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Au cours de la maladie de Still de l’adulte, les taux sériques d’interleukine-6 (IL-6) sont élevés lors des poussées évolutives de la maladie et sont corrélés avec l’activité de la maladie (6-9) . Une surproduction d’IL-6 pourrait rendre compte des symptômes majeurs de la maladie puisqu’elle peut induire de la fièvre, une hyperleucocytose, une thrombocytose, une élévation des protéines de l’inflammation et une résorption osseuse. Au cours des arthrites idiopathiques juvéniles de forme systémique, une étude prospective contrôlée a montré l’efficacité du TCZ (10) . Les données disponibles dans le traitement de la maladie de Still de l’adulte par le tocilizumab (TCZ) ne reposent que sur des cas cliniques isolés (1-4) et une série française rétrospective d’une dizaine de cas (5) portant sur des patients atteints de maladie de Still de l’adulte réfractaire aux traitements conventionnels incluant le méthotrexate (MTX), l’anakinra et les anti-TNF. En l’absence d’études de recherche de dose dans la maladie de Still de l’adulte, le mode d’administration du TCZ reste à définir. Dans la série française, la moitié des patients traités par des perfusions mensuelles de 8 mg/kg a eu une bonne réponse articulaire EULAR dès 3 mois et a été mis en rémission articulaire (critères EULAR) à 6 mois (5) . Une amélioration articulaire n’a cependant pas été obtenue chez tous les patients. L’efficacité sur les manifestations systémiques a été encore plus fréquente. Un échappement articulaire et systémique est possible. Ces résultats ont été obtenus dans le contexte de maladie de Still réfractaire, après échec du MTX, de l’anakinra et d’au moins 2 lignes d’anti-TNF. Des perfusions de 4 à 8 mg/kg ont été administrées d’emblée tous les 15 jours chez certains patients (1-3, 5) sans qu’il soit possible à ce jour de montrer un bénéfice supplémentaire d’une administration bimensuelle. L’intervalle entre les perfusions a pu être allongé chez certains patients (2, 5) mais d’autres ont présenté une rechute articulaire et systémique lors de la tentative d’espacement (1, 5) . Le profil de tolérance du TCZ au cours de la maladie de Still de l’adulte semble similaire à celui rencontré dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde ou de l’arthrite juvénile idiopathique de forme systémique. Cependant, un cas de syndrome d’activation macrophagique, complication classique de la maladie de Still, est survenu à l’occasion d’une infection à cytomégalovirus chez un patient en cours de traitement par le TCZ sans qu’il soit possible d’affirmer l’existence d’un lien de cause à effet (3) . L’évolution favorable sous bolus de méthylprednisolone et ciclosporine a permis la reprise ultérieure du TCZ à la posologie initiale avec une bonne efficacité sans réapparition du syndrome d’activation macrophagique (3) . Traitement par anti IL-6 dans la maladie de Still de l’adulte : données de la littérature Rationnel du ciblage thérapeutique de l’IL-6 dans la maladie de Still 1 Utilisation du tocilizumab dans la maladie de Still de l’adulte Evidence Based Medicine Recommandations officielles Avis des experts

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Rationnel du ciblage thérapeutique de l’IL-6 dans la maladie de Still Evidence Based Medicine Recommandations officielles Avis des experts 1 La SFR et le CRI ont mis en place un registre prospectif appelé REGATE visant à collecter l’ensemble des patients atteints de PR et des autres pathologies, dont la maladie de Still de l’adulte, et traités par tocilizumab. L’inclusion des patients dans ce registre permettra d’harmoniser le suivi clinique et biologique. 2

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Au cours de la maladie de Still de l’adulte, les taux sériques d’interleukine-6 (IL-6) sont élevéslors des poussées évolutives de la maladie et sont corrélés avec l’activité de la maladie (6-9).Une surproduction d’IL-6 pourrait rendre compte des symptômes majeurs de la maladiepuisqu’elle peut induire de la fièvre, une hyperleucocytose, une thrombocytose, une élévationdes protéines de l’inflammation et une résorption osseuse.

Au cours des arthrites idiopathiques juvéniles de forme systémique, une étude prospectivecontrôlée a montré l’efficacité du TCZ (10).

Les données disponibles dans le traitement de la maladie de Still de l’adulte par le tocilizumab(TCZ) ne reposent que sur des cas cliniques isolés (1-4) et une série française rétrospectived’une dizaine de cas (5) portant sur des patients atteints de maladie de Still de l’adulte réfractaire aux traitements conventionnels incluant le méthotrexate (MTX), l’anakinra et lesanti-TNF.

En l’absence d’études de recherche de dose dans la maladie de Still de l’adulte, le moded’administration du TCZ reste à définir.

Dans la série française, la moitié des patients traités par des perfusions mensuelles de 8 mg/kg a eu une bonne réponse articulaire EULAR dès 3 mois et a été mis en rémission articulaire (critères EULAR) à 6 mois (5). Une amélioration articulaire n’a cependant pas été obtenue chez tous les patients. L’efficacité sur les manifestations systémiques a été encoreplus fréquente. Un échappement articulaire et systémique est possible. Ces résultats ont étéobtenus dans le contexte de maladie de Still réfractaire, après échec du MTX, de l’anakinraet d’au moins 2 lignes d’anti-TNF.

Des perfusions de 4 à 8 mg/kg ont été administrées d’emblée tous les 15 jours chez certainspatients (1-3, 5) sans qu’il soit possible à ce jour de montrer un bénéfice supplémentaire d’uneadministration bimensuelle. L’intervalle entre les perfusions a pu être allongé chez certains patients (2, 5) mais d’autres ont présenté une rechute articulaire et systémique lors de la tentative d’espacement (1, 5).

Le profil de tolérance du TCZ au cours de la maladie de Still de l’adulte semble similaire à celuirencontré dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde ou de l’arthrite juvénile idiopathiquede forme systémique. Cependant, un cas de syndrome d’activation macrophagique, complication classique de la maladie de Still, est survenu à l’occasion d’une infection à cytomégalovirus chez un patient en cours de traitement par le TCZ sans qu’il soit possibled’affirmer l’existence d’un lien de cause à effet (3). L’évolution favorable sous bolus de méthylprednisolone et ciclosporine a permis la reprise ultérieure du TCZ à la posologie initialeavec une bonne efficacité sans réapparition du syndrome d’activation macrophagique (3).

Traitement par anti IL-6 dans la maladie de Still de l’adulte :données de la littérature

Rationnel du ciblage thérapeutique de l’IL-6 dans la maladie de Still

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Utilisation du tocilizumab dans

la maladie de Still de l’adulteEvidence Based Medicine Recommandations officielles Avis des experts

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La durée du traitement par le TCZ reste à définir. Le traitement paraît suspensif dans la trèsgrande majorité des cas. Néanmoins, des rémissions prolongées (jusqu’à 7 ans sans traitement)ont été rapportées après 18 mois de traitement par le TCZ chez une patiente (1, 4).

La SFR et le CRI ont mis en place un registre prospectif appelé REGATE visant à collecterl’ensemble des patients atteints de PR et des autres pathologies, dont la maladie de Still de l’adulte, et traités par tocilizumab. L’inclusion des patients dans ce registre permettra d’harmoniser le suivi clinique et biologique.

1. Iwamoto M, Nara H, Hirata D et al. Humanized monoclonal anti-interleukin-6 receptor antibody for treatmentof intractable adult-onset Still’s disease. Arthritis Rheum 2002;46:3388-9.

2. Nakahara H, Mima T, Yoshio-Hoshino N et al. A case report of a patient with refractory adult-onset Still’s disease who was successfully treated with tocilizumab over 6 years. Mod Rheumatol 2009;19:69-72.

3. De Bandt M, Saint-Marcoux B. Tocilizumab for multirefractory adult-onset Still’s disease. Ann Rheum Dis2009;68:153-4.

4. Matsumoto K, Nagashima T, Takatori S et al . Glucocorticoid and cyclosporine refractory adult onset Still’sdisease successfully treated with tocilizumab. Clin Rheumatol 2009;28:485-7.

5. Puéchal X, De Bandt M, Berthelot JM et al. Efficacy and safety of tocilizumab in refractory adult Still’s disease:a case series: submitted.

6. Scheinberg MA, Chapira E, Fernandes ML, Hubscher O. Interleukin 6: a possible marker of disease activityin adult onset Still’s disease. Clin Exp Rheumatol 1996;14:653-5.

7. Hoshino T, Ohta A, Yang D et al. Elevated serum interleukin 6, interferon-gamma, and tumor necrosis factor-alpha levels in patients with adult Still’s disease. J Rheumatol 1998;25:396-8.

8. Fujii T, Nojima T, Yasuoka H et al. Cytokine and immunogenetic profiles in Japanese patients with adult Still’sdisease. Association with chronic articular disease. Rheumatology 2001;40:1398-1404.

9. Chen DY, Lan JL, Lin FJ, Hsieh TY. Proinflammatory cytokine profiles in sera and pathological tissues of patients with active untreated adult onset Still’s disease. J Rheumatol 2004;31:2189-98.

10. Yokota S, Imagawa T, Mori M et al. Efficacy and safety of tocilizumab in patients with systemic-onset juvenile idiopathic arthritis: a randomised, double-blind, placebo-controlled, withdrawal phase III trial. Lancet2008;371:998-1006.

Bibliographie

Le registre REGATE

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