1ère hggsp-cours et exercices-thème 4 : s’informer-axe 1

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1ère HGGSP-Cours et exercices-Thème 4 : s’informer...-Axe 1 : les grandes révolutions techniques de l’information Bilan après le 1er Jalon (imprimerie) : que retenir? Définition du livre (le codex) : livre = ensemble ordonné selon le sens du texte, de feuilles imprimées, paginées et reliées (cousues ou collées, protégées par une reliure). -le codex (notre “livre”) ne fut longtemps qu’un genre très minoritaire du texte imprimé. Tandis que les brevets techniques existent en Angleterre dès le 18è (ex : le brevetage de la machine à vapeur remaniée de l’inégénieur écossais James Watt en 1784), la notion d’oeuvre littéraire ne se précise que sous le romantisme, au XIXè . Idem celle de propriété intellectuelle, de droit d’auteur (à la fin du 18è, Beaumarchais par ex. la défendait). Les éditions intégrales sont rares, réservées à une élite fortunée et lettrée de collectionneurs. Le texte circule beaucoup sur tous les sujets mais par petits bouts. - le livre n’est qu’une forme parmi d’autres du texte : le livre n’est pas encore un instrument usuel ds la circulation de l’écrit. pas encore d’école primaire obligatoire, peu savent lire correctement un texte complexe, le livre reste cher . Exemple : la collection du Livre de poche démarre en France en février 1953 chez Hachette (Daniel Filipacchi), avec l’édition du 1er livre de poche en France, Koenigsmark de Pierre Benoit (2 francs), inspiré de la coll. Penguin Books britanniques, 1935, l’éditeur Pocket Books formé à New-York en 1939. L’industrie éditoriale du paperback ( couverture papier ou carton léger ) domine en volume l’édition du livre aux USA ds les années 1950 : 200 millions d’exemplaires vendus au total (bien plus que le hardcover , à la reliure ouvragée ou chère). La transcription des méthodes industrielles et commerciales au secteur de l’édition accompagne la démocratisation du livre : elle réponds à une demande nouvelle en même temps qu’elle rend accessible (pas forcément banale) sa pratique (cf-moins cher, transportable, souple).

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1ère HGGSP-Cours et exercices-Thème 4 : s’informer...-Axe 1 : les grandes révolutions techniques de l’information
Bilan après le 1er Jalon (imprimerie) : que retenir?
Définition du livre (le codex) : livre = ensemble ordonné selon le sens du texte, de feuilles imprimées, paginées et reliées (cousues ou collées, protégées par une reliure).
-le codex (notre “livre”) ne fut longtemps qu’un genre très minoritaire du texte imprimé. Tandis que les brevets techniques existent en Angleterre dès le 18è (ex : le brevetage de la machine à vapeur remaniée de l’inégénieur écossais James Watt en 1784), la notion d’oeuvre littéraire ne se précise que sous le romantisme, au XIXè. Idem celle de propriété intellectuelle, de droit d’auteur (à la fin du 18è, Beaumarchais par ex. la défendait). Les éditions intégrales sont rares, réservées à une élite fortunée et lettrée de collectionneurs. Le texte circule beaucoup sur tous les sujets mais par petits bouts.
- le livre n’est qu’une forme parmi d’autres du texte : le livre n’est pas encore un instrument usuel ds la circulation de l’écrit.→ pas encore d’école primaire obligatoire, peu savent lire correctement un texte complexe, le livre reste cher. Exemple : la collection du Livre de poche démarre en France en février 1953 chez Hachette (Daniel Filipacchi), avec l’édition du 1er livre de poche en France, Koenigsmark de Pierre Benoit (2 francs), inspiré de la coll. Penguin Books britanniques, 1935, l’éditeur Pocket Books formé à New-York en 1939. L’industrie éditoriale du paperback (couverture papier ou carton léger) domine en volume l’édition du livre aux USA ds les années 1950 : 200 millions d’exemplaires vendus au total (bien plus que le hardcover, à la reliure ouvragée ou chère). La transcription des méthodes industrielles et commerciales au secteur de l’édition accompagne la démocratisation du livre : elle réponds à une demande nouvelle en même temps qu’elle rend accessible (pas forcément banale) sa pratique (cf-moins cher, transportable, souple).
- le texte circule bcp par d’autres moyens : imprimés (une feuille ou deux), affiches (“placards”), extraits d’ouvrages ou abrégés”(moins chers à éditer), tracts, libelles, almanachs et calendriers astrologiques (littérature “populaire”)
- tt ce qui circule n’est pas texte (cf-images, gravures reproduites) : la satire politique contre la Cour, la reine Marie-Antoinette, l’”Autrichienne” → images crues, obscènes, violentes, révélatrice du seuil de violence et de frustration d’une société d’Ancien Régime pendant les décennies 1780-90.
Caricature contre la reine (épouse de Louis XVI), 1791
Interlude humoristique → lien : archives de l’INA) :
“ah, ça fait du bien de se payer la tête de quelqu’un!”, comme disait au milieu d’un cours, à l’université, notre professeur médiéviste Jacques Rossiaud, à propos de son collègue Georges Minois...qu’il ne prenait visiblement pas au sérieux! (...querelle de spécialistes) → si le snobisme était commercialisable, voici le prototype du mépris de classe (il parle drôlement notre langue, non?) : https://m.ina.fr/video/I13043985/le-livre-de-poche- et-le-mepris-video.html
- la pratique de la lecture est plus collective qu’aujourd’hui, l’oralité complète le texte (cf-les nouvelles sont amplifiées, déformées, rumeurs, etc...) : ds la rue, on guette avidement les “nouvelles”. Le peuple (moins analphabète au 18è, en ville notamment) écoute les lecteurs qui commentent l’affiche, officielle ou libre, on s’attroupe alors, les “mouches” (= espions du lieutenant de police) surveillent. Ds les salons parisiens, à l’époque des Lumières, les invités (qui savent lire!) écoutent une lecture à voix haute (poème, extrait d’ouvrage, article de revue) puis commence la “conversation” : commentaire, débat, mots d’’esprit. Voltaire y brille, Rousseau en est vite chassé, trop sérieux!
- les nouvelles (vraies ou fausses) vont vite…à la vitesse du pas (30-40 km/j) ou du cheval (60-70 km/ j) : par ex., outre voyageurs (texte ci-dessous), des marchands ambulants, les “colporteurs”, tournent entre les villages, vendant étoffes, objets et imprimés, commentant des affiches venues de la ville pour attirer les clients, répercutant les rumeurs qui affolent parfois une population crédule…
40.07174
eng - Pump Audio 326341 (Reporting Title), Pump Box Music, BMI, 100% (Publisher)
- pas de journalisme professionnel au sens contemporain du mot avant le 2d XIXè : on y observe la spécialisation (et l’organisation) de la profession (un nouveau métier donc). Auparavant, il suffisait d’être une “plume” (écrivain) ou de “bien” écrire pour publier ds une revue ou un journal (article politique, tribune d’opinion, critique d’art). Georges Clémenceau,rédacteur au journal L’Aurore, reprend à son compte une injure anti-dreyfusards contre l’article de Zola (son titre,“J’accuse.” est de Clémenceau) et introduit dans le débat la figure de l”intellectuel” =penseur, autorité morale et savante qui s’engage ds un débat devant l”opinion publique. ex : la figure du reporter, aventurier globe-trotter, atteint la célébrité avec par exemple le personnage du journaliste Tintin, ds la BD de Hergé (alias Georges Rémi), 1er album = Tintin au pays des Soviets (1930)
Jalon 1 (fin) : la révolution de l’information au XIXè → la presse à grand tirage à la Belle Epoque
1-Un contexte favorable : l’âge de l’industrie-Lire I-A p. 286 : la mobilité de l’information = alphabet Morse (1832), télégraphie filaire puis sans fil (en 1901), connexions transatlantiques (steamers = navires à vapeur et coque d’acier paquebots transatlantiques, 1er câble sous- marin Angleterre-USA en 1858) https://gallica.bnf.fr/blog/18112016/le-cable-transatlantique-1ere-partie-un-defi-technologique? mode=desktop
3 inventions déterminantes : - la rotative* (presse cylindrique), - la linotype* (texte aligné réalisé au clavier : photo p. 287), - image : la lithographie* et la photographie*, très présente ds la presse après 1918, grâce au film de cellulose 35 mn, au système de zoomage, à la simplification du fonctionnement, à la technique d’agrandissement du cliché, à la robustesse des boîtiers, à la miniaturisation. (ex : le Leica 1, 1925, arme du photo-reporter moderne)
Même évènement, traitements différents : le duel à la frontière franco-espagnole du député socialisteJean Jaurès (et fondateur du quotidien l’Humanité en 1904) et le nationaliste Déroulède en exil (6-12-1904) : à gauche = une du supplément du Petit Journal (lithographie)/ à droite = album photo intérieur de l’Illustration
http://www.imprimerie.lyon.fr/imprimerie/sections/fr/musee/multimedia/lithographie
Cet ouvrage est édité depuis janvier 2020.
* Pourquoi? : → une opinion publique précoce en France : supports de débat politiques, des 10aines de journaux étaient nés en 1789 au moment de la convocation des Etats Généraux du royaume par Louis XVI, les régimes qui attentaient à la liberté à la presse (“marqueur” de la liberté d’expression) ont subi une révolution (abbdication de Charles X après les “Trois glorieuses” en juillet 1830,
→ 1 presse libérée par la loi républicaine (presque 2 siècles après l’Angleterre!) : le régime de la IIIè République (1870-1940) s’appuie sur le suffrage universel, l’école laïque et obligatoire (lois Ferry-Goblet) et la loi libérale de 1881 sur la presse (doc. 1 p. 290). Celle-ci supprime l’autorisation préfectorale (préfet = représentant de l’Etat ds 1 département) et le cautionnement (caution à déposer). La liberté de la presse était limitée seulement par deux délits : délit d’outrage à la fonction du président de la République (Zola fut condamné à ce titre après son “J’accuse), abrogé sous la présidence Hollande, et celui de diffamation, toujours en cours ds notre Code pénal. A la fin du XIXè, la presse est donc devenue une
composante de la démocratie. La lire c’est exercer sa citoyenneté au sens large : doc. 3 p. 290 (“un guide, un instructeur, un Mentor de tous les instants, un directeur de conscience”
EXERCICE-ED comparative (tableau ci-dessous) : opposer la vision idéalisée de ce haut- fonctionnaire républicain (doc. 3 p. 290) au point de vue de trois historiens : Christian Delporte en général (doc. 5 p. 291) et Madeleine Rebérioux et Christophe Charle au sujet du poids de la presse ds l’affaire Dreyfus (doc. 4 et 5). Pas interdit d’exploiter aussi les “unes” p. 291!
Par rapport au tableau idéalisé d’Eugène Dubief (doc. 3 p. 290)...
Thème 1 : l’évolution de la presse française entre 1880 et 1914...(5 p. 291)
Thème 2 : l’attitude des organes de presse par rapport au positionnement de leur lectorat sur Dreyfus : doc. 4 p. 313
Thème 3 : le poids réel de la presse durant l’affaire Dreyfus
L’historien Christian Delporte montre que...
L’historien Christophe Charle montre que...
L’historienne Madeleine Rebérioux montre que...
→ produire vite du texte grâce l’imprimerie mécanisée : les journaux sont plus réactifs à l’actualité, ajustent j/j leurs tirages en fonction des ventes, voire h/h (plusieurs éditions actualisées ds la même journée) selon les remontées des vendeurs de rue ou des kiosques à journaux.
→ une presse qui se professionnalise et se diversifie : à côté de la vie politique (agitée par les scandales et l’antiparlementarisme : presque 100 000 articles durant l’affaire Dreyfus, 1894-1906) → sensationnalisme (“unes du Petit Parisien : attentats anarchistes, délinquance des “Apaches”, accidents, catastrophes natuelles, exécutions capitales à la guillotine), exotisme colonial (doc. 4 p. 291), sport (L’Auto, 1er quotidien français en 1903 qui organise la même année le 1er tour de France...cycliste avec des motivations en gde partie publicitaires).
Les agences de presse internationales sont branchées sur le monde grâce à leur esprit d’entreprise qui leur assure maîtrise des moyens de communication innovants, télégraphe, téléphone, télégraphie sans fil (Havas : la 1ère au monde fondée en 1835 par un banquier normand, Charles-Louis Havas, banquier normand visionnaire, aujourd’hui AFP : pp. 314- 15). Liées aux milieux d’affaires, industriels et banquiers, qui les financent, elles fournissent les nouvelles brutes aux journaux qui les traitent ensuite (classement, choix éditorial, commentaire sous forme d’article rédigé et illustré, mise en page).. Monopolistiques ds leur pays d’origine (Havas en France) quant à la transmission des informations internationales, elles constituent un oligopole mondial par leur petit nombre et forment tôt un cartel découpant la planète en zones d’activité réservées ou partagées.
* Des tirages impressionnants jusqu’en 1914 : doc. 2A et 2b p. 290) : 60 titres à Paris, 250 en province (55 en 2014), 9 millions de titres vendus/jour.
La presse populaire quotidienne domine : le Petit Journal en tête, détrôné par Le Petit Parisien ds la décennie 1890 (cf-1,4 million de journaux/j en 1913). La presse d’opinion, plus ouvertement partisane, s’appuie sur un lectorat fidèle : Le Figaro (conservateur), Le Gaulois (nationaliste anti-républicain), La Libre Parole (antisémite : les journaux de l’édition catholique La Bonne Presse : Le Pélerin, La Croix). Mais les journaux s’adaptent à l’opinion, plus qu’ils ne la font. Un parti naît, la SFIO (socialiste), il lui faut désormais un quotidien : c’est le rôle de l’Humanité, journal d’information militant de la gauche révolutionnaire (il y’ en a peu à l’époque…), fondé par Jaurès en 1904.
La Libre Parole (“une”) : droite antisémite Le Grelot (“une”) : journal satirique républicain (journal d’Edouard Drumont) (novembre 1894). Républicain (à gauche) mais
antisémite : Dreyfus est présenté comme un Judas (en référence à Judas Iscariote, un des 12 apôtres
de Jésus, qui l'aurait dénoncé aux grands prêtres du temple de Jérusalem contre quelques pièces d’or
Derrière lui, sous une bannière maçonnique, Jules Guesde et Jean Jaurès, chefs de file de l'extrème- gauche, sont également assimilés à des ennemis de
la France liés à un complot international (cf-liens entre conspirationnisme et antisémitisme, aujour-
d’hui)
Par contre, la concurrence des organes de presse, les divisions de la société française et la vie parlementaire (débats, votes) stimulent l’inventivité des rédacteurs en chef : “unes”, titres, ton. Certains journaux font appel à des écrivains reconnus pour commenter l’actualité politique ou artistique (Maupassant ds Le Gaulois, Zola ds L’Aurore, appelé par Clémenceau pour briser le silence sur l’erreur judiciaire qu’a subi Alfred Dreyfus). Le journalisme d’investigation (d’enquête) se développe, lui, après 1918 (cf-enquêtes d’Albert Londres sur les colonies ou la bagne).
EXERCICE-1 oeuvre à étudier : A « La République française », peinture d’Henri Gervex (1852-1929) → question : quelle image renvoie-t-il du monde de la presse? (répondre en 10-15 l.) https://histoire-image.org/fr/etudes/age-presse
Pourquoi?
→ 1 presse en perte de crédit : la censure militaire, les fausses nouvelles (le “bobards”) ont lassé les poilus et leurs familles.
→ d’autres révolutions techniques transforment la relation à l’informartion : les images animées (“actualités” à l’entracte au cinéma), et le son → la radio-
EXERCICE -Lire I-A p. 292 + EXERCICE-DOSSIER pp. 294-95 : questions + synthèse de 1- Mise en relation des documents (p. 295)
Enregistrements des chansons de la Belle Epoque :
Alibert (1889-1951 ) vous accompagne : Alibert, Vol. 1 « Chansons françaises des années 1900 » (Album complet) - YouTube
*BELLE ÉPOQUE* Liste de 6 chansons datant d'avant la Première Guerre Mondiale - YouTube