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1 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. Pic et piques et colle et rame

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Page 1: AVERTISSEMENT · 2 Décor : Un lieu montagnard, en foret, sur un sentier de randonnée, un arbre couché ou un banc pour s’asseoir, une souche…. Durée estimée : 90 minutes

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AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur.

En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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Décor : Un lieu montagnard, en foret, sur un sentier de randonnée, un arbre couché ou un banc pour s’asseoir, une souche….

Durée estimée : 90 minutes

Alain : plasticienOlivier : CardiologueCharlene : esthéticienne, l’amie d’AlainMonique : la femme d’OlivierThéo : employé dans un fast-food.Jeanne Marie : Sa femme (ils sont en voyage de noces)Stéphane : l’organisateur du trek (ancien militaire)Lucette : madame propre, elle vit et pense bio

Alain et Olivier arrivent sur scène, tenues de marcheur, sacs à dos très légers.

ALAIN / On aurait peut être du les attendre ?OLIVIER / Je t’en prie, elles ne sont pas si loin.ALAIN / Ah quand même, on ne les aperçoit même plus dans le lacet du dessous.OLIVIER / Oui et alors, elles montent à leur rythme. Ne t’inquiète pas, Alain, on va faire une petite pause et d’ici un quart d’heure elles devraient nous rejoindre.ALAIN / T’es sure ? On devrait peut être rebrousser chemin ! Elle se sont peut être perdues ?OLIVIER / Non mais tu plaisantes, il n’y a qu’un seul sentier. Non, moi je te dis qu’elles flânent et qu’elles papotent en chemin, ce sont des femmes et questions blabla ta Charlene elle est intarissable.ALAIN / Oui, justement, elle va avoir soif et c’est moi qui ai la gourde.OLIVIER / Je ne te le fais pas dire, elle n’a pas l’air d’avoir inventé la poudre.ALAIN / Elle est esthéticienne, on ne lui demande pas d’inventer des poudres mais d’en vendre. (Il regarde au loin)OLIVIER / Arrête donc de t’inquiéter, il ne peut rien lui arriver. Personne ne va te la piquer dans la forêt, et puis elle est avec Monique.ALAIN / Et alors, elle fait peur aux ours, Monique ?OLIVIER / Il n‘y a pas d’ours ici.ALAIN / T’es sure ?OLIVIER / Certain. Au pire elles vont croiser un écureuil. Elle n’a pas peur des écureuils ?ALAIN / J’pense pas.OLIVIER / De toute façon ça ne s’attaquent qu’aux noisettes ces bestiaux làALAIN / Et puis Monique est là !

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OLIVIER / Absolument, ALAIN / Et Monique, elle s’y connaît en noisettes !OLIVIER / Que veux-tu dire ?ALAIN / Qu’en désespoir de cause, elle est plus portée noisettes que noix du Périgord.OLIVIER / Je ne vois pas à quoi tu fais allusion, et quoi qu’il en soit, il vaut mieux avoir deux belles noisettes qu’une seule noix de coco.ALAIN / Sans doute, je te crois sur parole.OLIVIER / (il est assis) Bon au lieu de raconter des conneries, viens donc t’asseoir un peu. On discute tranquillement et dès qu’elles arrivent, on repart.ALAIN / Elles seront peut-être fatiguées, également ?OLIVIER / Penses tu, à la vitesse à laquelle elles marchent, ça ne risque pas. Non, elles ont trouvé leur rythme, tu verras qu’elles n’auront pas besoin de pause.ALAIN / Tu crois ?OLIVIER / J’en suis certain. Elles vont t’étonner, crois-moi. Ces choses là c’est surprenant, on les imagine au bout du rouleau, et bien non, elles ont encore des ressources. Elles ne sont pas faites comme nous, c’est moi qui te le dis.ALAIN / Ça je confirme, je peux le vérifier toute l’année.OLIVIER / Dis moi plutôt, où tu as trouvé la jolie Charlene.ALAIN / Je n’ai pas eu besoin de chercher, c’est elle qui est venue à moi.OLIVIER / Elle avait entendu parler de ta réputation de séducteur et elle a voulu savoir si ce n’était pas usurpé ?ALAIN / Elle avait entendu parler de ma réputation, oui. Mais de ma réputation de plasticien.OLIVIER / Ah c’est une de tes clientes, alors ?ALAIN / Absolument.OLIVIER / Ah la vache ! C’est une ex moche, alors ?ALAIN / Oh, toute suite les grands mots. C’est vrai qu’il y avait du boulot, mais je ne rechigne pas à la tache.OLIVIER / (admiratif) Ah ouais, pas mal le résultat, elle était comment avant ? C’était quel genre de laideron ?ALAIN / Le genre que tu ne regardes pas. Je lui ai sauvé la vie en quelque sorte.OLIVIER / Rien que ça.ALAIN / Absolument, avant elle faisait partie du club des femmes auxquelles même les secouristes de veulent pas faire de bouche à bouche.OLIVIER / A ce point.ALAIN / Ah oui, et pour la bonne raison qu’ils ne trouvaient pas sa bouche, elle était noyée dans son double menton.OLIVIER / Ah purée, t’as bien bossé, alors !ALAIN / Ouais, je suis assez fier de moi. Bon c’est vrai que tout n’est parfait, il y a encore deux ou trois trucs à rafistoler mais on est en bonne voie. OLIVIER / T’es un puriste, moi je la trouve pas mal du tout.ALAIN / Oui, c’est sûre que beaucoup s’en contenteraient, mais pour moi, vois-tu, quitte à prendre une maîtresse, autant qu’elle soit jolie.OLIVIER / C’est vrai et tu es bien placé pour lui donner la forme que tu veux.ALAIN / Tout à fait, d’ailleurs, j’hésite encore, je ne sais pas ce que je vais faire de ses fesses. OLIVIER / Elles sont très jolies ses fesses.ALAIN / Qu’en sais-tu, toi ?OLIVIER / Ben, j’ai jeté un œil dessus comme tout le monde.ALAIN / Ok, un œil mais pas plus, ne t’avise pas à mettre la main dessus.

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OLIVIER / Parole d’honneur, surtout, si ce n’est pas bien consolidé, j’aurais trop peur de tout casser.ALAIN / Non, aux fesses, je n’y ai pas encore touchées. Je n’ai fait que le menton et les oreilles.OLIVIER / Tu lui as fait de nouvelles oreilles ?ALAIN / Ah oui, c’était vital.OLIVIER / Pourquoi, elle marchait dessus ?ALAIN / Non tout de même pas, ce n’est pas un cocker, elle était plus du genre Dumbo. OLIVIER / Elle avait une trompe ?ALAIN / Non, les oreilles décollées. (Geste) OLIVIER / Et tu as recollé tout ça ?ALAIN / Oui, enfin, j’ai cousu.OLIVIER / Ah, félicitation, ça ne se voit pas du tout, t’es un vrai pro.ALAIN / Merci.OLIVIER / Non, c’est sincère t’as fait du bon boulot. Tu l’as bien mérité ton petit lot de consolation.ALAIN / C’est ta dire ?OLIVIER / Ben, tu te la fais !ALAIN / Ben, c’est normal, c’est moi qui l’ai faite. Sans moi elle serait en faillite.OLIVIER / Ah ?ALAIN / Oui, tu irais toi, chez une esthéticienne qui ressemble à éléphant man ?OLIVIER / Ah non, pour rien au monde.ALAIN / Voilà et tous ses clients réagissaient comme toi, j’ai sauvé son fond de commerce.OLIVIER / Avant d’attaquer son fond tout court.ALAIN / Oh c’est fin, ça.OLIVIER / Non, mais c’est vrai, tu as raison, Alain, dans le commerce il y a des règles à respecter, une esthéticienne doit être jolie.ALAIN / Oui ; ça rassure la clientèle.OLIVIER / Tout à fait, c’est comme la bouchère, elle doit être un peu grosse. Personne n’irait chez une bouchère anorexique.ALAIN / Evidemment, pas plus qu’on irait chez un dentiste qui a les dents dégueulasses.OLIVIER / Alors que les dents jaunes c’est une obligation pour les buralistes.ALAIN / Ah bon ?OLIVIER / Oui, comme ça les clients savent ce qui les attend.ALAIN / En parlant d’attendre, elle attend un heureux événement Monique, tu aurais pu m’en parler.OLIVIER / Ah non, je ne pense pas, en tout cas, je ne suis pas au courant.ALAIN / Ah ben, excuse moi, j’avais cru qu’elle….elle a du grossir un peu.OLIVIER / Sans doute. Tu penses qu’elle devrait te consulter ?ALAIN / Non, enfin si, enfin c’est pour toi, c’est toi qui voit.OLIVIER / Ben à vrai dire, je n’y ai jamais pensé.ALAIN / Penses-y, Olivier, ça vient vite tu sais. Tu laisses un ou deux centimètres s’installer par ci par là et en un an, elle t’a fait une couche de lard, je ne te raconte pas et après c’est trop tard pour tout reprendre.OLIVIER / Oui, tu as sans doute raison, il faudra que j’en parle à Monique.ALAIN / Surtout pas, si tu fais ça, elle va te dire qu’elle se trouve bien comme elle est. Non, il faut y aller franco.OLIVIER / Non, mais tu es devenu fou, Alain. Tu ne voudrais tout de même pas la liposucer contre son gré pendant son sommeil.ALAIN / Non bien sûr, mais pour son anniversaire, tu lui offres ce petit cadeau.

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OLIVIER / Ah tu crois ?ALAIN / Et comment, ça fait toujours plaisir, en tout cas bien d’avantage qu’une centrale vapeur.OLIVIER / Oui, c’est possible.ALAIN / Que comptais-tu lui offrir ?OLIVIER / Une place au concert de Patrick Bruel…ALAIN / Oui, bon, ben, au lieu de casser la voix, elle aura casser la graisse, on est dans l’idée. OLIVIER / Oui sûrement. On reconnaît bien là, l’homme d’expérience, monsieur est un spécialiste en femme. D’ailleurs qu’es-tu donc allé raconter à ta femme pour qu’elle te laisse partir en week-end avec ta maîtresse ?ALAIN / Pour Catherine, je suis en séminaire de plasticiens à Toronto.OLIVIER / Ah quand même !ALAIN / Oui ça se fait.OLIVIER / Je n’en doute pas, et elle gobe tout ça ?ALAIN / Pourquoi ne me croirait-elle pas ?OLIVIER / J’sais pas, une idée comme ça, elle est loin d’être idiote Catherine.ALAIN / Je sais, c’est d’ailleurs pour ça que je l’ai épousée. Dans les cocktails avoir une femme qui tient la route, c’est un plus tu sais.OLIVIER / Et comment si je le sais, c’est aussi pour cela que je n’y amène jamais Monique. Dès qu’un confrère lui parle oreillette, elle répond qu’elle n en a pas besoin, qu’elle n’est pas sourde.ALAIN / A sa décharge, il faut dire que vos petites sauteries entre cardiologues, ça ne doit pas être tous les jours marrants.OLIVIER / Certes ; mais il y a un minimum. Quand le professeur Packard, lui a dit qu’il venait d’opérer un patient qui avait un dérèglement systolique, tu sais ce qu’elle lui a répondu ?ALAIN / Non.OLIVIER / Elle m’a foutu la honte de ma vie, elle lui a dit que son mari, donc moi, en avait souvent également.ALAIN / Tu as des problèmes cardiaques.OLIVIER / Non. Cette idiote, lui a dit que moi aussi j’avais des coliques dès que je mangeais trop de chocolat.ALAIN / Ah ! Pourtant d’habitude ça constipe.OLIVIER / Oui peut être ; mais moi c’est l’inverse et d’ailleurs ce n’est pas le sujet.ALAIN / Comme tu voudras (son portable sonne, il répond) Chérie, je suis heureux de t’entendre.OLIVIER / Elles en sont où ?ALAIN / (La main devant le téléphone) C’est ma femme.OLIVIER / Ah merde, excuse.ALAIN / ( au téléphone) Oui, tout va bien, j’ai fait bon voyage, oui, le vol s’est bien passé, …si… j’allais t’appeler en arrivant à l’auberge, heu, à l’hôtel. Le temps, ben…comme partout…, du brouillard ? Non pas plus que ça….tu as regardé quel temps ils annonçaient à la météo sur Toronto ! Oui et bien, c’est comme ils disent…Ah oui pareil, tu sais ils ne se trompent pas beaucoup.OLIVIER / Par contre toi question tromperie, tu en connais un rayon.ALAIN / Bon, ben tais-toi, ça va. Non pas toi, chérie, je suis tellement content de te parler, je disait à un confrère de faire moins de bruit, c’est dingue ce que c’est bruyant ici…..La ville ??? Magnifique, oui un peu polluée, mais pas tant qu’on veut bien le dire…Si j’ai bien

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supporté le décalage horaire ? Et comment, je ne l’ai même pas vu. Bon chérie je vais devoir te laisser mes collègues me réclament. (La main devant le téléphone, à Olivier) Appel moi.OLIVIER / Ça risque de sonner occupé.ALAIN / Pas au téléphone, imbécile.OLIVIER / Ah ok, pigé.ALAIN / Il serait temps. OLIVIER / (fort) Alain, magne toi, on va commencer.ALAIN / L’accent.OLIVIER / (accent Belge) Alain magne toi, une fois, ça va commencer, une fois.ALAIN / Je suis à Toronto pas à Bruxelles.OLIVIER / Ah oui merde.ALAIN / (au téléphone) Pardon, chérie, tu ne m’entendais plus, ah ben ça c’est le décalage horaire….Tu ne vois pas le rapport. Ah si, je t’assure, ça joue.OLIVIER / (accent québécois) Alain, surtout magne toi pô, tu fais un bec à ta blonde et tu nous rejoins en bô. Tu fais vite le char va pôrtir.ALAIN / Tu attends chérie, il faut que je te laisse ; Oui bisous. Tu m’aimes, eh bien tant mieux…Et moi ? Ben oui, moi aussi, salut.OLIVIER / Chu bon, j’t’ai sauvé l’mise, sans moi, elle aurait bavasser pendant des heuresALAIN / C’est bon, merci, on est entre nous tu peux parler Français.OLIVIER / T’es le roi du mensonge toi.ALAIN / Hé, pas de jugement, s’il te plait, elle aussi, elle me ment.OLIVIER / Ah t’es cocu, je ne savais !ALAIN / Bien sûr que non, elle n’a pas intérêt à me faire ça.OLIVIER / Et comment, ça nous est réservé à nous les hommes.ALAIN / Elle me ment sur le chocolat, elle en mange en cachette alors qu’elle m’avait juré qu’elle n’y touchait plus.OLIVIER / Ah effectivement, ça mérite le pire des châtiments.MONIQUE / (off) Alain, Olivier, vous êtes où ?OLIVIER / Déjà, elles ont fait vite.ALAIN / Elles sont dopées.CHARLENE / (off) Vous auriez pu nous attendre.ALAIN / C’est justement ce que l’on fait.Arrivée de Charlene et Monique, elles ont des tenues de marcheurs, de très gros sacs à dos et Charlene à en plus de son fardeau une chaise pliante ficelée sur le sac.MONIQUE / Merci, c’est vraiment sympa.OLIVIER / Tu ne vas pas commencer à râler.MONIQUE / On devait faire une petite marche sympa en montagne.OLIVIER / Oui et alors ce n’est pas ce qu’on fait ? Regarde comme ce petit coin est joli.MONIQUE / Oui, vous courrez devant et nous on se traîne derrière. CHARLENE / Nos sacs sont trois fois plus lourds que les vôtres.ALAIN / La faute à qui, qui a voulu prendre des tas de fringues ?CHARLENE / C’est pour ce soir, s’il y a une soirée, je n’allais pas passer la soirée en rangers et en short. Je suis une femme mon chéri, pas un para.ALAIN / Oui j’ai vu, je suis bien placé pour le savoir.OLIVIER / Bon, ben maintenant que tout le monde est là, on va pouvoir lever le camp.MONIQUE / Quoi ???Non mais tu plaisantes Loulou, nous on fait une pause, ce petit coin est super joli, moi je me repose les pieds (elle enlève ses chaussures).ALAIN / Si tu retires tes godasses, Monique, tu ne pourras plus les remettre.MONIQUE / Il faut absolument que je les retire, je ne tiens plus.CHARLENE / Pourquoi tu sens des pieds, ah c’était ça l’odeur !

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MONIQUE / Non, j’ai mal aux pieds. Même à l’arrêt, j’ai l’impression que pieds continuent de marcher.ALAIN / Fais gaffe Monique, à ce rythme là, tes pieds seront en haut avant toi.CHARLENE / (elle a déplié sa chaise). Ça fait du bien. MONIQUE / Quelle idée de se trimbaler avec une chaise pliante sur le dos !CHARLENE / Je déteste m’asseoir par terre, c’est sale.MONIQUE / Tu aurais du prendre une table aussi, ma chérie, ça aurait été plus pratique pour le pique nique.CHARLENE / Je voulais, mais Alain n’a pas voulu l’a porter. ALAIN / Je porte déjà l’eau, pour le reste tu te démerdes.CHARLENE / Oui ben d’ailleurs j’ai soif (il lui tend la gourde) Merci, où sont les verres ?ALAIN / Tu bois au goulot comme tout le monde.CHARLENE / Ah nonMONIQUE / A la guerre comme à la guerre, ma chérie. Pas de chichi entre nous.CHARLENE / Mais c’est sale. Bon tant pis, je ne boirai pas, je vais mourir de soif et ça sera de votre faute. Vous serez accusés de non assistance à personne en danger, vous savez que c’est un crime de laisser les gens mourir de soif. Même pendant la guerre, on laissait les prisonniers mourir de faim mais jamais de soif.MONIQUE / Et le résultat était le même.CHARLENE / Non il n’y a rien de pire que de mourir de soif. MONIQUE / Si tu le dis. CHARLENE / Si je le dis, c’est parce que je le sais, ça m’est déjà arrivé.MONIQUE / Ah mince, tu es déjà morte de soif !CHARLENE / Pas moi personnellement, mais c’est arrivé à Riton.MONIQUE / C’est un de tes amis ?CHARLENE / C’était… parce qu’il est mort.OLIVIER / Ben oui de soif.MONIQUE / Ah mince alors, de nos jours il y a encore des gens qui meurent de soif.CHARLENE / C’était mon poisson rouge.MONIQUE / Et il est mort de soif ?CHARLENE / Oui je l’avais sorti de l’eau pour le caresser. Je le caressais tout le long du corps, je commençais par sa petite tête et puis je redescendais tout doucement.OLIVIER / Il devait apprécier ?CHARLENE / Ah ça oui, il remuait la queue de bonheur.OLIVIER / Tu m’étonnes.CHARLENE / Et puis dans l’euphorie, j’ai complètement oublié de lui donner à boire et bien il est mort.MONIQUE / De soif.CHARLENE / Oui tout à fait.OLIVIER / Enfin, il avait tout de même connu le bonheur avant de mourir.CHARLENE / Tu crois ?OLIVIER / J’en suis certain.CHARLENE / C’est gentil ce que vous me dites là, monsieur, ça me réconforte, je me suis tellement sentie coupable, il est mort par ma faute.OLIVIER / Mais non. Et puis, il ne faut pas me dire monsieur.CHARLENE / Ah et je dois dire comment ?OLIVIER / Olivier, on est tous dans la même galère et tu me tutoies.CHARLENE / Comme tu voudras Olivier. Dis Olivier, t’as pas un verre pour moi ?ALAIN / Bon écoute Charlene, on n’est pas venus ici pour supporter tes caprices. Tes histoires de poissons, ça a amusé tout le monde mais maintenant il faut avancer.

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CHARLENE / Pourtant ça n’était pas amusant, ça t’a fait rire toi, Monique ?MONIQUE / Pas du tout, je suis encore sous le choc. Je revois la scène, ce pauvre Riton en train de frétiller, ah j’en suis toute chose. (elle frétille)CHARLENE / Tu sais Monique, ce n’était pas à Paris, il n’y avait pas la Seine.MONIQUE / Non ?CHARLENE / Non, d’ailleurs je ne crois pas qu’on puisse trouver des poissons rouge dans la Seine, elle est bien trop polluée.MONIQUE / Oui sûrement.OLIVIER / (a part à Alain) Tu as trouvé la perle rare.ALAIN / Elle n’est pas toujours comme ça, là, elle est un peu fatiguée.OLIVIER / Et bien qu’est ce que ça doit être quand elle est en forme ? Tu sais Alain, avant de t’attaquer à ses fesses, essaies plutôt de lui refaire le cerveau, à mon avis c’est de ce coté là, qu’il y a urgence.MONIQUE / Dis moi, Charlene, est ce que je peux te poser une question ?CHARLENE / Au sujet de Riton ?MONIQUE / Non au sujet de ta chaise. Tu y es à ce point attachée que tu la traînes sur ton dos comme l’escargot trimballe sa coquille.CHARLENE / Non, c’est pas pareil, moi je m’en sers pour m’asseoir dessus, l’escargot, lui il ne s’assoit jamais sur sa coquille.MONIQUE / Bien vu, on ne dirait pas, mais tu as un grand sens de l’observation.CHARLENE / Ah ben oui il faut bien et puis dans mon métier, c’est très utile.MONIQUE / Tu rencontres beaucoup d’escargots dans ton métier ?CHARLENE / Non, mais je dois bien observer mes clientes.OLIVIER / Surtout quand elle leur fait le maillot.CHARLENE / Ben oui, si je ne fais pas gaffe, ça peut leur faire mal.MONIQUE / Bon, c’est bien beau toutes ces histoires de limaces, mais tu ne m’as toujours pas dit pourquoi tu ne veux pas t’asseoir par terre comme tout le monde.CHARLENE / J’ai peur.MONIQUE / Peur de quoi.CHARLENE / Des bébêtes qui montent, qui montent et qui me….MONIQUE / Ben tu sais les limaces, vue la vitesse à laquelle elles te grimpent dessus, tu as le temps de les enlever avant qu’elles ne te violent.CHARLENE / Je sais, mais c’est plus fort que moi, je n’aime pas me faire butiner par n’importe quoi.OLIVIER / C’est tout à ton honneur.MONIQUE / Oui, sauf que si elle n’avait pas cette foutue chaise à transporter, on serait arrivée ici 10 minutes plus tôt.OLIVIER / Ce n’est pas grave, ça nous a permis de discuter un peu avec Alain, et il a pu rassurer Catherine.MONIQUE / Ah mais oui, au fait, Alain,….Catherine…..Elle sait pour….La chaise ?ALAIN / Non (sec)OLIVIER / Il est en séminaire.ALAIN / Oui à Toronto.MONIQUE / C’est pas un peu gros ça comme truc, le coup du séminaire, excuse moi, mais ça fait artificiel comme plan.CHARLENE / J’m’excuse, mais un séminaire artificiel, c’est pas ce que font les femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfant.MONIQUE / Si, en désespoir de cause.CHARLENE / Ah, je ne savais pas que ta femme ne pouvait pas avoir d’enfant Alain.ALAIN / Moi non plus.

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MONIQUE / Tu savais déjà qu’il avait une femme, c’est déjà ça.CHARLENE / Ah oui, je sais tout de sa vie. Quand je l’ai rencontré j’ai tout de suite su qu’il était marié, mais c’est pas grave parce que sa femme, il ne l’aime pas.MONIQUE / C’est vrai ça Alain ?OLIVIER / Monique, ce n’est pas notre problème.CHARLENE / De toute façon, il ne le dira pas devant vous, c’est un pudique mon Alain. Hein dis biquet que tu n’aimes que moi ?ALAIN / (entre ses dents) Ouais.CHARLENE / Et que ta grognasse, elle peut bien tomber en bas de l’escalier et se tuer et que tu t’en fous !ALAIN / (même jeu) Ouais.MONIQUE / Enfin ; Alain on parle de Catherine.ALAIN / Ouais, je sais.MONIQUE / De Catherine, ta femme.ALAIN / Oui et alors ?MONIQUE / Et alors on ne parle pas comme ça de sa femme, n’est ce pas Loulou ?OLIVIER / Absolument ma Momo. MONIQUE / Ouais, tu m’as l’air convaincu, toi aussi, ça fait peur. Je préfère aller faire pipi plutôt que d’entendre vos discussions de machos aussi francs qu’un gamin qui a piqué 5 euros à sa mère.CHARLENE / T’as envie d’aller faire pipi ; Monique ?MONIQUE /Ah ben oui. Tu vois Charlene, généralement quand je dis que je vais faire pipi c’est que j’ai envie. Je ne m’amuserais pas à dire ça si j’avais envie de me gratter le dos.CHARLENE / T’as peut être des fourmis dans le dos.MONIQUE / C’est ça qui donne envie de faire pipi ?CHARLENE / Non, de te gratter le dos.MONIQUE / (elle s’énerve) Mais ça ne me gratte pas, j’ai la vessie pleine. Ah, je n’arrive plus à remettre mes godasses.ALAIN / On t’avait dit ne pas les enlever.OLIVIER / Mais encore une fois madame n’en a fait qu’à sa tête.MONIQUE / Mes pieds ont gonflé, je ne pouvais pas prévoir.ALAIN / Si !MONIQUE / Et bien j’y vais sans chaussures, j’ai trop envie (elle part) ALAIN / Tu vas assez loin.MONIQUE / Oui, je ne tiens pas à vous montrer mes fesses. (Elle s’est éloignée)OLIVIER / Elles ne sont pas moches pourtant.CHARLENE / Elle en a de la chance.OLIVIER / D’avoir de belles fesses ?CHARLENE / Non, d’avoir envie de faire pipi.ALAIN / Tu appelles ça, une chance, toi ?CHARLENE / Oui quand même. A moi ça ne m’arrivera jamais plus, puisque je vais mourir de soif.ALAIN / Tu n’as qu’à boire dans cette foutue gourde.CHARLENE / Plutôt mourir.ALAIN / Comme tu voudras. Mais tu es témoin, Olivier, je ne l’ai pas tuée, c’est elle qui est en train de se suicider.OLIVIER / Absolument.MONIQUE / (off) C’est bon, vous ne me voyez pas, là ?OLIVIER / Non ma chérie, c’est bon, tu peux te soulager en toute quiétude.MONIQUE / (off) Merci, mon Loulou.

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CHARLENE / Ça y est, je sens que ça vient.ALAIN / Qu’est ce qui vient ?OLIVIER / Je crois qu’elle se pisse dessus.CHARLENE / Non, c’est la mort qui vient.ALAIN / Bon, maintenant Charlene, stop, tu arrêtes tes enfantillage et tu bois.CHARLENE / Pas tant que tu ne m’auras pas trouvé de verre.OLIVIER / On en a pas, en quelle langue faut il lui parler à ta copine ?ALAIN / Charlene fais un effort.CHARLENE / Je ne peux pas, je suis comme ça, ce n’est pas de ma faute.ALAIN / Tu n’y étais pas avant.OLIVIER / Avant quoi ?ALAIN / Avant que je la transforme. Avant c’était une fille simple, elle aurait même bu dans une flaque d’eauOLIVIER / Tu n’exagères pas un peu ?CHARLENE / Si, il faut toujours qu’il en fasse des tonnes.ALAIN / Tu peux parler toi.CHARLENE / N’empêche que c’est de ta faute tout ça, tu n’avais qu’à me laisser comme j’étais avant.ALAIN / Et bien, voilà, ça va me retomber dessus. Ne me dis pas que tu regrettes ton triple menton, tes joues de hamster et tes oreilles décollées, tu aurais pu jouer dans bienvenue chez les proboscidiens.CHARLENE / C’est où ?ALAIN / Dans la famille éléphants.CHARLENE / T’es méchant Alain.OLIVIER / C’est vrai Alain, que tu aurais du lui laisser ses grandes oreilles, par cette chaleur ça aurait pu nous être utile.CHARLENE / Ah oui et comment ?OLIVIER / Tu bouges tellement la tête que ça nous aurait fait de l’air.CHARLENE / C’est ça, moquez vous, je m’en fiche, laissez moi mourir en paix.OLIVIER / Qu’est ce qu’on va faire de son corps ? On la brûle sur sa chaise, telle Jeanne d’Arc au bûcher.ALAIN / Oh arrêtes, Olivier, ce n’est plus drôle.OLIVIER / Si elle est très sèche, elle devrait brûler d’autant plus facilement. Mais quel gâchis, tout de même, tout ce beau travail fait par notre grand plasticien qui va partir en fumée en quelques minutes.STEPHANE / (off) Encore un dernier effort messieurs dames et nous y sommes, vous aller pouvoir vous reposer.OLIVIER / Je sens que l’on va avoir de la visite.CHARLENE / Tant mieux, j’espère qu’ils ont des verres !Arrivées de 4 personnes, Jeanne Marie et Théo, Stéphane et Lucette (elle a un gros sac poubelle et des gans)STEPHANE / (ton quasi militaire) Nous y sommes, repos pour tout le monde, 20 minutes de break, on pose les sacs. Merci.ALAIN / Ça c’est de l’organisation. Bonjour.TOUS / Bonjour.OLIVIER / On va vous laisser la place.STEPHANE / Merci. Les jeunes mariés se mettent assis sur l’arbre (ou le banc) et la petite dame prendra la chaise.LUCETTE / Merci beaucoup.

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STEPHANE / C’est rien. C’est normal, tu as déjà bien marché, tu as bien mérité de poser ton cul dans un endroit un peu confortable.CHARLENE / C'est-à-dire que cette chaise est à moi.LUCETTE / Autant pour moi, je croyais qu’elle faisait partie du site.ALAIN / Non, mademoiselle la transporte sur son dos.STEPHANE / J’aurais du le savoir, je me disais aussi, cette chaise ne colle pas avec le panorama, c’est pas dans le biotope, ça.CHARLENE / Non, elle vient d’Ikea.LUCETTE / Surtout mademoiselle, vous ne la laissez pas ici.ALAIN / Aucun danger, elle ne peut pas s’en passer.LUCETTE / Tant mieux. J’en ai assez de tous ces gens qui prennent la nature pour une poubelle. Je ne vais pas passé tout l’été à ramasser les saloperies des autres.OLIVIER / Ah ok, je comprends le pourquoi des gans et du sac poubelle.CHARLENE / Ah ! Moi je croyais que c’était votre pique nique qui était à l’intérieur. LUCETTE / Non c’est plutôt les restes de celui des autres.STEPHANE / Affirmatif, madame Lucette ne laisse rien passer, pas de pitié pour les papiers gras, elle ramasse tout ce qui traîne.LUCETTE / Les gens sont si sales de nos jours, on nous a confié une terre vierge et propre rendons la comme on l’a trouvée.OLIVIER / Vous savez madame ça va être difficile, une fois qu’elle n’est plus vierge c’est foutu.LUCETTE / On peut toujours essayé, il ne faut pas baisser les bras, monsieurOLIVIER / Mais je ne baisse rien madame, ni les bras ni le reste, mais croyez moi, on ne peut pas toujours faire machine arrière.LUCETTE / Et bien moi je l’ai fait.(Sur l’arbre)THEO / C’est beau, hein chérie ?JEANNE MARIE / Oui, mon amour, tu as bien fait de choisir cette destination.THEO / Ça change hein ?JEANNE MARIE / Oui, un voyage de noces en randonnée, une nuit d’amour dans une ferme auberge, c’est mieux qu’un palace sur la côte.THEO / Oh oui, et c’est tellement plus dans nos moyens.JEANNE MARIE / Tu sais Théo ?THEO / Non Jeanne Marie, mais je sens que je ne vais pas tarder à le savoir.JEANNE MARIE / Ah tu devines tout toi Théo, tu es trop fort (bisous)ALAIN / Ils ont l’air amoureux ces deux là ?STEPHANE / Affirmatif chef, voyage de noces. Un petit couple bien sympa, un peu cucul, mais gentil. ALAIN / On a tous été jeunes et amoureux.STEPHANE / Négatif, ALAIN / Vous n’avez pas été jeune ?STEPHANE / Affirmatif, comme tout le monde.ALAIN / Mais pas amoureux !STEPHANE / Ah surtout pas. ALAIN / Ah c’est dommage.STEPHANE / Nullement, je ne souhaite ça à personne. L’amour vous fait perdre la raison, et il n’y a pas pire ennemi que le déraisonnable ALAIN / Vous n’avez jamais été amoureux ?STEPHANE / En tout cas pas que je sache (ils continuent de discuter)THEO / Tu ne m’as toujours pas dit.

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JEANNE MARIE / Quoi ?THEO / Ce que t’avais à me dire.JEANNE MARIE / Tu n’as pas deviné ?THEO / Ma foi non, JEANNE MARIE / Cherche bien.THEO / Tu as mal au piedJEANNE MARIE / Non, c’est pas là.THEO / C’est où alors, à la tête ?JEANNE MARIE / Non au cœurTHEO / Oh mon Dieu. (Fort) Stéphane, on a un problème Jeanne Marie a mal au cœurSTEPHANE / Ah merde, vlà autre chose, il faut appeler les secours.OLIVIER / Inutile, je suis cardiologue.STEPHANE / Et bien on peut dire qu’on a de la chance, faire un malaise cardiaque juste devant un cardiologue, ça c’est un coup de bol.JEANNE MARIE / Je ne fais pas de malaise cardiaque.OLIVIER / Ne bougez pas, je fais regarder ça de plus près.JEANNE MARIE / Inutile, je vais très bien.THEO / Mais tu m’as dit le contraire tout à l’heure.JEANNE MARIE / Je t’ai dit que j’avais mal au coeur, mais c’est le mal d’amour, c’est parce que je t’aime, gros bêta.THEO / Tu m’as fait peur, pourquoi tu m’as dit ça, j’ai paniqué moi.STEPHANE / C’est mieux, pas ici, il y a du monde. Vous attendrez ce soir, vous irez faire ça dans l’étable derrière les vaches.JEANNE MARIE / Faire quoi ?CHARLENE / Dites madame, vous n’auriez pas un verre ? (À Lucette)LUCETTE / Pourquoi, vous avez soif ?CHARLENE / Ben oui bien sûr, je n’ai pas besoin d’un verre pour allez à la pêche.LUCETTE / Oui c’est vrai, suis-je sotte, il n’y a pas beaucoup de poisson dans cette foret.CHARLENE / Alors vous en avez un ?LUCETTE / Ça pourrait se faire.CHARLENE / Ah merci, madame, vous me sauvez la vie.LUCETTE / Et bien si ce n’est que ça, je vais voir ce que je vous trouve (elle va fouiller un peu plus loin dans son sac poubelle, Charlene ne la voit pas)CHARLENE / Tu vois Alain, eux ils sont organisés et civilisés, ils randonnent avec des verres.ALAIN / Je croyais que tu n’aimais pas ces bestioles ?CHARLENE / Je ne te parle pas d’asticots mais de verres pour boire.ALAIN / Et bien te voila sauvée. J’espère pour toi que ce verre est propre ?CHARLENE / Bien sur qu’il le sera, tu as entendu la dame, elle est comme moi, elle déteste ce qui est sale.Retour de Lucette avec le gobelet en plastique.LUCETTE / Voila ma toute belleCHARLENE / Oh merci beaucoup madame.LUCETTE / Appelle moi Lucette.CHARLENE / Moi c’est CharleneLUCETTE / Tu veux de l’eau ? Stéphane en a dans son sac.CHARLENE / Ah oui, je veux bien. Tu sais Lucette, c’est qu’ils m’auraient laissée mourir de soif ces deux là.LUCETTE / Mais non. Stéphane, tu peux désaltérer la petite s’il te plait ?STEPHANE / Tout de suite.

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CHARLENE / Merci, Stéphane, vous au moins vous avez un cœur.STEPHANE / Certes mademoiselle, mais il ne me sert que de pompe, pour alimenter la machine.CHARLENE / (perdue) Ah oui, et belle machine,( elle tend son verre , Stéphane y verse l’eau, il est debout , elle est assise, il garde la bouteille 20 à 30 centimètres au dessus du gobelet, il ne renverse rien) Ah ce que vous visez juste ! Merci.STEPHANE / 2O ans de tirs dans les fusillés marins, ça laisse des traces.CHARLENE / (elle boit) Ah, ça fait tellement de bien ! Mais dites, pourquoi, vous les avez fusillés tous ces marins ?STEPHANE / (il rit) Vous êtes mignonne ?ALAIN / (qui s’était approché) Oui elle est fraîche.CHARLENE / Non elle est tiède, mais ça m’a fait du bien quand même.STEPHANE / Ça mademoiselle, après 6 heures dans un sac, il ne peut en être autrement.Retour de MoniqueOLIVIER / Alors soulagée ?MONIQUE / Oui, OLIVIER / Je vous présente Monique ma femme.THEO / On s’est déjà rencontrés.OLIVIER / Vous vous connaissez ?MONIQUE / Pas du tout.THEO / Non, on a croisé madame un peu plus bas dans le sentier.JEANNE MARIE / Oui quand elle faisait pipi.STEPHANE / C’était vous ? Ah je ne vous aurais pas reconnue !MONIQUE / (gênée) Ben oui, c’était moi.THEO / Ne soyez pas gênée madame c’est la nature, on a tous fait pipi au moins une fois dans sa vie.LUCETTE / Voir plus.JEANNE MARIE / Mais pas tous devant des promeneurs ?MONIQUE / Je pensais être seule, je ne vous ai pas vu arriver.LUCETTE / Forcement, vous nous tourniez le dos.STEPHANE / Ah quand même, je ne m’explique pas.OLIVIER / Pas quoi ?STEPHANE / Que je ne vous reconnaisse pas. D’habitude je reconnais les gens en un coup d’œil.OLIVIER / Ce n’est pas grave, vous savez.STEPHANE / Si quand même, je pensais être plus physionomiste que ça.THEO / Ne t’en veux pas Stéphane, on ne l’a vue que de fesses, de face, ça change.STEPHANE / Oui tu as raison, mais quand même, j’aurais du être plus observateur.OLIVIER / Bon, c’est bien comme ça. On ne va pas passer le réveillon sur les fesses de ma femme.ALAIN / Voulez-vous que nous fassions une petite reconstitution ?OLIVIER / Avant, tu ne voudrais pas que je te foute mon poing sur la gueule.JEANNE MARIE / Ah non, ça serait dommage.ALAIN / Merci mademoiselle.MONIQUE / Bon, ce n’est pas tout ça, mais je mangerais bien un petit morceau moi.OLIVIER / Ça tombe mal, on allait repartir.MONIQUE / Pas maintenant, il faut d’abord attendre que mes pieds dégonflent. JEANNE MARIE / Rester encore un peu, on pourrait manger ici ensemble ?CHARLENE / Oui pourquoi pas.STEPHANE / De toute façon on va tous au même bivouac.

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ALAIN / C'est-à-dire ?STEPHANE / A l’auberge du pic.ALAIN / Exact.THEO / Mais si restez, ici vous pourrez manger tranquillement et vous pourrez même jeter vos déchets par terre, on vous prêtera notre benne à ordure (il rit)LUCETTE / Si c’est pour moi que tu dis cela, ce n’est pas très sympas.THEO / Je plaisantais, Lucette, c’est bien ce que vous faites, tout le monde devrait faire comme vous. OLIVIER / Moi je passerai derrière elle, il n’y aura plus rien à ramasser (il rit).LUCETTE / Je vois que l’ambiance est bonne.JEANNE MARIE / C’est mieux non ?THEO / Dis sergent (à Stéphane) STEPHANE / C’est à moi que tu parles moussaillon ?THEO / Oui, tu ne vas tout de même pas manger deboutSTEPHANE / Si, je suis prêt à repartir, (il fait des mouvements) il faut que mes muscles restent chaud.ALAIN / Tu ne peux pas faire un break de temps en temps.STEPHANE / Non je suis en mission. Des treks, j’en ai déjà organisés des dizaines et des dizaines, et je dois rester vigilant, crois moi.ALAIN / Sans doute, mais ici, on ne risque pas grand-chose, nous ne sommes pas au beau milieu de la foret amazonienne.STEPHANE / Le danger est partout. Un animal sauvage peut surgir de derrière un taillis.CHARLENE / (apeurée) C’est vrai ?OLIVIER / Mais c’est du pipo. Vous ne voyez pas qu’il se la raconte notre Rambo.ALAIN / Que veux tu qui surgisse ? Des loups, des sangliers ?STEPHANE / Et oui pourquoi pas.JEANNE MARIE / C’est que ça ne rigole pas un sanglier.THEO / Non, sauf dans les aventures de Sylvain et Sylvette.MONIQUE / Moi, je peux vous dire qu’il n’y a pas beaucoup d’animaux dans les parages, on les aurait entendus. Non, la seule chose qui peut nous tomber dessus, c’est des randonneurs hollandais.LUCETTE / Pourquoi Hollandais ?MONIQUE / J’sais pas, pourquoi pas Hollandais.LUCETTE / Vous savez madame, qu’on ne dit jamais les choses par hasard. Si vous avez dit hollandais, ce que vous pensiez à des hollandais.MONIQUE / Pourtant non.LUCETTE / Avez-vous déjà connu un hollandais ?MONIQUE / Non.OLIVIER / Monique, ne mens pas. Ah, j’en étais sûre, elle me trompe, et avec un hollandais. Elle lui a filé rencard à l’auberge et pendant que je dormirai, elle ira le retrouver. J’aurais du m’en douter, elle n’aime pas marcher d’habitude. Vous savez messieurs dames, même pour aller au supermarché qui est à 500 mètres, elle prend la voiture, et aujourd’hui, elle est venue, elle marche sans rien dire.CHARLENE / Ah si, elle a quand même dit qu’elle avait mal au pied.OLIVIER / J’aurais du m’en douter, il y a du hollandais la dessous.MONIQUE / Mais non, enfin tu délires Loulou.OLIVIER / Ne m’appelle plus Loulou, tu m’as trahi. T’es bien comme lui.MONIQUE / Comme qui ?OLIVIER / Lui (Alain)ALAIN / Enfin, Olivier tu ne vas pas bien, je ne me tape pas de Hollandais moi.

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MONIQUE / Mais moi non plus.ALAIN / Une Hollandaise, à la rigueur.CHARLENE / Ah bon ?ALAIN / C’était avant toi.CHARLENE / Mais maintenant, c’est fini, plus de Hollandaise ?ALAIN / Fini.MONIQUE / Moi c’est pareil.OLIVIER / Ah parce que tu as essayé les Hollandaises aussi. Ah, j’ai bien fait de venir, de mieux en mieux. Vous voyez les jeunes, vous pensez que vous êtes amoureux et bien profitez en, ça ne durera pas.THEO / Ah si, nous c’est pour la vie, n’est ce pas chérie ?JEANNE MARIE / La vie peut être pas, mais quand même un petit moment.THEO / Ah bon, je croyais que c’était, toi, moi, nous et que c’était pour toujours.JEANNE MARIE / Mon pauvre biquet, personne ne fait plus rimer amour avec toujours. Demande donc à Stéphane.STEPHANE / Affirmatif, pour moi, amour rime avec jamais.CHARLENE / Alors là, tout faux, ça ne rime pas du tout.MONIQUE / C’est vous et toutes vos histoires qui ne rimez à rien. Une vieille folle dit un truc et tout de suite tout le monde part dans ses délires.LUCETTE / C’est moi la vieille folle ?MONIQUE / A part toi, je ne vois personne qui répondent aux deux critères. Moi, la seule hollandaise que je me sois tapée, c’est une sauce. Et maintenant je n’y touche même plus parce qu’elle me reste là (elle montre ses hanches)ALAIN / Tu vois Olivier, qu’elle en est consciente, elle a grossit et elle le sait.MONIQUE / (à Alain) Alors toi, l’obsédé du bistouris, tu t’occupes de ta pâte à modeler et tu me fous la paix avec ma cellulite.JEANNE MARIE / Ah, tu vois Théo qu’elle aussi, elle a de la cellulite.THEO / Je n’ai jamais dit le contraire.MONIQUE / Parce que tu connais ma cellulite toi peut-être ?THEO / Sans vouloir vous vexer Madame, mais le short sur les godasses et la petite culotte au niveau des genoux ça ouvre des perspectives.JEANNE MARIE / Tu m’as dit que tu avais à peine regardé.MONIQUE / Tu parles, il s’est rincé l’œil. Il n’allait pas s’en venter.THEO / Rincer, le mot est mal choisi, j’y ai jeté un œil, et…OLIVIER / Et quoi…THEO / Et rien, il n’y avait rien d’exceptionnel….ALAIN / Si ce n’est deux ou trois amas graisseux qu’il faudrait faire disparaître au plus tôt, avant qu’ils ne se ramifient. Si tu es libre dans 15 jours Monique, je pourrais te recevoir à la clinique ?MONIQUE / Il n’en est pas question. Moi vivante, tu ne toucheras pas un centimètre carré de mon corps. Le prochain qui s’attaque à mon postérieur et à ce qui l’entoure, il aura à faire à moi.STEPHANE / Je vous aiderai moi, Monique.MONIQUE / A quoi faire ?STEPHANE / Je me battrai pour défendre votre dignité.MONIQUE / Merci Stéphane.STEPHANE / Non, c’est normal, vous pourrez compter avec moi. J’ai toujours su en référer à mon supérieur, je pourrai pour une fois en déférer pour votre postérieur.

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LUCETTE / Que tout ceci est joliment dit. Il est prêt à mourir pour l’arrière train de Monique. C’est beau ça Stéphane, en fait tu es un peu comme moi, moi aussi je ferai tout contre les déchets.MONIQUE / Et dans l’histoire le déchet, c’est quoi ? Mon cul (ou mon arrière train) LUCETTE / Pas du tout, vous êtes très susceptible, vous prenez tout à l’envers.CHARLENE / C’est vrai Monique, tu es toujours sur la défensive, cool, relaxe, fais comme moi, prends la vie du bon coté.MONIQUE / Merci, mais sans façon. Le jour où tu seras mon modèle, les poules auront des dents.JEANNE MARIE / Détendez vous Monique, on est bien, on est en plein air, loin de la ville, du bruit et de la pollution, profitez en.LUCETTE / Attention parce qu’elle gagne du terrain.THEO / Qui Monique ?LUCETTE / Non la pollution, si nous ne sommes pas vigilants même la campagne va être envahie.STEPHANE / Soyez sans crainte, je suis là.LUCETTE / Pour ça aussi ?STEPHANE / S’il le faut oui, dès qu’il y a un combat à mener, je réponds présent.OLIVIER / Après les fesses de Monique, vous voici parti en campagne contre la pollution, au coté de Lucette.STEPHANE / Affirmatif. Mais vous savez je peux mener les deux combats de front.MONIQUE / Je n’en doute pas. (Elle déballe son sandwich)OLIVIER / Tu as raison, attaque ton sandwich, ça va te calmer. Dès qu’elle mange, elle est tout de suite plus calme.MONIQUE / Tu sais ce qu’il te dit mon sandwich…..(à Olivier)ALAIN / Et moi, je te dis qu’à ta place, je mangerais plutôt une pomme.MONIQUE / Je mange ce que je veux (elle jette le papier par terre).LUCETTE / Quoi ! Mais que faites vous malheureuse ?MONIQUE / J’ai faim, je mange. Si ça me plait de m’empiffrer, je m’empiffre. C’est mon corps et je le maltraite si ça me chante.LUCETTE / Je m’en moque de votre corps, je vous parle du papier que vous venez de jeter (elle va le ramasser et le met dans son sac poubelle).MONIQUE / Ah oui, excusez-moi, c’est l’habitude.LUCETTE / Il va falloir changer vos habitudes et c’est valable pour tout le monde. Si on ne fait pas attention, dans 50 ans la montagne ne sera plus qu’un amas d’immondices, qu’il faudra escalader pour marcher.OLIVIER / Ça peut être un nouveau sport, le trek dans les ordures.STEPHANE / En tout cas, si ça se fait moi je suis partant. Je me vois déjà ramper entre les papiers gras (il se couche par terre et rampe), ruser pour éviter les tessons de canettes. Les genoux englués dans les capotes usagées, il faudra se faufiler entre les paquets de chips et les bouteilles de coca.LUCETTE / (elle le soulève par le dos du short) Relève toi, malheureux, ça n’a rien d’un jeu, je suis sérieuse, la nature est en danger.STEPHANE / Moi aussi, je suis sérieux, seulement moi je vais m’entraîner pour survivre. MONIQUE / Il vaut mieux prévenir que guérir, non ?OLIVIER / Pas toujours, sinon, je serais au chômage.ALAIN / Moi je ne risque rien, il y aura toujours des moches.LUCETTE / C’est pour moi que vous dites ça ?ALAIN / Pas du tout, c’est une généralité professionnelle.LUCETTE / Je l’espère.

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MONIQUE / Alors comme ça, vous Lucette, vous ne faites jamais le moindre écart ?LUCETTE / Jamais. Je trie mes déchets, je mange bio, je vis bio….CHARLENE / Et je me promène avec un sac poubelle en guise de sac à main, c’est fou ce que c’est fun.OLIVIER / Ça ne doit pas être drôle tous les jours chez vous ?LUCETTE / Si, c’est une question d’organisation. Avec un peu d’entraînement, vous verrez qu’on peut s’éclater tout en respectant l’environnement.STEPHANE / C’est ce que je dis toujours, l’entraînement, il n’y a que ça de vrai (il fait des pompes et comptes à voie haute) une et deux et trois.MONIQUE / Et stop, c’est bon on a compris.JEANNE MARIE / Il est en pleine forme (admirative).THEO / Tout le monde en fait autant.JEANNE MARIE / Ben vas y.THEO / Non pas ici, le sol n’est pas propre.STEPHANE / T’as pas trouvé d’autres excuses.THEO / NonCHARLENE / Il n’a pas tort, c’est vrai que c’est plein de petites bêtes par terre.STEPHANE / Et plein de grosses juste au dessus.CHARLENE / C’est vrai Lucette que vous mangez Bio ?LUCETTE / Absolument.CHARLENE / Oh ben moi, pareil.ALAIN / Ah bon, et depuis quand ?CHARLENE / Ça va faire six mois demain. Maintenant, je fais attention, je ne mange plus que des produits allégés, il y a moins de cochonnerie dedans.LUCETTE / Et c’est ça que tu appelles manger BIO ?CHARLENE / Ben ouiLUCETTE / Ben non. Tes produits allégés, ils ne sont pas plus « bio » que le sandwich de Monique.CHARLENE / Ah bon ! Ben alors ça sert à rien de manger « light »LUCETTE / Si, ça te laisse l’espoir que tu ne vas pas grossir. Mais tu manges encore plus de cochonneries que Monique avec son sandwich fait avec du bon pâté.CHARLENE / Oui mais c’est gras.MONIQUE / Mais c’est du bon pâté, même Lucette le dit.JEANNE MARIE / Nous, on aimerait bien manger « bio ».THEO / Dès qu’on pourra, on le fera.LUCETTE / Qui vous en empêche ?MONIQUE / Leur porte monnaie, c’est cher le « bio »THEO / Non, c’est pas ça, c’est surtout que nous travaillons tous les deux dans un fast-food.JEANNE MARIE / C’est là qu’on s’est rencontrés.THEO / Alors comme on mange sur place et que ce n’est pas spécialement « bio »LUCETTE / Non pas spécialement. Mes pauvres chéris, je vous plains.STEPHANE / Hé, c’est bon, y a pire comme supplice.LUCETTE / Non, ils sont en danger, il faut les sortir de là.STEPHANE / Je m’en occuperez à notre retour. Mais avant il faut lever le camp.JEANNE MARIE / Déjà ?STEPHANE / Oui. Est-ce que tout le monde c’est soulagé ?JEANNE MARIE / C'est-à-dire ? Est ce qu’on a dit tout ce qu’on avait sur le cœur ?STEPHANE / Non, le pipi, c’est bon pour tout le monde ? Sinon, il faudra attendre l’auberge.MONIQUE / Moi c’est fait.STEPHANE / Inutile de nous le rappeler, on s’en souvient tous.

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THEO / Et pour le popo, c’est prévu pour quand ?STEPHANE / Quand tu veux mon gars, tu es un grand garçon, tu te gères.THEO / Bon ben, j’y vais, vous m’attendez ?LUCETTE / Surtout pas.JEANNE MARIE / Pourquoi, vous ne voulez pas attendre Théo !LUCETTE / Ce n’est pas ça, il n’est question que ce garçon fasse caca dans la foret.THEO / Et pourquoi je n’aurais pas le droit moi ?LUCETTE / Tu ne manges pas bio, tu vas polluer et détruire le biotope naturel de la région.ALAIN / Vous n’exagérez pas un peu !LUCETTE / Non, il mange dans un fast-food tous les jours, je suis sûre qu’un seul excrément de ce garçon peut détruire une fourmilière en 10 minutes.OLIVIER / Je devrais l’embaucher, j’ai des fourmis plein mes rosiers.LUCETTE / Ce n’est pas drôle.THEO / (il fait demi tour) Bon ben, je vais essayer de me retenir.LUCETTE / Voilà qui me parait plus raisonnable.THEO / Vous par contre vous devriez y aller, vous qui ne mangez que bio, ça ferait un bon engrais.LUCETTE / Sans façon, je déteste faire ça dans la nature, je n’ai pas envie d’avoir des bestioles qui me grimpent le long des jambes.CHARLENE / Tout pareil que moi. Ah (elle hurle)ALAIN / Que se passe t-il, ma chérie ?CHARLENE / J’ai entendu une bête.ALAIN / Mais nonCHARLENE / Je te dis que si.ALAIN / Mais non, tu as trop d’imagination.CHARLENE / Et bien voila, encore une fois, il ne me croit pas. Je l’entends encore, ça vient de là.LUCETTE / Et bien va donc voir, Stéphane, c’est ton job de nous protéger ?STEPHANE / Certes, mais je dois veiller sur ce camp et défendre nos arrières et surtout celui de Monique.MONIQUE / Monsieur est trop bon.STEPHANE / Je vous l’avais promis.CHARLENE / Vas voir toi Alain, moi, j’ai peur.ALAIN / Pourquoi moi ?MONIQUE / Parce que tu es son mec, c’est à toi de la rassurer.ALAIN / Oui mais…MONIQUE / Mais, dis plutôt que tu as la trouille ! ALAIN / Pas du tout….Tu viens avec moi Olivier ?OLIVIER / Si tu veux. Ne bougez pas, les trappeurs partent à la chasse. Au fait, tout le monde aime le sanglier ?LUCETTE / Uniquement s’il est Bio ?OLIVIER / Ici, c’est le cas. Prépare le feu Lulu, les hommes reviennent avec la bête.ALAIN / (en marchant) Tu compte vraiment tuer un sanglier ?OLIVIER / Non, il n’ y a rien du tout, ça va juste rassurer ta poulette (ils quittent la scène) CHARLENE / Hé, les garçons, le bruit ça vient de là-bas.OLIVIER / Autant pour moi (ils vont demi tour et sortent de l’autre coté).STEPHANE / Bon, les filles, il faut rester groupés. Je prends les choses en main.THEO / Qu’appelles-tu, les choses ?

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STEPHANE / Excuse moi Théo, je ne t’avais pas vu. C’est vrai nous avons un autre homme qui est toujours valide, il va donc pouvoir s’occuper de sa femme, moi je prends les deux autres.LUCETTE / Qu’entends tu par, prendre les deux autres ?STEPHANE / J’assure votre protection, vous êtes sous ma responsabilité ?LUCETTE / Ah ce n’est que ça !MONIQUE / Déçue ?LUCETTE / Non… THEO / Tu n’en fais pas un peu trop, Stéphane ?STEPHANE / Pas du tout. Ma mission et je l’ai acceptée, consistait à conduire tout le troupeau à bon port. THEO / Merci pour le troupeau.JEANNE MARIE / Je trouve qu’il va un peu loin.CHARLENE / (apeurée) Vous croyez qu’ils vont le tuer ?JEANNE MARIE / Qui Stéphane ?THEO / C’est vrai qu’il en fait des caisses mais de là à le supprimer !CHARLENE / Non, le sanglierMONIQUE / Rassures toi, il n’y a pas plus de sanglier qu’il n’y avait de Hollandais.LUCETTE / Ah, elle y revient à son hollandais.MONIQUE / Je n’y reviens pas, je viens de vous dire qu’il n’y en a pas.JEANNE MARIE / Oh la la, je la sens, elle est en train de me grimper le long du dos.LUCETTE / Qui la bête ?JEANNE MARIE / OuiMONIQUE / Ce n’est donc pas un sanglier. JEANNE MARIE / Non, mais c’est gênant, ça me chatouille.STEPHANE / Ne bouge pas je vais la tuer (il se précipite vers les jeunes mariés)THEO / Arrêtes, andouille, c’est moi.STEPHANE / C’est toi quoi ?THEO / C’est ma main qu’elle sent le long de son dos.JEANNE MARIE / Tu es fou, Théo, ça aurait pu mal finir. Tu aurais du me prévenir, j’ai cru que c’était une souris qui me grimpait dessus.THEO / Je voulais te faire des chatouilles pour te détendre.MONIQUE / Et bien ce n’est pas le moment. Vous avez affolé tout le monde.STEPHANE / Théo, premier avertissement. Je te préviens, à la deuxième remarque, tu es exclu du trek.THEO / Oh, je t’en prie, Stéphane, je voulais juste chatouiller ma femme, je n’ai rien fait de mal.STEPHANE / Tu as mis l’équilibre du groupe en péril. Tes chatouilles, tu les feras plus tard.JEANNE MARIE / Oui, franchement Théo, tu peux bien attendre jusqu’à l’étable. On n’est pas des animaux tout de même, on peut se retenir un peu.THEO / Nous sommes en voyage de noces, si je ne peux même plus toucher ma femme sans risquer d’être fusillé….alors à quoi bon se marier !STEPHANE / Alors ça mon gars, on se le demande.JEANNE MARIE / (à Charlene) Vous êtes mariés vous ?CHARLENE / Moi non, mais Alain, oui.JEANNE MARIE / Ah !!!! Vous n’êtes pas mariée et votre mari l’est ?CHARLENE / Oui, parce ce n’est pas avec moi qu’il est marié.JEANNE MARIE / Oh, excusez moi.CHARLENE / Ah mais il n’y a pas de mal. Il va quitter sa femme, il ne l’aime plus.THEO / Ah ben tant mieux. Tout va bien.

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CHARLENE / Tout va bien.JEANNE MARIE / Sauf pour sa femme qui ne l’entend peut être pas de cette oreille.MONIQUE / Il y a des chance en effet.LUCETTE / Avant de repartir, n’oublier pas de remettre cet endroit comme vous l’avez trouvé en arrivant.CHARLENE / C’était comment avant, je m’en souviens plus ?LUCETTE / Propre, alors on met tous nos déchets dans le sac poubelle.STEPHANE / Tout à fait, prenez exemple sur madame Lucette. On se prépare à lever le camp.MONIQUE / Laissez moi une minute, je vais essayer de convaincre mes pieds qu’ils doivent retourner dans ces chaussures (elle remettra ses chaussures)CHARLENE / On n’attend pas les garçons ?MONIQUE / Ils nous rattraperont.CHARLENE / C’est vrai, d’ailleurs, ils ne nous ont pas attendus, eux. Dis Stéphane, tu m’aides à attacher ma chaise ?STEPHANE / Oui. Quoique je ne vois pas bien pourquoi tu te ballades en foret avec un pliant.(Il lui fixe la chaise sur le dos) MONIQUE / Madame ne veut pas de contact direct entre ses fesses et la nature.STEPHANE / C’est elle que ça regarde. Jeanne Marie, tu marches en tête et Théo te suit.JEANNE MARIE / Non, je ne veux pas l’avoir derrière mon dos.MONIQUE / Si au bout de 15 jours de mariage tu as déjà peur de l’avoir sur le dos, tu es mal barrée ma poulette.JEANNE MARIE / C’est pas ça, mais il va encore essayer de me chatouiller.THEO / Mais non;STEPHANE / Attention, Théo, je t’ai à l’œil. MONIQUE / C’est bon, j’ai réussi (elle montre ses chaussures) on peut y aller.CHARLENE / (grand cri) Là, le sanglier.STEPHANE / Ne bougez pas (position de combat, il crie et frappe)OLIVIER / Aie (ils sont à peine entrés en scène)ALAIN / Mais tu es fouSTEPHANE / Oh merde, c’était pas un sanglier.MONIQUE / Mais non, idiot, c’est mon mariSTEPHANE / C’est de sa faute, c’est elle qui a crié « un sanglier, là »MONIQUE / Quelle gourde ! Comment peut-on rester avec une idiote pareille ?CHARLENE / Tu entends Alain, c’est de moi qu’elle parle, fais quelque chose, claque lui le beignet.ALAIN / Mais non, elle ne parle pas de toi.CHARLENE / Si, j’en suis sûre (elle prend le sac poubelle)LUCETTE / Que fais tu ?CHARLENE / Je vais la faire terre cette vipère (elle frappe Monique avec le sac)MONIQUE / Elle est folle, Loulou, fais quelque chose.THEO / Pour l’instant, il ne peut pas, il est KO.CHARLENE / Je vais te la faire fondre moi ta cellulite, je vais te les casser tes cellules graisseuses. (Elle lui tape sur les fesses avec le sac)MONIQUE / Aie.STEPHANE / J’avais dis le premier qui touche à ses fesses… (il se saisit de Charlene et la plaque au sol) Bon maintenant tu te calmes.ALAIN / Bravo, Stéphane. LUCETTE / On va tous se calmer et reprendre tranquillement notre périple.

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MONIQUE / De toute façon, moi j’y vais (elle prend son sac et marche)STEPHANE / Je vais la suivre, c’est préférable.ALAIN / Oui, moi j’attends qu’Olivier reprenne ses esprits.STEPHANE / Il vaut mieux que je ne sois pas là.ALAIN / Il y a des chances.STEPHANE / Vous venez ? (Il prend son sac et part)LUCETTE / On vous suit (elle prend son sac à dos et son sac poubelle et quitte la scène)JEANNE MARIE / Nous on voudrait dire un mot à AlainTHEO / Et on vous rejoint juste après.CHARLENE / Moi je ne t’attends pas (elle part)ALAIN / On se retrouve à l’auberge.CHARLENE / (off) Oui, c’est bien parce que je n’ai pas le choixALAIN / Elle est mignonneTHEO / Oui, elle met l’ambiance. ALAIN / Vous vouliez me parler ?JEANNE MARIE / Oui. Dites, Alain, vous permettez que je vous appelle, Alain ?ALAIN / Oui, d’autant que c’est mon prénom, vous auriez souhaité m’appeler, Pierre ou Maurice, j’aurais tiqué, mais Alain, il n’y a pas de soucis.JEANNE MARIE / Et ben tant mieux. Alors, à ce qu’on a cru comprendre vous êtes retoucheur ?ALAIN / Qu’appelez vous « retoucheur » ?THEO / Ben, vous faites des retouches, vous corrigez les défauts des gens.ALAIN / On peut dire comme ça.JEANNE MARIE / Vous faites de la chirurgie esthétique ?ALAIN / Aussi, je suis plasticien, je fais également de la chirurgie réparatrice.JEANNE MARIE / Parfait, ben voilà….THEO / Ah ce n’est pas facile à dire ces choses là.ALAIN / Parlez sans crainte, nous sommes seuls.THEO / Et lui ? (Olivier)ALAIN / Pour l’instant il est K O, on avisera quand il reviendra à lui.JEANNE MARIE / Bon ben voilà…ALAIN / Laissez moi deviner, vous voulez que je vous fasse un nouveau nez ?JEANNE MARIE / Ah ben non, quand même pas. Pour ça, je demanderais à mon mari, et puis Théo a dit, pas tout de suite on verra ça l’année prochaine.ALAIN / Comme vous voudrez.THEO / Oui, vous comprenez, on ne veut pas s’embarrasser d’un bébé maintenant, on veut profiter un peu avant.ALAIN / Un bébé, mais oui bien sûr ! Autant que ça soit votre mari qui vous le fasse !JEANNE MARIE / Oui autant.THEO / C’est comme ça que ça se passe, généralement, non ?ALAIN / En général, oui. Alors où se situe votre problème Jeanne Marie ?JEANNE MARIE / Ce n’est pas chez moi qu’il est, le problème, c’est un problème masculin. Vous faites les hommes aussi ?ALAIN / Absolument, je fais tout ce qui se présente devant mon bistouri. Alors, mon beau monsieur il est où ce petit soucis ?THEO / (très gêné) En fait, si on vous demande conseil, ce n’est pas pour moi.ALAIN / Je sais c’est pour un cousin.THEO / Presque, c’est un voisin, mais comment avez-vous deviné ?ALAIN / L’expérience.

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JEANNE MARIE / Vous êtes très fort, Alain. Voila, il s’agit de notre voisine, madame Beurdouche.THEO / Oui, c’est ça, c’est pour madame Beurdouche.JEANNE MARIE / Enfin, c’est pour son mari, plus exactement.THEO / Tu as raison Jeanne Marie, c’est pour Thibaut, le mari de madame Beurdouche.ALAIN / Il s’appelle Thibaut ?JEANNE MARIE / Oui enfin, je crois. Vous pensez qu’il ne s’appelle pas Thibaut, vous, Alain ! Il s’appellerait comment, alors ?ALAIN / Ce n’est pas le problème. Alors qu’est ce qu’il a ce cher Thibaut ?THEO / Si vous préférez Docteur, pour lui, ce n’est pas un soucis, c’est plus à sa femme que ça pose problème.ALAIN / Je vois, il en a une petite et madame est déçue.JEANNE MARIE / Non, j’aurais préféré.THEO / Chérie, on parle de madame Beurdouche.JEANNE MARIE / Oui, elle aurait préféré. Vous savez Alain, en fait, Thibaut en a une trop grande.ALAIN / (moqueur) Une voiture… et il ne peut pas la rentrer dans son garage.THEO / En quelques sorte, sauf qu’il ne s’agit pas de sa voiture.ALAIN / Rassurez vous, j’avais compris.JEANNE MARIE / En fait pour être claire et concise. C’est vrai, on ne va pas tourner autour du pot 107 ans.THEO / D’autant que nous on s’en moque, c’est pour ce pauvre Thibaut que c’est gênant.ALAIN / Sûrement. Bon, je vous écoute.JEANNE MARIE / Et bien, Thibaut a un trop grand Kiki.ALAIN / Ah, d’habitude, les femmes se plaignent que leur mari en a une trop petite mais rarement l’inverse.THEO / Oui, ben, madame Beurdouche, elle ne doit pas être comme toute les femmes, elle. Elle hurle dès que son mari baisse son slip.JEANNE MARIE / Hurler, tu exagères.ALAIN / Ah parce que vous êtes présente quand il enlève son slip ?JEANNE MARIE / Ben oui quand même.THEO / Chérie, on parle de Thibaut.JEANNE MARIE / Ah ben non, pour Thibaut, je ne suis pas là.THEO / Alors qu’est ce qu’on peut faire Docteur ?JEANNE MARIE / Il n’y a qu’une solution, en couper un bout.THEO / Ça doit faire mal ?ALAIN / Oui un peu. Mais vous permettez que je donne mon avis. JEANNE MARIE / Oui, c’est d’ailleurs pour ça qu’on s’adresse à vous. Parce que madame Beurdouche, elle ne sait plus comment faire.ALAIN / Je ne vois que deux possibilités. La première, on enlève 2 ou 3 centimètres au milieu JEANNE MARIE / Voir 4ALAIN / A ce point.JEANNE MARIE / Ah oui.ALAIN / Et bien, il est gâté notre Thibaut.THEO / Si on veut. Mais après avoir enlevé au milieu, vous remettez le bout ?ALAIN / Oui, je le recollerai, et il sera comme neuf.THEO / Et ça tient, la colle ?ALAIN / En principe oui. Mais, je n’ai pas encore pratiqué ce type d’opération.THEO / Et, il pourra faire...tout….Comme avant ….Thibaut ?

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ALAIN / Avec une bonne rééducation, oui.THEO / Et la deuxième solution, quelle est-elle ?ALAIN / Madame devra s’habituer à la morphologie de son époux.JEANNE MARIE / Et si, elle ne peut pas ?ALAIN / Les premières fois, elle ferme les yeux pour ne pas voir la bête, et après….ça ira tout seul.THEO / Elle est mieux, non, chérie, la deuxième solution ?JEANNE MARIE / Ben je ne sais pas, il faudra que j’en parle avec madame Beurdouche.ALAIN / Mais si c’était vous, vous réagiriez comment ?THEO / Moi, à la place de ce pauvre Thibaut, je conseillerais à ma femme de faire des efforts, c’est à elle de s’adapter.ALAIN / Absolument, il faut qu’elle prenne sur elle. Elle s’y fera.THEO / La nature est bien faite, tu sais chérie.ALAIN / Tout à fait, depuis Adam et Eve tout a été prévu. JEANNE MARIE / Oui mais Adam il n’est pas fait comme Thibaut.THEO / Qu’en sais tu ?JEANNE MARIE / J’ai vu des dessins, le grand truc, c’est le serpent pas le….THEO / Bon, d’accord, Adam n’est pas Thibaut, je ne suis pas Thibaut. Mais tu n’es pas madame Beurdouche non plus. Alain nous le confirme ; ça doit passer.ALAIN/ En tout cas, ça a toujours été comme ça.JEANNE MARIE / Oui, mais ça doit faire mal.THEO / Mais non.OLIVIER / Oh que ça fait mal.JEANNE MARIE / Tu vois bien que ça fait mal.OLIVIER / Qu’est ce qu’il m’a mis ce salaud.ALAIN / Et bien ça y est, tu reviens à nous.THEO / Ça va monsieur ?OLIVIER / Je ne sais pas, je vous dirai ça quand j’aurai tué ce fumier.JEANNE MARIE / La violence n’a jamais rien arrangé.OLIVIER / Parce qu’il n’est pas violent, le connard qui m’a assommé.JEANNE MARIE / C’était pour nous défendre.THEO / Il vous a pris pour un sanglier.OLIVIER / Un sanglier, ben voyons, et pourquoi pas, un éléphant, aussi ?JEANNE MARIE / Tout simplement parce qu’il n’y en a pas dans la région.THEO / Tandis qu’un sanglier, c’était plausible.ALAIN / Ils ont raison, Olivier (il l’aide à se mettre debout) Viens, on reprend notre marche en avant et on va rejoindre les autres. OLIVIER / Oui, il ne perd rien pour attendre, le sergent de mes deux.ALAIN / Ne t’énerve pas, Olivier, ça te fait mal à la tête.OLIVIER / Et les deux blaireaux, ils ne viennent pas ?ALAIN / Je crois qu’ils ont encore un petit détail à voir ensemble, enfin quand je dis petit, c’est façon de parler.OLIVIER / Tu me raconteras, j’ai l’impression d’avoir raté un épisode.ALAIN / Sans problème (ils quittent la scène)THEO / On vous rejoint.ALAIN / (off) Prenez votre temps de toute façon, c’est tout droit.JEANNE MARIE / Pourquoi qu’il dit que c’est tout droit, par ce que ce n’est même pas vrai, elle est courbée.THEO / Il ne parlait pas de mon …JEANNE MARIE / Ben de quoi alors ?

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THEO / Du chemin.JEANNE MARIE / Alors, on fait quoi finalement ?THEO / On va les rejoindre.JEANNE MARIE / Non, pour ton……on coupe ?THEO / Ah surtout pas. Tu as entendu Alain, c’est très risqué.JEANNE MARIE / On devrait quand même tenter le coup.THEO / Non. On essaiera autre chose ce soir dans l’étable, il a dit, elle fermera les yeux.JEANNE MARIE / De toute façon, je suis certaine qu’il n’y a même pas de lumière dans leur étable.THEO / Ah ça non, c’est sûre, oh vivement ce soir (ils marchent)JEANNE MARIE / Attendez nous… (La scène s’éteint)

Le lendemain, même décor.

Arrivées de Olivier et Monique. (Ils redescendent)MONIQUE / Cette fois, j’en suis certaine, on est déjà passés par ici, hier.OLIVIER / Tu sais, tous les coins se ressemblent par ici.MONIQUE / Non, j’en mettrais ma tête à couper. Je reconnais, ce tronc. Tiens, c’est même par là que je suis allée faire pipi.OLIVIER / Exacte, alors on retourne sur nos pas !MONIQUE / Oui je vous l’avais dit. Mais encore une fois on a préféré écouter la petite dinde.OLIVIER / Tu as raison, mais c’est Alain qui l’a laissée prendre une initiative.MONIQUE / Encore raté, elle est gourde elle est gourde, point. Ce n’est tout de même pas sorcier de suivre les ronds verts.OLIVIER / Les ronds verts ce n’est pas sont truc. Elle, elle est plus habituée aux points noirs.MONIQUE / Oui sûrement, mais en attendant, on n’est pas sur le bon chemin.OLIVIER / Ce n’est pas grave.MONIQUE / Si ça l’est, elle va m’entendre cette idiote.OLIVIER / Tu ne lui diras rien du tout, elle assez de problèmes comme ça.MONIQUE / Tu fais allusion à sa tenue ?OLIVIER / Entre autreMONIQUE / Alors, moi je te le dis, elle a l’air d’une pouf, habillée comme ça.OLIVIER / Ce n’est tout de même pas de sa faute si quelqu’un lui a volé son sac et sa tenue de marche.MONIQUE / Si. Elle n’avait qu’à pas se changer. Aller mettre une jupe et des talons aiguilles dans une ferme auberge, je vous demande un peu.OLIVIER / Alain lui avait dit qu’il y avait une soirée.MONIQUE / Il aurait du lui préciser que c’était une soirée fromage. Elle aurait été moins ridicule avec une cloche autour du cou qu’avec des bas résilles.OLIVIER / Qu’est ce ça peut te faire, c’est elle qui a eu l’air con, pas toi !MONIQUE / Je pensais à ce pauvre Alain, une fille comme elle, quelle fardeau pour lui !

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OLIVIER / Hé dis, c’est lui qu’il l’a voulue. Monsieur veut se pavaner au bras de sa créature, il en assume les conséquences. Je lui avais dit de commencer par lui greffer un cerveau, non, il a préféré attaquer par le double menton, c’est son problème, pas le notre.MONIQUE / Résultat, il est où, maintenant ?OLIVIER / Son double menton, sans doute à la poubelle.MONIQUE / Non, Alain.OLIVIER / Il attend Charlene. Tu sais, marcher en foret avec des hauts talons, ce ne doit pas être coton !MONIQUE / Bien fait pour elle.OLIVIER / Bon, on va y aller nous.MONIQUE / Non je fais une pause (elle s’assoit), je suis crevée.OLIVIER / Si tu avais dormi un peu plus cette nuit, tu serais moins fatiguée.MONIQUE / Ah, c’est toi qui me dis ça. Mais c’est que j’aurais préféré dormir tu sais. Si j’ai passé ma nuit aux toilettes ce n’est pas par gaieté de cœur, crois moi.OLIVIER / Tu as été malade, tu n’as pas digéré le fromage ?MONIQUE / Si le fromage, ça a été. Si je suis allée aux toilettes, c’est que c’était l’endroit le plus calme de l’auberge.OLIVIER / Tu aurais été mieux dans notre chambre.MONIQUE / Tu appelles ça, notre chambre, quand on est 8 dans la même pièce, j’appelle ça un dortoir moi.OLIVIER / Oui, si tu veux.MONIQUE / Et encore, ce n’était même pas un dortoir puisque je n’ai pas pu y dormir. Non moi, j’appellerais ça un ronfloir parce que certains ne se sont pas privés.OLIVIER / Ah ce n’était pas moi, je te le jure.MONIQUE / Je ne sais pas qui c’était, je n’ai pas cherché à identifier les fautifs, mais entre ceux qui ronflaient et ceux qui pétaient s’en était trop pour moi, j’ai préféré me casser aux toilettes.OLIVIER / C’était à ce point ?MONIQUE / Comment te dire…. C’était entre le feu d’artifice du 14 juillet et la fanfare municipale, l’odeur en plus, bien sûr.OLIVIER / Ah dis donc, je ne me suis pas rendu compte.MONIQUE / Ben évidemment, tu dormais comme une masse, toi.OLIVIER / Je récupérais, n’oublie pas, qu’hier, j’ai été victime d’une tentative de meurtre.MONIQUE / N’exagère pas, tu t’es pris un pain dans la tronche, pas plus.OLIVIER / Mais pas moins non plus.MONIQUE / Stéphane s’est excusé et puis de toute façon, ce n’est pas sa faute mais celle de l’autre.OLIVIER / Et bien, s’il s’est excusé, tout va bien. (Ironique)MONIQUE / Oui tout va bien, sauf pour moi qui ai les yeux qui se ferment tout seul tant je suis fatiguée.OLIVIER / Ils ne se fermaient pas hier soir, tes yeux ! (Reproche)MONIQUE / Ben non, je viens te dire que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.OLIVIER / Non avant, pendant la soirée fromage, tu t’es rincé l’œil, tu matais comme une bête.MONIQUE / Je matais quoi ?OLIVIER / Ne fais pas semblant de ne pas comprendre, j’ai bien repéré ton petit manège avec le cycliste hollandais.MONIQUE / D’abord, il n’était pas Hollandais, mais Belge.OLIVIER / Comment le sais tu ?MONIQUE / Tout simplement parce qu’on a un peu parlé.

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OLIVIER / Alors non seulement tu as maté ses cuisses et ses mollets mais en plus tu l’as dragué.MONIQUE / Reconnais qu’il était bien gaulé.OLIVIER / Oui peut être… enfin, comme quelqu’un qui fait du vélo.MONIQUE / Tu sais qu’il a grimpé tout la haut en VTT !OLIVIER / Vu son accoutrement, j’avais deviné.MONIQUE / Tu devrais te mettre au vélo, Loulou, ça ta galberait les mollets, parce que pour l’instant, ils sont… (Elle fixe ses jambes)OLIVIER / Arrêtes de me dévisager, ça devient gênant. MONIQUE / Il est bien bas ton visage.OLIVIER / Je me comprends.MONIQUE / (songeuse) Il avait quand même de beaux mollets, tout en muscle, bien longs et bien fermes.OLIVIER / Parce que tu les as touchés… quand ?MONIQUE / Ben… quand il est venu faire pipi.OLIVIER / Parce qu’il t’avait invité à aller aux toilettes avec lui !MONIQUE / Mais non, que tu es bête, n’oublie pas que j’ai squatté les WC toute la nuit.OLIVIER / Je comprends mieux pourquoi tu n’as pas dormi. Allez en route, la pause est terminée.MONIQUE / Et ben voilà, il est jaloux. Il n’y a pas de quoi tu sais, je n’ai rien fait d’autre que de le tâter pour pouvoir comparer.OLIVIER / C’est déjà trop.MONIQUE / Ne me dis pas que tu n’as jamais tâté personne, toi.OLIVIER / Pas des cycliste en tout cas.MONIQUE / Tu palpes les seins de tes clientes, tu crois que c’est mieux ?OLIVIER / Je suis cardiologue, moi madame. Ce n’est pas de ma faute si elles ont toutes le cœur caché derrière les seins. Si tu dois faire une réclamation, ce n’est pas à moi qu’il faut la faire mais à celui qui a conçu le moule.MONIQUE / Moi c’est pareil, ce n’est pas de ma faute. Si vous n’aviez pas ronflé toute la nuit, je serais restée dans le dortoir et je n’aurais pas été obligé de le tâter.OLIVIER / Obligé, il ne t’a pas forcé la main.MONIQUE / Pour les mollets, non c’est vrai.OLIVIER / Parce qu’il y a eu autres choses ?MONIQUE / Allez, on est partis ; (elle quitte la scène pour changer de sujet)OLIVIER / Monique, attends moi, je t’ai posé une question : que lui as-tu tâté d’autre ? Monique, qu’as-tu tâté…. Répond (Il disparaît également) Apparition, de l’autre coté, de Alain et Charlene.Alain porte Charlene sur son dos, elle est habillée très sexy et tient ses chaussures à la main. Elle a toujours sa chaise plianteCHARLENE / Si tu veux tu peux t’arrêter là, biquet, c’est mignon ce coin.ALAIN / Oui, je ne dis pas non. (Fatigué) CHARLENE / Tu es fatigué, tu me trouves trop lourde ?ALAIN / Un peu. Fais moi penser à te liposucer la semaine prochaine.CHARLENE / Ça va me faire mal !ALAIN / Penses-tu, je t’endormirai avant.CHARLENE / Tant mieux. (Elle déplie sa chaise et s’assoit). Tu as bien choisi ton endroit pour être fatigué, mon cœur, c’est super trop joli ici.ALAIN / Tu n’as pas comme une impression de déjà vu ?CHARLENE / Ah non.ALAIN / Je suis sûr qu’on est passé par là, hier.

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CHARLENE / Non, tu sais tout se ressemble par ici.ALAIN / Pourtant, je l’aurais juré (il cherche, fait le tour), j’en étais sûr.CHARLENE / Tu as trouvé quelque chose, mon biquet.ALAIN / Oui, il y a du sang au sol.CHARLENE / Sans doute celui d’un sanglier.ALAIN / Non, c’est celui d’Olivier quand Stéphane l’a frappé.CHARLENE / Ah c’est marrant ça, on repasse pile poil au même endroit qu’hierALAIN / Tu trouves ça marrant, toi ?CHARLENE / Ben oui quand même. Rends toi compte biquet, avec tous les arbres qu’il y a dans le coin, on tombe pile poil sur celui d’hier. C’est notre jour de chance.ALAIN / Oui, d’autant qu’on devait suivre l’itinéraire vert aujourd’hui. Qui c’est qui était censée nous indiquer le chemin ?CHARLENE / C’est moi.ALAIN / Ben ce n’était pas le bon (il s’énerve) Ce n’est tout de même pas sorcier de suivre les taches vertes, non ?CHARLENE / Ben tu sais biquet, tout est vert par ici.ALAIN / Et Olivier et Monique qui marchent devant sans se douter qu’ils retournent sur leurs pas.CHARLENE / Tu sais biquet, ils ont peut être reconnu le coin aussi. Tu n’es pas le seul à être observateur.ALAIN / Qui d’autre ?CHARLENE / Monique. Elle est loin d’être sotte, tu sais. Elle va bien reconnaître l’endroit où elle a fait pipi.ALAIN / Tu me rassures, j’ai cru un instant que tu parlais de toi.CHARLENE / Je n’ai pas fait pipi ici, moi.ALAIN / C’est bon, laisse tomber.CHARLENE / Tu sais biquet, je ne suis pas idiote.ALAIN / Mais je le sais Charlene, je le sais.CHARLENE / J’ai bien vu que tu avais honte de moi, hier soir, à la soirée fromage.ALAIN / Pas du tout.CHARLENE / Menteur, tu n’aimais pas ma tenue.ALAIN / Ce n’est pas que je n’aimais pas, c’est …comment te dire…c’est …qu’elle n’était pas forcement adaptée à la situation.CHARLENE / C’est un peu de ta faute, tu n’avais qu’à me prévenir. Résultat, j’ai eu l’impression d’être la seule à être déguisée. J’étais mal à l’aise, je t’assure.ALAIN / C’est du passé, on va vite oublier cette soirée.CHARLENE / Pas moi. Dis biquet, tu trouves que j’ai l’air d’une pute habillée comme ça ?ALAIN / Mais non, pas du tout. Pourquoi tu me demandes ça ?CHARLENE / Parce que hier soir quand je suis descendue à la soirée et que j’ai vu que tous les mecs me mataient…ALAIN / Tu m’étonnes.CHARLENE / Alors, j’ai posé la question à Jeanne Marie.ALAIN / Quelle question ?CHARLENE / Je lui ai dit « ça ne fait pas un peu pute, ma tenue ? » Et tu sais ce qu’elle m’a répondue ?ALAIN / Non, dis le moi.CHARLENE / Elle m’a dit « non pas un peu »ALAIN / Ça t’a rassuré.CHARLENE / Sur le coup oui, et après j’ai compris ce qu’elle avait voulu dire. Elle voulait dire que ça faisait beaucoup pute.

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ALAIN / Et ben c’est bien !CHARLENE / Qu’elle me traite de pute !ALAIN / Non que tu aies compris ce qu’elle a voulu insinuer.CHARLENE / Quelle humiliation pour moi !ALAIN / Il fallait aller te changer.CHARLENE / C’est ce que j’ai voulu faire et c’est là que je me suis aperçue que quelqu’un avait volé mon sac à dos.ALAIN / C’est vrai que sur ce coup, tu n’as pas eu de chance. Et après, où étais-tu, j’ai passé la soirée à te chercher.CHARLENE / J’étais avec les chèvres, elles au moins, elles ne me jugeaient pas.ALAIN / Moi non plus je ne t’ai pas jugé.CHARLENE / Tu avais honte de moi, c’est pire. Tu sais, biquet, si je n’étais pas certaine que tu quittes ta femme pour moi, je crois que je préfèrerais que notre histoire s’arrête là.ALAIN / Ici dans la forêt, mais pourquoi ?CHARLENE / Tout simplement parce que depuis hier, tu ne prends jamais ma défense lorsque les autres m’attaquent.ALAIN / Personne ne t’attaque, ils te titillent, c’est tout.CHARLENE / C’est déjà trop. Dis moi, biquet, pendant que nous sommes au calme, rien que nous deux, tu la quittes quand ta femme ?ALAIN / Bientôt.CHARLENE / Ça va bientôt faire 6 mois que tu me dis, bientôt.ALAIN / Rassure toi, ce jour n’a jamais été aussi proche.CHARLENE / Je ne sais pas si j’ai raison de te croire.ALAIN / Et pourquoi ne me croirais-tu pas ? Tu sais que je ne mens jamais.CHARLENE / Oui, je sais biquet.ALAIN / Alors…CHARLENE / Alors, Monique elle dit que tu ne quitteras jamais ta femme.ALAIN / De quoi elle se mêle, Monique. Ce n’est pas elle qui vit avec ma femme, je suis tout de même mieux placé qu’elle pour savoir quand je vais la quitter.CHARLENE / Monique ?ALAIN / Non, Catherine, ma femme.CHARLENE / Alors, quand ?ALAIN / Je te dirais bien, demain, mais comme je n’aime pas te mentir, je préfère ne pas te donner de date.CHARLENE / Oui d’accord, pas demain, mais cette semaine, quand même.ALAIN / Non pas cette semaine. On ne quitte pas sa femme à son retour de Toronto.CHARLENE / Ah, elle est en voyage en Espagne ?ALAIN / Non. Et d’une, c’est au Canada, et de deux c’est moi qui y suis.CHARLENE / Mais…Non, toi tu es ici avec moi (elle se colle à lui) je t’ai pour moi toute seule.ALAIN / Oui enfin, je suis censé y être.CHARLENE / Ah je comprends, tu lui as menti.ALAIN / Alors tu comprends aussi qu’il vaut mieux que j’attende un peu.CHARLENE / Oui mais pas trop longtemps ; Promis ?ALAIN / Promis !Arrivée de Lucette et son sac poubelle.LUCETTE / Ah tiens quelle coïncidence ! Qu’est ce que vous faites là, vous ne deviez pas suivre l’itinéraire vert ?ALAIN / Si mais…CHARLENE / C’est une gourde qui indiquait le chemin et voilà le résultat.

Pic et piques et colle et rame

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LUCETTE / Ah c’était Charlene.CHARLENE / Et voila, encore une fois, Alain, tu ne dis rien.ALAIN / J’allais le faire mais tu as parlé avant moi.CHARLENE / Et vous, pourquoi passez vous par ici, vous n’avez pas de gourde dans votre équipe, vous. Au contraire vous avez l’as des aventuriers, l’Indiana Jones des bacs à sable.LUCETTE / Oui on a Stéphane, et il a dit qu’il valait mieux redescendre par ce versant. Figurez vous que nous avons du rebrousser chemin à cause de Jeanne Marie.ALAIN / Elle a un problème ?LUCETTE / Rien de grave, Stéphane gère. Mais dites moi, Charlene ce n’est pas une tenue de marcheur ça ?

Quel est le problème de Jeanne Marie ?Alain va-t-il quitter sa femme ?Théo va-t-il se faire opérer ?Que de questions, sans réponse…Les réponses, vous les aurez en me demandant la fin du texte au [email protected]

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