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1,00 € Numéros précédents 2,00 € L’O S S E RVATORE ROMANO EDITION HEBDOMADAIRE Unicuique suum EN LANGUE FRANÇAISE Non praevalebunt LXXI e année, numéro 17 (3.630) Cité du Vatican mardi 28 avril 2020 Lettre du Pape pour le mois de mai page 10 DANS CE NUMÉRO Page 2: Audience générale du 22 avril. La commu- nion spirituelle, par Federico Lombardi. Page 3: Regi- na cæli du 26 avril. Page 4: Entretien du Pape avec des médias. Page 6: Lettre à «Vida Nueva». Page 7: Rencontre mondiale de la jeunesse en ligne promue par Scholas Occurrentes. Page 8: Le rôle de la beau- té, par Barbara Jatta. Page 9: Informations. Redécouvrir Redécouvrir la beauté du Rosaire la beauté du Rosaire à la maison à la maison

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L’O S S E RVATOR E ROMANOEDITION HEBDOMADAIRE

Unicuique suum

EN LANGUE FRANÇAISENon praevalebunt

LXXIe année, numéro 17 (3.630) Cité du Vatican mardi 28 avril 2020

Lettre du Pape pour le mois de maipage 10

DANS CE NUMÉROPage 2: Audience générale du 22 avril. La commu-nion spirituelle, par Federico Lombardi. Page 3: Regi-na cæli du 26 avril. Page 4: Entretien du Pape avecdes médias. Page 6: Lettre à «Vida Nueva». Page 7:Rencontre mondiale de la jeunesse en ligne promuepar Scholas Occurrentes. Page 8: Le rôle de la beau-té, par Barbara Jatta. Page 9: Informations.

RedécouvrirRedécouvrirla b eauté du Rosairela b eauté du Rosaire

à la maisonà la maison

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page 2 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 28 avril 2020, numéro 17

Audience générale du 22 avril, journée mondiale de la terre

Il n’y a pas d’avenir pour l’hommesi l’on détruit l’e n v i ro n n e m e n t

Chers frères et sœurs, bonjour!Nous célébrons aujourd’hui la 50e journéemondiale de la terre. C’est une opportunitépour renouveler notre engagement à aimernotre maison commune et à prendre soin decelle-ci et des membres les plus vulnérables denotre famille. Comme cette pandémie tragiquede coronavirus nous le démontre, ce n’estqu’ensemble et en prenant en charge les per-sonnes les plus fragiles que nous pouvonsvaincre les défis mondiaux. La Lettre ency-clique Laudato si’ porte précisément ce sous-titre: «Sur la sauvegarde de la maison com-mune». Aujourd’hui, nous réfléchirons un peuensemble sur cette responsabilité qui caractéri-se «notre passage sur cette terre» (LS, n. 160).Nous devons grandir dans la conscience de lasauvegarde de la maison commune.

Nous sommes faits de matière terrestre, et lesfruits de la terre soutiennent notre vie. Mais,comme nous le rappelle le livre de la Genèse,nous ne sommes pas simplement «t e r re s t re s »:nous portons en nous également le souffle vitalqui vient de Dieu (cf. Gn 2, 4-7). Nous vivonsdonc dans la maison commune comme uneunique famille humaine et dans la biodiversité

avec les autres créatures de Dieu. Commeimago Dei, image de Dieu, nous sommes ap-pelés à avoir soin de toutes les créatures et àles respecter et à nourrir l’amour et la com-passion pour nos frères et sœurs, en particu-lier les plus faibles, à l’imitation de l’amour deDieu pour nous, manifesté dans son Fils Jé-sus, qui s’est fait homme pour partager cettesituation avec nous et nous sauver.

A cause de l’égoïsme, nous avons manqué ànotre responsabilité de gardiens et d’adminis-trateurs de la terre. «Il suffit de regarder laréalité avec sincérité pour constater qu’il y aune grande détérioration de notre maisoncommune» (ibid., n. 61). Nous l’avons pol-luée, nous l’avons pillée, en mettant en dan-ger notre propre vie. C’est pourquoi diversmouvements internationaux et locaux se sontformés pour éveiller les consciences. J’appré-cie sincèrement ces initiatives, et il sera encorenécessaire que nos enfants descendent dans larue pour nous enseigner ce qui est évident,c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’avenir pour noussi nous détruisons l’environnement qui noussoutient.

Nous avons failli à prendre soin de la terre,notre maison-jardin, et à prendre soin de nosfrères. Nous avons péché contre la terre, con-tre notre prochain et, en définitive, contre leCréateur, le Père bon qui s’occupe de chacunet qui veut que nous vivions dans la commu-nion et dans la prospérité. Et comment réagitla terre? Il y a un dicton espagnol qui est trèsclair sur cela, il dit la chose suivante: «Dieupardonne toujours; nous, les hommes, par-donnons certaines fois et d’autres pas; la terrene pardonne jamais». La terre ne pardonnepas: si nous avons détérioré la terre, la répon-se sera très dure.

Comment pouvons-nous rétablir une rela-tion harmonieuse avec la terre et le reste del’humanité? Une relation harmonieuse... Trèssouvent, nous perdons la vision de l’harmo-nie: l’harmonie est l’œuvre de l’Esprit Saint.Comment pouvons-nous rétablir cette harmo-nie également dans la maison commune, dansla terre, également dans notre relation avec lesgens, avec notre prochain, avec les plus pau-vres? Nous avons besoin d’une nouvelle ma-nière de regarder notre maison commune. En-tendons-nous: celle-ci n’est pas une réserve deressources à exploiter. Pour nous croyants, lemonde naturel est l’«Evangile de la Créa-tion», qui exprime la puissance créatrice deDieu qui a façonné la vie humaine et fait exis-ter le monde avec ce qu’il contient pour sou-tenir l’humanité. Le récit biblique de la créa-tion se conclut ainsi: «Dieu vit tout ce qu’ilavait fait: cela était très bon» (Gn 1, 31).Quand nous voyons ces tragédies naturellesqui sont la réponse de la terre à nos mauvaistraitements, je me dit: «Si je demande mainte-nant au Seigneur ce qu’il en pense, je ne croispas qu’il me dira que c’est une très bonnechose». C’est nous qui avons abîmé l’œu v redu Seigneur!

En célébrant aujourd’hui la journée mondialede la terre, nous sommes appelés à retrouver lesens du respect sacré de la terre, car celle-cin’est pas seulement notre maison, mais aussila maison de Dieu. Cela fait naître en nous laconscience d’être sur une terre sacrée!

Chers frères et sœurs, «réveillons le sens es-thétique et contemplatif que Dieu a mis ennous» (Exhort. ap. post-syn. Querida Amazo-nia, n. 56). La prophétie de la contemplationest quelque chose que nous apprenons en par-ticulier des peuples originels, qui nous ensei-gnent que nous ne pouvons pas prendre soin

de la terre si nous ne l’aimons pas et ne la res-pectons pas. Ils ont cette sagesse du «bien vi-vre», pas au sens de prendre du bon temps,non: mais de vivre en harmonie avec la terre.Ils appellent cette harmonie «le bien vivre».

Dans le même temps, nous avons besoind’une conversion écologique qui s’exprime àtravers des actions concrètes. En tant que fa-mille unique et interdépendante, nous avonsbesoin d’un projet partagé pour conjurer lesmenaces contre notre maison commune.«L’interdépendance nous oblige à penser à unmonde unique, à un projet commun» (LS,n. 164). Nous sommes conscients de l’imp or-tance de collaborer en tant que communautéinternationale pour la protection de notremaison commune. J’exhorte ceux qui détien-nent l’autorité à guider le processus qui con-duira à deux conférences internationales im-portantes: la COP15 sur la biodiversité à Kun-ming (Chine) et la COP26 sur les changementsclimatiques à Glasgow (Royaume-Uni). Cesdeux rencontres sont très importantes.

Je voudrais encourager à organiser des in-terventions concertées également au niveaunational et local. Il est bon de se réunirensemble de toute condition sociale et dedonner vie également à un mouvement popu-laire venant «de la base». La journée mondialede la terre, que nous célébrons aujourd’hui, estnée précisément ainsi. Chacun de nous peutapporter sa propre petite contribution: «Il nefaut pas penser que ces efforts ne vont paschanger le monde. Ces actions répandentdans la société un bien qui produit toujoursdes fruits au-delà de ce que l’on peut consta-ter, parce qu’elles suscitent sur cette terre unbien qui tend à se répandre toujours, parfoisde façon invisible» (LS, n. 212).

En ce temps pascal de renouveau, enga-geons-nous à aimer et à apprécier le magni-fique don de la t e r re , notre maison commune,et à prendre soin de tous les membre de la fa-mille humaine. Comme les frères et sœurs quenous sommes, supplions ensemble notre Pèrecéleste: «Envoies ton esprit, renouvelle la facede la terre» (cf. Ps 104, 30).

A l’issue de l’audience générale, le Pape s’estadressé aux pèlerins francophones:

Je salue cordialement les personnes de languefrançaise. En ce temps pascal de renouvelle-ment, engageons-nous à aimer et apprécier ledon magnifique de la terre, notre maisoncommune, et à prendre soin de tous les mem-bres de la famille humaine. En ce temps d’in-certitudes, je demande à Dieu de vous soute-nir dans l’espérance, l’amour et la solidaritéles uns envers les autres. Que Dieu vousb énisse!

La communion spirituelleen temps de crise

FEDERICO LOMBARDI

Lorsque nous, qui sommes maintenantâgés, étions enfants, au catéchisme, onnous parlait souvent de «communion

spirituelle». On nous disait que nous pou-vions nous unir spirituellement à Jésus s’of-frant à l’autel, même si nous ne prenions pasla communion sacramentelle en recevant phy-siquement l’hostie consacrée. La «communionspirituelle» était une pratique religieuse quivisait à nous faire sentir plus continuellementunis à Jésus, non seulement lorsque nous re-cevions la communion pendant la Messe, maisaussi en d’autres lieux ou à d’autres moments.Ce n’était pas une alternative à la communionsacramentelle, mais dans un certain sens, ellenous y préparait, lors des visites au Saint-Sa-crement ou d’autres moments de prière.Ensuite, nous n’en avons pratiquement plusentendu parler pendant des décennies. L’ac-cent mis sur la participation à la Messe à tra-vers la prise de communion, certainementbonne, avait conduit à occulter d’a u t re sdimensions traditionnelles de la dévotionchrétienne.

J’ai recommencé à penser avec insistance àla «communion spirituelle» en une occasionexceptionnelle. Lors des JMJ de Madrid en2011, une tempête soudaine a détruit la plu-part des tentes pendant la nuit, où avaient étépréparés les emplacements prévus pour lacommunion des près de deux millions de jeu-nes présents à la Messe finale du lendemain.Ainsi, lors de la grande Messe présidée par lePape, seule une petite partie des jeunes a puprendre la communion sacramentelle car leshosties manquaient.

Beaucoup étaient contrariés — du moins audébut — comme si pour cette raison les JMJavaient échoué, car il manquait quelque chosed’essentiel au moment religieux culminant del’événement. Il a fallu beaucoup d’efforts et

SUITE À LA PA G E 3

Les conséquences des incendies et de la déforestationdans l’Etat australien du Queensland (Ap)

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numéro 17, mardi 28 avril 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 3

de temps pour faire comprendre que l’actephysique de recevoir la sainte hostie est trèsimportant, mais que ce n’est pas la seule et in-dispensable façon de s’unir à Jésus et à soncorps qu’est l’Eglise.

A u j o u rd ’hui, le Pape François, lors de laMesse du matin à Sainte-Marthe, exhorte lesfidèles qui prient avec lui sans être physique-ment présents à faire une «communion spiri-tuelle». Il le fait en proposant une des formu-les traditionnelles enseignées depuis long-temps par les bons maîtres spirituels du peu-ple chrétien; des formules qui étaient familiè-res à beaucoup de nos mères et de nosgrands-mères, celles qui allaient souvent outous les jours à la Messe du matin, mais quisavaient aussi demeurer en union avec Dieu, àleur manière, pendant les occupations de lajournée.

Parmi les souvenirs de l’époque du caté-chisme, je me suis souvenu d’une petite ima-ge, dans laquelle au centre se trouvait le prê-tre qui élevait l’hostie consacrée, et autour decelle-ci, comme sur le cadran d’une horloge,étaient indiquées les heures matinales des dif-férents pays et continents dans lesquels lesprêtres célébraient la Messe (qui n’était alorscélébrée que le matin!). Nous voulions nousrappeler que le sacrifice de Jésus qui meurtpour nous est sans cesse renouvelé dans lemonde, et que nous pouvions sans cesse nousunir spirituellement à lui et à son offrande.

La «communion spirituelle», lorsque l’onne peut pas recevoir la communion sacramen-telle, est également appelée à juste titre «com-munion de désir». Désirer que sa vie soit unieà celle de Jésus, en particulier son sacrificepour nous sur la Croix. En ce temps prolongéde jeûne eucharistique obligatoire, de nom-

breuses personnes qui étaient habituées à lacommunion sacramentelle fréquente ont deplus en plus ressenti le manque de «pain quo-tidien» eucharistique. C’est l’Eglise elle-mêmequi a accepté, de manière tout à fait excep-tionnelle, d’imposer ce jeûne aux fidèles, ensigne de solidarité et de participation aux dif-ficultés de peuples entiers contraints aux limi-tations, aux privations et aux souffrances dufait de la pandémie. Le jeûne est une priva-tion, mais il peut être une période de crois-sance. De même que l’amour des époux long-temps éloignés l’un de l’autre pour des raisonsde force majeure peut mûrir et s’a p p ro f o n d i rdans la fidélité et la pureté, de même le jeûneeucharistique peut devenir un temps de crois-sance de la foi, de désir du don de la commu-nion sacramentelle, de solidarité avec ceuxqui, pour diverses raisons, ne peuvent enjouir, du laisser-aller de l’habitude... De com-prendre à nouveau que l’Eucharistie est undon gratuit et surprenant du Seigneur Jésus,ni évident ni banal... à désirer de tout soncœur... continuellement... Cela peut-il êtreaussi une conséquence de ce temps boulever-sant?

Le Dicastère pour la communication duSaint-Siège a édité un livre, intitulé «Fortsdans la tribulation», disponible gratuitementsur le site de la Librairie éditrice vaticane (ht-tps://www.vaticannews.va/it/lev.html). Compo-sé de trois parties (prières, rites et supplica-tions pour les moments difficiles; indicationspour vivre les divers sacrements; Angelus ethomélies de la Messe du matin à Sainte-Mar-te et interventions du Pape François sur lethème du coronavirus), ce livre est constam-ment mis à jour et a pour objectif de mainte-nir vivant le sens de la communauté, mis àl’épreuve durant l’urgence sanitaire actuelle.

SUITE DE LA PA G E 2

La communion spirituelle en temps de crise

Regina caeli du 26 avril

Passer du moi à Dieu

Chers frères et sœurs, bonjour!L’Evangile d’a u j o u rd ’hui, qui a lieu le jour dePâques, raconte l’épisode des deux disciplesd’Emmaüs (cf. Lc 24,13-35). C’est une histoirequi commence et qui finit en chemin. Il y a eneffet le voyage d’aller des disciples qui, tristesà cause de l’épilogue de l’histoire de Jésus,quittent Jérusalem et retournent chez eux, àEmmaüs, en marchant environ onze kilo-mètres. C’est un voyage qui a lieu le jour etdont une bonne partie du trajet est en descen-te. Et il y a le voyage de retour: onze autreskilomètres, mais faits à la tombée de la nuit,avec une partie du chemin qui monte, après lafatigue du parcours de l’aller et de toute lajournée. Deux voyages: l’un facile de jour etl’autre pénible de nuit. Pourtant le premier alieu dans la tristesse, le second dans la joie.Au cours du premier, le Seigneur marche àleurs côtés, mais ils ne le reconnaissent pas;pendant le second, ils ne le voient plus, maisils le sentent proche. Lors du premier, ils sontdécouragés et sans espérance; au cours dudeuxième ils courent apporter aux autres labonne nouvelle de la rencontre avec JésusRessuscité.

Les deux chemins différents de ces premiersdisciples nous disent, à nous disciples de Jé-sus aujourd’hui, que dans la vie nous avonsdeux directions opposées devant nous: il y ale chemin de celui qui, comme ces deux per-sonnes à l’aller, se laisse paralyser par les dé-ceptions de la vie et avance tristement; et il ya le chemin de celui qui ne se met pas lui-mê-me ni ses problèmes à la première place, maisqui y met Jésus qui nous rend visite et lesfrères qui attendent sa visite, c’est-à-dire nosfrère qui attendent que nous prenions soind’eux. Voilà le changement : arrêter de tour-ner autour de notre moi, autour des décep-tions du passé, des idéaux non réalisés, de

toutes les mauvaises choses arrivées dans mavie. Très souvent nous sommes amenés à gra-viter, graviter… Il faut laisser tout cela etavancer en regardant la réalité la plus grandeet la plus vraie de la vie: Jésus est vivant, Jésusm’aime. Voilà qu’elle est la réalité la plus gran-de. Et je peux faire quelque chose pour lesautres. C’est une belle réalité, positive, solaire,belle! Voilà le changement de direction: pas-ser des pensées sur mon moi à la réalité de monDieu; passer — avec un autre jeu de mot — du«si» au «oui». Du «si» au «oui». Qu’est-ceque cela signifie? «S’Il nous avait libérés, siDieu m’avait écouté, si la vie était allée com-me je le voulais, si j’avais ceci et cela…», surun ton de plainte. Ce “si” n’aide pas, il n’estpas fécond, il n’aide ni nous-mêmes ni les au-tres. Voilà nos si, semblables à ceux des deuxdisciples. Mais cependant, ces derniers pas-sent au oui: «Oui, le Seigneur est vivant, ilmarche avec nous. Oui, remettons-nous main-tenant en chemin pour l’annoncer et pas de-main». «Oui, je peux faire cela pour que lesgens soient plus heureux, pour qu’ils soientmieux, pour aider tant de monde. Oui, oui, jele peux». Du si au oui, de la plainte à la joie

et à la paix, parce que lorsque nous nous plai-gnons, nous ne sommes pas dans la joie; noussommes dans une grisaille, dans une grisaille,dans cette ambiance grise de la tristesse. Etcela ne nous aide pas et ne nous fait pas gran-dir dans le bien. Du si au oui, de la plainte àla joie du service.

Ce changement de rythme, du moi à Dieu,du si au oui, comment s’est-il produit chez lesdisciples? En rencontrant Jésus: les deux disci-ples d’Emmaüs lui ouvrent d’abord leur cœur;puis ils l’écoutent expliquer les Ecritures; ilsl’invitent ensuite chez eux. Ce sont trois pas-sages que nous pouvons aussi réaliser dansnos maisons: d’a b o rd , ouvrir son cœur à Jésus,lui confier les poids, les fatigues, les décep-tions de la vie, lui confier les «si»; et ensuite,deuxième étape, écouter Jésus, prendre l’Evan-gile entre ses mains, lire aujourd’hui même cepassage du chapitre 24 de l’Evangile de Luc;t ro i s i è m e m e n t , prier Jésus, avec les mêmes pa-roles que ses disciples: «Seigneur, “reste avecnous” (v. 29). Seigneur, reste avec moi. Sei-gneur, reste avec nous tous, car nous avonsbesoin de Toi pour trouver le chemin. Et sansToi il y a la nuit».

Chers frères et sœurs, dans la vie nous som-mes toujours en chemin. Et nous devenons cevers quoi nous allons. Choisissons le cheminde Dieu, pas celui du moi; le chemin du oui,pas celui du si. Nous découvrirons qu’iln’existe pas d’imprévu, pas de montée, pas denuit qui ne puissent être affrontés avec Jésus.Que la Vierge Marie, Mère du chemin, qui enaccueillant la Parole a fait de toute sa vie un«oui» à Dieu, nous indique la voie.

A l’issue du Regina cæli, le Pape a ajouté lesparoles suivantes:

Chers frères et sœurs, c’était hier la journéemondiale des Nations unies de lutte contre lepaludisme. Alors que nous combattons lapandémie du coronavirus, nous devons égale-ment continuer notre engagement pour préve-nir et soigner le paludisme, qui menace desmilliards de personnes dans de nombreuxpays. Je suis proche de tous les malades, deceux qui les soignent et de ceux qui travail-lent pour que chaque personne ait accès à debons services de santé de base.

J’adresse aussi un salut à tous ceux qui au-j o u rd ’hui, en Pologne, participent à la «Lec-ture nationale de l’Ecriture Sainte». Je vous aidit très souvent, et je voudrais vous le dire en-core à nouveau, combien il est important deprendre l’habitude de lire l’Evangile, quelquesminutes tous les jours. Portons-le dans notrepoche, dans notre sac. Qu’il soit toujours pro-che de nous, même physiquement, et qu’on lelise un peu tous les jours.

Dans quelques jours commencera le moisde mai, mois consacré de manière particulièreà la Vierge Marie. Dans une brève Lettre —publiée hier — j’ai invité tous les fidèles àprier le rosaire pendant ce mois, ensemble,seul ou en famille, et à réciter l’une des deuxprières que j’ai mises à la disposition de tous.Notre Mère nous aidera à affronter avec plusde foi et d’espérance le temps d’épreuve quenous sommes en train de traverser.

Je souhaite à tous un bon mois de mai etun bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliezpas de prier pour moi. Bon déjeuner et au re-v o i r.

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numéro 17, mardi 28 avril 2020 L’OSSERVATORE ROMANO pages 4/5

Dans un entretien avec des médias le Pape explique comment vivre le temps de la pandémie

Puiser aux racines des traditions pour gravir les montsComment le Pape vit-il la crise provoquée par lecovid-19? Et comment se préparer à ce qui suivra?François a répondu à distance, en enregistrant desréponses audios aux questions du journaliste etécrivain britannique Austen Ivereigh. L’entretien aété publié dans «The Tablet» (Londres) et «Com-monweal» (New York). «ABC» offre le texte origi-nal en espagnol et «La Civiltà Cattolica» a publiéle texte en italien.

AUSTEN IVEREIGH

La première question a concerné la façon dont le Papevivait la pandémie et l’isolement.

La Curie s’efforce de continuer à travailler, à vi-vre normalement, en organisant des rotations afinqu’il n’y ait jamais trop de personnes ensemble.C’est bien pensé. Nous respectons les mesures éta-blies par les autorités sanitaires. Ici, à la MaisonSainte-Marthe, deux services pour le déjeuner ontété mis en place, ce qui permet de réduire l’affluxde personnes. Chacun travaille dans son bureau ouà la maison, au moyen d’instruments numériques.Tout le monde est au travail, personne ne resteoisif.

Comment est-ce que je le vis spirituellement? Jeprie davantage, parce que je pense que je dois lefaire, et je pense aux personnes. Les personnes mepréoccupent. Penser aux gens me oint, me fait dubien, cela me soustrait à l’égoïsme. Bien sûr, j’aimes égoïsmes: le mardi, je rencontre mon confes-seur et c’est là que je règle ce genre de choses. Jepense à mes responsabilités actuelles et à l’aprèsqui viendra. Dans cet après, quel sera mon servicecomme Evêque de Rome, comme chef de l’Eglise?Cet après a déjà commencé à se manifester de fa-çon tragique, douloureuse, c’est pourquoi il faut ypenser dès à présent. A travers le dicastère pour ledéveloppement humain intégral, une commission aété organisée pour travailler sur cela; elle se réunitavec moi.

Ma plus grande préoccupation — tout au moinscelle que je ressens dans la prière —, est commentaccompagner le peuple de Dieu et être plus prochede lui. C’est la signification de la Messe de 7h00du matin en direct streaming, suivie par de nom-breuses personnes qui se sentent accompagnées(nos lecteurs trouveront les Messes de Sainte-Mar-the en français sur www.osservatoreromano.va); ai-nsi que certaines de mes interventions et le rite du27 mars place Saint-Pierre. Et d’un travail de pré-sence assez intense, à travers l’aumônerie aposto-lique, pour accompagner les situations de faim et

de maladie. Je vis ce moment avec une grande in-certitude. C’est un moment de grande inventivité,de créativité.

Dans la deuxième question, Austen Ivereigh a fait ré-férence aux «Fiancés» d’Alessandro Manzoni, qui sedéroule à l’époque de la peste de Milan de 1630, et oùsont décrits les comportements de divers ecclésiastiques.Et il a demandé comment le Pape voit la mission del’Eglise en ce moment.

Le cardinal Federigo est un véritable héros decette peste à Milan. Mais dans un chapitre, on ditqu’il passait en saluant la foule, mais enfermé danssa litière, sans doute derrière la fenêtre, pour seprotéger. Le peuple n’a pas apprécié. Le peuple deDieu a besoin que son pasteur soit proche de lui,qu’il ne se protège pas trop. Aujourd’hui, le peu-ple de Dieu a besoin que son pasteur soit très pro-che, avec l’abnégation des capucins, qui faisaientcomme cela.

La créativité du chrétien doit se manifester enouvrant de nouveaux horizons, en ouvrant des fe-nêtres, en ouvrant la transcendance vers Dieu etvers les hommes, et elle doit se redimensionner àla maison. Il n’est pas facile d’être enfermé à lamaison. Il me vient à l’esprit un vers de l’Enéide,qui, dans le contexte de l’échec, donne le conseilde ne pas baisser les bras. Préparez-vous à destemps meilleurs, parce qu’à ce moment-là, celavous aidera à vous souvenir des choses qui sont ar-rivées maintenant. Prenez soin de vous pour unavenir qui viendra. Et quand cet avenir viendra,cela vous fera du bien de vous rappeler de ce quiest arrivé.

Prendre soin du moment présent, mais pour lelendemain. Tout cela avec créativité. Une créativitésimple, qui invente quelque chose tous les jours.En famille, ce n’est pas difficile de la découvrir.Mais il ne faut pas fuir, chercher des évasionsaliénantes, qui ne sont pas utiles en ce moment.

La troisième question concernait les politiques des gou-vernements en réponse à la crise.

Certains gouvernements ont pris des mesuresexemplaires, avec des priorités bien définies, pourdéfendre la population. Mais nous nous rendonscompte que toute notre réflexion, que cela nousplaise ou non, est structurée autour de l’économie.On dirait que dans le monde de la finance, il estnormal de sacrifier quelque chose. Une politiquede la culture du rebut. Du début à la fin. Je penseà la sélection prénatale, par exemple. Aujourd’hui,il est très difficile de rencontrer dans la rue des

personnes atteintes de trisomie 21. Quand on lesvoit sur l’échographie, on les renvoie à l’exp édi-teur. Une culture de l’euthanasie, légale ou occul-te, dans laquelle on donne à la personne âgée desmédicaments jusqu’à un certain point. Je pense àl’encyclique du Pape Paul VI, Humanae vitae. Lagrande problématique sur laquelle se concentraientà l’époque les pasteurs était la pilule. Et ils ne sontpas rendu compte de la force prophétique de cetteencyclique, qui anticipait le néomalthusianisme quise préparait dans le monde entier. C’est un avertis-sement de Paul VI relatif à la vague de néomalthu-siasnisme que nous voyons aujourd’hui dans la sé-lection des personnes selon la possibilité de pro-duire, d’être utiles: la culture du rebut.

Les sans-abris restent sans abris. Il y a quelquesjours, j’ai vu une photo de Las Vegas, dans laquel-le ils étaient mis en quarantaine, sur un parking.Et les hôtels étaient vides. Mais un sans-abri nepeut pas aller dans un hôtel. C’est là qu’on la voità l’œuvre, la théorie du rebut.

Dans la question suivante, Austen Ivereigh a demandési l’impact de la crise peut conduire à revoir nos fa-çons de vivre, à une conversion écologique et à des so-ciétés et des économies plus humaines.

Un proverbe espagnol dit: «Dieu pardonne tou-jours, nous parfois, la nature jamais». Nousn’avons pas écouté les catastrophes partielles. Quiparle des incendies en Australie aujourd’hui? Et dufait qu’il y a un an et demi, un navire a traversé lePôle Nord, devenu navigable parce que le glacieravait fondu? Qui parle des inondations? Je ne saispas si c’est la vengeance de la nature, mais c’estcertainement sa réponse.

Nous avons une mémoire sélective. Je voudraisinsister sur cela. J’ai été impressionné par la célé-bration du soixante-dixième anniversaire du débar-quement en Normandie. Il y avait des personnali-tés de la politique et de la culture internationale.Et ils célébraient. Bien sûr, c’est vrai que ce fut ledébut de la fin de la dictature, mais personne nese rappelait des 10.000 jeunes morts sur cetteplage.

Quand je suis allé Redipuglia, à l’occasion ducentenaire de la fin de la première guerre mondia-le, on voyait un beau monument, et des noms surla pierre, et rien d’autre. J’ai pleuré en pensant àBenoît XV (au «massacre inutile»), ainsi qu’à An-zio, le jour de la Toussaint, en pensant à tous lessoldats d’Amérique du nord enterrés là. Chacund’eux avait une famille. J’aurais pu être à la placede chacun d’eux.

A u j o u rd ’hui, en Europe, quand on commence àentendre des discours populistes ou des décisionspolitiques de type sélectif, il n’est pas difficile derappeler les discours d’Hitler de 1939, plus oumoins les mêmes que ceux de certains hommes po-litiques aujourd’hui. Il me vient également à l’es-prit un vers de Virgile: Meminisce iuvabit. Il feradu bien de récupérer la mémoire, parce que la mé-moire nous aidera. Aujourd’hui, il est temps de ré-cupérer la mémoire. Ce n’est pas la première épi-démie que vit l’humanité. Les autres sont désor-mais devenues des anecdotes. Nous devons récupé-rer la mémoire des racines, de la tradition, qui est«mémoire». Dans les Exercices de saint Ignace,toute la première semaine, puis la contemplationpour atteindre l’amour dans la quatrième semainesuivent entièrement le signe de la mémoire. C’estune conversion avec la mémoire.

Cette crise nous touche tous: riches et pauvres.Il s’agit d’un appel à l’attention contre l’hyp o cri-sie. Je suis préoccupé par l’hypocrisie de certainespersonnalités politiques qui disent vouloir affronterla crise, qui parlent de la faim dans le monde etqui, pendant qu’elles en parlent, fabriquent des ar-mes. Le moment est venu de nous convertir de cet-te hypocrisie à l’œuvre. L’heure est à la cohérence.Soit nous sommes cohérents, soit nous perdonstout.

Vous m’interrogez sur la conversion. Chaque cri-se est un danger mais aussi une opportunité. Etc’est l’opportunité de sortir du danger. Au-

j o u rd ’hui, je crois que nous devons ralentir un cer-tain rythme de consommation et de production(Laudato si’, n. 191) et apprendre à comprendre età contempler la nature. Et à nous reconnecter avecnotre environnement réel. C’est une opportunitéde conversion.

Oui, je vois des signes avant-coureurs de conver-sion à une économie moins liquide, plus humaine.Mais nous ne devrons pas perdre la mémoire, unefois que la situation présente sera passée, nous nedevrons pas l’archiver et retourner au point de dé-part. C’est le moment de franchir le pas. De passerde l’usage et de l’abus de la nature à la contempla-tion; le moment est venu de la récupérer.

Et à propos de contemplation, je voudrais m’ar-rêter sur un point: le moment est venu de voir lepauvre. Jésus nous dit que «vous avez toujours lespauvres avec vous». Et c’est vrai. C’est une réalité,nous ne pouvons pas la nier. Ils sont cachés, parceque la pauvreté a honte. A Rome, en pleine qua-rantaine, un policier a dit à un homme: «Vous nepouvez pas rester dans la rue, vous devez rentrerchez vous». La réponse a été: «Je n’ai pas de mai-son. Je vis dans la rue». Découvrir le nombre depersonnes qui sont marginalisées... Et comme lapauvreté fait honte, on ne la voit pas. Ils sont là,on passe à côté d’eux, mais on ne les voit pas. Ilsfont partie du paysage, ce sont des choses. SainteThérèse de Calcutta les a vus et a décidé d’e n t re -prendre un chemin de conversion. Voir les pauvressignifie leur redonner l’humanité. Ce ne sont pasdes choses, ce ne sont pas des déchets, ce sont despersonnes. Nous ne pouvons pas faire une poli-tique d’assistanat comme avec les animaux. Etpourtant, très souvent, les pauvres sont traitéscomme des animaux abandonnés. Nous ne pou-vons pas faire une politique d’assistanat et par-tielle.

Je me permets de donner un conseil: il esttemps de descendre au sous-sol. Tout le mondeconnaît le roman de Dostoïevski Les carnets dusous-sol. Et il y en a un autre plus bref, S o u v e n i rsde la maison des morts, dans lequel les gardiensd’un hôpital de prison traitaient les pauvres pri-sonniers comme des objets. Et en voyant commentils se comportaient avec l’un d’entre eux qui venaitde mourir, un autre détenu s’exclama: «Cela suffit!Lui aussi avait une mère!». Nous devons nous lerépéter à plusieurs reprises: ce pauvre homme a euune mère qui l’a élevé avec amour. Nous ne savonspas ce qui arrive ensuite, dans la vie. Mais cela ai-de de penser à cet amour qu’il avait reçu, à l’esp é-rance d’une mère. Nous affaiblissons les pauvres,nous ne leur donnons pas le droit de rêver de leurmère. Ils ne savent pas ce qu’est l’affection, ungrand nombre vivent dans un état de toxicomanie.Et le voir peut nous aider à découvrir la pitié, lapietas qui est une dimension tournée vers Dieu etle prochain.

Descendre dans le sous-sol, et passer de la socié-té hypervirtualisée et désincarnée à la chair souf-frante des pauvres, c’est une conversion nécessaire.Et si nous ne partons pas de là, la conversion n’au-ra pas d’avenir. Je pense aux saints de la porte d’àcôté en ce moment difficile. Ce sont des héros! Lesmédecins, les bénévoles, les religieux, les prêtres,les travailleurs qui accomplissent leurs devoirspour que cette société fonctionne. Combien demédecins et d’infirmier(e)s sont morts! Combiende religieuses sont mortes! Au service, en servant.

Il me vient à l’esprit une phrase dans Les fiancés,du tailleur, selon moi l’un des personnages les plussimples et les plus cohérents. Il disait: «Je n’ai ja-mais vu le Seigneur commencer un miracle sans leporter à terme». Si nous reconnaissons ce miracledes saints près de nous, de ces hommes et femmeshéroïques, si nous savons suivre leurs traces, ce mi-racle finira bien, il sera pour le bien de tous. Dieune laisse pas les choses faites à moitié. C’est nousqui les laissons et nous en allons. Ce que nous vi-vons est un temps de metanoia, de conversion, etnous en avons l’occasion. Donc, assumons-le et al-lons de l’avant.

le comprendre, ce sont les Actes des apôtres. Vous ytrouverez la façon dont l’Esprit Saint désinstitu-tionnalise ce qui ne sert plus et institutionnalisel’avenir de l’Eglise. Voilà l’Eglise qui doit sortir dela crise.

Il y a quelques semaines, un évêque italien m’aappelé. En détresse, il m’a dit qu’il allait d’un hô-pital à l’autre pour donner l’absolution à tous ceuxqui se trouvaient à l’intérieur, en restant dans lecouloir. Mais certains canonistes qu’il avait appeléslui ont dit non, que l’absolution n’est permise qu’àtravers le contact direct. «Père, que pouvez-vousme dire?» m’a demandé l’évêque. Je lui ai dit:«Monseigneur, faites votre devoir de prêtre». Etl’évêque m’a dit: «Merci, j’ai compris». Puis j’aiappris qu’il donnait l’absolution partout.

En d’autres termes, l’Eglise est la liberté de l’Es-prit en ce moment face à une crise, et non uneEglise enfermée dans les institutions. Cela ne veutpas dire que le droit canonique est inutile: il sert,oui, il aide, et s’il vous plaît, utilisons-le bien, par-ce qu’il nous fait du bien. Mais le dernier canondit que tout le droit canonique a un sens pour lesalut des âmes, et c’est là que la porte nous est ou-verte pour sortir et apporter la consolation deDieu dans les moments de difficulté.

Vous m’avez interrogé sur la «home Church».Nous devons affronter le fait de rester à la maisonavec toute notre créativité. Ou bien nous nous dé-primons, ou bien nous nous aliénons — par exem-ple avec les moyens de communication qui peu-vent nous conduire à des réalités d’évasion du mo-ment présent —, ou bien nous créons. A la maison,nous avons besoin de créativité apostolique, decréativité purifiée de tant de choses inutiles, maisavec la nostalgie d’exprimer la foi en communautéet comme peuple de Dieu. C’est-à-dire: une clôtu-re forcée avec nostalgie, c’est la mémoire qui pro-duit la nostalgie et provoque l’espérance qui doitnous aider à sortir de notre isolement».

Enfin, le journaliste a demandé à François un «mes-sage particulier pour les personnes âgées isolées, lesjeunes enfermés et pour les personnes appauvries parla crise».

Vous me parlez de personnes âgées isolées. Soli-tude et distance. Combien de personnes âgées ontdes enfants qui ne vont pas les voir en temps nor-

mal. Je me souviens qu’à Buenos Aires, quand jeme rendais dans les maisons de retraite, je deman-dais aux pensionnaires: Comment va la famille?«Ah, bien, bien». Ils viennent vous voir? «Oui, ilsviennent toujours». Puis l’infirmière me disait quesix mois s’étaient écoulés depuis que les enfantsétaient venus leur rendre visite. La solitude etl’abandon, la distance.

Malgré cela, les personnes âgées continuentd’être les racines. Et elles doivent parler avec lesjeunes. Cette tension entre personnes âgées et jeu-nes doit toujours se résoudre dans la rencontre.Parce que le jeune est bourgeon, feuillage, mais ila besoin de la racine; sinon, il ne peut pas donnerde fruit. La personne âgée est comme la racine. Jeveux dire aux personnes âgées d’a u j o u rd ’hui: jesais que vous sentez la mort proche et que vousavez peur, mais détournez votre regard, rappelez-vous de vos petits-enfants et ne cessez pas de rê-ver. C’est ce que Dieu vous demande: de rêver (Jl2, 1). Qu’ai-je à dire aux jeunes? Ayez le couragede regarder davantage de l’avant et soyez des pro-phètes. Que votre prophétie corresponde au rêvedes personnes âgées. Cela aussi est dans Joël 3, 1.

Les personnes appauvries par la crise sont lesdépossédés d’a u j o u rd ’hui, qui s’ajoutent aux nom-breux dépouillés de toujours, des hommes et desfemmes dont l’état civil est «dépouillé». Ils onttout perdu ou sont sur le point de tout perdre.Quel sens cela a-t-il pour moi, aujourd’hui, de toutperdre à la lumière de l’Evangile? Entrer dans lemonde des «dépouillés», comprendre que ceux quipossédaient auparavant, à présent n’ont plus rien.Ce que je demande aux gens est de se charger despersonnes âgées et des jeunes. De se charger deces dépossédés.

Et il me vient à l’esprit un autre vers de Virgile,quand Enée, vaincu à Troie, avait tout perdu et ilne lui restait que deux alternatives: soit rester là àpleurer et mettre fin à sa vie, soit faire ce qu’ilavait dans le cœur, aller plus loin, dans les monta-gnes, pour s’éloigner de la guerre. C’est un versmagnifique: Cessi, et sublato montem genitore petivi.«Je me résignai, et soulevant mon père j’allai versles monts». C’est ce que nous devons tous fairea u j o u rd ’hui: prendre les racines de nos traditionset grimper sur les monts.Des places de parking sont attribuées aux sans-abri à Las Vegas, 30 mars 2020 ( R e u t e rs )

Une autre question d’Austen Ivereigh aconcerné la nécessité, au cours des der-niers mois, de repenser la façon d’ê t rede l’Eglise: «Sans doute une Egliseplus missionnaire, plus créative, moinsaccrochée aux institutions. Vivons-nousl’urgence d’une «home Church»?».

Moins accrochée aux institutions?Je dirais plutôt aux modèles. En ef-fet, l’Eglise est institution. Il existela tentation de rêver d’une Eglise dé-sinstitutionnalisée, par exemple uneEglise gnostique, sans institutions,ou sujette aux institutions fixes,pour se protéger, et c’est une Eglisepélagienne. Ce qui rend l’Eglise ins-titution est l’Esprit Saint. Qui n’estni gnostique, ni pélagien. C’est luiqui institutionnalise l’Eglise. C’estune dynamique alternative et com-plémentaire, parce que l’Esprit Saintprovoque du désordre avec les cha-rismes, mais dans ce désordre, il créel’harmonie. Une Eglise libre ne si-gnifie pas une Eglise anarchique,parce que la liberté est un don deDieu. Une Eglise institutionnaliséesignifie une Eglise institutionnaliséepar l’Esprit Saint. Une tension entredésordre et harmonie: voilà l’Eglisequi doit sortir de la crise. Nous de-vons apprendre à vivre dans uneEglise en tension entre le désordre etl’harmonie provoqués par l’EspritSaint. Si vous me demandez un livrede théologie qui puisse vous aider à

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Dans une lettre à «Vida Nueva» le Pape propose un «plan pour renaître» après le covid-19

Le courage d’une nouvelle imagination du possibleLe Pape François a un «plan pour renaître»après la pandémie du covid-19: il est adressé àl’humanité tout entière et est écrit noir sur blancdans une lettre en espagnol — sa languematernelle — parvenue à «Vida Nueva», revueet portail d’informations religieuses et sur l’Eglise,qui l’a publiée le vendredi 17 avril. Nouspublions ci-dessous une traduction de la lettre.

«Et voici que Jésus vint à leur rencontre: “Ré-jouis-toi”, dit-il»*. Ce sont les premières paro-les du Ressuscité après que Marie Madeleineet l’autre Marie découvrirent le tombeau videet rencontrèrent l’ange. Le Seigneur va à leurrencontre pour transformer leur deuil en joieet les consoler dans leurs peines (cf. Jr 31, 13).C’est le Ressuscité qui veut faire renaître àune vie nouvelle les femmes et, avec elles,l’humanité tout entière. Il veut déjà commen-cer à nous faire participer à la condition deressuscités qui nous attend,

Inviter à la joie pourrait nous sembler uneprovocation, et même une plaisanterie demauvais goût face aux graves conséquencesque nous subissons à cause du covid-19. Nom-breux sont ceux qui pourraient le considérer,tels les disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 17-19),comme un geste d’ignorance ou d’irresp onsa-bilité (cf. Lc 24, 17-19). Comme les premièresdisciples qui se rendaient au sépulcre, nous vi-vons entourés d’un climat de douleur et d’in-certitude qui nous conduit à nous demander:«Qui nous roulera la pierre hors de la portedu tombeau?» (Mc 16, 3). Comment ferons-nous pour affronter cette situation qui nous atotalement accablés»? L’impact de tout ce quiarrive, les graves conséquences que l’on signa-le et qui s’entrevoient déjà, la douleur et ledeuil pour nos proches, nous désorientent,nous angoissent et nous paralysent. C’est lapesanteur de la pierre du tombeau qui s’im-pose devant l’avenir et qui menace, avec sonréalisme, d’ensevelir toute espérance. C’est lapesanteur de l’angoisse des personnes vulnéra-bles et âgées qui vivent la quarantaine dans lasolitude la plus absolue, c’est la pesanteur desfamilles qui ne savent plus comment apporterde la nourriture à table, c’est la pesanteur dupersonnel sanitaire et des agents de sécuritéquand ils se sentent épuisés et débordés...Cette pesanteur qui semble avoir le derniermot.

Toutefois, il est émouvant de rappeler l’atti-tude des femmes de l’Evangile. Face aux dou-tes, à la souffrance, à la perplexité devant cet-te situation, et même face à la peur de la per-sécution et de tout ce qui pouvait arriver, ellesfurent capables de se mettre en mouvement etde ne pas se laisser paralyser par ce qui étaiten train de se passer. Par amour pour le Maî-tre, avec ce génie féminin propre, irremplaça-ble et béni, elles furent capables d’accepter lavie telle qu’elle se présentait et de contournerhabilement les obstacles pour être proches deleur Seigneur. A la différence d’un grandnombre des apôtres, qui prirent la fuite enproie à la peur et à l’incertitude, qui renièrentle Seigneur et qui se sauvèrent, (cf. Jn 18, 25-27), elles, sans fuir ni ignorer ce qui arrivait,sans s’enfuir ni s’échapper... surent simple-ment être là et accompagner. A l’image de cespremières disciples qui, au milieu de l’obscuri-té du désespoir, remplirent leur besace d’hui-les aromatiques pour aller oindre le Maître autombeau (cf. Mc 16, 1), ainsi, nous avons pu,en ce temps, voir de nombreuses personnesqui ont tenter d’apporter l’onction de la cor-responsabilité pour prendre soin et ne pasmettre en danger la vie des autres. A la diffé-rence de ceux qui fuirent dans l’espoir depouvoir se sauver, nous avons été témoins de

me dans la mort et dans le désespoir le plusgrand, n’était pas vain et leur permit mêmed’être ointes par la Résurrection: ellesn’étaient pas seules, Il était vivant et les pré-cédait le long du chemin. Seule une nouvelleéclatante était capable de rompre le cercle quiles empêchait de voir que la pierre avait déjàété roulée, et que le parfum versé avait plusde capacité de diffusion que ce qui les mena-çait. C’est la source de notre joie et de notreespérance, qui transforme notre action: nosonctions, notre dévouement... Notre geste deveiller et d’accompagner sous toutes les for-mes possibles en ce temps, n’est ni ne seravain: ce n’est pas un dévouement pour lamort. Chaque fois que nous prenons part à lapassion du Seigneur, nous accompagnons lapassion de nos frères, en vivant également sapassion, nos oreilles écouteront la nouveautéde la Résurrection: nous ne sommes pas seuls,le Seigneur nous précède sur notre chemin enéliminant les pierres qui nous paralysent. Cet-te bonne nouvelle fit en sorte que ces femmesrevinrent sur leurs pas chercher les apôtres etles disciples qui restaient cachés pour leur ra-conter: «La vie déchirée, détruite, anéantie surla croix s’est réveillée et a recommencé à vi-brer» (R. Guardini, El Señor, 504). Telle estnotre espérance, celle qui ne pourra jamaisêtre arrachée, réduite au silence ou contami-née. Toute la vie de service et d’amour quevous avez donnée en ce moment recommence-ra à vibrer. Il suffit d’ouvrir une fente pourque l’onction que le Seigneur veut nous don-ner se diffuse avec une force irrépressible etnous permette de contempler la réalité dou-loureuse avec un regard rénovateur.

se sauve seul. Les frontières tombent, les murss’écroulent et tous les discours intégristes sedissolvent face à une présence presque imper-ceptible qui manifeste la fragilité dont noussommes faits. La Pâque nous convoque etnous invite à faire mémoire de cette autre pré-sence discrète et respectueuse, généreuse et ré-conciliatrice, capable de ne pas briser le ro-seau ni d’éteindre la mèche qui luit faiblement(cf. Is 42, 2-3) pour faire vibrer la vie nouvellequ’elle veut nous donner à tous. C’est le souf-fle de l’Esprit qui ouvre des horizons, réveillela créativité et nous renouvelle dans la frater-nité pour dire: me voici face au devoir im-mense et urgent qui nous attend. Il est urgentde discerner et de trouver le pouls de l’Espritpour donner un élan, avec d’autres, à des dy-namiques qui puissent témoigner et canaliserla vie nouvelle que le Seigneur veut engen-drer, en ce moment concret de l’histoire. C’estle temps favorable du Seigneur, qui nous de-mande de ne pas nous conformer et de nouscontenter, et encore moins de nous justifierpar des logiques de substitution ou palliatives,qui empêchent de supporter l’impact et lesgraves conséquences de ce que nous vivons.C’est le moment propice pour trouver le cou-rage d’une nouvelle imagination du possible,avec le réalisme que seul l’Evangile peut nousoffrir. L’Esprit, qui ne se laisse pas enfermerni instrumentaliser par des schémas, des mo-dalités et des structures fixes ou caduques,nous propose de nous unir à son mouvement,capable de «faire l’univers nouveau»(Ap 21, 5).

SUITE À LA PA G E 7

Annibale Carracci, «Saintes femmes au tombeau du Christ» (1600 env.)

la façon dont nos voisins et nos familles sesont engagés avec force et sacrifice, à rester àla maison et freiner ainsi la diffusion. Nousavons pu découvrir que de nombreuses per-sonnes, qui vivaient et devaient déjà subir lapandémie de l’exclusion et de l’i n d i f f é re n c e ,ont continué de se prodiguer, en s’accompa-gnant et en se soutenant, afin que la situationsoit moins douloureuse. Nous avons vu l’onc-tion accomplie par des médecins, des infir-miers et des infirmières, manutentionnaires,des techniciens de surface, des auxiliaires devie, des transporteurs, des forces de sécurité,des bénévoles, des prêtres, des religieuses, desgrands-parents, des éducateurs et de tantd’autres qui ont eu le courage d’offrir tout cequ’ils avaient pour apporter un peu de soin,

Et, comme les femmes de l’Evangile, nousaussi nous sommes constamment invités à re-venir sur nos pas et nous laisser transformerpar cette annonce: le Seigneur, avec sa nou-veauté, peut toujours renouveler notre vie etcelle de notre communauté (cf. Evangelii gau-dium, n. 11). Sur cette terre désolée, le Sei-gneur s’engage à régénérer la beauté et à fairerenaître l’espérance: «Voici que je vais faireune chose nouvelle, déjà elle pointe, ne la re-connaissez-vous pas?» (Is 43, 19). Dieun’abandonne jamais son peuple, il est toujoursà ses côtés, en particulier quand la douleurdevient plus présente.

Si nous avons pu apprendre quelque chosede toute cette période, c’est que personne ne

de calme et de coura-ge dans cette situa-tion. Même si laquestion continued’être toujours la mê-me: «Qui nous roule-ra la pierre hors de laporte du tombeau?»(Mt 16, 3), chacund’eux n’a cessé defaire ce qu’il sentaitpouvoir et devoirf a i re .

Et c’est précisé-ment là, au milieu deleurs occupations etpréoccupations, queles disciples furentsurprises par une an-nonce éclatante: «Iln’est pas là. Il estressuscité». Leuronction n’était pasune onction pour lamort, mais pour lavie. Leur geste deveiller et d’accompa-gner le Seigneur, mê-

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numéro 17, mardi 28 avril 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 7

Première rencontre mondiale de la jeunesse en ligne promue par Scholas Occur re n t e s

L’espérance comme vaccinComment réaliser le premier rassemblement mondial dejeunes en temps de covid-19, quand par définition, lesrencontres entre personnes sont limitées ou, dans cer-tains pays, pratiquement absentes? Scholas occurentes aréussi à le faire, en utilisant les nouveaux moyens decommunication sociale.

Des jeunes garçons et filles du monde entier se sontretrouvés, lundi 30 mars, devant leur ordinateur, smart-phone et tablet, et se sont reliés à travers internet: unarc-en-ciel de saluts et de visages jeunes qui se sont ren-contrés virtuellement pour répondre aux défis de l’ur-gence sanitaire mondiale.

Des jeunes qui venaient de se réveiller sur le conti-nent américain ont croisé les regard de ceux qui viventen Asie et en Océanie, où le jour s’était désormais cou-ché: plus de cent vingt jeunes ont répondu à l’invita-tion du Pape François au dialogue, à la fraternité et à lasolidarité. Et ils ont répondu à ce qui a été, dans le mê-me temps, un appel et une invocation du Pape: «Per-sonne ne se sauve seul». Sur une mappemonde imagi-naire, peu à peu, les lumières des connexions se sont al-lumées sur 60 villes: de Miami à Maputo, de Saint-Domingue à Rome, de Madrid à Port-au-Prince, deLisbonne à Asunción au Paraguay; et encore à Barran-quilla, Buenos Aires, Tokyo, Mexico, Barcellone, Seta-gaya-ku, Porto, La Plata, Naples, Tampa, Vigo, Pana-ma, Bucarest, Cascais, Monterrey, Medellín. Des imagesde visages souriants, d’adolescents filmés dans les mo-ments les plus habituels et courants de la journée: cer-tains buvaient, d’autres jouaient de la guitare, d’a u t re sencore caressaient leur chat, certains montraient leurchambre, d’autres prenaient le petit déjeuner et d’a u t re ssouhaitaient une bonne journée ou une bonne nuitdans les diverses langues. Des mots comme courage,rencontre, sacrifice, famille, unité, partage, fraternité,empathie, ont retenti sur les divers écrans.

Les jeunes se sont confrontés sur une réalité com-plètement nouvelle: la pandémie du covid-19 qui sou-lève des interrogations et des problématiques inédites etqui plonge dans la peur et les difficultés des millions defamilles. C’est pour cela que la culture de la rencontre,même à distance pour cause de prévention, est plus quejamais nécessaire. Les jeunes ont échangé les expérien-ces qu’ils vivent en ce temps d’épidémie, en ne cachantni leur peur, ni leur sentiment d’impuissance, mais encherchant à projeter ce qui viendra après. Avec la certi-tude que rien ne sera plus comme avant. Un grandnombre d’appels ont été lancés à la responsabilité et àla solidarité à l’égard des malades et de ceux qui souf-frent de la perte d’un de leurs proches. Les sensibilités

et les contextes différaient selon la présence marginaleou exponentielle du covid-19 dans les pays d’apparte-nance. Leurs paroles laissaient transparaître la conscien-ce de devoir affronter l’urgence à travers la prévention,comme l’a dit Celestino du Mozambique: «Nous de-vons rester chez nous et prendre soin de nous. Même sile virus n’est pas encore arrivé ici, nous devons nousprotéger. Il y a de nombreuses personnes qui veulentsortir... Il semble qu’elles n’aient pas pris conscience dece qui se passe, mais c’est parce qu’elles ne connaissentpas la gravité de la situation».

Un autre élément qui a été souligné est la crainte queles structures médicales et sociales ne puissent pas sup-porter la vagues de possibles contagions, a affirmé Do-minique, de Haïti: «Ici, nous sommes préoccupés. Siles pays qui, en général, sont prêts à résister à ce typede crise souffrent, imaginez Haïti, nous pensons quenous ne sommes pas prêts. Donc, si tu as la possibilitéd’aider quelqu’un, fais-le. C’est le moment d’être soli-d a i re s » .

Brian, du Panama, était sur la même longueur d’on-de: «Je vois toujours quelque chose de positif en tout,et c’est ce que nous partageons; nous n’avons pas perdule réseau de communication, et c’est le plus important.Bien que nous soyons dans un temps de crise, noussommes encore debout; pas comme amis ou connais-sances, mais comme la grande famille de Scholas».

Les jeunes qui vivent dans les pays où la pandémieprovoque de nombreuses victimes sont très touchés surle plan émotionnel: comme Sonia, de Palerme, qui adéfini l’initiative de Scholas «une bouffée d’air fraisqui, en ce moment, unit des morceaux de cœurs épar-pillés dans le monde entier. C’est spécial. Merci de con-tinuer à me faire vivre des émotions que je ne pourraisjamais transmettre par les paroles», a-t-elle ajouté.

Le premier rendez-vous virtuel mondial a eu commeactivité de conclusion le partage de mots et d’idées au-tour desquels continuer à développer le dialogue et lecontact virtuel continu. Deux termes servant d’orienta-tion ont été répétés par plusieurs personnes: «espéran-ce» et «rencontre». Au moment de conclure les liaisons,cela a été comme interrompre le moment le plus agréa-ble de la journée et pour certains, le plus sympathiquede la semaine. C’est alors qu’est intervenu José Maríadel Corral, co-fondateur du réseau mondial Scholasoccurrentes avec Enrique Palmeyro qui, s’adressant auxjeunes, leur a dit: «Aujourd’hui, vous avez créé le meil-leur des vaccins, et vous lui avez donné un nom: “esp é-rance”». (nicolas gori)

Méditation du Pape sur «Vida Nueva»

Au cours de cette période, nous nous sommesrendus compte de l’importance «d’unir toute lafamille humaine dans la recherche d’un dévelop-pement durable et intégral» (Lettre encycliqueLaudato si’, 24 mai 2015, n. 13). Toute action indi-viduelle n’est pas une action isolée, dans le bienou dans le mal. Elle a des conséquences pour lesautres, parce que tout est lié dans notre Maisoncommune; et si ce sont les autorités sanitaires quiordonnent le confinement à la maison, c’est lepeuple qui le rend possible, conscient de sa cor-responsabilité pour freiner la pandémie. «Une ur-gence comme celle du covid-19 se combat toutd’abord grâce aux anticorps de la solidarité»(Académie pontificale pour la vie, Pandémie et fra-ternité universelle, note sur l’urgence du covid-19,mars 2020, p. 4). C’est une leçon qui détruiratout le fatalisme dans lequel nous étions plongés,et qui nous permettra de nous sentir de nouveauxartisans et protagonistes d’une histoire commune,et ainsi, de répondre ensemble à tant de maux quiaffligent des millions de personnes dans le mondeentier. Nous ne pouvons pas nous permettre

d’écrire l’histoire présente et future en tournant ledos à la souffrance de nombreuses personnes.C’est le Seigneur qui nous demandera à nouveau:«Où est ton frère» (Gn 4, 9) et dans notre capaci-té à répondre, puisse se révéler l’âme de nos peu-ples, ce réservoir d’espérance, de foi et de charitédans lequel nous avons été engendrés et que, pen-dant très longtemps, nous avons anesthésié et ré-duit au silence.

Si nous agissons comme un unique peuple, mê-me face aux autres épidémies qui nous menacent,nous pouvons obtenir un impact réel. Serons-nous capables d’agir de façon responsable face àla faim dont tant de gens souffrent, en sachantqu’il y a de la nourriture pour tous? Continue-rons-nous à détourner notre regard avec un silen-ce complice face aux guerres alimentées par desdésirs de domination et de pouvoir? Serons-nousdisposés à changer les styles de vie qui plongenttant de gens dans la pauvreté, en promouvant eten trouvant le courage de conduire une vie plusaustère et humaine, qui permette une distributionéquitable des ressources? Adopterons-nous, entant que communauté internationale, les mesuresnécessaires pour freiner la destruction de l’envi-

ronnement ou continuerons-nous à nier l’éviden-ce? La mondialisation de l’indifférence continueraà menacer et à tenter notre chemin... Qu’elle noustrouve avec les anticorps nécessaires de la justice,de la charité et de la solidarité. Nous ne devonspas avoir peur de vivre l’alternative de la civilisa-tion de l’amour, qui est «une civilisation de l’es-pérance, contre l’angoisse et la peur, la tristesse etle découragement, la passivité et la fatigue. La ci-vilisation de l’amour se construit quotidienne-ment, de façon ininterrompue. Elle présupposeun effort et un engagement de la part de tous. El-le présuppose, pour cela, une communauté enga-gée de frères» (Eduardo Pironio, Diálogo con lai-cos, Buenos Aires, 1986).

En ce temps de difficultés et de deuil, jesouhaite que, là où tu es, tu puisses faire l’exp é-rience de Jésus, qui vient à ta rencontrer, te salueet te dit: «Réjouis-toi» (cf. Mt 28, 9). Et que cet-te salutation nous mobilise pour invoquer et am-plifier la bonne nouvelle du Royaume de Dieu.

* [n.d.l.r.: Dans l’original espagnol, le terme deJésus est «Al é g re n s e », qui dans la version françaisede la Bible, correspond à «Je vous salue»].

SUITE DE LA PA G E 6

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page 8 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 28 avril 2020, numéro 17

Le rôle de la beauté en un temps de grande incertitude

La Vierge voilée qui fascine le mondeBARBARA JAT TA

En ces jours d’incertitude, d’arrêt général,où les musées, les théâtres et les ciné-mas sont fermés, où nous menons une

vie si différente de celle à laquelle nous som-mes habitués, il peut être utile de comprendrele rôle que la Beauté peut jouer pour surmon-ter les moments de découragement et de peur,mais aussi avoir la certitude de la fonctionfondamentale qu’elle peut exercer pour ac-compagner notre chemin de vie.

Nous devons aux Grecs de l’antiquité etdonc à la tradition de Denys l’Aréopage et desaint Augustin, mais surtout à la mystique desmaîtres médiévaux, d’Alexandre de Hales àsaint Bonaventure et en particulier à saintFrançois, de reconnaître à l’Etre une autre ca-ractéristique transcendantale: Pulchrum, leBeau. Ce sont eux qui ont favorisé notre com-préhension de l’Etre avec la dimension de laBeauté.

L’un des grands amateurs de la Beauté àl’âge moderne a été Fiodor Dostoïevski. «Labeauté sauvera le monde» est une phrasecélèbre qu’il fait prononcer au prince Lev Ni-kolàevič Myškin, protagoniste de l’Idiot.Qu’était la beauté pour Dostoïevski? Beau-coup de personnes ne savent pas que cet émi-nent écrivain russe avait une prédilection pourRaphaël. En particulier pour une œuvre duMaître d’Urbin: la Madone Sixtine — l’une despeintures les plus admirables de toute l’his-toire de l’art. En cette année Raphaël de2020, j’ai plaisir à partager son histoire.

Raphaël conçut et peignit pendant ses an-nées romaines une merveilleuse et pensiveMadone voilée avec l’Enfant dans les bras quis’élève dans le ciel, pieds nus, entourée d’unenuée de chérubins; à ses côtés se trouventsaint Sixte et sainte Barbara, en bas les deuxpetits anges les plus célèbres de l’histoire del’art.

Elle fut réalisée entre 1512 et 1513, peut-êtresur commission du Pape Jules II della Rovere(le Pape qui voulut la nouvelle basiliqueSaint-Pierre, le Belvédère du Vatican, la voûtede la chapelle Sixtine et les Chambres de Ra-phaël) pour l’offrir au couvent de Saint-Sixteà Piacenza, en l’honneur de son oncle, le Pa-pe Sixte I V, et pour remercier les habitants dela ville de leur dévotion à l’Eglise romaine.

Il s’agit des années que tous les historiensde l’art considèrent comme le sommet de lapeinture du maître d’Urbin, non seulement enraison de son savant jeu de lumière et de sonchromatisme, mais également de la conscienceet de la maturité de ses choix iconographi-ques. En particulier, la volonté de partage etde participation. La Vierge et l’Enfant sont enmouvement, tendus vers les fidèles. Le Papeexhorte et invite — avec le geste de ses mains— à prendre part au mystère et au messagepeint, mais également à la beauté de la Viergeet du Sauveur.

A partir de 1514, l’œuvre décora l’abside deSaint-Sixte à Piacenza, où elle resta jusqu’en1754, lorsqu’elle fut vendue par les moines bé-nédictins à Auguste III de Pologne, électeurde Saxe (connu comme le Corpulent), pour lasomme incroyable de 25 mille écus et empor-tée à Dresde. Sur l’autel, à Piacenza, une co-pie de Pier Antonio Avanzini fut placée dansle fastueux cadre original, qui est encore au-j o u rd ’hui en place.

L’œuvre la plus admirée de toutes les col-lections extraordinaires de Dresde, la Ma d o n eSixtine, eut une signification spéciale pourDostoïevski, qui la mentionna dans divers ro-mans. Anna Grigor’evna, sa deuxième femme,raconte dans ses mémoires sa halte à Dresde,au cours du voyage qu’elle fit avec son marien 1867: «Fiodor aimait beaucoup Dresde, à

nes proches de la ville,pour les protéger des bom-bardements alliés — D resdefut pratiquement rasée ausol —. Et quand l’Arméerouge arriva à Dresde, enmai 1945, elle trouva lemusée de la ville complète-ment vide.

Un officier de l’arméesoviétique, Leonid Rabino-vich Volynskij, fut chargépar Staline de retrouver àtout prix la Madone Sixti-ne. Volynskij interrogea desdizaines de témoins. Ayantfinalement retrouvé le tré-sor, il le transféra en grandsecret à Moscou. Dans lacapitale soviétique, le ta-bleau fut l’objet d’une res-tauration soignée, œu v redes meilleurs maîtres del’époque. Cachée dans lessouterrains du MuséePouchkine, les russesnièrent pendant longtempsqu’ils l’avaient prise à l’Al-lemagne.

En 1955, pour célébrer lePacte de Varsovie, Moscoudécida de révéler la posses-sion de la peinture et de larestituer à Dresde. Mais el-le fut tout d’abord exposéedans les salles du MuséePouchkine. Et il se produi-sit là une chose extraordi-naire. Du 2 mai au 20août, la Ma d o n e fut vuepar plus d’un million deuxcent mille personnes, obli-geant le musée à garder lessalles ouvertes de 7h00 dumatin à 23h00, pour permettre l’immense fluxde visiteurs.

Il est probable que le peuple russe connais-sait les nombreuses références littéraires faitesà la Madone Sixtine et savait que la contem-plation de la Vierge de Raphaël était la théra-pie personnelle de Dostoïevski: «Nous nepouvons certainement pas vivre sans pain,mais exister sans beauté est aussi impossible»,répétait-il. La beauté est plus que l’esthétique;elle possède une dimension éthique et reli-gieuse. Il voyait en Jésus un semeur de Beau-té.

Le Pape François a accordé une importanceparticulière à la transmission de la foi chré-tienne à travers la Via Pulchritudinis (la voiede la Beauté). Il ne suffit pas que le messagesoit bon et juste. Il doit aussi être «beau», carce n’est qu’ainsi qu’il arrive au cœur des per-sonnes et qu’il suscite l’amour qui attire. Il estbon que chaque catéchèse prête une attentionparticulière à la «voie de la beauté». Annon-cer le Christ signifie montrer que croire en

me, révélation de la beauté infinie, est suprê-mement aimable, et il nous attire à lui par desliens d’amour. Il devient donc nécessaire quela formation dans la Via Pulchritudinis soitinsérée dans la transmission de la foi. Il estsouhaitable que chaque Eglise particulièrepromeuve l’utilisation des arts dans son œu v reévangélisatrice, en continuité avec la richessedu passé, mais également dans la variété deses multiples expressions actuelles, en vue detransmettre la foi dans un «nouveau langageparabolique». Il faut avoir le courage de trou-ver de nouveaux signes — comme l’exhorta-tion apostolique Evangelii gaudium invite à lefaire — de nouveaux symboles, une nouvellechair pour la transmission de la Parole, les di-verses formes de beauté qui se manifestentdans divers domaines culturels; y compris lesmodalités non conventionnelles de beauté, quipeuvent être peu significatives pour les évan-gélisateurs, mais qui sont devenues parti-culièrement attirantes pour les autres.

cause de sa célèbre galerie d’art et de ses ma-gnifiques jardins (...) Nous descendîmes dansl’un des meilleurs hôtels, nous changeâmes devêtements et allâmes visiter le musée, quemon mari voulut me faire voir avant toute au-tre chose (...) Mon mari parcourut toutes lessalles sans s’arrêter et me conduisit directe-ment devant la Madone Sixtine. Il considéraitce tableau comme le plus grand chef-d’œu v recréé par le génie humain. Ensuite, je le vis im-mobile pendant des heures entières devantcette vision d’inégalable beauté, qu’il admiraitavec tendresse et transport».

Lorsque la seconde guerre mondiale éclata,les nazis cachèrent la Madone Sixtine et d’au-tres centaines d’œuvres d’art dans des caver-

Lui et le suivre n’est pas seulement une chosevraie et juste, mais également belle, capablede combler la vie d’une nouvelle splendeur etd’une joie profonde, même au milieu desépreuves. Dans cette perspective, toutes lesexpressions de beauté authentique peuventêtre reconnues comme un sentier qui aide àrencontrer le Seigneur Jésus.

Il ne s’agit pas de fomenter un relativismeéthique, qui puisse obscurcir le lien insépara-ble entre vérité, bonté et beauté, mais de re-trouver l’estime de la beauté pour pouvoirparvenir au cœur humain et faire resplendirdans celui-ci la vérité et la bonté du Ressusci-té. Si, comme l’affirme saint Augustin, nousn’aimons que ce qui est beau, le Fils fait hom-

Raphaël, «Madone Sixtine» (1513-1514)

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numéro 17, mardi 28 avril 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 9

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Collège épiscopalNominations

Le Saint-Père a nommé:

15 avril

S.Exc. Mgr ES T E VA M D OS SANTOSSI LVA FILHO: évêque de Ruy Bar-bosa (Brésil), le transférant du siègetitulaire de Feradi maius et de lacharge d’auxiliaire de l’archidio cèsede São Salvador da Bahia (Brésil).

Né le 10 avril 1968 à Vitória daConquista (Brésil), il a été ordonnéprêtre le 9 juin 1995 pour le clergéde l’archidiocèse de Vitória da Con-quista. Le 29 janvier 2014, il a éténommé évêque titulaire de Feradimaius et auxiliaire de São Salvadorda Bahia, et a reçu l’o rd i n a t i o népiscopale le 30 mars suivant.

le père ADIMIR ANTÔNIO MAZALI,du clergé de l’archidiocèse de Cas-cavel (Brésil), jusqu’à présent curéde la cathédrale «Nossa SenhoraAparecida»: évêque d’Erexim (Bré-sil).

Né le 16 mai 1966 à Corbélia, ar-chidiocèse de Cascavel (Brésil), il aété ordonné prêtre le 5 mai 1992pour le clergé de l’archidiocèse deCascavel.

le père KEVIN J. SW E E N E Y, du cler-gé du diocèse de Brooklyn (Etats-Unis d’Amérique), jusqu’à présentdoyen du «Brooklyn 8 Deanery» etcuré de la «Saint Michael Parish» à

Brooklyn: évêque de Paterson(Etats-Unis d’Amérique).

Né à Elmhurst, Queens, diocesidi Brooklyn (New York, Etats-Unisd’Amérique), le 17 janvier 1970, il aété ordonné prêtre le 28 juin 1997pour le clergé de Brooklyn.

16 avril

le chanoine GRZEGORZ SUCHOD OL-SKI, du clergé du diocèse de Siedlce(Pologne), jusqu’à présent curé dela cathédrale et doyen à Siedlce:évêque auxiliaire du diocèse deSiedlce (Pologne), lui assignant lesiège titulaire de Mesarfelta.

Né le 10 novembre 1963 à Łu k ó w,diocèse de Siedlce (Pologne), il aété ordonné prêtre le 11 juin 1988pour le clergé de Siedlce.

18 avril

S.Exc. Mgr BIENVENU MA N A M I KABA F O UA KO UA H O U, jusqu’à présentévêque de Dolisie (République duCongo): archevêque coadjuteur deBrazzaville (République duCongo).

Démissions

Le Saint-Père a accepté la démis-sion de:

15 avril

S.Exc. Mgr ANDRÉ DE WITTE, quiavait demandé à être relevé de lacharge pastorale du diocèse de RuyBarbosa (Brésil).S.Exc. Mgr ARTHUR J. SE R R AT E L L I ,qui avait demandé à être relevé dela charge pastorale du diocèse dePaterson (Etats-Unis d’Amérique).S.Exc. Mgr JOSÉ LUIS DEL PALACIOY PÉREZ-MEDEL, qui avait demandéà être relevé de la charge pastoraledu diocèse de Callao (Pérou).

Curie romaineNominations

Le Saint-Père a nommé:

17 avril

Mme NIRAJA GO PA L JAYA L , p ro f e s -seur au centre pour l’étude du droitet des politiques de gouvernementde la Jawaharlal Nehru Universityde New Delhi (Inde): membre ordi-naire de l’Académie pontificale dessciences sociales.

Elle a été visiting professor auKing’s College de Londres, à l’Eco-le des Haute Etudes en SciencesSociales (Ehess) de Paris, à la Prin-ceton University et à l’Università deMelbourne. De 2011 à 2012 elle aété vice-présidente de l’AmericanPolitical Science Association. En2015, elle a été lauréate du prixAnanda Kentish Coomaraswamy del’Association d’études asiatiques. El-le est l’auteur de nombreuses publi-cations dans le domaine des scien-ces politiques.

20 avril

Leurs Eminences MM. les cardi-naux ALVA R O LEONEL RAMAZZINIIMERI, évêque de Huehuetenango(Guatémala), et JUA N DE LA CARI-DAD GARCÍA RODRÍGUEZ, arche-vêque de San Cristóbal de La Ha-bana (Cuba); S.Exc. Mgr PAU L OCEZAR CO S TA , évêque de São Car-

los (Brésil): membres de l’Académiepontificale pour l’Amérique latine.

M. TIMOTHY JAMES JANZ, «Scriptorgraecus» et directeur du départe-ment des estampes de la Biblio-thèque apostolique vaticane: vice-préfet de la Bibliothèque aposto-lique vaticane.

Né à Bâle (Suisse) le 1er avril1966, il est entré comme vice-assis-tant à la Bibliothèque apostoliquevaticane (B AV ), et a collaboré à di-vers projets de cette derrière, occu-pant des postes de responsabilitécroissante, jusqu’à sa nominationcomme Scriptor graecus en 2011 etcomme directeur du départementdes estampes en 2016. Il est égale-ment membre du conseil de la B AV.

Représentationsp ontificales

Nominations

Le Saint-Père a nommé:

17 avril

S.Exc. Mgr FRANCISCO MONTE-CILLO PADILLA, archevêque titu-laire de Nebbio, jusqu’à présentnonce apostolique au Koweït,Bahrein, Emirats arabes unis,Qatar, Yémen et délégué aposto-lique dans la péninsule arabique:nonce apostolique au Guatéma-la.

S.Exc. Mgr NO VAT U S RUGAM-B WA , archevêque titulaire de Ta-garia, nonce apostolique en Nou-velle-Zélande, Iles Fidji, Palau,Iles Marshall, Kiribati, Nauru,Tonga et délégué apostoliquedans l’Océan pacifique: nonceapostolique à Samoa.

Les JMJ et la rencontre mondialedes familles reportées d’un an

Administrateurap ostolique

Nomination

Le Saint-Père a nommé:

15 avril

S.Exc. Mgr ROBERT FRANCIS PRE-V O S T, O.S.A., évêque de Chiclayo(Pérou): administrateur apostolique«sede vacante» du diocèse de Cal-lao (Pérou).

Cité du Vatican

Nomination

Le Saint-Père a nommé:

18 avril

S.Em. le cardinal MAT T E O MA-RIA ZUPPI, archevêque de Bolo-gne (Italie): membre de l’Admi-nistration du patrimoine du Siè-ge apostolique (APSA).

Les prochains rassemblements du Pape François avec les familles et les jeu-nes seront reportés d’un an. C’est ce qu’a annoncé lundi 20 avril un com-muniqué du directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni,dans lequel il est expliqué qu’«à cause de la situation sanitaire actuelle etde ses conséquences sur le déplacement et le rassemblement de jeunes etde familles, le Saint-Père, avec le dicastère pour les laïcs, la famille et lavie, a décidé de reporter d’un an la prochaine rencontre mondiale des fa-milles, prévue à Rome en juin 2021, et la prochaine journée mondiale de lajeunesse, prévue à Lisbonne en août 2022, respectivement à juin 2022 et àaoût 2023».

Le 52e Congrès eucharistique international a été reporté d’un an: en pro-gramme à Budapest en septembre 2020, il sera célébré le même mois en2021. C’est ce qu’a déclaré le 23 avril dernier, le directeur de la salle depresse du Saint-Siège, Matteo Bruni, en expliquant que la décision a étéprise par le «Saint-Père, avec le Comité pontifical pour les congrès eucha-ristiques internationaux et avec l’épiscopat hongrois, en raison de la situa-tion sanitaire actuelle et de ses conséquences sur le déplacement et le ras-semblement de fidèles et de pèlerins».

Le Congrès eucharistique internationalde Budapest reporté à septembre 2021

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page 10 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 28 avril 2020, numéro 17

Lettre de François à tous les fidèles pour le mois de mai

Redécouvrir la beautédu Rosaire à la maison

«Redécouvrir la beauté de prier le Rosaire à la maison pendant le mois de mai» en cetemps d’isolement social dû à la pandémie. Telle est l’exhortation que François adresse auxfidèles du monde entier à travers une lettre — accompagnée par deux prières à la Vierge —diffusée dans la matinée du samedi 25 avril, quelques jours avant le début du moistraditionnellement consacrée à la Mère de Dieu. Nous publions les textes de la lettrepontificale et des deux prières mariales: la première est celle que le Pape a adressée à laVierge du Divin Amour dans un message vidéo à l’occasion de la Messe célébrée le 11 marsdernier par le cardinal-vicaire Angelo De Donatis au sanctuaire romain pour la journéediocésaine de prière et de jeûne; la seconde, inédite, a été composée pour l’occasion.

Chers frères et sœurs,Le mois de mai est désormais tout pro-che, mois où le peuple de Dieu exprimeavec une particulière intensité son amouret sa dévotion pour la Vierge Marie. Ilest de tradition, en ce mois, de prier leRosaire à la maison, en famille. Une di-mension, la dimension domestique, queles restrictions de la pandémie nous ont«contraints» à valoriser, également dupoint de vue spirituel.

J’ai donc pensé proposer à tous de re-découvrir la beauté de prier le Rosaire àla maison pendant le mois de mai. Onpeut le faire ensemble ou personnelle-ment; c’est à vous de choisir selon les si-tuations, en évaluant les deux possibili-tés. Mais, de toute manière, il y a un se-cret pour le faire: la simplicité; et il estfacile de trouver, aussi sur internet, debons modèles de prières à suivre.

De plus, je vous offre les textes dedeux prières à la Vierge que vous pour-

rez réciter à la fin du Rosaire, et que jeréciterai moi-même pendant le mois demai, uni à vous spirituellement. Je lesjoins à cette lettre de sorte qu’elles soientmises à la disposition de tous.

Chers frères et sœurs, contemplerensemble le visage du Christ avec lecœur de Marie, notre Mère, nous rendraencore plus unis comme famille spirituel-le et nous aidera à surmonter cetteépreuve. Je prierai pour vous, spéciale-ment pour ceux qui souffrent le plus, etvous, s’il vous plait, priez pour moi. Jevous remercie et vous bénis de toutcœu r.

Rome, Saint Jean de Latran,25 avril 2020

Fête de Saint Marc Evangéliste

Marie signe de salutet d’esp érance

O Marie, tu resplendis toujours sur notre chemin commesigne de salut et d’esp érance.Nous nous confions à toi, Santé des malades, qui, auprèsde la croix, as été associée à la douleur de Jésus, en main-tenant ta foi ferme.Toi, Salut du peuple romain, tu sais de quoi nous avonsbesoin et nous sommes certains que tu veilleras afin que,comme à Cana de Galilée, puissent revenir la joie et la fêteaprès ce moment d’é p re u v e .Aide-nous, Mère du Divin Amour, à nous conformer à lavolonté du Père et à faire ce que nous dira Jésus, qui a prissur lui nos souffrances et s’est chargé de nos douleurs pournous conduire, à travers la croix, à la joie de la résurrec-tion. Amen.Sous Ta protection nous cherchons refuge, Sainte Mère de Dieu.N’ignore pas nos supplications, nous qui sommes dans l’é p re u v e ,et libère-nous de tout danger, O Vierge glorieuse et bénie.

Libère-nous de cette terrible pandémie

«Sous ta protection nous nous réfugions,Sainte Mère de Dieu».Dans la situation dramatique présente,chargée de souffrances et d’angoisses quifrappent le monde entier, nous recouronsà Toi, Mère de Dieu et notre Mère, etnous cherchons refuge sous ta protection.O Vierge Marie, tourne vers nous tes yeuxmiséricordieux dans cette pandémie ducoronavirus, et réconforte ceux qui sontperdus et qui pleurent leurs proches quisont morts, enterrés parfois d’une manièrequi blesse l’âme. Soutiens ceux qui sontangoissés pour les personnes malades au-près desquelles, pour empêcher la conta-gion, ils ne peuvent être proches. Suscitela confiance en celui qui est inquiet pourl’avenir incertain et pour les conséquencessur l’économie et sur le travail.Mère de Dieu et notre Mère, implorepour nous de Dieu, Père de miséricorde,que cette dure épreuve finisse et que re-vienne un horizon d’espérance et de paix.Comme à Cana, interviens auprès de tonDivin Fils, en lui demandant de réconfor-ter les familles des malades et des victi-mes, et d’ouvrir leur cœur à la confiance.Protège les médecins, les infirmiers et lesinfirmières, le personnel sanitaire, les bé-névoles qui, en cette période d’u rg e n c e ,sont en première ligne et risquent leur viepour sauver d’autres vies. Accompagneleur fatigue héroïque et donne-leur force,bonté et santé.Sois aux côtés de ceux qui, nuit et jour,assistent les malades ainsi que des prêtresqui, avec sollicitude pastorale et engage-ment évangélique, cherchent à aider et àsoutenir chacun.

Vierge Sainte, éclaire l’esprit des hommeset des femmes de science, pour qu’ilstrouvent de justes solutions pour vaincrece virus.Assiste les responsables des Nations, pourqu’ils œuvrent avec sagesse, sollicitude etgénérosité, en secourant ceux qui man-quent du nécessaire pour vivre, en pro-grammant des solutions sociales et écono-miques avec clairvoyance et avec esprit desolidarité.Marie Très Sainte, touche les consciencespour que les sommes considérables utili-sées pour accroître et perfectionner les ar-mements soient au contraire destinées àpromouvoir des études adéquates pourprévenir de semblables catastrophes dansl’a v e n i r.Mère très aimée, fais grandir dans lemonde le sens d’appartenance à une seulegrande famille, dans la conscience du lienqui nous unit tous, pour que nousvenions en aide aux nombreuses pauvretéset situations de misère avec un espritfraternel et solidaire. Encourage la fermetédans la foi, la persévérance dans leservice, la constance dans la prière.O Marie, Consolatrice des affligés, em-brasse tous tes enfants dans la tribulationet obtiens que Dieu intervienne de samain toute puissante pour nous libérer decette terrible épidémie, afin que la viepuisse reprendre dans la sérénité soncours normal.Nous nous confions à Toi, toi qui resplen-dis sur notre chemin comme signe de sa-lut et d’espérance, o clémente, o miséri-cordieuse, o douce Vierge Marie. Amen.

Giovanni Battista Ramenghi, «Vierge du Rosaire avec les saints» (1585)