131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire midde. de

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AIL 5 - Juin 1996 ez savoir i Les fourmis empoisonnent vos pique-niques. Mais avez-vous pensé à les observer? 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De nombreudeà autres ejpèced squattent lej principaux éiteé de vacances. Petit guide à l'iukige du scientifique débutant Chillón: un bijou célèbre, cent ans. Ont-ils encore un sens? MÉDECINE: L E S MALADIES QU'ON ATTRAPE EN VACANCES ••Virappil UNIVERSITÉ: ETUDIER, UN NOUVEAU MÉTIER À PART ENTIÈRE LMlill 131811 CONTROVERSE: LES RELIGIONS SONT ELLES VIOLENI

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Page 1: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

AIL № 5 - Juin 1996

ez savoir i L e s f o u r m i s e m p o i s o n n e n t v o s p i q u e - n i q u e s .

M a i s a v e z - v o u s pensé à l e s o b s e r v e r ?

131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De nombreudeà autres

ejpèced squattent lej principaux éiteé de vacances. Petit guide à l'iukige

du scientifique débutant

Chillón: u n bi jou c é l è b r e ,

c e n t a n s . O n t - i l s e n c o r e

u n s e n s ?

M É D E C I N E : L E S M A L A D I E S Q U ' O N A T T R A P E E N V A C A N C E S ••Virappil U N I V E R S I T É : E T U D I E R , U N N O U V E A U M É T I E R À P A R T E N T I È R E

LMlill 131811 C O N T R O V E R S E : L E S R E L I G I O N S S O N T E L L E S V I O L E N I

Page 2: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

Q u a n d la d é m é n a g e u s e d é m a r r e , tout e s t dit.

Quand vous voyez passer une déménageuse Lavanchy, dites-vous que tout a été organisé, programmé, planifié,

au départ et à l'arrivée. Le client n'a que deux choses à faire: informer

Lavanchy... et s'installer dans son nouveau cadre. «Avec des gants blancs», c'est un engagement.

B E R N E © (031) 382 12 61 FAX (031) 382 13 94

L A U S A N N E © (021) 624 32 32 FAX (021) 624 56 42

F R I B O U R G (037) 26 51 51 (037) 26 71 55

M I L A N (39-2) 48 91 09 71 (39-2) 48 91 49 57

G E N E V E (022) 788 42 88 (022) 788 42 92

P A R I S (33-1) 45 73 66 00 (33-1) 46 80 78 70

/AVAVfy avec des gants blancs

Les religions sont-elles violentes? Inquisition, condamnations au bûcher, pogroms ou guerres saintes, l'histoire de la chrétienté est truffée d'exemples d'actes d'une rare cruauté. Sous le régime bernois, le Pays de Vaud a même connu l'une des plus belles séries de procès pour sorcellerie de toute l'Europe. Pourquoi tant de haine au nom de beaux principes? Page 29

Etudiant, un métier en pleine mutation On a longtemps imaginé la vie de l'étudiant comme un court passage idyllique entre le gymnase et un pre­mier métier. La réalité actuelle est tou­tefois assez différente de ce cliché usé. Si la durée des études universitaires n'a pas tellement changé, le contexte dans lequel elles s'effectuent a, lui, passablement évolué. Les études de­venant ainsi le premier métier d'une longue série. Page 8

IMPRESSUM Allez savoir! Magazine de l'Université de Lausanne No 5, juin 1996 Tirage 20'000 ex. Rédaction: Service de presse de l'UNIL Axel-A. Broquet resp., Florence Klausfelder BRA, 1015 Lausanne-Dorigny Tél. 021/692 20 71 Fax 021/692 20 75 Internet: http://www.unil.ch, rubrique journaux et magazines de l'UNIL Rédacteur responsable: Axel-A. Broquet Conception originale et coordination: Jocelyn Rochat, journaliste au Nouveau Quotidien Ont collaboré à ce numéro: Sonia Amai, Pietro Boschetti, Jean-Bernard Desfayes, Jérôme Ducret, Nicolas Imhof, Isabelle Musy, Alexandra Rlhs Photographes: Nicole Chuard, Alain Herzog Correcteur: Albert Grun Concept graphique: Richard Salvi, Territet/Montreux Imprimerie et publicité: Presses Centrales Lausanne SA Rue de Genève 7, 1003 Lausanne Tél. 021/320 59 01 Photos de couverture: Fourmi: W. Bauer Chillon: R. Salvi JO: DR

Sommaire Edito page 2

Partir en vacances, c'est mourir un peu page 3 Les risques en quelques chiffres page 6 Une enquête sur les vaccins page 7

Etudiant, un métier en pleine mutation page 8 Le coût d'un étudiant n'augmente pas page 11 Etudiant, un métier page 12 Marché de l'emploi: légère détente, mais page 13

Elles s'arment, se battent pour pondre, nous empoisonnent la vie. Mais où sont les fourmis d'antan? page 14

De l'utilité de la recherche page 17 Signes de reconnaissance page 18 Balade dans les supercolonies des fourmis des bois page 19 Mini-guide à l'usage du myrmécologue débutant page 20 En Suisse, les fourmis des bois sont protégées page 21 Un casse-tête pour Darwin page 22

Les J. O. fêtent leurs cent ans. Ont-ils toujours un sens, Georges-André Carrel?

L'interview 6'Allez savoir! page 23

Des croisades aux guerres de religion, l'histoire dévoile la violence du christianisme page 29

Les religions sont-elles violentes? page 34 Gandhi, un exemple de non-violence page 37

Le château de Chillon, ou l'histoire d'un géant paisible page 38

La douce conquête des Savoie page 41 La Fondation de Savoie à Lausanne page 46 Chillon touristique, champion toutes catégories page 47

La formation continue universitaire, pour qui et pour quoi? page 49 Petit extrait des cours de formation continue proposés à l'UNIL page 51 L'Ecole des HEC, un cas un peu particulier page 52 L'UNIL au salon «Computer 96» page 54 Java: une borne qui swingue page 55 Internet: ballade sur le serveur www de l'UNIL page 55

Page 3: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

Edito

L a mode est, nous disent les enquêtes, aux vacances intelligen­tes. Plus question de se poser sur une plage, à un demi-mètre du linge de bain du voisin, pour rôtir des heures au soleil. Cette attitude, on le sait désormais, est potentiellement cancérigène. Et sur­tout intellectuelle­ment peu satisfaisante. Nous voulons, nous disent toujours les enquêtes, mêler détente et enrichissement, dépay­sement et culture, bref, nous voulons profiter des vacances non pas pour paresser béatement, mais pour nous consacrer enfin à tous ces sujets qui nous passionnent, mais qu'une vie pro­fessionnelle trop remplie nous empêche de creuser à satiété.

L 'été arrive, donc, à nous la science, l'histoire, la zoologie et les classiques de la littérature placés depuis des mois sur la pile des livres à lire dès que pos­sible. Mais faut-il, pour trouver son nouveau bonheur, partir pour Antibes (et visiter son Musée Picasso), San Francisco (et découvrir ses musées des pompiers et de la bande dessinée), San-torin (et flâner sur son site archéolo­gique de l'Atlantide, doublé de visites du volcan en sommeil), l'Afrique (et faire des centaines de photos d'élé­phants dans les réserves naturelles) et autres Key West (pour, bien sûr, visi­ter la maison d'Hemingway)?

LES VACANCES REMONTE-Q.I.

P a s for­cément. Le

dépaysement, la détente, l'enrichis­sement et la culture se découvrent aussi à côté de chez nous. Par exemple, en pre­nant la file avec les quelque 288'000 tou­ristes qui, chaque année, visitent le château de Chillon. Un monument qui fait tellement partie

du décor qu'on en imagine davantage le passé paisible qu'on ne le connaît vraiment (voir notre historique en page 38).

Var iante bucolique: le pique-nique dans les forêts qui entourent la Vallée de Joux , histoire d'observer les colo­nies et la course organisée des fourmis, qui, à cette époque de l'année, se voient pousser des ailes. Cette occupation, appelée myrmécologie, est encore pra­ticable sur la plupart des lieux de vacances: les fourmis ont en effet l'habi­tude de se rendre sur les sites touris­tiques dont elles apprécient, comme nous, la chaleur et l'humidité (lire en page 18).

L a mode des vacances intelligentes, devrait, finalement, transformer «Allez savoir!» en compagnon de voyage quasi indispensable. Puisque lui aussi ne cherche, selon la formule consacrée, qu'à informer en distrayant.

Jocelyn Rachat

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

M É D E C I N E

Partir en vacances, c'est un peu

'es vagues

d'Helvètes défer­

lent chaque an­

née, malo surtout

en été, vers ted

destinations exotiques.

Ils ne sont pas toujours

prêts à subir le choc.

Gare à leur santé!

Combien parmi les 7 millions de Suisses ou personnes vivant dans

ce pays s'offrent-ils chaque année un •voyage sous les tropiques? Dites un chiffre... Vite....

Vous n'y êtes pas du tout... Ils sont... 950'000, soit près de 15% de la popu­lation, qui choisissent des destinations exotiques, comme l'Asie (500 000), l'Afrique ou l'Amérique du Sud pour

| y passer leurs vacances, â Une proportion ahurissante

qui donne une bonne idée des moyens que les Suisses peuvent consacrer à leur détente.

Ils en rapportent parfois des souvenirs qui n'ont rien à voir avec l'artisanat local, et qui ont nom hépatites, fièvre typhoïde, voire sida. Le comble est qu' i ls

auraient pu s'en prémunir s'ils avaient été correctement informés avant le départ.

Les agences de vo3'age renseignent brièvement leur clientèle sur les dan­gers associés à un séjour dans un pays tropical ou sub-tropical; mais elles n'insistent pas trop - on peut les com­prendre - sur cet aspect peu motivant. Il ne se trouve guère que 40 000 per-

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 3

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M É D E C I N E : P a r t i r e n v a c a n c e s , c ' e s t m o u r i r u n p e u

sonnes qui daignent chaque année prendre des rense ignements dans un centre médical spécialisé dans les vo­yages lointains, comme celui de Lausanne (n'est en revanche pas connu le nombre de personnes con­sultant à cet effet leur médecin traitant).

L a t u r i s t a , u n m a l t r o p f r é q u e n t

Prenons le cas de la diarrhée du voyageur, si bien nommée «turista» dans les pays hispaniques. Lors d'un séjour d'un mois en Asie, un Suisse sur cinq au mieux, voire un sur deux, est touché par ce léger désagrément capable pourtant de gâcher des vacances désirées. «La fréquence é le j

vée et stable dans le temps de cette indisposition bénigne la fait considé­rer comme un risque normal du voyage», explique le professeur Roger Darioli, de la Policlinique médicale uni­versitaire de Lausanne à laquelle est rattaché le Centre de vaccination et de médecine des voyages.

«Malgré les précaut ions dont s'entourent les personnes averties, il est quasi impossible de se prémunir contre toute contamination. On ne voit pas ce qui se fait dans les cuisines des meilleurs restaurants ou hôtels de l'endroit, on ne sait pas si le marchand de melon n'a pas injecté de l'eau douteuse pour alourdir le produit sur la balance, etc..»

L'Helvète moyen se croyant de sur­croît au-dessus des lois naturelles, il en vient vite, au cours d'un séjour prolon­gé, à abandonner ses bonnes résolutions et hop une glace par-ci, une bonne salade par-là... Or, contre la turista, non

Pourcentage de touristes européens toucbé,i par la «turLita» au cour.) d'un séjour

d'au moins deux .lemaine.i

seulement il n'existe pas encore de vac­cin mais l'arsenal pharmaceutique est symbolique pour ne pas dire inopérant. «On ne recommande pas volontiers les antibiotiques, dit le spécialiste, en rai­son des effets indésirables, de la sélec­tion de souches résistantes et aussi des coûts engendrés par une éventuelle prescription à tous ceux qui partent chaque année dans ces régions.»

ProfeMeur Roger Darioli, de la Policlinique médicale universitaire

de Lausanne

L a r a g e , t r è s r é p a n d u e e n A s i e

Comme il y a des causes diverses à la diarrhée, celle-ci peut

prendre différentes formes et donc se manifester à plusieurs reprises au cours d'un même séjour! Ce n'est pas drôle, bien sûr, mais on se consolera en pen­sant à ce à quoi on a échappé. Par exemple à la rage, qui se situe à l'autre bout de l'échelle par la menace qu'elle fait peser sur les individus: elle n'est pas fréquente mais elle est mortelle si elle n'est pas soignée à temps.

Le risque d'exposition à cette conta­mination, dans les pays asiatiques notamment, est élevé: sur une année de séjour, on estime qu'il y a 5% de gens qui vont se faire mordre par un animal, en général un chien dont on ne connaît pas l'état de santé. Toutefois, cela ne signifie pas que le virus a été transmis. Heureusement, parce que lorsque les symptômes de la rage sont évidents, le patient en est alors au stade ultime de l'affection, mortelle à 100%. «C'est donc une maladie qui nous préoccupe, poursuit le spécialiste, non pas par sa fréquence mais par ses conséquences. »

Les maladies sexuellement trans-missibles (MST ou S T D en anglais) occupent une place importante dans les préoccupations des médecins qui s'intéressent aux conséquences de la bougeotte touristique des Helvètes. Il y a peu, 80% des prostituées thaïlan­daises étaient contrôlées séropositives. Cette situation faisait peser une menace grave non seulement sur la santé des visiteurs étrangers mais aussi sur celle de la population locale; les mesures énergiques prises par les auto-

4 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

rites thaïlandaises pour enrayer la progression de la séropositivité commencent à porter leurs fruits. Ailleurs en Asie et surtout en Inde, les précautions sont encore «loin d'être optimales», pour employer l'euphé­misme d'un médecin.

S o r t e z c o u v e r t s !

«Toute personne concernée par cette éventualité - et 5% de tous les voya­geurs le sont - doit savoir qu'un seul contact, un seul rapport sexuel, suffit pour être contaminé, ajoute cet homme de l'art. Une occasion, le dernier jour, juste avant de repartir... et le mal est fait. Il est impossible de déduire la bonne santé d'une personne de son aspect, de sa bonne mine. Cet avertis­sement s'adresse à tout le monde mais en particulier aux 60% de ces voya­geurs qui n'utilisent pas de préserva­tif, notamment les plus de 40 ans: une enquête zurichoise a démontré que ceux-ci utilisaient moins le préservatif que les jeunes adultes. Probablement, pour des raisons de baisse dans les sen­sations!»

L'utilisation du préservatif se révèle bénéfique non seulement dans la pers­pective du sida mais aussi par rapport aux hépatites B (500 cas par an en Suisse) et C (200 cas); le virus de ces deux formes de la maladie élit domi­cile dans le sang et c'est par lui qu'il se transmet, contrairement aux hépatites A et E, d'origine alimentaire par conta­mination oro-fécale. Si la vaccination est recommandée pour l'hépatite A (600 cas), elle n'est indiquée pour l'hépatite B qu'aux personnes expo-

Le.i maladies sexuellement transmissibles occupent une place importante dans les préoccupations des médecins

sées; c'est le cas pour des séjours de longue durée qui augmentent d'autant la probabilité d'un événement ou dans les milieux menacés, par exemple celui des homosexuels.

L a m a l a d i e l a p l u s d a n g e r e u s e ? L a m a l a r i a

Un autre fléau inquiète la médecine: le paludisme, aussi connu sous son autre nom de malaria. Le palu est consi­déré à juste titre comme la maladie infectieuse la plus dangereuse pour le voyageur qui se rend dans les pays tro­picaux. «N'oublions pas, précise le prof. Darioli, que cette maladie exis­tait en Valais jusqu'au début du XX e

siècle et qu elle a été complètement éra­diquée en Italie il y a une dizaine d'années seulement. Les flux migra­toires, la détérioration des conditions économiques, sociales et politiques dans le tiers-monde l'ont fait réappa­raître dans des régions qui paraissaient depuis longtemps indemnes.»

Quatre conditions suffisent à taire repartir la contamination sur une échelle logarithmique: un homme (ou une femme) infecté, de l'eau stagnante, une température assez élevée et un moustique anophèle qui se fait le vec­teur du parasite plasmodium. Il y a chaque année entre deux et trois cas

mortels de malaria en Suisse parmi les 300 cas déclarés à l'Office fédéral de la santé (= 30 à 50% des cas réels); c'est peu par

rapport au nombre des touristes mais beaucoup trop par rapport à l'effort entrepris pour prévenir la maladie. Les victimes, se croyant sans doute au-des­sus des lois valables pour le commun, se dispensent de traitement prophy­lactique ou se satisfont de traitements insuffisants.

«Au nombre de ceux-ci, affirme le chef du centre lausannois de vaccina­tion, il faut hélas placer l'homéopathie, aussi inefficace en la circonstance que contre la poliomyélite, la fièvre jaune, la rage ou la fièvre typhoïde. En fait, il n'y a pas d'alternative à la vaccina­tion. Celle-ci mime la maladie sans en développer les symptômes et elle donne à coup sûr au vacciné les défenses nécessaires contre la maladie à laquelle il peut être exposé.»

L e s v a c c i n s , u n p a s s a g e o b l i g é

Les contre-indications absolues aux vaccins sont très rares. Mais les recom­mandations sont multiples: des rappels polio, tétanos et dyphtérie ainsi qu'hépatite A sont indiqués pour tous les voyages exotiques. A quoi il faut ajouter les vaccins indiqués pour cer­taines destinations: fièvre typhoïde, méningite méningococcique ou hépa­tite B. Celui contre la fièvre jaune est le seul qui soit obligatoire et encore, dans quelques pays seulement, selon une logique pas toujours claire: il n'est pas obligatoire dans le bassin amazo­nien où la maladie existe, tandis qu'il

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 5

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M É D E C I N E : P a r t i r e n v a c a n c e s , c ' e s t m o u r i r u n p e u

HEPATITE A Pour mon prochain voyage j'ai tout prévu...et vous ?

Vou» qw idei partir en *Q,MC iun ki fOft torrrufnt. tmnu r,>t f>̂wic A paut ètr* rmporcwbn, rfuno Fatigut Kmi « proron{é« qui ptw jlchtr tout r«tenrr « *vi wflwn a> *of*p I Contre (MpMtoAl edw« un» pnxtaion A M k «tort.

Z«v laboratoires pharmaceutiques ont bien compris les avantages financiers

qu 'ils peuvent tirer de la mode des voyages lointaine

est obligatoire au Sénégal où aucune poussée de fièvre jaune n'a été consta­tée depuis un certain temps.

On ne parle presque plus de vacci­nation contre le choléra, une maladie qui ne concerne pas vraiment les tou­ristes; la page réservée au choléra a dis­paru du carnet de vaccination même si certains pays se croient en droit de

l'exiger alors qu'ils devraient plutôt aborder la question en prônant des mesures d'hygiène, ce qui est plus dif­ficile sur le plan politique.

Des vaccins moins douloureux L'épouvantail que représentaient

jadis l'administration d'un vaccin et les séquelles souvent douloureuses s'est aussi estompé. En administrant simul­tanément de trois à cinq vaccins, les médecins se sont aperçus que les effets indésirables du bouquet ne dépassaient pas en gravité ceux enregistrés avec un vaccin isolé; les enfants sont les pre­miers bénéficiaires de ces vaccins com­binés. En outre, aux dires des fabri­cants, les produits actuels, de dernière génération, sont purifiés et donc bien tolérés parce qu'ils ne contiennent que la protéine indispensable pour produire les anticorps neutralisant le virus ou la bactérie concernés.

Tout ce qui précède est de nature à dégoûter définitivement beaucoup de Suisses des voyages. Il n'en est rien heureusement, comme le prouvent les statistiques. Mais si certains devaient, après la lecture de cet article, se sen­tir peu bien ou enclins à différer des vacances au soleil, ils devraient médi­ter cet avis d'un spécialiste, le prof. Danoli: «Voyager dans les régions loin­taines et exotiques comporte le risque d'exposition à des maladies inconnues

Les r isques en que lques ch i f f res

Dans une population de ÎOO'OOO touristes se rendant un mois en Asie, voici quel

serait le nombre de personnes at­teintes des maladies suivantes: Diarrhée du voyageur, turista:

20'000 à 50'000 Hépathi teA: 1*500 Malaria, différents paludismes:

100 à 350 Hépathite B: 100 à 300

Blennorragie: 200

Morsure avec risque de rage:

100 à 150 Fièvre typhoïde: 3 à 30

Poliomyélite: 0,1 à 2

Choléra: 0,3 Encéphalite japonaise, méningite: 0,1

ou peu fréquentes chez nous. Voyager sans aucun ennui de santé est sans doute une question de chance: toute­fois la conscience de certains risques permet de prendre des mesures pré­ventives simples, comme les vaccina­tions ou la chimioprophylaxie, et d'adopter des comportements raison­nables. Les joies de la découverte d'autres cultures, d'autres paysages, d'autres gens et souvent de soi-même, compensent amplement des plaisirs à haut risque...»

Jean-Bernard Dejfayej

Goûter une nourriture inhabituelle peut provoquer des problèmes de santé

6 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

U N E ENQUÊTE SUR LES VACCINS

De juin à septembre 1995, les 1038

voyageurs adultes en partance

pour l'Asie qui ont passé par le

Centre de vaccination et de

médecine des voyages à Lausanne

ont fait l'objet d'une petite

enquête pour déterminer

notamment le degré d'acceptation

des mesures prophylactiques qui

leur étaient proposées.

Cet échantillon touristique était

composé en majorité de jeunes

adultes (âge moyen 27-32 ans

selon les destinations, 43 ans pour

la Chine) désireux de faire des

séjours de 15 à 21 jours en

Indonésie (23,3%), Thaïlande

(15,4%), Inde (14,2%), Vietnam

(9,5%), Malaisie (8,9%), Chine

(7,2%), Népal (6,2%), Sri Lanka

(3,5%) et autres (11,8%).

Pour les vaccins recommandés à

tous les voyageurs, polio,

diphtérie-tétanos, hépatite A, le

degré d'acceptation est

extraordinairement élevé: 90-95%

entre ceux qui sont déjà vaccinés

et ceux qui se font vacciner.

« refus quasi négligeable»

La proportion de refus est quasi

négligeable.

En ce qui concerne les vaccins

proposés en cas de risque élevé

dans certains pays, le degré

d'acceptation est aussi très bon

pour l'hépatite B (75%), la

typhoïde (81%), l'encéphalite

japonaise (75%), la méningite

(92%), moins pour la rage où le

taux de refus atteint 63%, en

majorité des trekkeurs, ce qui est

surprenant. Pour ce qui est de la

malaria, la majorité des touristes

n'ont pas eu besoin de

prophylaxie chimique mais ils ont

pris avec eux un traitement de

secours.

«remise à jour de l'immunisation »

En résumé, constatent les auteurs

du sondage, un voyage sous les

tropiques est une excellente

occasion de remise à jour de

l'immunisation standard. Cette

immunisation est exigée par 33 à

50% des voyageurs, en majorité

des voyageuses au demeurant.

J.-B. Ds

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 7

Page 6: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

U N I V E R S I T É

Etudiant Un métier en pleine mutation

a a longtempd imaginé la vie de l'étudiant comme un court

paddage idyllique entre le gymnase et un premier métier. La

réalité actuelle edt toutefois addez différente de ce cliché uéé. Si

la durée ded étuded univers itaired n 'a pad changé depuis une

quinzaine d'annéed, le contexte dand lequel elied d'effectuent a,

lui, paddablement évolué. A quel point? Une dociologue,

actuellement chargée de recherche à l'UNIL,

commence à lever un

coin du voile.

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

E n 1983, la durée moyenne des études en Suisse jusqu'à la licence

était de onze semestres. Cinq ans plus tard, cette moyenne n'a pas bougé. Contrairement à ce que beaucoup pen­saient, on n'a constaté aucun rallon­gement des études. Idem pour les étu­diants «éternels» (15 semestres ou plus): leur proportion était de 12,6% de l'effectif en 1983 contre 13,3% en 1988.

Les études ne se rallongent pas, mais les écarts entre universités romandes et alémaniques ainsi qu'entre les dif­férentes branches sont importants: des

durées moyennes de 13 semestres à Berne, Zurich ou Bâle alors que les unis romandes affichent 11 semestres ou moins. Exemple, un étudiant ber­nois en psychologie fera sept semestres de plus pour décrocher sa licence que son collègue genevois. Pour la socio­logue Françoise Galley, chargée de recherche à l 'UNIL et auteure de cette enquête de 1991 sur la durée des études*, «le problème, ce n'est pas la durée ou l'allongement des durées, mais les différences et les écarts entre les uni­versités des deux régions linguistiques et les disciplines.»

Un étudiant plus âgé, intégré à une vie familiale et économique

Françoise Galley a cependant fait un autre constat durant sa recherche: «On a observé dans les années quatre-vingts une plus grande diversité de la population estudiantine. La proportion des femmes s'est accrue, celle des étu­diants étrangers aussi, pour ne citer que ces exemples. Il s'ensuit une évo­lution du profil de l 'étudiant et de ses besoins. A l'image traditionnelle de l 'étudiant à plein temps se superpose,

surtout en Suisse alémanique et dans certaines disciplines, l'image d'un étu­diant plus âgé, intégré à une vie fami­liale, sociale et économique, dont l'objectif premier n'est plus forcément de mener à bien des études dans le temps le plus court.»

Qu'en est-il cinq ans et une crise éco­nomique plus tard? On n'en sait trop rien, faute de nouvelles enquêtes. Apparemment, la durée des études n'a que peu varié. Et la population estu­diantine, elle, s'est-elle davantage diversifiée?

L'ère des «returners»

Responsable du service Orientation et conseil aux étudiants de l 'Univer­sité de Lausanne, Claude Roulin est bien placé pour observer les change­ments du public universitaire. Les per­sonnes qui reprennent des études après une période de vie active, par exemple: «C'est difficile à mesurer, mais il n'y a aucun doute que cette population grandit, dit-il. C'est lié à la déstabili­sation du monde du travail. Il y a une demande croissante de formation uni­versitaire pour des gens qui sont dans la vie active ou qui en sortent. On est conscient qu'au cours de sa vie pro­fessionnelle on va changer deux ou trois fois de métier. Et bénéficier d'une large formation représente un sérieux atout. »

Un phénomène qu'on connaît bien aux Etats-Unis où plus de la moitié des nouveaux étudiants dans certaines uni­versités sont des «returners», des per­sonnes qui reprennent des études après un passage par la vie professionnelle. Même si on est encore loin de ces pro­portions, un scénario du même genre se dessine en Suisse aussi. Ainsi, une étude de 1992 sur la situation du loge­ment des nouveaux étudiants à Lau­sanne indiquait qu'un jeune sur cinq commençait ses études à plus de 24 ans

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 9

Page 7: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

U N I V E R S I T É : E t u d i a n t , u n m é t i e r e n p l e i n e m u t a t i o n

et un sur seize à plus de 30 ans. Rien à voir avec l'adolescent fraîchement émoulu du gymnase!

Pouvoir étudier le soir

Pourtant, l'offre universitaire est bien mal adaptée à ces étudiants aty­piques. «Accueillir correctement les «returners» supposerait d'importantes modifications de la culture universi­taire, souligne Claude Roulin. En terme d'organisation des études, tout d'abord, avec peut-être un système de crédits permettant de faire sa licence à la carte. Il faudrait également des changements pédagogiques dans le sens d'une «déscolarisation» de l'enseignement. Et puis, l'horaire devrait être revu de façon à ce que les gens qui travaillent pendant la journée puissent étudier le soir.» Bref, une petite révolution. Mal­heureusement, le débat actuel, condi­tionné par les restrictions budgétaires, ne porte pas vraiment sur ce genre de préoccupations.

Alors, l'université fonctionnant sur le modèle classique de l'étudiant à plein temps, directement issu du gymnase, est-elle décalée? «On ne peut pas par­ler d'un décalage, rétorque Claude Roulin, car ces étudiants atypiques, «returners» ou autres, sont encore trop peu nombreux. Mais rien n'exclut que demain l'université se retrouve effec­tivement en porte-à-faux face à ces nouveaux besoins.»

«On ne sait pratiquement r ien sur les étudiants»

Pour répondre à des besoins chan­geants, encore faut-il connaître le pro­fil sociologique de l'étudiant des années quatre-vingt-dix et ses problèmes. Comme le souligne Jean-François Dâl-lenbach, responsable de la formation supérieure au secrétariat du Conseil suisse de la science: «Un étudiant ne

saurait se réduire à un numéro matri­cule. Il a un passé, il habite un loge­ment, il connaît les fins de mois, les impôts, la peur du chômage. Il a aussi un avenir, une profession future. Or, on ne sait pratiquement rien de nos étu­diants et de leurs problèmes.»

Un manque qui devrait bientôt trou­ver un début de réponse. Le Conseil suis­se de la science a en effet sorti une étu­de à la fin de l'an passé «pour formuler un concept de relevés systématiques en matière de statistique sociale des étu­diants à l'attention de l'Office fédéral de la statistique (OFS)». Armé de ce

concept, l 'OFS pourra lancer des études régulières sur le sujet. Pour Jean-Fran­çois Dâllenbach, c'est là une priorité.

C'est aussi l'opinion de Michel Cam-brosio, secrétaire politique de l 'UNES. «Les responsables de la politique uni­versitaire prennent des mesures sans qu'ils aient aucune connaissance du milieu sur lequel elles s'appliquent. Ils sont donc incapables d'estimer ensuite les conséquences sociales de ces déci­sions. Prenez la politique des bourses d'études. Confédération et cantons déboursent bon an mal an quelque 300 millions de francs, dont 100 millions au

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

bénéfice des étudiants universitaires. Mais on ne dispose d'aucun outil d'éva­luation pour savoir si, oui ou non, cette politique remplit son rôle. Idem pour l'augmentation des taxes d'études: on n'a pas la moindre idée des consé­quences que cela aura à terme sur le milieu étudiant, notamment pour ce qui est de la démocratisation des études.»

Les années quatre-vingt sont terminées

Car Michel Cambrosio en est per­suadé: les contingences d'aujourd'hui sont d'une autre intensité que dans les

années quatre-vingt. «La situation typique est celle de la double dépen­dance financière à l'égard des parents et au fait de trouver un job. Une enquête de 1993 montrait que si les trois quarts des étudiants à Lausanne avaient une activité lucrative, les deux tiers dépendaient malgré tout de l'aide financière de leurs parents. Certes, cette situation n'est pas nouvelle. Mais avec la crise, la marge de manœuvre est désormais bien plus étroite: nom­breux sont les parents qui ne peuvent plus financer l'entièreté des études de leurs enfants. Dès lors, beaucoup d'étu-

es études ne se rallongent

pas, et le coût par étudiant

n'a guère varié, en termes

réels, depuis... 1981. C'est en tout

cas le constat

d'une exper­

t i se 5 réalisée

l'an passé par

trois économistes à la demande de

la Commission AIC (Accord inter­

cantonal sur la participation au

financement des universités). Si les

dépenses totales des huit universi­

tés cantonales entre 1981 et 1993

passent de 1,4 milliard de francs à

2,9 milliards, le coût moyen par étu­

diant, lui, s'établit à 44'500 francs

en 1993 contre 28'520 francs douze

Le c o û t d'un étudiant n ' a u g m e n t e pas

ans plus tôt. Mais, déduction faite

de l'inflation, le coût réel s'est sta­

bilisé aux alentours des 30'000

francs. Autrement dit, les étudiants

ne sont pas devenus plus chers.

Il s'agît d'un coût moyen, ce qui

gomme les fortes disparités entre

domaines d'étude. Le groupe

sciences humaines - sciences écono­

miques - droit est le meilleur mar­

ché (21 '430 francs par étudiant);

viennent en­

suite le grou­

pe sc iences

n a t u r e l l e s ,

sciences exactes, sciences de l'ingé­

nieur (63700 francs) et celui de la

médecine, médecine dentaire et vété­

rinaire, pharmacie (155'650 francs).

P. B.

*On trouvera un résumé

de cette expertise dans la revue

«Vision», no 1/96 (mars 1996).

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 1 1

Page 8: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

U N I V E R S I T É : E t u d i a n t , u n m é t i e r e n p l e i n e m u t a t i o n

diants doivent trouver un emploi, lequel est plus précaire et aléatoire que jamais.»

Etudiant, un statut en sursis

Sans crier gare, le statut de l'étudiant traverse une profonde mutation. D'autant que la société pose à l'université des exigences contradictoires, dans le genre: les é tud ian ts doivent acquér i r durant leurs études une expé­rience professionnelle mais, dans le même temps, on veut des études plus courtes, en particu­lier en Suisse a lémanique. Témoin, toute une série de mesures visant à sanctionner les étudiants «éternels», comme les taxes dissuasives introduites à Zurich pour ceux qui dépassent les seize semestres. Ou la menace d'exmatriculation pour ceux qui échouent dans deux facultés dif­férentes. Une politique qui

L e sociologue français Alain Coulon a consacré une thèse monumentale*

au problème du passage dans la vie universitaire. Surpris par le fait qu'un étudiant sur deux quitte l'université française sans di­plôme, Alain Coulon part de l'idée que «le problème n'est pas d'entrer à l'uni­versité, mais d'y rester». Pour lui, il faut considérer l'entrée à l'uni comme un passage au sens ethnologique du terme. Ce passage suppose l'apprentissage de règles, voire de rites, afin de décrypter le dispositif institutionnel dans lequel le nouvel étudiant va vivre. Il s'agit pour le nouvel arrivant d'opérer une rupture

inquiète l 'UNES, soucieuse des réper­cussions qu'elle pourrait avoir au niveau de la démocratisation des études et de l'égalité des chances.

Coincé entre les pressions budgé­taires qui poussent les hautes écoles à

avec son passé immédiat. C'est un chan­gement total de repères. Cet appren­tissage, qu'Alain Coulon appelle «l'affi­liation», traverse plusieurs étapes: le «temps de l'étrangeté» d'abord, au cours duquel l'étudiant entre dans un univers inconnu; le «temps de l'apprentissage», où il s'adapte progressivement et où une conformisation se produit; le «temps de l'affiliation» enfin, qui est celui d'une maîtrise relative et qui se manifeste

être sourcilleuses sur la durée des études et les contingences du marché du travail, l'étudiant voit son statut tra­ditionnel s'effondrer. Michel Cambro-sio a une formule pour résumer cela: «On est passé d'une situation où l'étu­

diant était ressenti par la société comme un privilégié à une situa­tion où il est toujours vu comme un privilégié, alors que lui-même se rend bien compte que ce n'est plus tellement le cas.»

Ne pas considérer les études comme un métier mène à l'échec

S'il est vrai que le jeune uni­vers i ta i re dispose de plus d'opportunités qu'un autre sur le marché du travail, ses per­spectives ne s'en sont pas moins réduites considérablement (lire encadré). Contrairement aux années quatre-vingt, terminer ses études ne signifie plus qu'on

entre autres par la capacité de transgression vis-à-vis des règles.

| L'hypothèse du sociologue? «Si z on ne s'affilie pas, on échoue ou

on abandonne les études, quel que soit par ailleurs son niveau intel­lectuel. Pour réussir un parcours étu­diant, il faut en faire son métier.»

P.B.

"Alain Coulon. «Le métier d'étudiant. Approches ethnométhodologique et institutionnelle de l'entrée dans la vie universitaire.» Thèse de doctorat d'Etat, Université de Paris VIII, 20 jan­vier 1990, l'130 pages.

Etud ian t , un métier

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

va décrocher sans autre un emploi bien rémunéré et à plein temps. Nombreux sont les jeunes diplômés dont la pre­mière expérience de vie active se résume en une indemnité de chômage de l'ordre de 1 '200 à 1 '300 francs par mois.

Aussi la durée des études n'est-elle pas, en tant que tel, le problème. Pour Françoise Galley, la réflexion devrait plutôt porter sur la durée optimale des études au niveau de chaque discipline. Laquelle est aussi fonction du profil des étudiants, de leur cursus universitaire, de l'efficacité des systèmes de forma­tion. Sujets qui sont à l'origine d'une recherche dans le cadre du programme national PNR 33. Elle s'intéresse aux raisons de l'abandon des études (un tiers des étudiants en moyenne). Ani­mée par le professeur de psychologie à l ' U N I L Rémy Droz, l'équipe de cher­cheurs - Françoise Galley, Markus Diem, Urs Kiener, Thomas Meyer -s'inspire de l 'approche du sociologue français Alain Coulon. Celui-ci a consa­cré une thèse au «métier d'étudiant» («Approches ethnométhodologique et institutionnelle de l'entrée dans la vie universitaire»), où il souligne: «Etre étudiant, c'est un métier provisoire, qu'il faut d'abord apprendre: ne pas le considérer comme tel mène à l'échec.»

Pietro Boécbettl

"Françoise Galley, «La durée des études dans les Hautes écoles suisses. Disparités et facteurs explicatifs», in «Infos de politique scientifique», 1992, édité par le secrétariat du Conseil suisse de la science. Cette étude a été faite sur la base des données statistiques fournies par Thomas Meyer de l'Office fédéral de la statistique.

M A R C H É DE L'EMPLOI: LÉGÈRE DÉTENTE, M A I S . . .

La situation de l'emploi en 1995

pour les diplômés universitaires, un

an après la fin de leurs études, s'est

quelque peu améliorée par rapport

à 1993. La part des diplômés à la

recherche d'un emploi est en effet

passée de 9,2% à 6,4% l'année

dernière, selon l'enquête de Markus

Diem de l'Association suisse pour

l'orientation universitaire [ASOU).

Mais l'écart entre les régions lin­

guistiques du pays reste important,

puisque le taux de chômage des

Alémaniques est de 4,2% contre

10% en Suisse romande.

« Les expériences pratiques limitent le

chômage» Pour l'ASOU, plusieurs facteurs

expliquent cette différence. La situa­

tion conjoncturelle, plus tendue de

ce côté-ci de la Sarine, en est un.

Mais aussi le fait que la formation

universitaire, étant davantage

structurée en Suisse romande, offre

moins de possibilités pour les

étudiants de faire des expériences

pratiques, pendant leur formation,

via des activités lucratives liées à

leurs études. Illustration de ce phé­

nomène: le taux de chômage en

Suisse romande des diplômés ayant

exercé en cours d'étude et pendant

plus d'une année une activité lucra­

tive de même nature que leur for­

mation n'est que de 6,7% à compa­

rer aux 11,1% qui frappent les

autres. Pour l'ensemble de la Suis­

se, les diplômés ayant trouvé un

travail en 1995 étaient plus fré­

quemment employés comme sta­

giaires ou assistants d'université

(cette part est passée depuis 1991

de 30% à 35%). En revanche, la

part des personnes occupant des

postes de cadres s'est réduite de

19% en 1991 à 14% l'an passé.

Cette évolution a impliqué une bais­

se du salaire: le revenu annuel brut

moyen des diplômés occupés à

plein temps a perdu, en termes ré­

els, 1 '700 francs par rapport à 1993.

En pouvoir d'achat, ce revenu est à

peu près le même qu'en 1983. En

valeur nominale, il s'établit désor­

mais à 63'500 francs. La différence

de revenu entre les hommes et les

femmes se monte comme les années

précédentes à environ 8'000 francs.

«Le chômage, ça n'arrive pas qu'aux

autres» Claude Roulin, responsable du ser­

vice Orientation et conseil aux

étudiants de l'UNIL, est bien

conscient de la dégradation du

marché du travail. Mais curieu­

sement, il observe une attitude de

déni de la part des étudiants face à

cette réalité. «Tout se passe comme

si les gens se disaient que le

chômage, ça n'arrive qu'aux autres,

explique-t-il. Et notre service

d'orientation a toutes les peines du

monde à convaincre les étudiants

de se préparer suffisamment tôt à

ce passage à la vie professionnelle.

En somme, ils attendent d'y être

directement confrontés avant de se

préoccuper réellement du

problème.»

Pourtant, le service d'orientation de

l'UNIL organise régulièrement des

ateliers pour la préparation à

l'emploi. Et ceux-ci ne sont pas

uniquement destinés aux étudiants

en train de terminer leur formation.

P. B.

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Page 9: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

Elles s'arment, se battent pour pondre,

nous empoisonnent la vie.

Mais où sont les fourmis d'antan?

1 4 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Jl existe (au moins) deux bonnes raisons

de s'intéresser encore aux fourmis: 2'abord,

en pesant tous Les animaux sur terre, on réa­

liserait qu'elles représentent environ

10% de la biomasse et que leur rôle écolo­

gique, tant comme prédateur que disséminateur

de graines, est fondamental. Ensuite, comment

un tel système, composé d'individus qui coopè­

rent, d'individus qui ne se reproduisent pas,

peut-il évoluer? Quels sont les conflits existant

dans une colo-

nie et les

facteurs de maintien de la

solidarité? Il reste en­

core quelques problèmes à

résoudre...

Musée zoologique de Lausanne

P heidole pallidula, fourmi com­mune du Sud de la France, a eu

les honneurs du magazine scientifique «Nature.» (vol. 379, No 6566), en février dernier, grâce aux conclusions d'une étude menée sur quarante colo­nies par Laurent Keller, biologiste à l'Institut de zoologie et d'écologie ani­male de l 'UNIL, en collaboration avec Luc Passera et deux autres chercheurs français du C N R S de l'Université de Toulouse. Cette espèce parvient en effet à doubler l'effectif de ses soldats,

lorsque les voisins s'incrustent un peu trop près de son aire de pique-nique...

Comment la fourmi devient ouvrière ou soldat

Le type d'alimentation fourni déter­minant si une larve deviendra ouvrière ou soldat, et les ouvrières étant seules responsables de leur élevage, ce sont elles qui décident d'armer la fourmi­lière - au détriment de leur force de travail, car la taille de la colonie n'aug­

mente pas pour autant. Un réel sacri­fice, pour une société qui ne perd jamais le sens de l'économie.

Les fourmis auraient-elles, comme nous, le goût de la conquête?

Laurent Keller répond: «Il y a tou­jours compétition entre les colonies car, à moins d'être fondée sur un nouvel habitat, chacune aimerait agrandir son territoire pour accroître ses res­sources. Pas trop, cependant: le temps consacré à sa défense ne doit pas dépas­ser celui voué à la quête de nourriture.

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

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S C I E N C E S : o ù s o n t l e s f o u r m i s d ' a n t a n ?

Sinon, la colonie va diminuer de taille et les voisins pourront en pro­fiter... Les bénéfices des combats doivent primer sur les coûts.»

Un printemps très guerrier

Il semblerait que les ardeurs guerrières se raniment sur tout au printemps, quand le cou­vain se développe et que les insectes-proies sont encore endormis. En moins d'une heure, les ouvr ières des deux camps vont rameuter une foule de fran­gines et de soldats - mais pas plus de 20% des individus, pour éviter qu'un troisième voisin ne profite de s'instal­ler dans une citadelle vide! Chaque colonie reconnaissant l'odeur des siens, les individus perçoivent leurs forces respectives en enregistrant com­bien de fois ils ont touché l'ennemi; si ces derniers sont plus nombreux, ils reculent. Ces combats durent généra­lement quelques heures et vont rare­ment jusqu ' à l ' exterminat ion, puisqu'un trop vaste territoire ne sert à rien...

Laurent Keller ne se préoccupe pas que de joutes guerrières; il s'intéresse surtout aux conflits se jouant à l'inté­rieur des espèces comptant plusieurs reines. «Pourquoi cette évolution du système, puisque plusieurs reines diminuent le degré de parenté entre les individus? Tout en aidant à maintenir la cohésion de l'ensemble, un appa­rentement partiel favorise le bénéfice

Laurent Keller, biologiste à l'Institut de zoologie et d'écologie

animale de l'UNIL

Fourmis de feu autour d'une reine

que peut retirer un individu à se mon­trer «égoïste» en se reproduisant lui-même: en matière de sélection natu­relle, le seul but de chaque organisme est en effet de transmettre un maximum de ses gènes à la génération suivante. Pour y parvenir, il peut se reproduire ou aider des individus entiers à le faire, parce qu'ils ont un profil génétique commun.»

A un stade ancestral, une ouvrière pouvait probablement transmettre plus de gènes en aidant la reine - g é n é ­ralement sa mère - à se reproduire qu'en le faisant elle-même. Mais il

existe beaucoup d'es­pèces où les ouvrières peuvent se reproduire; dans l'impossibilité d'ê­tre fécondées, elles fabri­quent des mâles.

Les fourmis s'empêchent mutuellement de procréer

Les relations sociales se révèlent ainsi beau­coup plus complexes et conflictuelles que prévu:

\ «Les ouvrières suivent S une règle: elles préfèrent o d'abord se reproduire

1 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

elles-mêmes, ensuite que la reine s'en charge, et enfin seulement leurs sœurs. D'où une étroite surveillance à l'inté­rieur de la colonie... Chaque ouvrière empêche les autres, par des combats parfois mortels, de procréer. Résultat final, c'est la reine qui s'en occupe. Ce système lui permet de dominer l'ensemble, mais pas tous les individus: chez les guêpes et les abeilles, en fin de saison, les ouvrières tuent même souvent la reine, une fois qu'elle a pro­duit des femelles, pour créer elles-mêmes les mâles. La tendance «pour le bien de l'espèce» n'existe pas, c'est cha­cun pour soi!»

Encore une illusion qui tombe: tous sociaux qu'ils soient, les insectes n'ont

décidément rien du modèle à suivre pour créer une société parfaite...

Nos ennemies, ces fourmis «pestes»

Si la fourmi helvétique moyenne «trait ses pucerons et vit paisiblement», certaines ont plus d'ambition. Preuves en sont les sujets d'étude privilégiés de Laurent Keller: la fourmi de feu et celle d'Argentine. Présentation.

La fourmi de feu, dont le venin, parfois mortel , ressemble à celui de l'abeille, doit son nom à l 'infection provoquée par sa p iqûre t rès dou­loureuse et longue à guérir, qui a tout d 'un petit Vésu­ve. D 'un naturel te igneux doublé d 'un appét i t féro­ce, elle p ique dès qu'elle touche la peau. Aucun r is­q u e , p o u r t a n t , d 'en r e n c o n t r e r dans son jardin: le climat europé­en ne leur con­vient pas . Sans p r é t e n d r e con­quérir N e w York, elles appréc ien t pa r c o n t r e les E t a t s - U n i s , où elles sont entrées dans les années 20, depuis l 'Ar­gent ine ou le Pa­raguay, probables p a s s a g è r e s c lan­de s t i ne s de ba­t eaux t r a n s p o r ­tant des plantes ornementa les . —i

es dégâts occasionnés par les fourmis aux cultures dans les pays tropicaux représen­

tent des centaines de millions de francs chaque année, voire des mil­liards au Brésil. Champignonnistes qui découpent les feuilles pour leurs cultures, moissonneuses pillant les graines jusque dans les stocks, tis-serandes qui achèvent les arbres: un bilan catastrophique.

Laurent Keller, où en tà la recherche face à ce,i peàtesl «Elle vise à comprendre leurs méca­nismes de communication internes. En parvenant à identifier la fonc­tion des substances spécifiques à une colonie, il deviendrait possible de manipuler celle-ci de l'intérieur, et donc de lutter uniquement contre l'espèce concernée, avec des pro­duits non toxiques. Réduire sa population offrirait déjà un résul­tat appréciable: vu la compétition importante entre espèces, il est pro­bable qu'une autre parviendrait alors à l'éliminer.» Mais rien n'est simple, comme le

démontre le cas

D e l 'ut i l i té d e la r e c h e r c h e

Résultat A de piqûres de f o u r i n u i

de feu

fréquent d'une espèce qui s'in­troduit dans un nouvel habitat transformé par l'homme, telles les fourmis de feu ou d'Argen­tine: sans pré­dateurs ni para­sites, elles se multiplient et perturbent l'é­cosystème. Au Brésil, par exemple, les monocultures

représentent une aubaine pour les champignonnistes, alors que d'autres, surtout avides d'insectes, vont disparaître. Les espèces qui se nourrissent de^ce que l'homme cul­tive sont ainsi favorisées.

A.R.

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Page 11: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

S C I E N C E S : o ù s o n t l e s f o u r m i s d ' a n t a n ?

Colonie de puceroini et ouvrière fourmi de.i boi.i

Pas difficiles, elles bouf­fent tout, jusqu ' à éliminer de leur habi ta t des espèces d ' o i s e a u x p r o t é g é s en expédiant des commandos jj dans les nids. . . N e dit-on ^ pas même qu'elles résistent ^ aux insecticides? «Pas tout 5 à fait, nuance Lauren t Kel- a

1er. D ' éno rmes t ra i tements avaient permis d ' é rad iquer 90% de ces fourmis, en même temps que d 'au t res insectes. Elles y sont aussi sensibles que les autres , mais ont su recoloniser plus rap idement l 'habi­tat. Résultat : elles étaient plus nom­breuses après qu ' avan t le t rai te­ment. . . Le remède est parfois pire que le mal — sans par ler des consé­quences sur l ' envi ronnement!»

Des insectes qui aiment les sites de vacances

La fourmi d 'Argent ine , moins fé­roce mais tout aussi boulimique, s'est cer ta inement aussi p lanquée à fond de cale, depuis l 'Amérique du Sud, pour coloniser les côtes médi ter ra­néennes: en septante ans, elle est par­venue à exterminer 9 5 % des espèces locales de fourmis et au t res insectes. Avec quelles conséquences?

«Vivant où réside l 'homme, donc dans des milieux déjà per turbés , elles aggravent encore la situation. L'équi­

libre où chaque espèce avait créé sa peti te niche n 'existe plus. Bien plus nombreuses , elles sont par consé­quen t beaucoup plus efficaces.» Mais comment se fait-il qu ' aucun p r éda t eu r ne s'y a t t aque? «Cette fourmi oppor tun i s te était déjà p ré ­adap tée . La difficulté, pour une espèce, est d 'acquér i r un nouveau mode de fonct ionnement . Parmi les nombreux p réda teu r s des fourmis, don t cer taines mouches pondan t leurs œufs sur elles, l 'un d 'eux est peut -ê t re apte à changer, parce qu'il p résente des caractér is t iques assez similaires. Mais un tel phénomène peut p r end re ent re dix ans et d e s m i l l i o n s d 'années. . .»

Ayan t besoin de cha leu r et d 'hu­midi té p o u r p rospére r , elles a p p r é ­cient pa r t i cu l i è remen t , comme cer­ta ins d ' en t re nous , les complexes t ou r i s t i ques du gen re La G r a n d e M o t t e ou P o r t - L e u c a t e ; tou t est à d ispos i t ion , p o u r q u o i se g ê n e r ? Inévi tab les , car t r o p n o m b r e u s e s malgré les t r a i t emen t s , elles on t

p o u r t a n t le savoi r -v ivre de ne pas exiger le gîte en sus du couver t . Di tes - leur merci , la p r o c h a i n e fois que vous en d é b u s q u e r e z dans le suc r i e r de vo t re rés idence d 'é té . . .

Alexandra Riki

S i g n e s d e r e c o n n a i s s a n c e

O uand deux fourmis se ren­contrent, on sait qu'elles peuvent se reconnaître et

^ ^ ^ t c h a t c h e r à toute vitesse, grâce à leurs antennes - chacune disposant d'un potentiel de plus de cent mille récepteurs. Une nou­velle clé de lecture est apparue aux chercheurs: un individu peut dire: «Attention, je cherche de la nourriture» ou encore «je suis jeune, j'ai besoin d'informations» par des substances chimiques à la surface de son corps, qui seraient liées à l'âge ou à l'activité. Cer­taines espèces reconnaissent les différents stades des individus simplement à l'«habit», comme nous pourrions identifier une petite fille à sa jupette rose.

A.R.

1 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Balade dans les supercolonies des fourmis des bois

D epuis vingt ans, dans le J u r a vau-

dois, il tente de décoder un système de superco­lonie quasiment unique au monde, à l'aide d'un bel échantillon: 1200 fourmilières à l'allure de forteresses imprenables, reliées entre elles par un réseau de surface, cha­cune comptant plusieurs centaines, voire un millier de reines. La population de cette supercolonie est estimée entre 200 et 300 millions d'habitants, lesquels cohabitent dans une certaine harmonie puisque les échanges de nourriture ou d'individus y sont fréquents entre voisins.

Un territoire bien protégé

La zone d étude se caractérisant par un climat rude, avec une courte saison d activité et une faible croissance végé­tale, comment vivre dans des condi­tions aussi ardues? Analysée par Da­niel Chenx, «la stratégie mise en œuvre pour s'organiser ainsi est probablement la réponse à ce milieu difficile: mieux qu'une gigantesque fourmilière, le par­tage de l'exploitation d'un territoire permet de dominer un système et de le gérer pour assurer sa survie.»

L'idée était bonne: «Chaque année, la production de sexués est énorme, ce qui prouve que la nourriture est suffi­sante. Produire une reine coûte très cher à la société, si l'on compare ses 35 mg aux 7 mg d'une ouvrière poids moyen. En cas de disette, toutes les ressources sont portées sur la force ouvrière, afin d'assurer la sécurité des individus qui sont en train de pondre les reines.»

Capture et transfert d'une espèce de moustique (baj).

En haut, nid de fourmu dej bou

j ^ a r m i les 131 espèces de

fourmis crapahutant sur ter­

ritoire helvétique, le groupe

Formica rufa, avec ses cinq

espèces de fourmis des bois,

fait l'objet des petits soins de

Daniel Cherix, professeur

suppléant à l'Institut de zoo­

logie et d'écologie animale de

Lausanne et conservateur du

Musée de zoologie.

Les stratégies de reproduction

Pour Daniel Cherix et son équipe , les recherches du moment portent sur les stratégies de reproduction: que se passe-t- i l quand un sexué quitte la fourmi­lière, étant donné que les fourmis des bois sont

incapables de fonder toutes seules une nouvelle société? «Les jeunes reines n'ont que le choix entre le parasitisme temporaire d'une autre espèce, appa­remment peu développé dans la région, ou le retour dans leur société, avec le risque de s'y faire mettre en pièces par les ouvrières... Nous cher­chons à comprendre leur technique, de même que celle d'une espèce différente, qui produit des mâles de deux tailles. Les petits volent mieux que les gros: seraient-ils les agents de dispersion? Mais pourquoi, puisque les femelles sont à disposition?»

Les réponses à ces questions ont des conséquences majeures à moyen terme, étant donné la raréfaction de ces espè­ces en Suisse. Sans dispersion, les colo­nies ne seront plus composées que d'in­dividus s étant reproduits entre eux. Elles pourraient ainsi disparaître, en rai­son d'un coefficient de parenté trop élevé.

Laissons les problèmes délicats aux spécialistes. Mais, la saison appelant aux plaisirs de la balade en forêt, pour­quoi ne pas en profiter pour observer ces infra-terrestres au lieu de planter bêtement un bâton dans leur nid (ce qui compromet l'équilibre thermique, donc le développement des larves, et favorise les inondations de pluie)?

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Page 12: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

S C I E N C E S : o ù s o n t l e s f o u r m i s d ' a n t a n ?

Où les trouver: en prenant la route du Mar-

chairuz, de la croisée de Gimel jusque dans la vallée de Joux, ainsi que dans le Risoux, vous êtes sûr de tomber sur de fortes concentrations, voire même sur une supercolonie.

A ne pas man­quer: à partir de mi-juin dans le

J u r a (un mois plus tôt sur le Plateau), si vous croisez de bizarres «fourmis volantes», vous êtes en pleine séquence de vol nuptial: specta­culaire et sans danger, à condition de respecter

leur intimité. Le happy end est

rare: moins d'une femelle sur

mille réussira a franchir toutes les

étapes de sa vie amoureuse. Aussi à la noce, des

oiseaux viennent se goinfrer des mal­heureux époux...

En pidte: chaque année, les fourmis des bois utilisent les mêmes pistes, bien visibles, qui

mènent à leur terrain de chasse. L'espèce possède une mémoire visuelle de son environnement (zones d'ombre et de lumière) qui subsiste durant l'hiver et leur permet de retrouver la route du supermarché. Prudentes, elles déposent aussi des substances chi­miques sur le sol pour que les suivantes ne se perdent pas.

Technique de chaude: les four-rageuses chassent générale-

Daniel CherLx, profeMeur suppléant

à l'Institut de zoologie et d'écologie animale de Lausanne

et conservateur du Musée de zoologie

ment seules, essentiellement des proies mobiles. Action en trois phases: détec­tion, ouverture des mandibules et antennes dirigées vers l'avant, puis cap­ture de la proie par les mandibules, par­fois assortie d'un jet d'acide formique pour l'immobiliser. Ces mouvements apparemment désordonnés servent aussi à recruter de l'aide en cas de résis­tance et pour le transport.

Récolte moyenne, en été, d'une fourmilière de 150 000 individus, comptant 20% de fourrageuses: 3500 proies en 24 heures.

A table: vous croyez les in téres­

ser? Pas sûr. Les four­rageuses, qui n'ont pas de temps à perdre, vont ramener au nid tout ce qui se transporte et semble comestible, mais le service du tri, à l'entrée, risque d'en jeter illico une bonne partie... Bien qu'appréciant la viande et tous les mets sucrés, elles pourraient même chipoter sur vos belles pêches bien mûres , qui n ' auron t jamais la saveur du

ï délectable miellat de m n

S pucerons... z

Une fourmi vous grimpe dessus: ne vous éner­vez pas. Myope exploratrice en quête d'un nouvel habitat

ou d'un bon rôti, elle sent la chaleur et les odeurs. Bêrk! Auriez-vous pris une douche ce matin, pour puer autant? Attendez trois jours; votre odeur, un peu plus convenable, vous permettra de les observer sans les déranger!

Pas encore découragé? Installez-vous au bord d'une autoroute fré­quentée à la cadence de trois cents four­mis/minute, et essayez de suivre un individu (une marque au spray pour abeilles ou au feutre permanent, non toxiques, vous aidera à reconnaître Zazie et Chloé).

Une belle occasion de laisser quelques mythes au vestiaire:

La travailleuse zélée: elles ont toutes l'air stressées, mais

^ % on remarque vite qu'elles man­quent d'esprit de suite, et que certaines ne fichent strictement rien! Comment

2 0 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N S B

En S u i s s e , l e s f o u r m i s d e s b o i s

s o n t p r o t é g é e s .

S e r a i e n t - e l l e s m e n a c é e s

d ' e x t i n c t i o n ?

guide à l'usage lécologue débutant

une société comptable dans l'âme tolère-t-elle ces feignasses? Nuance: leur inutilité n'est pas irrémédiable. En enlevant d'une piste un certain nombre d'individus actifs, une chercheuse américaine a constaté que les flemmards les remplaçaient immé­diatement. Une main-d'œuvre de réserve pratique en cas de mauvaise rencontre: un pic, par exemple, ne fait qu'une becquée de plusieurs milliers de fourmis.

L'efficacité: quand un groupe transporte une brindille, il y en a toujours une qui domine un

peu les autres et tire dans un sens; si elle a le malheur de lâcher, les autres repartent de l'autre côté... apparemment d'une inefficacité intégrale. Mais là encore, l'honneur est sauf: grâce à une suite d'individus motivés, la proie finit toujours par atterrir dans la fourmilière.

Le pouvoir monarchique: le modèle d'une monarchie à tête unique faisant trimer ses ouvrières est relativement rare. De plus en plus d'espèces partagent le

pouvoir entre plusieurs reines, straté­gie qui semble assez efficace. Mieux encore: ce sont les ouvrières qui détien­nent le pouvoir, puisqu'elles peuvent décider du genre d'individus qu'elles souhaitent voir peupler la colonie. Indispensable à la survie de l'espèce, savoir pondre ne suffit pas pour gou­verner...

A.R.

Condensé selon Daniel Cherix et son ouvrage «Les fourmis des bois», Atlas visuels, Payot Lausanne, 1986.

on, mais elles sont j j sur la liste rouge.

Notamment sur le Plateau, qui ressemblera bientôt à un mini-désert, malgré les essais de préservation. Les four­mis des bois y ont terriblement souffert de tous les aménage­ments forestiers et remaniements parcellaires. Elles rencontrent moins de problèmes dans les Alpes et dans le Jura, où l'exploi­tation sylvo-pastorale est demeu­rée plus traditionnelle. Dans cet esprit-là, le concept du Parc jurassien vaudois intègre homme et nature et leur offre un milieu relativement protégé.»

PARLEZ-VOUS FOURMI?

Avec leurs multiples entrées -

tactile, chimique et auditive -

c'est peu dire qu'elles usent de

systèmes de communication

complexes. Sans compter leurs

interférences, garde-fous

permettant d'éviter les erreurs qui

condamnent une espèce. Si

quelques mots, comme «alarme»,

correspondant aux substances

chimiques émises, ont pu être

décryptés, aucune construction

suffisamment logique ne permet

aujourd'hui aux chercheurs de

prédire que, dans dix minutes,

cette ouvrière se dirigera

précisément vers votre garde-

manger- d'où vous ne parvien­

drez pas davantage à la déloger

sur une simple menace. En revan­

che, pour peu qu'elle y découvre

une source de nourriture conve­

nable, elle mettra à peine quel­

ques minutes pour rameuter une

foule de congénères...

Quelques expressions faciles à

comprendre:

«J'ai fa im»;

L'échange de nourriture, stockée

sous forme liquide dans le jabot

social, séparé de l'estomac, et

pouvant être dégurgitée par un

jeu de muscles particuliers, se

passe au sous-sol entre deux ou­

vrières: la solliciteuse tambourine

la tête de sa congénère donneuse,

qui place ses antennes vers

l'arrière en signe d'acceptation.

«Prête à l'attaque»;

Chez la fourmi des bois, corps

arc-bouté pour projeter le contenu

de la glande à poison, man­

dibules bien ouvertes et antennes

agressives... Gare au jet d'acide

formique, concentré à plus de

50%! Mêlée à d'autres

substances, l'émission déclenche

un état d'alerte général dans la

fourmilière.

«Danger»;

Martèlement du sol avec la tête

pour prévenir les copines.

A.R.

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 2 1

Page 13: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

S C I E N C E S : o ù s o n t l e s f o u r m i s d ' a n t a n ?

U N CASSE-TÊTE POUR D A R W I N De Pierre Huber, qui publia sa

«Recherche sur les mœurs des

fourmis indigènes» en 1810, à

Heinrich Kutter, en passant par

d'autres illustres passionnés du

dimanche tels Edouard Rugnion,

Carlo Emery, Auguste Forel et

Félix Santschi, la Suisse bénéficie

d'un «lourd passé myrmé-

PRESENTATION DE LA SOCIETE

cologique», comme le relève Daniel

Cherix. D'après lui, que peuvent

donc bien encore nous apprendre

les fourmis?

Tout! Une des orientations

actuelles de la biologie est de

comprendre les phénomènes

d'évolution. Si le néo-darwinisme

est aujourd'hui généralement

accepté par le monde scientifique,

Darwin lui-même avouait que sa

théorie de l'«individu le mieux

adapté qui est le plus apte à se

reproduire» était mise en échec par

les fourmis, puisque la majorité

des individus, les ouvrières, ne se

reproduisent pas.

L'étude sur les insectes sociaux a

été relancée en 1975 par un ou­

vrage clé d'Edward Wilson,

professeur à Harvard, «Sociobio-

logy», où il développe la théorie de

«sélection de parentèle»: l'objectif

d'un individu est d'obtenir des

copies de ses propres gènes en

s'arrangeant pour en retirer un

bénéfice, en nombre ou en qualité

des descendants. Si les coûts de re­

production sont trop élevés, il s'ar­

rête. Pour parvenir à un bénéfice, il

faut développer certains comporte­

ments sociaux qui peuvent s'appa­

renter à l'altruisme.

« Les mâles sont de vraies demi-

portions» Chez les fourmis, les mâles sont de

vraies demi-portions: ils ne

possèdent que la moitié du

patrimoine génétique. Lors de

l'accouplement avec une reine, les

variations seront très faibles. La

reine va ou non féconder ses œufs;

si elle ne le fait pas, elle produira

des mâles (lesquels ont donc une

maman, pas de papa, mais un

grand-père). Conséquence directe:

les ouvrières sont plus apparentées

entre elles qu'à leur mère ou à

leurs propres filles. Dans l'absolu -

LO c o

TU "O

Ë

•o tà

S "D D 9 une seule reine, fécondée une seule

fois - les ouvrières sont apparen­

tées à 75%, ce qui dépasse de loin

tout ce qui est connu dans le

monde animal.

Collaborer avec des individus qui

ont avec vous plus de la moitié des

gènes en commun permet de

développer un comportement

altruiste. Les ouvrières renoncent à

la reproduction parce que le gain

est nettement supérieur si elles

s'occupent de leurs sœurs, et

favorisent l'espèce par ce biais-là.

Voilà ce que Darwin ne parvenait

pas à justifier.

Le fait que les fourmis soient si peu

nombreuses en comparaison d'au­

tres insectes - pas plus de ÎO'OOO

espèces connues aujourd'hui - tout

en ayant réussi à dominer la surfa­

ce de la terre, démontre qu'elles

ont mis au point une stratégie glo­

bale très performante!

A.R.

«L'organisation jociale des fourmù», Luc Passera, collection Bios/Université Paul Saba-tier, Ed. Privât, 1984 «La fourmi et le dociobiologiéte», Pierre Jaisson, Ed. Odile Jacob, 1993. ...et deux pour fantasmer:

Deux livres pour comprendre Question rigueur scientifique, Ber­nard Werber repassera! L'auteur des «FottrmLi» et du «Jour des fourmi)», dis­ponibles en Poche, a multiplié rac­courcis et erreurs. Mais rien

n'empêche de succom­ber à la fascination

aussi vieille que l'humain pour cet infra-monde parallèle, en dévorant la saga de l'improbable rencontre de nos deux civilisations.

A.R.

BBH9NNBMH 2 2 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

I N T E R V I E W

Les J. O. fêtent leurs cent ans.

Ont-ils toujours un sens,

Georges-André Carrel?

Georgej-André Carrel, À^k directeur du service des sparts de l'Université'de Lausanne etdel'EPFL

6 avril 1896s'oLivraient à Athènes les premiers Jeux Olympiques de l'ère moderne.

Cent ans plus tard, que reste-t-il des idéaux de Pierre de Colibertin?

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 23

Page 14: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

I N T E R V I E W : L e s J e u x O l y m p i q u e s o n t - i l s e n c o r e u n s e n s ?

L es sportifs forment-ils cette élite chevaleresque dont le baron

rêvait? L'argent, les médias et la poli­tique ont-ils corrompu tout l'édifice? Georges-André Carrel, directeur du service des sports de l'Université de Lausanne et de l 'EPFL, pense qu'au fil de leur évolution, les J e ux ont su res­ter les Jeux .

Allez Savoir!: Avez-vous personnellement participé aux Jeux Olympiques?

Georges-André Carrel: Les J . O . m'ont d'abord coûté très cher. J 'a i suivi en Suisse toute la formation possible en matière notamment de volley-ball, dont je suis expert international. Pour me perfectionner, il ne me reste que les «clinics», sorte d'ateliers touchant tous les aspects du sport (psychologie, nutri­tion, entraînement) organisés sur le site et pendant la durée des J . O . J 'essaie de participer chaque fois à un de ces ateliers au moins, une formation conti­nue entièrement autofinancée...

Plus sérieusement, j 'ai 48 ans, et chaque fois que je vais aux J . O . , je suis comme un gamin. L'ambiance olym­pique est très particulière. Durant quinze jours, on côtoie la qualité et l'excellence, un savoir et un savoir-faire uniques. Quand je reviens, je suis animé de nouveaux projets, de rêves, d'idées. C'est à chaque fois une remise en question, un nouveau départ, un puits de motivation.

Les J . O . sont vraiment quelque chose d'incomparable. Le rire côtoie les larmes et l'on passe plus vite que nulle part ailleurs de l'un à l'autre. De voir ces deux sentiments si proches, dans l'émotion sportive, vous fait vraiment

Les Jeux Olympique.) d'Athènes, en 1896

2 4 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

grandir. Maintenant, c'est vrai qu'il y a tout le reste. Il ne faut pas aller aux J e u x Olympiques avec des œillères, mais je crois vraiment que si l'on n'y va que pour chercher le dopage, l'argent, l'influence des sponsors, etc., on rate l'essentiel.

A. S. !: Le poids grandissant de l'argent est justement l'une des évolutions que l'on reproche aux Jeux...

G.-A. C : La présence de l'argent est un peu comparable à celle des médias, les deux étant d'ailleurs liés. L'argent est à la fois un atout, dans la mesure où il permet à l'athlète de se préparer à une compétition en étant déchargé des soucis financiers, et une source de pression, dans la mesure où les résul­tats du sportif doivent correspondre aux attentes du sponsor. Mais au mo­ment du départ, ce n'est pas un chèque que l'homme voit sur la ligne d'arrivée. Il ne faut pas oublier qu'une finale olympique du 100 mètres, par exemple, est un événement unique. Et c'est cela qui fait qu'une telle course reste avant tout un acte sportif. Chaque fois que j'assiste à un tel événement, j 'éprouve le même sentiment que lors des deux accouchements de mon épouse. L'ins­tant unique du départ et la course sont des moments de création. Le fric, les sponsors, tout ça redevient très présent deux heures après, j 'en suis convaincu. Mais pendant l'acte sportif, il n'y a que l'homme qui est présent. C'est un acte très vrai. Et puis il faut quand même arrêter de rêver: sans argent, il n'y a pas de bonne préparation pos­

sible. Aujourd'hui seuls les profes­sionnels peuvent gagner, il n'y a plus d'amateurs.

A. S. !: Pourtant, à l'origine, les J.O. étaient quand même réservés à des amateurs... Est-ce que les sélections sévères par la fédérations nationales ne bruent pas cet idéal, ainsi que celui de la participation avant tout? Si voiu n 'avez pas de chance de gagner, voué restez à la maiion...

G.-A. C : Ce n'est pas tout à fait vrai: on avait déjà des professionnels aux J e u x Olympiques de l'Antiquité. Et franchement, c'est impossible de ne pas poser de limites de sélection: il y a déjà dix mille athlètes... Sur ce nombre, 9'500 savent qu'ils n'ont aucune chance de médaille. Mais ils sont fiers de par­ticiper parce que c'est une consécra­tion, la récompense d'un investissement énorme. Leur participation est donc pur plaisir, l'effort est venu avant. Le C.I.O. et les fédérations internationales fixent des quotas par pays et les fédé­rations nationales, avec l'aval des Comités Nationaux Olympiques, se

chargent de sélectionner les sportifs. Il y a ainsi des

places réservées pour des pays qui n'ont pas de grands cham­

pions ou de grandes équipes dans cer­tains sports. C'est déjà une garantie de participation. Mais les J e u x Olym­piques représentent avant tout la ren­contre des meilleurs athlètes du monde; il ne faut pas être utopiste. J e suis tout à fait favorable à une sélec­tion sérieuse. Où est le plaisir pour un coureur à finir cinq tours derrière le premier, sous les huées du public qui se dit: «Mais qu'est-ce qu'il fout ici, machin? » En plus, il y a des situations dangereuses. Quand je vois un skieur du Cameroun se présenter au départ de la descente olympique de ski, juste pour qu on puisse dire qu 'il a participé, moi je lui crie «freine! ». Le type est en danger de mort.

A. S. !: A propos de médaille, on dit aussi que sans dopage, pas de première place. C'est vrai?

G.- A. C : Non. J e suis sûr qu'on peut être champion sans se doper. Mais c'est un problème tellement vaste qu'il est absurde de vouloir en faire le tour en une question et une réponse. Il pose toute la problématique des liens entre sport et éthique. A mon avis, le fond du problème, c'est: peut-on faire confiance à l'homme aujourd'hui? Et l'on aurait tendance à répondre non. Parce que l'homme ne sait pas accep­ter ses limites; il ne l'a d'ailleurs jamais su. Après avoir amélioré les revête­ments et les surfaces, les chaussures, les techniques, la théorie de l'entraî­nement (nutrition, psychologie du sport, management, coaching, pro­grammation neurolinguistique), que sais-je encore, il faudrait qu'on admette que les records ne vont pas continuer à tomber. Mais non.

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 2 5

Page 15: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

I N T E R V I E W : L e s J e u x O l y m p i q u e s o n t - i l s e n c o r e u n s e n s ?

A. S. !: On reproche aussi au C.I.O. d'être une réserve de dinosaures qui tarde à introduire des sports «jeune*)», tel) que le snowboard ou le beach-volley, alors que des sports peu attractifs sont maintenus?

G.-A. C.: C'est injuste. Le beach-volley et le V.T.T. seront sports olym­piques à Atlanta, et le snowboard aura le même statut à Nagano en 98. Il y a une immense réflexion au sein du C.I.O., ne serait-ce qu'à l'intérieur de certaines disciplines perçues comme dépassées, pour en améliorer l'attrac-

tivité. C'est vrai que certaines nou­veautés ne sont pas introduites

immédiatement, mais le Comité a raison d'attendre: il faut du temps pour distinguer un

simple mouvement de mode d'un véritable sport naissant.

J e trouve que les J e u x Olympiques ont aussi une fonction éducative: c'est la manifestation idéale pour présenter aux jeunes des sports moins médiati­sés, qu'on ne voit jamais à la télé. Ça permet de découvrir d'autres disci­plines, et en plus c'est très bien filmé.

A. S. !: Les Jeux Olympique*) devraient en principe rester à l'écart de la politique. Est-ce possible?

G.-A. C : Non, ils ne peuvent être que politisés. Comment penser que l'on peut oublier la marche du monde pen­dant quinze jours? D'ailleurs, J u a n Antonio Samaranch est reçu partout comme un grand homme d'Etat et vous verrez que comme chaque FOIS, les grands hommes politiques du moment iront à Atlanta. Mais il y a différents

2 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Epreuve de gymnastique, aux JO d'Athènes en 1896, devant un public clairsemé

cas de figures d'utilisation des J e u x Olympiques à des fins politiques. Certains athlètes

utilisent leur participation ou leur victoire pour r evend iquer

quelque chose, comme par exemple les deux coureurs noirs qui ont levé une MAIN gantée de cuir noir pour attirer l'attention du public sur la situation des Afro-Américains aux Etats-Unis. Il y a aussi les grandes puissances qui uti­lisent la victoire de leurs ressortissants à des fins idéologiques, comme on a pu le voir pendant longtemps avec le bloc de l'Est opposé aux Etats-Unis dans la course à la médaille. Aujourd'hui, la tendance est plutôt à l'exhibition du drapeau national, que le vainqueur brandit dans le stade. Franchement, je ne le ferais pas. Mais je ne crois pas que ce soit toujours du nationalisme. Il y a en sport une émergence de nou­velles petites nations, et pour les ath­lètes de ces pays-là, j'ai l'impression que brandir le drapeau national est une manifestation existentielle. Ils ont envie d'associer tout leur pays à la victoire et de dire : «Regardez, nous existons!» C'est beaucoup plus spontané, plus jeune que ce qu'on voyait du temps de la guerre froide. J e ne sais pas. Tout dépend de la façon dont on le regarde. Lorsque j 'ai le sentiment que cet acte signifie «vous avez vu, la SUISSE est la meilleure», ça me gêne. Mais ces mani­festations peuvent AUSSI être joyeuses, faire partie de la fête. En tout cas, je reste attentif.

A. S. !: En conclusion, on peut dire que si vous reconnaissez certaines dérives, pour vous les Jeux resteront malgré tout toujours les Jeux?

G.-A. C : Malgré tout ce qu'on peut reprocher aux Jeux , il reste le fait que pendant quinze jours sont réunis au même endroit les dix mille meilleurs athlètes du monde, et que toute la pla­nète les regarde. Cela les pousse à des degrés de dépassement impensables ailleurs. Il y a enfin un désir d'excel­lence, de qualité, et l'acte sportif lui-même.

LE meilleur exemple de l'esprit des J e u x est peut-être ce qu'on a vécu à Barcelone avec la Dream Team. Le bas­ket américain est sans doute ce qu'on trouve de plus professionnel dans le sport actuel; en un sens, cette équipe INCARNE une grande partie des change­ments survenus aux J eux OK/mpiques. Eh bien, JE n'ai jamais vu des gens s'amuser autant, avoir un tel plaisir à jouer. Ils étaient merveilleux à voir: créatifs, drôles, pleins de joie. Ils sont de grands champions parce qu'ils ont gardé la faculté de jouer; en plus de tout le reste et par dessus tout le reste, ils se font plaisir. Pour MOI, c'est ça le sport, et c'est ce qu'on trouve parfois de façon condensée aux J e u x Olym­piques.

Propos recueillis pur Sonia Arnal

S^~y eorges-André Carrel, m - maître de sport depuis X^M- 1978 au service des sports UNIL-EPFL, en assume la direction depuis 1991. Joueur, joueur-entraî­neur, puut entraîneur, il est lié à la destinée du LUC volley-ball depuis 1971. Il a notam­ment mené l'équipe masculine cinq fou consécutivement au titre, de 91 à 95.

— Du volleyball, il dit: «On a écrit que le volleyball suisse me devait beaucoup, mais ce n'est pas vrai. C'est moi qui doit beaucoup au volley. Il m'a appris la volonté, la créati­vité, le surpassement, la tolérance. J'ai énormé­ment reçu des défaites et des victoires vécues sur les terrains de jeu. Tout ce qu'on a pu m' enseigner par la suite en matière de leadership, de coaching, de management, n'a fait que confirmer ce que j'avais empiriquement découvert par le volley.»

- Du sport: « Qu'on enlève au sport la volonté, la ri­gueur, la discipline, il reste au moins le jeu, c'est tou­jours quelque chose. Si c'est le plaisir qu'on enlè­ve, je ne sais pas ce qui reste, mais en tout cas ce n'est plus du sport.»

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 2 7

Page 16: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

2 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

UNIV€RSIT€ D€ LAUSANN€

Fondation du 450? Rapport annuel I 995-1996

O urant l'exercice 1995, la Fonéotlon du 450 anniversaire de l'Université de lausanne a alloué 71 subsides (1994:

69), dont 35 destinés aux sciences expérimen­tales et 36 aux sciences humaines pour un total de Fr. 355'340.-. Sur ce montant, Fr. 90W0.-ont été versés à la Commission locale de la recherche scientifique (FNRS), afin de renforcer son soutien aux jeunes chercheurs.

la fortune de la Fondation est passée de Fr. 5'252'567, au 31.12.1994 à Fr. 5W520.-au 31.12.1995. la gestion de cette fortune est confiée à l'efficace responsabilité du Fonds de gestion des biens universitaires voudois.

Deux nouveaux membres siègent au sein du Conseil de Fondation: il s'agit de Mme Marion Gêtaz, présidente de l'Ecole hôtelière de lausanne, et de M. Eric Junod, recteur de l'UNIL. Hous leur souhaitons une cordiale bienvenue. Ils ont remplacé MM. Roger Givel et Pierre Ducrey, membres fondateurs, auxquels va toute notre reconnaissance pour l'apport qui a été le leur: celui d'avoir été à l'origine de la création de la Fondation, celui d'en avoir fixé la mission, celui d'avoir contribué à en assurer la marche pendant près de 10 ans.

L'existence de la Fondation du 450e anniver­saire, toujours ouverte à recevoir des dons, attes­te de son utilité au travers des nombreuses demandes d'appui dont elle fait l'objet: complé­ment de subside au Fonds national de la recherche scientifique, soutien à la recherche, échanges internationaux, organisation de col­loques scientifiques, soutien à des publications sous le sceau de l'UNIL

Les subsides sont alloués selon les critères d'attribution fixés par le Conseil de Fondation qui se réunit trois fols par an pour examiner les demandes qui lui sont parvenues.

Il est composé de cinq professeurs de l'Université, dont le recteur, et de quatre person­nalités choisies hors de l'Université.

Hubert Barde, Président du Conseil de Fondation.

Parmi les projets soutenus pat la Fondation

Salman Rushdie, romancier de la différence L a parution des Versets sataniques a

valu à son auteur, Salman Rushdie, une condamnation à mort pour blasphè­me par l'ayatollah Khomeini en 1989. «L'affaire Rushdie» a généré nombre d'articles et d'études sur les circons­tances, les raisons et les conséquences de cette «fatwa», au détriment de la dimen­sion littéraire du roman.

En mai 1990 déjà, Martine Hennard Dutheil, licenciée ès lettres, proposait à la Faculté un projet de thèse sur la question de l'origine dans Les Versets sataniques, sous la direction du professeur Neil Forsyth. Elle a présenté la première étape de ses recherches dans un travail de diplô­me (Master of Arts) soutenu en 1992 à l'Université du Sussex.

La quête de l'origine est au centre de la tétralogie romanesque de Rushdie, qui comprend Les Enfants de minuit, La Honte, Les Versets sataniques et Le Dernier soupir du Maure (paru en 1995). L'auteur porte un regard à la fois nostal­gique et critique sur l'Inde de son enfance, le Pakistan de son adolescence, et l'Angleterre de sa maturité. L'expérience de l'exil hante les «patries imaginaires» recréées par la magie du verbe. Rushdie s'intéresse aux effets du déracinement géo­graphique, temporel et culturel. Dans Les Versets sataniques en particulier, la figure

emblématique du migrant rend le retour et le recours à l'origine problématiques. Elle met en jeu le discours identitaire pour mieux souligner l'importance des valeurs d'échange, d'hybridité et de métissage.

Salman Rushdie The Guardian, 7.9.95, photo Steve Pyke

Martine Hennard Dutheil inscrit la démarche de Rushdie dans le courant de la pensée post-coloniale. Les Versets sata­niques est en effet exemplaire d'une démarche qui met en question l'héritage occidental. Ce roman baroque substitue à un système basé sur la dualité une forme de pensée plurielle et ouverte à la différen­ce.

Le secret au cœur d'un colloque

A ctif depuis 1993, le groupe ERIE (Enseignement et recherches inter­

disciplinaires en éthique) se propose de promouvoir la réflexion et la formation en éthique aussi bien sur le site universi­taire de Lausanne qu'à l'extérieur.

Il organise régulièrement des sémi­naires et des colloques qui rassemblent des

enseignants, des assistants et des cher­cheurs issus d'un large éventail de disci­plines scientifiques. Ces rencontres com­portent des conférences, des travaux sur textes et des séances de discussion.

Les journées thématiques qu'il a mises sur pied concernaient l'éthique et le jour­nalisme, le normal et le pathologique en

Fondotlon du 45(}de l'Université de Lausanne / Rapport annuel 1995-1996

Page 17: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

SANTÉ ET EN FÉVRIER DERNIER, LE BREVET DU GÉNOME. EN NOVEMBRE 1996. UN COLLOQUE SERA ORGANISÉ SUR LE THÈME «NÉOLIBÉRA­LISME ET JUSTICE SOCIALE».

LE SÉMINAIRE ERIE DE 1994 A ABORDÉ LE THÈME DU CORPS HUMAIN À LA LUMIÈRE DES PERFORMANCES ACTUELLES DE LA MÉDECINE; I L'AN DERNIER, IL S'EST PENCHÉ SUR LE SECRET j DONT LES IMPLICATIONS ÉTHIQUES S'ÉTENDENT I

SUR DE NOMBREUX ASPECTS DE LA SOCIÉTÉ. \ PROBLÈME OU RÉALITÉ DANS LES SECTEURS MÉDICAL, ÉCONOMIQUE, INTELLECTUEL, JURI­DIQUE ET TECHNIQUE, CE THÈME ILLUSTRE BIEN LE CHAMP INTERDISCIPLINAIRE QUE LE GROUPE S'EST DONNÉ MISSION D'EXPLORER.

GRÂCE AU SOUTIEN DU 450E, QUATRE DES PRINCIPALES INTERVENTIONS PARAISSENT DANS LE PREMIER CAHIER ERIÉ.

PARMI LES PROJETS DU GROUPE ERIE FIGURE NOTAMMENT UN SÉMINAIRE INTERNATIO­NAL EN COLLABORATION AVEC L'INSTITUT KURT BOSCH DE SION.

*Ce fascicule peut être obtenu auprès de Carlo Foppa, Faculté de théologie,

BFSH2, 1015 Lausanne, tél. 021/ 692 2 7 09,

e-mail: [email protected]

Femtochimie: chimie, biologie et physique «en temps réel»

Ami-chemin entre chimie et physique, la femtochimie

est née dans les années 80, époque où grâce à l'utilisation grandissante du laser et l'évo­lution technique des instru­ments de mesure, les scienti­fiques pouvaient observer une réaction au moment et à l'en­droit où elle se produisait.

CE DOMAINE A D'EMBLÉE INTÉRESSÉ UN VASTE PUBLIC DE SCIENTIFIQUES ET D'INDUSTRIELS ET A OUVERT DES PERSPECTIVES TRÈS PROMETTEUSES TANT POUR LES CHI­MISTES, LES BIOLOGISTES QUE POUR LES INDUSTRIELS. AU-DELÀ DE LA SIMPLE OBSERVATION, ILS ENVISA­GENT EN EFFET DE POUVOIR INTERVE­NIR DANS LE COURS DE LA RÉACTION POUR CRÉER DE NOUVEAUX MATÉ­RIAUX OU DE MODIFIER LES TECH­NIQUES ACTUELLES.

L'INSTITUT DE PHYSIQUE EXPÉRIMENTALE DE L'UNIL A ORGANISÉ EN SEPTEMBRE 1995 LA DEUXIÈME CONFÉRENCE INTERNATIONALE -RÉPARTIE SUR 5 JOURS - SUR LA FEMTOCHIMIE QUI A ATTIRÉ À LAUSANNE PLUS DE 200 SPÉ­CIALISTES DU MONDE ENTIER. CETTE RÉUNION A

Gas Phase/Beams New Techniques U«uÍds

Solids Biology Vano

Interfaces & Surfaces

MONTRÉ LE FORMIDABLE ÉLARGISSEMENT DES APPLICATIONS DE CES TECHNIQUES, DEUX ANS SEULEMENT APRÈS LA PREMIÈRE CONFÉRENCE TENUE SUR CE NOUVEAU DOMAINE À BERLIN. SES RETOMBÉES SONT DÉJÀ SENSIBLES POUR DES DISCIPLINES TELLES QUE LES BIOTECHNOLO­GIES, LES SEMI-CONDUCTEURS, L'OPTOÉLECTRO­NIQUE ET LES AGRÉGATS MÉTALLIQUES.

Ce graphique illustrait l'affiche de la conférence

LES ACTES DE CE COLLOQUE, PUBLIÉS PAR LE PROFESSEUR MAJED CHERGUI, AVEC L'APPUI DU FONDS DU 450E SOULIGNENT CETTE OUVER­TURE ET LE RÔLE DU PÔLE SCIENTIFIQUE LAUSAN­NOIS DANS LE DÉVELOPPEMENT DE CETTE SCIENCE DU FUTUR.

Espace constitutionnel européen u 9 au 13 avril 1995 s'est déroulé à

M^J Dorigny un colloque international portant sur la convergence du droit constitutionnel en Europe. Y ont notam­ment assisté M. Arnold Koller, chef du Département fédéral de justice et police, et l'ancien Conseiller fédéral Kurt Furgler.

LES BOULEVERSEMENTS VÉCUS EN EUROPE DE L'EST ET LA CONSOLIDATION DE L'UNION EUROPÉENNE ENTRAÎNENT UNE ÉVOLUTION PER­MANENTE DES CONSTITUTIONS QUI RÉGISSENT LA STRUCTURE DES ÉTATS. L'INSTAURATION DE L'OR­GANISATION DÉMOCRATIQUE DE L'ETAT DE DROIT 2

ET L'ÉLABORATION D'UNE STRUCTURE CONSTITU­TIONNELLE COMMUNE S'INFLUENCENT RÉCIPRO­QUEMENT ET INTÈGRENT DE MANIÈRE DIFFÉREN­CIÉE LES TENDANCES ACTUELLES DE DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME ET DES GARANTIES DE PAIX.

LA SUISSE N'ÉCHAPPE PAS À LA NÉCESSITÉ D'ADAPTER SES LOIS FONDAMENTALES AUX CHANGEMENTS DE LA SOCIÉTÉ.

LE COLLOQUE ORGANISÉ À LAUSANNE PAR L'INSTITUT SUISSE DE DROIT COMPARÉ ET LE FORUM EUROPE DE L'UNIL A PERMIS DE CONFRONTER LES DIVERSES ORIENTATIONS CHOI­SIES, EN ÉVALUER LES DÉNOMINATEURS COM­

MUNS ET TRACER LA PERSPECTIVE D'UN ORDRE CONSTITUTIONNEL COMMUN.

CETTE RENCONTRE A BÉNÉFICIÉ DE LA COLLA­BORATION DE L'ASSOCIATION SUISSE DE DROIT EUROPÉEN ET DU CENTER FOR STUDY OF CONSTI-TUTIONNALISM IN EASTERN EUROPE DE L'UNIVERSITÉ DE CHICAGO.

LA FONDATION DU 450E A SOUTENU ROLAND BIEBER, PROFESSEUR DE DROIT EURO­PÉEN À L'UNIL, POUR L'ORGANISATION DE CE COLLOQUE ET POUR LA PUBLICATION DE SES ACTES,

Fondation du 450e de l'Université de Lausanne / Rapport annuel 1995-1996

Subsides accordés en 1995

Echanges internationaux Tacha Hicks Champod, Droit, cours sur l'interprétation du verre et stage de for­mation au Forensic Science Service, G.-B.),2'315.-; Pascal Bridel, HEC, recherche sur l'his­toire de l'économie mathématique au Centre d'études Walras Pareto, ô'OOO.-; Marc Comina. Lettres, l'interprétation lit­téraire après la Déconstruction (recherche postdoctorale), J O'OOO.-; Yves Dubois, peintures murales de la villa gallo-romaine d'Yvonand-Mortagne, par­ticipation à deux colloques internatio­naux, 3 '000.-;

Michel Fuchs, Lettres, participation au Vie Colloque international sur la peinture murale à Bologne. F000.-; Tina Roessler, Lettres, Thèse "La notion de vie dans la Physique aristotélicienne», 5'000.-; Andrea Rychtecky, Lettres, recherche archéologique sur la colonie grecque de Gorgippia (région de la mer Noire), 2'500.-; Alexander Schwarz, Lettres, séjour d'un professeur chinois de Shangai au Centre de traduction littéraire (CTL), 4'900.-; Lylia Tchertok, Lettres, travail de recherche et participation au colloque du CTL sur le discours amoureux, 3'000.-; Tom Tillemans, Lettres, séjour en Inde pour participer à une recherche interna­tionale sur les manuscrits tibétains de Ta pho, F470.-;

Sabina Belli, Médecine, participation au Trypanosomiasis and Leishmaniasis seminar à F Université de Glasgow, F200.-; Florence Steinhauslin, formation en immunobiologie de xénotransplantation, W'500.-; Imre Barta, Sciences, participation au Congrès RNA processing à Cold Spring Harbor, USA, 2'500.-; Petre Baumgartner, Sciences, les Radiolaires du Crétacé supérieur-Paléogène: faunes tropicales et tempérées en Méditerranée et Europe orientale, ô'OOO.-;

Marie-Christine Broillet, Sciences, 23e cours de microbiologie en Sicile, 1-13 mai 1995, F200.-; Biaise Corthésy, Sciences, participation à un congrès sur l'immunité mucosale à Keystone, Colorado, F 705.-; Pallavi Devchand, Sciences, participation à un cours sur Peroxisome proliferator-

activated receptors in xenopus develop­ment, à Cold Spring Harbor, 2'000.-; Monica Gotta, Sciences, participation au Congrès SlR4-lnteracting proteins and telomeric silencing, à Lisbonne, F500.-; Thomas Lemberger, Sciences, étude du stress sur /'expression des récepteurs PPARs,2'000.-; Denis Mavrocordatos, Sciences, caracté-risation structurale de colloïdes organo-minéraux aquatiques, 2'800.-; Philippe Pasero, Sciences, participation au Cold Spring Harbor meeting sur la replication du DNA chez les Eukaryotes, 2'000.-; Yves Poirier, Sciences, visite du D' Alison Baker de T Université de Leeds à l'Institut de biologie et de physiologie végétales, F500.-; Daniel Robyr, Sciences, étude de la struc­ture du gène Bl de la vitellogénine, 900.-

Susanne Schmidt, Sciences, participation au Keystone symposium sur les «Small GTP-binding proteins and growth factors signaling pathways», 2'500.-;

Bénéficiaires FNRS (Don global: 90f0Q0.-) François Baumgartner, Inst. de géophysique. Ground penetrating radar for detecting contaminants in the subsurface. Columbus, USA. 6'000.-; Giuliano Bernasconi, Inst. de physique expé­rimentale. Morphogenèse dans des systèmes de réaction-diffusion. Pessac, France, 7'000.-; Jean-Nicolas Bitter, Faculté de théologie, Pour une prise en compte opérationelle des dimensions religieuses des conflits: une approche interdisciplinaire, Fairfax. USA. 7'000.-; Fabrice Clément. Inst. d'anthropologie et sociologie, La croyance et l'adhésion: une étude interdisciplinaire, Paris, ô'OOO.-: Bernard Favrat, Policlinique médicale uni­versitaire, Détermination des différents fac­teurs pronostics sociaux et cliniques de la réussite ou de l'échec des différents traite­ments de maintenance pour les patients toxi­comanes à l'héroïne, New Haven. USA. ô'OOO.-; Rita Freda, Section de français moderne. Parcours et œuvre du metteur en scène Jacques Lassalle (1967-1995), Paris. 7'000.-; Sabine Kradolfer, Inst. d'anthropologie et sociologie, Un processus de reconstitution de l'identité. L'exemple de la communauté mapuche Antinir et Pilquinan (Argentine). Neuquen, Argentine, ô'OOO.-;

Kristen Tief, participation au congrès «EMBL conférence on mouse molecular ge ne tics» 825.-; Antoine Kernen, SSP, enquête de terrain en Chine du nord sur le développement du capitalisme, 3'000.-; Nadia Spang Bovey, SSP, thèse sur les processus de développement politique, comparaison Europe-Japon, 10'000.-

Organisation de colloques Roland Bieber, Espace constitutionnel européen, ¡O'OOO.-; Jean-Christian Lambelet, HEC, Projet Link, septembre 1996, W'OOO.-; Jean-Jacques Marchand, Lettres, Machiavel diplomate, penseur politique et historien, 5'000.-; Patrick Sériot, Lettres, Langue et Nation: Europe centrale et orientale du XVIF siècle à nos jours (publications des Actes du colloque), 3'000.-; Nicolas Fasel, Médecine, 13th Swiss Trypanosomatid meeting, 2'000.-; Fred Paccaud, Journées scientifiques de

Pierre Lavenex, Inst. de physiologie, Seasonal variations and sex differences in the fox squirrel's memory for object and spatial information: correlations with struc­tural variations of the hippocampus, Berkeley. USA, 7'000.-; Brigitte Maire. Section de latin, Quintus Gargilius Martialis, medicinae ex oleribus et pomis. Edition, traduction et commentaire. Rome, 7 '000.-: Pierre-Alain Mariaux. Section d'histoire de l'art. Les figures de l'autorité dans les manuscrits de Warmond, évêque d'Ivrée (ca 969-ca 1004), Paris, ô'OOO.-; Romain Séchaud, Inst. d'analyse pharma­ceutique, Etude et modélisation pharmaciné-tique et phamiacodynamique du Salbutamol chez les enfants et analyse des protocoées d'investigation clinique, San Francisco. 7'000.-; Sébastien Vincent, Inst. de chimie orga­nique. Détermination de la structure du domaine SH2 N-terminal de Syp par RMN triple résonance et étude de la dynamique par 2H et 15 N RMN. Toronto, ô'OOO.-: Peter Wollenweider. Dpt de médecine inter­ne. Role of P-kinase activation in mediating insulin's mitogenic and metabolic effects. San Diego, USA, ô'OOO.-: Catherine Wahlen Vincent. Inst, de chimie organique, Déplacements chimiques secon­daires en RMN comme aide à l'attribution et à l'établissement d'homologie de structure pour les macromolécules. Toronto, ô'OOO.-

Fondation du 450e de l'Université de Lausanne / Rapport annuel 1995-1996 3

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la Société suisse de médecine sociale et préventive, 3'000.-; Bruno Amati, Sciences, Joint ISREC-AARC symposium: Cancer and Cell cycle, W'OOO.-; Manfred Mutter. Sciences, Ist Lausanne conférence on bioorganic chemistry, 6'000.-; Jean-Daniel Kaestli, Théologie, colloque international sur la littérature apocryphe chrétienne, 3'000.-; Denis Miiller, organisation du colloque sur le thème du secret d'un point de vue éthique (groupe ERIE), 6'000.-.

Publications Michel Marthaler, Lettres, Le Cervin est-il africain?, l'200.-; Majed Chergui, Sciences, Chemistry in «Real Time», articles sélectionnés de la conférence Femtochemistry, Lausanne, septembre 1995, 7500.-; François Masnata, SSP, Pouvoir suisse (réimpression), 2'500.-; Klauspeter Blaser. La théologie au XX' siècle: histoi­re-défi s-enjeux, 5 ' 000. - ; Bernard Reymond, L'architecture reli­gieuse des protestants, 3'000.-.

Soutien à la recherche Franco Taroni, Probabilistic reasoning in the law, recherche postdoctorale à l'Université d'Edinburgh sur l'évaluation de la preuve scientifique, 5'000.-; Aline Delacrétaz, Lettres, Capétiens et art au 13e siècle: étude d'hagiographie roya­

le (thèse), W'OOO.-; Mara-Xeni Garzou, Lettres, La voix d'Orphée. Archéologie classique (thèse), 3'000.-: Martine Hennard, Lettres, thèse enfin de rédaction sur Salman Rushdie, 6'000.-; Evangelos Pteroudis, Lettres, thèse sur les migrations en Grèce, 5'000.-; Philippe Schoeneich, Lettres, datation du glissement des Parchets, aux Diablerets, 4'700.-; Scott Caplin. Médecine, importance du gène p53 dans le traitement du cancer colorectal, W'OOO.-; Marco VannOtti, l'adaptation au risque VIH/SIDA chez les couples homosexuels. Analyse de la relation du couple homo­sexuel, W'OOO.-; Béatrice Arnold, Sciences, caractérisa-tion du gène humain d'une protéine de la myéline du système nerveux central appe­lée MOG (thèse), W'OOO.-; Biaise Corthésy, Sciences, production de protéines à usage médical, 5'000.-; Glynn Ellis, Sciences, comparaison bio-stratigraphiques et de faciès des radio­laires du Crétacé entre les domaines Austral et Tethysien, 3'000.-; Laurence Ruffieux, réserve énergétique et stratégies de reproduction chez les Ephéméroptères, 3 ' 000.- ; Georges Nicolas, SSP, géovision russe des Europes et de VEurasie, W'OOO.-; André Petitat, SSP, espace sémantique du secret, poursuite d'une recherche, 9'365.-.

La Fondation du 450' encourage la recherche scientifique,

notamment en contribuant au financement d'objectifs tels que:

a a a

aide à l'organisation de colloques;

contribution aux échanges internationaux;

appui aux publications de l'Uiversité de Lausanne;

complément aux subventions du Fonds national de la recherche scientifique (FNRS); don global à la Commission locale du FNRS.

Le nombre et l'importance des demandes présentées à la

Fondation du 450' ne cessent de croître.

Les contributions à la Fondation du 450' anniversaire peuvent

être adressées à la Banque cantona­le vaudoise (BCV) Lausanne, cep 10-725-4, Compte 477-626.4.

BILAN AU 31 DECEMBRE 1995

COMPTE COURANT BCV

PLACEMENT À TERME

ACTIFS TRANSITOIRES

IMPÔT ANTICIPÉ À RÉSUPÉRER

PLACEMENT 6BW

SUBSIDES ACCORDÉS À PAYER

PASSIFS TRANSITOIRES

CAPITAL

INTÉRÊTS DISPONIBLES AU 31.12.94

RÉSULTAT DE L'EXERCICE

7150,65

U8W0,00

53'491,24

114,82

5'335'770,30

-56'656,86

•20'926,83

5'514'527,01

PASSIFS

FR.

83'698,40

800,00

5'507'520,30

•77491,69

S'514'521,01

COMPTE D'EXPLOITATION DE L'EXERCICE 1995

CHARGES

FR.

INTÉRÊTS G№

INTÉRÊTS DES PLACEMENTS À TERME

INTÉRÊTS DU COMPTE COURANT

SUBSIDES DU SERVICE DES HOSPICES CANTONAUX

REMBOURSEMENT SOLDE SUBSIDES

DONS À CAPITALISER

CHARGES

EMOLUMENTS DE SURVEILLANCE

FRAIS BANCAIRES

SUBSIDES PAYÉS

ATTRIBUTION DES DONS À CAPITALISER

EXCÉDENT DE CHARGES

TOTAUX

1100,00

142,78

355'340,00

1'550,00

358132,78

PRODUIÏS

FR.

218-082,61

3'540,32

433,02

91'600,00

12'000,00

1'550,00

20'926,83

358132,78

FONDATION DU 450E DE L'UNIVERSITÉ DE LAUSANNE / RAPPORT ANNUEL 1995-1996/IBROQUET, SPUL, MAI 1996

C O N T R O V E R S E

Des croisades aux guerres de religion, l'histoire dévoile

la violence du christianisme

Jiiquuiition, condamnations au BUCBEF pouF

sorcières et sorciers, pogroms ou guerres saintes,

le message pacifique du c B FUI t UNI UNIE s eét

souvent traduit par des actes d'une rare violence.

Explications. —»>

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 2 9

Page 19: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

C O N T R O V E R S E : L e s r e l i g i o n s s o n t - e l l e s v i o l e n t e s ?

Oui mieux que l'his­toire peut témoigner

dè^ambivalence du chris­t ianisme, po r t eu r par essence d'un message pacifique et si souvent emprunt de violence? Le christianisme historique est semé de faits sanglants, comme les croisades ou l'Inquisition, qui ont uti­lisé la religion comme instrument de violence à des fins sociales, politiques et économiques. Professeur d'histoire médiévale à la Faculté des lettres de l'Université de Lausanne, Agostino Paravicini nous aide à retracer et com­prendre ces événements peu glorieux.

«Pendant plus d'un mil-1 é n a i r e , l'Eglise s'est confondue avec le pouvoir. Et c'est cette connivence qui a motivé la violence, com- -mente Agostino Paravicini. A certains moments de l'histoire, la bruta­lité du christianisme est liée à des raisons doctrinales, mais dans la plupart des cas c'est parce que la religion est au service du pou­voir qu'elle peut deve­nir virulente. C'est le spirituel au service du temporel.»

C'est à partir de l'an 1000 que la période médiévale est marquée par une succession de manifestations violentes

Agostino Paravicini, professeur d'histoire médiévale à la Faculté

des lettres de l'Université de Lausanne

liées à des politiques de mise en ordre et de con­trôle social. «Auparavant, l 'Europe subit trop d'inva­sions (Barbares, Vikings, etc.) et n'est pas assez forte pour se tourner vers l 'extér ieur», r emarque l'historien.

Les croisades

«En 1095, l 'Occident est mûr pour partir en «croisade» et aller reconqué­rir le Saint-Sépulcre à Jérusalem». A noter que le mot «croisade» n'apparaît dans les textes qu'après 1250. Les croi­sés et leurs contemporains parlaient plutôt de «voyage de Jérusalem», «voyage vers la Terre Sainte», «pas­sage» ou encore «voyage d'outre-mer».

Les lieux saints ont tou­jours occupé une place importante dans la spiri­tualité de l 'Occident. Le voyage à Jérusalem et le culte des reliques consti­tuaient des pratiques de piété. Ils avaient une valeur expiatrice des péchés et libératrice des maladies. C'est ce climat de vénéra­tion pour la Terre sainte «occupée» par les musul­mans qui a favorisé les pro­jets d'expansion soutenus par le pape. Et jusqu'au X V e siècle, l'Occident va se consacrer à cette entreprise qui combine ouverture vers le monde et violence.

«Le phénomène des croi­sades, qui ne se réduit pas à un simple phénomène de violence, résume la contra-

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

La conquête de l'Amérique (ici une image tirée du film

«Christophe Colomb») a pris l'allure d'une croisade violente et répressive

diction fondamentale du christianisme historique où la croix, symbole du Christ et de la paix, est utilisée à des fins belliqueuses», note le prolesseur Paravicini.

«Le concept de croisade s'étend aussi à d'autres domaines géogra­phiques et historiques que la croisade traditionnelle.» Le pape Bonilace VIII (1294-1303), par exemple, prêche la croisade lorsqu'il veut combattre les cardinaux Colonna, ses rivaux. De même le combat contre les Maures pour la reconquête de l'Espagne au X I e

siècle peut être assimilé à une croisade. L'Europe médiévale utilise ce concept pour définir ses grandes entreprises de contrôle (politique, social, doctrinal) à l'intérieur et à l'extérieur du continent. Il sera ensuite repris et amplifié avec

SEAN CONNERY E MURRAY ABRAHAM

la conquête de l'Amérique qui prend elle aussi l'allure d'une croisade vio­lente et répressive.

Les pogroms «En même temps que l 'Occident

part en croisade, les chrétiens d'Europe médiévale manifestent de la violence à l'égard d'autres groupes sociaux, reprend Agostino Paravicini. Le début du mouvement des croisades coïncide, à la fin du X I e siècle, avec les premiers pogroms et la mise en place de la répression des hérétiques. Pendant les siècles précédents, la cohabitation entre juifs et chrétiens était relativement

L'Inquisition est un autre exemple de violence à mettre au compte de la religion

pacifique. L'opposition se manifestait surtout sur un plan théologique. Mais à partir du réveil de l 'Occident sur le plan économique, la rivalité prend des dimensions sociales. Les juifs devien­nent des boucs émissaires. Et jusqu'aux grandes exclusions de la fin du X V e , ils sont soumis à un jeu où s'alternent protection de la part des seigneurs et répression violente.»

On développe alors toute une série d'accusations imaginaires concernant les juifs, mais dont les conséquences sont réelles. Ils sont notamment accu­sés de tuer de jeunes enfants et de pro­faner l'hostie. «Les premiers cas remon­tent au X I I e siècle, précise M. Paravicini. Ensuite ces accusations deviennent fréquentes. A noter, comme rien n'est simple en histoire, que plu­sieurs papes, notamment au X I I I e

siècle, s'indigneront de telles accusa­tions et tenteront de freiner ces mou­vements où s'entremêlent accusations théologiques et désir de vengeance populaire.»

L'Inquisition

La lutte contre les hérétiques conduira la papauté à instaurer une véritable institution judiciaire plus connue sous le nom d'Inquisition. La procédure inquisitoriale laissait un temps de grâce à l'accusé pendant lequel il pouvait abjurer l'hérésie et être réconcilié moyennant une pénitence légère. «Ces règles judiciaires devaient permettre de protéger l'accusé, mais de fait ce désir de pourchasser tout héré­tique a engendré de la violence, r emarque l 'his torien. Avec des moments d'apogée comme la célèbre guerre contre les Albigeois et les bûchers de Montségur. »

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 3 1 3 0

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C O N T R O V E R S E : L e s r e l i g i o n s s o n t - e l l e s v i o l e n t e s ?

La chasse aux sorcières

Au X V e , l'Eu­rope connaît une nouvelle phase de violence avec la chasse aux sorcières. Alors que la lutte contre les hérétiques s'est essoufflée, elle apparaît comme une arme accusatoire qui semble fasciner les élites de la société, aussi bien laïques qu'ecclésias­tiques. On va non seulement accuser les gens de ne pas croire aux dogmes de l'Eglise, mais de passer un pacte avec le diable et de faire partie d'une secte s'adonnant à toutes sortes d'orgie. «Cette secte est définie d'abord comme synagogue et prend ensuite le nom de sabbat, précise M. Paravicini. Pendant plusieurs siècles, on croira en Europe à l'existence d'une secte rendant hom­mage au diable et dont les membres sont définis comme sorciers et sorcières.»

Avant le X V e siècle, nous ne con­naissons pas grand-chose des agisse­ments de l'Inquisition en Suisse roman­de. Dans la chasse aux sorciers et sorcières, la région allant du Dauphiné au Valais occupe, en revanche, une place importante, puisque c'est là que sont attestés les premiers procès et qu'appa­raissent les premiers textes élaborant le concept du sabbat. Le Duc de Savoie, les patriotes valaisàns et le Dauphin s'intéressent de très près à ce type d'accusations, voyant là un moyen d'asseoir leur autorité.

Nombre de procès record en Pays de Vaud

«Le concept même du sabbat est une construction de l'Eglise et des clercs. Il se fonde sur une demonologie à laquel­

le s'oppose la doctrine de js l'Eglise. Toute l'histoire

des procès de sorcellerie montre encore une

fois la con-|L n i v e n c e

entre Egli­se et pou­

voir politi­que», souligne le

professeur Paravicini. La naissance de ce nouvel instrument

de répression sociale va connaître plu­sieurs formes de développement. D'une part, cette chasse devient de plus en plus misogyne. Si au début on compte aussi bien des hommes que des femmes parmi les victimes, elle (d'où le nom de chasse aux sorcières) finit par ne viser que des représentantes du sexe dit faible. Et la femme devient l'emblème de tous les maux de la société.

D'autre part, la familiarité avec le diable conduit à une utilisation de plus en plus systématique de l'exorcisme dont le but est de libérer une personne de l'emprise du démon par une série de rituels. L'arme de la sorcellerie comme contrôle social sera utilisée de manière encore plus systématique et drastique aux X V I e et X V I I e siècles, aussi bien dans les régions catholiques que pro­testantes. La série des procès de sor­cellerie conduits dans le Pays de Vaud sous le régime bernois constitue l'une des plus riches séries de toute l'Europe. Entre 1580 et 1620 environ, plus d'une centaine de personnes sont les victimes de cette grande chasse aux sorciers.

La chevalerie

«La contradiction entre pacifisme chrétien et violence a accompagné toute l'histoire de l'Europe médiévale. Mais

elle a aussi suscité la réflexion. On était conscient de cette contradiction et bien des théologiens ont essayé de la résoudre et de trouver des justifications, explique encore M. Paravicini. C'est le cas de Bernard de Clairvaux qui a rédigé un grand traité pour justifier la nais­sance des ordres chevaleresques qui renvoient, par leur structure, à cette contradiction. Ce sont des ordres dont la finalité est spirituelle et religieuse, mais dont les membres, les chevaliers, portent l'épée. C'est une institution mili­taire à caractère religieux. On peut aussi citer l'exemple de la Guerre Jus te dont

3 2 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

la justification à la fois juridique et théo­logique a été au centre des réflexions des canonistes et des théologiens de l'époque des croisades.»

Les guerres de religion

Comme on l'a vu plus haut, la fin du Moyen-Age marque la fin des croisades. Dès le X V I e siècle, la guerre devient interne: catholiques et protestants se combattent au nom d'une même reli­gion. Entre 1562 et 1598, huit guerres, dites de religion, ensanglantent la plu­part des provinces du royaume de

France. Chacune d'elles est suivie d'un édit de pacification que catholiques et protestants violent ouvertement. On situe la fin des hostilités à la signature, en 1598, de l'édit de Nantes par Henri IV. Pourtant, après la mort de ce der­nier, la lutte armée reprend entre catho­liques et réformés. Et ce sera la paix d'Alès, en 1629, et non l'édit de Nantes qui marqua la fin des affrontements. «Nous avons encore sous les yeux, en terre d'Irlande, un avatar de ces guerres», conclut Agostino Paravicini.

Isabelle Musy

Le cinéma (ici deux imago tirées du film «La reine Margot») s'est souvent inspiré des guerres de religion

A LIRE:

Les Cahiers lausannois d'Histoire Médiévale (section d'histoire, BFSH 2, 1015 Lausanne, fax 021/692 29 35), dirigés par Agostino Paravicini, ont publié plusieurs volumes en rapport avec le sabbat en Suisse romande. Notamment:

«Folâtrer avec les démons. Sabbat et chasse aux sorciers à Vevey» de Martine Os torero.

«La sorcellerie comme exutoire . Tensions et conflits locaux: Dommar t in 1524-1528», de Pierre-Han Cboffat.

«Trente ans avec le diable. Une nouvelle chasse aux sorciers sur la Riviera Iémanique (1477-1484)», de Em Mater (en cours d'impression).

«Françoise sauvée des flammes? Une Valaisanne accusée de sorcellerie au X V e siècle», de Sandrine Strolnno (en cours d'impression).

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 3 3

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C O N T R O V E R S E : L e s r e l i g i o n s s o n t - e l l e s v i o l e n t e s ?

L'histoire de l'humanité est truffée

d'exemples de guerres saintes et d'actes

sanglants perpétrés au nom d'une religion.

Peut-on parler de violence? Où les

religions, souvent porteuses d'un message

de paix et d'amour, puisent-elles ces accès

de brutalité?

Les religions sont-elles violentes?

Mondher Milani, professeur d'anthropologie

à l'Université de Lausanne

«Toute religion edt fondée dur la

violence»

D e même que chez Freud, l'acte fondateur du lien social est le

meurtre du père, l'acte fondateur de toute religion relève d'une violence pri­mordiale. Et le sacrifice (humain ou animal) est une remémoration de cet acte», explique Mondher Milani, pro­fesseur d'anthropologie lausannois.

Le christianisme a supprimé la pra­tique du sacrifice sanglant. La figure du Christ en est la métaphore et l'eu­charistie l'acte symbolique. Parce qu'il a été le plus loin dans la suppression des formes violentes du sacré, le chris­tianisme a longtemps été considéré comme la forme de religion la plus a-chevée. «Les anthropologues du X I X e

siècle et plus tard utilisaient cela com­me facteur de classement, remarque Mondher Milani. Plus une religion pra­tiquait le sacrifice, plus elle était consi­dérée comme primitive.» La conquête de l 'Amérique s'est fondée sur cette

idée. Les Espagnols, choqués de voir les Aztèques pratiquer le sacrifice humain, les ont accusés de canniba­lisme et les ont massacrés au nom du christianisme. Sans se poser la ques­tion de la légitimité de leur propre vio­lence.

La notion de bouc émissaire

Le sacré est l'expression de l'ambi­valence de la violence à la lois facteur de cohésion et destructrice de ce qui est différent. «A travers le sacrifice, la violence fondatrice s'exprime sur le corps d'un membre du groupe ou d'un bouc émissaire extérieur, précise l'anthropologue. Pendant vingt siècles, les chrétiens ont utilisé le juif comme bouc émissaire.

Mais cette figure du bouc émissaire est profondément ambivalente car le juif est cette partie en soi que le chré­tien veut extirper. L'antisémitisme a toujours accompagné le christianisme, puisque ce dernier est né du judaïsme, et marque une volonté de rompre avec l'origine.»

Polythéisme et monothéisme

Le problème de la violence se pose différemment selon qu'il s'agit de reli­gions polythéistes ou monothéistes. Les religions vénérant plusieurs dieux sont plutôt syncrétiques et donc ouvertes aux influences extérieures et à l'échan­ge. Le monothéisme, en revanche, de par son message universaliste, est porté au prosélytisme. Et à l'exclusion de ceux qui refusent de se convertir.

Deux religions monothéistes comme le christianisme et l'islam se concur­rencent et s'affrontent dans un même élan de message universel.«Si l'islam

3 4 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Les Espagnols, choqués de voir les Aztèques pratiquer le sacrifice humain, les ont accusés

de cannibalisme et les ont massacrés au nom du christianisme

considère les chrétiens et les juifs com­me Gens du Livre, c'est-à-dire témoins des premières révélations, il ne les sou­met pas moins à un statut mineur de protégé (dhimmi), précise Mondher Milani. Quant au christianisme, son rejet des autres religions, et particu­lièrement de l'islam, est plus fonda­mental. Cette dernière religion n'a-t-elle pas été considérée, en effet, comme une lausse religion et Mahomet comme un imposteur?»

Le christianisme est en effet la reli­gion qui, historiquement parlant, a pra­tiqué la plus grande purification reli­gieuse. Notamment dans le cadre de la reconquête catholique de 1492 en Espagne, qui a imposé définitivement, sinon dans la pratique du moins dans

l'idéal, l'équation «une nation, une reli­gion, une culture».

Une catégorie autoritaire L'anthropologue montre enfin com­

ment la religion sert encore de facteur autoritaire d'exclusion dans nos socié­tés pourtant laïques. En Ex-Yougosla­vie, par exemple, l 'argument religieux a été utilisé comme facteur de sépara­tion et de discrimination. «Dans ce pays, la purification ethnique s'est sur­tout appuyée sur une purification reli­gieuse. En France, on avance l'islam comme prétexte pour décréter les immigrés inassimilables, alors que de l'autre côté, certains sont prêts à refu­ser la loi laïque au nom d'une supré­matie de la loi religieuse.»

Claude Welscher, assistant

au Département d'histoire et de sciences des

religions de l'UNIL

«Tout e<tt question de définition»

P our Claude Welscher , ass is tant et c o o r d i n a t e u r du D é p a r t e ­

ment in terfacul ta i re d 'h is to i re et de sc iences des re l ig ions , la p rob l é ­m a t i q u e repose d ' a b o r d sur les dif­férentes déf in i t ions de la v io lence . « N o u s avons un r ega rd occ iden ta l

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

sur la v io lence et nous v ivons dans u n e socié té qui va lor i se l ' absence de conflit , où n ' i m p o r t e quel af­f ron temen t est ressen t i comme une agress ion . Si nous p a r t o n s de p r é ­s u p p o s é s de ce gen re , nous r i s ­q u o n s de pas se r à côté de la ques ­t ion.» E t de c i ter l ' exemple de " slam que l 'on associe t rop sou­ven t à la g u e r r e sa in te et au t e r r o ­

r i s m e et q u e l 'on dépe in t p a r consé­q u e n t comme vio­lent: «Ce n 'es t pas pa rce q u ' u n cer ta in

n o m b r e d 'ac tes sont légi t imés au n o m d ' u n e r e l i g i o n q u ' i l s s o n t r e p r é s e n t a ­

tifs de l 'essen­ce de ce sys­

tème re l ig ieux. N o u s essayons ,

en h is to i re et s c i e n c e s d e s

3 5

Page 22: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

C O N T R O V E R S E : L e s r e l i g i o n s s o n t - e l l e s v i o l e n t e s ?

rel igions, de pe rcevo i r les sys tèmes rel igieux dans ce qu' i ls ont de cohé­ren t , en t e n a n t c o m p t e de leurs p r o p r e s p r é m i s s e s , q u ' o n les a p p r o u v e ou non.»

«Nous v ivons une é p o q u e où nous sommes faci lement pr i s de c o u r t p o u r p e n s e r le re l ig ieux qui «revient» non pas sous une forme t r ad i t i onne l l e mais de man iè re a n a r c h i q u e » , poursu i t - i l . C 'est pa r exemple le cas des «sectes». «Avant de p o r t e r é v e n t u e l l e m e n t un juge­

ment, il faut essayer de c o m p r e n d r e c o m m e n t ça m a r c h e p o u r ceux qui les v iven t de l ' in tér ieur . P r e n o n s l 'OTs: les ma lve r sa t ions finan­cières , p re s s ions exe rcées su r les m e m b r e s , le p h é n o m è n e de psy­chose col lect ive, e tc . , n ' on t p r o b a ­b l emen t r ien à voir avec la spir i ­tua l i té t empl iè re . Et même s'ils on t été légi t imés re l ig ieusement , il s 'agit s ans d o u t e d ' u n e v io lence p réex i s tan te et non in t r insèque à ce sys tème rel igieux.»

Gérald Berthoud, professeur à l'Institut d'anthropologie

et de sociologie de l'Université de Lausanne

«L'irréductible tension entre

la liberté individuelle

et l'appartenance culturelle et

sociale»

N ous vivons actuellement une tension à l'échelle planétaire.

Entre, d'un côté, un système de mon­dialisation économique qui cherche à s'imposer, et de l'autre, des groupes cul­turels et religieux qui s'organisent en contre-mouvements. Et qui veulent défendre leur identité. La coexistence de ces deux volontés engendre la vio­lence», résume Gérald Berthoud.

Le pouvoir économique mondial ( F M I , Banque mondiale.. .) a un credo simple et clair: plus de crois­sance égale plus d'emplois. La crois­sance assure donc stabilité sociale et stabilité politique dans un système centré sur la libération de l 'individu, et cela dans le bien-être généralisé. «La liberté du capital et la mobilité du travail sont érigées en valeurs absolues, constate Gérald Ber thoud. La puissance du libéralisme global est telle que, même si tout le monde n'y croit pas vraiment, cette idéologie se transforme quand même en cul ture par tagée. Au point de rejeter toute critique, d'exclure toute interrogation fondamentale sur les enjeux du monde actuel.»

La concurrence, largement perçue comme une situation irréversible, est encore considérée comme «déterri-torialisée», destructrice de toute pro­tection nationale ou régionale. Une telle société reste viable parce que l ' individualisme est érigé en vérité exclusive, note le professeur.

Face à ce mouvement, des résis­tances s'organisent. «Sous des formes diverses, des groupes intégristes dis­séminés à t ravers le monde promet-

3 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Gandh i , un e x e m p l e de non-violence

Maya Burger, professeure d'histoire

et sciences des religions à la Faculté' de théologie de Lausanne

tent de fournir un sens à la vie à des individus désorientés, observe Gérald Ber thoud. Fondamental is tes isla­miques , in tégr i s tes ca tho l iques , sectes protestantes ou autres nient la par t individuelle de la condition humaine. Ils manipulent et adaptent au contexte moderne des tradit ions souvent pleines de sagesse, et les t ransforment en armes pour un com­bat idéologique. »

Pour le professeur, cette prétention à dire ce qui est vrai et bien pour l 'homme et la société consti tue, en partie du moins, une réaction extrême aux credos des «grands prêtres» du pouvoir économique mondial . «De ces deux violences, celle du capital tout-puissant et celle des commu-nautar ismes clos, résulte une double dérive qui nous menace tous, conclut Gérald Ber thoud. La visée mondia-liste des premiers détrui t toute cohé­sion sociale, et l 'enfermement part i-culariste des seconds nie toute réalité individuelle.»

Isabelle Miuy et Jocelyn Rochat

u'est-ce que la violence? Com­ment se manifeste-t-elle? Qui a subit? Pourquoi? A quel

moment? Autant de questions auxquelles les interve­

nants du troisième cycle «Rel îgion et violence», organisé conjointement par les Universités de Neuchâtel, Fribourg et Lausanne, ont essayé de répondre. Pour Maya Burger, professeure d'histoire et sciences des

religions à la Faculté de théologie de Lausanne et co-organisatrice de ce troi­sième cycle, il n'existe pas une mais des violences, plus ou moins apparentes ou subtiles que l'on doit analyser au cas par cas. Elle a choisi de présenter, à partir du personnage de Gandhi, la problématique d'un modèle et contre-modèle de la (non-)violence en Inde. La société indienne intègre dans sa vision du monde la violence et la non-violence selon leurs fonctions spéci­fiques, explique Maya Burger. La vio­lence est admise comme faisant partie intégrante de la vie. Les textes prônent la violence comme justifiée et néces­saire pour maintenir un ordre social idéal, comme par exemple en cas de sacrifice, de guerre et des devoirs du roi, comme le droit au châtiment. Selon les normes établies par l'élite à l'époque ancienne, la non-violence est née dans un contexte particulier de renonce­ment au monde. Les moines renonçants ne voulaient pas pratiquer de sacrifices rituels (meurtres d'animaux) pour évi­ter les conséquences de l'acte de tuer et ainsi s'assurer la libération des cycles de renaissances. On renonçait à tuer, précise Maya Burger, non pas par refus de la violence, mais pour ne pas

subir les conséquences du fait de tuer. Maya Burger explique ensuite com­ment Gandhi a proposé un contre-modèle à la société indienne en utili­sant la non-violence, non pas comme un renonçant à des fins personnelles de salut, mais à des fins de conquête de liberté pour son peuple. Il a utilisé non-violence comme arme pour se débarrasser du joug des Britanniques. Il ne s'agit plus de libération hors du monde mais dans le monde. Et comme l'Inde ne pouvait devenir indépendante qu'en échappant au rôle de la victime, Gandhi a compris qu'il fallait d'abord se libérer soi-même avant de pouvoir se libérer des Britanniques. Il a pris sur lui cette libération en passant par une véritable purification de sa per­sonne pour parvenir à ses fins. Il a cassé en quelque sorte le modèle hin-douiste et a engendré par là d'autres formes de violence. En refusant la violence, Gandhi a ins­tauré la souffrance comme un contre­poids nécessaire à la violence. Il dis­tingue entre le but qu'est la vérité (Dieu) et le chemin pour y arriver, qui est la non-violence. En voulant effacer toute forme de violence de la société, il la reporte sur lui-même notamment à travers le jeûne. Ainsi sa personne

devient le lieu d'un sacri­fice qui n'exerce pas de violence sur les autres. Il y a quelque chose de magique dans sa pensée et cette vision d'un pou­voir énorme lié au fait de jeûner, conclut la profes­seure. Mais nous devons nous défaire de nos habi­

tudes de pensée pour pouvoir com­prendre que les questions de morale et d'éthique se posent d'une autre manière que pour nous.

I.M.

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 3 7

Page 23: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

C H I L L Ó N

'Iurner, Courbet et

Pietro Sarto t'ont

peint, Byron, Hugo et Rousseau L'ont chanté,

des centaines de milliers de touristes le

visitent chaque année. Pourtant, le

château de Chillon reste méconnu, par

la faute notamment de restaurations

successives qui rendent périlleuse

toute approche scientifique. A l'orée

de l'été, alors que les visiteurs venus

des quatre coins du monde se

bousculent pour entrer au cœur de

ce monstre de pierres aux pieds

liquides, «Allez Savoir!» vous |

propose une visite ombragée à

travers le temps.

— y p. 40

jt jj^^ tÊl tÊL 0Êi

3 8 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Le château de Chillon, ou l'histoire d'un géant paisible « illon offre un accord

proprement unique entre les éléments, un concert à trois voix, voix des eaux, voix des bois, voix des pierres, qui fait en vérité de ce lieu un des plus poétiques du monde »

Paul Bitàry

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 3 9

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C H I L L O N : L e c h â t e a u d e C h i l l o n , o u l ' h i s t o i r e d ' u n g é a n t p a i s i b l e

il est difficile de

remonter aux ori­gines de ce lieu, des fouilles menées au X I X e

siècle témoignent d'une occupation défensive (probablement sous la forme d'une double pa­lissade) dès l'âge du bronze, vers 1800 avant J . -C . Fortifié ensuite par les Romains, Chillon reçoit un donjon carré à la fin du I X e siècle. Pour pallier l'histoire encore muette, les bâtiments, divers objets et mon­naies trouvés sur place parlent, laissant à penser qu'une petite garnison se trouvait alors sur le rocher, probablement pour sur­veiller et faire payer le transit de mar­chandises vers l'Italie qui empruntait le Grand-Saint-Bernard.

On date de cette même époque la plus ancienne partie du château au­jourd'hui visible, la chapelle, dans la­quelle on a retrouvé un reliquaire caro­lingien. Dans des circonstances non déterminées, la place forte passe des mains de l'évêque de Sion à celles des comtes de Savoie en 1150. Son histoire devient alors compréhensible grâce à la comptabilité rigoureuse tenue par les nouveaux seigneurs. «Pourtant tout reste à faire, explique Daniel de Raemy, historien des monuments, licencié en lettres de l 'UNIL, qui prépare une thèse sur les innovations dans l'archi­tecture militaire régionale apportées par la Maison de Savoie aux X I I I e et X I V e siècles. Conservées à Turin, les archives de Savoie permettraient d'en apprendre plus sur le Chillon médié-

Daniet de Raemy, historien des monuments, licencié ès lettres de l'UNIL,

devant le château de Grandson

val que nous n'en savons sur le Louvre par exem­ple, mais personne n'a a-chevé à ce jour la tâche monumentale et remar­quable entamée par l'ar­chéologue Albert Naef au début de ce siècle, tâ­che interrompue par manque de moyens fi­nanciers pendant la crise des années 1920.»

Un goulet prospère

Dès le X I I I e siècle,

Chillon sert de point

d'appui aux conquêtes

savoyardes vers le Nord,

en direction de Berne et Fribourg. A

cette époque, et jusqu'en 1320 environ,

les comtes résident souvent au château,

mais de manière intermittente. En effet,

les cours médiévales se déplaçaient

continuellement d'une province à

l'autre avec meubles, tentures et objets

— y P- 43

Les cours médiévales se déplaçaient continuellement d'une province à

l'autre avec meubles tentures et objets quotidiens, au gré de la situation politique

La douce conquête des Savoie La Savoie, pour beaucoup de

Romands, c'est avant toute chose

ces belles montagnes qui viennent

se mirer dans les eaux du Léman.

D'autres y voient prioritairement

un massif alpin rêvé pour la

pratique du ski ou de la

randonnée. Mais pour les

historiens, sportifs ou non, la

Savoie représente une grande

famille de comtes, puis de ducs

dès 1416, qui occupe le nord du

Léman dès les premières années

du XIIIe siècle.

« un subtil jeu d'hommages

vassaliques»

« C'est surtout sous Pierre II que la

présence savoyarde en pays de

Vaud prend des allures de con­

quête, précise le professeur

d'histoire médiévale de l'UNIL

Agostino Paravicini. Mais une

conquête douce. Pas de grands

sièges, ni de combats sanglants:

par un subtil jeu d'hommages

vassaliques, les Savoie parvien­

nent à soumettre la noblesse vau-

doise dès 1240. Cette présence

laisse aujourd'hui encore des tra­

ces indélébiles dans le patrimoine

vaudois, puisque les Savoyards

fondent notamment Châtel-Saint-

Denis, Morges et Rolle, restruc­

turent Yverdon, construisent de

nombreux châteaux (Morges,

Yverdon, La Tour-de-Peilz,

Romont, Estavayer, etc.). Grâce à

une organisation administrative

et fiscale très développée, la Mai­

son comtale de Savoie s'implante

dans toute la région. Seul Lausan­

ne échappe à cette domination:

l'évêque conserve ses prérogati­

ves, ses territoires tel Avenches, et

continue même à frapper mon­

naie pour tout le Pays de Vaud.»

« on trouve la trace d'architectes

vaudois»

«A cette époque (1240-1320), les

Savoie sont familialement liés au

trône d'Angleterre: de nombreux

Vaudois suivent le comte sur les

îles britanniques pour y occuper

des places importantes. Othon 1er

de Grandson, dont le tombeau se

trouve à la cathédrale de Lausan­

ne, connaît même une carrière

diplomatique internationale

fulgurante. En 1291, il dirige le

siège de Saint-Jean d'Acre et

devient le conseiller personnel du

roi Edouard 1er d'Angleterre. Ebal

II de Mont (sur Rolle), quant à lui,

finit sa vie comme châtelain de

Windsor en charge de l'éducation

des enfants du couple royal.

Suite à cette émigration

volontaire, on trouve également la

trace d'architectes vaudois parmi

les concepteurs de plusieurs

châteaux britanniques.»

« des signes d'essoufflement se

font sentir»

«La prédominance savoyarde en

Pays de Vaud perdure jusqu'au

XVIe siècle, poursuit le professeur

Paravicini, mais des signes d'es­

soufflement se font sentir bien des

décennies avant. Il n'est pas facile

de conserver un territoire aussi

vaste et hétérogène que celui des

Savoie qui va de Nice à Berne en

passant par Turin, mais c'est sur­

tout la conquête des Bernois du

Pays de Vaud (1536) qui mettra un

terme à la présence de la Maison

de Savoie au nord du Léman.»

Néanmoins, la Savoie n'a pas fini

de marquer l'histoire: dès 1720, le

duc de Savoie devient roi de Sar-

daigne, avant d'être également roi

d'Italie depuis 1861 grâce à Vic­

tor-Emmanuel II, grand précur­

seur de l'unité italienne avec son

ministre Cavour. Le dernier

membre régnant de la Maison de

Savoie fut Humbert II, roi d'Italie

du 9 mai au 13 juin 1946, juste

avant que les Transalpins ne se

prononcent à une courte majorité

pour la république par référen­

dum populaire.

N1

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

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C H I L L Ó N : L e c h â t e a u d e C h i l l ó n , o u l ' h i s t o i r e d ' u n g é a n t p a i s i b l e « L i a . prison du martyr est devenue un temple et son pilier un autel. Tout ce qui a un cœur noble et amoureux de la liberté se détourne de sa route et vient prier là où il a souffert. On se fait conduire droit à la colonne où il a été si longtemps enchaîné; on se courbe vers la dalle creusée pour y retrouver la trace de ses pas; on se cramponne à l'anneau auquel il était attaché »

Alexandre Duina.i

tage financier. Ceci explique que le Bailli savoyard (fonctionnaire impor­tant dirigeant plusieurs châtellenies) soit installé à Chillon. Mais ce péage ucratif s'étiolera dès le début du X I V e

siècle, au profit du Gothard.»

Un pape à Chillon

Pour lutter notamment contre les comtes de Genève, la Maison de Savoie possédait aussi une flotte de galères à Villeneuve. A cette époque, Chillon sert donc tout à la fois d'arsenal, de prison, de caserne, de cour de justice, de centre du pouvoir, de lieu de réception d'ambassades, de protection portuaire et de résidence. Mais le château est peu à peu délaissé par les comtes, au profit de régions plus agréables, comme Tho-non, Evian, Morges ou Genève. Dans un Chillon délaissé, seuls cinq ou six hommes demeurent. Sans oublier les prisonniers qui s'y succèdent: sorcières, hérétiques, voleurs et Juifs que le sei­

gneur avait l'habitude de rançonner en les accusant d'être la cause des épidé­mies de peste. Ses ultimes heures de gloire médiévales, Chillon les connaît lorsque l'antipape Félix V (Amédée VIII, duc de Savoie)y séjourne en 1442 avec sa cour.

Froid et sombre Chillon...

Le milieu du X V e siècle marque le déclin de la puissance des Savoie en Pays de Vaud. Endettée auprès de plu­sieurs villes helvétiques notamment, la grande famille ducale cède sous l'avan­cée des Bernois. Ceux-ci s 'appuyent sur la flottille genevoise pour faire tom­ber Chillon en 1536. Les galères savoyardes sont coulées, un canon placé sur les hauteurs met le feu aux toitures et le prisonnier le plus célèbre du château, François Bonivard, prieur de Saint-Victor à Genève, est libéré.

Sous l'occupation bernoise, le rocher du bout du lac garde ses fonctions administratives et carcérales: dans les geôles, quelques indépendantistes vau-dois succèdent aux sorcières. Ar-chitecturalement, la bâtisse ne connaît plus de grandes transformations exté­rieures depuis l'an 1300, mais on l'adapte au développement des armes à feu: ony perce des canonnières et des meurtrières à trous de serrure. A côté des prisons, les Bernois soignent leurs caves pour conserver le fruit des meilleurs cépages de Villeneuve. Par contre, le château semble de moins en moins propre à l'habitation. Si le bailli

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y loge, il se plaint régulièrement du manque de confort. Il sera autorisé à habiter Vevey dès 1733! On en profite pour transformer partiellement la for­teresse en hôpital d'invalides en 1793.

Prisonniers choyés

Avec la révolution vaudoise de 1798, Chillon quitte l'histoire pour entrer dans la légende. Ses murs abritent presqu'uniquement caves, prisons et salles d'arsenal. Changement de patois dans les geôles: Bernois et catholiques du Sonderbund (1 evêque du diocèse de Lausanne entre autres) prennent les fers des Vaudois, c'est de bonne guerre! Plus de pape, de duc ou même de comte dans l'auguste demeure, seul un concierge y loge: on est loin des fastes d'antan.

Même les conditions de dé­tention ne sont pas aussi lugu­bres que les murs austères de la forteresse pourraient le lais­ser croire. Pour preuve cet extrait d'un livre qu'Albert Naef, archéologue, professeur à l 'UNIL et spécialiste de Chillon, rédigea en 1922: «Cette prison n'avait plus rien de terrible; elle l'était même si peu, que nombre de prison­niers souhaitaient ardemment y revenir! (...) Leur principale occupation consistait à tenir en ordre la cave du bien­veillant Directeur, à s'assurer

« O h i l l o n , ton cachot est pour nous un lieu saint,

Ton pavé, son autel où se creuse un chemin

Comme dans le gazon foulé d'une prairie.

Cy es pas de Bonivard dans sa ronde infinie

Que nul, jamais, n'en vienne effacer le dessin:

C'est un appel à Dieu contre la tyrannie »

Lord Byron

Comme prison, Chillon n 'était pas aussi terrible qu 'il en a l'air aujourd'hui

que le «Villeneuve»y était toujours bon et frais, à pêcher à la ligne, à inscrire leurs impressions sur les murs, et à rafraîchir régulièrement les pas de Bonivard pour ne pas laisser dispa­raître ces traces «historiques» chères aux visiteurs.»

Apogée romantique

«Paradoxalement, cette période vaudoise des X V I I I e et X I X e siècles est la plus méconnue, regrette Daniel de Raemy. On sait qui y vient, mais

on ne sait pas précisément ce qui s'y passe et ce qu'on y construit. Des écrivains tels que Dickens, Goethe, Ander­sen ou Hemingway y font halte, d'autres tels Hugo, Rousseau, Flaubert ou Byron en parlent dans leur oeuvre: cet élan romantique va être hau t emen t favorable à l'exploitation touristique du site, mais préjudiciable à la connaissance de son histoire. Bien que les romantiques aient su apprécier le château avec ses transformations in té r ieures ta rd ives des X V I I I e et X I X e siècles, on entreprend diverses restau­rations dès le début du X X e

afin de restituer les styles en vogue à l'époque: le gothique et le médiéval. On reconsti­tue donc les espaces, portes et fenêtres depuis longtemps disparus dont on retrouve les

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C H I L L Ó N : L e c h â t e a u d e C h i l l ó n , o u l ' h i s t o i r e

• Aujourd'hui lu touristes

se cramponnent à l'anneau auquel Bonivard était attaché

traces, on récupère des objets à droite et à gauche pour faire plus vrai que vrai: ainsi le solivage n'est-il pas d'ori­gine, ainsi un platond entier d'une mai­son de Villeneuve est transporté puis reconstitué à Chillon!»

«Ce fleuron de notre patrimoine national, classé monument historique en 1891, est, d'un point de vue scien­tifique, victime de sa popularité héri­tée du romantisme, conclut Daniel de Raemy. Il ne montre plus aujourd'hui ce qu'il a vraiment été au Moyen Age, mais est devenu une interprétation, romantique d'abord, archéologisante ensuite, du Moyen Age retrouvé à la fin du siècle passé. Il n'en perd pas pour autant son intérêt, au contraire. »

Image d epinal helvétique au même titre que le Cervin ou le pont de Lucerne, Chillon n'a que faire de ces considérations. La forteresse domine fièrement les flots du Léman. D'autant plus fièrement que ses concurrents prennent du plomb dans l'aile: le pont de Lucerne a brûlé et la propriété du Cervin est revendiquée par les Italiens. Chillon, superbe , imper turbable , content d'avoir servi la paix plutôt que la guerre, reste profondément suisse, insubmersiblement vaudois. Ne lui rap­pelez donc surtout pas qu'il fut savoyard et bernois.

Nicobu Imhof Reportage photo: Nicole Cbuarà

La Fondat ion de Savoie à L a u s a n n e

Les liens de la Maison de Savoie avec le Pays de Vaud sont non seu­lement historiques, mais égale­

ment scientifiques. En effet, si les ar­chives officielles (remarquablement con­servées et documentées) des Savoie se trouvent à Turin, il existe également des archives à prédominance iconographique à Lausanne (Fondation Humbert II de Savoie). Celles-ci permettent notamment de monter des expositions telle que celle sur le Pays de Vaud et la Maison de Savoie, de promouvoir des recherches et de favoriser la publication d'ouvrages.

Vers la fin de son existence, l'ancien roi d'Italie Humbert II songea même à ache­ter le château d'Allaman pour y stocker ces archives. Mais il décéda en 1983 avant d'avoir pu mener ce projet à bien: les documents furent donc déposés aux archives cantonales de Lausanne. Ironie du sort, lorsque l'on sait que la capitale vaudoise fut une des rares villes du can­ton à ne jamais tomber complètement sous la prédominance savoyarde entre le XIII e et le XVI e siècle!

N.I.

4 6 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

Chil lón t o u r i s t i q u e c h a m p i o n t o u t e s c a t é g o r i e s

< t̂/e n ai jamais vu

monument plus effrayant élevé par la tyrannie insensible et inhumaine que l'homme s'est délecté à exercer sur l 'homme... »

Percy Shelley

as de doute, le château de Chillon est un atout touris­tique primordial pour la

région montreusienne. Avec plus de 288'000 visiteurs en 1995 (record: 350*000 en 1990), la forteresse est certainement le monument à entrée payante le plus visité de Suisse. Et ce succès est presque aussi vieux que Jeanne Calment puisque le début de l'exploitation touristique corres­pond à peu près à la naissance de la fondation pour la restauration du château en 1887. Aujourd'hui, 109 ans plus tard, on attend le 15'000'000 ème visiteur pour le mois de sep­tembre 1996. Impressionnant! Les Helvètes, sans distinction de rôs-tigraben, représentent toujours la communauté la plus nombreuse à venir voir le rocher. Mais Allemands, Français, les incontournables Japo­nais (13% de la clientèle), les Amé­ricains ou Anglais ne sont pas en res­te, suivi par des Italiens, Espagnols, Hollandais, Polonais, Russes, Chi­nois ou autres Suédois. Ouvert toute l'année, Chillon est aujourd'hui une

véritable PME à vocation interna­tionale. Pour faire tourner cette en­

treprise, il faut un intendant, Robert Herren, neuf gardiens et une quin­zaine de guides touristiques. Le châ­teau est aussi le théâtre de quelques concerts de musique classique ou médiévale, ainsi que l'endroit choisi pour une quarantaine de somptueux banquets par année. Banquets, gardiens et musique mé­diévale: pour un peu, on pourrait croire que rien n'a changé à Chillon depuis plusieurs siècles si quelques touristes peu avertis ne deman­daient: «Y a-t-il des crocodiles dans les douves?» ou «Pourquoi avoir construit le château si près de l'auto­route?» Heureux constat: nous au­rons toujours besoin de maîtres d'histoire...

N.I.

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Ml

A C T U S

La formation continue universitaire,

pour qui et pour quoi? La formation continue prend son essor en Suisse. C'est du moins ce qui res­sort d'une enquête récem­ment publiée par l'Office fédéral de la statistique, selon laquelle près de deux millions de résidents auraient suivi au moins un cours dans la période allant du mois d'avril 1992 au mois d'avril 1993.

Une tendance semble se dégager: les personnes pos­sédant un (relativement) haut niveau de qualification se­raient celles qui font le plus souvent appel aux ressources de ce type de formation. D'où l'importance du volet univer­sitaire. Les exemples et ré­flexions qui suivent, basés sur les cours proposés par l'Uni­versité de Lausanne, devraient donner une idée de ce que les Hautes Ecoles peuvent appor­ter en la matière.

Les cours de formation continue dispensés dans le cadre des universités et écoles polytechniques sont destinés en priorité à des pro­fessionnels de formation uni­versitaire (ou jugée équiva­lente), souhaitant se tenir au

courant d'évolutions récentes dans leur discipline, appro­fondir leurs connaissances, se spécialiser davantage, voire se réorienter. Sont concernés aussi bien des particuliers que des entreprises ou des admi­nistrations. Ce qui fait la spé­cificité de ce type de forma­tion, c'est d'une part l'offre d'un espace de réflexion, qui permette une prise de dis­tance par rapport à la pratique quotidienne d'une activité professionnelle. D'autre part,

durant les cours, un échange et une dynamique s'instaurent entre des personnes de milieux professionnels diffé­rents, tout comme entre les enseignants et les enseignés, ce qui conduit souvent à l'apparition de solutions nou­velles. Cela fut le cas notam­ment lors du cours «Mauvais traitements envers les enfants et les adolescents; se former pour mieux prévenir», durant lequel des juristes, éduca­teurs, psychologues... - tous

concernés par le même pro­blème - ont pu constituer de manière informelle un réseau de compétences et de com­plémentarités réunies pour l'occasion. Enfin, la mobilité professionnelle devenant de plus en plus la règle dans notre société, les demandeurs recherchent souvent des contenus de formation «réuti­lisables» à moyen ou long terme. Pour citer Claude Rou-lin, responsable du Service d'orientation et conseil de l'UNIL,«... la fragilité et l'insta­bilité des emplois poussent de nombreux travailleurs à acquérir des savoirs et des savoir-faire aisément transfé­rables - donc souvent de niveau universitaire».

Queb courd, pour quels prix?

En ce qui concerne l'Uni­versité de Lausanne, l'offre actuelle propose un vaste éventail de cours (voir enca­dré), sous la responsabilité d'un ou de plusieurs profes­seurs, pour des durées et des prix variables. Ces variations sont fonction entre autres du subventionnement éventuel1, des frais de voyage - s'il est

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fait appel à des intervenants extérieurs - et des tarifs usuels pratiqués par les enseignants, en fonction de leur prove­nance et du marché des cours. Selon Monique Baud, responsable du Service de formation continue de l'UNIL, il faut compter en moyenne Fr. 200.- par personne et par journée de cours 2. Dans cer­tains cas, les droits d'inscrip­tion sont moins chers si la per­sonne qui veut s'inscrire est étudiant-e ou travaille au sein de l'UNIL. Dans d'autres, le cours est divisé en modules auxquels les participants peu­vent s'inscrire de manière séparée. Si l'intéressé est employé ou cadre d'une grande entreprise ou d'une administration, il ne perdra sans doute rien à demander à négocier avec son em­ployeur le financement du cours! Les autres devront sou­vent y aller de leur propre poche, à moins de faire appel à l'assurance-chômage, cas rare mais pas impossible.

Les cours se passent en général la journée, regroupés et compactés, ce qui est é-galement compréhensible au vu des exigences-horaire du public-cible majoritaire, à sa­

voir des personnes en emploi. Une exception notoire, dès la rentrée 1997, sera la forma­tion du MBA (Master in Busi­ness Administration - post­grade en HEC), qui deviendra possible en cours d'emploi et aura lieu notamment le soir. A signaler aussi le développe­ment de l'enseignement à dis­tance, avec un exemple récent en linguistique fran­çaise.

Jérôme Ducret

NOTES: 1 Les universités et EPF

suisses disposaient, pour la

formation continue et jusqu'à

fin 1995, de subsides

fédéraux, subsides qui ne sont

plus disponibles.

2 Pour tout renseignement,

prière de contacter le Service

de formation continue de

l'UNIL, ВЕР, 1015 - Lausanne.

Tél. 021/692 22 90.

Fax. 021/692 22 95.

Adresse internet

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5 0 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

A C T U S

A/6: les cours qui

sont (brièvement)

présentés ici ne forment

qu'une partie de l'offre

de l'UNIL, qui touche

l'ensemble des facultés.

Lettres:

Traduction littéraire. Des­tiné aux traducteurs, ensei­gnants et professionnels de l'écrit, de langue maternelle française, avec de bonnes connaissances d'allemand. Ce cours leur donne un aper­çu des spécificités de la tra-

Petit extrait oes cours

de formation continue

proposés à Г UN IL

duction littéraire (perfection­nement pour les traducteurs littéraires), en prenant comme base de travail des textes d'auteurs germanophones (entre autres F. Durenmatt,

E. Canetti et N. Maienberg). Il aura lieu en quatre fois deux jours, de novembre 1996 à février 1997 - délai d'ins­cription fixé au 15 août 1996, prix Fr. 6 0 0 -

L'ÉQUIPE DU SERVICE DE FOR­MATION CONTINUE (DE GAUCHE À DROITE: SUSY WAGNIÈRES, RENÉ LEVY, MONIQUE BAUD, SABAHETA BASINAC, DANIÈLE NICOLET.

Médecine:

Certificat en nutrition hu­maine; pour compléter ia for­mation des médecins, phar-macien-ne-s, biologistes, biochimistes, ingénieurs en sciences alimentaires et dié-téticien-ne-s dans le domaine de la nutrition humaine fon-

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Page 30: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

damentale et clinique. Le cours est composé de 5 mo­dules, des éléments de base de la nutrition humaine aux rapports entre nutrition et toxi­cologie, un module étant des­tiné exclusivement aux dié-téticien-ne-s. Chaque unité, d'une à deux semaines, peut être suivie indépendamment, et donne droit à une attesta­tion de cours. Un certificat est délivré à ceux et celles qui ont participé au premier module et

à quatre autres à choix, plus rendu un travail écrit. Le délai d'inscription est fixé à fin septembre, ou avant le début de chaque module. Prix: Fr. 3'000.- pour l'ensemble, ou Fr. 1 '200 - pour le module 1 et Fr. 600 - par module pour le reste. Les cours en diété­tique coûtent Fr. 750 - (prix spécial pour les membres de l'Association suisse des dié­téticiens).

L'Ecoles des HEC, un cas

un peu particulier

E lle a été l'une des premières à se lancer à fond dans le développement de cours de formation continue pour des raisons notamment d'orienta­

tion de l'enseignement, très axé sur la pratique de la gestion et du management. On y distingue cours inter­entreprises, abordant des sujets d'intérêt général, et par­tenariat avec des organisations économiques, adminis­trations et associations. Dans la première catégorie, signalons le séminaire sur «La gestion de l'information comme outil stratégique en marketing», qui sera proposé en décembre 1996. Il existe aussi du «sur mesure», des­tiné spécifiquement à une entreprise ou à un groupe d'entreprises. Selon le Prof. Bernard Catry, délégué de l'Ecole à la formation continue, ce dernier type de cours s'adresse en grande majorité à des entreprises implan­tées en Suisse romande, qu'il s'agisse de multinationales

tifique, mais concernées par ce thème sur le plan professionnel: juristes, responsables des bre­vets, avocats d'affaires, inves­tisseurs, journalistes, respon­sables dans les domaines de l'administration, de la politique et de la religion, par exemple. Formation universitaire (ou jugée équivalente) exigée. Du 21 au 23 octobre, pour Fr. 850 - (colla­borateurs des universités, Fr. 350.-), délai d'inscription fixé au 13 septembre 1996.

Sciences: Avenir et problèmes des re­

combinaisons génétiques; in­troduction à la biotechnologie végétale. Pour acquérir des con­naissances fondamentales dans le domaine des biotechniques végétales, et pour pouvoir se for­ger une opinion dans ce do­maine. L'originalité de ce cours réside dans le fait qu'il est des­tiné à des personnes non spé­cialisées dans le domaine sclen-

ou de PME. Le principe du «sur mesure» veut que l'on négocie avec le partenaire concerné pour définir les besoins spécifiques et les traduire en objectifs pédago­giques. Cela peut déboucher sur un effort de longue durée, par exemple un cycle de formation sur trois ans, comme c'est le cas actuellement avec Migras. Même approche pour Mercedes-Benz: le siège de Stuttgart a choisi HEC comme partenaire romand de la Haute Ecole de Saint-Gall, dans le cadre d'une formation des conces­sionnaires automobiles conçue spécifiquement pour le constructeur allemand. La BCV offre quant à elle un exemple intéressant de ce que la formation continue uni­versitaire peut accomplir, puisque les cours, dispensés principalement par des enseignants en HEC, s'adres­sent en définitive à toutes les catégories de collabora­teurs de la banque. Ces derniers se verront proposer comme travail préliminaire un questionnaire par lequel ils pourront transmettre leur vision de l'esprit à promou­voir au sein de l'entreprise. Du sur mesure jusqu'au bout, en somme, et tout cela à des tarifs concurrentiels si on les compare à ceux des institutions privées!

5 2 A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

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Page 31: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

A C T U S

L'UNIL au Salon «Computer 96»

C'est à l'installation à Dori-gny d'une borne interactive novatrice que l'Université doit son invitation en qualité d'hôte de l'édition 96 du salon d'informatique «Com­puter».

Pour élargir la présentation des nouvelles technologies de communication utilisées à l'UNIL et dans les Hautes Ecoles lau­sannoises, cette participation a été élargie à l'Ecole polytech­nique fédérale de Lausanne (EPFL), à la Bibliothèque can­tonale et universitaire (BCU) et à l'Ecole cantonale des arts de Lausanne (ECAL). Cette pré­sence a souligné la collaboration entre ces Institutions et montré l'éventail des compétences dé­veloppées à Lausanne.

Koala, le robot automobile dirigé depuis l'ordinateur

D'une surface de 102 m 2, le stand composé de structures métalliques et envahi d'ordina­

teurs illustrait la notion de réseau sur lequel se

greffaient les 12 exposants. Il fut

réalisé par des étudiants en d e s i g n graphique et

design indus­triel de l'ECAL

Outre la borne Cybcérone, l'UNIL y présentait le CD-ROM Laennec, programme d'ensei­gnement médical interactif dans le domaine de la pneumologie, primé lors de la European Aca­démie Software Awards 1994, les programmes d'informatique de gestion proposés par l'Ecole des HEC ainsi que le logiciel Vidéo Assist développé par l'Institut Inforge pour l'analyse de bandes vidéo et le projet

Ariane réalisé à Lausanne dans le cadre du projet européen ARIADNE.

Dans l'éventail de ses réali­sations et projets, l'EPFL avait

A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6

I N T E R N E T Ballade sur le serveur

w w w de l ' U N I L

Java: une borne qui swingue La borne interactive de

l'Université est installée depuis octobre 1995, au second bâtiment des facul­tés des sciences humaines (BFSH2). Elle renseigne le visiteur de l'UNIL sur les conférences du jour - dont les détails défilent sur l'écran - et permet par pression des doigts de naviguer sur le plan du site, dans l'annuaire du personnel et dans la liste des facultés et services adminis­tratifs.

Première utilisation mon­diale du langage de pro­grammation Java sur un ser­veur public, cet interface a bénéficié de l'appui de la société informatique SUN Microsystems. La borne a été conçue et réalisée par

une petite équipe mandatée par le professeur François Grize de l'Institut d'informa­tique de la Faculté des sciences et dirigée par Mehdi Aminiam, assistant. Ses prestations sont en train de migrer sur le serveur Web de l'Université. Le premier élé­ment à y être déposé est le Mémento des conférences et cours spéciaux (http: www.unil.ch/spul/memento.ht ml). Il permet d'afficher par date, période de temps ou faculté les conférences, col­loques et congrès organisés à ou par des instituts ou cli­niques de l'UNIL. Ces infor­mations sont d'ailleurs rédi­gées, en grande partie, par les enseignants eux-mêmes.

A.B.

choisi Koala, ro­bot automobile dirigé depuis l'ordinateur, et Artscreen, nou­velle technique de trame mise au point avec les élèves de l'ECAL

Dimension PIXEL: au prin­temps 95, ce fut

une exposition au Musée des arts décoratifs de Lausanne, c'est aussi un CD-ROM gravé par l'ECAL, tous deux lieux de rencontre des départements de

l'Ecole, de l'EPFL et des milieux industriels concernés par l'art et l'image.

Les bibliothécaires-docu­mentalistes de la BCU guidaient les visiteurs du stand sur les réseaux multiples et les bases de données constituées par les bibliothèques et leurs services documentaires.

Accessible depuis la plupart des stands du salon, Internet l'était aussi depuis les ordina­teurs du stand, sous le guidage des nombreux fans de l'UNIL.

Axel Broquet

La collaboration Vaud-Genève est en marche. Sur Internet, elle se concrétise par un lien informatique entre les serveurs des deux Universités de Lausanne et de Genève et par la présentation du Diplôme commun d'études supérieures en sciences natu­relles de l'environnement (http: www.unige.ch/forel/dessne. html).

Née en 1994, la bibliothèque de chimie (BiChi) met en com­mun les documentations, collections et ouvrages de l'UNIL et de l'EPFL dans ce domaine scientifique. Son ser­veur (www-bi-chi.uni.ch/ bibl.htm/#aaa) donne accès à ses catalogues et ouvre une large fenêtre sur des biblio­thèques suisses, européennes et, via l'Université de Berkeley, sur celles des autres conti­nents.

Cette volonté d'ouverture se retrouve dans le serveur du Ser­vice de la formation continue qui, à côté de ses programmes, présente ceux de ses homo­logues en Suisse, les cours postgrades de l'UNIL, les post­formations de l'EPFL et relie à

- Netscape: tlill'HI dp Itrolt» I I P S Haulps Ltodes Commerciale*

l'Open university anglaise (www-sfc.unil.ch/SFC-Pre-sentation/French/FC-autres).

Autres sites d'intérêt: celui de l'Institut suisse pour l'étude de l'art (www.unil.ch/isea) avec ses ouvertures sur les musées de Suisse et celui de la Section d'italien de la Faculté des lettres (unil.ch/ital/) avec ses bases de données concer­nant les ouvrages sur Machia­vel parus entre 1969 et 1990 et sur les textes écrits durant la dernière décennie par les auteurs italiens résidant hors de leur pays d'origine.

Pour le plaisir de l'œil, vous pouvez aussi consulter le ser­veur du Centre audiovisuel de l'UNIL (www.unil.ch/cav) avec sous «Infographie» une belle série de photos de l'UNIL et de son site naturel.

Nouveauté: le Mémento â'Uniscope, l'hebdomadaire de l'UNIL, est sur le Web. Pour se renseigner sur les confé­rences et colloques, il suffit de consulter sur le net «www. unil.ch/spul/memento.html».

A.B.

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A L L E Z S A V O I R ! / № 5 J U I N 9 6 5 5

Page 32: 131 eépèceé de cej liiàccteé crapahuteiit dur le territoire Midde. De

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Allez savoir! paraît trois fois

par an à intervalle trimestriel;

sa quatrième parution est rem­

placée par celle de Synergies, magazine des

Hautes Ecoles de Suisse occidentale.

Unutcope est le journal interne de l 'UNIL. Hebdoma­

daire en période de cours, il est mensuel durant les

vacances. Il contient notamment le mémento des confé­

rences et des cours spéciaux, l'agenda des activités cul­

turelles organisées au sein de notre Haute Ecole ainsi

que des articles présentant la vie sociale et scientifique

de l'institution.

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Le Centre de Recherche Nestlé fait partie d'un réseau international de Recherche et Développement. Avec quelque 600 collaborateurs, il permet à Nestlé, leader mondial

de l'industrie alimentaire, de relever les défis permanents,

présents et futurs, de ali­mentation et de la nutri­

tion. Guidé par l'impéra­tif de la qualité et de la sécurité, il respecte la matière première jusqu'au produit fini dans votre assiette.

The Nestle Research Centre, with some 600

staff, is part of an inter­national Research and

Development network. With quality and safety as

guidelines, research complies with the raw materials up to

the finished product on your table. Nestle, the world's leading food company can thus respond to the constant challenges in food and nutrition, both today and for the future.