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Cap sur la paix JOURNAL BIMENSUEL DES ASSOCIATIONS SOKA DU BOUDDHISME DE NICHIREN 18 AVRIL AU 1 ER MAI 2017 • 3,50 € Lauriane Bain Transformer la souffrance en victoire Lio Collias Découvrir l’esprit de l’activité d’étude Programme et bulletin d’inscription P.3 LE MOT DE LA JEUNESSE P.4-5 GRENIER DE LA NRH P.14 EXPÉRIENCE [FRANCE] P.16 L’ÉTUDE EN QUESTION 1097 La Nouvelle Révolution humaine Volume 28 Chapitre 4 4 © PIXABAY-PublicDomain Étudier pour garder le cap ! P.6 AU CŒUR DU MOUVEMENT

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Cap sur la paixJOURNAL BIMENSUEL DES ASSOCIATIONS SOKA DU BOUDDHISME DE NICHIREN

18 AVRIL AU 1ER MAI 2017 • 3,50 €

Lauriane Bain

Transformer la souffrance en victoire

Lio Collias

Découvrir l’esprit de l’activité d’étude

Programme et bulletin d’inscription

P.3 LE MOT DE LA JEUNESSE

P.4-5 GRENIER DE LA NRH

P.14 EXPÉRIENCE [FRANCE]

P.16 L’ÉTUDE EN QUESTION

1097

La NouvelleRévolutionhumaineVolume 28Chapitre 4

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n Étudier pour garder le cap !

P.6 AU CŒUR DU MOUVEMENT

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Une victoire, un défi, un combat, une expérience à partager ? Contactez l’équipe de Cap !ACEP, Cap sur la paix, 17 rue de la Citadelle, BP 6, 94111 Arcueil cedex • [email protected]

Lexique des termes bouddhiques

b Daimoku : signifie prière bouddhique. Désigne l’invocation de Nam-myoho-renge-kyo.b Gohonzon : signifie « objet de respect fondamental ». Cette synthèse en une page du Sûtra du Lotus est confiée aux pratiquants et enchâssée à leur domicile.b Gongyo : « pratique assidue » (matin et soir). C’est la lecture, face au Gohonzon, de passages du Sûtra du Lotus, ainsi que l’invocation de Nam-myoho-renge-kyo.b Kosen rufu : expression que l’on trouve dans le XXIIIe chapitre du Sûtra du Lotus. Assurer un bonheur et une paix durables à l’humanité, fondés sur les valeurs humanistes du bouddhisme de Nichiren.

Fondateur de la publication : E. YAMAZAKI • Directeur de la publication : P. MORLAT • Rédacteur en chef : B. ROSSIGNOL • Conseillers de la rédaction : M. SATO L. COLLIAS et H. KOBO • Secrétaire général de rédaction : F. DINH • Coordination de la rédaction : M. GENAIVRE, L. LEYOUDEC et J. VIENNE •Conception graphique et illustrations : Y. MOËSS et D. CHÉRY • Rédacteurs : V. ARCAIO, F. MAESTLÉ, A. PETIT • Traducteurs : I. AUBERT, M. TARDIEU, C. THOMAS et V. T. OKADA • Maquettiste : R. TARDIEU• Correctrice : P. KINGUÉ

Vous souhaitez vous abonner à Cap ?Contactez les services de l’ACEP !ACEP, Cap sur la paix, 17 rue de la Citadelle, BP

30 006, 94114 Arcueil Cedex • Tel : 01 49 69 93 60 •

contact.abonnement@acep-france. fr

Cap sur la paix, bimensuel édité par l’ACEP, 17 rue de la Citadelle, BP

30 006, 94114 Arcueil Cedex. Imprimé en France par Advence SA, 139 rue

Rateau - Parc des damiers 93120 La Courneuve. Dépôt légal : Avril 2017 •

Tous droits de reproduction réservés • Les articles signés n’engagent que

la responsabilité de leurs auteurs • ISSN 1271 - 2981.

Cap sur la paix est un journal réalisé par les jeunes du mouvement Soka de France.

l

Journal de Jeunessede Daisaku Ikeda

Les références aux écrits bouddhiques sont abrégées selon les exemples suivants :b Écrits, 25 : Les Écrits de Nichiren, Soka Gakkai, Herder, 2012, page 25.b GZ, 432 : Gosho Zenshu, page 432 (Édition japonaise des Écrits de Nichiren Daishonin).b WND-I, 543 : The Writings of Nichiren Daishonin,volume 1, Soka Gakkai, page 543 (version anglaise).b OTT : The Record of the Orally Transmitted Teachings,

version anglaise du Recueil des enseignements oraux,en japonais : Ongi Kuden.b SdL-XX, 255 : Sûtra du Lotus, chapitre XX, Les Indes savantes, 2007, page 255, traduction française de The Lotus Sutra, version anglaise de Burton Watson du texte chinois de Kumarajiva.b D&E-mai 2016, 7 : Discours et entretiens de Daisaku

Ikeda, mai 2008, ACEP, page 7.

Abréviations utilisées

Mercredi 20 janvier 1960Temps clair

Il a été rapporté que toute la délégation officielle japonaise, dont le Premier ministre Kishi, a reçu un très bon accueil aux États-Unis. Ai entendu dire qu’il est même pressenti pour un prix Nobel de la paix. Insensé ! Je me rends compte peu à peu du niveau intellectuel moyen du monde. Je ressens l’engrenage d’un cercle vicieux qui commence à prendre au Japon, en Asie et dans le reste du monde.Le siège de Gakkai affiche déjà plus de rigueur morale ces derniers temps – comme si les choses avaient commencé à avancer, j’espère vers quelque chose d’inédit.Ai commencé à collecter les mémoires du président Toda. Veux les préserver pour longtemps, afin de graver l’esprit de Soka pour toujours après lui.Ai invité la famille du président Toda à une pièce au théâtre Chiyoda. Après, nous avons dîné ensemble. Ils étaient profondément heureux. Ai sérieusement réfléchi ces derniers temps ; la longue marche de la vie d’un être humain est vraiment une formidable entreprise. Mon enfance et ma jeunesse furent relativement aisées. Mais ma trentaine, ma quarantaine, ma cinquantaine et ma soixantaine seront plus significatives à mesure que mes responsabilités grandiront.La vie est-elle mue par la loi du plus fort ? Le fort se nourrit-il du plus faible ? Est-ce le triomphe du supérieur et la défaite de l’inférieur ? Est-ce cruel ? Est-ce cela la cause et l’effet ? Comme la vie est sévère ! Mon maître, le président Toda, a mené une vie merveilleuse dans beaucoup d’aspects – dans son humanité, dans son entreprise et dans la manière qu’il a eue de conclure sa vie.

Jeudi 21 janvier Temps doux

Ai donné une conférence à Josen-ji à Mukojima.Sur le chemin du retour, ai offert des tempura à plusieurs amis à Kanda.

Dimanche 24 janvierNuageux

Ai assisté à une réunion très réussie des responsables de chapitres de Fukuoka dans la ville de Kokura. Ai dirigé la « Chanson de la Jeunesse de Kyushu » pour la première fois depuis longtemps.Ai appris que 1 500 participants étaient là. Il a fait très froid ces trois derniers jours. Voir, c’est croire. Mon espoir d’un temps plus chaud s’est avéré futile. Mon rhume est revenu. Vais prendre soin du Kyushu comme je l’ai fait pour le Kansai.

Lundi 25 janvierTemps dégagé

Avons fait un concours de haïkus entre responsables ce matin. Beaucoup d’entre eux étaient très bons.

Ai rédigé le poème suivant :« Dans l’avancée De kosen rufu en AsieVit (l’esprit de) notre maître »

Retour à Tokyo à 16 heures, par avion. n

CAP SUR LE MONDE

Anniversaire

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LE MOT DE LA JEUNESSE

Que chacun soit un allié

NOUS pratiquons un enseignement basé sur le respect de chaque personne, nous permettant de considérer chacun comme un allié dans notre vie,

nous aidant à nous développer et à réaliser intensément notre révolution humaine. Parfois, nos émotions influencées par la réalité et fondées sur nos peurs nous rattrapent, nous poussant à juger une situation selon la perception étriquée de notre individualité et de notre intérêt personnel. Mais si nous nous limitons à cette vision, nous ne pouvons plus croire dans le potentiel illimité et la victoire absolue de chacun.La dualité entre bien et mal n’existe pas en bouddhisme. Le potentiel de l’état de bouddha réside de manière latente dans la vie de chacun et celui-ci s’éveille au contact de l’enseignement du Sûtra du Lotus, l’enseignement suprême de la vie. Revenir alors à la transformation positive de notre propre cœur, ou esprit, par la récitation de Nam-myoho-renge-kyo et le vœu sincère d’agir pour le bonheur et la bonne santé de chacun nous permet d’ouvrir ce grand état de vie qui réside en nous.

Dans son commentaire sur le traité Sur l’ouverture des yeux, Daisaku Ikeda déclare : « Lorsque les graines de la bouddhéité sont plantées de cette façon, le cœur des personnes peut être instantanément changé, passant de l’illusion à l’éveil. (…) Quand on allume une lampe dans l’obscurité de l’ignorance, cette obscurité disparaît immédiatement. Elle est instantanément transformée. C’est cela le bouddhisme de Nichiren, le bouddhisme de l’ensemencement 1. »Notre société deviendra toujours plus humaine grâce à une atmosphère emprunte de confiance, de joie et d’espoir. De même qu’une éclosion et une profusion de fleurs nécessitent une attention toute particulière, nos vies ont besoin d’être chéries chaque jour. De plus, grâce à une profonde confiance et une grande compassion, nous nous entraidons avec la conviction que chacun avance sur son propre chemin, à son rythme et à sa manière. Vivre nous-mêmes ce processus de transformation intérieure permet d’éclairer à la fois notre chemin et celui de nos proches. Continuons d’adopter ce comportement en créant de bons liens avec notre entourage, dans l’esprit de « la foi équivaut à la vie quotidienne » et « le bouddhisme se manifeste dans la société » et ainsi élargir notre réseau de solidarité et contribuer à la paix à travers nos relations humaines. n

par Lio Collias,responsable des jeunes femmes

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1. Traduit de Living Buddhism, mensuel de le SGI-États-Unis,

avril 2017, p. 26.

EN ce mois d’avril nous célébrons le 65e anniversaire de la publication des Écrits de Nichiren Daishonin

La première édition des Œuvres complètes de Nichiren Daishonin (Gosho Zenshu) a été publiée le 28 avril 1952, pour commémorer les sept cents ans écoulés depuis la première récitation de Nam-myoho-renge-kyo par Nichiren Daishonin. Cette publication unique dans l’histoire du bouddhisme de Nichiren fut la concrétisation d’un souhait émis par Josei Toda en juin 1951, peu de temps après sa nomination en tant que deuxième président de la Soka Gakkai. Par le passé, une sélection d’écrits de Nichiren avaient été publiés par d’autres écoles, mais aucune n’avait compilé et fait paraître la totalité de ses lettres et traités pour les rendre accessibles à tous.

Le travail de compilation et d’adaptation des textes fut considérable et coûteux. À l’évocation de la parution des 6000 premiers exemplaires, Daisaku Ikeda dit : « Un impossible rêve était devenu réalité1. »Aujourd’hui, les écrits de Nichiren sont traduits dans plus de dix langues, dont l’anglais, le chinois, l’espagnol, le coréen, l’allemand, l’italien et le portugais. n

CAP SUR LE MONDE

Anniversaire

1. D. Ikeda, Commentaires des écrits de Nichiren Daishonin, vol. 2, p. 166

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LE GRENIER DE LA NRH LE GRENIER DE LA NRH

Dans l’optique de l’activité d’étude Niveau 1 du mois d’octobre, Cap sur la paixrevient sur des passages de La Nouvelle Révolution humaine. Daisaku Ikeda, sous le nom de plume de Shin’ichi Yamamoto, encourage les pratiquants à approfondir l’étude bouddhique, source de croyance et de sagesse.

Découvrir l’esprit de l’activité d’étude

Construire par l’étude de solides fondations pour le mouvement SokaEn novembre, mois des chrysanthèmes au Japon, commencèrent les préparatifs pour l’« Année de l’étude », ainsi que la Soka Gakkai avait désigné l’année à venir, 1963. [...]Depuis la crise des missiles de Cuba, Shin’ichi brûlait de la forte conviction qu’il devait ouvrir la voie de la paix mondiale. Pourtant, il maîtrisait son impatience. Travaillant avec une persévérance et un soin méticuleux, il consacrait toutes ses forces à développer – lentement mais sûrement – un grand mouvement philosophique fermement ancré dans la vie des individus.Shin’ichi n’avait nul désir de construire un mouvement pacifique vulnérable aux changements de l’époque, qui un jour s’effondrerait et disparaîtrait comme un château de sable. Pour faire face à cet objectif qui avait été cher au cœur de l’humanité tout au long de son histoire – celui de l’élimination totale de la guerre –, il avait l’intention de bâtir des fondations solides pour la réalisation de la paix dans les cinquante

ou cent années à venir. Après les examens de promotion du 23 novembre, se tint une réunion nationale des professeurs adjoints du département d’étude, et Shin’ichi saisit cette occasion pour expliquer ses idées de manière plus approfondie : « Fukuzawa Yukichi1 était un excellent éducateur et un leader qui contribua à faire entrer le Japon dans l’époque moderne. Le 15 mai 1868, les forces loyalistes du vieux gouvernement militaire de Tokugawa et la nouvelle armée impériale se livrèrent une bataille sanglante sur les collines d’Ueno à Tokyo. Tout Tokyo était en proie à la panique, mais Fukuzawa continua calmement à faire son cours sur la théorie économique britannique devant les étudiants de son école privée, Keio Gijuku (l’actuelle Université de Keio).

Au milieu du chaos de cette époque de transition, les écoles du gouvernement militaire déchu restèrent fermées. Le gouvernement impérial nouvellement restauré avait apparemment des préoccupations plus pressantes que les écoles. Fukuzawa ne prit parti pour aucun des deux camps. Il poursuivit ses cours, sans se laisser perturber par les canons qui tonnaient dans le lointain. Il était déterminé à ouvrir une ère nouvelle, par ses propres actions.Il savait que le secret pour cela consistait à former des étudiants dotés de grandes capacités, à développer le caractère et les aptitudes des jeunes qui poursuivraient ses idéaux et sa vision de l’avenir. C’est pour cette raison qu’il se consacrait à instruire les jeunes. Et en effet, quantité de dirigeants talentueux de la génération suivante sortirent des rangs de ses étudiants.

Moi aussi, je porte toute mon attention sur la prochaine génération. En ces temps de grands bouleversements, et au milieu des tensions de la Guerre froide, l’humanité tremble sous la menace d’une guerre nucléaire. Le seul moyen de résoudre radicalement ce problème consiste à former des personnes dotées d’une compréhension et d’une croyance solides à l’égard de la philosophie bouddhique de Nichiren Daishonin, afin qu’ils enseignent et transmettent cette sagesse inégalée au plus grand nombre. Aujourd’hui, le département d’étude compte déjà plusieurs professeurs qui ont reçu leur formation de M. Toda. Mais à l’avenir, il sera indispensable de former un nombre encore beaucoup plus important de grands précurseurs, de dirigeants qui comprennent profondément et de manière exhaustive les enseignements du bouddhisme pour le bien des pratiquants de notre mouvement dans le monde entier. » […]

Étudier afin de devenir victorieux dans la foiCe jour-là, dans l’après-midi, des examens d’entrée et de promotion du département d’étude eurent lieu pour les pratiquants du chapitre de Los Angeles en deux endroits différents – l’un à Los Angeles et l’autre à San Diego. Quelque 250 personnes se présentèrent aux épreuves, lesquelles ne consistaient qu’en des oraux.

Shin’ichi se rendit au centre d’examen de Los Angeles – installé dans une école de japonais –, afin d’offrir quelques paroles d’encouragement aux candidats.« Merci beaucoup de vous être donné la peine de venir ici pour passer cet examen,

En ce temps-là...

À l’automne 1962, le monde, en pleine Guerre froide, assiste à la crise des missiles de Cuba, opposant les États-Unis et l’Union soviétique. Les craintes d’une troisième guerre mondiale, nucléaire, s’accentuent. C’est dans ce contexte que se préparent les activités d’étude bouddhique de la Soka Gakkai, au Japon et aux États-Unis.Shin’ichi lance ce grand mouvement d’étude avec la conviction que c’est en changeant en profondeur les conceptions humaines qu’un avenir de paix est possible.

4 | Cap sur la paix 1097

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dit-il. Certains d’entre vous doivent se demander pourquoi il nous faut étudier une théorie bouddhique si difficile, quand il suffit sûrement de réciter Daimoku et recevoir des bienfaits. Cependant, n’oubliez pas que si une pratique correcte apporte effectivement des bienfaits considérables, elle présente également des obstacles et des difficultés. Sans les bases solides que procurent l’étude, vous commencerez à douter dès que des difficultés surviendront.Quand l’oppression exercée par le gouvernement militariste a abouti à l’arrestation de M. Makiguchi et de M. Toda au cours de la Seconde Guerre mondiale, tous les responsables de la Soka Gakkai ont abandonné leur croyance. La raison en était qu’ils n’avaient pas étudié et n’avaient pas saisi le sens des principes de ce bouddhisme. Mais lorsque nous étudions sérieusement les enseignements de Nichiren Daishonin, expliqua-t-il, nous comprenons pourquoi une pratique correcte s’accompagne d’obstacles et de persécutions et nous savons comment atteindre la bouddhéité dans cette vie. De même, quand nous parlons aux autres du bouddhisme, nous sommes en mesure d’expliquer ce qui fait la grandeur des enseignements de Nichiren Daishonin et d’exposer de façon claire, logique et convaincante en quoi consiste une religion correcte. C’est pour cette raison que Nichiren Daishonin insiste sur le fait que la pratique doit aller de pair avec l’étude. Il nous exhorte : « Exercez-vous dans les deux voies de la pratique et de l’étude. Sans pratique ni étude, il ne peut y avoir de Loi bouddhique2. » (Écrits, 390)

Après avoir expliqué l’importance d’étudier la théorie bouddhique de façon

compréhensible par tous, Shin’ichi ajouta :« Les examens que nous organisons au sein de la Soka Gakkai ont pour but de vous encourager dans votre étude du bouddhisme. L’important est que non seulement vous renforciez votre détermination à étudier les enseignements de Nichiren Daishonin tout au long de votre vie, mais également que vous vous efforciez de mettre en pratique ce que vous avez appris grâce à ces examens, ne serait-ce qu’un seul mot ou une seule phrase. L’objectif n’est pas simplement de réussir un examen mais de devenir victorieux dans la foi, victorieux dans le bonheur. n

D’après Daisaku Ikeda, La Nouvelle Révolution humaine, vol. 7, pp. 73-76, 136-139.

LE GRENIER DE LA NRH LE GRENIER DE LA NRH

1. Fukuzawa Yukichi (1835-1901) : éminent éducateur et

écrivain japonais qui répandit la pensée occidentale au Japon

pendant l’ère Meiji (1868-1912).

2. La réalité ultime de tous les phénomènes, Écrits, 390.

Cap sur la paix 1097 | 5

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AU CŒUR DU MOUVEMENT AU CŒUR DU MOUVEMENT

Activité d’étude bouddhique du 15 octobre 2017

Le 15 octobre 2017 aura lieu l’activité d’étude Niveau 1 qui concerne tous les pratiquants qui souhaitent se lancer le défi d’approfondir l’étude bouddhique. D’ores et déjà, Cap sur la paix présente les grandes lignes des éléments inscrits au programme de l’activité ainsi que le bulletin d’inscription.

Partie 1.Écrits de Nichiren Daishonin

1. Un bateau pour traverser l’océan des souffrances (Écrits, 33)

« On lit dans un passage du chapitre “Le maître de la Loi” : “Si l’un de ces hommes ou l’une de ces femmes de bien [est capable, dans les temps qui suivront ma disparition, d’exposer secrètement ne serait-ce qu’une seule phrase du Sûtra du Lotus à quelqu’un, tu dois savoir alors qu’] il ou elle est l’envoyé de l’Ainsi-Venu.” Autrement dit, quiconque enseigne aux autres ne serait-ce qu’une phrase du Sûtra du Lotus est l’envoyé de l’Ainsi-Venu, qu’il s’agisse d’un moine ou d’une nonne, d’un laïc homme ou femme. Vous êtes un croyant laïc et donc l’un des « hommes de bien » décrit dans le sûtra. Celui qui écoute ne serait-ce qu’une phrase de ce Sûtra et la grave au fond de son cœur est comme un bateau traversant l’océan des naissances et des morts. » (Écrits, 33)D. Ikeda, Commentaires des écrits de Nichiren, vol. 13, p. 7

2. Réponse à un croyant (Écrits, 914)

« Considérez le service de votre seigneur comme la pratique du Sûtra du Lotus. C’est ce que signifie [la phrase] : “Aucuneaffaire de ce monde liée à la vie et au travail n’est en quoi que ce soit contraire à la réalité ultime.” » (Écrits, 914-915) D&E-sept 2016, 19-34

Le mot du Comité d’étude

L’ACTIVITÉ d’étude Niveau 1 nous permettra, cette année encore, de progresser majestueusement

sur les deux voies de la pratique et de l’étude, dont Daisaku Ikeda dit dans son éditorial du mensuel d’étude affilié à la Soka Gakkai au Japon (Daibyakurenge) du mois d’août 2015 :

« La pratique et l’étude sont les ailes qui nous portent vers le bonheur et la victoire éternelle, en élevant le cœur de l’humanité à l’infini. En poursuivant nos efforts pour lire un passage des Écrits de Nichiren chaque jour, déployons les ailes de la pratique et de l’étude pour nous élancer joyeusement dans le ciel immense de la victoire ! »

Le cœur de l’enseignement de Nichiren est de révéler la mission et la pratique des bodhisattvas sortis de la terre : œuvrer à son propre bonheur et à celui d’autrui. En ce sens, comme toutes les activités au sein de notre mouvement, qui a hérité de ce Grand Vœu, la finalité ultime de l’étude est la joie, la joie suprême, la plus grande de toutes.

Programme

Brochure Activité Niveau 1 à paraître bientôt !

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3. Sur l’établissement de l’enseignement correct pour la paix dans le pays (Écrits, 26)

« Si vous vous inquiétez de votre sécurité personnelle, ne devriez-vous pas tout d’abord prier pour l’ordre et la tranquillité aux quatre coins du pays ? »D. Ikeda, Commentaires des écrits de Nichiren, vol. 14, p. 1

Partie 2. Les bases du bouddhisme de Nichiren pour la nouvelle ère du kosen rufu mondial

Chapitre 1 : Le bouddhisme de Nichiren

1. La vie de Nichiren Daishonin2. Nam-myoho-renge-kyo3. L’atteinte de la bouddhéité en cette vie et kosen rufu4. La lignée et la tradition de l’humanisme bouddhique

Partie 3. Les deux voies de la pratique et de l’étude

« Devenons des experts dans l’art du bonheur »D. Ikeda, Éditorial du Daibyakurenged’octobre 2016 in Cap sur la paix n°1084, p .4) n

AU CŒUR DU MOUVEMENT AU CŒUR DU MOUVEMENT

BULLETIN D’INSCRIPTION

Activité d’étude Niveau 1du 15 octobre 2017

Merci d’écrire toutes vos coordonnées en lettres majuscules

NOM : ........................................................................ PRÉNOM : ……………..............................................................................

NOM DE JEUNE FILLE : ……………………………………………………………............................................................................

ADRESSE : …………………………………………..........................................................................................................................

CODE POSTAL :...............................................VILLE :.................................................................................................................

TÉLÉPHONE: ....................................................................TÉLÉPHONE MOBILE : ……………………………..…………………

E MAIL :……..................................................................................................................................................................................

RÉGION : …………........................................................... CENTRE GÉNÉRAL : ........................................................................

CENTRE : ........................................................................ CHAPITRE : .......................................................................................

GROUPE : ……….........................................................................................................................................................................

Femme Homme Jeune Femme Jeune Homme

LANGUE : Français Chinois Japonais

À retourner AU PLUS TARD le 31 juillet 2017 (cachet de la poste faisant foi)par courrier à :

Consistoire SokaB.P. 4 - 92332 SCEAUX CEDEX

Vous recevrez un courrier de confirmation de votre inscription à votre adresse postale.

Bulletin à compléter et renvoyer avant le 31

juillet 2017 !

Cap sur la paix 1097 | 7

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LES médecins qui avaient examiné Taichi Sada avaient conseillé à sa famille qu’il quitte l’hôpital

puisqu’ils ne pourraient de toute manière rien faire pour lui. Ils avaient ajouté qu’il était possible que Taichi reste alité jusqu’à la fin de ses jours. Taichi s’était dit alors : « Si je m’écroule, qui accomplira kosen rufu à Teuri ? Je vais absolument recouvrer la santé ! C’est à partir de maintenant que commence mon véritable combat ! »

De retour chez lui, il avait dû garder le lit, avec une minerve spécialement conçue pour lui maintenir le cou dans une position fixe. Tout son corps était engourdi, et même respirer lui était pénible. La plupart des gens pensaient qu’il terminerait sa vie dans cet état. Ces chuchotements lui étaient parvenus aux oreilles. Il avait alors prié ardemment, de toute ses forces. Le désir farouche de consacrer son existence à la réalisation de kosen rufu sur son île lui avait donné la

force de continuer à vivre. Deux, puis trois ans s’étaient écoulés. Il avait retrouvé sa motricité et pouvait désormais marcher. Ceux qui consacrent leur vie à la mission de kosen rufu sont des bodhisattvas sortis de la terre. C’est pourquoi, la force jaillit et se répand dans tout leur corps.

Taichi ne pouvait rester chez lui sans rien faire. Il s’était porté volontaire pour distribuer le journal affilié, Seikyo Shimbun, chez les abonnés. Avec sa minerve autour du cou, il faisait la tournée chez ces derniers, à pieds, marchant d’un pas mal assuré. De plus, il avait commencé à partager les enseignements du bouddhisme autour de lui. Certains habitants se moquaient de lui, disant qu’il avait l’allure d’un extraterrestre, mais Taichi leur affirmait, tout en riant avec bonne humeur : « J’ai eu la vie sauve. C’est déjà un immense bienfait de la pratique. Mais je vais retrouver la santé et je serai à nouveau en pleine forme. À ce moment-là, vous vous souviendrez comment j’étais ! Regardez donc bien comment je suis aujourd’hui ! »

Taichi Sada brûlait d’une combativité redoublée chaque fois qu’il rencontrait de pénibles épreuves. Finalement, comme il l’avait assuré lui-même, il avait complètement recouvré la santé, alors même que les médecins avaient jeté l’éponge.

Six ans après cet accident, en 1968, Taichi avait un jour accosté en bateau au bas d’une falaise afin de cueillir des algues

qui proliféraient sur les rochers. À peine avait-il commencé sa récolte, qu’une pierre de la taille d’un poing était tombée à l’improviste, le touchant directement à la tête.

En recevant ce coup, Taichi avait perdu connaissance et une fois de plus, il avait été transporté en urgence dans un hôpital du territoire principal, hors de son île. De multiples fractures du crâne avaient été constatées, cependant, curieusement, cela n’avait aucunement mis sa vie en danger.

« Pourquoi est-ce que je rencontre encore de telles difficultés, alors que je pratique ? » Ce doute lui avait traversé l’esprit, mais il s’était immédiatement souvenu du principe bouddhique de l’allégement de la rétribution karmique qui consiste à transformer un lourd karma du passé en le recevant de façon allégée en cette vie-ci. Taichi s’était dit : « Si je suis blessé à la tête de façon répétée, c’est certainement dû à un karma négatif que j’ai accumulé depuis des vies passées. J’aurais pu en mourir, mais la pratique m’a sauvé la vie à deux reprises. Cela signifie donc que j’ai pour mission d’accomplir kosen rufu ! »Une reconnaissance infinie et une joie incommensurable avaient jailli dans son cœur. Il n’avait passé qu’un mois à l’hôpital et s’était retrouvé encore plus en forme qu’auparavant. Taichi s’était consacré davantage à la gestion de son gîte, et le nombre de ses clients avait notablement augmenté chaque année. Chaque fois

La Nouvelle Révolution humaineSuite du roman La Révolution humaine, La Nouvelle Révolution humaine paraît sous forme de feuilleton dans le Seikyo Shimbun (quotidien de la Soka Gakkai au Japon). Daisaku Ikeda, sous les traits de Shin’ichi Yamamoto, y retrace l’histoire de la Soka Gakkai à partir du 2 octobre 1960, date où il s’envole pour la première fois à l’étranger en tant que nouveau président du mouvement. Par ce récit, il désire transmettre l’esprit de son maître, Josei Toda, en racontant le combat que lui-même a mené en tant que disciple.

VOLUME 28 CHAPITRE 4

Îles de la victoire

4En 1962, suite à l’explosion d’une mine sur « l’île aux mines », le mouvement Soka est rendu responsable de la tentative de création d’un nouveau syndicat. Des persécutions contre les pratiquants et des protestations contre le mouvement commencent à voir le jour. Taichi Sada, propriétaire d’un gîte, fait une chute pendant qu’il réalise des travaux. Il est transporté à l’hôpital. Il ne peut être opéré sans que cela mette sa vie en danger.

Résumé des épisodes précédents

8 | Cap sur la paix 1097

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qu’il accumulait des expériences de croyance, des personnes adhéraient à la foi bouddhique.

En 1972, il avait effectué un grand aménagement du gîte pour le transformer en un hôtel de plus de trente chambres. L’établissement était ainsi devenu le plus grand hôtel de l’île Teuri. Parmi les pratiquants qui avaient été encouragés par Taichi Sada apparaissaient de nombreuses personnes de valeur qui se chargaient de kosen rufu sur l’île. Mitsuzo Morisaki, premier responsable du chapitre Teuri, et qui allait ouvrir le musée-archive « Terroir de Teuri », comptait parmi ceux-ci.

Les efforts des pratiquants de cette île avaient été relatés à Shin’ichi, qui avait déclaré aux responsables des îles éloignées : « Sur une île, on ne peut ouvrir le chemin de kosen rufu autrement qu’en montrant des preuves factuelles de la pratique. Tout se mesure à ce que deviennent concrètement les pratiquants. En l’occurence, les expériences de bienfaits procurés par la croyance sont primordiales. Sur cette base, le plus important est de montrer jusqu’à quel point nos amis

peuvent contribuer au bien-être des habitants et au développement de l’île, et ainsi gagner la confiance d’autrui en tant qu’êtres humains. C’est tout ce qui compte pour parfaire kosen rufu . »

La taille des îles habitées est très variable. Il existe de grands territoires comme l’île de Sado [la plus grande île du Japon à l’exception des quatre îles principales], avec ses 850 km² et plus de 20 000 foyers, mais on peut également mentionner de petites îles abritant seulement quelques foyers ou quelques dizaines tout au plus. La petite île Kashima, sur la mer intérieure de Seto, à 20 km environ à l’ouest du port d’Uwajima, dans la préfecture d’Ehime [île de Shikoku], a une circonférence de 3 km. En 1978, ses habitants étaient au nombre de 225, répartis en 74 foyers. Elle n’abritait qu’une école primaire, et les enfants devaient être en internats à l’extérieur de l’île dès le collège. Cette île comptait 21 foyers pratiquants, soit près du tiers des habitants. C’était donc un territoire où kosen rufu était le plus avancé par rapport à l’ensemble du Japon. L’une des personnes qui y soutenaient le mouvement était Matsue Hamahata, alors

responsables de groupe pour les femmes. Cette dernière avait adhéré à la foi bouddhique à l’occasion d’une maladie, par l’intermédiaire d’un pratiquant de l’île, en 1964. Sur une petite île comme la sienne, tous les habitants forment une communauté solidaire. Or, lorsqu’elle avait commencé à parler du bouddhisme autour d’elle, les comportements avaient subitement changé. Les coutumes ancestrales étaient profondément enracinées à Kashima. Par

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La Nouvelle Révolution humaine

Taichi Sada est victime d’un accident alors qu’il recueille des algues qui prolifèrent sur les rochers.

communauté solidaire. Or, lorsqu’elle avait commencé à parler du bouddhisme autour d’elle, les comportements avaient subitement changé. Les coutumes ancestrales étaient profondément enracinées à Kashima. Par

« Ceux qui consacrent leur

vie à la mission de kosen rufu

sont des bodhisattvas sortis

de la terre. C’est pourquoi,

la force jaillit et se répand

dans tout leur corps »

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exemple, lorsque quelqu’un devait subir une opération chirurgicale, les habitants se rassemblaient dans un sanctuaire et priaient pour sa guérison. Dans ce contexte, le fait que Matsue Hamahata recommande le bouddhisme de Nichiren aux autres apparaissait comme un acte de destruction de l’ordre établi de longue date. De plus en plus de personnes ne saluaient même plus Mitsue. Certains lui disaient, d’un air contrarié : « Je suis désolé, mais si je te parle, on me considérera comme ton ami. » D’autres, pourtant convaincus des bienfaits de la pratique bouddhique, lui confiaient, sans pouvoir se résoudre à franchir le pas pour se convertir : « Je suis sûr que c’est un bon enseignement, mais tant que je vivrai ici, je ne pourrai pas le pratiquer. Si je pars, alors je le pourrai. »Plus le territoire était réduit, plus les liens humains étaient profonds et solides.

Les gens devaient s’entraider sur tous les plans pour survivre. S’ils voulaient mieux faire comprendre la réalité du mouvement Soka, les pratiquants devaient impérativement gagner la confiance des autres dans la vie de tous les jours.

Matsue Hamahata travaillait au service social, s’occupant de nettoyage, de la lessive, des repas et d’autres tâches ménagères. Son sens du détail et sa passion pour ce métier lui avaient valu une estime croissante de son entourage, au point que certains avaient commencé à pratiquer parce que c’était sur cet enseignement que Matsue basait sa vie. Des dialogues s’épanouissaient toujours autour d’elle. Le secteur dont elle s’occupait en tant que responsable des pratiquantes comprenait les îles voisines de Tojima et de Hiburishima. Le bateau pour se rendre sur cette dernière ne circulait qu’une fois par jour, partant de Kashima à 14 heures pour arriver à Hiburishima à 16 h 30. La navette de retour ne partait que le lendemain. Le trajet était mouvementé à cause des marées ; il arrivait qu’à la fin de l’année, la navigation soit interrompue pendant une semaine du fait du mauvais temps. De grandes réunions régionales du mouvement Soka se déroulaient à Uwajima, sur le territoire principal. Pour participer à une activité en soirée, du fait des horaires, il fallait prendre le

bateau dès le matin. Après la réunion, il n’y avait aucune correspondance le soir, par conséquent, le retour s’effectuait le lendemain. Brûlant d’esprit de recherche, Matsue était bien décidée à profiter de ces contraintes pour assimiler tout ce qu’elle aurait entendu et vu à Uwajima. Dans une petite île, une personne exerce une influence considérable sur autrui. La détermination, le comportement et l’attitude d’un individu revêtent une importance décisive pour l’avenir de kosen rufu. Lorsqu’on brise un mur de difficulté, il arrive que la compréhension à l’égard du mouvement Soka s’approfondisse d’un coup au sein de la population

Ainsi, Matsue Hamahata servait de moteur pour l’avancée de kosen rufu sur cette île. « Il n’y a pas d’autre moyen que de réaliser kosen rufu sur ma terre par mes propres efforts ; c’est ma mission » — L’apparition successive de pratiquants dotés d’une telle conscience a toujours permis de faire progresser kosen rufu à une cadence sans cesse accélérée dans des îles isolées ou éloignées. C’est un principe immuable en tous temps, en tous lieux. Des responsables se rendaient souvent d’Uwajima à Kajima afin d’encourager leurs camarades de pratique sur place. Une personne s’éveillait donc à sa propre mission à travers des stimulations mutuelles entre pratiquants, par le biais, indispensable, d’encouragements et d’orientations dans la foi. En effet, même si l’on a semé des graines, si on les laisse à l’abandon, elles seront dévorées par des oiseaux ou pourriront. C’est en lui tendant constamment une main bienveillante et en encourageant cette personne avec beaucoup de soin et dans les moindres détails que ces graines deviennent de bons plants et que cette personne deviendra par la suite un vaillant champion qui se dressera de manière autonome.

Des pratiquants de l’archipel Tokara, qui faisait partie de la préfecture de Kagoshima, dans le sud du Japon, participaient à la réunion générale des îles éloignées. Cet archipel volcanique situé à 200 km au sud du port de Kagoshima, entre les deux grandes îles, Yakushima et Amami Oshima (grande île d’Amami), était constitué de douze îles, dont Kuchinoshima et Nakanoshima. Elles formaient le village de Toshima appartenant à l’arrondissement de Kagoshima.

Au sein du mouvement Soka, le village de Toshima et celui de Mishima, à 40 km

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Des dialogues émergent autour de Hamahata malgré les hostilités.

« Chaque fois qu’il accumulait

des expériences de croyance,

des personnes adhéraient

à la foi bouddhique »

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de sud-ouest de la péninsule de Satsuma – comprenant les îles Takeshima, Iojima, Kuroshima et autres –, avaient été regroupés pour créer un groupe Toshima. En mars 1964, Hirotake Ishikiri en avait été nommé responsable. Quatorze ans s’étaient écoulés depuis. Tout en habitant dans la ville de Kagoshima, sur le territoire principal, il continuait à se rendre sur ces îles pour soutenir les pratiquants locaux.

Hirotake Ishikiri avait adhéré à l’enseignement de Nichiren au sein du mouvement Soka, en octobre 1956, à l’âge de 41 ans. Étant né et ayant grandi à Kagoshima, il s’était investi dans la création d’entreprises, notamment de pêche et de fabrication de glace alimentaire, mais avait échoué à chaque fois. Il était criblé de dettes lorsqu’un ami lui avait parlé du bouddhisme. Hirotake avait ressenti une sympathie vis-à-vis de cet enseignement qui n’était nullement ésotérique, mais expliquait le principe de causalité dans la vie. Il avait donc commencé à le pratiquer. Hirotake s’était engagé de tout cœur dans les activités proposées par le mouvement Soka, amenant dix, vingt foyers à la pratique. Toujours endetté, l’année suivant son adhésion à la foi bouddhique, il s’était rendu à Osaka pour une activité de présentation du bouddhisme. À cette

occasion, il avait rencontré Shin’ichi Yamamoto, alors responsable du bureau de la jeunesse du mouvement, et ils avaient échangé leurs cartes de visite.

En juillet de la même année, Hirotake avait appris que Shin’ichi, qui dirigeait les activités de soutien à un candidat à une élection sénatoriale complémentaire de la circonscription d’Osaka, avait été arrêté à la suite d’une accusation non fondée d’infraction à la loi électorale. Après sa libération, Shin’ichi lui avait envoyé une carte postale. Avec des mots vibrant d’un formidable enthousiasme, il encourageait Hirotaka à ne jamais se laisser ébranler quoi qu’il arrive, et à mener sa vie sans aucun regret tout en se consacrant pleinement à la cause de kosen rufu. Hirotake s’était dit : « Alors que M. Yamamoto se trouvait lui-même en grande difficulté, il s’est soucié de moi, qu’il n’avait rencontré qu’une seule fois, et qui étais un raté ayant tout perdu dans des affaires avortées. C’est cela, l’esprit Soka ! »

Sur la carte postale, Shin’ichi citait un passage de l’écrit Les deux sortes de foi : « Il y a aujourd’hui des personnes qui ont foi dans le Sûtra du Lotus. La foi des uns est comme le feu, celle des autres comme l’eau. Quand les premiers écoutent les enseignements, leur passion s’embrase

comme le feu mais, le temps passant, ils ont tendance à abandonner leur foi. Avoir une foi comparable à l’eau signifie croire continuellement sans jamais régresser 1. »

Hirotake avait décidé de déployer ses efforts sans être ballotté par quoi que ce soit, en conservant une foi comme l’eau qui coule, quoi qu’il advienne. Par la suite, il s’était extrait de sa situation critique et avait monté une entreprise de produits alimentaires dont le réseau de distribution avait essaimé dans tout le Japon. Il avait ainsi pu rembourser ses dettes, montrant une preuve factuelle de la validité de la pratique.

Après le décès de Josei Toda, deuxième président du mouvement Soka, Shin’ichi,

Shin’ichi met en garde Hirotake sur l’arrogance qui peut émaner d’une réussite.

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« Avoir une foi comparable

à l’eau signifie croire

continuellement sans

jamais régresser »

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alors responsable des affaires générales du mouvement et qui en assumait de fait toute la responsabilité, avait effectué une visite à Kagoshima en août 1958. Hirotake Ishikiri lui avait annoncé fièrement que sa situation s’était considérablement améliorée parallèlement à ses efforts dans la pratique. Son ton laissait transparaître un peu de mépris à l’égard de ses camarades de pratique qui luttaient courageusement, tant bien que mal, contre des difficultés financières. Après avoir écouté son récit, Shin’ichi avait répliqué sévèrement, en le regardant droit dans les yeux : « Vous avez pu réussir dans votre entreprise tout en déployant des efforts pour partager l’enseignement avec les autres, il s’agit là avant tout d’un bienfait du Gohonzon,procuré par la force de votre pratique. Mais si cette réussite vous rend arrogant et altère votre foi, vous tomberez à nouveau

dans une impasse sur tous les plans. Par conséquent, il est crucial d’éradiquer cette arrogance qui se niche dans votre cœur. Si vous récitez des Daimoku et faites connaître le bouddhisme à d’autres personnes, il est normal que vous receviez des bienfaits et parveniez à surmonter des difficultés financières. Mais pour établir un état de bonheur inébranlable, autrement dit, atteindre à la bouddhéité en cette vie-ci, vous devrez persévérer continuellement dans la croyance, sans jamais régresser. La clé de la pratique est la persévérance. Or, si l’arrogance gagne, votre foi sera détruite. C’est pourquoi, Nichiren Daishonin nous met en garde en disant : “Si vous souhaitez désormais atteindre la bouddhéité, il vous suffit d’abaisser la bannière de votre arrogance, de jeter le bâton de votre colère et de vous consacrer exclusivement au Véhicule Unique du Sûtra du Lotus. Gloire et profit en ce monde ne sont que les hochets de votre existence présente, arrogance et préjugés sont les chaînes de votre prochaine vie” 2. »

Shin’ichi commenta la phrase citée : « J’ai rencontré d’innombrables personnes jusqu’à maintenant, et la plupart de celles qui ont cessé de pratiquer étaient arrogantes. Lorsqu’on est orgueilleux, on devient égocentrique et incapable de s’entendre avec les autres, ce qui finira par entraver la bonne marche de kosen rufu. Je souhaite vivement que vous soyez

victorieux dans la foi, voilà pourquoi, je vous parle très clairement. »Hirotake avait l’impression que sa véritable nature avait été perçue avec acuité par Shin’ichi. Des gouttes de sueur froide perlaient sur son front. Il s’était dit : « D’accord. Je vais briser mon arrogance et devenir un homme qui soutiendra kosen rufu toute sa vie, même si personne ne le regarde ! » En 1963, il avait commencé à distribuer le journal affilié Seikyo Shimbun auprès des abonnés, mû par le désir d’apporter sa contribution à kosen rufu et d’être utile au mouvement Soka. Il livrait le journal, alors publié trois fois par semaine, dans un secteur comprenant les villages de Mishima et de Toshima. Pour les abonnés habitant dans les îles, il fallait envoyer individuellement la publication par la poste.

En mars de l’année suivante, il avait été nommé responsable d’un secteur couvrant entre autres ces deux villages. L’aspect clé des activités en tant que responsable était de rencontrer chaque personne, qui était à la base de tout. Pour se rendre chez les pratiquants du village de Toshima, il fallait prendre le bateau à destination de Nase, sur Amami Oshima, qui faisait escale, en mettant le cap vers le sud, dans les îles de Kuchinoshima, Nakanoshima, Tairashima, Suwanosejima, Akusekijima, Kodakarajima et Takarajima. Il n’y avait que quatre navettes par mois. De surcroît, le village de Toshima correspondait à un archipel qui s’étalait sur 160 km du nord au sud. Hirotake Ishikiri rendait visite à trois foyers sur telle île, et cinq foyers sur telle autre, pour encourager ses camarades de pratique. Il effectuait au moins une tournée des deux villages par mois. Lorsque la mer était agitée, la circulation du bateau était interrompue. Et une fois parti de chez lui, il ne savait pas quand il pourrait revenir. Il lui arrivait de ne même pas dormir une dizaine de jours par mois à son domicile. Pour autant, il était déterminé à servir corps et âme les pratiquants des îles.

Les membres de la famille de Hirotake l’avaient soutenu pleinement, en unissant toutes leurs forces, pour lui faciliter ses tournées dans les îles. La vie ainsi que les activités bouddhiques sur ces territoires étaient parsemées de difficultés, inimaginables pour les habitants des villes situées sur le territoire principal. Lorsque Hirotake était devenu responsable de ce secteur, la plupart des îles n’avaient pas de port aménagé. Par conséquent, il fallait changer de bateau au large et prendre une petite barge à rames. On se retrouvait alors complètement trempé d’eau de mer. Pour

Hirotake est déterminé à soutenir les pratiquants.

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« Plus le territoire était

réduit, plus les liens humains

étaient profonds et solides. »

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débarquer des chargements de la barge, la présence de personnes sachant manipuler celle-ci sur l’île était indispensable. Mais à l’île Gajajima, dans le village de Toshima, la population était tombée à quelques foyers seulement et désormais, nul n’était capable de décharger des cargaisons. Par conséquent, tous les habitants restants avaient dû quitter l’île en 1970, laissant le territoire inhabité depuis.

À Kuchinoshima, l’île située le plus au nord de l’archipel Tokara, l’alimentation en électricité n’avait été assurée 24 heures sur 24 qu’à partir du mois de juillet 1978. Avant cette date, la vie des habitants dépendait d’une centrale de production d’électricité autonome, dont les horaires de fonctionnement étaient limités. La distribution était instable, si bien qu’il arrivait parfois que toutes les lumières s’éteignent au beau milieu d’une réunion de discussion. Un jour, Hirotake s’était rendu au domicile d’un pratiquant avec un projecteur, dans l’intention de montrer à ceux qui s’y étaient assemblés un film sur le mouvement Soka. En mettant la machine en marche, l’ampoule du projecteur avait sauté. Celle de réserve avait également sauté, et ils n’avaient donc pas pu regarder le film. L’incident était dû à une différence du voltage électrique par rapport au territoire principal. Il venait donc

désormais équipé d’un transformateur pour faire fonctionner le projecteur. Pour se déplacer à l’intérieur d’une île, Hirotake n’avait pas d’autre solution que de marcher, en général pendant deux ou trois heures, entre deux foyers de pratiquants. En poursuivant son chemin dans la nuit noire, il était une fois tombé dans une fosse. Il avait toujours quelques nouilles instantanées dans son sac, afin de ne pas causer de dérangement aux pratiquants de l’île pour son repas. Lorsque la mer se déchaînait et que le trafic du bateau était interrompu, il fallait attendre la reprise de la circulation des jours durant. Il profitait de ces jours d’attente pour dialoguer en profondeur avec ses compagnons de croyance.

Dans une île, si quelqu’un s’engageait sérieusement dans la pratique, kosen rufu progressait à pas de géant ; en revanche, lorsqu’une personne tournait le dos au mouvement Soka ou cessait de pratiquer, la structure pouvait s’effondrer presque entièrement. Aussi Hirotake s’était-il fait cette promesse : « Je vais former des champions de kosen rufu qui auront une détermination inébranlable pour cette cause. Pour cela, il faut que je devienne moi-même inébranlable. C’est seulement en devenant un lion que l’on peut aider d’autres personnes à devenir des lions à leur tour ! » n

Les coupures d’électricité ne représentent pas d’obstacles lors des réunions de discussion.

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« C’est seulement

en devenant un lion que l’on

peut aider d’autres personnes

à devenir des lions

à leur tour »

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1. Les deux sortes de foi, Écrits, 909.

2. Questions et réponses sur la foi dans le Sûtra du Lotus,

Écrits, 59-60.

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EXPÉRIENCE [FRANCE] EXPÉRIENCE [FRANCE]

Lauriane Bain, 27 ans, habite en région parisienne. Elle pratique le bouddhisme de Nichiren depuis plusieurs années. Elle revient sur son entrée douloureuse dans le monde du travail, en 2013, et sur la manière dont sa croyance l’accompagne au quotidien.

Faire jaillir sa nature profonde de bouddha

EN juillet 2013, juste après la fin de mes études de journalisme et au tout début de ma vie professionnelle,

je fais un burn-out. Parallèlement, mon copain de l’époque à qui je suis très attachée, me quitte et me demande de partir de notre appartement. J’ai 23 ans, et je me retrouve un soir avec mes valises, sur le trottoir, à attendre que mes parents viennent me chercher. L’année 2013 est celle de l’ouverture du Daisedo, nouveau centre bouddhique au Japon, et, à cette époque, on nous encourage à faire jaillir notre nature profonde de bouddha, en nous fondant sur les écrits de Nichiren.

Durant l’été, je pleure beaucoup et me demande chaque matin comment je vais réussir à tenir jusqu’au lendemain. Je culpabilise énormément d’être dans cet état, vis-à-vis de mes parents et de mon frère qui font leur maximum pour me soutenir, mais aussi vis à vis de mon maître bouddhique, Daisaku Ikeda. Au moment où nous nous apprêtons à célébrer l’ouverture du Daisedo, j’ai l’impression de trahir mon vœu de réaliser la paix. Moi qui avais écrit à Daisaku Ikeda au début de mes études pour lui faire part de ma décision de devenir une journaliste intègre et humaine, je n’ai pas tenu deux mois au travail. Mais puisque pratiquer et étudier sont les seules choses que j’arrive à faire, je m’y raccroche. Je lis et je relis ce passage des écrits de Nichiren Daishonin :« Il y a certes quelque chose d’extraordinaire dans le flux et le reflux des marées, le lever et le coucher de la lune, et la façon dont se succèdent l’été, l’automne, l’hiver et le printemps. De même, il est extraordinaire qu’un homme du commun atteigne la bouddhéité. À ce moment-là, inévitablement, les trois obstacles et les quatre démons apparaîtront, et les sages se réjouiront alors que les insensés battront en retraite 1. »À ce moment-là, je ressens que j’ai besoin

d’aide pour rester en vie et je décide d’être hospitalisée. Je passe le mois d’août dans une clinique où je rencontre d’autres patients avec des combats parfois très durs. Nous nous soutenons beaucoup les uns et les autres et je leur parle du bouddhisme de Nichiren. Aujourd’hui je conserve un excellent souvenir de ce moment, coupé du temps, comme dans une bulle où j’ai eu l’impression de tout réapprendre : me lever le matin, rire, apprécier un repas, partager une discussion. Toutes ces choses qui me paraissaient complètement impossibles quelques semaines avant. Ma mère m’a dit, il y a peu, que ce qui l’avait marquée à cette période, c’était que lorsqu’elle me rendait visite, quel que soit mon état, même assommée par les médicaments, je récitais Nam myoho rengue kyo. Je n’avais alors aucun objectif en tête, je pratiquais car je ressentais que c’était vital. La pratique du bouddhisme de Nichiren me retenait sur terre, comme un fil.

En novembre 2013, deux mois après ma sortie de l’hôpital et de sa bulle protectrice, je reprends mon travail de journaliste, persuadée que pour gagner, je dois me relever exactement là où je suis tombée. Mais je manque de sagesse et fais preuve d’impatience. Ma culpabilité d’aller mal me pousse à reprendre ma vie exactement comme je l’avais laissée, à faire comme si j’étais guérie et que rien ne s’était passé. Je reprends un rythme effréné, cumule deux emplois et me précipite la tête la première dans des relations affectives désastreuses. Je finis par faire une rechute et suis hospitalisée à nouveau pendant les fêtes de Noël. En l’espace d’une semaine, je revis les événements de l’été, mais en accéléré, notamment une nouvelle rupture douloureuse. Et face au manque de respect que l’on me témoigne à ce moment-là, je prends conscience de la valeur de ma vie. Cette rupture est un véritable déclencheur. En une journée, mon

état de vie bascule : je suis un véritable disciple de mon maître bouddhique, je suis un bodhisattva. Je mérite que l’on me respecte et par conséquent, je dois être la première à avoir de la considération pour ma vie. Je sens que les illusions qui me rendaient si malheureuse s’effritent et que le bodhisattva qui sommeille au fond de moi se réveille enfin.

Quelques jours plus tard, je reprends le travail dans une des sociétés qui m’employaient auparavant et dans de bonnes conditions. Dans le même temps, même si je n’y crois plus du tout, je décide de réciter des Daimoku pour rencontrer l’homme qui sera le compagnon de ma vie. Je dresse, sur un petit papier une liste de tout ce que je décide de créer dans cette future relation et j’écris : « Avec mon futur mari, nous aurons toujours plus de compliments que de reproches à nous faire. »

L’année 2014 est chaotique du point de vue affectif mais je tiens le cap grâce à mes parents qui sont toujours là pour moi et aux encouragements de mes aînés et amis. Je retourne en réunion de discussion régulièrement. Au niveau du travail, je finis par décider de changer de domaine car j’ai de plus en plus de mal à supporter la pression et la concurrence de mon milieu professionnel. Juste avant de quitter mon emploi, je rencontre un jeune homme formidable, caméraman dans la société où je travaille depuis un an et demi. Il était tout près de moi, mais je ne l’avais jamais croisé. Je comprends que nous nous sommes rencontrés au bon moment, et dans les meilleures circonstances pour lui, comme pour moi. En 2015, après plusieurs mois de chômage à chercher ce que je pourrais bien faire et après avoir envisagé de nombreuses pistes, je commence un nouveau travail en CDD : gestionnaire santé dans une mutuelle. Une amie m’explique que sa société recrute à cette période. Le salaire n’est pas très élevé mais

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la thématique m’intéresse et les horaires sont très souples ce qui me permettrait de reprendre une activité professionnelle en douceur. Je n’hésite pas une seconde. Je passe donc un test suivi d’un entretien où le directeur du service me questionne sur Victor Hugo, Socrate et Antoine de Saint-Exupéry. Au bout d’une heure et demie de riches échanges, il m’annonce qu’il n’a pas besoin de réfléchir et que je suis prise. Je suis restée sept mois dans cette société et m’y suis fait une excellente amie. Aujourd’hui, je suis toujours dans le milieu de la mutuelle. Du moins pour l’instant. Rien n’est figé.Récemment, j’ai travaillé dans une entreprise où la hiérarchie mettait beaucoup de pression sur les salariés. J’ai réalisé que je me retrouvais en fait face à la même situation que lorsque j’étais journaliste. Une chose a changé par rapport à cette période : moi. L’expérience du burn-out a modifié ma façon d’appréhender le travail. Grâce à la pratique, à l’étude et aux encouragements reçus durant cette période, je ne me laisse plus submerger par l’angoisse. J’ai appris à dire non, à m’exprimer. Par dessus tout, je garde en permanence en tête que : « La vie est le plus précieux des trésors »2.

L’exemple de mon maître bouddhique à l’esprit, je prends les difficultés comme des occasions de me renforcer et j’essaye d’encourager au mieux mes collègues pour que nous puissions tous avancer ensemble.

Avec le recul, lorsque je fais le bilan de ces quatre dernières années, je réalise à quel point ces difficultés m’ont aidée à me libérer de certaines illusions et aussi de mon exigence qui m’étouffait et m’empêchait d’être heureuse. Cette expérience est devenue mon trésor. Elle me permet aujourd’hui de mieux comprendre les autres et de me réjouir du simple fait d’être

en vie. Elle m’a également fait prendre conscience que le prestige et la nature de notre métier importaient peu car nous sommes finalement tous des bodhisattvas. Le plus important est d’être heureux.J’aimerais partager la phrase qui m’a accompagnée durant ces années et qui m’encourage encore :

« Et pourtant, même si l’on pouvait prendre la terre pour cible et la rater, même si l’on pouvait réussir à attacher le ciel, même si le mouvement de flux et reflux des marées pouvait cesser et le soleil se lever à l’ouest, jamais les prières du pratiquant du Sûtra du Lotus ne resteraient sans réponse 3 . »

Je décide, en tant que disciple de Daisaku Ikeda, d’avancer joyeusement et librement vers de nouveaux défis et de contribuer, chaque jour, à mon échelle, à la paix mondiale. n

EXPÉRIENCE [FRANCE] EXPÉRIENCE [FRANCE]

1. Les trois obstacles et les quatre démons, Écrits, 641.

2. Sur le prolongement de la durée de la vie, Écrits, 965.

3, Sur la Prière, Écrits, 349.

« Je sens que

les illusion s’effritent

et que le bodhisattva

qui sommeille au fond

de moi se réveille enfin »

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D’HIER À AUJOURD’HUI

EXPÉRIENCE

Dans le prochain numéro de Cap sur la paix

À paraître le 18 avril 2017 !

PREMIER PAS D’UN AÎNÉ

LA TRIBUNE DES ÉTUDIANTS

L’ÉTUDE EN QUESTIONS

Transformer la souffrance en victoireL’enseignement bouddhique nous indique comment changer des circonstances défavorables en tremplins. ce mois-ci, approfondissons ce processus qui s’exprime à travers le titre de l’écrit L’hiver se transforme en printemps.

Décider de devenir le protagoniste de sa propre histoire victorieuse« Chacun de nous est l’auteur de sa propre histoire victorieuse. Nous en sommes également les protagonistes. Shakespeare a écrit : " Et le monde entier est une scène, et tous les hommes et les femmes ne sont que des acteurs ".1 Le bouddhisme nous enseigne que chacun d’entre nous écrit et interprète le scénario de sa propre vie. Personne d’autre ne l’écrit pour nous. (…) Pour en faire une production magnifique, il est essentiel que nous nous familiarisions avec ce scénario, jusqu’à le visualiser dans tous ses détails. Nous devons peut-être le répéter mentalement. Parfois, il peut être aussi utile de mettre nos objectifs par écrit (…) et de les lire et relire jusqu’à les graver profondément dans notre esprit. » Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 1, pp. 104-105.

Utiliser les souffrances pour se polir, se renforcer et brillertel un diamant« Le diamant est considéré comme le roi des joyaux. C’est le plus dur de tous les minéraux, et il est doté d’un éclat sans pareil. Symbole de pureté, son nom provient du mot grec adamas qui signifie « indomptable » ou « invincible ». Comment sont formés les diamants ? (…) les diamants, comme le graphite, sont composés de carbone. Profondément enfoui dans la terre, le carbone est soumis à une chaleur et à une pression intenses jusqu’à ce que, en se transformant, il acquière la structure cristalline du diamant. C’est la même chose pour notre développement personnel. Ce n’est que lorsque nous sommes soumis à la pression concentrée des épreuves et à la chaleur ardente d’une grande adversité que le cœur de notre vie, notre soi le plus profond, est transformé en état de bouddha, indestructible et pareil au diamant. (…) C’est seulement quand nous résistons à la chaleur et à la pression intenses des grandes épreuves que nous pouvons briller tels des « champions de la vie », aussi étincelants que le plus parfait des diamants. »Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol. 1, p. 123.

L’hiver se transforme toujours en printemps« Le printemps est la saison où les fleurs s’épa-nouissent. Mais pour parvenir à cet épanouis-sement, le froid de l’hiver leur est nécessaire. (…) La vie et la pratique bouddhique suivent également ce principe. L’hiver des épreuves est le moment de « recharger nos batteries » et de développer la maîtrise de soi, avant l’ar-

rivée d’un merveilleux printemps. C’est dans les hivers de la vie que s’emmagasine l’éner-gie éternelle et indestructible pour atteindre la bouddhéité et que se forge une force vitale aussi vaste que l’univers. (…) L’important est de vivre avec la conviction profonde que le printemps arrivera à coup sûr. » Daisaku Ikeda, La Sagesse pour créer le bonheur et la paix, volume 1, pp. 130-131.

Une vie comme une pièce de ShakespeareNatalia Sats, metteuse en scène soviétique, condamnée aux camps de travail en Sibérie pendant les purges Staliniennes, et qui a consacré toute sa vie au théâtre pour enfants a déclaré : « En ce qui me concerne, rien n’a été facile. Il y a toujours des problèmes, mais je me réjouis vraiment à l’idée de relever le défi de les surmonter. Ma vie a été comme une pièce de Shakespeare – où l’humour existe au beau milieu de la tragédie. Dans les moments les plus sombres, je me faisais un clin d’œil et je me disais : « Là, tu as de gros ennuis, non ? Eh bien, Natalia, voyons comment tu vas t’en sortir, cette fois ! » C’est comme s’il y avait deux personnages en nous – dont l’un est sur scène. Peu importent les difficultés que le moi de la scène affronte, l’autre moi regarde la performance magistrale avec un sourire de satisfaction, tout comme le ferait le metteur en scène d’une pièce. En persistant dans cette attitude, le moi sur scène a un jour soudain pris conscience que la vie est synonyme d’action »

Daisaku Ikeda, Ode aux Femmes, Soleils de l’humanité, Tome 2, p. 153. n

DANS LES ÉCRITS...

« Ceux qui croient dans le Sûtra du Lotus vivent comme en hiver, mais l’hiver se transforme toujours en printemps. Jamais, depuis les temps anciens, personne n’a vu ni entendu dire que l’hiver s’était transformé en automne. »

Nichiren DaishoninL’hiver se transforme toujours en printemps, Écrits, 538.

1. William Shakespeare, Comme il vous plaira.