12 0 2 r b m c é d 8 0 n 2012 quelle fabuleuse année banque...

32
N° 008 - Décembre 2012 Togo Création d’Entreprise 24 H Chrono Dossier Enseignement Supérieur en Côte d’Ivoire : De l’Excellence à la Médiocrité BANQUE MONDIALE - CÔTE D’IVOIRE Quelle Fabuleuse Année ! BANQUE MONDIALE - CÔTE D’IVOIRE Quelle Fabuleuse Année ! 2012 2012 Jim Yong Kim Président du groupe de la Banque mondiale Alassane Ouattara Président de la Côte d’Ivoire

Upload: nguyenlien

Post on 19-Apr-2018

221 views

Category:

Documents


7 download

TRANSCRIPT

Page 1: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

N° 0

08 -

Déce

mbr

e 2

012

TogoCréation d’Entreprise

24 H Chrono

DossierEnseignement Supérieur

en Côte d’Ivoire :De l’Excellence à la Médiocrité

BANQUE MONDIALE - CÔTE D’IVOIRE

Quelle Fabuleuse Année !BANQUE MONDIALE - CÔTE D’IVOIRE

Quelle Fabuleuse Année !20122012

Jim Yong KimPrésident dugroupe de laBanque mondiale

AlassaneOuattaraPrésident dela Côte d’Ivoire

Page 2: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

2

1001 BP 1850Abidjan 01, Côte d’IvoireTel : (225) 22 40 04 00Fax : (225) 22 40 04 [email protected] du Bureau Régional de la Banque mondiale (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo, Bénin)

Directeur de la PublicationPublisherMadani M. Tall

Rédacteur en ChefEditor in chiefEmmanuel Noubissie Ngankam

Rédacteur en Chef adjointEditorTaleb Ould Sid’Ahmed

RelectureEditingMarie France Anet

Comité EditorialEditorial BoardMadani M. TallLorenzo BertoliniTaleb Ould Sid’AhmedMarie France AnetSaidou DiopEmmanuel Noubissie Ngankam

CollaborationSylvie NÉNONENELionel F YaroNadiath A Dende

Graphisme et ImpressionDesign and PrintingIMPRISUD Abidjan

SOMMAIREL’ÉVÈNEMENT

DOSSIER

4

30

17

28

TOGO

ZOOM SUR

INSIDE THE BANK

BANK IN ACTION

Banque MondialeCôte d'Ivoire :

Quelle Fabuleuse année

Enseignement Supérieur en Côte d'IvoireDe l’Excellenceà la Médiocrité

Côte d'IvoireEmprunter le Chemin

de la consolidation, de la paix et de la réconciliation

Faire du secteur privéle véritable moteur

de la croissance économique

Murielle AhouréNouvelle reine

du sprint africain

La parole est à…Betche Boakao

Page 3: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

Les 4 et 5 décembre 2012 se tiennent à Paris, le Groupe Consultatifde la Côte d’Ivoire, un forum au cours duquel les autorités ivoiriennesprésenteront à leurs partenaires publics et privés, le Plan National deDéveloppement (PND 2012-2015) et surtout solliciteront la contribu-tion de ces partenaires pour le financement de cet ambitieux Plan.Certes, de prime abord, ce forum peut apparaitre comme du déjà-vu,tous les pays sortant de crise nous ayant habitué à ce genre d’exercicede collecte de fonds diversement nommé, Groupe Consultatif, TableRonde des Bailleurs etc.Mais, dans le cas spécifique de la Côte d’Ivoire, il ne s’agit, ou plusexactement, il ne devrait s’agir de sacrifier à un phénomène de modeet encore moins, de s’adonner à une partie de communication.Car en effet, ma conviction profonde est que la Côte d’Ivoire, contrai-rement à bien d’autres pays fragilisés par les affres des crises socio-politiques, a su préserver les bases de son développementéconomique et la résilience dont elle a fait preuve, est l’un des gagesde la pertinence du soutien qu’elle attend des partenaires publics etde l’intérêt qu’elle devrait susciter pour les investisseurs privés.On ne le répètera jamais assez, malgré près de vingt ans de crise dontune sévère crise économique du milieu des années 80 qui a fait bas-culer la Côte d’Ivoire du statut de pays à revenu intermédiaire à celuide pays moins avancé en 1991 , ce pays a consolidé sa position depremier producteur mondial de Cacao avec une production record deprès de 1,5 millions de tonnes en 2010 – 2011. En pleine crise mili-taro-politique, ce pays est devenu premier exportateur mondial denoix de cajou avec plus 400.000 tonnes par an. Quid de l’huile depalme et du caoutchouc naturel pour lesquels la Côte d’Ivoire est res-tée premier producteur africain et dans le peloton de tête mondial.Bien plus, malgré les années de crise, la Côte d’Ivoire est devenue ledeuxième exportateur africain de produits manufacturés hors pétroleaprès l’Afrique du Sud et devant le Nigeria. Cette performance donton ne parle pas souvent, est à mettre au crédit d’un secteur privé fortet dynamique, qui a continué de croire en ce pays et dont le rôle aucours des années à venir sera plus que déterminant pour non seule-ment donner davantage de valeur ajoutée aux immenses potentialitésde la Côte d’Ivoire, mais également contribuer à la résorption du chô-mage des jeunes qui est indéniablement l’une des hypothèques quipèsent sur la stabilité de ce pays.

C’est dire si la Côte d’Ivoire a les moyens de tendre à brève échéancevers l’émergence et même de jouer dans la cour des grands, en espé-rant que ses élites de tous les bords, en aient la vertu, cette vertu quifait d’une élite un avant-gardiste et d’un peuple une nation.

Moyens et vertu

The Consultative Group for Côte d’Ivoire will be held in Paris onDecember 4 and 5, 2012, a forum during which the Ivorian au-thorities will present to their public and private partners the Na-tional Development Plan (2012-2015 NDP) and seek thecontribution of these partners for the financing of this ambitiousPlan.At first glance, this forum may look like déjà-vu, as all the countriesemerging from a crisis have accustomed us to this kind of fundrai-sing exercise, variously called "Consultative Group", "DonorsRound Table", etc.However, in the specific case of Côte d’Ivoire, it is not about, or,more accurately, it should not be about following a trend and,least of all, to engage in a communication exercise.Indeed, it is my firm conviction that Côte d’Ivoire, unlike manyother countries weakened by the hardships of socio-politicalcrises, managed to preserve the foundations of its economic de-velopment. The resilience it has shown is one of the motives of therelevance of the support it expects from public partners, and theinterest it should arouse for private investors.It can never be repeated enough that, in spite of almost twentyyears of crisis, and a severe economic crisis from the mid-80's thatbrought Côte d’Ivoire down from the status of a middle-incomecountry to that of a least developed country in 1991, this countryhas strengthened its position as the world's leading cocoa produ-cer, with a record production of around 1.5 million tonnes in2010–2011. In the midst of a military and political crisis, it becamethe world's largest exporter of cashew nuts, with more than400,000 tonnes per year. What about palm oil and natural rubberfor which Côte d’Ivoire has remained Africa's leading producerand among the global leaders? Moreover, in spite of the years ofcrisis, Côte d’Ivoire has become the second-largest African expor-ter of non-oil manufactured products, after South Africa, and aheadof Nigeria. This performance that is not often talked about is a cre-dit to a strong and dynamic private sector that has kept faith in thiscountry, and whose role in the coming years will be decisive, notonly to provide even more value-added to the enormous potentialsof Côte d’Ivoire, but also to contribute to the reduction of youthunemployment, which is undeniably one of the threats to the sta-bility of this country.The foregoing shows that Côte d’Ivoire has the means to becomean emerging country in the near future, and even get in with thebig guns, provided that its elites of all sides have the virtue to doso, the sort of virtue that makes an elite a pioneer and a people anation.

The Means and the virtue

Par / By MADANI M. TALLÉ D I T O R I A L

.

3L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

2

1001 BP 1850Abidjan 01, Côte d’IvoireTel : (225) 22 40 04 00Fax : (225) 22 40 04 [email protected] du Bureau Régional de la Banque mondiale (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo, Bénin)

Directeur de la PublicationPublisherMadani M. Tall

Rédacteur en ChefEditor in chiefEmmanuel Noubissie Ngankam

Rédacteur en Chef adjointEditorTaleb Ould Sid’Ahmed

RelectureEditingMarie France Anet

Comité EditorialEditorial BoardMadani M. TallLorenzo BertoliniTaleb Ould Sid’AhmedMarie France AnetSaidou DiopEmmanuel Noubissie Ngankam

CollaborationSylvie NÉNONENELionel F YaroNadiath A Dende

Graphisme et ImpressionDesign and PrintingIMPRISUD Abidjan

SOMMAIREL’ÉVÈNEMENT

DOSSIER

4

30

17

28

TOGO

ZOOM SUR

INSIDE THE BANK

BANK IN ACTION

Banque MondialeCôte d'Ivoire :

Quelle Fabuleuse année

Enseignement Supérieur en Côte d'IvoireDe l’Excellenceà la Médiocrité

Côte d'IvoireEmprunter le Chemin

de la consolidation, de la paix et de la réconciliation

Faire du secteur privéle véritable moteur

de la croissance économique

Murielle AhouréNouvelle reine

du sprint africain

La parole est à…Betche Boakao

Les 4 et 5 décembre 2012 se tiennent à Paris, le Groupe Consultatifde la Côte d’Ivoire, un forum au cours duquel les autorités ivoiriennesprésenteront à leurs partenaires publics et privés, le Plan National deDéveloppement (PND 2012-2015) et surtout solliciteront la contribu-tion de ces partenaires pour le financement de cet ambitieux Plan.Certes, de prime abord, ce forum peut apparaitre comme du déjà-vu,tous les pays sortant de crise nous ayant habitué à ce genre d’exercicede collecte de fonds diversement nommé, Groupe Consultatif, TableRonde des Bailleurs etc.Mais, dans le cas spécifique de la Côte d’Ivoire, il ne s’agit, ou plusexactement, il ne devrait s’agir de sacrifier à un phénomène de modeet encore moins, de s’adonner à une partie de communication.Car en effet, ma conviction profonde est que la Côte d’Ivoire, contrai-rement à bien d’autres pays fragilisés par les affres des crises socio-politiques, a su préserver les bases de son développementéconomique et la résilience dont elle a fait preuve, est l’un des gagesde la pertinence du soutien qu’elle attend des partenaires publics etde l’intérêt qu’elle devrait susciter pour les investisseurs privés.On ne le répètera jamais assez, malgré près de vingt ans de crise dontune sévère crise économique du milieu des années 80 qui a fait bas-culer la Côte d’Ivoire du statut de pays à revenu intermédiaire à celuide pays moins avancé en 1991 , ce pays a consolidé sa position depremier producteur mondial de Cacao avec une production record deprès de 1,5 millions de tonnes en 2010 – 2011. En pleine crise mili-taro-politique, ce pays est devenu premier exportateur mondial denoix de cajou avec plus 400.000 tonnes par an. Quid de l’huile depalme et du caoutchouc naturel pour lesquels la Côte d’Ivoire est res-tée premier producteur africain et dans le peloton de tête mondial.Bien plus, malgré les années de crise, la Côte d’Ivoire est devenue ledeuxième exportateur africain de produits manufacturés hors pétroleaprès l’Afrique du Sud et devant le Nigeria. Cette performance donton ne parle pas souvent, est à mettre au crédit d’un secteur privé fortet dynamique, qui a continué de croire en ce pays et dont le rôle aucours des années à venir sera plus que déterminant pour non seule-ment donner davantage de valeur ajoutée aux immenses potentialitésde la Côte d’Ivoire, mais également contribuer à la résorption du chô-mage des jeunes qui est indéniablement l’une des hypothèques quipèsent sur la stabilité de ce pays.

C’est dire si la Côte d’Ivoire a les moyens de tendre à brève échéancevers l’émergence et même de jouer dans la cour des grands, en espé-rant que ses élites de tous les bords, en aient la vertu, cette vertu quifait d’une élite un avant-gardiste et d’un peuple une nation.

Moyens et vertu

The Consultative Group for Côte d’Ivoire will be held in Paris onDecember 4 and 5, 2012, a forum during which the Ivorian au-thorities will present to their public and private partners the Na-tional Development Plan (2012-2015 NDP) and seek thecontribution of these partners for the financing of this ambitiousPlan.At first glance, this forum may look like déjà-vu, as all the countriesemerging from a crisis have accustomed us to this kind of fundrai-sing exercise, variously called "Consultative Group", "DonorsRound Table", etc.However, in the specific case of Côte d’Ivoire, it is not about, or,more accurately, it should not be about following a trend and,least of all, to engage in a communication exercise.Indeed, it is my firm conviction that Côte d’Ivoire, unlike manyother countries weakened by the hardships of socio-politicalcrises, managed to preserve the foundations of its economic de-velopment. The resilience it has shown is one of the motives of therelevance of the support it expects from public partners, and theinterest it should arouse for private investors.It can never be repeated enough that, in spite of almost twentyyears of crisis, and a severe economic crisis from the mid-80's thatbrought Côte d’Ivoire down from the status of a middle-incomecountry to that of a least developed country in 1991, this countryhas strengthened its position as the world's leading cocoa produ-cer, with a record production of around 1.5 million tonnes in2010–2011. In the midst of a military and political crisis, it becamethe world's largest exporter of cashew nuts, with more than400,000 tonnes per year. What about palm oil and natural rubberfor which Côte d’Ivoire has remained Africa's leading producerand among the global leaders? Moreover, in spite of the years ofcrisis, Côte d’Ivoire has become the second-largest African expor-ter of non-oil manufactured products, after South Africa, and aheadof Nigeria. This performance that is not often talked about is a cre-dit to a strong and dynamic private sector that has kept faith in thiscountry, and whose role in the coming years will be decisive, notonly to provide even more value-added to the enormous potentialsof Côte d’Ivoire, but also to contribute to the reduction of youthunemployment, which is undeniably one of the threats to the sta-bility of this country.The foregoing shows that Côte d’Ivoire has the means to becomean emerging country in the near future, and even get in with thebig guns, provided that its elites of all sides have the virtue to doso, the sort of virtue that makes an elite a pioneer and a people anation.

The Means and the virtue

Page 4: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

Par EMMANUEL NOUBISSIÉ NGANKAM

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 0084 L’espoir

Depuis 1963 date à laquelle laCôte d’Ivoire est devenue action-naire de la Banque mondiale, le

partenariat entre les deux parties a de touttemps été d’une grande exemplarité mal-gré des moments de désamours commecette longue période de suspension detout décaissement entre 2004 et 2008 dufait de l’incapacité de la Côte d’Ivoire àhonorer le service de sa dette. Depuis lalevée de cette suspension en juillet 2008,l’essentiel est sauf et à ce jour tous les fi-nancements de la Banque mondiale en fa-veur de ce pays, soit un cumul de plus de800 milliards de F CFA en quatre ans, sontexclusivement des dons.

Mais au-delà de ces chiffres qui parlentd’eux-mêmes et de l’impact de ces finan-cements qui ont permis à des millionsd’ivoiriens de garder la tête hors de l’eaumalgré plus de 10 ans de crise, l’année2012 doit être considérée comme uneannée charnière pour ce partenariat, uneannée de toutes les sollicitudes de laBanque mondiale dont le rôle va au-delàdes financements de projets et d’appuisbudgétaires.

Cette sollicitude a été marquée par un cer-tain nombre de faits qui confinent à uneattention toute particulière pour ne pasdire spéciale, à l’égard de la Côte d’Ivoire.

Février 2012, et plus précisément du 8 au11, une délégation d’une dizaine d’Admi-nistrateurs représentant près de 60% ducapital de la Banque mondiale, séjourneen Côte d’Ivoire. Cette visite qui intervient10 mois seulement après le dénouementde la crise post-électorale et alors mêmeque la situation sécuritaire reste relative-ment précaire, résonne comme un soutien(presque) inconditionnel aux nouvellesautorités d’Abidjan qui ne boudent pasleur plaisir face à ce qui n’est rien moinsqu’un privilège. Alors même que le débatautour de l’atteinte du point d’achèvementde l’Initiative PPTE déchaine toutes lespassions et que des incertitudes planent

Le partenariat bientôt cinquantenaire entre la Banque mondiale et la Côte d’Ivoire vient d’être marqué par uneannée 2012 pleine, riche, empreinte d’une sollicitude toute particulière à l’égard de ce pays qui sort définitivement,il faut l’espérer et le souhaiter, de longues années de crises multiformes.

Banque mondiale – Côte d’Ivoire

Quelle Fabuleuse Année !

Des administrateurs de la Banque mondiale dans une pépinière d ‘Hévéa à Dabou

Page 5: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

Par EMMANUEL NOUBISSIÉ NGANKAM

5L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

sur la réalisation de certains prérequis (dé-clencheurs) notamment la mise œuvre dela réforme du secteur café-cacao, le Prési-dent Alassane Ouattara saisit l’opportunitéde la visite des Administrateurs pour nonseulement plaider la cause de son pays,mais également pour présenter lui-mêmeà ses hôtes les enjeux régionaux de la re-construction de la Côte d’Ivoire à un mo-ment où le Mali et l’ensemble du Sahelétaient déjà dans la tourmente. Qui mieuxqu’Alassane Ouattara pouvait faire ce plai-doyer, lui qui, cinq jours après l’audienceaccordée aux Administrateurs de laBanque mondiale, devait prendre les rênesde la CEDEAO (Communauté Econo-mique des Etats de l’Afrique de l’Ouest).

Outre les réalités de la Côte d’Ivoire sousle charme duquel sont tombés certains Ad-ministrateurs de la Banque mondiale, leplaidoyer des autorités d’Abidjan a certai-nement fait son effet puis que le 26 juin,c’est sans heurt, presque sans débat, quele Conseil d’Administration de la Banquemondiale (à la suite de celui du FMI) dé-clare le franchissement du point d’achève-ment de l’Initiative PPTE et parconséquence l’éligibilité de la Côted’Ivoire à divers mécanismes de réductionde sa dette extérieur. Ce sont environ 4000milliards de FCFA sur les 6500 que doit laCôte d’Ivoire, qui seront effacés, desser-rant ainsi l’étau du service de la dette au-quel l’Etat consacrait jusque-là près duquart de son budget annuel. Cetteéchéance était d’autant plus capitale quela Côte d’Ivoire a été l’un des tous pre-miers pays à atteindre le point de décision

de l’initiative PPTE en 1998, c’est-à-diredeux ans seulement après le lancement del’initiative, et courrait depuis lors, sanssuccès, après le point d’achèvement.

Comme pour venir féliciter les autoritésivoiriennes, le 9 juillet, M. Makhtar Diop,le tout nouveau Vice-président de laBanque mondiale pour la Région Afriqueeffectue une visite à Abidjan un mois seu-lement après sa prise effective de fonction.Outre la situation interne en Côte d’Ivoire,la visite de Makhtar Diop prend les alluresd’une concertation autour de la situationmalienne qui préoccupe au plus hautpoint la Banque mondiale. La normalisa-tion de la situation dans le sahel passe-t-elle par Abidjan ? En tout cas, même s’ilest interpellé au premier chef par la situa-tion interne à son pays, le Président enexercice de la CEDEAO reste un acteur cléde la recherche des solutions à l’imbrogliomalien. Ce qui n’en rajoute qu’à l’atten-tion de la Banque mondiale vis-à-vis de laCôte d’Ivoire.

Mais cette attention n’a pas encore atteintson comble car à peine a-t-il pris ses quar-tiers au 1818 H Street, siège de la Banquemondiale à Washington, Jim Yong Kim,nouveau Président de cette institution an-nonce que son tout premier voyage seraconsacré à l’Afrique et plus spécifique-ment à la Côte d’Ivoire. Cette visite se dé-roule effectivement du 4 au 5 septembredans une ambiance festive, pleine de cou-leurs (côté cour) mais également de beau-coup de concertations et de travail (côtéjardin). A la question de savoir pourquoi

la Côte d’Ivoire pour son tout premiervoyage en tant que Président de la Banquemondiale, Jim Yong Kim rappelle l’impor-tance de ce pays pour l’institution qu’il di-rige. La Côte d’Ivoire dit-il est un paysfragile qui sort progressivement de longuesannées de crises, mais au-delà, la Côted’Ivoire occupe une position régionalecharnière et aider ce pays, équivaut à don-ner de l’espoir non pas uniquement à ses22 millions d’habitants, mais à un sous en-semble régional de plus 100 millionsd’âmes. Bien plus, rappelle-t-il, avec lenouveau leadership et surtout les potentia-lités de la Côte d’Ivoire, ce pays peut êtreun exemple de pays qui passe rapidementde la fragilité à l’émergence avec le sou-tien de la communauté internationale. JimYong Kim qui est d’origine coréenne nemanque pas au passage de voire des simi-litudes entre son pays et la Côte d’Ivoire.Il assène à suffisance que ses parents ontfui la guerre en Corée alors qu’il n’avaitque 5 ans, que la Corée était un pays ex-trêmement pauvre et que grâce au travailde ses élites et à la clairvoyance de ses di-rigeants, la Corée joue désormais dans lacour des grands. Si la Corée qui était malpartie, y est parvenue avec peu demoyens, pourquoi la Côte d’Ivoire ne fe-rait-elle pas mieux ? Mais au-delà de cemessage d’espoir et d’invite à plus d’effort,la Président de la Banque mondiale n’apour autant pas été complaisant. LaBanque mondiale comme tous les autrespartenaires de la Côte d’Ivoire fera sa part,mais l’avenir de la Côte d’Ivoire dépendd’abord des ivoiriens eux-mêmes, a-t-ilmartelé sans détours. Il a à ce propos rap-pelé l’urgence de la réconciliation natio-nale, l’impérieuse nécessité de s’attaquerde manière courageuse aux sources bienconnues des différentes crises et bien évi-demment, au renforcement de la sécurité.Sans s’ériger en donneur de leçons, JimYong Kim a certes appelé les autorités ivoi-riennes à leur responsabilité, mais au-delàde tout, il est venu délivrer aux ivoiriensun message d’espoir et leur faire part de lagrande sollicitude de la Banque mondiale.

L’un des points sur lesquels le Président dela Banque mondiale était attendu est in-contestablement celui des financements.Aucun chiffre n’a été avancé mais par

Le Président de la Banque mondiale en symbiose totale avec de jeunes ivoiriens

Page 6: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

Par EMMANUEL NOUBISSIÉ NGANKAM

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 0086 L’espoir

contre, Jim Yong Kim a annoncé la tenueà Abidjan de la Revue à Mi-Parcours du16ème cycle de l’Association Internatio-nale de Développement (IDA), le fonds dela Banque mondiale pour les pays les pluspauvres. Fait inédit, c’est la première foisque cette assise se tient hors de Washing-ton depuis la création de l’IDA en 1960.Au-delà de la symbolique, c’est un privi-lège pour la Côte d’Ivoire qui, du 13 au 15novembre 2012, a accueilli plus de 160plénipotentiaires (ministres des finances,banquiers centraux, hauts fonctionnaires)représentant les pays actionnaires de laBanque mondiale et contributeurs auxfonds IDA. Pour rehausser la cérémonied’ouverture de cet important forum, le Pré-sident Ouattara était entouré de deux deses pairs africains, le Président du Bénin,Thomas Boni Yayi, Président en exercicede l’Union Africaine et Mme Ellen JohnsonSirleaf, Présidente du Libéria. Tout en re-connaissant la valeur inestimable du sou-tien de l’IDA aux pays les plus pauvres, lestrois Chefs d’Etats ont plaidé pour l’aug-mentation de cette irremplaçable assis-tance, malgré une conjonctureinternationale marquée entre autres, parune sévère crise financière qui pourraitconstituer un facteur de tarissement des

ressources de l’IDA qui s’élèvent à 49,3milliards de dollars (environ 25.000 mil-liard de F CFA) pour la période 2011-2014. Au-delà du caractère internationalde cette assise, sa tenue à Abidjan com-porte de multiples avantages pour la Côted’Ivoire. Tout d’abord, cet événementdonne plus de visibilité à ce pays qui n’apas encore fini de panser les plaies de ladernière crise post-électorale. Mieux, aumoment où les médias internationaux sefont plus l’écho de la situation sécuritaireen Côte d’Ivoire, la tenue de la Revue àMi-Parcours de l’IDA16 résonne, non pascomme un démenti, mais permet de rela-tiviser ce qui pourrait être les derniers re-lents d’une crise militaro-politique. Bienplus, cette assise a été l’occasion pour lesautorités ivoiriennes de plaider la cause deleur pays dont l’allocation actuelle, n’estpas à la dimension de la taille, de l’impor-tance, des ambitions et des besoins de cepays. Certes, la réunion d’Abidjan n’étaitpas une réunion décisionnelle, mais elle apréparé aux grandes décisions qui vontêtre prises d’ici juin 2013 sur la réaffecta-tion des ressources IDA non utilisées pardes pays à faible capacité d’absorption.De bonnes nouvelles donc en perspectivepour la Côte d’Ivoire.

En tout état de cause, l’enjeu majeur pourla Côte d’ Ivoire reste le financement de sareconstruction et de son développement.C’est cet enjeu qui sera au cœur duGroupe Consultatif (GC) qu’organise leGouvernement ivoirien avec le concoursde… la Banque mondiale les 4 et 5 dé-cembre. Cette rencontre qui se tiendradans les locaux de la Banque mondiale àParis, verra la participation des principauxpartenaires publics et privés de la Côted’Ivoire et a pour objectif majeur de mo-biliser des financements pour la mise enœuvre du Plan National de Développe-ment 2012-2015 (PND) élaboré par leGouvernement. Le coût de ce PND s’élèveà environ 22 milliards de dollars (11.000milliards de F CFA) dont près de la moitiéest attendue du secteur privé.

Quelle année ? Serait-on tenté de s’excla-mer. Une année pleine dans le cadre d’unpartenariat exemplaire empreinte d’uneattention toute particulière de la Banquemondiale à l’égard de la Côte d’Ivoire, cepays à qui la nature a tant donné et qui atout ce qu’il faut pour devenir émergent ;pourvu que ses leaders politiques et élitesle veuillent.

Makhtar Diop, Vice-Président de la Banque mondiale en entretien avec le Président Ouattara

Page 7: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

7L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

Since 1963, when Côte d’Ivoire be-came shareholder of the WorldBank, the partnership between the

two parties has always been of great exem-plarity, in spite of times of disenchant-ments, such as the long period ofsuspension of any disbursements between2004 and 2008, when Côte d’Ivoire couldno longer meet its debt obligations. Sincethe lifting of that suspension in July 2008,things are getting better and to date, all theWorld Bank's financing for this country, atotal of more than CFA franc 850 billion($1.7 billion) in four years, has exclusivelybeen grants.

But beyond these figures that speak forthemselves, and the impact of this finan-cing, that has allowed millions of Ivoiriansto keep their heads above the water des-pite more than 10 years of crisis, 2012must be seen as a pivotal year for this part-nership, a year of great solicitude from theWorld Bank, whose role goes beyond thefinancing of projects and budget supports.

This interest has been marked by a numberof facts that look like particular attention,shall we say special attention, to Côted’Ivoire.February 2012, and more precisely fromthe 8th to the 11th, a delegation of tenExecutive Directors (EDs) representingnearly 60% of the capital of the WorldBank, travelled to Côte d’Ivoire. This visit,coming just 10 months after the resolutionof the post-electoral crisis, and at a timewhen the security situation was still relati-vely precarious, looked (almost) like anunconditional support to the new authori-ties of Abidjan, who did not deny them-selves the pleasure for what was nothingless than a privilege. Whilst the debateabout the HIPC completion point arousedall the passions, and uncertainty surroun-ded the achievement of some prerequisites(triggers), especially the implementation ofthe coffee and cocoa sector reform, Presi-dent Alassane Ouattara seized the oppor-tunity of the EDs’ visit to not only pleadthe case for his country, but also to present

to his hosts the regional challenges of thereconstruction of Côte d’Ivoire, at a timewhen Mali and the whole of the Sahel areawas already in turmoil. Who better thanAlassane Ouattara could make this plea,he who, five days after the audience gran-ted to the EDs of the World Bank, wasgoing to take the Chairmanship of the Eco-nomic Community of West African States(ECOWAS).

In addition to the realities of Côte d’Ivoire,under the charm of which some EDs of theWorld Bank fell, the advocacy of the au-thorities of Abidjan must have made quitean impression, since on 26 June, withoutany difficulty and almost no debate, theBoard of Directors of the World Bank (fol-lowing that of the IMF) declared that Côted’Ivoire has reached the HIPC completionpoint and was therefore eligible to variousmechanisms for debt relief. This meant thatsome CFA franc 4,000 billion ($8 billion)out of 6,500 ($13 billion) Côte d’Ivoireowes, were cancelled, hence releasing the

The almost fifty year old partnership between the World Bank and Côte d’Ivoire has just experienced a rich andfull year, marked by a particular solicitude towards this country that is finally emerging, it is to be hoped andwished, from long years of multifaceted crises.

World Bank – Côte d’Ivoire

What a Fabulous Year !

President Ouattara of Côte d’Ivoire, Ellen Johnson Sirleaf of Liberia and Boni Yayi of Benin with IDA Deputies

Page 8: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 0088 L’espoir

stranglehold of debt payment to which,until then, the Government dedicatednearly a quarter of its annual budget. Thisachievement was even more critical thatCôte d'Ivoire was one of the first countriesto reach the decision point of the HIPC ini-tiative in 1998, that is to say, two yearsafter the initiative was launched in 1996,and since then had been running unsuc-cessfully after the completion point.As if he was coming to congratulate theIvorian authorities, Mr. Makhtar Diop, thenew World Bank's Vice-President for theAfrica Region, travelled to Abidjan on July9, just a month after he took office. In ad-dition to the internal situation in Côted’Ivoire, Makhtar Diop's visit looked likea consultation about the situation in Malithat was of great concern to the WorldBank. Would the solution to the situationin the Sahel come from Abidjan? In anyevent, even if he was primarily concernedabout the situation in his own country, thecurrent Chairman of ECOWAS remained akey player in the search for solutions to thepolitical imbroglio in Mali; which addedto the World Bank' attention vis-à-vis Côted’Ivoire.

While this attention had not yet reachedits peak, Jim Yong Kim, the new President

of the World Bank Group who had barelytaken up office at 1818 H Street in Wash-ington, announced that his first trip wouldbe in Africa, and specifically to Côted’Ivoire. Indeed, this visit took place fromSeptember 4 to 5, in a festive and colour-ful atmosphere (in public) but also with alot of consultations and work (in private).When asked why Côte d’Ivoire for his firsttrip as President of the World Bank, JimYong Kim spoke of the importance of thiscountry for the Institution he leads. Côted’Ivoire, he said, is a fragile country that isgradually emerging from long years ofcrises; but beyond that, Côte d’Ivoire holdsa key position in the region; and helpingthis country means giving hope not onlyto 22 million Ivorians, but to a whole sub-region of more than 100 million inhabi-tants. He also reminded us that with thenew leadership and its potentials, Côted’Ivoire could be an example of countriesthat quickly move from being a fragileState to an emerging nation, with the sup-port of the international community. JimYong Kim, who was born in Korea, did nothesitate to mention in passing some simi-larities between his country and Côted’Ivoire. He spoke about how his parentsfled the war in Korea when he was only 5years old, that Korea was a very poor

country and that, thanks to the work of itselites and the foresight of its leaders, Koreais now playing with big leagues. If Koreathat had gotten off to a bad start was ableto make it with very little, why would Côted’Ivoire not do better? But beyond thismessage of hope and incitation to more ef-forts, the President of the World Bank wasnot complacent. In non-ambiguous terms,he hammered some strong messages: TheWorld Bank, like all the other partners ofCôte d’Ivoire, will do its part and its best,but the future of Côte d’Ivoire rests withIvoirians, first and foremost. In thisconnection, he reminded everyone of theurgency for national reconciliation, thepressing need to tackle head-on and withcourage the well-known causes of the va-rious crises and, of course, the improve-ment of security. Without wanting to talkdown to anyone, Jim Yong Kim remindedthe Ivorian authorities of their responsibi-lity; but beyond all that, he came to delivera message of hope to Ivoirians and letthem know of the great solicitude of theWorld Bank.

One of the issues on which the Presidentof the World Bank was expected to expresshis views was unquestionably that of fi-nancing. No figure was given; however,

Managing Director Caroline Anstey during a field visit in Abidjan

Page 9: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

9L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

Jim Yong Kim did announce that the Mid-Term Review of the 16th cycle of the In-ternational Development Association(IDA), the World Bank's Fund for the poo-rest countries, would be held in Abidjan.This was the first time, since its creation in1960, that IDA was going to hold its Mid-Term Review meeting outside of Washing-ton. Beyond the symbol, this was aprivilege for Côte d’Ivoire, which hosted,from November 13 to 15, 2012, more than160 IDA deputies (Ministers of Finance,Central Bankers, Senior Officials) repre-senting the shareholder countries of theWorld Bank and contributors to IDA Fund.To give added lustre to the Opening Cere-mony of this important forum, PresidentOuattara was surrounded by two otherAfrican Heads of State, Thomas Boni Yayi,President of Benin and current Chairmanof African Union, and Ellen Johnson Sir-leaf, President of Liberia. Whilst acknow-ledging the inestimable value of the IDAsupport to the poorest countries, the threeHeads of State pleaded for the increase ofthis irreplaceable assistance, despite an in-ternational situation marked by, amongother things, a severe financial crisis thatcould be a factor of depletion of the IDAresources that amount to US$ 49.3 billion(around CFA franc 25,000 billion) for the

2011-2014 period. Apart from the interna-tional character of this meeting, the factthat it was being held in Abidjan had se-veral advantages for Côte d’Ivoire. First,the event gave more visibility to this coun-try that has not yet finished healing thewounds of the last post-electoral crisis.Furthermore, at a time when the interna-tional media were much more interestedin the security situation in Côte d’Ivoire,hosting the IDA Mid-Term Review sounds,not as a denial, but puts into perspectivewhat could be the last remainders of a mi-litary-political crisis. Moreover, the mee-ting was an occasion for the Ivorianauthorities to plead the case of their coun-try whose IDA allocation of US$ 330 mil-lion (CFA franc 165 billion), is notcommensurate with the size, importance,ambitions and needs of this country. Ad-mittedly, the Abidjan meeting was not adecision-making meeting, but it helpedprepare major decisions that will be takenby June 2013 on the reallocation of theIDA resources that have not been commit-ted by countries with low absorption ca-pacity. Good news in perspective thereforefor Côte d’Ivoire.In any event, the major challenge for Côted’Ivoire remains the financing of its re-construction and development. It is this

challenge that will be the focus of theConsultative Group that the Governmentof Côte d'Ivoire organises with the supportof… the World Bank on December 4 and5. This meeting, which will be held in thepremises of the World Bank in Paris, willbring together Côte d’Ivoire's main publicand private partners and particularly aimsto mobilise financing for the implementa-tion of the 2012-2015 National Develop-ment Plan (NDP) developed by theGovernment. The cost of the NDPamounts to around US $ 22 billion (CFAfranc 11,000 billion), half of which is ex-pected to come from the private sector.President Ouattara, who will chair theOpening Ceremony, will be accompaniedby, among others, the World Bank's Vice-President for the Africa Region, MakhtarDiop.

What a year it has been! A full year in thecontext of an exemplary partnership, mar-ked by a particular attention from theWorld Bank for Côte d’Ivoire; a countrythat nature has endowed with so muchand that has all it needs to become anemerging country, provided its politicalleaders and its elites are willing to help itget there.

President Ouattara with a delegation of World Bank Executive Directors

Page 10: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00810 L’espoir

DOSSIER Par TALEB OULD SID’AHMEDDOSSIER

Outre-tombe, ils doivent êtrenombreux parmi les pionniersde l’école ivoirienne à implorer

le respect du legs qu’ils ont laissé, en bâ-tissant un système éducatif devenu modèleen Afrique francophone au lendemain desindépendances. Il y a quelques semainesencore, début novembre, l’Etat ivoirien àtravers la Grande Chancelière a sorti del’ombre une cinquantaine de ces «bâtis-seurs de l’école ivoirienne » pour leur ren-dre un hommage national. Deux d’entreeux, Joachim Bony et Amon-Tanoh, ontcertes reconnu que le Sénégal et l’ancienDahomey (actuel Benin) avaient une lon-gueur d’avance sur la Côte d’Ivoire audébut des années 601, mais la tendances’était très rapidement inversée sous l’im-pulsion du Président Houphouët. Certes,

bien avant l’accession de la Côte d’Ivoireà la souveraineté nationale, l’administra-tion coloniale à l’époque régie par leGouverneur Latrille, avait amorcé undébut de formation des élites locales, avecles fameux «compagnons de l’aventure 46» qui permit en octobre 1946 à 148 élèves(13 seulement étaient des filles, dontMarie Thérèse Brou, future épouse de Boi-gny) d’aller «se former en France » aucours d’un pénible voyage qui a durédeux semaines en mer.

Comme pour toutes les anciennes colo-nies françaises, la formation des premierscadres africains s’est d’abord effectuée enmétropole. Même l’école de Médecine deDakar, première véritable institution d’en-seignement supérieure créée en Afriquenoire en 1918, avait été rattachée en 1952à la Faculté de Médecine et de Pharmaciede Bordeaux.

Cet attelage de l’enseignement africain surle modèle métropolitain avait été, selon H.Nacuzon Sall théorisé dès 1917 par uncertain Maurice Delafosse (Delafosse, juin1917, bulletin de l’enseignement en AOF)qui soutenait l’idée d’avoir des « intermé-diaires, appartenant aux milieux indigènespar leur origines et au milieu européen parleur éducation, pour faire comprendre auxgens du pays et pour leur faire adoptercette civilisation étrangère»2

Certains chercheurs proposent un décou-page historique des origines du dévelop-pement de l’enseignement supérieur enAfrique : (i) L’ère des universités colo-niales, instituées par le colonisateur ; (ii)l’ère des universités de l’indépendance,avec pour objectif d’affirmer le principe dela souveraineté nationale ; et (iii) l’ère desuniversités du développement, centrée surdes orientations émanant des dirigeantsafricains3.

L’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire

De l’Excellenceà la Médiocrité

Décrépitude, indiscipline, démotivation, corruption, révolte et la liste peut s’allonger. Tel est sans appel le constat que dressent toutes lesétudes et analyses traitant du secteur de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire. C’est aussi le sentiment des principaux acteurs dumonde académique et représentants des secteurs privé et public que nous avons interrogés dans le cadre de ce dossier consacré à l’un dessystèmes éducatifs qui fut, jadis, un modèle de performance de l’Afrique postcoloniale.

Ont Collaboré à ce dossier : Hamoud Abdel Wedoud Kamil, Taleb Ould Sid’Ahmed, Bintou Fatima Fofana

1 Voir Gaucher, Joseph : Les débuts de l'enseignement en Afrique francophone (1968, ed. Le livreafricain).2 Cité par SALL, Hamidou Nacuzon : Efficacité et équité de l’enseignement supérieur: quels étu-diants réussissent à l’université de Dakar. Thèse de doctorat, UCAD, 1996, p 59.3 (Collectif) : Enseignement supérieur en Afrique francophone: crises, reformes et transforma-tion. Codesria, 2009

Page 11: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

11L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

DOSSIERDOSSIER

La dernière phase nous importera plus queles 2 premières pour analyser les ressortsde la déchéance que connaissent depuisquelques années les institutions d’ensei-gnement supérieur africain. A ce sujet, leschercheurs sont tous d’avis que c’est à par-tir des années 1970 que les universitésafricaines ont réellement entamé leur pro-cessus de croissance et d’autonomisationdu champ académique, bénéficiant d’in-vestissements massifs, impulsés notam-ment par une bonne santé économiquede la majorité des pays. Le nombre desuniversités est par exemple passé de 32dans 23 pays en 1962 à 68 dans 35 paysafricains en 1980 d’après un rapport del’Unesco publié en 1997. Pour le cas spé-cifique de la Cote d’ivoire, la formationdes chercheurs et du personnel enseignantconnaît un remarquable essor à partir de1970-71, 3 ans après la création du Centred’Enseignement Supérieur qui sera, par lasuite, promu au rang d’université par dé-cret présidentiel en janvier 1964.

Les premiers signes du déclin des univer-sités africaines commencent à se faire res-sentir à partir du début des années 80,avec la rupture des grands équilibres ma-croéconomiques et les coupes drastiquesopérées dans les budgets affectés au sec-teur de l’éducation. En ligne de mire, leschercheurs et les organisations de la so-ciété civile accusent les institutions deBretton Woods, la Banque mondiale enparticulier, d’avoir poussé les Etats à sedésengager des secteurs sociaux. Les PAS(Programmes d’ajustement Structurels) au-raient, dit-on, «entrainé non seulement ladétérioration des conditions d’étude etd’encadrement, mais aussi une inadapta-tion accrue de l’enseignement aux réalitéssocio-économiques. Les universités afri-caines sont dès lors entrées dans un cyclede crise qui remet en cause l’ensemble deleurs dispositifs fonctionnels»4

Mais la question de fond qui reste posée,au-delà des atermoiements sur la respon-sabilité réelle ou supposée des institutionsde Bretton Woods dans la déconfiture del’école africaine, est la suivante : A quandune véritable politique de redressement de

l’enseignement supérieur en Afrique quitienne compte des profondes mutations encours, tant sur le continent qu’ailleursdans un monde de plus en plus globalisé ?

Il était une fois un système des plus per-formants en Afrique francophone

L’Enseignement supérieur ivoirien est cer-tainement un des plus anciens sur lecontinent africain. Il fut un des plus per-formants jusqu’à la fin des années 90, at-tirant les étudiants de toute la sous-régionet bien au-delà. Puis, telle une nuée deboue, le « déclin » qualitatif a com-mencé, accéléré par la crise que le paysa traversée pendant plus d’une décennie.Les effets de cette déliquescence d’un sec-teur vital pour le développement du paysa touché non seulement les rouages del’administration, mais aussi le secteurprivé dont la productivité et la perfor-mance ont besoin d’un personnel bienformé, tenant compte des exigences d’unecompétition féroce a l’échelle mondiale.

Au cours des années 50, la Côte d’Ivoirefaisait partie d’un groupe appelé « les co-lonies de haute participation », avec destaux de scolarisation de 26% contre 9,5en Guinée, 8% au Soudan et 3,4% au

Niger. En 1958, le pays comptait un lycéeclassique, une Ecole Normale, quatre col-lèges modernes dont un de filles, 17 coursnormaux et complémentaires, un collègetechnique et quatre centres d’apprentis-sages5.

L’enseignement supérieur va jouer un rôleimportant dans la formation de l’élite po-litique et administrative de la Côted’Ivoire, avec la création en 1958 d’unCentre d’Enseignement Supérieur, préludeà la création de l’Université d’Abidjan enJanvier 1964.

Dès le début des années 60, l’effectif desinscrits à l’université a connu une crois-sance continue. C’est ainsi qu’en 1977,on comptait plus de 700 étudiants inscrits,une progression qui annonçait une vo-lonté des autorités d’accélérer la formationde cadres pour assurer la prise en chargedes destinées du pays. Cette volonté se re-trouvait à tous les niveaux de la pyramidede l’éducation. Exemple : De 200.000 en-fants au primaire en 1959, le pays enregis-trait plus d’un million d’enfant en 1980,soit 5 fois le nombre. En 1980, dans sonrapport de politique général lors du IIIèmecongrès du PDCI-RDA, le Président FélixHouphouët-Boigny déclarait ceci : «La

L’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire

Le règne de la terreur

4 (Collectif) Enseignement supérieur en Afrique francophone: crises, reformes et transformation.Op. Cité, p25 Inventaire de l'Enseignement Supérieur en Côte D'Ivoire ; Sato Akira, MANSO LASM, ADIKOAIMEE ; Africa Research, Series, No.8

Page 12: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00812 L’espoir

DOSSIER Par TALEB OULD SID’AHMEDDOSSIER

première condition d’une indépendance effective, était de pren-dre en main notre administration…Or en 1960, la pénurie descadres locaux liés d’une part à une scolarisation insuffisante etd’autre part à certains préjugés des colonisateurs, nous obligentà accélérer cette scolarisation».

En septembre 1997, le gouvernement a adopté et présenté à sespartenaires au développement le Plan National de Développe-ment du secteur Education Formation (PNDEF, 1998-2010).Conçu comme un instrument non statique, donc susceptibled’être adapté en fonction des circonstances , le PNDEF se posecomme le premier véritable outil d’intégration des différentesbranches du système éducatif. Pour l’ensemble du secteur édu-cation/formation, les principaux objectifs visés par le planconcernaient : i) L’amélioration de la couverture à chaque niveaudu système, notamment l’amélioration de l’accès des filles ; ii)l’amélioration de la pertinence de la qualité de la formation etde la recherche; iii) l’amélioration du management et de la ges-tion et iv) Le renforcement de la décentralisation et de la régio-nalisation.

La mise en œuvre du PNDEF au cours de la période 1998-2001a certes permis d’engager certaines évolutions et de réaliser cer-tains progrès, mais les bouleversements intervenus depuis dé-cembre 1999, marqués notamment par la transition militaire etla naissance de la 2ème république dans un contexte sociopoli-tique et économique difficile, ont beaucoup perturbé l’environ-nement éducatif. Dans le même temps, le contexte économiqueet social s’est dégradé, entraînant un recul de la croissance éco-nomique ainsi qu’une détérioration des conditions de vie des po-pulations.

Dans ce contexte, la plupart des réformes initialement envisagéesn’ont pu être réalisées, alors que les besoins du système éducatifse sont accrus à tous les niveaux. D’une certaine façon, lecontexte a gelé les tentatives d’agir sur la politique éducative, enparticulier le secteur de l’enseignement supérieur, ouvrant la voieau laisser-faire qui a largement tenu lieu de stratégie éducativenationale dans un contexte de tarissement des finances pu-bliques6.

Repenser le système : diagnostic d’un secteur qui se chercheencore

Les systèmes d’enseignement supérieur des pays d’Afrique fran-cophone sont aujourd’hui confrontés à de nombreux défis. Leurcouverture quantitative est parmi les plus faibles du Monde avec,en 2004, un taux de scolarisation dans l’enseignement supérieurde 3% en moyenne contre 8% dans des pays à niveaux de déve-loppement comparables. Les avancées vers la scolarisation pri-maire universelle et l’expansion du secondaire participent toutde même à l’augmentation de la demande sociale d’enseigne-ment supérieur. Les rythmes d’expansion actuels pourraient

conduire à un doublement de la couverture de 2004, avec unedemande sociale pour l’enseignement supérieur proche de 2 mil-lions d’étudiants en 2015. Cette prévisible croissance exponen-tielle des effectifs pose alors la question de la capacité dessystèmes d’enseignement supérieur à répondre à une telle de-mande. La qualité ainsi que la pertinence des formations par rap-port aux besoins du marché du travail représentent d’autres défismajeurs pour les pays francophones d’Afrique.

Le diagnostic de l’enseignement supérieur de la Côte d’Ivoiremontre des dysfonctionnements significatifs. De façon simplifiée,les quinze dernières années ont été caractérisées par i) une aug-mentation substantielle des effectifs scolarisés et ii) une contraintebudgétaire qui a limité de manière forte les ressources publiquesmobilisées pour son fonctionnement. Fort heureusement, cettetendance est en train de s’inverser depuis la rentrée 2012puisqu’en termes comparatifs, l’enseignement supérieur n’estpas mal loti en ce sens qu’il bénéficie dans la période actuelled’environ 21 % des dépenses publiques du secteur, alors que lechiffre moyen de cette statistique dans les pays de la région n’estque de l’ordre de 18 %. Par ailleurs, il faudrait noter que l’ensei-gnement supérieur n’a pas non plus été le parent pauvre de la fa-mille éducative nationale dans la mesure où sa part dans lesdépenses publiques du secteur est passée de 15 % en 1993 à 22% en 2012 (sur la même période, la part de l’enseignement pri-maire perd 6 points).

Evolution de la répartition des ressources du secteur par Ministère en

2007 et 2012

Source : Analyse du secteur de l’éducation, Silue Zie, 2012

Les dépenses d’investissement ont enregistré une progression hé-térogène. Le Ministère de l’Enseignement Supérieur a connu laplus forte progression avec des dépenses multipliées presque par3 entre 2007 et 2012. Cette situation est toutefois exceptionnelledu fait des travaux de réhabilitation des différentes universitésdu pays.

L’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire

6 Note pour la définition d’un cadre de politique éducative pour l’en-seignement supérieur en Côte d’Ivoire d’ici l’année 2020; 2009

Page 13: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

13L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

DOSSIERDOSSIER

Evolution de la répartition des dépenses d’investissement par Ministère

entre 2007 et 2012

Source : Analyse du secteur de l’éducation, Silue Zie, 2012

Les effectifs quant à eux ont augmenté beaucoup plus rapide-ment que les ressources mobilisées. Ceux-ci ont en effet aug-menté de 29 000 en 1990 à 151 000 en 2008 (une multiplicationpar un facteur 5,4), le nombre d’étudiants pour 100 000 habitantspassant de 243 à 798 sur la même période. Ce dernier chiffre estsignificativement au-dessus de la moyenne régionale de cette sta-tistique (de l’ordre de 330 ; le chiffre pour des pays dont le PIBpar habitant est comparable à celui de la Côte-d’Ivoire est infé-rieur à 400). Comme indiqué ci-dessus les ressources pour l’en-seignement ont certes augmenté, mais à un rythme très inférieurà celui des effectifs scolarisés.

Conséquence : Une diminution très forte du volume des dé-penses courantes par étudiant. Le coût unitaire en valeur moné-taire constante a ainsi été divisé par un facteur de l’ordre de 2,8entre 1992 et 2007. Dans la période actuelle, la dépense pu-blique moyenne par étudiant observée en Côte d’Ivoire repré-sente environ 25 %, un taux plus bas que la moyenne régionale.Même si les formations en grandes écoles continuent d’être biendotées, ce n’est pas le cas des formations universitaires pour les-quelles la dépense par étudiant est spécialement basse. Dans lesdisciplines juridiques et littéraires, le coût par étudiant est mêmeinférieur à celui de l’enseignement secondaire. Ces dépensescourantes faibles conduisent à la fois à des taux d’encadrementdéfavorables et à une grande insuffisance des moyens de fonc-tionnement. Ces difficultés sont en outre exacerbées par le faitque, virtuellement, aucun investissement n’avait été fait depuis20 ans, mettant le pression sur les infrastructures contraintes d’accueillir des nombres d’étudiants beaucoup plus grands queceux pour lesquels elles avaient été construites, contribuant ainsiaux mauvaises conditions d’enseignement.

Amphi bondés, formation inadaptées et écoles privées désorga-nisées

Cette croissance des effectifs d’étudiants associée à une baissede la qualité des services offerts au cours des quinze dernières

années n’a pas permis d’améliorer l’employabilité des étudiantsissues de l’enseignement supérieur ivoirien. L’inadéquation de laformation avec les besoins de l’économie n’a fait qu’accroîtreles flux du chômage et mener à des situations de déclassementpour les formés de l’enseignement supérieur. Il est ainsi estiméque près de 40 % des sortants du supérieur seraient en situationde chômage, alors qu’une proportion à peu près égale doit ac-cepter des petits emplois dans le secteur informel où leur revenuest modeste. Par ailleurs, on estime que seuls 20 % des formésobtiennent un emploi dans le secteur moderne, et que seulementun tiers d’entre eux obtiennent un emploi de cadre7.

Le déséquilibre entre les formations offertes par le système édu-catif et les emplois existants sur le marché du travail est bien uneréalité structurelle. La situation des 25-34 ans indique pour lesplus jeunes des difficultés d’insertion sur le marché de l’emploiencore plus fortes que pour les plus âgés. Le taux de chômagechez les 25-34 ans est plus élevé que chez les 35-59 ans pourchacun des niveaux d’éducation. Concernant le secondaire gé-néral, l’enseignement supérieur, technique et professionnel, letaux de chômage est respectivement de 27, 29 et 39 % chez les25-34 ans, contre 14, 18 et 5 % chez les 35-59 ans. On note éga-lement que la différence entre le taux de chômage des 25-34 anset celui des 35-59 ans augmente avec le niveau d’éducation.Quant à la situation des formés du supérieur sur le marché dutravail ivoirien, elle s’est particulièrement détériorée, avec un tauxde chômage des 25-34 ans 7 fois plus élevé que celui constatéchez les 35-59 ans8.

Taux de chômage chez les 25-34 ans et les 35-59 ans, en 2002

Source :RESEN, 2009

Cette situation est à la fois une combinaison de deux facteursd’adéquation, à la fois dans les dimensions quantitatives et qua-litatives entre les emplois disponibles et les formés du systèmeéducatif. Il existe une possibilité que les difficultés d’insertion desformés de la partie haute du système éducatif soient liées au fait

7 Rapport D’état sur le secteur de l’Education (RESEN), 20098 RESEN, 2009

L’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire

Page 14: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00814 L’espoir

DOSSIER Par TALEB OULD SID’AHMEDDOSSIER

que les formés n’ont pas les profils requispour occuper des emplois effectivementdisponibles. Tout comme il est possibleque la formation soit bien pertinente, maisdépasse les limites qu’offrent les possibili-tés du marché du travail. Les comparai-sons internationales indiquent une relationglobalement décroissante entre la produc-tion de formés du supérieur au sein dupays, et leur insertion dans le secteur desemplois modernes. Dans la situation ac-tuelle, le nombre d’étudiants du supérieurpour 100 000 habitants est estimé à envi-ron 780 et leur taux de chômage à 39 %.Cette situation pose de façon claire laquestion de la mise en place d’une vraiepolitique de l’enseignement supérieurdont un pan important reste celui d’assoirune politique cohérente qui vise une miseen relation des différents ordres d’ensei-gnement. A ce propos, il convient de noterque le secondaire est lui aussi une partieprenante de la problématique globale del’enseignement.

S’agissant du développement de l’ensei-gnement privé, celui-ci s’est effectué dès1986, dans un contexte encore prédominépar l’Etat. Il atteindra sa vitesse de croisièreau cours de la crise militaro-politique quiva de 2002 à 2010, si bien qu’en 2007,l’offre privée assurait déjà 38 % des ef-fectifs de l’enseignement supérieur dans lepays. Mais cet essor n’a pas été toujoursbien organisé, créant des dysfonctionne-ments qui ont nuit eux aussi à la qualitéd’un enseignement sensé combler les dé-ficits constatés au niveau de l’offre pu-blique (lire l’encadré sur l’enseignementprivé).

Les Défis et perspectives

Le secteur de l’Enseignement supérieur n’apas fait l’objet jusqu’alors d’une réellegouvernance à tous les niveaux. Cette ab-sence de pilotage central n’a pas permisl’expression d’une vision de développe-ment du secteur à moyen terme. La nou-velle volonté, affichée par les responsablesde l’Enseignement Supérieur et de la Re-cherche Scientifique, de piloter le secteur

de l’enseignement supérieur et de la re-cherche scientifique en voie d’expansionet de diversification, devra se doter ducadre institutionnel et des moyens de pi-lotage adéquat.Pour planifier, gérer, administrer le dispo-sitif de l’enseignement supérieur, l’admi-nistration centrale, comme lesétablissements, ne disposent pas d’infor-mations fiables et systématiques sur les dif-férents paramètres de gestion.L’information de base sur les étudiants, lesenseignements, les paramètres budgé-taires, n’est pas organisée pour donner lieuà des traitements et à des analyses qui per-mettraient de définir des ratios pertinentset des indicateurs de gestion susceptiblesd’orienter les décisions. Il est impossible,par exemple, de savoir aujourd’hui quelleest la durée moyenne des études pour ob-tenir un diplôme, combien coûte un étu-diant dans telle ou telle filière deformation ; encore moins la possibilité desavoir que deviennent les étudiants diplô-més (excepté dans le cadre d’études ponc-tuelles). Sans ces instruments essentiels, lepilotage du système ne peut se réaliser surdes bases rationnelles. Face à la triple contrainte d’une demandesociale d’enseignement supérieur qui se-rait soutenue, de possibilités budgétairesréduites et d’un marché de l’emploi peuporteur, les choix de politique sont limités.Quatre principes directeurs devront alorsguider les orientations à mettre en œuvre: i) renforcer l’utilité sociale et écono-mique de l’enseignement supérieur enadaptant au maximum l’offre de formation

et de recherche aux besoins du pays ; ii)réguler au mieux les flux entrant dans lesupérieur et améliorer la fluidité du par-cours des étudiants, pour éviter l’accumu-lation des effectifs à l’université ; iii)optimiser l’utilisation des moyens disponi-bles, en orientant le plus possible les res-sources publiques disponibles vers lesdépenses pédagogiques et de recherche,ce qui imposera de limiter à un plafondacceptable les dépenses sociales ; iv) di-versifier les sources de financement dusecteur en favorisant l’émergence d’unsecteur privé d’enseignement supérieur, laparticipation de promoteurs privés dansles services aux étudiants et en améliorantle niveau de ressources propre des struc-tures publiques.

Loin de prétendre à une exhaustivité dudiagnostic ou de solutions, cet article estune contribution à une réflexion d’ensem-ble sur un ordre d’enseignement qui a étélongtemps un sujet de débat parfois pas-sionnel et d’autres plus sereins mais rare-ment neutres. L’enseignement supérieur enCôte d’Ivoire a été un lieu de contestationsociale comme dans beaucoup de pays enAfrique mais également lieu de conflit.Toutefois, la volonté affichée de mettre enplace un enseignement supérieur de qua-lité présage qu’ « il est possible de progres-ser dans la mise en œuvre de choixstratégiques aussi difficiles si la relationentre l’Etat, les établissements d’enseigne-ment supérieur et les usagers s’établit surdes bases plus objectives et de responsa-bilité partagée » .

L’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire

Résidence universitaire transformée en ghetto

Page 15: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

15L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

DOSSIERDOSSIER

Ce qu’ils pensent del’enseignement supérieuren Côte d’IvoireNotre contribution est essentielle, mais peu rétribuéeJe crois que c’est un faux procès qu’on voudrait intenter à l’enseigne-

ment supérieur privé et je ne pense pas que la valeur de notre apport

ait été réellement bien appréciée.

Vous imaginez tous ces fonds que nous avons investis pour mettre les

étudiants dans les meilleures conditions? Et dire que l’Etat nous doit

aujourd’hui plus de 150 milliards de F CFA d’arriérés, sans compter

les retards de paiements de la scolarité d’une bonne partie de nos étu-

diants dont les parents éprouvent des difficultés financières. C’est une

situation que nous souhaiterions éviter à tout prix car elle pourrait af-

fecter la qualité de nos services. Ajoutez à cela les remous que cela

crée au sein des syndicats des enseignants et vous avez les ingrédients

du désordre.

A maintes reprises, nous avons alerté l’opinion publique au plus haut

niveau, en vain. Même la Banque mondiale et d’autres institutions in-

ternationales ont été informées sur notre situation à travers des rap-

ports que nous leur avons remis, tout comme aux autorités de

l’époque. Autre grande difficulté : Les taux extrêmement prohibitifs

pratiqués par les établissements bancaires. A titre indicatif, les taux

peuvent aller jusqu’à 16%, que vous demandiez des prêts de 8, 10, 50

ou 100 millions de F CFA. C’est dingue, mais c’est comme cela, à

prendre ou à laisser. Pourquoi, dans ces conditions, la Banque mon-

diale ne prévoit-elle pas des appuis spécifiques au secteur de l’ensei-

gnement privé ?

Le casse-tête de la rentrée 2012-2013Pour la rentrée universitaire 2012-2013, nous avons 60000 étudiants

pour une capacité de 15000 étudiants. C’est un vrai problème de sur-

population qui peut, à la moindre étincelle, s’enflammer. Je ne pense

pas que les failles de notre système éducatif résident dans les compé-

tences. Nous avons certes des ressources humaines et des compé-

tences, mais c’est plutôt leur nombre insuffisant qui pose problème.

La crise de l’université sévit depuis de longues années, accentuée par

la récente crise post-électorale qui a occasionné pillage et destruction

des infrastructures ainsi que la perte d’une partie importante de la

mémoire des institutions.

Avec tout ce tableau que je viens de peindre, les autorités ont pris

toutes leurs responsabilités, en décidant de fermer les établissements

universitaires publics pour les réhabiliter.

Bien évidemment, les problèmes ne sont pas tous résolus et j’en veux

pour preuve le casse-tête que nous avons depuis la rentrée, avec les

défis d’accueillir 3 promotions de bacheliers, la maitrise du calen-

drier académique perturbé par le chevauchement des 3 années. Ainsi

nous avons actuellement des UFR (Unités de formation et de re-

cherche) pour les années 2007-2008, 2008-2009 et 2010-2012 ! Et

puis, tenez-vous bien, nous n’avons que 1800 enseignants-chercheurs

pour plus de 60.000 étudiants.

Pour que le système LMD prenne corps, il va falloir accroître les fi-

nancements et redynamiser la recherche scientifique. Regardez par

exemple les universités anglophones (l’Afrique du sud en particulier)

qui ont une longueur d’avance sur les francophones en termes de qua-

lité des enseignements. Savez-vous que dans ces pays, les étudiants

participent au financement de leurs écoles à hauteur 20 à 30%, alors

qu’en zone francophone, leur participation ne dépasse guère 5% ?

Vous avez sans doute suivi la polémique soulevée suite à la décision

des conseils des universités ivoiriennes de relever la contribution des

apprenants à hauteur de 8%.

Dr Elété Aka, Président du Patronat de l’enseignement supérieur privé de Côte d’Ivoire ((Upesup-CI)

Prof. Bakayoko-Ly Ramata, Présidente de l’Université FHB

Pr. Mouhamadou Merawa, Conseiller Technique d'Actions Culturelles à l'Ambassade de France à Abidjan

Le système LMD, une panacée aux dysfonctionnements desuniversités africaines ?La réponse est oui, si ce système est correctement mis en œuvre. Pour

cela, il suffit de décliner les objectifs fondamentaux du LMD et les

dispositions permettant de le mettre en place. La professionnalisation

des formations supérieures en liaison avec le monde socio-écono-

mique est une réponse au problème récurrent de l'inadéquation for-

mation/emploi. Sans rentrer dans les détails des mesures techniques

qui accompagnent l'implantation de cette réforme, on peut avec cer-

titude augmenter l'efficacité interne des établissements d'enseigne-

ment supérieur qui constitue un investissement négatif de l'Etat. Le

dispositif d'harmonisation des offres de formation au niveau sous ré-

gional, régional et international, parce qu'il permettra une mobilité

plus grande des apprenants, est également une piste sérieuse qu'offre

le système LMD, notamment en termes d'employabilité.

Sur le plan institutionnel, le chemin est bien balisé tant au niveau na-

tional que régional. Les établissements privés d'enseignement supé-

rieur, se sont également engagés de façon claire dans la mise en œuvre

du LMD. Cet engagement suppose, bien évidemment, que les promo-

teurs de ces établissements soient prêts à leur tour, à investir pour l'im-

plantation du LMD. Une chose est certaine, ce système ne peut pas

se mettre en place dans un établissement à coût constant et je pense

que de ce côté-là, le message est bien passé. La mobilisation de la

communauté universitaire est réelle et elle constitue un atout pour la

Côte d'Ivoire. La contrainte principale est celle inhérente à la mise en

œuvre d'une nouvelle réforme. Les résistances au changement, bien

que minoritaires, existent cependant. Elles sont très souvent aussi, le

fait d'un manque d'information sur le système même. Les campagnes de

sensibilisation effectuées par le Ministère de tutelle et les différents éta-

blissements permettront de lever, à moyen terme, toutes ces résistances.

L’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire

Page 16: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00816 L’espoir

DOSSIER Par TALEB OULD SID’AHMEDDOSSIER

La dérive de l’enseignent supérieur, à qui la faute ? La politique est bien entrée dans les universités par les enseignants, il

faut le reconnaître. Par exemple, quand un professeur arrête les cours

et se croit obligé de faire la politique 30 mn sur 1 h de cours. Il faut

savoir séparer, quand on est honnête avec soi et respecter la déonto-

logie de l’espace académique, les réalités politiques de l’enseigne-

ment. On enseigne la politique à l’université, mais la politique

enseignée n’est pas du prosélytisme politique, il faut faire la différence

entre ces deux choses. Il y a eu de la propagande politique entre les

années 90 et 2000 et on s’est retrouvé dans des situations où les maî-

tres avaient des élèves devenus incontrôlables, du fait de leur accoin-

tance avec des pontes du pouvoir. Souvenez-vous de l’Emile de

Rousseau : quand on est dans une société où les parents ont peur de

leurs enfants, c’est une société qui présente tout le visage d’un malade.

A force de multiplier les grèves, on n’avait pas le temps requis pour

les enseignements. Des enseignements de 25 h ou 30h se déroulaient

finalement en 8h ou 10h, tout simplement parce qu’il faut rattraper et

depuis 10 ans, on n’est plus dans des années régulières. Nous allons

renouer avec les cours à l’université, mais avec trois promotions em-

pilées et nul ne sait vraiment comment gérer cette situation.

La crise ivoirienne est politique, mais l’école est une partie prenante

de cette crise parce que l’institution académique, politisée et pervertie

a contribué aussi à la perversion de la société. Nous parlons aussi

d’une société où les étudiants ont perdu le goût du travail ; ils sont

dans des amphithéâtres bondés où, pour passer le moindre examen,

ils sont comme dans des boites de sardines et ils trichent. Vous n’avez

pas la vraie valeur des étudiants et c’est dans ces conditions qu’on

délivre des titres, des diplômes et du coup, vous pouvez comprendre

la résistance des employeurs face à des étudiants qui ne savent pas

rédiger une demande d’emploi. Vous voyez, on comprend aisément

comment on n’en arrive là.

Maintenant la grande question, c’est comment redresser cela ? On a

toute une génération de jeunes qu’on a formé dans ces conditions, qui

ont des titres en main, une maîtrise, un DEA et dont nous savons per-

tinemment qu’ils n’ont pas les connaissances requises. On ne peut pas

les rejeter, ce sont des citoyens et ils appartiennent à la société ivoi-

rienne. C’est un problème qu’il faut aujourd’hui gérer. Comment

faire pour que ces jeunes s’intègrent économiquement dans la société,

alors qu’on sait que les titres dont ils disposent ne sont pas conformes

à leurs compétences réelles. Voyez-vous, c’est tout cela qu’on espère

pouvoir régler avec le système LMD. On y entre encore avec beau-

coup d’incertitudes, parce que les LMD demandent une pédagogie

particulière, des infrastructures, beaucoup de nouvelles technologies.

Pourra-t-on répondre efficacement à toutes ces contraintes ? On veut

bien aller vers autre chose mais on est face à de grosses incertitudes.

En tout cas, la question de l’éducation est une question majeure de

façon générale en Afrique et particulière en Côte d’Ivoire où l’école

a été partie prenante d’une grosse crise socio politique.

« Il y a 20 ans, la professionnalisation était un vain mot »Il y a quelques années, 20 ans en arrière, la professionnalisation des

universités ivoiriennes était un concept boudé par le monde universi-

taire, au motif que l’université avait une vocation pour former au sa-

voir et l’esprit critique, non à l’emploi. Il a fallu attendre le déluge

de l’emploi pour que tout le monde se rendre compte de la nécessaire

mue que l’université devait opérer. Il n’y avait pas de choix entre la

professionnalisation des cursus, ou rester obsolète, dépassé, ringard.

Le secteur privé ivoirien au nom duquel je m’exprime a des besoins

qui ne sont pas assouvis, alors même que les universités continuent

de former dans les secteurs qui sont malheureusement saturés. Le sec-

teur privé en Côte d’Ivoire, c’est près de 87% des recettes perçues

par l’Etat. Une des principales missions de la Commission Sociale,

Formation et Emploi de la CGECI est de servir d’interface entre le

secteur privé et l’enseignement supérieur. Je vous cite un paragraphe

du rapport du BIT sur l’Emploi1 (Bureau International du Travail)

publié en 2011. Il est assez parlant : « Les compétences actuelles of-

fertes par le marché du travail présentent des lacunes en termes d’ap-

titude technique et d’expérience. Les opportunités d’emplois seraient

plus importantes si des initiatives étaient prises pour améliorer la qua-

lité sur le marché du travail ». Dans le même ordre d’idée, le rapport

encourage le dialogue « université-entreprises ». Les entreprises, no-

tamment les multinationales implantées en Côte d’Ivoire ont parfois

du mal à trouver des profils correspondant à leurs critères de recrute-

ment. Il est par exemple difficile de trouver des géologues et géophy-

siciens confirmés dans le domaine minier. De même que dans le

domaine des télécoms, les entreprises peinent à trouver des responsa-

bles réseaux, une expérience dans la mise en œuvre et l’exploitation

des solutions techniques. A un degré moindre, il en va de même en

matière bancaire ou des ingénieurs informaticiens, ayant une certaine

maîtrise des systèmes informatiques et des logiciels de sécurisation,

crédit négoce, etc. Pourtant, on continue à former dans des filières qui

ne font plus rêver en terme d’emploi (BTS communication, gestion

commerciale, transport & logistique) sans consulter le secteur privé.

Par ailleurs, les formations dispensées dans certaines UFR (droit &

économie pour ne citer que ces 2 disciplines), sont les mêmes depuis

40 ans. Autre fait inacceptable : des diplômés qui débarquent dans nos

entreprises et que nous sommes souvent obligés de former pendant

un ou 2 ans, y compris leurs connaissances médiocre en français et

en anglais, nous faisant perdre du temps. Nous avons décidé, au sein

du patronat, de mettre en place un budget tous les ans pour le finan-

cement de la recherche. 50 millions CFA. C’est symbolique, mais ce

n’est qu’un début. J’ai été Maître-Assistant à l’Université de Cocody

(FHB depuis la rentrée 2012-2013) et, croyez-moi, cela me fait de la

peine quand je vois que des étudiants qui ont fini leurs études depuis 5

ans, courent toujours derrière un improbable premier job.

Pr. Francis AKINDES, professeur de Sociologie à l’Université de Bouaké

Maître Théodore Hoegah, Avocat, Président de la Commission Sociale, Formation et Emploi de laCGECI (Confédération Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire)

Le véritable point d'ancrage du système LMD est le système anglo-

saxon. Le dire, c'est aussi reconnaître que sur la question essentielle

de la professionnalisation par rapport au système francophone et lu-

sophone, le système anglo-saxon est plus efficace. Il s'agit d'un point

central de la réforme LMD. Les pays africains qui ont hérité du sys-

tème français d'enseignement supérieur, se trouvent confrontés au pro-

blème récurrent des diplômes à caractère quelques fois trop généraliste

et donc inadaptés à la demande du marché de l'emploi. Le cloisonne-

ment entre les différents systèmes nationaux africains en général, tant

sur le plan institutionnel qu'académique est également un frein à l'in-

tégration régionale et constitue un véritable frein au rôle que doit jouer

l'enseignement supérieur pour le développement économique et social

des pays africains.

L’Enseignement supérieur en Côte d’Ivoire

1 Yukiko Arai, Aminatou Ndiaye, Madjiguene Sock : « Promouvoir la créa-tion d’emplois pour les jeunes dans les entreprises multinationales et leurschaînes d’approvisionnement : Côte d’Ivoire ». Rapport sur l’Emploi No.13, BIT, 2011, p XIV

Page 17: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

17L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

IN ACTION

Le Centre mondiale sur le Conflit, laSécurité et le Développement (CCSD)créé par la Banque mondiale vient de

commettre un rapport sur la Côte d’Ivoire.Ce rapport, qui comme il est intitulé, re-commande le chemin à emprunter en vuede la consolidation de la paix et la réconci-liation, a deux objectifs essentiels : (i) sug-gérer au Gouvernement de Côte d'Ivoiredes améliorations pouvant être apportées àses politiques et programmes relatifs à l'im-pact de la consolidation de la paix sur le dé-veloppement et, (ii) proposer diversesorientations de renforcement de l'engage-ment de la Banque en matière de consoli-dation de la paix : Note de Synthèse.

La Côte d'ivoire traverse une période detransition cruciale, différentes sources defragilités et de conflits ont été la cause deplus d’une décennie de crise. Les autoritésont déjà pris de nombreuses mesures de sta-

bilisation, de redémarrage de l’économie etde rétablissement de la paix. Cependantaprès le conflit profond que ce pays aconnu, le rétablissement de la paix néces-site un effort à long terme. Le rapport de laBanque mondiale a revu les secteurs cen-traux au rétablissement de la paix et recom-mande des actions à court et à long termesdans ces secteurs afin de compléter les ef-forts extrêmement importants entrepris parle Gouvernement afin de consolider la paixet promouvoir la réconciliation nationale.La première conclusion du rapport est quele soutien des bailleurs, les deux prochainesannées, va être absolument crucial pour lerenforcement de la paix. L’économie de laCôte d’Ivoire a des potentiels extrêmementimportants mais l’impact sur les financespubliques de l’Etat se fera sentir surtout dansle moyen terme. En même temps les attentesdes ivoiriens sont énormes après une trèslongue période de crise, il est essentiel que

l’Etat puisse répondre aux attentes immé-diates. L’appui financier et en particulierl’appui budgétaire que pourra obtenir laCôte d’Ivoire sera crucial.

1- Rapprocher l’État du citoyen, en renfor-çant la présence des institutions étatiquesavec une attention particulière aux do-maines de la sécurité, de la justice et del’administration locale.Il existe en Côte d'ivoire un sentimentd’éloignement entre l'état et le citoyen dûen grande partie aux dernières dix annéesde conflit. Cette distance entre le citoyen etl'état est une cause importante de fragilité.Recréer une présence positive de l’état auniveau local à travers l’administration dé-concentrée et les municipalités est très im-portant. La réforme des services de sécuritéet de la justice est également cruciale.Accélération des mesures de renforcementde la sécurité. L’Etat a fait d’énormes pro-grès dans le rétablissement de la sécuritédepuis l’arrivée au pouvoir du nouveau

Emprunter le Cheminde la consolidation

de la paix et de la réconciliation

Côte d’Ivoire

Cérémonie de lancement d’une opération de cohésion sociale à Duékoué (Ouest de la Côte d’Ivoire)

Synthèse de : EMMANUEL NOUBISSIÉ NGANKAN Synthèse de : EMMANUEL NOUBISSIÉ NGANKAN

Page 18: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00818 L’espoir

IN ACTION

régime. Cependant l’Etat doit continuer àrenforcer les capacités des services de sécu-rité (police, armée, gendarmerie ineffi-caces), et progressivement réduire laprésence de milices et groupes paramili-taires, en particulier dans l’Ouest du pays.C’est la raison pour laquelle le processus deDDR est une étape incontournable et unecondition préalable à un retour à la stabilitédu pays. La réinsertion des ex-combattantset des jeunes à risque devra se faire en to-tale coordination avec l'ensemble des ac-teurs internationaux présents en Côted'ivoire mais aussi d'une façon coordonnéeet structurée par les acteurs ivoiriens. Ladernière décision prise par le PrésidentOuattara avec la création de l’Autorité pourla DDR (ADDR) et en imposant une meil-leure rationalisation des structures ivoi-riennes travaillant dans le domaine duDDR, vont dans le bon sens.

Dans ce domaine, un soutien économiqueet financier important est indispensablemais il doit être impérativement accompa-gné d'une resocialisation non pas unique-ment des ex-combattants mais del’ensemble de la jeunesse ivoirienne. Il nedoit pas prendre la forme d’une "prime" àl’ex-combattant, la jeunesse en manque derepère doit être réinsérée dans le mondeproductif ivoirien. Il est important d’avoir unprogramme pour la jeunesse dans le cadredu Plan National pour l’emploi et, en mêmetemps, un programme pour les jeunes àrisque lié directement aux efforts de réduc-tion de la violence.La faiblesse du système judiciaire, en parti-culier en dehors des grandes villes : La jus-tice formelle est souvent absente en dehorsdes grands centres urbains, pour des raisonstechniques (manque d’infrastructures et en-gorgement de l'institution) qu'éthique (lanomination dans le passé de juges sur descritères politiques ou d’origine) semble tou-jours influencer la perception d'impartialitéde la justice. Le Président et le Gouverne-ment doivent accélérer le déploiementd’une justice formelle et impartiale sur l'en-semble du territoire ivoirien.

2-Réduire l’exclusion sociale par l’emploi,l’accès à la citoyenneté et l’accès aux titresfonciers.Le renforcement de différentes approchespermettant d’accélérer l’emploi des jeunes,en particulier dans le Nord et l’Ouest du

pays est essentiel. La croissance reprendmais elle doit générer des emplois pour touset en particulier pour les nombreux jeunesqui sont victimes d’une éducation défici-taire pendant ces dix dernières années. Celademande des actions particulières. Même sile gros de la création d’emploi viendra dusecteur privé, il est très important que desactions spécifiques soient engagées pourcompenser les déficits dans la formationtechniques des jeunes. Il faut aussi s’assurerque les efforts de réhabilitation des infra-structures soient fortement générateursd’emploi. Ceci demande donc que destechniques/procédures particulières soientutilisées dans la réhabilitation des infra-structures et également qu’une réflexionparticulière soit engagée sur les actions quipeuvent permettre que le retour de la crois-sance soit aussi accompagné par une fortecréation d’emploi.

3- L’absence d’identification de la popula-tion reste une importante source de fragi-lité en Côte d'Ivoire, d'une part sur un planpolitique et civique (absence de l’applica-tion des droits civiques) mais aussi sur unplan social (déscolarisation des enfants). LeGouvernement doit penser à relancer dansles plus brefs délais un recensement généralde la population afin d’avoir un état deslieux précis et à jour de celles et ceux pré-sents en Côte d’Ivoire. Un processus d’iden-tification général des populations a étéengagé au titre de l’Accord Politique deOuagadougou et de ses accords complé-mentaires. Ce dernier doit impérativementcontinuer.

Il est nécessaire de prendre en ligne decompte les intérêts des populations ciblesparticulières (les enfants avec la question del’accès à l’école, aux soins). Le Gouverne-ment devra réfléchir à des mesures incita-tives d’un point de vue financier afin depermettre aux personnes qui le souhaitentde s'enregistrer sans forte implications fi-nancières (étendre la période de gratuité,mais aussi rapprocher les agents de l'Étatcivil du citoyen). De plus il est important desensibiliser les populations à l’importancede l'identification des enfants afin que cesderniers puissent poursuivre leur scolaritémais aussi puissent jouir pendant leur vied'adulte de l'ensemble de leurs droits ci-viques dont l’accès à la propriété. Enfin, afinde ne plus se retrouver dans cette situation,

une informatisation du système de l’étatcivil doit être un objectif à moyen et longterme.Il est très urgent de développer des méca-nismes permettant de réduire les conflitsfonciers. L’accès à la propriété est un droitqui doit être protégé par l'État. La contesta-tion sur la propriété foncière reste une dessources principale de conflits dans le pays.Le processus décrit par la loi de 1998 doitau plus vite débuter afin de donner un si-gnal fort vis à vis des populations. Pour cefaire le Ministère de l'agriculture doit avoirles moyens financiers nécessaires pour sou-tenir la délivrance de titres fonciers et l’Etatdoit considérer la prise en charge d'une par-tie des frais liés à la mesure des parcellesafin que la question financière ne soit pasun obstacle à la mise en œuvre de la loi. Lafourniture de titres doit être accompagnéed’un travail avec les communautés afin derésoudre les conflits et contestations lie à lapropriété. Enfin, la sensibilisation dans cedomaine doit être une étape importante duprocessus.

4- Réconciliation et résolution des conflitsau niveau des villages et des quartiersEn parallèle à ce travail de renforcement dela place de l'’État, il est crucial que les ac-teurs ivoiriens travaillent à la réconciliationnationale. C'est le rôle de l’État mais ausside l’ensemble des acteurs présents en Côted’Ivoire et dans la sous-région. Ce processuss’il veut réussir doit impérativement être pi-loté par les ivoiriens eux-mêmes.Le travail devra se faire dans un premiertemps au niveau des villages et des quar-tiers. Il est important que la CDVR soit plusprésente sur l'ensemble du territoire ivoi-rien, qu'un travail de sensibilisation et dedialogue soit mis en place au niveau deschefs de village, des groupes villageois, desgroupes de jeunes etc... Cela prendra dutemps mais ce travail doit commencer afinde briser le cycle de la violence.La relance économique est indispensablepour sortir la Côte d'Ivoire de la crise maisn'est pas suffisante et ne pourra être effec-tive et entière sans que l'état ne remplisseses fonctions régaliennes et sociales. Ce re-positionnement de l’État doit être accompa-gné d'un travail de rapprochement avec lescitoyens. La Côte d ’Ivoire dans cette phasede transition a besoin d’un état fort et sur-tout impartial.

Page 19: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

19L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

IN ACTION

Le Centre de Formalités des Entreprises à Lomé : réduire les délais de création des entreprises

Moins de formalités pour créerune entreprise. Le Togo a amé-lioré son classement dans le

nouveau rapport « Doing Business 2013 »: le pays occupe le 156ème rang sur les185 pays étudiés – il était classé 162èmedans « Doing Business 2012. Tout en no-tant que d’importants efforts restent encoreà faire pour offrir un meilleur environne-

ment des affaires, il faut reconnaître quele pays a engagé des reformes capitalespour faciliter la création d’entreprise. L’accélération des réformes a permis de fa-ciliter davantage la création d’entreprise.Au moment où l’on finalisait les enquêtespour « Doing Business 2013 », il fallait 6procédures, 38 jours, 34 400 francs CFApour créer une entreprise individuelle, et

102 250 francs CFA pour créer une sociétéau Togo, sans compter pas moins de 8documents qu’il fallait obtenir. Avec l’ac-célération des réformes, le processus decréation d’entreprise s’est fortement allégédepuis Août 2012. La centralisation desformalités de création des entreprises auniveau du Centre de Formalité des Entre-prises (CFE) a été renforcée davantage et

Togo

Faire du secteur privé le véritablemoteur de la croissance économiqueAméliorer le climat des investissements, renforcer la performance des micro et petites entreprises et faciliter lacréation d’emplois : telles sont les grandes lignes des interventions de la Banque mondiale en appui au gouver-nement togolais pour soutenir le développement du secteur privé. A travers le Projet d’Appui au Développementdu Secteur Privé – PADSP (13 millions de dollars US, soit environ 6,5 milliards FCFA) et le Projet Revitalisationdu Secteur Privé – PRSP (1,1 million de dollar US, soit environ 550 millions FCFA), le Togo peut espérer attirerplus d’investisseurs.

Par Sylvie NENONENE

Page 20: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00820 L’espoir

IN ACTION

Ces résultats sont encourageants, certes !Mais ils doivent être confirmés et consoli-dés dans la durée pour avoir un impactpositif sur l’économie nationale. LaBanque mondiale et la Société FinancièreInternationale (IFC) continuent de soutenirle Togo dans ce sens. Leur appui –qui sepoursuit— s’est déjà manifesté sous di-verses formes, à travers la facilitation dudialogue entre les différentes administra-tions, la mise en place du CFE avec sonéquipement en mobiliers, matériel infor-matique et bureautique, et la réécriture deson logiciel de gestion. Soutien aux entreprises du secteur tradi-tionnel. Tout en soutenant les réformes vi-sant à faciliter la création des entreprisesformelles, il est tout aussi important desoutenir les entreprises du secteur tradi-tionnel (informel) qui occupent, elles-aussi, une place importante dansl’économie nationale. Dans ce cadre, leProjet d’Appui au Développement du Sec-teur Privé (PADSP) a lancé en Octobre2012, la première phase de son pro-gramme de formation à l’endroit des en-treprises du secteur traditionnel qui vise àrenforcer leurs capacités entrepreneu-riales.Au cours de cette phase pilote, au total 1 000 micro et petits entrepreneurs du sec-teur traditionnel recevront divers modulesde formation (gestion, marketing, etc.). Ilfaut noter que ces formations seront ac-compagnées d’un suivi personnalisé ausein de l’entreprise sur une période dequatre (4) mois, afin d’aider l’entrepreneurà mettre en œuvre les outils acquis et àmaximiser l’effet de la formation. La miseen œuvre de la phase pilote des forma-tions aidera à tirer des leçons qui permet-

tront d’apporter les améliorations néces-saires lors du passage à l’échelle, avecl’extension du programme sur tout le ter-ritoire togolais. En appuyant l’amélioration de la produc-tivité et de l’efficience de ces entreprisestraditionnelles, l’on pourra ainsi dynamiserune partie de l’économie qui touche la po-pulation à la base, afin de créer plus d’op-portunités d’emplois, de la richesse etréduire la pauvreté. De plus, cette initia-tive contribuera également à améliorer laproductivité et l’efficience des sociétésdéjà existantes, et par conséquent à pro-mouvoir une croissance économiquebeaucoup plus inclusive. Les institutions partenaires du PADSPdans le cadre de ce programme ont mani-festé un enthousiasme certain pour l’ini-tiative et sont convaincues desperspectives de croissance qu’elle offreaux entrepreneurs, avec qui elles travail-lent. Soma Ouattara Acrachi, Président de

la Chambre Régionale des Métiers de laCommune de Lomé en est convaincu : lesmembres de la structure qu’il dirige mani-festent beaucoup d’engouement pour cesformations qui leur permettent d’entrerdans le secteur formel local et régionalavec plus d’assurance. La problématique de l’emploi. L’appuique la Banque mondiale apporte au Togodans le cadre du développement du sec-teur privé vise un objectif important : faireen sorte que le secteur privé puisse offrirdavantage d’opportunités de créationd’emplois, en vue d’apporter des solutionsau problème du chômage, surtout celuides jeunes. Les efforts engagés pour facili-ter la création des entreprises et renforcerla performance des entreprises informellescontribuent à cet objectif.Mais au-delà de cet objectif, il est d’abordquestion de faciliter l’insertion sur le mar-ché de l’emploi des jeunes diplômésn’ayant aucune expérience profession-

Un pari pour l’avenir

des améliorations majeures sont interve-nues : simplification des procédures ; trai-tement rapide des dossiers et netteréduction du coût et du délai de créationdes entreprises. A la tête du CFE, SamuelSanwogou jubile : « Au jour d’aujourd’hui,nous sommes fiers de confirmer que letemps de traitement des dossiers de créa-tion d’une entreprise au Togo est désor-

mais de 24 heures ! Et ce, depuis Août2012 ». Le processus est également facilitépour les opérateurs en dehors de Lomé.Pour les opérateurs économiques qui sontà l’intérieur du pays, des dispositions ontété prises pour leur permettre de formali-ser la création de leurs entreprises sansavoir à se déplacer à Lomé.Cette simplification des procédures a

produit ses premiers effets, notamment entermes d’accès aux services, aux finance-ments, aux marchés, etc. D’après les sta-tistiques, entre Juillet et Septembre 2012,le CFE a facilité la création de 1 431 so-ciétés, alors que sur la même période en2011, le nombre était de 1 174.

Formalités de création des entreprises dans un guichet du CFE

Page 21: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00820 L’espoir

IN ACTION

21L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

IN ACTION

nelle. Ces jeunes constituent la grandemajorité des chômeurs dans le pays, etfont face à des difficultés majeures pourdénicher leur « premier job ». En Octobre 2012, avec l’appui financierde la Banque mondiale, le gouvernementtogolais a lancé la deuxième phase duprogramme Appui à l’Insertion et au Dé-veloppement de l’Embauche (AIDE). Ceprogramme, mis en œuvre par l’AgenceNationale de Promotion de l’Emploi(ANPE) a pour objectif d’améliorer l’em-ployabilité des primo-demandeurs d’em-ploi, en vue de faciliter leur insertion surle marché de l’emploi. L’appui de la Banque mondiale à l’ANPEintervient dans le cadre du Projet Revitali-sation du Secteur Privé (PRSP). Il a déjàpermis à l’Agence de se doter de matérieltechnique et de mettre en place un meil-leur système d’information et de commu-nication qui l’aide à mieux organiser sontravail. Au cours de sa deuxième phase, leprogramme AIDE va poursuivre ses actionspour améliorer la situation des jeunes chô-meurs. En plus des stages en entreprise, ilest prévu des interventions supplémen-taires, notamment des bons de formations,des formations sur des modules transver-saux, et des ateliers sur les techniques derecherche d’emploi. Par la suite, le pro-gramme sera évalué, afin d’apprécier sonimpact sur les bénéficiaires et voir quellespourront être les améliorations qu’il faudraapporter pour les phases futures.

Davantage d’appui au développement dusecteur privé. D’autres actions sont ac-tuellement en cours (et prévues) avec l’ap-pui de la Banque. Dans le cadre duPADSP, l’appui aux réformes visant à amé-liorer le climat des investissements sepoursuit pour agir sur un autre indicateurimportant du « Doing Business », à savoirl’enregistrement des propriétés qui, dansla situation actuelle, entrave le développe-ment des entreprises. Il est essentiellementquestion de contribuer à l’amélioration dela gestion et de la performance de la Di-rection des Affaires Domaniales et Cadas-trales pour simplifier et accélérer lesprocessus d’acquisition et de transfert destitres fonciers. En outre, le PADSP (i) aideraà la création d’un Centre de gestion agréé

pour aider les petites entreprises dans lagestion de leur comptabilité, et (ii) facili-tera le dialogue public-privé, afin d’aiderà identifier et à prioriser les principales ré-formes pouvant renforcer le climat des in-vestissements au Togo. Les efforts sontaussi en train d’être déployés pour renfor-cer la capacité des micro et petites entre-prises formelles qui recevront, elles aussi,des formations adaptées à leurs besoins,tout en espérant bénéficier de subventions(tout comme les entreprises tradition-nelles). Enfin, le PADSP va appuyer le gou-vernement togolais à développer unenouvelle zone franche, en se fondant surles expériences internationales les plusperformantes. De grandes perspectives ensomme !

Les délices des «Fufu bar» à Lomé

Ici comme ailleurs le secteur informel est roi

Page 22: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00822 L’espoir

IN ACTION

Juillet 2008. Le Gouvernement ivoirienet la Banque mondiale signent un ac-cord de don pour le Projet d’urgence

multisectoriel de lutte contre le sida(PUMLS). S’appuyant sur le Plan Straté-gique National 2006 – 2010 de luttecontre le sida, le PUMLS vient en complé-ment de ressources pour une réponse na-tionale appropriée face à la pandémie duVIH/SIDA. Après une longue période de gestation(2001-2008) due aux multiples crises qu’aconnu la Côte d’Ivoire et à la suspensionde la coopération avec la Banque mon-diale, le PUMLS démarre ses activités en

octobre 2008. Deux objectifs essentiels luisont assignés: (i) Renforcer l’accès et favo-riser l’utilisation des services de préven-tions chez les groupes vulnérables et àhaut risque ; (ii) améliorer l’accès et l’uti-lisation des services de traitement et deprise en charge en faveur des personnesinfectées et affectées par le VIH-sida.

Quatre régions ont été choisies pour lamise en œuvre du PUMLS: Lagune1, Mon-tagne2, Savane3 et le Sud-Comoé, selondes composantes très précises : mobilisa-tion sociale et services de préventioncontre le VIH-sida, intervention du secteur

public, renforcement des capacités des or-ganisations et acteurs nationaux. S’agis-sant des cibles visées, elles concernent enparticulier les professionnels du sexe, leshommes ayant des rapports avec d’autreshommes, les enfants et les orphelins ren-dus vulnérables, les jeunes et les femmesen situation difficile. Sont aussi pris encompte les personnes vivant avec le VIH,les hommes en uniforme (militaires et po-liciers), les enseignants et élèves, les po-pulations mobiles (transporteurs, déplacéset réfugiés). En somme, une frange impor-tante de la population générale.

La Côte d’Ivoire a dépisté son premier cas d’infection du VIH-SIDA en 1985. Cité dans plusieurs rapports commeétant le pays le plus affecté en Afrique de l’Ouest, le pays s’est depuis engagé dans des politiques publiques visantà réduire l’incidence de la pandémie qui se situait en 2008 à près de 3.4 % selon une étude de l’ONUSIDA. Lacréation en 2001 d’un Ministère dédié à la lutte contre le VIH a permis de coordonner l’aide apportée par lespartenaires, y compris la Banque mondiale, à travers le Projet d’urgence Multisectoriel de lutte contre le Sida(PUMLS) qui a clôturé en septembre dernier. Au-delà du bilan globalement positif de ses interventions, le projetlaisse une question en suspens. Comment assurer de manière durable et autonome le financement d’un secteurqui requiert une plus grande prise en charge par les pouvoirs publics ?

Projet d’Urgence Multisectoriel de lutte contre le Sida (PUMLS)

Maintenir le cap de la luttecontre la pandémie

du VIH-sida

Par IBRAHIM MAGAZI

Séance de sensibilisation sur les relations sexuelles protégées chez les groupes à risque

Page 23: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

23L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

IN ACTION

Après 4 ans, le PUMLS est arrivé à son terme, avec un bilan glo-balement satisfaisant, en dépit d’un contexte difficile. En effet,sur les 13 objectifs contractuels fixés, 9 ont été pleinement at-teints. 3 sur les 4 non achevés ont tout de même un taux de réa-lisation de plus de 75%.Les interventions du projet ont combiné diverses approches, no-tamment des campagnes de sensibilisation, des prises en charge,des soins et soutiens aux personnes infectées et affectées par leVIH-sida, ainsi que des renforcements des capacités techniqueset matérielles. Au total, 115 organisations communautaires, 5 faî-tières de la société civile, 68 Ong, 42 radios communautaires,15 structures du secteur public et une (1) faîtière du secteur privéont été impliqués dans le projet.Ces performances ont permis de consolider les acquis à traversl'accroissement à l'accès et le recours aux services de préventiondes groupes vulnérables et des groupes à hauts risques, d'amé-liorer l'accès et le recours aux services de traitement et de priseen charge des personnes infectées et touchées par le VIH.La mise en œuvre du PUMLS s’est déroulée dans un climat poli-tique et social tendu. Avec la crise postélectorale, les activités ontété suspendues pendant 8 mois. Les équipements ont été pillés,provoquant l’arrêt de la fourniture de service aux bénéficiaires.Sans oublier la difficile appropriation-assimilation des procédurespar les Agences d’exécution et la faiblesse dans la diffusion desdocuments de normes et directives par les structures nationales. Pour les centres de santé, les obstacles étaient liés au difficile dé-marrage des interventions dans des zones inaccessibles, sans ou-blier l’indisponibilité du personnel de santé et le faible taux defréquentation des structures sanitaires.

La clôture du projet le 30 septembre 2012 a entraîné l’arrêt dufinancement des activités, ce qui pose le problème du finance-ment du secteur de la santé que les pouvoirs publics ne pourrontindéfiniment laisser à la bienveillance des partenaires externes.Des démarches ont été entreprises par l’équipe projet auprès departenaires financiers aux fins d’assurer la continuité/pérennisa-

tion des services offerts aux populations. Ces partenaires que sontle Fonds National de Lutte contre le Sida (FNLS) et Alliance CI,pour les aspects communautaires et le Programme Nationale deprise en charge médicale des personnes vivant avec le Sida (PNPEC) et le Fonds Mondial pour les sites sanitaires pourraientassurer l’offre de service. Toutefois, il convient d’indiquer qu’ungap au niveau national en termes de ressources et d’interventioncontinuera de planer sur l’avenir de la réponse à l’épidémie duSIDA. Aussi laborieuse fut-elle, la mise en œuvre du PUMLS a permisde tirer quelques enseignements. En résumé, il s’agit des pointssuivants : (I) il est important de renforcer la définition des priori-tés par les acteurs locaux et la fourniture des services aux béné-ficiaires par les structures nationales selon leur valeur ajoutée ;(ii) de renforcer les interventions de lutte contre le VIH/Sida dansles 4 régions cibles du projet; (iii) de renforcer les différentesagences d’exécution dans leur organisation (matériel, procé-dures, outils) ; (IV) mieux impliquer les autorités administratives(corps préfectoral) dans la lutte contre le SIDA dans les localitésplacées sous leur sous leur responsabilité.

Mieux connaitre l’épidémiepour l’éradiquer

La Côte d’Ivoire demeure un des pays les plus touchés de la sous-région Ouest-Africaine. La prévalence du VIH au sein de la popu-lation ivoirienne était de 4,7% en 2005, selon l’EIS 2005. Selonles estimations d’ONUSIDA/OMS, cette prévalence est de 3,7%pour l’année 2008 et de 3,4% en 2010 On estime à 440 000 lenombre de personnes qui vivent avec le VIH en Côte d’Ivoire en2008 dont 250 000 femmes âgées de 15 ans et plus et 50 000enfants âgés de 0 à 14 ans. Au sein de la population vivant avecle VIH, on estime à 150 000 (34%) les plus de 15 ans, et à 14000 (3%) les enfants qui ont besoins d’ARV (source : EstimationsONUSIDA juillet 2009). En 2008, 51 820 PVVIH étaient sous ARV(source, Rapport annuel VIH/sida du secteur santé en Côte d’Ivoire2007-2008). Dans le cadre de la Prévention Transmission Mère En-fant, les mères qui ont besoin d’ARV étaient estimées à 22 000 (5%).

REPARTITION GEOGRAPHIQUELa prévalence nationale de l’infection à VIH en Côte d’ Ivoire estrépartie de manière inégale sur l’ensemble du territoire avec destaux élevés en milieu urbain (5,4%) et faibles en milieu rural(4,1%). Dans la tranche d’âge de 15 à 24 ans, les femmes sontbeaucoup plus touchées que les hommes avec une séroprévalencerespective de 6,9% contre 2,4%. La répartition géographiquemontre un gradient croissant du niveau de prévalence du VIH dansla population générale ainsi que chez les femmes enceintes. Cegradientcroissant se fait du Nord au Sud (2,0%-7,0%), de l’Ouestà l’Est (Nord:5.3%-7.3%), des plus pauvres aux plus riches dumilieu rural au milieu urbain.

(Source : EXTRAIT Rapport National UNGASS Côte d’Ivoire 2010)

Bilan globalement positif dans un contexte difficile

La situation des orphelins du VIH reste préoccupante

Page 24: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00824 L’espoir

IN ACTION

En Septembre 1997, la Côte d’ Ivoire a achevé la préparationde son Plan National de Développement de l’Education etde la Formation (PNDEF) pour la période 1998-2010. Ce

document de politique Educative fixait les ambitions du Gouver-nement en lien avec les programmes économiques et sociaux dupays. C’est dans ce contexte et à l’issue de la table ronde des par-tenaires de la Côte d’Ivoire que le Gouvernement a signé le 17juin 1998 un Accord de Prêt avec la Banque mondiale pour unmontant de 39.600.000 DTS (Droits de tirages spéciaux) pour lefinancement du Projet d’Appui au Secteur Education/Formation.

Une histoire mouvementée, avec des enseignements utilespour l’avenirAu cours de sa mise en œuvre, le PASEF a fait l’objet de troissuspensions entre 2000 et 2008, la plus longue étant survenu de2004 à 2008. Depuis 2008, le PASEF a été prorogé deux foispour lui permettre d’atteindre les objectifs qui lui étaient assignés.Depuis le 31 Août 2012, le PASEF a été clôturé, après 14 ans devie émaillée de suspensions liées aux crises socio-politiques quela Côte d’Ivoire a connues. Aujourd’hui, que nous apprend leprojet et quelle leçon peut-on en tirer pour le futur sur le plan dela conception des politiques éducatives et de la mise en œuvredes investissements ?En 2009, le PASEF a appuyé la mise à jour du Rapport d’état surle secteur de l'éducation dont la première version élaborée en2002 avec l’appui du PASEF n’a pu faire l’objet d’un partage avecla communauté éducative, du fait de la crise militaro-politiquesurvenue en septembre 2002.

Cette nouvelle version a permis de dégager les grandescontraintes que le secteur connaissait du fait de facteurs endo-gènes, mais aussi de l’impact de la crise sur la gestion globalede la question éducative. Au niveau de l’enseignement primaire,l’évolution en termes relatifs est plus modeste, avec un accrois-sement annuel moyen des effectifs scolarisés de 2,3 % sur la pé-riode retenue. Les années scolaires qui vont de 2002/2003 à2005/2006, ont été marquées par les troubles militaro-politiques,ce qui s’est traduit par une chute des effectifs. Il convient toute-fois, de noter que les données sur ces années ne comprennentde façon systématique que les zones ex-CNO.

Source : MEN. 2012 (graphique 1)

Au niveau de l’enseignement secondaire général, on retrouve unniveau d’accroissement plus important de 4 % pour le premiercycle et de 6 % pour le second cycle. De façon globale, l’ensei-gnement secondaire a connu un accroissement de 5% enmoyenne sur la période. On peut noter que comme pour le pri-maire, la période 2001-2005 a été fortement affectée sans doutedu fait de la crise.

PASEF (Projet d’Appui au Secteur Education et Formation)

1998-2012, ou la fin d’un long parcours

C’est la fin d’un long parcours jalonné de ruptures et de reprise, au gré des contingences politiques certes, maisaussi d’une méthode de gestion d’un projet de développement où la dimension communautaire n’a pas été suffi-samment prise en compte. En Août dernier, 14 ans après son approbation, le rideau était tombé sur le Projetd’Appui au secteur Education et Formation (PASEF). Bilan.

Par HAMOUD ABDEL WEDOUD KAMIL

Le collège de Man à l’Ouest de la Côte d’Ivoire a fait peauneuve grâce au PASEF

Page 25: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

25L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

IN ACTION

Source : MEN. 2012 (graphique 2L’enseignement Supérieur a connu quant à lui une progressionimportante sur les 15 dernières années. C’est ainsi que les effec-tifs sont passés de 87000 étudiants en 1996-1997 à près de154000 en 2010-20111 , soit une augmentation de près de 80%avec un taux d’accroissement moyen annuel autour de 6%2

Evolution des effectifs de l’enseignement supérieur, 1996-97

Source : RESEN 2009, page 26

Les effectifs de l’enseignement technique (élèves, étudiants, sta-giaires et apprentis) sont passés de 28 793 au cours de l’année1996-97 à 50 499 en 2006-07, soit un accroissement annuelmoyen au taux de 5,8 %. Cette évolution a été plus intensedans le secteur public (6,4 %) que dans le secteur privé (5,2 %).Comme le montre le graphique 2, cette évolution est très per-turbée sur la période allant de 2001-02 à 2004-05, du fait de lasituation de crise qui prévalait dans le pays durant cette période.D’une manière générale, le système éducatif ivoirien a été affectépar les crises successives que le pays a connues. Même si, sur leplan quantitatif, on note une reprise à la hausse des tendances,il reste que sur le plan qualitatif le système dans sa partie basseconnait des difficultés majeures à transformer les ressources enrésultats. Deux indicateurs au niveau du primaire peuvent êtreanalysés pour mesurer l’impact et l’efficacité interne du systèmeéducatif Ivoirien. Le redoublement a toujours été important dansle système éducatif ivoirien ; on compte par exemple une pro-portion de redoublants dans le cycle primaire de 24 % en 1990,comme en 2000. Cela reste vrai aujourd’hui, avec une proportionde redoublants estimée à 18% dans l’enseignement primaire ivoi-rien en 2011. On observe sur les 22 dernières années une légèretendance à la baisse, mais le niveau actuel reste 2 fois plus élevéque ce qui est observable en moyenne parmi les pays proches dela scolarisation primaire universelle.

Cap sur l’avenirAu plan des acquis scolaires, les récentes évaluations conduitesdans le cadre du PASEF et par la sous-Direction de l’évaluationdu Ministère de l’Éducation font apparaître que les enfants Ivoi-riens ont des difficultés majeures en lecture et en mathématiques.On constate une baisse de performances des élèves au fil dutemps, entre 30 et 40 % des élèves en situation d’échec scolaireavec comme conséquence, un risque important d’illettrisme.Dans ce sens, les analyses faites dans le cadre du RESEN mon-trent que la relation entre le nombre des années d’études dans lajeunesse et la proportion des adultes sachant lire aisément est po-sitive. Il est ainsi estimé qu’avec un niveau d’études inférieur ouégal à 4 années, la proportion d’adultes alphabétisés est faible(inférieure à 40 %). Il faut attendre l’atteinte de la 5ème annéed’études pour observer un chiffre supérieur à 50 % des adultesqui peuvent lire aisément. A partir de 5 années d’études, la pro-portion augmente de façon significative (51 % avec la 5èmeannée) pour atteindre 66 % en fin de cycle primaire . Compte tenu, de ces éléments, il est extrêmement difficile de me-surer de façon exacte l’impact du PASEF sur le système éducatif,surtout que les plus gros investissements se sont faits sur la pé-riode récente entre 2008-2012, avec un pic entre 2011 et 2012.Cependant, il ne faut pas négliger l’apport du PASEF en particu-lier parce que ces investissements, comme pour tous les inves-tissements sociaux, sont à effet différés. Néanmoins, il estindéniable que les principales composantes du projet (qualitéde l’enseignement, amélioration de l’accès, appui intentionnel) ontconnu des améliorations dans un contexte des moins favorables.

La Côte d’Ivoire aborde aujourd’hui une étape nouvelle avec lamise en œuvre du Projet d’Urgence d’ Appui à l’Education deBase (PUAEB), les défis sont importants et les enjeux majeurs. Dela capacité de décaissement va dépendre la mise en œuvre desréformes du secteur mais au-delà l’amélioration des apprentis-sages, véritables enjeux pour la société ivoirienne. Le véritabledéfi sera de passer du questionnement du système à l’opération-nalisation des mesures. Il s’agira de sortir de l’approche macropour descendre au niveau micro, voir méso, envisager les pro-blèmes au niveau local en essayant de trouver les solutions dansl’approche locale, celle qui implique l’ensemble des acteurs etles responsabilise chacun sur le rôle qu’il doit jouer dans l’amé-lioration de l’éducation. Le PASEF nous a appris que les fonds, aussi importants soient-ils, ne sont utiles que si la vision pour les utiliser est claire et queles outils adaptés sont en place pour accompagner la mise enœuvre. Le deuxième enseignement à tirer de la mise en œuvrede ce projet, c’est celui de sortir du centralisme gestionnaire ets’orienter vers plus de gestion au niveau local. La flexibilité dansla mise en œuvre, s’ajuster au fur et à mesure, savoir construireson approche en questionnant les faits pour faire émerger lesschémas positifs

1 Les données sur l’Enseignement supérieur sont certainement sous-estimées2 Rapport d’état sur le secteur de l’Education(RESEN), 2009

Scolarisation de la jeune fille : un enjeu de développement

Page 26: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00826 L’espoir

IN ACTION

La stratégie de IFC en Côte d’Ivoire serésume en 4 points : (i) le renforce-ment du secteur financier à travers

les institutions financières locales permet-tant ainsi aux PME d’accéder au finance-ment ; (ii) la modernisation du secteur desinfrastructures en appuyant les projets deréhabilitation et de développement des in-frastructures ; (iii) le soutien du secteuragro-industriel, notamment aux entre-prises locales impliquées dans des activi-tés génératrices de revenus etpourvoyeuses d’emplois et (IV) l’améliora-tion du climat des affaires (indicateurs deperformances).Au cours de l’exercice fiscal 2012, IFC n’aménagé aucun effort pour aider le pays àrelancer son économie, principalementdans des secteurs clés tels que les fi-

nances, les infrastructures, l’agro-industrieet les services-conseils, totalisant un inves-tissement de près de 25 milliards de francsCFA, soit 50 millions de dollars.

La prise de participation dans le capitald’Advans Côte d’Ivoire (ACI), une sociétéde micro finance, à hauteur de 1 millionde dollars, soit environ 500 millions defrancs CFA, marque la politique d’engage-ment d’IFC dans ce secteur, au sortir d’unelongue crise qui a ébranlé son tissu éco-nomique et social. Advans Côte d’ Ivoireespère voir son portefeuille atteindre prèsde 35 millions de dollars d’ici fin 2017 etsa capacité d’octroi de prêts atteindre lechiffre de 100 000, la moitié desquels se-ront destinés aux femmes.Parmi les initiatives importantes liées au

secteur financier, le fonds de garantie deCauris Croissance II signe aussi un destemps forts de cette année 2012, pour le-quel IFC s’est engagé à investir 5 millionsd’euro dont 35% seront alloués aux PMEivoiriennes.Le premier investissement d’IFC dans lesecteur bancaire ivoirien depuis la fin duconflit, porte sur un accord de partage desrisques signé avec la BICICI pour un mon-tant de 20 milliards de francs CFA, soit 38millions de dollars, ce qui devrait permet-tre à cet établissement financier d’aug-menter sa capacité à financer les petites etmoyennes entreprises. Il faut égalementmentionner l’approbation par IFC d’uneligne de crédit d’un montant de 10 millionsde dollars en faveur de la SIB, une filialede la banque marocaine Attijari Wafa.

Pour un secteur privé dynamiqueIFC (SFI) en Côte d’Ivoire

IFC, membre du Groupe de la Banque mondiale, est la plus importante institution de développement au service dusecteur privé. En Côte d’Ivoire, malgré les crises successives qu’a connues le pays, l’institution est toujours restéeun partenaire privilégié du pays. De retour à Abidjan depuis 2008, la stratégie d’IFC se veut un catalyseur de ladynamique de reconquête du rôle de moteur régional que la Côte d’Ivoire a toujours joué dans la sous-région.

Par HAFSA DIA-BATCHILY, FATMA H. WANE,CASSANDRA COLBERT

Relancer le secteur productif

Page 27: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

27L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

.

IN ACTION

IFC soutient aujourd’hui de nombreusesinitiatives dans les domaines des infra-structures telles que l’électricité, le pétrole,le gaz, et les mines, secteurs particulière-ment sinistrés pendant ces dix longues an-nées d’impasse politique etd’immobilisme économique.On peut citer deux projets clés dans lesecteur de l’électricité qui devront permet-tre d’augmenter la capacité en énergie surl’ensemble du territoire :• Azito III pour un montant de plus de 125millions de dollars et jusqu'à 215 millionsde dollars supplémentaires. • Ciprel dans lequel IFC va injecter unmontant de 100 millions de dollars.Ces deux projets vont contribuer à porterla capacité énergétique ivoirienne à 427

MW. Par ailleurs, IFC a soutenu et financédes projets destinés à accroître la produc-tion et la fourniture en gaz du pays, essen-tielle pour les centrales électriques d’Azitoet de Ciprel et à augmenter le volume desexportations en ressources naturelles.Cette contribution s’est traduite au toutdébut de l’année, par un engagementd’investissement de plus de 10,4 millionsde dollars dans le capital de la sociétéRialto Energy (dont 9,9 millions ont déjàété décaissés) et une mobilisation de 9,7millions de dollars afin de soutenir les ef-forts d’exploration de gaz de la société.

Dans le secteur des mines, IFC s’est en-gagée à investir près de 7 millions de dol-lars en faveur de la société minière Sama

Ressources, lui permettant ainsi de finan-cer son programme d’exploitation dans lapartie Nord-Ouest du pays. A ce jour, prèsde 1, 22 millions de dollars ont déjà étédécaissés, sans oublier que la différencepourrait être investie au cours d’une éven-tuelle ouverture de capital.

Dans un pays où les ressources et ri-chesses principales reposent sur l’agricul-ture, IFC est également présente dans cedomaine et a appuyé quelques sociétés lo-cales, tant sur le plan financier que sur leplan de l’assistance technique. Le secteurde l’agro-industrie est une des prioritésstratégiques pour IFC, quand on connaîtles défis croissants de la sécurité alimen-taire en Afrique. Plus précisément, le dé-partement industrie et agroalimentaired’IFC s’est engagé à investir 18 millions dedollars dans les activités de Armajaro, unesociété de trading spécialisée dans les ma-tières premières, pour laquelle IFC a mo-bilisé 5 millions de dollars.Plus récemment, au mois de juin 2012,IFC a investi 2,4 millions d’euro dans lecapital de SIPRA, un groupe avicole quisouhaite ainsi augmenter la sécurité etl’auto suffisance alimentaire en fonctiondes besoins nutritionnels du pays. L’insti-tution va également octroyer un prêt de 5millions d’euros à la société.

Le développement du secteur privé néces-site non seulement un financement maisaussi l'accès a toute une palette deconseils, directement aux entreprises surla gestion des opérations, mais aussi auxgouvernements sur les conditions d’un cli-mat propice aux affaires. A ce jour, IFCtravaille en étroite collaboration avec laBanque mondiale pour aider la Côted'Ivoire à améliorer son score dans le clas-sement annuel du rapport Doing Business,grâce notamment à un vaste programmevisant à mettre en œuvre les réformes del’OHADA (Organisation pour l'Harmoni-sation en Afrique du Droit des Affaires).Eu égard à ses activités sur le terrain, IFCa organisé en septembre 2011, une for-

mation Business Edge (Comment gérerune petite entreprise) en faveur de 17 for-mateurs qui à leur tour, seront en mesurede renforcer les capacités des PME. D’au-tres formations sont prévues pour aider àl’amélioration des services non financiersaux PME. D’ores et déjà, ces formateurs etconsultants expérimentés travaillent dansle cadre de l’entreprenariat des jeunespour le programme de compétition deplan d’affaires financé par la Banque mon-diale. D’autres programmes de renforce-ment de capacités de PME et d’appui à larecherche de financement devraient aussiêtre mis en œuvre dans les mois à venir.En 2012, le Programme Africain sur le Cré-dit-bail a tenu un séminaire en collabora-

tion avec les institutions financières et lesspécialistes du crédit-bail, après l’adop-tion de la loi relative aux taxes sur le cré-dit-bail. Il convient de dire à cet effet,qu’IFC a soutenu l’élaboration de la loi ap-prouvée et adoptée par le Parlement aumoment du vote du Budget. Pour aider àsensibiliser et à développer l’expertise au-tour de ce produit, le programme a forméprès de 300 PME sur le crédit-bail. IFC ap-porte aussi son expertise technique à l’ini-tiative de mise en place d’un bureau decrédit en Côte d’Ivoire aux cotés de laCGECI et dans le cadre du MilleniumChallenge Corporation (MCC).

Energie, Mines et secteurs agricoles au service d’une croissance durable

Un service de conseils indispensables à l’heure de la compétitivité

Azito 3, un des projets clés de l’éléctricité appuyé par IFC

Page 28: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

Murielle AhouréNouvelle reine du sprint africain

Son image a défilé sur les écrans de télévision dumonde entier lors des JO de Londres 2012. Enmoins de 6 ans, Murielle Ahouré s’est hissée ausummum de l’athlétisme mondial, alignant victoiresur victoire. A 24 ans, elle est plus que jamais enga-gée pour redonner à son pays les splendeurs de lapaix et le progrès qui ont fait sa fierté.

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00828 L’espoir

-

Page 29: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

29L’espoir The World Bank Magazine - Abidjan / N° 008

Derrière sa mine joyeuse, MurielleAhouré n’a pas oublié les larmes verséesà l’issue de la finale du 200 mètres fé-

minin des JO de Londres 2012. « Je voulais telle-ment gagner pour mon pays, la Côte d’ivoire »disait-elle devant les caméras. Elle en aurait tel-lement été fière, le pays aussi, d’autant que,quelques semaines auparavant, Murielle était re-venue sur les traces de son enfance plus d’une dé-cennie après un départ contraint. En vérité, pourMurielle, la séparation avec la terre nourricière aété précoce. Très tôt, deux ans après sa naissance,elle est envoyée à Paris d’abord, puis suit ses pa-rents dans d’autres pays européens et asiatiques,avant de retrouver à nouveau Abidjan, 11 ansaprès son premier départ. Jusque-là, tout se pas-sait bien. « Très jeune déjà, je faisais tout le tempsde la gymnastique, guerre de soucis. Mon en-fance, je n’en garde que de merveilleux souvenirs» dit-elle. Seulement, un jour, tout se complique; l’adolescente, qui n’avait que 14 ans en 2000,est envoyée par ses parents aux Etats Unis quandéclate le conflit ivoirien. Pour la première fois, elleréalise le poids de la vie sans les parents, lesproches et les amis. C’est le début d’un parcoursinitiatique dans le monde de l’éloignement, lasolitude, les angoisses parfois mêlées d’incompré-hension. Pourquoi diable, le ciel doit-il vous tom-ber sur la tête au moment où vous avez le plusenvie de mener une vie normale ? « J’ai eu lachance d’avoir des parents formidables, qui m’onttout donné ; ils m’ont emmenée voyager partoutet rencontrer des cultures différentes. Mes souve-nirs sont faits de tranches de vie aussi extraordi-naires les unes que les autres, sur diverscontinents, buvant à la source de l’universel. J’aipar exemple appris les différences entre cultures,comme au Japon où lorsque vous franchissez leportail d’une maison, vous vous inclinez et laissezvos chaussures dehors »

Haut gradé de l’armée ivoirienne, le père deMurielle lui a appris les vertus de l’enduranceface aux épreuves, mais aussi la foi lorsque lesforces physique et morale ne suffisent plus. Unbrin philosophe, elle dit « se résigner qu’il y aitbien eu une raison pour que Dieu l’ait enlevéede la Côte d’Ivoire ».Elle n’en dira pas plus, persuadée que ses parentsvoulaient avant tout la mettre à l’abri des tensionsqui commençaient à secouer le pays. Sur le solaméricain, Murielle n’était pas prédestinée à fairede l’Athlétisme. Bonne élève, elle est inscrite au

Hayfield Secondary, dans l’Etat de Virginie, déve-loppant un goût pour les études de Droit qu’ellepoursuivra par la suite à l’université de Miami.

Le sacre…inachevéAussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est surconseil de sa Directrice d’école que Murielle, sesentant toute seule et perdue ses premiers joursde fac, s’inscrit dans un club de sport pour « sefaire des amis ». Elle y prend goût, elle qui, sansgrand effort, courrait plus vite que les garçons deson école primaire. Aux Jeux Olympiquesd’Athènes en 2004, une jeune athlète de 19 ans,Lauryn Williams, provoque en elle une onde dechoc qui ne l’a quittera jamais. Devant le sacrede la jeune américaine, Murielle décide ce jour-là de donner à la Côte d’Ivoire une reine du sprintmondial, 18 ans après son compatriote GabrielTiacoh, médaillé d’argent aux JO de Los Angelesen 1984, sur 400 mètres. Seul contact avec sesparents depuis plusieurs années, l’ordinateur, quidemeure son compagnon au Texas où elle suit,avec une rigueur quasi ecclésiale, les consignesde son entraineur jamaïcain. Levée à 4h30 dumatin, coucher avant 20h, régime alimentairestrict. La formule s’avère payante, Murielle pulvé-risant un à un des records dans tous les cham-pionnats universitaires US auxquels elle participe(Indoor et outdoor, soit l’équivalent des coursesen salle ou sur les pistes découvertes). Jusqu'à la dernière seconde, les ivoiriens et toutel’Afrique y avaient cru ce 4 Août 2012 aux Jeuxolympiques d'été de Londres : Murielle sur le Po-dium olympique du 200 mètres. La jeune sprin-teuse ivoirienne, qui avait brillé de mille feux 6mois auparavant en devenant vice-championnedu monde en salle à Istanbul, se contentera fi-nalement de la 6ème place. Au Golden Gala deRome où elle disputait en Mai 2012 sa premièrecompétition internationale, Murielle avait ter-rassé Shelly-Ann Fraser-Pryce, Kerron Stewart etSherone Simpson, trois jamaïcaines médaillées àPekin en 2008. Peu importe, la jeune femme faitdéjà la fierté du continent et en Côte d’ivoire, sonpays natal, de nombreux téléspectateurs avaientnourri l’espoir d’une revanche sur le sort qui avaitfait plier les éléphants devant les chipolopoloZambiens.

Cahier d’un retour au pays natalSon rêve de retourner dans son pays natal a failline jamais se réaliser au lendemain de la crise pos-télectorale de 2010 et cela rendait Murielle trèstriste. « La politique, c’est trop compliqué et je n’ycomprends rien ». En Mars 2011, après 12 ansd’éloignement, la jeune femme retrouve un paysoù elle est devenue une icône après son sacred’Istanbul. Reçue jusqu’au sommet de l’Etat, elleest le chouchou des medias et n’échappe plus auxscènes d’hystérie que crée son statut d’icône sta-risée, comme cette femme qui a sauté d’un taxien pleine rue d’Abidjan pour toucher son idole.« Je me suis rendue compte que ce que j’ai faitcette saison a vraiment déclenché quelque chosed’inhabituel en Côte d’Ivoire ; tout le monde medisait : Pour la première fois, on a regardé les jeuxolympiques ; pour la première fois, tout le paysétait devant les écrans de TV, la RTI (Chaine pu-blique, ndlr) ayant même décalé le Journal télé-visé pour diffuser en direct la course. Du jamaisvu ! J’en ai versé des larmes». Sollicitée de toute part, elle fera partie des touspremiers visiteurs des locaux réhabilités de l’uni-versité Félix-Houphouët Boigny en Août dernier.Partageant les rêves d’une jeunesse qui n’en peutplus d’être manipulée par les hommes politiques,elle estime que plus d’une décennie de convul-sions politiques ont fini par lasser les jeunes quiauraient baissé les bras et qu’il fallait plus que desdiscours pour les remotiver « Il y a indéniablementeu un gros effort pour la réhabilitation, reste main-tenant à leur redonner le goût d’étudier , notam-ment en dotant les universités des mêmesinfrastructures et environnement que ce que l’onretrouve dans les pays développés »Consciente des défis qui pèsent sur l’Afrique, Mu-rielle croit dur comme fer que le continent a d’au-tres atouts qui n’existent nulle part ailleurs. «Quand je voyage dans le monde, je me rendscompte de la chance que nous avons encored’avoir du sourire, de la chaleur, de la musique etdes enfants qui tapent encore dans des ballons enchiffons dans les rues des villes et villages afri-cains, avec une incroyable joie de vivre !» dit-elle.Elle ne cache pas son admiration pour des talentscomme Drogba, entré depuis belle lurette dansles cœurs de millions d’africains. Elle aussi ca-resse un rêve depuis qu’elle a préféré porter ledossard ivoirien, alors qu’elle avait la possibilitéde compétir sous d’autres couleurs : L’Espoir dela jeunesse ivoirienne qui refuse la résignation,tout simplement.

Murielle Ahouré au stade de Treichville en Septembre dernier

Page 30: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

INSIDETHE BANK

The World Bank Magazine - Abidjan / N° 00830 L’espoir

Comme si c’était hier. Je me rappelle encore de cette mati-née , en 1984, quand je suis tombé sur une annonce dansun journal local : La Banque mondiale cherchait

quelqu’un pour s’occuper des aspects logistiques. Un test, et oups! Me voici embarqué dans une formidable aventure qui dure de-puis 27 ans. Je travaillais auparavant à l’ONFP (office nationalede la formation professionnelle) où j’étais chargé de la program-mation. La gestion des immeubles, c’était mon affaire et la Banquem’a tout de suite mis devant les faits en me confiant un parc de22 villas résidentielles car à l’époque, elle louait 3 étages à l’im-meuble Shell au plateau. J’ai donc suivi de bout en bout laconstruction du siège que la banque occupe aujourd’hui.C’est fou que le temps passe vite et avec, les nombreux change-ments tant sur le plan organisationnel que la rotation du personnel.Tenez par exemple, quand je suis arrivé, chaque cadre avait sasecrétaire, parce que tout était tapé à la main. Il n’y’avait que lefax et le télex. Puis, progressivement, l’informatique a fait son en-trée, chacun disposant d’un ordinateur. Je me souviens des filesqui se formaient devant les imprimantes manuelles, toutes logéesau 1er étage. La mise en réseau des ordinateurs de la Banque futune autre étape dans la modernisation de nos outils de travail. Lebureau d’Abidjan qui disposait d’une salle avec un modem placésous la responsabilité de Mme Sako , servait de hub régional pourles autres bureaux. Fastidieux tout de même, car les données sui-vaient un long circuit qui passait d’Abidjan, Paris avant d’atterrir àNew York. J’ai eu cette formidable chance de travailler dans uneinstitution qui vous ouvre sur le monde et vice-versa. Ce n’est pasdonné à n’importe qui et je loue le seigneur d’avoir su m’adapterà tous les changements survenus toutes ces années. Savoir s’adap-ter à toutes les circonstances, apprendre de chaque rencontre, c’estmon humble conseil. Au bureau d’Abidjan, c’est comme une fa-mille, sauf que moi, j’y bénéficie d’un privilège unique et cela irritemes collègues masculins qui en meurent de jalousie : Betche, lemari de toutes les femmes ! (Rires) Quand le personnel fut évacué à Dakar en 2010, j’en étais meurtri,comme si l’on avait amputé une partie de moi. C’est ce qu’on ap-pelle la conscience professionnelle et il faut toujours la garder, toutau long de sa carrière, quel qu’en soit le prix.

Laparoleest à…Betche Boakao, chargé de la logistique et la sécurité

Mercy Tembon, nouvelle Représentante Résidente, Bureau deOuagadoudou. De nationalité camerou-naise, Mercy Tembon a débuté sa carrièreà la Banque mondiale en 2000 en tant queSpécialiste en Education au sein du Dé-partement Développement Humain de laRégion Afrique. Depuis, elle a occupé di-vers postes, dont le plus récent était celuide Représentante Résidente de la Banquemondiale à Bujumbura (Burundi).

Cheikh Wade a rejoint le Bureau régional d’Abidjan en février2012 comme Field Task Manager du Pro-gramme de Facilitation des Transports surles corridors de l’Afrique Sub-Saharienne.Wade, à ne pas confondre avec son com-patriote ex-Président du Sénégal, a mar-qué de ses le Projet d’Autoroute à péageDakar-Diamniadio. Entre le thieb etl’Atieké, son cœur balance toujours.

Volker Treichel, Lead Economiste pour la Côte d’Ivoire, Benin,Togo et Burkina Faso,De nationalité allemande, Il était à Abid-jan il y a quelques jours pour prendre lepouls d’un pays qu’il aime bien. Du tempsoù il travaillait au FMI, il a eu à connaitrele Président Ouattara, ce qui constitue unatout majeur pour faire avancer un certainnombre de réformes.

Charlotte O. Ashamu, chargéedes opérations, était basée au bu-reau de Jo Burg, en Afrique duSud. Elle a fait sciences po ,études africaines, relations inter-nationales et économie du déve-loppement aux USA. Abidjan ?Elle aiiiiiiiiiime ! lol.

Hafsa Dia-Batchily, res-ponsable de la communica-tion, diplômée deGeorgetown, USA. C’estune vraie passionnée de lalecture, l’écriture et aimevoyager.

L’équipe de IFC Abidjan se renforceavec deux nouvelles recrues

« La persévérance dans l’effort est le meilleur talisman »

New Staff

Page 31: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

Post-Scriptum

Page 32: 12 0 2 r b m c é D 8 0 N 2012 Quelle Fabuleuse Année BANQUE …business.abidjan.net/bm/pdf/lespoir_008_201212.pdf ·  · 2016-04-074 30 17 28 TOGO ZOOM SUR INSIDE THE BANK BANK

Côte d’Ivoire

Land of Promise