20160401 livre blanc maison de repos une opportunité

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© IM Associates 2016 - 142 000 patients en maison de repos : une opportunité ? p. 1 LIVRE BLANC 142 000 patients en maison de repos : une opportunité ? IM Associates – mars 2016 « Un raz-de-marée de seniors multiplie par deux le besoin de lits dans les maisons de repos ». Tel était l'un des gros titres du Standaard du 26 janvier 2016. En soi, ce n’est pas une grande nouvelle. Le déferlement de la génération du baby-boom dans le secteur des soins aux personnes âgées est annoncé depuis longtemps. Mais aujourd’hui, nous sentons vraiment la vague se rapprocher. Si le gouvernement en a bien conscience, il tarde à fournir la capacité nécessaire, même s'il est prédit que le nombre de lits devra doubler d’ici 40 ans. Compte tenu de cette réalité, conjuguée à un marché qui se professionnalise de plus en plus, le secteur des maisons de repos va devenir un segment important pour les entreprises pharmaceutiques. Mais qui mène la danse ? Devons-nous tous aller faire le pied de grue devant la porte des maisons de repos ? La remise accordée est-elle tout ce qui compte ? Comment identifier les principaux acteurs sur ce marché et que peuvent leur apporter les entreprises pharmaceutiques (et vice versa) ? Voilà bon nombre de questions d’actualité auxquelles IM Associates souhaite fournir une réponse dans ce livre blanc. Les maisons de repos hier et aujourd’hui : les asbl en tant que moteurs de croissance De nombreuses maisons de repos ont repris le rôle joué par l’église et les communes (par le biais de leur CPAS). Elles étaient alors très centrées sur elles-mêmes, et certaines d’entre elles sont d’ailleurs encore gérées par des congrégations. Au cours de la dernière décennie, la hausse de la capacité en lits a principalement été permise par des investissements émanant d'entreprises privées. À cet égard, le nombre de maisons de repos asbl privées est frappant. On observe également une augmentation du nombre de lits dans des maisons de repos commerciales (donc pas des asbl), mais cette hausse concerne essentiellement les trois dernières années. Précisons toutefois que dans ce dernier groupe, le nombre de localisations a baissé, entraînant une expansion de la taille des établissements. Car ce n’est qu’en réalisant des économies d’échelle qu’elles peuvent maintenir leur rentabilité. Un impératif dans le contexte actuel de marges bénéficiaires en berne et de climat économique morose dans lequel les maisons de repos sont maintenant amenées à fonctionner. D’autres acteurs du marché doivent eux aussi tenir compte de cette réalité dans l'élaboration de leur stratégie. En 2015, la Belgique comptait 142 000 lits en maisons de repos, répartis entre 2 724 localisations. 52 000 appartiennent à des

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© IM Associates 2016 - 142 000 patients en maison de repos : une opportunité ? p. 1

LIVRE BLANC

142 000 patients en maison de repos : une opportunité ? IM Associates – mars 2016

« Un raz-de-marée de seniors multiplie par deux le besoin de lits dans les maisons de repos ». Tel était l'un

des gros titres du Standaard du 26 janvier 2016. En soi, ce n’est pas une grande nouvelle. Le déferlement de

la génération du baby-boom dans le secteur des soins aux personnes âgées est annoncé depuis longtemps.

Mais aujourd’hui, nous sentons vraiment la vague se rapprocher. Si le gouvernement en a bien conscience,

il tarde à fournir la capacité nécessaire, même s'il est prédit que le nombre de lits devra doubler d’ici 40 ans.

Compte tenu de cette réalité, conjuguée à un marché qui se professionnalise de plus en plus, le secteur des

maisons de repos va devenir un segment important pour les entreprises pharmaceutiques. Mais qui mène

la danse ? Devons-nous tous aller faire le pied de grue devant la porte des maisons de repos ? La remise

accordée est-elle tout ce qui compte ? Comment identifier les principaux acteurs sur ce marché et que

peuvent leur apporter les entreprises pharmaceutiques (et vice versa) ? Voilà bon nombre de questions

d’actualité auxquelles IM Associates souhaite fournir une réponse dans ce livre blanc.

Les maisons de repos hier et aujourd’hui : les

asbl en tant que moteurs de croissance

De nombreuses maisons de repos ont repris le

rôle joué par l’église et les communes (par le biais

de leur CPAS). Elles étaient alors très centrées sur

elles-mêmes, et certaines d’entre elles sont

d’ailleurs encore gérées par des congrégations.

Au cours de la dernière décennie, la hausse de la

capacité en lits a principalement été permise par

des investissements émanant d'entreprises

privées. À cet égard, le nombre de maisons de

repos asbl privées est frappant. On observe

également une augmentation du nombre de lits

dans des maisons de repos commerciales (donc

pas des asbl), mais cette hausse concerne

essentiellement les trois dernières années.

Précisons toutefois que dans ce dernier groupe, le

nombre de localisations a baissé, entraînant une

expansion de la taille des établissements. Car ce

n’est qu’en réalisant des économies d’échelle

qu’elles peuvent maintenir leur rentabilité. Un

impératif dans le contexte actuel de marges

bénéficiaires en berne et de climat économique

morose dans lequel les maisons de repos sont

maintenant amenées à fonctionner. D’autres

acteurs du marché doivent eux aussi tenir compte

de cette réalité dans l'élaboration de leur

stratégie.

En 2015, la Belgique comptait 142 000 lits en

maisons de repos, répartis entre

2 724 localisations. 52 000 appartiennent à des

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asbl, 41 000 sont encore entre les mains de CPAS.

Le reste est exploité par des entreprises privées,

souvent des groupes tels qu'Armonea, Senior

Living Group, etc.

Une professionnalisation de la politique des

médicaments s’impose et se fait sentir

Selon les chiffres récents du réseau flamand

d’établissements de soins Zorgnet-Icuro, 1 maison

de repos sur 6 serait déficitaire au point d’être

menacée de fermeture. Les maisons de repos sont

sous-financées, en partie car les lits sont financés

différemment selon qu’ils se situent en maisons

de repos et de soins (MRS) ou en maisons de

repos pour personnes âgées (MRPA). En outre, en

comparaison avec le secteur des hôpitaux par

exemple, les maisons de repos dépendent

fortement des contributions versées par leurs

résidents. Nous constatons par ailleurs que,

contrairement à un hôpital, les médicaments ne

contribuent pas encore sensiblement à la marge

bénéficiaire d’une maison de repos. Étant donné

que les médicaments sont refacturés au patient,

les marges éventuellement plus élevées générées

par les remises offertes sur les produits

bénéficient à la pharmacie plutôt qu’à la maison

de repos. Toutefois, certaines maisons de repos

(surtout celles de grande taille) attendent de plus

en plus que toutes les spécialités fournies

contribuent à leur marge bénéficiaire. Ainsi, une

maison de repos vise à récupérer 10 % de son

chiffre d’affaires total en médicaments.

Bien conscientes de ce levier potentiel, les

grandes chaînes de maisons de repos tentent de

professionnaliser et de centraliser leur politique

d’achats et de médicaments. Armonea (le premier

groupe de maisons de repos), par exemple, fait

appel à sa propre pharmacie, qui se charge de la

logistique et de l’achat de médicaments pour

toutes les maisons de repos qui appartiennent

entièrement au groupe. En revanche, d’autres

groupes laissent encore leurs « franchisés »

individuels choisir eux-mêmes une pharmacie.

Politique en matière de médicaments : un petit

groupe de pharmacies tend à assumer un rôle

directeur

Selon la législation, l’une des tâches d’un médecin

coordinateur et conseiller (MCC) consiste à définir

la politique en matière d’usage de médicaments.

Cependant, une enquête réalisée par IM

Associates auprès de 12 % des maisons de repos

belges révèle que le rôle d’un MCC est souvent

d’ordre protocolaire. C’est généralement la

pharmacie qui a un impact réel sur la politique

des médicaments et qui tâche de l’orienter

activement. Dans de nombreuses maisons de

repos, c’est actuellement la pharmacie qui établit

le formulaire thérapeutique, en concertation ou

non avec le MCC. Elle peut donc influencer ce

formulaire en fonction de sa propre politique

d’achat et du fonctionnement pratique du robot

de fractionnement qu'elle utilise éventuellement.

Vu que la pharmacie ne reçoit généralement pas

une rémunération supplémentaire pour les

services étendus qu’elle fournit, c’est la seule

manière pour elle de rentabiliser les livraisons

effectuées aux maisons de repos.

En outre, assurer la rentabilité de ces activités

reste un défi permanent pour le pharmacien. Le

cadre législatif devient plus complexe. Ainsi, la

législation sur la tarification impose à une

pharmacie de tarifer et de facturer à l’unité, mais

l’indemnité due au pharmacien est calculée

autrement. Dans le cadre de la préparation de

médication individuelle (PMI), l’investissement en

personnel supplémentaire et/ou dans un robot de

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fractionnement est inévitable. Qui plus est, le

pharmacien investit beaucoup de temps dans

l’élaboration et la gestion des schémas de

médication ainsi que dans les contacts avec les

différents médecins qui officient dans une maison

de repos1. Pour récupérer tous ces

investissements dans un délai acceptable, une

pharmacie doit livrer environ 1 000 lits. Cela

signifie qu’il n’y a de place en théorie que pour

150 pharmacies au maximum dans le paysage des

maisons de repos. Si nous tenons compte de

quelques acteurs spécialisés et d’une

intensification de la concentration du marché, ce

nombre est même appelé à diminuer.

IM Associates a mené une enquête à ce sujet et a

identifié quatre-vingts pharmacies qui

approvisionnent des maisons de repos. En termes

de concentration, nous notons en outre que

20 pharmacies couvrent environ 60 % du marché

(en nombre de lits).

La consolidation deviendra donc le maître mot.

Sans oublier que les marges sur les médicaments

soumis à prescription se réduisent constamment

en raison de prix toujours plus bas, mettant de

plus en plus à mal la rentabilité de la livraison aux

maisons de repos. En outre, ces établissements se

montrent plus exigeants en termes de services :

livraison deux fois par jour à l’infirmerie,

disponibilité le week-end de médicaments qui ne

sont pas de stock, refacturation directe aux

résidents, etc. Simples exceptions à l'origine,

toutes ces tâches se sont entre-temps érigées en

règle. Dès lors, nous nous attendons à ce que les

pharmacies actives sur ce marché continuent à se

spécialiser et à se concentrer.

1 Dans une maison de repos moyenne, les ordonnances

sont établies par une cinquantaine de médecins.

De leur côté, les maisons de repos ont compris

que, pour pouvoir conserver le niveau de service

actuel, elles doivent accorder une liberté

suffisante à la pharmacie en matière de politique

des médicaments. Elles sont dès lors de plus en

plus nombreuses à vouloir conclure un véritable

partenariat avec les pharmacies afin d’obtenir un

service intégré, en laissant la pharmacie participer

à l'élaboration de la politique des médicaments.

Les défis et les opportunités pour l’industrie

pharmaceutique

Le segment des soins aux personnes âgées et le

secteur des maisons de repos vont gagner en

importance. Un certain nombre de pharmacies et

de groupements de pharmacies se sont déjà

clairement spécialisés. Les entreprises

pharmaceutiques proposant principalement des

produits à destination d’une population âgée

(maladies cardiovasculaires, douleur, BPCO,

diabète, soins (de plaies), troubles gastro-

intestinaux, etc.) ont tout intérêt à conserver ou à

renforcer leur position dans ce segment.

IM Associates s’intéresse également aux défis et

aux opportunités qui se présentent dans le

secteur des maisons de repos. Voici déjà

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quelques-unes des idées que nous avons

retenues :

Une gestion des comptes intensive s’avère

indispensable. Dressez la liste des maisons de

repos que vous fournissez en médicaments,

les défis qu’elles doivent relever et la manière

dont elles prennent des décisions. Définissez

une stratégie pour chaque organe décisionnel

et réalisez une estimation du retour sur

investissement.

Optez pour une collaboration personnelle ou

un véritable partenariat avec des pharmacies

actives dans le segment des maisons de repos.

Est-il par exemple envisageable de fournir des

« cannisters » préremplis ou des unidoses

pour le robot ? Quelle est l’étendue de votre

offre dans le segment des soins aux personnes

âgées ? Avez-vous la possibilité d’investir dans

la formation du personnel de soins et

d’officine à l’utilisation de certains produits ?

Le secteur lui-même a peu de moyens à y

allouer. Les entreprises pharmaceutiques

peuvent faire la différence dans ce domaine,

moyennant un soutien.

Une approche résolument commerciale des

maisons de repos n’a pas beaucoup de sens. Il

serait plus avisé de passer des accords avec

la pharmacie et la maison de repos. Identifier

leurs besoins communs et tâcher d’y

répondre. Cette approche est efficace et axée

sur le long terme.

Vous souhaitez en savoir plus sur nos expériences et sur ce que nous pouvons vous

apporter dans ce domaine ?

Thomas Euben est senior consultant chez IM Associates. Il possède une expérience de 6 ans dans le secteur pharmaceutique et de 3 ans dans le secteur hospitalier. Il est titulaire d’un master en économie appliquée et en gestion, et en politique des soins de santé. Il est responsable de différents projets dans le domaine des médicaments sur prescription et de la gestion de comptes.

[email protected]

+32 471 662 237

Bart Bierinckx est associé actif d’IM Associates et est responsable de tous les projets de soins de santé à destination du grand public. Bart dispose de 15 ans d’expérience dans l’industrie pharmaceutique à l’échelle européenne. Il occupe également un poste de direction chez Imphact, une entreprise spécialisée dans la prestation de services aux pharmacies. C’est sous cet angle qu’il suit depuis de nombreuses années la relation entre pharmacies et maisons de repos.

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