivi-duel et à une finale épique entrel’Allemand Casmir, Gaudini l’Italienet… Gaudin, transcendé, transfigurémême. Il surclasse le Germanique, 5touches à 1, avant de se présenter faceau géant Gaudini… qui mène 3 touchesà 2 dans ce dernier assaut. La qua-trième est refusée à l’Italien, pourtantGaudin, grand seigneur, se tourne versles juges : « je suis touché »… 4-2. Àune touche, une seule, d’un nouveaucoup de poignard, Lucien Gaudinmontre alors ce qu’il fait de mieux. Ilégalise à 4 partout et dans un ultimeeffort, remporte à 42 ans cette médailled’or qui le fuyait tant. Deux jours plustard, Lucien Gaudin remet le couvert,

    à l’épée cette fois. Le triomphe esttotal, juste retour pour celui qui auratant donné à l’escrime française,récompense justifiée pour un hommeau sommet de son art pendant 25 bellesannées. Mais en 1934, six ans à peineaprès le sacre tant espéré, une légendes’en est allée. Lucien Gaudin, escri-meur amateur* à la classe naturelle estruiné. Riche banquier dans le civil,investisseur hors-pair**, la crise desannées trente fait son chemin. Le 23septembre 1934, il est dit que LucienGaudin ne se délectera plus de cesdîners mondains qu’il aimait tant. Ils’est éteint dans son sommeil, à l’aubede ses 48 ans, la faute à une syncopeofficiellement… ou à un excès de médi-caments.

    Christophe Vincent* L’ensemble des primes remportées par LucienGaudin grâce à son art ont été reversées à desœuvres, clubs d’escrime ou à la fédération fran-çaise, ce qui lui permettra par ailleurs de resteramateur, condition sine qua none de l’olympismeà l’époque.** Il a activement contribué à l’essor de la stationbalnéaire d’Hossegor.Bibliographie : Lucien Gaudin le maître desarmes par Laurent-Frédéric Bollée, éditionsCristel.

    Aussi à l’aise au fleuret qu’à l’épée, Lucien Gaudin est un des rares tireurs à avoir conquis l’or olym-pique dans les deux disciplines.

    ©Bibliothèque nationale de France

    JUIN 1905, un jeune homme de dix-huit ans fait une entrée fracassantedans le monde de l’escrime, aux Tuileries, à Paris. Sûr de lui, survolté,presque invincible déjà, Lucien Gaudin devient champion du monded’épée. La légende est en marche. L’histoire de Lucien Gaudin est peu banale,forcément. Amateur de bonne chère et de dîners mondains, fumeur invétéréà la classe inégalée, il est aujourd’hui encore considéré par certains commele plus grand escrimeur de sa génération. Pour d’autres, il restera le plusgrand de tous les temps. Son histoire est à la fois belle et tragique, sansdoute l’une des plus poignantes des Jeux olympiques.

    Capitaine « hors-classe » Gaudin:la légende de l’escrime

  • 3L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier-2012À nos Olympiques • 1900-2012

    DEUX champions partis beaucoup trop tôt. Lucien Gaudin, l’Arrageois installé à Paris, et JacquesDimont, le Carvinois exilé en Avignon ont connu la reconnaissance sportive et une descenteaux enfers. Deux champions olympiques du fleuret natifs du Pas-de-Calais, deux destinsdiamétralement opposés, mais à tout juste soixante années d’intervalle, les deux tireurs enterminent avec la vie. Ils n’avaient pas cinquante ans.

    Champion du monde junior en1964, Jacques Dimont était issu dela grande école d’escrime héni-noise, la même école qui formad’autres tireurs d’envergure inter-nationale, des noms commeFranck Boidin ou encore LaurenceModaine (voir encadré). JacquesDimont, lui, participe aux Jeuxolympiques de Mexico en 1968 entant que cinquième homme del’équipe de France de fleuret, der-rière le quatuor formé par Jean-Claude Magnan, Christian Noël,Daniel Revenu et Gilles Berolatti.Un rôle ingrat que le natif deCarvin joue à merveille… compé-titeur dans l’âme, remplaçantexemplaire, Jacques Dimont ne« tirera » qu’en qualifications,contribuant activement à la vic-toire face à Cuba au premier tour,synonyme d’une belle médailled’or apposée à son nom sur les pal-marès. En préparation pour lesJeux olympiques à Font-Romeu, ilrencontre puis épouse une certaineDanièle Dorléans, nageuse de

    l’équipe de France, elle aussi enpartance pour les Jeux mexicains.Installé en Avignon en fin de car-rière, Jacques Dimont connaît desdéboires sentimentaux. Sa sépara-tion est le point de départ d’unedescente vertigineuse vers lamisère sociale. Il décède tragique-ment en Avignon le 31 décembre1994… il n’a pas encore 50 ans.

    Lame briséeAutre champion, Lucien Gaudin,sextuple médaillé olympique, touteautre époque aussi… nous sommesen plein milieu des années folles,Lucien Gaudin est diplômé dedroit. Il devient un riche banquierqui partage son emploi du tempsentre ses rendez-vous d’affaires etla salle d’armes de l’Automobileclub à Paris. Gaudin est à cetteépoque le meilleur escrimeur aumonde, ce qui lui ouvre des portesconsidérables. Il fait une appari-tion au cinéma dans les TroisMousquetaires, film muet signéHenri-Diamant sorti en 1921, puis

    l’année suivante, il est fait cheva-lier de la Légion d’honneur. 1923,Lucien Gaudin entreprend unetournée en Italie, écumant lesdîners mondains pour des matchesexhibition sans vainqueur. Lors deson passage dans la capitale ita-lienne, il fait la rencontre du Duce,un certain Benito Mussolini qu’iln’appréciait pas. En France,Lucien Gaudin n’est pas en reste.Et l’on se représente le fin tireurarrageois en compagnie de son amiintime, Georges Carpentier doublechampion du monde de boxe etSuzanne Lenglen six fois vainqueurde Roland-Garros, tapant la petiteballe sur le golf d’Hossegor. Uneépoque faste pour Lucien Gaudinavant la crise des années 1930. Lesbanques font faillite, LucienGaudin est ruiné, sans que l’on nesache exactement pour quelles rai-sons. Il meurt dans son sommeil le23 septembre 1934, laissant der-rière lui son épouse Marcelle, safille Roberte, la France du sport etle monde de l’escrime. Ch. VincentJacques Dimont

    Fines lames et destins tragiques

    Collection Cercle d’escrime Hénin-Beaumont

    Le département du Pas-de-Calais a « enfanté »ou formé de beaux escrimeurs, à commencerpar le plus titré d’entre eux, Lucien Gaudin,natif d’Arras. Autre natif et non le moinsconnu, Éric Srecki, né à Béthune, un des toutmeilleurs épéistes des années quatre-vingt-dix. En 1988, pour sa première expérienceolympique, il remporte la médaille d’or paréquipe (17e en individuel). En 1992, le« Suédois » comme on l’appelle s’offre la plusbelle des récompenses, l’or olympique en indi-viduel… non sans mal ! Battu d’entrée de jeu,Éric Srecki passe par les repêchages, puis réa-lise un parcours sans faute pour s’imposer endeux manches face au Russe Kolobkov.Champion du monde 1995, le pensionnaire deLevallois ne réitère pas la performance espa-gnole quatre années plus tard à Atlanta. 9e enindividuel, il remporte néanmoins la médaillede bronze par équipe. À 36 ans, Éric Sreckitermine sa moisson à Sydney avec de l’argentpar équipe.Quarante ans plus tôt, c’était le CalaisienGérard Lefranc qui tentait sa chance à Rome.L’épéiste féru des compétitions par équipe (entémoigne son palmarès : champion du monde1962, une médaille d’argent en 1961, deux

    médailles de bronze en 1958 et 1959), c’estdonc tout logiquement qu’il participe à Romeen 1960 à la compétition d’épée par équipe encompagnie de Christian d’Oriola. L’équipe deFrance ne brillera guère. Principal faitd’armes de Gérard Lefranc, sa victoire en1961 sur le champion olympique en titreGiuseppe Delfin en finale du tournoi interna-tional de New York.Outre le regretté Jacques Dimont, le cercled’escrime d’Hénin-Beaumont peut se targuerd’avoir formé deux autres* « olympiques »,tout deux « bronzés » aux États-Unis : d’uncôté Laurence Modaine, quatre olympiades aucompteur. Los Angeles 1984, la fleurettistehéninoise n’a que 19 ans lorsqu’elle remportela médaille de bronze du fleuret par équipe (6e

    en individuelle), sa meilleure performance.Douze ans plus tard, c’est au tour de FranckBoidin de s’offrir le bronze lors de l’épreuveindividuelle du fleuret… ce sera sa seulemédaille olympique, mais aussi son uniqueparticipation… le ratio est plus qu’hono-rable !

    * Françoise Darchicourt ira à Barcelone comme rem-plaçante sans participer à la compétition.

    Pas-de-Calais, terre d’escrimeSrecki, Boidin, Modaine, Lefranc…

    Il est bon de rappeler que les compétitions artistiques faisaient partieintégrante des Jeux olympiques, sur une idée de leur fondateur, lebaron Pierre de Coubertin. Entre 1912 et 1948 donc, des médaillesétaient décernées pour certaines œuvres en lien avec le sport. C’estainsi que la sculpteur audomaroise Ernesta Robert-Mérignac (née àSaint-Omer en 1849) participa aux Jeux olympiques de Paris en1924. Cette élève de Geneviève Granger, mademoiselle Darbefeuilleet Récipon, inscrite dans le dictionnaire des sculpteurs et peintresfrançais, ne remporta pas de médaille, malgré la participation dequatre de ses œuvres. La leçon d’armes, une de ses nombreusessculptures en bronze, est propriété du Musée d’Orsay… et à yregarder de plus près, on décèle chez cette artiste un attrait parti-culier pour l’escrime. Rien d’étonnant, car elle épouse un profes-seur d’escrime, un dénommé Émile Mérignac, oncle de Louis-LucienMérignac, champion olympique du fleuret à Paris en 1900, qui n’estautre que le maître d’armes de Lucien Gaudin, un des plus grandstireurs de tous les temps.

    Ernesta Robert-Mérignac:une artiste audomaroiseaux Jeux olympiques!

    ©Réunion des musées nationaux

  • 4 À nos Olympiques • 1900-2012

    L’HISTOIRE de l’aviron àBoulogne-sur-Mer pourraitpresque se fondre avecl’histoire des Jeux olympiques.Ce sont très vraisemblablementles Britanniques qui ont amenéla pratique de l’aviron dans lacité où, à la fin du XIXe siècle il yavait une forte colonie desujets de sa gracieuse Majesté.

    Les pelles violettes des rameursde l’Émulation nautique, avecleur croix de Saint-André, pour-raient d’ailleurs – mais pour-raient seulement – rappeler ledrapeau écossais. La pratique durowing, comme l’on disait àl’époque, est en tout cas attestée àBoulogne dès le milieu du XIXe

    siècle. Il y avait même une sociétéde régates parmi laquelle figu-raient des militaires: le capitaineRobinson et le contre-amiralHawthorn, pour ne citer qu’eux.L’Émulation nautique boulon-naise vit le jour en 1861, unsecond club, fruit d’une scission,apparaissant en 1885, sous lenom de Boulogne club.

    Plus d’un sièclede rivalitéLa rivalité entre les deux sociétésne s’est jamais démentie pendantplus d’un siècle, jusqu’au 5novembre 1998, date d’unefusion qui donnait naissance àl’Aviron boulonnais. Pendanttout ce temps l’un et l’autre desdeux clubs ont apporté àBoulogne quantité de championsnationaux et internationaux,allant jusqu’aux Jeux olym-piques où ils ont récolté deuxmédailles.Lorsque l’aviron est apparu auxJeux, en 1900, il semble que ladiscipline connaissait une périodede transition à Boulogne. Leschampions prenaient leurretraite et les jeunes commen-çaient seulement à pointer le boutdu nez. Ensuite, il y a eu la guerrequi décima les bateaux. « En1919, il ne reste qu’un ancien:Alfred Cordier, amputé, qui al’insigne courage de remonter enbateau, avec son seul bras ». Ilforme de nouveaux rameurs, desjeunes qui partent effectuer leurservice militaire mais reviennentau club une fois libérés. C’est àcette époque qu’émerge une géné-ration formidable qui constitueen 1923 un des meilleurs « huit »de l’hexagone. Parmi ces

    rameurs les Constant et Gressier« qui raflent tous les premiersprix des courses de juniors et deseniors » et constitueront avec lesGressier et Lecointe, un« quatre » de haut niveau. Et çatombe bien parce que les Jeux de1924 reviennent à Paris.

    Première médailled’argentLors de la journée de préparationolympique qui se déroule àCoulogne, les rameurs del’Émulation nautique enlèventtoutes les courses. Les champion-nats de France confirment lesbonnes dispositions: le bateaucomposé de Georges Lecointe,Eugène Constant, Louis Gressieret Raymond Talleux est désignépour représenter la France auxJ.O. « Favori de l’épreuve du 4barré, le vent joue en sa défa-veur », peut-on lire dans les jour-naux de l’époque. « Il effectuetoute la course en 4e positionpour finalement arracher lamédaille d’argent ».Également qualifiés pourl’épreuve du 2 barré, RaymondTalleux et Eugène Constant cou-rent 20 minutes plus tard et nepeuvent pas faire mieux: 4e avecMarcel Lepan comme barreur,tout juste 14 ans, Boulonnais luiaussi. À noter que Lepan est sou-vent cité comme étant le barreurdu 4, ce qui est une erreur, leposte étant tenu par un parisien,Ernest Barberolle.

    Creux de la vagueAprès cette génération dorée, lesclubs boulonnais trusteront lessuccès régionaux et nationaux,sans accéder au niveauinternational… Un creux de lavague en quelque sorte, qui seraaccentué par la seconde guerremondiale et son lot dedestructions massives desmatériels. Les deux clubss’organisent pour repartir,s’entraident même. Un hommesort alors du lot: Henri Butel.Champion de France de skiff àplusieurs reprises et finalisteeuropéen, il représente laFrance aux Jeux d’Helsinki en1952.Mais cette renaissance est per-turbée par les travaux impor-tants menés sur le port: construc-tion d’ouvrages d’art,redressement du cours de laLiane qui est asséchée.Impossible de s’entraîner sérieu-

    sement et il faudra attendre ledébut des années 70 pour assisterau nouveau départ…

    Présent durantsept OlympiadesLes noms de Luc Crispon etDominique Lecointe apparais-sent dans les catégories jeunes.Leur progression est régulière.En 1979, ils remportent unemédaille d’or aux Jeux méditer-ranéens… En 1980, Crispon estchampion du monde junior etLecointe va aux Jeux olympiquesde Moscou. Et d’autres nomsapparaissent, ceux du barreurChristophe Lattaignant dont lalongévité lui permettra de parti-ciper aux Jeux d’Athènes en2004, et de Daniel Fauché qui irachercher une médaille aux Jeuxd’Atlanta en 1996; de PascalDubosquelle aussi finaliste à LosAngeles en 1984 et de CatherineMuller qui sera du voyage àAtlanta. Au total, pour cettepériode qui couvre une bonnevingtaine d’années les rameursboulonnais peuvent s’enorgueillird’une dizaine de sélections olym-piques. Et comme souvent, aprèsavoir connu le haut de la vague,vient une période moins faste…La naissance de l’Aviron boulon-nais, censée accoucher d’un seulet unique club encore plus fort,n’a pas permis de pérenniser lehaut niveau. Robert Feucher etJean-Claude Fauquembergue,issus des deux clubs, actuels pré-

    sident et secrétaire de la nouvelleentité, n’étaient pas pour… Mais« il faut bien admettreaujourd’hui, qu’elle était inéluc-table ».

    La relèveavec Benoît BrunetAprès quelques annéesblanches, l’Aviron boulonnaisreprend des couleurs. Desjeunes arrivent et il y a fort àparier que l’on retrouvera trèsvite des bateaux au plus haut

    niveau. Le grand nom dedemain peut être BenoîtBrunet. Il fréquente le pôleFrance de Nancy, a terminé 5e

    du championnat du monde desmoins de 23 ans en Lituanie en2010 et peut encore espérerdécrocher une qualificationpour les Jeux de Londres, sinonce sera, à coup sûr, pour Rio deJaneiro. Du moins tout lemonde l’espère sur les bords dela Liane.

    Ph. Vincent-Chaissac

    Les rameurs boulonnaisaux Jeux olympiques

    En 1924 à Paris, Boulogne enverra quatre rameurs : Eugène Constant, Louis Gressier, Georges Lecointe et Raymond Talleuxmédaillés d’argent en 4 barré ainsi que le barreur Marcel Leplan qui sera dans le 2 barré.

    L’aviron boulonnaisde Paris à Athènes

    • 1924 Paris: EugèneConstant, Louis Gressier,Georges Lecointe et RaymondTalleux médaillés d’argent en4 barré. Eugène Constant etRaymond Talleux, 4e en 2barré avec Marcel Leplan.• 1952 Helsinki: Henri Butel,en skiff, éliminé en repê-chage.• 1980 Moscou: DominiqueLecointe, 8e en 2 sans bar-reur.• 1984 Los Angeles :Dominique Lecointe, 6e en 8barré et Pascal Dubosquelle,5e en 4 de couple.• 1988 Séoul : DominiqueLecointe, 8e en 4 sans bar-reur.• 1992 Barcelone: DominiqueLecointe, 12e en 4 sans bar-reur; Daniel Fauché, 5e en 4

    barré; Luc Crispon (rempla-çant il ne prendra pas partaux compétitions).• 1996 Atlanta: DanielFauché, 2e et médaille d’ar-gent en 4 sans barreur;Catherine Muller, 10e en 2 decouple poids légers.• 2000 Sydney: DanielFauché, 7e en 4 sans barreur.• 2004 Athènes : ChristopheLattaignant, 6e en 8 barré.

    Butel est allé aux Jeux en 1952

    L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier 2012

    Archives Aviron Boulonnais

    Collection René Chaissac

  • 5L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier-2012

    & 24 H

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    24 juin 20127e édition - Parc d’Olhain (62)24 juin 2012

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    À nos Olympiques • 1900-2012

    Organisés en parallèle de l’Expositionuniverselle, les Jeux de 1900 débutent le5 mai dans l’indifférence générale. Lepublic est peu nombreux, le milieu de lapresse indifférent. Peu de monde s’inté-resse à ce qui est présenté comme « unesérie de concours internationaux d’exer-cices physiques et de sports ». Peu flat-teuse, la dénomination correspondcependant tout à fait à des événementsqui prirent fin presque 6 mois plus tard,le 28 octobre. Concours de bateaux àmoteur, tir au pigeon, tir à la corde,triple saut sans élan, 200 m nage libreavec obstacles… difficile de savoir com-bien il y eut d’épreuves et d’athlètes,certains ne sachant même pas qu’ils par-ticipaient aux Jeux olympiques. CesJeux de 1900 sont un échec cuisant pourle baron Pierre de Coubertin, créateurde l’olympisme moderne. Sortes decorne d’abondance d’épreuves en toutgenre, ces Jeux sont divisés en dix caté-gories : jeux athlétiques, gymnastique,

    escrime, sport hippique, vélocipédie, tir,sport nautique… et beaucoup plus sur-prenant, l’automobilisme, le sauvetageet l’aérostation! Avec des épreuves dis-séminées aux quatre coins de la capitale,les Jeux de Paris sont un vaste chaossportif. Vingt ans plus tard, Pierre deCoubertin insiste néanmoins: les Jeux de1924 auront lieu à nouveau dans la capi-tale française, avec cette fois, un vraistade olympique, une vraie cérémonied’ouverture présidée par GastonDoumergue et la naissance d’une légende,Johnny Weissmuller, roi des bassins denatation et future star hollywoodienne.Le fiasco a laissé place au brio.

    Le Pas-de-Calais à ParisLe tableau des Jeux de 1900 n’est pascomplètement noir puisque l’olympiadeparisienne connut une avancée de taille :la participation de la gent féminine auxcompétitions olympiques, malgré la réti-cence de Coubertin. L’on découvre alors

    la première grande championne olym-pique de l’histoire, en la personne deCharlotte Cooper, tenniswoman britan-nique de son état. Et puis le premier épi-sode parisien est le témoin de l’appari-tion des premiers championsPas-de-Calaisiens aux jeux, à com-mencer par Victor Cadet, nageur etjoueur de water-polo issu du club desTritons Lillois. Éliminé en séries du200 m, le natif de Saint-Omer ne brillepas en individuel, mais remporte à 21ans la médaille d’argent du 200 m paréquipe, dans la Seine, derrière d’intou-chables Berlinois. Grands favoris, lesBritanniques, arrivés en retard ne peu-vent défendre leurs chances ! Lespupilles de Neptune, autre équipe de lacapitale des Flandres, se classent troi-sième. Autre médaillé de ces jeux, leLiévinois Émile Grumiaux (né enBelgique) devient champion olympiquedu tir à l’arc sur la perche à la pyramidedevant le Denaisien Auguste Serrurier.Une épreuve folklorique qui disparaîtrarapidement du programme olympique.Enfin, le 16 septembre 1900, le cham-pion cycliste Maurice Garin, naturaliséfrançais et Lensois d’adoption, brille surle Bol d’or. Le natif du Val d’Aoste(Italie), vainqueur deux ans plus tôt du

    Paris-Roubaix, se classe 3e de cetteépreuve de 24 heures. Une place qui nelui conférera toutefois pas la reconnais-sance des palmarès olympiques,l’épreuve étant ouverte aux coureursprofessionnels. Trois ans plus tard,Maurice Garin remporte le premierTour de France.

    Ch. Vincent

    Le champion cycliste lensois Maurice Garin nefigure pas sur les palmarès olympiques. Il a pour-tant bien brillé sur l’une des innombrablesépreuves vélocipédiques.

    Collection privée

    PAS de cérémonie d’ouverture ni de fermeture, juste un défilé degymnastes dans le vélodrome de Vincennes… la deuxième édition desJeux olympiques modernes restera dans les annales : s’il existait unecatégorie « fiasco », Paris 1900 trônerait en bonne place. Fort heureusement,l’abnégation du baron Pierre de Coubertin permet à la capitale française deredorer son blason vingt ans plus tard.

    Paris 1900 et 1924 : drôles de Jeux!

  • 6 L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier 2012 À nos Olympiques • 1900-2012

    1er août 1936, 12h45. Le dernierporteur de flambeau arrivé àBerlin remonte l’axe pompeuxqui mène au stade. Les dra-peaux nazis claquent au vent.L’avenue est décorée de flam-beaux. Certains journaux del’époque estiment à 250000 lenombre de spectateurs qui sesont déplacés au stade ou auxalentours pour la cérémonied’ouverture. On saitaujourd’hui que par trains spé-ciaux, sont venus des milliers deSA (sections d’assaut) et desmembres du parti nazi afin detenir le rôle du « public enthou-siaste », alors qu’avait été refuséaux ouvriers le droit d’acheterdes billets dans leurs entre-prises. Le Dr Goebbels s’estassuré que les Jeux se déroule-raient parfaitement: ses servicesont recruté 8000 espions poursurveiller les étrangers ; ils ontinvité les hôtels à établir desrapports sur leurs clients et à lestransmettre à la Gestapo; ils ontretiré les pancartes antisémitesproches du stade, notammentcelles qui interdisaient aux juifsde s’asseoir sur les bancs. LesJeux olympiques de 1936 àBerlin sont organisés, penséspar le Reich comme une formi-dable manifestation de propa-gande (dont l'expression artis-tique la plus connue est le filmLes Dieux du stade de LeniRiefenstahl). Ils sont utilisés parle régime nazi pour renforcerl'adhésion populaire et consa-crent l’obsession allemande dusport de masse – mené commeune formation militaire.Premier cas d’école exemplairede la confusion du sport et de la

    politique, ils sont un élémentdécisif de la consolidation stra-tégique du troisième Reich et deses instances gouvernementales,militaires et juridiques.

    Le salut de JoinvilleAprès le survol du stade du diri-geable Hindenburg qui tracte ledrapeau olympique, Hitlerapparaît au milieu du corpsdiplomatique. Les athlètesgrecs, britanniques, américains,italiens, français… passentdevant lui. Certaines déléga-tions retirent les casquettes,d’autres font le salut hitlérien,d’autres encore allongent leurbras de biais, de façon équi-voque. La délégation française,conduite par Jules Noël, lance lebras de côté, c’est le salut deJoinville. Depuis les Jeuxd’Anvers en 1920, ce gesteappartient au rituel. Il se fait lebras replié puis tendu, parallèleau corps. Les esprits chagrinsnotent que d’autres délégationss’abstiennent de le pratiquer, etque lors d’autres éditions desJ.O., la France n'a pas eu cezèle… Naïveté? Ambiguïté?Toujours est-il que dix ans plustard, le salut olympique serachangé pour éviter d’autresmalentendus.Les Jeux de Berlin ont ras-semblé une cinquantaine denations. L'Allemagne écrasetoute concurrence, en sortantlargement vainqueur avec untotal de 89 médailles (33médailles d’or), suivie des États-Unis avec 56 médailles (24médailles d’or). Un de cesAméricains, le sprinter noir

    Jesse Owens, 23 ans, en raflantquatre médailles d’or pour le100 m, le 200 m, le saut en lon-gueur et le relais 4 fois 100 m,inflige un démenti cuisant auxthéories de la supériorité de larace aryenne. Hitler et son état-major quittant la tribune offi-cielle pour ne pas avoir à luiserrer la main. Si les Jeux olym-piques de Berlin ne permettentpas au Reich de démontrer lasupériorité physique de la racearyenne, l'organisation des Jeuxse révèle indéniablement à lamesure de la réputation d'ordreet de discipline des Allemands.Plusieurs pays ont organisé desjeux alternatifs, les Olympiadespopulaires à Barcelone, mais laveille de leur inauguration, laguerre d’Espagne est déclarée.Les États-Unis ont menacéd’être absents mais ils sont belet bien présents. En France, leFront Populaire vient de porterLéon Blum au pouvoir.L’homme est d’abord favorableau boycott mais pressé par l'ur-gence de donner une réponse,occupé par les grèves, loind’imaginer le danger, il finit paraccepter la participation dupays. En dépit de ses 7médailles, la France sera déçue;elle reviendra les mains vides

    pour les disciplines majeurestelles que l'athlétisme, la gym-nastique et la natation. Troisnordistes sont présents aux J.O.de Berlin (Prudent Joye, unnageur roubaisien; MarcelDumoulin, un autre roubaisien,haltérophile; Charles Delporte,un lutteur), et deux sont issusdu Pas-de-Calais, le Norrent-Fontois Jules Noël (lire en page10) et l’Allouagnais ÉtienneLaisné (on dit qu’Émile Duval,marathonien qui a terminé 16e

    avec 2h 48min 39s était berc-kois mais ni les tables décen-nales de l’état civil de Berck niles journaux locaux de l’époquene confirment).Étienne Laisné, était spécialistede la marche athlétique. Il a ter-miné 8e du 50 km en4h 41min 40s.

    Marcheur par hasardÉtienne Laisné est né le 5 août1905 à Allouagne d’un pèremineur et d’une mère ménagère,il a été ajusteur-balancier, auxmines de Marles-les-Mines. Il adécouvert son talent par hasardpendant son service militaire ;lors d'un entraînement d'uneheure, il a devancé celui quiétait alors champion deChampagne! Depuis, il ne s’est

    plus arrêté… En 1930, il aenlevé son premier titre deChampion de France. C’est àcette époque qu’il quitte le CMAuchel (UFM) pour l'Unionsportive des cheminots lensois(FFA). L’homme est retenu pourparticiper aux Jeux olympiquesde Los Angeles en 1932 mais n’yva pas. Deux ans plus tard, ilparticipa aux 1ers Championnatsd'Europe d'athlétisme. ÉtienneLaisné s’est ému une dernièrefois pour les J.O. en conduisantla flamme à Calais, pour lesJeux de 1948. Il est mort enoctobre 1997; à Allouagne deuxsalles portent son nom.

    La deuxième foisLa deuxième fois que le mondes’est demandé s’il fallait, oupas, participer aux J.O.,c’était en Chine il y a quatreans, à peine. Durant ces Jeux,ont également résonné les slo-gans « paix olympique » ;« amitié entre les peuples ». Làaussi le faste mis en place aservi de paravent à la répres-sion systématique des oppo-sants, de ces « forces hostiles àl'État ». L’histoire ne cesse dese répéter.

    Marie-Pierre Griffon

    POUR la première fois, le monde se demande s'il faut, oupas, participer aux Jeux olympiques. Hitler vient d’envahirla Rhénanie et l’Allemagne nazie s’est déclarée clairementantisémite et raciste. Des associations démocratiques ethumanitaires, des organisations juives, le mouvement ouvrierinternational appellent au boycott. Cependant, le lobbyingtenace d’Adolphe Hitler convainc les peuples que les valeurs del'Olympisme seront défendues. À moins qu’ils feignentd’ignorer le régime de terreur dans lequel l’Allemagne estsoumise et le sort de plusieurs milliers de personnes enferméesdans des camps… Wladimir d’Ormesson dans Le Figaro du2 août 1936 écrit : « Les nuits du 30 juin [NDLR La Nuit deslongs couteaux], les pactes qu’on piétine s’oublient vite. Lescamps de concentration ne se voient pas. La terreur dictatorialeest légère aux étrangers. Ceux-ci ne remarquent pas non plusles usines de guerre qui fument jour et nuit dans la Ruhr et enSilésie. Pour préparer quoi? »

    1936, les Jeux olympiques à BerlinParmi « Les Dieux du stade », le marcheur Étienne Laisné d’Allouagne

    Étienne Laisné, spécialiste de la marche athlétique, a terminé 8e.

    Photo Ph. Vincent-Chaissac

  • Le « fabuleux destin » de JoséBeyaert. Ginette Haÿ avaittrouvé les mots justes quand elleévoquait en 2003, dans la revueGauheria, l’incroyable et palpi-tante carrière de ce coureur, néle 1er octobre 1925 à Lens, au 134rue du Bois. Il passa sa primejeunesse dans la Cité n° 4 avantde suivre sa famille, en 1931, àBagnolet puis à Pantin dans labanlieue nord de Paris. Un per-sonnage ce Beyaert. Pas grand -un peu plus de cinq pieds dirontles Anglais! -, porteur delunettes d’écolier, cordonnier demétier, bagarreur dans l’âme,malin comme un singe.Talentueux et impétueux cou-reur amateur, 11e du cham-pionnat du monde à Reims en1947, convaincu qu’il pouvaitgagner… En revanche, le ruséJosé va « gagner » sa sélectionpour les Jeux de Londres encompagnie d’Alain Moineau,Jacques Dupont, RenéRouffeteau. Une équipe deFrance olympique coachée parGeorges Speicher. L’épreuve surroute étant prévue le vendredi13 août, dernier jour des jeux;la sélection française veut êtresur place le mercredi! Sérieuxcontretemps: le maire de Pantinn’a pas signé le certificat debonne conduite de José, signa-ture indispensable pourrejoindre Londres… Le maire

    reproche au coureur de se com-porter trop souvent en boxeurdans son quartier et de fré-quenter trop assidûment le postede police. Achille Joinard le pré-sident de la Fédération françaisede cyclisme rectifie le tir… et lecertificat de bonne conduite.

    Un grand trucLe vendredi 13, le temps est« pourri », Beyaert, Dupont,Moineau et Rouffeteau sont surla ligne de départ. 15000 specta-teurs ont rejoint le grand parc deWindsor où a été tracé le circuitde onze kilomètres, avec la per-mission du roi George VI. Dix-sept tours, soit 120 miles 914yards. Une seule difficulté:Breakheart Hill. Le ducd’Édimbourg lâche le peloton de101 coureurs (29 nations) à11 heures 24. Au fil des tours etdes attaques, José suit attentive-ment le jeu du chat et de lasouris… Sûr de lui. À deux toursde l’arrivée, un groupe de huithommes mène la danse. Beyaert

    seul Français face aux BelgesLode Wouters et LéonDelathouwer, aux Anglais BobMaitland et Gordon Thomas, àl’immense Suédois NilsJohansson, au Batave GerritVoorting et à l’Australien JackHoobin. À deux kilomètres dubut, José fait mine de prendreson bidon, berne ses adversairespuis place une attaque fou-droyante. Six cents mètres d’ef-fort intense. Il franchit la ligned’arrivée avec presque quatresecondes d’avance sur Voorting,Wouters… Speicher rejoint lenouveau champion olympique etlui assène un laconique: « Tu asfait un grand truc ».Le lundi suivant, José Beyaert

    est invité à dîner chez le prési-dent de la République françaiseVincent Auriol, en compagnie deMarcel Cerdan et de MichelineOstermeyer. Constatant que lechampion cycliste lorgne les cou-verts sur la table, le président luidemande: « Que faites-vousfiston? » « Je compte les cou-teaux et les fourchettes. Noussommes six à la maison et il n’y aque cinq fourchettes. Quand lepremier a fini, le dernier peutenfin manger. » Incroyable Joséqui repartira avec un cadeauprésidentiel: un paquet de cou-teaux et fourchettes. Un peud’argenterie pour un championen or.

    Chr. Defrance

    QUAND il apprend que le prince Philip, duc d’Édimbourg,souhaite le féliciter, José Beyaert ironise: « Dites-lui queje reçois les visiteurs entre sept et neuf! » Une boutadede plus à mettre à l’actif de celui qui vient de remporter cevendredi 13 août 1948 la médaille d’or de l’épreuve cycliste surroute des Jeux de Londres, en 5 heures, 18 minutes et 12secondes. Quand le duc lui serre la main, l’incroyable Josélance: « I am very happy! » Surprise de l’éminent interlocuteur:« You speak English? » Toujours blagueur, José s’empressed’ajouter: « No! » Il n’a retenu que ces quatre mots chopés lorsde la course Paris-Londres en 1947. Le duc poursuit donc laconversation en français. José est aux anges.

    Des baraques militaires, des écoles pour accueillirathlètes et officiels ! Des délégations apportant leurpropre nourriture et le Danemark offrant 160 000 œufs...Des équipements défaillants dans une ville à peine remisedes bombardements. Et pourtant, avec le bénévolat volantau secours de l’organisation qui sut ne pas confondrevitesse et précipitation, les Jeux de Londres, trois ansaprès la capitulation de l’Allemagne nazie, baptisés « Jeuxde l’austérité » connurent un immense succès sportif etpopulaire. Plus de 4 000 athlètes issus de 59 nations(l’Allemagne n’a pas été invitée, le Japon et l’Union sovié-tique sont absents) célébrèrent la paix retrouvée, du 29juillet au 14 août 1948. Dix-sept disciplines au programmepour 136 épreuves avec pour la première fois dans l’his-

    toire olympique, des retransmissions télévisées. Jeux del’austérité et du progrès aussi, comme en témoignent l’ap-parition des starting-blocks, de la photo finish, du pistoletde départ relié à un chronomètre électrique... La Hollandaise Fanny Blankers-Koen, trente ans et mèrede deux enfants, fut l’héroïne de cette 14e olympiade del’ère moderne en glanant quatre médailles d’or : 100 et 200mètres, 80 mètres haies, relais 4 x 100 mètres. Fanny a étédésignée en 1999 championne d’athlétisme du siècle.Si elle ne récolta « que » deux titres olympiques (poids etdisque), Micheline Ostermeyer - née à Rang-du-Fliers -marqua les esprits londoniens en donnant le soir de savictoire au poids, un concert de piano au Royal AlbertHall.

    Professionnel chez Helyetten 1949, José Beyaertremporte sa première vic-toire à Alger dès le mois demars... Mais il ne répondrajamais à toutes les espé-rances suscitées par sontitre olympique. Il termine47e du Tour de France1950, gagne la mêmeannée le grand prixd’Isbergues et vire sa cutien 1952. Invité à l’inaugu-ration d’un vélodrome enColombie, José ne résistepas à la tentation sud-amé-ricaine... Il y restera cin-quante ans, tour à tourcoureur, coach, hommed’affaires (une scierie, unlaboratoire cosmétique),chercheur d’émeraude,bûcheron, contrebandier etbandit ? En tout cas c’estce qu’affirme son bio-graphe, l’excellent journa-liste anglais Matt Rendellqui a publié en 2009,Olympic gangster. Thelegend of José Beyaert -Cycling champion, FortuneHunter and Outlaw. Unlivre fascinant, scénario defilm d’aventure. Revenu enFrance en 2001, accueilli àLens d’ailleurs, JoséBeyaert est décédé le 11juin 2005 à La Rochelle.

    « Veryhappy »

    7L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier-2012À nos Olympiques • 1900-2012

    Jeux de Londres : la paix, Fanny, Micheline...

    José Beyaert, large sourire et maillot des jeunesses populaires et sportives.

    1948, José Beyaert Photos D.R.

  • 8 À nos Olympiques • 1900-2012L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier 2012

    25 février 1928, 19 heures,Adolphe Leroy, cultivateur dela petite commune de Lespessesfranchit la porte de la maisoncommunale. Monsieur Leroy estporteur d'une bonne nouvelle.Il est venu déclarer à l'état civilla naissance de sa deuxièmepetite-fille, Paulette. AristideFoulon, premier magistrat de lapetite bourgade est à mille lieuxde s'imaginer qu'il est en trainde rédiger l'acte de naissanced'une future championne quitrente ans plus tard, défendrases chances aux Jeux olym-piques de Londres.Paulette Veste est née dans lePas-de-Calais, mais comme ellele raconte, elle n'y a jamaisvraiment vécu: « Mes grands-parents possédaient une fermeà Lespesses. Maman s'y rendaitafin de mettre ses enfants aumonde. Nous sommes immédia-tement repartis à Ham(Somme). Nous y revenionspour les vacances d'été et pas-sions notre temps entreLespesses et Fauquenhem, là où

    nos grands-parents paternelsvivaient ». Le père de Paulette,lui aussi natif de Lespesses, estgendarme en Picardie, dansune petite caserne de cinqunités. Paul est un adjudantamoureux de son métier, maisaussi un héros aux yeux de safille qui témoigne aujourd'hui :« Pendant la guerre, lesAllemands procédaient à l'ar-restation de clandestins. Avertisde ces rafles, mon père et sescollègues précédaient lesAllemands pour prévenir leshabitants de leur arrivée. Surplace, ils ne trouvaient per-sonne! Évidemment à l 'époquenous n'étions pas au courant deces agissements, nous l'avonsappris, plus tard, au sortir duconflit. Je suis très fière delui ».

    Révélationau club de gymPaulette grandit au sein mêmedes locaux de la gendarmerie,profite du grand jardin pours'adonner à ses toutes premières

    compétitions… les courses debicyclette entre amis ! Anecdotequi a son importance puisque lafillette présente déjà une âme decompétitrice : « J'adoraisgagner… et c'était souvent lecas ! ». Puis ses parents déci-dent de prendre la direction deLaon, ville plus adéquate pourla scolarité de leurs troisenfants, Henriette l'aînée,future aviatrice, Michel le cadetmécanicien en devenir etPaulette, petite fille débordantede vitalité : « Henriette et moiavons intégré le club de gym-nastique de la ville après l'inva-sion allemande. J'avais douzeans. J'aimais cela, mais troisans après mes débuts au club, ily eut une compétition avecd'autres épreuves au pro-gramme: de la course à pied,du saut en hauteur et du lancerde poids. C'était la premièrefois que j'essayais cette dernièreactivité et dès mon premierlancer, j'étais meilleure que toutle monde. Cela n'a pas échappéau professeur de gymnas-tique »… le début d'une formi-dable épopée.

    Londres, Helsinki…et l'Amérique!Malheureusement à cetteépoque, aucune section sportivelaonnoise n'est prête à accueillir

    cette future championne delancer. Elle s'entraîne seule etapprend en regardant lesautres… Elle brille chez lescadettes et les juniors puisPaulette arrive chez les seniorsà 17 ans avec beaucoup d'en-thousiasme. Les souvenirs sontlointains, mais elle se rappelletrès bien avoir rencontré à cetteépoque celle qui sera sa granderivale et amie, une certaineMicheline Ostermeyer. Paulettene nourrit pas d'ambition par-ticulière. Juste, elle se satisfaitd'être brillante naturellement etapprécie cette chance à sa justevaleur : « J'ai rejoint l'équipenationale ce qui m'a permis devoir du pays comme on dit ! ».En effet, la jeune femme vasillonner l'Europe en train et enavion, seule. Ses parentscroient en elle, l'encouragent,mais ne peuvent l'accompagneren compétition. Pour Paulette,bien qu'important à ses yeux, lesport n'est qu'un jeu: « Bien sûrj'étais ravie d'avoir de bonnesperformances, mais ça ne durequ'un temps. On vieillit, on semarie et tout cela n'est plusqu'un lointain souvenir ». Pasdu genre à se vanter de ses per-formances passées. Pourtant,entre 1945 et 1953, PauletteVeste totalise pas moins de sixtitres de championne de

    France, trois au poids, autantau disque, partageant les dis-tinctions nationales avecMicheline Ostermeyer. Enjuillet 1948, Paulette Vestedevient championne de Francedu lancer de disque, établissantun nouveau record national…mais c'est Micheline qui brilleraà Wembley… Paulette ne par-vient pas à se hisser en finale.Au poids, elle obtient une bellemais cruelle 4e place… « monseul regret, ne pas avoirconquis de médaille olympique.Il ne m'a vraiment pas manquégrand-chose ». Quatre ans plustard à Helsinki, Paulette nefera guère mieux (9e au poids et16e au disque), puis rentre àLaon. Elle rencontre QuenteenSyfrett, pilote américain basé àCouvron qu'elle épouse en1954. Deux ans plus tard,Paulette Syfrett s'expatrie auxÉtats-Unis, en Floride précisé-ment. Elle y restera définitive-ment, malgré son rapidedivorce. Remariée, mère decinq enfants tous nés sur le solaméricain, Paulette aaujourd'hui 83 ans et ne com-prend pas pourquoi un jour,quelqu'un l'a contactée pourévoquer ces lointains souvenirs.Pourtant…

    Ch. Vincent

    Entraînement solitaire pour Paulette Veste. En arrière-plan, sa cité d’adoption, la ville de Laon.

    La fabuleuse histoire de Paulette Veste

    OUTRE-ATLANTIQUE on se demande encore pourquoi unepoignée de Français s'intéresse à cette athlète éméritede la toute fin des années 40, à commencer par laprincipale intéressée, Paulette Veste, 83 ans aujourd’hui,ancienne lanceuse de poids et de disque, multiplechampionne de France, native du Pas-de-Calais. Elle rit même,aux éclats, en songeant à la frénésie qu'elle suscite chezcertains. Ses mots sont hésitants, elle semble les chercher.Car voilà plus de 50 ans que « la belle de Laon a quitté laFrance pour les États-Unis. Les ouvrages consacrés au sporten général, aux Jeux olympiques en particulier l'ont un peuoubliée. Seuls quelques bouquins très spécialisés bourrés destatistiques ne pouvaient passer outre. Voici son histoire. »

    Paulette Veste (3e en partant de la droite) fait partie de l’auditoire de la virtuose dupiano, Micheline Ostermeyer, double championne olympique à Londres en 1948.

    Photo collection privée Michel Veste

    Collection René Chaissac

  • 9L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier-2012À nos Olympiques • 1900-2012

    8 mai 2012Circuit de Croix-en-Ternois

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    • Présence des commissairesdu Comité Nord – Pas-de-Calais de cyclisme

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    médical de non contre indica-tion pour la pratique du véloen compétition ou copie delicence FFC, FFCT, Triathlon,UFOLEP

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    11 juillet 1948, stade de Colombes à Paris, l’antre desJeux olympiques de 1924. Dernière journée des cham-pionnats de France d’athlétisme. MichelineOstermeyer vient de remporter le concours du lancerde poids. Elle décide de tenter sa chance au disque,sans préparation aucune. Elle propulse l’engin à 36mètres, insuffisant pour ravir le titre et le record deFrance à son amie Paulette Veste, mais assez pourconvaincre les entraîneurs nationaux de ses capacités.Dix-neuf jours plus tard, de l’autre côté de la Manche,Micheline Ostermeyer est championne olympique dudisque! Le soir même au sein du quartier général del’équipe de France, elle livre à ses équipiers un récitalde Beethoven!Né à Rang-du-Fliers en 1922, Micheline Ostermeyerprésente dès son plus jeune âge des aptitudes remar-quables pour… le piano! Elle prend ses premièresleçons dès l’âge de quatre ans et connaît une progres-sion si fulgurante que ses parents, installés en Tunisie,envoient l’enfant prodige au conservatoire de Paris.La seconde guerre mondiale éclate, cette virtuose enherbe est contrainte de retourner en Afrique du Nord.Son père lui fait découvrir les joies de la pratique spor-

    tive (elle commence par le basket) et là encore,Micheline Ostermeyer présente des qualités naturelles.Elle rejoint alors le club d’athlétisme de Tunis… 1941,elle entame une double vie.

    Un prix, des médaillesChargée d’un récital hebdomadaire sur radio Tunis,Micheline Ostermeyer est désormais une pianiste pro-fessionnelle qui court, lance et saute… À la fin de laguerre, Micheline retourne en France et retrouve sonprofesseur de piano, Lazare Lévy… elle se présente àla fédération française d’athlétisme aussi où personnen’est au courant de ses performances réalisées del’autre côté de la Méditerranée. 1945, elle devientchampionne de France du lancer de poids, recordnational en prime! S’ensuit une déferlante de titres,tant et si bien qu’au regard de son palmarès, on auraitpresque tendance à penser qu’il est erroné: 13 titres dechampionne de France dans 7 disciplines différentes,9 sélections internationales… 11 victoires! 1948, la vir-tuose, tout juste auréolée d’un premier prix du conser-vatoire de Paris, se présente à Londres sur troisépreuves. Elle remporte les titres du lancer de disqueet de poids, avant d’obtenir une inespérée médaille debronze au saut en hauteur… ce seront ses seuls jeuxolympiques. Dès 1950, Micheline reprend les concertset se tourne vers le pentathlon, discipline qui paressence lui sied à merveille. Mais handicapée par lesblessures, elle arrête sa carrière d’athlète pours’adonner pleinement au piano. Elle s’est éteinte en2001 laissant derrière elle, dans deux mondes pour lemoins différents, une trace indélébile.

    Ch. VincentMicheline Ostermeyer à Londres en 1948. Avec un lancer mesuré à 41,92 m,elle remporte la médaille d’or du lancer de disque.

    PIANISTE virtuose, Micheline Ostermeyerrestera à jamais dans l’Histoire commeétant la première Française médailléeolympique. Primée au conservatoire de pianode Paris, elle est jusqu’à aujourd’hui la seuleathlète française qui réussit à conquérir troismédailles olympiques la même année. Elle lerestera sans doute à jamais.

    Collection René Chaissac

    La double vie de Micheline Ostermeyer

  • 10 À nos Olympiques • 1900-2012L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier 2012

    Né au hameau de Fontes le 27 janvier1903, le petit Jules avait déjà le goût del’effort. Peu de temps avant son décès enjuin 2011 à l’âge de 101 ans, sa sœurBerthe se souvenait encore d’une cica-trice qu’il lui avait infligée lors d’uneséance de sport mouvementée. Dès l’âgede 13 ans, Jules Noël s’est retrouvéouvrier ajusteur à Isbergues dans la citéde l’acier, avant de s’engager dansl’armée en 1924. Grand gaillard de1,95 m, il a des prédispositions pour lesport, l’athlétisme et l’escrime en parti-culier. Son entraîneur a vite repéré « cepique-boyau avec sa hauteur, son allongeexceptionnelle, ses grandes mains idéalespour les lancers ». Ses débuts au StadeFrançais sont pourtant un peu difficiles.Mais en quelques années, au disque et aupoids, il collectionne les titres (six foischampion de France au lancer de disqueet neuf fois au poids). Il est même cham-pion de France des maîtres d’armes(fleuret, épée, sabre).

    À un centimètredu podiumEn 1928 (l’année de son mariage avecJeanne Bocquet), c’est la consécrationavec sa première sélection olympique,aux Pays-Bas. Il s’y classe 22e au disqueavec 40,23 m. Quatre ans plus tard, levoilà parti à Los Angeles où en plus deconcourir dans deux disciplines, il al’honneur d’ouvrir le défilé de la déléga-tion française en qualité de porte-dra-peau. L’enfant de Norrent-Fontes, alorsâgé de 29 ans, y améliore ses résultats enterminant 4e du lancer de disque avec unedistance de 47,74m (à un centimètre seu-lement de son ami Paul Winter, et dupodium). Il est 8e du poids avec un jet à14,53m. Puis arrivent les Jeux de Berlin,trois ans avant la seconde guerre mon-diale. Comme à la précédente olympiade,

    Jules Noël est sélectionné. Non classé aupoids, il termine 12e du disque avec unlancer à 44,56 m. Cette année-là, c’estencore lui qui ouvre le défilé de la délé-gation française, drapeau en main. Unedélégation largement applaudie par lepublic allemand, son « Salut deJoinville » bras tendu sur le côté étantconfondu avec le salut nazi. Sur l’extraitdu film de Leni Riefenstahl (un docu-mentaire que l’on peut visionner surinternet), on le voit, avec sa haute statureet sa rigueur militaire, portant fièrementles couleurs françaises en tête de la délé-gation tricolore.

    Mort pour la FranceL’année précédente, le militaire JulesNoël était déjà revenu à la vie civile. Ilavait alors rejoint l’école d’escrime deBerne, en Suisse, en qualité de maîtred’armes. Mobilisé en 1939 à Joinville, ila préféré aller combattre sur le front à latête d’une section avec le grade de sous-lieutenant. Mais en mai 40, lors de l’in-vasion allemande, le géant de l’Artois aété grièvement blessé lors d’un assaut ducôté d’Escaudœuvres, dans le Cambrésis.Le bombardement du convoi lors de sonrapatriement à l’arrière lui a été fatal.Jules Noël a été fait chevalier de la Légiond’honneur à titre posthume et cité àl’ordre de la Nation. Après avoir reposéaux cimetières militaires de Cambrai puisd’Haubourdin, sa dépouille, identifiée parson beau-frère, adjudant de gendarmerie,a été inhumée en 1956 dans le cimetière deson village natal, Norrent-Fontes, où unegrande cérémonie avait été organisée. Sonnom y est bien sûr inscrit sur le monumentaux morts, une rue y porte son nom, unestèle souvenir y sera dévoilée au stademunicipal en 2012. Une salle de sports deLillers et un complexe sportif à Paris por-tent également son nom. B. Queste

    BEAUCOUP d’habitants du village ont entendu parler du héros local, mais ils nesont pas légion à Norrent-Fontes, à avoir connu l’athlète international JulesNoël. Et pour cause, il a péri en 1940, victime du bombardement del’ambulance qui le ramenait à l’arrière du front, après avoir été grièvement blesséà Cambrai. Jules Noël, ce n’est pas n’importe qui. Capitaine de l’équipe de Franced’athlétisme pendant dix ans, il a été sélectionné aux J. O. de 1928 à Amsterdam,de 1932 à Los Angeles et en 1936 à Berlin. Et par deux fois, il a porté le drapeaude la délégation française aux Jeux olympiques, en 1932 et en 1936. On le voitd’ailleurs nettement lors de la cérémonie d’ouverture à Berlin dans le film L’Asdes as grâce à un extrait du documentaire d’époque, Les Dieux du stade, insérédans le long métrage à succès de Gérard Oury avec Jean-Paul Belmondo.

    DES hommes forts, le Pas-de-Calais en a connus beaucoup dans tous les domaines. En matière d’athlétisme, pourtant trois lanceurs du 62 seulement sontallés défendre les couleurs françaises aux Olympiades. Le premier était un enfant de Norrent-Fontes. La légende de Jules Noël, sélectionné à troisreprises (poids et disque) et deux fois porte-drapeau de la délégation, tué en mai 1940, est connue dans cette bourgade proche de Lillers où une sallede sport porte son nom. Pas très loin, à Bruay-la-Buissière, quelques anciens du Sport ouvrier bruaysien (club qui gagna la coupe de France des lancers)peuvent témoigner des débuts de Jacques Accambray, lanceur de marteau sélectionné à Munich puis à Montréal, devenu ensuite l’un des pionniers du footaméricain en France. Pierre Legrain, quant à lui, lanceur de marteau de l’USA Liévin, a connu deux fois l’ambiance olympique à Londres et à Helsinki, avant dedevenir l’entraîneur de Guy Drut à l’Étoile de Oignies.

    Jules Noël,porte-drapeau de poids

    Jules Noël, le héros de Norrent-Fontes, en plein effort au lancement du poids.

    Dans le monde de l’athlétisme, Pierre Legrain est une figure à part. Il amené deux carrières différentes. Ce natif de La Neuville (Nord), en 1920, ad’abord été, malgré des mensurations modestes (1,70 m pour 70 kg), un lan-ceur de marteau réputé. Au sein de l’USA Liévin, il a été sélectionné qua-rante-trois fois en équipe de France, deux fois pour les Jeux Olympiques. En1948 d’abord, à Londres, où il ne parvient pas à dépasser les qualifications.Quatre années plus tard, à Helsinki, il termine 23e et dernier des finalistes.Il a détenu trois fois le record de France, notamment avec un jet à 53,30 men 1954 (à comparer avec les 73,46 m d’Accambray en 1976).Quelques années plus tard, Pierre Legrain a entamé une seconde carrière endevenant l’entraîneur attitré de l’Étoile de Oignies et de nombreux inter-nationaux, six filles et vingt-neuf garçons, dont un certain Guy Drut au110 m haies. On en connaît l’épilogue teinté d’argent à Munich en 1972, puisd’or en 1976 à Montréal.

    Pierre Legrain,lanceur de champions

    Photo collection privée Pascal Guillemant

  • 11L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier-2012À nos Olympiques • 1900-2012

    Ancien camarade de club deJacques Accambray, l’actuelprésident d’Artois-Athlétisme,le lanceur de poids ChristianToursel, lui-même ancienchampion de France, se sou-vient très bien de cette époqueoù le futur sélectionné olym-pique s’entraînait sur l’aire delancer du Stade-Parc, àBruay-en-Artois.« Jacques Warot, le créateurde la section d’athlétisme auSOB, toujours à l’affût denouveaux talents, l’avaitrepéré (ndlr : il est allé letrouver un dimanche à lasortie de l’église Saint-Joseph). Il faut dire queJacques, à 14 ans, mesuraitdéjà 1,85 m pour 90 kilos. Ilhabitait alors rue Roland-Garros, pas très loin du stade,il était toujours là ».Pourquoi avoir opté pour lemarteau ? En fait, il n’a pasvraiment choisi. « Nous étionstoute une bande de lanceurs àBruay à cette époque »,explique Christian Toursel.« Francis Augait c’était le

    disque, Henri Andrzejewski lejavelot, moi c’était le poids,Henri Warzyglowa et JacquesAccambray, eux, étaient vrai-ment doués pour le marteau.Ça s’est fait naturellement etil a rapidement percé.Pourtant, au début, on évo-luait sur des installationsassez rudimentaires. On lan-çait sans cage ». Toujours est-il que trois ans après,Accambray était recordmandu monde junior.L’équipe bruaysienne,entraînée par le spécialisteHenri Vasseur, s’est donc faitun nom dans le monde des lan-ceurs en évoluant au plus hautniveau national. JacquesAccambray, lui, a cumulé lesperformances avec en premierlieu son record du mondejunior de 1969 (68,42 m),quatre records de France (ledernier en 1976 avec 73,46 m),cinquante-quatre sélections enéquipe de France A de 1968 à1983 et toujours détenteur dela 9e performance française detous les temps… De quoi

    forger la légende de celui qui arejoint les rangs de l’ES Viry-Châtillon, une ville où sesparents étaient allés s’occuperdu stade.

    Deux olympiades :72 et 76« Il était déjà licencié là-bas etavait obtenu sa bourse pourune université américainequand il a été sélectionné pour

    les Jeux olympiques deMunich » se souvient le prési-dent d’Artois-Athlétisme qui agagné la coupe de France deslancers en 1970, sansAccambray qui n’avait pu par-ticiper à la finale car tout justeparti aux USA.En 1972, l’ancien athlètebruaysien, 9e à l’issue des qua-lifications, avait accédé à lafinale et avait terminé à la 19e

    place. Cette année-là, dansl’équipe de France, il côtoyaitdes gens comme Guy Drut,Jacques Carette, Jean Wadoux,Roger Bambuck, Jean-ClaudeNallet… Cette année-là, celleaussi de l’attentat de Munichévoqué par ailleurs.Quatre ans plus tard, JacquesAccambray, encore très lié auxUSA, est allé lancer son mar-teau en voisin, à Montréal. Il ya réalisé son meilleur résultatolympique avec un jet de70,44 m lui permettant de ter-miner à la 9e place de la finale.

    Fou de footaméricainLe séjour de quatre ans outre-Atlantique avec une boursed’études en marketing à l’uni-versité de Kent State (Ohio) luia permis de décrocher le titre

    individuel du championnatNCAA universitaire en 1971. Illui a aussi fait découvrir etapprécier le football américain,un sport qu’il a pratiqué lorsde sa dernière année à KentState. Il avait même étéapproché par un club canadien.Préférant se consacrer, lors deson retour en France, à la pré-paration des Jeux de Montréal,il a renoué avec le football amé-ricain lors de la création desAnges bleus, l’une des premièreséquipes françaises, puis estdevenu, en 1985, président de laFédération française de footballaméricain. Un mandat qu’il aexercé trois fois de suite,jusqu’en 1996, avec la volontéfarouche de développer la disci-pline dans l’Hexagone, grâcenotamment à l’aide de Canal +et de son patron des sportsd’alors, Charles Biétry.Aujourd’hui, le foot américainen France c’est 20300 licenciésrépartis en 177 clubs, dont unseul dans le Pas-de-Calais, lesSeagulls à Calais.

    B. Queste

    * Jacques Accambray est le père deWilliam Accambray, récent cham-pion du monde de handball avecl’équipe de France.

    ACCAMBRAY. Pour les quinquagénaires et pluss’intéressant à l’athlétisme, le nom est connu, c’estmême une référence. Jacques Accambray* a en effetmarqué les esprits dans les années 70. Fort de son mètrequatre-vingtquatorze et de ses cent vingt-cinq kilos, ilimpressionnait sur les pistes d’athlétisme de France où ilenvoyait son marteau loin, très loin. Recordman du mondejunior en 1969 avec un jet de 68,42 m, plusieurs foischampion de France, vainqueur individuel du championnatNCAA universitaire américain, ce Divionnais d’origine,sociétaire du Sport ouvrier bruaysien (SOB), puis de l’ESViry-Châtillon, a participé à deux olympiades, Munich en1972 et Montréal en 1976.

    En 1976, les Jeux de Montréal, inaugurés parla reine Elisabeth II en personne, ont été lethéâtre du permier boycott de masse de l’his-toire olympique. La veille de la cérémonied’ouverture la quasi-totalité des délégationsafricaines s’étaient retirées, sauf le Sénégal etla Côte d’Ivoire. La faute à la Nouvelle-Zélande dont l’équipe de rugby, les All-Blacks, avait programmé une tournée enAfrique du Sud (on était en plein apartheid).Le CIO n’ayant pas réagi en sanctionnant lesNéo-Zélandais quant à leur participation auxJeux, nombre de pays africains n’avaient pasapprécié. La délégation de Formose (Taïwanaujourd’hui) avait également renoncé prétex-tant que sa délégation n’avait pu défiler sousune autre bannière que « République popu-laire de Chine ».

    Côté sportif, Montréal restera surtout marquédans l’esprit des Français par la médaille d’orde Guy Drut au 110 mètres haies et celles d’ar-gent de Daniel Morélon en cyclisme sur piste(vitesse individuelle), de Daniel Senet en hal-térophilie (poids légers) et de l’équipe fémi-nine de fleuret.Ces Jeux sont aussi marqués par l’exploit dela gymnaste roumaine Nadia Comaneci quiremporte cinq médailles, dont trois d’or, àelle seule.

    Pour les habitants de Montréal, les Jeux de1976 ont laissé un amer souvenir. Il leur ontcôuté trois fois plus cher que prévu, en raisonnotamment de la mise en place d’innovationstechniques et d’une mauvaise planification. Ladette n’a été épongée qu’en 2007.

    Montréal 1976, le boycott entre en Jeux

    Jacques Accambray et ses coups de marteau

    À deux reprises, le Bruaysien d'origine Jacques Accambray a porté le maillot tricolore aux Jeux olympiques : à Munich puisà Montréal.

    Photo Presse Sports

  • Si les Jeux Olympiques de 2012 s’étaient déroulés à Paris, le Pas-de-Calais serait resté àl’écart de l’événement. Située à Londres, la compétition présente en revanche de nombreusesopportunités pour le Département, riverain de la Grande-Bretagne. Dès l’annonce de la villelauréate, Dominique Dupilet, président du Département, avait affiché son projet: faire du Pas-de-Calais, la base arrière de Londres avant et pendant les jeux, avec des objectifs ambitieux:- profiter de la période qui précède les Olympiades pour rénover les équipements sportifsexistants ou en construire de nouveaux, adaptés aux normes olympiques,- utiliser ces locaux pour accueillir des délégations étrangères, n’ayant pas la possibilité dese loger et de s’entrainer dans la région londonienne, et, ce faisant, faire connaitre le Pas-de-Calais à l’étranger,- organiser dans ces équipements neufs ou modernisés des compétitions internationalespermettant de promouvoir durablement l’image du Pas-de-Calais, développer la pratiquesportive,- profiter des retombées touristiques durant l’année 2012,- mobiliser la population autour d’un projet motivant et de son équipe olympique départe-mentale.

    Aujourd’hui, Dominique Dupilet le dit avec fierté, le défi a été relevé au-delà de ses espé-rances: « Nos territoires s’apprêtent à « accueillir le monde »: athlètes en préparation, sup-porters, touristes… 2012 sera une année exceptionnelle d’autant qu’un autre immense évé-nement se profile à l’horizon: l’ouverture du Louvre à Lens. L’arrivée du musée - que l’onannonce comme l’un des plus beaux au monde - constitue pour le Pas-de-Calais un formi-dable coup de projecteur et pour ses habitants, une source d’épanouissement sans fin. Dansun autre registre, 2012 verra aussi l’arrivée du Centre de ressources et planétarium numé-riques de la Coupole d’Helfaut, un lieu fantastique, reflet également d’un Pas-de-Calaisinventif et audacieux. »

    La sortie de ce numéro spécial consacré aux Jeux Olympiques 2012 est l’occasion de fairele point avec celui qui, en 2005, n’a pas hésité à hisser le drapeau britannique sur le toit del’Hôtel du Département à Arras.

    Dominique Dupilet, quels sont les sportsque vous aimez?Ma préférence va au basket-ball mais j’aimeaussi les sports liés aux activités nautiques,comme le canoë-kayak. J’ai d’ailleurs participéà la création du club de canoë-kayak deBoulogne-sur-Mer dont les installations vien-nent d’être complètement réaménagées. Il y aun autre excellent club de canoë-kayak dans ledépartement, celui de Saint-Laurent-Blangy quibénéficie en ce moment même d’une cure dejouvence. Ces deux clubs se battent chaqueannée pour être au sommet national de la dis-cipline. Il y a de la concurrence mais surtoutbeaucoup d’amitié, de solidarité et de respectentre eux. Trois valeurs essentielles dans lemonde du sport.

    L’aventure Pas-de-Calais 2012 a permis larénovation et la construction de sites spor-tifs, pouvez-vous nous en dire plus?Ces dernières années, le Département aaccompagné la rénovation et la construction desites sportifs qui sont désormais labellisés Pas-de-Calais 2012 : le complexe gymnique et lestand de tir d’Arques, la salle d’haltérophilie deBerck-sur-Mer, les stades d’athlétisme deBruay, Lens, Calais, la salle de lutte deMarquise, la piste de BMX de Lumbres, lesstades nautiques de Saint-Laurent-Blangy etBoulogne-sur-Mer pour ne citer qu’eux.Ces équipements vont accueillir des athlètesfrançais et étrangers qui préparent de grandeséchéances sportives, la plus proche étant celledes J.O. de Londres 2012 mais aussi degrandes compétitions nationales et internatio-nales. Le Département a investi 20 millionsd’euros dans ces structures. Si on ajoute à cettesomme la participation de partenaires tels quela Région, les Établissements publics de coo-pération intercommunale ou les communes, onatteint le chiffre de 100 millions d’euros. Cesdeniers sont injectés dans l’économie départe-mentale. L’ambition 2012 fait aussi travailler lesentreprises et en cette période de crise, c’estune bonne nouvelle pour elles.L’investissement du Département au travers desa Mission Pas-de-Calais 2012 a aussi portésur les signatures de conventions avec desFédérations sportives françaises et étrangères.En 2011, nous avons passé deux accordsimportants avec le Comité National Olympique

    et Sportif Français (C.N.O.S.F.) présidé parDenis Masseglia et la CONFEJES, institutionintergouvernementale qui œuvre pour la pro-motion de la jeunesse, du sport et des loisirs ausein de l’espace francophone (laquelle compte43 États et Gouvernements). De son côté, enpartenariat avec son homologue du Nord et leComité Régional de Tourisme, l’Agence deDéveloppement et de Réservation Touristiquesdu Pas-de-Calais est mobilisée pour accueilliret guider touristes et supporters dans les meil-leures conditions. 400 professionnels du tou-risme se sont inscrits dans la démarche: ils sesont réunis le 12 décembre à la Coupoled’Helfaut pour lancer l’opération.

    Quelles retombées attendez-vous de cetteannée 2012 qui sera placée, selon le souhaitdu Département, sous le signe del’Olympisme, de la Jeunesse et du Sport?Si les prochains Jeux d’été vont se déroulerdans la capitale britannique, ils auront un reten-tissement important dans le Pas-de-Calais quis’apprête à « accueillir le monde »: athlètes enpréparation, supporters, touristes, etc. Chacunaura saisi les enjeux en termes d’image et deretombées économiques. Les effets positifsvont au-delà de l’événement car quand l’olym-piade sera terminée, les équipements que nousavons construits ou rénovés ne vont pas fermerleurs portes. Ils seront utilisés par les sportifsdu département - l’objectif est d’atteindre400000 licenciés en 2012 - et accueilleront degrandes compétitions nationales et internatio-nales. Tout cela contribuera à faire connaître etaimer le Pas-de-Calais.Pour revenir à l’événement proprement dit, leDépartement a décrété que l’année 2012 seraitl’« Année de l’Olympisme, de la Jeunesse et duSport. » Tout un programme qui se déclineraautour de quatre temps forts: le J – 100 (avecentre autres l’organisation d’un grand événe-ment festif et populaire le 18 avril 2012), la céré-monie d’ouverture des Jeux Olympiques, letemps des Jeux et le retour des Jeux (qui coïn-cidera avec le départ des Jeux Paralympiques)où on espère célébrer les nombreusesmédailles remportées par les membres del’Équipe Olympique Pas-de-Calais.Nous souhaitons qu’il y ait un maximum demanifestations liées aux J.O. 2012 et que toutesles générations s’emparent du formidable élan

    qu’ils engendrent. Nous allons notammentmobiliser les jeunes autour d’un vaste projetsportif, éducatif, culturel, solidaire et festif.D’ores et déjà, nous avons lancé dans les col-lèges l’opération «Torche » et l’exposition itiné-rante Au cœur de l’olympisme.

    L’opération séduction à destination desdélégations sportives étrangères et fran-çaises a-t-elle eu du succès?Rien qu’en 2011, quarante nations dont laFrance ont profité des installations « labellisées2012 »! Elles représentent 2500 athlètes issusde toutes disciplines. Le slogan « Le Pas-de-Calais accueille le monde » prend tout son sensà l’évocation des pays visiteurs: Porto-Rico,Cuba, Nouvelle-Zélande, Serbie, Chine, Suède,Canada, États-Unis, Mexique, Argentine,Afrique du Sud, Tunisie, etc.Et on sait déjà que les gymnastes japonais -et anglais ! - effectueront leurs stages termi-naux d’avant-J.O. à Arques, que les kaya-kistes ukrainiens effectueront leurs derniersréglages à Boulogne-sur-Mer, que lesjudokas de l’équipe de France se retrouverontpour une ultime séance à Étaples, que lesspécialistes du tir handisport passeront parArques juste avant les Jeux Paralympiques !

    Que retenez-vous de ces derniers mois?Et pouvez-vous nous éclairer sur l’appelà projets lancé par le Département?La confirmation que nous étions dans le vrailorsque nous avons engagé ce pari un peufou en 2005 : faire du Pas-de-Calais, la basearrière des Jeux Olympiques de Londres2012. Aujourd’hui, on peut le dire : c’estgagné ! Nous allons accueillir le monde etnous entendons bien profiter du formidableélan enclenché dans le département pourcélébrer ensemble les valeurs de l’olym-pisme. Fin octobre, nous avons lancé unappel à projets pour mettre en place desrendez-vous festifs et populaires : 2012 pré-textes pour faire la fête autour des J.O. en2012, un autre pari est lancé ! À vos idées !

    L’appel à projets est téléchargeablesur les sites pasdecalais.fret rendezvous2012.comChacun peut y répondrejusqu’au 31 janvier.

    une réelle opportunité pour le Pas-de-Calais

    C’est sous cet intitulé que l’Agence de Développement et de Réservation Touristiques du Pas-de-Calais et sespartenaires ont créé début décembre un dispositif original destiné à préparer au mieux l’année 2012. Sonambition ? Favoriser l’accueil des sportifs et visiteurs de différentes nationalités qui traverseront ou séjour-neront dans la région à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres. Bertrand Petit, président de Pas-de-Calais tourisme, est convaincu du bienfondé de l’initiative : « À une heure de la capitale britannique parl’Eurostar et 35 minutes de Folkestone par le Tunnel sous la Manche, nos territoires se positionnent commela base arrière idéale pour l’entraînement et la relaxation des athlètes, l’accueil des touristes et des suppor-ters, le tout suffisamment loin de l’agitation londonienne, et juste assez près pour rallier les sites olympiquesau plus vite. Formidable vitrine touristique pour le Nord-Pas de Calais, les prochains Jeux d’été devront êtreportés par la population locale qui saura se mobiliser autour de ce projet ambitieux et fédérateur qui, c’estnotre souhait, perdurera au-delà de 2012. »La signature commune « Accueille le monde » ou « Greet the world » doit permettre à « l’espace Transmanche » derallier tous les partenaires potentiels de l’aventure : professionnels du tourisme prioritairement mais égale-ment acteurs culturels et sportifs locaux, associés institutionnels qui souhaitent se joindre à la dynamiqueet aux événements à venir. « Parallèlement, poursuit Bertrand Petit, cette démarche incitera nos habitants àporter nos valeurs et à faire découvrir plus encore nos richesses touristiques respectives. Elle exprime lavolonté de réunir tous les professionnels autour d’un même enjeu : capitaliser sur nos relations et la noto-riété acquise pour faire de la région Transmanche une destination durable, aux nombreuses richesses tou-ristiques, avec des prestations de qualité, pour continuer au-delà de 2012, non sans une certaine ambition,à accueillir le monde ! »Concrètement, « Accueillir le monde, greet the world » se traduit par la création d’une charte gage de qua-lité, d’un guide de l’accueillant, d’une plateforme de réservation régionale, d’un site « accès de la régiontransmanche, de documents pratiques présents dans les lieux d’arrivée et les offices du tourisme, etc.

    Contact : Pas-de-Calais TourismeAgence de Développement et de Réservation Touristiques,

    Route de la Trésorerie, 62126 WimilleTél. : 03 21 10 34 60

    Pu

    blicit

    é

    « Accueillir le monde, greet the world »

    Londres 2012 :

    Photo Ph. Vincent-Chaissac

    Inauguration de la piste de BMX à Lumbres

  • L'année 2012 sera olympique dans le Pas-de-Calais ou ne sera pas ! C'est un peu le résuméqui pourrait être fait en vue de ce qui attend les habitants du département dès le 1er janvierprochain.

    En effet, le Conseil général a lancé en avril dernier, l'année de l'Olympisme, de la Jeunesseet du Sport. Celle-ci s'étendra jusqu'à la fin de l'année 2012. C'est la dernière phase du projetPas-de-Calais 2012 instauré en 2007 par le Département, qui vise à faire du Pas-de-Calaisune terre d'accueil en vue des Jeux Olympiques de Londres.

    Dans ce cadre, l'institution lance un grand appel à projets auprès de la population. Associations, communes, intercommunalités, structures jeunesse, clubs, centres sociaux,etc. : cet appel à projets vous est destiné !

    Quatre thèmes pour fêter les Jeux...dans le Pas-de-Calais

    Le grand appel à projets s'effectuera en deux temps pour permettre à chacun deconstruire son projet (dépôts des dossiers en décembre 2011 et en mars 2012). Cesprojets devront respecter un caractère innovant et exceptionnel suivant un ou plu-sieurs de ces thèmes :

    • la notion de rendez-vous• le chiffre 2012• le Pas-de-Calais accueille le monde• les valeurs de l'olympisme

    Dates limites du dépôt des dossiers :• pour les communes et groupements de communes :

    - 31 janvier 2012 pour les actions mises en œuvre au cours de l’année 2012• pour les autres structures (associations, etc.) :

    - 31 janvier 2012 pour les opérations mises en œuvre au 1er semestre 2012- 1er mars 2012 pour les actions mises en œuvre au 2e semestre 2012

    Dossier à télécharger sur pasdecalais.fr

    C’est sous cet intitulé que l’Agence de Développement et de Réservation Touristiques du Pas-de-Calais et sespartenaires ont créé début décembre un dispositif original destiné à préparer au mieux l’année 2012. Sonambition ? Favoriser l’accueil des sportifs et visiteurs de différentes nationalités qui traverseront ou séjour-neront dans la région à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres. Bertrand Petit, président de Pas-de-Calais tourisme, est convaincu du bienfondé de l’initiative : « À une heure de la capitale britannique parl’Eurostar et 35 minutes de Folkestone par le Tunnel sous la Manche, nos territoires se positionnent commela base arrière idéale pour l’entraînement et la relaxation des athlètes, l’accueil des touristes et des suppor-ters, le tout suffisamment loin de l’agitation londonienne, et juste assez près pour rallier les sites olympiquesau plus vite. Formidable vitrine touristique pour le Nord-Pas de Calais, les prochains Jeux d’été devront êtreportés par la population locale qui saura se mobiliser autour de ce projet ambitieux et fédérateur qui, c’estnotre souhait, perdurera au-delà de 2012. »La signature commune « Accueille le monde » ou « Greet the world » doit permettre à « l’espace Transmanche » derallier tous les partenaires potentiels de l’aventure : professionnels du tourisme prioritairement mais égale-ment acteurs culturels et sportifs locaux, associés institutionnels qui souhaitent se joindre à la dynamiqueet aux événements à venir. « Parallèlement, poursuit Bertrand Petit, cette démarche incitera nos habitants àporter nos valeurs et à faire découvrir plus encore nos richesses touristiques respectives. Elle exprime lavolonté de réunir tous les professionnels autour d’un même enjeu : capitaliser sur nos relations et la noto-riété acquise pour faire de la région Transmanche une destination durable, aux nombreuses richesses tou-ristiques, avec des prestations de qualité, pour continuer au-delà de 2012, non sans une certaine ambition,à accueillir le monde ! »Concrètement, « Accueillir le monde, greet the world » se traduit par la création d’une charte gage de qua-lité, d’un guide de l’accueillant, d’une plateforme de réservation régionale, d’un site « accès de la régiontransmanche, de documents pratiques présents dans les lieux d’arrivée et les offices du tourisme, etc.

    Contact : Pas-de-Calais TourismeAgence de Développement et de Réservation Touristiques,

    Route de la Trésorerie, 62126 WimilleTél. : 03 21 10 34 60

    « Accueillir le monde, greet the world »

    Photo Ph. Vincent-Chaissac

    Tournoi internationalau complexe gymnique d’Arques

    Inauguration de la piste de BMX à Lumbres

  • 14 À nos Olympiques • 1900-2012L’Écho du Pas-de-Calais – Janvier 2012

    « C’est loin tout ça ». Aborder les jeuxolympiques avec ces athlètes qui ont eula chance d’y participer il y a plus de30 ans, c’est la quasi-certitude d’en-tendre cette phrase difficile à com-prendre. Page définitivement tournée ?Le souhait de ne pas partager ? Unegrande humilité ? L’analyse est com-plexe, d’autant qu’à chaque fois, lesmots, les images reviennent vite, parbribes ou en cascade. Et toujours cemême plaisir pour l’auditoire des’abreuver des récits de sportifs plusou moins connus, des récits coususd’anecdotes qui donnent à rêver. Unrêve. C’est un peu cela que le jeunehockeyeur Yvan Bia a vécu à Rome en1960. Comme lui, deux autresCalaisiens découvrent pour la pre-mière fois les joutes olympiques :Gérard Lefranc, escrimeur de qualitéhaut de 6 pieds 6 pouces et MauriceDobigny, gardien de l’équipe deFrance de hockey sur gazon. Yvan Biase souvient : « La télévision n’était pasrépandue à l’époque. À Calais, peu degens savaient que nous étions partis àRome. Il y eut bien une réceptiondonnée par le maire à notre retour,mais rien de plus ». Yvan et Maurice,respectivement 25 et 24 ans jouaientdans la même cour d’école, dans lemême club de Calais et dans la mêmeformation aux Jeux olympiques…l’histoire est déjà belle. Ils vontdévorer ces jeux à pleines dents.

    Une histoire… belge !Sportivement, l’équipe de France dehockey sur gazon n’a pas grand-choseà espérer. Elle fait partie des 15 meil-leures nations mondiales, certes, maiselle est loin, très loin du haut dupanier comme le relate Yvan Bia :« Nous étions amateurs à 200 %,même l’entraîneur travaillait, iln’était pas un professionnel de l’en-traînement ! Il y avait bien tropd’écart entre notre équipe et desnations telles que l’Allemagne, laHollande ou encore l’Inde et lePakistan, deux pays où les hockeyeursétaient ni plus ni moins des athlètes

    d’État. On ne pouvait pas les accro-cher ». Les Tricolores ne déméritentpas pour autant et s’adjugent unehonorable 10e place, juste derrière lesBataves. Pour la petite histoire, l’onretiendra cette anecdote invraisem-blable qu’Yvan raconte sourire auxlèvres… des faits qui feront polémiqueet pour cause… Les Français sontopposés à la Belgique pour leur pre-mier match de classement. Dans lestade de marbre jouxtant l’enceinteolympique, les deux équipes sont aucoude à coude, le score est nul et viergeà un quart d’heure du terme de lapartie lorsqu’un coup de siffletretentit. En toute logique, les acteursde la rencontre s’arrêtent de jouer,tous, à l’exception de l’attaquant fran-çais qui file au but. Le coup de siffletintempestif émanait en fait de l’auto-route voisine, sur laquelle un motarden service procédait à une arrestation.Les Français s’imposent sur la pluspetite des marges.

    Une autre époqueLes Jeux de Rome sont incontestable-ment une transition entre deuxépoques. La ville éternelle arbore sonpatrimoine antique et abrite en sonsein les premiers jeux retransmis endirect à la télévision. La cérémonied’ouverture concoctée par Walt Disneyest grandiose, l’ambiance festive et unejoyeuse pagaille règne dans les rues deRome. Mais si la modernité pointe lebout de son nez, ces Jeux de 1960 sontencore loin de la frénésie actuelle, du« tout verrouillé ». Yvan Bia raconteson périple qui commence par undépart groupé de toutes les équipes deFrance mises à part quelques « stars »comme il dit. « Une superbe ambiance.Nous étions avec les nageurs et les bas-ketteurs tricolores, des gens commeRoger Antoine, Jean-Paul Beugnot ouencore Robert Monclar. Sur place,tous les athlètes étaient logés au mêmeendroit ». Le rapide attaquant calai-sien en prend plein les yeux. Yvan nesait plus trop de quel pape il s’agissait,mais il se souvient parfaitement de la

    réception de l’évêque de Rome. Ilmontre ses photos. On distinguel’homme d’église, Jean XXIII en l’oc-currence. Car oui, Yvan Bia est un desrares sportifs de cette époque à pos-séder des photos personnelles des jeux.Des centaines.

    « On s’est fait passerpour des nageursde l’équipe de France »Yvan Bia a eu le bon reflexe.Immortaliser ces moments de vie siparticuliers. Des monuments aussi. Etpuis de l’audace en figeant sur papierle défilé des athlètes de l’intérieur dustade olympique pendant la cérémonied’ouverture, chose interdite ! Yvanpoursuit son histoire et expose savision des choses : « les jeux à l’époqueétaient il me semble très différents. Onrecevait une carte en début de compé-tition qui nous permettait d’accéderaux restaurants, d’avoir le transportgratuit et surtout un passe-droit pour

    assister à toutes les compétitions.Pendant un mois, je me suis rassasiéde compétitions d’athlétisme. Je croisque c’est une �