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Droits et construction sociale Bulletin n°55 31 janvier 2015 Guide de la copropriété participative Chapitre 1 Vers une logique participative convaincante 3 Processus participatif et idéal coopératif ISSN : 2117-5845 D&CS , n° 55, 31 janvier 2015 1 Guide de la copropriété participative Chapitre 1 Vers une logique participative convaincante Bien que le chapitre 2 ait été entamé dans le bulletin précédent, il est apparu que le chapitre 1 devait être complété, car il y manquait une analyse sur la perte d’attractivité de l’idéal coopératif et de la dynamique participative. 3 Processus participatif et idéal coopératif Sommaire Pages 3 Processus participatif et idéal coopératif…….…….…. 6 3.1 Pour en finir avec le New Age...…………………………. 7 3.2 Rompre avec le manichéisme…...……………………... 14 3.3 Rétribuer la construction de garanties....……..………. 14 D&CS , n° 55, 31 janvier 2015 2 LGOC

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Droits et construction sociale

Bulletin n°55

31 janvier 2015

Guide de la copropriété participative

Chapitre 1 Vers une logique participative convaincante

3 Processus participatif et idéal coopératif

ISSN : 2117-5845

D&CS , n° 55, 31 janvier 2015 1

Guide de la copropriété participative

Chapitre 1 Vers une logique participative convaincante

Bien que le chapitre 2 ait été entamé dans le bulletin précédent, il est apparu que le chapitre 1 devait être complété, car il y manquait une analyse sur la perte d’attractivité de l’idéal coopératif et de la dynamique participative.

3 Processus participatif et idéal coopératif

Sommaire Pages

3 Processus participatif et idéal coopératif…….…….…. 6 3.1 Pour en finir avec le New Age...…………………………. 7 3.2 Rompre avec le manichéisme…...……………………... 14 3.3 Rétribuer la construction de garanties....……..………. 14

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LGOC

智 仁

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Guide de la copropriété participative

Chapitre 1 Vers une logique participative convaincante

Même si la volonté de limiter la violence sociale et l’assujettissement des êtres humains est fréquemment affirmée en France, la coopération et la participation ne semblent pas si populaires dès que l’on sort des vœux pieux. Ceux qui s’engagent dans des démarches collectives afin de devenir plus autonomes se heurtent rapidement à de nombreux groupes d’intérêts. Les détenteurs de statuts protégés n’ont aucun désir de voir la population s’émanciper, malgré la vogue des déclarations vagues sur la liberté. D’ailleurs, les citoyens préfèrent souvent la passivité face aux processus dont ils perçoivent pourtant qu’ils sont délétères. Changer les habitudes bien ancrées présente donc le risque de déplaire aux puissants. Tout ceci génère un climat très malsain où les militants sincères ont le sentiment d’être en butte à une malveillance quasiment générale de la part d’individus de mauvaise foi dont on peut se demander si la lâcheté ne les rend pas sadiques, puisqu’ils ont conscience du mal qu’ils font.

Pour en savoir plus :

ONFRAY (Michel), La Passion de la méchanceté ; sur un prétendu divin marquis, Autrement, Paris, 2014, 185 p

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Le chapitre 1 du Guide de la copropriété participative a commencé par un bref rappel sur des précurseurs de la coopération puis a été consacré à la clarification de ce qu’implique logiquement le fait de participer. Pour que les nouveaux venus dans les dynamiques collectives soient des participants, et non des assujettis, il est nécessaire d’instaurer des relations basées sur la réciprocité. Le sacrifice des uns au profit des autres doit être exclu. Dans cette optique, les personnes qui se mobilisent ont besoin de la protection d’un groupe pour ne pas s’engager par erreur. Tout ceci rejoint un discours très à la mode sur l’idée de « trouver le bon chemin, l’équilibre permettant non seulement de répondre aux besoins personnels de

réassurance, mais aussi de défendre les espaces

collectifs de partage, nécessaires à la prise en compte d’un intérêt plus général » (Hervé GOUIL, Réapprendre à coopérer, p. 40). A ce compte, l’idéal coopératif finit par devenir une bannière derrière laquelle on met tout ce qui paraît sympathique, et notamment la lutte pour l’écologie et la justice sociale, afin de plaire aux esprits rebelles en les détournant du mécontentement contre l’ordre établi. Cette phraséologie souvent floue évite de lier des principes clairs à des mécanismes définis. L’imprécision règne.

Pour en savoir plus :

GOUIL (Hervé), Réapprendre à coopérer ; abécédaire, Editions Yves Michel, Gap, 2010,196 p.

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Conformisme Lâcheté Sadisme

Aspirations plaisantes

Volonté d'attirer les esprits rebelles

Flou intentionnel

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Une telle situation rassure les gouvernants qui préfèrent voir leurs potentiels adversaires s’abîmer dans des rêveries inoffensives. Ce faisant, la coopération quitte le domaine rationnel pour évoluer dans un univers mêlant attente d’un monde meilleur, prophéties et quête du bien-être personnel. Dès lors, l’idéal coopératif est-il un paradis artificiel susceptible d’être atteint grâce à des rites participatifs ? Pour bien des Français en crise de foi religieuse, la tentation est grande de le croire. En effet, la fragilisation des autorités cléricales traditionnelles suite à la montée des sciences a créé un vide en Occident. Depuis le XIXe siècle, diverses mouvances plus ou moins fantaisistes tentent d’occuper l’espace ainsi généré. L’astrologie divinatoire, la voyance et le spiritisme prospèrent sur ce fond. Malheureusement, les précurseurs de la coopération ne furent pas étrangers à ces écarts. Dès lors, il est essentiel d’expliquer en quoi la participation doit être conçue comme un processus détaillé et rationnel et non comme la poursuite d’une chimère.

Pour en savoir plus :

GAUCHET (Marcel), Le Désenchantement du monde ; une histoire politique de la religion, Gallimard, 1985, 306 p. MAFFESOLI (Michel), Le Réenchantement du monde, La Table ronde, Paris, 2007, 206 p.

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3 Processus participatif et idéal coopératif C’est donc une image de charlatans qui est accolée aux militants de la lutte contre l’assujettissement, alors qu’ils ont déjà bien assez de soucis, car leur tâche reste ardue. On ne fonde pas des entreprises ou des habitats collectifs autonomes sans un minimum de sérieux, et nul ne souhaite s’associer à des acteurs qualifiés d’hurluberlus. Hélas, malgré des intuitions remarquables, certains fondateurs de la mouvance coopérative ont, quant à eux, basculé dans l’obscurantisme. Leurs disciples, aujourd’hui, semblent parfois également affectés par ce travers. On ignore d’ailleurs si cela résulte seulement d’une forme de légèreté, ou bien d’un sabotage intentionnel encouragé par les ennemis de la participation. Manifestement, il est temps de rompre avec de tels errements. Centrer l’analyse sur des garanties susceptibles d’être débattues vise justement à initier une nouvelle approche plus convaincante. Pour y parvenir, il faut rompre avec le courant New Age (3.1) tout en évitant le manichéisme (3.2) et en apprenant à rétribuer l’effort participatif (3.3).

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Rêverie coopérative

Succès des sciences occultes

Discrédit du procesus

participatif

Mauvaise image

Besoin d'efforts

pour réussir

Hostilité des

puissances établies

Nécessité de bâtir des

garanties pour

rassurer

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3.1 Pour en finir avec le New Age

Le titre qui précède constitue un clin d’œil à l’ouvrage de Régine PERNOUD, Pour en finir avec le Moyen Âge (Seuil, 1979, Points Histoire, 158 p.). De la même manière que la période allant de l’an 500 à l’an 1500 a longtemps été perçue au travers d’idée reçues, les partisans de la coopération et de la participation sont actuellement suspectés d’appartenir à une mouvance bien particulière et subissent, en raison de cela, diverses caricatures. Ainsi, les appels au respect de l’environnement, au dépassement de l’individualisme et au développement des initiatives de citoyens font penser au discours de Jeremy RIFKIN. Celui-ci fait directement référence au constructionisme social, lorsqu’il indique qu’un tourbillon d’interactions exerce une pression contradictoire sur les personnes. « Constamment sollicités par un flot de discours sociaux concurrents et souvent incompatibles, nous sommes tous obligés de diviser notre faible capacité d’attention, et notre conscience se fragmente en fonction des innombrables exigences de chaque

instant » (L’Âge de l’accès, pp. 269-271).

Le présent Guide de la copropriété participative reprend cette idée en combattant le fait de harceler les individus de demandes divergentes (voir Chapitre 1, point 2.3).

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De la même manière, RIFKIN cite le Japon pour le développement qu’y connaissent les structures participatives de voisinage. L’auteur en question relève aussi que le monde associatif, qu’il appelle le tiers-secteur, permet de détourner la rancœur des mécontents, ce qui constitue un facteur d’avènement d’une ère postmoderne (La Fin du travail, pp. 361 et 372). Ce sont également des idées qui seront reprises dans le présent Guide. Pourtant, même si ces positions sont sympathiques, la pensée de RIFKIN peut aussi inspirer des réticences, car il parle sans cesse de la survenue d’un âge radicalement différent, comme si nous étions en passe de connaître l’avènement d’une mutation inéluctable et que nous pouvions prévoir l’avenir. On se demande ce qui donne à cet auteur, par ailleurs très intéressant, tant d’assurance sur ce que sera le futur. A-t-il lu ce dernier dans le marc de café ? Cette approche rappelle beaucoup l’œuvre de Charles FOURIER, qui, lui aussi, parlait sans cesse de la venue d’un monde nouveau. Et il ne cachait pas ses sources d’inspiration, qui n’étaient pas forcément aisées à défendre. En effet, pour repérer les diverses phases de l’histoire passées et à venir, il avouait ouvertement avoir eu recours à l’astrologie, sans pour autant s’expliquer précisément sur les méthodes permettant de lier l’observation des étoiles à la prédiction sociologique...

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Refus du harcèlement des individus

Constructionisme Accord avec

RIFKIN Recours à

l'astrologie

Foi en l'avènement

d'une ère nouvelle

Héritage lourd à assumer venu

de FOURIER

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Quand on sait que Robert OWEN, à la fin de sa vie, était devenu un fervent adepte du spiritisme, les apparences commencent à devenir un peu difficiles à assumer pour le mouvement coopératif, en France comme en Angleterre et aux Etats-Unis. On imagine les moqueries des opposants aux démarches participatives face au comportement insolite de tels précurseurs… Pourtant, FOURIER comme OWEN étaient les représentants d’une époque où les penseurs iconoclastes s’intéressaient souvent aux sciences occultes. En fait, depuis l’antiquité, les autorités religieuses traditionnelles ont eu tendance à s’appuyer sur des mythes qui avaient le mérite de donner une explication cohérente au monde, mais qui pouvaient être aisément remis en cause en raison des progrès du savoir technique. Les découvertes en astronomie, en physique et en biologie ont fragilisé certaines interprétations littérales de divers textes sacrés. Dans ce cadre, les groupes sociaux émergents, allant des artisans et négociants médiévaux aux ingénieurs et communicants contemporains, ont cherché de nouvelles formes de spiritualité permettant de donner un sens à l’univers tout en favorisant un mode de vie plus autonome et une émancipation par rapport aux puissances établies. L’astrologie a été l’une des voies choisies dans cette perspective.

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Dès le VIe siècle avant Jésus-Christ, des auteurs grecs ont donc divisé le ciel en un cercle de douze parties égales, en s’inspirant des constellations observables. Ensuite, ils ont tenté de repérer des cycles en fonction de la position des planètes dans ce schéma. Ainsi sont nés le zodiaque et l’astrologie. Or, le soleil vu de la terre semble faire le tour du zodiaque en un an, ce qui est logique puisque la terre tourne autour du soleil en un an également. Toutefois, le point vernal ascendant, c’est-à-dire l’endroit où se trouve le soleil lors de l’équinoxe de printemps sur le zodiaque, a tendance à reculer très légèrement d’année en année. C’est le phénomène de la précession des équinoxes. Alors que sous l’antiquité, le point vernal se trouvait dans le signe du Bélier, il est passé dans celui des Poissons sous l’ère chrétienne et entre dans celui du Verseau actuellement. Le poisson, ichtus (ἰχθύς) en grec ancien, était un acronyme

utilisé par les premiers chrétiens pour désigner Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur ( Ἰησοῦς Χριστὸς Θεοῦ Υἱὸς Σωτήρ). Le

passage du point vernal dans le signe des Poissons a donc semblé symboliser l’arrivée de l’ère chrétienne aux yeux de certains. Le passage actuel du point vernal dans le signe du Verseau annoncerait alors la survenue d’une autre époque, un Nouvel Âge, appelé New Age aux Etats-Unis, où cette croyance a connu et rencontre encore un réel succès.

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Mythes traditionnels fragilisés par les savoirs

nouveaux

Quête de sens chez les tenants des

nouveaux savoirs

Succès de l'astrologie

Zodiaque conçu à partir de la division du ciel en constellations

Cycles repérés à partir des

mouvements des planètes dans le

zodiaque

Croyance en l'avènement de l'ère du Verseau

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Chacun est évidemment libre d’attendre l’ère du Verseau. Néanmoins, si l’on estime que son arrivée est inexorable, plus aucune liberté n’est laissée aux citoyens qui doivent se soumettre au destin et adopter les comportements appropriés au monde qui vient selon l’avis des prophètes. Une dérive totalitaire est alors à craindre. Ceux qui prétendent connaître le futur peuvent émettre des jugements péremptoires sur des actes ou des groupes entiers. Charles FOURIER ne s’en est pas privé, dans des lignes qui seraient répréhensibles aujourd’hui. Le New Age est donc né d’une forme de soif. Des couches sociales émergentes ont voulu forger un outil d’interprétation du monde sans passer par des cadres traditionnels contraignants. Pour y parvenir, les spiritualités perçues comme exotiques, et tout particulièrement venues d’Asie, ont alors été vues avec faveur. Le but étant la recherche du bien-être personnel, l’examen scrupuleux de l’histoire du bouddhisme, du taoïsme ou du brahmanisme a peu importé. Ces systèmes de pensée ont été totalement transformés et fondus dans une forme de syncrétisme facile à consommer. Après tout, être curieux des civilisations différentes reste une chose compréhensible. Néanmoins, croire que l’on détient les secrets de l’avenir paraît moins opportun, surtout si l’on se base sur une vision caricaturale voire fantasmée d’autres cultures pour étayer des dogmes prophétiques...

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Or, même si le sujet est tabou, cette attitude reste fréquente chez les partisans de la coopération et de la participation. Fort heureusement, on peut compter sur la vigilance des tenants de l’ordre établi pour garder un œil critique sur ce genre d’errements. Encore faut-il ne pas se dissimuler en créant des réseaux occultes et des groupes sectaires incapables de nouer le moindre partenariat avec l’extérieur. C’est dans le repli sur soi que le prophétisme prospère le plus. Même les reproches formulés par des adversaires sont préférables à l’attente fantaisiste et irrationnelle d’une ère nouvelle.

Pour en savoir plus : AUJAC (Germaine), « Le zodiaque dans l’astronomie

grecque », Revue de l’Histoire des Sciences, 1980, tome 33, n° 1, pp. 3 à 32 DAUPHIN (James), « Une lecture allégorique privilégiée au XVIe siècle, le zodiaque eucharistique », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, n° 2, juin 1983, pp. 202 à 216 FERREUX (Marie-Jeanne), Le New Age ; ritualités et mythologies contemporaines, L’Harmattan, Paris, 2000, 266 p.

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Prophéties sur la nouvelle ère du

Verseau

Vision fantaisiste de l'Asie pour

étayer les prophéties

Risque de dérives sectaires liées au

New Age

Prophétisme et repli sur soi

Ouverture à la critique des adversaires

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FOURIER (Charles), « L’égarement de la raison », La Phalange, 1847, pp. 45-190 in L’Ordre subversif ; trois textes sur la civilisation, Aubier-Montaigne, Paris, 1972, 251 p., avec des pages virulentes contre les Juifs, les Chinois et les Quakers… FOURIER (Charles), Le Nouveau monde sociétaire, édition de 1845, Librairie sociétaire, Flammarion, Paris, 1973, 568 p. FOURIER (Charles), Théories des quatre mouvements et des destinées générales ; prospectus et annonce de la découverte, Charles FOURRIER à Lyon, Leipzig, 1808, 425 p., voir pp. 53 et 54 sur l’astrologie et la périodisation des phases de l’histoire humaine MARQUET (Claudette), « Les ‘‘mass-media’’, nouveau moyen d’évangélisation ? », Autres Temps, Les cahiers du christianisme social, n° 16, 1987, pp. 5-12 OBRIST (Barbara), « La représentation carolingienne du zodiaque. A propos du manuscrit de Bâle, Universitätsblibliothek, F III 15a », Cahiers de Civilisation Médiévale, n° 173, janvier-mars 2001, pp. 3-33 RIFKIN (Jeremy), L’Âge de l’accès ; la révolution de la nouvelle économie, Marc SAINT-UPÉRY (trad.), La Découverte, Paris, 2000, 396 p. RIFKIN (Jeremy), La Fin du travail, Pierre ROUVE (trad.), La Découverte, Paris, 1996, 435 p.

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3.2 Rompre avec le manichéisme

Les paroles qui précèdent peuvent cependant paraître insolites. L’idée d’utiliser l’hostilité des opposants à la mouvance coopérative pour protéger cette dernière risque de surprendre. La division simpliste du monde entre bons et méchants semble bien plus reposante et permet de se placer soi-même dans la catégorie des gentils. Qui peut pourtant se prétendre parfait, omnipotent et omniscient ? Même en voulant bien faire, on peut commettre des erreurs en raison d’informations incomplètes et erronées, sans compter la tendance naturelle de chacun à être un peu trop indulgent à l’égard de ses propres défauts. Un minimum de sagesse implique une prudence relative, car il y a toujours une petite part de mal en soi. On ne peut la repérer aisément. Parallèlement, il y a toujours une petite étincelle de bien chez ses adversaires, ce que l’on ne distingue pas facilement non plus. C’est exactement ce qu’implique le schéma traditionnel ci-dessous reproduit et représentant le rapport de complémentarité entre le Yin (l’obscurité, le féminin, l’inaction…) et le Yang (la lumière, le masculin, l’action…) dans un courant chinois de pensée traditionnelle.

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La confrontation entre Yin et Yang permet donc de définir un processus qui nous amène à dépasser la vision naïve selon laquelle certains humains seraient des anges et d’autres des démons, les premiers n’ayant aucune responsabilité quant aux fautes commises par les seconds, bien entendu… Ainsi, en parlant de garantisme dans le présent Guide, on fait référence à FOURIER, ce qui attise la défiance légitime des adversaires de la coopération. Grâce à cette sorte de sonnette d’alarme, les opposants restent en alerte et ne manqunt pas de signaler d’éventuelles dérives prophétique. De plus, la notion même de garantie implique une réévaluation permanente, car on peut toujours apporter une garantie meilleure. Le garantisme n’est donc pas une simple période de l’histoire, comme le voyait FOURIER. C’est plutôt un principe fondamental qui permet de rester soumis à une saine remise en cause continuelle. A l’inverse, pratiquer le prophétisme en cachette, et diffuser une propagande religieuse masquée promettant l’avènement d’un nouveau Royaume des Cieux, et cela à coup de subventions publiques, semble bien plus dangereux. Non seulement le principe de laïcité en souffre, mais en plus, des dirigeants s’autoproclament apôtres d’une foi qui peut être sujette à des déviances intégristes ou sectaires. Chacun doit donc éviter de se prendre pour Dieu ou pour un prophète. Un monde meilleur ne naît pas de grandes proclamations et ne s’attend pas non plus passivement, mais se construit progressivement en vérifiant le résultat de chaque action.

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L’attitude prophétique n’induit donc pas un processus positif mais génère plutôt une frustration. Celui qui croit en l’avènement d’un nouveau monde attend qu’advienne l’assouvissement de ses désirs. Quand il est déçu, il ne lui reste plus qu’à éliminer les démons qui l’empêchent de jouir.

A l’inverse, au lieu de tout attendre du destin, on peut tenter d’initier, à son échelle, changements positifs. Cela nécessite d’avoir des buts clairs concernant la nouvelle organisation sociale que l’on veut créer. Pour atteindre ces buts, il faut surmonter certaines contraintes liée à une réalité actuellement contraire aux objectifs fixés. Pour surmonter ces contraintes, il faut des ressources. Pour disposer de ces ressources, il faut un environnement qui les fournit.

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Volonté de progrès

Abandon des rêves prophétiques

Stimulation du regard critique des autres

Attente prophétique de

l'assouvissement de ses désirs

Résistance du monde diabolisée

Individu

Buts

Contraintes

Contexte

Ressources

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On quitte ainsi une conception dualiste et manichéenne de la réalité où chacun pense être parfait et reproche au reste de l’univers de ne pas fournir ce qui en est attendu. Par opposition, la personne décidant d’agir au lieu de se présenter perpétuellement en victime n’a plus la même vision du monde. Une division binaire et simpliste entre innocents et malfaisants devient insuffisante. Dès lors que l’on veut atteindre un objectif afin d’améliorer la société, on doit s’interroger tant sur les obstacles à surmonter que sur les moyens dont on dispose. Comme les ressources ne tombent pas du ciel, il faut aussi s’enquérir du contexte qui peut donner des outils pour agir ou, au contraire, en retirer. Très logiquement, l’acteur volontaire va avoir pour but d’améliorer ledit contexte afin de disposer de moyens accrus et surmonter ainsi plus facilement les obstacles.

L’erreur serait de se focaliser sur les moyens dont on dispose et sur les obstacles auxquels on fait face sans s’interroger sur le contexte qui permet aux ressources d’exister ou sur les objectifs à réaliser pour initier un progrès

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L’acteur doit donc toujours se souvenir des buts qu’il doit atteindre afin d’accroître les moyens qui lui permettront de surmonter des obstacles et de modifier le contexte où il évolue.

Les prophètes du New Age qui sévissent dans le mouvement coopératif oublient souvent l’objectif d’émancipation que tout ce courant recherche. Le schéma qui précède permet d’éviter ce travers en obligeant chacun à examiner les moyens dont il dispose, les contraintes qu’il doit gérer et le contexte dans lequel il évolue. Ainsi, les dogmes péremptoires peuvent être remis en cause. La fin de la vision manichéenne du monde oblige à prendre en compte cette pluralité de facteurs constituée par le contexte, les moyens, les obstacles et les buts, tout en se rappelant du fait que ces éléments restent liés entre eux et complémentaires, même s’ils sont aussi en tension les uns avec les autres. Les obstacles à surmonter s’opposent aux objectifs fixés, par exemple.

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Acteur volontariste

Obstacles à surmonter

Buts à atteindre

Contexte à faire évoluer

Moyens à accroître

Acteur volontariste

Buts à atteindre

Moyens à accroître

Obstacles à surmonter

Contexte à faire évoluer

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Au lieu d’attendre passivement l’arrivée d’une ère nouvelle, il faut ainsi s’engager dans un processus pour transformer le réel si l’on souhaite vraiment atteindre certains buts. Or, concernant la coopération, on a vu que son objectif était de vaincre l’assujettissement et la coupure permanente entre dirigeants et dirigés. Cela implique une rotation des fonctions pour que les mêmes ne soient pas systématiquement en position de commandement. Voilà qui permet de quitter les slogans pour définir un mécanisme concret qui sert de critère à la légitimité des autorités. Celles qui vont dans le bon sens doivent être soutenues. Celles qui agissent mal par rapport à cet objectif doivent être contestées. Telle est l’idée de réciprocité qui consiste à récompenser le bien et punir le mal. En outre, chacun doit vérifier constamment la cohérence de ses actes avec l’objectif défini. Par prudence, il faut également accepter un regard critique sur l’utilisation des moyens que l’on emploie. Enfin, on ne doit pas avoir avec le monde un rapport de prédation. Les moyens dont on dispose sont nés d’un contexte qu’il faut respecter. Cela vaut aussi pour les ressources relationnelles. Ceux auxquels on s’adresse doivent être protégés du harcèlement direct, ce qui implique de créer des intermédiaires qui protègent chacun des manipulations.

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Le projet coopératif, qui vise à résorber la fracture entre décideurs et assujettis, implique donc un processus permanent permettant de progresser pas à pas vers cet idéal. C’est cela, la participation. Elle réclame à l’acteur qui s’y investit de la lucidité par rapport à lui-même. En outre, elle exige de la prudence dans l’usage des ressources, de la mesure dans les rapports avec les autres, du discernement dans les contacts avec les autorités, et du dévouement par rapport à l’idéal affiché. Chacun de ces éléments est important, en sachant qu’ils sont tous interconnectés.

On peut aussi prétendre prôner la coopération et la participation en ignorant ces impératifs mais, dans ce cas, il faut pouvoir s’en expliquer et assumer les conséquences de ses actes.

Pour en savoir plus :

CHENG (Anne), « ‘‘Un Yin, un Yang, telle est la voie’’ : les origines cosmologiques du parallélisme dans la

pensée chinoise », Extrême-Orient, Extrême-Occident, 1989, n° 11, pp. 35 à 43

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Vérification

Rotation des fonctions

Réciprocité

Intermédiation

Regards croisés

Vérification

Rotation dans les fonctions

Regards croisés Réciprocité

Intermédiation

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3.3 Rétribuer la construction de garanties

Certains acteurs disent être fidèles à l’idéal coopératif et s’engagent à bâtir des processus participatifs tout en refusant de fournir la moindre garantie sur la résorption de la fracture entre dirigeants et dirigés, exploiteurs et exploités, dominants et dominés. Pour ces prétendus coopérateurs, pas question d’une rotation de tous à toutes les fonctions, même à titre de perspective lointaine ou pour simplement assurer l’accès de chacun à l’information disponible. Pas question, non plus, de renoncer à manipuler des individus isolés. Enfin, l’idée d’accepter un regard extérieur réellement indépendant est insupportable. Tout ceci conduit au dogmatisme, à l’omerta, aux conflits d’intérêts, à la servilité face à l’iniquité et au harcèlement des personnes affaiblies.

Or, le harcèlement moral et l’abus de faiblesse constituent des délits en France (article L 1152-1 du Code du Travail et article 222-33-2 du Code Pénal pour le harcèlement moral, article 223-15-2 du Code Pénal pour l’abus de faiblesse).

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Chacun peut commettre des erreurs, voire même des fautes répréhensibles, mais on ne peut initier une action collective basée sur la violation manifeste de la loi. La manipulation et le harcèlement pratiqués sur des citoyens déjà souvent en difficulté sont donc inacceptables. Des garanties doivent être fournies pour s’assurer que de tels phénomènes ne surviendront pas. La rotation de tous à des postes où ils peuvent maîtriser l’information est donc impérative. Tout refus de cette rotation est un indice objectif de tromperie. Les garanties montrant que l’on s’oriente vers l’idéal coopératif sont donc simples à repérer. Si quelqu’un en propose de meilleures, qu’il s’exprime, en sachant qu’il aurait été mieux avisé de parler plus tôt. Si d’autres, à l’inverse, proposent de faire moins, ce sont des ennemis de la coopération.

Cependant, comme on l’a vu plus haut, l’idée n’est pas de lancer ici une chasse aux sorciers. Une grande majorité de Français a combattu au quotidien la création de garanties participatives, pour pratiquer la loi du silence et protéger certaines rentes. C’est regrettable mais on ne peut pas mettre plus des deux tiers de la population en prison…

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Dogmatisme

Omerta

Conflits d'intérêts

Servilité face à l'iniquité

Harcèlement des plus faibles

Garanties contre le harcèlement

Ennemis de la participation

refusant toute garantie

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Au lieu de se focaliser sur le châtiment des fautes passées, il convient donc plutôt se concentrer sur l’idée de transformer ses opposants en alliés, même si cela présente une difficulté quand on veut créer des garanties. Ceux qui ont protégé des processus mafieux seront toujours moins fiables que les autres. Comme ils ne sont pas stupides, ils sont d’autant moins tentés de rejoindre le camp du garantisme, car ils n’y auront certainement pas une position privilégiée. Et c’est exactement ce qui ennuie les pratiquants de la lutte des places et tous ceux qui veulent jouir sans entraves. Voilà pourquoi, même quand ils jalousent des personnes ayant plus travaillé qu’eux, ils évitent volontiers le vocabulaire du garantisme, car cela reviendrait à glisser sur une pente où leurs manquements seraient mis en lumière. Pour dissimuler le fait que l’on est moins crédible que d’autres, mieux vaut s’organiser avec des comparses afin de piéger les citoyens dans une propagande floue, d’où l’intérêt du harcèlement des individus, d’ailleurs.

Hélas, lorsque l’on manipule une personne pour la tromper, celle-ci finit tôt ou tard par le découvrir. L’important est, alors, qu’elle se taise et se résigne. Pour agir en toute impunité, les adversaires de l’idéal coopératif doivent donc instiller la croyance en l’impossibilité de changer l’ordre établi, d’où leur hostilité à l’idée de garanties claires et concrètes.

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Le principe de rotation, qui constitue une garantie précise et un critère objectif pour repérer les mafieux, gêne donc énormément les rentiers de situation. Parfois, en désespoir de cause, ils prétendent qu’il faudra toujours que certains commandent et que d’autres soient commandés. En disant cela, ils sont à côté du sujet et le savent probablement. La rotation ne consiste pas à demander à un boulanger d’être architecte, à un architecte d’être médecin, à un médecin d’être avocat, à un avocat d’être plombier et au plombier d’être boulanger, chacun devant ensuite assumer tour à tour la fonction des autres. On n’a pas à coopérer avec tout le monde pour faire n’importe quoi. Ce n’est pas ce qui est proposé ici. A l’inverse, concernant la détention de l’information, le minimum vital est que chaque participant à une démarche collective puisse en bénéficier. Les groupes participatifs n’ont rien à voir avec les services secrets français. Aucune donnée confidentielle ne doit être dissimulée aux membres, et surtout pas sur l’action des prestataires ou des dirigeants. Sinon, c’est l’omerta qui s’installe.

Bien des Français ont donc failli. Dans le même temps, la dénonciation vindicative pose aussi d’autres problèmes. Elle n’offre aucun chemin de rédemption mais incite au contraire les fautifs à intégrer des réseaux occultes pour éviter toute sanction et paralyser alors la société.

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Incapacité à bâtir des

garanties dans le passé

Obligation de dissimuler ce travers si l'on

pratique la lutte des places

Volonté de manipuler les

individus isolés

Lutte contre le harcèlement

Impossibilité de laisser les

manipulations impunies

Nécessité de la rotation

dans l'accès à l'information

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La solution à ce dilemme est de convaincre les ennemis de la coopération du fait qu’ils ont plus à perdre qu’à gagner dans leur comportement. Certes, un changement d’attitude aura un coût pour eux. Dans un processus authentiquement participatif, les adversaires des garanties ont moins d’autorité et de légitimité que ceux qui ont prôné le garantisme antérieurement. Maintenant, mieux vaut parfois intégrer comme simple soldat une armée victorieuse plutôt qu’être le général d’une troupe vaincue. Ceux qui sont incapables de donner des garanties finissent abandonnés par les citoyens les plus dynamiques et deviennent prisonniers d’un milieu inefficace. Une telle situation implique un prix terrifiant à payer. Une fois reclus dans un groupe réputé pour son impuissance, on devient stigmatisé, ce qui retire bien des possibilités. Que les ennemis des garanties objectives s’en souviennent ! Pour les aider à se le rappeler, il ne faut pas hésiter à leur faire un peu honte, en montrant que leur vision du monde est moins adaptée aux défis de présent que d’autres cultures. Voilà pourquoi cinq impératifs participatifs ont été repérés ici, à la fois parce que cela s’appuie sur une logique, mais aussi pour faire référence à la théorie des cinq éléments, appelée

en Chine le wŭ xíng (五行, cinq phases) et au Japon, le

godai (五大, cinq grands principes). Le bois se nourrit de la

terre qui absorbe l’eau qui éteint le feu qui fait fondre le métal, qui lui-même coupe le bois.

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L’invention de ce cycle permanent est attribuée à ZŌU Yǎn

( 鄒 衍 , né vers -305, mort vers - 240). La relation

d’enchaînement entre vérification, rotation, regards croisés, réciprocité et intermédiation est similaire à celle qui existe entre éléments traditionnels. En outre, depuis un ouvrage célèbre datant du Ier siècle avant Jésus-Christ, (L’Abondante

rosée des printemps et automnes, Chūnqiū Fánlù, 春秋繁露),

les cinq éléments sont associés à des couleurs, à des points cardinaux, mais aussi à des vertus confucéennes. Ces rapprochements sont attribués classiquement à DŎNG

Zhòngshū (董仲舒, né vers -179, mort vers -104).

Or, la terre correspond à la fiabilité (信) qui n’est pas sans

lien avec la vérification. Le bois correspond au principe

d’humanité (仁), qui est lié au souci de réciprocité. Le métal

correspond à la justice au sens moral義, ce qui implique la

fidélité à un idéal (la rotation dans le monde coopératif). Le

feu correspond aux rites (禮) et au respect de la politesse, ce

qui cadre bien avec la nécessité d’une intermédiation avant de s’adresser aux individus. L’eau correspond à la sagesse

(智) au sens de discernement des conflits d’intérêts, d’où un

lien évident avec la nécessité de regards croisés. La logique présentée ici n’est donc pas fortuite.

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Terre

Bois

Métal Feu

Eau

信 Fiabilité

仁 Humanité

義 Justice morale 禮 Respect des rites

智 Sagesse

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On a montré précédemment que les principes de rotation, de regards croisés, de réciprocité, d’intermédiation et de vérification reposent sur un argumentaire que chacun est libre de contester pour apporter de meilleures garanties. Si les pratiquants de la lutte des places ne parviennent pas à le faire, ils doivent être conscients du risque qu’ils encourent. Ce n’est pas seulement à un discrédit vis-à-vis des aspirants à la coopération auquel ils s’exposent. Leur enfermement dans des proclamations vaines risque de ternir leur réputation aux yeux d’importants partenaires. L’Asie a un poids croissant dans notre monde. Caricaturer les Chinois et les Japonais en individus bizarres et traditionnalistes serait une lourde erreur au vu de la richesse de leurs cultures et de la puissance de leurs économies. Ceux qui l’oublient choisissent leur propre marginalisation. Voilà pourquoi il est intéressant de représenter le processus participatif en utilisant une logique à la fois vérifiable et susceptible d’avoir un sens dans d’autres civilisations.

Thierry POULICHOT

Pour en savoir plus :

BOILLOT (Jean-Joseph), DEMBINSKI (Stanislas), Chindiafrique. La Chine, l’Inde et l’Afrique feront le monde de demain, Odile Jacob, Paris, 2014, 422 p. LEHMAN (Hanjo), « A Westerner’s question about traditional Chinese medecine : are the Yinyang concept

and the Wuxing concept of equal philosophical and

medical rank ? », Journal of Chinese Integrative Medecine, mars 2012, vol. 10, n° 3, pp. 237 à 248

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RUSCIO (Alain), Y’a bon les colonies ?, Le Temps des Cerises, Paris, 2011, 248 p. WEBER (Max), Confucianisme et taoïsme, trad. Catherine COLLOT-THÉLÈNE, Jean-Pierre GROSSEIN, Gallimard, Paris, 2000, 377 p.

Droits et construction sociale Publication éditée par l’association LGOC

(Lien des Garanties Objectives dans la Cité)

Bulletin n°55 Date de publication : 31 janvier 2015

Directeur de publication : Thierry POULICHOT Uniquement disponible en ligne

ISSN : 2117-5845

Adresse électronique [email protected]

Blog http://cooperationencopropriete.blogspot.fr

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