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Membre fondateur de Supports/Surfaces*, l’œuvre de Viallat enincarne l'esthétique. Il en poursuitsans relâche l'expérimentationconstitutive. Son travail, termeque la théorie Supports/Surfacesoppose à art ou création artisti-que, est fondé sur la répétitiond'une forme simple qu’il utilise dèsl’été 1966.

L’exubérance de la couleur

Issue d’une éponge imbibée de peinture et pressée sur une toile libre de façon systématique, cette forme,qui a pu être rapprochée d’une palette ou d’un haricot, va fonder l’identité formelle de l’artiste. C’est, eneffet, ce dispositif pictural que Viallat ne cesse d’interpréter depuis plus de quarante ans, remplaçant, à par-tir de 1974, l’éponge par le pochoir qu’il reporte de façon systématique sur de multiples supports détournésde leur fonction première : parasol, tapis, torchon, bâche militaire, toile de tente, filet...Ces supports, de formats souvent monumentaux, le peintre en exploite la constitution et la matière pour don-ner à sa forme, en fonction de leur tissage, et de leur texture, un contour plus ou moins net, une intensité deton plus ou moins forte, renouvelant, au sein de chacune de ses œuvres, avec une créativité étonnante, lapratique d’une peinture passant fondamentalement, foncièrement, par l’harmonie colorée et la somptuositéde la couleur . Revendiquant l’héritage de Matisse, Claude Viallat, s'impose ainsi comme l'un des grands co-loristes de l'histoire de la peinture occidentale. (*cf. fiches 1.5 et 1.6)

Claude VIALLAT(né à Nîmes en 1936 )

Bâche kaki1981Acrylique sur fragmentde tente militaire320 x 475 cmMNAM, Paris

L’idée de Matisse est présente quand je travaille, mais à la différence de lui, je n’observe pas la réalité. Lui, ilfabriquait des théâtres avec les tissus. Moi je pars de la réalité du support, de sa couleur, de sa matière.

Claude Viallat, 1987.

A l’occasion d’une exposition à Bordeaux en 1981, dans l’immense espace des entrepôts Lainé, Viallat travail-le sur de grandes bâches militaires, dont il associe des fragments pour créer des supports monumentaux, latexture et la couleur kaki exaltant les couleurs vives et pures qu’il emploie. Les rythmes colorés et les brutalesruptures de composition sont déterminés par la nature même du support. L’artiste utilise la structure préexis-tante, transformant chaque pan de la bâche en un vaste champ coloré bi ou tricolore. En effet la couleurkaki de le toile d’origine est souvent perceptible, soit parce qu’elle a été préservée (colorant ainsi le fond oula forme), soit parce que les couleurs déposées ne la recouvrent pas entièrement laissant ainsi percevoir lagestuelle du peintre. Une partie frontale, pouvant être manipulée et retournée, retombe devant le spectateuret donne l’illusion d’une ouverture possible, renforçant ainsi le rapprochement formel de l’œuvre et d’unetente militaire. « Bâche kaki » témoigne ainsi du pouvoir de transfiguration de la peinture et de la jubilation del’artiste, artisan de cette « renaissance ».

Mots clefs,points d’ancragepour l’étudede l’oeuvre

Rapport fond/FormeRépétitionCouleur (contraste, harmonie…)Saturation/All overSupport employé/Format de l’oeuvre

RythmesRelation à l’espaceMotif

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La toile kaki brute reste visible en denombreux endroits de l’oeuvre

Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque

> fiche n°38.1Arts visuels // Art du XXème siècle / Claude Viallat .13

Analyse comparative

Des repères , s’interroger sur

Différences et ressemblances :. Composition, couleurs. Ombre et lumière (procédés utilisés par l’artiste). Effets des gammes de couleur. Rapports entre la forme (couleurs et orientations) et les différentes surfaces

(limites et couleurs). Forme générale des œuvres, changement de fonction des supports. Formats

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Claude VIALLATFenêtre à Tahiti1980Acrylique sur parasolde marché210 X140 cm

Claude VIALLATBâche kaki

1981Acrylique sur fragment

de tente militaire320 x 475 cmMNAM, Paris

François ROUANTressage papier 1965Huile sur bandes de pa-pier tressées sur châssis239X160 cm

Œuvre à rapprocher de

Jean-Pierre PINCEMINHexagones collés 1969Toile libre 272 X 304 cm

Louis CANE Papiers col-lés 1967 Peinture à l'huilesur papier pelure contre-collé sur kraft 180X232 cm

Bibliographie, sites, DVD

Claude Viallat, Collectif, Éditions Galerie Daniel Templon, 2005Claude Viallat, Bâche, Elisabeth Amzallag-Augé, L’Art en jeu, Ed. Centre Georges Pompidou, 1986Les années Supports-Surfaces, Collectif, Galerie du Jeu de Paume, Éd. Centre Georges Pompidou, 1998http://www.claudeviallat.com/pages/accueil.html : le site pour découvrir l’artiste



A voir dans l’Oise et en Picardie

Estampes de Claude Viallat, Artothèque de l’Espace LegendreCompiègne

Liens avec les autres domaines

Art pariétal : Empreintes de mains

Arts premiers :

Tissus africains, polynésiens,molas panaméens...

Filiations et repères historiques

Grotted’Altamira

JacksonPollock

1981 Figuration Libre :Combas, Di Rosa,

Boisrond...

Paléolithiquesupérieur

1912-1956

1952 Action Pain-ting : Pollock

1964 Figuration Narrative :Cueco, Monory,

Fromanger...

1960 Nouveau Réalisme :Arman, César, Klein...

HenriMatisse

1869-1954

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Mola, peuple Kuna, Panama Tissu de la Sierra Leone

La cueva de las manos,Argentine

Sans titre, 2003 Sans titre, 2000

1948 Cobra : Appel,Corneille, Jorn,Alechinsky...



L’exposition Claude Viallat à l’Espace Legendre de Compiègne (2005)

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N°100Acrylique sur échantillon Bucol,

96 X 96 cm, 2000

N°128Acrylique sur fragment de tente jaune

204 X 400 cm, 1992

N°32, Acrylique sur toile, recto et verso 236 X 302 cm, 1992

N°36, Acrylique sur toile recto verso236 X 302 cm, 1996

N°7, Acrylique sur fragment de tente avec fenêtre242 X 310 cm, 1997

Les pistes de pratiques artistiques sont abordées dans le dossier « Autour de Viallat »



Supports/Surfaces

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"Dezeuze peignait des châssis sans toile, moi je peignais des toiles sans châssis et Saytour l’image

du châssis sur la toile."

Claude Viallat, 1975

Ce mouvement, qui signifie d’un côté le châssis (le support de la toile) et de l’autre la toile (la sur-face), apparaît en France en 1969 et regroupe des peintres français qui, en réaction à l’iconoclas-tie de BMPT* veulent montrer que peindre est encore possible à la fin des années 60, mais que ce-

la nécessite une refonte des moyens picturaux.

Les peintres du Supports-Surfaces sont issus pour la plupart du sud de la France et se sont ren-contrés à l’école des Beaux Arts de Montpellier et à l’Ecole nationale supérieure des Beaux Arts.Sous l’initiative de Claude Viallat, ils organisent de nombreuses manifestations en province, sou-vent dans l’espace public ("Impact I", 1966, musée de Céret). Ils rompent avec la posture romanti-

que et marginale de l’artiste, pour mettre en évidence son inscription sociale.

« L'objet de la peinture, c'est la peinture elle-même et les tableaux exposés ne se rapportent qu'àeux-mêmes. Ils ne font point appel à un "ailleurs" (la personnalité de l'artiste, sa biographie, l'histoirede l'art, par exemple). Ils n'offrent point d'échappatoire, car la surface, par les ruptures de formes etde couleurs qui y sont opérées, interdit les projections mentales ou les divagations oniriques du spec-tateur. La peinture est un fait en soi et c'est sur son terrain que l'on doit poser les problèmes.Il ne s'agit ni d'un retour aux sources, ni de la recherche d'une pureté originelle, mais de la simple mi-se à nu des éléments picturaux qui constituent le fait pictural. D'où la neutralité des œuvres présen-tées, leur absence de lyrisme et de profondeur expressive. »

Extrait du Texte fondateur du mouvement paru lors de l’exposition « La peinture en question »musée du Havre, juin 1969

*Groupe de peintres français et suisses dont le sigle reprend l’initiale du noms de chaque artiste fondateur :Buren, Mosset, Parmentier, Toroni. Constitué à Paris en 1966, le groupe, qui allie un extrême minimalisme à uneprovocation néo-dada, se dissout un an plus tard, avec la démission de Parmentier.

Daniel DEZEUZEChâssis avec feuille de

plastique tendue1967

Tasseaux de bois formantchâssis et feuille de plastique

transparent194 x 130 cm

Patrick SAYTOURSans titre1968Toile plastique ettraces de plis354X136 cm



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Puisant leurs influences dans l’art européen (Matisse en particulier) ainsi que dans l’art américain(Barnett Newman, Mark Rothko, Jackson Pollock), ils s’intéressent au travail de Simon Hantaï, PierreSoulages ou de Lucio Fontana, de même qu’ils tirent les leçons des avancées des Nouveaux Ré-

alistes.

Le groupe se penche sur le statut de la peinture et des oeuvres en tant qu’objets, et dénoncent lessurdéterminations économiques et idéologiques de la peinture. Leurs oeuvres se présentent donccomme les produits d’une rupture violente et radicale avec l’art traditionnel, le tableau n’ayantplus désormais à délivrer aucun message et ne devant plus rien représenter d’autre que sa propreréalité matérielle, c’est-à-dire la toile, le pigment et la forme, afin d’approcher au mieux la réalité

de l’oeuvre et de retourner aux origines de la peinture.

De nombreux outils sont utilisés : tampons, pochoirs, éponges, pistolets, ciseaux, bâtons... La pein-ture à l’huile, l’acrylique, l’encre fluide, une peinture plus ou moins diluée à la térébenthine imprè-gnent leurs pinceaux. Le sujet étant évacué, la peinture est neutre. Les artistes peignent des motifsrépétitifs, des aplats de couleurs aux formes aléatoires. Ce mouvement va élaborer une remise enquestion des moyens picturaux traditionnels par une diversité des techniques d’application de lacouleur et du geste : usage des colorants, empreintes (Claude Viallat), tampons (Claude Viallat,Louis Cane, Jean-Pierre Pincemin), aplats (Marc Devade, Vincent Bioulès), techniques de pliage

(Louis Cane et André Valensi), trempage (Noël Dolla).

L’année 1970 représente un point d’orgue pour le groupe avec la première exposition d’am-pleur nationale de ces artistes sous le vocable "Supports-Surfaces" à l’ARC (Musée d’Art Moder-ne de la Ville de Paris), à laquelle participent Vincent Bioulès, Marc Devade, Daniel Dezeuze ouClaude Viallat. Par la suite, d’autres artistes se joignent au groupe, Louis Cane, Noël Dolla, Ber-nard Pagès, Jean-Pierre Pincemin, et des expositions régulières se succèdent jusqu’en 1972 oùdes dissensions d’ordre idéologique conduisent à la scission du groupe et à la fin de l’une desdernières avant-gardes artistiques françaises.

Vincent Bioules, Diptyque,1971 Acrylique sur coton brut

146 x 219 cmMarc Devade, N°II, Avril 1971,Peinture vinylique sur toile sur

châssis 200 x 200 cmNoël Dolla, Croix, 1973Huile sur toile libre

280 x 280 cm

Supports/Surfaces (suite)

3Préhistoire et Antiquité Moyen Âge Temps Modernes XIXème siècle XXème siècle et notre époque


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