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  • Universit Protestante au Congo Facult dAdministration des Affaires et Sciences Economiques Dpartement des Sciences Economiques BP. 4745 Kinshasa II Kinshasa Lingwala

    Thories de la croissance et des fluctuations conomiques

    Partie I. La croissance conomique

    Alexandre NSHUE Mbo Mokime

    Premire Licence

    Anne Acadmique 2011 2012 Copyright Nshue 2011

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    Sommaire

    Introduction 1. Quest-ce que la croissance et pourquoi ltudie-t-on ? 1.1. La mesure et ltude de la croissance conomique

    1.2. La croissance et la rpartition des revenus 1.3. La croissance conomique et le bien-tre collectif

    2. Thories de la croissance exogne et lhypothse de la convergence

    2.1. Le modle Harrod-Domar 2.2. Le modle de R.M. Solow 2.3. Le modle de Ramsey Cass Koopmans 2.4. Lhypothse de la convergence

    3. Thories de la croissance endogne

    3.1. Learning by doing et croissance conomique 3.2. Capital humain et croissance conomique 3.3. Recherche dveloppement et croissance conomique

    3.4. Les dpenses publiques et la croissance conomique

    4. Autres dveloppements de la thorie de la croissance 4.1. Louverture sur lextrieur et la croissance conomique 4.2. Lendettement extrieur et la croissance conomique 4.3. Le systme financier et la croissance conomique 4.4. La bonne gouvernance et la croissance conomique

    5. Analyse empirique de la croissance et de la convergence 5.1. La dcomposition des taux de croissance 5.2. Lanalyse conomtrique de la croissance 5.3. Lanalyse conomtrique de la convergence

    Rfrences bibliographiques

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    Introduction

    La croissance conomique est lun des phnomnes les plus passionnants de la science conomique, car elle permet dexpliquer non seulement le processus denrichissement des nations mais aussi dexpliquer les disparits de niveau de vie entre pays riches et pauvres. Etant donn que tous les hommes aspirent au mieux-tre et que les performances conomiques dbouchent sur des revenus accrus et des plus grandes possibilits de consommation, la ralisation de la croissance conomique constitue un objectif majeur de la politique conomique et des politiques de dveloppement des pays. Dans le prsent cours, nous parlerons du phnomne de la croissance conomique, de ses diffrents contours, des problmes ou questions quelle soulve, et plus particulirement des diffrentes thories proposes par les conomistes pour rendre compte de son droulement. Aussi, nous parlerons de lhypothse de convergence des conomies du monde vers un mme niveau de vie ou de revenu. Il convient dores et dj de noter que les thories de la croissance ont connu trois grandes phases de dveloppement. Les post-keynsiens Harrod et Domar sont les fondateurs de la macrodynamique en ce quils sont les premiers avoir propos un modle qui cherche les possibilits d'une croissance quilibre. Leurs travaux ont consist un prolongement dans le long terme de l'analyse de Keynes sur l'instabilit des conomies de march. Domar a montr que l'investissement tait ncessaire pour quune conomie croisse et quil exerait une double influence sur l'conomie. Par son aspect demande ou par le mcanisme du multiplicateur, il modifie le revenu national et la demande globale. Au mme moment, il accrot par son aspect offre la capacit de production de lconomie. Dans ces conditions, la croissance sera qualifie dquilibre, lorsque la croissance de l'offre est gale la croissance de la demande. En introduisant les anticipations dans la dtermination de l'investissement, il est arriv la conclusion que la relation dterminant le taux de croissance est instable.

    Harrod a montr que la croissance conomique de plein-emploi est par nature instable, cest--dire qu'elle ne peut tre que le fruit du hasard ou d'interventions stabilisatrices de lEtat grce aux instruments montaires et budgtaires. Ceci parce que l'galit ncessaire entre le taux de croissance effectif g, le taux de croissance garanti gw (ncessaire pour que l'galit entre l'pargne et l'investissent soit vrifie) et le taux naturel ne peut se faire que sur le fil du rasoir. A la suite des performances ralises par les pays de lOCDE aprs la seconde guerre mondiale, les conomistes se sont interrogs sur la possibilit de ne plus rencontrer des profonds retournements de conjoncture. En effet, aprs que les conomies les plus dveloppes du monde aient t secoues par la grande crise des annes 1930 et que la deuxime guerre mondiale ait ravag plusieurs dentre elles, il a paru quelque peu tonnant de voir ces pays renouer assez rapidement avec une forte croissance conomique : 5.0 % lan. Les analystes, particulirement Solow et Swan ont remis en cause le principe de linstabilit de la croissance de plein-emploi de Roy Forbes Harrod et se sont proposs de mettre en vidence les dterminants de la croissance et de caractriser son comportement dans le temps. Ils ont montr que dans le long terme, seul le progrs technique est le seul dterminant de la croissance des revenus individuels.

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    De tous les modles suggrs dans les annes 1950-1960 pour rendre compte du processus de croissance, cest celui de Solow [1956] qui a reu les plus grandes lettres de noblesse. Il constitue le point de dpart de presque toutes les analyses car la plupart des modles se comprennent bien par lui, mme ceux qui semblent sen carter considrablement1. Le principal reproche adress au modle de Solow est celui de traiter le progrs technique comme une grandeur exogne. Cest ainsi que les nouvelles thories de la croissance qui se proposent de remettre en cause l'ide d'un progrs technique exogne ont vu le jour dans les annes 1980. A dire le vrai, les tentatives dendogneisation du progrs technique ne remontent pas aux annes 1980, car Kaldor [1957] et Arrow [1962] s'taient dj intresss cette avance thorique. Un des aspects essentiels des thories de la croissance endogne est l'hypothse de rendement constant du capital. La premire dmarche thorique fut d'abandonner dfinitivement l'hypothse des rendements dcroissants du capital retenue par Solow. Le capital est alors peru comme "l'ensemble exhaustif des facteurs de production susceptibles d'tre accumuls", aussi bien le capital humain que le stock de connaissances. De plus, le renouveau des thories de la croissance repose sur une nouvelle faon de considrer l'origine et le rle du progrs technique, qui n'est plus exogne, mais bien au contraire une variable qui renvoie des comportements et des grandeurs macroconomiques. Les premiers travaux sur la croissance endogne sont ceux de Paul Romer et de Robert Lucas. L'ambition de leurs recherches tait de rendre compte du caractre auto-entretenu de la croissance et du progrs technologique qui, dans les thories traditionnelles, tait considr comme une grandeur exogne ou une manne qui tombait du ciel. A la suite de Romer [1986], certains analystes ont cherch le moteur de la croissance dans le phnomne d'apprentissage par la pratique (learning by doing). Une deuxime voie de recherche a t ouverte par Lucas [1988], et a privilgi le processus d'accumulation de capital humain au sein du systme ducatif des pays. Romer [1990] et Aghion-Howitt [1992] ont par la suite fait du progrs technique un stock d'innovations, produit d'une activit volontaire de recherche et dveloppement (R&D). Barro [1990] a ouvert la voie une autre piste de recherche : il a fait des dpenses publiques un dterminant de la productivit de lconomie. La question des facteurs explicatifs de la croissance conomique a toujours occup une place centrale dans le dbat. Les modles de croissance endogne ont assez largement contribu impulser le phnomne. Les travaux, tant thoriques qu'empiriques, se sont ainsi multiplis, occasionnant dans le mme temps, une expansion sans prcdent des variables mises en relation avec le taux de croissance de long terme. Capital humain, dpenses publiques, et R&D comptent parmi les explications les plus frquemment rencontres. Sous la mouvance de la globalisation conomique, une littrature abondante est aujourdhui consacre aux relations qui existent entre la croissance et la libralisation, louverture sur lextrieur, le systme financier, le poids de la dette extrieure, le climat des affaires, la bonne gouvernance et les guerres. Dautres travaux se proposent danalyser avec plus de profondeur la contribution de la femme dans le processus de croissance et de dveloppement en insistant sur sa contribution en tant que facteur de production et agent de reproduction de la race humaine.

    1 Romer, D., 1997, Macroconomie approfondie, d. Ediscience, Paris.

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    Quest-ce que la croissance et pourquoi ltudie-t-on ?

    Le phnomne croissance conomique est lun des phnomnes les plus passionnants de la macroconomie ; ceci parce que tous les pays aspirent au bien-tre et que ce dernier nest pas envisageable sans la croissance conomique. Les pays prsentant les meilleurs indicateurs de bien-tre et de dveloppement sont ceux qui prsentent les meilleures performances en termes de croissance. Pour ainsi dire, la croissance conomique suppose une amlioration du niveau de vie. Etant donn que lEtat a pour fonction objective la maximisation du bien-tre collectif et quon lui reconnat une certaine responsabilit macroconomique, les dcideurs de la politique conomique se doivent de prendre des mesures favorables la croissance conomique. La ralisation de la croissance conomique est ainsi un objectif essentiel de la politique conomique qui se dfinit comme lensemble des mesures prises par lEtat dans le propos dinflchir le comportement de lconomie dans un sens jug prfrable du point de vue de la collectivit. Puisque tout individu recherche le bien-tre, il faudrait que les mesures prises dans le cadre de la politique conomique aillent dans le sens dune promotion de la croissance.

    Quest-ce que la croissance conomique ? Franois Perroux dfinit la croissance conomique comme un processus continu et soutenu dlvation du produit rel (ou PIB rel) dune conomie dans le temps. Ceci revient dire que la croissance conomique nest pas un fait du hasard mais plutt une uvre soutenue et quelle se traduit par un accroissement continu du produit rel de toute lconomie. Sans remettre totalement en cause cette dfinition, il convient de remarquer quelle est quelque peu imprcise. Si dune anne une autre, le produit de lconomie saccrot un taux infrieur laccroissement de la population, la croissance ainsi ralise nentranera pas un accroissement du produit ou revenu par tte dhabitant. Cest ainsi que certains thoriciens et praticiens du dveloppement prfrent la dfinir comme tant un processus dlvation continu et soutenu du produit par habitant de lconomie.

    Taux de croissance et PIB/habitant de la RdC : 2002 2010

    2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

    Croissance du PIB rel 3.5 5.8 6.6 6.5 5.1 6.3 6.2 2.7 7.2 Croissance du PIB/habitant 0.5 2.8 3.5 3.3 2.0 3.4 3.1 -0.4 4.2 PIB/habitant en USD de 2000 85.1 88.2 91.0 93.2 96.0 101.1 104.0 103.5

    Sources : Banque Centrale du Congo et FMI.

    La croissance qui est mesure par le taux daugmentation du PIB, constitue aujourdhui linstrument de rfrence principal pour la gestion court terme et long terme de lensemble des conomies de la plante, de mme que pour la politique de dveloppement et de progrs des socits humaines. Sur le plan conomique, le taux de croissance global offre une mesure synthtique du degr de ralisation de la plupart des objectifs de la politique conomique : augmentation des revenus du travail et du capital et accroissement de la richesse matrielle et du bien-tre de la population ; augmentation de la capacit de crer des emplois rmunrateurs pour tous ; largissement de lassiette fiscale pour la mobilisation des moyens ncessaires au dveloppement des services publics ; affirmation de la

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    puissance conomique des pays vis--vis du reste du monde ; et plus globalement, accumulation de richesses et de pouvoir assurant la scurit de la collectivit pour lavenir long terme. La croissance du revenu par habitant apparat effectivement comme une condition premire de lamlioration de lensemble des principaux lments constitutifs du domaine conomique :

    La consommation. La croissance accrot la quantit de biens offerts sur le march et assure aussi le financement des biens et services publics dont dpend la consommation collective.

    Lappareil de production. La croissance mesure les performances de lappareil productif travers les valeurs ajoutes chaque tape de la production. Par ailleurs, elle assure lappareil productif les quipements et matires dont il a besoin, ainsi que ses possibilits de dbouchs. Elle ouvre ainsi les perspectives de profit qui motivent les dtenteurs de capitaux, et cre les perspectives demploi rmunrateur.

    Les changes extrieurs. La croissance permet lentre de devises, et donc la possibilit de recourir aux produits et aux opportunits des marchs extrieurs ; elle assure aussi la comptitivit et la puissance recherche par chacun des acteurs internationaux dans un systme de relations ax sur la maximisation du profit. Ce systme exige une grande ouverture sur lextrieur et restreint fortement les possibilits de protection ;

    Lactivit des pouvoirs publics. Lactivit publique ne peut tre finance que par des prlvements fiscaux sur lactivit marchande. Ainsi, les ressources de lEtat sont conditionnes par la croissance de lactivit productrice.

    La rpartition du produit et du revenu. On peut considrer que les rmunrations des facteurs de production ne sont pas directement prsides par le rythme de la croissance ; mais il reste quun rythme plus rapide de croissance facilite le partage, alors que sa rduction risque de figer les positions acquises.

    La rduction de divers dsquilibres. La croissance permet la rduction de divers dsquilibres non seulement dans la mobilisation des ressources et la rsorption des ingalits de rpartition, mais aussi dans la gestion des quilibres macroconomiques fondamentaux, tels que celui de la balance des paiements et celui de la lutte contre les pressions inflationnistes.

    Si lon tient compte de limportance centrale de cette dimension conomique dans la conception aujourdhui prdominante du progrs social, on constate que le taux de croissance globale est devenu lexpression la plus courante pour mesurer le progrs dun pays, dans le pass comme dans lavenir, tant aux yeux des pouvoirs publics et des privs ou des acteurs de divers groupes sociaux. On en trouve un tmoignage loquent dans la frquence des rfrences la croissance dans les discours politiques et dans les commentaires et les opinions diffuss quotidiennement par les mdias. Le taux de croissance et ses variations demeurent au cur des proccupations et des changes politiques, conomiques et sociaux de la plupart des socits modernes.

    1.1. Comment mesurer et tudier la croissance conomique ? Pour bien apprhender un phnomne conomique, il faut premirement savoir quel est lindicateur utiliser pour saisir convenablement ses contours. Ainsi, sous ce point, nous parlerons de la manire dont la croissance est mesure ainsi que des diffrentes questions souleves dans ltude du processus de croissance conomique.

    1.1.1. Comment mesurer la croissance ? Etant donn que le PIB est mesur en units montaires, cest--dire par la somme dun produit prix-quantit, sa valeur peut augmenter aussi bien la suite dune lvation des prix que dun accroissement des quantits rellement produites (quantits physiques). Il faudrait cet effet distinguer le PIB rel du PIB nominal.

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    Le PIB nominal est la valeur des biens et services mesure prix courants alors que le PIB rel est mesur prix constants. Pour calculer ce dernier, on retient les prix dune anne de base, car il faut neutraliser leffet de la variation des prix et mettre en vidence lvolution de la production physique. Dans ces conditions, le PIB rel mesure plus correctement le niveau de lactivit et du bien-tre conomiques que le PIB nominal.

    PIB nominal = pjt yjt et PIB rel = pjyjt pjt est le prix courant du bien j alors que pj est son prix lanne de base ou de rfrence. Autant que lvolution des prix affecte la grandeur PIB nominal, elle peut influencer le comportement dautres grandeurs macroconomiques nominales telles que la consommation des mnages et les dpenses publiques. A cet effet, il est recommand dutiliser des grandeurs relles ou mesures prix constants pour pouvoir une valuation correcte des performances conomiques ou du niveau de vie de la population.

    PIB nominal, PIB rel et Dflateur du PIB de la RdC : 1998 2002

    Anne PIB nominal PIB rel* Dflateur du PIB Variation du PIB nominal en %

    Variation du PIB rel en %

    1998 1999 2000 2001 2002

    9989.43 51823.85

    297065.46 1407545.00 1922300.00

    333315.09 319082.17

    297065.50 290827.10 300914.41

    2.997 16.242 100.00 483.98 638.82

    28.00 418.79 473.22 373.82

    36.57

    -1.7 -4.3 -6.9 -2.1 3.5

    * Aux prix de 2000

    Source : Banque Centrale du Congo, 2004, Rapport annuel 2003-2004, Kinshasa.

    Il ressort de ce tableau que les variations du PIB nominal sont positives alors que celles du PIB rel sont ngatives sur toute la priode considre, except pour lanne 2002. Cet tat de choses procde du fait que le PIB nominal est influenc par le comportement des prix sur les marchs alors que le PIB rel est calcul prix constants. Ainsi, pour faire une bonne valuation des performances dune conomie, il faut se rapporter au PIB rel et non pas au PIB nominal. En outre, lvolution du dflateur fait tat dune forte inflation en RdC pour la priode considre.

    Les taux de croissance annuel, moyen et global du PIB Pour mesurer les performances dune conomie dans le temps, on se rapporte la variation de son PIB rel. Ainsi, le taux de croissance du PIB, g est lindicateur qui permet dapprcier les performances dune conomie ou de comparer ses performances celles dautres conomies.

    10010000

    01

    PIB

    PIB

    PIB

    PIBPIBg .

    Comme nous lavons signal plus haut, les variations du PIB nominal peuvent tre fortement influences par le comportement des prix intrieurs. Pour mesurer la croissance relle du PIB, il faudra se rapporter au PIB mesur prix constants. On peut calculer le taux de croissance partir dun coefficient multiplicateur m. Ce dernier est gal au rapport de la valeur actuelle sur la valeur de dpart du PIB, soit :

    m = PIB1/PIB0.

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    Ainsi, le taux de croissance sera gal au multiplicateur diminu de lunit :

    g = (m 1) 100. Dans ces conditions, une croissance de 100.0 % correspond un multiplicateur gal 2, une croissance de 200.0 % correspond un multiplicateur gal 3, une croissance de 300.0 % correspond un multiplicateur gal 4, et ainsi de suite On utilise les multiplicateurs lorsque les variations relatives ou en pourcentage sont trs importantes. Pour avoir le taux de croissance annuel moyen du PIB entre deux dates qui ne se suivent pas directement, cest--dire sur une priode de plus de deux annes, on se sert dun processus de calcul dintrts composs. Il faut connatre cet effet le taux de croissance global pour toute la priode, soit G et le nombre dannes de la priode considre, soit n. Si on note le taux de croissance moyen par gm, on devrait observer lgalit ci-aprs pour la priode considre :

    (1 + gm)(1 + gm) (1 + gm) = 1 + G ou (1 + gm)n = 1 + G.

    Par consquent, le taux de croissance moyen sera donn par la relation :

    gm = (1 + G)1/n 1.

    Considrons le tableau ci-aprs qui donne le taux de croissance annuel du PIB dune conomie hypothtique sur une priode de quatre annes.

    Anne 1990 1991 1992 1993

    Taux de croissance 3.0 % 1.0 % 5.0 % 8.0 %

    On aura :

    1.03 0.99 1.05 1.08 = 1 + G.

    Par consquent, G sera gal 0.156 et le taux de croissance moyen annuel du PIB sera :

    gm = (1 + 0.156)1/4 1 = 0.0369, soit 3.7 %.

    Il convient enfin de faire une mise en garde en ce qui concerne la manipulation des taux de croissance, car les hausses et les baisses ne sont pas symtriques. Si le PIB dun pays passe de 10.0 milliards 15.0 milliards, son taux de croissance sera de 50.0 %. Et si une anne aprs le PIB passait de 15.0 milliards 7.5 milliards, soit une baisse de 50.0 %, on devrait se garder de dire que de la premire anne la troisime anne, le PIB na pas chang ou que le taux de croissance a t de zro, car 10.0 milliards est diffrent de 7.5 milliards. Une hausse du PIB de 5.0 % suivie dune hausse de 10 % ne correspond pas une hausse de 15.0 %, car la seconde variation porte sur une grandeur qui a dj connu un changement. Ainsi, il est erron dadditionner des pourcentages de variation du PIB pour avoir le taux de croissance global. Ce dernier taux que lon note par Gg est le produit dun cumul de variations successives : g1, g2, , gn. Cest partir de lgalit ci-aprs quil se calcule :

    (1 + Gg) = (1 + g1)( 1 + g2) (1 + gn). Si le PIB varie successivement aux taux de 5.0 %, 2.0 % et 4.0 %, le taux de variation globale sera de 7.016 %, car (1.05)(0.98)(1.04) = 1.07016. On voit bien que le taux de croissance global est suprieur la simple somme des taux de croissance annuels. Si les variations sont infinitsimales, on peut en cas des cumuls additionner les taux de variation et en cas de dfalcation les soustraire. Une hausse

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    du PIB de 1.0 % suivie dune hausse de 2.0 % donne lieu un taux de croissance global denviron 3.0 %, soit 3.02 % en toute rigueur.

    1.1.2. Comment tudie-t-on la croissance ? Les modles de croissance sont par dfinition, des schmas laide desquels on essaie de mettre en quation la manire dont lactivit conomique daujourdhui peut rejaillir sur lactivit conomique de demain afin de pouvoir explorer lensemble des voies de dveloppement que les ressources naturelles, conomiques et humaines du pays permettent datteindre. Autrement dit, laide des modles, on essaie de mesurer limpact de telle action ou de telle autre sur ltat mme de lconomie. On peut juste titre considrer les modles comme tant des guides lactivit normative de la collectivit.

    La fonction de production de lconomie et le produit par tte La fonction de production est un outil important sinon indispensable dans ltude de la croissance, car elle permet de se faire une ide sur les relations qui existent entre la production et les facteurs qui contribuent sa ralisation ainsi que le progrs technique. En dsignant le PIB de lconomie par Y, le capital par K et le travail par L, sa fonction de production scrira :

    Y = AF(K, L) avec A qui est un indice du progrs technique. Si A saccrot au fil du temps alors que les quantits utilises de facteurs demeurent inchanges, le produit de lconomie aura crotre. Ainsi, les facteurs seront plus productifs et leurs rmunrations seront plus intressantes. Admettons que, par hypothse, cette fonction soit homogne de degr un ou quelle prsente des rendements dchelle constants. On peut alors tablir lgalit ci-aprs :

    zY = AF(zK, zL). En posant que z = 1/L, cette fonction peut prendre la forme suivante :

    y = Af(k)

    avec f (k) 0 et f (k) 0. y = Y/L reprsente le produit par tte et k = K/L le capital par tte ou lintensit capitalistique. Un accroissement de A tout comme un accroissement de k rend le travailleur plus productif et augmente ainsi son produit ou son revenu.

    Les dterminants de la croissance conomique Par sources de croissance conomique, il faut entendre tous les facteurs qui contribuent laccroissement de la production de lconomie dans le temps. Limportance de ces facteurs diffre en fonction de leurs effets sur la production, lesquels effets peuvent tre des effets de court terme et des effets de long terme. Plusieurs facteurs sont traditionnellement invoqus pour expliquer le processus de croissance conomique. Leur recours et la justification lie leur utilisation ont suivi le dveloppement de la pense conomique. Les premiers conomistes s'intressaient principalement l'accumulation de capital physique pour expliquer les variations de production. Ainsi, linvestissement est considr comme la premire source de la croissance. Il entrane un dplacement vers lextrieur de la frontire des possibilits de production de lconomie en ce quil accrot la capacit productive du pays. Il convient de noter que laccumulation du capital doit se faire un rythme suprieur au taux de

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    croissance de la population pour que lintensit capitalistique croisse et que le produit par tte augmente. L'chec trs vite de certaines politiques de dveloppement, alors mme que des conomies ayant opt pour des choix conomiques diffrents prenaient leur essor, a remis en cause la relation absolue entre croissance et investissement. Cest ainsi quune deuxime source de croissance a t identifie, savoir le progrs technique. Ce dernier mesure lamlioration de la technologie de production note par A. En effet, sil y a progrs technique ou amlioration des procds de production des biens, avec un mme ratio capital-travail, le travailleur produit plus quil ne le faisait auparavant. Pour ainsi dire, le progrs technique entrane une amlioration de la productivit de lconomie ou des travailleurs quemploie lconomie.

    La dcomposition de Solow La dcomposition de Solow permet de mettre en vidence le rle des trois principaux dterminants de la croissance dans le processus de production dune conomie. Prenons la diffrentielle totale de y, le produit par tte :

    dy = f(k)dA + Af (k)dk. En divisant toutes les membres de la relation par y, on obtient le taux de variation du produit par tte, soit :

    dy/y = dA/A + [kf (k)/f(k)]dk/k.

    Le terme [kf (k)/f(k)] reprsente llasticit de loutput par rapport au capital a, soit la fraction du revenu destine au capital. Par consquent, on peut crire :

    dy/y = dA/A + adk/k ou gy = gA + agk2.

    Puisque y = Y/L, son taux de croissance est gy = gY n. En faisant les arrangements ncessaires, le taux de croissance du produit de lconomie gY est gal une somme pondre des taux de croissance du stock de capital gK, de la main-duvre n et du taux de variation de lindice du progrs gA, soit :

    gY = gA + agk + (1 a)n. Il ressort de cette relation les trois principales sources de croissance. Le capital et le travail tant soumis des rendements constants (hypothse de dpart), tout accroissement plus que proportionnel du PIB enregistr aprs une variation qui-proportionnelle de K et L est essentiellement le fait du progrs technique.

    1.2. La croissance et la rpartition du produit de lconomie La croissance ne doit pas tre adore pour elle-mme. Ses mrites dcoulent de sa capacit amliorer le niveau de vie des personnes ou rduire la pauvret. Cela est rendu possible lorsquelle se fait accompagner dune bonne rpartition des revenus issus de la production. Lincidence de la pauvret correspond la fraction des pauvres dans leffectif de la population et lune des finalits de la croissance conomique serait de la rduire. En effet, une croissance de qualit devrait premirement se traduire par une rduction du nombre de personnes vivant en de du seuil de pauvret, car elle suppose un accroissement du revenu moyen ou du revenu par tte dhabitant. Mais il faudrait galement que la croissance soit accompagne dune bonne redistribution ou rpartition de ses fruits entre les diffrents participants lactivit conomique.

    2 La grandeur gx nest rien dautre que le taux de croissance de la variable x.

  • 11

    Une question ayant beaucoup retenu lattention des conomistes et praticiens du dveloppement est celle du degr de dpendance entre croissance conomique et distribution de revenus. Bourguignon dcompose la distribution de revenus en deux effets, savoir leffet de croissance et leffet distributionnel. Le premier effet se manifeste par un changement proportionnel dans le revenu, la distribution nayant pas chang, et le deuxime se traduit par un changement de distribution du revenu relatif qui ne dpend pas du revenu moyen.

    A chaque niveau de revenu, il est possible de reprsenter sur une chelle logarithmique3 la densit de la distribution des revenus. Pour une population donne, on dfinit lincidence de la pauvret comme la surface localise en dessous de la courbe de densit gauche de la ligne ou du seuil de pauvret.

    Effet de croissance

    Population en dessous du seuil de pauvret

    Avant Aprs

    Seuil Rev1 Rev2 Revenu En accroissant le revenu moyen (passage de Rev1 Rev2), la croissance a rduit le nombre de pauvres dans la collectivit ou dans le pays considr. Ainsi, un effet de croissance pur se manifeste par une moindre incidence de la pauvret. Si le revenu moyen ne change pas alors que la distribution des revenus change (modification de lallure de la courbe de densit), il sen suivra forcment une modification de lincidence de la pauvret. Lincidence diminuera si le changement se traduit par une forte concentration autour de la moyenne. Ceci prouve quune meilleure distribution du fruit de lactivit conomique entrane une amlioration du bien-tre collectif par une rduction de lcart-type.

    Effet de distribution

    Population en dessous du seuil de pauvret

    Avant Aprs

    Seuil Rev Revenu La combinaison de ces deux effets devrait a un plus grand effet sur le niveau de vie. Comme le montre la figure ci-aprs, la baisse de lincidence de la pauvret est trs grande lorsquil y a croissance conomique et que le produit est mieux rparti entre les diffrents individus.

    3 La graduation logarithmique est utilise pour reprsenter des sries connaissant une forte amplitude. Pour ce type de graduation, une diffrence de hauteur gale correspond une variation relative ou en pourcentage gale.

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    Effets de croissance et de distribution

    Population en dessous du seuil de pauvret

    Avant Aprs

    Seuil Rev1 Rev2 Revenu

    1.3. La croissance conomique et le bien-tre collectif Largent dsigne pour les conomistes la richesse, le revenu, le pouvoir dachat, bref le PIB dont ils veulent, depuis belle lurette, comprendre les mcanismes et stimuler lessor. Mais les auteurs classiques avaient dj compris que le dicton populaire largent ne fait pas le bonheur ntait pas ngliger lorsque lon se propose de discuter des effets de la croissance sur le bien-tre collectif. John Stuart Mill dissociait le bonheur de la satisfaction des dsirs et Adam Smith soutenait mme les dshrits de la terre sont aussi bien lotis que les grands de ce monde. Smith a galement fait remarquer que le mendiant qui se chauffe au soleil sur le bord de la route possde la scurit pour laquelle les rois se battent. Une large partie de la littrature conomique contemporaine laisse entendre que le bien-tre crot avec le revenu rel, tant pour les individus que pour les nations. La thorie microconomique du comportement du consommateur postule que la satisfaction des individus est une fonction croissante de leurs possibilits de consommation. La thorie macroconomique postule que la consommation, tant prive que publique, dtermine gnralement les niveaux de bien-tre dont peut jouir la population du pays et que lobjectif de croissance conomique concerne le bien-tre futur des nations. En pratique, comme le degr de satisfaction des prfrences individuelles ne peut pas tre directement observ, toute valuation du bien-tre doit reposer sur des approximations. Lapproximation la plus frquente est le revenu rel : en ce qui concerne les individus, le revenu rel contraint la capacit de consommation ; au niveau dune nation, la production de biens de consommation et dinvestissement contribue au bien-tre prsent et futur des individus. Les quantits sont valorises aux prix du march qui lquilibre, refltent bien la contribution marginale des diffrents biens consomms lutilit des individus. Utilit des biens, satisfaction des besoins, bien-tre ne signifient pas bonheur, mais sen approchent, selon un continuum difficile prciser : le bien-tre est une notion trs complexe. Sa dfinition diffre dun auteur un autre, dun dictionnaire lautre, mais elle fait gnralement intervenir les concepts de prosprit, de sant et de bonheur. Ainsi lconomiste se trouve-t-il souvent, bon gr, mal gr, embarqu sur la thmatique du bonheur. Si lconomie politique proclame que le consommateur est rput insatiable, que la satisfaction de la population saccrot quand son revenu augmente, les dcideurs tant nationaux quinternationaux semblent autorises placer de manire rcurrente la croissance conomique au rang de leurs objectifs prioritaires, au nom des peuples et de leur bien-tre. Il sied toutefois de noter que des voix se sont leves ici et l pour faire une mise en garde contre un excs dconomisme dans lanalyse du dveloppement et du bonheur. Les mouvements cologistes ont fait une mise en garde importante pour le culte aveugle ou excessif de la croissance et ont mis en vidence la ncessit de promouvoir une croissance effets limits sur lcosystme et/ou lenvironnement. A la suite des travaux dArmatya Sen, le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement (PNUD) amis au point, depuis 1990, un Indicateur du dveloppement humain (IDH)

  • 13

    qui adjoint au PIB des indices de qualit de vie telles que la longvit (esprance de vie la naissance) et lducation (taux de scolarisation). LOCDE acte les multiples raisons pour lesquelles le revenu rel noffre quune approche trs biaise du bien-tre. Un surcrot de PIB par habitant, partir dun niveau dj lev, peut avoir un effet dcroissant sur le bien-tre. Daucuns estiment cependant que lindicateur de bien-tre le moins imparfait reste le PIB par habitant.

    Orientations et limites de la croissance Est-ce que la croissance est souhaitable et indfiniment possible ? Cette interrogation peut apparatre inutilement provocante, voire mme superflue en ce que tous les responsables politiques paraissent raisonner pour lessentiel en termes de croissance dans llaboration de leur plan de dveloppement ou de gestion macroconomique. Si la croissance tait manifestement impossible, on peut penser que ces responsables sen seraient dj aperus. Cette question nest nullement superflue, condition den prciser la porte : on parle ici de croissance globale, bien sr, mais on parle aussi de maximisation de la croissance. De plus, la question porte sur le caractre permanent dun tel objectif : il ne sagit pas de savoir si la croissance globale, et mme une croissance globale maximise, est possible pendant un laps de temps dtermin la rponse est probablement positive, mme sil est possible quune telle croissance ne soit pas dsirable. Sur quelles objections repose le diagnostic de limpossibilit dune telle croissance dans le long terme ? Sur une plante physiquement limite comme la ntre, une croissance illimite des productions matrielles est clairement impensable dans le trs long terme. Mais lvidence apparente de ce type daffirmation nest pas incompatible avec de multiples chappatoires. Les objections dordre cologique, analyses souvent en termes de consquences pour lenvironnement, ne se limitent cependant pas une liste de dangers spcifiques tels que lencombrement, la pollution, la raret croissante de certaines matires premires, le rchauffement du climat, ou le risque radioactif li lnergie nuclaire : elles posent le problme plus global de la place de lintervention humaine dans lcosystme de la plante, et elles exigent ainsi un rexamen beaucoup plus fondamental et beaucoup plus radical du fonctionnement des conomies et des socits humaines au sein de cet ensemble cosystme qui les englobe . Quant aux objections dordre social, elles partent du constat de la gnralisation des principes du march en tant que critre unique sappliquant lensemble des activits conomiques mondiales, et elles sinterrogent sur les consquences de cette gnralisation sur la cohsion et la viabilit des socits. Elles considrent en particulier que ces principes du march se fondent sur :

    la seule rentabilit des activits productives et de circulation des biens, indpendamment de toute valeur sociale intrinsque (utilit sociale des activits et biens) ;

    la valorisation de la rivalit entre les membres de la socit (mme dans la consommation), or cette rivalit entrane la dgradation de tout lien social et exacerbe des tensions sociales qui mettent en pril la cohsion des socits ainsi que leur viabilit ;

    lignorance des cots sociaux qui ne peuvent directement se rvler et sinterprter en termes marchands : limportance de ces cots est trs considrable et sest sans doute accrue avec la globalisation ;

    un jeu de dsquilibres croissant entre les hommes, en raison des mcanismes dapprofondissement des ingalits propres au systme : ceux-ci ne constituent dailleurs pas des accidents ou des dysfonctionnements de ce systme de march, mais au contraire des consquences systmiques de lapplication des critres marchands.

  • 14

    2

    Les thories de la croissance exogne et lhypothse de la convergence

    Alors que l'entre-deux-guerres a t marqu par un foisonnement des thories sur les cycles et la crise, les trente glorieuses ont t ponctues par une importante rflexion sur la croissance. Les keynsiens Harrod et Domar ont propos un modle qui met en vidence le caractre instable d'une croissance quilibre et les noclassiques Solow et Swan ont propos la caractrisation dun processus de croissance quilibre et stable dans le long terme. Ces modles postulent que la croissance est le rsultat de l'action des forces qui affectent le systme conomique de par l'extrieur, en dautres termes, les variables explicatives de la croissance conomique sont exognes, notamment le progrs technique qui a t intgr soit l'ensemble de la fonction de la production (neutralit du progrs technique au sens de Hicks), soit au facteur travail (neutralit du progrs technique au sens de Harrod), soit au facteur capital (neutralit du progrs technique au sens de Solow). Dans ce chapitre, nous parlerons de ces diffrentes analyses de la croissance exogne en insistant sur les hypothses sur lesquelles elles se fondent. Nous parlerons galement du modle de croissance optimale (propos par Ramsey, Cass et Koopmans) et de lhypothse de convergence des conomies qui dcoule du modle de Solow.

    2.1. Le modle Harrod-Domar Harrod et Domar se sont propos de dynamiser le discours de Keynes en dpassement le cadre du court terme dans lequel sest inscrit la Thorie gnrale de lemploi, de lintrt et de la monnaie. Puisque tant fidles au matre, ils ont soutenu dans leurs travaux que le chmage avait un caractre permanent, que les crises avaient un caractre cumulatif et que le plein-emploi tait difficile atteindre. Pour bien tablir la filiation des analyses de Harrod et Domar la thorie keynsienne, nous prsenterons leur modle en partant dune analyse simple de lquilibre keynsien.

    Modle keynsien simple Considrons une conomie caractrise par les relations ci-aprs :

    Y = C + I

    C = Y I = I0.

    C reprsente la consommation des mnages, I linvestissement, la propension marginale consommer et Y le revenu national. Pour avoir le revenu national dquilibre, il faut remplacer les quations de dfinitions des composantes de la demande globale dans lidentit comptable, soit :

    Y = Y + I0. En mettant Y en vidence, on obtient le revenu national dquilibre :

    ,1

    00

    s

    IIYe

  • 15

    s reprsente la propension pargner. Cette dernire relation montre quun changement de I0 devrait entraner une variation de Ye. Leffet de la variation de linvestissement autonome sur le revenu est qualifi de multiplicateur de linvestissement autonome, il est donn par :

    sI

    Yk e

    1

    1

    1

    0

    .

    Puisque la propension marginale consommer est infrieure 1, les accroissements de linvestissement autonome devraient entraner des accroissements plus que proportionnels de Ye.

    Effet dune variation autonome de linvestissement sur le revenu dquilibre

    Dpenses globales Offre globale

    C + I0 + I0

    C + I0

    Ye Ye Revenu national

    Epargne S Investissement

    I0 + I0

    I0

    Ye Ye Revenu national

    Prsentation du modle Alors que Keynes mettait en vidence les difficults pour une conomie de march de raliser un quilibre de plein-emploi dans le court terme, ce sont les difficults de raliser un quilibre dynamique de longue priode que Harrod et Domar ont mis en vidence. De prime bord, il faudrait se demander comment on est pass dune analyse de statique comparative une analyse dynamique. Cela a t rendu possible par lintroduction une fonction dinvestissement de type acclrateur qui scrit :

    I = zY. Le paramtre z qui est un coefficient dacclration renseigne sur la manire dont les variations de la demande globale affectent linvestissement. En utilisant cette fonction dans le modle keynsien simple prsent ci-dessus, on arrive tablir que :

    Y/Y = s/z.

  • 16

    Cette dernire relation donne le taux de croissance du produit de lconomie alors que le modle keynsien simple donne le niveau dquilibre du revenu national. Il convient de noter que ce taux de croissance assure lquilibre sur le march des biens et services car il a t dtermin en galisant lpargne linvestissement.

    Hypothses du modle

    1. La fonction de production retenue est coefficients fixes, cest--dire une fonction de Leontief. Celle-ci scrit :

    .,min

    b

    AL

    a

    KY

    Les paramtres a et b sont des coefficients techniques qui renseignent sur la manire dont les facteurs capital K et travail L sont combins pour avoir le produit Y. Ainsi, les facteurs de production sont complmentaires. Le paramtre A est lindice de progrs technique qui par hypothse, crot au fil du temps au taux gA.

    2. Lpargne est une fraction constante du revenu national. On crit alors :

    S = sY o s reprsente la propension marginale pargner.

    3. Au passage du temps, la population active crot un taux constant n, ce qui permet dcrire :

    L = nL.

    Trois taux de croissance Lanalyse de linstabilit de la croissance quilibre se fonde sur la distinction de trois taux de croissance, notamment le taux de croissance effectif g, le taux de croissance garanti gw et le taux de croissance naturel gn. Le taux de croissance effectif mesure la croissance du produit de lconomie tel quobserv tandis que le taux de croissance garanti est le taux de croissance qui, sil se ralisait, rpondrait aux mieux aux attentes des investisseurs et le taux de croissance naturel est celui qui, en se ralisant, garantirait un plein-emploi des facteurs de production.

    1. Taux de croissance effectif A partir de la fonction de production, on arrive tablir que

    K = aY. En calculant la variation totale de K, le stock de capital on arrive la relation suivante :

    I = aY. Si on galise cette expression la fonction dinvestissement et quon arrange les lments de lgalit

    de manire avoir Y/Y, on arrive dfinir le taux de croissance effectif comme tant le rapport de la propension pargner au coefficient du capital, soit :

    gef = s/a.

  • 17

    2. Taux de croissance garanti Ce taux de croissance se dfinit en partant de la notion dinvestissement dsir que lon note I*. Ce dernier dpend des anticipations effectues par les propritaires dentreprises ou dtenteurs de capitaux et des variations de la demande globale. En admettant que cette fonction est linaire, on crira :

    I* = zY. Pour que les entrepreneurs soient satisfaits, il faut que linvestissement dsir soit mis en uvre, cest--dire quil soit gal lpargne constitue. Dans ces conditions, le taux de croissance garanti ou ncessaire sera donn par la relation suivante :

    gw = s/z.

    3. Taux de croissance naturel Le taux de croissance naturel est le taux auquel lconomie devrait crotre pour viter le chmage. En partant de la fonction de production, on tablit que :

    bY = AL La diffrence totale de cette relation donne :

    bY = AL + AL Si on divise toute lexpression par Y et on fait quelques arrangements, on arrive tablir que :

    Y/Y = gn = gA + n. Ce troisime taux de croissance est le taux maximum que devrait raliser lconomie pour que le plein-emploi soit assur. Il dpend la fois de la croissance de la population active et du progrs technique.

    Le principe dinstabilit Pour quil y ait croissance quilibre de plein-emploi, il faudrait que la croissance effective du produit de lconomie corresponde aux attentes des entrepreneurs ou dtenteurs de capitaux et quil ny ait pas de chmage. Ainsi, la condition de croissance quilibre de plein-emploi est celle de lgalisation des trois taux de croissance, soit :

    gef = gw = gn. La ralisation de cette double galit est difficile si pas impossible, car rien ne garantit que le coefficient du capital a sera gal au paramtre z qui traduit le comportement des dtenteurs de capitaux, et notamment leurs exigences en matire de profit. Par ailleurs, il nexiste aucun mcanisme garantissant que le taux de croissance effectif sera gal au taux de croissance naturel. Tout compte fait, puisque le modle Harrod-Domar est une transposition la dynamique des concepts keynsiens dfinis en courte priode, il tablit que le taux de croissance effectif traduit lgalit comptable entre linvestissement et lpargne et que le taux de croissance garanti peut ne pas correspondre une situation de plein-emploi.

  • 18

    2.2. Le modle de Solow Le modle de croissance propos par, Solow [1956] montre la manire dont lpargne, la croissance dmographique (ou naturelle) et le progrs technique affectent la production dune conomie dans le temps. Par ailleurs, il identifie certains dterminants des carts de niveau de vie entre pays. On le qualifie de modle noclassique de croissance en ce que cest un modle doffre qui se fonde sur une fonction de production well behaved, cest--dire vrifiant les conditions noclassiques de rgularit. Toute larchitecture du modle de Solow repose sur deux quations : la fonction de production et la fonction daccumulation. La fonction de production renseigne sur le produit que lconomie peut raliser laide de sa technologie et des facteurs de production disponibles et celle daccumulation dcrit le processus de formation du capital physique.

    Hypothses spcifiques du modle Les hypothses faisant la particularit du modle de Solow sont les suivantes.

    Les mnages sont composites en ce quils sont la fois producteurs et consommateurs (conomie de Robinson Cruso).

    Les pays ne produisent et ne consomment quun seul bien. Ce qui suppose quil ny a pas de commerce international, car les membres des diffrents pays nont pas dintrt dchanger des biens identiques. Lconomie de Robinson Cruso tant ainsi ferme, la production est ncessairement gale la demande et linvestissement lpargne.

    La technologie de production est exogne dans ce sens que les firmes ne peuvent pas la modifier par leurs dpenses de recherche et dveloppement.

    La fonction de production retenue par Solow impose quelques hypothses additionnelles, notamment celle du caractre essentiel de tous les facteurs de production, de la substitualit imparfaite des facteurs, des rendements factoriels dcroissants et de la rmunration des facteurs leur productivit marginale. Cest en combinant le capital et le travail selon la technologie F(.) que lconomie produit Y. Les rendements factoriels tant dcroissants, la fonction de production doit vrifier que :

    F (.) 0 et F (.) 0, Elle doit aussi vrifier les conditions de rgularit fixes par Inada (1963/1964), soit :

    (a) Lim F (.) = +

    L, K 0

    (b) Lim F (.) = 0

    L, K +

    (c) F(K, 0) = F(0, L) = 0.

    Les conditions (a) et (b) tablissent que plus abondant est un facteur de production, moins importante est sa productivit marginale, et vice-versa. La condition (c) montre par contre que les facteurs de production sont essentiels, cest--dire que lon ne peut pas se passer de lun ou de lautre pour raliser lactivit de production. Sous lhypothse de rendements dchelle constants, la fonction de production macroconomique peut tre ramene une expression de la production par tte, soit :

    y = f(k) avec f (k) 0 et f (k) 0.

  • 19

    Il sied de remarquer que lhypothse de rendements dchelle constants suggre que lconomie considre est suffisamment dveloppe en ce que tous les gains de la spcialisation y sont pleinement exploits. La production totale de lconomie peut tre donne par la relation Y = Lf(k) et les rendements factoriels se dfinir comme suit :

    PmK dY/dK = f (k) et PmL dY/dL = f(k) kf (k).

    A. Version simple du modle de Solow Cette premire version du modle est qualifie de simple en ce que le progrs technique nest pas pris en considration. Seuls les facteurs capital et travail expliquent le niveau de la production et constituent les sources de la croissance. Le modle admet que le produit dun travailleur se rpartit entre sa consommation et son pargne. Cette dernire est cense financer linvestissement.

    c = (1 s)y et i = sy s reprsente le taux dpargne. Linvestissement par tte i est une fraction s du produit individuel et la consommation par tte c est une fraction (1 s) du revenu. Les variations du stock de capital K sont provoques dune part par lacquisition de nouvelles machines et de lautre par lamortissement.

    dK/dt = sY K Puisque k = K/L, son taux de variation gk = gK n et lquation dajustement du capital par tte est :

    dk/dt = sf(k) (n + )k

    dk/dt reprsente la variation du capital dans le temps, n le taux de croissance dmographique et le taux damortissement. Lconomie atteint ainsi un tat stationnaire, cest--dire un quilibre de long terme lorsque dk/dt = 0, soit lorsque :

    sf(k*) = (n + )k*. A cet tat, linvestissement ralis compense exactement les effets ngatifs de la croissance dmographique et de lamortissement sur lintensit capitalistique. Ainsi, on nobservera pas une dcroissance du produit par tte quand bien mme il y a croissance de leffectif de la population.

    Dtermination du rgime stationnaire

    (n + )k

    sf(k)

    sf(k*) = (gL + )k*

    k1 k* k2 k

  • 20

    Pour lintensit capitalistique k1, linvestissement est suprieur (n + )k alors que pour k2, cest linverse. On peut conclure que lintensit capitalistique aura crotre pour tout niveau de k infrieur k* et elle aura dcrotre pour tout niveau de k suprieur k*. Ainsi, lquilibre de long terme (rgime permanent ou tat stationnaire) est ralis en k* et il est dynamiquement stable. Etant donn quen rgime permanent dk/dt = 0, le taux de croissance du produit par habitant gy sera gal zro. Le taux de croissance du PIB sera gal n car gY = gy + n. Du fait de lhypothse de rendements dchelle constants, on conclue quen rgime permanent, le stock de capital K crot aussi au taux n.

    Effet de la croissance de la population sur la croissance conomique A taux dpargne inchang, un accroissement du taux de croissance naturel se traduira par une diminution de lintensit capitalistique et une diminution du produit par tte. Il faut toutefois noter que ce changement naffectera pas le taux de croissance en rgime permanent.

    Effet de la croissance dmographique

    (n2 + )k (n1 + )k sf(k) k2 k1 k

    En labsence dune bonne planification des naissances, il est possible de voir le produit par tte dun pays saffaiblir. Ceci revient dire que laccroissement du taux naturel exige des investissements additionnels pour que lintensit capitalistique et le produit par tte ne diminuent pas. Lidal serait ds lors de voir le stock de capital crotre un taux suprieur celui avec lequel crot la population.

    Effet dune hausse du taux dpargne sur la croissance conomique Lorsque les individus relvent leur taux dpargne, ils accroissent les possibilits de production de lconomie en entranant, toutes choses restant gales par ailleurs, un approfondissement de

    lintensit capitalistique.

  • 21

    Effet dune hausse du taux dpargne

    (n + )k

    s2f(k)

    s1f(k)

    k1 k2 k

    En dplaant vers le haut la courbe sf(k), une hausse du taux dpargne accrot lintensit capitalistique (passage de k1 k2). Il faudrait noter que le relvement du taux dpargne exerce un effet de niveau, cest--dire quil entrane un accroissement de lintensit capitalistique et non pas un accroissement du taux de croissance du produit par tte. En dautres termes, le relvement ne fait que modifier le sentier de croissance mais pas le rythme. Comme nous le verrons avec la deuxime version du modle, seul le progrs technique modifie le rythme de la croissance.

    B. Modle de Solow avec progrs technique Dans la deuxime version du modle, le progrs technique est intgr en introduisant une variable A dnomme efficience du travail dans la fonction de production macroconomique. Cette dernire scrit de la sorte :

    Y = F(K, AL). La fonction tant homogne de degr un, on peut dfinir la production par unit defficience comme suit :

    ).~

    (~ kfy

    ALYy /~ et ALKk /~ reprsentent respectivement le produit et le capital par travailleur efficient.

    Lefficience augmente dans le temps au taux gA. Ce faisant, lquation refltant le comportement de k~

    dans le temps devient :

    .~

    )()~

    (/~

    kngksfdtkd A

    Ltat stationnaire est atteint lorsque lintensit capitalistique devient constante, cest--dire lorsque on vrifie lgalit suivante :

    .*~

    )(*)~

    ( kngksf A

  • 22

    Dtermination du rgime stationnaire

    kng A~

    )(

    )~

    (ksf

    *~

    )(*)~

    ( kngksf A

    1~k *

    ~k 2

    ~k k

    ~

    A ltat stationnaire, le taux de croissance du capital par travailleur efficient,

    kg ~ est nul tout comme

    celui de la production par travailleur efficient yg ~ . La produit par travailleur Y/L = Af( k~

    ) crot au taux gA

    et la production totale Y = Af( k~

    )L crot au taux :

    gY = gA + n. Tout compte fait, le modle de Solow montre que seul le progrs technique peut expliquer des niveaux de vie en hausse persistante, cest--dire le caractre auto-entretenu dune croissance enrichissante. Aussi, il permet dexpliquer do viennent les carts de niveau de vie entre pays.

    C. Rgle dor de laccumulation Le taux dpargne est le principal dterminant du stock de capital par tte de ltat stationnaire. Puisque la croissance est au service du bien-tre, il faudrait choisir un taux dpargne qui maximise la consommation par tte. Cette considration renvoie la rgle dor de laccumulation du capital [nonce par Phelps (1961)]. Si le taux de croissance de rgime permanent est indiffrent au taux dpargne, il nen est pas ainsi

    pour le produit par travailleur et le revenu individuel. Soit )(*~

    sk lintensit capitalistique de rgime

    permanent associ un taux dpargne donn, et f( )(*~

    sk ) le produit par tte quil autorise. La

    consommation par tte en rgime permanent sera donne par :

    c = f( )(*~

    sk ) sf( )(*~

    sk ).

    Du fait de lgalit de linvestissement courant sf( )(*~

    sk ) et de linvestissement de point mort

    (gA + n + ) )(*~

    sk , la relation ci-dessus peut scrire comme suit :

    c = f( )(*~

    sk ) (gA + n + ) )(*~

    sk .

    Accrotre le taux dpargne lve le capital, mais rduit la consommation par travailleur. Par consquent, le taux dpargne optimal doit pondrer au mieux ces deux effets, cest--dire maximiser la consommation.

  • 23

    En prenant la condition du premier ordre de la maximisation, on arrive :

    dc/ds = [f ( k~

    ) (gA + n + )(d )(*~

    sk /ds) = 0.

    La solution unique sor de cette quation doit vrifier que la productivit marginale du capital soit gale la somme du taux de progrs technique, du taux de croissance dmographique et du taux damortissement :

    f ( *~

    ork ) = gA + n + ou f (*~ork ) = gA + n.

    La consommation par tte sera maximise si le produit marginal du capital est gal linvestissement de point mort, soit :

    PmK = (gA + n + ).

    Une situation dans laquelle lintensit capitalistique est suprieur *~k traduit une inefficience

    dynamique, car lon peut consommer davantage aujourdhui et demain en rduisant le taux dpargne.

    Si lintensit capitalistique est infrieure *~k , il faudra accrotre temporairement le taux dpargne

    pour relever le revenu individuel et la consommation dquilibre.

    Taux dpargne et rgle dor

    y

    (gA + n + ) k~

    f( k~

    ) cor*

    ior* sorf( k~

    )

    0 *~ork k

    ~

    Il ressort de ce graphique quil existe un seul taux dpargne sor qui permet la fois dobtenir

    lintensit capitalistique *~

    ork et de maximiser la consommation par tte. Ainsi, toute variation du taux

    dpargne en dplaant la courbe sf( k~

    ), conduit lconomie vers un rgime permanent donnant lieu une consommation infrieure cor*.

    2.3. Modle de croissance optimale : Modle Cass Koopmans Tout en croyant au modle de Solow, Cass [1965] tout comme Koopmans [1965] se demande que devrait faire lindividu pour maximiser son bien-tre ? Puisque lintensit capitalistique dpend de s le taux dpargne, il se pose la question de la dtermination de son niveau optimal en tenant compte de la marche vers lquilibre de long terme ? Pour ce faire, il est introduit explicitement dans lanalyse, la fonction dutilit des agents. Au lieu de prendre comme critre doptimisation la maximisation de la consommation individuelle [rgle dor daccumulation de Phelps (1961)], Cass et Koopmans retiennent comme critre, la maximisation de la somme actualise de lutilit que la squence de consommation procure lindividu durant toute sa vie. Ainsi, le taux dpargne cesse dtre exogne et constant.

  • 24

    Hypothses du modle

    - La population L crot au fil du temps un taux constant n. - Chaque individu vit durant une priode de temps qui va de la date 0 la date T, soit sur

    lhorizon temporel [0, T]. - La fonction de production est homogne de degr 1 (hypothse de rendements dchelle

    constants) et vrifie les conditions de rgularits issues de la thorie noclassique. - Lconomie tant faite de deux secteurs : mnages et firmes, lquilibre macroconomique est

    ralise lorsque Y = C + I o Y reprsente le revenu national, C la consommation des mnages et I linvestissement global.

    - Le stock de capital se dprcie au fil du temps au taux .

    - Lutilit dpend de la consommation individuelle c = C/L, soit u = u(c) avec u' > 0 et u < 0. - Les individus font un arbitrage entre le prsent et le futur travers un facteur descompte ou

    dactualisation . La variable de choix du modle est c, car cest partir delle quon dtermine le taux dpargne et le niveau de bien-tre individuel chaque priode. La variable dtat est k lintensit capitalistique en ce quelle renseigne sur les possibilits de production individuelle.

    Fonction de production La fonction de production de lconomie scrit comme suit :

    Y = F(K, L). Elle est croissante et concave par rapport chaque facteur. Les rendements factoriels sont positifs et

    voluent un rythme dcroissant : F' > 0 et F < 0. Puisque la fonction de production est homogne de degr 1, on peut la ramener une forme intensive, soit :

    y = f(k) o y = Y/L et k = K/L. Cette fonction qui est aussi concave tablit que le produit ou revenu individuel dpend de la quantit de biens dquipement mis la disposition de chaque individu (intensit capitalistique).

    Fonction daccumulation Etant donn que k = K/L, on tablit que :

    .L

    L

    K

    K

    k

    k

    Compte tenu du fait que K = I K et que I = Y C, on arrive lexpression selon laquelle :

    k = f(k) c (n + )K. Contrairement lexpression retenue dans le modle de Solow, cette fonction daccumulation fait apparatre la consommation individuelle car cest sur elle que se fondera lindividu pour dcider du niveau de lpargne actuelle et de la consommation future.

  • 25

    Critre doptimisation A chaque priode, lindividu doit oprer un choix entre consommer plus aujourdhui ou accumuler du

    capital (pargner) pour produire plus et consommer plus demain. Lutilit de lpargne dpend de et de la productivit du capital. Lindividu cherche maximiser sur lhorizon temporel [0, T], son bien-tre W qui dpend de lutilit que lui procure sa squence consommation {ct} t = 0 T. On peut ainsi noter :

    Tt dtcueW

    0

    )( .

    Lindividu choisit sa squence de consommation afin de maximiser W toutes les dates.

    Formulation et rsolution du problme Le problme de base de lconomie consiste rsoudre le programme dynamique suivant :

    Max

    Tt dtcueW

    0

    )(

    s/c :

    k = f(k) c (n + )K k(0) tant donn.

    Pour rsoudre ce programme doptimisation dynamique, on introduit un Hamiltonien (sorte de lagrangien intertemporel) et une variable dtat supplmentaire . Ainsi, on forme lexpression :

    H = u(c)et + [f(k) c (n + )k].

    qui est une variable adjointe actualise gale etqt apparait comme le prix fictif (shadow price) que lon rattache la contrainte daccumulation. Une fois lHamiltonien form, la solution optimale sobtient en suivant les conditions du premier ordre, qui sont :

    0

    c

    H et

    dt

    d

    k

    H

    .

    La premire condition signifie que lon maximise lHamiltonien par rapport la variable de choix c. La seconde signifie que le prix de la contrainte, volue comme loppos de la drive de lHamiltonien par rapport la variable dtat. On trouve ainsi :

    u'(c) = q

    .)()(1 nkfdt

    dq

    q

    A partir de ces conditions, on peut galement tablir que :

    ).()(1 nkfdt

    ud

    u

  • 26

    Ce rsultat permet davancer que la croissance sera optimise si lutilit marginale de la consommation individuelle diminue un taux gal la diffrence entre la productivit marginale nette du capital et la somme du taux descompte et du taux de croissance naturel.

    2.4. Convergence des conomies Compte tenu du corps dhypothses sur lequel repose le modle de Solow, une question de rattrapage ou de convergence des conomies lchelle internationale a t pose. Sous lhypothse de la dcroissance des rendements factoriels et sous celle de rmunration des facteurs de production leur productivit marginale ainsi que celle de mobilit parfaite des capitaux lchelle internationale, il a t avanc que toutes les conomies devraient converger vers un mme niveau de revenu par habitant. Autrement dit, les disparits internationales de niveau de vie ne devraient pas persister dans le long terme. A partir de lquation dajustement du capital par tte dans le modle de Solow sans progrs technique, on peut dterminer le taux de croissance de lintensit capitalistique :

    gk sf( k~

    )/ k~

    (gA + n + )

    Lconomie atteint un tat stationnaire lorsque d k~

    /dt = 0, cest--dire lorsque :

    sf( *~k ) = (gA + n + ) *

    ~k ou encore sf( *

    ~k )/ *

    ~k = (gA + n + ).

    Il se dgage de la figure ci-aprs que lintensit capitalistique sera croissante pour des valeurs de k infrieures k* et dcroissante pour des valeurs suprieures k*. On peut donc conclure que les pays pauvres en capital devraient voir leur intensit capitalistique crotre et les pays forte accumulation voir leur intensit capitalistique diminuer.

    Evolution de lintensit capitalistique

    sf( k~

    )/ k~

    k~

    0

    gA + n +

    k~

    0

    0 *~k k

    ~

    Du fait de la dcroissance des rendements factoriels, on tablit que le rythme daccumulation est proportionnellement inverse lintensit capitalistique. Ainsi, les pays riches en capital devraient avoir des taux de croissance du capital par tte infrieurs aux pays pauvres, ce qui devrait entraner une rduction des disparits internationales de niveau de vie.

  • 27

    Convergence absolue

    Gk/pauvre Gk/riche gA + n +

    sf( k~

    )/ k~

    pk~

    rk~

    *~k k

    ~

    Fort malheureusement, ce processus de convergence na t que partiellement corrobor par les faits : les pays qui affichaient le revenu par tte le plus lev au dbut du 19ime sicle demeurent parmi les plus riches daujourdhui quoique certains pays se soient librs de la pauvret4. Le revenu par tte de lEurope occidentale qui a t 2.9 fois suprieur celui de lAfrique en 1820, ltait de 13.2 fois en 19925. Cette non-convergence fait voir que certains pays en dveloppement sont pris dans un pige de pauvret associant des faibles niveaux de revenu par tte des taux de croissance mdiocres. La non-convergence apparat comme lun des principaux arguments de la remise en question du modle noclassique de croissance. Pourquoi le progrs technique ne profiterait qu une catgorie donne de pays alors quil serait exogne au sens de Solow ?

    L'observation des donnes de PIB/habitant sur le 20ime sicle tmoigne d'volutions relativement divergentes entre pays. Le sicle pass a vu, simultanment, le dveloppement conomique quasi constant et sans prcdent des pays europens et nord amricains, le dcollage extraordinaire du Japon et l'essoufflement des pays d'Amrique Latine, alors mme que certains d'entre eux prsentaient des niveaux de revenu par tte suprieurs ceux de l'Europe du Sud en dbut de priode. Cette htrognit de comportements pose de faon cruciale la question des dterminants de la croissance sur le long terme. Comment, en effet, justifier une telle divergence de comportements entre des pays autrefois relativement homognes en termes de performances conomiques (Europe d'un ct et Amrique Latine de l'autre) alors que se met en place, au mme moment, un processus de convergence avec le Japon, conomie considre comme sous dveloppe jusqu' la seconde guerre mondiale ? La proprit de convergence absolue correspond trs mal aux donnes empiriques parce quelle ne fait pas des caractristiques de lconomie des lments explicatifs du processus de rattrapage. Comment peut-on esprer une convergence spontane des conomies des pays pauvres vers les conomies des pays industrialiss alors quils nont pas les mmes taux dpargne et leurs technologies de production ne sont pas les mmes. Une apprciation pertinente du processus de convergence devrait procder dun ensemble de pays prsentant plus ou moins les mmes caractristiques ou structures conomiques, cest--dire des pays similaires. Autrement dit, la convergence est conditionnelle.

    4 Il sagit essentiellement des pays dAsie du Sud et de lEst. 5 Voir Madisson, A., 2001, Lconomie mondiale: une perspective millnaire, OCDE, Paris.

  • 28

    Convergence conditionnelle

    srichef( k~

    )/ k~

    gk/richre

    gk/pauvre

    (g + n + )

    spauvref( k~

    )/ k~

    pk~

    *~

    pk rk~

    *~

    rk k~

    Lide de convergence conditionnelle suppose que les pays convergent mais vers des rgimes

    permanents diffrents. Dans le modle de Solow, comme on la vu, ltat stationnaire dpend du taux

    dpargne, du taux damortissement du taux de croissance dmographique et du taux damlioration

    de la productivit de lconomie. En se basant sur la situation des pays europens, Quah [1996] a

    montr quil existait bel et bien une relation de sens inverse entre taux de croissance du produit par

    habitant et le produit par habitant initial ds lors que sont pris en considration les diffrences de

    caractristiques structurelles.

  • 29

    3

    Les thories de la croissance endogne Le modle de Solow, comme nous venons de le voir, tablit quil existe une croissance de long terme stable, dont le rythme ne dpend que des volutions de la population et de la technologie et non des comportements conomiques. Lanalyse de Solow a permis de rendre compte de la rgularit des rythmes de la croissance conomique durant les trente glorieuses mais depuis le milieu des annes 1970, le ralentissement important et durable mais aussi variable selon les pays de la productivit ne trouve pas dexplication dans le modle de Solow. Ce ralentissement durable des gains de productivit laisse bien supposer que le progrs technique dpend bien de valeurs conomiques. Depuis une vingtaine d'annes, on assiste un renouveau de la pense conomique concernant les thories de la croissance. En effet, le renouveau que connaissent ces thories repose sur une nouvelle faon de considrer l'origine et le rle du progrs technique dans le processus de croissance. Le progrs technique n'est plus une variable exogne, inexplique, mais une variable conomique qui renvoie des comportements et des grandeurs macroconomiques. Comprendre les mcanismes de la croissance conomique, pour pouvoir les influencer, apparat comme l'une des tches primordiales des conomistes, puisque la croissance est perue comme tant ncessaire pour pouvoir s'acheminer vers le plein emploi. Parce qu'elles rhabilitent le rle de l'Etat dans l'conomie, et redonnent des objectifs pour atteindre une croissance seine, les thories de la croissance endogne sont un enjeu majeur des dveloppements rcents de la thorie conomique. La conception du progrs technique inhrente au modle de Solow est relativement pauvre en ce que la nature du progrs technique n'est pas spcifie, son rythme est dtermin hors du systme conomique. En effet, chez Solow, la croissance s'arrte en l'absence de progrs technique et d'augmentation de la population active, du fait de l'hypothse de dcroissance de la productivit marginale du capital, l'hypothse centrale de la thorie de la croissance endogne est au contraire que la productivit marginale du capital ne dcrot pas lorsque le stock de capital augmente. Pour les tenants de la croissance endogne, le progrs technique est le fruit des investissements effectus par des agents. En ce sens, le progrs technique et partant la croissance n'a rien de naturel, son rythme dpend du comportement des agents conomiques. Un des aspects essentiels des thories de la croissance endogne est l'hypothse de rendement constant du capital. La premire dmarche thorique fut d'abandonner dfinitivement l'hypothse des rendements dcroissants du capital. Ce dernier est ds lors peru comme un ensemble exhaustif de facteurs de production susceptibles d'tre accumuls : capital humain, stock de connaissances. Le renouvellement de lanalyse repose sur la faon de considrer l'origine et le rle du progrs technique, qui n'est plus inexpliqu, mais bien une variable conomique qui renvoie des comportements prcis. En outre, les facteurs de la croissance endogne prsentent une caractristique commune : ils engendrent des externalits positives. Ces dernires constituent un des fondements de la justification de l'intervention de l'Etat dans lconomie. Alors que le modle de Solow considre qu'il y a convergence entre les pays, la thorie de la croissance endogne met l'accent sur l'htrognit des taux de croissance entre pays, ce qui semble conforme l'observation, car on assiste plus une divergence de revenu entre pays riches et pays pauvres que le contraire. Il convient de noter que les analyses de la croissance endogne butent contre certaines insuffisances ou difficults mthodologiques et statistiques qui limitent leur porte empirique. La mesure du progrs technique et du capital humain pose de srieux problmes et ne permet pas de tester tous les rsultats mis en lumire par les thories. La comptabilit nationale ne prend pas en compte les

  • 30

    investissements de recherche et dveloppement, ce qui constitue une limite la mise en valeur des enseignements de la thorie de la croissance endogne. Du coup, on pourrait se demander si certaines conclusions des modles de croissance endogne sont fondes.

    3.1. Laccumulation du capital, le learning by doing et la croissance Un premier groupe de travaux, la suite de Paul Romer [1986], cherche le moteur de la croissance conomique dans laccumulation du capital et dans le phnomne d'apprentissage par la pratique (learning by doing). Par la circulation de l'information et par l'accumulation du savoir-faire entran par l'accumulation de capital et lexprience au travail, les entreprises amliorent leurs productivits ainsi que leur contribution au PIB de lconomie. Dans ces conditions, la croissance conomique rsulterait des externalits positives que produisent les investissements et la pratique professionnelle. La recherche dveloppement, dveloppe dans les travaux de Romer, est considre comme une activit rendement croissant du double fait que la connaissance est un bien " non rival " et que le cot de son appropriation est pour chaque chercheur minimal. La croissance conomique rsulterait ainsi d'une activit d'innovation, engage par des agents qui esprent en tirer profit. Cette analyse permet d'incorporer dans le capital physique le seul progrs technologique et non l'ensemble des investissements directs. Ces travaux rejoignent ceux de Schumpeter en ce que l'incitation fondamentale l'innovation est lie au monopole de pouvoir temporaire qu'elle confre aux producteurs de biens nouveaux. Trois types de travaux ont t conduits dans cette direction, savoir ceux de Romer [1990] qui spcifie son modle en partant du postulat que la croissance est due l'augmentation du nombre d'inputs diffrents, donc de leur spcialisation accrue. Aghion Howitt [1992] considrent que la croissance est due l'accroissement des inputs effectivement utiliss, et enfin, Coe Helpman [1993] mettent en vidence la corrlation entre la recherche-dveloppement et la productivit pour les pays de l'OCDE.

    3.1.1. Modle de recherche et dveloppement Ce modle considre que lefficacit du travail est le fait dun ensemble de connaissances ou de technologies produites par une activit de recherche et dveloppement (R&D). Avec une mme disponibilit en facteur capital et facteur travail, le progrs technique qui rsulte dune accumulation de connaissances nouvelles par la R&D permet lconomie de produire plus. Pour expliquer le progrs technique, le modle considre que lconomie dispose de deux secteurs dactivit : lun produit des biens de consommation et lautre produit des connaissances (ou des amliorations technologiques) qui permettront lconomie de produire plus de biens dans les jours venir. On peut raisonnablement penser quun accroissement de ressources consacres la recherche et dveloppement devrait permettre un accroissement du nombre de dcouvertes mme damliorer la productivit de lconomie.

    Postulats On suppose que les fonctions de production des deux secteurs dactivit sont des technologies Cobb-Douglas. Une fraction aK du stock de capital et une fraction aL de la population active sont utilises dans le secteur de la R&D. Il vient donc que la quantit de capital utilis dans la production de biens est (1 aK)K et celle de main-duvre est (1 aL)L. En outre les deux secteurs utilisent la totalit du stock de connaissances, A : en effet, lexploitation dune ide ou dune connaissance en un lieu nempche pas son utilisation ailleurs ; il ny a donc pas lieu de diviser le stock de connaissances entre les deux secteurs. La fonction de production de biens scrit de la sorte :

    (3.1) Y = [(1 aK)K]b[A(1 aL)L]

    1 b, 0 b 1.

  • 31

    Cette quation implique que les rendements du capital et du travail sont constants, cest--dire quun doublement des quantits des deux facteurs entrane un doublement de la quantit produite de biens. La fonction de production des connaissances est dexpression :

    (3.2) A = B(aKK)(aLL)

    A B 0, 0, 0. On suppose quil ny a pas damortissement et que le taux dpargne est constant. Ainsi, lvolution du stock de capital est donne par :

    (3.3) K = sY. Le taux de croissance de la population active est exogne. Il vient alors que :

    (3.4) L = nL. Alors que dans le modle de Solow il ny a quune seule variable dtat : K, dans ce modle, il y en a deux, savoir K et A.

    Dynamique du capital et des connaissances En renvoyant lquation (3.1) dans (3.3), on obtient :

    (3.5) K = s(1 aK)b(1 aL)

    1 bKb[AL]1 b. Divisons les deux membres de lquation par K et posons que cK = s(1 aK)

    b(1 aL)1 b afin dobtenir :

    (3.6) .1 b

    KKK

    ALc

    K

    Kg

    Lvolution de gK dpend de lvolution du ratio AL/K, laquelle volution est donne par la somme gA + n gK. Si lon divise les deux membres de (3.2) par A, on obtient :

    (3.7) gA A/A = cAKLA 1

    o cA = BaKaL

    . Cette quation montre que lvolution de gA dpend de gK + n + ( 1)gA. Pour avoir la solution dquilibre (de long terme), il faut rsoudre le systme dquations ci-aprs :

    gA* + n gK* = 0,

    gK* + n + ( 1)gA* = 0. La solution dquilibre est :

    (3.8) gK* = n + gA* et .)(1

    * ng A

    Cette solution montre que dans ce modle, le progrs technique est une grandeur endogne et non exogne comme ce fut le cas dans le modle de Solow.

  • 32

    3.1.2. Apprentissage par la pratique Ce modle se fonde sur lide qu mesure que les individus travaillent ou produisent des biens, ils amliorent coup sr leurs productivits et/ou dcouvrent des faons damliorer le processus de production. On peut donc dire que laccumulation de connaissances nest pas que le fait de la R&D, mais aussi un co-produit involontaire de lactivit conomique elle-mme. Cest cette forme daccumulation des connaissances quon appelle learning by doing. Dans ce modle, on considre que tous les facteurs de production sont utiliss dans la production des biens de sorte que la fonction de production scrit :

    (3.9) Y = Kb(AL)1 b, 0 b 1. Lapprentissage par la pratique est la consquente fortuite de la production de nouveaux biens

    dquipement ou capitaux. Dans ces conditions, on aura la fonction suivante :

    (3.10) A = BK, avec 0 et B 0. Dans ce modle, on suppose galement quil ny a pas damortissement et que le taux dpargne est constant et exogne. Ainsi, lvolution du stock de capital est donne par :

    (3.11) K = sY. Le taux de croissance de la population active est exogne. On aura alors :

    (3.12) L = nL. En renvoyant (3.10) dans (3.9), on obtient la relation suivante :

    (3.13) Y = B1 bKbK(1 b)L1 b. La dynamique du capital est donne par :

    (3.14) K = sB1 bKbK(1 b)L1 b. Lvolution de lconomie est commande par le facteur capital qui joue un rle plus large que le rle lui assign dans le modle de Solow. En effet, dans ce modle, laugmentation du capital naccrot pas seulement la production de faon directe mais galement de manire indirecte via le dveloppement dides nouvelles qui rendent lensemble du capital plus productif. Il sied toutefois de noter que les

    caractristiques de la dynamique de lconomie dpendent de la valeur pise par le paramtre .

    Considrons une situation particulire dans laquelle = 1 et n = 0. La fonction de production devient :

    (3.15) Y = AK avec A = B1 L1 b. Laccumulation du capital est donc gouverne par :

    (3.16) K = sAK.

    Lquation (3.16) tablit que K crot un taux constant sA. Puisque Y est proportionnel K, il crot galement ce taux. Cette version du modle qui a t propos par Paul Romer en 1986 et qui est appele modle AK fournit une autre explication de la croissance long terme, cette dernire est endogne et dpend du taux dpargne.

  • 33

    3.2. Laccumulation du capital humain et la croissance conomique Une vague de recherche a t ouverte par Lucas [1988], cest celle qui fait de l'accumulation du capital humain un dterminant important du progrs conomique des nations. L'accumulation de capital humain se dfinit comme le stock de connaissances conomiquement valorisables et incorpores aux individus : qualification, comptences, tat de sant, hygine, ... Lucas distingue le capital humain qui correspond une accumulation volontaire de connaissances (schooling) de lapprentissage par la pratique (learning by doing) qui est une accumulation involontaire de connaissances. Il montre cet effet que la productivit prive du capital humain a un effet externe positif car, en amliorant son niveau d'ducation et de formation, chaque individu augmente le stock de capital humain de la nation et par la mme contribue amliorer la productivit de l'conomie nationale. Dans cette analyse, une part des gains ou des revenus individuels reflte plus les qualifications acquises par les individus que leurs aptitudes intrinsques. En reconnaissant lexistence du capital humain, on accrot directement la part du revenu qui revient au capital sous ses diverses formes. Il faut noter que laccumulation du capital humain est trs semblable laccumulation du capital physique en ce quil faut consacrer davantage de ressources ces deux formes de capital si lon veut augmenter la production future.

    Il convient enfin de signaler que lintroduction du capital humain dans lanalyse de la croissance conomique a permis de rendre compte des fortes disparits de niveau de vie entre pays dans le monde. Comme on le verra par la suite, le produit par tte ne dpend pas que de lintensit capitalistique comme la tablit le modle de Solow mais il dpend la fois de lintensit capitalistique et du capital humain par tte.

    Postulats du modle La fonction de production macroconomique prend la forme gnrale Y = F(K, H, AL) rendements dchelle constants o H reprsente le stock de capital humain, L dsigne le nombre de travailleurs et K reprsente le stock de capital. De manire spcifique, la fonction de production scrit :

    (3.17) Y = KaHb(AL)1 a b, a 0, b 0, a + b 1. On suppose que les individus consacrent une frac