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PARCOURS Adam Yedid RÉALISATIONS Philippe Prost Dominique Coulon Du Besset-Lyon TECHNIQUE Mobilier urbain DOSSIER Les Grisons, de Zumthor à la nouvelle génération d a DARCHITECTURES 231 - NOVEMBRE 2014 D’ARCHITECTURES, LE MAGAZINE PROFESSIONNEL DE LA CRÉATION ARCHITECTURALE – FRANCE 12 - BELGIQUE 12,5 - DOM/S 13 - TOM/S 1450 CFP - CANADA 16,95 $CAD - SUISSE 19,90 FS - MAROC 120 MAD - TUNISIE 14 TND L 13688 - 231 - F: 12,00 - RD

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PARCOURSAdam Yedid

RÉALISATIONSPhilippe ProstDominique CoulonDu Besset-Lyon

TECHNIQUEMobilier urbain

DOSSIER

Les Grisons, de Zumthorà la nouvelle génération

d’aD’ARCHITECTURES 231 - NOVEMBRE 2014

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D’ARCHITECTURES, LE MAGAZINE PROFESSIONNEL DE LA CRÉATION ARCHITECTURALE – FRANCE 12 € - BELGIQUE 12,5 € -

DOM/S 13 € - TOM/S 1450 CFP - CANADA 16,95 $CAD - SUISSE 19,90 FS - MAROC 120 MAD - TUNISIE 14 TNDd’a

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Dans la continuité des expositions monographiquesdu Centre Pompidou et après celle – décevante –consacrée à Bernard Tschumi (voir l’article de ValéryDidelon dans d’a 228, juillet/août 2014), une rétros-pective de l’œuvre de Frank Gehry ouvre judicieu-sement au moment où l’architecte livre sonnouveau bâtiment à Paris pour la fondation Louis-Vuitton (voir l’article de David Leclerc dans d’a 230,octobre 2014). L’exposition du Centre Pompidouretrace le parcours de Gehry depuis la création deson agence en 1962 à Los Angeles, tandis qu’uneexposition complémentaire à la fondation Louis-Vuitton présente l’ensemble des maquettes et descroquis qui ont servi à la conception du bâtiment.

L’architecture de Frank Gehry est souvent mal com-prise, car elle résulte d’une démarche singulière etd’une écriture architecturale parfois déconcertante.Sa notoriété, depuis le musée Guggenheim deBilbao, lui vaut l’appellation de « star-architecte »,qu’il déteste. L’extravagance de certaines de ses réali-sations, dont la fondation Louis-Vuitton est la der-nière incarnation, fait dire à certains qu’il est unsculpteur plutôt qu’un architecte. À la différence deTschumi, qui a un discours théorique, même s’il est

souvent difficile de le rattacher à sa pratique profes-sionnelle, Gehry laisse à d’autres le soin d’interpréterson architecture. Seul l’acte construit, selon lui, peuttémoigner de ses intentions. C’est précisément lemérite de cette rétrospective que d’avoir choisi lesoutils privilégiés par l’architecte dans son processusde conception – les croquis et les maquettes – pourprésenter une soixantaine de ses projets les plusimportants.

PAS À PAS

L’exposition souligne l’évolution progressive du lan-gage architectural et plastique de Gehry, les filiationsqui existent d’un projet à un autre et les thèmes quitraversent son œuvre. Pas à pas, l’architecte s’éman-cipe du carcan moderniste de ses années de forma-tion pour construire son propre vocabulaire. Sespremiers projets constituent en quelque sorte l’ADNde son œuvre, chacun déclinant un thème qui vaprogressivement habiter ses recherches durant sescinquante années qui suivent. Le studio Danziger,construit en 1964 sur Melrose Avenue à Los Angeles,pose avec une acuité et une précision minimaliste laproblématique de toute son œuvre : deux volumesvalent mieux qu’un, car dans cette dualité se pose

MAGAZINE > EXPOSITION

La pensée à l’œuvreL’architecture de Frank Gehry célébréepar deux grandes expositions à ParisPar David Leclerc

V Rétrospective Frank Gehry au Centre Pompidou.

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inévitablement la question de la relation qu’ils peu-vent entretenir l’un avec l’autre et du dialogue entrele vide et le plein. Avec la maison et le studio de l’ar-tiste Ron Davis (1968-1972) à Malibu, Gehry intro-duit le thème de la distorsion géométrique, qui estaussi celui du peintre. Il privilégie la dynamiqued’un plan en trapèze, plutôt qu’un simple rectangle,pour mettre en résonance la maison avec le paysagemontagneux qui l’entoure. Le volume d’habitationsur pilotis de la maison Wagner (1978, non réalisé)bascule dans un équilibre instable pour suivre l’in-clinaison du terrain sur lequel il prend place. LaRésidence familiale (1978, non réalisé) introduit laquestion de l’enveloppe et de sa matérialité en décou-pant la peau de plâtre pour faire apparaître le sque-lette en bois qu’elle dissimule.Ce travail exploratoire trouve sa première synthèsedans sa propre maison (1977-1978), un pavillon destyle hollandais qu’il emballe d’une nouvelle façade ;elle témoigne de la liberté avec laquelle il réinterprètele déjà-là pour le faire sien. Puis vient la période desannées 1980, que Gehry caractérise lui-même par« one room building », où l’édifice est décomposé enune famille d’objets qui se côtoient. Les maisonsdeviennent des petites villes miniatures qui puisentleur inspiration dans l’hétérogénéité de l’universurbain de Los Angeles.Cette fragmentation trouve ses limites quand Gehryaborde des programmes d’échelles plus importantesà la fin des années 1980. Le musée Vitra (1987-1989),construit sur le campus de l’usine à Weil-am-Rhein,est à cet égard un tournant dans son œuvre : Gehryopère pour la première fois une fusion des volumesentre eux. Le thème du mouvement figé, qui l’obsèdedepuis ses débuts, trouve aussi ici sa première incar-nation architecturale. Il réapparaîtra ensuite, àl’échelle urbaine et paysagère, dans la spectaculairefluidité du musée Guggenheim de Bilbao (1991-1997)et aujourd’hui, dans sa forme la plus sophistiqué, àla fondation Louis-Vuitton.

DE LA LIGNE À L’ENTRELACS

En sélectionnant dans les archives de l’agence denombreuses esquisses, tracées sur des feuilles decalque d’étude ou des carnets de croquis, les com-missaires permettent au visiteur d’appréhender unoutil fondamental du processus de conception deGehry. Le dessin est pour lui un lieu de liberté et derégénération qui permet de se distancier descontraintes du projet pour explorer l’idée et l’émo-tion qui l’animent. Les lignes franches tracées sur lescalques à ses débuts disparaissent progressivement auprofit d’un entrelacs de lignes, pour saisir un profil,

suggérer un mouvement, exprimer une intuition. Ilsreflètent aussi les doutes, qui sont au cœur de ladémarche de l’architecte, qui ne veut pas figer leschoses dans une image précise mais au contraire lesquestionner. À la manière des dessins d’AlbertoGiacometti, les croquis de Frank Gehry sont commeles portraits d’une figure incessamment redessinéepour tenter d’en déchiffrer l’identité.

CORPS À CORPS

Ce travail exploratoire en dessin va de pair avec letravail en maquette. L’agence de Frank Gehry estcélèbre pour les nombreuses maquettes d’études pro-duites durant la conception d’un projet. En dépit del’utilisation du logiciel CATIA depuis ces vingt der-nières années, elles sont encore aujourd’hui l’outilprivilégié par Gehry pour la conception des projets.Dans son agence de Los Angeles, elles trônent surdes socles pour que l’architecte puisse les travailler àhauteur d’œil. Puis elles sont stockées sur des éta-gères, parfois accrochées aux murs ou suspendues auplafond comme des trophées. Les maquettes présen-tées au Centre Pompidou sont pour la plupart des-tinées à la présentation des projets, pour le client oupour des expositions. Elles montrent les bâtimentsproches de leur forme construite. Mais pour com-prendre la manière de travailler de Gehry, il fautpouvoir apprécier les multiples maquettes d’étudesqui témoignent de cet incessant questionnement durapport entre la nature d’un site, les exigences d’unprogramme, la forme architecturale et l’émotionqu’elle suscite. Pour cela, il faut aller à la fondationLouis-Vuitton dans le bois de Boulogne, qui a ouvertau public le 27 octobre, pour voir une seconde expo-sition, qui présente en détail la genèse de son nou-veau bâtiment parisien et rassemble dans une seulesalle toutes les maquettes qui ont permis l’étude desdifférents aspects du projet. Chacune d’entre ellesincarne un moment dans l’évolution de la pensée del’architecte. Elles illustrent les métamorphoses duprojet au fil des mois. Elles sont à différenteséchelles, explorent différents registres. Construitesavec des blocs de bois, du carton plume, des feuillesde papier froissé ou plié, ou encore du rhodoïd, ellestémoignent de la volonté de Gehry de conserverdans l’architecture l’intuition et la spontanéité dutravail en maquette. Ce lien direct entre la main etl’objet, ce rapport physique et tactile avec lamaquette, ce corps à corps confère à ses projets unehumanité qu’il revendique. C’est alors que l’on peutpleinement comprendre sa pensée à l’œuvre et ren-trer dans la singularité du processus de conceptionde son projet le plus ambitieux à ce jour.2

« Frank Gehry »,Centre Pompidou,jusqu’au 26 janvier 2015,galerie sud, niveau 1.Commissaires d’exposition :Frédéric Migayrouet Aurélien Lemonier.Catalogue de l’exposition :Frank Gehry, 256 pages,600 illustrations, prix : 42 €.

« Frank Gehry – La fondationLouis-Vuitton, 2002-2014. »Fondation Louis-Vuitton,Paris 16e arrondissement,jusqu’au 16 mars 2015.Commissaires d’exposition :Frédéric Migayrouet Sébastien Cherruet (adjoint).

V Maquettes de l’expositionLa fondation Louis-Vuitton,2002-2014 à la FondationVuitton.

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